Le dossier pédagogique

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Dossier d’accompagnement pédagogique
Contact Relations publiques :
Quentin Bonnell (enseignement secondaire et supérieur)
• Tél : 03 88 24 88 47 • [email protected]
Anne-Claire Duperrier (CE, associations et groupes d’amis, public germanophone)
• Tél : 03 88 24 88 03 • [email protected]
Site internet : www.tns.fr • Réservations : 03 88 24 88 24
Sauf mentions contraires, les photographies sont de Franck Beloncle.
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Théâtre National de Strasbourg
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
« Comment ne pas intervenir en faveur d’une jeune fille assiégée ? »
Gauvain
Merlin l’Enchanteur
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Théâtre National de Strasbourg
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
Avant-propos
A
près la création du prologue Joseph d’Arimathie au TNP en juin 2011 et celle de Merlin l’enchanteur
au TNS en mai 2012, c’est au tour du chevalier Gauvain d’être le héros de l’aventure. Gauvain, neveu
préféré d’Arthur, ne refuse aucun défi, aucune conquête ; jeune homme passionné, il inspire la
passion : celle des pucelles et dames, sensibles à son héroïsme et sa sensualité, comme celle des ennemis
qui rêvent de le combattre et de l’anéantir.
L’onirisme côtoie la comédie. « Le merveilleux restera notre fondement », dit Julie Brochen, « Gauvain et le
Chevalier Vert est à la fois une création (une naissance) et une continuité. Le troisième mouvement du Graal
Théâtre. Ce projet "fou", visant à monter les dix pièces se poursuit, nous poursuit, Christian Schiaretti
et moi. D’ores et déjà, dans notre vocabulaire, il ne s’agit plus de réunir les troupes du TNP et du TNS autour
de ce projet, mais de savourer la joie de voir se reconstituer "La Troupe du Graal Théâtre".»
Chacune des dix pièces est une œuvre en soi et peut se voir indépendamment des autres.
Les épisodes précédents
Des dix pièces qui scandent ce cycle, les deux premières fondent la double origine : naissance de la
chevalerie céleste avec Joseph d’Arimathie, naissance de la chevalerie terrestre avec Merlin l’enchanteur,
créateur de la Table Ronde. Du croisement de ces deux chevaleries pourront jaillir les temps aventureux,
s’iriser l’histoire du royaume arthurien, et se confronter les lignées de Joseph (Lancelot, Perceval) et de
Merlin (Arthur et Gauvain). Joseph d’Arimathie constitue la préhistoire, le noyau originel où se nouent
toutes les contradictions. Car en transportant en Bretagne le vase sacré qui recueillit le sang du Christ,
Joseph fait se percuter mythologie chrétienne et mythologie celtique. Dès lors, le familier le dispute
à l’étrange, l’ordre au chaos, le jour à la nuit, le salut à la damnation. Tel un mystère médiéval teinté
d’abstraction, un acte sacramentel où sont posées les données d’une insoluble équation (péché originel,
faute, inceste).
Merlin l’enchanteur est une fable concrète, voire triviale, pétrie d’humaines péripéties. C’est le récit de la
naissance, de la vie et du suspens de Merlin. Suspens et non-mort puisque son image et son influence
perdurent alors que son corps n’est plus. Il initie Arthur à sa destinée, lutte contre la fée Morgane
et succombe à la fée Viviane.
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Théâtre National de Strasbourg
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
Graal Théâtre
Gauvain et le Chevalier Vert
De Florence Delay et Jacques Roubaud
Mise en scène Julie Brochen avec la complicité de Christian Schiaretti
RENDEZ-VOUS
AUTOUR DU SPECTACLE
À STRASBOURG
THÉÂTRE EN PENSÉES
Rencontre animée par
Thierry Revol
(Université de Strasbourg)
avec Julie Brochen
et Jacques Roubaud
• Samedi 1er juin à 14h30
au TNS
Réservation 03 88 24 88 00
PROJECTIONS
au Cinéma Star
(27 Rue du Jeu des Enfants)
• SACRÉ GRAAL
des Monty Python, 1975, 90’
Lundi 27 mai à 20h
Suivie d’une rencontre avec
Florence Delay
• EXCALIBUR
de John Boorman, 1981, 142’
Lundi 3 juin à 19h45
Tarif : 5,50 € par séance sur
présentation de la carte
d’abonnement du TNS ou d’un billet
pour Gauvain et le Chevalier Vert
CRÉATION avec les troupes du TNP et du TNS
Scénographie et accessoires Fanny Gamet, Pieter Smit • Lumières Olivier Oudiou assisté de César
Godefroy (élève de l’École du TNS - Groupe 41) • Costumes Sylvette Dequest, Thibaut Welchlin •
Coiffures, maquillage Catherine Nicolas • Son Laurent Dureux • Masques Erhard Stiefel •
Assistanat à la mise en scène Hugues de la Salle
Avec
Muriel Inès Amat* Sœur ainée, Ygerne
Laurence Besson** Dame 2, Lady Bercilak
Christophe Bouisse Nore de Lis, Guinganbrésil, Seigneur de la Pire Aventure
Fred Cacheux* Blaise de Northombrelande, Maire, Nétuns
Jeanne Cohendy Guenièvre, Demoiselle Sœur de Guinganbrésil
Julien Gauthier** Yvain
Damien Gouy** Ké, portier
Antoine Hamel* Guerrehés, lion
Ivan Hérisson* Bran de Lis
Xavier Legrand Arthur, Demoiselle Déléguée
David Martins* Gauvain
Clément Morinière** Girflet, le Chevalier blessé
Cécile Péricone* Dame 1, Demoiselle qui pleure, tisseuse
Juliette Plumecocq-Mech Demoiselle Hideuse
Jérôme Quintard** Agravain, Tiébaut de Tintagel, Nautonier
Yasmina Remil** Petites Manches, Clarissant
Juliette Rizoud** Demoiselle Moqueuse, Demoiselle de la Pire Aventure
Hugues de la Salle Mordret, Nétuns
Julien Tiphaine** Chevalier Vert, Lord Bercilak
Clémentine Verdier** Flore de Lis, Anna
Avec la participation de Pierre Meunier Le Roi Pêcheur
BORD DE PLATEAU
à l’issue de la représentation
Jeudi 30 mai
ATELIER CRITIQUE
À la Librairie Quai des Brumes
(120 Grand Rue)
• Lundi 3 juin à 19h
Réservation 03 88 24 88 47
SÉANCES SPÉCIALES
• Surtitrage français
Vendredi 24 mai
• Surtitrage allemand
Samedi 25 mai
• Audiodescription
Jeudi 30 mai
* Troupe du TNS
** Troupe du TNP
Production Théâtre National de Strasbourg, Théâtre National Populaire de Villeurbanne
> Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS et du TNP.
> L’intégralité du Graal Théâtre est publiée par les éditions Gallimard, 2005.
> JOSEPH D’ARIMATHIE, a été créé au Théâtre National Populaire de Villeurbanne en juin 2011.
> Le premier épisode, MERLIN L’ENCHANTEUR, a été créé au TNS en mai 2012.
> Le prochain épisode, PERCEVAL LE GALLOIS, sera créé le 15 avril 2014 au Théâtre National
Populaire sous la direction de Christian Schiaretti, avec la complicité de Julie Brochen.
Au TNS
Du mardi 21 mai au
vendredi 7 juin 2013
Du lundi au samedi à 20h,
dimanche 2 juin à 16h
Relâche les lundis et
dimanche 26 mai
Salle Koltès
Au TNP
Du vendredi 14 au
dimanche 23 juin 2013
Du mardi au samedi à 20h,
les dimanches à 16h
Relâche les lundis
Salle Roger Planchon –
Grand théâtre
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Théâtre National de Strasbourg
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
Sommaire
Graal Théâtre ......................................................................................................................... p.7
> Une aventure de troupe et de partage, par Julie Brochen et Christian Schiaretti
> Les scribes du Graal Théâtre, par Florence Delay
> Entretien avec Florence Delay et Jacques Roubaud
> Graal Théâtre : réécriture et réinterprétation des textes médiévaux, par Cladie De Min
> Que cherchent les quêteurs du Graal ?, par Michel Zink
p.7
p.8
p.10
p.12
p.15
Gauvain et le Chevalier Vert, une épopée merveilleuse .......................................................... p.16
> Résumé de l’action
> Les personnages
- Qui est Gauvain ?
- Florence Delay parle du personnage Gauvain
- Entretien avec David Martins, interprète de Gauvain, par Thomas Flagel
- Index des personnages
> Les objets
- Le Graal
- La Table Ronde
- Escalibour
> Les lieux
- La cour d’Arthur
- La Chapelle Verte
- Lieu d’eau, le château des Dames et des Demoiselles
> Extraits
p.16
p.19
p.28
p.29
p.30
Un spectacle mis en scène par Julie Brochen, créé avec les troupes du TNS et du TNP ............ p.36
> « La question du jeu rejoint celle du je », note d’intention, par Julie Brochen
> Une épopée itinérante, note dramaturgique, par Hugues Delasalle
> La Scénographie : Entretien avec Pieter Smit, co-scénographe
> Les Costumes : Entretien avec Sylvette Dequest et Thibaut Welchlin,
concepteurs des costumes
p.36
p.38
p.39
p.42
Mise en perspective ............................................................................................................... p.46
> Baudelaire, Harmonie du soir
> Apollinaire, Zone
> Sélection d’ouvrages sur les aventures des chevaliers de la Table Ronde
p.46
p.46
p.51
L’équipe du spectacle ............................................................................................................. p.52
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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Graal Théâtre
> Une aventure de troupe et de partage
Q
u’est-ce que le Graal ? Un mystère scintillant à l’horizon de notre imaginaire. Un mythe d’exception,
à l’incarnation singulière – ni ailleurs utopique (Eden, Atlantide, Eldorado), ni héros archétypal, qu’il
fut biblique (Lilith), antique (Œdipe, Médée) ou moderne (Faust, Don Juan, Don Quichotte) –, mais un
objet sacré, où se cristallise une insaisissable essence divine. L’objet fascinant d’une quête initiatique infinie,
déployée au cœur du Moyen Âge, toujours reprise d’âge en âge, plongeant ses racines à la croisée de nos
origines. Une série d’aventures contant l’histoire arthurienne, jadis composée en romans (Chrétien de
Troyes, parmi tant d’autres trouvères parfois sans visage), puis transposée en opéras (Purcell, Wagner)
ou en films (Bresson, Rohmer, Boorman), et enfin – par la grâce contemporaine d’un scribe bicéphale
(Delay-Roubaud) – recomposée en quête théâtrale : Graal Théâtre.
Vingt-quatre heures de lecture au total qui constituent la quintessence de trente ans d’écriture. Des dix
pièces qui scandent ce cycle, les deux premières fondent la double origine : naissance de la chevalerie
céleste avec Joseph d’Arimathie, naissance de la chevalerie terrienne avec Merlin l’enchanteur – créateur de
la Table Ronde. Du croisement de ces deux chevaleries pourront jaillir les temps aventureux, s’iriser
l’histoire du royaume arthurien, et se confronter les lignées de Joseph (Lancelot, Perceval) et de Merlin
(Arthur, Gauvain).
En imaginant la création de l’intégralité du Graal Théâtre, nous faisons le pari de cette aventure théâtrale
extraordinaire. Le Graal Théâtre ou l’histoire d’un défi un peu aventureux, courageux et irréaliste. L’histoire
d’un secret partagé, d’une grande perspective en commun. Une aventure de troupe et de partage, déployée
sur plusieurs années où s’égrèneront les pièces – en quête du mythe fondamental de la quête.
Julie Brochen, directrice du Théâtre National de Strasbourg
Christian Schiaretti, directeur du Théâtre National Populaire de Villeurbanne
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
7
> Les scribes du Graal Théâtre,
Florence Delay et Jacques Roubaud
Entre ciel et terre, la plus grande histoire de la Chevalerie du monde :
l’épopée légendaire du Graal, et du cycle arthurien qu’on appelle la matière de Bretagne.
Joseph d’Arimathie recueille le sang du Christ au pied de la croix. Il fonde la chevalerie céleste.
Son héros pourrait être Lancelot du Lac, s’il n’était follement amoureux de la femme du roi Arthur.
Merlin l’enchanteur crée la Table Ronde. Il fonde la chevalerie terrestre.
Laquelle a Gauvain pour héros, l’anti-Don Juan qui aime toutes les femmes et ne leur veut que du bien.
Le croisement de ces deux chevaleries donne Graal Théâtre.
N
ous avons construit notre cycle comme un arbre à dix branches, ou pièces, qui racontent la
naissance, les aventures et la fin de deux chevaleries indissolublement liées : celle du ciel, et celle
qui vient de la terre. La chevalerie céleste a pour fondateur Joseph d’Arimathie (1) dès lors qu’il
recueillit, au mont Golgotha, le précieux sang dans un graal. La chevalerie terrienne a pour fondateur Merlin
l’enchanteur (2), dès lors qu’il fit élire Arthur roi, et créa la troisième Table Ronde, qui a autant de sièges que
l’année a de jours, plus un, le Siège Périlleux, interdit jusqu’à la venue du chevalier qui met fin à tout. Les
quatre pièces publiées en premier, Gauvain et le Chevalier Vert (3), Perceval le Gallois (4), Lancelot du Lac (5)
et L’Enlèvement de la Reine (6), constituent le massif central du cycle. On a procédé comme les conteurs,
nos modèles, qui prenaient les choses au milieu, remontaient ensuite vers le commencement, puis
descendaient vers les fins. Entre le début de notre travail, en 1973, et sa fin, il se sera écoulé plus de
trente ans. Graal Théâtre est au complet dans l’édition de 2005 qui achève le cycle avec Morgane contre
Guenièvre (7), Fin des Temps Aventureux (8), Galaad ou la Quête (9) et La Tragédie du roi Arthur (10). Cette
édition reprend et corrige les deux volumes antérieurs.
Le secret qui enlace les deux familles, dans notre cycle, est l’inceste. Jacques a exploré ceux de la famille
céleste dans sa « Généalogie des Rois Pêcheurs », in Graal Fiction. Graal Théâtre explore aussi celui du roi
terrien Arthur.
Chaque pièce comporte, conformément aux principes de Zeami, qui sont à la base du théâtre nô, trois
mouvements. Le choix des séquences d’ouverture assure l’autonomie de la pièce en donnant à voir ou
à entendre ce qu’il est nécessaire de connaître par rapport à l’ensemble. Le développement propre à
chacune est guidé par le titre. Le choix des séquences finales a pour but de clore la pièce en laissant
suffisamment d’inconnues pour laisser désirer la suite. Chaque scène ou épisode porte également un titre et
se déroule dans un des dix lieux fixes. De terrains vagues (lieu de paroles profanes, lieu de paroles sacrées) à
d’autres plus évocateurs (forêt, prairie, chambre d’amour), ils laissent le décor aux soins de l’imagination.
« Tirant d’un conte d’aventure / une molt bele conjointure », la poétique de Chrétien de Troyes fut la nôtre.
Après le plan d’ensemble ou conception de l’architecte, après le choix des matériaux et la construction de la
conjointure, s’employer à ce qu’elle soit belle ! Comme deux scribes dont le travail encore une fois n’est pas
d’inventer la matière mais d’en disposer pour, en la recomposant, dégager un nouveau sens et que ce
nouveau « sen » ajoute à sa beauté.
Graal Théâtre a été entièrement composé oralement. Nous avons parlé tous ses dialogues, ils sont nés dans
nos bouches, je les transcrivais à la main. Rien n’a été écrit l’un sans l’autre – à l’exception de la bataille de
Salesbières, composée en alexandrins qui ne relèvent que du seul poète. Ce mode de composition a eu
plusieurs conséquences. Un mécanisme était déclenché qui faisait surgir la fantaisie au vieux sens et la
mémoire de chacun, aussi bien les mots des autres que les souvenirs personnels. Chacun tour à tour est
devenu pilote d’une scène ou d’un personnage. Je l’ai souvent été des dames et des demoiselles, mais aussi
bien de Gauvain, mon chevalier préféré. Jacques Roubaud pilote Merlin, quand il distrait la cour avec des
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
8
problèmes de logique ou développe à Blaise sa théorie du conte, mais aussi bien Viviane, surtout dans
« la chambre aux images ». Les poètes non bretons que nous aimons nous ont toujours secourus. Quand
Joseph contemple le ciel étoilé, Fray Luis de León ; à l’aube des nuits d’amour, les troubadours ; quand
tombe la nuit du premier baiser entre Lancelot et la reine, qui est nuit de la Saint-Jean, Apollinaire.
Wittgenstein s’est introduit dans la discussion entre le bon et le mauvais disciple, Clausewitz dans la
stratégie conçue par Merlin pour sauver des envahisseurs le royaume du jeune Arthur, Cortázar dans une
conversation romanesque. Calderón de la Barca nous a aidés pour ces « actes sacramentels » que sont
Joseph et Galaad. Shakespeare, Hugo, pour La Tragédie du roi Arthur.
Et si nous avons fait mourir Lancelot du Lac un jour de Toussaint, qu’on me pardonne de finir sur un souvenir
si personnel, c’est que ma mère est morte un jour semblable, fête de tous les saints. Quand je l’annonçai
à une vieille cousine de mon père, religieuse cloîtrée, elle s’exclama, à ma stupéfaction : « Quelle arrivée
triomphale ! Tous les saints pour l’accueillir ! ». Jacques ayant partagé ma stupéfaction, nous avons mis
la phrase en bouche du cousin de Lancelot, Bohort de Gannes.
Florence Delay
« Composition de Graal Théâtre »
In Jacques Roubaud, compositeur de mathématique et de poésie
Ouvrage collectif sous la direction d’Agnès Disson et de Véronique Montémont
Éditions Absalon, 2010, p.199-210.
Merlin l’Enchanteur
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
9
> Entretien avec Florence Delay et Jacques Roubaud
À l’occasion de la parution de Graal Théâtre en 2005
L’
ouvrage publié aujourd’hui porte le même titre qu’un volume publié en 1977…
Florence Delay : Oui, pour la bonne raison que c’est la suite et la fin. Nous avons entrepris voici une
trentaine d’années, Jacques Roubaud et moi, un cycle de dix pièces intitulé Graal Théâtre. Un premier
volume est paru en 1977, un deuxième en 1981. Maintenant, avec les quatre dernières pièces inédites, qui
mènent à l’effondrement du royaume arthurien, le cylce est complet. Les livres précédemment publiés ont
été entièrement revus, souvent modifiés. Ce Graal Théâtre de 2005 constitue donc la version intégrale,
ultime et définitive du projet.
P
ourquoi avoir choisi le thème du Graal ?
FD : Nous cherchions une matière collective et populaire qui soit encore vivante, c’est le cas, surtout
au cinéma, qui s’en inspire régulièrement, qu’il s’agisse du Lancelot de Bresson, du Perceval de Rohmer,
ou tous ces films hollywoodiens sur Merlin et la Table Ronde. Je songe au magnifique film de John Boorman
sur l’épée du roi, Excalibur !
Jacques Roubaud : En revanche, ni le théâtre ni la poésie n’ont vraiment pris le relais en France. Pourtant,
le Graal et la légende d’Arthur ont toujours été très présents dans la poésie et la musique anglo-saxonnes,
qu’il s’agisse de l’opéra de Purcell, Le Roi Arthur, des poèmes de Tennyson ou, en Allemagne, du Parsifal de
Wagner… Sans oublier les Italiens ou même les Japonais, qui s’en montrent friands !
FD : Notre cycle fait se rencontrer deux chevaleries : la céleste et la terrestre. La chevalerie céleste procède
de Joseph d’Arimathie ; la chevalerie terrestre procède de l’enchanteur Merlin, qui crée la Table Ronde.
Et c’est du croisement de ces deux chevaleries que naissent ce que nous appelons les temps aventureux.
Ce qui nous a attiré, ce sont tous ces personnages qui vivent des aventures d’une grande profondeur, d’un
très grand charme, souvent pleines de drôlerie.
JR : Comme tout ce qui concerne Merlin, farceur et mystificateur !
S
ans oublier l’amour…
FD : Oui, l’amour sous toutes ses formes, qui constitue le sujet principal du cycle.
JR : Aujourd’hui, comme les mœurs ont quelque peu changé, on peut dire ce que les médiévistes ont
longtemps tu : Lancelot est amoureux de la reine Guenièvre, mais il est en même temps l’objet de l’amour
du Chevalier Galehaut, au point qu’à une période de sa vie, il se partage entre la reine et le Chevalier.
FD : C’est une très belle description de l’amour d’un homme pour un autre homme. Et quand Lancelot
meurt, il demande à partager la tombe de Galehaut. Ce n’est pas tout : l’inceste règne à chaque épisode !
D’ailleurs je me suis toujours demandée pourquoi la psychanalyse française ne s’est jamais intéressée
à Perceval.
JR : Disons pour simplifier qu’une équation résume tout : Arma + Amor = Armor, les armes plus l’amour
égale la Bretagne !
C
omment le travail d’écriture s’est-il organisé ?
FD : Nous n’avons rien fait l’un sans l’autre, nous avons tout écrit et composé ensemble, parfois l’un
commençant une phrase et l’autre la terminant ! Les périodes d’interruption ont été fastes pour mettre à
profit les remarques de certains jeunes médiévistes sur notre travail.
JR : Nous disposions d’un matériau énorme, une véritable forêt de Brocéliande de textes ! Pendant deux
siècles, une foule d’auteurs ont écrit, repris, modifié, multiplié les versions dans toutes les langues d’Europe.
Donc nous avons un peu emprunté à chacun pour recréer une version nouvelle.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
10
P
ourquoi cette envie de recréation ?
FD : Pour que cela redevienne contemporain.
JR : Nous ne parlons pas « médiéval », nous ne faisons pas du Viollet-le-Duc littéraire. Lorsqu’on parle
de la beauté d’une femme, on la dit plus belle qu’Iseut, et même que Marilyn !
FD : Nous n’avons pas hésité devant les anachronismes, chaque fois qu’ils trouvaient leur place. Ainsi ; avant
le premier baiser échangé à la Saint-Jean entre Lancelot et la reine Guenièvre, une voix chante « Mouche
dorée de la Saint-Jean » d’Apollinaire…
JR : Nous n’avons presque rien inventé, mais nous ne nous sommes pas privés de traiter un personnage
comme il nous semblait le mériter. Ainsi Galaad, le héros de la quête du Graal, que nous trouvons très
antipathique : nous en avons fait une sorte de robot, avant de lui jouer un tour à notre façon !
S’
agit-il de théâtre ou de roman ?
FD : Théâtre-roman ? Feuilleton romanesque ? On aimerait qu’il soit aussi bien lu des yeux que mis
en bouche.
JR : Nous l’avons conçu comme un grand roman-feuilleton dialogué, dont chaque pièce constituerait un
épisode. On n’est pas si loin, parfois, de Rocambole ou des Mystères de Paris ! Et parfois plus proche des
mystères éternels, ceux de la généalogie du Roi Pêcheur par exemple.
© www.gallimard.fr, 2005
Merlin l’Enchanteur
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
11
> Graal Théâtre :
Réécriture et réinterprétation des textes médiévaux
D
ans les années soixante-dix, Florence Delay et Jacques Roubaud se lancent dans l’écriture d’un
nouveau cycle sur la légende arthurienne : en finalité, dix pièces de théâtre contant les aventures
d’Arthur, de Merlin, du Graal et de bien d’autres merveilles. Ce nouveau cycle du Graal a été écrit
par deux auteurs contemporains qui ne sont pas médiévistes de formation, comme l’énonce Florence
Delay : « Ni Jacques Roubaud ni moi-même n’étions “médiévistes” avant de le devenir naturellement, si tant
est qu’on puisse devenir ce qu’on n’est pas à l’origine, ou que l’amour seul de “la matière de Bretagne”
puisse suffire à vous rendre breton1… ».
