La reconversion professionnelle: un défi délicat pour les sportifs d`élite

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sport et économie
ENTREPRISE ROMANDE
22 novembre 2013
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sport et économie
La reconversion professionnelle:
un défi délicat pour les sportifs d’élite
LE PROJET DE VIE
DE SERGEI ASCHWANDEN
Le parcours de Sergei Aschwanden ne reflète pas les difficultés
rencontrées par d’autres sportifs
Ces difficultés rencontrées par
Sergei Aschwanden – alors que
celui-ci, fort déjà de sa notoriété,
a mis toutes les chances de son
côté pour réussir au mieux sa
reconversion professionnelle –
symbolisent l’importance des
murs qui se dressent face aux
ex-athlètes suisses lorsqu’ils
souhaitent trouver un nouveau
métier. Sergei Aschwanden
convient toutefois qu’il existe
bien quelques dispositifs mis en
place par les fédérations sportives et les pouvoirs publics pour
faciliter la reconversion professionnelle des sportifs de haut
niveau, mais ces aides ne sont
pas assez nombreuses et, surtout,
elles interviennent trop tard.
«Il faut agir en amont, inciter les
jeunes sportifs à se former dès le
début en suivant un apprentissage ou en obtenant une maturité. Plus tard, quelques années
avant l’arrêt des compétitions,
l’entourage des athlètes devrait
les pousser à penser à leur «projet de vie» futur et les aider à atteindre un nouveau but. Plus globalement, je crois que beaucoup
des lacunes constatées dans
l’accompagnement des sportifs
en fin de carrière viennent d’un
manque général de reconnaissance du sport d’élite en Suisse.
La définition même d’un sportif de haut niveau n’est pas très
claire dans notre pays. En France,
pour prendre l’exemple d’une
nation voisine, une liste précise
des athlètes considérés comme
«sportifs de haut niveau» existe.
Une définition de ce qu’est une
activité sportive de haut niveau
préside à la tenue de ce recensement, géré par le Ministère char-
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gé des sports. Cette démarche est
positive, car elle contribue à la
valorisation des vocations sportives, qui sont envisagées comme
des carrières à part entière, et,
partant, elle facilite aussi les possibilités de reconversion.»
fonds fédéral devrait permettre
de payer un apprentissage ou
des études aux sportifs sur la
base de conditions à définir.Voilà un ensemble de mesures qui
traduiraient une forte volonté
politique de changer les choses!
L’argent pour soutenir cette
ambition est là. Il circule au
sein des organisations faîtières
qui, pour certaines, pourraient
investir dans le futur des athlètes
plutôt que dans des bâtiments
prestigieux».
LE PROGRAMME
DE SWISS OLYMPIC
Swiss Olympic, l’association faîtière des fédérations sportives
suisses, établit sur d’autres critères une liste des détenteurs
des «Swiss olympic cards». Surtout, elle offre – mais beaucoup
considèrent que ce n’est pas
assez – aux meilleurs athlètes
nationaux un programme particulier d’aide à la reconversion
professionnelle, le Swiss Olympic Athlete Career Programme
(ACP). Fruit d’un partenariat né
en 2005 avec le prestataire de
services en personnel Adecco,
ce dispositif propose des prestations gratuites, avec pour objectif d’aider les sportifs – jusqu’à
un an après leur retrait de la
compétition – à concilier sport,
formation, vie professionnelle et
environnement social.
Claudia Kaufmann est responsable de l’ACP chez Adecco. Elle
explique: «Nous mettons notre
savoir-faire ainsi que nos réseaux au service de Swiss Olympic et des sportifs. Adecco soutient ainsi chaque participant
en lui faisant bénéficier d’un
suivi spécifique. Les athlètes et
les entraîneurs peuvent, entre
autres mesures, tester l’état de
leurs connaissances professionnelles et leurs éventuels besoins
en formation, ainsi qu’évaluer
leurs chances sur le marché
du travail. Nous avons en outre
des services internes spécialisés
qui peuvent être mobilisés pour
effectuer une analyse de personnalité plus précise».
Pour Claudia Kaufmann, l’ACP
est une réussite et il «facilite
considérablement le passage
vers le monde professionnel».
