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la
FEUILLE
VERTE
JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE
DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES – N° 34 – MARS 2004
MOT du rédacteur
La formule a plu ou après la forme, les formes…
Notre nouvelle formule graphique semble avoir conquis nos lecteurs. Les nombreuses marques
de satisfaction qui nous ont été manifestées l’attestent. Une évaluation qualitative
confirme cette impression tout en relevant que certains textes restent très rébarbatifs
pour nos lecteurs.
et ses multiples facettes
par Colette Mourtzakis, Libraire
Situé tout au nord-est du Jardin botanique dans un bâtiment
au charme discret et planté devant la mare aux canards,
vous trouverez un «magasin nature» particulier
E BOTANIC SHOP est ouvert 7 jours
sur 7, dimanches et jours fériés
compris. Trois personnes en alternance accueillent, orientent et renseignent les
visiteurs sur le Jardin. Sous ses fenêtres fleuries, un panneau présente l’exposition du mois
et vous invite à entrer dans ce commerce pas
comme les autres.
le travail du montage d’Herbier des CJB. Par
ailleurs, chaque année le BOTANIC SHOP participe «hors de ses murs» à de plus amples
manifestations organisées par les CJB par un
stand d’accueil ou de vente comme par exemple pour l’inauguration du Botanicum, l’exposition Cap au Sud ou cet hiver les Brunches
tropicaux dans les serres.
Portrait
Le BOTANIC SHOP offre une gamme d’objets
en bois labellisés, des cadeaux originaux et
écologiques, des jeux de qualité pour enfants,
ainsi qu’une librairie spécialisée.
Enfin, la spécificité de l’espace librairie du
BOTANIC SHOP tient dans le fait de rassembler des ouvrages botaniques ou thématiques
sur la nature qu’on ne trouve pas facilement
dans les circuits habituels.
Ces dernières années, l’équipe du BOTANIC
SHOP tente de dénicher l’objet utile ou ludique,
le produit ou le livre moins connu peut-être,
mais répondant le mieux possible aux critères
d’un «écologiquement correct». Dans sa prospection elle se tourne vers un commerce plus
équitable, favorisant ainsi les petits artisans ou
les ateliers protégés de chez nous ou d’ailleurs
(Tisanes bio du Valais, papeterie coopérative de
l’Inde du Sud, animaux en bois de Palo Santo
sculptés au Paraguay, etc.)
Vous pourrez consulter dans notre nouveau
rayon «développement durable» qui grandit
avec l’air du temps, des livres de référence sur
l’eau, l’effet de serre ou la diversité des espèces.
Vous y trouverez bien sûr quelques auteurs
incontournables comme Théodore Monod,
J.M. Pelt ou Pierre Rabhi, mais avez-vous déjà
lu «les Arbres» de J. Prévert, original hymne
épicurien à la nature, aux saisons, aux plantes
et aux bêtes? Ou cette anthologie de poèmes
sur l’homme et son environnement, tiré
du livre NATURELLEMENT de Jean-Claude
Renard et dont est extrait ce texte?
impressum
Le BOTANIC SHOP répond à un besoin du
grand public et de ses utilisateurs. C’est une
vitrine intérieure aussi, puisqu’il expose les
publications scientifiques et de vulgarisation
éditées par les CJB et/ou la Ville de Genève.
Il collabore par ses liens directs avec des associations telles que Pro Natura, Pro Specie Rara,
l’AAJB, ou en soutenant des revues comme La
Salamandre ou la Garance voyageuse. D’autre
part, ses visiteurs peuvent dans ce lieu découvrir – ou s’ils le désirent, demander à voir –
Apprenez à ne détruire
Ni l’air ni l’eau ni la terre
Sans quoi s’efface le rire
Que vous promet leur mystère
Voilà, entre objets utiles ou ludiques et bouquins scientifiques, ce «petit grain» différent
que vous pourrez aussi trouver dans votre
BOTANIC SHOP.
Rédacteur responsable D. Roguet
Rédacteurs R. Spichiger; P. Perret; C. Mourtzakis; P. Mugny;
F. Jacquemoud; D. Roguet; D. Jeanmonod; C. Lambelet;
A. Pin; G. Gonzales; C. Châtelain; A. Traoré; G. Visinand;
B. Von Arx; B. Messerli; P. Clerc; M.-A. Thiébaud; M. Vust
Photographies B. Renaud; D. Roguet; M. Berthod; K. Inta
Conception graphique M. Berthod; G. Schillings (composition)
Impression Imprimerie Nationale, Genève
Le journal des conservatoire et jardin botaniques de la ville de Genève paraît une fois par an.
© 2004 Conservatoire et jardin botaniques, Genève.
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou des illustrations de cette édition est
strictement interdite sans accord préalable auprès des CJB.
A notre avis, la Feuille verte du 100e se lit mieux, elle aborde plus directement les
points intéressants et sensibles pour nos publics. Jugez sur pied en la parcourant et
donnez-nous votre avis, il nous intéresse…
Didier Roguet, conservateur
sommaire
Le BOTANIC Shop
Profitant de l’arrivée dans notre équipe d’une médiatrice scientifique, Magali Stitelmann, nous avons souhaité pousser plus avant cette expérience de rénovation. Nous
avons décidé au sein d’un comité rédactionnel et en accord avec la direction des CJB, de
tenter, pour ce numéro du 100e, une expérience plus journalistique et interactive. Vous
verrez ainsi dans ce numéro 2004 de la Feuille verte fleurir les interviews. Ceux-ci
donnent à notre sens une fluidité et une spontanéité plus grande aux propos de nos
collègues ou de nos invités. Un jeu de questions-réponses qui innove mais qui peut surprendre
aussi, en particulier le scientifique peu habitué à ce type d’interaction avec la page
blanche. Les interviews ont été conduites par notre collaboratrice, Magali Stitelmann,
avec des questions ouvertes et non préparées par nos interlocuteurs. Ces dialogues ont
ensuite été transcrits par nos soins et ceux de Fabienne de Quay, pour être reproposés en
lecture à nos interviewés. Le résultat est intéressant, il gagne indéniablement en chaleur
humaine tout en perdant en réflexion et en contrôle.
Editorial – Le parfum de l’avenir
3
Centenaire
Emile, John, Alfred et les autres
A l’occasion du centième
Histoire de jubilaire
4
5
7-8
Agenda et programmes
Publications
Flore de Corse et Flora Alpina
9-10
11
Histoire et modernité
Le temps qui passe...
1904 Transfert du jardin alpin
Nouvelles de l’herbier
Fonds iconographiques, trésors cachés
Code barre à la bibliothèque
12-13
14-15
16-18
19
20
Conservation, envahisseurs
Ces plantes qui nous entourent
Un conservateur de la nature et du paysage...
21-23
24
CJB & SUD
CJB, Agenda 21, bilan et projets
25-31
Education environnementale
Education environnementale et instruction publique
L’Enfant, l’Art et la Science
Hommage botanique à Victor Hugo
A la rencontre des villages genevois
32
34
34-35
35
Retrospectives photographiques
Activités – Animations 2003
Brunches Tropicaux au Jardin botanique
36-37
38-39
Partenaires
AAJB, Pro Specie Rara, Société botanique de Genève
40-43
PAGE 2 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Patrice Mugny, Conseiller administratif en charge du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève
La culture! Quelle drôle de notion. On pense souvent dans un premier temps aux
arts de la scène, donc au théâtre, à la danse, à la musique aussi, puis certainement
encore au cinéma, aux arts plastiques. Le livre se glisse également dans cette
première liste. Mais qui songerait spontanément aux plantes et aux herbiers?
Pas grand monde à mon avis. Et pourtant!
’ai découvert ces derniers mois l’épaisseur du lien existant entre la culture et
les Conservatoire et Jardin botaniques.
Et plus encore lors de mon voyage en
Afrique, accompagné par Messieurs
Rodolphe Spichiger et Didier Roguet.
C’était il y a peu. Je me suis rendu à Dakar pour inaugurer un centre d’éducation à l’environnement et
visiter un Jardin ethnobotanique remis en état, à
quelques pas de cette «école de vie». Inutile de s’appesantir sur l’événement lui-même. Ce qu’il importe de
comprendre ici, c’est qu’au delà des habituelles déclarations paternalistes du genre «nous ne sommes pas là
seulement pour vous aider, mais vous nous apportez
aussi beaucoup», il s’agissait d’une véritable rencontre.
D’un côté, il y a un Sud en grand risque de perdre le
contact avec ses richesses naturelles suite à une déculturation de populations prises dans une urbanisation sauvage. Mais un Sud dans lequel existe une
nature produisant des réponses à nombre de problèmes,
notamment sous formes de plantes médicinales et
nutritives. Un Sud enfin où habitent encore des
hommes et des femmes emplis d’une connaissance de
cet environnement. En face, ou à côté, se tiennent des
gens du Nord disposant d’un savoir scientifique et technique,
mais aussi curieux d’en apprendre plus sur les savoirs
locaux. Et décidés à échanger leurs connaissances avec
ces interlocuteurs autochtones. Un choc des cultures.
Mais surtout une culture commune de respect des
moyens que la nature met à notre disposition. Et une
réaction salutaire face à la culture de la négation de ce
lien naturel, face à une culture de destruction de notre
milieu de vie, face à la mise au pinacle de l’être qui se
perd dans l’avoir...
Ainsi, si la culture au sens habituel du terme est
souvent questionnement, voire confrontation au monde
et à ses credo consuméristes, le travail des gens du
Jardin botanique participe d’une véritable résistance
culturelle à la course engagée vers le précipice. Et voilà le
lien entre la culture de la scène et la scène du Jardin
botanique qui est finalement le vaste monde.
éditorial
Le parfum de l’avenir
C’est dans le même esprit que je souhaite que continue de
se développer la participation du Jardin botanique à des
manifestations publiques sur le modèle de «la Nuit de la
science». Parce que la rencontre entre le monde du savoir
et la population participe justement de cette indispensable prise en compte par des hommes et femmes de notre
cité et de la région d’une réalité non économique. Même
si le monde du business tend à envahir toutes les sphères,
y compris en prenant le risque de mettre en danger notre
vie ou d’en modifier de manière irréparable les conditions. Je pense ici, pour ne prendre que deux exemples, à
la volonté de certains d’utiliser les OGM avant même que
nous puissions être assurés de l’absence de danger de ces
manipulations. Ou encore à la promotion d’un système
de mobilité absurde que l’on refuse de remettre en cause
alors qu’il existe des solutions simples.
Merci donc à toute l’équipe des Conservatoire et Jardin
botaniques de participer par leurs travaux ici et ailleurs à
la construction d’un monde un peu meilleur. Merci
à toutes et à tous de nous faire sentir déjà un peu ce
parfum de l’avenir.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 3
Emile,
John,
Alfred et
les AUTRES
Rodolphe Spichiger, directeur
a mère était la petitefille d’un entrepreneur
en maçonnerie des
Monts de Corsier, audessus de Vevey, spécialisé dans la construction des murs de
vignoble. Jules Pilet était le voisin
d’Emile Burnat, à Nant. Il entretenait la
propriété de Nant, siégeait avec Burnat
au conseil de Paroisse et entretenait
avec lui d’excellentes relations de voisinage. Mon arrière-grand-père était
donc très fier de compter ce notable
parmi ses amis. Il aimait raconter que
la première voiture à moteur de la
région avait été achetée par son voisin
et ami Burnat, que cette voiture descendait très bien la fameuse Côte
Rouge des Monts de Corsier, mais que
Burnat devait régulièrement envoyer
son chauffeur chercher Jules et son
attelage de chevaux afin de faire
remonter ladite Côte à son véhicule.
Selon Jules Pilet, Burnat était également un philanthrope; il avait, entre
autres, construit la chapelle protestante sise quasiment sur la frontière
entre le pays de Fribourg et celui de
Vaud, sur la route de Châtel-St-Denis.
C’était bien la moindre des choses de
rappeler aux ouvriers d’Attalens qui
descendaient travailler dans les vignes
du Lavaux qu’à partir de là, on pratiquait la vraie religion!
– la Grande Ecole napoléonienne formant les
Ingénieurs – garantissait
le succès d’une carrière
tant par la matière acquise
que par le réseau de relations qu’elle offrait. Même
retiré de son activité de
chef d’entreprise métallurgique, Burnat a
conservé des liens privilégiés avec la France. A la fin
de sa vie, il a d’ailleurs
reçu la Légion d’Honneur
des mains du commandant Alfred SaintYves. Il est étonnant de ne trouver dans
l’autobiographie de cet homme tellement lié à l’Alsace aucune mention du
désastre de 1870. Quoi qu’il en soit,
c’est à partir de cette date que Burnat a
décidé de se consacrer uniquement à la
carrière de botaniste. Comme chacun
sait, il a été l’auteur principal de la Flore des
L’intéressante autobiographie de Burnat
(Briquet & Cavillier, 1922) est une
source d’informations passionnantes
sur lui-même, ses amis et son époque.
Elle rappelle aussi comment Emile
Burnat a non seulement donné son
herbier à la ville de Genève plutôt qu’à
l’état de Vaud, mais aussi comment,
grâce à cette généreuse donation, la
Console a pu être édifiée, puis agrandie.
Burnat était un grand bourgeois du
canton de Vaud, dont la famille était
alliée aux plus grands noms de la métallurgie alsacienne. Bien qu’il soit assez
difficile pour un scientifique actuel de
prendre conscience de l’importance de
ce fait, Burnat, comme d’autres grands
scientifiques ou ingénieurs de son
époque, a été formé en France. En effet,
les Hautes Ecoles Helvétiques n’étaient
de loin pas ce qu’elles sont devenues de
nos jours. Etre un ancien élève de «Centrale»
Burnat est un homme du XIXe siècle, qui
connut les grandes révolutions libérales
de France et de Suisse. Il avait donc 78
ans lorsque la photo fut prise. Son collègue et ami John Briquet était beaucoup
plus jeune (36 ans). Briquet rencontra
Burnat au Conservatoire botanique de
Genève en 1889. Ce fut le début d’une
solide amitié. En plus de huit missions
en Corse, John Briquet accompagna
Emile Burnat dans presque tous ses
voyages botaniques dans les Alpes Maritimes. Formé à Genève, puis à Berlin,
Briquet fut d’abord conservateur
(1896), puis directeur des Conservatoire et Jardin botaniques de 1906 à
1931. Il participa activement à l’emménagement dans la Console. Il fit la
brillante carrière que l’on connaît,
s’illustrant notamment comme rapporteur aux congrès internationaux de
botanique de 1900, 1905, 1910, 1925 et
Burnat a été l’initiateur des
recherches menées à partir de
Genève sur la Corse
Alpes Maritimes – ce qu’il considérait
comme son grand œuvre, parmi beaucoup d’autres travaux. Il a aussi été l’initiateur des recherches menées à partir
de Genève sur la Corse, expédition
immortalisée par cette fameuse photo.
1930. Lorsque je fus invité au Missouri
Botanical Garden de Saint-Louis (USA),
on me lut une lettre du major John
Briquet, commandant du bataillon de
fusiliers 121, qui s’excusait de ne pas
effectuer la tâche de rapporteur au
congrès de 1915, étant mobilisé sur
la frontière.
Pour la petite histoire, le soussigné
a lui-même commandé ce bataillon de
1987 à 1992. Briquet a publié d’importants travaux sur la flore des Alpes
Maritimes, de la Corse, de l’Afrique du
Nord, ainsi que des monographies et
des biographies de botanistes.
Alfred Saint-Yves est probablement
oublié par les botanistes genevois
contemporains. Il fut néanmoins un
grand collaborateur du Conservatoire
auquel il légua un herbier riche en types
«...Nous vîmes arriver un touriste
paraissant las sous le poids d’un
cartable bourré de plantes...»
et des ouvrages sur les Graminées. Il
publia sur les genres de cette famille
dans l’Annuaire du Conservatoire
(actuellement Candollea). Cavillier
(1935) décrit ainsi la première rencontre entre Saint-Yves et Briquet: «Le 15
juillet 1898, la 14e batterie alpine, que
je commandais alors, cantonnait à
Breuil, petit village des Alpes maritimes, situé
à 1450 m d’altitude, au pied du Mt
Mounier. Avant le dîner, nous nous promenions, devisant de botanique en
simples amateurs, lorsque nous vîmes
arriver un touriste paraissant un peu las
sous le poids d’une boîte et d’un cartable bourrés de plantes. Immédiatement
nous l’avons abordé et nous lui avons
demandé de venir partager notre repas.
J. Briquet, car c’était lui, nous exprima
tous ses regrets; il attendait son ami et
compagnon de courses F. Cavillier...
De cette rencontre fortuite sont nées ces
relations intimes que j’ai eu l’inestimable faveur de nouer avec deux hommes
éminents: E. Burnat et J. Briquet... C’est
ainsi que je fus amené à participer aux
explorations botaniques de J. Briquet,
d’abord d’une façon intermittente, en
raison de mon service militaire, puis
finalement tous les ans...». En 1906, le
commandant Saint-Yves a 51 ans; il
vient de prendre sa retraite d’officier
d’artillerie de montagne, carrière qu’il
a d’ailleurs accomplie en grande partie
dans les Alpes Maritimes.
MM. François Caviller et Emile-Samuel
Abrezol sont sur la photo en tant qu’assistants-préparateurs de l’expédition
Burnat – Briquet – Saint-Yves. Ils ont
accompagné Emile Burnat et John
Briquet dans la plupart de leurs voyages
botaniques depuis 1890. Cela signifiait
beaucoup de choses, de la préparation
pratique de l’expédition, à la récolte et
au séchage des plantes. Caviller collabora aussi à la rédaction de certains
chapitres de la Flore des Alpes Maritimes. Lorsqu’ils n’accompagnaient pas
leur patron, ces deux botanistes travaillaient comme conservateurs de l’herbier Burnat.
Références
Briquet, John & François Cavillier (1922). Emile
Burnat. Conservatoire et Jardin botaniques. Genève.
Cavillier, François (1935). Alfred Saint-Yves
(1855-1933). Notice biographique. Candollea 6:
25-43.
John Briquet: www.lexhist.ch
PAGE 4 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Rodolphe Spichiger, directeur
C'est en 1817 qu'Augustin-Pyramus de Candolle, professeur honoraire
de l'Académie de Genève depuis 1800, mais enseignant à Montpellier,
revient dans sa ville natale pour y fonder un jardin botanique sur le site
de l'actuelle Promenade des Bastions.
Ce nouvel instrument doit favoriser l'enseignement des sciences naturelles et l'acclimatation des plantes. Il renforce le rôle
important joué par Genève dans ce domaine
depuis Kaspar Bauhin au XVIIe siècle.
En 1902, le Jardin, devenu trop exigu, est transféré à son
emplacement actuel par John Briquet. La construction du
premier Conservatoire est entreprise aussitôt au lieu-dit «la
Console» pour abriter, dès 1904, les herbiers et la bibliothèque.
La première serre est installée en 1908. Le Jardin connaît deux
extensions ultérieures: en 1955 (Campagne Duval) et en 1976
(Terre de Pregny). Il occupe aujourd'hui une surface de 28 hectares sans compter le parc du Château de Penthes et les serres de
Pregny/Rotschild) dont nous avons la charge.
LES CINQ MISSIONS DES CJB
Les cinq missions des Conservatoire et Jardin botaniques répondent à une vocation muséographique et aux nécessités de la
conservation du monde végétal en particulier et de l’environnement en général. Elles se déclinent en cinq verbes traduisant
cinq actions:
1. Explorer
Les explorations sur le terrain procurent à l’institut les matériaux nécessaires à la compréhension de l’environnement. Les
quatre principaux territoires étudiés sont le bassin méditerranéen, l'Amérique tropicale, l'Afrique et Madagascar, et bien
évidemment notre région alpine. Les missions sur le terrain
permettent d’augmenter les collections d’herbier d’environ
7500 échantillons par an. Outre la récolte de matériel séché
et vivant, l’enregistrement de données iconographiques et
ethnobotaniques ainsi que le prélèvement de matériel génétique sont les composantes plus modernes du travail du
botaniste naturaliste.
2. Conserver
Le Jardin botanique, véritable musée vivant, offre au public
une collection étiquetée, répertoriée et informatisée d'espèces
botaniques et horticoles provenant du monde entier. Il est
divisé en cinq secteurs: l'arboretum, les rocailles et le massif
des plantes protégées, les plantes officinales et utilitaires, les
serres, ainsi qu’un secteur qui se consacre à l'horticulture
et aux animaux. En plus des tâches de conservation, le Jardin
est dédié à la recherche et à l'éducation environnementale.
centenaire
A l’occasion du
e
100
Le Conservatoire comprend une bibliothèque et un herbier. La
Bibliothèque botanique de Genève a une valeur patrimoniale
exceptionnelle. Riche de plus de 220000 volumes et d'environ
4000 séries de périodiques, elle regroupe une documentation
exhaustive dans son domaine. Des banques de données, des
collections d'ouvrages anciens, des microfilms et une iconothèque de plus de 25000 titres complètent cet ensemble. Etroitement relié à la bibliothèque, l’herbier (environ 6 millions
d'échantillons) se situe parmi les cinq plus grands au monde.
Il s’enrichit du matériel récolté par les conservateurs et des
échanges inter-instituts. De très belles collections proviennent
de donations faites sur la base d’une réputation internationale
d’excellence.
3. Rechercher
Le spécimen d’herbier est la matière première de l’ensemble
des programmes de recherche. L'essentiel des travaux
concerne la botanique systématique (rédaction de monographies et de flores), les études sur la biogéographie, le paysage
et la végétation, ainsi que la nomenclature botanique, l'ethnobotanique et l'histoire des sciences. Le travail de terrain
complète la recherche documentaire et les expériences de
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 5
laboratoire. L'application de nouvelles technologies, telles que
la biologie moléculaire ou la télédétection par satellite pour
l'étude de la végétation, a ouvert des perspectives prometteuses.
4. Enseigner
Dans le cadre de la convention liant le Conservatoire à l'Université, le directeur et certains conservateurs dispensent des
cours à plus d’une centaine d'étudiants par année. De nombreux travaux de diplôme et de doctorat sont dirigés par les
collaborateurs des Conservatoire et Jardin botaniques. Des
cours sont également donnés dans des universités du Sud
(Asunción au Paraguay, Dakar au Sénégal).
A cette recherche et cet enseignement universitaires sont
venues s’ajouter la publication d’ouvrages de vulgarisation, la
présentation d’expositions et l’organisation d’ateliers pédagogiques. Ces actions démontrent le rôle central joué par les
jardins botaniques en matière d’éducation environnementale.
Des espaces muséographiques interactifs publics, mettant en
valeur les collections vivantes du Jardin botanique ont été
créés: le Jardin des senteurs et du toucher, les Terrasses des officinales, le Botanicum et les serres tropicales en automne 2003.
5. Protéger
Les Conservatoire et Jardin botaniques sont devenus une
plate-forme inventive, dédiée à la gestion de la biodiversité
naturelle et culturelle au service d’un développement
soutenable au Nord comme au Sud. Abritant deux observatoires qui contrôlent l’état de la flore régionale – le Patrimoine Vert genevois et le Centre du Réseau Suisse de Floristique – les CJB interviennent en toute légitimité comme
institut-expert et institut-ressource pour les problèmes environnementaux genevois et suisses.
