la FEUILLE VERTE JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES – VILLE DE GENÈVE DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES – N° 34 – MARS 2004 MOT du rédacteur La formule a plu ou après la forme, les formes… Notre nouvelle formule graphique semble avoir conquis nos lecteurs. Les nombreuses marques de satisfaction qui nous ont été manifestées l’attestent. Une évaluation qualitative confirme cette impression tout en relevant que certains textes restent très rébarbatifs pour nos lecteurs. et ses multiples facettes par Colette Mourtzakis, Libraire Situé tout au nord-est du Jardin botanique dans un bâtiment au charme discret et planté devant la mare aux canards, vous trouverez un «magasin nature» particulier E BOTANIC SHOP est ouvert 7 jours sur 7, dimanches et jours fériés compris. Trois personnes en alternance accueillent, orientent et renseignent les visiteurs sur le Jardin. Sous ses fenêtres fleuries, un panneau présente l’exposition du mois et vous invite à entrer dans ce commerce pas comme les autres. le travail du montage d’Herbier des CJB. Par ailleurs, chaque année le BOTANIC SHOP participe «hors de ses murs» à de plus amples manifestations organisées par les CJB par un stand d’accueil ou de vente comme par exemple pour l’inauguration du Botanicum, l’exposition Cap au Sud ou cet hiver les Brunches tropicaux dans les serres. Portrait Le BOTANIC SHOP offre une gamme d’objets en bois labellisés, des cadeaux originaux et écologiques, des jeux de qualité pour enfants, ainsi qu’une librairie spécialisée. Enfin, la spécificité de l’espace librairie du BOTANIC SHOP tient dans le fait de rassembler des ouvrages botaniques ou thématiques sur la nature qu’on ne trouve pas facilement dans les circuits habituels. Ces dernières années, l’équipe du BOTANIC SHOP tente de dénicher l’objet utile ou ludique, le produit ou le livre moins connu peut-être, mais répondant le mieux possible aux critères d’un «écologiquement correct». Dans sa prospection elle se tourne vers un commerce plus équitable, favorisant ainsi les petits artisans ou les ateliers protégés de chez nous ou d’ailleurs (Tisanes bio du Valais, papeterie coopérative de l’Inde du Sud, animaux en bois de Palo Santo sculptés au Paraguay, etc.) Vous pourrez consulter dans notre nouveau rayon «développement durable» qui grandit avec l’air du temps, des livres de référence sur l’eau, l’effet de serre ou la diversité des espèces. Vous y trouverez bien sûr quelques auteurs incontournables comme Théodore Monod, J.M. Pelt ou Pierre Rabhi, mais avez-vous déjà lu «les Arbres» de J. Prévert, original hymne épicurien à la nature, aux saisons, aux plantes et aux bêtes? Ou cette anthologie de poèmes sur l’homme et son environnement, tiré du livre NATURELLEMENT de Jean-Claude Renard et dont est extrait ce texte? impressum Le BOTANIC SHOP répond à un besoin du grand public et de ses utilisateurs. C’est une vitrine intérieure aussi, puisqu’il expose les publications scientifiques et de vulgarisation éditées par les CJB et/ou la Ville de Genève. Il collabore par ses liens directs avec des associations telles que Pro Natura, Pro Specie Rara, l’AAJB, ou en soutenant des revues comme La Salamandre ou la Garance voyageuse. D’autre part, ses visiteurs peuvent dans ce lieu découvrir – ou s’ils le désirent, demander à voir – Apprenez à ne détruire Ni l’air ni l’eau ni la terre Sans quoi s’efface le rire Que vous promet leur mystère Voilà, entre objets utiles ou ludiques et bouquins scientifiques, ce «petit grain» différent que vous pourrez aussi trouver dans votre BOTANIC SHOP. Rédacteur responsable D. Roguet Rédacteurs R. Spichiger; P. Perret; C. Mourtzakis; P. Mugny; F. Jacquemoud; D. Roguet; D. Jeanmonod; C. Lambelet; A. Pin; G. Gonzales; C. Châtelain; A. Traoré; G. Visinand; B. Von Arx; B. Messerli; P. Clerc; M.-A. Thiébaud; M. Vust Photographies B. Renaud; D. Roguet; M. Berthod; K. Inta Conception graphique M. Berthod; G. Schillings (composition) Impression Imprimerie Nationale, Genève Le journal des conservatoire et jardin botaniques de la ville de Genève paraît une fois par an. © 2004 Conservatoire et jardin botaniques, Genève. Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou des illustrations de cette édition est strictement interdite sans accord préalable auprès des CJB. A notre avis, la Feuille verte du 100e se lit mieux, elle aborde plus directement les points intéressants et sensibles pour nos publics. Jugez sur pied en la parcourant et donnez-nous votre avis, il nous intéresse… Didier Roguet, conservateur sommaire Le BOTANIC Shop Profitant de l’arrivée dans notre équipe d’une médiatrice scientifique, Magali Stitelmann, nous avons souhaité pousser plus avant cette expérience de rénovation. Nous avons décidé au sein d’un comité rédactionnel et en accord avec la direction des CJB, de tenter, pour ce numéro du 100e, une expérience plus journalistique et interactive. Vous verrez ainsi dans ce numéro 2004 de la Feuille verte fleurir les interviews. Ceux-ci donnent à notre sens une fluidité et une spontanéité plus grande aux propos de nos collègues ou de nos invités. Un jeu de questions-réponses qui innove mais qui peut surprendre aussi, en particulier le scientifique peu habitué à ce type d’interaction avec la page blanche. Les interviews ont été conduites par notre collaboratrice, Magali Stitelmann, avec des questions ouvertes et non préparées par nos interlocuteurs. Ces dialogues ont ensuite été transcrits par nos soins et ceux de Fabienne de Quay, pour être reproposés en lecture à nos interviewés. Le résultat est intéressant, il gagne indéniablement en chaleur humaine tout en perdant en réflexion et en contrôle. Editorial – Le parfum de l’avenir 3 Centenaire Emile, John, Alfred et les autres A l’occasion du centième Histoire de jubilaire 4 5 7-8 Agenda et programmes Publications Flore de Corse et Flora Alpina 9-10 11 Histoire et modernité Le temps qui passe... 1904 Transfert du jardin alpin Nouvelles de l’herbier Fonds iconographiques, trésors cachés Code barre à la bibliothèque 12-13 14-15 16-18 19 20 Conservation, envahisseurs Ces plantes qui nous entourent Un conservateur de la nature et du paysage... 21-23 24 CJB & SUD CJB, Agenda 21, bilan et projets 25-31 Education environnementale Education environnementale et instruction publique L’Enfant, l’Art et la Science Hommage botanique à Victor Hugo A la rencontre des villages genevois 32 34 34-35 35 Retrospectives photographiques Activités – Animations 2003 Brunches Tropicaux au Jardin botanique 36-37 38-39 Partenaires AAJB, Pro Specie Rara, Société botanique de Genève 40-43 PAGE 2 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Patrice Mugny, Conseiller administratif en charge du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève La culture! Quelle drôle de notion. On pense souvent dans un premier temps aux arts de la scène, donc au théâtre, à la danse, à la musique aussi, puis certainement encore au cinéma, aux arts plastiques. Le livre se glisse également dans cette première liste. Mais qui songerait spontanément aux plantes et aux herbiers? Pas grand monde à mon avis. Et pourtant! ’ai découvert ces derniers mois l’épaisseur du lien existant entre la culture et les Conservatoire et Jardin botaniques. Et plus encore lors de mon voyage en Afrique, accompagné par Messieurs Rodolphe Spichiger et Didier Roguet. C’était il y a peu. Je me suis rendu à Dakar pour inaugurer un centre d’éducation à l’environnement et visiter un Jardin ethnobotanique remis en état, à quelques pas de cette «école de vie». Inutile de s’appesantir sur l’événement lui-même. Ce qu’il importe de comprendre ici, c’est qu’au delà des habituelles déclarations paternalistes du genre «nous ne sommes pas là seulement pour vous aider, mais vous nous apportez aussi beaucoup», il s’agissait d’une véritable rencontre. D’un côté, il y a un Sud en grand risque de perdre le contact avec ses richesses naturelles suite à une déculturation de populations prises dans une urbanisation sauvage. Mais un Sud dans lequel existe une nature produisant des réponses à nombre de problèmes, notamment sous formes de plantes médicinales et nutritives. Un Sud enfin où habitent encore des hommes et des femmes emplis d’une connaissance de cet environnement. En face, ou à côté, se tiennent des gens du Nord disposant d’un savoir scientifique et technique, mais aussi curieux d’en apprendre plus sur les savoirs locaux. Et décidés à échanger leurs connaissances avec ces interlocuteurs autochtones. Un choc des cultures. Mais surtout une culture commune de respect des moyens que la nature met à notre disposition. Et une réaction salutaire face à la culture de la négation de ce lien naturel, face à une culture de destruction de notre milieu de vie, face à la mise au pinacle de l’être qui se perd dans l’avoir... Ainsi, si la culture au sens habituel du terme est souvent questionnement, voire confrontation au monde et à ses credo consuméristes, le travail des gens du Jardin botanique participe d’une véritable résistance culturelle à la course engagée vers le précipice. Et voilà le lien entre la culture de la scène et la scène du Jardin botanique qui est finalement le vaste monde. éditorial Le parfum de l’avenir C’est dans le même esprit que je souhaite que continue de se développer la participation du Jardin botanique à des manifestations publiques sur le modèle de «la Nuit de la science». Parce que la rencontre entre le monde du savoir et la population participe justement de cette indispensable prise en compte par des hommes et femmes de notre cité et de la région d’une réalité non économique. Même si le monde du business tend à envahir toutes les sphères, y compris en prenant le risque de mettre en danger notre vie ou d’en modifier de manière irréparable les conditions. Je pense ici, pour ne prendre que deux exemples, à la volonté de certains d’utiliser les OGM avant même que nous puissions être assurés de l’absence de danger de ces manipulations. Ou encore à la promotion d’un système de mobilité absurde que l’on refuse de remettre en cause alors qu’il existe des solutions simples. Merci donc à toute l’équipe des Conservatoire et Jardin botaniques de participer par leurs travaux ici et ailleurs à la construction d’un monde un peu meilleur. Merci à toutes et à tous de nous faire sentir déjà un peu ce parfum de l’avenir. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 3 Emile, John, Alfred et les AUTRES Rodolphe Spichiger, directeur a mère était la petitefille d’un entrepreneur en maçonnerie des Monts de Corsier, audessus de Vevey, spécialisé dans la construction des murs de vignoble. Jules Pilet était le voisin d’Emile Burnat, à Nant. Il entretenait la propriété de Nant, siégeait avec Burnat au conseil de Paroisse et entretenait avec lui d’excellentes relations de voisinage. Mon arrière-grand-père était donc très fier de compter ce notable parmi ses amis. Il aimait raconter que la première voiture à moteur de la région avait été achetée par son voisin et ami Burnat, que cette voiture descendait très bien la fameuse Côte Rouge des Monts de Corsier, mais que Burnat devait régulièrement envoyer son chauffeur chercher Jules et son attelage de chevaux afin de faire remonter ladite Côte à son véhicule. Selon Jules Pilet, Burnat était également un philanthrope; il avait, entre autres, construit la chapelle protestante sise quasiment sur la frontière entre le pays de Fribourg et celui de Vaud, sur la route de Châtel-St-Denis. C’était bien la moindre des choses de rappeler aux ouvriers d’Attalens qui descendaient travailler dans les vignes du Lavaux qu’à partir de là, on pratiquait la vraie religion! – la Grande Ecole napoléonienne formant les Ingénieurs – garantissait le succès d’une carrière tant par la matière acquise que par le réseau de relations qu’elle offrait. Même retiré de son activité de chef d’entreprise métallurgique, Burnat a conservé des liens privilégiés avec la France. A la fin de sa vie, il a d’ailleurs reçu la Légion d’Honneur des mains du commandant Alfred SaintYves. Il est étonnant de ne trouver dans l’autobiographie de cet homme tellement lié à l’Alsace aucune mention du désastre de 1870. Quoi qu’il en soit, c’est à partir de cette date que Burnat a décidé de se consacrer uniquement à la carrière de botaniste. Comme chacun sait, il a été l’auteur principal de la Flore des L’intéressante autobiographie de Burnat (Briquet & Cavillier, 1922) est une source d’informations passionnantes sur lui-même, ses amis et son époque. Elle rappelle aussi comment Emile Burnat a non seulement donné son herbier à la ville de Genève plutôt qu’à l’état de Vaud, mais aussi comment, grâce à cette généreuse donation, la Console a pu être édifiée, puis agrandie. Burnat était un grand bourgeois du canton de Vaud, dont la famille était alliée aux plus grands noms de la métallurgie alsacienne. Bien qu’il soit assez difficile pour un scientifique actuel de prendre conscience de l’importance de ce fait, Burnat, comme d’autres grands scientifiques ou ingénieurs de son époque, a été formé en France. En effet, les Hautes Ecoles Helvétiques n’étaient de loin pas ce qu’elles sont devenues de nos jours. Etre un ancien élève de «Centrale» Burnat est un homme du XIXe siècle, qui connut les grandes révolutions libérales de France et de Suisse. Il avait donc 78 ans lorsque la photo fut prise. Son collègue et ami John Briquet était beaucoup plus jeune (36 ans). Briquet rencontra Burnat au Conservatoire botanique de Genève en 1889. Ce fut le début d’une solide amitié. En plus de huit missions en Corse, John Briquet accompagna Emile Burnat dans presque tous ses voyages botaniques dans les Alpes Maritimes. Formé à Genève, puis à Berlin, Briquet fut d’abord conservateur (1896), puis directeur des Conservatoire et Jardin botaniques de 1906 à 1931. Il participa activement à l’emménagement dans la Console. Il fit la brillante carrière que l’on connaît, s’illustrant notamment comme rapporteur aux congrès internationaux de botanique de 1900, 1905, 1910, 1925 et Burnat a été l’initiateur des recherches menées à partir de Genève sur la Corse Alpes Maritimes – ce qu’il considérait comme son grand œuvre, parmi beaucoup d’autres travaux. Il a aussi été l’initiateur des recherches menées à partir de Genève sur la Corse, expédition immortalisée par cette fameuse photo. 1930. Lorsque je fus invité au Missouri Botanical Garden de Saint-Louis (USA), on me lut une lettre du major John Briquet, commandant du bataillon de fusiliers 121, qui s’excusait de ne pas effectuer la tâche de rapporteur au congrès de 1915, étant mobilisé sur la frontière. Pour la petite histoire, le soussigné a lui-même commandé ce bataillon de 1987 à 1992. Briquet a publié d’importants travaux sur la flore des Alpes Maritimes, de la Corse, de l’Afrique du Nord, ainsi que des monographies et des biographies de botanistes. Alfred Saint-Yves est probablement oublié par les botanistes genevois contemporains. Il fut néanmoins un grand collaborateur du Conservatoire auquel il légua un herbier riche en types «...Nous vîmes arriver un touriste paraissant las sous le poids d’un cartable bourré de plantes...» et des ouvrages sur les Graminées. Il publia sur les genres de cette famille dans l’Annuaire du Conservatoire (actuellement Candollea). Cavillier (1935) décrit ainsi la première rencontre entre Saint-Yves et Briquet: «Le 15 juillet 1898, la 14e batterie alpine, que je commandais alors, cantonnait à Breuil, petit village des Alpes maritimes, situé à 1450 m d’altitude, au pied du Mt Mounier. Avant le dîner, nous nous promenions, devisant de botanique en simples amateurs, lorsque nous vîmes arriver un touriste paraissant un peu las sous le poids d’une boîte et d’un cartable bourrés de plantes. Immédiatement nous l’avons abordé et nous lui avons demandé de venir partager notre repas. J. Briquet, car c’était lui, nous exprima tous ses regrets; il attendait son ami et compagnon de courses F. Cavillier... De cette rencontre fortuite sont nées ces relations intimes que j’ai eu l’inestimable faveur de nouer avec deux hommes éminents: E. Burnat et J. Briquet... C’est ainsi que je fus amené à participer aux explorations botaniques de J. Briquet, d’abord d’une façon intermittente, en raison de mon service militaire, puis finalement tous les ans...». En 1906, le commandant Saint-Yves a 51 ans; il vient de prendre sa retraite d’officier d’artillerie de montagne, carrière qu’il a d’ailleurs accomplie en grande partie dans les Alpes Maritimes. MM. François Caviller et Emile-Samuel Abrezol sont sur la photo en tant qu’assistants-préparateurs de l’expédition Burnat – Briquet – Saint-Yves. Ils ont accompagné Emile Burnat et John Briquet dans la plupart de leurs voyages botaniques depuis 1890. Cela signifiait beaucoup de choses, de la préparation pratique de l’expédition, à la récolte et au séchage des plantes. Caviller collabora aussi à la rédaction de certains chapitres de la Flore des Alpes Maritimes. Lorsqu’ils n’accompagnaient pas leur patron, ces deux botanistes travaillaient comme conservateurs de l’herbier Burnat. Références Briquet, John & François Cavillier (1922). Emile Burnat. Conservatoire et Jardin botaniques. Genève. Cavillier, François (1935). Alfred Saint-Yves (1855-1933). Notice biographique. Candollea 6: 25-43. John Briquet: www.lexhist.ch PAGE 4 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Rodolphe Spichiger, directeur C'est en 1817 qu'Augustin-Pyramus de Candolle, professeur honoraire de l'Académie de Genève depuis 1800, mais enseignant à Montpellier, revient dans sa ville natale pour y fonder un jardin botanique sur le site de l'actuelle Promenade des Bastions. Ce nouvel instrument doit favoriser l'enseignement des sciences naturelles et l'acclimatation des plantes. Il renforce le rôle important joué par Genève dans ce domaine depuis Kaspar Bauhin au XVIIe siècle. En 1902, le Jardin, devenu trop exigu, est transféré à son emplacement actuel par John Briquet. La construction du premier Conservatoire est entreprise aussitôt au lieu-dit «la Console» pour abriter, dès 1904, les herbiers et la bibliothèque. La première serre est installée en 1908. Le Jardin connaît deux extensions ultérieures: en 1955 (Campagne Duval) et en 1976 (Terre de Pregny). Il occupe aujourd'hui une surface de 28 hectares sans compter le parc du Château de Penthes et les serres de Pregny/Rotschild) dont nous avons la charge. LES CINQ MISSIONS DES CJB Les cinq missions des Conservatoire et Jardin botaniques répondent à une vocation muséographique et aux nécessités de la conservation du monde végétal en particulier et de l’environnement en général. Elles se déclinent en cinq verbes traduisant cinq actions: 1. Explorer Les explorations sur le terrain procurent à l’institut les matériaux nécessaires à la compréhension de l’environnement. Les quatre principaux territoires étudiés sont le bassin méditerranéen, l'Amérique tropicale, l'Afrique et Madagascar, et bien évidemment notre région alpine. Les missions sur le terrain permettent d’augmenter les collections d’herbier d’environ 7500 échantillons par an. Outre la récolte de matériel séché et vivant, l’enregistrement de données iconographiques et ethnobotaniques ainsi que le prélèvement de matériel génétique sont les composantes plus modernes du travail du botaniste naturaliste. 2. Conserver Le Jardin botanique, véritable musée vivant, offre au public une collection étiquetée, répertoriée et informatisée d'espèces botaniques et horticoles provenant du monde entier. Il est divisé en cinq secteurs: l'arboretum, les rocailles et le massif des plantes protégées, les plantes officinales et utilitaires, les serres, ainsi qu’un secteur qui se consacre à l'horticulture et aux animaux. En plus des tâches de conservation, le Jardin est dédié à la recherche et à l'éducation environnementale. centenaire A l’occasion du e 100 Le Conservatoire comprend une bibliothèque et un herbier. La Bibliothèque botanique de Genève a une valeur patrimoniale exceptionnelle. Riche de plus de 220000 volumes et d'environ 4000 séries de périodiques, elle regroupe une documentation exhaustive dans son domaine. Des banques de données, des collections d'ouvrages anciens, des microfilms et une iconothèque de plus de 25000 titres complètent cet ensemble. Etroitement relié à la bibliothèque, l’herbier (environ 6 millions d'échantillons) se situe parmi les cinq plus grands au monde. Il s’enrichit du matériel récolté par les conservateurs et des échanges inter-instituts. De très belles collections proviennent de donations faites sur la base d’une réputation internationale d’excellence. 3. Rechercher Le spécimen d’herbier est la matière première de l’ensemble des programmes de recherche. L'essentiel des travaux concerne la botanique systématique (rédaction de monographies et de flores), les études sur la biogéographie, le paysage et la végétation, ainsi que la nomenclature botanique, l'ethnobotanique et l'histoire des sciences. Le travail de terrain complète la recherche documentaire et les expériences de LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 5 laboratoire. L'application de nouvelles technologies, telles que la biologie moléculaire ou la télédétection par satellite pour l'étude de la végétation, a ouvert des perspectives prometteuses. 4. Enseigner Dans le cadre de la convention liant le Conservatoire à l'Université, le directeur et certains conservateurs dispensent des cours à plus d’une centaine d'étudiants par année. De nombreux travaux de diplôme et de doctorat sont dirigés par les collaborateurs des Conservatoire et Jardin botaniques. Des cours sont également donnés dans des universités du Sud (Asunción au Paraguay, Dakar au Sénégal). A cette recherche et cet enseignement universitaires sont venues s’ajouter la publication d’ouvrages de vulgarisation, la présentation d’expositions et l’organisation d’ateliers pédagogiques. Ces actions démontrent le rôle central joué par les jardins botaniques en matière d’éducation environnementale. Des espaces muséographiques interactifs publics, mettant en valeur les collections vivantes du Jardin botanique ont été créés: le Jardin des senteurs et du toucher, les Terrasses des officinales, le Botanicum et les serres tropicales en automne 2003. 