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LECTIO DIVINA
Dimanche V de Carême - Année A
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Pour ce dernier dimanche avant la Semaine sainte, nous accompagnons
Jésus qui ressuscite son ami Lazare. Alors que le Carême touche à sa fin, et que
le Seigneur sera bientôt soumis à la Passion et à la mort, l’Église nous rappelle
ainsi que Jésus est le Seigneur de la Vie. Ce signe si puissant - si scandaleux
- provoque la foi de nombreux Juifs (Jn 11,45). Il provoque aussi sa Passion
(v.53 : ils résolurent de le tuer). C’est une image du baptême, lorsque Jésus nous a
fait sortir du tombeau du péché ; mais c’est aussi une figure de la résurrection
finale, lorsque qu’Il viendra réveiller toute l’humanité soumise à l’emprise de la
mort. Nous pouvons ainsi anticiper le chant d’une hymne pascale :
Mors et vita duello / Conflixere mirando / Dux vitae mortuus / Regnat vivus.
La mort et la vie s’affrontèrent dans un duel formidable : le Seigneur de la vie,
mort, règne vivant. (1)
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Lectures de la Messe
Ez 37,12-14 Le peuple mort va revivre
Ps 130,1 Auprès du Seigneur est la grâce, la pleine délivrance
Rm 8,8-11 Celui qui a ressuscité Jésus vous donnera la vie
Jn 11,1-45 Mort et résurrection de Lazare
Explication des lectures
Pendant l’épreuve de l’Exil à Babylone, le prophète Ezéchiel s’adresse
aux Hébreux qui désespèrent et se croient perdu : quel futur pour un petit
peuple déporté et humilié ? Le Dieu d’Israël promet alors de ne pas
l’abandonner. Il ouvrira bientôt le tombeau de l’Exil et fera revenir son peuple
sur la Terre Sainte. Après l’accomplissement historique de cet oracle (sous
Cyrus : Esd 1,1), la voix du prophète continue de résonner comme une
promesse de vie pour toutes les situations de mort : à ses fidèles, le Dieu vivant
donnera son Esprit pour une vie nouvelle.
Le péché est précisément une de ces situations de mort : comme en écho à
la promesse d’Ezéchiel, le Psaume 130 (129) exprime l’espérance du pécheur
de ne pas être abandonné par son Dieu. Il le supplie (écoute mon appel !), essaie de
le convaincre (si tu retiens les fautes, qui subsistera ?), exprime son espérance par
l’image du veilleur qui, harassé par la fatigue de la nuit, attend impatiemment
l’aurore pour se reposer. En pardonnant, le Seigneur récompensera cette
espérance et offrira une nouvelle vie.
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Vivre dans l’Esprit : c’est l’invitation de saint Paul, par opposition à la vie
de la chair (v. 5 : ceux qui vivent selon la chair désirent ce qui est charnel ; ceux qui
vivent selon l’esprit, ce qui est spirituel). Le chrétien est un temple de l’Esprit Saint :
cet Esprit est celui de Dieu même, qui a ressuscité Jésus et qui nous ressuscitera
au dernier jour. Il nous conduit donc de la vie présente à la Vie en Dieu. La fleur
est d’abord un germe, et ensuite s’épanouit sous la poussée de la sève : ainsi
notre vie dans le Christ sur cette terre n’est qu’un germe qui s’épanouira au Ciel
sous l’action de l’Esprit.