Par leurs expertises auprès d’organismes de coopération, les
Conservatoire et Jardin botaniques contribuent à limiter la
destruction de la forêt tropicale et l’érosion de la diversité
Ces programmes de botanique appliqués au développement
sont basés sur l’ethnobotanique et l’éducation environnementale et mettent en valeur les résultats des recherches que les
scientifiques des CJB mènent traditionnellement dans certains
pays du Sud. Ils sont conduits par des éducateurs-chercheurs
formés par le directeur de l’institut qui est invité en tant que
professeur dans les universités de ces pays. Ces micro-projets
sont développés à partir de jardins ethnobotaniques locaux
réhabilités (Paraguay, Sénégal, Bolivie, Brésil, Burkina Faso)
dans le cadre de conventions culturelles inter-municipales.
Les Conservatoire et Jardin botaniques
contribuent à limiter la destruction de la forêt tropicale et l’érosion de la diversité végétale
végétale. L’éducation environnementale menée au Sud
comme au Nord permet quant à elle de modérer l’érosion des
savoirs sur la diversité végétale. C’est en particulier de cette
manière que l’institut répond aux exigences de l’Agenda 21.
Perspectives
Parallèlement aux travaux d’extension BOT V, rendus nécessaires par l’augmentation des collections, cette législature
entend favoriser les programmes de coopération des CJB. A
l’optimisation du bilan écologique de l’institution (recyclage
généralisé, gestion des eaux et des déchets, compostage, lutte
intégrée, etc.), qui reste un objectif prioritaire dans le futur, est
venue s’ajouter la coopération au développement.
PAGE 6 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
de jubilaire
centenaire
HISTOIRE
Didier Roguet, conservateur – adaptation d’un texte de H. Burdet pour la série documentaire no.26, CJB, 1990
A la fin du XIX e siècle, le jardin botanique des Bastions étouffe peu à peu. L'espace lui
manque. Dernière manifestation de splendeur en 1887, l'inauguration, en son sein, du
buste d'Edmond Boissier, par Hugues Bovy, offert par la sœur du botaniste, la comtesse
Agénor de Gasparin
es jours du jardin des
Bastions sont désormais
comptés.
Entièrement enfermé par
des constructions et des voies de
circulation, le jardin, à 1'aube de ce
siècle, ne peut se maintenir et se développer harmonieusement aux Bastions, ce d'autant moins que l'espace
qu'il occupe a été choisi pour l'érection du monument commémoratif de
la Réforme. Décision fut prise, le 25
janvier 1901, de le déménager.
Le nouveau jardin botanique, d'abord
prévu à la Villa Mon-Repos, selon la
suggestion de Philippe Plantamour
léguant cette propriété à la Ville en
1898, ne put finalement y trouver
place. On choisit plutôt la région de
Sécheron, au lieu dit «La Console», au
bas du domaine de Varembé. Varembé
L’espace prévu pour le nouveau
jardin botanique était de
75 000 mètres carrés
était une ancienne propriété Rillet,
passée aux Revillod, que Gustave
Revillod, après y avoir fait construire
le vaste palais de l'Ariana, en souvenir de
sa mère Ariane, venait de léguer à la
Ville avec toutes ses collections.
L'espace prévu pour le nouveau jardin
botanique était de 75 000 mètres
carrés. Ce vaste terrain, dégagé, face
au lac et accessible en bateau, autorisait facilement la réalisation d'un
beau jardin botanique, doté des installations les plus modernes. La décision
d'opérer la translation prise, le tracé
du jardin et les premiers travaux
d'aménagement par Jules Allemand
occupèrent les années 1902 et 1903.
La construction du Conservatoire
botanique commencée le 5 juillet
1902 ne put s'achever avant avril
1904, interrompue deux fois par les
grèves de 1902 et 1903.
Le déménagement des collections se fit
entre mai et juin 1904. L'inauguration
solennelle eut lieu le 26 septembre
1904. Comparé à celui des Bastions, le
nouveau jardin comportait, en plus
d'une très classique «école de botanique», de nombreuses allées sinueuses et la suppression de toute barrière
Le Jardin vu de la Console, après 1936. On remarque la présence du Palais des Nations en arrière-plan. La serre chaude a été reconstruite à son emplacement actuel.
Ensuite, la voie CFF a été repoussée vers la colline
Haut La Console en 1904 Bas L’agrandissement du bâtiment est parfaitement visible (1924).
pour permettre un accès ample et
facile du public à presque chaque
plante. Autre nouveauté notable, le
tracé comportait, grâce à de forts
mouvements de terrain, un espace vallonné et très varié, au milieu duquel la
création de rocailles et d'un jardin
alpin, formé de mamelons rocheux
disposés pour donner une illusion
d'étendue et de hauteur, ne manquaient pas de créer un dépaysement
inhabituel. L'effet était encore augmenté par la captation des sources et
la réalisation de ruisseaux et d'une
cascade. Malheureusement, les serres
et l'orangerie du jardin botanique et
leurs collections étaient restées aux
Bastions. Il avait été primitivement
prévu de les démonter et de les déménager. Gravement endommagées en
1906, il fut finalement décidé, le 12
octobre 1907, d'y renoncer et de
construire de nouvelles serres à la
Console. La première d'entre elles est
réalisée à temps pour permettre un
premier déménagement en août 1908.
L'orangerie et les serres des Bastions
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 7
Vue aérienne Le Jardin botanique en 1953. A gauche, le long des voies CFF, l’ancienne orangerie est en construction
doivent cependant être démolies en
1910, pour laisser la place au «Mur
des Réformateurs» prévu à leur emplacement, sans que les nouvelles serres
de la Console ne soient encore prêtes à
recevoir la collection. Elles ne seront
Dans les années 20, le conservatoire botanique est devenu un
instrument de travail international
complètement achevées qu'en octobre
1911. Le don au Conservatoire botanique des collections du botaniste
vaudois Emile Burnat (1828-1920)
impose un premier agrandissement du
bâtiment du Conservatoire à la Console,
travaux dont ce généreux donateur
accepta de couvrir les frais. Commencés au printemps 1911, ces travaux s'achevèrent en mai 1912. L'entrée au
Conservatoire des collections de Candolle imposa à son tour un agrandissement. Les travaux commencés en juin
1923 s'achevèrent en avril 1924. Le
bâtiment fut inauguré en octobre.
Parvenu en 1928 à un développement
où l'addition successive, logiquement
amenée, de très grandes collections
(Micheli, Moricand, Burnat, de Candolle) et de plusieurs bibliothèques
classiques, auxquelles ont constamment
recours les savants de tous pays, le
Conservatoire botanique – qui était, un
siècle plus tôt, d'un intérêt presque uniquement genevois – est devenu un
instrument de travail international en
complète disproportion avec les ressources locales.
Justement inquiet de cette situation, un
comité d'initiative, appuyé par des
savants éminents d'Europe et d'Amérique, se charge alors de la constitu-
tion d'une «Fondation auxiliaire» au
capital de 200 000 francs. C'est sans
difficulté, de mars à décembre 1928,
que ce montant fut entièrement rassemblé, souscrit aux deux tiers par J.
D. Rockefeller Jr. Cet effort presque
spontané du public a permis et permet
encore, en venant s'ajouter aux sacrifices importants consentis par les autorités municipales, de maintenir les collections de la bibliothèque au niveau
des progrès de la science.
La période récente est marquée pour
les Conservatoire et Jardin botaniques
par une expansion importante.
Le jardin s'est accru des 4 hectares de
la campagne Duval en 1954, puis de la
Terre de Pregny en 1978, ce qui porte
sa surface totale à 18 hectares. Une
orangerie est édifiée en 1954, puis une
volière en 1978. L'important complexe
de bâtiments comprenant, en plus de
divers locaux techniques, une «maison
des jardiniers» et des serres de collection a été inauguré le 29 avril 1986. Une
serre méditerranéenne complète ces
installations depuis 1987. L'accroissement constant des collections tant de
la bibliothèque que des herbiers mis
régulièrement le Conservatoire dans
une situation difficile. Il dût abriter ses
trésors dans les sous-sols d'une école,
temporairement à la villa Mon-Repos et
dans une villa de Malagnou, jusqu'à la
mise à sa disposition (1971) et à la
rénovation de la villa «Le Chêne» sise
dans le Jardin même. Une petite annexe
pour des laboratoires et des herbiers
(1971), puis sa large extension a
permis depuis 1974 de loger la bibliothèque et les herbiers dans des locaux
modernes et adaptés à leur bonne
La construction du nouveau
Conservatoire, 1974.
conservation. Ces locaux ont dorénavant 30 ans et sont eux aussi devenus
trop exigus. Leur extension est prévue
au plan quadriennal des CJB (BotV).
Au milieu du beau jardin qui lui sert
de devanture et d'outil pédagogique,
l'institution scientifique séculaire des
Conservatoire et Jardin botaniques de la
Ville de Genève, imposante par sa taille
et la richesse de sa tradition, est aujourd'hui plus que jamais un lieu d'intenses activités scientifiques, largement ouvert au
public. Ses 6 millions de spécimens de
plantes préservées dans des souterrains spécialement équipés, les 220000 volumes
de sa bibliothèque informatisée sont à
la disposition des chercheurs et des
spécialistes de Genève, de Suisse et du
monde entier, qui ne se font pas faute
d'y recourir. Base logistique et siège de
plusieurs programmes scientifiques
locaux et internationaux, dispensant
l'enseignement de la botanique à tous
les niveaux, les Conservatoire et Jardin
botaniques s'efforcent de mettre en
œuvre le conseil d'Augustin-Pyramus de
Candolle qui terminait ses mémoires
par ces mots: «Je prie tous les Genevois
auxquels ma mémoire pourra être
chère de l'exprimer, non par des discours ou autres marques de ce genre,
mais en encourageant de toutes leurs
forces les études scientifiques dans
notre ville comme étant la carrière qui a
le plus honoré ses habitants et qui
convient le mieux à leur position et
à leur caractère».
PAGE 8 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Programme d’activités 2004
L’année 2004, année jubilaire des CJB, offrira au public du Jardin botanique
un série d’événements qui auront pour fils conducteurs l’histoire botanique
et sa modernité. Notez d’ores et déjà dans vos agenda les dates du 11 juin
(inauguration de l’exposition sur les envahisseurs à 17h30) et celles des 25
et 26 septembre (fête du 100 e ).
Animations
20 mai – 26 septembre 2004
«Envahisseurs!»
(Exposition / Serre tempérée et Terrasses des utilitaires / Entrée libre)
Exposition montée en co-production avec le Musée du Léman de Nyon et en collaboration avec le Service des forêts, de la protection de la nature et du paysage
(SFPNP) du Canton de Genève.
Après une année d’interprétation sur les organismes envahissants mais aussi introduits,
réintroduits ou colonisateurs au Musée du Léman, le public genevois pourra découvrir
une exposition revisitée, où nous nous concentrerons sur les organismes végétaux et
animaux posant un réel problème d’envahissement dans le bassin genevois.
Diverses publications d’informations éditées en collaboration avec le SFPNP et le
Musée du Léman seront proposées aux différents publics (écoles, enseignants,
parents, jardineries, mairies, agriculteurs, etc.)
Le domaine de l’impact de ces plantes sur la santé publique sera particulièrement
mis en évidence.
e
100
programme 2004
A vos AGENDAS
100 e anniversaire des CJB sur la parcelle de La Console
(A l’occasion du 100e anniversaire de l’implantation du Jardin
botanique sur son site actuel)
1er juillet – 31 octobre
Exposition «Jardin botanique d’hier et d’aujourd’hui»
Parcours photographique (tirages géant sur bâche) invitant à une promenade
historique dans le Jardin botanique.
«Potager 1904»
à côté de la buvette des CJBG (collaboration Pro Specie Rara, Antenne romande)
25 et 26 septembre 2004 – Journées découverte
«Histoires botaniques et modernités»
(de 11h à 17h, au départ de la Console, route de Lausanne 192)
L’inauguration de cette exposition et la présentation publique des documents édités
pour l’occasion aura lieu le 11 juin à 17h30 au Jardin botanique (serre tempérée)
dans le cadre des Journées du développement durable.
11, 12 et 13 juin 2004
Journées du développement durable
(Ville de Genève / Plaine de Plainpalais / Entrée libre)
Stand des CJB consacré aux envahisseurs végétaux.
3 et 4 juillet 2004
Nuit de la Science
(Ville de Genève / Plaine de Plainpalais / Entrée libre)
Les CJB seront étroitement associés à cette 4e Nuit de la science, qui servira pour
l’occasion de tremplin aux festivités de son 100e anniversaire, en particulier sur la
parcelle de la Console et dans le Jardin historique.
Le thème des néophytes envahissantes sera toujours à l’honneur sous le titre
«Envahisseurs végétaux: mesures et démesure»:
– Installation plastique et évolutive sur le thème des envahisseurs entre notre
serre tempérée et le Musée d’Histoire des sciences
– Présence spectaculaire et active lors de la Nuit de la science par un stand des
CJB consacré aux «envahisseurs». Système d’information géoréféré sur les
néophytes envahissantes dans le canton de Genève, rapport de proximité avec
le public. Démonstrations pratiques et interactives de cet outil extraordinaire
qui traite par couches les différents paramètres environnementaux de la
Genève verte.
– Un parcours découverte, promenade autonome et illustrée en plein air dans le
Jardin botanique historique, par une mise en situation d’images géantes
d’époque, des rencontres et des ateliers démontrant la pérennité et la modernité des travaux et recherches effectués dans notre musée vivant
– Des ateliers en costume d’époque (rocailles, arboretum, races et variétés anciennes Pro Specie Rara, Conservatoire botanique de la Console, serres,
graines et cultures in vitro, etc.) disposés le long du parcours, présenteront
la botanique, son histoire genevoise mais surtout son actualité et sa modernité à travers un discours très actuel (conservation, PSR, collections et applications, nouvelles techniques, in vitro, SIG, Labo bio. mol., etc.) et des
démonstrations
– Restauration (menu 1904) sur le parcours de la promenade au restaurantbuvette du Jardin botanique
– Différents massifs à thème historique («culinaire 1904» «aromatiques»)
seront implantés entre la Volière et la buvette
– Publication d’une bande dessinée sur le thème du centenaire
28 septembre 2004
Journée pour les écoles
(Conservatoire et Jardin botaniques / sur inscription au 022 418 51 55)
Un parcours découvertes et des ateliers sont prévus à l’attention des classes.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 9
ATELIERS VERTS
du jardin botanique
PROGRAMME DES ATELIERS VERTS
1.
Qui habite dans ce
nichoir?
8.
Observation des différents nichoirs des CJB
et réalisation d’un nichoir à mésange.
Jardin botanique, la Console
2.
Rencontres avec les
animaux du Jardin botanique
Je réalise un cadeau pour la fête des
Mères.
Jardin botanique, la Console
9.
Moutons, chèvres, oiseaux, poules...
Jardin botanique, la Console
3.
Je multiplie les plantes?
10.
J’apprends à faire des semis, des boutures
et des greffes avec le jardinier.
Jardin botanique, la Console
4.
Réalise un herbier et
collectionne les plantes (1)
11.
Le Botanicum?
Un parcours pour faire des expériences
et des découvertes.
Jardin botanique, la Console
7.
Expérience au laboratoire
de biologie moléculaire
des CJB
Les Envahisseurs au
Jardin botanique
Attention danger!
Tout n’est pas bon à
cueillir et à manger
Apprends à connaître des plantes et des
fruits toxiques.
Jardin botanique, la Console
Réalise un herbier et
collectionne les plantes (2)
Partie 2: montage et réalisation de l’herbier.
Jardin botanique, la Console
12.
6.
Mon jardin potager (1)
Je prépare le sol, les semis et les
premières plantations.
Parking du Château de Penthes
L’histoire de plantes et animaux envahissants.
Jardin botanique, la Console
Partie 1: récolte et séchage.
Jardin botanique, la Console
5.
Des fleurs pour ma
maman
Le rucher du Jardin
botanique
Découvre les habitants de la ruche.
Jardin botanique, la Console
13.
Mon jardin potager (2)
J’entretiens mon potager et je récolte
mes premiers légumes.
Parking du Château de Penthes
Découverte de la cellule d’une plante et
extraction de son ADN.
Jardin botanique, la Console
La saison 2003-2004 des ATELIERS VERTS du JARDIN
BOTANIQUE de la Ville de Genève a débuté le 22 octobre
dernier.
Un programme plus attrayant que jamais est offert aux enfants de 8
à 11 ans le mercredi après-midi, sur inscription, ceci toujours en
collaboration avec l'Université du troisième âge (UNI3), l’Association
des Amis du Jardin botanique et le Service des loisirs de la jeunesse
(D.I.P.) et la collaboration ponctuelle du Centre d’Animation pour
les retraités de l’HG (CAD).
Vous trouverez le programme des ateliers de ce printemps ci-contre.
Un prospectus est à votre disposition à la réception du Jardin botanique ou auprès d’UNI3 pour vous décrire leur fonctionnement
et les thèmes abordés ce printemps.
Renseignements et inscriptions auprès du secrétariat
d’UNI3 tél.: 022 705 70 42.
Expositions à la Salle du Chêne
23 février – 14 mars
Andras ZOMBATH
La flore suisse. Infographies
28 juin – 18 juillet
Marie-Noël GHESQUIERE
Gravures
15 mars – 4 avril
Michel BRIGAND
Peintures / sculptures
19 juillet – 8 août
Dominique VUICHARD
Sculptures sur pierres
5 avril – 25 avril
MARIWEN
Washi Road. Papier japon et soie
9 août – 29 août
Patricia WUILLEMIN-NAFE
Peintures
26 avril – 16 mai
Michèle GOLIA
Sculptures / céramiques
30 août – 19 septembre
Pierre BAUMGART
Gravures / lithographies
17 mai – 6 juin
Wendy GIBBS
Aquarelles. Orchidées menacées
du Vietnam, en collaboration avec
l’UICN et la Mission du Vietnam
20 septembre – 10 octobre
Cyrille CHATELAIN
Peintures dans le cadre du
100e anniversaire des
Conservatoire et Jardin botaniques
7 juin – 27 juin
L’Enfant, l’Art et la Science
Créations artistiques d’enfants de
classes primaires, rétrospective
2003-2004
11 octobre – 31 octobre
Gilbert HAYOZ
Photographies. Les lichens
PAGE 10 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Daniel Jeanmonod, conservateur
L’étude de la Flore de Corse,
un projet qui se termine après
un siècle!
n 1904, J. Briquet faisait sa seconde expédition
en Corse et dans son esprit naissait probablement l'idée d'une étude exhaustive de la flore
de cette île. En tous cas, en 1913 paraissait le
1er volume du «Prodrome de la Flore Corse», ouvrage
inachevé de son vivant et qui sera achevé par les éditions des
CJB d'ici 2 ou 3 ans.
En revanche, 100 ans après cette expédition de 1904, les CJB
dont Briquet était alors directeur, pourront probablement
fêter l'achèvement de la «Petite Flore de Corse».
publications
FLORE de Corse
Cet ouvrage permettra la reconnaissance de toutes les plantes
à fleurs, mais aussi des conifères et des fougères de l'île. Il
donnera pour chacune d'elles de précieuses indications sur
les périodes de floraison, l'écologie des espèces, leur fréquence, leur répartition, mais aussi une brève description.
Cette «Petite Flore de Corse» représentera la quintessence des
connaissances et des recherches sur la flore de la Corse
depuis un siècle. Elle est en effet la synthèse et l'expression
concentrée de toutes les informations du «Prodrome de la
Flore Corse» mais aussi des résultats des nombreuses explorations et études menées ces 15 dernières années par les CJB
en collaboration avec d'autres instituts.
Le vallon de Pertusato avec sa flore très riche en plantes endémiques à la Corse (Bonifacio en arrière-plan)
Entretien par Magali Stitelmann avec David Aeschimann, conservateur
Fruit de 10 ans de travail en collaboration internationale,
cet ouvrage sera l'outil indispensable à tout botaniste,
forestier, étudiant ou amateur désireux de connaître la
flore de «l'île de beauté».
Flora ALPINA
La parution de «Flora alpina» est annoncée pour 2004.
En 1990, les CJB et vous-même se lancent dans ce
projet fédérateur grâce aux atouts en leur possession.
Jusqu’ici de nombreux travaux ont été menés pour
décrire la flore alpine. Comment «Flora alpina» fait-il
un lien entre ces ouvrages?
La parution est prévue pour juin 2004.
L’arc alpin, qui s’étend de Nice à Vienne, touche plusieurs pays.
Ces différents pays ont chacun leurs Flores et inventaires, ainsi
qu’une nomenclature et des conceptions taxonomiques qui leur sont propres. Un des objectifs de
«Flora alpina» est de rassembler ces différentes «listes» afin que chaque plante soit nommée sous
un seul nom réputé correct. De plus, «Flora alpina» décrit la flore de l’ensemble de l’arc alpin, ce
qui n’avait encore jamais été fait.
Pour chaque plante présentée, l’ouvrage inclut un ensemble de données. Comment celles-ci seront-elles présentées afin que tout le monde puisse y avoir accès, alors que plusieurs pays et langues nationales sont concernés?
L’ouvrage est composé de fiches présentant les données de façon très graphique, donc compréhensible indépendamment de la langue du lecteur. En dehors du nom des plantes en latin et dans
les langues nationales des différents pays concernés, les informations sont proposées sous forme
de diagrammes et de pictogrammes (symboles). Cela nous permet de faire une seule édition, qui
comportera toutefois trois versions de l’introduction, respectivement en français, en allemand et en
italien. Concernant la morphologie, chaque plante est illustrée d’une grande photo en couleurs.
Nous nous réjouissons beaucoup de découvrir cet ouvrage magnifique et d’en savoir
plus. Merci David Aeschimann!
Les Aiguilles du Tour, vues des lacs de Chéserys (21 septembre 2003) – Photo: D. Aeschimann
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 11
le temps qui PASSE ...
Ainsi traversons-nous la campagne
Le 26 septembre 2004 aura lieu la commémoration
du déménagement du jardin : une occasion d’évoquer
à la fois son passé, l’an 1904, et le futur !
Entretien par Magali Stitelmann
avec Raymond Tripod, chef jardinier
Raymond Tripod, vous êtes chef-jardinier depuis 1985. Vous devez vraiment avoir une vision d’ensemble
du Jardin botanique? (caquetages de
canards et poules en arrière-plan)
Oui, en effet, car au fil des années,
avec les projets élaborés pour restaurer,
renouveler le jardin et surtout reconstruire les serres, la Maison des Jardiniers
et les infrastructures générales, mon activité m’a donné une vision globale de
l’espace et du jardin en général. Avec mes
collègues, nous avons eu le privilège de
pouvoir y participer. Moi-même, avec les
années d’activités passées sur le terrain,
j’y ai trouvé un réel intérêt. Nous avons
eu la possibilité de construire notre outil
pour l’avenir.
Le 26 septembre 2004 aura lieu la
commémoration du déménagement
du Jardin. À l’époque, est-ce que le
Jardin botanique travaillait déjà
de pair avec le Conservatoire botanique sur un axe de systématique?
