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Rapport de Mission
La Mission 2015 en visite chez Naver. © MC
ttt 4
Contributeurs
Rédaction
Michèle Assi
Audrey Bellefeuille
Maxime Callais
Alexandre Couture Blackburn
Jeremy Cuningham
Kim Gariépy
Pascale Girard
Sonia Grégoire
Camille Hamelin
Adriana Houle
Charles-Etienne Lafleur
Karl Lepage
Shuang Liang
Catherine Marcoux
Patrice O’Carroll
Alexandre Paradis-Michaud
Philippe Perron-Roelandts
Olivier Pettersen
Mathieu Rault
Daniel Santiago Harvey
Maximilien Tomé
Alexandre Torres
Raïssa Umumbu
Otmane Zizi
Correction
Maxime Callais
Sonia Grégoire
Camille Hamelin
Karl Lepage
Catherine Marcoux
Philippe Perron-Roelandts
Maximilien Tomé
Mise en page
Maxime Callais
Camille Hamelin
Philippe Perron-Roelandts
Maximilien Tomé
Cartes et graphiques
Maximilien Tomé (MT)
Crédits photographiques
Maxime Callais (MC)
Shuang Liang (SL)
Olivier Pettersen (OP)
Les photos de l’équipe en pages 10 et 11
ont été prises par PolyPhoto.
www.polyphoto.org
Toute reproduction totale ou partielle de ce document sans autorisation et sans mention de la source est
interdite. © Poly-Monde 2015
Mission Poly-Monde 2015, C.P. 6079, succ. Centre-Ville, Montréal, QC, H3C 3A7
+1 (514) 340-4735
www.polymonde.org
Remerciements
Sans l’appui de tous ses supporteurs, la Mission Poly-Monde n’aurait pas
eu le succès qu’elle a connu.
Nous tenons d’abord à souligner la
contribution des entreprises et institutions québécoises et sud-coréennes, tant
pour leur aide financière que pour l’accueil
et l’intégration des étudiants entre leurs
murs. Leur soutien est à la base de la réussite de ce projet.
Poly-Monde 2015 souhaite remercier
Mme Thibodeau-DeGuire, présidente du
Conseil d’administration de la Corporation
de Polytechnique Montréal, M. Christophe
Guy, directeur général de Polytechnique
Montréal, M. Pierre Baptiste, directeur
du département de mathématiques et de
génie industriel, ainsi que les directeurs de
départements pour leur support financiers
et conseils, année après année.
Ce projet extraordinaire, bien que
sous l’entière responsabilité des futurs
ingénieurs, est aussi appuyé par le Conseil
Poly-Monde, lequel est formé de la présidente de Polytechnique, Mme ThibodeauDeGuire, de la directrice du Bureau des
relations internationales (BRIN), Mme Line
Dubé, du directeur du département de
mathématiques et de génie industriel, M.
Pierre Baptiste, d’un membre de la direction d’Air Liquide Canada, M. Guy Frenette,
du professeur responsable, M. Marcelin
Joanis, du coordonnateur de la Mission et
des anciens Poly-Mondiens, M. François
Cartier et Mathieu Panet-Raymond. C’est
au Conseil Poly-Monde que revient la res-
ponsabilité du choix des destinations des
Missions d’année en année.
Nous souhaitons aussi remercier
Mme Myung-hee Kim d’avoir su nous
transmettre la beauté et les particularités
de la culture coréenne. Sa persévérance
fut certainement un élément clé dans l’obtention de plusieurs visites d’entreprises
en Corée.
La Mission aurait été tout autre sans
l’apport du BRIN aux multiples communications avec les entreprises et universités
coréennes. Notamment par l’entremise de
Mme Dubé, directrice, de Mmes Nathalie
Pelletier et Guylaine Larocque, conseillères sénior.
L’équipe tient aussi à rappeler la
contribution de M. Marcelin Joanis pour
son implication au sein de la Mission. Son
apport a été plus qu’un soutien permanent.
Bien qu’à sa première expérience avec Poly-Monde, il a su plonger pleinement dans
l’aventure et nous espérons qu’il pourra
superviser les futures Missions pendant
plusieurs années encore.
Notons aussi que M. Guy, Mme Dubé,
M. Baptiste et Mme Kim ont accompagné
la Mission en Corée, offrant leur soutien et
leur précieuse expérience aux membres.
Finalement, un merci tout spécial à
nos parents et amis qui ont encouragé la
réalisation de ce projet et appuyé la Mission à travers leur participation aux nombreuses initiatives étudiantes.
5 ttt
La Mission Poly-Monde est rendue possible grâce à
La Mission Poly-Monde est rendue possible grâce à
POURSUIVRE AUX
ÉTUDES SUPÉRIEURES,
UNE IDÉE DE GÉNIE!
100 %
VAL
AJOUEUR
TÉE
10 0
%
110 PROGRAMMES DE 2e ET 3e CYCLE :
DOCTORAT
MAÎTRISE
DESS
MICROPROGRAMME
Pour en savoir plus :
POLYMTL.CA/FUTUR/ES
En collaboration avec
Avec la participation de
Département de Génie industriel
et de
Département de Génie civil
Merci à tous les commanditaires de
la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud
Fortigo Freight Services Inc.
Cirano
Département de Génie chimique
Département de Génie biomédical
Uber
Coopoly
Famille Gervais Cuningham
Famille Zizi
La bannière de commanditaires de la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud, lors de la visite de l’Université d’Hanyang. © MC
Poly-Monde 2015
L’équipe
Coordination
Philippe Perron-Roelandts
Génie logiciel
Coordinateur
Poly-Monde 2014 Allemagne
W
ttt 10
Équipe Édition
Maxime Callais
Génie mécanique
Responsable Édition
Directeur du Polyscope
Maximilien Tomé
Génie civil
Stage à Washington, É-U,
volontariat en Australie
Camille Hamelin
Génie civil
Échange à Prague, République
tchèque
W
Équipe Financement
Olivier Pettersen
Génie civil
Responsable Financement
Échange à Taipei, Taïwan
Daniel Santiago Harvey
Génie civil
Trésorier
Trésorier des Jeux de Génie
Audrey Bellefeuille
Génie mécanique
Équipe mécanique de
Smart Bird
Jeremy Cuningham
Génie mécanique
Échange à Lausanne, Suisse
Directeur Structure Avion Cargo
Charles-Etienne Lafleur
Génie mécanique
Consultant junior au CCGP
Karl Lepage
Génie civil
Mentor Plan Canada
Bénévole Moisson Montréal
Shuang Liang
Génie physique
Échange à Taipei, Taïwan
VP Finances de PolyÉnergies
Mathieu Rault
Génie des mines
Trésorier de Polycultures
Raïssa Umumbu
Génie chimique
Agente télémarketing de la
Fondation de Polytechnique
Otmane Zizi
Génie industriel
VP Exécutif du CCGP
Équipe Logistique
Pascale Girard
Génie civil
Responsable Logistique
Échange à Taipei, Taïwan
Michèle Assi
Génie chimique
Échange à Compiègne, France
Présidente de PolyExplore
Alexandre Couture Blackburn
Génie mécanique
Échange à Málaga, Espagne
Kim Gariépy
Génie civil
Stage au Cameroun avec le
CIPO
Sonia Grégoire
Génie civil
Échange à Bruxelles, Belgique
VP PolyBuddy de PolyExplore
Adriana Houle
Génie biomédical
Stage chez KAO au Japon
Échange à Brisbane, Australie
Catherine Marcoux
Génie industriel
VP Réseautage 2013-2014 du
CEGIndustriel
Patrice O’Carroll
Génie mécanique
Échange à Lausanne, Suisse
Stage chez Merck, Allemagne
Alexandre Paradis-Michaud
Génie civil
Stage en Zambie avec Ingénieurs
sans frontières Canada
Alexandre Torres
Génie biomédical
VP Éducation du CEGBiomed
11 ttt
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Les Missions précédentes
25 ans d’international
1990
ttt 12
1995
2000
2005
2010
2015
La visite des installations coréennes de Merck a permis de marquer la transition entre la Mission 2014 en Allemagne et la Mission 2015 en Corée. © MC
Mot du professeur
responsable
Les Missions Poly-Monde sont devenues une tradition à Polytechnique Montréal. Chaque année depuis maintenant un quart de siècle, un groupe sélect de futur(e)s
ingénieur(e)s de l’École s’impliquent corps et âmes dans l’organisation d’une mission industrielle à l’étranger. Les étudiant(e)s impliqué(e)s dans ce formidable projet qu’est PolyMonde se voient donc offrir une occasion unique de faire l’expérience concrète et directe
des grandes tendances de notre temps, tant économiques et technologiques qu’environnementales ou culturelles.
La 26e Mission Poly-Monde s’est déroulée en Corée du Sud au printemps 2015. Poly-Monde retournait dans ce
pays 15 ans après la Mission Poly-Corée en 2000. Cette visite en République de Corée arrivait a point nommé alors
qu’a été signé tout récemment l’Accord de libre-échange Canada-Corée (ALECC). Ce nouvel accord commercial
bilatéral ouvre de toutes nouvelles occasions d’échange et de partenariat avec cette importante économie asiatique
qui fait déjà partie des 15 principaux partenaires commerciaux du Québec, tant comme client que comme fournisseur.
Comme professeur responsable de l’orientation thématique Projets internationaux à Polytechnique, j’ai le plaisir
et l’honneur de superviser le volet académique de la Mission. Dans le cadre de ce volet, les participant(e)s à PolyMonde ont acquis les compétences requises pour tirer pleinement profit de l’expérience de leur Mission en Corée,
des techniques d’analyse économique aux rudiments de la langue coréenne.
Mais au-delà des compétences acquises pendant la phase de préparation et lors de la Mission elle-même,
Poly-Monde est un projet d’une grande richesse. Les membres étudiant(e)s de Poly-Monde y font l’apprentissage
de tous les aspects de l’organisation de la Mission et de son financement. Dans ces tâches, ils sont épaulés par un
conseil d’administration – dont je remercie chaleureusement tous les membres – où s’impliquent notamment des
anciens de Poly-Monde, un témoignage concret de l’impact que la Mission a eu sur eux, tant au plan professionnel
que personnel.
Alors que tire à sa fin la Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud, déjà couronnée de succès, j’ai la ferme
conviction que ses participants ont su y développer des compétences complémentaires cruciales pour leur formation
d’ingénieur certes, mais qu’ils y ont surtout fait des rencontres qui les suivront toute leur vie, tant en Corée qu’ici
parmi leurs pairs.
Sur une note plus personnelle, j’ai beaucoup apprécié mes premiers mois à titre de professeur responsable de
Poly-Monde. Pour cette première Mission, j’ai pris un train en marche à l’automne 2014. Tant la destination que les
participants avaient déjà été sélectionnés depuis plusieurs mois. De surcroit, la naissance de mon fils Émile pendant
la Mission – une belle nouvelle certes! – m’a empêché d’accompagner le groupe en Corée (je remercie au passage
Myung-hee Kim, Christophe Guy, Pierre Baptiste et Line Dubé, qui ont accompagné la Mission cette année). Malgré
cela, j’ai la ferme conviction que mon implication dans cette première Mission Poly-Monde restera gravée dans ma
mémoire et servira d’assise solide aux prochaines Missions. J’y ai découvert les rouages bien huilés d’un formidable
projet. Mais surtout, j’ai appris à connaitre plusieurs leaders de demain dont je suivrai avec passion la progression et
les réalisations au cours des prochaines décennies, sans aucun doute aux quatre coins du monde.
Marcelin Joanis, Ph.D.
Professeur responsable des Missions Poly-Monde et de l’orientation thématique Projets
internationaux
Professeur agrégé, Département de mathématiques et génie industriel
Responsable, groupe de recherche en Gestion et mondialisation de la technologie (GMT)
Vice-président Développement économique, CIRANO
13 ttt
La Mission en visite chez Bombardier en Corée du Sud. © MC
Poly-Monde au pays
du matin calme
C’est avec grande fierté que les
membres de Poly-Monde 2015 vous présentent ce rapport de Mission. Cette histoire débute en avril 2014 alors que 24
étudiantes et étudiants en ingénierie à
Polytechnique Montréal sont sélectionnés
pour faire partie du projet. L’aventure en
sol étranger se termine fin mai 2015 dans
une des plus grandes villes portuaires de
l’Asie du Nord-Est, Busan. Finalement,
après plus d’un an de financement et de
travail rigoureux, la Mission prend fin au
mois de novembre et ce rapport en est le
parachèvement.
industriel qui sera le leur. La concurrence
internationale et la mondialisation des
technologies, bien présentes de nos jours,
ne sont pas abordées dans le cursus typique de l’étudiant en ingénierie. Pourtant,
des ingénieurs tournés vers l’international
peuvent améliorer le développement de
nos entreprises, donnant tout son sens
aux Missions Poly-Monde.
Les étudiants s’engageant dans le
projet ont la chance de recevoir cette formation exceptionnelle et de faire des rencontres hors du commun. Ils ont aussi la
responsabilité de la réalisation de leur Mission en prenant en charge la logistique, le
financement ainsi que de toutes les activités connexes au projet.