5. Protéger Les Conservatoire et Jardin botaniques sont devenus une plate-forme inventive, dédiée à la gestion de la biodiversité naturelle et culturelle au service d’un développement soutenable au Nord comme au Sud. Abritant deux observatoires qui contrôlent l’état de la flore régionale – le Patrimoine Vert genevois et le Centre du Réseau Suisse de Floristique – les CJB interviennent en toute légitimité comme institut-expert et institut-ressource pour les problèmes environnementaux genevois et suisses. Par leurs expertises auprès d’organismes de coopération, les Conservatoire et Jardin botaniques contribuent à limiter la destruction de la forêt tropicale et l’érosion de la diversité Ces programmes de botanique appliqués au développement sont basés sur l’ethnobotanique et l’éducation environnementale et mettent en valeur les résultats des recherches que les scientifiques des CJB mènent traditionnellement dans certains pays du Sud. Ils sont conduits par des éducateurs-chercheurs formés par le directeur de l’institut qui est invité en tant que professeur dans les universités de ces pays. Ces micro-projets sont développés à partir de jardins ethnobotaniques locaux réhabilités (Paraguay, Sénégal, Bolivie, Brésil, Burkina Faso) dans le cadre de conventions culturelles inter-municipales. Les Conservatoire et Jardin botaniques contribuent à limiter la destruction de la forêt tropicale et l’érosion de la diversité végétale végétale. L’éducation environnementale menée au Sud comme au Nord permet quant à elle de modérer l’érosion des savoirs sur la diversité végétale. C’est en particulier de cette manière que l’institut répond aux exigences de l’Agenda 21. Perspectives Parallèlement aux travaux d’extension BOT V, rendus nécessaires par l’augmentation des collections, cette législature entend favoriser les programmes de coopération des CJB. A l’optimisation du bilan écologique de l’institution (recyclage généralisé, gestion des eaux et des déchets, compostage, lutte intégrée, etc.), qui reste un objectif prioritaire dans le futur, est venue s’ajouter la coopération au développement. PAGE 6 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 de jubilaire centenaire HISTOIRE Didier Roguet, conservateur – adaptation d’un texte de H. Burdet pour la série documentaire no.26, CJB, 1990 A la fin du XIX e siècle, le jardin botanique des Bastions étouffe peu à peu. L'espace lui manque. Dernière manifestation de splendeur en 1887, l'inauguration, en son sein, du buste d'Edmond Boissier, par Hugues Bovy, offert par la sœur du botaniste, la comtesse Agénor de Gasparin es jours du jardin des Bastions sont désormais comptés. Entièrement enfermé par des constructions et des voies de circulation, le jardin, à 1'aube de ce siècle, ne peut se maintenir et se développer harmonieusement aux Bastions, ce d'autant moins que l'espace qu'il occupe a été choisi pour l'érection du monument commémoratif de la Réforme. Décision fut prise, le 25 janvier 1901, de le déménager. Le nouveau jardin botanique, d'abord prévu à la Villa Mon-Repos, selon la suggestion de Philippe Plantamour léguant cette propriété à la Ville en 1898, ne put finalement y trouver place. On choisit plutôt la région de Sécheron, au lieu dit «La Console», au bas du domaine de Varembé. Varembé L’espace prévu pour le nouveau jardin botanique était de 75 000 mètres carrés était une ancienne propriété Rillet, passée aux Revillod, que Gustave Revillod, après y avoir fait construire le vaste palais de l'Ariana, en souvenir de sa mère Ariane, venait de léguer à la Ville avec toutes ses collections. L'espace prévu pour le nouveau jardin botanique était de 75 000 mètres carrés. Ce vaste terrain, dégagé, face au lac et accessible en bateau, autorisait facilement la réalisation d'un beau jardin botanique, doté des installations les plus modernes. La décision d'opérer la translation prise, le tracé du jardin et les premiers travaux d'aménagement par Jules Allemand occupèrent les années 1902 et 1903. La construction du Conservatoire botanique commencée le 5 juillet 1902 ne put s'achever avant avril 1904, interrompue deux fois par les grèves de 1902 et 1903. Le déménagement des collections se fit entre mai et juin 1904. L'inauguration solennelle eut lieu le 26 septembre 1904. Comparé à celui des Bastions, le nouveau jardin comportait, en plus d'une très classique «école de botanique», de nombreuses allées sinueuses et la suppression de toute barrière Le Jardin vu de la Console, après 1936. On remarque la présence du Palais des Nations en arrière-plan. La serre chaude a été reconstruite à son emplacement actuel. Ensuite, la voie CFF a été repoussée vers la colline Haut La Console en 1904 Bas L’agrandissement du bâtiment est parfaitement visible (1924). pour permettre un accès ample et facile du public à presque chaque plante. Autre nouveauté notable, le tracé comportait, grâce à de forts mouvements de terrain, un espace vallonné et très varié, au milieu duquel la création de rocailles et d'un jardin alpin, formé de mamelons rocheux disposés pour donner une illusion d'étendue et de hauteur, ne manquaient pas de créer un dépaysement inhabituel. L'effet était encore augmenté par la captation des sources et la réalisation de ruisseaux et d'une cascade. Malheureusement, les serres et l'orangerie du jardin botanique et leurs collections étaient restées aux Bastions. Il avait été primitivement prévu de les démonter et de les déménager. Gravement endommagées en 1906, il fut finalement décidé, le 12 octobre 1907, d'y renoncer et de construire de nouvelles serres à la Console. La première d'entre elles est réalisée à temps pour permettre un premier déménagement en août 1908. L'orangerie et les serres des Bastions LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 7 Vue aérienne Le Jardin botanique en 1953. A gauche, le long des voies CFF, l’ancienne orangerie est en construction doivent cependant être démolies en 1910, pour laisser la place au «Mur des Réformateurs» prévu à leur emplacement, sans que les nouvelles serres de la Console ne soient encore prêtes à recevoir la collection. Elles ne seront Dans les années 20, le conservatoire botanique est devenu un instrument de travail international complètement achevées qu'en octobre 1911. Le don au Conservatoire botanique des collections du botaniste vaudois Emile Burnat (1828-1920) impose un premier agrandissement du bâtiment du Conservatoire à la Console, travaux dont ce généreux donateur accepta de couvrir les frais. Commencés au printemps 1911, ces travaux s'achevèrent en mai 1912. L'entrée au Conservatoire des collections de Candolle imposa à son tour un agrandissement. Les travaux commencés en juin 1923 s'achevèrent en avril 1924. Le bâtiment fut inauguré en octobre. Parvenu en 1928 à un développement où l'addition successive, logiquement amenée, de très grandes collections (Micheli, Moricand, Burnat, de Candolle) et de plusieurs bibliothèques classiques, auxquelles ont constamment recours les savants de tous pays, le Conservatoire botanique – qui était, un siècle plus tôt, d'un intérêt presque uniquement genevois – est devenu un instrument de travail international en complète disproportion avec les ressources locales. Justement inquiet de cette situation, un comité d'initiative, appuyé par des savants éminents d'Europe et d'Amérique, se charge alors de la constitu- tion d'une «Fondation auxiliaire» au capital de 200 000 francs. C'est sans difficulté, de mars à décembre 1928, que ce montant fut entièrement rassemblé, souscrit aux deux tiers par J. D. Rockefeller Jr. Cet effort presque spontané du public a permis et permet encore, en venant s'ajouter aux sacrifices importants consentis par les autorités municipales, de maintenir les collections de la bibliothèque au niveau des progrès de la science. La période récente est marquée pour les Conservatoire et Jardin botaniques par une expansion importante. Le jardin s'est accru des 4 hectares de la campagne Duval en 1954, puis de la Terre de Pregny en 1978, ce qui porte sa surface totale à 18 hectares. Une orangerie est édifiée en 1954, puis une volière en 1978. L'important complexe de bâtiments comprenant, en plus de divers locaux techniques, une «maison des jardiniers» et des serres de collection a été inauguré le 29 avril 1986. Une serre méditerranéenne complète ces installations depuis 1987. L'accroissement constant des collections tant de la bibliothèque que des herbiers mis régulièrement le Conservatoire dans une situation difficile. Il dût abriter ses trésors dans les sous-sols d'une école, temporairement à la villa Mon-Repos et dans une villa de Malagnou, jusqu'à la mise à sa disposition (1971) et à la rénovation de la villa «Le Chêne» sise dans le Jardin même. Une petite annexe pour des laboratoires et des herbiers (1971), puis sa large extension a permis depuis 1974 de loger la bibliothèque et les herbiers dans des locaux modernes et adaptés à leur bonne La construction du nouveau Conservatoire, 1974. conservation. Ces locaux ont dorénavant 30 ans et sont eux aussi devenus trop exigus. Leur extension est prévue au plan quadriennal des CJB (BotV). Au milieu du beau jardin qui lui sert de devanture et d'outil pédagogique, l'institution scientifique séculaire des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, imposante par sa taille et la richesse de sa tradition, est aujourd'hui plus que jamais un lieu d'intenses activités scientifiques, largement ouvert au public. Ses 6 millions de spécimens de plantes préservées dans des souterrains spécialement équipés, les 220000 volumes de sa bibliothèque informatisée sont à la disposition des chercheurs et des spécialistes de Genève, de Suisse et du monde entier, qui ne se font pas faute d'y recourir. Base logistique et siège de plusieurs programmes scientifiques locaux et internationaux, dispensant l'enseignement de la botanique à tous les niveaux, les Conservatoire et Jardin botaniques s'efforcent de mettre en œuvre le conseil d'Augustin-Pyramus de Candolle qui terminait ses mémoires par ces mots: «Je prie tous les Genevois auxquels ma mémoire pourra être chère de l'exprimer, non par des discours ou autres marques de ce genre, mais en encourageant de toutes leurs forces les études scientifiques dans notre ville comme étant la carrière qui a le plus honoré ses habitants et qui convient le mieux à leur position et à leur caractère». PAGE 8 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Programme d’activités 2004 L’année 2004, année jubilaire des CJB, offrira au public du Jardin botanique un série d’événements qui auront pour fils conducteurs l’histoire botanique et sa modernité. Notez d’ores et déjà dans vos agenda les dates du 11 juin (inauguration de l’exposition sur les envahisseurs à 17h30) et celles des 25 et 26 septembre (fête du 100 e ). Animations 20 mai – 26 septembre 2004 «Envahisseurs!» (Exposition / Serre tempérée et Terrasses des utilitaires / Entrée libre) Exposition montée en co-production avec le Musée du Léman de Nyon et en collaboration avec le Service des forêts, de la protection de la nature et du paysage (SFPNP) du Canton de Genève. Après une année d’interprétation sur les organismes envahissants mais aussi introduits, réintroduits ou colonisateurs au Musée du Léman, le public genevois pourra découvrir une exposition revisitée, où nous nous concentrerons sur les organismes végétaux et animaux posant un réel problème d’envahissement dans le bassin genevois. Diverses publications d’informations éditées en collaboration avec le SFPNP et le Musée du Léman seront proposées aux différents publics (écoles, enseignants, parents, jardineries, mairies, agriculteurs, etc.) Le domaine de l’impact de ces plantes sur la santé publique sera particulièrement mis en évidence. e 100 programme 2004 A vos AGENDAS 100 e anniversaire des CJB sur la parcelle de La Console (A l’occasion du 100e anniversaire de l’implantation du Jardin botanique sur son site actuel) 1er juillet – 31 octobre Exposition «Jardin botanique d’hier et d’aujourd’hui» Parcours photographique (tirages géant sur bâche) invitant à une promenade historique dans le Jardin botanique. «Potager 1904» à côté de la buvette des CJBG (collaboration Pro Specie Rara, Antenne romande) 25 et 26 septembre 2004 – Journées découverte «Histoires botaniques et modernités» (de 11h à 17h, au départ de la Console, route de Lausanne 192) L’inauguration de cette exposition et la présentation publique des documents édités pour l’occasion aura lieu le 11 juin à 17h30 au Jardin botanique (serre tempérée) dans le cadre des Journées du développement durable. 11, 12 et 13 juin 2004 Journées du développement durable (Ville de Genève / Plaine de Plainpalais / Entrée libre) Stand des CJB consacré aux envahisseurs végétaux. 3 et 4 juillet 2004 Nuit de la Science (Ville de Genève / Plaine de Plainpalais / Entrée libre) Les CJB seront étroitement associés à cette 4e Nuit de la science, qui servira pour l’occasion de tremplin aux festivités de son 100e anniversaire, en particulier sur la parcelle de la Console et dans le Jardin historique. Le thème des néophytes envahissantes sera toujours à l’honneur sous le titre «Envahisseurs végétaux: mesures et démesure»: – Installation plastique et évolutive sur le thème des envahisseurs entre notre serre tempérée et le Musée d’Histoire des sciences – Présence spectaculaire et active lors de la Nuit de la science par un stand des CJB consacré aux «envahisseurs». Système d’information géoréféré sur les néophytes envahissantes dans le canton de Genève, rapport de proximité avec le public. Démonstrations pratiques et interactives de cet outil extraordinaire qui traite par couches les différents paramètres environnementaux de la Genève verte. – Un parcours découverte, promenade autonome et illustrée en plein air dans le Jardin botanique historique, par une mise en situation d’images géantes d’époque, des rencontres et des ateliers démontrant la pérennité et la modernité des travaux et recherches effectués dans notre musée vivant – Des ateliers en costume d’époque (rocailles, arboretum, races et variétés anciennes Pro Specie Rara, Conservatoire botanique de la Console, serres, graines et cultures in vitro, etc.) disposés le long du parcours, présenteront la botanique, son histoire genevoise mais surtout son actualité et sa modernité à travers un discours très actuel (conservation, PSR, collections et applications, nouvelles techniques, in vitro, SIG, Labo bio. mol., etc.) et des démonstrations – Restauration (menu 1904) sur le parcours de la promenade au restaurantbuvette du Jardin botanique – Différents massifs à thème historique («culinaire 1904» «aromatiques») seront implantés entre la Volière et la buvette – Publication d’une bande dessinée sur le thème du centenaire 28 septembre 2004 Journée pour les écoles (Conservatoire et Jardin botaniques / sur inscription au 022 418 51 55) Un parcours découvertes et des ateliers sont prévus à l’attention des classes. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 9 ATELIERS VERTS du jardin botanique PROGRAMME DES ATELIERS VERTS 1. Qui habite dans ce nichoir? 8. Observation des différents nichoirs des CJB et réalisation d’un nichoir à mésange. Jardin botanique, la Console 2. Rencontres avec les animaux du Jardin botanique Je réalise un cadeau pour la fête des Mères. Jardin botanique, la Console 9. Moutons, chèvres, oiseaux, poules... Jardin botanique, la Console 3. Je multiplie les plantes? 10. J’apprends à faire des semis, des boutures et des greffes avec le jardinier. Jardin botanique, la Console 4. Réalise un herbier et collectionne les plantes (1) 11. Le Botanicum? Un parcours pour faire des expériences et des découvertes. Jardin botanique, la Console 7. Expérience au laboratoire de biologie moléculaire des CJB Les Envahisseurs au Jardin botanique Attention danger! Tout n’est pas bon à cueillir et à manger Apprends à connaître des plantes et des fruits toxiques. Jardin botanique, la Console Réalise un herbier et collectionne les plantes (2) Partie 2: montage et réalisation de l’herbier. Jardin botanique, la Console 12. 6. Mon jardin potager (1) Je prépare le sol, les semis et les premières plantations. Parking du Château de Penthes L’histoire de plantes et animaux envahissants. Jardin botanique, la Console Partie 1: récolte et séchage. Jardin botanique, la Console 5. Des fleurs pour ma maman Le rucher du Jardin botanique Découvre les habitants de la ruche. Jardin botanique, la Console 13. Mon jardin potager (2) J’entretiens mon potager et je récolte mes premiers légumes. Parking du Château de Penthes Découverte de la cellule d’une plante et extraction de son ADN. Jardin botanique, la Console La saison 2003-2004 des ATELIERS VERTS du JARDIN BOTANIQUE de la Ville de Genève a débuté le 22 octobre dernier. Un programme plus attrayant que jamais est offert aux enfants de 8 à 11 ans le mercredi après-midi, sur inscription, ceci toujours en collaboration avec l'Université du troisième âge (UNI3), l’Association des Amis du Jardin botanique et le Service des loisirs de la jeunesse (D.I.P.) et la collaboration ponctuelle du Centre d’Animation pour les retraités de l’HG (CAD). Vous trouverez le programme des ateliers de ce printemps ci-contre. Un prospectus est à votre disposition à la réception du Jardin botanique ou auprès d’UNI3 pour vous décrire leur fonctionnement et les thèmes abordés ce printemps. Renseignements et inscriptions auprès du secrétariat d’UNI3 tél.: 022 705 70 42. Expositions à la Salle du Chêne 23 février – 14 mars Andras ZOMBATH La flore suisse. Infographies 28 juin – 18 juillet Marie-Noël GHESQUIERE Gravures 15 mars – 4 avril Michel BRIGAND Peintures / sculptures 19 juillet – 8 août Dominique VUICHARD Sculptures sur pierres 5 avril – 25 avril MARIWEN Washi Road. Papier japon et soie 9 août – 29 août Patricia WUILLEMIN-NAFE Peintures 26 avril – 16 mai Michèle GOLIA Sculptures / céramiques 30 août – 19 septembre Pierre BAUMGART Gravures / lithographies 17 mai – 6 juin Wendy GIBBS Aquarelles. Orchidées menacées du Vietnam, en collaboration avec l’UICN et la Mission du Vietnam 20 septembre – 10 octobre Cyrille CHATELAIN Peintures dans le cadre du 100e anniversaire des Conservatoire et Jardin botaniques 7 juin – 27 juin L’Enfant, l’Art et la Science Créations artistiques d’enfants de classes primaires, rétrospective 2003-2004 11 octobre – 31 octobre Gilbert HAYOZ Photographies. Les lichens PAGE 10 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Daniel Jeanmonod, conservateur L’étude de la Flore de Corse, un projet qui se termine après un siècle! n 1904, J. Briquet faisait sa seconde expédition en Corse et dans son esprit naissait probablement l'idée d'une étude exhaustive de la flore de cette île. En tous cas, en 1913 paraissait le 1er volume du «Prodrome de la Flore Corse», ouvrage inachevé de son vivant et qui sera achevé par les éditions des CJB d'ici 2 ou 3 ans. En revanche, 100 ans après cette expédition de 1904, les CJB dont Briquet était alors directeur, pourront probablement fêter l'achèvement de la «Petite Flore de Corse». publications FLORE de Corse Cet ouvrage permettra la reconnaissance de toutes les plantes à fleurs, mais aussi des conifères et des fougères de l'île. Il donnera pour chacune d'elles de précieuses indications sur les périodes de floraison, l'écologie des espèces, leur fréquence, leur répartition, mais aussi une brève description. Cette «Petite Flore de Corse» représentera la quintessence des connaissances et des recherches sur la flore de la Corse depuis un siècle. Elle est en effet la synthèse et l'expression concentrée de toutes les informations du «Prodrome de la Flore Corse» mais aussi des résultats des nombreuses explorations et études menées ces 15 dernières années par les CJB en collaboration avec d'autres instituts. Le vallon de Pertusato avec sa flore très riche en plantes endémiques à la Corse (Bonifacio en arrière-plan) Entretien par Magali Stitelmann avec David Aeschimann, conservateur Fruit de 10 ans de travail en collaboration internationale, cet ouvrage sera l'outil indispensable à tout botaniste, forestier, étudiant ou amateur désireux de connaître la flore de «l'île de beauté». Flora ALPINA La parution de «Flora alpina» est annoncée pour 2004. En 1990, les CJB et vous-même se lancent dans ce projet fédérateur grâce aux atouts en leur possession. Jusqu’ici de nombreux travaux ont été menés pour décrire la flore alpine. Comment «Flora alpina» fait-il un lien entre ces ouvrages? La parution est prévue pour juin 2004. L’arc alpin, qui s’étend de Nice à Vienne, touche plusieurs pays. Ces différents pays ont chacun leurs Flores et inventaires, ainsi qu’une nomenclature et des conceptions taxonomiques qui leur sont propres. Un des objectifs de «Flora alpina» est de rassembler ces différentes «listes» afin que chaque plante soit nommée sous un seul nom réputé correct. De plus, «Flora alpina» décrit la flore de l’ensemble de l’arc alpin, ce qui n’avait encore jamais été fait. Pour chaque plante présentée, l’ouvrage inclut un ensemble de données. Comment celles-ci seront-elles présentées afin que tout le monde puisse y avoir accès, alors que plusieurs pays et langues nationales sont concernés? L’ouvrage est composé de fiches présentant les données de façon très graphique, donc compréhensible indépendamment de la langue du lecteur. En dehors du nom des plantes en latin et dans les langues nationales des différents pays concernés, les informations sont proposées sous forme de diagrammes et de pictogrammes (symboles). Cela nous permet de faire une seule édition, qui comportera toutefois trois versions de l’introduction, respectivement en français, en allemand et en italien. Concernant la morphologie, chaque plante est illustrée d’une grande photo en couleurs. Nous nous réjouissons beaucoup de découvrir cet ouvrage magnifique et d’en savoir plus. Merci David Aeschimann! Les Aiguilles du Tour, vues des lacs de Chéserys (21 septembre 2003) – Photo: D. Aeschimann LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 11 le temps qui PASSE ... Ainsi traversons-nous la campagne Le 26 septembre 2004 aura lieu la commémoration du déménagement du jardin : une occasion d’évoquer à la fois son passé, l’an 1904, et le futur ! Entretien par Magali Stitelmann avec Raymond Tripod, chef jardinier Raymond Tripod, vous êtes chef-jardinier depuis 1985. Vous devez vraiment avoir une vision d’ensemble du Jardin botanique? (caquetages de canards et poules en arrière-plan) Oui, en effet, car au fil des années, avec les projets élaborés pour restaurer, renouveler le jardin et surtout reconstruire les serres, la Maison des Jardiniers et les infrastructures générales, mon activité m’a donné une vision globale de l’espace et du jardin en général. Avec mes collègues, nous avons eu le privilège de pouvoir y participer. Moi-même, avec les années d’activités passées sur le terrain, j’y ai trouvé un réel intérêt. Nous avons eu la possibilité de construire notre outil pour l’avenir. Le 26 septembre 2004 aura lieu la commémoration du déménagement du Jardin. À l’époque, est-ce que le Jardin botanique travaillait déjà de pair avec le Conservatoire botanique sur un axe de systématique? D’après ce qu’on lit, le Jardin était associé aux collections scientifiques du Conservatoire. Les collections vivantes étaient présentées bien différemment, pour ce qui est des plantes médicinales Aujourd’hui, les collections vivantes sont présentées de façon plus paysagères qu’autrefois et utilitaires. Aujourd’hui, elles le sont de façon plus paysagère, mieux illustrée, et plus intéressante qu’autrefois. Au fil des décennies, les collections se sont agrandies. Dans un sens, elles ont évolué parce que plus de moyens leur ont été attribués, qui ont été exploités pour la satisfaction du public. Et si l’on va fêter ce 100e anniversaire, c’est que l’institution a toujours été considérée comme une nécessité publique. Elle a toujours été utile, soutenue et développée. La tradition botanique genevoise n’y est d’ailleurs pas étrangère. Ce 100e sera certainement une grande fête! Dans le cadre des préparatifs, on parle de différentes mises en valeur et animations. Comment voyez-vous ce projet? Montrer ce que l’on fait est une opportunité, en particulier celle de dévoiler au public la face cachée de notre institution municipale, et tout ce qui s’y passe. Nous souhaitons montrer que nous sommes attentifs à tous les problèmes environnementaux, et puis qu’au fil des années, nous nous sommes vraiment orientés vers des projets de conservation plutôt que de nous évertuer à rassembler des collections exhaustives. Chacun aura à cœur de présenter au mieux son secteur, parmi les choix qui ont été faits, et de mettre en valeur le résultat de son travail. En fêtant cet anniversaire en 2004, on évoque à la fois le passé, l’an 1904, et le futur! Comment projetezvous le Jardin dans le futur? Je suis persuadé qu’à l’avenir, il jouira toujours de sa notoriété et comptera de nombreux visiteurs. Il est souhaitable que le Jardin botanique reste un «fleuron» bien présenté, ouvert au public, animé, et surtout un Jardin où les jeunes, les animateurs, et les enseignants ont envie de venir. Ceux-ci nous amènent régulièrement la jeune génération qui prend connaissance de ce lieu et qui le laissera très probablement durant quelques années de côté, pour revenir plus tard. Souvenirs... Durant les hivers des années 60 à début 70, je me souviens que l’on ne voyait pour ainsi dire personne dans le parc, malgré le bus qui arrivait au coin du jardin! Il n’était pas suffisamment connu du grand public. Il était, à l’époque, un peu l’extrémité peu fréquentée des promenades de pourtour de la rade. C’est avec le Prof. Bocquet que l’ouverture de l’institution a démarré. Est-ce que c’est aussi parce que les gens ressentaient moins le besoin de retrouver un peu de nature en ville? Effectivement, je me souviens que dans le cadre de mon apprentissage, nous étions conduits de temps à autre pour une visite des parcs de Genève. Elle commençait par la Plaine de Plainpalais, les Bastions, Le réaménagement du Jardin d’hiver restauré – Juin 1998 le Parc de La Grange, le Parc des EauxVives, le Jardin anglais et les quais! Et dire que lorsque je les traverse maintenant, je ressens la pression urbaine exercée par l’augmentation des espaces bétonnés! Quant au Jardin botanique, la visite relevait de notre propre initiative, à l’occasion de la confection de notre herbier de plantes ligneuses afin d’y placer quelques échantillons en marge du commerce des plantes. La tendance qui prévalait à ce momentlà, n’était pas encore à la conservation et l’Agenda 21! En effet, on pratiquait plutôt la «collectionnite» dans notre jargon de métier, une tendance à rivaliser avec des collections étoffées de plantes très rares sans avoir vraiment dégagé un thème ou fait des choix. On se servait dans les stations sans trop se soucier de l’avenir. Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui des biotopes sont englobés dans des réserves naturelles! Est-ce qu’il y avait des modes? Très marquée a été la période d’engouement à la Rocaille et bon nombre d’aménagements ont été créés dans le canton et en Suisse romande. PAGE 12 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Dans le milieu horticole, le Jardin botanique de Genève est réputé pour ses grandes rocailles vêtues de belles pierres calcaires. Elles sont régulièrement entretenues par des professionnels qui maintiennent ce qui a été le plus grand moment d’une époque. Le Jardin botanique de Genève, patrimoine qu’il s’agit de gérer? ... de sauvegarder et de défendre! Il y a de cela quelques années déjà, notre direction a choisi de s’étendre sur des surfaces n’étant pas propriété de la Ville de Genève, stratégie qui génère forcément un développement qu’il s’agit de gérer. En contrepartie, c’est une ouverture vers une extension future des collections, ainsi que des animations muséologiques et interactives pour le public. Ces surfaces: Penthes (env. 10 hectares), Serres de Pregny (env. 2 hectares), nous ont permis de réaliser l’Exposition nationale Pro Specie Rara en 1996 et Le Domaine de Penthes jouit d’un coup d’œil imprenable sur le Léman et la Haute-Savoie d’organiser la grande manifestation «Cap au Sud» l’an dernier. Qui sait, il y a aussi la campagne Rothschild, à côté du Domaine de Penthes qui jouit d’un coup d’œil imprenable sur notre lac et la Haute-Savoie. Elle sera certainement ouverte un jour à la collectivité, et pourquoi pas aux soins des CJB qui pourraient faire de bonnes propositions. Mais pour cela, il faudrait s’assurer un effectif en personnel adapté à un tel projet. Il faudrait aussi, bien sûr, qu’une volonté politique l’appuie. A une époque, on s’orientait vers un grand jardin des musées, et j’imagine bien qu’une extension en direction du Nord ferait des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève l’un musées les plus étendus du continent. Mais bon cela, c’est du futur... On voit que le Jardin botanique est dynamique et plein de projets, tourné vers son public... En fait, ce sont les plans directeurs qui font avancer les projets. Le professeur Miège, initiateur du 1er plan directeur, a permis le développement de Bot 2 puis du Conservatoire moderne actuel. Enfin, cet essor a engendré le démarrage de Bot 4: construction de nouvelles serres et d’une Maison des jardiniers ainsi que la restauration des aménagements généraux. Ensuite, le plan directeur de 1993 a été réédité, repensé, et c’est dès ce moment que l’orientation a basculé vers des projets de conservation, aussi bien de végétaux que d’animaux. Nous avons maintenant emboîté le pas avec l’Agenda 21. Notre travail consiste à poursuivre dans cette voie. Nous sommes en effet très concernés par les dispositions qui découlent de la conférence de Rio en 1992. Histoire & modernité La transmission du savoir. Contribution au module «Rocailles et plantes alpines» pour jardiniers botanistes – Août 2003 Dire d’avancer dans cette voie signifie demander aussi les ressources humaines nécessaires pour faire fonctionner un jardin qui prend de l’envergure. Il s’agit de conjuguer tout cela et de trouver un bon équilibre entre l’effectif en maind’œuvre et le volume financier. Ce que vous nous avez raconté aujourd’hui illustre bien l’esprit de cette commémoration. Le message du Jardin... Ce Jardin appartient aux citoyens et à leurs enfants. Précieux, il fait partie de notre patrimoine culturel et favorise une indéniable sensibilisation à notre environnement. Quand je vois passer toutes ces classes d’école, au mois de juin, je me dis que c’est un fabuleux potentiel pour le futur! Ils reviendront après avoir grandi, se rappelleront... Un incontournable défrichement pour la construction d’une troisième voie de chemin de fer – Novembre 1998 Il en a été de même pour nous... LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 13 1904 TRANSFERT du Jardin Alpin à son emplacement actuel Le Jardin Alpin a été transféré de 1902 à 1904 à son emplacement actuel. Depuis, l’orientation thématique des collections a beaucoup évolué. Découvrez-en certains aspects à l’occasion du 100 e Entretien par Magali Stitelmann avec Robert Braito, chef de culture L’article consacré aux Rocailles de la Feuille Verte 2000 nous apprend que le Jardin Alpin a été transféré de 1902 à 1904. Depuis, l’orientation thématique des collections présente beaucoup de changements, n’est-ce pas? Oui, c’est vrai, je crois qu’à l’époque, les rocailles étaient travaillées par intérêt paysager et esthétique. Les jardiniers mélangeaient pas mal les plantes d’origines géographiques variées. Les groupes régionaux et géographiques existaient déjà, mais les jardiniers n’hésitaient pas à mettre une plante dans un massif s’ils estimaient qu’elle y était jolie. Nous avons sorti des massifs un bon nombre de plantes géographiquement mal placées, en collaboration avec D. Aeschimann qui a repris les listes. Sans connaissance de leur lieu d’origine, les plantes n’ont qu’une valeur de présentation, sans information ni contenu scientifique Larix decidua Bouton de fleur de mélèze Certains cas étaient évidents: on avait une plante du Japon en haut d’un massif des Alpes Suisses, c’était ridicule... Mais il y avait des cas moins simples. Les jardiniers n’étaient pas non plus à cheval sur la stricte botanique, d’où la présence de cultivars parmi les collections. Depuis quelques années, en tout cas depuis que j’ai repris le secteur, cela a changé radicalement. Donc, pas de plantes horticoles (cultivars) parmi les collections? Tout à fait. Les cultivars ont été éliminés petit à petit des rocailles. Maintenant il en reste quelques-uns parmi les arbres et arbustes, comme certains conifères nains qui sont de belles pièces malgré leur petite taille. On n’ose pas y toucher. Ils ont peut-être 50 ans, voyez! Parmi les herbacées, on a éliminé plusieurs dizaines de cultivars au cours des 10 dernières années. Le travail des Rocailles est donc orienté d’une façon scientifique et en collaboration très étroite avec le Conservatoire! Oui, notamment avec le secteur de Conservation dont nous sommes d’ailleurs partie prenante. En plus, nous nous sommes occupés de la provenance géographique des plantes. Auparavant, on avait beaucoup de plantes dont on ne connaissait pas la provenance, bien que l’espèce fût correctement déterminée. Sans connaissance de leur lieu d’origine, ces plantes n’ont qu’une valeur de présentation, sans information et contenu scientifique. On progresse donc dans plusieurs domaines: la justesse des plantes, la justesse de l’emplacement dans un massif géographique et la provenance connue des plantes. Nettoyage des bassins et réfection des niches PAGE 14 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Histoire & modernité Ci-dessus Cypripedium reginae Sabot de Vénus américain A droite Tecophylea cyanocrocus Plante disparue en nature Tout cela augmente le niveau scientifique de notre travail et la qualité de notre présentation, la collection. Tout comme les collections d’herbiers, les collections vivantes doivent être déterminées, et l’on doit connaître leur lieu de récolte. Un point en haut à gauche sur une étiquette du jardin alpin indique que le nom de l’espèce a été contrôlé, travail généralement réalisé par le conservateur responsable D. Aeschimann. S’il n’y a pas de point sur l’étiquette, c’est le nom d’acquisition de la plante qui y est indiqué, c’est-à-dire le nom sous lequel on a reçu soit la graine, soit la plante vivante. On a contrôlé la détermination d’environ 1/3 des Afin de garder toujours la même souche, nous ne devons multiplier les plantes pointées que par clonage plantes des Rocailles. Cela ne veut pas dire que l’un est faux et l’autre juste. Cela veut seulement dire que l’on est sûr du nom des plantes contrôlées! On essaye aussi d’augmenter le nombre de plantes dont le nom a été contrôlé pour que la collection ait une plus grande valeur scientifique. Après c’est le travail des jardiniers que de multiplier cette plante végétativement pour la conserver! En effet dans le cas de certains genres qui sont sujets à l’hybridation comme les œillets par exemple, il ne faut pas les laisser se resemer sur place. Afin de garder toujours la même souche, nous ne devons multiplier les plantes pointées que par clonage, c’est-à-dire bouture, division ou marcotte. A ce propos: dans le cadre de la commémoration du 100e, le secteur Rocailles a le projet de confier des plantes au public, est-ce que celles-ci seront des espèces particulièrement intéressantes et quels sont les critères ? Il y aura trois emplacements de démonstration: le premier sera les plantes protégées. On a choisi des espèces menacées qu’il nous était facile de multiplier en grande quantité. Il fallait aussi qu’elles soient intéressantes, spectaculaires ou décoratives. Cela a quand même limité le choix. Il faudra voir si l’on parvient à obtenir des quantités suffisantes pour que cela vaille la peine de les mettre en vente. Vous pensez que les intéressés pourront maintenir ces plantes dans leur jardin ? Il faudra que le public écoute un peu nos conseils. Nous réaliserons et vendrons des fiches expliquant dans les grandes lignes les soins à offrir à ces plantes, il faudra discuter avec le public... C’est une façon de sensibiliser le public à votre travail? Tout à fait. On aura également d’autres plantes intéressantes du monde entier. Par exemple, Frédéric Bieri, un de nos jardiniers, est en train de multiplier la dionée. C’est la seule qui possède ce système de fermeture à charnière et la plus spectaculaire de toutes les plantes insectivores! On va également essayer de proposer des Metasequoia. Il s’agit d’un arbre qui se trouve près de la cabane des Rocailles. Connue uniquement en tant que fossile jusque dans les années 1940, l’espèce a été alors découverte vivante dans une vallée en Chine! La graine en a été récoltée au cours d’une seconde expédition. Nous avons dans le Jardin des Metasequoia provenant de ces graines (de la première récolte faite dans l’histoire de l’humanité pour cette espèce!) et ils se re-sèment spontanément dans les Rocailles. C’est un très joli arbre encore très peu et mal connu. Là aussi, il sera très intéressant de fournir la fiche explicative avec la plante! Le Jardin botanique de Genève entretient d’autres jardins alpins. Que pensez-vous du travail en réseau des jardins botaniques? Le travail en réseau est important. Pour nous, jardiniers, c’est intéressant, stimulant et motivant. Vos perspectives pour le secteur? La ligne de conduite est de maintenir la collection joliment présentée pour le public, de plus en plus juste scientifiquement, avec un étiquetage à jour. Dans un second temps, il s’agira de l’augmenter. Parrallèlement, nous voulons satisfaire les botanistes attachés à la conservation, pour avoir plus de plantes rares intégrées à la collection. En effet, les plantes se plaisent souvent moins bien en couche. Alors, l’intégration des plantes rares aux collections permet de rationaliser notre travail de multiplication. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 15 2003 ANNÉE blanche pour l’herbier de phanérogamie Le secteur herbier optimise le service aux utilisateurs et modernise ses outils de gestion. Un regard vers l’avenir entre code barres et «année blanche». Entretien par Magali Stitelmann avec Fernand Jacquemoud, conservateur En 2003, sur le site Internet des Conservatoire et Jardin botaniques, apparut en rouge: «communication importante concernant l’herbier», qu’en est-il? En raison de l’accumulation d’un important retard – pour des raisons d’effectif – dans l’envoi et surtout dans le reclassement des prêts de phanérogamie (plantes à fleurs), nous avons dû imposer la fermeture de l’herbier pour l’année 2003 en ce qui concerne le service des prêts et l’accueil des visiteurs scientifiques, dont le nombre n’a cessé de croître ces dernières années. Les conséquences de cette décision sont assez lourdes puisqu’on a privé des botanistes de l’accès à notre collection, que ce soit pour des travaux de révision ou liés à l’établissement de flores. Néanmoins, nous avons fait quelques exceptions pour garantir la continuité des projets de la maison, notamment «Flora del Paraguay». temps escompté. En effet, pour la gestion des échantillons, l’introduction de codes barre liés aux planches d’herbiers devrait représenter un progrès certain et faciliter le travail d’inventaire. Le procédé manuel de numérotation des planches pour l’inventaire des prêts va donc disparaître. Quels sont les objectifs de ces améliorations techniques? Le suivi du transit des échantillons sera plus facile grâce à la simplification des procédures. La compatibilité entre bases de données scientifiques et gestion des herbiers apportera aussi quelques aventages. Par exemple, lors de l’établissement d’un inventaire de prêt, les échantillons qui auront déjà été saisis par l’équipe de la Flore du Paraguay pour ses propres besoins n’auront pas à l’être une seconde fois. Au moment de la confection de l’inven- Cette «année blanche» permettra-telle une meilleure exploitation de ce patrimoine vivant qu’est l’herbier? Elle a permis à l’équipe technique de résorber le retard, avec une appréciable contribution de nombreux scientifiques de la maison qui ont ainsi eu l’occasion de se frotter aux problèmes de l’herbier. Ce moratoire a également permis la mise à jour de tout le système de gestion informatique et de nos bases de données pour la gestion des prêts (pièces administratives, inventaires, etc.). De plus, ce système a été totalement refondu. Nous sommes passé d’un système de gestion assez lourd et archaïque à un autre beaucoup plus souple. Nous pourrons suivre les prêts, émettre des rappels quasiment en temps réel. Les premiers tests ont été effectués en octobre 2003. De plus, ce système de gestion est entièrement compatible avec les bases de données des projets scientifiques. Pour les utilisateurs de l’herbier, ce nouveau système de gestion représente-t-il un avantage? Pour l’utilisateur extérieur, nous pourrons être plus disponibles, du moins nous l’espérons, grâce au gain de En haut et au centre Une des particularités des herbiers de Genève est l’utilisation d’épingles pour fixer les étiquettes et les bandes de bristol portant les échantillons En bas Dispositif de triage du matériel récemment acquis destiné à être intégré à la collection taire du prêt, il suffira de cliquer sur les codes barre pour enregistrer l’information en question. Quant aux types nomenclaturaux, – qui constituent, répétons-le – une des principales richesses de nos collections, ils seront saisis de façon très précise: nous devons pouvoir répondre à des questions à leur sujet et les localiser sans équivoque, dans le cas où ils seraient en prêt à l’extérieur. Année blanche, année de mise en valeur des collections? Oui, indépendamment de toutes les opérations techniques de gestion évoquées, et pour lesquelles nos collègues de l’équipe informatique ont fourni un effort considérable, nous avons également pu profiter de cette année pour mettre de l’ordre dans la collection, établir l’inventaire des herbiers séparés au niveau générique. Ainsi pour de grands herbiers, comme l’herbier Barbey-Boissier, l’herbier Boissier et l’herbier Reuter, qui appartiennent à la collection générale mais n’y sont pas encore totalement inclus en raison d’un format différent, nous disposions jusqu’alors d’un catalogue manuscrit; il a maintenant pu être saisi et mis à jour sur support électronique. Cette opération représente un apport considérable pour la gestion et l’accès à ces collections. Un autre des grands chantiers de cette année a consisté à inventorier les genres et les espèces présents dans l’herbier Huber-Morath de Turquie, un parmi les plus importants au monde pour la flore de ce pays. Celui-ci était jusqu’alors inaccessible, étant stocké dans des boîtes non inventoriées, dans lesquelles le matériel n’est pas monté. De plus, tous les types de cet herbier, et ils sont nombreux, ont été extraits, montés, et enregistrés dans une base de données. Inutile de dire que nous sommes particulièrement heureux de cette réalisation. Le Proche-Orient est une région d’excellence des CJB, en raison de la présence chez nous des herbiers de la Flore d’Orient de Boissier Le Proche -Orient est une région d’excellence des Conservatoires et Jardin botaniques de Genève et d’un certain nombre d’autres herbiers qui ont abouti à Genève du fait de la tradition instaurée par Boissier. Je fais allusion à sa «Flora Orientalis» qui couvre, rappelons-le, un vaste territoire de la Grèce à l’Indus. Ces herbiers sont notamment l’herbier Rechinger pour l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan; l’herbier Huber-Morath déjà évoqué, l’herbier Mouterde comprenant des plantes du Liban et de Syrie, pour ne parler que des plus importants. PAGE 16 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Histoire & modernité Le travail de montage est une opération fondamentale de la confection d’un herbier PERSPECTVES Pour en revenir à notre année blanche, il faut souligner l’apparition d’un phénomène nouveau: le nombre croissant de demandes de photos de planches d’herbiers qui nous sont adressées. Nous espérons qu’avec la reprise des prêts, ce nombre va diminuer. Néanmoins, il est aussi impératif de réduire le volume des échantillons physiquement prêtés, tant pour préserver la collection, qu'en raison des frais d’envoi. Si nous limitons cet accès au patrimoine scientifique qu’est l’herbier, il faut trouver un autre moyen de répondre aux attentes légitimes de la communauté botanique, par exemple, par la mise en œuvre d'une base de données illustrée des types. La consultation des bases de données prend une importance croissante dans le travail des techniciens d’herbiers LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 17 HERBIER et gestion de l’environnement Entretien par Magali Stitelmann avec Fernand Jacquemoud, conservateur Avec ses quelques 5 500 000 échantillons, l'herbier des CJBG est un des plus importants au monde. Mais au fait, quel est le lien entre la consultation d’herbier et la gestion de l’environnement? Que font les personnes qui consultent l’herbier? Quel est le lien entre la consultation d’herbier et la gestion de l’environnement? Que font les personnes qui consultent l’herbier? Rappelons ce qu’est un herbier: une collection de plantes pressées et séchées, munies d’une étiquette portant des informations sans lesquelles l’échantillon est inutilisable. Les plus importantes sont le nom de la plante, le lieu et la date de récolte, puis le nom du collecteur et le numéro de récolte. Les données sur le milieu, le type de sol, sont appréciables, mais moins capitales que les notations concernant des caractères non visibles sur l’échantillon (taille d’un arbre, par exemple), ou qui, comme la couleur des pétales, peuvent changer lors de la dessication. L’identification des spécimens non déterminés est d’autant plus aisée qu’ils sont complets et pourvus d’une étiquette bien libellée. Les échantillons d’herbier sont utilisés principalement de deux façons. D’une part pour réaliser des études de systématique: établir des révisions portant sur un groupe d’espèces, une partie ou la totalité d’un genre, etc. La personne qui entreprend une révision fixe les standards de conception d’un genre et de ses espèces, et en clarifie la nomenclature, en précise la position systématique et l’extension géographique. Les cartes de répartition sont établies grâce aux indications figurant sur les étiquettes, et aussi, le cas échéant, par des observations de terrain. Une autre utilisation classique de l’herbier est la production de flores. Une flore recense, décrit et caractérise les espèces d’une région donnée, par exemple un canton, une province, un pays, voire un continent dans le cas de «Flora Europaea». Un tel ouvrage présente les plantes avec