Cet enthousiasme n’empêche
pas la responsable d’Adecco de
regarder la réalité en face et de
constater que «l'intégration dans
le monde du travail est difficile,
surtout pour les athlètes qui
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lors de leur reconversion professionnelle. Le judoka, médaillé
de bronze en moins de 90 kg
aux Jeux olympiques de Pékin
en 2008, a pris soin de préparer
son «projet de vie» longtemps à
l’avance. «Je n’aime pas l’expression «faire le deuil de sa carrière
sportive» avant de passer à une
autre aventure, professionnelle
cette fois. Il existe au contraire
une continuité entre les différentes étapes de ma vie, qui correspondent à un projet global.
Alors que j’étais encore judoka,
j’ai entamé les démarches pour
reprendre mes études universitaires.» Titulaire d’un Master en
management du sport à l’Université de Lausanne depuis cet été,
il a très vite trouvé un emploi à
sa mesure: depuis le 1er octobre,
il dirige le Centre des sports de
Villars. Cet organisme gère les infrastructures sportives (piscine,
tennis, patinoire) de la station
vaudoise. Tout semble s’enchaîner naturellement dans la stratégie professionnelle imaginée
par Sergei Aschwanden, comme
lors d’un combat de judo bien
mené. Pourtant, même cette histoire si bien écrite comporte des
failles: «Je recherche un travail
depuis le début de l’année 2013
et l’obtention de mon emploi
actuel est le fruit de nombreux
entretiens et d’autres processus
de sélection. Rien ne m’a été
donné. Et pour l’anecdote, au
début de mes postulations, j’ai
connu quelques désillusions:
des postes qui semblaient faits
pour moi, dans le monde sportif
notamment, me sont passés sous
le nez sans que je comprenne
les raisons de ces échecs».
Gregory tesnier
photo stefan schurr
On comprend les difficultés
particulières qu’ils rencontrent,
eux qui ont été ovationnés par
le public, eux qui ont porté les
couleurs nationales avec fierté,
eux qui aujourd’hui retournent,
pour beaucoup, dans l’anonymat. Le retour à la banale réalité
quotidienne n’est pas toujours
simple à réaliser pour ceux qui
ont tutoyé la gloire, ou du moins
goûté aux montées d’adrénaline et aux broncas des stades.
A cela s’ajoutent d’autres soucis:
d’une part, les dispositifs de soutien pour la reconversion mis en
place par les fédérations ou par
les pouvoirs publics restent trop
peu nombreux et, d’autre part,
les entreprises suisses se méfient lorsqu’elles reçoivent le CV
d’un trentenaire indiquant cinq,
huit ou dix ans d’implication
dans un sport de haut niveau.
Cette expérience ne leur apparaît pas comme un atout, mais
comme un handicap, comme
un trop long éloignement des
préoccupations du monde professionnel! Voilà certainement
une position dépourvue de
fair-play, tant les ex-athlètes, s’ils
manquent parfois de compétences pratiques validées par
une école ou par une université,
possèdent pour la plupart des
qualités humaines rares chez
d’autres personnes et qui ne
demandent qu’à s’exprimer au
service de l’économie ou de la
communauté.
QUAND LE SPORTIF a atteint des sommets, le grand saut dans la vie professionnelle n’est pas toujours aisé.
n'ont pas été formés». En outre,
les sportifs penseraient à l’aprèscompétition bien trop tard – ce
qui rejoint le diagnostic de Sergei Aschwanden –, surtout ceux
issus d’une activité très professionnalisée comme le football
ou le hockey, où l’argent et les
salaires confortables n’invitent
peut-être pas à la réflexion poussée sur un avenir qui paraît lointain et, surtout, plus difficile.
VOLONTÉ POLITIQUE TROP FAIBLE
Les athlètes ont certainement
une grande part de responsabili-
Une fin de carrière
peut être volontaire ou non!
