Actes du Forum "Laïcité - Diversité" - « Reconnaissance de l’autre : pour une nouvelle pédagogie de la citoyenneté ? »
Du 2 décembre 2009 au Mans - organisé par le Collectif d'Education à la Citoyenneté et à la Diversité 72
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Forum "Laïcité - Diversité"
« Reconnaissance de l’autre :
pour une nouvelle pédagogie de la citoyenneté ? »
Le Mans, 2 décembre 2009 à l’IUFM
Organisé par la Ligue de l’enseignement / Fal 72
Et le Collectif d'Education à la Citoyenneté et à la Diversité 72
Actes du Forum "Laïcité - Diversité" - « Reconnaissance de l’autre : pour une nouvelle pédagogie de la citoyenneté ? »
Du 2 décembre 2009 au Mans - organisé par le Collectif d'Education à la Citoyenneté et à la Diversité 72
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Texte d’intention des Forums Laïcité / Diversité :
L'éducation
constitue un des leviers principaux pour contribuer à concrétiser le projet
politique républicain de construction d'une chose publique. C'est-à-dire, faire en sorte que
le pouvoir soit partagé entre tous les citoyens.
Dans ce cadre laïque, le savoir constitue un bien commun à
partager et non un objet à
conquérir, ni de mérite. De ce point de vue la publique se doit de poser comme principe : « tous
capables », et de mettre en place non seulement les cadres pour le partage du pouvoir, mais aussi
pour le partage et la co-construction permanente du savoir, en particulier celui qui contribue à
créer les conditions d'une société de bien être et où chacun a une place reconnue de citoyen.
Nos forums s'inscrivent dans ce projet
de petite révolution éducative républicaine permanente.
Elle passe
par la construction et la multiplication d'espaces éducatifs
de réelle démocratie
entre égaux, le savoir et le pouvoir sont partagés dans un but commun. Dans ces espaces, les
identités, toutes singulières, sont invitées à participer pour fabriquer des projets partagés et de cette
manière à s'enrichir, à grandir à travers la rencontre d’autrui et la reconnaissance.
L’animateur d’espaces éducatifs citoyens
,
au sens fort du terme, a pour fonction de créer les
conditions pour faire vivre l'expérience de l'autre, du projet partagé, de la découverte et de la
créativité. Lui-même vise seulement créer les conditions d'un processus d'apprentissage citoyen.
Les Forums Laïcité / Diversité ont pour but :
De former, de partager les outils et les marches en mesure de développer les situations
d’apprentissage des citoyens à l’école, dans les centres de loisirs, dans les associations, dans
les quartiers…
D’enclencher un processus d’auto-formation continue entre membres du Collectif
d'Education à la Citoyenneté et à la Diversité, mais aussi ouvert à tous.
Actes du Forum "Laïcité - Diversité" - « Reconnaissance de l’autre : pour une nouvelle pédagogie de la citoyenneté ? »
Du 2 décembre 2009 au Mans - organisé par le Collectif d'Education à la Citoyenneté et à la Diversité 72
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« Reconnaissance de l’autre : pour une nouvelle
pédagogie de la citoyenneté ? »
Dans le cadre des « Semaines d’éducation contre le racisme », cette journée avait
pour but d’échanger entre acteurs locaux sur les notions de diversité culturelle, de
processus d’ethnicité et de discrimination qui questionneraient les principes de la
laïcité et les pratiques éducatives à l’école, mais aussi les actions municipales et
associatives en direction des jeunes.
Introduction par Jean-Luc JOUVIN, Président de La Ligue de l'enseignement / FAL 72
Animation et conclusion de la journée par Yves COTTEREAU, membre de la Ligue des droits
de l’Homme, section Sarthe.
Au programme :
9h30 / 11h00
Présentation de démarches pédagogiques pour débattre de l’égalité et de la différence :
- Atelier « Philosophie en classe » par Edwige CHIROUTER, Professeur de philosophie - U. de
Nantes. IUFM des Pays de la Loire -
edwige.chirouter@wanadoo.fr
- « Atelier scientifique : Chemin des préjugés » par l’association « Les Petits Débrouillards »
antenne Sarthe
- Atelier « Mixité, relations Filles/Garçons dans le sport » par les CEMEA Pays de la Loire.