D’après ce qu’on lit, le Jardin était
associé aux collections scientifiques du
Conservatoire. Les collections vivantes
étaient présentées bien différemment,
pour ce qui est des plantes médicinales
Aujourd’hui, les collections vivantes sont présentées de façon plus
paysagères qu’autrefois
et utilitaires. Aujourd’hui, elles le sont
de façon plus paysagère, mieux illustrée, et
plus intéressante qu’autrefois. Au fil des
décennies, les collections se sont agrandies. Dans un sens, elles ont évolué parce
que plus de moyens leur ont été attribués, qui ont été exploités pour la satisfaction du public. Et si l’on va fêter ce
100e anniversaire, c’est que l’institution
a toujours été considérée comme une
nécessité publique. Elle a toujours été
utile, soutenue et développée. La tradition botanique genevoise n’y est
d’ailleurs pas étrangère.
Ce 100e sera certainement une grande
fête! Dans le cadre des préparatifs, on
parle de différentes mises en valeur et
animations. Comment voyez-vous ce
projet?
Montrer ce que l’on fait est une opportunité, en particulier celle de dévoiler au
public la face cachée de notre institution
municipale, et tout ce qui s’y passe. Nous
souhaitons montrer que nous sommes
attentifs à tous les problèmes environnementaux, et puis qu’au fil des années,
nous nous sommes vraiment orientés vers
des projets de conservation plutôt que de
nous évertuer à rassembler des collections
exhaustives.
Chacun aura à cœur de présenter au
mieux son secteur, parmi les choix qui
ont été faits, et de mettre en valeur le
résultat de son travail.
En fêtant cet anniversaire en 2004,
on évoque à la fois le passé, l’an
1904, et le futur! Comment projetezvous le Jardin dans le futur?
Je suis persuadé qu’à l’avenir, il jouira
toujours de sa notoriété et comptera de
nombreux visiteurs. Il est souhaitable que
le Jardin botanique reste un «fleuron»
bien présenté, ouvert au public, animé, et
surtout un Jardin où les jeunes, les animateurs, et les enseignants ont envie de venir.
Ceux-ci nous amènent régulièrement la
jeune génération qui prend connaissance
de ce lieu et qui le laissera très probablement durant quelques années de côté,
pour revenir plus tard.
Souvenirs...
Durant les hivers des années 60 à début
70, je me souviens que l’on ne voyait pour
ainsi dire personne dans le parc, malgré
le bus qui arrivait au coin du jardin! Il
n’était pas suffisamment connu du grand
public. Il était, à l’époque, un peu l’extrémité peu fréquentée des promenades de
pourtour de la rade. C’est avec le Prof.
Bocquet que l’ouverture de l’institution a
démarré.
Est-ce que c’est aussi parce que les
gens ressentaient moins le besoin de
retrouver un peu de nature en ville?
Effectivement, je me souviens que dans
le cadre de mon apprentissage, nous étions
conduits de temps à autre pour une visite
des parcs de Genève. Elle commençait
par la Plaine de Plainpalais, les Bastions,
Le réaménagement du Jardin d’hiver restauré – Juin 1998
le Parc de La Grange, le Parc des EauxVives, le Jardin anglais et les quais! Et
dire que lorsque je les traverse maintenant, je ressens la pression urbaine
exercée par l’augmentation des espaces
bétonnés!
Quant au Jardin botanique, la visite
relevait de notre propre initiative, à
l’occasion de la confection de notre
herbier de plantes ligneuses afin d’y
placer quelques échantillons en marge
du commerce des plantes.
La tendance qui prévalait à ce momentlà, n’était pas encore à la conservation et
l’Agenda 21!
En effet, on pratiquait plutôt la «collectionnite» dans notre jargon de
métier, une tendance à rivaliser avec
des collections étoffées de plantes très
rares sans avoir vraiment dégagé un
thème ou fait des choix. On se servait
dans les stations sans trop se soucier de
l’avenir. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui des biotopes sont englobés
dans des réserves naturelles!
Est-ce qu’il y avait des modes?
Très marquée a été la période d’engouement à la Rocaille et bon nombre
d’aménagements ont été créés dans le
canton et en Suisse romande.
PAGE 12 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Dans le milieu horticole, le Jardin botanique de Genève est réputé pour ses
grandes rocailles vêtues de belles pierres
calcaires. Elles sont régulièrement
entretenues par des professionnels qui
maintiennent ce qui a été le plus grand
moment d’une époque.
Le Jardin botanique de Genève,
patrimoine qu’il s’agit de gérer?
... de sauvegarder et de défendre! Il y a
de cela quelques années déjà, notre direction a choisi de s’étendre sur des surfaces
n’étant pas propriété de la Ville de
Genève, stratégie qui génère forcément
un développement qu’il s’agit de gérer.
En contrepartie, c’est une ouverture vers
une extension future des collections,
ainsi que des animations muséologiques
et interactives pour le public.
Ces surfaces: Penthes (env. 10 hectares),
Serres de Pregny (env. 2 hectares), nous
ont permis de réaliser l’Exposition
nationale Pro Specie Rara en 1996 et
Le Domaine de Penthes jouit d’un
coup d’œil imprenable sur
le Léman et la Haute-Savoie
d’organiser la grande manifestation
«Cap au Sud» l’an dernier. Qui sait, il y
a aussi la campagne Rothschild, à côté
du Domaine de Penthes qui jouit d’un
coup d’œil imprenable sur notre lac et la
Haute-Savoie. Elle sera certainement
ouverte un jour à la collectivité, et pourquoi
pas aux soins des CJB qui pourraient
faire de bonnes propositions. Mais pour
cela, il faudrait s’assurer un effectif en
personnel adapté à un tel projet. Il faudrait aussi, bien sûr, qu’une volonté
politique l’appuie.
A une époque, on s’orientait vers un
grand jardin des musées, et j’imagine
bien qu’une extension en direction du
Nord ferait des Conservatoire et Jardin
botaniques de la Ville de Genève l’un
musées les plus étendus du continent.
Mais bon cela, c’est du futur...
On voit que le Jardin botanique
est dynamique et plein de projets,
tourné vers son public...
En fait, ce sont les plans directeurs
qui font avancer les projets. Le professeur Miège, initiateur du 1er plan directeur, a permis le développement de Bot 2
puis du Conservatoire moderne actuel.
Enfin, cet essor a engendré le démarrage de Bot 4: construction de nouvelles
serres et d’une Maison des jardiniers
ainsi que la restauration des aménagements généraux. Ensuite, le plan directeur de 1993 a été réédité, repensé, et
c’est dès ce moment que l’orientation a
basculé vers des projets de conservation,
aussi bien de végétaux que d’animaux.
Nous avons maintenant emboîté le pas
avec l’Agenda 21. Notre travail consiste
à poursuivre dans cette voie. Nous
sommes en effet très concernés par les
dispositions qui découlent de la conférence de Rio en 1992.
Histoire & modernité
La transmission du savoir. Contribution au module «Rocailles et plantes alpines» pour jardiniers botanistes – Août 2003
Dire d’avancer dans cette voie signifie
demander aussi les ressources humaines
nécessaires pour faire fonctionner un
jardin qui prend de l’envergure. Il s’agit
de conjuguer tout cela et de trouver un
bon équilibre entre l’effectif en maind’œuvre et le volume financier.
Ce que vous nous avez raconté
aujourd’hui illustre bien l’esprit de
cette commémoration. Le message
du Jardin...
Ce Jardin appartient aux citoyens et à
leurs enfants. Précieux, il fait partie de
notre patrimoine culturel et favorise une
indéniable sensibilisation à notre environnement.
Quand je vois passer toutes ces classes
d’école, au mois de juin, je me dis que
c’est un fabuleux potentiel pour le futur!
Ils reviendront après avoir grandi, se rappelleront...
Un incontournable défrichement pour la construction d’une troisième voie de chemin de fer – Novembre 1998
Il en a été de même pour nous...
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 13
1904 TRANSFERT
du Jardin Alpin à son emplacement actuel
Le Jardin Alpin a été transféré de 1902 à 1904 à son emplacement actuel.
Depuis, l’orientation thématique des collections a beaucoup évolué.
Découvrez-en certains aspects à l’occasion du 100 e
Entretien par Magali Stitelmann
avec Robert Braito, chef de culture
L’article consacré aux Rocailles de la Feuille Verte 2000
nous apprend que le Jardin Alpin a été transféré
de 1902 à 1904. Depuis, l’orientation thématique
des collections présente beaucoup de changements, n’est-ce pas?
Oui, c’est vrai, je crois qu’à l’époque, les rocailles
étaient travaillées par intérêt paysager et esthétique. Les
jardiniers mélangeaient pas mal les plantes d’origines
géographiques variées. Les groupes régionaux et géographiques existaient déjà, mais les jardiniers n’hésitaient
pas à mettre une plante dans un massif s’ils estimaient
qu’elle y était jolie. Nous avons sorti des massifs un bon
nombre de plantes géographiquement mal placées, en
collaboration avec D. Aeschimann qui a repris les listes.
Sans connaissance de leur lieu d’origine, les
plantes n’ont qu’une valeur de présentation,
sans information ni contenu scientifique
Larix decidua Bouton de fleur de mélèze
Certains cas étaient évidents: on avait une plante du
Japon en haut d’un massif des Alpes Suisses, c’était ridicule... Mais il y avait des cas moins simples.
Les jardiniers n’étaient pas non plus à cheval sur la
stricte botanique, d’où la présence de cultivars parmi les
collections. Depuis quelques années, en tout cas depuis
que j’ai repris le secteur, cela a changé radicalement.
Donc, pas de plantes horticoles (cultivars) parmi
les collections?
Tout à fait. Les cultivars ont été éliminés petit à petit
des rocailles. Maintenant il en reste quelques-uns parmi
les arbres et arbustes, comme certains conifères nains
qui sont de belles pièces malgré leur petite taille. On
n’ose pas y toucher. Ils ont peut-être 50 ans, voyez!
Parmi les herbacées, on a éliminé plusieurs dizaines de
cultivars au cours des 10 dernières années.
Le travail des Rocailles est donc orienté d’une
façon scientifique et en collaboration très étroite
avec le Conservatoire!
Oui, notamment avec le secteur de Conservation dont
nous sommes d’ailleurs partie prenante. En plus, nous
nous sommes occupés de la provenance géographique
des plantes. Auparavant, on avait beaucoup de plantes
dont on ne connaissait pas la provenance, bien que
l’espèce fût correctement déterminée. Sans connaissance
de leur lieu d’origine, ces plantes n’ont qu’une valeur de
présentation, sans information et contenu scientifique.
On progresse donc dans plusieurs domaines: la justesse
des plantes, la justesse de l’emplacement dans un massif
géographique et la provenance connue des plantes.
Nettoyage des bassins et réfection des niches
PAGE 14 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Histoire & modernité
Ci-dessus Cypripedium reginae Sabot de Vénus américain
A droite Tecophylea cyanocrocus Plante disparue en nature
Tout cela augmente le niveau scientifique de notre
travail et la qualité de notre présentation, la collection.
Tout comme les collections d’herbiers, les collections
vivantes doivent être déterminées, et l’on doit connaître leur lieu de récolte. Un point en haut à gauche sur
une étiquette du jardin alpin indique que le nom de
l’espèce a été contrôlé, travail généralement réalisé
par le conservateur responsable D. Aeschimann. S’il
n’y a pas de point sur l’étiquette, c’est le nom d’acquisition
de la plante qui y est indiqué, c’est-à-dire le nom sous
lequel on a reçu soit la graine, soit la plante vivante.
On a contrôlé la détermination d’environ 1/3 des
Afin de garder toujours la même souche,
nous ne devons multiplier les plantes
pointées que par clonage
plantes des Rocailles. Cela ne veut pas dire que l’un est
faux et l’autre juste. Cela veut seulement dire que l’on
est sûr du nom des plantes contrôlées! On essaye aussi
d’augmenter le nombre de plantes dont le nom a été
contrôlé pour que la collection ait une plus grande
valeur scientifique.
Après c’est le travail des jardiniers que de multiplier cette
plante végétativement pour la conserver! En effet dans le
cas de certains genres qui sont sujets à l’hybridation
comme les œillets par exemple, il ne faut pas les laisser se
resemer sur place. Afin de garder toujours la même
souche, nous ne devons multiplier les plantes pointées que
par clonage, c’est-à-dire bouture, division ou marcotte.
A ce propos: dans le cadre de la commémoration
du 100e, le secteur Rocailles a le projet de confier
des plantes au public, est-ce que celles-ci seront
des espèces particulièrement intéressantes et
quels sont les critères ?
Il y aura trois emplacements de démonstration: le
premier sera les plantes protégées. On a choisi des
espèces menacées qu’il nous était facile de multiplier
en grande quantité. Il fallait aussi qu’elles soient intéressantes, spectaculaires ou décoratives. Cela a quand même limité le choix. Il faudra voir si l’on parvient à
obtenir des quantités suffisantes pour que cela vaille la
peine de les mettre en vente.
Vous pensez que les intéressés pourront maintenir ces plantes dans leur jardin ?
Il faudra que le public écoute un peu nos conseils.
Nous réaliserons et vendrons des fiches expliquant dans
les grandes lignes les soins à offrir à ces plantes, il faudra
discuter avec le public...
C’est une façon de sensibiliser le public à votre
travail?
Tout à fait. On aura également d’autres plantes intéressantes du monde entier. Par exemple, Frédéric Bieri,
un de nos jardiniers, est en train de multiplier la dionée.
C’est la seule qui possède ce système de fermeture à charnière et la plus spectaculaire de toutes les plantes insectivores! On va également essayer de proposer des Metasequoia. Il s’agit d’un arbre qui se trouve près de la cabane
des Rocailles. Connue uniquement en tant que fossile
jusque dans les années 1940, l’espèce a été alors découverte vivante dans une vallée en Chine! La graine en a été
récoltée au cours d’une seconde expédition. Nous avons
dans le Jardin des Metasequoia provenant de ces graines
(de la première récolte faite dans l’histoire de l’humanité pour cette espèce!) et ils se re-sèment spontanément
dans les Rocailles. C’est un très joli arbre encore très peu et
mal connu. Là aussi, il sera très intéressant de fournir la fiche
explicative avec la plante!
Le Jardin botanique de Genève entretient d’autres
jardins alpins. Que pensez-vous du travail en
réseau des jardins botaniques?
Le travail en réseau est important. Pour nous, jardiniers, c’est intéressant, stimulant et motivant.
Vos perspectives pour le secteur?
La ligne de conduite est de maintenir la collection
joliment présentée pour le public, de plus en plus juste
scientifiquement, avec un étiquetage à jour. Dans un
second temps, il s’agira de l’augmenter. Parrallèlement,
nous voulons satisfaire les botanistes attachés à la
conservation, pour avoir plus de plantes rares intégrées à
la collection.
En effet, les plantes se plaisent souvent moins bien en
couche. Alors, l’intégration des plantes rares aux collections permet de rationaliser notre travail de multiplication.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 15
2003 ANNÉE blanche
pour l’herbier de phanérogamie
Le secteur herbier optimise le service aux utilisateurs et
modernise ses outils de gestion. Un regard vers l’avenir
entre code barres et «année blanche».
Entretien par Magali Stitelmann
avec Fernand Jacquemoud, conservateur
En 2003, sur le site Internet des
Conservatoire et Jardin botaniques,
apparut en rouge: «communication
importante concernant l’herbier»,
qu’en est-il?
En raison de l’accumulation d’un
important retard – pour des raisons
d’effectif – dans l’envoi et surtout dans
le reclassement des prêts de phanérogamie (plantes à fleurs), nous avons dû
imposer la fermeture de l’herbier pour
l’année 2003 en ce qui concerne le
service des prêts et l’accueil des visiteurs scientifiques, dont le nombre n’a
cessé de croître ces dernières années.
Les conséquences de cette décision sont
assez lourdes puisqu’on a privé des
botanistes de l’accès à notre collection,
que ce soit pour des travaux de révision ou
liés à l’établissement de flores. Néanmoins, nous avons fait quelques exceptions pour garantir la continuité des
projets de la maison, notamment
«Flora del Paraguay».
temps escompté. En effet, pour la
gestion des échantillons, l’introduction
de codes barre liés aux planches d’herbiers devrait représenter un progrès
certain et faciliter le travail d’inventaire. Le procédé manuel de numérotation des planches pour l’inventaire des
prêts va donc disparaître.
Quels sont les objectifs de ces améliorations techniques?
Le suivi du transit des échantillons
sera plus facile grâce à la simplification des procédures. La compatibilité
entre bases de données scientifiques et
gestion des herbiers apportera aussi
quelques aventages. Par exemple, lors
de l’établissement d’un inventaire de
prêt, les échantillons qui auront déjà
été saisis par l’équipe de la Flore du
Paraguay pour ses propres besoins
n’auront pas à l’être une seconde fois.
Au moment de la confection de l’inven-
Cette «année blanche» permettra-telle une meilleure exploitation de ce
patrimoine vivant qu’est l’herbier?
Elle a permis à l’équipe technique
de résorber le retard, avec une appréciable contribution de nombreux
scientifiques de la maison qui ont
ainsi eu l’occasion de se frotter aux
problèmes de l’herbier. Ce moratoire a
également permis la mise à jour de
tout le système de gestion informatique et de nos bases de données pour
la gestion des prêts (pièces administratives, inventaires, etc.). De plus, ce
système a été totalement refondu.
Nous sommes passé d’un système de
gestion assez lourd et archaïque à un
autre beaucoup plus souple. Nous
pourrons suivre les prêts, émettre des
rappels quasiment en temps réel. Les
premiers tests ont été effectués en
octobre 2003. De plus, ce système de
gestion est entièrement compatible
avec les bases de données des projets
scientifiques.
Pour les utilisateurs de l’herbier, ce
nouveau système de gestion représente-t-il un avantage?
Pour l’utilisateur extérieur, nous
pourrons être plus disponibles, du
moins nous l’espérons, grâce au gain de
En haut et au centre Une des particularités des
herbiers de Genève est l’utilisation d’épingles pour
fixer les étiquettes et les bandes de bristol portant
les échantillons
En bas Dispositif de triage du matériel récemment
acquis destiné à être intégré à la collection
taire du prêt, il suffira de cliquer sur les
codes barre pour enregistrer l’information en question. Quant aux types
nomenclaturaux, – qui constituent,
répétons-le – une des principales
richesses de nos collections, ils seront
saisis de façon très précise: nous devons
pouvoir répondre à des questions à leur
sujet et les localiser sans équivoque,
dans le cas où ils seraient en prêt à
l’extérieur.
Année blanche, année de mise en
valeur des collections?
Oui, indépendamment de toutes les
opérations techniques de gestion évoquées, et pour lesquelles nos collègues
de l’équipe informatique ont fourni un
effort considérable, nous avons également pu profiter de cette année pour
mettre de l’ordre dans la collection,
établir l’inventaire des herbiers séparés
au niveau générique.
Ainsi pour de grands herbiers, comme
l’herbier Barbey-Boissier, l’herbier Boissier et l’herbier Reuter, qui appartiennent à la collection générale mais n’y
sont pas encore totalement inclus en
raison d’un format différent, nous
disposions jusqu’alors d’un catalogue
manuscrit; il a maintenant pu être saisi
et mis à jour sur support électronique.
Cette opération représente un apport
considérable pour la gestion et l’accès à
ces collections.
Un autre des grands chantiers de cette
année a consisté à inventorier les
genres et les espèces présents dans
l’herbier Huber-Morath de Turquie, un
parmi les plus importants au monde
pour la flore de ce pays. Celui-ci était
jusqu’alors inaccessible, étant stocké
dans des boîtes non inventoriées, dans
lesquelles le matériel n’est pas monté.
De plus, tous les types de cet herbier, et
ils sont nombreux, ont été extraits,
montés, et enregistrés dans une base de
données. Inutile de dire que nous
sommes particulièrement heureux de
cette réalisation. Le Proche-Orient est
une région d’excellence des CJB, en
raison de la présence chez nous des
herbiers de la Flore d’Orient de Boissier
Le Proche -Orient est une région
d’excellence des Conservatoires
et Jardin botaniques de Genève
et d’un certain nombre d’autres herbiers qui ont abouti à Genève du fait de
la tradition instaurée par Boissier. Je
fais allusion à sa «Flora Orientalis» qui
couvre, rappelons-le, un vaste territoire
de la Grèce à l’Indus. Ces herbiers sont
notamment l’herbier Rechinger pour
l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan;
l’herbier Huber-Morath déjà évoqué,
l’herbier Mouterde comprenant des
plantes du Liban et de Syrie, pour ne
parler que des plus importants.
PAGE 16 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Histoire & modernité
Le travail de montage est une opération fondamentale de la confection d’un herbier
PERSPECTVES
Pour en revenir à notre année
blanche, il faut souligner l’apparition
d’un phénomène nouveau:
le nombre croissant de demandes de
photos de planches d’herbiers qui
nous sont adressées. Nous espérons
qu’avec la reprise des prêts,
ce nombre va diminuer.
Néanmoins, il est aussi impératif de
réduire le volume des échantillons
physiquement prêtés, tant pour
préserver la collection, qu'en raison
des frais d’envoi. Si nous limitons
cet accès au patrimoine scientifique
qu’est l’herbier, il faut trouver un
autre moyen de répondre aux attentes
légitimes de la communauté botanique, par exemple, par la mise en
œuvre d'une base de données
illustrée des types.
La consultation des bases de données prend une importance croissante dans le travail des techniciens d’herbiers
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 17
HERBIER
et gestion de l’environnement
Entretien par Magali Stitelmann avec Fernand Jacquemoud, conservateur
Avec ses quelques 5 500 000 échantillons, l'herbier
des CJBG est un des plus importants au monde.
Mais au fait, quel est le lien entre la consultation
d’herbier et la gestion de l’environnement?
Que font les personnes qui consultent l’herbier?
Quel est le lien entre la consultation
d’herbier et la gestion de l’environnement? Que font les personnes qui
consultent l’herbier?
Rappelons ce qu’est un herbier: une
collection de plantes pressées et séchées,
munies d’une étiquette portant des informations sans lesquelles l’échantillon est
inutilisable. Les plus importantes sont le
nom de la plante, le lieu et la date de
récolte, puis le nom du collecteur et le
numéro de récolte. Les données sur le
milieu, le type de sol, sont appréciables,
mais moins capitales que les notations
concernant des caractères non visibles sur
l’échantillon (taille d’un arbre, par
exemple), ou qui, comme la couleur des
pétales, peuvent changer lors de la dessication. L’identification des spécimens
non déterminés est d’autant plus aisée
qu’ils sont complets et pourvus d’une étiquette bien libellée.
Les échantillons d’herbier sont utilisés
principalement de deux façons. D’une
part pour réaliser des études de systématique: établir des révisions portant sur un
groupe d’espèces, une partie ou la totalité
d’un genre, etc. La personne qui entreprend une révision fixe les standards de
conception d’un genre et de ses espèces, et
en clarifie la nomenclature, en précise la
position systématique et l’extension géographique. Les cartes de répartition sont
établies grâce aux indications figurant
sur les étiquettes, et aussi, le cas échéant,
par des observations de terrain.