Via l’orientation académique Projets
internationaux du département de mathématiques et de génie industriel, les étudiants ont reçu une formation sur l’innovation technologique et la compétitivité
internationale, qui leur fut des plus utile.
Ainsi, ils ont su profiter pleinement de leur
expérience en Corée, leur permettant d’intégrer les notions du cours et de mettre en
lumière les meilleures pratiques en innovation et en stratégie.
Destination Corée du Sud
Visite de Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering (DSME). © MC
ttt 14
Les Missions Poly-Monde
Poly-Monde 2015 est la 26e édition des
Missions Poly-Monde, fondées pour préparer les ingénieurs de demain au contexte
La République de Corée a été la destination retenue pour la Mission Poly-Monde
2015. Ce pays a connu un essor économique des plus impressionnants durant
les dernières décennies en misant principalement sur une économie d’exportation.
Jouissant d’une géographie centralisée et
stratégique, la Corée a surmonté de nombreux défis, passant d’un pays démuni à un
statut de « dragons asiatiques ». Ce pays
s’est développé au point de devenir une
véritable porte d’entrée vers l’Asie pour les
entreprises. Suite à la conclusion toute récente d’un accord de libre-échange entre
la Corée du Sud et le Canada, les relations
entre les deux nations sont plus fortes
que jamais et les occasions d’affaires sont
multiples.
et de la gestion de ceux-ci, et des défis ou
perspectives futures dans le domaine.
De par son environnement à forte
densité de population, sa nécessité à
échanger avec d’autres pays par voie
maritime en raison de sa situation géopo-
La Corée du Sud a su se tailler une
place considérable dans cette ère de
mondialisation. Non seulement est-elle
considérée comme étant un chef de file
mondial de technologie de l’information,
mais elle excelle également dans le secteur du transport. C’est dans cette optique
que ces secteurs ont été sélectionnés afin
d’être étudiés et comparés lors de la Mission 2015.
Lorsque l’on parle de technologies
de l’information, il est difficile d’éviter la
Corée du Sud. Ce pays se classe au premier rang mondial en termes de vitesse
moyenne de connexion Internet, en plus
d’être reconnu comme un géant de l’électronique hautement compétitif à l’échelle
internationale.
L’industrie du transport est en
constante évolution aussi, tant au niveau
de la construction, que de la gestion ou
des perspectives de développement durable. Tout comme le Canada, la Corée
du Sud possède de vastes réseaux de
transport d’énergie, de marchandises et
de personnes, ce qui fournira une base
intéressante de comparaison au plan de la
construction des réseaux, de la logistique
La Mission 2015 en visite chez Samsung Electronics. © MC
litique et de son énorme besoin d’énergie,
la Corée du Sud apporte de très intéressants modèles de logistique et de gestion
dans de nombreux domaines.
Nous vous invitons à vous plonger
dans notre rapport afin de mieux saisir
l’ensemble des enjeux que nous avons eu
le privilège d’analyser.
Bonne lecture!
15 ttt
Visite au Port de Montréal. © MC
ttt 16
Visites au Canada
Fondamentaux
Conférence de Son Excellence
M. Choi Dong-hwan, ambassadeur
de Corée du Sud à Montréal
Rencontre avec Marcel Desjardins
Pomerleau
Technologies de l’information
Blackberry
YRH
Celesica
Accenture
Bell
Real Ventures
Rogers Communication
Anges Québec
Telus
GSoft
Telus Santé
Nexalogy
Boston Consulting Group
Samsao
McKinsey
Transit App
Transport
Deloitte
Metrolinx
Hatch
Canadian Pacific Railways
Scotiabank
Canada Steamship Lines
SNC-Lavalin
Fednav
8D Technologies
Port de Montréal
AMT
Gaz Métro
Bombardier aéronautique
Hydro-Québec TransÉnergie
Visites en Corée du Sud
Fondamentaux
Zone coréenne démilitarisée
Ambassade du Canada en Corée
Technologies de l’information
Samsung C&T
Hanyang University
Naver Corp
KAIST
Alticast
Samsung Electronics
Penta Security
Merk Performance Materials
Transport
Ministry of Land, Infrastructure
and Transport
Busan Transportation
Corporation
Seoul National Univeristy
Korail
Electric Vehicle Symposium
(EVS28)
Bombardier transport (Light rail
train)
Incheon Airport
Hyundai Motors
Transport Operation and
Information System (TOPIS)
Daewoo Shipbuilding & Marine
Engineering
17 ttt
Visite des installations du Korea Institute of Energy Research (KIER). © MC
ttt 18
Guide de lecture
Les explications qui suivent visent à
clarifier les conventions d’écriture utilisées
dans ce rapport afin d’en faciliter la lecture.
Lors de la rédaction de ce rapport
nous avons tenté de respecter le plus possible les règles et recommandations de
l’Office québécois de la langue française.
Les mots empruntés à la langue anglaise
ou coréene sont indiqués en italiques, sauf
pour les termes passés dans le langage
courant.
Les références présentées à la fin de
ce rapport et classées par chapitre suivent
la norme APA 6e édition en français Canada, version Université de Montréal (créée
par Florian Martin-Bariteau).
Ceci est une bulle théorique
Vous en trouverez au fil du texte.
Les bulles théoriques définissent des termes
ou des concepts clés évoqués dans le texte
et essentiels à la compréhension de celui-ci.
Les bulles théoriques se trouvent à proximité
du terme défini.
Traditionnellement, les noms occidentaux suivent la forme « prénom nom »
et les noms asiatiques suivent la forme
« nom prénom ». Cet ordre est conservé
dans le rapport pour plus de fidelité.
Ainsi, la présidente Park Geun-hye porte
comme nom de famille « Park » et comme
prénom « Geun-hye ».
Symboles
Le dollar ($) fait référence au dollar canadien.
Le dollar américain est exprimé par $US.
1 $ = 0,82 $US
Le won sud-coréen est exprimé par .
1 $ = 886,74 1000 = 1,13 $
Les conversions sont en date du 1er mai
2015.
Toute abbréviation de quantité suit la nomenclature suivante :
t milliers (103) : k (kilo-)
t millions (106) : M (méga-)
t milliards (billions en anglais) (109) :
G (giga-)
t billions (trillions en anglais) (1012) :
T (téra-)
Table des matières
Géopolitique 20
Macroéconomie 36
Microéconomie 52
Commerce
international 68
Technologies de
l’information 84
Transport 110
« Quand les baleines se battent,
la crevette se fait écraser »
- proverbe coréen
Le drapeau coréen flottant au sommet du Bukhansan. © MC
Géopolitique
vaincre les anciens vainqueurs
21 ttt
Mise en contexte
La Corée telle qu’on la connaît aujourd’hui est une péninsule d’Asie du
Nord-Est, divisée en deux pays : la République de Corée au Sud et la République
populaire démocratique de Corée au Nord.
Une démocratie ouverte sur le monde au
Sud, un régime communiste totalitaire fermé sur lui-même au Nord.
Si le territoire coréen apparait aujourd’hui
comme un des derniers vestiges d’une
guerre froide que l’on imagine souvent
révolue, la région est aussi le lieu du développement de nombreuses industries de
pointe. Afin de mieux comprendre l’environnement dans lequel les industries évoluent en Corée du Sud, la compréhension
des enjeux géographiques, historiques,
politiques et culturels de la région est nécessaire.
La Corée du Sud est actuellement
la 15e puissance économique mondiale
(Banque Mondiale, 2013) pour une superCorée du Nord
Chine
Séoul
Incheon
Daejon
Pohang
Daegu
Ulsan
Jeonju
Gwangju
Population des agglomérations
11 000 000
4 000 000
2 500 000
1 000 000
500 000
Ports principaux
Zone Démilitarisée (DMZ)
La mégalopole Séoul - Busan
La Corée du Sud et ses principales villes. © MT
ttt 22
Busan
ficie 15 fois plus petite que celle du Québec. Avec un PIB de 1000 milliards de
dollars et une croissance économique qui
se maintient à 5 % comme c’est le cas
en moyenne depuis 10 ans (OCDE, 20052015), la Corée du Sud pourrait être la 3e
puissance mondiale d’ici 2050, dépassant
des pays comme l’Inde, le Japon, l’Allemagne ou le Canada (Pons, 2010).
Avec des ports tels que Busan (
), Ulsan (
), Gwangyang (
)
et Incheon (
), le littoral coréen est le
plus dynamique d’Asie de l’Est outre la
Chine. Sa position géographique ouverte
sur l’océan fournit aux ports de la péninsule un avantage stratégique par rapport
aux autres ports asiatiques. Un des atouts
principaux par rapport au Japon est la protection des ports face aux courants océaniques, mais aussi la stabilité sismique de
la région. Ces zones portuaires ont d’autant plus d’intérêt que la Corée du Sud est, à l’origine,
un pays de tradition agricole
doté de maigres ressources
naturelles et qui dépend
donc beaucoup aujourd’hui,
de ses échanges avec l’extérieurs.
Par
l’intermédiaire
des
ports, elle importe les technologies, les capitaux et les
matières premières, mais
aussi exporte des produits à
forte valeur ajoutée.
L’énergie coréenne doit elle
Japon
aussi se fonder sur les importations, notamment de
pétrole ou sur le nucléaire
depuis les années 1980.
Cette dépendance énergétique est l’une des faiblesses majeures de la puis-
Corée du Nord
La ville de Séoul, vue du sommet du Bukhansan, le plus haut point de la capitale. © MC
sante industrie coréenne par conséquent
entièrement subordonnée aux pays qui la
Chine
fournie.
La densité de population en Corée du
Sud étant aussi très élevée avec 515 hab/
km2 en 2013 (Banque Mondiale, 2013), les
réseaux de circulation s’y sont fortement
développés. Qu’ils soient ferroviaires ou
routiers, ces réseaux se sont concentrés
sur l’axe principal Séoul-Busan et sur l’axe
secondaire Séoul-Gwangju. Ils ont aussi
été adaptés aux besoins des industries,
permettant donc leur évolution.
Sur l’axe entre Séoul (
), la capitale, et
Busan, 11e port mondial (Port de Rotterdam, 2013), c’est une véritable mégalopole
coréenne qui a pris forme. Cet axe est hérité de la colonisation japonaise qui avait
développée les industries au nord de la
péninsule pour les acheminer au sud à Busan, port le plus ouvert vers le Japon. Avec
33 millions d’habitants, l’agglomération de
ChineSéoul regroupe 70 % de la population pour
former la région la plus dynamique du pays
et regrouper à elle seule 75 % du PIB sudcoréen. La capitale regroupe les industries
textiles, électroniques, électriques et de
pointe. C’est 50 % des installations industrielles coréennes que l’on retrouve dans
cette zone ouverte vers l’extérieur par le
port d’Incheon, aussi spécialisé dans les
industries lourdes telles que le raffinage
(Encyclopædia Universalis, 2015).
Busan, quant à elle, est le centre de la seconde grande région industrielle du pays.
Le port a un rôle central dans l’organisation des axes littoraux puisqu’il est relié à
tous les complexes industrialo-portuaires
du Sud de la péninsule.
Entre Séoul et Busan, la ville de
Daejeon (
) joue le rôle de centre de
développement technologique. Véritable
berceau de la recherche sud-coréenne, la
plaine de Daejeon est souvent comparée
à la Silicon Valley américaine. La commu-
Corée du Sud
Ports principaux
Principales voies de
transports terrestres
vers Séoul
POHANG
sidérurgie
ULSAN
CHANGWON
mecanique - automobile
vers la Chine
GWANGYANG
chantier naval - pétrochimie
raffinage
BUSAN
#11 Port Mondial
acierie #1 mondiale
vers le Japon
Le port d’Icheon (Séoul) est directement relié, à l’est, au complexe
industrialo-portuaire d’Ulsan regroupant le raffinage, la pétrochimie et des
chantiers navals, ainsi que Pohang pour la sidérurgie. À l’ouest, Changwon
regroupe la mécanique et l’automobile alors que Kwangyang, 2e port coréen,
possède la plus grande aciérie mondiale. © MT
nication entre ces 3 pôles est encore une
fois renforcée par le réseau ferroviaire et la
circulation du KTX, le TGV coréen, mis en
service depuis 2004 (Encyclopædia Universalis, 2015).
Par sa situation géographique entre
la Chine et la Russie au nord, et le Japon
au sud, la péninsule coréenne se trouve
entre 3 des 5 plus grandes puissances
mondiales (Banque Mondiale, 2013). Bien
avant d’être le théâtre des relations tendues entre ces puissances, il faut rappeler que la culture coréenne est le résultat
d’une réelle différenciation locale. Depuis
plus de 1000 ans, jusqu’à la colonisation
par le Japon au début du 20e siècle, de
nombreux Royaumes se sont succédés
sur la péninsule coréenne. Ce sont ces
Royaumes qui ont permis de maintenir
une société indépendante politiquement
et culturellement distincte des puissances
voisines.
23 ttt
La Corée avant le 20e siècle
les 3 Royaumes
Les premiers peuples sédentaires
présents sur la péninsule coréenne
sont relatés dans la littérature chinoise
dès le 4e siècle avant Jésus-Christ.