Plusieurs facteurs poussent un sportif à stopper la compétition de haut
niveau:
a Baisse de la performance
a Age (dès 25 ans dans certains sports)
a Blessures
a Fin de contrat
a Faillite d’un club
a Motifs familiaux
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té dans le fait de préparer correctement ou non leur après-carrière
sportive, mais cette responsabilité n’est pas totale, comme le
soulignent Sergei Aschwanden,
mais aussi l’ex-footballeur Christophe Bonvin ou l’ex-escrimeuse
Sophie Lamon, d’autres sportifs
qui ont réussi leur reconversion
(lire article en page 7). Bernard
Briguet, directeur pour la Suisse
romande de l’Association suisse
des cadres (ASC), est du même
avis. «Les dispositifs actuellement
en place, comme ceux de Swiss
Olympic, ne sont pas assez nom-
Vente à l’Emporter
De nos Produits
Member of TIAG, The International Accounting Group
7
Sophie Lamon et Christophe Bonvin:
deux parcours gagnants
«Ce que nous vivons en tant que sportifs de haut niveau demeure unique. Aucune autre activité professionnelle ne procure de telles sensations, de telles joies, de tels bonheurs. De l’immense investissement personnel consenti pour s’entraîner chaque jour sans relâche aux
intenses émotions ressenties lors des compétitions, tout cela constitue un vécu inégalable.» Voilà en substance ce que disent de nombreux ex-athlètes d’élite au sortir de leur «première carrière» et lorsqu’ils abordent la délicate question de leur reconversion professionnelle.
un dossier réalisé par
ENTREPRISE ROMANDE
22 novembre 2013
breux. La problématique de la
reconversion n’est pas suffisamment prise au sérieux par les
responsables politiques et associatifs. Il faudrait beaucoup plus
de moyens et, surtout, plus d’ambition. Les sportifs ne doivent pas
être lâchés après avoir consacré
dix ou douze ans aux compétitions de haut niveau, où ils ont
souvent défendu avec honneur
les couleurs nationales!»
Ce diplômé en management
du sport de l’Institut de hautes
études
en
administration
publique (IDHEAP), député
du district de Sierre, consacre
beaucoup d’énergie à défendre
ses idées. Le sujet le passionne.
Sous son impulsion, l’ASC propose depuis quelques années
des conseils de carrière aux
ex-athlètes et les oriente vers
telle formation ou telle possibilité d’emploi. Elle offre aussi des
possibilités pour faire valider les
acquis des sportifs. «Même si ce
ne sont que trois ou quatre exathlètes qui nous consultent
chaque année et que cette démarche reste accessoire pour
notre association, symboliquement, notre action est forte.»
Bernard Briguet a également,
dans son activité politique valaisanne, souhaité l’instauration
d’un fonds cantonal de reconversion pour les sportifs. Une
initiative qui n’a pas rencontré
l’adhésion des autres députés,
à sa grande déception. Pourtant,
il martèle: «Swiss Olympic, le
Département fédéral du sport,
voire les fédérations, devraient
mettre en place un réel concept
d’aide à la reconversion avec un
encadrement psychologique, un
suivi, de la formation, des stages,
etc. Une douzaine de personnes,
au niveau suisse, ne devrait travailler qu’à cela. En outre, un
L’attaque est sévère, mais elle traduit davantage une réelle déception face à «l’inertie ambiante» et
aux difficultés rencontrées par
les ex-athlètes plutôt qu’un désir
de médire. Surtout, Bernard Briguet rêve d’une culture sportive
enfin prise au sérieux en Suisse,
non seulement par l’ensemble
de la population, mais encore
par le monde économique. Car
c’est là aussi que le bât blesse: les
entreprises demeurent hermétiques aux qualités et aux compétences des ex-sportifs de haut
niveau. Ces derniers possèdent
souvent un caractère affirmé,
un dynamisme précieux, une
force de travail au-dessus de la
moyenne, une ouverture d’esprit,
une motivation à toute épreuve,
une concentration inépuisable,
une grande endurance, etc. Mais
tout cela n’a que peu de valeur
pour les employeurs, face aux diplômes – non encore obtenus –
et à l’expérience professionnelle
– inexistante.