Dix pièces de théâtre retracent ainsi cette matière de Bretagne de ses origines à sa chute. Les branches I et II
du cycle parlent des fondateurs : Joseph d’Arimathie fonde la dynastie des Rois Pêcheurs et Merlin met
Arthur sur le trône du royaume de Logres. Les six pièces du milieu racontent des aventures : car à partir du
Coup Douloureux porté par Balaain à Pellès par erreur, « les aventures arrive[nt] épaissement dans le
royaume de Logres2 », que ce soit dans le monde d’Arthur ou le monde du Graal. Les deux dernières […]
racontent la fin de la présence du royaume céleste parmi les hommes avec La Quête du Graal et la fin du
royaume terrestre avec La mort du roi Arthur.
Graal Théâtre prend appui sur les textes médiévaux que les auteurs ont lus, relus, décortiqués, analysés et
parfois réinventés. Florence Delay indique à ce propos : « On voit dans les manuscrits du Lancelot en prose
fleurir des versions différentes, des scribes inventer, en copiant leur texte, des aventures nouvelles, ou de
nouvelles combinaisons des mêmes événements. Comment ne pas souhaiter prendre le relais et devenir les
nouveaux scribes, aussi infidèles que constants, aussi inconstants que fidèles3 ? ». Graal Théâtre oscille entre
une fidélité aux textes médiévaux et une réinterprétation personnelle du mythe arthurien.
[…]
La première chose qui marque en lisant Graal Théâtre est la typographie utilisée par les auteurs. La
ponctuation est réduite au minimum : une majuscule au début de chaque réplique et des points, rien de
plus, une façon de rattacher Graal Théâtre aux textes médiévaux : « Que Florence Delay et Jacques Roubaud
aient conservé, dans leur texte, la ponctuation de l’édition Sommer, c’est-à-dire en fait, celle du manuscrit
médiéval, est comme la trace rusée de leur opération, clin d’œil discret aux happy few, sinon aux
“spécialistes”4. »
La technique de l’entrelacement est également mise à l’honneur. Dans Graal Théâtre, les pièces
s’entremêlent les unes aux autres. Bien que chaque branche parle distinctement d’un personnage, celui-ci
est amené à rencontrer d’autres personnages qui ont leurs propres aventures. Blaise explique d’ailleurs lors
d’une scène technique de l’enchevêtrement et compare l’histoire de la Table Ronde à « un arbre dont les
branches sont les chevaliers et les fleurs les dames et les demoiselles. Suivant les saisons les fleurs viennent
contre les branches ou s’en séparent et se renouvellent. Quant aux branches elles viennent et vont de
l’arbre à l’arbre et aucune n’existe toute seule séparée du tronc et de la sève. Cet arbre sera toute la forêt
de Brocéliande5 ».
[…]
Les auteurs utilisent aussi les mansions du théâtre médiéval et désignent ainsi huit lieux bien distincts : le
lieu de parole, le lieu d’eau, la forêt, la prairie, le château, la chambre d’amour, la cour du roi Arthur, le
1
F. Delay, « Entrée dans l’univers médiéval : l’expérience de Graal Théâtre », in Perspectives médiévales, n°9, Paris, juin 1983, p.74.
Graal Théâtre : Lancelot du Lac, p.115.
3
F. Delay, op. cit., p.75.
4
B. Cerquiglini, « Écrire le Graal par Florence Delay et Jacques Roubaud », Graal Théâtre : Lancelot du Lac, Approches « répertoire »
n°6 ; collection NTNM ; édition Jeanne Laffite, 1979, p.125-126.
5
Lancelot du Lac, p.190.
2
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
12
château du Graal. Cette diversité des lieux, bien loin de l’unité de lieu du théâtre classique, rappelle en effet
le système des mansions dans le théâtre médiéval. Les mystères se passaient dans plusieurs lieux, dotés
d’une pancarte explicative pour plus de sûreté6 : « tous les lieux fictifs [étaient] visibles ensemble et les
acteurs, même s’ils ne jou[aient] pas dans un lieu, y rest[aient] à la vue de tous7 ». Parmi les mansions, on
peut par exemple trouver l’Enfer et le Paradis ou encore le temple de Jérusalem. […] Pour les deux auteurs,
l’imagination a un grand rôle. Pour eux, une pancarte suffit pour planter le décor : « à la limite […] une
pancarte avec forêt nous suffit. Je crois que c’est vraiment comme ça qu’il faut le monter8 ». Ce qui importe,
c’est le conte, ce qui est raconté sur scène : « Les images doivent se suivre, sans heurts, comme on tourne
les pages du livre d’un conte. Fluidité technique indispensable écartant toute idée de changements de
décors dans des noirs ou de faux entractes9 ».
[…]
Le but de Jacques Roubaud et de Florence Delay est d’écrire un nouveau cycle du Graal : « L’ensemble
constituera un cycle à l’imitation des grands cycles arthuriens en prose10 ». Ces deux auteurs s’inscrivent
dans la lignée des continuateurs de la légende arthurienne comme le signale Jacques Roubaud : « Nous
n’inventons pas. Nous faisons comme les conteurs médiévaux. Nous copions et recombinons11 ». D’après
Florence Delay, l’affirmation citée ci-dessus de Jacques Roubaud est une attitude provocatrice qui vient
« d’une idée partagée par l’un comme l’autre qu’on a beaucoup exagéré le rôle de l’invention au XXe siècle.
Et qu’un peu de modestie, le rôle des modèles, le tissu même de la poésie et de la prose est capital dans
toute élaboration d’une œuvre. Donc c’était un peu provocateur de notre part de dire : non, non, nous on
ne fait rien, on copie. On tenait à ça, on l’a même un peu accentué. J’entends Jacques pouvant dire en
public : surtout être le moins original possible12 ». Plus qu’une réalité, une façon pour Jacques Roubaud de
rendre hommage à la littérature médiévale.
L’utilisation des textes médiévaux passe par une appropriation et une réinterprétation personnelle de la
légende arthurienne, que les auteurs remettent au goût du jour. La principale modification de cette
réécriture est le passage du roman au théâtre. Le passage de la narration à la dramatisation entraîne des
changements et les auteurs s’autorisent quelques libertés. Jacques Roubaud et Florence Delay utilisent une
vingtaine d’œuvres médiévales pour écrire Graal Théâtre. Ils ne font pas que copier : ils modulent,
interprètent à leur façon selon les besoins du récit.
[…]
À la première lecture de Graal Théâtre, ce qui marque certainement le plus le lecteur ce sont tous les ajouts
humoristiques, que ce soit pour caractériser un personnage, ou que ce soient des ajouts dans les dialogues.
Florence Delay et Jacques Roubaud aiment leurs personnages mais n’hésitent pas à s’amuser à leurs dépens.
Ainsi font-ils de Girflet un personnage extrêmement bavard dont les phrases finissent par être coupées :
Arthur : Comment a-t-il eu ma coupe. Mon pire ennemi lui en a-t-il fait cadeau ?
Girflet : Mais non sire pas du tout c’est précisément ce que je suis en train d’essayer de
vous dire mais vous m’interrompez tout le temps. Ce n’est pas sans raison que je disais
rappelez-vous tout à l’heure le Chevalier Vermeil de la forêt de Quinqueroi que je ferais
mieux d’appeler Feu le Chev…
Arthur : Girflet je t’en supplie sois bref13.
On peut aussi trouver un certain nombre d’anachronismes. Dans un article, Guy Lavorel en relève plusieurs :
« la reine est dite “plus belle que Marilyn” ; Lancelot joue avec un échiquier qui a la voix d’un ordinateur ;
Méléagant ne se bat plus selon les règles de la chevalerie : “crocs-en-jambe, boxe française, karaté” tout
6
e
Littérature du Moyen Âge et du XVI siècle, Henri Mitterand, éd., Éditions Nathan, Paris, 1988, p.60.
C. Mazouer, Le Théâtre en France du Moyen Âge, Sedes, 1998, p.65.
8
Entretien privé avec F. Delay, 4 octobre 2002.
9
Graal Théâtre : Merlin l’enchanteur, Éditions Jeanne Laffite, coll. « NTNM », répertoires n°4, 1979, p.121.
10
J. Roubaud, « Graal 2001 » in Pour fêter Florence Delay, p.85.
11
Ibid., p.87.
12
Entretien privé avec F. Delay, 4 octobre 2002.
13
Perceval le Gallois, p.222.
7
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
13
cela au milieu des “éclats de verre d’une fenêtre brisée” ; Do refuse de mettre les pierres debout sur la plaine
de Salesbières parce qu’il a déjà assez d’accidents du travail (Merlin l’enchanteur, p.105) ; quand Galehaut
proclame une trêve d’un mois, Cents Chevaliers propose en riant de donner « une prime d’arrêt de
combat » aux marins (Lancelot du Lac, p.153) ; Merlin invente le pique-nique pour le mariage d’Arthur et
utilise parfois des termes scientifiques. Mais gare à ceux qui utilisent eux aussi ces termes scientifiques : à
Pedeune et Sextine qui parlent de « libération provenant de l’accélération de Coriolis accompagnées d’effets
secondaires sinusoïdaux », Merlin rétorque : « Vous ne savez même pas le sens des mots que vous employez
parce que tant que Newton n’est pas né tout ceci n’a aucun sens. » (Merlin l’enchanteur, p.99). Les
anachronismes sont là pour amuser et faire réagir le lecteur/spectateur. Les textes médiévaux utilisés sont
parsemés de notes humoristiques qui donnent à Graal Théâtre, un goût de fantaisie.
[…]
Graal Théâtre est partagé entre deux pôles : la réécriture et la création. Ce nouveau cycle du Graal prend
énormément appui sur les textes médiévaux, allant parfois jusqu’à recopier des passages entiers. Pourtant
cette nouvelle réécriture qui vient à la suite de tant d’autres depuis Chrétien de Troyes, peut être
considérée comme une véritable création littéraire. Les auteurs, passionnés de ces légendes arthuriennes,
les remettent au goût du jour avec fantaisie et humour. En s’aidant des textes médiévaux, ils ont su créer
leur propre univers arthurien, allant parfois jusqu’à en transcender les mystères. Graal Théâtre est un texte
très riche qui sait tirer parti des textes médiévaux où il puise sa matière tout en faisant preuve d’originalité.
Florence Delay et Jacques Roubaud ont la double démarche des clercs médiévaux : fidélité et liberté.
Cladie De-min
« Graal Théâtre : réécriture et réinterprétation des textes médiévaux »
In Cahiers de recherches médiévales, no11, 2004, p.93-117.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
14
> Que cherchent les quêteurs du Graal ?
O
n ne peut parler du Graal sans courir un risque, celui du malentendu. Le simple mot de Graal éveille tant
de résonnances, généralement trompeuses ! Alors que les autres mythes littéraires hérités du Moyen
Âge, celui de Roland et même celui de Tristan et Iseut, se sont estompés, le Graal reste présent,
explicitement ou par transposition, dans l’imaginaire contemporain. Il nourrit jeux de rôles et jeux vidéos, science
fiction et heroic fantasy. Il tient sa place dans le renouveau celtique. Dans le langage des journalistes, poursuivre
un but inaccessible, comme mettre fin à une crise financière ou trouver un consensus politique, c’est « chercher
le Graal ».
[…]
On se met en quête du Graal pour l’avoir déjà vu une première fois, par hasard ou du moins sans l’avoir cherché
ni mérité ; on se met en quête du Graal alors qu’il s’est déjà offert comme une grâce gratuite. C’est ce qui se
passe dans Le Conte du Graal – en harmonie, a-t-on montré, avec le schéma habituel des romans de Chrétien de
Troyes et avec sa morale. C’est ce qui se passe dans la Quête du saint Graal, où il s’agit de la grâce elle-même,
à laquelle le Graal est explicitement assimilé (« c’est le saint Graal, c’est la grâce du saint Esprit ») : au début du
roman, le Graal apparaît aux chevaliers de la Table Ronde le jour de la Pentecôte, alors que toutes les portes de la
salle sont fermées, en une répétition de la descente de l’Esprit saint sur les apôtres. Gauvain les entraîne alors
dans la quête de ce qui leur est déjà apparu et qui les a déjà comblés. Autrement dit, le Graal pourrait dire
comme le Dieu de Pascal : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé ».
Mais avant d’être de Pascal, cette formule était de saint Augustin, puis de saint Bernard, qui, à l’époque même
et dans l’esprit même de nos romans, écrit dans De Diligendo Deo : « Nemo te quaerere valet, nisi qui prius
invenerit » (« Personne n’est capable de te chercher s’il ne t’a pas d’abord trouvé »).
[…]
Que pouvaient donc espérer les chevaliers qui couraient le monde et l’aventure en quête du Graal ?
À cette question, on a cherché à répondre, non pas directement, mais en commençant par approfondir le sens de
la formule de saint Bernard, et d’abord en examinant minutieusement son contexte. Ce qu’on y trouve, c’est que
la quête de Dieu est à la fois sa propre origine et sa propre fin, la première des vertus et l’accomplissement de
toute vertu. Plus important encore : il n’y a pas de terme à la quête de Dieu, car même la découverte de Dieu ne
met pas de terme à sa quête. Même trouvé, il continuera à être cherché. Pourquoi ? Parce que la quête de Dieu,
c’est le désir de Dieu et que ce saint désir, loin d’être éteint, sera attisé par la felix inventio – « l’heureuse
découverte » de Dieu ; car la consummatio gaudii, « la consommation de la joie », sera au contraire de l’huile sur
le feu du désir. La quête de Dieu, c’est un désir brûlant, dévorant, c’est la somme de tous les désirs : rien à voir
avec la marche à pied, ni avec la chevauchée, ni avec la lente relation de longues aventures menant de châteaux
en forêts. Comme un amour qui ne s’éteint pas, posséder Dieu, c’est encore le désirer. À l’époque de saint
Bernard, les troubadours, dont certains sont marqués eux aussi par sa spiritualité, cherchent à exprimer dans les
tensions de leur poésie la contradiction du désir amoureux qui souffre de n’être pas assouvi et tremble devant
un assouvissement qui le ferait disparaître. Le désir de Dieu, au contraire, survit à son assouvissement et même
s’y alimente.
[…]
Il reste que les personnages des romans du Graal sont des créatures de parchemin. La question « que cherchaient
les quêteurs du Graal ? » revient à la question « que cherchaient les lecteur du Graal ? » C’est évidemment
à travers leurs propres représentations et leurs propres aspirations, comme à travers les représentations qui
structuraient pour eux la vie sociale et la vie morale, qu’ils lisaient ces romans, et en particulier à travers deux
d’entre elles, qu’ils retrouvaient dans l’itinéraire des chevaliers errants : celle de l’homo viator (bien que non
pedum passibus, etc.) et celle du miles Christi. C’est à travers ces deux figures que les romans ont été abordés.
Michel Zink
« Non pedum passibus, sed desideriis quaeritur Deus » (saint Bernard).
« Que cherchaient les quêteurs du Graal ? »
e
In Cours et travaux du Collège de France. Annuaire 109 année,
Collège de France, Paris, mars 2010, p.843-862.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
15
Gauvain et le Chevalier Vert,
une épopée merveilleuse
> Résumé de l’action
1
Défi du Chevalier Vert
Le roi Arthur, Guenièvre sa femme, Gauvain son neveu, Keu son sénéchal et tous les Chevaliers de la
Table Ronde sont réunis à Camaalot pour les fêtes du Nouvel An.
Arrive un chevalier entièrement vert, monté sur un cheval à la crinière verte. À la main il tient une hache
énorme. À tous il crie son défi : qui osera, en ce premier jour de l’année, lui trancher le cou, à charge bien
sûr de revanche au nouvel an prochain ?
Gauvain relève le défi, prend la hache, la lève… et s’engage alors dans une aventure qui devra le conduire
dans un an, jour pour jour, à la Chapelle Verte.
Cependant que Blaise, celui qui écrit le livre, dit la naissance du conte, et comment Joseph d’Arimathie
recueillit dans une écuelle le sang du Christ mort, et comment avec l’écuelle, la lance, la table et l’épée,
il vint jusqu’aux Saintes-Maries, puis aux côtes de Galles où, dans la forêt, il fit bâtir un fort château qu’il
appela Cobernic.
2
La Famille de Lis
Au soleil couchant, Gauvain perd un combat contre son ennemi Bran de Lis.
Au soleil levant, Gauvain gagne sans combat le cœur de Flor de Lis, sœur de Bran, et lui fait perdre
son droit au nom de pucelle.
Ce qui, évidemment, met le père et le frère de l’ex-pucelle dans une grande colère. Et voilà nos deux chevaliers
rouges qui se lancent à la poursuite de Gauvain le superbe.
3
Gauvain et ses frères
Où il est question d’un Mort Mystérieux transpercé d’une épée, qu’un cygne pousse jusqu’au
rivage, et du silence de Perceval au château du Graal.
Où l’on voit aussi Gauvain mériter son titre de « père des aventures » en acceptant d’aller sauver la demoiselle
du Château Orgueilleux et de combattre dans quarante jours Guinganbrésil qui vient de l’insulter, alors qu’il
a déjà sur le dos, rappelons-nous, le projet d’un combat avec Bran de Lis à cause de sa petite sœur et
l’expédition de la Chapelle Verte.
Devant l’ampleur d’un tel programme, Gauvain et ses frères, Agravain, Mordret et Guerrehès le maladroit,
réunissent un conseil de famille.
Gauvain leur promet de ne point inscrire d’épreuve nouvelle à son calendrier.
4
La Demoiselle aux Petites Manches
Parce qu’il ne sait pas dire non à la prière des jeunes filles qui toutes sont folles de lui, et malgré
la promesse faite à ses frères, Gauvain, pour les beaux yeux de la Demoiselle aux Petites Manches
s’engage dans un tournoi au cours duquel il est vainqueur de Mélian de Lis, cousin de Bran. Ce qui ne
simplifie rien.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
16
5
La commune
Gauvain arrive au château de Guinganbrésil, où il est accueilli par la sœur de son ennemi. Tous deux,
se câlinant, disent le dit des petites bêtes qui montent et du jardin bien (mal) gardé.
Cependant au dehors gronde l’émeute, et montent les cris de mort des vilains dont s’entourent
Guinganbrésil et son maître le roi d’Escavalon.
Lequel paraît et calme l’émeute.
De sa prison d’air, Merlin commente en direct les événements et explique à Blaise que si le roi calme la
colère des vilains, ce n’est pas pour plaire à Gauvain, qu’il déteste, mais pour lui demander d’entreprendre
la quête de la lance qui saigne dont il a grand besoin pour ses propres désirs.
Et monseigneur Gauvain, qui pourtant croyait encore éloigné de lui le temps des quêtes, s’incline devant la
volonté royale.
6
Au Château des Dames et des Demoiselles
Où l’on voit Gauvain aborder à l’étrange pays de Galvoie et dès lors se comporter de façon fort
étonnante.
Car, comme dirait Blaise, comment monseigneur Gauvain, modèle et miroir de toute courtoisie, peut-il
s’oublier jusqu’à réveiller d’un coup de lance un chevalier blessé ? Comment, lui, que tant d’autres filles
aiment sans le connaître et tant d’autres connaissent en l’aimant, a-t-il pu, dans le pays de Galvoie, chercher
et ne pas trouver l’anneau de la Demoiselle Moqueuse, pis, oublier son épée devant elle ? Et comment, dans
ce château de l’autre côté de l’eau où le conduit avec réticence le nautonier, peut-il ne pas reconnaître les
trois femmes qui le baignent, Ygerne aux blanches tresses, et Anna sa mère, et Clarissant sa sœur ?
7
8
La Fabrique
Au château de la Pire Aventure, Yvain et son lion délivrent les demoiselles tisseuses de la tyrannie des
petits chefs. « Camarade Yvain, merci » dit la demoiselle déléguée.
Au Château des Dames et des Demoiselles
Six mois ont passé depuis que Gauvain est entré au pays de Galvoie et notre étonnement grandit
encore lorsque nous le voyons avec Clarissant jouant au ballon comme un enfant.
Qu’y a-t-il donc dans l’air du pays de Galvoie, une fois franchie la rivière qui en fait le tour, pour que celui qui
n’a jamais refusé de dire son nom l’ait tu quand on lui demandait le premier jour et ne l’ait prononcé qu’à
contre cœur six mois après ?
C’est un pays étrange que ce pays où, avant qu’Escalibour la bonne épée ne l’arrache à son enchantement,
Gauvain recule tellement dans sa vie qu’il arrive presque aux portes de sa naissance, enfant aux mains des
femmes qui l’ont nourri et qu’il n’aurait donc oubliées que parce qu’elles seraient mortes ?
9
Gauvain contre Bran
À la nuit tombante, Gauvain, Arthur, Keu et quelques chevaliers pénètrent dans la grande salle d’un
château désert. La table pourtant est mise, comme si l’on attendait quelqu’un. Soudain Gauvain
aperçoit l’écu du maître des lieux : c’est celui de Bran de Lis ! Était-ce donc un piège ? C’était un piège. Et
justement voilà Bran qui arrive et fait apporter les chandelles pour le combat. Arthur pleure, car il sait que
son neveu, tel le soleil, perd la nuit venue ses forces.
Dramatique, le combat s’engage. Flore tente de s’interposer entre les adversaires, son enfant dans les bras.
La lutte longtemps est indécise. Enfin Gauvain triomphe. Mais tandis que tous se donnent à la joie de la
victoire, Bran s’empare de l’enfant et disparaît dans l’ombre.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
17
10
Le Chevalier Vert et Lady Bercilak
L’année s’est écoulée et Gauvain, fidèle à la parole donnée, se rend au rendez-vous de la
Chapelle Verte. Un an, jour pour jour, après le terrible défi, la hache énorme du Chevalier Vert
va-t-elle trancher le cou du héros ? Non.
Gauvain encore une fois échappera à la mort pour n’avoir pris en trois jours à la si belle Lady Bercilak rien de
plus qu’un baiser, quelques caresses et une jarretière vert et or.
11
12
Honte d’Agravain
Où tout recommence en se compliquant !
Gauvain au Château du Graal
Où l’on voit le Chevalier Futur Mort entraîner Gauvain dans une chevauchée fantastique qui à
travers Bretagne et Normandie le conduit jusqu’au rivage de la mer où brille une grande lumière.
Où l’on retrouve le Roi Pêcheur et le Mort Mystérieux transpercé d’une épée dont Gauvain ne peut
ressouder les tronçons, car c’était un autre chevalier qu’on attendait au château du Graal.
Où passe de nouveau le cortège du Graal, et la lance qui saigne et la demoiselle porteuse du Graal.
Mais plus se soucie Gauvain de la demoiselle que du Graal.
D’ailleurs il a sommeil et il s’endort.
Graal Théâtre : Gauvain et le Chevalier Vert,
Éditions Jeanne Laffite, coll. « NTNM », répertoires n°5, 1979, p.19-27.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
18
> Les personnages
Qui est Gauvain ?
F
ils du roi Lot et d’Anna. Neveu d’Arthur. Frère d’Agravain, Guerrehés et Clarissant ; demi-frère de
Mordret. […] Il fait partie de la cour du roi Arthur. Gauvain est donc l’incarnation de la perfection d’un
certain modèle chevaleresque : prouesses guerrières et défense des demoiselles en détresse. Mais
il ne connaît pas vraiment l’amour et échoue dans la quête du Graal, ce qui marque ses limites : comme
Arthur, il appartient à un monde guerrier ancien, et il est dépassé par Lancelot, Perceval et surtout Galaad,
chez qui l’amour et la religion prennent une place croissante.