Progressivement, ces différents peuples et
royaumes ont défini une identité régionale
commune. C’est seulement après une
période de conflits entre trois Royaumes :
Koguryo (
) au nord, Baekche (
)
au sud-ouest et Silla (
) au sud-est
puis la victoire de Silla, que la péninsule
coréenne est unifiée en 668.
Détail du toît d’un des palais du complexe de Gyeongbokgung à Séoul. © MC
ttt 24
C’est sous la dynastie Koryo (
, 9181392), dont le nom occidental « Corée »
est dérivé, que le territoire atteint les frontières qu’il connaît aujourd’hui, Corée du
Nord incluse.
La dynastie Choseon (
), qui occupe le trône de 1392 à 1910, cherche ensuite à consolider les frontières nationales
et les pratiques culturelles locales.
Contrairement à la Chine, bien qu’il y ait
des différences régionales de moeurs
et de dialectes, une réelle homogénéité
culturelle fondamentale existe et les accents sont parfaitement intelligibles entre
tous les Coréens. Cependant, du fait de
la proximité du puissant empire chinois,
un certain héritage culturel en provient et
reste présent dans les traditions coréennes
que ce soit par les caractères chinois dans
le langage écrit ou par l’adoption de la philosophie néo-confucianiste par l’élite dirigeante coréenne.
L’influence du confucianisme dans la
société coréenne est d’abord visible au niveau des relations sociales dont l’harmonie résulterait du fait que chaque individu
connaisse sa tâche dans l’ordre naturel et
que cette tâche soit bien faite.
En adoptant cette idéologie, l’État encourage aussi l’éducation, pilier de la philosophie de Confucius. De nombreuses
écoles sont alors fondées pour enseigner
selon l’idéologie traditionnelle. La méritocratie est en effet à la base de l’organisation de la structure sociale et de l’accès
au pouvoir, régie par des tests d’aptitude
écrits.
La capacité à diriger est évaluée par la
capacité d’une personne à se gouverner
elle-même ainsi que ses sujets à travers
l’éducation et le caractère exemplaire de
ses décisions. La personne qui gouverne
est alors celle qui le fait par vertu et qui
cherche à corriger son peuple par bienveillance plus que par punitions ou méthodes
coercitives (Confucius, Entretiens, II.1.).
La nature culturelle et philosophique
de ces rapprochements avec la Chine permet aussi une entente militaire entre la
Chine et la Corée. Sous la dynastie ChoConfucianisme
Le confucianisme est la doctrine philosophique de Maître Kong, ou Kongfuzi, nom
que les jésuites ont latinisé en Confucius.
Le néo-confucianisme en Corée est une évolution des pratiques du confucianisme qui
est adoptée sous la dynastie Joseon comme
idéologie d’État. Durant cette ère, le Bouddhisme et toute autre religion sont considérés
néfaste par l’ordre néo-confucéen.
seon, le Roi coréen entretien un lien étroit
avec la Cour chinoise allant même jusqu’à
préter allégeance à cet Empire. Cette obédience envers la Chine pour une protection
militaire et une reconnaissance politique
n’est cependant que symbolique, car les
Coréens possèdent une réelle autonomie
dans leur développement local.
Après les invasions japonaises dévastatrices du 16e siècle et celles des Mandchous au 17e siècle, la Corée de la dynastie Choseon va jusqu’à développer une
politique pseudo-autarcique limitant les
contacts avec l’extérieur à quelques rares
missions diplomatiques en Chine et à un
port destiné aux échanges avec les marchants japonais. C’est ce port qui devient
plus tard le Port de Busan que l’on connaît
aujourd’hui. 250 ans de paix et de stabilité
interne s’en suivent jusqu’au 19e siècle, période où les pays occidentaux découvrent
ce territoire et manifestent de l’intérêt à
ouvrir le marché coréen vers l’international
(Encyclopaedia Universalis, 2015).
Des relations délicates
Dans les années 1860, la GrandeBretagne, la France et les États-Unis
tentent, en vain, successivement d’amener la Corée vers l’ouverture au commerce.
C’est finalement le Japon, très récemment
ouvert aux relations internationales, qui
impose un traité diplomatique à la Corée
pour la première fois en 1876. Suit alors
une guerre d’influence dans la région entre
la Chine, le Japon et la Russie.
La victoire de cette guerre de 10 ans par le
Japon lui permet d’annexer la Corée qui est
ainsi considérée en 1910 comme une colonie nippone. Ce conflit ainsi que plusieurs
autres qui ont suivi ont fortement marqué et, en quelque sorte, forgé l’identité
coréenne. En effet, suite aux nombreuses
invasions, un fort sentiment de vengeance
s’est emparé du peuple coréen, justifiant
par le fait même leur extrême compétitivité
(Hong Lai, 2010).
Aujourd’hui, alors que la Corée du
Sud est devenue une puissance économique mondiale, plusieurs rivalités et tensions avec la Chine, le Japon et la Corée
du Nord, demeurent.
« Il faut vaincre les anciens
vainqueurs » (Légaré-Tremblay, 2015)
Les relations conflictuelles entre le Japon
et la Corée du Sud perdurent depuis plus
d’un siècle. Les Sud-Coréens entretiennent
une volonté profonde de surpasser leur rival historique dans toutes les sphères de la
société. Par exemple, Samsung considère
Sony comme son principal compétiteur,
plutôt que les géants américains Microsoft
ou Apple. Alors que le Japon ne semble
pas entretenir un tel désir de rivalité, quelle
est la motivation réelle des coréens?
D’abord, il faut mentionner que le
Japon a réalisé les prémices du développement industriel en Corée. Ce sont des
industries telles que l’acier, le ciment et
les produits chimiques qui sont mises en
place dans les années 1920 et 1930, particulièrement dans la partie nord de la
péninsule où le charbon et les ressources
hydroélectriques sont abondants.
À l’époque où les lois coloniales japonaises prennent fin, la Corée est le 2e pays
d’Asie le plus industrialisé, après le Japon
lui-même (Armstrong, 2014).
Or, si le Japon colonise la péninsule au
début du 20e siècle contribuant à l’apport
de nombreuses technologies industrielles
lors de la colonisation, une gouvernance
stricte et souvent brutale est exercée.
L’objectif des Japonais est clair : assimiler le peuple coréen à la culture nipponne
en tentant d’anéantir la langue et l’identité
culturelle coréenne (Armstrong 2014).
Par la suite, lors de la Deuxième Guerre
mondiale, ceux-ci vont même jusqu’à forcer de jeunes hommes à s’enrôler dans
l’armée japonaise et de jeunes femmes
à se prostituer. Naît alors un fort sentiment de colère des Coréens envers les
Japonais, que l’on peut ressentir encore
aujourd’hui. Ceux-ci n’ayant toujours pas
oublié la présence forcée des Japonais sur
leur territoire.
25 ttt
La fin de l’occupation nipponne survient alors que le Japon abdique face aux
États-Unis et leurs alliés occidentaux en
1945. Officiellement, le traité de paix est
signé en 1965 : le Japon alors devient le
plus important partenaire commercial de
la Corée du Sud (Hong Lai, 2010).
Cependant, les tensions sont toujours palpables : le gouvernement coréen
actuel critique la rhétorique révisionniste
du Japon. En effet, de nombreux actes
symboliques de la part du gouvernement
japonais dans les dernières décennies,
réinterprétant ou niant certains gestes
commis durant la guerre, sont venus attiser les mésententes des deux peuples
(Hong Lai, 2010). Les cicatrices semblent
profondes.
En dépits des nombreux différends historiques et mémoriels, le Japon et la Corée
tentent d’améliorer leurs relations. De plus
en plus de projets communs sont entrepris
en vue d’une réconciliation.
Un exemple majeur est l’organisation de
la Coupe du monde de football 2012 réalisée conjointement entre les deux pays;
un pas vers une coopération essentielle à
leur développement économique. En effet,
la Corée est un partenaire commercial de
poids pour le Japon, et inversement. Elle
dépend notamment du pays du Soleil-Levant pour de nombreux produits de haute
technologie (Hong Lai, 2010).
Outre l’interdépendance économique,
les deux pays partagent la même vision
en ce qui concerne la sécurité des voies
maritimes et les relations avec la Corée
du Nord. Les produits culturels japonais et
coréens connaissent un succès retentissant dans chacun des pays (Heimburger,
2014).
Deux pays en guerre
La guerre de Corée; épisode de la
guerre Froide
La fin de l’occupation japonaise sur le
territoire coréen suite à la Deuxième
Guerre mondiale marque le début d’une
La frontière très surveillée entre les Corées du Sud et du Nord.
Symbole du conflit coréen, la zone démilitarisée (DMZ) est la frontière
terrestre unique longue de 238 kilomètres, doublée de structures militaires
permanentes, séparant les deux pays. © MC
ttt 26
des plus grandes rivalités de l’Histoire.
Malgré ses allures de guerre civile, la
guerre de Corée s’étend à l’international, comme la majorité des conflits qu’a
connus la Corée. En raison de sa situation géopolitique et de sa position stratégique, «un problème coréen n’a existé
indépendamment du contexte régional
et mondial» (Pak, 2013).
La péninsule coréenne est alors divisée
en deux; le Nord communiste et le Sud
pro-occidental. À ce moment, les relations entre les deux États antagonistes
sont très tendues et la Corée devient le
décor des oppositions entre les protagonistes de la guerre froide.
En effet, ce conflit, opposant les démocraties occidentales aux régimes communistes, n’a pas lieu qu’en Europe. Les
disputes territoriales en Asie jouent également un rôle crucial dans le dénouement des combats entre alliés de l’Union
soviétique et des États-Unis (Jean Cermakian, 2013).
C’est dans cette atmosphère que les
Nord-Coréens, appuyés par les armées
chinoises et soviétiques, décident d’envahir leur voisin du sud en 1950. Cette
attaque a ironiquement pour but de réunir
à nouveau les deux Corées. La guerre de
Corée éclate.
Trois ans et quatre millions de morts
plus tard, le conflit prend officiellement
fin le 27 juillet 1953, alors que l’armistice de Panmunjom est signé. Cet accord consacre la division de la péninsule
entre les deux états ennemis de part et
d’autre d’une zone démilitarisée suivant
le 38e parallèle et statue, de façon permanente, la présence des forces armées
américaines en Corée du Sud (Benjebria,
2015).
Ainsi, cette guerre, dont la réunification était l’objectif, a inversement entériné la division.
Relations d’aujourd’hui
Un armistice se décrit comme une
convention mettant fin à un conflit entre
deux ou plusieurs armées en temps de
guerre. Ce n’est cependant pas un traité
de paix : les deux Corées sont théoriquement toujours en guerre.
Ces dizaines d’années de « paix armée » n’ont fait qu’accentuer le contraste
entre les deux États. Au nord, la population est sous le joug d’un régime totalitaire
dont les politiques priorisent le développement militaire aux dépends des besoins
fondamentaux, alors qu’au sud, l’économie est en plein essor et ses politiques
favorisent une ouverture sur le commerce
international.
Les relations sont conflictuelles et
on assiste à des épisodes de forte tension. Cependant, l’arrivée de Park Geunhye à la tête de la Corée du Sud en 2012
amène une lueur d’espoir en faisant de la
réunification une priorité.
Le gouvernement tente d’ouvrir le dialogue avec le régime de Kim Jong-Un
tout en favorisant la sécurité nationale.
La Corée du Sud pourrait alors profiter
des nombreuses ressources naturelles
des nord-coréens, tandis que ces derniers auraient accès à la main d’œuvre
industrielle très développée sud-coréenne.
Toutefois, le maintien de l’activité nucléaire par Pyongyang, capitale de la
Corée du Nord, se dresse comme un
obstacle à cette politique et fige les
projets de réconciliation (Benoit HardyChartrand, 2013).
D’un point de vue économique, une
réunification serait-elle rentable pour la
puissance mondiale qu’est devenue la
Corée du Sud? À partir du modèle de la
réunification allemande, il est possible
de croire qu’une telle démarche coûterait
500 milliards de dollars. Avec un PIB 45
fois plus élevé que son voisin, ces coûts
seraient absorbés en quasi-totalité par la
Corée du Sud. Il est à se demander si les
Sud-Coréens sont prêts à de tels investissements.
Selon une enquête menée par le ministère sud-coréen de l’Unification publiée
en 2014, seulement 50 % des habitants
seraient prêts à consentir des sacrifices
financiers pour parvenir à une réunification (RTL, 2014).
Selon M. Walsh, ambassadeur du Canada en Corée, il y aurait aussi la possibilité d’une intervention économique
des pays étrangers supportant la réunification afin de combler la faible capacité financière de la Corée du Nord. Les
démarches ne sont toutefois pas assez
avancées pour que le Canada puisse
prendre une quelconque décision. Il
ajoute aussi qu’il est probable que la
Corée du Nord, pour une question de
fierté, ne soit pas réceptive à une telle
aide financière (Kim, Kim, Walsh, Dubuc
et Poly-Monde, 2015).
Outre le côté économique, il ne faut
pas négliger les différences idéologiques
et culturelles entre les deux peuples.