Claudia Kaufmann partage l’avis
de Bernard Briguet et souhaite
également que les entreprises
s’ouvrent davantage aux profils
de candidats différents, élargissant ainsi leurs critères d’engagement. «Adecco encourage les
employeurs potentiels à prendre
conscience des capacités professionnelles des anciens sportifs de
haut niveau. Parallèlement à leur
carrière sportive, de nombreux
athlètes ont effectué une formation professionnelle ou ont suivi
des études, montrant ainsi leur
extrême flexibilité et leur grande
endurance. En engageant des
athlètes de haut niveau, que ce
soit pendant ou à la suite de leur
carrière sportive, les entreprises
peuvent en outre se positionner
comme des partenaires engagés
socialement, qui encouragent les
performances et le sport d’élite
en Suisse.» Bernard Briguet ne
dit pas autre chose et prend
l’exemple de la fondeuse vaudoise et médaillée olympique
Laurence Rochat pour étayer
son propos. Cette dernière a toujours gardé un pied dans une
entreprise à raison de 20% à 30%
sur l’année. «Ainsi, elle a grandement facilité ses perspectives
de reconversion. Il faudrait que
l’économie dans son ensemble
soit plus ouverte à ce genre de
collaboration. Engager un sportif
d’élite constitue un pari gagnant
pour une entreprise!» n
Voilà deux histoires de reconversions professionnelles
réussies. L’ex-escrimeuse et
médaillée olympique (Jeux
olympiques de Sydney en
2000) Sophie Lamon, 28 ans, et
l’ex-footballeur (45 sélections
en équipe nationale) Christophe Bonvin, 48 ans, ont chacun des parcours exemplaires.
Sophie Lamon d’abord. Elle a
arrêté sa carrière en 2010, à la
suite de problèmes de santé.
Elle occupe aujourd’hui le
poste de manager sportif de
la Fédération suisse d'escrime.
Elle explique les étapes de sa
reconversion: «J’ai toujours
géré de front le sport et mes
études, jusqu’à obtenir un Master en sports, management et
économie. Parfois, ce choix a
été éprouvant physiquement,
mais je ne l’ai pas regretté. Au
sortir de ma carrière d’escrimeuse, ma reconversion a
été plus simple». Christophe
Bonvin, lui, a cessé de marquer
des buts au niveau professionnel dès 1997. Il est devenu directeur adjoint de l'entreprise
Charles Bonvin SA, à Sion.
«Lorsque j’ai arrêté le football, l’aide à la reconversion
était inexistante. J’ai donc fait
moi-même un bilan de compétences. Ensuite, j’ai choisi
pendant deux ans d’étudier les
possibilités d’inscrire la suite
de ma carrière dans les métiers
du vin, un domaine qui me passionnait depuis longtemps. J’ai
pris mon temps pour ne pas
faire le mauvais choix, mais le
nouveau défi qui m’attendait
m’a permis de quitter l’univers
du football sans regrets et uniquement avec des souvenirs
fantastiques en tête.»
Et là, Christophe Bonvin parle
de Wembley, des stades pleins
à craquer, de l’hymne national
qui retentit… Mais il explique
aussi que son entourage a joué
un rôle essentiel pour ne pas
sombrer dans une nostalgie
malsaine, pour faire le deuil
de ses années de footballeur
et pour se réjouir pleinement
de nouveaux défis à venir. «Ma
famille, mes amis et même
certains responsables sportifs
m’ont offert un soutien indispensable.»
L’IMPORTANCE
DE L’ENTOURAGE
Sophie Lamon insiste elle aussi
sur l’importance de l’entourage dans la vie d’un sportif
de haut niveau et dans son
accompagnement vers une reconversion réussie. Est-ce à dire
que les organisations faîtières
du football ou de l’escrime
délaissent leurs athlètes lors de
cette étape cruciale? «Il existe
des mesures et je connais par
exemple le Swiss Olympic Athlete Career Programme (ACP).
Mais donner plus d’informations au sujet de la reconversion professionnelle, et ce dès
le plus jeune âge, est souhaitable», souligne Sophie Lamon,
pour qui, toutefois, le sportif
de haut niveau doit «savoir
se prendre en charge». Pour
sa part, Christophe Bonvin
confirme avec humour que
l’Association suisse de football ne l’a pas aidé autrement
qu’en approuvant le choix
CHRISTOPHE BONVIN. Des terrains
de foot à la vigne: exemple d’une
reconversion réussie.
de son nouveau métier et en
achetant, pendant plusieurs
années tout de même, des bouteilles chez Charles Bonvin en
prévision des repas prévus
pour les assemblées générales
de l’organisation! Et l’ancien
footballeur de signaler encore:
«L’athlète d’élite qui arrête la
compétition doit obligatoirement savoir ce qu’il souhaite
pour la suite, car personne ne
viendra vraiment l’épauler, mis
à part son entourage immédiat» n.