Une autre utilisation classique de l’herbier est la production de flores. Une flore
recense, décrit et caractérise les espèces
d’une région donnée, par exemple un
canton, une province, un pays, voire un
continent dans le cas de «Flora Europaea». Un tel ouvrage présente les plantes
avec des clés de détermination qui permettent de les identifier, le plus souvent,
illustrations à l’appui.
De nombreuses flores ainsi que des révisions s’appuient aussi sur la citation de
planches d’herbier. Si je prends l’exemple
de la «Flore du Paraguay», les spécialistes
et les personnes de la maison qui y tra-
vaillent utilisent beaucoup l’herbier
Hassler. Emile Hassler a récolté de très
nombreux échantillons qui nous sont parvenus par diverses voies. C’est en raison de
la présence de cet herbier et de l’herbier
Chodat que les CJB se sont lancés dans le
projet de la Flore du Paraguay.
Comment se situe l’exploitation des
données de l’herbier dans les travaux
de préservation de la biodiversité?
Je vous ai parlé de flores et d’études
systématiques. Ce sont les applications
premières de la démarche botanique.
Elles permettent d’aller sur le terrain et
de se livrer à des activités de botanique
appliquée. Une flore peut être utilisée par
des agronomes, des forestiers ou des personnes qui étudient la phytosociologie
(détermination d’unités de végétation).
Sachant que les plantes sont des éléments
intégrateurs d’un certain nombre de facteurs de milieu (sol, exposition, quantité
de lumière reçue, température, et différents facteurs écologiques), les associations végétales ou autres unités de
végétation peuvent servir d’indicateurs
déterminants pour l’aménagement du
territoire, et partant, pour certains
aspects de la gestion des problèmes de
biodiversité. Les questions de biodiversité
sont un volet de plus en plus important
de l’utilisation des herbiers.
La préservation de la nature implique
une connaissance indispensable de la
végétation et des associations végétales,
de leur importance et rareté relatives.
L’herbier peut également nous renseigner
sur la présence ou l’absence d’une espèce
donnée sur un territoire étudié, ceci pour
une période historique de deux à trois
siècles. En d’autres termes, on peut y
suivre l’histoire récente de la flore d’une
région, celle de Genève, par exemple. On
pourra constater la régression de certaines espèces jadis fréquentes dans ce qui
est maintenant l’enceinte de la ville,
d’autres survivre au cœur même de la
cité, et d’autres encore, venues de loin,
encore venir s’y implanter.
Carte de répartition et planche d’herbier de Camelina alyssum Petit crucifère quasiment disparu du territoire suisse;
les mentions H symbolisent les localités disparues connues grâce aux échantillons d’herbier (source: Atlas Welten & Sutter – 1982)
HERBIERS ET BIODIVERSITÉ
En termes de biodiversité, l’herbier est donc une source de documentation de plus en
plus sollicitée. Par exemple, pour le recensement de la flore de la Suisse (1960-70) qui a
débouché sur la parution d’un Atlas de répartition des plantes vasculaires de Suisse
(Welten & Sutter), certaines cartes de répartition ont été réalisées par la consultation des
herbiers. Après l’opération de recensement, il est apparu que certaines plantes qui sont
conservées en herbier avaient presque totalement disparu du Plateau Suisse. A contrario, certaines informations recueillies dans l'herbier contribuent à une meilleure connaissance de certaines espèces rares, parfois à la découverte de stations que l'on croyait
disparues et à la prise de mesures de protection appropriées. L'herbier est donc très
utilisé lors de l'établissement des listes rouges d'espèces protégées ou menacées, tant
au niveau cantonal que national, ou au-delà de nos frontières. Ainsi, les auteurs de
l’«Atlas des plantes rares ou protégées de Franche-Comté» sont-ils venus à plusieurs
reprises consulter nos collections.
PAGE 18 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Trésors cachés de la bibliothèque
des Conservatoire et Jardin botaniques
Dans le cadre des préparatifs pour la commémoration
du transfert du Jardin botanique des Bastions à la Parcelle
Revillod, on redécouvre les fonds iconographiques «cachés»
Bonjour Patrick Perret. Dans le cadre des préparatifs pour la commémoration du transfert du Jardin
botanique des Bastions à la Parcelle Revillod, il a
été fait mention des fonds iconographiques
«cachés» de la Bibliothèque des Conservatoire
et Jardin botaniques. En tant que conservateur de
celle-ci, que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
Une première chose: il est intéressant de constater
qu’une opportunité, la commémoration en 2004 du
déménagement du Jardin des Bastions à sa position
actuelle, permette de redécouvrir des trésors auxquels on ne
pense pas à priori. C’est ainsi que si l’on évoque le type
d'illustrations que l’on peut trouver dans notre bibliothèque, on pense évidemment en premier lieu aux
imprimés. Mais pour illustrer un fait historique, on va
s'intéresser à d'autres supports : les photographies. Et là
il suffit de commencer à tirer un fil pour voir apparaître
toute une série de choses extraordinaires.
Notre démarche a consisté à rechercher des traces photographiques de la situation du Jardin botanique aux
Bastions aux environs de 1904, et, si possible, d’illustrer
le transfert lui-même ainsi que l'installation à l'emplacement actuel. Ça, c’était le point de départ. Nous avons
commencé à nous interroger sur l’existence de tels documents, en mobilisant les ressources maison, ainsi que les
souvenirs des uns et des autres. En particulier, les plus
On ouvre des tiroirs, des caisses
déposées dans les archives, et l’on découvre
des trésors insoupçonnés
anciens pouvaient avoir des informations reçues d’encore
plus anciens qu’eux, l’idée étant de tenter de remonter à
des personnes ayant connu cette période.
Comme je l’ai dit, une fois que l’on a commencé ce genre
de recherche, les surprises ne manquent pas. On ouvre un
certain nombre de tiroirs, puis des caisses déposées dans
les archives, et l’on découvre des trésors insoupçonnés.
C’est ainsi que nous avons pu mettre en évidence d’autres
photographies anciennes, datant en gros des années 1910
– 1930, qui provenaient de collaborateurs du Jardin botanique et qui illustraient des expéditions proches et lointaines faites par les chercheurs des CJB. (cf. page 4)
Par exemple, nous avons mis à jour des photographies du
Prof. John Briquet, qui était notre directeur jusqu’en 1931, et
qui a beaucoup travaillé sur les Alpes-Maritimes et sur la
Corse (il est l’initiateur de la Flore de Corse que nous
sommes en train d’achever de publier aux CJB). Ces photos
montrent ses différentes expéditions et illustrent son travail
de terrain. Elles sont à rapprocher de celles que le Docteur
Daniel Jeanmonod, qui s’occupe actuellement du projet
«Flore de Corse», ramène de
ses propres expéditions.
Un autre exemple: les collections photographiques d’Emile
Hassler. Ce médecin suisse
installé au Paraguay est à l’origine des herbiers paraguayens déposés à Genève,
points de départ de nos travaux
sur ce pays et de l'édition de la
Flore du Paraguay. Lorenzo
Ramella, responsable de ce
projet, a déjà pu utiliser une
série de ces photographies pour l’exposition sur les collections d'Hassler qui a eu lieu en 2002 au Musée d’Histoire
des Sciences.
Je cite ces deux cas, car ils sont assez représentatifs de nos
collections photographiques constituées au fil du temps.
On en avait un peu perdu la trace, ou l’on ne connaissait
que la version imprimée de quelques-unes d'entre elles.
Cette manne iconographique était négligée.
Qu’est-il envisagé de faire avec ces documents
«trésors», d’une part dans le cadre de la commémoration du transfert, et d’autre part d’une
façon plus générale ?
Je parlerai d’une façon générale. En tant que
conservateur de cette collection, de cette bibliothèque et
des archives qui y sont rattachées, je m'intéresse ainsi
que les collaborateurs de la bibliothèque, à rendre ces
objets accessibles et à les traiter de manière moderne, à
savoir d’en faire le catalogage, ce qui peut être utile en
interne bien qu’aussi en externe. Nous avons pour ce
faire toute une série d’outils informatisés. Il s’agit également d’en assurer la conservation physique à long
terme, d'éviter que les supports ne s’altèrent et que l’on
perde des informations.
Dans le cadre précis de l’illustration du déplacement du
Jardin botanique, les documents photographiques que
nous avons pu ressortir seront intégrés aux résultats des
autres recherches que nous avons menées en collaboration avec le Secteur des Relations Publiques, de manière
à trouver dans la République tout ce qui pouvait répondre à la question initiale: illustrer l’ancien et le nouveau
jardin, son installation sur le site actuel. Alors il s’agira
d’examiner ces documents les uns après les autres et de
conserver les plus intéressants. Nous menons également
des recherches complémentaires dans d’autres services de
la Ville de Genève, en particulier le centre d’iconographie
Entretien par Magali Stitelmann
avec Patrick Perret, conservateur
Histoire & modernité
Fonds ICONOGRAPHIQUES
genevoise. Nous devrons peut-être élargir nos recherches
à d’autres services de l’Etat qui pourraient détenir des
documents susceptibles de nous intéresser ; je pense au
service de l’aménagement, du cadastre et autres.
Cela nous permettra de nous faire une idée aussi précise
que possible du nombre d'images existant sur le Jardin
botanique du temps des Bastions ainsi que sur son déménagement sur le site actuel. Nous choisirons ensuite
celles qui sont pertinentes pour une présentation didactique, voire pour une publication, afin de les mettre à
disposition de nos publics.
En 1904, la bibliothèque existe-t-elle déjà?
Oui, mais elle existe sous une forme très différente de
celle que l’on connaît aujourd'hui car, à cette époque,
elle ne représente que la bibliothèque du Conservatoire
botanique. C’est un bâtiment qui se trouve aux Bastions,
à côté du jardin, et qui est relativement petit. Ce Conservatoire botanique a été fondé en 1824, après le Jardin en
1817. Durant tout le 19e siècle, les grandes collections
des familles Candolle, Boissier, ou de personnalités
comme Burnat et Chodat, sont en mains privées ou
pour le Prof. Chodat, à l’Université. Ce n’est que durant le
20e siècle qu’elles seront rassemblées aux CJBG, musée
municipal, en vertu d’un accord signé entre l’Etat (l’Université) et la Ville de Genève (les CJBG) afin que tout
le patrimoine botanique genevois soit rassemblé en un
même lieu.
En 1904, la bibliothèque est donc réduite. Briquet dont
j’ai parlé tout à l’heure, directeur depuis 1896, se plaint
justement de son état lacunaire. Toujours en 1904, pour
travailler en botanique à Genève, il faut aller chez les
Candolle, cour de Saint-Pierre, et consulter la bibliothèque familiale qui, elle, est quasiment complète pour
la botanique.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 19
code BARRE
à la bibliothèque
La bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB) est une grande
collection historique, unique en Europe continentale dans sa spécialité.
Le suivi des acquisitions permet de la maintenir à jour
Entretien par Magali Stitelmann avec Pierre Boillat, bibliothécaire
Quelles sont les techniques mises en œuvre pour la
gestion de cette collection et pour en permettre
l’accès aux publics?
La bibliothèque des CJB fait partie du réseau des bibliothèques de Suisse occidentale (RERO). Virtua, un logiciel
choisi par RERO, permet tant aux utilisateurs qu’au personnel de gérer de façon efficace l’ensemble des opérations
de la bibliothèque.
Un peu d’histoire: l’informatisation remonte à l’automne
1984 avec la mise en place de SIBIL (Système intégré des
bibliothèques lausannoises, conçu par l’Université de
Lausanne pour la Bibliothèque cantonale et universitaire de
Lausanne, à Dorigny). SIBIL avait le côté très archaïque des
anciens logiciels peu intuitifs. Installé en 1997, VTLS
(Virginia Tech Library System) offre un aspect plus convivial
aux utilisateurs grâce à une interface Windows.
En juillet 2002, la nouvelle version de VTLS, Virtua, a été
mise en service, apportant quelques nouveautés. Par exemple, l’utilisateur a accès à son compte de prêt. Il lui suffit
Pour l’utilisateur de la bibliothèque,
il sera bientôt possible de prolonger
soi-même le prêt de documents
pour cela de se rendre sur la page d’accueil du catalogue des
bibliothèques de la Ville de Genève (REVIL) et de saisir son
numéro de carte de lecteur ainsi que son mot de passe (qu’il
peut nous demander s’il ne le connaît pas, sous dossier lecteur). Une fois l’accès autorisé, il peut prendre connaissance
des documents empruntés, de la ou les dates d’échéances de
ses prêts ou réserver des ouvrages. Il sera même bientôt possible de prolonger soi-même le prêt de documents.
Jusqu’en 2002, un système informatisé pour l’ensemble de la
Suisse (ILL 99 pour Inter Library Loan) permettait aux bibliothécaires de faire les demandes de façon très aisée. Quand ce
système a été abandonné parce que sa maintenance coûtait
trop cher, RERO a décidé de reprendre un système informatisé
pour la Suisse romande uniquement. Il s’agit d’ILLRERO, qui
est un peu similaire au précédent, avec cependant un avantage de poids pour le public. Grâce à ce nouveau système,
l’utilisateur demande directement ses documents via Internet
(numéro de la carte de lecteur, mot de passe) à sa bibliothèque d’attache. Les bibliothécaires traitent ensuite les
demandes selon la procédure suivante. Ils vérifient les références et, si le document n’est pas disponible dans leur institution, transmettent électroniquement la demande à la
bibliothèque qui le possède. Il convient de préciser que, pour
le moment, la bibliothèque n’accepte pas de demande de prêt
inter bibliothèques pour les utilisateurs externes aux CJB.
L’informatique a véritablement révolutionné la vie
des bibliothèques!
Bien sûr. L’important pour les lecteurs, nous l’espérons du
moins, c’est l’informatisation du prêt. Le catalogue était
informatisé depuis fin 1984, mais le prêt à domicile correspondait encore à un système papier. Les références de
chaque livre emprunté étaient donc saisies manuellement:
prendre le livre, taper le titre dans un traitement de texte,
imprimer ce document, le conserver dans un classeur,
tamponner son retour. Pour la bibliothèque, c’était une gestion plus lourde, notamment pour les rappels! Aujourd’hui, le
système de prêt fonctionne comme une base de données, équipée d’un programme qui génère automatiquement des lettres
de rappel en fonction des échéances de retour. Grâce au code
barre que l’on colle sur chaque livre, le prêt est immédiat avec
une carte de lecteur. Le code des documents et celui de la carte
de lecteur sont lus par la «douchette» qui enregistre les informations dans le système de prêt informatisé.
L’informatisation du prêt a également permis d’uniformiser
les cartes de lecteurs pour toute la Suisse. Les lecteurs peuvent dès lors accéder à un large choix de bibliothèques avec
une seule carte standardisée. Les cinq premiers chiffres de la
carte correspondent à une institution documentaire. Les lecteurs ont ainsi la possibilité d’emprunter des ouvrages dans
plus de 600 bibliothèques suisses, principalement les grandes bibliothèques cantonales et universitaires. C’est le réseau
BibliOpass. Grâce à ce système, l’utilisateur évite des frais
d’inscription, même s’il faut encore remplir une fiche d’inscription dans chaque bibliothèque. Ce réseau est très vivant.
L’Université de Genève y est entrée début mai 2003!
Pour nous aussi, la carte unique facilite grandement le travail. Comme beaucoup d’étudiants viennent consulter la
collection, nous récupérons leur carte de l’Université pour
l’emprunt aux CJB, alors qu’auparavant nous devions en
établir une nouvelle.
Quelles sont les possibilités offertes par RERO?
Grâce au réseau, nous travaillons en commun. Par exemple, un document acheté en plusieurs exemplaires au sein du
réseau n’est catalogué qu’une seule fois. Il suffit de récupérer
sa notice dans le système. Cependant, la bibliothèque des CJB
étant très spécialisée, nous bénéficions peu de cet avantage,
car nous sommes les seuls du réseau à posséder la plupart des
documents de notre collection. RERO bénéficie principalement aux utilisateurs. Ce réseau leur offre accès à un nombre
important de documents (6 millions de documents pour
3 millions de titres différents) dans toute la Suisse romande.
Les livres qui sont disponibles dans une autre localité peuvent
être obtenus par prêt inter bibliothèques.
Parlez-nous encore de ce système de prêt
Le système actuel du prêt inter bibliothèques permet
même à l’utilisateur de faire ses demandes indépendamment de l’horaire de la bibliothèque!
PAGE 20 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
ces PLANTES qui nous entourent
Entretien par Magali Stitelmann avec Catherine Lambelet, conservatrice
Protégées, néophytes, rares, envahissantes :
ces plantes qui nous entourent. Le thème des espèces
envahissantes fait l’objet de nombreuses expositions,
et pour cause ! Voici des actualités sur cette problématique
à Genève, en direct du secteur Conservation des CJBG.
équipe d’allergologues, notre sous-directeur, P.-A. Loizeau, est à l’origine du
groupe Ambrosia (Feuille Verte 2003,
p.14). Aujourd’hui, le secteur Conservation des CJB fait le lien avec les scientifiques et acteurs de la question des néophytes en Suisse. De plus, notre institut
collabore avec le Musée du Léman, Nyon
pour l’exposition «Envahisseurs?» qui
sera à Genève dès mai 2004.
Votre spécialité de base est la malherbologie et vous êtes conservatrice au
sein du secteur Conservation depuis
l’été 2000. Comment cette première
approche vous a-t-elle menée à la
question des plantes néophytes?
La problématique des plantes néophytes
surgit dans le contexte de la protection des
espèces parce que des problèmes de gestion
se posent dans certains milieux. Dans les
réserves naturelles, par exemple, des néophytes envahissent parfois le milieu et les
espèces que l’on veut protéger.
Quelle est la place occupée par la
question des néophytes aux Conservatoire et Jardin botaniques?
Au sein des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB) nous avons plusieurs personnes de référence, dont D. Jeanmonod
qui s’est toujours beaucoup intéressé à
cette question.
Notre institut a fait beaucoup d’efforts
d’organisation, en collaboration avec
d’autres institutions à Genève, comme Pro
Natura qui s’occupe des réserves naturelles,
ou le Service des forêts, de la protection de
la nature et du paysage (SFPNP). Avec une
Dans quel sens les efforts sont-ils
réalisés? Création de réseaux…?
D’abord au niveau national, la Commission suisse pour la conservation des
plantes sauvages (CPS) a favorisé la formation d’un groupe de travail qui est
soutenu par l’Office Fédéral de l’Environnement, des Forêts et du Paysage
(OFEFP). Ce groupe, qui réunit des institutions et des universités, est en voie de
créer une structure nationale et devrait
rendre ses conclusions sur la situation
actuelle vers la fin 2003.
A Genève, un groupe de travail s’est constitué: le GAPE (groupe d’action contre les
plantes envahissantes). Ses membres se
réunissent de façon informelle pour
échanger des informations et organiser
des actions de lutte.
Le Groupe d’Action contre les
Plantes Envahissantes s’est
constitué pour organiser la lutte
Dans le cadre du groupe de travail de la
CPS, une enquête est menée par le Centre
du Réseau Suisse de Floristique (CRSF)
pour obtenir des cartes actualisées de
répartition des plantes néophytes. En effet,
les plantes progressent très vite.
Des fiches d’information ont également
été créées pour chaque espèce de la Liste
noire, ces néophytes dont les effets négatifs sur l’environnement sont démontrés et
posant des problèmes du point de vue de la
protection de la nature. Ces fiches présentent des informations vulgarisées et ponctuelles pour le grand public, ainsi que des
cartes actualisées de répartition grâce à
Conservation, envahisseurs
Protégées, néophytes, rares, envahissantes,
l’enquête dont nous avons parlé. Elles
seront disponibles sur le site de la CPS
(www.cps-skew.ch). D’autres fiches d’information sur les plantes néophytes se trouvent
sur notre site: www.ville-ge.ch/cjb/ sous
«conservation».
Comment sont exprimées les valeurs
de ces cartes de répartition?
Sur un maillage correspondant à celui
des cartes suisses (4 x 4 km), l’indication
de présence actuelle ou historique de
chaque espèce met en évidence les zones
touchées et celles qui ne le sont pas
encore FIG1. Ces cartes reflètent l’état
actuel des connaissances et ne sont pas
nécessairement exhaustives. C’est pourquoi le CRSF continue à collecter toute
donnée sur la répartition des néophytes.
Le groupe de travail est toujours reconnaissant de recevoir des informations
complémentaires
(www.cpsskew.ch/français/info_plantes_envahissantes.ht
Les cartes de répartition
reflètent l’état actuel
des connaissances
m).
Parlons de quelques-unes de ces
plantes. En ce qui concerne la question de l’ambroisie à Genève (Feuille
Verte 2003, p.14), est-ce que le groupe
Ambrosia a observé une progression
de l’envahissement?
Nous avons poursuivi notre action préventive. Rappelons que l’ambroisie est surtout
un problème d’envahissement de l’espace
Rappelons que l’ambroisie
est surtout un problème
de santé publique
cultivé et de santé publique.
Cette année, notre diplômante Aline Maurer
a visité toutes les stations connues ainsi
que leurs abords pour faire un état des
lieux et arracher la plante si possible.
L’année dernière, pour lutter contre cette
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 21
Figure 1 Carte de la répartition actuelle connue de Senecio inaequidens DC (Séneçon du Cap ou sud-africain). Les symboles figurent dans un maillage de 4 X 4 km
(20 X 20 km pour les grands carrés), le point d’origine du système des coordonnées suisses se trouve à Berne (x 600 / y 200)
plante sur les stations connues, l’ambroisie
avait déjà été si possible arrachée. Mais
comme il s’agit d’une espèce annuelle
dont les graines restent plusieurs années
dans le sol, les plantes germent chaque
année, ce qui exige une surveillance
constante. De plus, A. Maurer et une collaboratrice du Service de l’Agriculture ont
prospecté un tiers des champs de tournesol du canton, ceux-ci étant révélateurs de
la présence d’ambroisie. En effet, ces deux
plantes appartenant à la même famille
botanique (celle des composées), l’ambroisie tout comme le tournesol sont
épargnés par l’herbicide sélectif utilisé
dans les cultures de ce dernier. L’ambroisie qui pousse hors des champs de tournesols
est quant à elle souvent éliminée par des
herbicides qui n’épargnent pas les composées, donc on ne peut pas observer sa
présence.
Les résultats de cette enquête sur le terrain
permettent de voir qu’il n’y a en tout cas
pas de récession de l’espèce. Dans certains
champs connus, l’ambroisie est un peu
mieux contrôlée, mais elle est toujours là.
On a trouvé cinq ou six nouvelles stations,
ce qui laisse supposer que l’expansion
continue.
Qu’en est-il de la quantité de pollen
d’ambroisie dans l’air : a-t-elle
progressé?
Nous continuons à prendre des mesures,
et il faut avouer que la quantité de
pollen a plutôt augmenté en 2003. Pour
ces mesures, deux capteurs sont placés
sur les deux Hôpitaux de Genève, et
d’autres le sont pour la troisième année
consécutive sur les toits de volontaires
du groupe Ambrosia, dans trois points
bien différents du canton.
Si la quantité de pollen est en progression
constante ces dernières années, elle peut
néanmoins augmenter ou diminuer d’une
année à l’autre. Reste à savoir si le pollen
produit localement est présent et en quelle
quantité. En effet, il peut également s’agir
de pollen en suspension provenant d’autres localités. Globalement, la quantité de
pollen produit par des plantes d’ambroisie
à Genève est encore trop faible pour qu’il
soit détecté facilement par les capteurs.