Les organisations non-gouvernementale (ONG) venant en aide aux réfugiés
nord-coréens s’inquiètent du fait que
« soixante et une années de séparation
et d’isolement pour le régime ermite de
la Corée du Nord ont éloigné les deux
peuples qui, [même] s’ils continuent de
se voir comme une seule nation, se méfient l’un de l’autre et ont de plus en plus
de mal à se comprendre, y compris sur le
plan linguistique » (Autere, 2014).
27 ttt
Dans les rues de Séoul, aucune
trace de la guerre n’est ressentie. On
perçoit plutôt le succès planétaire que
connait la Corée dans la présente décennie. Pour les jeunes, la guerre semble appartenir au passé. Cependant le conflit
est réel et la zone démilitarisée du 38e
parallèle marque le fossé important entre
les deux Corées.
Les soldats du sud et du nord postés à
la frontière rappellent que la réunification
ne se fera pas sans conséquences ni sacrifices (Pak, 2013).
« Non pas la dernière station depuis le Sud, mais la première vers le Nord. »
Comme l’illustre cette pancarte visible dans la gare frontalière de Dorasan,
les espoirs de réunification sont encore présents. © MC
ttt 28
L’influence des puissances
mondiales
La Chine et les États-Unis, alliés respectifs du Nord et du Sud, sont des acteurs
importants dans la question de la réunification de la péninsule.
Selon les Américains, la Corée du Nord
représente un des problèmes les plus
dérangeants et persistants pour les politiques étrangères. Le régime de Kim
Jung-un est perçu comme une réelle
menace à la sécurité nationale du pays.
C’est pourquoi, les Américains supportent ardemment la vision de la Corée du Sud pour une réunification sous
le contrôle de Séoul (John-Chul Park,
2014).
La Chine pour sa part ne se positionne
pas officiellement sur la question de la
réunification afin de protéger ses propres
intérêts. En effet, Pékin est de loin le plus
important partenaire économique des
Nord-Coréens, leur fournissant plusieurs
ressources telles que de l’énergie, des
produits de consommations et de luxe,
ainsi que de la nourriture. Il est logique
de croire que la Chine ne veut pas mettre
en péril cette relation particulière avec
ses voisins du sud (Kelly, 2014).
La Corée du Sud se retrouve donc dans
une situation bien délicate alors que les
deux plus grandes puissances mondiales
divergent sur la question de la réunification.
La vision de Pékin sur la question, à
l’opposé de celle de Séoul, freine le développement des relations entre les deux
pays. Cependant, ce développement est
inévitable en raison de la montée de la
Chine dans les dernières années.
La Corée du Sud fait donc face à un dilemme stratégique. D’une part, les ÉtatsUnis, allié traditionnel assurant leur
protection et d’autre part, la Chine, de
laquelle la Corée est grandement dépendante économiquement. Pour leur propre
intérêt national, les Sud-Coréens croient
qu’il ne faut, en aucun cas, promouvoir
une relation au dépend de l’autre (Han,
2012).
Bref, que ce soit avec le Japon,
la Chine ou les États-Unis, la Corée se
retrouve dans plusieurs cas le théâtre
de confrontations, d’oppositions et de
mésententes qui créent un climat d’incertitudes politiques et sociales. On y
voit, encore-là, la source de la méfiance
constante, du nationalisme et du sentiment de vengeance du peuple coréen.
Ces situations conflictuelles poussent la
Corée à sortir de l’état d’extrême pauvreté dans lequel elle s’est retrouvée.
Conséquemment, une doctrine prônant
l’ardeur au travail et les efforts constants
est inculquée au peuple. Plusieurs années plus tard, cette mentalité persiste
et la Corée est gouvernée par la culture
du « Ppalli, Ppalli! » (« Allez, allez! »). Cet
état d’esprit met de l’avant l’efficacité
d’exécution au dépend du bien-être de
tous. Une forte compétitivité est alors
présente dans plusieurs sphères de la
société coréenne.
Relations avec le Canada
Plus de 50 ans de relations diplomatiques lient la Corée du Sud et le Canada.
Premiers missionnaires occidentaux à visiter la péninsule coréenne au 19e siècle
(Foreign Affairs Trade and Development
Canada Government of Canada, 2015)
(Yoo, 1996), les Canadiens participent à la
mise en place d’élections libres par l’entremise de la Commission des Nations Unies
en 1947 et reconnaissent la République de
Corée en 1949 (Foreign Affairs Trade and
Development Canada Government of Canada, 2015).
Par la suite, le Canada devient, avec
26 791 troupes, le troisième plus gros
contingent étranger lors de la Guerre de
Corée en 1950-53, une attention que les
Sud-Coréens tiennent encore en estime
(Choi, 2015).
Ce n’est qu’en 1963 que les deux
pays officialisent leurs relations diplomatiques. Deux ans plus tard, la Corée
du Sud est la première à inaugurer son
ambassade à Ottawa (Embassy of the
Republic of Korea to Canada, 2015); il
faudra attendre 1973 pour qu’une ambassade canadienne ouvre ses portes à
Séoul (Foreign Affairs Trade and Development Canada Government of Canada,
2015).
Le développement rapide de la
Corée a permis aux deux pays d’étoffer
leurs relations au fur et à mesure des
années : leurs adhésions communes au
G20 (Groupe des vingt), à l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique,
en anglais Asia-Pacific Economic Cooperation), à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) ou encore à l’OCDE
(Organisation de coopération et de développement économiques) ont renforcé
leurs liens diplomatiques, économiques
et commerciaux.
C’est ainsi qu’en 2014 la Corée est le 7e
partenaire commercial du Canada avec
11,4 milliards de dollars de marchandises
échangées (Kim et al., 2015) comprenant
principalement de la part de la Corée des
voitures, des téléphones mobiles, des
La Mission 2015 à l’ambassade du Canada en Corée du Sud. © MC
pièces automobiles, des pneus ou encore
de l’acier, et de la part du Canada du charbon bitumineux, des minerais de cuivre,
de fer et d’uranium, et de la pâte à papier
(Embassy of the Republic of Korea to Canada, 2015).
Afin de favoriser encore ces échanges et
de concurrencer les États-Unis et l’Union
européenne, un accord de libre-échange
Canada-Corée du Sud (ALECC) est signé
en septembre 2014. Cet accord, étudié
plus en détails dans le chapitre Commerce
international de ce rapport, permettra au
Canada d’augmenter ses exportations
vers la Corée de 32 %, en plus d’injecter
1,7 milliards de dollars dans l’économie
canadienne et de créer des milliers d’emplois (Affaires étrangères Gouvernement
du Canada, 2015).
29 ttt
L’évolution des systèmes
politiques
Évolution du système politique et
organisation actuelle
Le développement de la puissante industrie sud-coréenne et la croissance rapide
du pays est le fruit de politiques de développement favorisées par la structure
même du pouvoir qui a oscillé entre régime
présidentiel et dictature. Il s’agit donc ici
de comprendre les évolutions qu’ont apportées les six Constitutions coréennes
promulguées depuis 1948.
L’ambassadeur Choi en conférence à Polytechnique, soulignant l’amitié
canado-coréenne. © MC
ttt 30
La première Constitution coréenne
est promulguée le 17 juillet 1948, suite à
l’occupation japonaise qui durait depuis
plus de 35 ans. La République de Corée
est fondée le 15 août 1948 avec la mise
en place d’un gouvernement pro-américain à Séoul et l’élection du Président
Rhee Syngman au suffrage indirect. Sous
la gouvernance de Rhee, la Constitution
est amendée pour autoriser le cumul des
mandats et l’élection du Président au suffrage universel direct.
À la chute du régime de Rhee, l’Assemblée
nationale adopte une nouvelle Constitution
instaurant un système parlementaire bicaméral permettant une meilleure régulation
du pouvoir exécutif. C’est le début de la IIe
République qui semble dessiner les bases
d’un système politique plus équilibré.
Pourtant, le 16 mai 1961, un coup
d’état militaire dirigé par le général Park
Chung-hee dissout le Parlement et crée un
Conseil suprême de reconstruction nationale.
Park fait adopter par le référendum du 17
décembre 1962 une nouvelle constitution
qui restaure le système présidentiel, c’est
la IIIe République.
Dix ans plus tard en 1972, dans l’objectif
de pérenniser son pouvoir « à vie », Park
fait adopter une nouvelle Constitution pour
créer la IVe République qui ne limite plus
le nombre de mandats présidentiels. Cette
dernière constitution, assurant une élection majoritaire à Park est fortement critiquée par des Coréens qui souhaitent une
réelle démocratie. Jusqu’à sa mort, Park
ne réussit alors à gouverner qu’en prenant
des mesures d’exception et en proclamant
des lois martiales pourtant à l’encontre
d’une culture néo-confucianiste profondément anti-coercitives.
À la mort de Park, un Comité spécial
de la sécurité nationale est créé et aboutit
au vote de la Constitution de la Ve République, approuvée par référendum.
Cette République est marquée par la limitation du mandat présidentiel à 7 ans et
par la suppression du couvre feu qui existait depuis 1945.
En 1987, la Constitution coréenne évolue une nouvelle fois pour faire entrer la
Corée du Sud dans la VIe République. Elle
marque le retour d’une réelle représentaBicamérisme
Système d’organisation politique divisant le
Parlement en une Chambre basse élue directement par le peuple (assemblée) et une
Chambre haute représentant l’État (sénat).
Monocamérisme
Système d’organisation parlementaire à une
seule Chambre (l’Assemblée dans le cas de
la Corée).
tion du peuple dans les décisions législatives et le choix de leur dirigeant par le
suffrage universel qui n’existe plus depuis
1972 et réduit à 5 ans le mandat présidentiel (Encyclopædia Universalis, 2015).
Actuellement, le régime sud-coréen
est présidentiel et monocaméral, même si
peu à peu, le Président a perdu de ses prérogatives au profit du Parlement.
Or, si un gouvernement sud-coréen est
créé très tôt, une réelle démocratie ne
commence à se mettre en place qu’au
cours des années 1980 et 1990 pour ressembler à l’organisation que l’on connaît
aujourd’hui (BiblioMonde, 2006).
L’organisation du pouvoir est faite
autour d’un pouvoir exécutif, d’un pouvoir
législatif et d’un pouvoir judiciaire.
Le pouvoir exécutif est détenu par le Président de la République, et son Premier
ministre doit être considéré comme son
premier assistant. Park Geun-hye, la prési-
dente actuelle et fille de Park Chung-hee,
a été élue en Novembre 2013.
Le pouvoir législatif appartient au parlement d’une seule chambre : l’Assemblée
nationale ou Gukhoe (
). Elle est composée de 273 députés dont les deux tiers
se font élire au scrutin majoritaire alors
que le dernier tiers des sièges est réparti
proportionnellement à la représentation
de chaque parti lors du suffrage direct. Ils
sont élus pour un mandat de 4 ans.
L’Assemblée investit ensuite le Premier
ministre proposé par le Président et,
même une fois investi, elle conserve le
droit de révoquer le chef du gouvernement
en place après un an.
C’est aussi à l’Assemblée que les lois sont
proposées, débattues et votées (BiblioMonde, 2006).
Le pouvoir judiciaire est quant à lui constitué des cours de district, des cours d’appel et de la Cour suprême, et le Chef de
la Justice est nommé pour 6 ans par le
Président de la République avec approbation de l’Assemblée nationale. Le Chef de
la Justice nomme les juges des tribunaux
suite à l’approbation du Conseil constitutionnel. Une fois nommés, les juges sont
inamovibles (BiblioMonde, 2006).
Le miracle de la rivière Han
Hangangui Gijeok, 한강의 기적
La croissance économique sud-coréenne est comparée à un véritable miracle
pour son efficacité fascinante. Les leaders
du pays ne manquent pas une utilisation
de ce terme pour éveiller la fierté et le nationalisme des Sud-Coréens.
Cette croissance forte a permis une industrialisation rapide du pays, des créations
technologiques, une urbanisation importante, ou une excellence éducative qui
font désormais la fierté du peuple coréen.
Ces évolutions sont cependant les fruits
de politiques nationales difficiles.
La réforme des territoires de Rhee
Syngman (1953-1961)
Si les politiques de Rhee Syngman sont
critiquées pour leur autoritarisme, le début
de la réussite économique coréenne est
souvent attribuée à sa reforme des territoires. L’objectif de cette réforme est une
redistribution équitable des territoires et
un accès à la propriété qui se traduit par
une nette augmentation du pourcentage
de terres exploitées par des agriculteurs
propriétaires qui passe de 14 % à 72 %
entre 1944 et 1964 (Putzel, 2000).
Cette division équitable de la propriété des
terres permet une augmentation et une répartition des revenus dans les campagnes.
Trois facteurs majeurs montrent ensuite
que cette réforme s’inscrit dans le plan de
développement économique sud-coréen :
Premièrement, cette réforme crée un envi-
31 ttt
ronnement politique et économique plus
stable dans les campagnes permettant
ainsi à Rhee puis Park de se concentrer
sur le développement du secteur industriel
(Putzel, 2000).
Deuxièmement, la reforme est essentielle
pour l’accès à l’éducation des populations rurales dans les années 60. La tradition néo-confucianiste du pays amène les
familles rurales à dépenser la majorité de
leurs augmentations de revenu dans l’éducation de leurs enfants qui fournissent
alors une mains d’œuvre hautement qualifiée, ressource de choix pour l’industrie
locale en développement.