La performance dans la performance
Vous enfilez votre beau costume sportif et vos chaussures de compétition pour aller faire votre jogging matinal? Vous êtes
en réalité un précieux rouage de l’économie.
Maurice Satineau
Beaucoup de sociologues
admettent que le sport - sans
même parler de compétition
- satisfait un besoin humain
et qu’il consomme des ressources: installations, transports, accessoires, matériels,
soins divers et assurances.
L’envie de se dépasser ou
de s’amuser est un secteur
d’activité à part entière. De la
finale internationale aux produits dérivés, du club local à
la société anonyme chargée
d’un événement, sans oublier
la médiatisation, l’activité
sportive engendre une performance économique en plus
de la performance physique.
L’effet n’est jamais simple à
calculer, entre les sponsors qui
rechignent légitimement à dévoiler leurs avantages globaux,
les interventions de l’Etat via
les subventions, les méthodes
de calculs qui varient d’un
pays, voire d’une fédération,
à l’autre. Pour être complet, il
faudrait encore quantifier les
bénéfices socio-économiques
que la collectivité retire des
pistes d’entraînement et des
salles de gym du point de vue
de la santé, de l’éducation et
de la socialisation de chacun.
Directeur général du Comité International Olympique (CIO),
Christophe de Kepper ne sousestime pas les investissements
indispensables pour les jeux
olympiques. «Ils peuvent avoir
un réel impact économique
bénéfique sur le long terme,
s’ils sont judicieusement choisis par le politique.» Après la
grande fête des chronos, Barcelone a vu le nombre de ses
visiteurs annuels passer de 1,7
à 7 millions. Au niveau mondial, le sport draine environ
120 milliards de dollars de re-
venus. Les survêtements entrent
forcément dans le champ de
la politique économique. Cinquante-sept fédérations sportives sont présentes dans le canton de Vaud, «soit environ mille
trois cent trente-cinq emplois
directs. On s’inquiète légitimement de la perte de trois cents
postes industriels si une usine
ferme», tonne le conseiller
d’Etat vaudois Philippe Leuba,
«mais n’oublions pas qu’une
ville comme Singapour fait des
offres très agressives pour séduire les acteurs sportifs. C’est
aussi un enjeu national pour la
Suisse».
L’INNOVATION SUR LE PODIUM
Au niveau vaudois et avec
des répercussions plus larges,
l’arme secrète s’appelle le
cluster du sport. Devant voir le
jour dans les deux ans à venir
sur le campus universitaire
lausannois, ce vaste bâtiment
va réunir les milieux sportifs,
les industriels concernés et
les spécialistes de la santé afin
de maximiser les synergies et
les innovations. Cette perspective intéresse particulièrement
Décision SA. Basée à Ecublens,
cette PME d’une quarantaine
de personnes a développé des
matériaux composites pour
de gros défis sportifs, tels que
le bateau Alinghi. Ses connaissances ont été mises à profit
pour réaliser des parois radiotransparentes installées au
centre de Swisscom au sommet
du Säntis, et pour un plafond
en diaphragme mobile dans la
salle de conférence d’un grand
horloger genevois.Vers 2030, un
voyage vers Mars est prévu avec
des astronautes. De son côté,
le Centre suisse d’électronique
et de microtechnique travaille
sur des vêtements intelligents,
capables de transmettre toutes
les données vitales du corps
humain. Il a déjà mis au point
de telles panoplies légères pour
divers sportifs. Ils sont ainsi suivis en temps réel par leur entraîneur. La technologie helvétique
pourrait traverser l’espace
après-demain. «Un jour, ces
outils seront accessibles pour
chacun d’entre nous, qu’il soit
sportif ou pas», a prédit le viceprésident du CSEM Georges
Kostrotsios lors du vingt et
unième Forum de l’économie,
réuni en septembre au Comptoir suisse, à Lausanne. n
HÔTE DES JEUX OLYMPIQUES d’été en 1992, Barcelone a consenti de gros investissements pour remodeler son
paysage urbain (ici: Port Olympique). Une stratégie gagnante: le nombre de ses visiteurs a connu depuis une forte
progression.
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