In Memoriam Philippe Lavenu
Philippe Lavenu, né le 4 juillet 1954 à Cherbourg, est décédé dans la nuit du samedi au dimanche
14 septembre 2014, à Montreuil-sur-Lozon, entre Saint-Lô et Coutances, dans sa maison lumineuse en
bois peinte en bleu dont il avait conçu lui-même les plans, et où il passait sa retraite après avoir
enseigné de nombreuses années comme instituteur à Sainte-Suzanne-sur-Vire. Astrologue très brillant
et ésotériste profond, marqué par l’œuvre de René Guénon, Philippe Lavenu avait été longtemps
l’élève d’Hadès ; il se distinguait par une mémoire fabuleuse des thèmes et par une impressionnante
capacité à jongler avec les symboles. Il avait l’art de lire et d’interpréter un monde qui s’enfonce de
plus en plus dans les tourments et les ténèbres d’une fin de cycle à la lumière des symboles
traditionnels appliqués aux réalités les plus contemporaines – don appréciable qu’il m’a été donné de
rencontrer également chez un autre virtuose du symbole, Paul-Georges Sansonetti.
En tant qu’astrologue, Philippe Lavenu a publié de nombreux articles dans la revue d’André
Barbault, L’Astrologue, en particulier des études sur des compositeurs – il appréciait hautement la
musique baroque ainsi que l’œuvre de Haendel. Il n’a malheureusement par réuni dans un ouvrage qui
aurait pu être marquant le fruit de ses multiples recherches ; il a cependant introduit à la connaissance
de l’astrologie plusieurs personnes de sa région, donnant régulièrement des cours très appréciés, et il a
organisé, au début des années 1990, plusieurs séminaires avec le concours de Claude Mirieu de la
Barre (habitant à Entrammes, au bord de la Mayenne), auxquels participa Jean Phaure et où il me fit
l’honneur de m’inviter en qualité de spécialiste de l’astrologie mondiale et de la cyclologie
traditionnelle.
Dans le domaine de l’ésotérisme, il nous a laissé un ouvrage,
paru chez Trédaniel en 1986, sous le titre L’Esotérisme du Graal.
Secret du Mont Saint-Michel, avec une préface de Jean Phaure et
une postface de Jean-Charles Payen, qui enseignait alors la
littérature française du Moyen-Âge à l’Université de Caen. Dans un
de ses cours, donné à Paris le 28 février 1985, Jean Phaure avait
présenté son livre et avait, à cette occasion, rédigé la préface dans
laquelle il exprime son bonheur de voir une démonstration de la
fécondité de la géographie sacrée, que Philippe Lavenu appliquait au Mont Saint-Michel, tout en
décryptant les personnages de la Quête du Graal au travers de l’étoilement des six axes composés par
les signes complémentaires du Zodiaque. Quant à la postface très bienveillante de Jean-Charles Payen,
elle témoignait de l’intérêt porté par un romaniste à une œuvre qui considérait comme un savoir positif
l’alchimie ou l’astrologie, cultivées par le Moyen-Âge – ouverture d’esprit assez peu répandue dans le
monde académique. Jean-Charles Payen avait rencontré Philippe Lavenu, alors normaien à l’école
normale de Saint-Lô, dans le cadre de cours que le médiéviste y donnait durant l’année 1982-1983 sur
le conte populaire. Le professeur saluait l’érudition considérable de son élève, qui s’appliquait aussi
bien à la littérature arthurienne qu’à la peinture et à la gravue, Philippe Lavenu étant un passionné
d’Albrecht Dürer, lui aussi ésotériste de haut vol. Ajoutons que Philippe Lavenu était issu
d’une famille de rudes marins, attachés au cap de
La Hague, à l’extrême nord-ouest du Cotentin, une
famille qui, depuis le XIXe siècle, a donné à
chaque génération des sauveteurs lors des
fréquents naufrages que produit à ce point de la
Manche le déchaînement des tempêtes. C’est dans
le hameau de La Roche, à proximité du phare de
Goury, que se trouve la maison de ses ancêtres
paternels, solide bâtisse de pierre toute proche du
roc de Gargantua. Dans un courrier adressé à Jean
Phaure par Philippe Lavenu le 6 février 1985,
Philippe écrivait à ce propos :
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J’ajoute une photo du village de la Roche avec le roc de Gargantua au centre – situé à
l’extrême pointe de la Hague, dans le prolongement Le Caire-Mont Gargano-Avallon-
Chartres-Caen-Bayeux et la centrale nucléaire de la Hague. Cette « centrale », caricature
symbolique d’un « Centre », est la plus dangereuse au monde avec le retraitement des déchets
radioactifs et la fabrication du plutonium. Gargantua est un personnage ambigÛ, sa fonction
s’attache à valoriser les forces telluriques et martiennes. Je souligne ler apport avec les
« forges » et le feu souterrain. Il n’existe à mon avis aucun « hasard » quant à l’implantation
des centrales nucléaires. Des forces sataniques attestant la fin du cycle y président.