Des membres de la Mission en hanbok, l’habit traditionnel coréen. © MC
ttt 32
Finalement, l’augmentation des revenus du
secteur rural permet l’expansion du marché local dont l’étendue est fondamentale
au début de la période d’industrialisation
par substitution des importations du plan
quinquennal de Park Chung-hee (Putzel,
2000).
Le plan quinquennal de
développement économique de
Park Chung-hee
Amorcé au début de la dictature de Park
Chung-hee en 1962, le premier plan quinquennal de développement économique
coréen est mis en place jusqu’en 1966.
Son objectif est l’industrialisation forte du
pays par la promotion des exportations et
le contrôle d’un État autoritaire.
À travers des plans d’industrialisation
de 5 ans, l’accent a été mis progressive-
ment sur des industries légères dans les
années 1960, sur des industries lourdes et
chimiques dans les années 1970, pour enfin atteindre le développement des hautes
technologies dans les années 1980.
Cette évolution est visible dans la part
du PIB de la production industrielle qui
passe de 9 % en 1953 à 39 % en 1985.
Mais cette évolution rapide n’est pas
sans causer de protestations du peuple
qui conduisent alors Park à prendre des
mesures pour contenir la population et
conserver le pouvoir (Encyclopædia Universalis, 2015).
L’héritage des lois martiales
Le peuple coréen a été fortement marqué
par le recours récurent de leurs Présidents
aux lois martiales.
Dès son second mandat, le Président sudcoréen Rhee Syngman, anticommuniste
virulent, décrète une loi martiale en 1956,
ainsi qu’une loi sur la sécurité nationale
destinée à opprimer la presse.
Pendant la dictature de Park une seconde
loi martiale est là encore mise en place
lorsqu’il réalise que son despotisme n’est
pas accepté par la société coréenne.
Après sa mort, malgré la volonté de Choi
Kyu-hah de prendre des mesures libérales,
un nouveau groupe militaire dirigé par le
général Chun Doo-hwan prend le pouvoir.
C’est finalement en 1987 que le Président
Roh Tae-woo met en place la VIe République
et apaise les traumatismes laissés par ces
lois en rétablissant le suffrage universel, la
liberté de la presse et la liberté syndicale.
Des politiques de purification du
Chaebol (
)
De chae – richesse – et bol – clan (MerriamWebster Dictionary, 1984).
Créés après la guerre par le gouvernement
Park Chung-hee, ces conglomérats familiaux
de compagnies (sous forme de maison mère–
filiales) avaient pour but de relever l’économie
nationale en leur confiant le monopole de
secteurs donnés. Bien qu’ayant fait de la
Corée l’un des dragons asiatiques, les chaebols sont aujourd’hui critiqués pour leur aspect ploutocratique (dirigés par l’argent),
leurs relations financières complexes et leur
poids trop important dans le PIB coréen.
Parmi les principaux chaebols, on peut nommer Samsung, Hyundai et LG Group.
système politique sont ensuite mises
en place. D’abord par le Président Kim
Young-sam pour que ses prédécesseurs
puissent être jugés pour leurs crimes
commis lors du coup d’état de 1979 et
ensuite lors des soulèvements populaires
de Kwangju.
Par la suite, élu en 2002, le programme
du Président Roh Moo-hyun est principalement orienté vers la lutte contre la
corruption récurrente dans les puissants
chaebols (conglomérats) et dans les milieux politiques (Encyclopædia Universalis, 2015).
Hallyu : la déferlante coréenne
2,3 milliards. C’est le nombre de vues
que totalise en mai 2015 le vidéoclip Gangnam Style du chanteur sud-coréen PSY
(PSY - GANGNAM STYLE (
)
M/V, 2012), lui valant plusieurs records
Guinness (Guinness World Records News,
2012). Cette chanson, devenue virale,
a démocratisé la musique coréenne en
Amérique du Nord et en Europe.
Cette découverte soudaine de l’Occident pour la culture coréenne n’est pas
le fruit du hasard, mais d’une entreprise
bien plus profonde et calculée du gouvernement. Car oui, la culture coréenne
s’exporte déjà depuis la fin des années
1990, notamment dans le reste de l’Asie,
mais également au Moyen-Orient et en
Amérique du Sud (Courmont, 2012; Légaré-Tremblay, 2015).
Appelée hallyu, cette « vague [culturelle]
coréenne » est l’initiative du gouvernement du président Kim Dae-jung (en poste
de 1998 à 2003), désirant à l’époque diversifier les revenus du pays (Légaré-Tremblay, 2015). La dépendance aux chaebols
devenant un risque d’écroulement de
l’économie si l’un de ses géants venait à
péricliter, le président Kim décide, après
la crise économique asiatique de 19971998, de relancer le pays en concentrant
Hallyu (
)
Des racines han ( ) – état d’être coréen –
et ryu ( ) – vague ou courant, la hallyu est
la vague culturelle initiée par le gouvernement de Kim Dae-jung au début des années
2000. Exportant la culture musicale, cinématographique, télévisée, technologique et
culinaire, ce mouvement vise à diversifier les
revenus nationaux et promouvoir internationalement le Made in Korea, pour ainsi assurer
la stabilité économique du pays.
Le chanteur sud-coréen PSY a su démocratiser la K-Pop en occident.
© Capture d’écran YouTube
les efforts non pas sur l’industrie manufacturière, mais sur la culture. Une approche assez inédite et risquée, rarement
entreprise par les gouvernements occidentaux, comme par exemple au Québec,
où 2,5 millions de dollars ont encore été
coupés du budget du Conseil des arts et
des lettres du Québec en 2015 (ICI.RadioCanada.ca, 2015).
Pour mener à bien ce programme, le
gouvernement se lance dans le pari audacieux de devenir le pays le plus connecté du monde, défi qu’il relève à peine
quelques années plus tard (Légaré-Tremblay, 2015).
Aujourd’hui encore, la Corée du Sud est
l’un des pays précurseurs de nombreuses
technologies, comme les normes de téléphonie mobile CDMA ou LTE, ce qui lui
valent le qualificatif de « marché test »
pour de nombreuses innovations électroniques (Ducourtieux, 2013).
33 ttt
Parallèlement, beaucoup d’efforts
sont mis pour encourager la création de
contenu : en 2012, ce sont plus de 1 billion
de won (1,1 milliard de dollars canadiens)
qui ont été insufflés par le Ministère de
la Culture, du Sport et du Tourisme dans
l’industrie de la culture (Cho, 2012). Les
bénéficiaires vont des studios cinématographiques de Busan aux maisons de production musicale, telles SM entertainment,
YG entertainement ou encore JYP entertainement. Son influence est telle en Asie
que les célébrités coréennes figurent parmi les acteurs les mieux payés au monde
derrière ceux de Hollywood (Faiola, 2006).
ou la diffusion de programmes télé et de
films, mais est grandement amplifiée par
Internet, d’où la course à la connectivité
menée par le gouvernement.
Les vidéoclips de K-pop sont vus plusieurs dizaines de millions de fois sur les
sites de partage comme YouTube, les admirateurs de K-drama s’entraident afin de
traduire en plusieurs langues leurs émissions préférées, et les films sont disponibles en ligne et sous-titrés. La société
coréenne restant très traditionnaliste, ses
programmes – surtout ses téléromans –
s’exportent très facilement : contrairement
aux séries américaines mêlant violence
et sexualité, les K-drama demeurent très
pudiques et abordent des thèmes pouvant
passer aux heures de grande écoute dans
le monde musulman, expliquant leur succès dans les pays du Moyen-Orient (Légaré-Tremblay, 2015).
Les conséquences de cette vague
culturelle sont impressionnantes et visibles
dès les balbutiements du programme : de
2003 à 2004, le nombre de touristes étrangers visitant la Corée du Sud est passé
de 2,8 à 3,7 millions (Faiola, 2006), pour
atteindre 14 millions aujourd’hui (Office
national du Tourisme coréen, 2014).
Un autre effet collatéral de cette vague : une
solidification des chaebols. Grâce au placement de produits dans les K-drama, les films
ou les vidéoclips de K-pop, l’Asie, le MoyenOrient ou l’Amérique du Sud sont inondés
visuellement de produits coréens, les ménages de ces pays en développement désirant maintenant posséder une voiture Kia,
de l’électroménager LG ou le nouveau téléphone Samsung (Légaré-Tremblay, 2015).
C’est un véritable écosystème socio-économique que le gouvernement coréen a réussi
à installer avec sa hallyu.
Cet hôtel de Busan, à l’effigie du groupe de K-pop 2NE1, témoigne de la
place qu’occupe la hallyu dans la culture coréenne. © MC
ttt 34
Cet univers artistique gigantesque
se base sur différents média : la musique
(avec la K-pop – de l’anglais Korean pop),
les téléromans (K-drama), les films, les
technologies et la cuisine.
Sa propagation se fait au travers de
moyens traditionnels, par la vente de CD
Les raisons officielles de cette exportation culturelle cachent cependant une
motivation plus profonde : l’obsession de
la première place. Constamment envahie
et occupée par ses voisins, c’est la première fois que la Corée part à la conquête
du monde. Entretenu par des années de
soumission et d’assimilation, le sentiment
du han est omniprésent dans la société du
matin levant.
Soft Power
Le soft power – ou puissance douce – est
un concept utilisé en relations internationales lorsqu’un État, une firme ou toute autre
institution ou organisation tente d’influencer
d’autres acteurs à l’aide de moyens non coercitifs. Introduite par Joseph Nye en 1990, cette
forme de pouvoir se base sur l’admiration
pour ladite organisation, son prestige ou le
rayonnement de son idéologie comme force
de persuasion sans avoir à user de la force de
contrainte ou de menaces (solution qualifiée
de hard power).
Ce concept, difficile à traduire, est un désir
de vengeance, jamais assouvi, propre au
peuple coréen (Légaré-Tremblay, 2015).
Ce désir de conquête est donc le résultat
d’un nationalisme exacerbé, nourri par une
recherche de pérennité économique.
De plus, la hallyu est considérée par
beaucoup comme une tentative de soft
power envers la Corée du Nord (Courmont,
2012) : Kim Dae-jung déclarait même que
« si les deux Corées se réunissent un jour,
ce sera grâce à cette vague » (LégaréTremblay, 2015). Dans les faits, sa vision
pacifiste porte ses fruits : dans les rares
zones de collaboration des deux régimes
comme à Kaesong, des Nord-Coréens
risquent leurs vies pour ramener chez eux
des biens et des idéologies du Sud (Légaré-Tremblay, 2015).
Synthèse
L’histoire de la Corée et de ses relations avec ses pays limitrophes a forgé
l’identité d’un peuple asiatique singulier,
aujourd’hui 15e puissance mondiale.
Cette réussite économique exceptionnelle
est le fruit d’une culture locale imprégnée
par le néo-confucianisme prônant travail
et réussite, et par le sentiment de han qui
met la rivalité avec le Japon au centre des
motivations populaire.
Les 65 dernières années ont particulièrement marqué la société coréenne, entre
héritage d’une occupation japonaise brutale, guerres, dictatures et régimes autoritaires. La guerre de Corée et la rivalité
idéologique face au Nord sont des sources
constantes de tensions dans cette poudrière héritée de la guerre froide.
Pourtant les contraintes économiques
actuelles laissent envisager des rapprochements entre ces deux sœurs, encore
une fois dans une logique sud-coréenne
de maintenir la péninsule compétitive face
aux géants voisins que sont la Chine, le
Japon ou la Russie.
Cependant, au-delà d’une identité coréenne forte, le Miracle de la rivière Han
est du à un système politique, dont l’important pouvoir donné à l’exécutif facilite
la prise de décision et la mise en place des
grandes réformes qui font de la Corée une
des plus grandes puissances industrielles
actuelles. Et bien que ces reformes aient
été difficiles pour le peuple en raison du
recours récurent aux lois martiales par
les gouvernements, il faut aussi admettre
leur efficacité. Chaque réforme et chaque
plan quinquennal s’inscrit dans la logique
du précédent. La reforme des territoires
soutient le plan quinquennal de développement des infrastructures, qui soutient à
son tour le plan de développement des industries lourdes, qui soutient à son tour le
plan de développement des hautes technologies par l’exportation.
Depuis quelques années, le gouvernement tente de revoir sa politique économique face aux géants que sont la Chine
et le Japon en développant un nouveau
plan quinquennal. Car après avoir subit les
invasions voisines, c’est à la Corée du Sud
d’envahir le monde avec sa culture dont
le vecteur est finalement l’industrie électronique dont elle est un des leader mondiaux. La hallyu en est l’expression et participe au rayonnement international actuel
du pays en s’inscrivant dans un nouveau
plan de développement.
Cette dynamique est particulièrement
appuyée par les nombreux traités de libreéchange signés par la Corée ces dernières
années et dont le dernier a été signé avec
le Canada.
Encore une fois, l’efficacité de la stratégie
du pays du matin calme semble imparable.