Extrait de l’index dramaturgique du Graal Théâtre
Réalisé par Gérarld Garutti et Sacha Todorov
G
auvain est le neveu préféré du roi Arthur. Il est l’un des plus éblouissants chevaliers de la Table
Ronde où il entre le jour même du mariage du roi. Son personnage a pour modèle une divinité
solaire celte : dans les combats, sa force, faible à l’aube, augmente avec le jour. Il est invincible
à midi, mais devient fragile à mesure que le soir tombe. Le sommeil le prend dès que le soleil disparaît.
Il aime les demoiselles. Elles le lui rendent bien et le courtisent, au grand déplaisir de leurs pères et de leurs
frères, mais il est le contraire de Dom Juan car il séduit en aimant et ne fait jamais volontairement de la peine.
Gauvain et le Chevalier Vert raconte une année de la vie de son héros. Il y triomphe de deux grandes
épreuves : le défi d’un géant, qui semble impossible à relever ; et la tentative du château des Dames
et Demoiselles, forteresse de l’Autre Monde, où cherchent à l’attirer et à la retenir sa mère et sa sœur.
Scribes du cycle nous nous sommes inspirés, entre autres sources, de Chrétien de Troyes et du grand poème
médiéval anglais Sir Gawain and the Green Knight.
Florence Delay et Jacques Roubaud
M
essire Gauvain, dit la Vulgate, « fut le meilleur d’entre ses frères et fut beau chevalier de corps
et bien taillé de membres et ne fut pas trop grand ni trop petit non plus mais fut de très belle
estature et eut les yeux gris et non bleus ». Il émane de lui une beauté tranquille, à la fois forte
et douce, à l’image de ses qualités morales.
Preux fu et de grande mesure
d’orgueil ni de surfait n’eut cure
plus voulut faire qu’il ne dit
et plus donner qu’il ne promit
A dit Wace. À la cour arthurienne, Gauvain est le modèle, par excellence, de la courtoisie, c’est-à-dire d’un
art d’agir et d’aimer selon des règles dont la beauté est le critère. Sa courtoisie est portée à son point
d’intensité maximale dans ce qui est son domaine de prédilection, à savoir la parole. Sa conversation
fascine. « Dafod aur », langue d’or, tel est le surnom que lui ont donné les Gallois. Modèle, Gauvain l’est en
tout car il est le chevalier idéal, celui que tout le monde essaye d’imiter ou contre lequel on se mesure pour
connaître sa propre valeur et recevoir sa leçon. Même lorsque son armure l’emprisonne sur le champ de
bataille (il dirige souvent les armées d’Arthur), ou dans un tournoi, on le distingue entre tous. Le dessin de
son écu porte la marque de sa perfection : c’est le dessin du pentacle, étoile à cinq branches, symbole
inventé par Salomon comme signe de la fidélité, de la perfection en cinq points et cinq fois en chaque point.
« Le dernier cinq des cinq est le groupe de ses cinq vertus : générosité, modestie, gaieté, courtoisie et compassion ».
Graal Théâtre : Gauvain et le Chevalier Vert,
éditions Jeanne Laffite, coll. « NTNM », répertoires n°5, 1979, p.43-45.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
19
> Florence Delay parle du personnage Gauvain :
« Si je n’avais pas rencontré Jacques Roubaud en 1970,
je ne serais pas tombée amoureuse de monseigneur Gauvain
et ma vie aurait été moins ensoleillée. »
D
ans un esprit conforme à la méthode des conteurs médiévaux nous avons fait un choix parmi les
aventures et les avons agencées ou ordonnées différemment, infléchissant ainsi leur sens. Chrétien
de Troyes disait bien qu’il n’inventait pas la matière de Bretagne ni même un sen, mais que le sen
nait de la conjointure, c’est-à-dire du montage des événements. Notre siècle, siècle du cinéma, a fait toute
la lumière sur ce moment essentiel de la création qu’est le montage. Étape rien moins que technique
puisque le rythme et l’émotion d’une œuvre en découlent. La paire de ciseaux est un objet pensant.
Couper, copier, coller, certes mais ces activités d’ordinateur ne recouvrent pas les besoins du conte que
ceux du théâtre. J’aimerais évoquer un matin morose où Jacques Roubaud et moi-même n’avions aucune
mais alors aucune imagination. Et le conteur que nous suivions pas plus que nous. Il s’agissait d’un moment
précédent l’émeute des gens d’Escavalon contre Gauvain. Ce cher Gauvain n’avait pas trouvé mieux que de
plaire à une demoiselle dont on va apprendre qu’elle est la sœur de son ennemi mortel, Guiganbrésil.
Le conteur, pas plus inspiré que nous, avait expédié l’entretien amoureux en deux lignes du genre : ils s’étaient
prodigué force, paroles et caresses…
Or nous avions besoin d’un répit dans la succession des aventures, d’une scène illustrant « paroles et caresses »,
et nous étions secs, nous séchions. Ça arrive. Sur le point d’abandonner, je me souvins brusquement d’un
passage lu récemment dans un roman contemporain et qui m’avait beaucoup plu. Nous étions sauvés. D’où
le passage suivant de l’épisode intitulé « La Commune » dans Gauvain et le Chevalier Vert. […]
DEMOISELLE : Venez-vous asseoir près de moi. Je croyais bien que vous ne seriez jamais dans mes
bras.
GAUVAIN : C’est que vous n’y pensiez pas du tout.
DEMOISELLE : Vous êtes bête et méchant.
GAUVAIN : Je ne le suis absolument pas.
DEMOISELLE : Si vous l’êtes.
GAUVAIN : Non.
DEMOISELLE : Si.
Gauvain dit quelque chose que l’on n’entend pas.
DEMOISELLE : Mon jardin est en parfait état et vous ne l’abîmerez pas.
GAUVAIN : J’y enverrai des taupes.
DEMOISELLE : Je n’ai pas peur de vos taupes
GAUVAIN : Trois marmottes.
DEMOISELLE : Je m’en fiche.
GAUVAIN : Et des loirs.
DEMOISELLE : Vous êtes méchant et malfaisant.
GAUVAIN : Et des porcs-épics.
DEMOISELLE : Mon jardin est à moi et personne n’a le droit de l’attaquer.
GAUVAIN : Votre jardin est à vous mais moi j’y envoie toute sorte de petites bêtes.
DEMOISELLE : Votre petite bête je m’en moque, mon jardin est bien gardé.
GAUVAIN : Très mal gardé.
[…] Comme nous mettions au propre, quelques années plus tard, le manuscrit des quatre premières pièces
du Graal Théâtre pour le donner chez Gallimard, nous nous arrêtâmes sur cette scène, désireux d’en
indiquer la source. Mais autant que nous nous souvenions d’avoir « emprunté » ce dialogue autant nous
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
20
avions oublié à qui. En désespoir de cause, la note suivante fut imprimée : « ce passage des petits animaux
est emprunté à un contemporain mais malheureusement nous ne nous souvenons plus de qui ».
Deux ans après, au Théâtre du Gymnase de Marseille, après la représentation de Gauvain et le Chevalier
Vert, se présenta dans les coulisses un homme très grand, une sorte de géant. Ses cheveux étaient gris
et son visage étonnamment jeune. Il était heureux, disait-il en souriant, d’être dans la salle et aussi, soudain,
dans la pièce : il s’était reconnu. Parce qu’il s’était reconnu, nous avons pu enfin remercier celui qui nous
avait donné un coup de main enchantée : le grand Julio Cortázar.
Belles histoires, n’est-ce pas, que celles qui ne nous laissent jamais seuls.
Florence Delay
« Graal soixante-treize – La parole aux écrivains : témoignages »
dans La Trace médiévale et les écrivains aujourd’hui, sous la direction de Michèle Gally, PUF,
Perspectives littéraires, Paris, 2000
Gauvain et le Chevalier Vert, répétition du 18 avril 2013
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
21
> Entretien avec David Martins par Thomas Flagel
Poly Magazine, n°158 mai 2013
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
22
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
23
> Index des personnages
A
Anna • Fille d’Ygerne et de Marc de Tongatel, sœur de Morgane, épouse du roi Lot, avec qui elle a pour fils
notamment Gauvain. Demi-sœur d’Arthur avec qui elle commet l’inceste. Après sa mort on la retrouve au
château des Dames et des Demoiselles.
Arthur • Fils d’Ygerne et d’Uterpendragon déguisé en Marc de Tingatel, il est enlevé à ses parents
à la naissance et confié à Auctor, père de Ké. Il est donc le demi-frère d’Anna et de Morgane. Outre sa valeur
de symbole national (unité du peuple breton), Arthur est l’archétype du roi guerrier, il acquiert son trône par
l’épée. Il représenterait, dans la tripartition du Dumézil, le triomphe du pouvoir guerrier sur le pouvoir
druidique, sacerdotal, traditionnel. Mais il incarne un modèle sans avenir : aucun enfant avec sa femme
Guenièvre, et avec sa demi-sœur Anna un enfant incestueux, Mordret, par lequel viendra sa mort et la ruine
de son royaume. Il est le roi d’un monde ancien, qui doit mourir pour que puisse advenir le nouveau monde
chrétien.
Agravain • L’Orgueilleux de la Lande, « aux Dures Mains ». Fils de Lot et d’Anna, frère de Gauvain,
Guerrehés et Clarissant, demi-frère de Mordret. Son nom viendrait de ce que pour lui, toutes les choses sont
graves.
B
Blaise • Confesseur de la mère de Merlin, il les recueille tous les deux après leur jugement. Il est scribe de la
cour et écrit l’histoire du Graal sous la dictée de Merlin. Il intervient à la fois comme narrateur et comme
acteur du récit.
C
Clarissant • Fille de Lot et d’Anna et sœur de Gauvain, Agravain, Guerrehés, et demi-sœur de Mordret.
D
De Lis Nore • Père de Bran et Flore de Lis. Son château est durant ce volet, assiégé par les chevaliers de la
Table Ronde. Voulant tuer Gauvain qui s’est uni à Flore, il est tué par celui-ci.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
24
De Lis Flore • Fille de Nore de Lis, sœur de Bran. Elle s’unit à Gauvain avec lequel elle aura un fils.
De Lis Bran • Fils de Nore de Lis, frère de Flore. Lorsque le château familial est assiégé par les chevaliers de
la Table Ronde, il profite de la nourriture offerte à sa sœur Flore et à leur cousine Ysaure par Yvain
et Gauvain pour combattre ce dernier et le blesser gravement. Quand celui-ci s’unit à Flore puis tue son père
Nore, il lui promet un combat.
Demoiselle Hideuse • Figure allégorique de la Fortune.
G
Gauvain •Cf. p. 20-24.
Girflet • Fils de Do, il devient écuyer-assistant d’Arthur en remplacement de son père. Il est au courant
de tout et se souvient de tout.
Guenièvre • Fille du roi Léodégan de Carmélide, elle est donnée en mariage à Arthur pour réconcilier les
deux hommes après la succession d’Uterpendragon.
L
Le Chevalier Vert, Lord Bercilak • « Plus vieil amant de Morgane ». Il est son complice dans plusieurs
entreprises. Le Chevalier Vert lance un défi à la Table Ronde : qu’on lui coupe la tête. Gauvain accepte et accorde
la revanche un an plus tard : quand il le cherche, il tombe sur Lord et Lady Bercilak. Au rendez-vous convenu
avec Gauvain, il lui révèle qu’il est Lord Bercilak.
Lady Bercilak • Femme de Lord Bercilak, elle accueille Gauvain dans son château et le charme avec instance
sans succès.
M
Melian de Lis • Cousin de Bran et Flore de Lis. Chevalier élevé dans la maison de Tiébaut et épris de sa fille.
Cette dernière le pousse à engager un tournoi contre son père pour lui prouver son amour. Gauvain le bat
au tournoi pour venger la Demoiselle aux Petites Manches.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
25
N
Nautonier • Il permet à Gauvain de passer sur la rive du château de la Merveille et l’introduit dans le
château en le mettant en garde contre ses pièges.
T
Tiébaut de Tintagel • Il a deux filles et a élevé Mélian de Lis qui engage un tournoi contre lui sur
l’instigation de sa fille aînée.
Tintagel, Sœur aînée • Fille aînée de Tiébaut de Tintagel, amante de Mélian de Lis, elle gifle sa sœur pour
avoir dit qu’il y avait un plus beau chevalier que Mélian. Elle pousse ce dernier, élevé par son père,
à engager un tournoi contre lui pour lui prouver son amour.
Tintagel, Sœur cadette, Demoiselle aux Petites Manches • Elle fait de Gauvain son héros dans le tournoi
qui oppose Tiébaut et Mélian.
Y
Ygerne • Épouse de Marc, Duc de Tintagel, avec lequel elle a deux filles Morgane et Anna. Elle résiste aux
avances d’Uterpendragon, ce dernier prend l’apparence du Duc Marc et s’unit à elle. Elle se retrouve
enceinte d’Arthur. Son mari périt sous les coups d’Uterpendragon qui l’épouse. Mère d’Arthur et grandmère de Gauvain. On la retrouve dans ce volet, au Château des Dames et des Demoiselles.
Yvain, le chevalier au lion • Fils de Morgane et d’Urien, neveu d’Arthur et Chevalier de la Table Ronde.
Extrait de l’index dramaturgique du Graal Théâtre
réalisé par Gérald Garutti et Sacha Todorov
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
26
Gauvain et le Chevalier Vert, répétition du 18 avril 2013
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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> Les objets
G
raal
À l’origine, coupe avec laquelle Jésus a célébré la messe lors de la Cène (il a donc dit du vin qui s’y
trouvait « Ceci est mon sang » (I, 4)). C’est ensuite la coupe avec laquelle Joseph recueille le sang de
Jésus (I, 1).
Le Saint-Esprit l’apporte à Joseph emprisonné, en récompense des quarante-trois ans de tourments endurés
(I, 2) : il est alors défini comme « la coupe qui contient le sang précieux », et Joseph le vénère.
Il devient vite objet nourricier : il sert à boire à Joseph et ses compagnons dans le désert (I, 3), et multiplie
le poisson pêché par Bron (I, 3). Il nourrit toute la communauté de Joseph d’Arimathie (I, 5). Il nourrit Joseph
et Bron (I, 9), sert à la communion de Joseph (I, 14). Quand ils institutionnalisent la cérémonie du Graal
celui-ci est porté en procession par Amyte la fille de Pellès, en même temps que la lance qui saigne. Il ne
forme sans doute qu’un avec la corne d’abondance qui nourrit le Roi Pêcheur lorsque celui-ci accueille
Gauvain (III, 12).
Lors de son apparition, personne n’est d’accord sur son apparence et ses effets – à l’image des différentes
histoires qui existent sur lui et qui ont été tant bien que mal réunies dans les légendes du Graal.
Quel est le mystère du Graal ? Qu’est-ce qu’il symbolise ? Il n’y a en fait aucun mystère à découvrir dont
le spectateur ne soit déjà au courant depuis la première scène : la quête du Graal ne vaut que comme quête
spirituelle, comme vecteur de transformation de la chevalerie traditionnelle en chevalerie chrétienne.
T
able Ronde
Elle fut dressée après que Merlin l’enchanteur eut révélé à Arthur la nécessité de créer une
assemblée faite des chevaliers les plus preux afin de retrouver le Graal.
Elle rappelait qu’ils héritaient de leur place uniquement sur leurs mérites et qu’ils étaient à ce titre
tous égaux. Elle symbolise l’égalité et la fraternité entre les chevaliers. Outre l’intérêt de rassembler les
meilleurs chevaliers du royaume, cette table était destinée à recevoir le Graal, quand il aurait été retrouvé.
E
scalibour
Épée « destinée au roi Arthur », tendue hors d’un lac par une main noire. Elle « vient du soleil » et est
la « meilleure du monde » ; son fourreau guérit toutes les blessures. C’est Vivianne qui va la chercher
au centre du lac.
Extrait de l’index dramaturgique du Graal Théâtre
réalisé par Gérald Garutti et Sacha Todorov
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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> Les lieux
C
our d’Arthur
La cour du roi Arthur se trouve essentiellement là où se trouve la Table Ronde, qui elle-même se déplace
quand la cour se déplace (ce qui n’est pas un mince problème à résoudre pour le sénéchal Keu).
Cependant le roi réside plus particulièrement dans ses châteaux de Carduel et de Camaalot.
Il y a toujours foule à la cour : outre les chevaliers (qui peuvent être jusqu’à 365), il y a leurs dames, des visiteurs
du monde entier, des aspirants chevaliers, des clercs, des demoiselles, des conteurs, des nains, un lion… Arthur
tient une « grande cour » (c’est-à-dire une cour où il porte sa couronne, qui est très lourde) cinq fois par an :
à Pâques, à l’Ascension, à Pentecôte, à la Trinité et à Noël (cour qui se prolonge jusqu’au jour de l’an). […] La fête
de la Saint-Jean est réservée à la fabrication des nouveaux chevaliers (par adoubement). C’est en souvenir de
l’épée qui servit à la décapitation de saint Jean-Baptiste, relique rapportée à la cour par Gauvain, qui l’a conquise
sur le roi loup-garou, l’anthropophage Gurgaran. Arthur arme lui-même les chevaliers nouveaux, leur donne leur
épée après avoir entendu la messe. (C’est parce que Lancelot n’aura pas reçu cette épée des mains du roi qu’il
pourra devenir chevalier de Guenièvre). Après le repas servi par Keu et qui, selon la coutume, ne peut être servi
avant qu’une aventure ne soit survenue ou n’ait été racontée, on joue aux échecs, aux dames, on danse, on entend
les conteurs et les poètes. Joutes et tournois sont fréquents.
La cour est le lieu d’où partent et reviennent les chevaliers. Si l’un d’eux est trop longtemps absent, le roi Arthur
tombe dans une profonde tristesse ou entre dans une violente colère. Il en envoie d’autres à sa recherche.
À l’arrivée d’un chevalier attendu, la joie est indescriptible (surtout s’il s’agit de Gauvain). […]
C
C
hâteau du Graal
Ce château n’apparaît pas à tous et quand il accepte d’apparaître se présente différemment à chacun de
ses hôtes avant de s’estomper dans les brumes du matin. […] Gauvain le trouve au bout d’une large allée
bordée de pins, de cyprès et de lauriers dont les branches se rejoignent en une voûte impénétrable.
[…] Celui qui reçoit dans la grande salle carrée, assis sur un lit, devant le feu, est le Roi Pêcheur. […]
hapelle Verte
Le géant vert qui aiguise sa hache à la Chapelle Verte n’est guère catholique. Symbole de la force celte,
il représente un mythe de la mort et de la renaissance de l’année. Le « jeu de Noël » qu’il propose à
Gauvain évoque le grand jeu de la nature mourant en hiver et renaissant aussitôt avec le printemps. Sa couleur
est celle de l’herbe et du feuillage. La Chapelle Verte, lors de la scène finale de l’aventure, apparaît pour Gauvain
comme une chambre de mort qu’elle serait effectivement devenue s’il avait, dans la chambre d’amour, succombé
aux séductions de Morgane.
C
hâteau des Dames et des Demoiselles
Entouré d’eau qu’un nautonier, qui rappelle Charon, fait traverser sur sa barque, ce château, localisé par
certains en Écosse, appartient à l’Autre Monde. « Situé de l’autre côté de l’eau, séparation mythique des
deux mondes, étincelant de verrières qui rappellent l’Ile de Verre élyséenne dont il est parlé dans Erec, entouré
de terres fertiles, il continue, sous un aspect féodal, chevaleresque et courtois, la tradition des paradis celtiques,
des îles fortunées, où des femmes très belles attirent les héros jeunes et leur promettent une vie de délices : pays
de fées, au-delà qui n’est pas la mort, mais une longévité merveilleuse ». (Jean Frappier in Chrétien de Troyes et le
Mythe du Graal). Les enchantements de ce château emprisonnent Gauvain. Il s’y voit « enserré », non comme
Merlin dans une prison d’air par l’amour d’une femme, mais dans une prison d’eau par l’amour d’une mère. Car
ce royaume a pour seigneur une reine aux blanches tresses et sa fille, qui se révèlent être la grand-mère et la
mère de Gauvain.
Si la bonne épée Escalibour ne délivrait Gauvain de cet enchantement, si elle ne l’arrachait à ce retour à l’enfance,
il est probable qu’il serait devenu, à son tour, ombre parmi les ombres.
Graal Théâtre : Gauvain et le Chevalier Vert,
Éditions Jeanne Laffite, coll. « NTNM », répertoires n°5, 1979, p.58-63.
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Extraits
1. LE DEFI DU CHEVALIER VERT
Lieu 7
CHEVALIER VERT : Où est le gouverneur de cette assemblée ? J’aimerais bien le regarder dans les yeux et
discuter avec lui.
Le Chevalier Vert est un géant très fort et très beau, entièrement vert : tunique, cape
et capuchon rejeté sur ses longues boucles vertes, pantalon serré au mollet par des
éperons d’or qui résonnent. Il est monté sur un cheval à la crinière verte entrelacée de fils
d’or et scintillant de pierres vertes. Il n’est pas armé, il tient seulement à la main une
branche de houx et une énorme hache. Il est entré sans saluer personne.
ARTHUR : Sire chevalier vous êtes le bienvenu. Je suis le roi de ce lieu et je m’appelle Arthur. Descendez de
cheval je vous en prie que nous puissions commencer notre repas et mangez avec nous. Après nous
parlerons.
CHEVALIER VERT : Je n’ai pas l’intention de perdre mon temps dans la salle si basse de plafond. Je me suis
déplacé que parce que votre réputation est plutôt bonne ainsi que celles de vos chevaliers. On m’a dit que
c’est à la Table Ronde que je trouverai s’il existe celui que je cherche mais peut être m’a-t-on trompé car on
est jamais sûr de rien qu’on ait vérifié soi-même.
ARTHUR : Est-ce un combat que vous voulez ?
CHEVALIER VERT : C’est bien la remarque la plus sotte que j’aie entendue depuis longtemps. Il faut avoir une
tête bien peu assurée sur les épaules pour demander à quelqu’un qui arrive sans haubert sans écu sans
lance ni aucune arme avec une branche de houx à la main s’il cherche à se battre.
KÉ : Alors ce n’est pas un combat qu’il veut.
CHEVALIER VERT : Non ce n’est pas un combat que je veux. D’ailleurs comment trouver un adversaire ici où
je ne vois sur ces bancs que des enfants sans barbe. Ce dont j’ai envie c’est un jeu de Noël ou disons d’un jeu
pour saluer la Nouvelle Année. S’il y a quelqu’un de bonne humeur ici je lui propose de jouer avec moi. Voici
ma hache et s’il ne la trouve pas trop lourde voilà mon cou. Qu’il frappe je ne bougerai pas.
ARTHUR : Je veux bien jouer à ce jeu bien que je ne vois pas ce qu’il peut avoir d’amusant pour vous.
GAUVAIN, à Guenièvre : Il n’est pas question que le roi s’engage ainsi à la légère.
ARTHUR, à la reine : Vous croyez ?
CHEVALIER VERT : Comment ? Est-ce là cette maison d’Arthur tant vantée dans le monde ? Est-ce ainsi que
la Table Ronde répond aux aventures ? Est-elle renversée par le seul bruit de ma voix ?