Cependant, certains capteurs sont situés
près de champs très infestés et lorsque
le vent souffle dans leur direction, on peut
observer, certains matins, des pics de pollen
qui correspondent à une production de
pollen de plantes sur le territoire genevois.
Le seuil de tolérance de cinq grains de
pollen par m 3 est atteint environ deux
semaines par an.
Les autorités ont-elles pu répondre
à l’alerte que le groupe Ambrosia a
donnée dans les différents domaines
concernés?
A Genève, elles ont répondu en officialisant
notre groupe, qui va être un peu élargi.
Le Conseil d’Etat nous a officiellement
demandé un rapport avec des recommandations pour fin 2003. Le diplôme d’A.
Maurer fournira des informations résumant plus de trois années de captage de
pollen et une carte de répartition des foyers
d’ambroisie. Ce sont des éléments solides
à verser au dossier.
Les recommandations pourront-elles
être utilisées par le Conseil d’Etat
tant dans le domaine de la santé
publique, que dans le domaine de
l’environnement et de l’agriculture?
Il est absolument nécessaire de lier tout
cela! Pour le moment, du point de vue de
la santé, il s’agit de faire de la prévention, en instaurant des tests d’allergie à
l’ambroisie chez les patients. Sur le plan
agricole, c’est plutôt une surveillance,
des arrachages, une lutte contre l’espèce
qui se met en place. Il y a aussi d’autres
domaines concernés (voirie, chantiers,
milieux naturels, bords de rivières).
Que pensez-vous de la situation
actuelle à Genève sur les néophytes
en général?
La situation est parfois dramatique, et je
pense qu’il va s’avérer difficile d’entreprendre quelque chose. Prenons le cas des
renouées (Reynoutria japonica et sachalinensis), du buddléia (Buddleja davidii)
et des solidages (Solidago canadensis s.l.
et S. gigantea): il s’agit d’espèces qui sont
actuellement en phase d’explosion, et ceci
se passe ainsi dans toute l’Europe! Nous
ne sommes donc pas une exception. Mais
il ne faut pas baisser les bras, une lutte
ciblée dans les milieux les plus sensibles
est nécessaire.
Il est encore possible d’intervenir dans le
cas d’espèces qui sont à la fin de la phase
de latence, comme l’ambroisie, ou qui
entament celle de l’extension, comme la
berce du Caucase (Heracleum mantegaz-
zianum), ou le séneçon du Cap (Senecio
inaequidens) FIG 2, qui pénètre sur notre
territoire par les axes de la voie ferrée et
de l’autoroute. Il n’y a encore qu’une
station importante connue à Genève.
Dans les cas susmentionnés, si on lutte,
on peut encore garder espoir.
A Genève, quelles pourraient être les
conséquences de l’explosion de ces
envahissantes dans les milieux
naturels?
Les mêmes que dans les pays déjà envahis:
on aura de gros problèmes de gestion
des bords de cours d’eau (renouées) et des
réserves naturelles.
Les milieux humides et les prairies
maigres peuvent être complètement
envahis par les solidages, et si l’on ne
fait rien, ces milieux seront remplacés
par une monoculture de l’espèce envahissante.
En Allemagne, je connais des prairies
maigres qui ont été supprimées des inventaires en 20 ans. Nous allons vers une
perte de biodiversité, de milieux et d’espèces.
A Genève, on constate que la renouée du
Japon et celle de Sakhaline sont en train
de conquérir les bords de l’Arve. C’est
d’autant plus difficile à gérer que l’Arve
vient de France.
En France, les bords de certains cours
d’eau sont envahis de renouées sur plusieurs kilomètres. On peut mentionner
d’autres conséquences: en cas de crue, la
rive est déstabilisée car elle est minée
par les parties souterraines de la plante
qui a éliminé les autres espèces.
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Conservation, envahisseurs
Figure 2 Senecio inaequidens DC
(Séneçon du Cap ou sud-africain)
Les risques d’érosion sont très grands.
Chaque espèce pose donc des problèmes
spécifiques, non seulement en ce qui
concerne la biodiversité, mais également
d’ordre économique et touristique. La
jussie (Ludwigia grandiflora) est apparue
à Genève en 2002 dans un étang. Une
Le Groupe d’Action contre les
Plantes Envahissantes s’est
constitué pour organiser la lutte
action énergique a été entreprise pour
l’éradiquer. Cette plante coûte des centaines de milliers d’Euros chaque année en
France! Il s’agit de débarrasser par
exemple les étangs des Landes de cette
masse végétale pour que les visiteurs et les
pêcheurs puissent profiter des plans d’eau
pendant leurs vacances! Ces conséquences
sont graves, car une fois que la plante est
là on ne peut plus s’en débarrasser et il
faut vivre avec.
Ce domaine d’activité pour le
secteur conservation des CJB semble
devoir prendre de plus en plus
d’ampleur?
C’est difficile à dire, mais quand on met le
doigt dans cet engrenage-là... Nous allons
certainement continuer à travailler sur
ces questions qui touchent de nombreux
domaines scientifiques et de nombreux
acteurs, et qui posent de graves problèmes
pour la protection des espèces. D’ailleurs,
la Convention sur la Diversité biologique,
signée par la Suisse, incite les Etats à lutter
contre les plantes envahissantes.
Merci Catherine! Votre avis sur
l’exposition «Envahisseurs?»?
Je trouve que cette exposition est excellente. L’information et de l’éducation sont
absolument nécessaires.
Avant on disait «les plantes arrivent,
repartent, ce n’est pas bien grave...».
Aujourd’hui les gens sont beaucoup plus
réceptifs à ce type de question. Je l’ai
constaté lors de la Nuit de la Science
2003, dans le cadre de notre stand «Envahisseurs?». Nous avons eu la visite de gens
qui ont eux-mêmes fait face à des problèmes avec des néophytes et qui se rendent
compte qu’il y a peut-être quand même
certaines espèces qui sont indésirables.
Cela me paraît assez indispensable et très
important que le public soit conscient des
enjeux.
D’ailleurs, on prend partout conscience
des problèmes posés par les néophytes et
les initiatives, recherches et expositions se
multiplient, ce qui est positif.
SITES WEB
Pro Natura – www.ville-ge.ch/cjb/png/
Service des forêts, de la protection de la nature et du paysage
SFPNP – www.geneve.ch/nature/
Office Fédéral de l’Environnement, des Forêts et du Paysage – OFEFP –
www.ofefp.ch
Centre du Réseau Suisse de Floristique – CRSF – www.crsf.ch
Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS) –
www.cps-skew.ch
Convention sur la Diversité Biologique – www.gisp.org/ et www.biodiv.org/
programmes/cross-cutting/alien/default.asp
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 23
un CONSERVATEUR
de la nature
et du paysage pour le canton
Bertrand Von Arx, conservateur (SFPNP)
Malgré son petit territoire (283 km2), le canton de Genève, loin d’être un
canton ville, abrite une flore et une faune diversifiées dans une campagne
préservée située à quelques minutes de la ville. Cette proximité fort
appréciée par les habitants du canton participe à l’attrait de Genève
et contribue à sa qualité de vie. Il s’agit de savoir conserver ces atouts.
e service cantonal des forêts, de la protection de la nature et du paysage (SFPNP) est
l’autorité compétente pour garantir le
maintien de ce patrimoine naturel de haute
valeur et pour préserver un espace suffisant pour la survie
de la faune et la flore sauvages pour le bénéfice de toute
la population genevoise.
Au sein du SFPNP, les compétences ont été réparties selon
les 4 thématiques liées aux dispositions légales fédérales
existantes. Concrètement, il existe un inspecteur des forêts
responsable d’appliquer les lois sur la forêt, un inspecteur
de la faune (loi sur la Faune), un inspecteur de la pêche,
poste provisoirement vacant, et un conservateur de la
nature et du paysage.
naturels et de la flore compagne permet ensuite de
prendre le pouls de ces milieux et de corriger les mesures
prises, le cas échéant. Une autre tâche plus administrative, mais qui permet de mieux contrôler la pression sur
les milieux sensibles, consiste à délivrer des autorisations liées
aux manifestations en zone rurale ou permettant la
pénétration dans les sites protégés.
Enfin, la participation aux concertations sur tous les
projets d’aménagement du territoire ou de construction
susceptibles d’avoir un impact sur la nature et le paysage est
nécessaire pour défendre constamment la zone agricole
et les ensembles paysagers ruraux de grande valeur lors
des projets de densification de la couronne urbaine, cela
conformément aux directives du plan directeur cantonal
basé sur le développement durable.
La fonction de conservation de la nature et du paysage
n’a été crée qu’en 2002 par le Conseil d’Etat et le conservateur nommé devient maintenant l’autorité compétente
au niveau cantonal pour l’application de la loi fédérale
sur la protection de la nature et du paysage (LPN). Il est
responsable également de l’application de la loi cantonale sur la protection des monuments, de la nature et des sites
(LPMNS) pour les questions relatives à la nature. Concrètement, le conservateur de la nature et du paysage établit
Parmi les tâches importantes du conservateur,
citons d’abord l’observation, le contrôle
et l’intervention dans les sites protégés
et applique la politique cantonale en matière de conservation de la nature et du paysage et assure une gestion
des sites dignes de protection selon l’ordonnance fédérale
sur la protection de la nature (OPN). Une tâche important consiste également à assurer le lien entre les différents partenaires cantonaux et de la société publique
intéressés ou impliqués dans la conservation et la valorisation des milieux naturels et de la flore.
Parmi les tâches importantes du conservateur, on peut
citer d’abord l’observation, le contrôle et l’intervention
dans les sites protégés du canton, ainsi que l’entretien de
ces derniers lorsque cela s’avère nécessaire.
En général, une information accompagne les projets
d’exécution. Une autre tâche consiste à définir, voire clarifier les objectifs de protection de la nature et du paysage ainsi
qu’à désigner de nouveaux objets dignes de protection. La
gestion des sites se base sur des plans de gestion qui sont
peu à peu mis en place pour l’ensemble des milieux protégés ou considérés comme digne d’intérêt aux termes de
l’OPN. Un suivi scientifique de l’évolution des milieux
Le Vallon de l’Allondon
Qui est ce conservateur de la nature et du paysage?
Botaniste et ancien collaborateur des Conservatoire
et Jardin botaniques (CJB), Bertrand von Arx a choisi
d’abandonner les climats extrêmes de la région d’Ottawa où il représentait l’autorité scientifique au sein du
gouvernement fédéral canadien dans le cadre de la
Convention sur le commerce international des espèces
de faune et de flore menacées d’extinction (CITES) pour
retourner aux sources et relever le défi de la conservation de la nature et du paysage dans le petit canton de
Genève. Au Canada, il a dirigé les activités scientifiques
de la CITES pendant plusieurs années pendant lesquelles il a été confronté non seulement à la gestion d’espèces locales telles que le ginseng et le Grizzli, mais il a
aussi participé activement et dirigé diverses réunions
des comités techniques de la CITES au niveau mondial
et participé à des missions scientifiques sur le terrain,
notamment à Madagascar. Avant son départ au Canada,
Bertrand von Arx était responsable de la conservation de
la flore aux CJB et présidait accessoirement l’AGPN
devenue entre-temps Pro Natura-Genève.
De QUI
devons-nous
avoir PEUR?
’impact du développement
démographique d’Homo sapiens
sur l’écosystème terrestre est
terrifiant. Apparemment, l’espèce ne se
rend absolument pas compte des dégâts
causés par ses propres activités sur l’ensemble des biocénoses, qu’elles soient
terrestre ou aquatique.
Actuellement il semble même que certaines communautés cherchent à s’étendre
hors de l’espace terrestre. On mentionne
en effet depuis les années 50 environ la
présence sporadique de quelques individus au delà de la stratosphère. Le caractère belliqueux tend parfois à réduire les
effectifs en certains endroits. Toutefois
cette réduction s’accompagne généralement d’une dégradation locale considérable de l’environnement. Certaines armes
mises au point seraient même capable
d’étendre ces impacts à l’échelle de la
planète toute entière.
L’extension de cette espèce semble irréversible, à moins qu’elle disparaisse dans
un cataclysme écologique majeur qu’elle
aurait elle-même provoqué. L’espèce
semble néanmoins douée de capacités
intellectuelles étonnantes. Lorsque cellesci sont utilisées à bon escient, elle est
capable d’actions prodigieuses (voir à cet
effet notamment diverses œuvres d’art
dans certains musées). Aussi, la meilleure
stratégie serait peut-être de faire prendre
conscience à l’espèce des menaces
qu’elle engendre sur sa propre existence
par son comportement irraisonné.
On pourrait dès lors par exemple proposer la mise sur pied d’une exposition
présentant les dangers que font courir à
l’écosystème terrestre le développement
anarchique des espèces envahissantes,
dont l’homme lui-même fait partie….
J.F. Rubin
Musée du Léman, Nyon
PAGE 24 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
CJB & SUD
Les CJB et l’AGENDA 21
Didier Roguet, conservateur
Les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève,
s’ils pratiquent quotidiennement les préceptes du développement
durable et les appliquent le plus systématiquement possible,
dirigent deux projets «phares» dans le cadre de l’A21 de la Ville
Coopération nord-sud et sudsud menée par les Conservatoire
et Jardin botaniques
Contexte
Les CJB ont développé depuis plusieurs
années sur la base de leurs collections
(herbiers et bibliothèque) et de leur expertise mondialement reconnue en matière
de connaissance et de gestion du monde
végétal (Flore du Paraguay, Flore des
Alpes, Flore de Corse, etc.) une politique
active de floristique appliquée au développement durable.
Programme
Les programmes qui en découlent, développés dans les axes de recherche privilégiés de l’institution (Amérique du sud,
Afrique), utilisent des synergies nord-sud
puis sud-sud.
Ils ont systématiquement comme base de
travail:
– une convention signée entre les municipalités concernées et la Ville de
Genève
– des espaces verts (souvent des jardins
botaniques) comme lieu privilégié de
visite, de connaissance et d’interprétation pour de nombreux publics
– le savoir ethnobotanique traditionnel et
l’éducation environnementale comme
vecteurs socio-pédagogiques privilégiés
– des références claires à l’A21 de Rio:
utilisation raisonnée des ressources
naturelles; démocratie participative;
rôle central des femmes, des jeunes, des
communauté locale et des autochtones;
lutte contre la pauvreté; conservation
de l’environnement; primauté de
l’éthique et de la santé publique
Objectifs
Ces programmes ont pour objectifs à
travers une valorisation des connaissances
traditionnelles liées à l’utilisation des
végétaux une meilleure prise de conscience de la valeur patrimoniale de ces
dernières, leur conservation et leur promotion.
Applications
Différents programmes de
coopération financés en
partie par le Fonds de
développement de la Ville
de Genève ont ainsi vu le
jour sur cette base: Paraguay (Asunción), La Paz
(Bolivie), Dakar (Sénégal),
Abidjan (Côte d’Ivoire) et
Sao Paulo (Brésil). Ces
projets fonctionnent en
réseau sud-sud de manière
régionale.
Patrimoine Vert: un
système d’informations à références
spatiales de la
diversité floristique
L’éducation environnementale Un pilier de notre action dans le cadre du développement durable
Contexte
Ce projet s’inscrit dans la cadre du
Système d’Information pour l’Environnement et l’énergie de la région genevoise
(SIEnG) qui centralise diverses données
environnementales et énergétiques relatives à Genève. Le domaine «Nature» du
SIEnG comprend toutes les informations
relatives à la faune, la flore et les milieux
naturels de la région genevoise.
Objectifs
Le projet PATRIMOINE VERT se veut l’élément fédérateur des connaissances botaniques de la région genevoise. On y trouvera donc aussi bien des données sur la
flore sauvage, que sur les espaces plantés
(non compris l’agriculture!), les parcs ou
les arbres isolés. La volonté est de disposer d’un
guichet unique où l’ensemble de cette
information est accessible.
Les objectifs poursuivis sont notamment
les suivants:
– récolte, intégration et synthèse de l’information portant sur les milieux, les
espèces et les individus constituant la
diversité végétale
– mise à disposition de l’information
pour la gestion, la recherche et l’aide à
la décision
– création de méthode communes
Applications
Ce système devrait nous permettre d’assurer un monitoring de la flore genevoise,
seul à même de garantir la conservation
de l’immense richesse floristique dont
bénéficie notre canton avec plus de 1’200
espèces. Il permettra en outre de mieux
gérer les milieux naturels de notre canton
et de notamment mieux appréhender la
problématique de réseaux qui doit garantir une connexion entre ces différents éléments naturels isolés au milieu des infrastructures humaines.
Enfin, différentes recherches ont pour
objectifs d’analyser ces informations botaniques tant au niveau quantitatif que qualitatif. Il s’agira par exemple d’identifier
quels sont les paramètres qui conditionnent la diversité floristique et de proposer
des mesures de gestion de l’environnement
et/ou d’aménagement du territoire compatibles avec cette richesse.
Création d’une espace familial
aux CJB, le Botanicum, dédié à
une meilleure compréhension
du développement durable
Les CJB ont inauguré dans le cadre du
Jardin botanique, au bord du lac et en septembre 2001, un nouvel espace permanent, interactif, sensoriel et familial, dédié
au développent durable. Il propose, à
travers une approche ludique du monde
végétal et de la nature, un parcours d’une
petite heure.
Formé de 14 modules interactifs, le Botanicum offre aux visites en famille une
vision croisée (parents/enfants), tour à
tour sensorielle, artistique, ludique et
pédagogique sur le monde des plantes
qui nous entourent. Une interprétation
lie, pour chaque atelier, les activités proposées à une vision du développement
durable et à ses fondements, en particulier l’Agenda 21.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 25
Bilan 2003 pour les différents pôles
du programme cadre des CJB au SUD
Asunción
La Paz
Sao Paulo
Dakar
Abidjan
Objectif
Sauvegarder, formaliser et restituer les savoirs ethno botaniques pour améliorer la
qualité de vie des habitants, en
assurant un usage durable de la
flore utile.
Objectif
Mise sur pied d’un jardin ethnobotanique et d’un programme
d’éducation environnementale
appliqué, selon le même concept
qu’au Paraguay.
Objectif
Améliorer la qualité de vie des
habitants, en contribuant à la
conservation de la Mata Atlantica, par le biais de la mise en
place du même concept et d’un
centre d’éducation.
Objectif
Utiliser les savoirs ethnobotaniques pour combattre
la pauvreté avec les moyens
locaux; mettre en place un
Centre d’éducation à l’environnement au sein d’un jardin
botanique revitalisé.
Objectif
Mise en place d’un cycle d’enseignement pour scolaires pour
favoriser la conservation de la
forêt d’Adiopodoumé en améliorant la communication entre
scientifiques et villageois.
Réalisation
«Cap au Sud», formations spécifiques de vendeurs de plantes,
d’enseignants, de promoteurs de
santé et échange de connaissances au Brésil; agrandir et améliorer la collection de plantes;
mise en place du jardin éducatif.
Responsables au Paraguay:
A. Pin, G. Gonzalez
Réalisation
Mise sur pied d’éléments didactiques au Museo Interactivo
Kusillo: thématique ethnobotanique bolivienne; recherche
pour production du document
«Con-texto ecológico de Bolivia
y la materia prima utilizada en la
artesanía».
Réalisation
Suite aux changements politiques dans ce pays et pour
répondre aux exigences de la
législation brésilienne, le projet
doit faire l’objet d’un nouvel
«accord» courant 2004.
Responsables en Bolivie:
L. Collazos, S. Rios,
W. MacFarren
Réalisation
Développement d’un cycle d’enseignement pour scolaires primaires
et mise en pratique; dans le cadre
du 100e anniversaire du Parc de
Hann, inauguration du Centre –
CEEH – en octobre 2003.
Responsable au Sénégal:
A. Traoré
Réalisation
Développement du cycle d’enseignement et mise en pratique par
de nombreuses classes primaires.
Implication des villageois dans
la conservation de leur forêt.
Responsable en Côte d’Ivoire:
I. Koné
Etnobotanica PARAGUAYA
Mise en relation des espèces médicinales avec leurs
habitats: Le Jardin Educatif d’«Etnobotanica Paraguaya»
Fiche technique
du Jardin éducatif
Dimensions: 20 m ⌾ 15 m.
Largeur des chemins: 0,9 m.
Nombre de robinets: 8
Habitats représentés:
I: plantes pérennes;
II: plantes annuelles, xérophytes,
marais et plantes aquatiques,
forêts peu touffues, forêts
denses, et plantes toxiques
Nombre d’espèces végétales
représentées: 120
En raison de l’affluence de visiteurs de
toutes sortes au Jardin des plantes
médicinales du projet «Etnobotánica
Paraguaya» – dans le Jardin botanique
d’Asunción, Paraguay, nous avons
estimé nécessaire d’agrandir l’espace
prévu pour l’interaction avec le public.
C’est ainsi qu’a surgi l’idée de restaurer
le Jardin éducatif, qui avait été détruit
par une tempête en mars 1998.
Nous avons donc choisi un endroit
adéquat autour du Centre de Conservation et d’Education à l’Environnement
(CCEAM), et le nouveau Jardin a été
mis en place grâce à la coopération de
la Ville de Genève et des CJBG, dans
l’optique de créer un espace permettant de
connaître les espèces végétales médicinales dans des conditions similaires à
celles de leurs habitats naturels.
Le Jardin éducatif a été inauguré le
5 juin 2003 – Journée Mondiale
de l’Environnement – en présence du
Maire d’Asunción, le Dr. Enrique Riera
Escudero, des autorités diplomatiques
suisses, des autorités techniques et
administratives de la Municipalité
d’Asunción, d’invités spéciaux ainsi
que d’élèves d’institutions éducatives
et du public en général, réunissant
environ 200 personnes.
Par Ana Pin et Germán Gonzalez, Paraguay
Traduction Magali Stitelmann
Le milieu des plantes aquatiques et
palustres, empli d’eau et de boue d’une
profondeur moyenne de 70 cm, est particulièrement remarquable. Sa mise en
place s’est fait grâce à l’imperméabilisation du sol par la pose d’une couche de
plastique au fond.
Depuis son inauguration le nouveau
Jardin éducatif est visité par de nom-
breuses personnes, principalement
étudiants et enseignants, ainsi que des
groupes. Il remplit une fonction très
importante en tant qu’espace privilégié pour les activités éducatives dans
le domaine des Sciences de la Nature
et dans le cursus officiel de l’Education Nationale. Afin d’utiliser pleinement le potentiel éducatif de ce
jardin, il est prévu de réaliser des
brochures d’aide à la visite.
Le public pourra alors en profiter
pleinement sans avoir besoin d’une
visite guidée.
Inauguration officielle du jardin officinal éducatif au Jardin botanique d’Acunsión Juin 2003
PAGE 26 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Centre d’éducation environnementale – CEEH
et son jardin ethnobotanique
Par A. Traoré, coordinatrice de CEEH à Dakar
itué à l’ouest du continent
Africain, le Sénégal est un
pays au relief relativement
plat. Il est caractérisé par
une population très jeune (près de 50%
ont moins de quinze ans) qui est estimée
à dix millions d’habitants avec un taux de
croissance moyen de 2,7% par an. Cette
population s’urbanise de façon croissante
avec un taux de 42%. La région de Dakar
a une densité de 2700 habitants au km2 et si
cette tendance évolutive se maintient, elle
disposera de plus de deux millions d’habitants soit près du quart de la population
du pays sur 0,2% du territoire national.
