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TRE EN LIEN DIRECT AVEC
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ISTOIRE DES ARTS ET LE SOCLE COMMUN
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COORDONATEUR THÉÂTRE AU RECTORAT
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IEN ENTRE L
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ISTOIRE DES ARTS ET L
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COLE DU SPECTATEUR
Il existe un lien fort entre l’École du spectateur et l’Histoire des arts. Menées sur la base des
mêmes fondamentaux, ces matières visent conjointement à une rencontre sensible avec
l’œuvre d’art. Cette œuvre peut, dans l’idéal, fédérer plusieurs disciplines.
Les compétences pouvant être acquises à travers l’Histoire des arts et l’École du spectateur
se recoupent.
Avant tout, il s’agit pour l’élève d’observer et d’écouter une œuvre d’art et de s’inscrire dans
une pratique dramatique. Cette dernière met successivement les élèves dans une posture
d’acteurs et de spectateurs : ils sont amenés à écouter et à donner une critique, notamment
sous la forme d’une parole technique portant sur la gestion de l’espace, sur le volume de la
voix, etc. L’œil ne s’exerce pas seulement en assistant à une histoire : il s’adapte aussi à
une matière technique. De multiples outils peuvent être convoqués pour travailler sur cette
matière, à commencer par un inventaire systématique des impressions, des ressentis mais
aussi des échanges plus objectifs visant à travailler sur un vocabulaire technique. Un travail
sur la portée symbolique (les signes, la représentation) permet en outre de dégager des
points essentiels qui permettront d’opérer une synthèse et de souligner une cohérence. À
travers le jeu théâtral, le texte prend une autre dimension. L’élève aborde alors les fonctions
de communication et l’œuvre acquiert une résonnance intime pour lui. Les élèves de 4e/3e
seront amenés cette année à se poser une question : que me dit Roméo et Juliette sur
l’amour, sur la violence, sur le mariage forcé ? Par le re-jeu enfin (rejouer une scène en
tenant compte de consignes redéfinies), les élèves gagnent en acuité.
En second point, il convient de contextualiser l’œuvre. Sur une pièce comme Roméo et
Juliette, les enseignants pourront envisager des correspondances entre les arts (musique,
peinture, etc.) d’une même époque.
Il s’agit enfin d’acquérir une autonomie culturelle, de se constituer une mémoire théâtrale au
sein d’un contexte artistique.
La difficulté réside parfois dans la gymnastique à opérer avec le programme officiel. Or, bien
souvent les spectacles vus s’inscrivent dans une thématique Histoire des arts. Roméo et
Juliette recoupe la thématique « arts, ruptures et continuités ». La venue des élèves au
théâtre entre alors dans le cadre d’une légitimité académique. On pourra ainsi travailler sur
l’universalité de ce texte en faisant ressortir ce paradoxe : comment un texte ancien peut-il
être encore vivant aujourd’hui ? Dans cette perspective, il peut être intéressant de comparer
les mises en scène d’Olivier Py et de Baz Lhurmann, par exemple.*