ARTHUR : Par Dieu ce que ta voix demande est idiot mais personne ici n’a peur de tes grands mots. Donne-moi
ta hache je vais frapper.
GAUVAIN : Non mon oncle je vous supplie que cette aventure soit la mienne. Ce n’est pas à vous de
répondre à une si grossière requête.
KÉ : Le jeu au joueur.
GAUVAIN : Je suis prêt.
CHEVALIER VERT : Bonjour. Qui es-tu ?
GAUVAIN : Je ne cache jamais mon nom à celui qui veut le savoir. Jamais encore je ne l’ai dit quand on ne
me l’a pas demandé. Gauvain est mon nom. Ma mère est sœur du roi.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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CHEVALIER VERT : Je suis très heureux que ce soit toi qui viennes jouer avec moi. Mettons-nous bien
d’accord. Je t’offre ma hache je t’offre mon cou. Je ne bougerai pas et dans un an jour pour jour je demande
ma revanche. C’est moi qui tiendrai la hache et toi qui tendras le cou.
KÉ : À moins que son cou ne soit en acier il n’y aura pas de revanche.
GAUVAIN : C’est entendu. Quoi qu’il arrive je serai dans un an à votre disposition.
CHEVALIER VERT : Eh bien jouons.
La tête un peu baissée le Chevalier Vert écarte ses boucles pour faire apparaître son cou.
Gauvain brandit la hache et l’abat. La tête tombe. Le sang jaillit rouge contre vert. Mais le
géant n’a pas bougé. Il se penche, ramasse sa tête par les cheveux, l’accroche au cou de
son cheval, remonte en selle et au moment de sortir la tête parle.
TÊTE : N’oublie pas ta promesse Gauvain neveu du roi. Dans un an jour pour jour cherche la Chapelle Verte.
Je t’y attendrai pour la revanche.
4. LA DEMOISELLE AUX PETITES MANCHES
Lieu 4
La fille aînée de Thiébaut de Tintagel est amoureuse de Mélian de Lis, cousin de Bran.
Il appartient donc à la famille ennemie et en arbore les signes caractéristiques : vêtements
rouges, haute taille. Ces dames sont en train d’assister à un tournoi.
SŒUR AÎNEE : Jamais je n’ai vu un homme qui me plaise autant que Mélian de Lis je vous le dis en toute
franchise. C’est une joie pure de voir un si bon un si grand chevalier il les dépasse tous d’une tête. Et comme
il porte bien le rouge. Regardez comme il est ferme sur sa selle et de quel air il tient sa lance et son écu. On
voit bien qu’il saura s’en servir.
PETITES MANCHES : Moi si j’aimais un chevalier je ne lui dirais pas comme d’autres : les choses qu’on a pour
rien n’ont pas la même saveur que celles qu’on achète très cher. Ou bien : je veux bien vous choisir mais pas
avant de savoir si mon choix est bon. Ou encore : je veux que vous connaissiez tout le prix de mon amour
alors faites un tournoi avec mon père et après nous verrons.
SŒUR AÎNEE : Tais-toi et mêle-toi de ce qui te regarde sinon…
DAME 1 : Votre père va-t-il lutter contre Mélian de Lis ?
SŒUR AÎNEE : Non ce sont nos gens et nos cousins. Mon père n’a plus l’âge de tenir la lance.
DAME 2 : Nous sommes bien placées. Là sous cet arbre il y a un chevalier étranger. Regardez son écu pendu
aux branches comme il brille.
PETITES MANCHES : Quelle chance on va le voir s’habiller.
DAME 1 : Blason or rouge. Sur l’écu un pentacle.
DAME 2 : Un parfait inconnu.
DAME 1 : S’il est là tout seul avec un si bel écu c’est sûrement pour se distinguer.
SŒUR AÎNEE : Silence le combat a commencé. Qu’en dites-vous ? Avez-vous jamais vu ni entendu semblable
merveille ? Mélian de Lis est bien le meilleur chevalier que vous pourrez jamais voir. De tous ceux qui sont
au tournoi c’est sans conteste le plus hardi.
PETITES MANCHES : J’en vois un plus beau et un meilleur peut être.
SŒUR AÎNEE : Petite garce quel toupet.
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Elle la gifle.
DAME 1 : Eh dites le chevalier là sous l’arbre qu’est ce qu’il attend pour s’armer ?
DAME 2 : C’est certainement un pacifiste.
DAME 1 : Ou simplement un marchand avec tous ses bagages. Pourquoi voulez vous qu’il aille au tournoi ?
Son cheval il va le vendre.
DAME 2 : En effet ce doit être un étranger ou un prêteur. Il a de l’argent dans ses malles mais il ne va pas le
risquer sur un champ de bataille.
PETITES MANCHES : Mauvaises langues vous vous trompez. Avez-vous déjà vu un marchand avec une lance
de cette taille ? Il a plutôt l’air d’un vainqueur que d’un prêteur. En tout cas c’est certainement un chevalier.
DAME 2 : Il s’en donne l’air ma petite amie mais c’est pour mieux passer les péages sans payer.
SŒUR AÎNEE : Aucun ne lui résiste. Mais regardez donc Mélian de Lis. Je suis contente. Il gagnera encore
demain.
PETITES MANCHES : C’est à voir.
SŒUR AÎNEE : Cesse de m’agacer Petites Manches. Tiens prie donc cet écuyer chauve de ne pas tant se
fatiguer à attendre le butin. Il peut tout de suite aller le prendre sous l’arbre où il y a un chevalier tellement
beau et tellement bon n’est-ce pas qu’il se fera un plaisir de lui donner pour tes beaux yeux tout ce qu’il a.
DAME 1 : On verra bien si c’est un marchand.
PETITES MANCHES : Écuyer écuyer allez donc trouver celui qui est sous l’arbre et faites-le prisonnier.
L’écuyer se dérobe et refuse d’aller déloger l’étranger.
DAME 2, riant : L’écuyer a vite pris la fuite.
*
TIÉBAUT : La première journée se termine. Alors ma fille êtes vous contente ?
SŒUR AÎNEE : Mélian de Lis est le meilleur.
TIÉBAUT : Tout s’est donc passé selon votre désir ?
SŒUR AÎNEE : Oui mon père à l’exception d’un étranger dont la conduite est inqualifiable. Il est resté toute
la journée sous son arbre sans jamais se décider à pendre les armes. Ou bien il avait peur ou c’est un
marchand de chevaux et dans ce cas sa place n’est pas ici. Je vous en prie tirez cela au clair. Allez donc lui
demander de combattre pour vous demain.
TIÉBAUT : Je veux bien mais où est il ?
PETITES MANCHES : Il loge chez Garin fils de Berthe.
*
Lieu 1
TIÉBAUT : Pourquoi alors êtes-vous resté toute la journée loin du combat ? Voilà qui n’est pas honorable
pour un chevalier.
GAUVAIN : C’est vrai et je ne nie pas qu’il y ait là quelque chose de laid et de blâmable. Mais on m’a accusé
de trahison et je dois m’en défendre devant une cour royale.
TIÉBAUT : Votre raison est bonne et vous êtes tout excusé. Où aura lieu cette bataille ?
GAUVAIN : Devant le roi d’Escavalon.
TIÉBAUT : Je me ferai un plaisir de vous donner une escorte et des vivres car vous allez traverser des terres
bien pauvres.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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GAUVAIN : Ce n’est pas nécessaire je vous en remercie.
Tiébaut de Tintagel se prépare à partir lorsque la Demoiselle aux Petites Manches, sa fille
cadette, vient se jeter aux pieds de Gauvain et lui embrasse les genoux. Gauvain étonné
pose la main sur sa tête et comme il ne répond pas tout de suite elle le tire par la manche.
PETITES MANCHES : Beau sire écoutez-moi je viens me plaindre à vous de ma sœur. Elle m’a battue et
décoiffée. Défendez-moi je vous en prie. Je vous parle sire je me plains à vous de ma sœur qui m’a fait honte
aujourd’hui pour bien peu de chose.
GAUVAIN : Mais ma belle qu’y puis-je ?
TIÉBAUT : Ma fille qui vous a commandé de venir vous plaindre ici à ce chevalier ?
GAUVAIN : C’est votre fille ?
PETITES MANCHES : On m’appelle la Demoiselle aux Petites Manches.
TIÉBAUT : Oui mais ne tenez pas compte de ses paroles. C’est une enfant une petite chose folle.
GAUVAIN : Je le vois mais je serais bien peu courtois si je refusais de l’entendre. Dites-moi ma gentille
comment puis-je vous venir en aide ?
PETITES MANCHES : Sire demain matin seulement pour l’amour de moi venez combattre au tournoi.
GAUVAIN : Dites-moi avez-vous jamais prié un chevalier de vous venir en aide ?
PETITES MANCHES : Non c’est la première fois.
TIÉBAUT : Ne vous croyez pas obligé de répondre à son caprice.
GAUVAIN : Mais quel joli début dans la vie pour une demoiselle si jeune. Puisqu’il plaît je serai demain un
moment son chevalier. Je sors un instant donner des ordres à mon écuyer.
TIÉBAUT : D’où vient cette querelle ? Pourquoi vous disputez-vous toujours avec votre sœur aînée ?
PETITES MANCHES : Toute la sainte journée elle n’a cessé de répéter que Mélian de Lis était le plus beau le
plus vaillant le plus ceci le plus cela et moi qui voyais là-dessous dans le pré cet autre chevalier comment
aurais-je pu ne pas dire que j’en voyais un plus beau ?
Elle m’a traitée d’idiote et de garce et elle m’a donné une gifle. Je me couperais les couettes ce qui d’ailleurs
serait bien dommage si j’étais sûre que Mélian sera battu. Voilà qui mettrait fin à tous ces cris d’admiration
ridicule que poussait ma sœur. Elle n’a pas cessé de parler de lui toute la journée elle en a fatigué toutes
dames. Mais patience petite pluie abat grand vent.
TIÉBAUT : Puisqu’il va se battre pour vous petite pluie vous pourriez lui offrir quelque chose : votre guimpe
ou votre manche par exemple.
PETITES MANCHES : Oh volontiers mais mes manches sont si petites… Chevalier puisque vous allez vous
battre pour moi demain je voudrais aussi que vous portiez ma manche.
GAUVAIN : Elle est bien petite mon amie.
TIÉBAUT : Ne soyez pas triste. Faites en filer une cette nuit et vous la porterez vous-même demain dès
l’aube à votre champion.
PETITES MANCHES : Oui oui que Dieu vous garde et bonne nuit.
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Lieu 4
DAME 1 : Les voilà. Ils avancent ligne contre ligne le combat commence.
SŒUR AÎNEE : À quelle vitesse prodigieuse il fait courir son cheval regardez Mélian de Lis. Il est vraiment le
maître de toute la chevalerie.
DAMES : Ooooooohhh !
PETITES MANCHES : S’il est maître de la chevalerie pourquoi est-il déjà par terre ? Ma sœur je dois dire que
vous savez merveilleusement mesurer les louanges au mérite.
SŒUR AÎNEE : Si tu dis encore un mot gredine…
PETITES MANCHES : Mais je ne dis que la vérité et vous avez pu le constater aussi bien que moi. Je ne vois
pas qu’il ait la force de se relever. Même si cela doit vous faire étouffer de colère je dirai qu’il n’y a pas ici
une seule dame qui ne le voie très bien étendu de tout son long en train de gigoter.
DAME 1 : À qui le vainqueur va-t-il faire présent du cheval de Mélian ?
DAME 2 : Et vous qui le preniez pour un marchand !
DAME 1 : Regardez on emmène le cheval par ici c’est certainement pour l’une d’entre nous.
SŒUR AÎNEE : Ce n’est pas supportable.
DAME 2 : L’écuyer dit que le cheval est pour la Demoiselle au Petites Manches.
PETITES MANCHES : Comme je vous remercie.
GAUVAIN : Si je suis jamais las de vous servir c’est que je serai devenu bien vieux. Il me faut vous quitter
maintenant mais au premier message de vous qui réclamera mon aide je reviendrai.
TIÉBAUT : Avant de vous perdre puisque vous ne pouvez pas demeurer avec nous pouvons nous connaître le
nom de notre ami ?
GAUVAIN : On m’appelle Gauvain je vous le dis bien volontiers. Je n’ai jamais caché mon nom à qui me le
demande même si je ne le dis jamais quand on ne me le demande pas.
PETITES MANCHES : Gauvain que je suis heureuse. Ma vengeance est parfaite.
GAUVAIN : Donnez-moi un nom en échange du mien. Quel est ce chevalier contre qui j’ai lutté ?
PETITES MANCHES : Il s’appelle Mélian de Lis.
GAUVAIN : De Lis ?
La Demoiselle aux Petites Manches s’agenouille
aux pieds de Gauvain et lui embrasse les pieds.
PETITES MANCHES : Si je vous ai embrassé le pied c’est pour que vous vous souveniez de moi quand vous
marcherez dans un pays lointain.
GAUVAIN : N’en doutez pas ma douce amie si loin que soit le pays je ne vous oublierai pas.
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Gauvain et le Chevalier Vert, répétition du 18 avril 2013
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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Un spectacle mis en scène par Julie Brochen,
créé avec les troupes du TNS et du TNP
> « La question du jeu rejoint celle du je »,
Note d’intention de Julie Brochen
G
auvain et le Chevalier Vert est le troisième volet du Graal Théâtre qui en comprend dix au total.
Joseph d’Arimathie relatait le péché originel, l’inceste et la naissance de la chevalerie céleste. Merlin
l’enchanteur marquait la naissance de la chevalerie terrestre avec l’accession au trône d’Arthur et la
création de la Table Ronde.
Après ces deux épisodes fondateurs, s’ouvre une trilogie consacrée aux aventures de trois chevaliers :
Gauvain, Perceval et Lancelot.
La majorité des gens situe plutôt aisément les personnages de Perceval et Lancelot, ne serait-ce que dans les
grandes lignes : Perceval est perçu comme un jeune homme naïf et instinctif, qui a grandi dans les bois et a
tout à découvrir de la chevalerie. Lancelot est lié à l’univers du lac, et l’on pense à lui comme à l’amoureux
de la reine Guenièvre.
Gauvain est un personnage moins connu. Son parcours peut paraître beaucoup plus mystérieux, voire
aléatoire, car il est le précurseur de toutes les aventures et quêtes à venir. Il est le premier à relever un défi
lancé à la cour du roi Arthur, le premier à prendre la route et à s’offrir au monde. C’est en cela qu’il est
considéré comme « le père des aventures » malgré son tout jeune âge. Il y a quelque chose de très
adolescent chez lui, dans le sens où il s’offre tout entier à son idée de chevalerie alors qu’il ne connaît
encore rien du monde.
Au début de l’aventure, il est le neveu préféré d’Arthur et a été choisi par la reine Guenièvre pour être son
« premier chevalier ».
C’est donc tout naturellement qu’il s’offre en « premier » à relever le défi qui se présente et dont il ne
connaît pas la teneur. Il découvre alors qu’il lui faudra, un an plus tard, accepter de se faire trancher la tête…
C’est donc par une promesse de mort que commence son aventure. Mais étrangement, il semble qu’il n’en
ait pas totalement conscience, comme si ce laps de temps d’un an qui lui est offert lui semblait pouvoir
s’étirer en une petite éternité.
C’est tout le paradoxe de ce personnage : il est à la fois le plus déterminé et le plus courageux et en même
temps son parcours est entièrement dépendant du hasard des rencontres qu’il fait. Il est tellement habité
par le respect des codes de la chevalerie qu’il « bifurque » sans cesse de son chemin pour répondre à des
demandes de gens qu’il croise. Parce qu’il veut être et rester « droit », il est ballotté de part et d’autre, se
voyant même, à un moment, obligé de revenir à son point de départ avant de repartir. Cette notion de
« jeu » est omniprésente. Un jeu dangereux car tous ces écarts qu’il fait empiètent sur le temps qui le sépare
de sa mort annoncée.
Ce qui est saisissant, c’est que son histoire semble avoir déjà été écrite avant qu’il ait eu le temps de la vivre
ou la penser. Partout elle le précède. La question du « jeu » rejoint celle du « je ». Gauvain ne dit jamais son
nom, mais chaque personne qu’il croise lui parle d’un « lui » fantasmé et réel à la fois. Il semble toujours
à rebours de sa propre histoire, comme s’il devait l’écrire en fonction du récit des autres, se « conformer »
à ce qu’on lui renvoie, des échos de son histoire, avant de se questionner lui-même. Son regard est
conditionné par sa réputation. Il ne peut que lui être fidèle.
Il est, aux yeux de tous, un personnage de récit plus qu’un humain.
Consciemment ou inconsciemment, Gauvain s’inscrit « en-dehors » du temps. Plus il s’investit au présent,
plus il le morcelle. Il ne cesse de le subir et de le réinventer à la fois.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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Et toute la pièce est construite à cette image : il y a de nombreuses ellipses et des moments où tout semble
être suspendu, dilaté.
Le temps vécu par Gauvain ressemble à celui des rêves. Et cette idée est renforcée par l’alternance de
situations très concrètes et d’apparitions mystérieuses. Il y a notamment la vision récurrente d’un homme
transpercé d’une épée, dont on ne sait si elle est réelle ou fantasmée. Cette vision rappelle la malédiction
des rois pêcheurs : toute la lignée de Joseph d’Arimathie sera touchée par un « Coup Douloureux » jusqu’à
ce que la rédemption ait lieu. Cette vision évoque aussi à chacun la figure de sa propre mort. Mais Gauvain
ne s’y arrêtera qu’un instant, sans sembler en être bouleversé.
Gauvain traverse sa propre aventure comme il traverse les espaces, comme il traverse le temps et est
traversé par lui. Rien n’a vraiment de prise sur lui.
C’est peut-être en cela qu’il est « pur ».
Il est dit que celui qui trouvera le Graal devra être « chaste, pur et vierge ». Le chevalier parfait est donc une
sorte de « robot » dépourvu d’émotion et de désir.
Gauvain n’est ni chaste ni vierge mais il semble « pur », c’est-à-dire inébranlable selon la notion du parfait
chevalier. Mais, à la fin, quand il doit offrir son cou pour qu’il soit tranché, il tremble. Il est dit qu’il tremble
trois fois.
Il découvre la peur, il prend conscience que la mort peut exister vraiment et que la vie n’est pas un récit ni
un jeu. Il fait face à son présent.
C’est la peur qui fera de lui un humain, le rendra à la fois moins et plus « pur », le transformera en vrai
chevalier. C’est cette peur qu’il surmontera en offrant sa tête qui fera de lui la vraie figure du courage.
Avant cela, il semble que la notion de perfection lui ait enlevé tout libre arbitre.
Ainsi, Gauvain et le Chevalier Vert est l’histoire d’une naissance. Ce tremblement final et premier de
Gauvain, c’est la naissance de la conscience et de l’humanité, de la peur et de la vraie chevalerie.
Ce n’est pas un hasard si, juste avant de s’exposer à la mort, Gauvain est « séquestré » neuf mois. Neuf mois
à l’issue desquels il découvrira que sa mère, sa grand-mère et sa sœur sont les personnes qui l’ont rendu
captif et lui ont fait perdre toute notion du temps. Neuf mois durant lesquels il aura été séparé de Flore, qui
lui présente un enfant dont elle affirme qu’il est le père.
Est-il vraiment le père de cet enfant ? On ne le saura jamais.
L’ensemble du Graal Théâtre interroge les notions de provenance, de naissance et de destin. Quelle part
reste-t-il à l’humain pour faire ses propres choix ?
Dans cette histoire, tout est basé sur la notion d’inceste originel. Nous sommes tous nés de ce « péché » qui
fait de nous des frères et des sœurs. C’est sur ce socle fragile et imparfait qu’est fondée notre humanité.
Julie Brochen
Propos recueillis par Fanny Mentré
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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> Une épopée itinérante, note dramaturgique
« S’il y a quelqu’un de bonne humeur ici je lui propose de jouer avec moi. Voici ma hache… »
Le Chevalier Vert dans Gauvain et le Chevalier vert, « Lieu 7 - Défi du Chevalier vert »
L’
étrangeté de la pièce réside notamment dans l’apparente discontinuité des scènes et des épisodes.
Nous sommes face à une succession d’événements (certains très autonomes) et piégés par un titre
trompeur. En fait le Chevalier Vert n’est qu’une aventure de Gauvain parmi d’autres, et peut-être
pas la plus centrale. L’essentiel, d’un point de vue narratif, est qu’elle promet à Gauvain une mort certaine,
puisque celle-ci promet à son adversaire de se laisser couper la tête lorsqu’ils se retrouveront. Sur un plan
plus symbolique, le défi du Chevalier Vert marque véritablement le passage des « commencements » aux
« temps aventureux », la lutte entre l’univers courtois qui se construit et la rudesse menaçante de la nature,
peuplée de résurgences celtes. L’homme vert est une figure courante de l’art médiéval. Lié au cycle de la
nature, à la renaissance au printemps, il apparait dans la pièce avec la Nouvelle Année comme une forme de
chaos implicite dans le lieu des valeurs de la courtoisie, comme une icône représentant le désordre de la
nature. Celle-ci, rude et indifférente, menace l’ordre des hommes et la vie à la cour. Tout au long de
l’histoire, la nature (et tout ce qui y est associé : l’égarement, la violence, le désir) envahit et perturbe
l’ordre. Elle est une force sous-jacente, la partie de l’homme qui l’empêchera à jamais d’être parfait au sens
chevaleresque : là réside peut être tout le secret du parcours de Gauvain.
La pièce a des allures de « drame à stations », d’épopée itinérante où le héros va de rencontre en rencontre.
Elle n’est pas sans lien avec l’Odyssée, dans laquelle Ulysse, en route pour Ithaque, voit son voyage rythmé
par les épreuves, et interrompu par les rencontres féminines.
En toile de fond : un état de guerre : la guerre d’Arthur contre Bran de Lis, chevalier rouge.
Tout commencerait vraiment lorsqu’un cadavre transpercé d’une épée, apporté par la mer, porteur d’une
lettre, vient accuser Guerrehés, frère de Gauvain, de déshonneur. Un second blessé viendra plus tard
accuser Agravain, autre frère, de la même manière. La fratrie est donc visée. Et c’est dans un récit de rêve
que Guerrehés nous apportera quelques maigres lumières en reliant implicitement cette accusation à la
vision qu’il aurait eue d’un chevalier rouge. Retour de Bran…
Au cœur de la pièce, et comme un carrefour dessinant la géographie de l’ensemble, il y a le conseil de
famille, ce moment où Gauvain et ses frères (Guerrehés, Agravain et Mordret) réagissent à l’accumulation
des défis posés, et partent chacun sur les routes. C’est la route de Gauvain que nous suivrons. Car ces
nombreux défis qui viennent s’offrir aux chevaliers d’Arthur, l’impulsif Gauvain les relève tous : rendez-vous
(et mort certaine !) avec le Chevalier Vert, conquête du Château Orgueilleux proposée par la Demoiselle
Hideuse, duel avec Guiganbrésil qui l’accuse d’avoir tué son père, combat avec Bran dont Gauvain a tué le
père et dépucelé la sœur…
Sur la route à peu près tracée qui mène Gauvain vers les défis qu’il a choisi de relever, des événements
adviennent par surprise. Des hasards comme la participation à un tournoi, de nombreuses aventures
galantes, des égarements fantastiques et initiatiques avec l’entrée dans le pays de Galvoie marquée par la
rencontre de deux mystérieuses demoiselles, l’une éplorée, l’autre redoutablement moqueuse, qui mettent
à mal l’assurance de notre chevalier modèle, puis avec la traversée d’un fleuve qui le mène dans le monde
des morts et de l’oubli où il retrouve sa mère, sa grand-mère et sa sœur, mortes toutes trois, et retombe en
enfance… Et le mystère qui préside à tout cet enchevêtrement, celui pour lequel la Table Ronde trouvera
une raison d’être, c'est-à-dire le mystère du Graal, termine cet épisode, comme pour signifier que les choses
ne font que commencer.