Au Sénégal, le climat est de type semiaride tropical.
Les formations forestières sont essentiellement
constituées de steppes au Nord, de savanes
au Centre Ouest, de forêts sèches claires
à l’Est et au Sud. S’y ajoutent des formations végétales spécifiques tributaires du
réseau hydrographique et du régime des
eaux. Il s’agit des forêts galeries situées
le long des principaux cours d’eaux et
des mangroves sur les cordons littoraux
des fleuves Sénégal, Gambie, Casamance
et Saloum. Des palmeraies, rôneraies et
bambousaies sont également présentes
tout comme des formations halophytes.
Les formations forestières sont
essentiellement constituées de
steppes, de savanes et de forêts
sèches claires
La superficie de ces formations végétales
est de 13 762 000 hectares environ dont
6 240 000 hectares environ de forêts
classées. Ces formations végétales qui se
trouvent sous des conditions climatiques
instables, sont très sollicitées. Elles
subissent des pressions de la part d’une
population en croissance exponentielle
avec des besoins croissants dont des
besoins en combustibles ligneux et les
constructions d’habitats. A ceux-là, s’ajoutent l’extension des activités agricoles et
pastorales, la salinisation des terres, les
érosions, feux de brousse, etc.
Tous ces facteurs ont entraîné la dégradation des ressources forestières dans des
proportions alarmantes, 45 000 hectares
(FAO, situation des forêts du monde
2001). La dégradation de ces ressources
végétales, habitat naturel de la faune, se
traduit par une baisse considérable des
ressources fauniques.
La destruction du milieu naturel et la
perte de savoirs qui lui est liée sont des
phénomènes importants en zone tropicale. Si la recherche scientifique, par le
biais d’une meilleure connaissance des
milieux, peut apporter certaines solutions pour la conservation et la gestion
des ressources naturelles, il s’avère
nécessaire de mettre en place une politique d’éducation environnementale
basée sur la diffusion des savoirs. En
effet, la nouvelle génération constitue le
public idéal, car c’est elle qui sera
amenée à protéger l’environnement. Il
s’agit donc de la sensibiliser à l’intérêt de
protéger à long terme son patrimoine
écologique et culturel afin qu’elle puisse
à son tour rendre les aînés attentifs aux
problèmes environnementaux.
Le présent projet d’Education Environnementale du Parc de Hann initié par les
Conservatoire et Jardin botaniques de la
Ville de Genève (CJBG) s’inscrit dans ce
cadre. Il vise à instaurer un programme
d’éducation environnementale au sein de
certains établissements scolaires pour per-
mettre d’assurer la conservation de la biodiversité, la protection de l’environnement
afin de rétablir les équilibres indispensables à un développement durable.
CJB & SUD
Parc de HANN de Dakar
L’équipe du centre d’éducation à
l’environnement du Parc de Hann (CEEH)
Les élèves et le corps enseignant des écoles
doivent prendre conscience qu’une forêt
est une communauté d’êtres vivants dotés
d’une richesse, d’une fragilité, d’un dynamisme et d’une histoire vers laquelle
l’être humain peut s’intégrer, soit positivement, soit négativement.
Loin d’être un thème de mode, l’éducation à l’environnement s’impose aujour-
Les élèves et les enseignants
doivent prendre conscience
qu’une forêt est une communauté
d’êtres vivants
d’hui comme une nécessité tant en milieu
urbain qu’en milieu rural où la dégradation a évolué à un rythme inquiétant au
cours de ces trente dernières années.
Grâce à l’appui financier des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville
de Genève et du Bureau d’Appui à
la Coopération Sénégalo–Suisse, un
Centre d’Education Environnementale
a été créé et équipé. Ce Centre est fonctionnel depuis février 2003. Il comporte
une salle de cours, une bibliothèque et
un bureau.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 27
Phase test
Les autorités de l’enseignement élémentaire de la région Dakar ont salué la mise
sur pied d’un tel projet. Par conséquent,
l’autorisation nous a été donnée pour travailler avec les écoles.
Deux écoles du Département de Hann ont
été contactées, il s’agit de l’école de Dalifort et de l’école Doudou Mbathie.
Ces écoles sont très proches du Parc de
Hann et à leur niveau, les classes de CE2
et CM1 ont été ciblées.
L’équipe du jardin ethnobotanique attaché au CEEH
Affaires culturelles au niveau de la
Ville de Genève. Il a été accompagné du
Professeur Rodolphe Spichiger, directeur des CJBG, de M. Didier Roguet,
conservateur – ethnobotaniste aux
CJBG et responsable scientifique du
projet.
Après l’inauguration du Centre, une
conférence magistrale a été donnée
dans l’après-midi par le Professeur Spichiger sur le thème «l’Homme et la
Biodiversité».
Nous nous sommes retrouvés avec neuf
classes et un effectif global de 654 élèves.
Avant le démarrage des activités, une
experte en éducation environnementale a
été envoyée pour un appui technique de
novembre 2002 à juillet 2003 par les
CJBG. Six activités ont été élaborées. Elles
portent sur:
Environ 150 panneaux
d’identification des espèces ont
été confectionnés pour
le Jardin botanique
– la forêt source d’énergie (le bois et le
charbon de bois)
– la forêt source d’aliments (plantes de
cueillette)
– la forêt source de médicaments
(plantes médicinales)
– l’impact de l’Homme sur la forêt (les
cultures industrielles)
– la régénération naturelle et le reboisement
– la faune et sa conservation
En plus de ces activités, environ 150
panneaux d’identification des espèces et
explicatifs ont été confectionnés pour le
jardin botanique principal support du
Centre d’Education Environnementale.
Le jardin botanique a été scindé en
treize secteurs et certains d’entre eux ont
été aménagés en fonction des activités
menées dans le Centre (plantes de
cueillette, plantes médicinales et plantes
industrielles).
Une vingtaine de panneaux ont aussi été
élaborés pour le parc zoologique.
La mission genevoise à Dakar du 19 au
28 octobre 2003 a rencontré l’ambassadeur de Suisse à Dakar et les responsables du Bureau d’Appui à la Coopération Sénégalo–Suisse pour discuter du
projet.
Inauguration
Créé en 1903, le Parc de Hann fête cette
année son centenaire. Dans le cadre
de ces manifestations, du 22 au 25
octobre 2003, l’inauguration du Centre
d’Education Environnementale a été
réalisée dans la journée du 22 octobre.
A cet effet, une invitation a été envoyée
au Maire de Genève par le Maire de
Dakar. Le Maire de Genève a répondu
favorablement à cette invitation et a
été représenté par M. Mugny chargé des
Inauguration du CEEH et du jardin ethnobotanique avec la délégation genevoise emmenée par P. Mugny
PAGE 28 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
La forêt d’Adiopodoumé a été le lieu où bon nombre de
jeunes scientifiques ont pu avoir leur premier contact
avec la forêt tropicale
eaucoup de jeunes scientifiques suisses, français, hollandais et ivoiriens ont eu
l’occasion d’étudier pour la
première fois un environnement forestier
tropical à Adiopodoumé, puisque cette
forêt touche plusieurs centres de recherche scientifique.
Par la suite, ils ont pu se familiariser et
étudier l’écologie, la flore et la faune
tropicale au sein de cette forêt, malgré sa
petite dimension. Les enfants du village
d’Adiopodoumé ont pu jouer dans le sousbois et de nombreux villageois ont pu y
trouver le calme et l’ombrage mais également des ressources forestières. Bien que
cette forêt soit considérée comme une
ressource et une source de souvenirs et
de bonheur pour plusieurs générations,
sa pérennité est aujourd’hui fortement
menacée. C’est pour cette raison qu’il
nous a paru nécessaire de replacer cette
forêt au centre des préoccupations en
faisant intervenir la société civile, l’éducation et la recherche scientifique, afin
de revaloriser cet héritage aux yeux des
jeunes générations et de leurs aînés.
Par Cyrille Châtelain, adjoint scientifique
disparition du respect envers notre environnement est liée à une perte du savoir
des anciens.
CJB & SUD
EDUCATION environnementale
dans la forêt d’Adiopodoumé (Côte d’Ivoire)
Cette approche, initiée par le Professeur
Spichiger, a été rendue possible grâce au
financement du Fond de la Délégation
au Développement de la Ville de Genève, à
l’initiative des Conservatoire et Jardin
botaniques, et aux partenaires impliqués
dans la mise en place et la réalisation de
ce projet d’éducation.
Comme scientifiques, on doit également
interpréter cette initiative comme un
retour de l’information de la recherche
vers le public.
Etant donné l’enthousiasme favorable que
les élèves et les enseignants ont montré au
cours de ce premier projet, de la motivation des «chercheurs-moniteurs» de l’excellent accueil donné par les centres
de recherches suisse et ivoiriens et par
l’administration ivoirienne (éducation
nationale et de l’environnement), il nous
a semblé opportun de publier ce projet
sous forme d’un Sempervira, afin de
mettre à disposition l’information.
Une classe en visite sur le terrain
Aussi, nous espérons qu’il sera largement
diffusé, copié et qu’il puisse être reconduit
au sein d’autres écoles à l’aide d’autres
bonnes volontés. Il est également certain que, dans tous les cas, l’effort est
largement récompensé par la vision des
yeux bril-lants de plaisir des enfants, et
espérons- le, par la conservation.
La problématique de sa conservation n’est pas
nouvelle. En effet, la mise en place de barrières, d’un système de surveillance par
des agents, son classement en réserve, ont
souvent été invoqués faute de mieux. De
nombreuses idées avaient échoué d’autant plus que la propriété des terres est
revendiquée par plusieurs villages, en plus
des centres de recherche. L’idée est venue
qu’en impliquant les écoliers et indirectement leurs parents, puis les autorités
administratives et les chercheurs avec
le personnel des centres de recherches, il
serait possible de revaloriser cette forêt et
de la conserver.
L’expérience positive des projets d’éducation à l’environnement et de collaboration Nord-Sud menée par les CJBG au
Paraguay et au Sénégal a été l’occasion
inespérée. L’idée fondamentale de ces
projets est que l’on considère et protège
uniquement ce que l’on connaît, et que la
Activités éducatives au CSRS
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 29
4
e
La voie de CHEMIN DE FER
Un conservatoire de la biodiversité
Un milieu rudéral est une surface non construite, non asphaltée et non
cultivée qui subit, cependant, une forte influence humaine.
Les surfaces rudérales sont souvent très riches en espèces et sont souvent,
proportionnellement à leur surface, celles qui ont le nombre d’espèces le
plus élevé parmi les différents biotopes urbains.
Par Philippe Clerc et Catherine Lambelet, conservateurs
LE PROJET AUX CJB
Aménagement de la surface destinée aux
plantes rudérales
Cette surface a pu être aménagée grâce à l’aide des CFF
qui ont fourni et installé une voie, un butoir, une tomme
d’aiguillage, une cloche et un petit wagon; elle comprend
plusieurs zones:
LES ABORDS DE VOIES DE CHEMIN DE FER,
UN MILIEU RUDÉRAL
Milieu rudéral par excellence, les abords de voies de
chemin de fer sont souvent caractérisés par une biodiversité végétale élevée et la présence de plantes rares ou
menacées dans leur milieu d’origine.
Les abords de voies de chemin de fer se caractérisent par
un sol drainant et, par conséquent, un assèchement très
rapide, une humidité basse ou en tout cas pas permanente et un apport de chaleur élevé en surface.
Ces conditions de sécheresse édaphiques et de chaleur se
rencontrent, sur le Plateau suisse, dans certains biotopes
naturels de grande valeur (bords de rivières, terrasses
graveleuses alluviales, prairies sèches, murs de pierres
naturelles, etc.) sur lesquels l’intensification croissante
de l’agriculture (drainage, apport en fumure, apports
en herbicides et pesticides, etc.) et l’urbanisation galopante font peser de lourdes menaces. Les plantes caractéristiques de ces milieux naturels sont, par conséquent,
menacées, et les milieux rudéraux sont, de par leurs
caractéristiques écologiques stationnelles, souvent les
derniers refuges, milieux de substitution et lieux de
survie, où elles peuvent encore s’installer. Il semble,
d’autre part, que les plantes messicoles en régression
(champs cultivés de façon traditionnelle et extensive)
aient tendance à se comporter en adventices rudérales.
Ainsi, avec plus de 40% des espèces dans la Liste rouge, les
plantes rudérales sont le groupe de plantes le plus
menacé en Suisse, après les plantes aquatiques et les
plantes des marais.
De tels milieux sont soumis à une forte dynamique évolutive. Leur flore se modifie en permanence. Il se pourrait
que la végétation à cycle de vie relativement court des
voies de chemin de fer réagisse plus rapidement aux
changements du climat ou à d’autres modifications de
l’environnement que d’autres écosystèmes plus stables
(forêts, pâturages, etc.). On pourrait donc en faire un
observatoire des changements de l’environnement.
UN MILIEU MENACÉ À GENÈVE
La construction de la troisième voie de chemin de fer
entre Genève et Lausanne, la réfection de la zone «SécheronAvenue de la Paix», ainsi que la construction du bâtiment
de l’OMM et l’augmentation des surfaces de parking pour les
voitures dans cette zone ont conduit à la disparition de
toute une flore rudérale urbaine des bords de voie de
chemin de fer.
La même tendance peut s’observer à la Praille où les
aménagements récents ont également appauvri une flore
rudérale extrêmement riche et diversifiée.
– Une voie de chemin de fer avec à l’une de ses extrémités un tampon destiné à stopper les wagons. La voie est
déposée sur du gravier et recouverte de ballast
– Une zone de culture en amont de la voie sur du terrain drainant destinée à la conservation ex situ d’espèces rares
des milieux rudéraux
– Une zone destinée à la conservation ex situ, dans
laquelle on laisse, sous certaines conditions, la flore se
développer de manière spontanée
– Une zone pavée, imitant la zone du quai, permettant
d’accéder à la voie de chemin de fer et à ses surfaces
rudérales. Cette zone permet le développement de toute une
flore caractéristique des zones pavées (Bryo-Saginetum
procumbentis). On y trouvera un banc pour s’installer
confortablement
– Un mur de pierres sèches naturelles non jointoyée
bordant la surface en contre-bas des rails. Ce mur doit
permettre la mise en évidence de la flore caractéristique des murs urbains non jointoyés (Asplenietum
trichomanorutae-murariae). Une collection d’orpins a
été installée sur le sommet du mur.
OBJECTIFS DIDACTIQUES
Au moyen de panneaux disposés aux abords des différentes zones, différents thèmes pourront être développés, en
relation avec la flore rudérale des mauvaises herbes,
comme par exemple:
– Souligner le fait que les zones urbaines procurent un
habitat à certaines plantes rares ou menacées en
Suisse, pour lesquelles les stations rudérales sont les
derniers refuges leur permettant de survivre en remplaçant leur habitat d’origine (prairies sèches, terrasses
graveleuses alluviales, bords de chemins, champs
cultivés de manière traditionnelle, extensive). Notion
de biotope de compensation
– Montrer qu’une influence humaine importante n’est
pas forcément liée à une végétation monotone et
pauvre, à une faible biodiversité
– Mettre en évidence les conditions écologiques spéciales
qui influencent la vie des plantes dans ces endroits,
ainsi que les diverses stratégies employées par les
plantes pour survivre (colonisation par des espèces préadaptées originaires de régions du sud de l’Europe,
chaudes et sèches)
PAGE 30 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
– Attirer l’attention sur les «mauvaises herbes», les
plantes rudérales, leur beauté et leur intérêt: plantes
rudérales = plantes sauvages (et non mauvaises
herbes) = découverte et plaisir, plutôt qu’entretien
négligé et sujet d’irritation
– Suivre la colonisation du milieu par de nouvelles
plantes, sans influence humaine: mettre en évidence la
stratégie de dispersion de certaines plantes pionnières
– Mettre en évidence le rôle des voies de communication
dans l’apport de nouvelles espèces (30-40 % de la flore
des voies de chemin de fer sont des néophytes et des
adventices)
– Attirer l’attention sur la nécessité de renoncer à la
poursuite obsessionnelle d’un ordre parfait et par
conséquent à un entretien trop intensif. Mettre en évidence la diversité des niches écologiques urbaines
(murs de pierres sèches non jointoyés, pavés et dallages non jointoyés, chemins non asphaltés, etc.) favorables à une biodiversité végétale et animale élevées.
OBJECTIFS DE CONSERVATION
La zone de colonisation libre dont le sol est drainant
et la proximité de la voie de chemin de fer GenèveLausanne en contre-haut sont des éléments favorables
à l’arrivée de plantes caractéristiques des biotopes
urbains séchards. Petit à petit, avec le temps, cette
zone pourrait devenir une surface de substitution et
de conservation «in situ» pour les biotopes détruits
Projets CJB
Sécheron Gauche Bromus hordaceus
Droite Daucus Carota
lors de l’aménagement de la troisième voie dans le
quartier «Sécheron-avenue de la Paix». Dans une
petite zone de terrain drainant, sur la surface pavée,
ainsi que sur une partie du mur de pierres sèches non
jointoyées, nous avons la possibilité de cultiver des
semis de plantes choisies parmi les espèces peu fréquentes à Genève, qu’elles soient banales ou contenues dans la Liste rouge des plantes vasculaires
de Suisse. Ces zones pourront former un espace de
conservation ex situ pour ces plantes rares à l’intérieur des Conservatoire et Jardin botaniques. Plus de
20 espèces ont déjà été implantées sur ce biotope. Une
partie est conservée sous forme de semences dans la
banque de semences des CJB.
Jeux d’enfants,
lutins et arbres magiques
os nouveaux jeux pour enfants ont
été implantés près de la buvette des
CJB depuis le printemps dernier. Ils
rencontrent un écho très favorable
auprès de notre jeune public.
Comme nous l’avions déjà annoncé, nous souhaitons compléter cette structure mise en place en
collaboration avec la cellule jeux du Service des
écoles et institutions pour l’enfance par la réalisation d’un espace «ludo-botanique» pour les
enfants de 3 à 6 ans.
Cette idée fait son chemin et entrera en 2004 dans
une phase concrète de réalisation. Un espace
de conte, des jeux, un voyage initiatique dirigé
par deux arbres vénérables. Toute la magie de la
botanique et de son imaginaire révélée aux enfants
pour une rencontre magique avec le monde botanique et ses secrets. Nous collaborons dans ce
projet avec des professionnels de la petite
enfance, en particulier le Jardin d’enfant des Petits
Chevaliers de Collex-Bossy.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 31
ÉDUCATION environnementale
aux CJB
et instruction PUBLIQUE
Les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève mènent depuis une dizaine
d’année une politique active d’éducation environnementale pour les publics scolaires et
périscolaires, en particulier en collaboration avec différents secteurs du DIP
Par Didier Roguet, conservateur
ous ne traiterons pas ici des
rapports privilégiés entre les
CJB et l’Université dans le
cadre de la Convention entre
l’Université et la Ville de Genève (1943)
attribuant des charges d’enseignement
au directeur et à certains conservateurs.
Cette convention débouche chaque année
sur la formation en botanique de plus
de 120 étudiants.
– des apports réciproques nord-sud et sudnord dans le cadre du Programme cadre
des CJB au Sud basé sur un réseau de
Centres d’éducation à l’environnement
(Asunción, Sao Paulo, La Paz, Dakar,
Bamako, Abidjan, Ouagadougou),
– une intégration sociale des couches
défavorisées dans ces programmes d’éducation environnementale,
– un souci de formation professionnelle
(ateliers, stages, apprentissage du Jardin
botanique, etc.)
– la volonté renouvelée d’améliorer
l’accueil des publics (scolaires ou non)
– le souhait de pouvoir utiliser dans le
cadre scolaire le Jardin botanique
comme un espace privilégié d’éducation dans de multiples domaines :
– les sciences naturelle (végétaux et
animaux, biodiversités,oiseaux du lac,
nichoir, compost, ravageur, etc.)
– les mathématiques (surfaces, plantations, hauteur, SIG, cartographie, séries
végétales)
– les arts plastiques (peinture, dessin,
sculpture, land art, couleur, art minimaliste et éphémère, galerie – Salle du
Chêne)
– les arts musicaux (concert, ethnobotanique des instruments, théâtre des
oiseaux, sons, etc.)
HISTORIQUE DE LA POLITIQUE
D’ÉDUCATION ENVIRONNEMENTALE DES CJB
– 1960-1970 Accueil ponctuel de classes
de l’enseignement public et privé (Mme
Vautier, conservatrice)
– 1970-1980 Accueil et visites guidées,
prestation à la demande (env. 20 classes
par année, courses d’écoles (accueil)
– 1980 mise place d’une politique de
relations et d’interaction publiques,
édition des premières séries documentaires (ressources pédagogiques pour
les enseignants)
– 1990 demande très forte de la part des
enseignants (en particulier le Cycle
d’orientation) pour un accueil organisé aux CJB
– 1991 délégation d’enseignants spécialisé (2 mi-temps) par le C.O. pour
mettre en place, en collaboration avec
les CJB, un politique d’accueil et produire du matériel pédagogique à l’attention des enseignants du C.O.
Ateliers de formation continue, ateliers
pédagogique, séries éducative, fiches
pédagogiques
– 1993 un seul mi-temps est accordé
(économies aux DIP) malgré l’accueil de
nombreuses classes (sciences naturelles,
accueil, atelier). Environ 30 classes par
an sont accueillies dans des ateliers au
Jardin botanique (C.O., Collèges, écoles
primaires)
Délégation partielle d’un enseignant
pour les classes ateliers (C.O.). Un jardinier
des CJB est octroyé au secteur Education environnementale et relations
publiques (EERP) pour ces ateliers
socio-éducatifs (classes d’accueil et
classes-ateliers)
– 1995 une collaboration est engagée
avec l’Ecole pré-professionnelle de StGervais (intégration professionnelle
autour des métiers de la terre)
Collaboration active avec le Centre
régional d’études des populations
alpines (CREPA) (publications, ateliers, exposition, posters, en particulier
dans le cadre de l’expérience «L’enfant
à l’écoute de son village»)
– 1996 abandon unilatéral de la collaboration avec le C.O. (restructuration
interne non compensée). Premiers
projets d’ateliers périscolaires
Création du premier Centre d’éducation
à l’environnement au Sud (AsunciónParaguay)
– 1997 création avec l’Université du
troisième âge (UNI3) et en collaboration avec le Service des loisirs (DIP) des
Ateliers à la manière de Toepffer en
périscolaire le mercredi après-midi.
Réhabilitation du hangar à bateau de
la Console comme Atelier vert (accueil
des classes par tous les temps. Création
du potager école (Console)
Demande très forte de la part
des enseignants pour un accueil
organisé aux CJBG
Premiers ateliers l’Art et la science
(l’Art et l’enfant): land art, expérience scientifique et créatrice dans
le Jardin botanique, expositions de
travaux d’élèves, etc.
– 1997-2002 politique active de formation continue des enseignants (Que
faire au Jardin botanique?, Ethnobotanique?)