des clés de détermination qui permettent de les identifier, le plus souvent, illustrations à l’appui. De nombreuses flores ainsi que des révisions s’appuient aussi sur la citation de planches d’herbier. Si je prends l’exemple de la «Flore du Paraguay», les spécialistes et les personnes de la maison qui y tra- vaillent utilisent beaucoup l’herbier Hassler. Emile Hassler a récolté de très nombreux échantillons qui nous sont parvenus par diverses voies. C’est en raison de la présence de cet herbier et de l’herbier Chodat que les CJB se sont lancés dans le projet de la Flore du Paraguay. Comment se situe l’exploitation des données de l’herbier dans les travaux de préservation de la biodiversité? Je vous ai parlé de flores et d’études systématiques. Ce sont les applications premières de la démarche botanique. Elles permettent d’aller sur le terrain et de se livrer à des activités de botanique appliquée. Une flore peut être utilisée par des agronomes, des forestiers ou des personnes qui étudient la phytosociologie (détermination d’unités de végétation). Sachant que les plantes sont des éléments intégrateurs d’un certain nombre de facteurs de milieu (sol, exposition, quantité de lumière reçue, température, et différents facteurs écologiques), les associations végétales ou autres unités de végétation peuvent servir d’indicateurs déterminants pour l’aménagement du territoire, et partant, pour certains aspects de la gestion des problèmes de biodiversité. Les questions de biodiversité sont un volet de plus en plus important de l’utilisation des herbiers. La préservation de la nature implique une connaissance indispensable de la végétation et des associations végétales, de leur importance et rareté relatives. L’herbier peut également nous renseigner sur la présence ou l’absence d’une espèce donnée sur un territoire étudié, ceci pour une période historique de deux à trois siècles. En d’autres termes, on peut y suivre l’histoire récente de la flore d’une région, celle de Genève, par exemple. On pourra constater la régression de certaines espèces jadis fréquentes dans ce qui est maintenant l’enceinte de la ville, d’autres survivre au cœur même de la cité, et d’autres encore, venues de loin, encore venir s’y implanter. Carte de répartition et planche d’herbier de Camelina alyssum Petit crucifère quasiment disparu du territoire suisse; les mentions H symbolisent les localités disparues connues grâce aux échantillons d’herbier (source: Atlas Welten & Sutter – 1982) HERBIERS ET BIODIVERSITÉ En termes de biodiversité, l’herbier est donc une source de documentation de plus en plus sollicitée. Par exemple, pour le recensement de la flore de la Suisse (1960-70) qui a débouché sur la parution d’un Atlas de répartition des plantes vasculaires de Suisse (Welten & Sutter), certaines cartes de répartition ont été réalisées par la consultation des herbiers. Après l’opération de recensement, il est apparu que certaines plantes qui sont conservées en herbier avaient presque totalement disparu du Plateau Suisse. A contrario, certaines informations recueillies dans l'herbier contribuent à une meilleure connaissance de certaines espèces rares, parfois à la découverte de stations que l'on croyait disparues et à la prise de mesures de protection appropriées. L'herbier est donc très utilisé lors de l'établissement des listes rouges d'espèces protégées ou menacées, tant au niveau cantonal que national, ou au-delà de nos frontières. Ainsi, les auteurs de l’«Atlas des plantes rares ou protégées de Franche-Comté» sont-ils venus à plusieurs reprises consulter nos collections. PAGE 18 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Trésors cachés de la bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques Dans le cadre des préparatifs pour la commémoration du transfert du Jardin botanique des Bastions à la Parcelle Revillod, on redécouvre les fonds iconographiques «cachés» Bonjour Patrick Perret. Dans le cadre des préparatifs pour la commémoration du transfert du Jardin botanique des Bastions à la Parcelle Revillod, il a été fait mention des fonds iconographiques «cachés» de la Bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques. En tant que conservateur de celle-ci, que pouvez-vous nous dire à ce sujet? Une première chose: il est intéressant de constater qu’une opportunité, la commémoration en 2004 du déménagement du Jardin des Bastions à sa position actuelle, permette de redécouvrir des trésors auxquels on ne pense pas à priori. C’est ainsi que si l’on évoque le type d'illustrations que l’on peut trouver dans notre bibliothèque, on pense évidemment en premier lieu aux imprimés. Mais pour illustrer un fait historique, on va s'intéresser à d'autres supports : les photographies. Et là il suffit de commencer à tirer un fil pour voir apparaître toute une série de choses extraordinaires. Notre démarche a consisté à rechercher des traces photographiques de la situation du Jardin botanique aux Bastions aux environs de 1904, et, si possible, d’illustrer le transfert lui-même ainsi que l'installation à l'emplacement actuel. Ça, c’était le point de départ. Nous avons commencé à nous interroger sur l’existence de tels documents, en mobilisant les ressources maison, ainsi que les souvenirs des uns et des autres. En particulier, les plus On ouvre des tiroirs, des caisses déposées dans les archives, et l’on découvre des trésors insoupçonnés anciens pouvaient avoir des informations reçues d’encore plus anciens qu’eux, l’idée étant de tenter de remonter à des personnes ayant connu cette période. Comme je l’ai dit, une fois que l’on a commencé ce genre de recherche, les surprises ne manquent pas. On ouvre un certain nombre de tiroirs, puis des caisses déposées dans les archives, et l’on découvre des trésors insoupçonnés. C’est ainsi que nous avons pu mettre en évidence d’autres photographies anciennes, datant en gros des années 1910 – 1930, qui provenaient de collaborateurs du Jardin botanique et qui illustraient des expéditions proches et lointaines faites par les chercheurs des CJB. (cf. page 4) Par exemple, nous avons mis à jour des photographies du Prof. John Briquet, qui était notre directeur jusqu’en 1931, et qui a beaucoup travaillé sur les Alpes-Maritimes et sur la Corse (il est l’initiateur de la Flore de Corse que nous sommes en train d’achever de publier aux CJB). Ces photos montrent ses différentes expéditions et illustrent son travail de terrain. Elles sont à rapprocher de celles que le Docteur Daniel Jeanmonod, qui s’occupe actuellement du projet «Flore de Corse», ramène de ses propres expéditions. Un autre exemple: les collections photographiques d’Emile Hassler. Ce médecin suisse installé au Paraguay est à l’origine des herbiers paraguayens déposés à Genève, points de départ de nos travaux sur ce pays et de l'édition de la Flore du Paraguay. Lorenzo Ramella, responsable de ce projet, a déjà pu utiliser une série de ces photographies pour l’exposition sur les collections d'Hassler qui a eu lieu en 2002 au Musée d’Histoire des Sciences. Je cite ces deux cas, car ils sont assez représentatifs de nos collections photographiques constituées au fil du temps. On en avait un peu perdu la trace, ou l’on ne connaissait que la version imprimée de quelques-unes d'entre elles. Cette manne iconographique était négligée. Qu’est-il envisagé de faire avec ces documents «trésors», d’une part dans le cadre de la commémoration du transfert, et d’autre part d’une façon plus générale ? Je parlerai d’une façon générale. En tant que conservateur de cette collection, de cette bibliothèque et des archives qui y sont rattachées, je m'intéresse ainsi que les collaborateurs de la bibliothèque, à rendre ces objets accessibles et à les traiter de manière moderne, à savoir d’en faire le catalogage, ce qui peut être utile en interne bien qu’aussi en externe. Nous avons pour ce faire toute une série d’outils informatisés. Il s’agit également d’en assurer la conservation physique à long terme, d'éviter que les supports ne s’altèrent et que l’on perde des informations. Dans le cadre précis de l’illustration du déplacement du Jardin botanique, les documents photographiques que nous avons pu ressortir seront intégrés aux résultats des autres recherches que nous avons menées en collaboration avec le Secteur des Relations Publiques, de manière à trouver dans la République tout ce qui pouvait répondre à la question initiale: illustrer l’ancien et le nouveau jardin, son installation sur le site actuel. Alors il s’agira d’examiner ces documents les uns après les autres et de conserver les plus intéressants. Nous menons également des recherches complémentaires dans d’autres services de la Ville de Genève, en particulier le centre d’iconographie Entretien par Magali Stitelmann avec Patrick Perret, conservateur Histoire & modernité Fonds ICONOGRAPHIQUES genevoise. Nous devrons peut-être élargir nos recherches à d’autres services de l’Etat qui pourraient détenir des documents susceptibles de nous intéresser ; je pense au service de l’aménagement, du cadastre et autres. Cela nous permettra de nous faire une idée aussi précise que possible du nombre d'images existant sur le Jardin botanique du temps des Bastions ainsi que sur son déménagement sur le site actuel. Nous choisirons ensuite celles qui sont pertinentes pour une présentation didactique, voire pour une publication, afin de les mettre à disposition de nos publics. En 1904, la bibliothèque existe-t-elle déjà? Oui, mais elle existe sous une forme très différente de celle que l’on connaît aujourd'hui car, à cette époque, elle ne représente que la bibliothèque du Conservatoire botanique. C’est un bâtiment qui se trouve aux Bastions, à côté du jardin, et qui est relativement petit. Ce Conservatoire botanique a été fondé en 1824, après le Jardin en 1817. Durant tout le 19e siècle, les grandes collections des familles Candolle, Boissier, ou de personnalités comme Burnat et Chodat, sont en mains privées ou pour le Prof. Chodat, à l’Université. Ce n’est que durant le 20e siècle qu’elles seront rassemblées aux CJBG, musée municipal, en vertu d’un accord signé entre l’Etat (l’Université) et la Ville de Genève (les CJBG) afin que tout le patrimoine botanique genevois soit rassemblé en un même lieu. En 1904, la bibliothèque est donc réduite. Briquet dont j’ai parlé tout à l’heure, directeur depuis 1896, se plaint justement de son état lacunaire. Toujours en 1904, pour travailler en botanique à Genève, il faut aller chez les Candolle, cour de Saint-Pierre, et consulter la bibliothèque familiale qui, elle, est quasiment complète pour la botanique. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 19 code BARRE à la bibliothèque La bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB) est une grande collection historique, unique en Europe continentale dans sa spécialité. Le suivi des acquisitions permet de la maintenir à jour Entretien par Magali Stitelmann avec Pierre Boillat, bibliothécaire Quelles sont les techniques mises en œuvre pour la gestion de cette collection et pour en permettre l’accès aux publics? La bibliothèque des CJB fait partie du réseau des bibliothèques de Suisse occidentale (RERO). Virtua, un logiciel choisi par RERO, permet tant aux utilisateurs qu’au personnel de gérer de façon efficace l’ensemble des opérations de la bibliothèque. Un peu d’histoire: l’informatisation remonte à l’automne 1984 avec la mise en place de SIBIL (Système intégré des bibliothèques lausannoises, conçu par l’Université de Lausanne pour la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, à Dorigny). SIBIL avait le côté très archaïque des anciens logiciels peu intuitifs. Installé en 1997, VTLS (Virginia Tech Library System) offre un aspect plus convivial aux utilisateurs grâce à une interface Windows. En juillet 2002, la nouvelle version de VTLS, Virtua, a été mise en service, apportant quelques nouveautés. Par exemple, l’utilisateur a accès à son compte de prêt. Il lui suffit Pour l’utilisateur de la bibliothèque, il sera bientôt possible de prolonger soi-même le prêt de documents pour cela de se rendre sur la page d’accueil du catalogue des bibliothèques de la Ville de Genève (REVIL) et de saisir son numéro de carte de lecteur ainsi que son mot de passe (qu’il peut nous demander s’il ne le connaît pas, sous dossier lecteur). Une fois l’accès autorisé, il peut prendre connaissance des documents empruntés, de la ou les dates d’échéances de ses prêts ou réserver des ouvrages. Il sera même bientôt possible de prolonger soi-même le prêt de documents. Jusqu’en 2002, un système informatisé pour l’ensemble de la Suisse (ILL 99 pour Inter Library Loan) permettait aux bibliothécaires de faire les demandes de façon très aisée. Quand ce système a été abandonné parce que sa maintenance coûtait trop cher, RERO a décidé de reprendre un système informatisé pour la Suisse romande uniquement. Il s’agit d’ILLRERO, qui est un peu similaire au précédent, avec cependant un avantage de poids pour le public. Grâce à ce nouveau système, l’utilisateur demande directement ses documents via Internet (numéro de la carte de lecteur, mot de passe) à sa bibliothèque d’attache. Les bibliothécaires traitent ensuite les demandes selon la procédure suivante. Ils vérifient les références et, si le document n’est pas disponible dans leur institution, transmettent électroniquement la demande à la bibliothèque qui le possède. Il convient de préciser que, pour le moment, la bibliothèque n’accepte pas de demande de prêt inter bibliothèques pour les utilisateurs externes aux CJB. L’informatique a véritablement révolutionné la vie des bibliothèques! Bien sûr. L’important pour les lecteurs, nous l’espérons du moins, c’est l’informatisation du prêt. Le catalogue était informatisé depuis fin 1984, mais le prêt à domicile correspondait encore à un système papier. Les références de chaque livre emprunté étaient donc saisies manuellement: prendre le livre, taper le titre dans un traitement de texte, imprimer ce document, le conserver dans un classeur, tamponner son retour. Pour la bibliothèque, c’était une gestion plus lourde, notamment pour les rappels! Aujourd’hui, le système de prêt fonctionne comme une base de données, équipée d’un programme qui génère automatiquement des lettres de rappel en fonction des échéances de retour. Grâce au code barre que l’on colle sur chaque livre, le prêt est immédiat avec une carte de lecteur. Le code des documents et celui de la carte de lecteur sont lus par la «douchette» qui enregistre les informations dans le système de prêt informatisé. L’informatisation du prêt a également permis d’uniformiser les cartes de lecteurs pour toute la Suisse. Les lecteurs peuvent dès lors accéder à un large choix de bibliothèques avec une seule carte standardisée. Les cinq premiers chiffres de la carte correspondent à une institution documentaire. Les lecteurs ont ainsi la possibilité d’emprunter des ouvrages dans plus de 600 bibliothèques suisses, principalement les grandes bibliothèques cantonales et universitaires. C’est le réseau BibliOpass. Grâce à ce système, l’utilisateur évite des frais d’inscription, même s’il faut encore remplir une fiche d’inscription dans chaque bibliothèque. Ce réseau est très vivant. L’Université de Genève y est entrée début mai 2003! Pour nous aussi, la carte unique facilite grandement le travail. Comme beaucoup d’étudiants viennent consulter la collection, nous récupérons leur carte de l’Université pour l’emprunt aux CJB, alors qu’auparavant nous devions en établir une nouvelle. Quelles sont les possibilités offertes par RERO? Grâce au réseau, nous travaillons en commun. Par exemple, un document acheté en plusieurs exemplaires au sein du réseau n’est catalogué qu’une seule fois. Il suffit de récupérer sa notice dans le système. Cependant, la bibliothèque des CJB étant très spécialisée, nous bénéficions peu de cet avantage, car nous sommes les seuls du réseau à posséder la plupart des documents de notre collection. RERO bénéficie principalement aux utilisateurs. Ce réseau leur offre accès à un nombre important de documents (6 millions de documents pour 3 millions de titres différents) dans toute la Suisse romande. Les livres qui sont disponibles dans une autre localité peuvent être obtenus par prêt inter bibliothèques. Parlez-nous encore de ce système de prêt Le système actuel du prêt inter bibliothèques permet même à l’utilisateur de faire ses demandes indépendamment de l’horaire de la bibliothèque! PAGE 20 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 ces PLANTES qui nous entourent Entretien par Magali Stitelmann avec Catherine Lambelet, conservatrice Protégées, néophytes, rares, envahissantes : ces plantes qui nous entourent. Le thème des espèces envahissantes fait l’objet de nombreuses expositions, et pour cause ! Voici des actualités sur cette problématique à Genève, en direct du secteur Conservation des CJBG. équipe d’allergologues, notre sous-directeur, P.-A. Loizeau, est à l’origine du groupe Ambrosia (Feuille Verte 2003, p.14). Aujourd’hui, le secteur Conservation des CJB fait le lien avec les scientifiques et acteurs de la question des néophytes en Suisse. De plus, notre institut collabore avec le Musée du Léman, Nyon pour l’exposition «Envahisseurs?» qui sera à Genève dès mai 2004. Votre spécialité de base est la malherbologie et vous êtes conservatrice au sein du secteur Conservation depuis l’été 2000. Comment cette première approche vous a-t-elle menée à la question des plantes néophytes? La problématique des plantes néophytes surgit dans le contexte de la protection des espèces parce que des problèmes de gestion se posent dans certains milieux. Dans les réserves naturelles, par exemple, des néophytes envahissent parfois le milieu et les espèces que l’on veut protéger. Quelle est la place occupée par la question des néophytes aux Conservatoire et Jardin botaniques? Au sein des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB) nous avons plusieurs personnes de référence, dont D. Jeanmonod qui s’est toujours beaucoup intéressé à cette question. Notre institut a fait beaucoup d’efforts d’organisation, en collaboration avec d’autres institutions à Genève, comme Pro Natura qui s’occupe des réserves naturelles, ou le Service des forêts, de la protection de la nature et du paysage (SFPNP). Avec une Dans quel sens les efforts sont-ils réalisés? Création de réseaux…? D’abord au niveau national, la Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS) a favorisé la formation d’un groupe de travail qui est soutenu par l’Office Fédéral de l’Environnement, des Forêts et du Paysage (OFEFP). Ce groupe, qui réunit des institutions et des universités, est en voie de créer une structure nationale et devrait rendre ses conclusions sur la situation actuelle vers la fin 2003. A Genève, un groupe de travail s’est constitué: le GAPE (groupe d’action contre les plantes envahissantes). Ses membres se réunissent de façon informelle pour échanger des informations et organiser des actions de lutte. Le Groupe d’Action contre les Plantes Envahissantes s’est constitué pour organiser la lutte Dans le cadre du groupe de travail de la CPS, une enquête est menée par le Centre du Réseau Suisse de Floristique (CRSF) pour obtenir des cartes actualisées de répartition des plantes néophytes. En effet, les plantes progressent très vite. Des fiches d’information ont également été créées pour chaque espèce de la Liste noire, ces néophytes dont les effets négatifs sur l’environnement sont démontrés et posant des problèmes du point de vue de la protection de la nature. Ces fiches présentent des informations vulgarisées et ponctuelles pour le grand public, ainsi que des cartes actualisées de répartition grâce à Conservation, envahisseurs Protégées, néophytes, rares, envahissantes, l’enquête dont nous avons parlé. Elles seront disponibles sur le site de la CPS (www.cps-skew.ch). D’autres fiches d’information sur les plantes néophytes se trouvent sur notre site: www.ville-ge.ch/cjb/ sous «conservation». Comment sont exprimées les valeurs de ces cartes de répartition? Sur un maillage correspondant à celui des cartes suisses (4 x 4 km), l’indication de présence actuelle ou historique de chaque espèce met en évidence les zones touchées et celles qui ne le sont pas encore FIG1. Ces cartes reflètent l’état actuel des connaissances et ne sont pas nécessairement exhaustives. C’est pourquoi le CRSF continue à collecter toute donnée sur la répartition des néophytes. Le groupe de travail est toujours reconnaissant de recevoir des informations complémentaires (www.cpsskew.ch/français/info_plantes_envahissantes.ht Les cartes de répartition reflètent l’état actuel des connaissances m). Parlons de quelques-unes de ces plantes. En ce qui concerne la question de l’ambroisie à Genève (Feuille Verte 2003, p.14), est-ce que le groupe Ambrosia a observé une progression de l’envahissement? Nous avons poursuivi notre action préventive. Rappelons que l’ambroisie est surtout un problème d’envahissement de l’espace Rappelons que l’ambroisie est surtout un problème de santé publique cultivé et de santé publique. Cette année, notre diplômante Aline Maurer a visité toutes les stations connues ainsi que leurs abords pour faire un état des lieux et arracher la plante si possible. L’année dernière, pour lutter contre cette LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 21 Figure 1 Carte de la répartition actuelle connue de Senecio inaequidens DC (Séneçon du Cap ou sud-africain). Les symboles figurent dans un maillage de 4 X 4 km (20 X 20 km pour les grands carrés), le point d’origine du système des coordonnées suisses se trouve à Berne (x 600 / y 200) plante sur les stations connues, l’ambroisie avait déjà été si possible arrachée. Mais comme il s’agit d’une espèce annuelle dont les graines restent plusieurs années dans le sol, les plantes germent chaque année, ce qui exige une surveillance constante. De plus, A. Maurer et une collaboratrice du Service de l’Agriculture ont prospecté un tiers des champs de tournesol du canton, ceux-ci étant révélateurs de la présence d’ambroisie. En effet, ces deux plantes appartenant à la même famille botanique (celle des composées), l’ambroisie tout comme le tournesol sont épargnés par l’herbicide sélectif utilisé dans les cultures de ce dernier. L’ambroisie qui pousse hors des champs de tournesols est quant à elle souvent éliminée par des herbicides qui n’épargnent pas les composées, donc on ne peut pas observer sa présence. Les résultats de cette enquête sur le terrain permettent de voir qu’il n’y a en tout cas pas de récession de l’espèce. Dans certains champs connus, l’ambroisie est un peu mieux contrôlée, mais elle est toujours là. On a trouvé cinq ou six nouvelles stations, ce qui laisse supposer que l’expansion continue. Qu’en est-il de la quantité de pollen d’ambroisie dans l’air : a-t-elle progressé? Nous continuons à prendre des mesures, et il faut avouer que la quantité de pollen a plutôt augmenté en 2003. Pour ces mesures, deux capteurs sont placés sur les deux