11h30 / 12h30
Le citoyen et la souveraineté du peuple, les évolutions depuis la Révolution Française
Intervention de Charles CONTE, chargé de mission « Etudes et recherches Laïcité-Egalité-Diversité »à la Ligue de
l'Enseignement, Membre du comité de rédaction de la revue « Diasporiques, Cultures en mouvement ».
14h00 - 15h00
Une reconnaissance pour quoi : réalisation de soi, reconnaissance de l'autre,
reconnaissance des autres ?
Intervention de Christian SAINT-SERNIN, retraité. Ancien Directeur de la C.A.F.de Nevers. Membre de « démocratie
et spiritualité ». Ancien militant ouvrier à la CFDT de la Loire, auteur de « 150 ans de Luttes ouvrières dans le Bassin
Stéphanois ».
15h15 - 16h15
Pédagogies de l’interculturel ou pédagogies de l’altérité ?
Intervention de Bernard BIER, chargé d’études à la Mission Observation Evaluation (MOE) de l’INJEP (Institut
National de la Jeunesse et de l’Education Populaire).
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Discours d’ouverture
Par Jean-Luc JOUVIN
Président de La Ligue de l'enseignement / FAL 72
La France est une République. C’est-à-dire, selon la philosophe Domninique
Schnapper, une communauté de citoyens. Un citoyen est un sujet de droit, un
détenteur de droits. Tous les citoyens disposent des mêmes droits. Mais le citoyen
n'est pas seulement un sujet de droits individuels. Il est avant tout le détenteur
d'une part de la souveraineté politique. C'est l'ensemble des citoyens, constitués en
collectivité politique, la "communauté des citoyens", qui choisit les gouvernants par
l'élection et contrôle et sanctionne leur action. Les gouvernés reconnaissent qu'ils
doivent obéir aux ordres des gouvernants parce que ceux qui leur donnent ces ordres
ont été élus par eux et restent sous leur contrôle. C'est l'ensemble des citoyens qui
dispose de la souveraineté. C'est le sens des expressions bien connues, le citoyen est
"roi" ou le citoyen est "souverain".
Pourtant, le citoyen est aussi doté de spécificités. Il est un homme ou une femme. Il
peut se retrouver plus spécialement dans le métier qu’il exerce : paysan ou
informaticien, médecin ou ébéniste… Il peut se définir avant tout par la classe sociale
à laquelle il appartient. Ou bien par sa religion ou son absence de religion. Il peut
plus spontanément mettre en avant son orientation sexuelle, hétérosexuel,
homosexuel… Il peut avoir des origines nationales diverses : française bien sûr, mais
aussi italienne, maghrébine, indochinoise… Chacune de ces spécificités sont légitimes
dans une société démocratique. Elles définissent en profondeur l’identité des
personnes. Mais elles peuvent être l’objet d’un regard malveillant, de stéréotypes,
voire de discriminations.
Comment articuler la conception française du citoyen, détenteur de droits et acteur
de la souveraineté du peuple, avec la multiplicité des identités personnelles et
collectives ? Faut-il réduire les citoyens à leur capacité politique ? Ou faut-il prendre
en compte les réalités sociales et culturelles qui font de chacun d’entre nous un être
à la fois unique et semblable à bien d’autres ? La Déclaration de 1789 fait une
distinction entre les droits de l’homme et les droits du citoyen. Les droits du citoyen
sont des droits politiques. Ils sont inaliénables. Ils doivent le rester. Les droits de
l’homme sont plus généraux, nous les qualifierions de culturels aujourd’hui.
Comment faire pour les reconnaître et les rendre inaliénables aussi ? Comment
mettre sur pied une pédagogie interculturelle, pour lutter ainsi contre toutes les
formes de discriminations ? C’est de ces questions que nous débattrons dans ce
deuxième Forum Laïcité/Diversité.
Actes du Forum "Laïcité - Diversité" - « Reconnaissance de l’autre : pour une nouvelle pédagogie de la citoyenneté ? »
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« Philosopher avec les enfants.