– 1998 création avec l’Association des
Amis du Jardin botanique et du Musée
d’ethnographie de Cours populaire sur
l’environnement, suivis assez souvent
par des enseignants
Nouveaux espaces d’accueil des classes:
Maison Duval, Salle de la Console, Serre
24 à Pregny. Premier projet de Maison
éducative du jardinier (Domaine de
Penthes appartenant à l’Etat). Inauguration du Botanicum (espace d’interac-
tion ludique et sensorielle avec le monde
végétal autour du développement
durable) très visité par les classes du DIP
– 2002 engagement d’une médiatrice
scientifique chargée de l’éducation
environnementale et de mettre en place une
politique cohérente de collaboration
avec le DIP
Accueil des classes par
tous les temps
– 2003 publication avec le Musée du
Léman de la série éducative n° 7 autour
des «Envahisseurs?»
Les Ateliers Toepffer deviennent les
Ateliers verts avec une programmation
annuelle, toujours en collaboration
avec le Service des loisirs et UNI3
POLITIQUE ÉDUCATIVE DES CJB
La politique éducative des CJB est basée
actuellement sur une éducation environnementale, interactive, sensorielle et citoyenne.
L’utilisation comme vecteurs éducatifs
privilégiés:
– l’ethnobotanique
– le respect et la conservation de la diversité naturelle
– le respect et la conservation de la diversité culturelle d’usage
– la protection et la gestion durable de
l’environnement
– sur la mise en valeur muséographique
des collections du Jardin botanique
comme témoignage d’une biodiversité
culturelle et naturelle à conserver
– sur la mise à disposition des publics
d’espaces de contacts et de connaissances: Jardin des senteurs et du toucher,
Terrasses des officinales et utilitaires,
Botanicum, serres
– l’autonomie dans la visite (plans, signalétique, tours audio guidés, muséographie appliquée, interprétation in situ,
fiches d’accompagnement pédagogique
et méthodologique, publications, etc.)
– réceptivité et collaboration avec des
projets phytopédagogiques régionaux,
reproductibles basés sur des enthousiasmes partagés
Engagement d’une médiatrice
scientifique chargée
de l’éducation environnementale
– l’histoire (échelle géologique et historique, fossiles, histoire régionale et
botanique, etc.)
– la géographie (microcosme végétal et
planétaire, climats, altitude et latitude,
adaptations, biogéographie, etc.)
– la littérature (latin, poésie, écriture,
description, BD, lecture, etc.)
– la citoyenneté (Botanicum, respect,
règles, ethnobotanique appliquée, démocratie, intégration multiculturelle, intégration sociale, coopération technique
etc.)
PAGE 32 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
Atelier Vert
Cette structure accueille, les mardis et
jeudis, des classes du DIP (degrés primaires) pour une expérience pédagogique liant la science, le monde végétal
et les activités créatrices «L’Enfant, l’Art
et la Science» sous la responsabilité
d’un conservateur. Ces activités concernent 45 classes, 800 élèves et 120 enseignants du DIP en moyenne par année.
Divers ateliers sont développés dans les
serres de Pregny et les autres structures
d’accueil aux CJB. (Programme «L’art et
l’enfant»).
Les élèves de l’Ecole pré-professionnelle
de St-Gervais sont accueillis dans le
cadre de notre Atelier vert. Ils effectuent
divers travaux (en particulier pour le
Botanicum) sous la direction du jardinier responsable et de leur éducateur.
Cette structure pré-professionnelle de
formation continue renforce les compétences de ces jeunes en difficulté et
débouche, depuis l’an dernier, sur une
structure de service, gérée par leur école,
dans le domaine du jardinage et de l’entretien de propriété.
Les classes d’accueil (C.O.) ont bénéficié
jusqu’au retrait par le C.O. de la coordinatrice nommée (1992-1997) d’ateliers
verts de sensibilisation à l’environnement et à sa conservation à travers l’éducation environnementale sur des thèmes
variés: les graines alimentaires, multiplication, les bois, le Jardin des senteurs et
du toucher, etc.
Les classes ateliers (C.O.) ont également
bénéficié de ce type de prestation jusqu’en
1997 avec un accent mis sur l’insertion
professionnelle dans les métiers de la terre
(aide-jardinier, aide-forestier, etc.).
Les CJB mettaient à disposition un jardinier, le C.O. un éducateur spécialisé et un
orienteur professionnel.
Ateliers Töpffer, dès la rentrée 20032004: Ateliers verts du Jardin botanique
Expérience transgénérationnelle et périscolaire, mise sur pied à l’occasion de
l’Année Toepffer (1997) sur le mode d’une
éducation environnementale privilégiant
les rapports entre grands-parents et petitsenfants. Ateliers périscolaires conduits
dans le Jardin botanique par des bénévoles
du troisième âge sur des thèmes aussi
variés que le compostage, les plantes sauvages alimentaires, les épices, la germination, les oiseaux du lac et des jardins, etc.
floraisons et sites intéressants dans le
Jardin botanique) et une documentation
pédagogique thématique sont remises aux
enseignants qui le sollicitent.
Chaque saison permet de proposer une
vingtaine d’ateliers accueillant plus de
350 enfants de 8 à 12 ans au Jardin botanique, les mercredis après-midi, grâce à
l’aide de 15 bénévoles. Ces ateliers sont
autofinancés par une modeste finance
d’inscription. L’administration en est
assurée par UNI3. Le Service des loisirs
(DIP) s’occupe d’une partie de la promotion de cette activité périscolaire.
Offres indirectes des CJB à l’attention des enseignants
– Centre de documentation de niveau
international pour les sciences touchant au monde végétal (bibliothèque
publique spécialisée unique au monde
et herbiers de 6 millions d’échantillons
dont un herbier de démonstration pour
la flore locale)
– expertises dans le domaine de la botanique et de ses applications (détermination, botanique, plantation, multiplication, jardinage, ethnobotanique,
botanique économique, etc.)
– expertises dans le domaine de l’éducation environnementale appliquée au
monde végétal, aux espaces verts et aux
jardins botaniques en particulier
– expertises dans le domaine des jardins
d’école (concept du «Jardin citoyen»,
Commune de Collex Bossy)
– cours universitaire de botanique comme
auditeurs (générale, tropicale, cryptogamie, floristique, etc.)
FORMATION CONTINUE
Organisation d’ateliers ponctuels (environ
un par année, durée moyenne 1 à 2 jours)
pour les enseignants du primaire, du secondaire obligatoire et post-obligatoire. Ceuxci sont organisés à la demande du Service
de formation continue du DIP sur des
thèmes touchant à l’utilisation et à l’interactivité du Jardin botanique dans le cursus
scolaire: «Expérimentons notre Jardin
botanique», «Ethnobotanique et éducation
environnementale», «Epices et commerce
équitable», «Le Botanicum», etc.
Information
Si l’accueil d’enseignants isolés nous sollicitant pour une prestation pédagogique,
le plus souvent une visite guidée, n’est
pas envisageable aux CJB faute de personnel, une attention particulière a été
apportée depuis plus de 15 ans à la publication et à la diffusion (gratuite pour les
enseignants) de séries informatives et pédagogiques (Série documentaire au nombre
de 35, série éducative au nombre de 7).
Des conseils et recommandations pour
la visite (plan, activités, localisation des
Chaque projet pédagogique d’école susceptible d’être reproduit pour d’autres enseignants est examiné. Il fait la plupart
du temps l’objet d’une collaboration active
de l’équipe du secteur EERP (Education
environnementale et relations publiques)
des CJB. («L’arbre et l’enfant», «Jardin
citoyen», etc.)
Très forte demande en matière
d’appui pédagogique spécialisé
– cours populaire sur l’environnement
(collaboration Equiterre, Musée d’ethnographie)
– conférences et excursions de la Société
académique de botanique (siège social
aux CJB)
– cours, conférence, causerie, séance de
détermination des Amis du Jardin botanique (AAJB, siège social aux CJB)
Education environnementale
ACTIVITÉS ET COLLABORATION
AVEC LE DÉPARTEMENT DE
L’INSTRUCTION PUBLIQUE
Propositions
Les Hautes Ecoles suisses délaissent de
plus en plus les sciences naturalistes
(observation de la nature) au profit de la
génomique sensu lato. Nous pensons que
le Jardin botanique et les musées sont des
espaces privilégiés d’apprentissage aux
sciences naturelles de l’environnement
et les révélateurs d’une vision généraliste
et multidisciplinaire, manquant cruellement dans l’enseignement académique
actuel poussant à la spécialisation.
Compte tenu des sollicitations fréquentes,
directes ou indirectes, de la part du DIP,
les CJB souhaitent collaborer plus directement et activement avec ce dernier, en
parallèle à ses activités académiques.
L’instruction publique est clairement le
meilleur vecteur pour lancer et favoriser
politiquement l’accessibilité aux ressources des CJB décrites plus haut, ceci
pour le plus grand nombre. Cette collaboration doit à notre avis être menée sur
la base d’une convention Ville-Etat et
d’un fonctionnement formalisé présentant une offre plus large et une lisibilité
plus grande.
L’intérêt suscité par nos prestations
(ateliers, formation continue, expositions, outils pédagogiques, etc.) et la
très forte demande en matière d’appui
pédagogique spécialisé (visites, matériaux pédagogiques, etc.) émanant des
corps enseignants nous laissent à
penser que la création d’une commission scolaire et périscolaire mixte
DAC–DIP de gestion de ces demandes
permettrait de répondre plus efficacement à ces sollicitations.
Une répartition équitable des frais engendrés par ces prestations est également à
envisager.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 33
Un SOUFFLE nouveau pour l’Enfant,
l’Art et la Science au Jardin botanique
Par Marc-André Thiébaud, conservateur
es Ateliers Verts des CJB, inscrits dans
le Service «L’Art et les Enfants»
du Département de l’Instruction
publique de l’Etat de Genève ont été
marqués par un important changement durant
l’année scolaire 2002 – 2003. En effet, l’enseignante responsable, Madame Loïse MARQUART,
qui a dirigé nos Ateliers Verts durant plusieurs
années avec le succès que l’on sait, prenait une
retraîte bien méritée l’année dernière.
Sa remplaçante, Madame Catherine FELL a insufflé un renouveau humain, spirituel et matériel,
aux activités créatrices qui caractérisent les efforts
réunis de nos deux institutions [CJB + DIP].
Madame FELL, «disciple» de Loïse MARQUART a
su reprendre le flambeau avec une dynamique
renouvelée, mais tout empreinte de calme et de
sérénité. Elle est toujours secondée pour la partie
«bricolage» de nos Ateliers, par Madame Maroucha ROSCHI, efficace et fidèle à son poste depuis
de nombreuses années.
Les anciens Ateliers du jeudi, pour des raisons
internes aux CJB, ont subi un double déplacement, d’abord dans le temps, les Ateliers ont lieu
dorénavant les lundis, mais aussi dans l’espace:
ils ont quitté le hangar de l’Atelier Vert au Jardin
botanique pour rejoindre les serres Rothschild à
Pregny. (annexe du Jardin botanique).
Ces Ateliers sont conduits par un collège de trois
enseignants: Mesdames Marcelle FIRMANN et
Dominique ZBINDEN, ainsi que Monsieur JeanMarie BORGEAUD, tous trois maîtres spécialisés
de dessin et peinture.
Un troisième type d’Ateliers Verts a été instauré par
Madame Monique BADEL, également Maîtresse
spécialisée de dessin et peinture au DIP, pour des
classes d’école enfantine, incitant donc les plus
petits à se sensibiliser à notre environnement
botanique, en notre Institution. Ces Ateliers ont
lieu les lundis dans leurs classes respectives, et les
jeudis après-midi aux serres Rothschild à Pregny
(annexe du Jardin botanique).
Quant à l’éducation environnementale et à la
vulgarisation scientifique de chacun de ces
Ateliers Verts, elles sont toujours placées sous la
conduite et sous la responsabilité du signataire
de cet article.
hommage botanique à
VICTOR HUGO
Par Marc-André Thiébaud, conservateur
Pour le deux centième anniversaire de la naissance
de cet illustre poète, nous lui avons dédié un modeste
«hommage botanique» réalisé sous la forme
d’un diaporama et présenté en notre «Bot Show».
Quant à la musique, elle débute en
introduction par un air de cor
anglais extrait de la «Symphonie du
Nouveau Monde» de Dvorak: c’est la
naissance; suivie par une acclamation de trompettes qui annoncent
Victor Hugo et la résurrection du
romantisme (court fragment du
«Resurexit» extrait de la Messe en si
mineur de Jean-Sébastien Bach).
Dans le monde des «Contemplations», les plantes transforment
tour à tour l’univers en de subtiles
gammes de couleurs et de senteurs,
d’éclats et de sérénité, de lumières et
de ténèbres, mais aussi d’amour, de
frivolité et d’humour...
ictor Hugo fut l’un des
Maîtres incontesté du
romantisme français. Il
sut redécouvrir la nature,
et son génie s’est penché sur elle
mieux que quiconque pour la dépeindre avec une force, une conviction et
une sensibilité rarement égalées.
Sous sa plume, le monde végétal
devient univers, les plantes prennent
âme et dimensions humaines, de la
plus petite fleur à l’arbre le plus
majestueux.
Il était donc tout naturel que les
Conservatoire et Jardin botaniques
de la Ville de Genève commémorent
cette année 2002, et c’est pourquoi
nous nous sommes attaqués à l’audacieux projet d’imager photographiquement quelques fragments des vers les
plus «botaniques» extraits des
«Contemplations». Audace certes,
car rien ne se passe plus facilement
d’image que ce recueil de poèmes
qui est déjà «images», mais passionnant devoir aussi que celui d’accompagner ces vers avec des photographies d’une même sincérité et d’une
même ferveur.
A la projection, les diapositives se
fondent harmonieusement les unes
dans les autres pour restituer, sur un
deuxième plan, la même profondeur
d’âme ressentie à la lecture du texte.
Que le ciel est un dôme aux
merveilleux pilastres,
Une tente aux riches couleurs,
Un jardin bleu rempli de lis
qui sont des astres,
Et d’étoiles qui sont des fleurs;
Les musiques liant les vers choisis
avec les images, sont toutes évocatrices de nature, de romantisme et
de liberté. Elles sont extraites de
l’œuvre des plus grands compositeurs romantiques tels Dvorak, Tchaikowski et Mahler.
PAGE 34 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
des VILLAGES GENEVOIS
rencontre des villages genevois» est
devenue une très agréable tradition.
Cette année, le choix s’est porté sur la
Commune de Cartigny.
Le 21 août 2003, par une belle journée de
fin d’été, heureusement post-caniculaire, une trentaine de participants se
présentaient au rendez-vous, devant
l’Eglise de Cartigny. Après une allocution de bienvenue de Madame Elisabeth
MOYNIER, organisatrice de cette
journée pour UNI 3, Madame Marie
Une trentaine de participants se
présentaient au rendez-vous,
devant l’église de Cartigny
ans le cadre des ateliers
«sur les traces de
Töpffer», généralement
consacrés à la transmission des savoirs inter-générations, les
Conservatoire et Jardin botaniques
avec la collaboration de l’Université
du troisième âge organisent presque
chaque année une excursion d’une
journée, à la fois culturelle et ludique
pour Grands-parents et Petits-enfants.
Après Dardagny en 1997, Hermance
en 1998, Veyrier en 1999, Céligny en
2001, l’excursion annuelle «A la
Le moindre arbrisseau parle,
et l’herbe est en extase;
Le saule pleureur chante
en achevant sa phrase;
Avez-vous vu Vénus à travers la forêt?
Oh! Reviens, printemps! Fanfare
Des parfums et des couleurs!
Toute la plaine s’effare
Dans une émeute de fleurs.
Dressez procès-verbal contre les
pâquerettes
Qui laissent les bourdons froisser
leurs colerettes;
Et que l’eau, palpitant
sous le chant qui l’effleure,
Baise avec sanglots
le beau saule qui pleure;
L’étang mystérieux, suaire
aux blanches moires, frissonne;
au fond du bois la clairière apparaît;
Les arbres sont profonds
et les branches sont noires;
Puisse cet humble hommage
botanique à Victor Hugo recréer
l’atmosphère et les sentiments qui
nous ont été transmis par celui qui
contribue à éveiller nos sens et nos
cœurs à la beauté du monde
végétal...
BRON, historienne, rassemblait les
participants à l’intérieur de l’Eglise
pour leurs brosser un portrait historique de cette ancienne commune, à
travers quelque huit siècles d’histoire.
Pendant ce temps, les enfants, pour qui
ce discours était un peu trop abstrait,
se dirigeaient vers une ferme où tous
les animaux domestiques et d’élevage
leur étaient présentés. Puis Madame
BRON, accompagnée de Monsieur
Pierre COGNE, également historien,
emmenaient les participants adultes à
travers le village pour leurs montrer les
demeures historiques ou les vestiges de
quelques-unes d’entre elles, ayant
marqué la Commune, et illustrant bien
à propos l’exposé d’introduction.
Durant cette visite pédestre, les
enfants se promenaient également
dans le village, mais sur des poneys,
ou dans de jolis carrosses et charrettes tirés par des ânes et des chiens de
ferme. Cette promenade à travers
Cartigny se termina pour tous, enfants
et adultes, à la propriété d’une
ancienne Famille de la Commune, la
famille Victor MONNIER qui eut l’amabilité de recevoir chaleureusement
tout le groupe et de lui offrir le verre
de l’amitié. Dans les jardins de cette
propriété, Madame MOYNIER lut
quelques extraits de l’ouvrage «Mon
Village», écrit par Philippe Monnier,
ancêtre de la famille hôte... Mais déjà
midi sonnait au clocher de l’Eglise
pour rappeler que le pique-nique
avait lieu dans le jardin de la salle
communale, où le Maire et son adjoint
attendaient déjà les participants, après
avoir préparé des tables, des bancs et
des bouteilles d’eau minérale. Le programme de l’après-midi se passa dans
Par Marc-André Thiébaud, conservateur
Education environnementale
Les CJB et UNI 3 à la rencontre
la nature, entre le village et le Rhône.
Monsieur Jean NOVELLE, archéologue,
parla des Moulins de Vert, de leur histoire et de leur fonctionnement; il situa
sur le terrain leurs emplacements d’origine, et montra quelques ruines et
essais non abouti de reconstruction.
Cette région correspond à l’ancien
méandre du Rhône qui a été artificiellement canalisé dans la première
moitié du vingtième siècle.
Cette «boucle du Rhône» est actuellement une réserve naturelle gérée
par l’Etat de Genève. C’est sous la
conduite de Monsieur Marc-André
THIEBAUD, Conservateur aux
Conservatoire et Jardin botaniques
de la Ville de Genève, que s’est faite
cette balade botanique, à travers des
zones agricoles, des bois typiques de la
région genevoise, des milieux aquatiques le long de l’ancien bras du
Rhône (peuplés de nénuphars, de
roseaux de massettes, etc), ainsi que de
prairies sèches formées par d’anciens alluvionnements du fleuve et
par des dépôts artificiels de sables et
de graviers datant de la correction
de ses eaux.
Plusieurs sites d’observations ont
permis aux participants d’admirer ces
formations végétales caractéristiques,
et de les situer dans leur contexte géographique et physiographique. Chaque
fois que des néophytes étaient présents, Monsieur THIEBAUD essayait de
sensibiliser enfants et adultes à la
connaissance de ces plantes envahissantes, dangereuses pour les autres
espèces, et qui portent atteinte à notre
environnement.
Les participants purent ainsi apprendre à reconnaître l’arbres à papillons
(Buddleja), le Robinier faux-Acacia
(Robinia), la Verge d’or (Solidago), la
Renouée du Japon (Reynoutria), et la
Berce du Caucase (Heracleum).
C’est bien fatigué que tout le groupe se
retrouva en fin d’après-midi, pour une
visite et une verrée, dans la petite
entreprise de Monsieur François BONNAMOUR, fleuriste-horticulteur.
Cette journée se termina par un chaleureux «au revoir» qui peut-être
permettra à certains de se retrouver
en l’an 2004 dans un autre village
genevois!
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 35
Brunches
TROPICAUX
Sous l'emblème des Tropiques en plein hiver, le public a été accueilli
par un buffet tropical, des visites guidées par des spécialistes,
des animations pour les enfants, de la musique et des spectacles
nocturnes. Autant de moyens d'inaugurer les nouveaux aménagements
éducatifs des serres des CJB !
PAGE 36 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
au JARDIN botanique
DU 30 NOVEMBRE AU 7 DÉCEMBRE 2003
ANIMATIONS DANS LES SERRES
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 37
1 Visite guidée du jardin botanique par le directeur Rodolphe Spichiger
pour le nouveau magistrat Patrice Mugny
2 Formation continue pour le personnel de la Ville de Genève,
visite guidée des herbiers
3 Journées du patrimoine, visite des Serres de Pregny
4 Cours pour horticulteurs spécialisés dans les jardins botaniques
(Château Farine)
2003 Rétrospective
Fidèle à sa tradition, la Feuille Verte vous
présente une rétrospective photographique
des événements marquants l’année écoulée.
C’est pour nous une manière de relater la
multiplicité des rapports que nous
entretenons avec nos différents publics.
Qu’ils en soient ici remerciés!
1
Les «Envahisseurs?» et l’équipe des CJB
aux Ondes Florales de Nyon
2
Participation des CJB à l'aménagement estival de la rue
piétonne du Beulet
3-4 Visite du Jardin citoyen de l'école de Collex-Bossy
par le maire de cette commune, M. Albert Maréchal
5
Inauguration de l’exposition «Envahisseurs?»
au Musée du Léman de Nyon
PAGE 38 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
1
Stand des CJB aux Journées du
développement durable
2-3 Stand «Envahisseurs?» des CJB
à la Nuit de la Science
4
Exposition «Lumière dans l'Antiquité» Musée Romain de Nyon
Table des Herbiers (mèches & huile)
Bas Ateliers Verts autour de différents thèmes
ANNUELLE
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 39
Le style «AAJB»
sans stigmate, ni ovaires
«Pour les esprits simples comme les nôtres, le marais est nécessairement
mouillé, sinon ce n'est pas un marais.» Les accompagnants de groupes ou guides AAJB seront sans doute d'accord avec moi : l'excursion débute presque toujours avec un peloton de naturalistes timides.
Par Bernard Messerli, président de l’AAJB
ette sorte de complexe d'infériorité, ou cette
modestie, cache en réalité une foule
de connaissances éclectiques, un gisement de
savoirs divers que la promenade didactique
va réveiller, stimuler, exciter. Ce qui va entraîner des effets
en cascades sur de nombreux participants et se terminer
dans un feu d'artifice d'érudition tous azimuts. Voilà ce
qui m'est venu à l'esprit en lisant le compte-rendu de la
sortie au Marais Poitevin (excursion organisée par Roméo
Gex qui a eu lieu du 24 mai au 1er juin 2003) composé
d'une douzaine de pages bien tassées, rédigées par Jean
Hanus (merci à lui pour cette belle prose!). La première
phrase citée trouve d'ailleurs son complément dans la suivante : «Ici, il en est différemment, car il existe un marais desséché et un marais humide».