Philippe Lavenu, natif du Cancer
(son Soleil est conjoint à celui
des États-Unis), nous semble
marqué par une réception
mutuelle de Mercure en Cancer
et de la Lune en Vierge, tous
deux foyers d’un réseau
énergétique important. Mercure
se trouve conjoint à l’axe des
Noeurs lunaires (au Nœud Sud)
sur le mi-point Jupiter/Uranus
qui vient fortement dynamiser
cet amas en Cancer (touche
jupitérienne et uranienne qui est
redoublée par la maîtrise
respective de ces deux astres sur
le Milieu du Ciel en Sagittaire et
sur l’Ascendant Verseau). La
Lune en Vierge est au foyer de deux réseaux planétaires, l’un harmonique avec les trigones Lune-Mars
et Jupiter-Saturne, l’autre dissonant avec le carré Uranus-Neptune, signature d’une génération
confrontée à de fortes tensions psychiques (Philippe est né au moment où la France venait de terminer
dans le malheur la guerre d’Indochine et où allait s’engager la guerre d’Algérie).
Philippe Lavenu
Philippe Lavenu
4 juillet 1954 – 22h48
Cherbourg
Courrier de Philippe Lavenu avec Jean Phaure – Février 1985
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La vocation d’astrologue s’exprime, dans l’astrologie uranienne - que nous pratiquons de plus en
plus étant donné l’intérêt que nous y trouvons, tant en astrologie individuelle qu’en astrologie
mondiale – par l’axe Uranus/Apollon. Chez Philippe Lavenu, cet axe se situe à 22° Lion, conjoint à
Pluton, relié à des points forts tels que l’Ascendant, le Milieu du Ciel, l’axe Point Vernal/Nœud
lunaire, ainsi qu’aux mi-points Nœud lunaire/Cupidon, Mercure/Cupidon, Vénus-Pluton et Vénus-
Zeus. Interprétant ce riche foyer d’ondes énergétiques avec l’aide des indications du Regelwerk de
Witte-Lefeldt, nous pouvons présenter les remarques suivantes. On ne s’étonnera pas de trouver en
bonne place dans ce flux ondulatoire Pluton et Hadès chez un astrologue qui eut pour maître
précisément Hadès, qui cultivait le goût du mystère et avait la passion des choses cachées. Le lien de
l’axe Uranus/Apollon avec le Milieu du Ciel désigne spécifiquement le fait d’être astrologue ;
l’implication de Hadès peut signifier le risque d’être confronté à des démonstrations d’hostilité à
l’égard de l’astrologie. Pour le reste, le tableau d’ensemble dépeint un être assez tendu, un esprit
rempli de beaucoup de pensées, capable d’apporter de la nouveauté en astrologie, qui crée avec
passion, a de nombreux contacts scientifiques, a les compétences pour guider et orienter les forces et
les énergies – un être susceptible de permettre à beaucoup de trouver un développement positif au
travers de l’astrologie.
C’est bien là le Philippe Lavenu, pédagogue, maître dont j’ai fait la connaissance lors des stages
qu’il organisait à Laval, avec qui s’est nouée une amitié profonde, fondée sur un même intérêt et un
même respect de la pensée traditionnelle à laquelle, tous deux, nous avons eu accès grâce aux
enseignements de René Guénon. C’est là de ces amitiés que le passage dans l’Autre Monde n’éteint en
aucune manière. Mes pensées vont aussi, en ce moment d’émotion intense, vers son épouse et ses
enfants.
Charles Ridoux
Amfroipret, le 22 septembre 2014
Philippe Lavenu
Philippe Lavenu
4 juillet 1954 – 22h48
Cherbourg
UR/AP – 52°00
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