Du côté gouvernemental, on a assisté ces derniers temps au lancement de
beaucoup de ballons d’essai afin de proposer de mettre en place un concordat
avec l’Islam. Les Français ont été très clairs: ils n’en veulent pas. Alors,
le ministre de l’intérieur l’a dit, le premier ministre le répète: il n’y
aura pas de concordat! Et ceux qui prétendent le contraire sont de dangereux
irresponsables qui font le jeu du FN! Pas de concordat, on vous dit, juste un
pacte avec l’Islam… Qui concernera le financement des mosquées, la formation
des imams, l’organisation du culte…
Qu’en terme galant ces choses-là sont dites et que de contorsions pour
évoquer le statut particulier d’une religion passant un contrat dérogatoire
avec l’Etat, sous forme de Pacte. On retombe ainsi dans une négociation bien
connue sur nos territoires qui se traduit toujours par l’octroi de passe-
droits religieux en échange d’une promesse jamais tenue de paix sociale…Il y
a bien là une atteinte fondamentale à la laïcité, car on est devant la
tentative de chercher petit à petit et sous couvert de pragmatisme et
d’apaisement, à imposer un droit, lié à une communauté particulière et qui
aurait pour corollaire des obligations d’ordre légal pour l’Etat.
Pas de concordat, on vous dit, juste un pacte avec l’Islam… Qu’en terme
galant ces choses-là sont dites.
Cela tombe bien, il se trouve que quelques pages plus loin, la tribune des
personnalités «musulmanes» est concernée par «l’impuissance de l’organisation
actuelle de l’islam de France» et réclame des sources de financement pérennes
et transparentes des mosquées, de former et de salarier les imams, de faire
un travail historique, anthropologique et théologique…
Pourtant le fait que la tribune commence par l’énumération de tous les
carnages perpétrés sur notre sol par les jihadistes, en oubliant les victimes
juives de Mohamed Merah à Toulouse et celles de l’hypercasher, est
révélateur. Plus révélateur encore, la réaction d’un des signataires du
texte, dont on taira charitablement le nom en réponse à l’étonnement que
manifestait Jean Birnbaum, sur Facebook face à ce si dérangeant oubli:
«Lorsqu’on parle des caricaturistes, on parle de tout le reste: juifs,
musulmans, gardiens de la paix…». On appréciera le «tout le reste». A cela,
une réponse cinglante est apportée par un internaute: «Les policiers, agents
de sécurité et autres qui ont été tués lors de l’attaque de la rédaction de
Charlie Hebdo étaient peut-être musulmans, catholiques ou juifs (…) mais ils
n’ont pas été tué parce qu’ils étaient catholiques musulmans ou juifs, mais
parce qu’ils étaient sur le chemin des tueurs. Dans le cas de l’hypercacher
comme dans les autres assassinats commis au nom de l’Islam ces dernières
années, des gens ont été tués parce qu’ils étaient juifs». Bref l’oubli était
déjà révélateur, mais cette réaction montre qu’il n’était pas fortuit pour
tout le monde. Au mieux, impensé. Or si la France a une vieille tradition
antisémite dont elle n’a pas à être fière, il existe un antisémitisme
culturel chez certains musulmans qui aboutit à ce qu’aujourd’hui, dans