la
FEUILLE
VERTE
J
OURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE
DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES – N° 34 – MARS 2004
impressum
La formule a plu ou après la forme, les formes…
Notre nouvelle formule graphique semble avoir conquis nos lecteurs. Les nombreuses marques
de satisfaction qui nous ont été manifestées l’attestent. Une évaluation qualitative
confirme cette impression tout en relevant que certains textes restent très rébarbatifs
pour nos lecteurs.
Profitant de l’arrivée dans notre équipe d’une médiatrice scientifique, Magali Stitel-
mann, nous avons souhaité pousser plus avant cette expérience de rénovation. Nous
avons décidé au sein d’un comité rédactionnel et en accord avec la direction des CJB, de
tenter, pour ce numéro du 100e, une expérience plus journalistique et interactive. Vous
verrez ainsi dans ce numéro 2004 de la Feuille verte fleurir les interviews. Ceux-ci
donnent à notre sens une fluidité et une spontanéité plus grande aux propos de nos
collègues ou de nos invités. Un jeu de questions-réponses qui innove mais qui peut surprendre
aussi, en particulier le scientifique peu habitué à ce type d’interaction avec la page
blanche. Les interviews ont été conduites par notre collaboratrice, Magali Stitelmann,
avec des questions ouvertes et non préparées par nos interlocuteurs. Ces dialogues ont
ensuite été transcrits par nos soins et ceux de Fabienne de Quay, pour être reproposés en
lecture à nos interviewés. Le résultat est intéressant, il gagne indéniablement en chaleur
humaine tout en perdant en réflexion et en contrôle.
A notre avis, la Feuille verte du 100ese lit mieux, elle aborde plus directement les
points intéressants et sensibles pour nos publics. Jugez sur pied en la parcourant et
donnez-nous votre avis, il nous intéresse… Didier Roguet, conservateur
PAGE 2 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N°34 - MARS 2004
MOT du rédacteur
sommaire
Rédacteur responsable
Rédacteurs
Photographies
Conception graphique
Impression
D. Roguet
R. Spichiger; P. Perret; C. Mourtzakis; P. Mugny;
F. Jacquemoud
; D. Roguet
;
D. Jeanmonod; C. Lambelet;
A. Pin; G. Gonzales; C. Châtelain;
A. Traoré; G. Visinand;
B. Von Arx; B. Messerli; P. Clerc; M.-A. Thiébaud; M. Vust
B. Renaud; D. Roguet; M. Berthod; K. Inta
M. Berthod; G. Schillings (composition)
Imprimerie Nationale, Genève
Editorial – Le parfum de l’avenir
3
Centenaire
Emile, John, Alfred et les autres
4
A l’occasion du centième
5
Histoire de jubilaire
7-8
Agenda et programmes
9-10
Publications
Flore de Corse et Flora Alpina
11
Histoire et modernité
Le temps qui passe...
12-13
1904 Transfert du jardin alpin
14-15
Nouvelles de l’herbier
16-18
Fonds iconographiques, trésors cachés
19
Code barre à la bibliothèque
20
Conservation, envahisseurs
Ces plantes qui nous entourent
21-23
Un conservateur de la nature et du paysage...
24
CJB & SUD
CJB, Agenda 21, bilan et projets
25-31
Education environnementale
Education environnementale et instruction publique
32
L’Enfant, l’Art et la Science
34
Hommage botanique à Victor Hugo
34-35
A la rencontre des villages genevois
35
Retrospectives photographiques
Activités – Animations 2003
36-37
Brunches Tropicaux au Jardin botanique
38-39
Partenaires
AAJB, Pro Specie Rara, Société botanique de Genève
40-43
Le journal des conservatoire et jardin botaniques de la ville de Genève paraît une fois par an.
© 2004 Conservatoire et jardin botaniques, Genève.
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou des illustrations de cette édition est
strictement interdite sans accord préalable auprès des CJB.
E BOTANIC SHOP est ouvert 7 jours
sur 7, dimanches et jours fériés
compris. Trois personnes en alter-
nance accueillent, orientent et renseignent les
visiteurs sur le Jardin. Sous ses fenêtres fleu-
ries, un panneau présente l’exposition du mois
et vous invite à entrer dans ce commerce pas
comme les autres.
Portrait
Le BOTANIC SHOP offre une gamme d’objets
en bois labellisés, des cadeaux originaux et
écologiques, des jeux de qualité pour enfants,
ainsi qu’une librairie spécialisée.
