Céline Pina : «Le pacte avec l’islamCéline Pina : «Le pacte avec l’islam
pourrait se transformer en pacte avecpourrait se transformer en pacte avec
les islamistes»les islamistes»
Le Premier ministre a proposé un «pacte avec l’islam» de France dans le
JDD. Mais pour Céline Pina, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les
frères musulmans de l’UOIF sont en embuscade, prêts à défendre un
islamisme politique.
FIGAROVOX/TRIBUNE – Le Premier ministre a proposé un «pacte avec l’islam» de
France dans le JDD. Mais pour Céline Pina, l’enfer est pavé de bonnes
intentions. Les frères musulmans de l’UOIF sont en embuscade, prêts à
défendre un islamisme politique.
Ancienne conseillère régionale d’Ile-de-France, Céline Pina avait dénoncé, en
2015, le salon de «la femme musulmane» de Pontoise. Elle a récemment publié
Silence Coupable (éditions Kero).
Il y a des moments où les coïncidences trop heureuses révèlent une
communication très orchestrée. Voilà que dans le JDD du 31 juillet, le
Premier ministre évoque l’hypothèse d’un Pacte avec l’Islam, faisant ainsi de
cette religion, une religion que l’Etat devrait traiter de façon
particulière, tandis que dans une tribune, des personnalités françaises de
confession musulmane indiquent qu’elles sont prêtes à assumer leurs
responsabilités et à rendre islam et république compatibles, tout en évitant
soigneusement de poser la question des conflits de valeur à résoudre.
Une fois de plus, les ambiguïtés de la communication gouvernementale
peuvent entraîner des doutes sur la réalité des buts poursuivis.
En soi, si le contenu des annonces avait été à la hauteur des enjeux ou au
moins les avait pris à bras-le-corps, il n’y aurait rien à dire. Mais voilà,
une fois de plus, une fois encore, les ambiguïtés de la communication
gouvernementale, auxquels s’ajoutent l’oubli dans la tribune des
personnalités «musulmanes» des massacres commis contre les juifs et les
explications parfois tortueuses de leur propre positionnement, laissent un
arrière goût de malaise, voire peuvent entraîner des doutes sur la réalité
des buts poursuivis.
Et pour cause, selon les signataires, mener la bataille contre l’Islam
radical et politique ne se fait pas en affirmant la primauté dans
l’organisation de notre monde commun, de la loi des hommes sur le dogme
divin, autrement dit en respectant strictement la laïcité, mais en formant
les imams sur notre sol… Toujours selon les signataires, la société les somme
de prendre la parole alors qu’on leur a appris à faire de la religion une
affaire privée. Ainsi, s’ils s’expriment, ce n’est pas parce que l’Islam a un
lien avec l’islamisme et qu’au terme de tant de massacre, une prise de
conscience a eu lieu, mais pour répondre à des injonctions paradoxales… Bref
le texte de la tribune est curieux et bancal, sans parler de la faute
originelle de la négation de la dimension antisémite de certains massacres.
Le texte de la tribune est curieux et bancal, sans parler de la faute
originelle de la négation de la dimension antisémite de certains
massacres.
Du côté gouvernemental, on a assisté ces derniers temps au lancement de
beaucoup de ballons d’essai afin de proposer de mettre en place un concordat
avec l’Islam. Les Français ont été très clairs: ils n’en veulent pas. Alors,
le ministre de l’intérieur l’a dit, le premier ministre le répète: il n’y
aura pas de concordat! Et ceux qui prétendent le contraire sont de dangereux
irresponsables qui font le jeu du FN! Pas de concordat, on vous dit, juste un
pacte avec l’Islam… Qui concernera le financement des mosquées, la formation
des imams, l’organisation du culte…
Qu’en terme galant ces choses-là sont dites et que de contorsions pour
évoquer le statut particulier d’une religion passant un contrat dérogatoire
avec l’Etat, sous forme de Pacte. On retombe ainsi dans une négociation bien
connue sur nos territoires qui se traduit toujours par l’octroi de passe-
droits religieux en échange d’une promesse jamais tenue de paix sociale…Il y
a bien là une atteinte fondamentale à la laïcité, car on est devant la
tentative de chercher petit à petit et sous couvert de pragmatisme et
d’apaisement, à imposer un droit, lié à une communauté particulière et qui
aurait pour corollaire des obligations d’ordre légal pour l’Etat.