Hôpitaux de Genève, et d’autres le sont pour la troisième année consécutive sur les toits de volontaires du groupe Ambrosia, dans trois points bien différents du canton. Si la quantité de pollen est en progression constante ces dernières années, elle peut néanmoins augmenter ou diminuer d’une année à l’autre. Reste à savoir si le pollen produit localement est présent et en quelle quantité. En effet, il peut également s’agir de pollen en suspension provenant d’autres localités. Globalement, la quantité de pollen produit par des plantes d’ambroisie à Genève est encore trop faible pour qu’il soit détecté facilement par les capteurs. Cependant, certains capteurs sont situés près de champs très infestés et lorsque le vent souffle dans leur direction, on peut observer, certains matins, des pics de pollen qui correspondent à une production de pollen de plantes sur le territoire genevois. Le seuil de tolérance de cinq grains de pollen par m 3 est atteint environ deux semaines par an. Les autorités ont-elles pu répondre à l’alerte que le groupe Ambrosia a donnée dans les différents domaines concernés? A Genève, elles ont répondu en officialisant notre groupe, qui va être un peu élargi. Le Conseil d’Etat nous a officiellement demandé un rapport avec des recommandations pour fin 2003. Le diplôme d’A. Maurer fournira des informations résumant plus de trois années de captage de pollen et une carte de répartition des foyers d’ambroisie. Ce sont des éléments solides à verser au dossier. Les recommandations pourront-elles être utilisées par le Conseil d’Etat tant dans le domaine de la santé publique, que dans le domaine de l’environnement et de l’agriculture? Il est absolument nécessaire de lier tout cela! Pour le moment, du point de vue de la santé, il s’agit de faire de la prévention, en instaurant des tests d’allergie à l’ambroisie chez les patients. Sur le plan agricole, c’est plutôt une surveillance, des arrachages, une lutte contre l’espèce qui se met en place. Il y a aussi d’autres domaines concernés (voirie, chantiers, milieux naturels, bords de rivières). Que pensez-vous de la situation actuelle à Genève sur les néophytes en général? La situation est parfois dramatique, et je pense qu’il va s’avérer difficile d’entreprendre quelque chose. Prenons le cas des renouées (Reynoutria japonica et sachalinensis), du buddléia (Buddleja davidii) et des solidages (Solidago canadensis s.l. et S. gigantea): il s’agit d’espèces qui sont actuellement en phase d’explosion, et ceci se passe ainsi dans toute l’Europe! Nous ne sommes donc pas une exception. Mais il ne faut pas baisser les bras, une lutte ciblée dans les milieux les plus sensibles est nécessaire. Il est encore possible d’intervenir dans le cas d’espèces qui sont à la fin de la phase de latence, comme l’ambroisie, ou qui entament celle de l’extension, comme la berce du Caucase (Heracleum mantegaz- zianum), ou le séneçon du Cap (Senecio inaequidens) FIG 2, qui pénètre sur notre territoire par les axes de la voie ferrée et de l’autoroute. Il n’y a encore qu’une station importante connue à Genève. Dans les cas susmentionnés, si on lutte, on peut encore garder espoir. A Genève, quelles pourraient être les conséquences de l’explosion de ces envahissantes dans les milieux naturels? Les mêmes que dans les pays déjà envahis: on aura de gros problèmes de gestion des bords de cours d’eau (renouées) et des réserves naturelles. Les milieux humides et les prairies maigres peuvent être complètement envahis par les solidages, et si l’on ne fait rien, ces milieux seront remplacés par une monoculture de l’espèce envahissante. En Allemagne, je connais des prairies maigres qui ont été supprimées des inventaires en 20 ans. Nous allons vers une perte de biodiversité, de milieux et d’espèces. A Genève, on constate que la renouée du Japon et celle de Sakhaline sont en train de conquérir les bords de l’Arve. C’est d’autant plus difficile à gérer que l’Arve vient de France. En France, les bords de certains cours d’eau sont envahis de renouées sur plusieurs kilomètres. On peut mentionner d’autres conséquences: en cas de crue, la rive est déstabilisée car elle est minée par les parties souterraines de la plante qui a éliminé les autres espèces. PAGE 22 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Conservation, envahisseurs Figure 2 Senecio inaequidens DC (Séneçon du Cap ou sud-africain) Les risques d’érosion sont très grands. Chaque espèce pose donc des problèmes spécifiques, non seulement en ce qui concerne la biodiversité, mais également d’ordre économique et touristique. La jussie (Ludwigia grandiflora) est apparue à Genève en 2002 dans un étang. Une Le Groupe d’Action contre les Plantes Envahissantes s’est constitué pour organiser la lutte action énergique a été entreprise pour l’éradiquer. Cette plante coûte des centaines de milliers d’Euros chaque année en France! Il s’agit de débarrasser par exemple les étangs des Landes de cette masse végétale pour que les visiteurs et les pêcheurs puissent profiter des plans d’eau pendant leurs vacances! Ces conséquences sont graves, car une fois que la plante est là on ne peut plus s’en débarrasser et il faut vivre avec. Ce domaine d’activité pour le secteur conservation des CJB semble devoir prendre de plus en plus d’ampleur? C’est difficile à dire, mais quand on met le doigt dans cet engrenage-là... Nous allons certainement continuer à travailler sur ces questions qui touchent de nombreux domaines scientifiques et de nombreux acteurs, et qui posent de graves problèmes pour la protection des espèces. D’ailleurs, la Convention sur la Diversité biologique, signée par la Suisse, incite les Etats à lutter contre les plantes envahissantes. Merci Catherine! Votre avis sur l’exposition «Envahisseurs?»? Je trouve que cette exposition est excellente. L’information et de l’éducation sont absolument nécessaires. Avant on disait «les plantes arrivent, repartent, ce n’est pas bien grave...». Aujourd’hui les gens sont beaucoup plus réceptifs à ce type de question. Je l’ai constaté lors de la Nuit de la Science 2003, dans le cadre de notre stand «Envahisseurs?». Nous avons eu la visite de gens qui ont eux-mêmes fait face à des problèmes avec des néophytes et qui se rendent compte qu’il y a peut-être quand même certaines espèces qui sont indésirables. Cela me paraît assez indispensable et très important que le public soit conscient des enjeux. D’ailleurs, on prend partout conscience des problèmes posés par les néophytes et les initiatives, recherches et expositions se multiplient, ce qui est positif. SITES WEB Pro Natura – www.ville-ge.ch/cjb/png/ Service des forêts, de la protection de la nature et du paysage SFPNP – www.geneve.ch/nature/ Office Fédéral de l’Environnement, des Forêts et du Paysage – OFEFP – www.ofefp.ch Centre du Réseau Suisse de Floristique – CRSF – www.crsf.ch Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS) – www.cps-skew.ch Convention sur la Diversité Biologique – www.gisp.org/ et www.biodiv.org/ programmes/cross-cutting/alien/default.asp LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 23 un CONSERVATEUR de la nature et du paysage pour le canton Bertrand Von Arx, conservateur (SFPNP) Malgré son petit territoire (283 km2), le canton de Genève, loin d’être un canton ville, abrite une flore et une faune diversifiées dans une campagne préservée située à quelques minutes de la ville. Cette proximité fort appréciée par les habitants du canton participe à l’attrait de Genève et contribue à sa qualité de vie. Il s’agit de savoir conserver ces atouts. e service cantonal des forêts, de la protection de la nature et du paysage (SFPNP) est l’autorité compétente pour garantir le maintien de ce patrimoine naturel de haute valeur et pour préserver un espace suffisant pour la survie de la faune et la flore sauvages pour le bénéfice de toute la population genevoise. Au sein du SFPNP, les compétences ont été réparties selon les 4 thématiques liées aux dispositions légales fédérales existantes. Concrètement, il existe un inspecteur des forêts responsable d’appliquer les lois sur la forêt, un inspecteur de la faune (loi sur la Faune), un inspecteur de la pêche, poste provisoirement vacant, et un conservateur de la nature et du paysage. naturels et de la flore compagne permet ensuite de prendre le pouls de ces milieux et de corriger les mesures prises, le cas échéant. Une autre tâche plus administrative, mais qui permet de mieux contrôler la pression sur les milieux sensibles, consiste à délivrer des autorisations liées aux manifestations en zone rurale ou permettant la pénétration dans les sites protégés. Enfin, la participation aux concertations sur tous les projets d’aménagement du territoire ou de construction susceptibles d’avoir un impact sur la nature et le paysage est nécessaire pour défendre constamment la zone agricole et les ensembles paysagers ruraux de grande valeur lors des projets de densification de la couronne urbaine, cela conformément aux directives du plan directeur cantonal basé sur le développement durable. La fonction de conservation de la nature et du paysage n’a été crée qu’en 2002 par le Conseil d’Etat et le conservateur nommé devient maintenant l’autorité compétente au niveau cantonal pour l’application de la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN). Il est responsable également de l’application de la loi cantonale sur la protection des monuments, de la nature et des sites (LPMNS) pour les questions relatives à la nature. Concrètement, le conservateur de la nature et du paysage établit Parmi les tâches importantes du conservateur, citons d’abord l’observation, le contrôle et l’intervention dans les sites protégés et applique la politique cantonale en matière de conservation de la nature et du paysage et assure une gestion des sites dignes de protection selon l’ordonnance fédérale sur la protection de la nature (OPN). Une tâche important consiste également à assurer le lien entre les différents partenaires cantonaux et de la société publique intéressés ou impliqués dans la conservation et la valorisation des milieux naturels et de la flore. Parmi les tâches importantes du conservateur, on peut citer d’abord l’observation, le contrôle et l’intervention dans les sites protégés du canton, ainsi que l’entretien de ces derniers lorsque cela s’avère nécessaire. En général, une information accompagne les projets d’exécution. Une autre tâche consiste à définir, voire clarifier les objectifs de protection de la nature et du paysage ainsi qu’à désigner de nouveaux objets dignes de protection. La gestion des sites se base sur des plans de gestion qui sont peu à peu mis en place pour l’ensemble des milieux protégés ou considérés comme digne d’intérêt aux termes de l’OPN. Un suivi scientifique de l’évolution des milieux Le Vallon de l’Allondon Qui est ce conservateur de la nature et du paysage? Botaniste et ancien collaborateur des Conservatoire et Jardin botaniques (CJB), Bertrand von Arx a choisi d’abandonner les climats extrêmes de la région d’Ottawa où il représentait l’autorité scientifique au sein du gouvernement fédéral canadien dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES) pour retourner aux sources et relever le défi de la conservation de la nature et du paysage dans le petit canton de Genève. Au Canada, il a dirigé les activités scientifiques de la CITES pendant plusieurs années pendant lesquelles il a été confronté non seulement à la gestion d’espèces locales telles que le ginseng et le Grizzli, mais il a aussi participé activement et dirigé diverses réunions des comités techniques de la CITES au niveau mondial et participé à des missions scientifiques sur le terrain, notamment à Madagascar. Avant son départ au Canada, Bertrand von Arx était responsable de la conservation de la flore aux CJB et présidait accessoirement l’AGPN devenue entre-temps Pro Natura-Genève. De QUI devons-nous avoir PEUR? ’impact du développement démographique d’Homo sapiens sur l’écosystème terrestre est terrifiant. Apparemment, l’espèce ne se rend absolument pas compte des dégâts causés par ses propres activités sur l’ensemble des biocénoses, qu’elles soient terrestre ou aquatique. Actuellement il semble même que certaines communautés cherchent à s’étendre hors de l’espace terrestre. On mentionne en effet depuis les années 50 environ la présence sporadique de quelques individus au delà de la stratosphère. Le caractère belliqueux tend parfois à réduire les effectifs en certains endroits. Toutefois cette réduction s’accompagne généralement d’une dégradation locale considérable de l’environnement. Certaines armes mises au point seraient même capable d’étendre ces impacts à l’échelle de la planète toute entière. L’extension de cette espèce semble irréversible, à moins qu’elle disparaisse dans un cataclysme écologique majeur qu’elle aurait elle-même provoqué. L’espèce semble néanmoins douée de capacités intellectuelles étonnantes. Lorsque cellesci sont utilisées à bon escient, elle est capable d’actions prodigieuses (voir à cet effet notamment diverses œuvres d’art dans certains musées). Aussi, la meilleure stratégie serait peut-être de faire prendre conscience à l’espèce des menaces qu’elle engendre sur sa propre existence par son comportement irraisonné. On pourrait dès lors par exemple proposer la mise sur pied d’une exposition présentant les dangers que font courir à l’écosystème terrestre le développement anarchique des espèces envahissantes, dont l’homme lui-même fait partie…. J.F. Rubin Musée du Léman, Nyon PAGE 24 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 CJB & SUD Les CJB et l’AGENDA 21 Didier Roguet, conservateur Les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, s’ils pratiquent quotidiennement les préceptes du développement durable et les appliquent le plus systématiquement possible, dirigent deux projets «phares» dans le cadre de l’A21 de la Ville Coopération nord-sud et sudsud menée par les Conservatoire et Jardin botaniques Contexte Les CJB ont développé depuis plusieurs années sur la base de leurs collections (herbiers et bibliothèque) et de leur expertise mondialement reconnue en matière de connaissance et de gestion du monde végétal (Flore du Paraguay, Flore des Alpes, Flore de Corse, etc.) une politique active de floristique appliquée au développement durable. Programme Les programmes qui en découlent, développés dans les axes de recherche privilégiés de l’institution (Amérique du sud, Afrique), utilisent des synergies nord-sud puis sud-sud. Ils ont systématiquement comme base de travail: – une convention signée entre les municipalités concernées et la Ville de Genève – des espaces verts (souvent des jardins botaniques) comme lieu privilégié de visite, de connaissance et d’interprétation pour de nombreux publics – le savoir ethnobotanique traditionnel et l’éducation environnementale comme vecteurs socio-pédagogiques privilégiés – des références claires à l’A21 de Rio: utilisation raisonnée des ressources naturelles; démocratie participative; rôle central des femmes, des jeunes, des communauté locale et des autochtones; lutte contre la pauvreté; conservation de l’environnement; primauté de l’éthique et de la santé publique Objectifs Ces programmes ont pour objectifs à travers une valorisation des connaissances traditionnelles liées à l’utilisation des végétaux une meilleure prise de conscience de la valeur patrimoniale de ces dernières, leur conservation et leur promotion. Applications Différents programmes de coopération financés en partie par le Fonds de développement de la Ville de Genève ont ainsi vu le jour sur cette base: Paraguay (Asunción), La Paz (Bolivie), Dakar (Sénégal), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Sao Paulo (Brésil). Ces projets fonctionnent en réseau sud-sud de manière régionale. Patrimoine Vert: un système d’informations à références spatiales de la diversité floristique L’éducation environnementale Un pilier de notre action dans le cadre du développement durable Contexte Ce projet s’inscrit dans la cadre du Système d’Information pour l’Environnement et l’énergie de la région genevoise (SIEnG) qui centralise diverses données environnementales et énergétiques relatives à Genève. Le domaine «Nature» du SIEnG comprend toutes les informations relatives à la faune, la flore et les milieux naturels de la région genevoise. Objectifs Le projet PATRIMOINE VERT se veut l’élément fédérateur des connaissances botaniques de la région genevoise. On y trouvera donc aussi bien des données sur la flore sauvage, que sur les espaces plantés (non compris l’agriculture!), les parcs ou les arbres isolés. La volonté est de disposer d’un guichet unique où l’ensemble de cette information est accessible. Les objectifs poursuivis sont notamment les suivants: – récolte, intégration et synthèse de l’information portant sur les milieux, les espèces et les individus constituant la diversité végétale – mise à disposition de l’information pour la gestion, la recherche et l’aide à la décision – création de méthode communes Applications Ce système devrait nous permettre d’assurer un monitoring de la flore genevoise, seul à même de garantir la conservation de l’immense richesse floristique dont bénéficie notre canton avec plus de 1’200 espèces. Il permettra en outre de mieux gérer les milieux naturels de notre canton et de notamment mieux appréhender la problématique de réseaux qui doit garantir une connexion entre ces différents éléments naturels isolés au milieu des infrastructures humaines. Enfin, différentes recherches ont pour objectifs d’analyser ces informations botaniques tant au niveau quantitatif que qualitatif. Il s’agira par exemple d’identifier quels sont les paramètres qui conditionnent la diversité floristique et de proposer des mesures de gestion de l’environnement et/ou d’aménagement du territoire compatibles avec cette richesse. Création d’une espace familial aux CJB, le Botanicum, dédié à une meilleure compréhension du développement durable Les CJB ont inauguré dans le cadre du Jardin botanique, au bord du lac et en septembre 2001, un nouvel espace permanent, interactif, sensoriel et familial, dédié au développent durable. Il propose, à travers une approche ludique du monde végétal et de la nature, un parcours d’une petite heure. Formé de 14 modules interactifs, le Botanicum offre aux visites en famille une vision croisée (parents/enfants), tour à tour sensorielle, artistique, ludique et pédagogique sur le monde des plantes qui nous entourent. Une interprétation lie, pour chaque atelier, les activités proposées à une vision du développement durable et à ses fondements, en particulier l’Agenda 21. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 25 Bilan 2003 pour les différents pôles du programme cadre des CJB au SUD Asunción La Paz Sao Paulo Dakar Abidjan Objectif Sauvegarder, formaliser et restituer les savoirs ethno botaniques pour améliorer la qualité de vie des habitants, en assurant un usage durable de la flore utile. Objectif Mise sur pied d’un jardin ethnobotanique et d’un programme d’éducation environnementale appliqué, selon le même concept qu’au Paraguay. Objectif Améliorer la qualité de vie des habitants, en contribuant à la conservation de la Mata Atlantica, par le biais de la mise en place du même concept et d’un centre d’éducation. Objectif Utiliser les savoirs ethnobotaniques pour combattre la pauvreté avec les moyens locaux; mettre en place un Centre d’éducation à l’environnement au sein d’un jardin botanique revitalisé. Objectif Mise en place d’un cycle d’enseignement pour scolaires pour favoriser la conservation de la forêt d’Adiopodoumé en améliorant la communication entre scientifiques et villageois. Réalisation «Cap au Sud», formations spécifiques de vendeurs de plantes, d’enseignants, de promoteurs de santé et échange de connaissances au Brésil; agrandir et améliorer la collection de plantes; mise en place du jardin éducatif. Responsables au Paraguay: A. Pin, G. Gonzalez Réalisation Mise sur pied d’éléments didactiques au Museo Interactivo Kusillo: thématique ethnobotanique bolivienne; recherche pour production du document «Con-texto ecológico de Bolivia y la materia prima utilizada en la artesanía». Réalisation Suite aux changements politiques dans ce pays et pour répondre aux exigences de la législation brésilienne, le projet doit faire l’objet d’un nouvel «accord» courant 2004. Responsables en Bolivie: L. Collazos, S. Rios, W. MacFarren Réalisation Développement d’un cycle d’enseignement pour scolaires primaires et mise en pratique; dans le cadre du 100e anniversaire du Parc de Hann, inauguration du Centre – CEEH – en octobre 2003. Responsable au Sénégal: A. Traoré Réalisation Développement du cycle d’enseignement et mise en pratique par de nombreuses classes primaires. Implication des villageois dans la conservation de leur forêt. Responsable en Côte d’Ivoire: I. Koné Etnobotanica PARAGUAYA Mise en relation des espèces médicinales avec leurs habitats: Le Jardin Educatif d’«Etnobotanica Paraguaya» Fiche technique du Jardin éducatif Dimensions: 20 m ⌾ 15 m. Largeur des chemins: 0,9 m. Nombre de robinets: 8 Habitats représentés: I: plantes pérennes; II: plantes annuelles, xérophytes, marais et plantes aquatiques, forêts peu touffues, forêts denses, et plantes toxiques Nombre d’espèces végétales représentées: 120 En raison de l’affluence de visiteurs de toutes sortes au Jardin des plantes médicinales du projet «Etnobotánica Paraguaya» – dans le Jardin botanique d’Asunción, Paraguay, nous avons estimé nécessaire d’agrandir l’espace prévu pour l’interaction avec le public. C’est ainsi qu’a surgi l’idée de restaurer le Jardin éducatif, qui avait été détruit par une tempête en mars 1998. Nous avons donc choisi un endroit adéquat autour du Centre de Conservation et d’Education à l’Environnement (CCEAM), et le nouveau Jardin a été mis en place grâce à la coopération de la Ville de Genève et des CJBG, dans l’optique de créer un espace permettant de connaître les espèces végétales médicinales dans des conditions similaires à celles de leurs habitats naturels. Le Jardin éducatif a été inauguré le 5 juin 2003 – Journée Mondiale de l’Environnement – en présence du Maire d’Asunción, le Dr. Enrique Riera Escudero, des autorités diplomatiques suisses, des autorités techniques et administratives de la Municipalité d’Asunción, d’invités spéciaux ainsi que d’élèves d’institutions éducatives et du public en général, réunissant environ 200 personnes. Par Ana Pin et Germán Gonzalez, Paraguay Traduction Magali Stitelmann Le milieu des plantes aquatiques et palustres, empli d’eau et de boue d’une profondeur moyenne de 70 cm, est particulièrement remarquable. Sa mise en place s’est fait grâce à l’imperméabilisation du sol par la pose d’une couche de plastique au fond. Depuis son inauguration le nouveau Jardin éducatif est visité par de nom- breuses personnes, principalement étudiants et enseignants, ainsi que des groupes. Il remplit une fonction très importante en tant qu’espace privilégié pour les