L’entrée en scène de Gauvain dans le Graal Théâtre, dans cet itinéraire à la fois linéaire, symbolique et
labyrinthique, creuse la figure du héros. Gauvain a la caractéristique d’être un chevalier parfait, courtois,
solaire, aimé de toutes les dames. Ses signes particuliers : sa force croit avec le soleil et décroit quand vient
la nuit ; il donne toujours son nom à qui le lui demande ; il s’endort dès que le soleil disparaît. Mais où se
situe la perfection chevaleresque, lorsqu’elle est ainsi mise à l’épreuve ?
Hugues de la Salle, assistant à la mise en scène
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
38
> Entretien avec Pieter Smit, co-scénographe
Une épopée théâtrale sous forme de livre d’images
D
ans l’épisode Gauvain et le Chevalier Vert, les châteaux et les espaces d’eau sont nombreux.
Comment cela se traduira-t-il sur scène ?
J’ai logiquement commencé à imaginer un sol. Lorsqu’on a
besoin d’un décor qui va être développé pendant cinq ou six
années, il vaut mieux commencer par la base. Je me voyais mal
concevoir d’abord un toit ! Nous continuerons à travailler avec ce
plancher pour les pièces consacrées aux trois chevaliers : Gauvain,
Perceval et Lancelot. Apparaît désormais un mur, qui figure les
châteaux dans Gauvain, et qui fera également partie des décors
pour les prochains épisodes chevaleresques. Autour de cela, se
met en place un jeu de surprises et d’accessoires, d’apparitions et
Gauvain et le Chevalier Vert, répétition du 18 avril 2013
de disparitions.
L’aventure du Graal Théâtre est une collaboration entre deux
metteurs en scène et deux grandes équipes théâtrales. Aujourd’hui,
nous avons trouvé un bon équilibre : le plateau peut devenir dans
sa totalité lieu d’eau, château ou encore prairie. Il s’agit plutôt d’un
code théâtral que d’une solution scénographique.
Les scribes du Graal Théâtre, Florence Delay et Jacques Roubaud,
utilisent assez souvent dans cette pièce le terme de « barque ».
Nous sommes donc en train de fabriquer trois barques différentes.
Hier, lors des répétitions de la première scène de l’espace d’eau,
la barque a traversé l’espace et ce seul fait donnait l’impression que la scène était un fleuve ou encore une
mer… Ce genre de code fonctionne très bien.
P
ouvez-vous expliquer le choix de ce plancher qui s’ouvre et se referme et l’exploitation du
proscenium 14 qui réduit la distance entre acteurs et spectateurs ?
Graal Théâtre est une épopée qui couvre plus de vingt siècles d’Histoire : avec des références bien
antérieures à la naissance de Jésus-Christ et pouvant aller jusqu’à internet. C’est un temps très vaste ! Je
voulais donc proposer un dispositif scénique qui puisse s’inscrire dans toutes les époques : un bois âgé,
vieilli et brut sert très bien l’idée d’un espace vaste, basique et intemporel. C’est un signe archaïque qui
nous ancre immédiatement dans le théâtre : un conte théâtral va être représenté. J’ai ajouté ce proscenium
pour insuffler une énergie, une nécessité, une force dirigée vers le public, comme pour indiquer la nécessité
de raconter cette histoire.
Plancher conçu pour le Graal Théâtre
14
Plancher conçu pour le Graal Théâtre
Partie du plateau située à l’avant-scène, au-delà du cadre de scène, in Petit lexique du spectacle vivant (© lethéâtre.laval.fr)
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
39
S
ur les panneaux latéraux, que racontent ces détails agrandis d’enluminures ?
Nous étions à la recherche d’éléments qui viendraient couper ce vaste espace. Christian Schiaretti,
Julie Brochen et Fanny Gamet ont proposé cette solution.
Ces images presque « sur-taillées15 » sont à la fois très détaillées et très claires : une dame, un chevalier, un
lion – qui occupe une place toute particulière dans Gauvain, puisqu’il est le compagnon d’Yvain –, un
tournoi… Cette iconographie suit le texte, en est très proche. Ces panneaux confèrent une atmosphère
médiévale à ce plancher intemporel, où interviennent également des éléments plus contemporains.
Gauvain et le Chevalier Vert,
répétition du 18 avril 2013
D
u point de vue du spectateur, nous avons l’impression que la perception est presque
frontale, à la manière d’un livre d’images qui se déplierait devant nous…
C’est exactement cela, en ces mots. Nous avons voulu élaborer un livre d’images pour le public en essayant
de raconter le texte visuellement. Après quelques répétitions déjà, les images se succèdent, comme lorsque
les pages d’un livre se tournent.
Si l’on trouve le bon tempo, alors les images s’enchaîneront magiquement.
L
a force du chevalier Gauvain déclinant en même temps que le jour, comment la scénographie
le traduit-elle sur le plateau ?
C’est encore trop tôt pour le dire. Nous sommes en plein travail, à la recherche de la solution la plus
claire et la plus magique. Cette particularité du personnage est bien racontée dans le texte, par Blaise et les
didascalies. Il s’agit de traduire sur scène une ellipse, quelques courtes indications scéniques qui retracent
une durée plus longue.
Q
ue pourriez-vous nous dire à propos de la toile de fond, cette eau forte que vous avez
imaginée ?
Graal Théâtre se joue dans deux théâtres totalement différents : au Théâtre National de Strasbourg et au
Théâtre National Populaire de Villeurbanne. La saison dernière, pour Merlin, nous avons rencontré
d’importants problèmes au niveau de l’implantation de la scénographie et surtout des lumières en
changeant de lieu. Il a fallu travailler sur un environnement scénique qui s’appliquerait à tous les types de
plateaux. C’est pour cela que j’ai proposé une palissade avec une toile peinte.
15
Au sens de gigantesque.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
40
En lumières, elle révèle l’espace et l’agrandit. Il faut pouvoir contrôler les détails, grands et petits. Le mur du
château, les palissades et la toile peinte guident le spectateur dans le récit de Gauvain.
C
omment avez-vous réussi à entremêler simplicité scénique et efficacité dramatique ?
Il y a une grande différence entre le théâtre et l’illustration d’un récit. Au théâtre, il faut nourrir
l’imagination du public et ne pas tout lui donner à voir. Là est la difficulté. Quand vous me dites que les
choses paraissent simples, tant mieux ! Mais trouver des solutions simples n’est pas simple. Il faut essayer,
réduire, reprendre, recommencer…
Dans mon travail, j’ai toujours essayé de ne pas trop entrer dans le « détaillisme ». Il faut une certaine
ouverture d’esprit. Il faut trouver le bon geste, celui qui est vivant. Si on trouve cela, alors les détails suivent
le geste. Certes, la vie naît parfois d’un détail, mais selon moi, le geste prime.
Je pense que les deux auteurs ont eu la même idée : bien sûr leur texte est très détaillé, mais le geste qui
préside l’écriture est vivant et fort. Ils osent essayer quelque chose. Ils sont courageux. Ce courage se
retrouve d’ailleurs chez le chevalier Gauvain.
L
a forme épisodique du Graal Théâtre et la collaboration des troupes du TNS et du TNP sur
plusieurs années impliquent-elles une façon différente de penser la scénographie ?
Ce qui était important dans mon engagement auprès de Julie Brochen
et Christian Schiaretti pour Graal Théâtre, c’était la demande
spécifique de penser une scénographie qui puisse fonctionner pour
l’ensemble des pièces du cycle qui en compte dix.
Il s’agit aussi d’une quête : celle d’un spectacle en commun, entre
Strasbourg et Villeurbanne. Cela nécessite de la générosité : c’est un
travail collectif nourri par le dialogue et les interactions.
Propos recueillis par Emmanuelle Delprat et Lise Michard
le 18 avril 2013, au Théâtre National de Strasbourg
Maquette de la scénographie ©TNS
Maquette de la scénographie ©TNS
©TNS
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
Maquette de la scénographie ©TNS
©TNS
41
> Entretien avec Sylvette Dequest et Thibaut Welchlin,
concepteurs des costumes
La mise en couleurs et la mise en vie des personnages
de Gauvain et le Chevalier Vert
C
ombien de silhouettes et de pièces 16 avez-vous dû fabriquer pour la nouvelle création
Gauvain et le Chevalier Vert, mise en scène par Julie Brochen ?
Thibaut Welchlin : Cela évolue constamment : certains jours, nous dénombrions jusqu’à 120 silhouettes –
ce qui représente la plus ample des possibilités, avec des scènes chorales et un maximum de personnes
rassemblées sur le plateau –, mais au fil des répétitions, des personnages disparaissent de certains tableaux.
Sylvette Dequest : D’autres, au contraire, réapparaissent.
TW : Ce qui nous fait dire qu’il existe aujourd’hui environ 100 à 110 silhouettes.
SD : Cela va changer jusqu’à la première. Hier encore, nous avons découvert un nouveau personnage, le
chevalier Futur Mort, qu’il nous a fallu intégrer. La mise en scène l’a révélé et a décidé de lui donner une
place dont nous ne soupçonnions pas l’importance. C’est un personnage qui existe dorénavant, nous devons
donc l’habiller !
Étoffes utilisées dans le spectacle ©TNS
V
ous êtes donc très régulièrement sur le plateau lors des répétitions…
SD : Nous essayons d’être présents le plus souvent possible.
TW : Les journées sont assez longues : l’atelier de fabrication des costumes se met en activité le matin dès
8h30, puis viennent les essayages et, en fin de journée, nous assistons en général aux répétitions.
SD : C’est une période très dense.
TW : Les costumiers sont généralement les premiers arrivés et les derniers partis !
C
omment votre travail s’articule-t-il avec celui de la metteur en scène de Julie Brochen ?
TW : Une des plus grandes contraintes qu’il a fallu garder à l’esprit est que cet épisode comporte
douze scènes qui sont presque autant de petites pièces. Les acteurs sont nombreux et les scènes d’ensemble
16
Une pièce est l’un des éléments constituant le costume (par exemple la cotte de maille), tandis que la silhouette est l’ensemble de
ces pièces rassemblées (la cotte de maille ajoutée aux bottes, au pantalon et la cape).
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
42
le sont également, ce qui entraîne de multiples changements de costumes en coulisses. Certains comédiens
endossent les rôles de six personnages. Il a fallu évaluer le temps qui nous était imparti pour faire ces
changements, prendre en compte les déplacements des acteurs, leur concentration pour la scène suivante…
Alors comment décliner ou conserver intelligemment ? Au théâtre, les moyens pour créer l’illusion sont bien
différents de ceux du cinéma : le costume contribue à cette illusion théâtrale.
C
omment s’annoncent ces quatre dernières semaines avant la première ?
SD : Les costumes vont apparaître peu à peu sur le plateau, ce qui est légitime. C’est pour cela que
nous avons travaillé très en amont et que nous commençons à déployer toute cette série de fabrications
aujourd’hui sur le plateau.
TW : On peut avoir travaillé 200 heures sur un même costume, mais il peut ne pas être juste sur scène. Il
faut alors avoir le courage de se dire que ce n’est pas ça. Sans amertume. D’une année sur l’autre, ce qui
était resté sur le portant réapparaît et trouve sa place dans un autre épisode.
SD : Tout ce que l’on a projeté en atelier va prendre vie. C’est l’épreuve du plateau.
A
vez-vous réutilisé, réinvesti, des costumes de Merlin l’enchanteur ?
SD : Nous avons gardé les bases des chevaliers.
TW : La réutilisation des costumes était justement l’une des données du projet, troisième volet d’une œuvre
constituée en dix épisodes. Il a fallu imaginer et fabriquer un fond dans lequel nous puissions nourrir
l’écriture de cette aventure. Certaines silhouettes sont propres à chacun des épisodes, mais il y a également
une base commune. Par exemple, la base du costume du chevalier – c’est-à-dire le degré un du costume –
a été pensée, dès les premières réunions autour du projet, comme un jeu de calques. Il est composé de
bottes, d’un pantalon et d’une cotte de mailles. Par-dessus, nous apposons des signes, des éléments,
quelques variantes qui permettent la lecture et l’identification du personnage. Les couleurs, les formes et les
matières que l’on peut apporter aident le comédien à faire exister son personnage.
R
Maquette de la scénographie ©TNS
©TNS
appelons qu’il y a vingt-deux comédiens sur scène et que les personnages sont encore plus
nombreux… Comment expliquer le rôle du costume dans une telle création ?
TW : Le costume permet une lecture intuitive et sensitive de l’ouvrage. Nous avons aussi bien travaillé le
sujet, c’est-à-dire le personnage isolé, que les tableaux d’ensemble. L’enjeu est de trouver une harmonie ou
un contraste au sein de cet ensemble, notamment par le jeu des couleurs et des matières. Comment créer
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
43
une harmonie ? un contre-point ? Autant de termes musicaux que nous utilisons pour penser ces tableaux.
Là est le cœur de notre travail.
T
out comme dans Merlin l’enchanteur, les indications concernant les couleurs des habits sont assez
nombreuses. On retrouve principalement trois couleurs qui font écho à l’histoire et aux racines
mêmes du personnage de Gauvain…
TW : Dans Merlin l’enchanteur, les jeunes étaient habillés en bleu et les anciens en rouge. Dans Gauvain et
le Chevalier Vert, les adjuvants de Gauvain sont en blanc alors que ses opposants sont en rouge. Le Chevalier
Vert, quant à lui, introduit la nature et un monde sauvage. Alors, il a fallu penser l’entremêlement de ses
principales couleurs sur l’espace du plateau…
SD : Peut-être encore davantage que dans Merlin, il y a un code de couleurs marqué et dominant.
TW : Dans Gauvain, la scène de la Fabrique se détache clairement des autres, comme une incise bleue.
Cette couleur symbolise aujourd’hui le monde ouvrier, ce qui se traduit sur scène par l’utilisation de bleus
de travail, de cottes, de blouses, de fichus et de salopettes. Cette scène bleue de la pièce tranche avec les
couleurs blanches, rouges et vertes du reste du spectacle.
Y
a-t-il comme dans Merlin l’enchanteur quelques touches contemporaines ? Quel rôle jouentelles ?
TW : Cette même scène de la Fabrique redouble de force. Non seulement par ses couleurs, mais aussi parce
qu’elle donne à voir une occupation d’usine qui résonne avec des problématiques propres au XXe siècle, tel
mai 68. Cette incise commence dans le fracas et donne presque l’impression que le monde du théâtre qui
joue devant nous, se met en grève et s’arrête de raconter cette histoire.
SD : L’écriture contient à elle seule l’empreinte du contemporain.
TW : Dans le Graal Théâtre, il y a quelques drôles anachronismes. Dans Merlin l’enchanteur, par exemple, la
Demoiselle de l’Esplumoir se transforme en une bibliothécaire qui tape au minitel. C’est un anachronisme,
tout en étant pour nous déjà notre propre Moyen Âge : il est désormais impossible d’utiliser un minitel !
L’atelier de fabrication des costumes du TNS lors de la préparation de Gauvain ©TNS
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
44
É
tant donné que les personnages féminins sont nombreux et occupent une place particulière
dans cette pièce, avez-vous continué votre travail autour des jeux de transparence initié dans
Merlin l’enchanteur sur leurs costumes ?
TW : Il y a deux univers : l’un masculin, assez rude, celui de la chevalerie ; l’autre féminin, plus fragile, celui
des Demoiselles. Ce contraste, déjà présent dans Merlin, est d’ailleurs assez beau. Les scènes de nudité sont
en réalité basées sur un jeu de transparence à l’aide d’un léger filtre, d’un voile. Au théâtre, comme peut-être
dans la vie, on n’est jamais aussi nu qu’avec un vêtement transparent et évocateur. Ces scènes de nudité
évoquent le désir et le testent, d’autant plus lorsqu’il s’agit des relations que Gauvain entretient avec les
Demoiselles.
SD : C’est ce pouvoir de séduction qu’exerce Gauvain malgré lui qui le rend drôle et beau à la fois.
P
ensez-vous que la forme du Graal Théâtre, en épisodes, a influencé votre travail d’un volet à
l’autre ?
TW : Dans Gauvain, apparaissent des matières plus raffinées pour les hommes que dans Merlin. C’est
comme si nous avions avancé dans le temps de l’Histoire.
SD : Notre démarche s’inscrit dans une continuité, mais se dirige tout de même vers un raffinement qui
dessine plus précisément les contours de chacun des personnages.
TW : Au départ, il s’agissait d’une époque très lointaine, celle des dieux celtes de Joseph d’Arimathie. Entre
cette première pièce et Gauvain, dix-sept générations ont passé. Nous avons changé de temps, ce qu’il a
fallu traduire par les costumes.
Grâce à la forme épisodique, nous pouvons aussi prendre du recul par rapport au volet précédent, à ce que
nous avons pu voir sur le plateau. Au fur et à mesure des épisodes, nous nous réinterrogeons. Chaque
nouvelle mise en scène, chaque nouveau costume, remet en question nos méthodes de travail. C’est une
véritable quête.
Propos recueillis par Emmanuelle Delprat et Lise Michard
le 24 avril 2013, à l’atelier de costumes du Théâtre National de Strasbourg
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
45
Mise en perspective
> Charles Baudelaire
Harmonie du soir
2
V
oici venir le temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et douloureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire, Gallimard, 1996, p.77.
> Guillaume Apollinaire
Zone
À
la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et
romaine
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme
L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui
chantent tout haut
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
46
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures
policières
Portraits des grands hommes et milles titres divers
J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y
passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J’aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue
des Ternes
Voilà la jeune rue et tu n’es encore qu’un petit enfant
Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc
Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades
René Dalize
Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église
Il est neuf heure le gaz est baissé tout bleu vous sortez
Du dortoir en cachette
Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège
Tandis qu’éternelle et adorable profondeur améthyste
Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ
C’est le beau lys que tous nous cultivons
C’est la torche aux cheveux roux que n’éteint pas le vent
C’est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère
C’est l’arbre toujours touffu de toutes les prières
C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité
C’est l’étoile à six branches
C’est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche
C’est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs
Il détient le record du monde pour la hauteur
Pupille Christ de l’œil
Vingtième pupille des siècles il sait y faire
Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte
dans l’air
Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder
Ils disent qu’il imite Simon Mage en Judée
Ils crient s’il sait voler qu’on l’appelle voleur
Les anges voltigent autour du joli voltigeur
Icare Enoch Elie Apollonius de Thyane
Flottent autour du premier aéroplane
Ils s’écartent parfois pour laisser passer ceux que
Transporte la Sainte-Eucharistie
Ces prêtres qui montent éternellement élevant l’hostie
L’avion se pose enfin sans refermer les ailes
Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles
À tire-d’aile viennent les corbeaux les faucons les
hiboux
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
47
D’Afrique arrivent les ibis les flamants les marabouts
L’oiseau Roc célébré par les conteurs et les poètes
Plane tenant dans les serres le crâne d’Adam la première
tête
L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri
Et d’Amérique vient le petit colibri
De Chine sont venus les pihis longs et souples
Qui n’ont qu’une seule aile et qui volent par couples
Puis voici la colombe esprit immaculé
Qu’escortent l’oiseau-lyre et le paon ocellé
Le phénix ce bûcher qui soi-même s’engendre
Un instant voile tout de son ardente cendre
Les sirènes laissant les périlleux détroits
Arrivent en chantant bellement toutes trois
Et tous aigles phénix et pihis de la Chine
Fraternisent avec la volante machine
Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la
foule
Des troupeaux d’autobus mugissants près de toi roulent
L’angoisse de l’amour te serre le gosier
Comme si tu ne devais jamais plus être aimé
Si tu vivais dans l’ancien temps tu entrerais dans un
monastère
Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une
prière
Tu te moques de toi et comme le feu de l’Enfer ton
rire pétille
Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie
C’est un tableau pendu dans un sombre musée
Et parfois tu vas le regarder de près
Aujourd’hui tu marches dans Paris les femmes sont
ensanglantées
C’était et je voudrais ne pas m’en souvenir c’était au
déclin de la beauté
Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m’a regardé
à Chartres
Le sang de votre Sacré-Cœur m’a inondé à Montmartre
Je suis malade d’ouïr les paroles bienheureuses
L’amour dont je souffre est une maladie honteuse
Et l’image qui te possède te fait survivre dans l’insomnie
et dans l’angoisse
C’est toujours près de toi cette image qui passe
Maintenant tu es au bord de la Méditerranée
Sous les citronniers qui sont en fleur toute l’année
Avec tes amis tu te promènes en barque
L’un est Nissard il y a Montonasque et deux Turbiasques
Nous regardons avec effroi les poulpes des profondeurs
Et parmi les algues nagent les poissons images du
Sauveur
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
48
Tu es dans le jardin d’une auberge aux environs de
Prague
Tu te sens tout heureux une rose est sur la table
Et tu observes au lieu d’écrire ton conte en prose
La cétoine qui dort dans le cœur de la rose
Épouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit
Tu étais triste à mourir le jour où tu t’y vis
Tu ressembles au Lazare affolé par le jour
Les aiguilles de l’horloge du quartier juif vont à rebours
Et tu recules aussi dans ta vie lentement
En montant au Hradchin et le soir en écoutant
Dans les tavernes chanter des chansons tchèques
Te voici à Marseille au milieu des pastèques
Te voici à Coblence à l’hôtel du Géant
Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon
Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu
trouves belle et qui est laide
Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde
On y loue des chambres en latin Cabicula Locanda
Je m’en souviens j’y ai passé trois jours et autant à
Gouda
Tu es à Paris chez le juge d’instruction
Comme un criminel on te met en état d’arrestation
Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages
Avant de t’apercevoir du mensonge et de l’âge
Tu as souffert de l’amour à vingt et trente ans
J’ai vécu comme un fou et j’ai perdu mon temps
Tu n’oses plus regarder tes mains et à tous moments
je voudrais sangloter
Sur toi sur celle que j’aime sur tout ce qui t’a épouvanté
Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants
Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des
enfants
Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare
Ils ont foi dans leur étoile comme les rois-mages
Ils espèrent gagner de l’argent dans l’Argentine
Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune
Une famille transporte un édredon rouge comme vous
transportez votre cœur
Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels
Quelques uns de ces émigrants restent ici et se logent
Rue des Rosiers ou rue des Ecouffes dans des bouges
Je les ai vus souvent le soir ils prennent l’air dans la rue
Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs
Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque
Elles restent assises exsangues au fond des boutiques
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
49
Tu es debout devant le zinc d’un bar crapuleux
Tu prends un café à deux sous parmi les malheureux
Tu es la nuit dans un grand restaurant
Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis
cependant
Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant
Elle est la fille d’un sergent de la ville de Jersey
Ses mains que je n’avais pas vues sont dures et gercées
J’ai une pitié immense pour les coutures de son ventre
J’humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible
ma bouche
Tu es seul le matin va venir
Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues
La nuit s’éloigne ainsi qu’une belle Métive
C’est Ferdine la fausse ou Léa l’attentive
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie
Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied
Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée
Ils sont des Christ d’une autre forme et d’une autre
croyance
Ce sont les Christ inférieurs des obscures espérances
Adieu Adieu
Soleil cou coupé
Guillaume Apollinaire, Alcools, Éditions Gallimard, coll. « Poésie », 1920, p.7-14.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
50
> Sélection d’ouvrages
sur les aventures de Gauvain et les chevaliers de la Table Ronde
R
R
omans de Fantasy
Codex Merlin –R. Holdstock – Le pré aux clercs, 2003
Le Cycle de Pendragon – S. Lawhead – Buchet Chastel, 1997
La Folie-Merlin – J-L. Fetjaine – Belfond, 2002
Tom Cox à la poursuite de Merlin – F. Krebs – Seuil jeunesse, 2003
omans de chevalerie
Sire Gauvain et le Chevalier Vert – Éditions 10-18, 1993
Le Cycle du Graal – J. Markale – Pygmalion, 1993
Lancelot ou le Chevalier de la Charrette – Chrétien de Troyes – Gallimard, 2008
La légende du roi Arthur – J. Boulenger – Terre de brume, 1993
Perceval ou le Roman du Graal – Chrétien de Troyes – Gallimard jeunesse, 2003
Yvain le chevalier au lion – Chrétien de Troyes – Gallimard jeunesse, 2000
Yvain et Lancelot, chevaliers de la Table Ronde – Chrétien de Troyes – Gallimard, 2010
D
ocumentaires
Arthur et la Table Ronde – A. Berthelot – Gallimard, 1996
Héros et merveilles du Moyen Âge – J. Le Goff – Seuil, 2005
Lancelot et la chevalerie arthurienne – J. Markale – Imago, 1985
La Légende du Graal – E. Jung, M-L. von Franz – Albert Michel, 1992
Myrdhin ou l’Enchanteur Merlin – H. de la Villemarqué – Terre de brume, 1989
Perceval ou le Roman du Graal de Chrétien de Troyes – C. Durvye, D. Labbé, G. Millet – Ellipses, 2003
Le Roi Arthur – A. Chauou – Seuil, 2009
T
héâtre
Merlin ou la Terre dévastée – T. Dorst, U. Ehler – L’Arche, 2005
L
ittérature jeunesse
Sire Gauvain et le Chevalier vert – M. Morpurgo, M. Foreman – Gallimard jeunesse, 2005
Arthur, l’autre légende – P. Reeve – Gallimard jeunesse, 2008
Les Chevaliers de la Table Ronde – F. Johan – Casterman, 2006
Graal noir – C. de Montella – Flammarion, 2010
Gwydion – P. Schwindt – Gallimard jeunesse, 2008
Merlin – A-M. Cadot-Colin – Le livre de poche jeunesse, 2009
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
51
L’équipe du spectacle
F
lorence Delay
Florence Delay de l’Académie française a écrit des romans, des essais et en collaboration avec
Jacques Roubaud, Graal Théâtre. À vingt ans, elle interprète le rôle de Jeanne dans Procès de
Jeanne d’Arc de Robert Bresson. Elle a travaillé avec Jean Vilar au Festival d’Avignon et a été
chroniqueuse dramatique à la N.R.F. (1978-1985). Traductrice de grandes œuvres espagnoles, on lui
doit notamment la version française de Célestine, mise en scène par Antoine Vitez, 1989. Christian
Schiaretti a créé, d’après sa traduction, deux pièces de Calderón, Le Grand Théâtre du monde et Procès
en séparation de l’Âme et du Corps pour la Comédie-Française. Dernièrement, elle a publié des
ouvrages plus autobiographiques Mon Espagne or et ciel (Hermann, 2008), un petit traité, Mes cendriers
(Gallimard, 2010) et Il me semble Mesdames (Gallimard, 2012).