35 ttt
« Le Système du Budget et des Comptes coréen
est le système de gestion d’information financière
le plus développé que je n’ai jamais vu. »
- Cem Dener, Directeur des Solutions digitales intégrées
à la Banque Mondiale, 2010
La Banque de Corée, au centre-ville de Séoul, régit la valeur du won. © MC
Macroéconomie
un système bancaire unique au monde
37 ttt
Les géants tels Samsung, Hyundai et LG parviendront-ils à soutenir l’économie coréenne à eux seuls? © MC
ttt 38
Introduction
La situation économique de la Corée
a changé drastiquement depuis la fin de la
guerre opposant le Nord et le Sud. La partie septentrionale de la péninsule a réussi
à sortir de la pauvreté avec l’intervention,
certe autoritaire de son gouvernement.
Celle-ci a permis au pays de connaître une
croissance économique sans précédent
grâce au développement des grosses
compagnies coréennes (aussi connues
sous le nom de chaebols) telles Hyundai,
Samsung et LG.
Avec le temps, les différentes politiques
gouvernementales ont notamment orienté
le plan de développement national vers les
secteurs des transports et des technologies informationnelles.
Le développement de ces compagnies a
causé la création de très grandes puissances mondiales dans ces domaines particuliers. Les activités de ces entreprises
représentent aujourd’hui une large part
du PIB du pays. Cette section vise à présenter les différentes données macroéconomiques ainsi que les politiques économiques qui permettent de placer la Corée
sur l’échiquier mondial.
Ce chapitre analyse la situation économique coréenne en portant attention
à trois aspects clés de cette dernière : la
conjoncture économique, la politique budgétaire ainsi que la politique monétaire.
Les situations du Québec et du Canada
sont aussi présentées en guise de comparaison.
Conjoncture économique
Comme il a été mentionné auparavant, la Corée du Sud a vécu un redressement spectaculaire au cours des 50 dernières années, passant du statut de pays
pauvre à celui de puissance mondiale.
Cette progression est principalement attribuée à la montée en puissance des chaebols sur la scène mondiale avec l’aide importante du gouvernement.
La situation générale de l’économie coréenne au courant des dernières années
sera observée en analysant des éléments
tels le comportement du pays durant la
crise et la Grande récession asiatique, le
PIB, ainsi que le taux de chômage.
La crise économique asiatique et la
Grande Récession
Afin de comprendre les données économiques ainsi que les politiques mises en
place, il est nécessaire de connaître les
évènements marquants de l’histoire économique récente de l’Asie.
Les deux principaux évènements sont la
crise financière asiatique (CFA) de 1997
ainsi que la Grande Récession de 2008.
Au cours de ces deux évènements, la
Banque Centrale de Corée (BCC) et le
Fond monétaire international (FMI) ont joué
un rôle crucial pour que la Corée puisse
se remettre des turbulences économiques
encourues.
Une des raisons majeures ayant mené à la
CFA est le manque de coopération entre
les différentes instances financières, monétaires et gouvernementales asiatiques
avant la crise.
L’ASEAN Plus Trois (APT) ou Association
des nations de l’Asie du Sud-Est (Association of Southeast Asian Nations, abrégé
ASEAN) ainsi que la Chine, le Japon et la
Corée ont décidé conjointement d’amélio-
rer leur communication et de coordonner
certaines politiques monétaires et financières pour éviter de revivre une situation
similaire.
La crise financière asiatique de 1997
a commencé en Thaïlande avant de rapidement se propager dans toutes les régions avoisinantes. Un afflux massif de capitaux étrangers qui s’était accumulé dans
la région s’est brusquement retiré suite à
l’éclatement de la bulle financière en Thaïlande, ce qui a causé un déséquilibre de la
monnaie des différents pays.
L’expansion rapide de la crise a été favorisée par la méfiance des investisseurs
étrangers dans les autres pays de la zone
à la vue des évènements se déroulant en
Thaïlande.
Rapidement, la Thaïlande, l’Indonésie et la
Corée ont eu besoin d’être secourues financièrement par le FMI. Ce qui distinguait
ces trois pays des autres pays de la région
qui n’ont pas eu besoin de l’aide du FMI
est le fait que leur ratio de dette étrangère
sur leurs réserves en devises étrangères
dépassait 100 %. En Thaïlande, ce ratio
était de 110 %, en Indonésie de 167 %,
tandis qu’en Corée il s’élevait à 195 %
(Sussangkarn, 2014).
Ces pourcentages sont dangereux dans
le cas où ces dettes ne soient pas renouvelées en raison d’une perte de confiance
des investisseurs. En effet, le niveau de
réserves en devises étrangères est important pour un pays afin d’assurer une sécurité dans le cas où sa propre monnaie se
dévalue, par exemple dans des périodes
de turbulences financières.
Suite à ces évènements l’APT a mis en
place l’initiative Chiang Mai (Chiang Mai
initiative, abrégé CMI) qui assure un fonds
de réserve en devises étrangères qui atteint maintenant 240 milliards $US en plus
d’établir un mécanisme d’échange de
devises étrangères efficace entre les pays
membres (McGillivray et Carpenter, 2013).
Un autre changement fut d’instaurer un
groupe nommé Asian Bond Market Initiatives (Sussangkarn, 2014). Cette instance
a pour but de s’assurer que les marchés
d’obligations asiatiques se développent
de manière efficace et que les épargnes
soient utilisées pour des investissements
régionaux (Kawashima, 2013).
Ces deux nouvelles instances permettent
aujourd’hui aux pays asiatiques d’être
moins dépendants du FMI comme c’était
le cas précédemment.
C’est en Thaïlande que commence la crise asiatique de 1997. © MC
En effet, au cours de la crise asiatique, les
pays comme la Corée qui ont dû se plier
aux demandes du FMI pour obtenir une
aide financière de l’organisme à cause du
peu d’influence qu’ils possédaient auprès
de ce dernier. De ce fait, ils n’ont pas eu leur
mot à dire sur la nature et les conditions imposées, et ont dû accepter des politiques
monétaires restrictives qui ont causé des
problèmes sociaux. Les conditions n’ayant
pas été pensées en fonction du pays, elles
ont mené à des tensions politiques et culturelles en plus d’engendrer une réforme de
restructurations corporatives rapides qui a
39 ttt
ttt 40
particulièrement touché les chaebols.
Finalement, le FMI a demandé aux pays
concernés par les crises d’assurer des garanties complètes pour les prêteurs d’institutions financières (Sussangkarn, 2014).
Pour ce qui est du cas particulier de
la Corée, à la veille de la crise financière
asiatique le taux d’endettement des chaebols atteignait 500 % de leurs avoirs alors
que la dette nationale s’élevait à 150 G$US
dont 60 % de ce montant était à moins
d’un an d’échéance. De plus, les réserves
en devises étrangères n’étaient que de
8 G$US.
À la suite d’une sortie massive de capitaux
étrangers, la Corée est tombée en crise
et celle-ci a engendré les faillites successives de banques et d’entreprises.
Le plan de sauvetage du FMI s’est élevé à
47 G$US et il fut finalement remboursé en
2001. Le succès de la reprise venait entre
autres des mesures mises en places par
la BCC, et la libéralisation de l’économie
coréenne sous la direction du FMI.
Au travers de cette crise, la Corée a pu entrevoir les limites de son économie, et a pu
restructurer celle-ci pour la rendre viable.
La grande récession de 2008 fut la
dernière grande crise qui a affecté les pays
asiatiques.
Grâce aux discussions plus intensives de
l’APT, mais aussi grâce aux structures déjà
mises en place lors de la précédente crise,
certains pays ont pu réduire l’impact de la
récession.
Ce fut notamment le cas de la Corée qui
connut une courte période de récession
avant de reprendre sa croissance.
Au-delà des structures déjà en place, un
des autres facteurs importants fut la négociation de nombreux accords de libreséchanges avec les principaux pays importateurs des produits coréens. Ces accords
couplés à la faible valeur du won ont favorisé les exportations qui sont le moteur
économique du pays.
La production coréenne,
d’une croissaince effrénée
signe
Le PIB de la Corée se situait à 260 $US
par habitant au lendemain de la guerre de
Corée, et était comparable aux produits
intérieurs bruts de pays sous-développés d’Afrique et d’Asie (Consulat général
à Montréal de la République de Corée,
2015). Il était inférieur à celui de la Corée
du Nord.
En 2014, ce même PIB par habitant s’élevait à 28 739 $US (OCDE, 2014). La progression fut d’autant plus marquée avec la
présence du président Park Chung-hee au
pouvoir, de 1962 à 1979. Il privilégia une
économie basée sur l’exportation et permit l’arrivée des fonds japonais pour appuyer l’industrialisation du pays, grâce au
traité nippo-sud-coréen de 1965.
Malgré les progrès spectaculaires, le PIB
de l’année 2014 ne se situe que dans la
Comparaison de la variation de croissance du PIB.
Il est possible de voir ici que la variation du PIB coréen est supérieure à ceux des autres présentés.
sources : OCDE, 2014; Gouvernement du Canada, 2014; Institut de la statistique du Québec, 2013
moyenne de l’OCDE et est inférieur au PIB
tivement de 7,3 % et de 6,9 % durant la
canadien, qui est de 37 000 $US per capita
même année (OCDE, 2014).
(OCDE, 2014).
Cependant, cette impression est à relativiLe poids des chaebols Samsung et Hyunser selon différents aspects.
dai dans le produit intérieur brut est
Premièrement, la proportion de travailleurs
important. En effet, ces derniers reprétemporaires est de 24 %, soit deux fois
sentent respectivement 23 % et 12 % du
plus que la moyenne de l’OCDE (OCDE,
PIB national, ce qui illustre la dépendance
2014). Cela dénote une faible sécurité de
du pays à ses chaebols (BusinessKorea,
l’emploi.
2014).
De plus, le taux de chômage des jeunes
Malgré cette dépendance, les Coréens
s’élève à 11 % en février 2015 en Corée
peuvent être opti(Trading Economistes puisque le
mics, 2015).
Samsung et Hyundai
PIB du pays est
Les disparités soreprésentent respectivement
en
croissance,
ciales qui existent
et ce de manière
entre le fait de
23 % et 12 % du PIB coréen
importante
par
travailler dans un
rapport aux autres pays de l’OCDE. En
chaebol ou dans une PME expliquent en
effet, l’économie coréenne est en pleine
partie ce chiffre. En effet, les jeunes travailcroissance économique avec un taux de
leurs vont souvent préférer travailler dans
croissance du PIB de 3,5 % en 2014, alors
un chaebol à cause de cette distinction.
que celui de l’OCDE n’était que de 1,8 %.
Cependant, le manque d’opportunités
À titre de comparaison, la croissance cadans les chaebols combiné au peu d’ennadienne a été de 2,4 % sur cette même
gouement envers les petites et moyennes
année (OCDE, 2014). Pour ce qui est du
entreprises (PME) sont donc des éléments
Québec, on observe une croissance du
qui expliquent le chômage important chez
PIB plus faible que celles précédemment
les jeunes.
présentées, avec 1,5 % en 2014. (Institut
De plus, la rude concurrence causée par
de la statistique du Québec, 2013; Gouverla quantité de personnes de la tranche
nement du Canada, 2014).
25-34 ans possédant un diplôme universitaire (environ 67 % de cette tranche) est
Chômage et emploi
un autre élément qui vient gonfler ce chôLe taux de chômage représente la partie
mage (Reuters UK, 2015).
de la population active qui est sans emploi
Ce problème pourrait être résolu par l’enmais qui en cherche activement un. Dans
couragement de la création des start-ups
cette optique, la Corée semble avoir des
par le gouvernement. Ce phénomène tend
résultats satisfaisants, avec un taux de
à se développer dernièrement en Corée
chômage de 3,5 % en 2014, alors que les
dans le but de favoriser l’innovation au trataux de l’OCDE et du Canada sont respecvers de l’économie créative.
Le taux de chômage coréen est deux fois plus faible que la moyenne des pays de l’OCDE
sources : OCDE, 2014; Gouvernement du Canada, 2014; Institut de la statistique du Québec, 2013
41 ttt
Visite de l’équipe Poly-Monde à l’usine Hyundai Motors, chaebol coréen
ayant un poid important dans le PIB national. © MC
ttt 42
Cependant, la Corée reste le pays membre
de l’OCDE ayant le taux de chômage à
long terme le plus faible. Ce dernier représente un chômage durant depuis une année ou plus. En Corée, ce chiffre est quasiment nul sur les dernières années (Banque
Mondiale, 2015).
À titre de comparaison, le Québec possède un taux de chômage plus haut que la
moyenne de l’OCDE avec 7,7 % en 2014,
et reste toujours historiquement supérieur
à la moyenne canadienne.
Toutefois, un resserrement a pu être
observé suite à la Grande Récession, le
Québec se rapprochant sensiblement des
résultats de l’OCDE ainsi que celui du Canada (Institut de la statistique du Québec,
2013).
Finances publiques
La politique budgétaire est l’une des
politiques macroéconomiques les plus
importantes d’un gouvernement. Les différentes décisions budgétaires influencent
directement et considérablement l’économie nationale.