Ces dernières années, l’équipe du BOTANIC
SHOP tente de dénicher l’objet utile ou ludique,
le produit ou le livre moins connu peut-être,
mais répondant le mieux possible aux critères
d’un «écologiquement correct». Dans sa pro-
spection elle se tourne vers un commerce plus
équitable, favorisant ainsi les petits artisans ou
les ateliers protégés de chez nous ou d’ailleurs
(Tisanes bio du Valais, papeterie coopérative de
l’Inde du Sud, animaux en bois de Palo Santo
sculptés au Paraguay, etc.)
Le BOTANIC SHOP répond à un besoin du
grand public et de ses utilisateurs. C’est une
vitrine intérieure aussi, puisqu’il expose les
publications scientifiques et de vulgarisation
éditées par les CJB et/ou la Ville de Genève.
Il collabore par ses liens directs avec des asso-
ciations telles que Pro Natura, Pro Specie Rara,
l’AAJB, ou en soutenant des revues comme La
Salamandre ou la Garance voyageuse. D’autre
part, ses visiteurs peuvent dans ce lieu décou-
vrir – ou s’ils le désirent, demander à voir –
le travail du montage d’Herbier des CJB. Par
ailleurs, chaque année le BOTANIC SHOP par-
ticipe «hors de ses murs» à de plus amples
manifestations organisées par les CJB par un
stand d’accueil ou de vente comme par exem-
ple pour l’inauguration du Botanicum, l’expo-
sition Cap au Sud ou cet hiver les Brunches
tropicaux dans les serres.
Enfin, la spécificité de l’espace librairie du
BOTANIC SHOP tient dans le fait de rassem-
bler des ouvrages botaniques ou thématiques
sur la nature qu’on ne trouve pas facilement
dans les circuits habituels.
Vous pourrez consulter dans notre nouveau
rayon «développement durable» qui grandit
avec l’air du temps, des livres de référence sur
l’eau, l’effet de serre ou la diversité des espèces.
Vous y trouverez bien sûr quelques auteurs
incontournables comme Théodore Monod,
J.M. Pelt ou Pierre Rabhi, mais avez-vous déjà
lu «les Arbres» de J. Prévert, original hymne
épicurien à la nature, aux saisons, aux plantes
et aux bêtes? Ou cette anthologie de poèmes
sur l’homme et son environnement, tiré
du livre NATURELLEMENT de Jean-Claude
Renard et dont est extrait ce texte?
Apprenez à ne détruire
Ni l’air ni l’eau ni la terre
Sans quoi s’efface le rire
Que vous promet leur mystère
Voilà, entre objets utiles ou ludiques et bou-
quins scientifiques, ce «petit grain» différent
que vous pourrez aussi trouver dans votre
BOTANIC SHOP.
Le BOTANIC Shop
et ses multiples facettes
Situé tout au nord-est du Jardin botanique dans un bâtiment
au charme discret et planté devant la mare aux canards,
vous trouverez un «magasin nature» particulier
par Colette Mourtzakis, Libraire
Le parfum de lavenir
éditorial
’ai découvert ces derniers mois l’épais-
seur du lien existant entre la culture et
les Conservatoire et Jardin botaniques.
Et plus encore lors de mon voyage en
Afrique, accompagné par Messieurs
Rodolphe Spichiger et Didier Roguet.
C’était il y a peu. Je me suis rendu à Dakar pour inau-
gurer un centre d’éducation à l’environnement et
visiter un Jardin ethnobotanique remis en état, à
quelques pas de cette «école de vie». Inutile de s’appe-
santir sur l’événement lui-même. Ce qu’il importe de
comprendre ici, c’est qu’au delà des habituelles décla-
rations paternalistes du genre «nous ne sommes pas là
seulement pour vous aider, mais vous nous apportez
aussi beaucoup», il s’agissait d’une véritable rencontre.
D’un côté, il y a un Sud en grand risque de perdre le
contact avec ses richesses naturelles suite à une dé-
culturation de populations prises dans une urbanisa-
tion sauvage. Mais un Sud dans lequel existe une
nature produisant des réponses à nombre de problèmes,
notamment sous formes de plantes médicinales et
nutritives. Un Sud enfin où habitent encore des
hommes et des femmes emplis d’une connaissance de
cet environnement. En face, ou à côté, se tiennent des
gens du Nord disposant d’un savoir scientifique et technique,
mais aussi curieux d’en apprendre plus sur les savoirs
locaux. Et décidés à échanger leurs connaissances avec
ces interlocuteurs autochtones. Un choc des cultures.
Mais surtout une culture commune de respect des
moyens que la nature met à notre disposition. Et une
réaction salutaire face à la culture de la négation de ce
lien naturel, face à une culture de destruction de notre
milieu de vie, face à la mise au pinacle de l’être qui se
perd dans l’avoir...