J
acques Roubaud
Jacques Roubaud est poète, traducteur et mathématicien. Reconnu très tôt par Aragon, il publie
un premier recueil de poésie en 1944 intitulé Poésies juvéniles, puis un second en 1952,
Voyage du soir. Coopté en 1966 par Raymond Queneau, il devient membre de l’Oulipo.
Ses multiples centres d’intérêt le portent vers la poésie japonaise aussi bien que vers la littérature
médiévale ou la poésie des troubadours, dont il est l’un des grands spécialistes en France. Il obtient
le prix France Culture en 1986 pour son recueil de poèmes Quelque chose noir. Traducteur de Pétrarque
et de Lewis Carroll, participant aussi bien à des ouvrages collectifs de poésie polyglotte, à une
anthologie du sonnet français qu’à une re-traduction de la Bible, il a également composé un recueil
de poésie étrangère traduite intitulé Traduire, journal (2000). Jacques Roubaud a reçu pour l’ensemble
de son œuvre le Grand prix national de la poésie du ministère de la Culture en 1990 et le Grand prix
de littérature Paul-Morand de l’Académie française en 2008. Son dernier ouvrage est Ode à la ligne 29
des autobus parisiens (Gallimard, 2012).
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
52
J
ulie Brochen
Comédienne et metteur en scène, Julie Brochen dirige le Théâtre National de Strasbourg et son École
supérieure d’art dramatique depuis le 1er juillet 2008. Julie Brochen a fondé sa compagnie les Compagnons
de Jeu en 1993 après trois années de formation au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de
Paris où elle fut élève de Madeleine Marion, Stuart Seide et Piotr Fomenko. Parallèlement, elle suit, de
1990 à 1194, le cours de maîtrise du Théâtre de Moscou sur le théâtre de Tchekhov dirigé par Anastasia Vertinskaia
et Alexandre Kaliaguine au Théâtre des Amandiers de Nanterre.
Comédienne de formation, elle débute dès 1988 avec Le Faiseur de théâtre de Thomas Bernhard mis en scène par
Jean-Pierre Vincent puis elle poursuit avec Faust de Fernando Pessoa mis en scène Aurélien Recoing ; Comment
faire vivre le dit de Stuart Seide ; Tchekhov acte III (Oncle Vania, Les Trois sœurs et La Cerisaie) d’Anton Pavlovitch
Tchekhov mis en scène par Alexandre Kaliaguine et Anastasia Vertinskaia ; Trézène mélodies, fragments chantés
de Phèdre de Racine mis en scène par Cécile Garcia-Fogel ; Hortense a dit « Je m’en fous » de Georges Feydeau
mis en scène par Pierre Diot ; La Rue du château mis en scène par Michel Didym d’après les conférences des
surréalistes sur la sexualité ; Le Régisseur de la chrétienté de Sebastian Barry mis en scène par Stuart Seide ;
Chapître un avec Mathilde Monnier ; L’Échange de Paul Claudel mis en scène par Jean-Pierre Vincent.
Elle signe sa première mise en scène, en 1994, La Cagnotte d’Eugène Labiche et Alfred Delacour présentée
au Théâtre de la Tempête à Paris puis Penthésilée d’Heinrich von Kleist jouée au Quartz à Brest et au Théâtre de
la Bastille. En 1998, elle met en scène Naissances nouveaux mondes, courtes pièces de Rodrigo Garcia et Roland
Fichet (Théâtre de Nîmes), Le Décaméron des femmes de Julia Voznesenskaya au Petit Odéon. En 2000 aux côtés
d’Hanna Shygulla, elle signe la mise en scène de Brecht, Ici et maintenant (Cité de la musique à Paris) et Chronos
kaïros (Trier, Allemagne, puis programmé dans le cadre du Festival Musica).
En 2001, elle monte son premier opéra Die Lustigen Nibelungen d’Oscar Straus au Théâtre de Caen. En 2002, elle
participe à la mise en scène de Père de August Strindberg aux côtés de François Marthouret (Théâtre du Gymnase
à Marseille). La même année, elle signe la mise en scène de La Petite renarde rusée, opéra de Leos Janaček créé
au Festival d’Aix-en-Provence. Pour l’Auditorium du Louvre à Paris, elle a mis en scène Des passions sur des textes
de Crates, Diogène, Aristote, Ovide, Clément Rosset, etc., avec Émilie Valantin et Jean Sclavis.
Après avoir travaillé quatre années durant sur le théâtre de Tchekhov, elle monte, en 2003, Oncle Vania puis
Le Cadavre vivant de Tolstoï en diptyque au Théâtre de l’Aquarium, deux spectacles dans le cadre du Festival
d’Automne à Paris. En 2005, elle reprend le rôle d’Elena dans Oncle Vania de Tchekhov au Théâtre de l’Aquarium.
La même année, elle crée Je ris de me voir si belle ou Solos au pluriel de Charles Gounod et Franck Krawczyk puis
Hanjo de Yukio Mishima joué au Théâtre de l’Aquarium dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, et pour
lequel elle reçoit le Molière de la compagnie 2006. La même année, elle crée au festival d’art lyrique d’Aix-enProvence L’Histoire vraie de la Périchole, d’après La Périchole de Jacques Offenbach sous la direction musicale de
Françoise Rondeleux et Vincent Leterme, repris au Théâtre de l’Aquarium puis en tournée.
En 2007, elle crée L’Échange de Paul Claudel au Festival d’Avignon (au Cloître des Célestins). Le spectacle tourne
en France et en Suisse durant toute la saison 2007-2008, repris au TNS à l’automne 2008 à la suite de sa prise de
fonction. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris de 2007 et à l’initiative de l’association artistique de
l’ADAMI et de l’opération Talents Cannes, elle crée Variations/Lagarce-Paroles d’acteurs au Théâtre de l’Aquarium,
qu’elle reprend exceptionnellement au TNS en décembre 2008. En novembre 2008, elle crée Le Voyage de
monsieur Perrichon d’Eugène Labiche et Édouard Martin au Théâtre du Vieux-Colombier et en mars 2009,
La Cagnotte d’Eugène Labiche et Alfred Delacour, au TNS d’après la mise en scène de 1994, puis La Cerisaie
de Tchekhov en mai 2010 (repris à l’Odéon-Théâtre de l’Europe à l’automne), Dom Juan de Molière en avril 2011
(en tournée en 2011-2012 et repris au TNS en octobre 2012). Cette même année, elle se lance dans l’aventure du
Graal Théâtre, à savoir Merlin l’enchanteur. Après Gauvain et le Chevalier Vert en 2013 au TNS, Christian
Schiaretti créera l’épisode suivant Perceval le Gallois en avril 2014 au TNP avec la complicité de Julie Brochen.
En janvier 2013, Julie Brochen met en scène Whistling Psyche de Sebastian Barry au TNS, puis au TGP en février 2013.
Elle est directrice et responsable pédagogique de l’École du TNS depuis septembre 2008.
Au cinéma, Julie Brochen a joué dans 24 mesures de Jalil Lespert, Le Leurre de Paul Vecchiali, Les Yeux ouverts
de J. Abecassis, La Vie parisienne d’Hélène Angele, Comme neige au soleil et Le Secret de Lucie de Louise Thermes,
La Fidélité d’Andrzej Zulawski et Demon lover d’Olivier Assayas. À la télévision, elle a joué dans La Tendresse
de l’araignée et L’Impure de Paul Vecchiali, Jeanne, Marie et les autres de Jacques Renard et La Voix de son maître
de Luc Beraud.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
53
C
hristian Schiaretti
Il est nommé en 1991 à la tête de la Comédie de Reims qu’il dirige pendant onze ans. En 1998,
il fonde avec Jean-Pierre Siméon, Les Langagières. Il est directeur du Théâtre National Populaire
de Villeurbanne depuis janvier 2002, où il a présenté Mère Courage et ses enfants et L’Opéra de
quat’sous de Bertolt Brecht, Père de August Strindberg, L’Annonce faite à Marie de Paul
Claudel, 7 Farces et Comédies de Molière, Philoctète de Jean-Pierre Siméon, Siècle d’or : Don Quichotte de
Miguel de Cervantès, La Célestine de Fernando de Rojas, Don Juan de Tirso de Molina, Le Laboureur de Bohême
de Johannes von Saaz.
Mai 2011, création à La Colline - Théâtre national du diptyque Mademoiselle Julie et Créanciers de August
Strindberg.
Juin 2011, création de Joseph d’Arimathie, prologue du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques
Roubaud. Juin 2012, il cosigne la mise en scène de Merlin l’enchanteur, deuxième volet du Graal Théâtre
avec Julie Brochen. Le troisième volet, Gauvain et le Chevalier Vert est créé en 2013 au TNS par Julie
Brochen avec la complicité de Christian Schiaretti ; ils inverseront les rôles pour l’épisode suivant : Perceval
le Gallois, en avril 2014 au TNP.
Pour l’inauguration du nouveau Grand théâtre, il crée Ruy Blas de Victor Hugo, le 11 novembre 2011.
À l’automne 2012, il crée Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, puis en février 2013, Le Grand Théâtre
du monde suivi de Procès en séparation de l’Âme et du Corps, deux actes sacramentels de Pedro Calderón
de la Barca. Pour sa mise en scène de Coriolan de William Shakespeare, il a reçu le Prix Georges-Lerminier
2007, le Prix du Brigadier 2008, le Molière du Metteur en scène et le Molière du Théâtre public 2009,
et pour Par-dessus bord de Michel Vinaver, le Grand Prix du Syndicat de la Critique pour le meilleur
spectacle de l’année 2008. Christian Schiaretti est président des Amis de Jacques Copeau et a été président
de l’Association pour un Centre culturel de Rencontre à Brangues.
Dès son arrivée au TNP, il a entamé une étroite collaboration avec l’ENSATT où il a mis en scène, avec les
élèves des différentes promotions, Utopia d’après Aristophane (2003), L’Épaule indifférente et la Bouche
malade de Roger Vitrac (2004), Les Aveugles, Intérieur, La Mort de Tintagiles de Maeterlinck (2006),
Les Visionnaires de Jean Desmarets de Saint-Sorlin (2007), Hippolyte et La Troade de Robert Garnier (2009).
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
54
Les collaborateurs artistiques
F
ANNY GAMET • SCÉNOGRAPHIE ET ACCESSOIRES
Elle fait ses études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon, option Design, Espace
civique et à l’ENSATT où elle obtient le diplôme de scénographe décoratrice en 2001. Ensuite elle
réalise les scénographies et les costumes pour des mises en scènes de Gilles Chavassieux, Laurent
Verceletto, la compagnie Traction avant et Jean-Christophe Hembert et travaille sur le tournage de la série
Kaamelot.
Elle conçoit les accessoires pour L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill, Par-dessus bord de
Michel Vinaver, Farces et Comédies de Molière, Philoctète, Siècle d’or, Graal Théâtre (pour la scénographie
et les accessoires) de Florence Delay et Jacques Roubaud, Mademoiselle Julie et Créanciers de August Strindberg,
Ruy Blas de Victor Hugo, Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, Le Grand théâtre du monde et Procès en séparation
de l’Âme et du Corps, de Pedro Calderón mises en scène de Christian Schiaretti. Elle a travaillé également
avec Roger Planchon pour Le Génie de la forêt de Anton Tchekhov et Emmanuel Kant de Thomas Bernhard.
Elle cosigne avec Renaud de Fontainieu les décors de Par-dessus bord et signe la scénographie de Philoctète
de Jean-Pierre Siméon. Pour la création de Ruy Blas elle est assistante à la scénographie de Rudy Sabounghi.
Fanny Gamet collabore régulièrement avec l’atelier de construction des décors de l’Opéra de Lyon, notamment
pour Les Contes d’Hoffmann de Offenbach mis en scène par Laurent Pelly, Mazeppa mis en scène par Peter
Stein et Cosi fan tutte de Mozart mis en scène par Adrian Nobel.
P
IETER SMIT • SCÉNOGRAPHIE
Pieter Smit a fait de nombreuses scénographies pour le théâtre, la danse et l'opéra aux États-Unis
et aux Pays-Bas, son pays d'origine. Il était professeur de scénographie à l'Académie Gerrit Rietveld
à Amsterdam avant de s'installer à Strasbourg en 2010.
À l'École du TNS, il a dirigé en 2012 un atelier autour de La Sonate des spectres de Strindberg avec les élèves
du Groupe 41. Il collabore à la scénographie de Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay
et Jacques Roubaud, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti.
O
LIVIER OUDIOU • LUMIÈRES
Après sa licence d’Études théâtrales à Paris III et sa formation à l’ISTS d’Avignon, Olivier Oudiou est
assistant de Joël Hourbeigt et de Patrice Trottier sur les mises en scène d’Alain Françon, Jacques
Lassalle, Olivier Py, Charles Tordjman, Pascal Rambert et Daniel Martin. Au théâtre, il est concepteur lumière
pour de nombreux metteurs en scène dont Philippe Lanton : Terres Promises de Roland Fichet ; Cécile
Garcia-Fogel : Foi, amour, espérance de Horvath et en mai 2011 Fous dans la forêt d'après Les Sonnets de
Shakespeare ; Annie Lucas : L’Africaine de Roland Fichet et Sacrilèges de Kouam Tawa ; Véronique Samakh :
Les Voyages de Ziyara de François Place, Ivan et Vassilissa d’après un conte russe et en septembre 2010
La Ronde de nos saisons d'après des haïkus japonais ; Christophe Reymond : La Tour de la Défense de Copi ;
Pascal Tokatlian : Ermen, titre provisoire ; Michel Deutsch : L'Origine du monde d'Olivier Rollin. Il travaille
pour cinq spectacles de Christophe Rauck : Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, Getting Attention de
Crimp, Le Révizor de Gogol, l'opéra de Monteverdi Le Couronnement de Poppée, direction musicale de
Jérôme Corréas et Têtes rondes et têtes pointues de Brecht. En 2005, il fonde avec John Arnold, Bruno
Boulzaguet et Jocelyn Lagarrigue le collectif « Theodoros Group » avec lequel il crée Un ange en exil sur
et d'après Rimbaud, ainsi que Misérable Miracle d'après Michaux, spectacle de théâtre musical sur une
musique originale de Jean Christophe Feldhandler. Avec ces derniers, il crée en 2011 Ma vie de rêve(s)
d'après Jung. Entre 1995 et 2007, il collabore à tous les spectacles de Stuart Seide : Moonlight,
L’Anniversaire et Le Gardien de Pinter, Antoine et Cléopâtre, Roméo et Juliette et Macbeth de Shakespeare,
Dommage qu’elle soit une putain de Ford, Le Quatuor d’Alexandrie d’après Durrell, Amphitryon de Molière,
Baglady de Mc Guiness, Auprès de la mer intérieure de Bond, Dibbouk d’après An-Ski, Le Régisseur de la
Chrétienté de Sebastian Barry, et le spectacle lyrique Les Passions baroques sous la direction d’Emmanuelle
Haïm présenté à l’Opéra de Lille en 2005.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
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Il crée les lumières des spectacles de Julie Brochen depuis 1993 : La Cagnotte de Labiche et Delacour,
Le Décaméron des femmes d’après Julia Voznesenskaya, Penthésilée de Kleist, Oncle Vania de Tchekhov,
Le Cadavre vivant de Tolstoï, Je ris de me voir si belle ou Solos au pluriel (spectacle musical jeune public),
Hanjo de Mishima, L’Histoire vraie de la Périchole d’après l’œuvre de Offenbach, L’Échange de Claudel,
Le Voyage de monsieur Perrichon de Labiche et La Cerisaie de Tchekhov. Il réalise la conception des lumières
pour Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud, mis en scène par Julie
Brochen et Christian Schiaretti. Il travaille également pour de nombreux ballets, en France et à l’étranger.
S
YLVETTE DEQUEST • COSTUMES
De 1993 à 2008, Sylvette Dequest crée les costumes de nombreuses mises en scène de Julie Brochen,
pour le théâtre et l’opéra. Elle travaille également avec Pierre Diot, Philippe Lanton, Jean-Claude
Gallotta, Omar Porras, Jean-Claude Penchenat, Hélène Delavault et Jean-Claude Durand, Lukas Hemleb,
Claude Guerre, Bruno Boulzaguet, Benjamin Charlery, Jean-Pierre Davernon, François Verret, La Compagnie
LMNO, Mitia Fodotenko, Sandy Ouvrier.
Avec Marie Bramsen, elle signe les costumes du premier cycle de Henry VI, mis en scène par Thomas Jolly.
Depuis 2007, elle collabore aux créations de David Lescot pour le théâtre et l’opéra avec dernièrement
Le Système de Ponzi, coproduit par le TNS. Elle participe à l’élaboration des costumes de Merlin l’enchanteur
du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti.
Au cinéma, elle travaille avec Roy Lekus et Françoise Jolivet : Tremblez Tyrans d’après l’enfance de Stendhal.
En 2013, elle travaille sur les créations de Mitia Fodotenko, la compagnie Toujours après Minuit, Julie
Brochen et David Lescot.
C
ATHERINE NICOLAS • COIFFURES ET MAQUILLAGES
Au théâtre, elle crée les maquillages et les coiffures des spectacles de Jacques Lassalle, Christophe
Perton, Jorge Lavelli, André Engel, Claude Yersin, Jacques Nichet, Frédéric Fisbach, Stuart Seide,
Emmanuel Demarcy-Mota, Frédéric Belier-Garcia, Nicolas Fleury et Claire Lasne-Darcueil.
Elle crée les maquillages et les coiffures de tous les spectacles de Julie Brochen, notamment pour Merlin
l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud. À l’opéra, elle travaille avec Jorge
Lavelli, Klaus Michael Grüber et Vincent Boussard.
E
RHARD STIEFEL • SCULPTURE DE MASQUES
Né en 1940 à Zurich, Erhard Stiefel étudie le dessin et la peinture aux Arts Appliqués de Zürich. Il entre
ensuite à l’École des Beaux-Arts de Paris, puis à l’École Jacques Lecoq, et s’oriente vers la sculpture.
Sensibilisé très tôt à l’univers de la scène et fasciné par le carnaval, il commence à façonner des masques.
Par nécessité de mieux comprendre et approfondir l’art de la sculpture de masque, Erhard Stiefel entreprend
plusieurs séjours à Bali et au Japon. Il entretient depuis des relations privilégiées avec certaines familles de
Nô et de Kyogen, pour lesquelles il sculpte des répliques de masques anciens et fragilisés. En 1997, année du
Japon, il conçoit un programme pour le Festival d’Automne à Paris en invitant l’un des plus grands maîtres
du Nô, Kiyokazu Kanze, et sa troupe.
Au théâtre, Ariane Mnouchkine fait appel à lui en 1967 pour Le Songe d’une nuit d’été, puis pour L’Âge d’or
en 1975, depuis il continue cette collaboration. Il a réalisé des masques pour de nombreux metteurs en
scène et chorégraphes, comme Maurice Béjart, Antoine Vitez, Philippe Avron, Yves Hunstad, Jean-Pierre
Vincent, Jean-Louis Thamin, Christian Schiaretti, Charles Tordjman, Alfredo Arias, le Théâtre équestre
Zingaro, Éric Vigner, Tim Robbins… En 2000, il fait partie de la promotion des « Maîtres d’Art » nommée par
Catherine Tasca, Ministre de la Culture et de la Communication, en tant que Créateur de masques.
Plus récemment, sur commande de Julie Brochen et Christian Schiaretti, il crée les masques de Merlin
l’enchanteur et continue en 2013 cette collaboration à l’occasion de la création Gauvain et le Chevalier Vert.