Pas de concordat, on vous dit, juste un pacte avec l’Islam… Qu’en terme
galant ces choses-là sont dites.
Cela tombe bien, il se trouve que quelques pages plus loin, la tribune des
personnalités «musulmanes» est concernée par «l’impuissance de l’organisation
actuelle de l’islam de France» et réclame des sources de financement pérennes
et transparentes des mosquées, de former et de salarier les imams, de faire
un travail historique, anthropologique et théologique…
Pourtant le fait que la tribune commence par l’énumération de tous les
carnages perpétrés sur notre sol par les jihadistes, en oubliant les victimes
juives de Mohamed Merah à Toulouse et celles de l’hypercasher, est
révélateur. Plus révélateur encore, la réaction d’un des signataires du
texte, dont on taira charitablement le nom en réponse à l’étonnement que
manifestait Jean Birnbaum, sur Facebook face à ce si dérangeant oubli:
«Lorsqu’on parle des caricaturistes, on parle de tout le reste: juifs,
musulmans, gardiens de la paix…». On appréciera le «tout le reste». A cela,
une réponse cinglante est apportée par un internaute: «Les policiers, agents
de sécurité et autres qui ont été tués lors de l’attaque de la rédaction de
Charlie Hebdo étaient peut-être musulmans, catholiques ou juifs (…) mais ils
n’ont pas été tué parce qu’ils étaient catholiques musulmans ou juifs, mais
parce qu’ils étaient sur le chemin des tueurs. Dans le cas de l’hypercacher
comme dans les autres assassinats commis au nom de l’Islam ces dernières
années, des gens ont été tués parce qu’ils étaient juifs». Bref l’oubli était
déjà révélateur, mais cette réaction montre qu’il n’était pas fortuit pour
tout le monde. Au mieux, impensé. Or si la France a une vieille tradition
antisémite dont elle n’a pas à être fière, il existe un antisémitisme
culturel chez certains musulmans qui aboutit à ce qu’aujourd’hui, dans
certains endroits du territoire, l’école de la république n’accueille plus
les enfants juifs faute de pouvoir assurer leur sécurité… Cela aussi il faut
le regarder en face et lutter contre, est sans doute plus urgent que la
formation et la salarisation des imams.
Il existe un antisémitisme culturel chez certains musulmans qui aboutit à
ce que, dans certains endroits du territoire, l’école de la république
n’accueille plus les enfants juifs faute de pouvoir assurer leur sécurité.
Mais cette irruption du réel est rejeté par tous, Premier ministre comme
signataires de la tribune. Ici, on vit en théorie, parce qu’en terme de
communication, c’est bien plus pratique que d’affronter la réalité. Et c’est
comme cela que tout ce petit monde se réfère à la Fondation pour L’Islam de
France, pour porter et mettre en œuvre le fameux Pacte. Laquelle Fondation
n’est qu’une coquille vide et pour cause: le poids de l’UOIF au sein de ces
instances, principal parti de diffusion de l’Islam politique, aux mains des
frères musulmans, est un facteur d’empêchement de toute relation de
confiance…
C’est dire le risque que le soi-disant pacte avec l’Islam, arme de
destruction à peine dissimulée de notre laïcité, finisse en pacte avec
l’islamisme, puisque ce sont eux qui définissent les revendications
politiques, exercent une pression permanente sur nos représentants au niveau
local comme national, détiennent les militants les plus nombreux et les mieux
formés et qui ont le plus d’influence sur une partie de la communauté dite
musulmane… Le discours est ainsi rodé qui cible les salafistes et oublie
l’UOIF, parti religieux aux mains des frères musulmans, lesquels n’ont rien à
envier aux salafistes dans la diffusion d’une idéologie obscurantiste, qui
refuse l’égalité entre les êtres humains, la déniant avant tout à la femme et
qui place les dogmes religieux au-dessus de tout.