Ainsi, si la culture au sens habituel du terme est
souvent questionnement, voire confrontation au monde
et à ses credo consuméristes, le travail des gens du
Jardin botanique participe d’une véritable résistance
culturelle à la course engagée vers le précipice. Et voilà le
lien entre la culture de la scène et la scène du Jardin
botanique qui est finalement le vaste monde.
C’est dans le même esprit que je souhaite que continue de
se développer la participation du Jardin botanique à des
manifestations publiques sur le modèle de «la Nuit de la
science». Parce que la rencontre entre le monde du savoir
et la population participe justement de cette indispensa-
ble prise en compte par des hommes et femmes de notre
cité et de la région d’une réalité non économique. Même
si le monde du business tend à envahir toutes les sphères,
y compris en prenant le risque de mettre en danger notre
vie ou d’en modifier de manière irréparable les condi-
tions. Je pense ici, pour ne prendre que deux exemples, à
la volonté de certains d’utiliser les OGM avant même que
nous puissions être assurés de l’absence de danger de ces
manipulations. Ou encore à la promotion d’un système
de mobilité absurde que l’on refuse de remettre en cause
alors qu’il existe des solutions simples.
Merci donc à toute l’équipe des Conservatoire et Jardin
botaniques de participer par leurs travaux ici et ailleurs à
la construction d’un monde un peu meilleur. Merci
à toutes et à tous de nous faire sentir déjà un peu ce
parfum de l’avenir.
L
a culture! Quelle drôle de notion. On pense souvent dans un premier temps aux
arts de la scène, donc au théâtre, à la danse, à la musique aussi, puis certainement
encore au cinéma, aux arts plastiques. Le livre se glisse également dans cette
première liste. Mais qui songerait spontanément aux plantes et aux herbiers?
Pas grand monde à mon avis. Et pourtant!
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N°34 - MARS 2004 - PAGE 3
Patrice Mugny, Conseiller administratif en charge du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève
Emile,
John,
Alfred et
les AUTRES
demandé de venir partager notre repas.
J. Briquet, car c’était lui, nous exprima
tous ses regrets; il attendait son ami et
compagnon de courses F. Cavillier...
De cette rencontre fortuite sont nées ces
relations intimes que j’ai eu l’inestima-
ble faveur de nouer avec deux hommes
éminents: E. Burnat et J. Briquet... C’est
ainsi que je fus amené à participer aux
explorations botaniques de J. Briquet,
d’abord d’une façon intermittente, en
raison de mon service militaire, puis
finalement tous les ans...». En 1906, le
commandant Saint-Yves a 51 ans; il
vient de prendre sa retraite d’officier
d’artillerie de montagne, carrière qu’il
a d’ailleurs accomplie en grande partie
dans les Alpes Maritimes.
MM. François Caviller et Emile-Samuel
Abrezol sont sur la photo en tant qu’as-
sistants-préparateurs de l’expédition
Burnat – Briquet – Saint-Yves. Ils ont
accompagné Emile Burnat et John
Briquet dans la plupart de leurs voyages
botaniques depuis 1890. Cela signifiait
beaucoup de choses, de la préparation
pratique de l’expédition, à la récolte et
au séchage des plantes. Caviller colla-
bora aussi à la rédaction de certains
chapitres de la Flore des Alpes Mariti-
mes. Lorsqu’ils n’accompagnaient pas
leur patron, ces deux botanistes travail-
laient comme conservateurs de l’her-
bier Burnat.
Références
Briquet, John & François Cavillier (1922). Emile
Burnat. Conservatoire et Jardin botaniques. Genève.
Cavillier, François (1935). Alfred Saint-Yves
(1855-1933). Notice biographique. Candollea 6:
25-43.
John Briquet: www.lexhist.ch
– la Grande Ecole napo-
léonienne formant les
Ingénieurs – garantissait
le succès d’une carrière
tant par la matière acquise
que par le réseau de rela-
tions qu’elle offrait. Même
retiré de son activité de
chef d’entreprise métal-
lurgique, Burnat a
conservé des liens privilé-
giés avec la France. A la fin
de sa vie, il a d’ailleurs
reçu la Légion d’Honneur
des mains du commandant Alfred Saint-
Yves. Il est étonnant de ne trouver dans
l’autobiographie de cet homme telle-
ment lié à l’Alsace aucune mention du
désastre de 1870. Quoi qu’il en soit,
c’est à partir de cette date que Burnat a
décidé de se consacrer uniquement à la
carrière de botaniste. Comme chacun
sait, il a été l’auteur principal de la Flore des
Alpes Maritimes – ce qu’il considérait
comme son grand œuvre, parmi beau-
coup d’autres travaux. Il a aussi été l’ini-
tiateur des recherches menées à partir
de Genève sur la Corse, expédition
immortalisée par cette fameuse photo.