activités éducatives dans le domaine des Sciences de la Nature et dans le cursus officiel de l’Education Nationale. Afin d’utiliser pleinement le potentiel éducatif de ce jardin, il est prévu de réaliser des brochures d’aide à la visite. Le public pourra alors en profiter pleinement sans avoir besoin d’une visite guidée. Inauguration officielle du jardin officinal éducatif au Jardin botanique d’Acunsión Juin 2003 PAGE 26 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Centre d’éducation environnementale – CEEH et son jardin ethnobotanique Par A. Traoré, coordinatrice de CEEH à Dakar itué à l’ouest du continent Africain, le Sénégal est un pays au relief relativement plat. Il est caractérisé par une population très jeune (près de 50% ont moins de quinze ans) qui est estimée à dix millions d’habitants avec un taux de croissance moyen de 2,7% par an. Cette population s’urbanise de façon croissante avec un taux de 42%. La région de Dakar a une densité de 2700 habitants au km2 et si cette tendance évolutive se maintient, elle disposera de plus de deux millions d’habitants soit près du quart de la population du pays sur 0,2% du territoire national. Au Sénégal, le climat est de type semiaride tropical. Les formations forestières sont essentiellement constituées de steppes au Nord, de savanes au Centre Ouest, de forêts sèches claires à l’Est et au Sud. S’y ajoutent des formations végétales spécifiques tributaires du réseau hydrographique et du régime des eaux. Il s’agit des forêts galeries situées le long des principaux cours d’eaux et des mangroves sur les cordons littoraux des fleuves Sénégal, Gambie, Casamance et Saloum. Des palmeraies, rôneraies et bambousaies sont également présentes tout comme des formations halophytes. Les formations forestières sont essentiellement constituées de steppes, de savanes et de forêts sèches claires La superficie de ces formations végétales est de 13 762 000 hectares environ dont 6 240 000 hectares environ de forêts classées. Ces formations végétales qui se trouvent sous des conditions climatiques instables, sont très sollicitées. Elles subissent des pressions de la part d’une population en croissance exponentielle avec des besoins croissants dont des besoins en combustibles ligneux et les constructions d’habitats. A ceux-là, s’ajoutent l’extension des activités agricoles et pastorales, la salinisation des terres, les érosions, feux de brousse, etc. Tous ces facteurs ont entraîné la dégradation des ressources forestières dans des proportions alarmantes, 45 000 hectares (FAO, situation des forêts du monde 2001). La dégradation de ces ressources végétales, habitat naturel de la faune, se traduit par une baisse considérable des ressources fauniques. La destruction du milieu naturel et la perte de savoirs qui lui est liée sont des phénomènes importants en zone tropicale. Si la recherche scientifique, par le biais d’une meilleure connaissance des milieux, peut apporter certaines solutions pour la conservation et la gestion des ressources naturelles, il s’avère nécessaire de mettre en place une politique d’éducation environnementale basée sur la diffusion des savoirs. En effet, la nouvelle génération constitue le public idéal, car c’est elle qui sera amenée à protéger l’environnement. Il s’agit donc de la sensibiliser à l’intérêt de protéger à long terme son patrimoine écologique et culturel afin qu’elle puisse à son tour rendre les aînés attentifs aux problèmes environnementaux. Le présent projet d’Education Environnementale du Parc de Hann initié par les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJBG) s’inscrit dans ce cadre. Il vise à instaurer un programme d’éducation environnementale au sein de certains établissements scolaires pour per- mettre d’assurer la conservation de la biodiversité, la protection de l’environnement afin de rétablir les équilibres indispensables à un développement durable. CJB & SUD Parc de HANN de Dakar L’équipe du centre d’éducation à l’environnement du Parc de Hann (CEEH) Les élèves et le corps enseignant des écoles doivent prendre conscience qu’une forêt est une communauté d’êtres vivants dotés d’une richesse, d’une fragilité, d’un dynamisme et d’une histoire vers laquelle l’être humain peut s’intégrer, soit positivement, soit négativement. Loin d’être un thème de mode, l’éducation à l’environnement s’impose aujour- Les élèves et les enseignants doivent prendre conscience qu’une forêt est une communauté d’êtres vivants d’hui comme une nécessité tant en milieu urbain qu’en milieu rural où la dégradation a évolué à un rythme inquiétant au cours de ces trente dernières années. Grâce à l’appui financier des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève et du Bureau d’Appui à la Coopération Sénégalo–Suisse, un Centre d’Education Environnementale a été créé et équipé. Ce Centre est fonctionnel depuis février 2003. Il comporte une salle de cours, une bibliothèque et un bureau. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 27 Phase test Les autorités de l’enseignement élémentaire de la région Dakar ont salué la mise sur pied d’un tel projet. Par conséquent, l’autorisation nous a été donnée pour travailler avec les écoles. Deux écoles du Département de Hann ont été contactées, il s’agit de l’école de Dalifort et de l’école Doudou Mbathie. Ces écoles sont très proches du Parc de Hann et à leur niveau, les classes de CE2 et CM1 ont été ciblées. L’équipe du jardin ethnobotanique attaché au CEEH Affaires culturelles au niveau de la Ville de Genève. Il a été accompagné du Professeur Rodolphe Spichiger, directeur des CJBG, de M. Didier Roguet, conservateur – ethnobotaniste aux CJBG et responsable scientifique du projet. Après l’inauguration du Centre, une conférence magistrale a été donnée dans l’après-midi par le Professeur Spichiger sur le thème «l’Homme et la Biodiversité». Nous nous sommes retrouvés avec neuf classes et un effectif global de 654 élèves. Avant le démarrage des activités, une experte en éducation environnementale a été envoyée pour un appui technique de novembre 2002 à juillet 2003 par les CJBG. Six activités ont été élaborées. Elles portent sur: Environ 150 panneaux d’identification des espèces ont été confectionnés pour le Jardin botanique – la forêt source d’énergie (le bois et le charbon de bois) – la forêt source d’aliments (plantes de cueillette) – la forêt source de médicaments (plantes médicinales) – l’impact de l’Homme sur la forêt (les cultures industrielles) – la régénération naturelle et le reboisement – la faune et sa conservation En plus de ces activités, environ 150 panneaux d’identification des espèces et explicatifs ont été confectionnés pour le jardin botanique principal support du Centre d’Education Environnementale. Le jardin botanique a été scindé en treize secteurs et certains d’entre eux ont été aménagés en fonction des activités menées dans le Centre (plantes de cueillette, plantes médicinales et plantes industrielles). Une vingtaine de panneaux ont aussi été élaborés pour le parc zoologique. La mission genevoise à Dakar du 19 au 28 octobre 2003 a rencontré l’ambassadeur de Suisse à Dakar et les responsables du Bureau d’Appui à la Coopération Sénégalo–Suisse pour discuter du projet. Inauguration Créé en 1903, le Parc de Hann fête cette année son centenaire. Dans le cadre de ces manifestations, du 22 au 25 octobre 2003, l’inauguration du Centre d’Education Environnementale a été réalisée dans la journée du 22 octobre. A cet effet, une invitation a été envoyée au Maire de Genève par le Maire de Dakar. Le Maire de Genève a répondu favorablement à cette invitation et a été représenté par M. Mugny chargé des Inauguration du CEEH et du jardin ethnobotanique avec la délégation genevoise emmenée par P. Mugny PAGE 28 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 La forêt d’Adiopodoumé a été le lieu où bon nombre de jeunes scientifiques ont pu avoir leur premier contact avec la forêt tropicale eaucoup de jeunes scientifiques suisses, français, hollandais et ivoiriens ont eu l’occasion d’étudier pour la première fois un environnement forestier tropical à Adiopodoumé, puisque cette forêt touche plusieurs centres de recherche scientifique. Par la suite, ils ont pu se familiariser et étudier l’écologie, la flore et la faune tropicale au sein de cette forêt, malgré sa petite dimension. Les enfants du village d’Adiopodoumé ont pu jouer dans le sousbois et de nombreux villageois ont pu y trouver le calme et l’ombrage mais également des ressources forestières. Bien que cette forêt soit considérée comme une ressource et une source de souvenirs et de bonheur pour plusieurs générations, sa pérennité est aujourd’hui fortement menacée. C’est pour cette raison qu’il nous a paru nécessaire de replacer cette forêt au centre des préoccupations en faisant intervenir la société civile, l’éducation et la recherche scientifique, afin de revaloriser cet héritage aux yeux des jeunes générations et de leurs aînés. Par Cyrille Châtelain, adjoint scientifique disparition du respect envers notre environnement est liée à une perte du savoir des anciens. CJB & SUD EDUCATION environnementale dans la forêt d’Adiopodoumé (Côte d’Ivoire) Cette approche, initiée par le Professeur Spichiger, a été rendue possible grâce au financement du Fond de la Délégation au Développement de la Ville de Genève, à l’initiative des Conservatoire et Jardin botaniques, et aux partenaires impliqués dans la mise en place et la réalisation de ce projet d’éducation. Comme scientifiques, on doit également interpréter cette initiative comme un retour de l’information de la recherche vers le public. Etant donné l’enthousiasme favorable que les élèves et les enseignants ont montré au cours de ce premier projet, de la motivation des «chercheurs-moniteurs» de l’excellent accueil donné par les centres de recherches suisse et ivoiriens et par l’administration ivoirienne (éducation nationale et de l’environnement), il nous a semblé opportun de publier ce projet sous forme d’un Sempervira, afin de mettre à disposition l’information. Une classe en visite sur le terrain Aussi, nous espérons qu’il sera largement diffusé, copié et qu’il puisse être reconduit au sein d’autres écoles à l’aide d’autres bonnes volontés. Il est également certain que, dans tous les cas, l’effort est largement récompensé par la vision des yeux bril-lants de plaisir des enfants, et espérons- le, par la conservation. La problématique de sa conservation n’est pas nouvelle. En effet, la mise en place de barrières, d’un système de surveillance par des agents, son classement en réserve, ont souvent été invoqués faute de mieux. De nombreuses idées avaient échoué d’autant plus que la propriété des terres est revendiquée par plusieurs villages, en plus des centres de recherche. L’idée est venue qu’en impliquant les écoliers et indirectement leurs parents, puis les autorités administratives et les chercheurs avec le personnel des centres de recherches, il serait possible de revaloriser cette forêt et de la conserver. L’expérience positive des projets d’éducation à l’environnement et de collaboration Nord-Sud menée par les CJBG au Paraguay et au Sénégal a été l’occasion inespérée. L’idée fondamentale de ces projets est que l’on considère et protège uniquement ce que l’on connaît, et que la Activités éducatives au CSRS LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 29 4 e La voie de CHEMIN DE FER Un conservatoire de la biodiversité Un milieu rudéral est une surface non construite, non asphaltée et non cultivée qui subit, cependant, une forte influence humaine. Les surfaces rudérales sont souvent très riches en espèces et sont souvent, proportionnellement à leur surface, celles qui ont le nombre d’espèces le plus élevé parmi les différents biotopes urbains. Par Philippe Clerc et Catherine Lambelet, conservateurs LE PROJET AUX CJB Aménagement de la surface destinée aux plantes rudérales Cette surface a pu être aménagée grâce à l’aide des CFF qui ont fourni et installé une voie, un butoir, une tomme d’aiguillage, une cloche et un petit wagon; elle comprend plusieurs zones: LES ABORDS DE VOIES DE CHEMIN DE FER, UN MILIEU RUDÉRAL Milieu rudéral par excellence, les abords de voies de chemin de fer sont souvent caractérisés par une biodiversité végétale élevée et la présence de plantes rares ou menacées dans leur milieu d’origine. Les abords de voies de chemin de fer se caractérisent par un sol drainant et, par conséquent, un assèchement très rapide, une humidité basse ou en tout cas pas permanente et un apport de chaleur élevé en surface. Ces conditions de sécheresse édaphiques et de chaleur se rencontrent, sur le Plateau suisse, dans certains biotopes naturels de grande valeur (bords de rivières, terrasses graveleuses alluviales, prairies sèches, murs de pierres naturelles, etc.) sur lesquels l’intensification croissante de l’agriculture (drainage, apport en fumure, apports en herbicides et pesticides, etc.) et l’urbanisation galopante font peser de lourdes menaces. Les plantes caractéristiques de ces milieux naturels sont, par conséquent, menacées, et les milieux rudéraux sont, de par leurs caractéristiques écologiques stationnelles, souvent les derniers refuges, milieux de substitution et lieux de survie, où elles peuvent encore s’installer. Il semble, d’autre part, que les plantes messicoles en régression (champs cultivés de façon traditionnelle et extensive) aient tendance à se comporter en adventices rudérales. Ainsi, avec plus de 40% des espèces dans la Liste rouge, les plantes rudérales sont le groupe de plantes le plus menacé en Suisse, après les plantes aquatiques et les plantes des marais. De tels milieux sont soumis à une forte dynamique évolutive. Leur flore se modifie en permanence. Il se pourrait que la végétation à cycle de vie relativement court des voies de chemin de fer réagisse plus rapidement aux changements du climat ou à d’autres modifications de l’environnement que d’autres écosystèmes plus stables (forêts, pâturages, etc.). On pourrait donc en faire un observatoire des changements de l’environnement. UN MILIEU MENACÉ À GENÈVE La construction de la troisième voie de chemin de fer entre Genève et Lausanne, la réfection de la zone «SécheronAvenue de la Paix», ainsi que la construction du bâtiment de l’OMM et l’augmentation des surfaces de parking pour les voitures dans cette zone ont conduit à la disparition de toute une flore rudérale urbaine des bords de voie de chemin de fer. La même tendance peut s’observer à la Praille où les aménagements récents ont également appauvri une flore rudérale extrêmement riche et diversifiée. – Une voie de chemin de fer avec à l’une de ses extrémités un tampon destiné à stopper les wagons. La voie est déposée sur du gravier et recouverte de ballast – Une zone de culture en amont de la voie sur du terrain drainant destinée à la conservation ex situ d’espèces rares des milieux rudéraux – Une zone destinée à la conservation ex situ, dans laquelle on laisse, sous certaines conditions, la flore se développer de manière spontanée – Une zone pavée, imitant la zone du quai, permettant d’accéder à la voie de chemin de fer et à ses surfaces rudérales. Cette zone permet le développement de toute une flore caractéristique des zones pavées (Bryo-Saginetum procumbentis). On y trouvera un banc pour s’installer confortablement – Un mur de pierres sèches naturelles non jointoyée bordant la surface en contre-bas des rails. Ce mur doit permettre la mise en évidence de la flore caractéristique des murs urbains non jointoyés (Asplenietum trichomanorutae-murariae). Une collection d’orpins a été installée sur le sommet du mur. OBJECTIFS DIDACTIQUES Au moyen de panneaux disposés aux abords des différentes zones, différents thèmes pourront être développés, en relation avec la flore rudérale des mauvaises herbes, comme par exemple: – Souligner le fait que les zones urbaines procurent un habitat à certaines plantes rares ou menacées en Suisse, pour lesquelles les stations rudérales sont les derniers refuges leur permettant de survivre en remplaçant leur habitat d’origine (prairies sèches, terrasses graveleuses alluviales, bords de chemins, champs cultivés de manière traditionnelle, extensive). Notion de biotope de compensation – Montrer qu’une influence humaine importante n’est pas forcément liée à une végétation monotone et pauvre, à une faible biodiversité – Mettre en évidence les conditions écologiques spéciales qui influencent la vie des plantes dans ces endroits, ainsi que les diverses stratégies employées par les plantes pour survivre (colonisation par des espèces préadaptées originaires de régions du sud de l’Europe, chaudes et sèches) PAGE 30 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 – Attirer l’attention sur les «mauvaises herbes», les plantes rudérales, leur beauté et leur intérêt: plantes rudérales = plantes sauvages (et non mauvaises herbes) = découverte et plaisir, plutôt qu’entretien négligé et sujet d’irritation – Suivre la colonisation du milieu par de nouvelles plantes, sans influence humaine: mettre en évidence la stratégie de dispersion de certaines plantes pionnières – Mettre en évidence le rôle des voies de communication dans l’apport de nouvelles espèces (30-40 % de la flore des voies de chemin de fer sont des néophytes et des adventices) – Attirer l’attention sur la nécessité de renoncer à la poursuite obsessionnelle d’un ordre parfait et par conséquent à un entretien trop intensif. Mettre en évidence la diversité des niches écologiques urbaines (murs de pierres sèches non jointoyés, pavés et dallages non jointoyés, chemins non asphaltés, etc.) favorables à une biodiversité végétale et animale élevées. OBJECTIFS DE CONSERVATION La zone de colonisation libre dont le sol est drainant et la proximité de la voie de chemin de fer GenèveLausanne en contre-haut sont des éléments favorables à l’arrivée de plantes caractéristiques des biotopes urbains séchards. Petit à petit, avec le temps, cette zone pourrait devenir une surface de substitution et de conservation «in situ» pour les biotopes détruits Projets CJB Sécheron Gauche Bromus hordaceus Droite Daucus Carota lors de l’aménagement de la troisième voie dans le quartier «Sécheron-avenue de la Paix». Dans une petite zone de terrain drainant, sur la surface pavée, ainsi que sur une partie du mur de pierres sèches non jointoyées, nous avons la possibilité de cultiver des semis de plantes choisies parmi les espèces peu fréquentes à Genève, qu’elles soient banales ou contenues dans la Liste rouge des plantes vasculaires de Suisse. Ces zones pourront former un espace de conservation ex situ pour ces plantes rares à l’intérieur des Conservatoire et Jardin botaniques. Plus de 20 espèces ont déjà été implantées sur ce biotope. Une partie est conservée sous forme de semences dans la banque de semences des CJB. Jeux d’enfants, lutins et arbres magiques os nouveaux jeux pour enfants ont été implantés près de la buvette des CJB depuis le printemps dernier. Ils rencontrent un écho très favorable auprès de notre jeune public. Comme nous l’avions déjà annoncé, nous souhaitons compléter cette structure mise en place en collaboration avec la cellule jeux du Service des écoles et institutions pour l’enfance par la réalisation d’un espace «ludo-botanique» pour les enfants de 3 à 6 ans. Cette idée fait son chemin et entrera en 2004 dans une phase concrète de réalisation. Un espace de conte, des jeux, un voyage initiatique dirigé par deux arbres vénérables. Toute la magie de la botanique et de son imaginaire révélée aux enfants pour une rencontre magique avec le monde botanique et ses secrets. Nous collaborons dans ce projet avec des professionnels de la petite enfance, en particulier le Jardin d’enfant des Petits Chevaliers de Collex-Bossy. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 31 ÉDUCATION environnementale aux CJB et instruction PUBLIQUE Les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève mènent depuis une dizaine d’année une politique active d’éducation environnementale pour les publics scolaires et périscolaires, en particulier en collaboration avec différents secteurs du DIP Par Didier Roguet, conservateur ous ne traiterons pas ici des rapports privilégiés entre les CJB et l’Université dans le cadre de la Convention entre l’Université et la Ville de Genève (1943) attribuant des charges d’enseignement au directeur et à certains conservateurs. Cette convention débouche chaque année sur la formation en botanique de plus de 120 étudiants. – des apports réciproques nord-sud et sudnord dans le cadre du Programme cadre des CJB au Sud basé sur un réseau de Centres d’éducation à l’environnement (Asunción, Sao Paulo, La Paz, Dakar, Bamako, Abidjan, Ouagadougou), – une intégration sociale des couches défavorisées dans ces programmes d’éducation environnementale, – un souci de formation professionnelle (ateliers, stages, apprentissage du Jardin botanique, etc.) – la volonté renouvelée d’améliorer l’accueil des publics (scolaires ou non) – le souhait de pouvoir utiliser dans le cadre scolaire le Jardin botanique comme un espace privilégié d’éducation dans de multiples domaines : – les sciences naturelle (végétaux et animaux, biodiversités,oiseaux du lac, nichoir, compost, ravageur, etc.) – les mathématiques (surfaces, plantations, hauteur, SIG, cartographie, séries végétales) – les arts plastiques (peinture, dessin, sculpture, land art, couleur, art minimaliste et éphémère, galerie – Salle du Chêne) – les arts musicaux (concert, ethnobotanique des instruments, théâtre des oiseaux, sons, etc.) HISTORIQUE DE LA POLITIQUE D’ÉDUCATION ENVIRONNEMENTALE DES CJB – 1960-1970 Accueil ponctuel de classes de l’enseignement public et privé (Mme Vautier, conservatrice) – 1970-1980 Accueil et visites guidées, prestation à la demande (env. 20 classes par année, courses d’écoles (accueil) – 1980 mise place d’une politique de relations et d’interaction publiques, édition des premières séries documentaires (ressources pédagogiques pour les enseignants) – 1990 demande très forte de la part des enseignants (en particulier le Cycle d’orientation) pour un accueil organisé aux CJB – 1991 délégation d’enseignants spécialisé (2 mi-temps) par le C.O. pour mettre en place, en collaboration avec les CJB, un politique d’accueil et produire du matériel pédagogique à l’attention des enseignants du C.O. Ateliers de formation continue, ateliers pédagogique, séries éducative, fiches pédagogiques – 1993 un seul mi-temps est accordé (économies aux DIP) malgré l’accueil de nombreuses classes (sciences naturelles, accueil, atelier). Environ 30 classes par an sont accueillies dans des ateliers au Jardin botanique (C.O., Collèges, écoles primaires) Délégation partielle d’un enseignant pour les classes ateliers (C.O.). Un jardinier des CJB est octroyé au secteur Education environnementale et relations publiques (EERP) pour ces ateliers socio-éducatifs (classes d’accueil et classes-ateliers) – 1995 une collaboration est engagée avec l’Ecole pré-professionnelle de StGervais (intégration professionnelle autour des métiers de la terre) Collaboration active avec le Centre régional d’études des populations alpines (CREPA) (publications, ateliers, exposition, posters, en particulier dans le cadre de l’expérience «L’enfant à l’écoute de son village») – 1996 abandon unilatéral de la collaboration avec le C.O. (restructuration interne non compensée). Premiers projets d’ateliers périscolaires Création du premier Centre d’éducation à l’environnement au Sud (AsunciónParaguay) – 1997 création avec l’Université du troisième âge (UNI3) et en collaboration avec le Service des loisirs (DIP) des Ateliers à la manière de Toepffer en périscolaire le mercredi après-midi. Réhabilitation du hangar à bateau de la Console comme Atelier vert (accueil des classes par tous les temps. Création du potager école (Console) Demande très forte de la part des enseignants pour un accueil organisé aux CJBG Premiers ateliers l’Art et la science (l’Art et l’enfant): land art, expérience scientifique et créatrice dans le Jardin botanique, expositions de travaux d’élèves, etc. – 1997-2002 politique active de formation continue des enseignants (Que faire au Jardin botanique?, Ethnobotanique?) – 1998 création avec l’Association des Amis du Jardin botanique et du Musée d’ethnographie de Cours populaire sur l’environnement, suivis assez souvent par des enseignants Nouveaux espaces d’accueil des classes: Maison Duval, Salle de la Console, Serre 24 à Pregny. Premier projet de Maison éducative du jardinier (Domaine de Penthes appartenant à l’Etat). Inauguration du Botanicum (espace d’interac- tion ludique et sensorielle avec le monde végétal autour du développement durable) très visité par les classes du DIP – 2002 engagement d’une médiatrice scientifique chargée de l’éducation environnementale et de mettre en place une politique cohérente de collaboration avec le DIP Accueil des classes par tous les temps – 2003 publication avec le Musée du Léman de la série éducative n° 7 autour des «Envahisseurs?» Les Ateliers Toepffer deviennent les Ateliers verts avec une programmation annuelle, toujours en collaboration avec le Service des loisirs et UNI3 POLITIQUE ÉDUCATIVE DES CJB La politique éducative des CJB est basée actuellement sur une éducation environnementale, interactive, sensorielle et citoyenne. L’utilisation comme vecteurs éducatifs privilégiés: – l’ethnobotanique – le respect et la conservation de la diversité naturelle – le respect et la conservation de la diversité culturelle d’usage – la protection et la gestion durable de l’environnement – sur la mise en valeur muséographique des collections du Jardin botanique comme témoignage d’une biodiversité culturelle et naturelle à conserver – sur la mise à disposition des publics d’espaces de contacts et de connaissances: Jardin des senteurs et du toucher, Terrasses des officinales et utilitaires, Botanicum, serres – l’autonomie dans la visite (plans, signalétique, tours audio guidés, muséographie appliquée, interprétation in situ, fiches d’accompagnement pédagogique et méthodologique, publications, etc.) – réceptivité et collaboration avec des projets phytopédagogiques régionaux, reproductibles basés sur des enthousiasmes partagés Engagement d’une médiatrice scientifique chargée de l’éducation environnementale – l’histoire (échelle géologique et historique, fossiles, histoire régionale et botanique, etc.) – la géographie (microcosme végétal et planétaire, climats, altitude et latitude, adaptations, biogéographie, etc.) – la littérature (latin, poésie, écriture, description, BD, lecture, etc.) – la citoyenneté (Botanicum, respect, règles, ethnobotanique appliquée, démocratie, intégration multiculturelle, intégration sociale, coopération technique etc.) PAGE 32 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 Atelier Vert Cette structure accueille, les mardis et jeudis, des classes du DIP (degrés primaires) pour une expérience pédagogique liant la science, le monde végétal et les activités créatrices «L’Enfant, l’Art et la Science» sous la responsabilité d’un conservateur. Ces activités concernent 45 classes, 800 élèves et 120 enseignants du DIP en moyenne par année. Divers ateliers sont développés dans les serres de Pregny et les autres structures d’accueil aux CJB. (Programme «L’art et l’enfant»). Les élèves de l’Ecole pré-professionnelle de St-Gervais sont accueillis dans le cadre de notre Atelier vert. Ils effectuent divers travaux (en particulier pour le Botanicum) sous la direction du jardinier responsable et de leur éducateur. Cette structure pré-professionnelle de formation continue renforce les compétences de ces jeunes en difficulté et débouche, depuis l’an dernier, sur une structure de service, gérée par leur école, dans le domaine du jardinage et de l’entretien de propriété. Les classes d’accueil (C.O.) ont bénéficié jusqu’au retrait par le C.O. de la coordinatrice nommée (1992-1997) d’ateliers verts de sensibilisation à l’environnement et à sa conservation à travers l’éducation environnementale sur des thèmes variés: les graines alimentaires, multiplication, les bois, le Jardin des senteurs et du toucher, etc. Les classes ateliers (C.O.) ont également bénéficié de ce type de prestation jusqu’en 1997 avec un accent mis sur l’insertion professionnelle dans les métiers de la terre (aide-jardinier, aide-forestier, etc.). Les CJB mettaient à disposition un jardinier, le C.O. un éducateur spécialisé et un orienteur professionnel. Ateliers Töpffer, dès la rentrée 20032004: Ateliers verts du Jardin botanique Expérience transgénérationnelle et périscolaire, mise sur pied à l’occasion de l’Année Toepffer (1997) sur le mode d’une éducation environnementale privilégiant les rapports entre grands-parents et petitsenfants. Ateliers périscolaires conduits dans le Jardin botanique par des bénévoles du troisième âge sur des thèmes aussi variés que le compostage, les plantes sauvages alimentaires, les épices, la germination, les oiseaux du lac et des jardins, etc. floraisons et sites intéressants dans le Jardin botanique) et une documentation pédagogique thématique sont remises aux enseignants qui le sollicitent. Chaque saison permet de proposer une vingtaine d’ateliers accueillant plus de 350 enfants de 8 à 12 ans au Jardin botanique, les mercredis après-midi, grâce à l’aide de 15 bénévoles. Ces ateliers sont autofinancés par une modeste finance d’inscription. L’administration en est assurée par UNI3. Le Service des loisirs (DIP) s’occupe d’une partie de la promotion de cette activité périscolaire. Offres indirectes des CJB à l’attention des enseignants – Centre de documentation de niveau international pour les sciences touchant au monde végétal (bibliothèque publique spécialisée unique au monde et herbiers de 6 millions d’échantillons dont un herbier de démonstration pour la flore locale) – expertises dans le domaine de la botanique et de ses applications (détermination, botanique, plantation, multiplication, jardinage, ethnobotanique, botanique économique, etc.) – expertises dans le domaine de l’éducation environnementale appliquée au monde végétal, aux espaces verts et aux jardins botaniques en particulier – expertises dans le domaine des jardins d’école (concept du «Jardin citoyen», Commune de Collex Bossy) – cours universitaire de botanique comme auditeurs (générale, tropicale, cryptogamie, floristique, etc.) FORMATION CONTINUE Organisation d’ateliers ponctuels (environ un par année, durée moyenne 1 à 2 jours) pour les enseignants du primaire, du secondaire obligatoire et post-obligatoire. Ceuxci sont organisés à la demande du Service de formation continue du DIP sur des thèmes touchant à l’utilisation et à l’interactivité du Jardin botanique dans le cursus scolaire: «Expérimentons notre Jardin botanique», «Ethnobotanique et éducation environnementale», «Epices et commerce équitable», «Le Botanicum», etc. Information Si l’accueil d’enseignants isolés nous sollicitant pour une prestation pédagogique, le plus souvent une visite guidée, n’est pas envisageable aux CJB faute de personnel, une attention particulière a été apportée depuis plus de 15 ans à la publication et à la diffusion (gratuite pour les enseignants) de séries informatives et pédagogiques (Série documentaire au nombre de 35, série éducative au nombre de 7). Des conseils et recommandations pour la visite (plan, activités, localisation des Chaque projet pédagogique d’école susceptible d’être reproduit pour d’autres enseignants est examiné. Il fait la plupart du temps l’objet d’une collaboration active de l’équipe du secteur EERP (Education environnementale et relations publiques) des CJB. («L’arbre et l’enfant», «Jardin citoyen», etc.) Très forte demande en matière d’appui pédagogique spécialisé – cours populaire sur l’environnement (collaboration Equiterre, Musée d’ethnographie) – conférences et excursions de la Société académique de botanique (siège social aux CJB) – cours, conférence, causerie, séance de détermination des Amis du Jardin botanique (AAJB, siège social aux CJB) Education environnementale ACTIVITÉS ET COLLABORATION AVEC LE DÉPARTEMENT DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE Propositions Les Hautes Ecoles suisses délaissent de plus en plus les sciences naturalistes (observation de la nature) au profit de la génomique sensu lato. Nous pensons que le Jardin botanique et les musées sont des espaces privilégiés d’apprentissage aux sciences naturelles de l’environnement et les révélateurs d’une vision généraliste et multidisciplinaire, manquant cruellement dans l’enseignement académique actuel poussant à la spécialisation. Compte tenu des sollicitations fréquentes, directes ou indirectes, de la part du DIP, les CJB souhaitent collaborer plus directement et activement avec ce dernier, en parallèle à ses activités académiques. L’instruction publique est clairement le meilleur vecteur pour lancer et favoriser politiquement l’accessibilité aux ressources des CJB décrites plus haut, ceci pour le plus grand nombre. Cette collaboration doit à notre avis être menée sur la base d’une convention Ville-Etat et d’un fonctionnement formalisé présentant une offre plus large et une lisibilité plus grande. L’intérêt suscité par nos prestations (ateliers, formation continue, expositions, outils pédagogiques, etc.) et la très forte demande en matière d’appui pédagogique spécialisé (visites, matériaux pédagogiques, etc.) émanant des corps enseignants nous laissent à penser que la création d’une commission scolaire et périscolaire mixte DAC–DIP de gestion de ces demandes permettrait de répondre plus efficacement à ces sollicitations. Une répartition équitable des frais engendrés par ces prestations est également à envisager. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 33 Un SOUFFLE nouveau pour l’Enfant, l’Art et la Science au Jardin botanique Par Marc-André Thiébaud, conservateur es Ateliers Verts des CJB, inscrits dans le Service «L’Art et les Enfants» du Département de l’Instruction publique de l’Etat de Genève ont été marqués par un important changement durant l’année scolaire 2002 – 2003. En effet, l’enseignante responsable, Madame Loïse MARQUART, qui a dirigé nos Ateliers Verts durant plusieurs années avec le succès que l’on sait, prenait une retraîte bien méritée l’année dernière. Sa remplaçante, Madame Catherine FELL a insufflé un renouveau humain, spirituel et matériel, aux activités créatrices qui caractérisent les efforts réunis de nos deux institutions [CJB + DIP]. Madame FELL, «disciple» de Loïse MARQUART a su reprendre le flambeau avec une dynamique renouvelée, mais tout empreinte de calme et de sérénité. Elle est toujours secondée pour la partie «bricolage» de nos Ateliers, par Madame Maroucha ROSCHI, efficace et fidèle à son poste depuis de nombreuses années. Les anciens Ateliers du jeudi, pour des raisons internes aux CJB, ont subi un double déplacement, d’abord dans le temps, les Ateliers ont lieu dorénavant les lundis, mais aussi dans l’espace: ils ont quitté le hangar de l’Atelier Vert au Jardin botanique pour rejoindre les serres Rothschild à Pregny. (annexe du Jardin botanique). Ces Ateliers sont conduits par un collège de trois enseignants: Mesdames Marcelle FIRMANN et Dominique ZBINDEN, ainsi que Monsieur JeanMarie BORGEAUD, tous trois maîtres spécialisés de dessin et peinture. Un troisième type d’Ateliers Verts a été instauré par Madame Monique BADEL, également Maîtresse spécialisée de dessin et peinture au DIP, pour des classes d’école enfantine, incitant donc les plus petits à se sensibiliser à notre environnement botanique, en notre Institution. Ces Ateliers ont lieu les lundis dans leurs classes respectives, et les jeudis après-midi aux serres Rothschild à Pregny (annexe du Jardin botanique). Quant à l’éducation environnementale et à la vulgarisation scientifique de chacun de ces Ateliers Verts, elles sont toujours placées sous la conduite et sous la responsabilité du signataire de cet article. hommage botanique à VICTOR HUGO Par Marc-André Thiébaud, conservateur Pour le deux centième anniversaire de la naissance de cet illustre poète, nous lui avons dédié un modeste «hommage botanique» réalisé sous la forme d’un diaporama et présenté en notre «Bot Show». Quant à la musique, elle débute en introduction par un air de cor anglais extrait de la «Symphonie du Nouveau Monde» de Dvorak: c’est la naissance; suivie par une acclamation de trompettes qui annoncent Victor Hugo et la résurrection du romantisme (court fragment du «Resurexit» extrait de la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach). Dans le monde des «Contemplations», les plantes transforment tour à tour l’univers en de subtiles gammes de couleurs et de senteurs, d’éclats et de sérénité, de lumières et de ténèbres, mais aussi d’amour, de frivolité et d’humour... ictor Hugo fut l’un des Maîtres incontesté du romantisme français. Il sut redécouvrir la nature, et son génie s’est penché sur elle mieux que quiconque pour la dépeindre avec une force, une conviction et une sensibilité rarement égalées. Sous sa plume, le monde végétal devient univers, les plantes prennent âme et dimensions humaines, de la plus petite fleur à l’arbre le plus majestueux. Il était donc tout naturel que les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève commémorent cette année 2002, et c’est pourquoi nous nous sommes attaqués à l’audacieux projet d’imager photographiquement quelques fragments des vers les plus «botaniques» extraits des «Contemplations». Audace certes, car rien ne se passe plus facilement d’image que ce recueil de poèmes qui est déjà «images», mais passionnant devoir aussi que celui d’accompagner ces vers avec des photographies d’une même sincérité et d’une même ferveur. A la projection, les diapositives se fondent harmonieusement les unes dans les autres pour restituer, sur un deuxième plan, la même profondeur d’âme ressentie à la lecture du texte. Que le ciel est un dôme aux merveilleux pilastres, Une tente aux riches couleurs, Un jardin bleu rempli de lis qui sont des astres, Et d’étoiles qui sont des fleurs; Les musiques liant les vers choisis avec les images, sont toutes évocatrices de nature, de romantisme et de liberté. Elles sont extraites de l’œuvre des plus grands compositeurs romantiques tels Dvorak, Tchaikowski et Mahler. PAGE 34 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 des VILLAGES GENEVOIS rencontre des villages genevois» est devenue une très agréable tradition. Cette année, le choix s’est porté sur la Commune de Cartigny. Le 21 août 2003, par une belle journée de fin d’été, heureusement post-caniculaire, une trentaine de participants se présentaient au rendez-vous, devant l’Eglise de Cartigny. Après une allocution de bienvenue de Madame Elisabeth MOYNIER, organisatrice de cette journée pour UNI 3, Madame Marie Une trentaine de participants se présentaient au rendez-vous, devant l’église de Cartigny ans le cadre des ateliers «sur les traces de Töpffer», généralement consacrés à la transmission des savoirs inter-générations, les Conservatoire et Jardin botaniques avec la collaboration de l’Université du troisième âge organisent presque chaque année une excursion d’une journée, à la fois culturelle et ludique pour Grands-parents et Petits-enfants. Après Dardagny en 1997, Hermance en 1998, Veyrier en 1999, Céligny en 2001, l’excursion annuelle «A la Le moindre arbrisseau parle, et l’herbe est en extase; Le saule pleureur chante en achevant sa phrase; Avez-vous vu Vénus à travers la forêt? Oh! Reviens, printemps! Fanfare Des parfums et des couleurs! Toute la plaine s’effare Dans une émeute de fleurs. Dressez procès-verbal contre les pâquerettes Qui laissent les bourdons froisser leurs colerettes; Et que l’eau, palpitant sous le chant qui l’effleure, Baise avec sanglots le beau saule qui pleure; L’étang mystérieux, suaire aux blanches moires, frissonne; au fond du bois la clairière apparaît; Les arbres sont profonds et les branches sont noires; Puisse cet humble hommage botanique à Victor Hugo recréer l’atmosphère et les sentiments qui nous ont été transmis par celui qui contribue à éveiller nos sens et nos cœurs à la beauté du monde végétal... BRON, historienne, rassemblait les participants à l’intérieur de l’Eglise pour leurs brosser un portrait historique de cette ancienne commune, à travers quelque huit siècles d’histoire. Pendant ce temps, les enfants, pour qui ce discours était un peu trop abstrait, se dirigeaient vers une ferme où tous les animaux domestiques et d’élevage leur étaient présentés. Puis Madame BRON, accompagnée de Monsieur Pierre COGNE, également historien, emmenaient les participants adultes à travers le village pour leurs montrer les demeures historiques ou les vestiges de quelques-unes d’entre elles, ayant marqué la Commune, et illustrant bien à propos l’exposé d’introduction. Durant cette visite pédestre, les enfants se promenaient également dans le village, mais sur des poneys, ou dans de jolis carrosses et charrettes tirés par des ânes et des chiens de ferme. Cette promenade à travers Cartigny se termina pour tous, enfants et adultes, à la propriété d’une ancienne Famille de la Commune, la famille Victor MONNIER qui eut l’amabilité de recevoir chaleureusement tout le groupe et de lui offrir le verre de l’amitié. Dans les jardins de cette propriété, Madame MOYNIER lut quelques extraits de l’ouvrage «Mon Village», écrit par Philippe Monnier, ancêtre de la famille hôte... Mais déjà midi sonnait au clocher de l’Eglise pour rappeler que le pique-nique avait lieu dans le jardin de la salle communale, où le Maire et son adjoint attendaient déjà les participants, après avoir préparé des tables, des bancs et des bouteilles d’eau minérale. Le programme de l’après-midi se passa dans Par Marc-André Thiébaud, conservateur Education environnementale Les CJB et UNI 3 à la rencontre la nature, entre le village et le Rhône. Monsieur Jean NOVELLE, archéologue, parla des Moulins de Vert, de leur histoire et de leur fonctionnement; il situa sur le terrain leurs emplacements d’origine, et montra quelques ruines et essais non abouti de reconstruction. Cette région correspond à l’ancien méandre du Rhône qui a été artificiellement canalisé dans la première moitié du vingtième siècle. Cette «boucle du Rhône» est actuellement une réserve naturelle gérée par l’Etat de Genève. C’est sous la conduite de Monsieur Marc-André THIEBAUD, Conservateur aux Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, que s’est faite cette balade botanique, à travers des zones agricoles, des bois typiques de la région genevoise, des milieux aquatiques le long de l’ancien bras du Rhône (peuplés de nénuphars, de roseaux de massettes, etc), ainsi que de prairies sèches formées par d’anciens alluvionnements du fleuve et par des dépôts artificiels de sables et de graviers datant de la correction de ses eaux. Plusieurs sites d’observations ont permis aux participants d’admirer ces formations végétales caractéristiques, et de les situer dans leur contexte géographique et physiographique. Chaque fois que des néophytes étaient présents, Monsieur THIEBAUD essayait de sensibiliser enfants et adultes à la connaissance de ces plantes envahissantes, dangereuses pour les autres espèces, et qui portent atteinte à notre environnement. Les participants purent ainsi apprendre à reconnaître l’arbres à papillons (Buddleja), le Robinier faux-Acacia (Robinia), la Verge d’or (Solidago), la Renouée du Japon (Reynoutria), et la Berce du Caucase (Heracleum). C’est bien fatigué que tout le groupe se retrouva en fin d’après-midi, pour une visite et une verrée, dans la petite entreprise de Monsieur François BONNAMOUR, fleuriste-horticulteur. Cette journée se termina par un chaleureux «au revoir» qui peut-être permettra à certains de se retrouver en l’an 2004 dans un autre village genevois! LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 35 Brunches TROPICAUX Sous l'emblème des Tropiques en plein hiver, le public a été accueilli par un buffet tropical, des visites guidées par des spécialistes, des animations pour les enfants, de la musique et des spectacles nocturnes. Autant de moyens d'inaugurer les nouveaux aménagements éducatifs des serres des CJB ! PAGE 36 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 au JARDIN botanique DU 30 NOVEMBRE AU 7 DÉCEMBRE 2003 ANIMATIONS DANS LES SERRES LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 37 1 Visite guidée du jardin botanique par le directeur Rodolphe Spichiger pour le nouveau magistrat Patrice Mugny 2 Formation continue pour le personnel de la Ville de Genève, visite guidée des herbiers 3 Journées du patrimoine, visite des Serres de Pregny 4 Cours pour horticulteurs spécialisés dans les jardins botaniques (Château Farine) 2003 Rétrospective Fidèle à sa tradition, la Feuille Verte vous présente une rétrospective photographique des événements marquants l’année écoulée. C’est pour nous une manière de relater la multiplicité des rapports que nous entretenons avec nos différents publics. Qu’ils en soient ici remerciés! 