Comment aborder les questions de la différence et de l’égalité »
Par Edwige CHIROUTER
(
Professeur de philosophie - U. de Nantes. IUFM des Pays de la Loire)
Introduction
Il n’y a pas d’âge pour se poser des questions philosophiques et, dès l’âge de trois ans,
face à l’expérience de « l’étonnement devant le monde », les enfants se posent des questions
insolubles et éternelles sur la vie, la mort, les relations humaines, la morale, le politique. L’enfant,
en tant qu’enfant, en tant que regard neuf, naïf (mais non innocent…), fait à chaque pas cette
expérience originelle. Le Petit Prince de Saint-Exupéry pourrait être la représentation
métaphorique idéale de ce “ don de l’enfance, de ce regard enfantin, toujours neuf, jamais
blasé, sur les mystères, les beautés, les horreurs de la vie et du monde. Il serait par excellence
celui qui, selon l’expression de Gilles Deleuze, « fait l’idiot » et pose la question du pourquoi et de
l’essence des choses en toute naïveté et intensité.
La pratique de “ la philosophie avec les enfants ”, développée et diffusée au XX
e
siècle grâce aux
travaux du professeur américain M. Lipman, se développe ainsi dans le monde et en France en
particulier depuis une vingtaine d'années.
On voit même apparaître en France des courantsqui inventent chacun des façons
spécifiques d’apprendre à philosopher dès le plus jeune âge :
* Le courant « psychanalytique », développé par Jacques Lévine, où l’adulte intervient très peu et
doit laisser l’enfant s’exprimer librement. L’objectif est que l’enfant soit reconnu comme « sujet
pensant », détenteur en tant qu’être humain d’interrogation fondamentale. Les questions qu’il
pose ne sont pas « pour les grands », comme le lui renvoient trop souvent les adultes de son
entourage, mais il peut s’en emparer dans un espace libre de parole et d’écoute. C’est surtout en
maternelle que ce sont développés ces ateliers particuliers.
* Le courant « éducation à la citoyenneté » porté essentiellement par des enseignants issus des
courants de l’Education Nouvelle, Freinet notamment, et qui insiste sur l’aspect démocratique des
échanges philosophiques et sur les fonctions que peuvent occuper les élèves pendant ces
discussions (président de séance, distributeur de parole, gardien du temps, journaliste,
reformulateurs). Ce courant insiste donc sur la construction d’habitus démocratiques. Il s’agit
d’apprendre à débattre démocratiquement sur de grandes questions existentielles.
* Enfin, le courant « philosophique » qui insiste lui sur les exigences intellectuelles inhérentes au
discours philosophique (conceptualiser, problématiser, argumenter) et vise à réinventer des
formes d’enseignement précoces de la philosophie. Je dis souvent qu’en philosophie il ne suffit
pas de dire ce que l’on pense mais au contraire de penser ce que l’on dit. Le débat philo n’est pas
un bavardage et échange d’opinions banales et d’idées toutes faites (pas la télé, c’est mon
choix...) mais il doit être un moment rigoureux d’apprentissage de la pensée. C’est pourquoi le
professeur est garant de ces exigences et il doit intervenir fréquemment lors du débat pour
maintenir ce degré d’exigence et inciter les élèves à penser rigoureusement. « On nait citoyen,
écrivait Condorcet, on devient citoyen éclairé », les capacités de raisonnement, d’argumentation,
de critique ne sont pas innées mais ce sont des compétences qui s’acquièrent, qui s’apprennent
patiemment.
Ainsi, Au-delà de leurs diversités, toutes ces pratiques de la philosophie avec les enfants visent à
former le citoyen éclairé. Apprendre à penser de façon rigoureuse, apprendre à réfléchir, à douter,
à critiquer, à analyser, à argumenter : c’est bien la mission prioritaire de l’école républicaine. C’est
ce que rappelle le préambule des programmes de l’école élémentaire
« Il est indispensable que tous les élèves soient invités à réfléchir sur des textes et des
documents, à interpréter, à construire une argumentation, non seulement en français mais dans
toutes les disciplines, qu’ils soient entraînés à mobiliser leurs connaissances et compétences
dans des situations progressivement complexes pour questionner, rechercher et raisonner par
eux-mêmes. »
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