T
HIBAUT WELCHLIN • COSTUMES
Après des études d’architecture, il intègre l’École du TNS, section scénographie et costumes, de 1999
à 2002 (Groupe 33). Il est assistant aux costumes sur des créations de Stéphane Braunschweig,
La Mouette de Anton Tchekhov et La Famille Schroffenstein de Heinrich von Kleist, et sur des opéras mis en
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
56
scène par Yannis Kokkos, The Bassarids de Hans Werner Henze, Giorgio Barberio Corsetti, Le Luthier de
Venise de Gualtiero Dazzi, Peter Stein, Lulu de Alban Berg, Klaus Michael Grüber, La Traviata de Verdi… Pour le
théâtre, il signe le décor et les costumes de Titanica de Sébastien Harrisson mis en scène par Claude
Duparfait, Loin de mon doudou de Denis Woelffel et La Route vers la Mecque de Athol Fugard mis en scène
par Jean-Marc Eder. Il crée les costumes pour plusieurs metteurs en scène : Georges Gagneré (La Pensée de
Leonid Andreïev), Yann-Joël Collin (Violences-reconstitution de Didier-Georges Gabily), Olivier Borle (Premières
Armes de David Mambouch), Jean-Philippe Clarac et Olivier Delœuil (Le More cruel), Nada Strancar (La Fable
du fils substitué de Luigi Pirandello), Christophe Maltot (Figures de Musset) et Julie Brochen (Dom Juan de Molière).
Il débute en 2005 une importante collaboration avec Christian Schiaretti, pour qui il crée les costumes de
L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel, Coriolan de William Shakespeare, 7 Farces et Comédies de Molière,
Par-dessus bord de Michel Vinaver, le diptyque Nada Strancar chante Brecht/Dessau et Didier Sandre dit
La Messe là-bas de Claudel, Philoctète de Jean-Pierre Siméon, La Jeanne de Delteil d’après Joseph Delteil,
Siècle d’or, Mademoiselle Julie et Les Créanciers de August Strindberg, Ruy Blas de Victor Hugo, Le Laboureur
de Bohême de Johannes von Saaz, Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, Le Grand Théâtre du monde et Procès
en séparation de l’Âme et du Corps de Pedro Calderón. Il réalise également, en collaboration avec Sylvette
Dequest, les costumes de Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud, mis
en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti.
Pour l’opéra, il réalise les costumes de Faust de Charles Gounod mis en scène par Jean-Philippe Clarac
et Olivier Delœuil, Tosca de Puccini, La Créole de Offenbach mis en scène par Christian Schiaretti et Fra
Diavolo de Daniel-François-Esprit Auber mis en scène par Jérôme Deschamps et récemment ceux de Mignon
de Ambroise Thomas d’après Johann Wolfgang von Goethe mis en scène par Jean-Louis Benoit. Il vient de
créer la robe portée par Delphine Wespiser, Miss France 2012, à l’occasion du concours Miss Monde en Chine.
C
ÉSAR GODEFROY • ASSISTANAT AUX LUMIÈRES
Actuellement élève régisseur du Groupe 41 de l’École du TNS, César Godefroy a d’abord été formé
à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art Olivier de Serres à Paris d’où il
sort diplômé d’un BTS Design d’espace en 2007. Il obtient deux ans plus tard un diplôme de Technicien des
Métiers du spectacle au Lycée technique des Métiers du bois Léonard de Vinci.
Durant cette formation, il réalise plusieurs stages comme constructeur et machiniste à Paris (au Théâtre de
la Cité Internationale, au Théâtre National de la Colline et au Théâtre Nanterre-Amandiers) et à Marseille, au
sein des ateliers Sud Side. En 2013, il crée les lumières et collabore à la scénographie de Whistling Psyche de
Sebastian Barry mis en scène par Julie Brochen.
H
UGUES DE LA SALLE • ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE + Mordret + Nétuns
Après un cursus en Lettres modernes et en études théâtrales à l’École normale supérieure de lettres
et sciences humaines à Lyon, il est élève au conservatoire du VIe arrondissement de Paris, et stagiaire
à la mise en scène lors de la création par Yves Beaunesne de Partage de midi de Claudel à la ComédieFrançaise. Il présente en 2008 sa première mise en scène, Yvonne, Princesse de Bourgogne de Witold
Gombrowicz. Reçu la même année à l’École du TNS en section mise en scène, il y travaille avec Julie Brochen,
Laurence Mayor, Bruno Meyssat, Jean-Pierre Vincent, Françoise Rondeleux, Claude Régy, Krystian Lupa…
Il présente en deuxième année une mise en scène de Faust de Goethe. En 2009-2010, il est stagiaire à la
mise en scène auprès de Krzysztof Warlikowski (Un Tramway d’après Tennessee Williams, Théâtre de
l’Odéon) et de Julie Brochen (La Cerisaie de Tchekhov, Théâtre National de Strasbourg). En janvier 2011,
il met en scène La Poule d’eau de Witkiewicz dans le cadre de sa troisième et dernière année au TNS. Il est
assistant à la mise en scène sur Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian
Schiaretti en mai 2012 ; il y joue Maître Sextine de Lorette et Anguissel d'Écosse. En tant qu’acteur, il travaille
avec Julie Brochen (Dom Juan, TNS), Charles Zévaco (Sur la Grand-route, de Tchekhov, compagnie Notre
Cairn, tournée en péniche sur les canaux d’Alsace), Suzanne Aubert (La Princesse Maleine, de Maeterlinck).
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
57
* Troupe du TNS
** Troupe du TNP
Les comédiens
M
URIEL INÈS AMAT * • Ygerne + Sœur ainée
Après des études au Conservatoire national de Région de Bordeaux et au Conservatoire national
supérieur d’art dramatique de Paris (promotion 1994), Muriel Inès Amat joue dans de nombreux
spectacles, dont Le Sang de Jean Vauthier mis en scène par Gérard Laurent et La Nouvelle mandragore
du même auteur dans la mise en scène de Jean-Louis Thamin en 1990. Elle commence un compagnonnage avec
Laurent Laffargue en 1992 avec L’Épreuve et La Fausse Suivante de Marivaux (1997), et le poursuit avec
Dépannage de Pauline Sales (1999), Le Songe d’une nuit d’été, Othello et Beaucoup de bruit pour rien de
Shakespeare (2000/2002/2004) et Terminus de Daniel Keene (2002). Elle joue dans Les Trois Mousquetaires
d’après Alexandre Dumas mis en scène par Jean-Marie Lecocq, Anatole de Arthur Schnitzler mis en scène par
Louis-Do de Lencquesaing (1995). Muriel Inès Amat joue également dans Un Paysage sur la tombe de Fanny
Mentré mis en scène par l’auteur (1994-1996), dans L’Éloge du Cycle (Tour de France de Gilles Costaz) mis en
scène par Anne-Marie Lazarini et René Loyon (1997) ; dans deux mises en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota :
Tanto Amor Desperdiçado (Peines d’amour perdues) de Shakespeare (2007/2008) et Casimir et Caroline de Ödön
von Horvath (2008/2010). Sous la direction de Julie Brochen, elle joue dans Penthésilée de Heinrich von Kleist
(1998) puis Hanjo de Yukio Mishima (2005/2006).
Depuis septembre 2009, elle est comédienne de la troupe du TNS. Elle incarne Varia dans La Cerisaie de Tchekhov
créé en 2010, Elvire dans Dom Juan de Molière créé en 2011, mises en scène de Julie Brochen. Elle est la mère de
Hoik dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène en 2011 par Fanny Mentré. Elle joue
dans Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud dans la co-mise en scène de
Julie Brochen et Christian Schiaretti, créée en 2012 au TNS. Elle incarne Anna dans Sallinger de Bernard-Marie
Koltès mis en scène par Catherine Marnas en 2012.
Au cinéma, elle tourne sous la direction de Pierre Grange (En mai fais ce qu’il te plaît), Nicole Garcia (L’Adversaire),
Étienne Chatillez (La Confiance règne). Elle participe à plusieurs courts-métrages dont Politiquement correct de
Pierre Grange, Lartigue expose de Bernard Blancan, Heures sup de Mark Eacersall et Cap Nord de Sandrine Rinaldi.
L
AURENCE BESSON ** • Dame 2 + Lady Bercilak
Élève de l’ENSATT (62e promotion), elle y a travaillé avec Christian Schiaretti, Christophe Perton… Elle a
obtenu une maîtrise d’études théâtrales et réalisé des travaux de mise en scène sur des textes de Marivaux
et Blaise Cendrars. Elle a joué dans Monsieur Paul de Tankred Dorst mis en scène par Gilles Chavassieux et
La Cantate à quatre voix de Paul Claudel mis en scène par Joseph Fioramente.
Elle fait partie de la troupe du TNP et a joué dans L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill, Don
Cristobal de Federico Garcia Lorca, Le Petit Ordinaire de Jean-Pierre Siméon, L’Annonce faite à Marie de Paul
Claudel, Coriolan de William Shakespeare, Par-dessus bord de Michel Vinaver, 7 Farces et Comédies de Molière
et Siècle d’or : Don Quichotte de Cervantès, La Célestine de Fernando de Rojas et Don Juan de Tirso de Molina,
Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, Le Grand Théâtre du monde et Procès en séparation de l’Âme et du Corps
de Pedro Calderón. Elle joue dans le deuxième volet de Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud,
Merlin l’enchanteur mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti.
Elle a travaillé avec Olivier Borle : Premières Armes de David Mambouch et Nada Strancar : La Fable du fils substitué
de Luigi Pirandello. Elle met en scène et interprète Oui ça va mal, je suis heureuse, cabaret, textes et chansons de
Jean-Pierre Siméon.
C
HRISTOPHE BOUISSE • Nore de Lis + Guinganbrésil + Seigneur de la Pire Aventure
Formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, il joue sous la direction de plusieurs
metteurs en scène : Patrice Kerbrat (Jeanne au bûcher de Paul Claudel, Grande École de Jean-Marie
Besset), Jacques Connort (Le Fils naturel de Denis Diderot), Jean-Louis Benoit (Monsieur Bob’le de Georges
Shéhadé), Jean Jourdheuil (La Bataille d’Arminius de Heinrich von Kleist), Pierre Diot (Hortense a dit je m’en fous
de Georges Feydeau), Fanny Mentré (Un Paysage sur la tombe de Fanny Mentré et Un jour, mon prince viendra
de Christophe Bouisse, Fanny Mentré, Tatiana Gousseff). Il est dirigé par Stéphane Braunschweig dans La Jungle
des villes de Bertolt Brecht, Le Marchand de Venise de William Shakespeare et Peer Gynt de Henrik Ibsen. Il joue
également dans Liliom de Ferenc Molnar mis en scène par Stéphanie Chevara, Victor et les esprits de Victor Hugo
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
58
sous la direction de Yveline Hamon, Psyché de Molière mis en scène par Yan Duffas et Madame sans gêne
de Victor Sardou mis en scène par Alain Sachs.
Sous la direction de Julie Brochen, il joue dans les deux créations de La Cagnotte d’Eugène Labiche et Alfred
Delacour, la première créée à leur sortie du Conservatoire et la seconde au TNS en 2009 ainsi que dans Dom Juan
de Molière en 2011.
Au cinéma, il tourne avec Marcel Bluwal (Le plus beau pays du monde), Marie-Christine Questerbert (La Chambre
obscure), Patrice Leconte (La Guerre des miss), Luc Besson (Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc sec),
Alexandre Arcady (Comme les cinq doigts de la main). Il a participé aux courts-métrages de : Yan Duffas (Terrain vague),
Caroline Vignal (Roule ma poule), Khalil Joreige et Johanna Hadjithomas (Fautes d’identité). Il est également le
personnage principal du premier court-métrage de Stéphane Freiss (It is miracul’house) aux côtés de Laurent Gerra.
À la télévision, il joue dans Sœur Thérèse.com de Bertrand Van Effenterre, Faites comme chez vous de Duberger,
PJ de Brigitte Coscas, Double Emploi de Bruno Carrière, Evamag de Alain Sachs et Agnès Boury, À Rebours de
Olivier Poncho, Commissariat Bastille de Jacques Malaterre, H de Edouard Molinaro. Il joue également dans
plusieurs publicités et co-écrit le scénario de J’veux d’ l’amour avec Yan Duffas, actuellement en cours de production.
F
RED CACHEUX * • Blaise de Northombrelande + Maire + Nétuns
Formé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris (promotion 98), il débute sur scène en
1999 dans Les Colonnes de Buren, texte et mise en scène de Alexandre Semjonovic, puis se produit la même
année dans Le Décaméron de Boccace mis en scène par Jean Boillot, La Tête dans les nuages de Delaruelle mis en
scène par Jean Bouchaud et Alors, Entoncès, atelier franco-mexicain dirigé par Catherine Marnas.
En 2000, il joue dans Le Jour se lève, Léopold de Valletti mis en scène par Jacques Nichet, Le Corps et la fable du
ciel de Supervielle mis en scène par Marc Le Glatin, Loué soit le progrès de Motton mis en scène par Lukas
Hemleb et dans Guybal Velleytar de Witkiewicz mis en scène par David Maisse, puis en 2001 dans deux spectacles
dirigés par Anne Alvaro : L'Ile des esclaves et L'Épreuve de Marivaux. La même année, il chante, danse et joue
dans le spectacle musical C'est pas la vie ? de Laurent Pelly. Entre 2002 et 2007, il travaille sous la direction de
Isabelle Janier (Roméo et Juliette de Shakespeare), Jorge Lavelli (Le Désarroi de M. Peters de Miller), Dominique
Léandri (L'Ombre de la vallée de Synge), Vincent Primault (Pourquoi mes frères et moi on est parti de Hédi Tillette
de Clermont Tonnerre), Alain Françon (Ivanov de Tchekhov, E. Roman dit de Danis).
Sous la direction de Julie Brochen, il joue et chante dans L'Histoire vraie de la Périchole d'après Offenbach
(Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence), puis au Festival d'Avignon 2007 dans L'Échange de Paul Claudel. Depuis
septembre 2009, il est comédien de la troupe du TNS. Il y interprète Iacha dans La Cerisaie de Tchekhov (repris à
l'Odéon-Théâtre de l'Europe), Dom Carlos dans Dom Juan de Molière mises en scène de Julie Brochen, Slee dans
Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011. Il joue dans Merlin
l’enchanteur (Graal Théâtre) de Florence Delay et Jacques Roubaud en 2012. Il incarne Leslie, le frère du Rouquin,
dans Sallinger de Bernard-Marie Koltès, mis en scène par Catherine Marnas, en 2012.
Également metteur en scène, il crée la Comédie anglaise de Jez Butterworth, Mojo, puis Port du casque
obligatoire de Klara Vidic. En 2008, il met en scène, produit et joue avec David Martins un spectacle pour jeune
public Mammouth Toujours !, et L'Histoire du tigre de Dario Fo en 2011.
J
EANNE COHENDY • Guenièvre + Demoiselle sœur de Guinganbrésil
Elle suit une Licence de Lettres modernes à la faculté de Clermont-Ferrand et se forme parallèlement au
théâtre au conservatoire de la même ville (2007-2009) ainsi qu’aux ateliers universitaires auprès de Jean-Luc
Guitton, avec qui elle joue dans des pièces du répertoire russe (Gogol, Boulgakov, Harms). En 2009, elle intègre la
promotion 39 de l'École du TNS. Elle y suit les enseignements de Julie Brochen, Jean-Pierre Vincent et Bernard
Chartreux (qui accompagnent le groupe durant les trois années et mettent en scène leur atelier de sortie en juin
2011), Valère Novarina et Philippe Marioge, Claude Régy, Krystian Lupa, Jean Jourdheuil, Gildas Milin, Laurence
Mayor, Bruno Meyssat, Jean-François Lapalus et Anne Fischer, Hélène Schwaller et Marc Proulx (jeu masqué).
Dans le cadre de sa dernière année de formation, elle joue dans La Poule d'eau de Stanislaw Witkiewicz mis en
scène par Hugues de la Salle, élève metteur en scène. Elle est Charlotte dans Dom Juan mis en scène par Julie
Brochen en 2011, Nazarovna dans Sur la Grand-Route, de Tchekhov, mis en scène par Charles Zévaco en 20112012. Elle joue au cinéma sous la direction de Régis Roinsard dans Populaire et d’Alice Winocour dans Augustine.
J
ULIEN GAUTHIER ** • Yvain
Julien Gauthier débute au Studio 34, dirigé par Philippe Brigaud, puis entre à l’École du Théâtre national de
Chaillot dans les classes de Jean-Claude Durand, Philippe Bouclay et Laurent Serrano.
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
59
Il a écrit et mis en scène Le Rêve tzigane à Clamart. Sacré « jeune talent » avec Jean Marbœuf au Festival de
Cannes 2001, il est aussi nommé pour le prix de la meilleure interprétation masculine aux Lutins des courtsmétrages 2004 avec Far West de Pascal-Alex Vincent. Il intègre l’ENSATT dans la 66e promotion et y travaille avec
Philippe Delaigue, Jerzy Klesyk, Olivier Maurin, Guillaume Delaveau, Simon Delétang et Christian Schiaretti.
Il fait partie de la troupe permanente du TNP et est dirigé par Christian Schiaretti dans Les Visionnaires de Jean
Desmarets de Saint-Sorlin, Par-dessus bord de Michel Vinaver, Coriolan de William Shakespeare, 7 Farces
et Comédies de Molière, Siècle d’or : La Célestine de Fernando de Rojas et Don Juan de Tirso de Molina ; Joseph
d’Arimathie, Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud mis en scène par
Christian Schiaretti en collaboration avec Julie Brochen, Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, Le Grand Théâtre du
monde et Procès en séparation de l’Âme et du Corps de Calderón. Il joue dans La Fable du fils substitué de Luigi
Pirandello mis en scène par Nada Strancar et Figures de Musset : La Coupe et les lèvres, Les Marrons du feu et
On ne badine pas avec l’amour, feuilleton de Christophe Maltot. Il met en espace Les Chiens nous dresseront
de Godefroy Ségal avec les comédiens de la troupe du TNP, dans le cadre du Cercle des lecteurs.
D
AMIEN GOUY ** • Ké + portier
Élève de Fabrice Eberhard et Georges Montillier, il intègre ensuite l'ENSATT promotion 65. De 2006
à 2012, il a fait partie de la troupe permanente du TNP et joue sous la direction de Christian Schiaretti,
notamment dans Coriolan de William Shakespeare, 7 Farces et Comédies de Molière, Par-dessus bord de Michel
Vinaver, Philoctète de Jean-Pierre Siméon, Siècle d’or, Joseph d’Arimathie, première pièce de Graal Théâtre de
Florence Delay et Jacques Roubaud, Ruy Blas de Victor Hugo, Le Laboureur de bohème de Johannes Von Saaz,
Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, Le Grand Théâtre du monde de Pedro Calderón.
Il a également été dirigé par Olivier Borle dans Premières armes de David Mambouch, par William Nadylam
et Bruno Freyssinet dans Stuff Happens de David Hare, ou encore Christophe Maltot dans Figures de Musset.
Il s’est aussi particulièrement impliqué dans le cercle des lecteurs du TNP et a mis en espace Pièce d’hiver, Une
visite au musée de Pedro Kadivar, avec les comédiens de la troupe.
Damien Gouy a également tourné pour la télévision sous la direction de Henri Helman et enregistré des pièces
radiophoniques pour France Culture et France Inter.
Il a déjà signé une première mise en scène avec Ronsard, prince des poètes. Dernièrement, il a monté et joué son
propre spectacle : Je me souviens, d'après Le Roman inachevé de Louis Aragon (repris en janvier 2013 au TNP).
Il est directeur artistique du festival de théâtre « Les Rencontres de Theizé ».
A
NTOINE HAMEL * • Guerrehés + lion
Formé au sein du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, il reçoit parallèlement une formation
musicale auprès d'Alain Zaepfel, Vincent Leterme et Françoise Rondeleux. Durant ses trois années de
formation, il joue dans Prométhée enchaîné d'Eschyle et La Nuit des Rois de Shakespeare mis en scène par
Andrzej Seweryn à la Comédie-Française, La Manie de la villégiature de Goldoni mis en scène par Muriel Mayette,
Les Labdacides autour de Sophocle mis en scène par Joël Jouanneau, Je danse comme Jésus sur le vaste océan
autour de Musset mis en scène par Catherine Hiégel, Le Chant du cygne de Mario Gonzales, Un Songe de
Shakespeare mis en scène par Georges Lavaudant.
À sa sortie, il joue dans Célébration et Le Monte-Plats d'Harold Pinter mis en scène par Alexandre Zeff, VariationsMartin Crimp dans le cadre de la 12e édition de « Paroles d'acteurs » organisé par l'ADAMI et mis en scène par
Joël Jouanneau.
Sous la direction de Julie Brochen, il joue dans Brecht, Eisler, Weill, Le Condamné à mort de Genet, L'Histoire vraie
de la Périchole d'après La Périchole de Jacques Offenbach (Festival d'Aix-en-Provence de juillet 2006), L'Échange
de Claudel, la reprise de La Cagnotte de Labiche au Festival international de Séoul et Dom Juan de Molière. Il est
comédien de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Il interprète Hergood et Il Signor dans Ce qui évolue, ce
qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011 et joue dans Merlin l’enchanteur (Graal
Théâtre) de Florence Delay et Jacques Roubaud dans la co-mise en scène de Julie Brochen et Christian
Schiaretti,créée en 2012 au TNS. Il interprète Le Rouquin la même année dans Sallinger de Bernard-Marie Koltès
mis en scène par Catherine Marnas. Il se produit aussi dans des courts et moyens métrages tels que Enculées de
Laetitia Masson et Ma Belle Rebelle de Jean-Paul Civeyrac (Talents Cannes 2006-ADAMI), ainsi que dans des
pièces radiophoniques diffusées sur France Culture (La Décennie rouge de Michel Deutsch, Les Nouvelles
Confessions de William Boyd, Peter Pan de J.-M. Barrie). À la télévision, il travaille avec Alain Tasma et Christophe
Douchand (Les Bleus-saisons 3 et 4), Stéphane Clavier (L'Épervier), Rodolphe Tissot (Ainsi soient-ils qui reçoit
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
60
le prix de la meilleure série française en 2012) et Edwin Bailly (Quatre garçons dans la nuit, série pour laquelle
il reçoit le prix d'interprétation masculine du Festival de Luchon 2010).
I
VAN HÉRISSON * • Bran de Lis
Il débute le théâtre au lycée Lamartine de Paris. Après un bref passage au cours du soir du théâtre de Chaillot
où il rencontre la dramaturge Nathalie Cau, il rejoint à Agen en 2004 le théâtre du Jour sous la direction de
Pierre Debauche. Il y travaille notamment avec Emmanuel Vérité, Alan Boon, Françoise Danell, Robert Angebaud.
En 2006, il travaille avec François Wastiaux sur une adaptation de Entre les murs de François Bégaudau. En 2007,
il intègre le Jeune théâtre régional d'Orléans sous la direction de Christophe Maltot où il joue dans L'Orestie,
(création du CDN d’Aubervilliers), mis en scène par David Géry avec Caroline Channiolleau, Yann Collette, Maurice
Bénichou. En 2008, il intègre l’École du TNS (groupe 39) sous la direction de Julie Brochen où il rencontre,
notamment, Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux, Valère Novarina et Philippe Marioge, Claude Régy,
Krystian Lupa, Jean Jourdheuil, Gildas Milin, Laurence Mayor, Bruno Meyssat, Jean-François Lapalus et Anne
Fischer, Hélène Schwaller, Jacques Nichet et Marc Proulx (jeu masqué). En 2e et 3e années, il joue sous la direction
de son collègue metteur en scène Hugues de la Salle, dans Faust de Goethe, puis dans La Poule d’eau de Witkiewiecz.
Sous la direction de Julie Brochen, il est Sganarelle dans Dom Juan de Molière (en tournée en 2011-2012).
Il est comédien de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Il interprète Light dans Ce qui évolue, ce qui demeure
de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré (2011). Il joue Joseph d’Arimathie (2011), Merlin l’enchanteur
(2012) dans le Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud sous la direction de Christian Schiaretti et
Julie Brochen.