Processus d’appropriation du
budget
Le processus d’appropriation du budget
du gouvernement coréen ressemble au
système canadien qui est basé sur celui
de Westminster. Vers la fin de l’année budgétaire, le ministre des Finances canadien
dépose les documents budgétaires au
Parlement pour approbation. En Corée, le
président soumet le budget de l’année suivante à l’Assemblée nationale. Un comité
permanent de l’assemblée, composé de
seize membres revoit le budget proposé
et vote sur des recommandations qu’il
compte soumettre au Comité spécial sur
les Comptes et le Budget (Special Committee on Budget and Accounts, SCBA).
Après avoir revu et incorporé les recommandations, ce dernier émet une proposition de loi à l’assemblée.
Il est intéressant de noter que le SCBA ne
peut pas proposer de nouvel élément budgétaire sans l’approbation du comité permanent.
La proposition de loi est finalement votée
à l’Assemblée nationale.
Un fait important de ce processus est la
tendance du comité à augmenter le budget alors que le SBCA a au contraire tendance à vouloir le diminuer. Ce phénomène peut s’expliquer par la volonté des
membres du comité permanent d’ajouter
des projets dont bénéficient particulièrement leurs électeurs. Le SCBA d’un autre
côté représente plutôt les intérêts du parti
majoritaire au pouvoir et met donc l’accent
sur la réduction du budget dans le but
d’établir l’équilibre budgétaire (Kim, 2012).
Structure des finances publiques
Les finances publiques de la Corée du Sud
sont divisées entre celle du gouvernement
central et des gouvernements locaux. Le
gouvernement central est entièrement
financé par le budget établi et les divers
fonds.
En 2014, le budget du gouvernement central est constitué d’un Compte général
(General Account), 18 Comptes spéciaux
(Special Account) et de 64 Fonds Budgétaires (Funds) (Ministry of Strategy and
Finance, 2014).
Le Compte général est utilisé pour maintenir l’ordre public ainsi que la sécurité du
territoire à travers la défense nationale et la
Les finances publiques locales sont
également composées des trois comptes.
Les revenus proviennent en partie des
impôts locaux, considérés comme source
de revenus indépendante. L’autre partie
des revenus est financée par les subventions locales et la trésorerie nationale. La
sécurité sociale, la protection de l’environnement et les transports constituent la
majorité des dépenses du niveau de gouvernement local.
De plus, en concordance avec le principe
de l’autonomie de l’éducation, l’éducation
est financée par un compte spécial séparé
du compte général, de par la loi sur l’éducation locale.
Revenus consolidés et recettes fiscales entre 2006 et 2014.
source : National Assembly Budget Office, 2014
Revenus
Les revenus totaux consolidés du gouvernement central coréen en 2014
étaient de 369,9 T (24,6 % du PIB), soit
une augmentation de 2,4 % par rapport
à 2013.
Par ailleurs, les revenus consolidés
croissent annuellement de 5,8 % en
moyenne depuis 2006 (National Assembly
Budget Office, 2014).
La majorité du revenu (58,6 %) provient directement des différents impôts. Suite à la
révision majeure des lois fiscales en 2014,
l’Assemblée nationale a voté pour une
augmentation totale de 2,19 % des impôts
pour les cinq années suivantes (National
Assembly Budget Office, 2014).
Cette augmentation se reflète surtout au
niveau de l’impôt sur le revenu individuel.
En effet, le seuil d’imposition maximal a
été abaissé.
300
25
250
23,1
20,5
25,1
29
29,6
39,2
34,5
38,3
41,2
45,5
36,1
100
0
35,7
52,4
55,1
49,9
50,7
2008
Ordre social et
sécurité
Défense
nationale
56,2
57,2
51,6
48,7
81,2
86,4
92,6
99,3
106,4
80,4
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Éducation
Administration
publique
45,9
68,8
Revenus consolidés
23,7
33
31,4
26,6
150
50
Les revenus consolidés sont obtenus en excluant les différents transferts entre comptes
et les revenus provenant du financement de
chaque compte par la somme des comptes
généraux, spéciaux et fonds.
24,4
25,5
200
Dépenses (T )
diplomatie. En plus de cela, les dépenses
en éducation, logements sociaux, infrastructures, aide sociale et santé passent
également par ce compte.
Les revenus qui constituent le Compte
général proviennent essentiellement des
impôts sur le revenu des individus et des
entreprises et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Les Comptes spéciaux sont par exemple
financés par les intérêts provenant des
prêts, les taxes sur l’alcool et celui du développement pour les zones rurales. Ces
Comptes spéciaux ont été établis pour
financer des projets spécifiques entrepris
par le gouvernement. Il est important de
noter que les fonds des Comptes spéciaux
ne peuvent servir qu’à financer les projets
définis par les différentes lois.
Enfin, les Fonds Budgétaires comprennent
notamment les différentes pensions gouvernementales et sont gérés indépendamment du budget, mais requièrent tout de
même l’approbation de l’Assemblée nationale. La principale source de revenus de
ces fonds provient de prêts et dons au
lieu des recettes fiscales. De plus, ils ont
l’avantage d’être plus flexibles au niveau
de leur usage (Ministry of Strategy and
Finance, 2014).
Aide sociale
Les revenus consolidés et recettes fiscales de 2006-2014 montrent
l’importance et l’augmentation des dépenses dédiées à l’aide sociale.
source : National Assembly Budget Office, 2014
43 ttt
En 2013, les personnes dont le revenu était
supérieur à 300 M étaient imposées à
38 %. Après l’entrée en vigueur de la loi en
2014, c’est dorénavant les personnes dont
le revenu est supérieur à 150 M qui sont
imposées à ce taux. Ceci permettra au
gouvernement de récupérer 4,6 T (impôt
sur le revenu), une augmentation de 9,2 %
par rapport à 2013.
600
40
Dépenses du gouvernement
35
500
25
300
20
15
200
10
100
Dette publique par rapport au PIB (%)
Valeur nominale de la dette (T )
30
400
38 % selon le nombre d’habitations
autres qu’un domicile principal que possède une personne.
D’autres politiques de réduction encouragent les entreprises à s’engager dans
le développement durable (conservation
énergétique et respect de l’environnement) (National Assembly Budget Office,
2014).
Valeur
nominale
% du PIB
Les dépenses consolidées du gouvernement central en 2014 étaient de 355,8 T ,
une augmentation de 2 % par rapport à
2013. Les cinq secteurs où les dépenses
sont les plus élevées sont l’emploi et
l’aide sociale, l’administration publique,
l’éducation, la défense nationale et l’ordre
social (National Assembly Budget Office,
2014).
5
0
Dette et solde budgétaire
14
13
20
20
11
12
20
10
20
09
20
20
07
08
20
06
20
05
20
04
20
03
20
20
01
02
20
00
20
99
20
19
97
98
19
96
19
95
19
19
19
94
0
La dette publique coréenne a considérablement augmenté de 1994 à 2014.
source : FMI, 2014
Malgré cette augmentation générale, le
gouvernement a aussi mis en place des
politiques de réduction d’impôt. Le taux
d’imposition sur la vente des propriétés foncières qui ne sont pas utilisées
comme domicile principal a été changé.
Il est passé de 60 % du montant de la
vente à un taux oscillant entre 6 % et
Luxembourg
Corée du Sud
34.7
Suisse
Suède
Danemark
Finlande
Allemagne
Espagne
Royaume-Uni
Canada
109,0
France
Etats-Unis
Italie
Japon
0
50
100
150
200
250
% du PIB
Dette publique des pays membres de l’OCDE. Malgré l’augmentation de sa
dette, la Corée se compare bien aux autres pays.
source : OCDE, 2014
ttt 44
Le solde budgétaire coréen est comptabilisé sous deux méthodes. La première est
le solde consolidé qui représente la différence entre les revenus et les dépenses
consolidés. Le deuxième solde représente
plutôt les frais liés aux fonctionnements du
gouvernement. Il s’agit en effet du solde
consolidé excluant le solde des fonds d’investissement. Cette façon de présenter le
solde permet tout d’abord d’éliminer les
revenus provenant de ces fonds qui sont
généralement consacrés aux dépenses à
long terme (Ministry of Strategy and Finance, 2014).
Depuis 2000, un déficit budgétaire
est présent chaque année, à l’exception
de 2002, 2003 et 2007. Il est d’autant plus
marqué en 2009, suite à la crise financière
de 2008.
En 2014, le déficit budgétaire a atteint 25,5
T . L’augmentation du déficit s’explique
par l’augmentation des dépenses dues
aux politiques de relance économique.
Malgré l’augmentation du déficit de fonctionnement, le solde consolidé est tout de
même positif depuis 2010.
La crise financière de 2008 influence également la dette publique. En effet, cette
dernière a augmenté de 50,6 billions
en 2009 et de 32,6 T en 2010 (National
Assembly Budget Office, 2014).
Effet du vieillissement de la
population sur les finances
publiques
Depuis quelques années, l’Assemblée
nationale a tendance à favoriser l’équilibre budgétaire, voire de créer un surplus.
Ceci peut s’expliquer par la crise démographique que subit la Corée du Sud.
Les experts estiment que les dépenses
augmenteront de manière significative
dans les 50 prochaines années à cause
du vieillissement de la population et du
faible taux de natalité.
Tout d’abord, les revenus du gouvernement vont décroître à 26,1 % du PIB en
2011 à 22,1 % en 2060 d’après les projections du NABO, bureau de l’Assemblée nationale spécialisé dans l’analyse
du budget (National Assembly Budget
Office, 2012).
Parmi les revenus, la croissance des
revenus fiscaux et la contribution de la
sécurité sociale seront bien plus faibles
que ceux des revenus non fiscaux à
cause de l’augmentation du nombre de
personnes âgées.
Le vieillissement de la population peut
affecter directement ou indirectement
les revenus fiscaux. En effet, la décroissance de la population active diminue
directement ces revenus que ce soit à
travers les impôts sur la consommation
(TVA) ou les impôts sur le revenu. De
manière indirecte, le vieillissement de la
population ralentit la croissance économique et réduit alors les revenus.
Les dépenses gouvernementales cependant augmenteront. D’après les estimations, les dépenses imposées seront de
22,4 % du PIB 2060 alors que celles-ci
n’étaient que de 11,3 % en 2012 (National Assembly Budget Office, 2012).
Les dépenses reliées aux différentes
pensions sont celles qui croissent le plus
rapidement avec une moyenne annuelle
de 7 %. Ainsi, un déficit du solde consolidé est prévu à partir de 2021 pour atteindre -13,3 % du PIB 2060.
Par conséquent, la dette publique augmentera de manière significative. Le fardeau de cette dette retombera ainsi sur
les contribuables. La dette publique augmentera non seulement à cause du défi-
cit budgétaire, mais également à cause
des intérêts des emprunts qui s’accumuleront.
La population étant vieillissante, augmenter les impôts ne suffit plus à couvrir
la dette publique. Le NABO estime que
cette dernière atteindra 218,6 % du PIB
en 2060 et cette tendance continuera
(National Assembly Budget Office, 2012).
Le vieillissement de la population est l’un des enjeux majeurs
des prochaines décennies. © MC
Réforme budgétaire
Suite à la crise financière asiatique de
1997-1998 et compte tenu des prévisions
du vieillissement de la population, la Corée a mis en place plusieurs réformes au
niveau de son Système de Gestion des
Dépenses publiques depuis 2003 (Public Expenditure Management System,
PEMS). Ces réformes ont été radicales et
ont changé la plupart des pratiques utilisées depuis 50 ans.
La Corée a tout d’abord adopté un nouveau système budgétaire. Le système
de comptabilité nationale est passé d’un
système de comptabilité de caisse à
celui de comptabilité d’exercice pour un
meilleur suivi des dépenses. Les revenus ou dépenses sont dorénavant enregistrés au moment où ils sont reçus ou
engagés contrairement à la pratique de
la comptabilité de caisse où ceux-ci sont
enregistrés une fois encaissés.
45 ttt
ttt 46
Le gouvernement coréen a également
développé et utilisé un nouveau système
de gestion d’information budgétaire
surnommé Système du Budget et des
Comptes (Digital Budget and Accounts
System, abrégé DBAS). Le budget suit
dorénavant un processus d’attribution
hiérarchique descendant tout comme le
Québec et le Canada. Le ministère de
la Stratégie et des Finances (Ministry of
Strategy and Finance, MOSF) assigne
d’abord à chaque ministère un plafond
budgétaire établi selon le Plan national
de Gestion budgétaire (National Fiscal
Management Plan, NFMP), qui planifie
le développement socioéconomique du
pays des cinq prochaines années. Les
différents ministères attribuent le budget
accordé selon la priorité des différents
projets.
Avant la mise en place de ce processus,
il arrivait souvent que les ministères demandent une augmentation du budget
de 25 à 30 % par rapport à l’année précédente. Cependant, depuis l’implémentation, l’augmentation a été contrôlée à
seulement 6 %, d’après un rapport émis
par le MOSF (Bae, Choi, Kang, Heo et
Kim, 2011).
Le DBAS ou « cerveau intelligent » (digital
brain, abrégé dBrain) a été conçu pour
mieux gérer la préparation, l’exécution,
la comptabilité et l’évaluation de la performance du budget. Ce système permet la manipulation d’un grand nombre
de données rapidement et de manière
efficace. Il permet de centraliser toutes
les données pour permettre ainsi une
meilleure surveillance des dépenses par
le MOSF (Bae, Choi, Kang, Heo et Kim,
2011).