Toutes ces images d’opposition entre la vie et la mort trouvent leur
culmination dans l’épisode de la résurrection de Lazare : Jésus est le
Seigneur de la vie (Moi, je suis la résurrection et la vie), qui laisse pourtant son ami
s’endormir dans la mort, avant d’être sollicité par les deux Soeurs Marthe et
Marie. Très humainement, il se laisse bouleverser par l’émotion, pleure et se
rend au tombeau : une parole lui suffit pour faire revenir à la vie Lazare. Tout
cet épisode nous montre ainsi le double attachement de son cœur : avec son
Père, Dieu de la vie, et avec les hommes, ses amis. C’est pourquoi la foi est si
importante pour Jésus et dans ce passage, puisqu’elle relie l’homme avec Dieu
comme le dit le pape François :
« À Marthe qui pleure la mort de son frère Lazare, Jésus dit : Ne t’ai-je pas
dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? Celui qui croit, voit ; il voit avec
une lumière qui illumine tout le parcours de la route, parce qu’elle nous
vient du Christ ressuscité, étoile du matin qui ne se couche pas. » (2)
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Méditation
1. L’empire de la mort
La mort domine tout ce chapitre 11 de saint Jean : en apprenant la
nouvelle de la maladie de Lazare, Jésus la mentionne tout de suite (v.4) ; c’est le
thème de l’incompréhension des disciples (v.13) et de l’enthousiasme de
Thomas (v.16) ; tout le mouvement des personnages conduit devant la tombe ;
les deux urs font le même reproche à Jésus : Seigneur, si tu avais été ici, mon
frère ne serait pas mort (vv. 21 et 32) ; les Juifs sont venus pour partager le deuil et
Marthe est qualifiée de sœur du mort Dans le texte grec, la racine θαν-
(θάνατος, ποθνήσκω) apparaît 11 fois. Et surtout, la mort de Jésus lui-
même est présente, depuis le début puisque les disciples en ont peur (les Juifs
cherchent à te lapider, v.8) et jusqu’à la fin, quand elle est décidée par les autorités
(v. 53 : ils résolurent de le tuer).
Avant de considérer le miracle de Jésus, il est bon de s’arrêter sur cette
présence dramatique de la mort, en cet épisode comme dans notre vie
personnelle, dans l’histoire de l’humanité ; c’est l’illustration de cette phrase de
saint Paul que nous avons lue au début du Carême (premier dimanche) : Par un
seul homme [Adam], le péché est entré dans le monde, et par le ché la mort, et ainsi la
mort a passé en tous les hommes… (Rom 5,12). Nous le savonsmais en tirons-
nous toutes les conséquences ? Le grand Bossuet, en représentant la scène de cet
évangile devant la Cour, nous aide à pratiquer ce memento mori classique de la
spiritualité moderne :
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« C’est à lui [Jésus] que l’on dit dans notre évangile : Seigneur, venez, et
voyez où l’on a déposé le corps du Lazare ; c’est lui qui ordonne qu’on lève
la pierre, et qui semble nous dire à son tour : venez, et voyez vous-
mêmes. Jésus ne refuse pas de voir ce corps mort, comme un objet de
pitié et un sujet de miracle ; mais c’est nous, mortels misérables, qui
refusons de voir ce triste spectacle, comme la conviction de nos
erreurs. Allons, et voyons avec Jésus-Christ ; et désabusons-nous
éternellement de tous les biens que la mort enlève. » (3)
La mort se présente souvent à notre porte : un ami qui subit un accident,
un parent qui meurt après une longue maladie, les nouvelles de chaque jour avec
leur lot d’infortunés, des problèmes de santé… Et pourtant lorsqu’elle nous
concerne plus particulièrement, c’est toujours un sujet d’étonnement ! La
première leçon que nous devrions tirer de sa présence est notre petitesse ; notre
histoire personnelle n’est qu’un point dans l’éternité :
« Encore une fois, qu’est-ce que de nous ? Si je jette la vue devant moi,
quel espace infini où je ne suis pas ! Si je la retourne en arrière, quelle
suite effroyable je ne suis plus ! Et que j’occupe peu de place dans cet
abîme immense du temps ! Je ne suis rien : un si petit intervalle n’est
pas capable de me distinguer du néant ; on ne m’a envoyé que pour faire
nombre ; encore n’avait-on que faire de moi, et la pièce n’en aurait pas été
moins jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre. » (4)
Jésus vient précisément dans cet empire de la mort ; si nous méditons sur
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