Burnat est un homme du XIXesiècle, qui
connut les grandes révolutions libérales
de France et de Suisse. Il avait donc 78
ans lorsque la photo fut prise. Son collè-
gue et ami John Briquet était beaucoup
plus jeune (36 ans). Briquet rencontra
Burnat au Conservatoire botanique de
Genève en 1889. Ce fut le début d’une
solide amitié. En plus de huit missions
en Corse, John Briquet accompagna
Emile Burnat dans presque tous ses
voyages botaniques dans les Alpes Mari-
times. Formé à Genève, puis à Berlin,
Briquet fut d’abord conservateur
(1896), puis directeur des Conserva-
toire et Jardin botaniques de 1906 à
1931. Il participa activement à l’emmé-
nagement dans la Console. Il fit la
brillante carrière que l’on connaît,
s’illustrant notamment comme rappor-
teur aux congrès internationaux de
botanique de 1900, 1905, 1910, 1925 et
a mère était la petite-
fille d’un entrepreneur
en maçonnerie des
Monts de Corsier, au-
dessus de Vevey, spécia-
lisé dans la construction des murs de
vignoble. Jules Pilet était le voisin
d’Emile Burnat, à Nant. Il entretenait la
propriété de Nant, siégeait avec Burnat
au conseil de Paroisse et entretenait
avec lui d’excellentes relations de voi-
sinage. Mon arrière-grand-père était
donc très fier de compter ce notable
parmi ses amis. Il aimait raconter que
la première voiture à moteur de la
région avait été achetée par son voisin
et ami Burnat, que cette voiture des-
cendait très bien la fameuse Côte
Rouge des Monts de Corsier, mais que
Burnat devait régulièrement envoyer
son chauffeur chercher Jules et son
attelage de chevaux afin de faire
remonter ladite Côte à son véhicule.
Selon Jules Pilet, Burnat était égale-
ment un philanthrope; il avait, entre
autres, construit la chapelle protes-
tante sise quasiment sur la frontière
entre le pays de Fribourg et celui de
Vaud, sur la route de Châtel-St-Denis.
C’était bien la moindre des choses de
rappeler aux ouvriers d’Attalens qui
descendaient travailler dans les vignes
du Lavaux qu’à partir de là, on prati-
quait la vraie religion!
L’intéressante autobiographie de Burnat
(Briquet & Cavillier, 1922) est une
source d’informations passionnantes
sur lui-même, ses amis et son époque.
Elle rappelle aussi comment Emile
Burnat a non seulement donné son
herbier à la ville de Genève plutôt qu’à
l’état de Vaud, mais aussi comment,
grâce à cette généreuse donation, la
Console a pu être édifiée, puis agrandie.
Burnat était un grand bourgeois du
canton de Vaud, dont la famille était
alliée aux plus grands noms de la métal-
lurgie alsacienne. Bien qu’il soit assez
difficile pour un scientifique actuel de
prendre conscience de l’importance de
ce fait, Burnat, comme d’autres grands
scientifiques ou ingénieurs de son
époque, a été formé en France. En effet,
les Hautes Ecoles Helvétiques n’étaient
de loin pas ce qu’elles sont devenues de
nos jours. Etre un ancien élève de «Centrale»
1930. Lorsque je fus invité au Missouri
Botanical Garden de Saint-Louis (USA),
on me lut une lettre du major John
Briquet, commandant du bataillon de
fusiliers 121, qui s’excusait de ne pas
effectuer la tâche de rapporteur au
congrès de 1915, étant mobilisé sur
la frontière.
Pour la petite histoire, le soussigné
a lui-même commandé ce bataillon de
1987 à 1992. Briquet a publié d’impor-
tants travaux sur la flore des Alpes
Maritimes, de la Corse, de l’Afrique du
Nord, ainsi que des monographies et
des biographies de botanistes.