De février à avril 2013, il interprète le rôle-titre dans la mise en scène de Guillaume Delaveau Torquato Tasso
de Goethe (création Comédie de l’Est, Nanterre-Amandiers).
X
AVIER LEGRAND • Arthur + Demoiselle Déléguée
Xavier Legrand a suivi sa formation au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris dans les
classes de Nada Strancar, Daniel Mesguish, Catherine Hiégel, Georges Lavaudant et Julie Brochen. Il a joué,
entre autres, avec Nicolas Maury dans La Maladie de la Mort de Marguerite Duras, Irina Solano dans La Nuit de
Madame Lucienne de Copi, Alexandre Zeff dans Le Monte-plats et Célébration d’Harold Pinter, Laurent Bazin dans
Fol ou le siècle d’ombres. Il est dirigé par Christian Schiaretti dans plusieurs créations du TNP : Ervart ou les
derniers jours de Frédéric Nietzsche d’Hervé Blutsch, Coriolan de William Shakespeare, Les 5 Comédies de Molière
et Par-dessus Bord de Michel Vinaver. Il a également travaillé avec Jean-Yves Ruf dans Mesure pour Mesure
de William Shakespeare, Cristèle Alvès Meira dans Vénus de Suzan-Lori Parks et Angélique Friant dans Le Laboratorium.
Dernièrement, il a joué Treplev dans La Mouette de Tchekhov mis en scène par Christian Benedetti, spectacle
repris au Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet en septembre 2012. Il interprète le Roi Arthur dans Merlin
l'enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud dans la co-mise en scène de Julie Brochen
et de Christian Schiaretti.
À l’écran, il tourne dans plusieurs courts, longs métrages et téléfilms : Camus de Laurent Jaoui, Les Mains libres
de Brigitte Sy, Tiger Lily de Benoit Cohen, Les amants réguliers de Philippe Garrel, Point de fuite de Nicolas
Lasnibat, La ligne de fuite Alexandre Zeff, Couleur chair de Camille Lugan...
Parallèlement à son activité d'acteur, il développe celles de l'écriture et de la réalisation pour le cinéma. Son
premier film Avant que de tout perdre, avec Léa Drucker, Anne Benoit et Denis Ménochet produit par Alexandre
Gavras. Le film a reçu le Prix du public au festival Premiers-Plans d'Angers 2013 ainsi que le Grand prix du Jury, le
Prix du public, le Prix de la jeunesse et le Prix de la presse Télérama à la 35 e édition du Festival international du
court métrage de Clermont-Ferrand 2013.
D
AVID MARTINS * • Gauvain
Dès sa sortie du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, en 1999, il travaille sous la direction
de Stuart Seide, Jacques Lassalle, Patrice Chéreau, Catherine Hiégel, Victor Gauthier-Martin, Yannis
Kokkos, David Géry, Fred Cacheux... Il navigue comme acteur entre répertoire classique et théâtre contemporain,
théâtre musical et théâtre de rue, au sein du « Collectif des Fiévreux » avec Juan Cocho, ou de la compagnie
« Les Petits Chantiers » avec Bertrand Renard.
Depuis 2008, il est très actif au sein de la compagnie FC, dont il est directeur artistique avec Fred Cacheux. Il crée
et interprète Mammouth Toujours ! en 2009, puis Histoire du Tigre de Dario Fo en 2011. Il intègre la troupe du
TNS en septembre 2011. Il interprète, la même année, Toonelhuis dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Barker,
mis en scène par Fanny Mentré, il est Gauvain dans le Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
61
(2012), il est assistant à la mise en scène et joue dans Whistling Psyche de Sebastian Barry mis en scène par Julie
Brochen (2013).
Au cinéma, il est dirigé par Philippe Garel : Sauvage innocence, Olivier Dahan : La Vie promise, Antoine de
Caunes : Les Morsures de l'aube, Coluche, Pascal Deux : Émilie, Catherine Corsini : Mariée mais pas trop et à la
télévision par Pierre Aknine : Ali Baba et les 40 voleurs, Josée Dayan : Deuxième vérité, Gérard Marx : Blessure
secrète, Éric Summer : La Tête haute, Cavale.
Parallèlement, il écrit et met en scène Laissez venir à moi les petits enfants en 1999, et Hop et Rats en 2003 avec
le compositeur Thierry Pécou au Théâtre du Châtelet. Créateur et agitateur du collectif Cinéma les Fennecs,
regroupement d'acteurs et réalisateurs, il écrit et produit des courts-métrages et des documentaires. Il est très
actif et très engagé sur le terrain de la transmission artistique et de la démocratisation de l'accès à la culture.
C
LÉMENT MORINIÈRE ** • Girflet + Chevalier blessé
Formé à l’ENSATT dans la 65e promotion, il a travaillé notamment, avec France Rousselle, Christian
Schiaretti, Philippe Delaigue, Christophe Perton, Silviu Purcarete, Jerzy Klesyk, Nicolaï Karpov, Giampaolo
Gotti, sur des textes de Maurice Maeterlinck, Anton Tchekhov, William Shakespeare, August Strindberg, Jean
Racine. Il a joué, entre autres, avec Claude Brumachon : L’Ombre des mots, Thomas Canon : Le Moine de Antonin
Artaud, Michel Liard : Britannicus de Jean Racine.
Il fait partie de la troupe permanente du TNP et a été dirigé par Christian Schiaretti dans Coriolan de William
Shakespeare, Par-dessus bord de Michel Vinaver, 7 Farces et Comédies de Molière, Philoctète de Jean-Pierre
Siméon, Siècle d’or : Don Quichotte de Cervantès, La Célestine de Fernando de Rojas et Don Juan de Tirso de
Molina, Ruy Blas de Victor Hugo ; en collaboration avec Julie Brochen : Joseph d’Arimathie et Merlin l’enchanteur
du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud, Le Laboureur de Bohême de Johannes von Saaz, Mai,
juin, juillet de Denis Guénoun, Le Grand Théâtre du monde de Pedro Calderón. Il a travaillé avec Olivier Borle dans
Premières Armes de David Mambouch et Christophe Maltot dans Figures de Musset : La Coupe et les lèvres,
Les Marrons du feu et On ne badine pas avec l’amour. Il a mis en espace Off-shore de Philippe Braz, avec les
comédiens de la troupe du TNP, dans le cadre du Cercle des lecteurs.
C
ÉCILE PÉRICONE * • Dame 1 + Demoiselle qui pleure + tisseuse
Formée au Cours Florent puis à l'École du Théâtre national de Chaillot, elle entre en 2002 au Conservatoire
national supérieur d'art dramatique de Paris. À sa sortie, elle joue Quartett de Heiner Müller sous la
direction de Félicité Chaton et Olivier Coulon au Théâtre de la Vignette à Montpellier. Elle joue sous la direction
de Gloria Paris dans Filumena Marturano d'Eduardo de Fillippo (Théâtre de l'Athénée, 2006), puis plusieurs textes
écrits et mis en scène par Jean-François Mariotti : Gabegie (studio de l'Ermitage et Théâtre du Rond-Point,
2007/2008), Une Histoire du monde (studio de l'Ermitage, 2008), Gabegie Grand Guignol (Montreuil et Ciné
Théâtre 13, 2009). Elle travaille pour la première fois sous la direction de Julie Brochen en 2005 à partir d'extraits
du Condamné à mort de Jean Genet et de Baal de Bertolt Brecht présentés à l'Auditorium du Louvre. Elle la
retrouve l'année suivante pour la création de L'Histoire vraie de la Périchole d'après Offenbach au festival d'art
lyrique d'Aix-en-Provence, puis en 2008 pour incarner Lechy dans L'Échange de Claudel.
Depuis septembre 2009, Cécile Péricone est comédienne de la troupe du TNS. Elle incarne Charlotta Ivanovna
dans La Cerisaie de Tchekhov créé en avril 2010 et Gusman et la Statue du Commandeur dans Dom Juan
de Molière (en tournée à l'automne 2011). Elle interprète Hoik dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard
Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011) joue dans Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence
Delay et Jacques Roubaud, elle est June dans Sallinger de Bernard-Marie Koltès sous la direction de Catherine
Marnas (2012).
J
ULIETTE PLUMECOCQ-MECH • Demoiselle Hideuse
Après trois années au Conservatoire de Bordeaux, Juliette Plumecocq-Mech travaille avec Django Edwards,
les Colombaïoni, puis intègre la troupe du Théâtre du Soleil sous la direction d’Ariane Mnouchkine. C’est à
l’issue de cette aventure qu’elle crée avec Christophe Rauck la compagnie Terrain Vague (Titre Provisoire). Sous la
direction de ce dernier, elle interprète de 1995 à 2012, le juge Azdack dans Le Cercle de craie Caucasien de Bertolt
Brecht au Théâtre du Soleil, Jacques le mélancolique dans Comme il vous plaira de William Shakespeare au
Théâtre de Choisy, Philippe dans Le Théâtre ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovitch, Lancelot dans
Le Dragon de Evgueni Schwartz, Klestakhov dans Le Revizor de Nicolas Gogol au Théâtre du Peuple de Bussang,
La marquise, Le loup dans Le Rire des asticots de Pierre Cami au Théâtre Vidy-Lausanne, Aristarque dans Cœur
Graal Théâtre – Gauvain et le Chevalier Vert
62
ardent de Alexandre Ostrovski, Misséna, l'avocat dans Têtes rondes et têtes pointues de Bertolt Brecht, Franck
dans Cassé de Rémi De Vos créé au TGP Saint-Denis.
Dans le même temps, elle croise d’autres metteurs en scène parmi lesquels, Thierry Roisin pour Dialogues têtus
d'après Giacomo Leopardi, Omar Porras pour Maitre Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht et aussi, Ricardo
Lopez-Munoz avec lequel elle fait plusieurs créations en résidence au Théâtre d’Aulnay-sous-bois, Visiblement
préoccupé par la conscience de l'existence de Daniel Lemahieu, Roméo et Juliette de William Shakespeare.
Elle travaille avec Isabelle Ronayette pour On ne badine pas avec l’amour de Alfred Musset, Esther André pour
Le Génie de la forêt et Orénoque de Emilio Carballido. Elle est Florence Nightingale dans Whistling Psyche
de Sebastian Barry mis en scène par Julie Brochen (2013).
Elle a tourné dans de nombreux courts et longs métrages, notamment, en 2011 et 2012 : Radiostars réalisé par
Romain Lévy, Mon arbre réalisé par Bérénice André ou Scènes de ménage, série TV de M6.
J
ÉRÔME QUINTARD ** • Agravain + Tiébaut de Tintagel + Nautonier
Jérôme Quintard a suivi les cours de l’École du Théâtre National de Chaillot et a intégré la 63 e promotion de
l’ENSATT, où il a suivi les cours de Philippe Delaigue, Christian Schiaretti, Michel Raskine, Sergueï Golomazov,
Jerzy Klezyk…
Il fait partie de la troupe du TNP où il joue sous la direction de Christian Schiaretti dans L’Opéra de quat’sous
de Bertolt Brecht et Kurt Weill, Père de August Strindberg, Le Petit Ordinaire de Jean-Pierre Siméon, Don Cristobal
de Federico Garcia Lorca, L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel, Coriolan de William Shakespeare, Par-dessus
bord de Michel Vinaver, 7 Farces et Comédies de Molière, Siècle d’or : Don Quichotte de Cervantès, La Célestine
de Fernando de Rojas et Don Juan de Tirso de Molina ; Joseph d’Arimathie et Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre
de Florence Delay et Jacques Roubaud en collaboration avec Julie Brochen ; Mai, juin, juillet de Denis Guénoun.
Il a travaillé avec Olivier Borle dans Premières Armes de David Mambouch, avec Nathalie Garraud dans Les Européens
de Howard Barker et avec Christophe Maltot dans Figures de Musset : La Coupe et les lèvres, Les Marrons du feu
et On ne badine pas avec l’amour.
Il met en scène Couple ouvert à deux battants de Dario Fo et Franca Rame pour le Festival mise en capsules 2010
au Ciné 13. En 2011, il crée avec Ophélie Kern la Compagnie du Vieux Singe et joue dans le premier spectacle
La Soupe et les nuages et autres poèmes en prose de Charles Baudelaire inspiré du Spleen de Paris, mis en scène
par Ophélie Kern.
Y
ASMINA REMIL ** • Petites Manches + Clarissant
Dès son adolescence, après la réalisation de plusieurs courts-métrages qui sont l’occasion pour Yasmina
Remil de s’initier à la caméra, au son, au montage et au jeu d’acteur, elle effectue de nombreux stages
cinématographiques et suit parallèlement des cours d’improvisation théâtrale. En 2001, elle est sélectionnée au
« Match des étoilés » (improvisation), pour lequel elle représente le canton de Vaud, en Suisse. En 2005, tout en
participant à des stages avec Michel Voïta et Benoît Blampin, elle rejoint le Conservatoire pré-professionnel de
Genève. En 2006, elle intègre la promotion 68 de l’ENSATT. Elle est dirigée par Christian Schiaretti dans Jeanne
d’Arc de Charles Peguy, La Troade et Hippolyte de Robert Garnier, par Bernard Sobel dans Cymbeline de William
Shakespeare et par Alain Françon dans Les Ennemis de Maxime Gorki. Elle fonde, en 2009, avec les camarades de
sa promotion la compagnie La Nouvelle Fabrique à Lyon. Depuis 2010, elle fait partie de la troupe du TNP et joue
dans Figures de Musset : La Coupe et les lèvres, Les Marrons du feu et On ne badine pas avec l’amour, feuilleton
de Christophe Maltot, et dans Siècle d’or : Don Quichotte de Cervantès, La Célestine de Fernando de Rojas et Don
Juan de Tirso de Molina, Joseph d’Arimathie et Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques
Roubaud en collaboration avec Julie Brochen, Ruy Blas de Victor Hugo et Mai, juin, juillet de Denis Guénoun,
Le Grand Théâtre du monde et Procès en séparation de l’Âme et du Corps de Pedro Calderón. En 2011, elle
participe avec la Compagnie du vieux Singe à La Soupe et les nuages et autres poèmes en prose de Charles Baudelaire
inspiré du Spleen de Paris, mis en scène par Ophélie Kern.
J
ULIETTE RIZOUD ** • Demoiselle Moqueuse + Demoiselle de la Pire Aventure
Elle a suivi les cours de l’École préparatoire de la Comédie de Saint-Étienne dans les classes de Louis Bonnet,
Éric Massé, Jean-Pierre Laurent… Elle a également étudié la danse contemporaine avec Irina Radkiewitch
(ancienne soliste des Ballets Roland Petit). En 2004, elle entre à l’ENSATT dans la 66e promotion. Elle y travaille
avec Jerzy Klesyk, Christian Schiaretti, Philippe Delaigue, Guillaume Delaveau, Simon Delétang, Olivier Maurin,
Giampaolo Gotti, sur des œuvres de Jean Desmarets de Saint-Sorlin, William Shakespeare, Anton Tchekhov,
Jean Racine, Francis Scott Fitzgerald, Oriza Hirata ainsi que sur des textes d’écrivains de l’ENSATT.
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Après sa formation, elle a joué dans Les Bonnes de Jean Genet mis en scène par Éric Massé, Le Songe d’une nuit
d’été de William Shakespeare mis en scène par Vincianne Regattieri et dans Vies, ballet contemporain de Thierry
Thieû Niang.
Depuis le début de la saison 2007/2008, elle fait partie de la troupe permanente du TNP et a été dirigée par
Christian Schiaretti dans Les Visionnaires de Jean Desmarets de Saint-Sorlin, Par-dessus bord de Michel Vinaver,
Le Dépit amoureux ; L’Étourdi ou les contretemps de Molière, La Jeanne de Delteil, Don Quichotte de Cervantès,
Joseph d’Arimathie du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud et sous la direction de Nada Strancar
dans La Fable du fils substitué de Luigi Pirandello. Dans Ruy Blas de Victor Hugo, elle est dirigée par Christian
Schiaretti ainsi que dans Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, Le Grand Théâtre du monde et Procès en séparation
de l’Âme et du Corps de Pedro Calderón. Elle joue également dans L’Extravagant Monsieur Jourdain de Mikhaïl
Boulgakov, mise en scène Grégoire Ingold et dans Figures de Musset : La Coupe et les lèvres, Les Marrons du feu
et On ne badine pas avec l’amour, feuilleton de Christophe Maltot.
J
ULIEN TIPHAINE ** • Chevalier Vert + Lord Bercilak
Julien Tiphaine a intégré la 65e promotion de l’ENSATT où il a travaillé sur des textes de Sénèque, William
Shakespeare, Maurice Maeterlinck, Anton Tchekhov, Jean Racine, August Strindberg, Marivaux, avec
notamment, Philippe Delaigue, Giampaolo Gotti, Christian Schiaretti, Jerzy Klesyk, Christophe Perton et Silviu
Purcarete.
Il a joué dans Baal de Bertolt Brecht, mis en scène Sylvain Creuzevault à l’Odéon. Il fait partie de la troupe du TNP
et a été dirigé par Christian Schiaretti dans Coriolan de William Shakespeare, Par-dessus bord de Michel Vinaver,
7 Farces et Comédies de Molière, Philoctète de Jean-Pierre Siméon, Joseph d’Arimathie et Merlin l’enchanteur du
Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud, en collaboration avec Julie Brochen, et Ruy Blas de Victor
Hugo. Il a interprété le rôle-titre dans Don Juan de Tirso de Molina, mise en scène Christian Schiaretti et joué dans
Premières Armes de David Mambouch, mise en scène Olivier Borle. Il a mis en espace Les Conséquences du vent
(dans le Finistère Nord) de Tanguy Viel et La Carte du temps de Naomie Wallace, avec les comédiens de la troupe
du TNP, dans le cadre du Cercle des lecteurs.
C
LÉMENTINE VERDIER ** • Flore de Lis + Anna
Clémentine Verdier est issue de la 65e promotion de l’ENSATT. Elle y a notamment travaillé avec
Jerzy Klesyk, Christian Schiaretti, Philippe Delaigue, Giampaolo Gotti, Silviu Purcarete et Christophe Perton.
Elle y a mis en scène Pétrarque/kamikaze de Lancelot Hamelin et Du Sang sur le cou du chat de Rainer Werner
Fassbinder.
Elle fait partie de la troupe du TNP avec qui elle joue dans Coriolan de William Shakespeare, Par-dessus bord
de Michel Vinaver, 7 Farces et Comédies de Molière, Siècle d’or : Don Quichotte de Cervantès, La Célestine
de Fernando de Rojas et Don Juan de Tirso de Molina ; Merlin l’enchanteur du Graal Théâtre de Florence Delay
et Jacques Roubaud, avec la collaboration de Julie Brochen ; Le Procès en séparation de l’Âme et du Corps
de Calderón, Mademoiselle Julie de August Strindberg, mis en scène par Christian Schiaretti, ainsi que dans
Premières Armes de David Mambouch mis en scène par Olivier Borle, Les Chiens nous dresseront de Godefroy
Segal mis en scène par Julien Gauthier, La Fable du fils substitué de Luigi Pirandello mis en scène par Nada Strancar.
En 2012, elle joue sous la direction de Guy Pierre Couleau dans Maître Puntila et son Valet Matti de Bertolt Brecht.
Elle a mis en espace Te tenir à jour de Pierre Eugene Dablaer et Tragédie sémite de Simon Zaleski, et a été
l’assistante de Christian Schiaretti pour Jeanne de Joseph Delteil. Parallèlement, elle a joué dans Vers les démons,
d’après Dostoïevski et Camus, mise en scène Giampaolo Gotti (travail avec Anatoli Vassiliev), dans Pit Bull
de Lionel Spycher, mise en scène Mohamed Brikat et dans La Sublime Revanche, mise en scène Camille Germser.
Elle a mis en lecture Cher Papa, souvenirs de Belgrade de Milena Bogavac, au Théâtre des Ateliers-Lyon, et a
co-signé la mise en scène de Quatre heures à Chatila de Jean Genet avec Mohamed Brikat et Marie Fernandez.
Elle travaille actuellement à la préparation d’un spectacle sur le texte Paul(s) To The Stars de Lancelot Hamelin.
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Autres activités
LECTURE PUBLIQUE
Deuxième et dernier rendez-vous de la saison du Comité de lecture du TNS.
Composé de Muriel Inès Amat, Fred Cacheux, Antoine Hamel, Ivan Hérisson, David Martins, Cécile Péricone
(comédiens de la troupe du TNS), Hélène Schwaller, Fatima Soualhia-Manet (Comédiennes), Adrien de van
(comédien/metteur en scène), Jean-François Michel (menuisier des ateliers du TNS), Thomas Pondevie (élève
dramaturge du Groupe 41) et de Fanny Mentré, auteur associée, ce comité permet d’ouvrir une fenêtre sur des
auteurs contemporains et par là de découvrir la singularité de leur écriture et leurs questionnements.
Date et horaire Samedi 29 juin 2013 à 20h
Salle Gignoux
Réservation obligatoire 03 88 24 88 00
L’École du TNS
ATELIER-SPECTACLE DE SORTIE DU GROUPE 40 (3e ANNEE)
LES ESTIVANTS
De Maxime Gorki • Adaptation de Michel Vinaver • Dirigé par Alain Françon et Guillaume Lévêque
Après avoir dirigé les élèves du Groupe 36 dans Les Enfants du Soleil de Maxime Gorki en 2007, Alain Françon, en
collaboration avec Guillaume Lévêque, retrouve à la fois l’École et l’auteur russe pour Les Estivants adaptés par
Michel Vinaver. Cet atelier-spectacle sera le dernier des élèves du Groupe 40 qu’Alain Françon a participé à recruter.
Dates du mardi 4 au samedi 8 juin 2013
Horaires 20h
Salle Gignoux
Reprise à Paris La Colline-Théâtre national du 19 au 22 juin 2013.
Entrée libre sur réservation au 03 88 24 88 00
Dans le même temps
8e ÉDITION DU FESTIVAL PREMIÈRES à KARLSRUHE (Allemagne)
En collaboration avec Le Maillon, Théâtre de Strasbourg et le Badisches Staatstheater
Après sept éditions à Strasbourg, le festival Premières, qui présente les premières œuvres de jeunes metteurs en
scène européens au tout début de leur parcours professionnel, franchit le Rhin et se tient cette année à
Karlsruhe. Le Badisches Staatstheater a, en effet, apporté son adhésion pleine et entière à ce projet. Ensemble,
nous avons convenu d’alterner chaque année la tenue du festival Premières dans l’une et l’autre ville, renforçant
ainsi son identité européenne. Le Landesstiftung Bade-Wurtemberg et la ville de Karlsruhe nous ont assurés de
leur soutien, désormais aux côtés de la Ville de Strasbourg, du Ministère de la Culture, de la Région Alsace, du
Département du Bas-Rhin et de la Fondation Kronenbourg.
Le festival Premières, qui se veut le témoin de l’actualité et de la diversité de la jeune mise en scène européenne,
s’affirme ainsi concrètement au cœur de l’Europe, au cœur de l’espace rhénan. Dix spectacles venus de huit pays
européens, mais déjà, les nationalités se brouillent, les textes de référence s’échangent, les regards de chacun sur
le monde s’entrecroisent : une histoire commune peut-être ici s’engage...
Julie Brochen, directrice du Théâtre National de Strasbourg et de son École
Bernard Fleury, directeur du Maillon, Théâtre de Strasbourg
Peter Spuhler, directeur général du Badisches Staatstheater de Karlsruhe
Dates du jeudi 6 au dimanche 9 juin 2013
Détails de la programmation www.festivalpremieres.eu
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