Ce texte (à disposition auprès de l'AAJB) me semble
emblématique du style de nos membres, style dont j'aimerais citer les traits les plus marquants. Intérêt pour un
naturalisme large: «Thibaud nous initie au chant des
oiseaux qui peuplent le site...Mathieu identifie la libellule
déprimée...» (suivent des considérations sur la différence
entre zygoptères et anisoptères), incluant les composantes
culturelles: «Les rejets (de frêne) produisent du bois de
chauffage et des perches pour la confection d'outils particuliers, notamment la «pigouille», longue gaffe que
manie les bateliers... Le composant principal de ce foin
est la «misotte», une graminée à laquelle se mêle d'autres végétaux typiques du milieu encore salé...». Envie de
simplification «...classés en mésophiles, mésophiles
hygrophiles et hygrophiles, termes compliqués qui correspondent à une réalité assez simple, à savoir est-ce plus
ou moins mouillé?». Un certain désintérêt pour une taxonomie trop pointue: «...lassés par la duplicité du genre
Carex qui multiplie les obstacles devant les téméraires qui
se hasardent à les déterminer». Un engagement pour la
défense de la nature: «L'assèchement du marais mouillé
n'est certainement qu'un problème technique pour les
agronomes et les ingénieurs et le chant de la bouscarle,
malgré son charme séducteur, n'est qu'un frêle rempart
contre leurs appétits». Je ne voudrais pas terminer cet
essai de profil sans mentionner la tendance des «Aajibistes» en balade à une certaine indépendance, une disposition à rompre momentanément la grégarité: «...et nous
rassemblons peu à peu les traînards et les déconnectés
dont nous avons parsemé notre itinéraire».
Cette propension ponctuelle à s'extraire du groupe a
mobilisé une partie de notre dernière séance de Comité.
Si, à plat, en terrain ouvert, cette manie ne pose que peu
de problème, en revanche, sur des terrains pentus et
ravinés, voire en zone forestière dense, les conséquences
pourraient s'avérer assez fâcheuses. Il a, semble-t-il,
récemment fallu rattraper une personne par les bretelles
alors qu'elle tentait de prendre une photo sur une vire
instable pour parapentiste averti... Ca aurait pu être sa
dernière photo, et non la 36e du film!
Faudra-t-il désormais indiquer sur nos invitations
d'excursions que ces dernières se font sous la responsabilité personnelle des membres?
Et puisque nous en sommes aux débats du Comité, sachez (sans
lien avec le texte du Marais Poitevin) que nous avons
parlé de la recréation d'un groupe jardin, de nouveaux
grands voyages et de petites sorties éclairs. Nous avons
aussi pensé qu'il serait bon de faire un bilan avec nos
guides bénévoles, que nous ne chouchoutons pas assez.
Nous nous sommes inquiétés du besoin de renouvellement
au sein de notre Comité. Voilà, c'est un appel pour de nouvelles forces vives: nous cherchons une ou deux bonnes
volontés. Des collaborateurs des CJB (ce serait l'idéal pour
peaufiner le partenariat avec l'institution dont nous
sommes les Amis) comme des amis de tous styles.
UNE NOUVELLE COORDINATRICE
POUR L'AAJB
Lors de l'assemblée générale de mars 2003, notre coordinatrice
Anne Arnoux a passé le flambeau à Mónica Soloaga
Glauser. Doctorante aux CJB, Mónica travaille dans le
cadre du projet de la Flore du Paraguay, sur l’élaboration
d’une check-list.
Notre nouvelle coordinatrice a pris ses fonctions avec
vivacité et enthousiasme; le Comité a beaucoup de plaisir
à travailler avec elle, et lui réitère sa bienvenue à cette
occasion.
l’Assemblée Générale 2004 aura lieu le 16 mars à 20h,
avec un exposé de Rodolphe Spichiger sur les méthodes
anciennes et nouvelles de classification des végétaux.
VOYAGE AU BHOUTAN
Pour organiser son voyage au BHOUTAN, l’Association
des Amis du Jardin botanique a fait des démarches pour
obtenir un certain nombre de visas d’entrée dans ce pays.
Quelques-uns de ces visas sont disponibles pour ceux ou
celles qui souhaiteraient encore s’inscrire. Les occasions
d’entrer au Bhoutan sont assez rares pour qu’une offre
de ce genre présente un fameux intérêt! Sachez que
le voyage a lieu de toute façon, en fonction des inscriptions actuelles.
Le voyage a lieu du 25 avril au 7 mai et son prix est
de CHF 6’500.-. Pour tout renseignement, contactez
Roméo Gex, guide, au 079/203 49 81
Amis du Jardin botanique sur le terrain – cours de détermination
RÉTROSPECTIVE
SEPTEMBRE 2002 - SEPTEMBRE 2003
Cours
«Identification des champignons»
les 23 septembre, 7 et 21 octobre 2003. Et une
sortie le samedi 27 septembre en partant du
château d’eau de Bossy, avec la Société mycologique de Genève.
«Détermination de plantes»
à l'aide des clés, les 7 et 14 avril; les 5, 12 et 26 mai; les
2, 16 et 23 juin 2003, avec Louis Nusbaumer.
Voyages et autres sorties botaniques
Dans la forêt de Dix (dans les pays de Gex - Jura
gessien), 30 novembre 2002, avec François Roman et
Bernard Messerli
A l'Arboretum du Vallon de l'Aubonne, 5 avril
2003 avec B. Messerli
Entre Saint-George et le Marchairuz, 26 avril
2003 avec François Roman et Bernard Messerli
Au Marais Poitevin, du 24 mai au 1er juin 2003,
avec Roméo Gex
Sortie «haies» , Parents – enfants, 31 mai, avec
Christiane Guerne
Dans la région de l'Etivaz, Pays d'En-Haut, 21
juin 2003, avec Bernard Messerli
Aux Grangettes, «4-saisons» 28 juin, le 23 août
2003, avec R. Gex, M. Baumann et M. Moret
PAGE 40 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
PLANTES À FLEURS D’AFRIQUE TROPICALE
L'année écoulée a vu l'édition du premier volume d'un
ouvrage devant former une suite à l'«Enumération des
plantes à fleurs d'Afrique tropicale» des Drs. Jean-Pierre
Lebrun et Adélaïde L. Stork, chercheurs associés aux CJB.
Ce précédent ouvrage, publié en quatre volumes et 1560
pages entre 1991 et 1997, fournissait la première synthèse sur la flore tropicale africaine. C'est ainsi que
26’274 espèces étaient répertoriées et documentées par
référence aux sources bibliographiques les plus récentes.
Région de Bionassay, France, 6 juillet 2003, avec
François Romand et Michellou Sipp
Coups de coeur du jeudi
Plantes sacrées de Noël et Nouvel An, 9 janvier
2003, avec Christian Rey et Bernard Messerli
Projet de Flore alpine, 3 avril 2003, avec David
Aeschimann
Réunion Jardin aux serres Rothschild, 2
octobre, avec Pierre Matille et Bernard Messerli
Inventaire des mousses et hépatiques à Genève,
20 novembre 2003 avec Michelle Price
PERSPECTIVES:
PROJETS AAJB FIN 2003 - FIN 2004
Cours
Détermination de plantes*
Initiation à la mycologie*
Voyages et autres sorties botaniques
Aux Grangettes, le 13 décembre 2003, avec R.
Gex, M. Baumann et M. Moret.
Haies au printemps 2004, avec Christiane
Guerne*.
Au Bouthan, du 25 avril au 7 mai 2004, avec
Roméo Gex.
La glacière de Saint-George, sortie botanicogéologique, mi juin 2004, par Bernard Messerli*
Coups de coeur du jeudi
Autour de l'herbe, avec l'écrivain Corinne Desarzens*
Du rapport entre les insectes et les plantes,
avec B. Messerli*
Un voyage imaginaire au Paraguay, avec Mónica
Soloaga Glauser*
*Les dates seront fixées ultérieurement. On les trouvera sur le site
www.ville-ge.ch/cjb/ (puis Hôtes, puis AAJB)
Par Patrick Perret, conservateur
publications
Les éditions
CJB en 2003
Afin de ne pas trop alourdir leur texte, les auteurs avaient
délibérément négligé les données sur l'écologie et la répartition
des espèces. Ce sont ces deux lacunes que les Drs. Lebrun et
Stork souhaitent combler avec leur nouvel opus.
Tropical African Flowering Plants – Ecology and
Distribution / Volume 1: Annonaceae – Balanitaceae
Publication hors-série 9
Editions des Conservatoire et Jardin botaniques
Ce premier volume traite donc sur 797 pages de 4811
espèces et fournit pour chacune d'elles des indications
écologiques ainsi qu'une carte de répartition à l'échelle de
l'Afrique tropicale. Cette présentation est donc à nouveau
une première: chaque espèce peut ainsi être comparée à
ses congénères par un simple coup d'oeil. De plus, il
devient possible de visualiser les habitats de chaque espèce
par référence aux grandes catégories phytogéographiques
africaines (forêt dense humide, savanne, etc...).
Le Prof. R. Spichiger dans sa préface a «plaisir à saluer le
nouvel ouvrage de Jean-Pierre Lebrun et Adélaïde L. Stork
qui sera une incontestable contribution à la connaissance
de la flore d’Afrique et à en féliciter les auteurs». Les pairs
de nos deux auteurs ont eux aussi marqué cette nouvelle
parution en leur attribuant l'AETFAT Award lors du
congrès de cette association tenu à Addis Abeba l’été passé
pour «avoir mené à bien des contributions majeures à
l'étude de la Flore africaine et avoir ainsi travaillé à l'accomplissement des buts de l'Association pour l'Etude
Taxonomique de la Flore d'Afrique Tropicale».
UNE RÉÉDITION ATTENDUE
Augustin-Pyramus de Candolle
Mémoires et souvenirs (1778-1841)
Edités par Jean-Daniel Candaux et Jean-Marc Drouin
avec la collaboration de Patrick Bungener et René Sigrist
Bibliothèque d'Histoire des Sciences
Georg Editeur - Genève
Botaniste d'envergure européenne, pionnier de la géographie végétale, mais aussi savant préoccupé par le
bien-être de ses semblables, Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841) a laissé des Mémoires et souvenirs qui
constituent un témoignage de première importance sur
les milieux scientifiques et intellectuels de l'époque
napoléonienne et de la Restauration, en particulier à
Paris, Montpellier et Genève.
Une première édition de ces Mémoires, réalisée en 1862
par son fils Alphonse de Candolle, avait édulcoré ce témoignage de tout ce qui était considéré comme trop personnel, ainsi qu’un certain nombre de critiques formulées à
l'encontre de personnages encore vivants. La présente
édition livre pour la première fois au public l'intégralité
du manuscrit, assortie d’une introduction et d'un appareil
critique réalisés par l'historien Jean-Daniel Candaux et
l'historien naturaliste Jean-Marc Drouin.
Dans ce témoignage unique en langue française, de Candolle raconte sans détours les aléas de sa vie, ses rencontres avec d'innombrables personnages célèbres et moins
célèbres, ainsi que l'élaboration progressive de son
immense oeuvre scientifique. De l'enfance et de l'adolescence
genevoises, la scène se déplace ensuite à Paris et à Montpellier de 1798 à 1816, puis retourne à Genève où s'écoulent les années de maturité et de vieillesse.
Galerie de portraits, recueil d'anecdotes, introduction à
ses ouvrages botaniques, chronique de sociologie scientifique, journal de voyage, les Mémoires de de Candolle
sont tout cela à la fois. Ecrites dans un style vivace et
clair, elles sont un témoignage incontournable sur un
des plus illustres genevois, son oeuvre et son époque.
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 41
Quoi de neuf chez
PRO SPECIE RARA?
Cette année, le marché aux plantons de Pro Specie Rara
(PSR) a eu lieu à la veille de la fête des mères au Château
de Prangins. La vente a été accompagnée de différentes
animations
viennent polliniser les fleurs de tomates, a
imité le bourdon volant de fleur en fleur. Les
enfants étaient ébahis et très intéressés, ils ont
beaucoup aimé!
Cette année, le marché aux plantons de
Pro Specie Rara (PSR) a eu lieu à la
veille
de la fête des mères, au Château de
Prangins. Son succès augmente d’année
en année, n’est-ce pas?
Oui, je crois qu’une forte demande
existe vraiment pour des variétés introuvables dans le commerce. C’est vrai que quand
on va acheter des plantons de tomate, par
exemple, c’est par envie d’avoir quelque
chose d’un peu particulier dans son jardin, et
non la variété disponible dans les barquettes
préemballées du supermarché.
Par ailleurs, les amateurs sont toujours un
peu craintifs de faire leurs plantons euxmêmes. Alors bien que PSR propose des
graines depuis longtemps, la plupart d’entre
eux préfèrent acquérir des plantons. Et c’est
vrai que cette année nous avions un grand
choix de variétés. La nouveauté réjouissante,
c’est que le public n’était pas là seulement
pour les tomates, mais aussi pour les autres
légumes. La première année, nous avions été
pris d’assaut ! Comme nous n’espérions pas
un tel succès, nous avons manqué de plantons. Donc cette année, nous avons préparé
plus du double de toutes les variétés.
Cela montre que le travail de PSR porte
ses fruits! La vente a été accompagnée
de différentes animations, raconteznous un peu.
Oui, le marché s’est avéré très convivial
et a engendré beaucoup de vie dans la cour du
Château, un très bel espace. Un vendeur de
semences biologiques était présent, Biosem de
Neuchâtel, les Jardins des Senteurs vendaient
des plantons de plantes aromatiques, et puis
PSR avait organisé un atelier pour les enfants,
qui apprenaient à transplanter un jeune
planton de tomate dans un pot plus grand.
Comme le marché se déroulait le week-end de
la fête des mères, l’occasion était bonne pour
les enfants de faire un cadeau à leur maman,
alors ils ont aussi peint et décoré les pots qu’ils
ont emmenés. Cette activité a remporté beaucoup de succès parce que l’animateur était
vraiment formidable avec les enfants. Il leur a
raconté plein de choses sur les bourdons qui
Des visites ont été organisées dans le
potager du Château de Prangins avec bien
du succès. À cette période de l’année, les
légumes ne sont pas encore spectaculaires,
si bien que la visite a porté plutôt sur les
arbres fruitiers. A l’emplacement du
potager, on découvre une très belle collection d’arbres fruitiers en espaliers, spectaculaire. Comme il s’agit vraiment de cultures
historiques, de nombreux commentaires
enrichissent la visite. Notamment, de petits
abris de protection au sommet des murs
sont orientés vers le haut ou vers le bas,
suivant la variété, soit pour conserver la
chaleur, soit pour laisser évacuer l’air froid.
Quelle sera la présence de PSR lors des
festivités du 100e anniversaire du déménagement du jardin botanique? Cela
pourrait être une bonne occasion de
promouvoir le travail de valorisation
des variétés anciennes!
Oui, il y aura un potager autour de la
buvette du jardin botanique. Je pense qu’esthétiquement ce panorama sera très agréable, car
le public pourra se restaurer en contemplant
le potager. J’espère que cette vue leur donnera
aussi des idées pour varier leur alimentation.
Et oui, la diversité des variétés est également
intéressante dans ce sens-là! Le potager présentera trente à quarante variétés de légumes
qui étaient cultivés en 1904 dans les potagers
en Suisse. En ce qui concerne le choix des
espèces, rien de très spectaculaire, parce qu’il
y a 100 ans, on mangeait les mêmes légumes
qu’aujourd’hui. La tomate et la pomme de
terre, qui sont des légumes originaires
d’Amérique, étaient déjà bien implantés. Par
contre, le choix des variétés sera intéressant.
En effet, à cette époque-là, les hybrides F1
que l’on trouve maintenant dans tous les
jardins n’existaient pas. Seules des variétés
traditionnelles et pas mal de variétés locales
étaient cultivées. Aujourd’hui, nous retrouvons notamment toutes les variétés au
patronyme «de Genève» et «de Plainpalais»
grâce à la grande tradition maraîchère genevoise. Toute une série de variétés ont été
créées ici et nombre d’entre elles étaient déjà
très présentes dans les jardins en 1904. On
peut citer par exemple le «chou à pied court
de Plainpalais», (d’une finesse de goût
exceptionnelle mais au pied court qui
l’expose à la pourriture lorsqu’il est cultivé
dans un endroit trop humide) ou la «laitue
brune de Genève».
Un message de la part de PSR pour nos
lecteurs en 2004?
Le marché au planton aura à nouveau
lieu à Prangins et, comme chaque année, le
nouveau catalogue est sorti courant décembre. Le thème de l’année 2004 est: «De retour
sur les hauteurs» parce que c’est effectivement en altitude que de nombreuses variétés
ou espèces (pour les animaux) ont été retrouvées. De plus, PSR a noté que le public de
ces mêmes régions de montagne est intéressé
par la culture ou l’élevage celles-ci parce
qu’elles y sont particulièrement bien adaptées. Cet intérêt provient également de la for-
Entretien par Magali Stitelmann
avec Denise Gautier, responsable de l’antenne romande PSR
mation progressive d’une niche de marché
pour les produits qui en sont issus. Cette
opportunité de commercialisation permet
aux producteurs de diversifier leurs produits
en offrant un plus, c’est-à-dire des produits
de qualité «du terroir». Nous pouvons ainsi
conserver toute cette diversité biologique,
tout en favorisant la diversité des paysages, ce
qui fait aussi partie de notre travail! Il est
vrai qu’un verger en altitude, c’est intéressant pour le paysage, pour les variétés et pour
la personne qui le cultive, qui obtient ainsi
des produits introuvables dans le commerce.
En fait, il s’agit de promouvoir toute une
qualité de vie !
Voilà tout ce que Pro Specie Rara essaye
de développer.
Animations pour les enfants au Marché aux plantons PSR 2003 à Prangins
PAGE 42 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004
botanique de GENÈVE
De fleurs en fleurs, les voyages botaniques…
près 2003, la Société botanique de Genève s’apprête à vivre une sereine année 2004 tournée
vers ses intérêts premiers: les voyages. Après
avoir fêté dignement ses 125 ans et géré la parution du volume anniversaire consacré à la cartographie de la flore
en Suisse (vol. 3 des Mémoires de la Société botanique de
Genève), la Société a retrouvé des années plus calmes. Le
comité a donc pu se consacrer à l’organisation de ses activités de prédilection, les excursions et voyages botaniques.
Mathias Vust, président
scientifique, d’apprentissage de la botanique et de
convivialité ajoute le ciment de l’amitié à la satisfaction des découvertes.
Une dimension supplémentaire apparaît encore lorsque
le voyage se déroule à l’étranger. La Bulgarie était au
programme du printemps 2003. Grâce à des contacts
avisés, nous avons été guidés par la directrice du jardin
botanique de Sofia. «En peu de jours, me disait un
membre du voyage, nous avons vu une quantité d'asso-
PROGRAMME 2004
activités de la société botanique de Genève
19.1
Conférence
Approche écologique et botanique de la
réserve du delta de la Dranse, Haute-Savoie,
par D.Jordan
partenaires
Société
16.2
Conférence
Excursions botaniques sur les crêtes du Mont Baldo,
par P. Mingard
15.3
Conférence
Les Herbiers manuscrits du Moyen-Âge,
par M. Collins
19.4
Conférence
Voyage en Géorgie, par C. Bornand, F. Calame
et M. Vust
1.5
Excursion de détermination
pour le CRSF, région de Nyon
15.5
Excursion
Le réseau agro-écologique de Genève, guidé par Y. Bischofberger et S. Viollier
29 au 31.5 Voyage
au Val d’Aoste, guidé par C. Rey
12.6
Excursion
dans les Préalpes de Haute-Savoie, guidée
par D. Jordan
A la recherche des néophytes à la gare de triage de Bâle
26-27.6
Week-end
dans la région de Bourg St-Pierre guidé
par P. Hainard et F. Jacquemoud
(Photo: C. Bornand)
Une première attention a porté sur l’organisation d’excursion couplée à une conférence. Florian Meyer nous
avait ainsi entretenu du génie écologique, puis mené sur le
terrain pour en observer les réalisations dans la région de
Gland. Il en a été de même au sujet des lichens terricoles puis
des plantes médicinales. La série se poursuivra cette
année avec une visite de la Grande Cariçaie, dont il a été
question lors de la conférence d’avril dernier.
Les plantes envahissantes et les néophytes sont le sujet à
la mode en 2003 et 2004. Expositions, articles, émissions de
radio, tout est fait pour informer et sensibiliser le public
au problème. La Société botanique avait demandé au
spécialiste genevois Daniel Jeanmonod de présenter une
conférence sur le sujet, ce qui a été fait en collaboration
avec la Société zoologique de Genève pour l’aspect
animal. Il a guidé, plus tard, les membres à travers le
canton de Genève pour apprécier l’étendue des problèmes et l’état des interventions. Enfin, un week-end dans
les gares de triage de Suisse a permis de constater l’ampleur des arrivées de plantes nouvelles.
C’est lors des voyages de deux ou plusieurs jours que
l’esprit du terrain se savoure le mieux. Partir en petit
groupe, dans une région particulière, comme Zermatt
en juillet 2003, avec des guides passionnants, comme
ont su l’être Ernest Gfeller et Patrick Charlier, représente la quintessence de ce que peut apporter une
société naturaliste. Ce mélange unique de travail
ciations végétales et d’espèces remarquables qui nous
restera longtemps en mémoire. I1 aurait été impossible à
une personne non spécialisée de découvrir autant en si
peu de temps». Mais il s’avère que de tels voyages offrent
aussi aux guides locaux l’occasion rare de rencontrer et
d’échanger ses connaissances avec des botanistes suisses
assidus et de voyager dans des régions de leurs pays qu’ils
n’ont pas forcément l’occasion de parcourir faute
d’argent ou de logistique adéquate. Ces voyages se révèlent donc aussi l’occasion d’échanges et de coopération
entre les pays et les communautés scientifiques.
18.7 au 1.8 Voyage
en Norvège, guidé par K. Amman
Cette année 2004 promet tout autant, avec des excursions
en Suisse et en France voisine, un week-end au Val
d’Aoste et un voyage en Norvège... Venez nous rejoindre,
de fleurs en fleurs...
15.10
Conférence
De la conservation des milieux naturels et de la flore
par le Service des forêts, de la protection de la
nature et du paysage du canton de Genève (SFPNP),
par Bertrand von Arx, Conservateur de la nature et
du paysage au SFPNP
21.8
Excursion
La grande Cariçaie, guidé par C. Clerc
14.9
Conférence
avec la Société zoologique de Genève: Les Prés de
Villette, par P. Charlier et P. Baumgart
18.9
Excursion de détermination
pour le CRSF (2e passage), région de Nyon
18.10
20.12
Conférence à définir
Repas diapos
Les conférences ont lieu, en général, le 3e lundi du mois, de
septembre à juin, à 20h30 au Museum d’Histoire Naturelle
de Genève, route de Malagnou (bus 20, 27, tram 12 ou 16).
L’entrée est libre et ouverte à tous
Renseignements
Société botanique de Genève
Case postale 60
CH-1292 Chambésy
LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 43
P.P.
1292 Chambésy
Conservatoire
et Jardin botaniques
Ville de Genève
Imprimé sur papier écologique sans chlore
Chemin de l’Impératrice 1 – CH-1292 Chambesy/Genève – Tél. 022 418 51 00 – Fax 022 418 51 01 – www.ville-ge.ch/cjb/
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