1 Les «Envahisseurs?» et l’équipe des CJB aux Ondes Florales de Nyon 2 Participation des CJB à l'aménagement estival de la rue piétonne du Beulet 3-4 Visite du Jardin citoyen de l'école de Collex-Bossy par le maire de cette commune, M. Albert Maréchal 5 Inauguration de l’exposition «Envahisseurs?» au Musée du Léman de Nyon PAGE 38 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 1 Stand des CJB aux Journées du développement durable 2-3 Stand «Envahisseurs?» des CJB à la Nuit de la Science 4 Exposition «Lumière dans l'Antiquité» Musée Romain de Nyon Table des Herbiers (mèches & huile) Bas Ateliers Verts autour de différents thèmes ANNUELLE LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 39 Le style «AAJB» sans stigmate, ni ovaires «Pour les esprits simples comme les nôtres, le marais est nécessairement mouillé, sinon ce n'est pas un marais.» Les accompagnants de groupes ou guides AAJB seront sans doute d'accord avec moi : l'excursion débute presque toujours avec un peloton de naturalistes timides. Par Bernard Messerli, président de l’AAJB ette sorte de complexe d'infériorité, ou cette modestie, cache en réalité une foule de connaissances éclectiques, un gisement de savoirs divers que la promenade didactique va réveiller, stimuler, exciter. Ce qui va entraîner des effets en cascades sur de nombreux participants et se terminer dans un feu d'artifice d'érudition tous azimuts. Voilà ce qui m'est venu à l'esprit en lisant le compte-rendu de la sortie au Marais Poitevin (excursion organisée par Roméo Gex qui a eu lieu du 24 mai au 1er juin 2003) composé d'une douzaine de pages bien tassées, rédigées par Jean Hanus (merci à lui pour cette belle prose!). La première phrase citée trouve d'ailleurs son complément dans la suivante : «Ici, il en est différemment, car il existe un marais desséché et un marais humide». Ce texte (à disposition auprès de l'AAJB) me semble emblématique du style de nos membres, style dont j'aimerais citer les traits les plus marquants. Intérêt pour un naturalisme large: «Thibaud nous initie au chant des oiseaux qui peuplent le site...Mathieu identifie la libellule déprimée...» (suivent des considérations sur la différence entre zygoptères et anisoptères), incluant les composantes culturelles: «Les rejets (de frêne) produisent du bois de chauffage et des perches pour la confection d'outils particuliers, notamment la «pigouille», longue gaffe que manie les bateliers... Le composant principal de ce foin est la «misotte», une graminée à laquelle se mêle d'autres végétaux typiques du milieu encore salé...». Envie de simplification «...classés en mésophiles, mésophiles hygrophiles et hygrophiles, termes compliqués qui correspondent à une réalité assez simple, à savoir est-ce plus ou moins mouillé?». Un certain désintérêt pour une taxonomie trop pointue: «...lassés par la duplicité du genre Carex qui multiplie les obstacles devant les téméraires qui se hasardent à les déterminer». Un engagement pour la défense de la nature: «L'assèchement du marais mouillé n'est certainement qu'un problème technique pour les agronomes et les ingénieurs et le chant de la bouscarle, malgré son charme séducteur, n'est qu'un frêle rempart contre leurs appétits». Je ne voudrais pas terminer cet essai de profil sans mentionner la tendance des «Aajibistes» en balade à une certaine indépendance, une disposition à rompre momentanément la grégarité: «...et nous rassemblons peu à peu les traînards et les déconnectés dont nous avons parsemé notre itinéraire». Cette propension ponctuelle à s'extraire du groupe a mobilisé une partie de notre dernière séance de Comité. Si, à plat, en terrain ouvert, cette manie ne pose que peu de problème, en revanche, sur des terrains pentus et ravinés, voire en zone forestière dense, les conséquences pourraient s'avérer assez fâcheuses. Il a, semble-t-il, récemment fallu rattraper une personne par les bretelles alors qu'elle tentait de prendre une photo sur une vire instable pour parapentiste averti... Ca aurait pu être sa dernière photo, et non la 36e du film! Faudra-t-il désormais indiquer sur nos invitations d'excursions que ces dernières se font sous la responsabilité personnelle des membres? Et puisque nous en sommes aux débats du Comité, sachez (sans lien avec le texte du Marais Poitevin) que nous avons parlé de la recréation d'un groupe jardin, de nouveaux grands voyages et de petites sorties éclairs. Nous avons aussi pensé qu'il serait bon de faire un bilan avec nos guides bénévoles, que nous ne chouchoutons pas assez. Nous nous sommes inquiétés du besoin de renouvellement au sein de notre Comité. Voilà, c'est un appel pour de nouvelles forces vives: nous cherchons une ou deux bonnes volontés. Des collaborateurs des CJB (ce serait l'idéal pour peaufiner le partenariat avec l'institution dont nous sommes les Amis) comme des amis de tous styles. UNE NOUVELLE COORDINATRICE POUR L'AAJB Lors de l'assemblée générale de mars 2003, notre coordinatrice Anne Arnoux a passé le flambeau à Mónica Soloaga Glauser. Doctorante aux CJB, Mónica travaille dans le cadre du projet de la Flore du Paraguay, sur l’élaboration d’une check-list. Notre nouvelle coordinatrice a pris ses fonctions avec vivacité et enthousiasme; le Comité a beaucoup de plaisir à travailler avec elle, et lui réitère sa bienvenue à cette occasion. l’Assemblée Générale 2004 aura lieu le 16 mars à 20h, avec un exposé de Rodolphe Spichiger sur les méthodes anciennes et nouvelles de classification des végétaux. VOYAGE AU BHOUTAN Pour organiser son voyage au BHOUTAN, l’Association des Amis du Jardin botanique a fait des démarches pour obtenir un certain nombre de visas d’entrée dans ce pays. Quelques-uns de ces visas sont disponibles pour ceux ou celles qui souhaiteraient encore s’inscrire. Les occasions d’entrer au Bhoutan sont assez rares pour qu’une offre de ce genre présente un fameux intérêt! Sachez que le voyage a lieu de toute façon, en fonction des inscriptions actuelles. Le voyage a lieu du 25 avril au 7 mai et son prix est de CHF 6’500.-. Pour tout renseignement, contactez Roméo Gex, guide, au 079/203 49 81 Amis du Jardin botanique sur le terrain – cours de détermination RÉTROSPECTIVE SEPTEMBRE 2002 - SEPTEMBRE 2003 Cours «Identification des champignons» les 23 septembre, 7 et 21 octobre 2003. Et une sortie le samedi 27 septembre en partant du château d’eau de Bossy, avec la Société mycologique de Genève. «Détermination de plantes» à l'aide des clés, les 7 et 14 avril; les 5, 12 et 26 mai; les 2, 16 et 23 juin 2003, avec Louis Nusbaumer. Voyages et autres sorties botaniques Dans la forêt de Dix (dans les pays de Gex - Jura gessien), 30 novembre 2002, avec François Roman et Bernard Messerli A l'Arboretum du Vallon de l'Aubonne, 5 avril 2003 avec B. Messerli Entre Saint-George et le Marchairuz, 26 avril 2003 avec François Roman et Bernard Messerli Au Marais Poitevin, du 24 mai au 1er juin 2003, avec Roméo Gex Sortie «haies» , Parents – enfants, 31 mai, avec Christiane Guerne Dans la région de l'Etivaz, Pays d'En-Haut, 21 juin 2003, avec Bernard Messerli Aux Grangettes, «4-saisons» 28 juin, le 23 août 2003, avec R. Gex, M. Baumann et M. Moret PAGE 40 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 PLANTES À FLEURS D’AFRIQUE TROPICALE L'année écoulée a vu l'édition du premier volume d'un ouvrage devant former une suite à l'«Enumération des plantes à fleurs d'Afrique tropicale» des Drs. Jean-Pierre Lebrun et Adélaïde L. Stork, chercheurs associés aux CJB. Ce précédent ouvrage, publié en quatre volumes et 1560 pages entre 1991 et 1997, fournissait la première synthèse sur la flore tropicale africaine. C'est ainsi que 26’274 espèces étaient répertoriées et documentées par référence aux sources bibliographiques les plus récentes. Région de Bionassay, France, 6 juillet 2003, avec François Romand et Michellou Sipp Coups de coeur du jeudi Plantes sacrées de Noël et Nouvel An, 9 janvier 2003, avec Christian Rey et Bernard Messerli Projet de Flore alpine, 3 avril 2003, avec David Aeschimann Réunion Jardin aux serres Rothschild, 2 octobre, avec Pierre Matille et Bernard Messerli Inventaire des mousses et hépatiques à Genève, 20 novembre 2003 avec Michelle Price PERSPECTIVES: PROJETS AAJB FIN 2003 - FIN 2004 Cours Détermination de plantes* Initiation à la mycologie* Voyages et autres sorties botaniques Aux Grangettes, le 13 décembre 2003, avec R. Gex, M. Baumann et M. Moret. Haies au printemps 2004, avec Christiane Guerne*. Au Bouthan, du 25 avril au 7 mai 2004, avec Roméo Gex. La glacière de Saint-George, sortie botanicogéologique, mi juin 2004, par Bernard Messerli* Coups de coeur du jeudi Autour de l'herbe, avec l'écrivain Corinne Desarzens* Du rapport entre les insectes et les plantes, avec B. Messerli* Un voyage imaginaire au Paraguay, avec Mónica Soloaga Glauser* *Les dates seront fixées ultérieurement. On les trouvera sur le site www.ville-ge.ch/cjb/ (puis Hôtes, puis AAJB) Par Patrick Perret, conservateur publications Les éditions CJB en 2003 Afin de ne pas trop alourdir leur texte, les auteurs avaient délibérément négligé les données sur l'écologie et la répartition des espèces. Ce sont ces deux lacunes que les Drs. Lebrun et Stork souhaitent combler avec leur nouvel opus. Tropical African Flowering Plants – Ecology and Distribution / Volume 1: Annonaceae – Balanitaceae Publication hors-série 9 Editions des Conservatoire et Jardin botaniques Ce premier volume traite donc sur 797 pages de 4811 espèces et fournit pour chacune d'elles des indications écologiques ainsi qu'une carte de répartition à l'échelle de l'Afrique tropicale. Cette présentation est donc à nouveau une première: chaque espèce peut ainsi être comparée à ses congénères par un simple coup d'oeil. De plus, il devient possible de visualiser les habitats de chaque espèce par référence aux grandes catégories phytogéographiques africaines (forêt dense humide, savanne, etc...). Le Prof. R. Spichiger dans sa préface a «plaisir à saluer le nouvel ouvrage de Jean-Pierre Lebrun et Adélaïde L. Stork qui sera une incontestable contribution à la connaissance de la flore d’Afrique et à en féliciter les auteurs». Les pairs de nos deux auteurs ont eux aussi marqué cette nouvelle parution en leur attribuant l'AETFAT Award lors du congrès de cette association tenu à Addis Abeba l’été passé pour «avoir mené à bien des contributions majeures à l'étude de la Flore africaine et avoir ainsi travaillé à l'accomplissement des buts de l'Association pour l'Etude Taxonomique de la Flore d'Afrique Tropicale». UNE RÉÉDITION ATTENDUE Augustin-Pyramus de Candolle Mémoires et souvenirs (1778-1841) Edités par Jean-Daniel Candaux et Jean-Marc Drouin avec la collaboration de Patrick Bungener et René Sigrist Bibliothèque d'Histoire des Sciences Georg Editeur - Genève Botaniste d'envergure européenne, pionnier de la géographie végétale, mais aussi savant préoccupé par le bien-être de ses semblables, Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841) a laissé des Mémoires et souvenirs qui constituent un témoignage de première importance sur les milieux scientifiques et intellectuels de l'époque napoléonienne et de la Restauration, en particulier à Paris, Montpellier et Genève. Une première édition de ces Mémoires, réalisée en 1862 par son fils Alphonse de Candolle, avait édulcoré ce témoignage de tout ce qui était considéré comme trop personnel, ainsi qu’un certain nombre de critiques formulées à l'encontre de personnages encore vivants. La présente édition livre pour la première fois au public l'intégralité du manuscrit, assortie d’une introduction et d'un appareil critique réalisés par l'historien Jean-Daniel Candaux et l'historien naturaliste Jean-Marc Drouin. Dans ce témoignage unique en langue française, de Candolle raconte sans détours les aléas de sa vie, ses rencontres avec d'innombrables personnages célèbres et moins célèbres, ainsi que l'élaboration progressive de son immense oeuvre scientifique. De l'enfance et de l'adolescence genevoises, la scène se déplace ensuite à Paris et à Montpellier de 1798 à 1816, puis retourne à Genève où s'écoulent les années de maturité et de vieillesse. Galerie de portraits, recueil d'anecdotes, introduction à ses ouvrages botaniques, chronique de sociologie scientifique, journal de voyage, les Mémoires de de Candolle sont tout cela à la fois. Ecrites dans un style vivace et clair, elles sont un témoignage incontournable sur un des plus illustres genevois, son oeuvre et son époque. LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 41 Quoi de neuf chez PRO SPECIE RARA? Cette année, le marché aux plantons de Pro Specie Rara (PSR) a eu lieu à la veille de la fête des mères au Château de Prangins. La vente a été accompagnée de différentes animations viennent polliniser les fleurs de tomates, a imité le bourdon volant de fleur en fleur. Les enfants étaient ébahis et très intéressés, ils ont beaucoup aimé! Cette année, le marché aux plantons de Pro Specie Rara (PSR) a eu lieu à la veille de la fête des mères, au Château de Prangins. Son succès augmente d’année en année, n’est-ce pas? Oui, je crois qu’une forte demande existe vraiment pour des variétés introuvables dans le commerce. C’est vrai que quand on va acheter des plantons de tomate, par exemple, c’est par envie d’avoir quelque chose d’un peu particulier dans son jardin, et non la variété disponible dans les barquettes préemballées du supermarché. Par ailleurs, les amateurs sont toujours un peu craintifs de faire leurs plantons euxmêmes. Alors bien que PSR propose des graines depuis longtemps, la plupart d’entre eux préfèrent acquérir des plantons. Et c’est vrai que cette année nous avions un grand choix de variétés. La nouveauté réjouissante, c’est que le public n’était pas là seulement pour les tomates, mais aussi pour les autres légumes. La première année, nous avions été pris d’assaut ! Comme nous n’espérions pas un tel succès, nous avons manqué de plantons. Donc cette année, nous avons préparé plus du double de toutes les variétés. Cela montre que le travail de PSR porte ses fruits! La vente a été accompagnée de différentes animations, raconteznous un peu. Oui, le marché s’est avéré très convivial et a engendré beaucoup de vie dans la cour du Château, un très bel espace. Un vendeur de semences biologiques était présent, Biosem de Neuchâtel, les Jardins des Senteurs vendaient des plantons de plantes aromatiques, et puis PSR avait organisé un atelier pour les enfants, qui apprenaient à transplanter un jeune planton de tomate dans un pot plus grand. Comme le marché se déroulait le week-end de la fête des mères, l’occasion était bonne pour les enfants de faire un cadeau à leur maman, alors ils ont aussi peint et décoré les pots qu’ils ont emmenés. Cette activité a remporté beaucoup de succès parce que l’animateur était vraiment formidable avec les enfants. Il leur a raconté plein de choses sur les bourdons qui Des visites ont été organisées dans le potager du Château de Prangins avec bien du succès. À cette période de l’année, les légumes ne sont pas encore spectaculaires, si bien que la visite a porté plutôt sur les arbres fruitiers. A l’emplacement du potager, on découvre une très belle collection d’arbres fruitiers en espaliers, spectaculaire. Comme il s’agit vraiment de cultures historiques, de nombreux commentaires enrichissent la visite. Notamment, de petits abris de protection au sommet des murs sont orientés vers le haut ou vers le bas, suivant la variété, soit pour conserver la chaleur, soit pour laisser évacuer l’air froid. Quelle sera la présence de PSR lors des festivités du 100e anniversaire du déménagement du jardin botanique? Cela pourrait être une bonne occasion de promouvoir le travail de valorisation des variétés anciennes! Oui, il y aura un potager autour de la buvette du jardin botanique. Je pense qu’esthétiquement ce panorama sera très agréable, car le public pourra se restaurer en contemplant le potager. J’espère que cette vue leur donnera aussi des idées pour varier leur alimentation. Et oui, la diversité des variétés est également intéressante dans ce sens-là! Le potager présentera trente à quarante variétés de légumes qui étaient cultivés en 1904 dans les potagers en Suisse. En ce qui concerne le choix des espèces, rien de très spectaculaire, parce qu’il y a 100 ans, on mangeait les mêmes légumes qu’aujourd’hui. La tomate et la pomme de terre, qui sont des légumes originaires d’Amérique, étaient déjà bien implantés. Par contre, le choix des variétés sera intéressant. En effet, à cette époque-là, les hybrides F1 que l’on trouve maintenant dans tous les jardins n’existaient pas. Seules des variétés traditionnelles et pas mal de variétés locales étaient cultivées. Aujourd’hui, nous retrouvons notamment toutes les variétés au patronyme «de Genève» et «de Plainpalais» grâce à la grande tradition maraîchère genevoise. Toute une série de variétés ont été créées ici et nombre d’entre elles étaient déjà très présentes dans les jardins en 1904. On peut citer par exemple le «chou à pied court de Plainpalais», (d’une finesse de goût exceptionnelle mais au pied court qui l’expose à la pourriture lorsqu’il est cultivé dans un endroit trop humide) ou la «laitue brune de Genève». Un message de la part de PSR pour nos lecteurs en 2004? Le marché au planton aura à nouveau lieu à Prangins et, comme chaque année, le nouveau catalogue est sorti courant décembre. Le thème de l’année 2004 est: «De retour sur les hauteurs» parce que c’est effectivement en altitude que de nombreuses variétés ou espèces (pour les animaux) ont été retrouvées. De plus, PSR a noté que le public de ces mêmes régions de montagne est intéressé par la culture ou l’élevage celles-ci parce qu’elles y sont particulièrement bien adaptées. Cet intérêt provient également de la for- Entretien par Magali Stitelmann avec Denise Gautier, responsable de l’antenne romande PSR mation progressive d’une niche de marché pour les produits qui en sont issus. Cette opportunité de commercialisation permet aux producteurs de diversifier leurs produits en offrant un plus, c’est-à-dire des produits de qualité «du terroir». Nous pouvons ainsi conserver toute cette diversité biologique, tout en favorisant la diversité des paysages, ce qui fait aussi partie de notre travail! Il est vrai qu’un verger en altitude, c’est intéressant pour le paysage, pour les variétés et pour la personne qui le cultive, qui obtient ainsi des produits introuvables dans le commerce. En fait, il s’agit de promouvoir toute une qualité de vie ! Voilà tout ce que Pro Specie Rara essaye de développer. Animations pour les enfants au Marché aux plantons PSR 2003 à Prangins PAGE 42 - LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 botanique de GENÈVE De fleurs en fleurs, les voyages botaniques… près 2003, la Société botanique de Genève s’apprête à vivre une sereine année 2004 tournée vers ses intérêts premiers: les voyages. Après avoir fêté dignement ses 125 ans et géré la parution du volume anniversaire consacré à la cartographie de la flore en Suisse (vol. 3 des Mémoires de la Société botanique de Genève), la Société a retrouvé des années plus calmes. Le comité a donc pu se consacrer à l’organisation de ses activités de prédilection, les excursions et voyages botaniques. Mathias Vust, président scientifique, d’apprentissage de la botanique et de convivialité ajoute le ciment de l’amitié à la satisfaction des découvertes. Une dimension supplémentaire apparaît encore lorsque le voyage se déroule à l’étranger. La Bulgarie était au programme du printemps 2003. Grâce à des contacts avisés, nous avons été guidés par la directrice du jardin botanique de Sofia. «En peu de jours, me disait un membre du voyage, nous avons vu une quantité d'asso- PROGRAMME 2004 activités de la société botanique de Genève 19.1 Conférence Approche écologique et botanique de la réserve du delta de la Dranse, Haute-Savoie, par D.Jordan partenaires Société 16.2 Conférence Excursions botaniques sur les crêtes du Mont Baldo, par P. Mingard 15.3 Conférence Les Herbiers manuscrits du Moyen-Âge, par M. Collins 19.4 Conférence Voyage en Géorgie, par C. Bornand, F. Calame et M. Vust 1.5 Excursion de détermination pour le CRSF, région de Nyon 15.5 Excursion Le réseau agro-écologique de Genève, guidé par Y. Bischofberger et S. Viollier 29 au 31.5 Voyage au Val d’Aoste, guidé par C. Rey 12.6 Excursion dans les Préalpes de Haute-Savoie, guidée par D. Jordan A la recherche des néophytes à la gare de triage de Bâle 26-27.6 Week-end dans la région de Bourg St-Pierre guidé par P. Hainard et F. Jacquemoud (Photo: C. Bornand) Une première attention a porté sur l’organisation d’excursion couplée à une conférence. Florian Meyer nous avait ainsi entretenu du génie écologique, puis mené sur le terrain pour en observer les réalisations dans la région de Gland. Il en a été de même au sujet des lichens terricoles puis des plantes médicinales. La série se poursuivra cette année avec une visite de la Grande Cariçaie, dont il a été question lors de la conférence d’avril dernier. Les plantes envahissantes et les néophytes sont le sujet à la mode en 2003 et 2004. Expositions, articles, émissions de radio, tout est fait pour informer et sensibiliser le public au problème. La Société botanique avait demandé au spécialiste genevois Daniel Jeanmonod de présenter une conférence sur le sujet, ce qui a été fait en collaboration avec la Société zoologique de Genève pour l’aspect animal. Il a guidé, plus tard, les membres à travers le canton de Genève pour apprécier l’étendue des problèmes et l’état des interventions. Enfin, un week-end dans les gares de triage de Suisse a permis de constater l’ampleur des arrivées de plantes nouvelles. C’est lors des voyages de deux ou plusieurs jours que l’esprit du terrain se savoure le mieux. Partir en petit groupe, dans une région particulière, comme Zermatt en juillet 2003, avec des guides passionnants, comme ont su l’être Ernest Gfeller et Patrick Charlier, représente la quintessence de ce que peut apporter une société naturaliste. Ce mélange unique de travail ciations végétales et d’espèces remarquables qui nous restera longtemps en mémoire. I1 aurait été impossible à une personne non spécialisée de découvrir autant en si peu de temps». Mais il s’avère que de tels voyages offrent aussi aux guides locaux l’occasion rare de rencontrer et d’échanger ses connaissances avec des botanistes suisses assidus et de voyager dans des régions de leurs pays qu’ils n’ont pas forcément l’occasion de parcourir faute d’argent ou de logistique adéquate. Ces voyages se révèlent donc aussi l’occasion d’échanges et de coopération entre les pays et les communautés scientifiques. 18.7 au 1.8 Voyage en Norvège, guidé par K. Amman Cette année 2004 promet tout autant, avec des excursions en Suisse et en France voisine, un week-end au Val d’Aoste et un voyage en Norvège... Venez nous rejoindre, de fleurs en fleurs... 15.10 Conférence De la conservation des milieux naturels et de la flore par le Service des forêts, de la protection de la nature et du paysage du canton de Genève (SFPNP), par Bertrand von Arx, Conservateur de la nature et du paysage au SFPNP 21.8 Excursion La grande Cariçaie, guidé par C. Clerc 14.9 Conférence avec la Société zoologique de Genève: Les Prés de Villette, par P. Charlier et P. Baumgart 18.9 Excursion de détermination pour le CRSF (2e passage), région de Nyon 18.10 20.12 Conférence à définir Repas diapos Les conférences ont lieu, en général, le 3e lundi du mois, de septembre à juin, à 20h30 au Museum d’Histoire Naturelle de Genève, route de Malagnou (bus 20, 27, tram 12 ou 16). L’entrée est libre et ouverte à tous Renseignements Société botanique de Genève Case postale 60 CH-1292 Chambésy LA FEUILLE VERTE - JOURNAL DES CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES - N° 34 - MARS 2004 - PAGE 43 P.P. 1292 Chambésy Conservatoire et Jardin botaniques Ville de Genève Imprimé sur papier écologique sans chlore Chemin de l’Impératrice 1 – CH-1292 Chambesy/Genève – Tél. 022 418 51 00 – Fax 022 418 51 01 – www.ville-ge.ch/cjb/