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En France, la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de
l’environnement dite loi Barnier a eu pour ambition d’améliorer la prévention des risques
naturels. Cet objectif de prévention a été poursuivi par le législateur et les pouvoirs publics.
Elle a cherché à asseoir un peu plus la démocratie participative. Depuis, des précisions ont été
apportées par le législateur (notamment par la loi du 30 juillet 2003), le pouvoir exécutif et le
juge afin de développer l’information des populations, la concertation dans l’élaboration des
PPRNP. Du côté de l’indemnisation, si des progrès vers davantage de transparence dans les
arrêtés constatant l’état de catastrophe naturelle ont été réalisés, une réforme en profondeur de
la loi du 13 juillet 1982 est toujours attendue. L’actualité du sujet est mise en lumière par un
rapport récent du Sénat ainsi que par la transposition de la directive communautaire du 23
octobre 2007 relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondation.
1.2. Considérations sur l’esprit des lois environnementales, sur la place qu’y
tiennent les risques liés au climat, sur l’évolution de ceux-ci en matière de
recherche, de représentation, de modes d’action
Denis Lamarre, avec l’aide de Jean-Pierre Besancenot, Dominique Bourg,
Roland Nussbaum
Le premier principe qui inspire la loi n° 95-101 dite Barnier est le principe de
précaution (PP). Dominique Bourg a montré que le PP était dans l’esprit du temps depuis le
début des années 80. La loi Barnier compte quatre titres, dont seul le titre II concerne « les
dispositions relatives à la prévention des risques naturels ». L’objet principal de ce titre réside
dans la mise en place de plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPRN), en
particulier à propos des inondations, qui représentent environ les ¾ du coût des catastrophes
naturelles dans notre pays. D’autres phénomènes climatiques, tels les cyclones tempêtes et
avalanches, sont également concernés par les PPRN. Cependant, la gestion des déchets et la
prévention des pollutions étaient les préoccupations majeures (titre IV).
La mise en œuvre des PPRN pose des problèmes d’échelles, tant dans la délimitation
des zones exposées aux risques qu’à propos des découpages territoriaux, autrement dit de la
pertinence des cadres administratifs. Serge Antoine avait raison de dire : « l’important est la
relation que l’on peut mettre entre les échelles » (in Autrement, 2002). Plusieurs exemples de
malfaçons à cet égard ont été évoqués : le DICRIM de Dijon, le plan climat de la région de
Bourgogne, le plan français pour le climat (titre du JDD du 1
er
novembre 2009), ainsi que le
récent rapport de l’ONERC sur les coûts de l’adaptation aux effets du réchauffement
climatique, présenté le 2 octobre dernier.
Depuis une dizaine d’années, la recherche en climatologie a été happée par la question
du changement climatique, comme elle l’avait été précédemment par le Niño et par la
sécheresse au Sahel. Le rôle de l’IPCC-Giec a été prépondérant dans cette réorientation.
Dépendant de l’ONU, le Giec a ainsi conduit à la mainmise du politique sur les questions
climatiques, sur fond de « société du risque ».
Il y a lieu également d’être circonspect vis-à-vis des aspects économiques et financiers
liés au climat. La grave crise économique et sociale en cours serait « une chance de sauver la
planète » du point de vue écologique selon Lord Nicholas Stern, qui cependant souhaite la
création d’une agence mondiale de l’environnement, indépendante de l’ONU (contrairement
au Giec-IPCC). Qu’en est-il du récent rapport (22/10/09) rédigé par les grands assureurs
mondiaux, intitulé « the global state of sustainable insurance » ? Rappelons, entre autres, que
70% des Indiens ignorent ce qu’est la globalisation ; quant au développement durable…