Alfred Saint-Yves est probablement
oublié par les botanistes genevois
contemporains. Il fut néanmoins un
grand collaborateur du Conservatoire
auquel il légua un herbier riche en types
et des ouvrages sur les Graminées. Il
publia sur les genres de cette famille
dans l’Annuaire du Conservatoire
(actuellement Candollea). Cavillier
(1935) décrit ainsi la première rencon-
tre entre Saint-Yves et Briquet: «Le 15
juillet 1898, la 14e batterie alpine, que
je commandais alors, cantonnait à
Breuil, petit village des Alpes maritimes, situé
à 1450 m d’altitude, au pied du Mt
Mounier. Avant le dîner, nous nous pro-
menions, devisant de botanique en
simples amateurs, lorsque nous vîmes
arriver un touriste paraissant un peu las
sous le poids d’une boîte et d’un carta-
ble bourrés de plantes. Immédiatement
nous l’avons abordé et nous lui avons
PAGE 4 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N°34 - MARS 2004
Burnat a été l’initiateur des
recherches menées à partir de
Genève sur la Corse
«...Nous vîmes arriver un touriste
paraissant las sous le poids d’un
cartable bourré de plantes...»
Rodolphe Spichiger, directeur
Ce nouvel instrument doit favoriser l'ensei-
gnement des sciences naturelles et l'accli-
matation des plantes. Il renforce le rôle
important joué par Genève dans ce domaine
depuis Kaspar Bauhin au XVIIesiècle.
En 1902, le Jardin, devenu trop exigu, est transféré à son
emplacement actuel par John Briquet. La construction du
premier Conservatoire est entreprise aussitôt au lieu-dit «la
Console» pour abriter, dès 1904, les herbiers et la bibliothèque.
La première serre est installée en 1908. Le Jardin connaît deux
extensions ultérieures: en 1955 (Campagne Duval) et en 1976
(Terre de Pregny). Il occupe aujourd'hui une surface de 28 hec-
tares sans compter le parc du Château de Penthes et les serres de
Pregny/Rotschild) dont nous avons la charge.
LES CINQ MISSIONS DES CJB
Les cinq missions des Conservatoire et Jardin botaniques répon-
dent à une vocation muséographique et aux nécessités de la
conservation du monde végétal en particulier et de l’environne-
ment en général. Elles se déclinent en cinq verbes traduisant
cinq actions:
centenaire
A l’occasion du 100 e
C'est en 1817 qu'Augustin-Pyramus de Candolle, professeur honoraire
de l'Académie de Genève depuis 1800, mais enseignant à Montpellier,
revient dans sa ville natale pour y fonder un jardin botanique sur le site
de l'actuelle Promenade des Bastions.
1. Explorer
Les explorations sur le terrain procurent à l’institut les maté-
riaux nécessaires à la compréhension de l’environnement. Les
quatre principaux territoires étudiés sont le bassin méditerra-
néen, l'Amérique tropicale, l'Afrique et Madagascar, et bien
évidemment notre région alpine. Les missions sur le terrain
permettent d’augmenter les collections d’herbier d’environ
7500 échantillons par an. Outre la récolte de matériel séché
et vivant, l’enregistrement de données iconographiques et
ethnobotaniques ainsi que le prélèvement de matériel géné-
tique sont les composantes plus modernes du travail du
botaniste naturaliste.
2. Conserver
Le Jardin botanique, véritable musée vivant, offre au public
une collection étiquetée, répertoriée et informatisée d'espèces
botaniques et horticoles provenant du monde entier. Il est
divisé en cinq secteurs: l'arboretum, les rocailles et le massif
des plantes protégées, les plantes officinales et utilitaires, les
serres, ainsi qu’un secteur qui se consacre à l'horticulture
et aux animaux. En plus des tâches de conservation, le Jardin
est dédié à la recherche et à l'éducation environnementale.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N°34 - MARS 2004 - PAGE 5
Rodolphe Spichiger,
directeur
Le Conservatoire comprend une bibliothèque et un herbier. La
Bibliothèque botanique de Genève a une valeur patrimoniale
exceptionnelle. Riche de plus de 220000 volumes et d'environ
4000 séries de périodiques, elle regroupe une documentation
exhaustive dans son domaine. Des banques de données, des
collections d'ouvrages anciens, des microfilms et une icono-
thèque de plus de 25000 titres complètent cet ensemble. Etroi-
tement relié à la bibliothèque, l’herbier (environ 6 millions
d'échantillons) se situe parmi les cinq plus grands au monde.
Il s’enrichit du matériel récolté par les conservateurs et des
échanges inter-instituts. De très belles collections proviennent
de donations faites sur la base d’une réputation internationale
d’excellence.
3. Rechercher
Le spécimen d’herbier est la matière première de l’ensemble
des programmes de recherche. L'essentiel des travaux
concerne la botanique systématique (rédaction de monogra-
phies et de flores), les études sur la biogéographie, le paysage
et la végétation, ainsi que la nomenclature botanique, l'ethno-
botanique et l'histoire des sciences. Le travail de terrain
complète la recherche documentaire et les expériences de
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