Ne nous leurrons pas, c’est bien l’UOIF qui est la mieux placée pour tirer
les marrons du feu. Structurés politiquement, ayant noyauté nombre
d’organisations laïques, puissante financièrement et très introduite auprès
de nos politiques, gageons que ses responsables seront les principaux
négociateurs de ce Pacte qui risque d’échapper aux politiques pour finir en
pacte de la reddition.
Ne nous leurrons pas, c’est bien l’UOIF qui est la mieux placée pour tirer
les marrons du feu.
La République, toute la République et rien que la République, voilà qu’elle
est la réponse que les Français attendent et cela passe par le respect de la
laïcité, qui est un point non négociable. L’Islam doit accepter ce que les
catholiques ont accepté. Un point c’est tout. Et la République n’a pas à se
poser la question de savoir quel degré de difficulté cela représente pour des
croyants. Ni si l’Islam est compatible ou incompatible avec la République.
Quelle que soit la religion, la règle est la même et c’est au croyant de
trancher: s’il refuse la loi commune au nom de la religion, alors il peut
choisir de partir ou de vivre en marge mais n’a pas à réclamer que la loi
change à son profit. La règle est simple, elle gagnerait à être intégralement
appliquée, car elle garantit la liberté de conscience en tant que droit
individuel et non en tant que droit lié à l’appartenance communautaire: «La
république ne reconnaît ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte».
Car ce pacte, proposé par un pouvoir faible et largement désavoué, met en
danger ce que nous sommes. Il est un terrible aveu d’incompréhension de ce
qu’est la république, la laïcité et l’esprit d’émancipation de notre pays.
Pire même, il appelle la violence, sans le vouloir. En effet, il est plus que
temps que nos gouvernants arrêtent de paniquer, se reprennent et fassent leur
travail: incarner et défendre ce que nous sommes, le souffle de liberté qui
nous anime et non pas vendre nos idéaux pour acheter une paix sociale qu’ils
n’obtiendront pas. Car une telle faiblesse nous expose et est en elle-même
une provocation à la violence.
Alors que les frères musulmans diffusent la même idéologie que Daech et
préparent le terrain des jihadistes, ils sont en position, contrairement à
Daech, de récolter les fruits de la mort que sèment ces derniers et de
finaliser les objectifs visés par les jihadistes: mise à mal de la laïcité,
proposition de concordat, coups portés à l’égalité femmes/hommes, refus de la
séparation entre domaine public et privé, emprise sur tous les aspects de la
vie des hommes…
Il y a des réponses à faire à certaines dérives : les notions
d’intelligence avec l’ennemi, de résistance à l’exécution des lois,
d’atteinte à la dignité humaine peuvent répondre à certaines situations.
Ils peuvent ainsi pousser le cynisme jusqu’à profiter du sang versé et de la
peur que la violence génère, en ne condamnant que pour la forme un
terrorisme, dont ils contribuent à alimenter les vocations en chauffant à
blanc la frustration et la logique de victimisation d’une partie de la
population. Ils contribuent à alimenter le refus d’intégration à la société
de certains jeunes, français ou non, en accusant l’Etat français d’être dans
une dérive dictatoriale, de pratiquer un racisme d’Etat et en traitant tous
les Français de racistes.
On comprend que face au sang versé, le gouvernement veuille montrer qu’il est
là, qu’il agit et qu’il travaille. Mais il n’y arrivera pas en donnant
l’impression qu’il cède à la menace. Il y a des réponses à faire à certaines
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