1. Introduction
La création et l’utilisation des connaissances joue un rôle essentiel dans les économies
industrielles modernes. Arrow (1962) a montré que le changement technologique implique
une modification dans la fonction de production. L’auteur a également souligné que le progrès
technique nécessite des efforts et qu’il est le produit de l’expérience acquise au cours de
l’activité. En prenant en compte cette idée, Romer (1986) a proposé un modèle de croissance
dans lequel l’apprentissage par la pratique ou le « learning by doing » permet d’obtenir un
accroissement continu de la production. Ce processus peut influencer la progrès technique,
mais les économistes tendent à mettre en avant l’idée que l’investissement en R&D produit
les connaissances disponibles dans l’économie (Kuznets, 1966 ; Rosenberg, 1982). La
nouvelle théorie de la croissance considère notamment que cet l’investissement est un facteur
essentiel de croissance économique. La plupart des modèles de croissance endogène montrent
que le taux de croissance augmente avec le nombre de chercheurs employés dans l’activité de
R&D (Romer, 1990 ; Grossman et Helpman, 1990 ; Aghion et Howitt, 1992).
La contribution des activités liées à la recherche et à l’innovation dans la croissance des
industrialisés qui disposent de ressources abondante de main-d’oeuvre qualifiée a été
suffisamment étudiée. La relation est moins étudiée dans les pays émergents. Pourtant, un
grand nombre d’économies émergentes, notamment d’Asie (Corée du Sud, Inde, Taiwan,
etc.), ont connu un accroissement du niveau technologique, et cette amélioration a conduit à
une forte croissance. De plus, ces pays ont également un niveau élevé de capital humain.
Nous nous intéressons ici à l’interaction entre le capital humain et l’imitation dans la
croissance rapide de ces pays. Nous développons dans ce papier le modèle de Romer (1990)
afin d’améliorer le pouvoir explicatif du lien entre le changement technologique et la
croissance. L’évolution de la technologie productive dans notre modèle tient en compte
l’imitation ou l’adaptation des technologies des économies plus avancées dans le contexte
national.
Ce papier est organisé en 5 sections. Nous décrivons dans la deuxième section notre
modèle. La troisième section analyse la croissance à long terme. Nous discutons dans la
quatrième section les enseignements du modèle en matière de politique économique. La
dernière section conclue le modèle.