D’après Cem Dener, expert en finances
publiques de la Banque mondiale, le système de gestion des informations financières DBAS de la Corée est parmi les
plus avancés et intégrés au monde.
Politique monétaire
La BCC fut fondée au début de la
Guerre de Corée en 1950 (Bank of Korea,
2015). Il s’agit de la banque des autres
institutions financières du pays et du
gouvernement coréen.
Suite à l’armistice de 1953, la Corée est
devenue membre du FMI, alors que le
produit national brut (PNB) par habitant
n’était que de 65 $US (le PNB correspond à la production de richesses par
les résidents du pays à l’intérieur ou à
l’extérieur des frontières de ce dernier).
La BCC a grandement aidé le pays à
atteindre ses objectifs de croissance au
cours de 60 dernières années (Bank of
Korea, 2010).
Comme la Banque du Canada, son but
premier est de cibler un taux d’inflation
et de le maintenir au cours des années
afin d’offrir une stabilité des prix et augmenter la confiance des agents économiques.
Comme toute autre banque centrale
moderne, les moyens utilisés par la BCC
pour atteindre ses objectifs sont de gérer l’impression de la monnaie ainsi que
d’implémenter les politiques de crédits
et les politiques monétaires.
La Corée est un pays majoritairement
exportateur de biens et services. En effet,
les exportations constituaient 54 % de son
PIB en 2013 (McCully et Shankar, 2015).
De plus, la Corée est dépendante du reste
du monde au niveau des ressources naturelles. C’est pour cette raison que le cours
du won a des impacts majeurs sur son
économie. C’est d’ailleurs une des motivations de l’Accord de libre-échange Canada-Corée (ALECC) puisque le territoire
canadien est riche en matières premières
de toutes sortes. Les deux pays sont complémentaires en ce sens (F. A. T. and D. C.
Government of Canada, 2014). Les détails
de ce sujet sont traités dans le chapitre du
Commerce international de ce rapport.
Pour cette raison, un won fort peut avantager la Corée au niveau de l’achat des
ressources premières. Cependant, au moment de vendre les produits finis à l’étranger, un won fort diminue la compétitivité
des entreprises coréennes.
Cette section explique les effets des
crises sur la politique monétaire, le système bancaire coréen ainsi que les positions officielles et les actions que prend la
BCC.
La BCC en temps de crise
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
00
20
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20
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05
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20
09
20
10
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11
20
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20
13
20
14
99
20
98
19
97
19
96
0
19
En 2008, la Corée fut particulièrement
vulnérable aux fluctuations des marchés
internationaux. En effet, la demande internationale pour les produits coréens diminua fortement en raison du ralentissement
économique mondial. Ceci fut spécialement difficile pour l’économie coréenne
qui dépend énormément de ses exportations.
Le won coréen a donc été drastiquement dévalué en comparaison avec
le cours des autres devises asiatiques et
celle du Canada. Pour comparer les fluctuations des valeurs des monnaies, elles
ont été fixées à la valeur de 100 en 1996.
Cette astuce permet de comparer les variations de taux de change subséquentes
en ayant un point de référence. On peut
remarquer les périodes de la CFA ainsi
que de la Grande Récession où le won a
été beaucoup plus dévalué que les monnaies des pays avoisinants comme le yuan
chinois ou le yen japonais (OCDE, 2015).
19
Il est intéressant de remarquer la
tendance similaire des taux d’intérêts
au Canada et en Corée (voir figure en
bas à droite). La principale différence est
celle de la période de la CFA où les taux
d’intérêt coréens étaient très hauts en
raison de la perte de confiance généralisée. Ces variations semblables des monnaies ne sont pas surprenantes puisque
les changements macroéconomiques se
font maintenant au niveau international et
les économies des pays développés sont
étroitement liées.
Le won (en dollar américain sur ce graphique) est grandement dévalué à la
suite des crises de 1997 et 2008.
source : OCDE, 2015
Indice
Comme mentionné précédemment, deux
grands épisodes économiques difficiles
ont frappé la Corée, c’est-à-dire la crise financière asiatique (abrégé CFA), ainsi que
la Grande Récession de 2008.
Dans les deux cas, la BCC, le gouvernement et les instances internationales telles
que le FMI ont dû intervenir pour éviter une
catastrophe financière dans la région. Ces
épisodes ont eu des effets sur le cours
du won. Le won n’étant pas une monnaie
refuge, c’est-à-dire une monnaie de placement sécurisé en temps de crise, il s’est
donc dévalué durant ces périodes (voir
figure en haut à droite).
Cette dévaluation du won est un défi important pour les entreprises, et il s’agit
d’un phénomène sur lequel elles ont peu
de contrôle. Dans le but de diminuer le
risque relié aux fluctuations du taux de
change, les compagnies coréennes utilisent la stratégie de couverture de change
(Choi, 2015).
Année
Comparaison des taux de change (indice à 100 en 1996). Le won réagit plus
fortement aux turbulences économiques que les autres dévises.
source : OCDE, 2015
47 ttt
Dans le cadre de la Grande Récession, la BCC a aussi fait appel à des mesures d’assouplissement quantitatif en
fournissant 18,5 T ou 20,5 G$ en liquidités au marché coréen. Ceci équivalait à
près de 28,5 % des réserves monétaires
de la Corée à la fin de l’année 2008 (Chung,
2009).
Encore une fois, ces mesures ont eu pour
effet de stabiliser la monnaie à un taux
raisonnable d’avant crise pour permettre,
entre autres, aux entreprises d’acheter des
matières premières à des prix acceptables.
Au Canada, la situation est semblable
puisque le pays exporte énormément de
matières premières et il est donc sujet aux
variations du taux de change. En Corée,
ces fluctuations affectent directement les
chaebols puisqu’ils ont une forte présence
dans le domaine des importations et des
exportations.
Les stratégies utilisées par les entreprises peuvent inclure de tirer profit
des fluctuations. Au moment où la devise nationale est forte, c’est un moment
avantageux pour les compagnies de faire
l’acquisition d’équipements, de machineries étrangères et de matières premières,
tandis que lorsque la monnaie nationale se
dévalue, c’est un moment propice pour les
chaebols d’exporter leurs marchandises et
produits finis.
Système bancaire coréen
Le niveau d’emprunt des particuliers et
des entreprises fluctue avec le taux d’intérêt. Avec comme base les taux directeurs
émis par la BCC et la Banque du Canada,
Actifs coréens et canadiens selon l’indice IHH. Même après la restructuration,
les avoirs des banques sont plus répartis en Corée qu’au Canada.
source : Bank of Korea, 2008; Embree et Roberts, 2009
ttt 48
les institutions bancaires coréennes et
canadiennes fixent leurs taux d’emprunt
respectifs. Ces taux ont des impacts importants, car lorsqu’ils sont bas, ils sont
des stimuli de croissance économique nationale. Les instances et fonctionnements
du système bancaire permettent de comprendre les interactions financières entre
les différents acteurs d’une économie.
En Corée, il existe deux institutions
pour réguler, superviser et inspecter l’environnement bancaire du pays. Il s’agit de la
Commission de services financiers (Financial Services Commission, abrégé FSC) et
le Service de supervision financière (Financial Supervisory Service, abrégé FSS).
Au total, il y a treize banques commerciales en Corée. De ce nombre, sept sont
nationales et six sont régionales.
De plus, il y a aussi cinq banques spécialisées telles que la Banque d’échange
coréenne (Korea Exchange Bank, abrégé
KEB), la Banque immobilière coréenne
(Korea Housing Bank, abrégé KHB) et la
Fédération nationale d’agriculture (National Agricultural Cooperation Federation,
abrégé NACF) (FSS, 2013).
Suite à la CFA, la restructuration du système bancaire a fait passer le nombre de
banques commerciales (régionales et nationales) de 26 à 13, ce qui a eu pour effet
d’augmenter l’efficacité de celles-ci.
Entre 1997 et 2007, les ratios de réserve
en proportion des actifs à risque (ratio de
Bâle), de retour sur capitaux propres (Return on Equity, abrégé RoE) et de retour
sur les actifs (Return on Asset, abrégé
RoA) se sont tous améliorés. La transition
montre un système bancaire plus robuste.
Un contrecoup à la diminution du nombre
de banques est la concentration des avoirs
pendant la même période comme l’indique
l’indice IHH. L’indice n’a toutefois pas atteint le seuil critique de 2500 points tel que
le décrit par la Commission de commerce
équitable coréenne (Korean Fair Trade
Commission, abrégé KFTC) (Shin et Kim,
2011).
En guise de comparaison, il y a au Canada 29 banques nationales, 27 banques
étrangères et trois branches de banques
étrangères (Association des banquiers
canadiens, 2014). Toutefois, les six plus
grandes banques détiennent plus de 90 %
des avoirs bancaires au pays. L’indice IHH
calculé en 2013-2014 des banques nationales canadiennes est de 1914 (Association des banquiers canadiens, 2015).
Les institutions TD, RBC, Scotiabank,
BMO, CIBC et Banque Nationale sont les
plus grandes et elles ont de grandes parts
de marché (Ministère des Finances du Canada, 2002). C’est ce qui explique le fait
qu’avec un nombre de banques similaire,
l’indice IHH canadien est plus grand que
le coréen.
Banques commerciales nationales
La classification « banques commerciales nationales » en Corée regroupe les
banques nationales et régionales. Depuis
la fin du mois de juin 2008, une structure en réseaux a été adoptée pour les
banques commerciales domestiques avec
des branches nationales et régionales (ou
provinciales). À ce moment précis, il y avait
4900 établissements.
La libéralisation du secteur bancaire au
tournant des années 2000 a donné plus de
pouvoir aux banques commerciales. Par
exemple, depuis 2003, elles peuvent maintenant vendre des produits d’assurances.
Les individus ont également profité de
plus de liberté suite à cet assouplissement
de la réglementation. En effet, un actionnaire peut maintenant être propriétaire de
jusqu’à 10 % des parts d’une banque, une
augmentation significative de 6 % par rapport aux lois précédentes (BoK, 2008).
Une autre mesure mise en place à cette
époque est de permettre aux résidents
d’investir à l’étranger et d’accepter que
les non-résidents ouvrent des comptes en
wons. Ces mesures ont permis d’augmenter les flux entrants et sortants et l’indice
de prix composé du marché coréen (Korea Composite Stock Price Index, abrégé
KOSPI) est donc bonifié tout en restant
très volatile (Stanley, 2011). Le KOSPI étant
l’indice boursier du marché coréen, sa volatilité crée une incertitude économique.
Le principal secteur d’activité des
banques nationales est d’offrir des prêts
à courts et longs termes tandis que les
banques régionales sont plutôt orientées
vers le support du développement des petites et moyennes entreprises.
En plus des prêts de garanties du gouvernement aux chaebols, les banques nationales ont rendu possibles des prêts additionnels à ceux-ci à travers l’histoire.
Cela a permis aux chaebols de payer les
créanciers étrangers lors de leur montée
en puissance. Leur valeur de marché est
donc surévaluée pour qu’ils aient accès à
un meilleur ratio valeur sur dette (Murillo
et Sung, 2013). Le contrecoup de ces
mesures facilitatrices est que les chaebols ont tendance à se mettre à risque en
surinvestissant. C’est une des raisons qui
a expliqué les difficultés importantes de la
Corée lors de la CFA.
Banques étrangères
Les banques étrangères offrent plusieurs
avantages dans une économie. Elles
offrent une source de capitaux diversifiés
et elles sont moins sensibles aux conditions du pays hôte que leurs contreparties locales. Ces caractéristiques peuvent
offrir une certaine stabilité économique à
une nation.
Toutefois, elles ont le risque d’augmenter
la volatilité du marché local en fonction
des fluctuations de l’économie du pays
d’où provient la banque étrangère (Jeon,
Lim et Wu, 2015).
De plus, les banques étrangères sont,
dans le cas de la Corée, soumises à différentes réglementations dans le but de limiter les fluctuations dues à leur présence.
En effet, en octobre 2010, le ministère des
Finances coréen a imposé une limite de
250 % aux banques nationales en termes
d’actifs en devises étrangères tandis que
cette limite est de 50 % pour les banques
étrangères. Le principal secteur d’activité
des banques étrangères est d’offrir des
services bancaires importants et à grande
échelle.
Les banques étrangères et domestiques ont chacune des rôles respectifs,
des sources de revenus différentes ainsi
qu’une réglementation distincte. Les deux
types sont complémentaires et nécessaires au développement de la Corée. Les
institutions domestiques supportent l’activité économique interne alors que les
49 ttt
banques étrangères offrent une certaine
stabilité tout en facilitant les accords internationaux entre les entreprises. Le rôle
des institutions extérieures est d’autant
plus important dans le contexte coréen
en raison de leur économie basée sur
l’importation et l’exportation de biens et
services.
L’avènement du paiement mobile
La structure transactionnelle des banques
devient un enjeu important dans le domaine des technologies de l’information.
Samsung et Apple sont aux abords d’un
nouveau champ de bataille féroce. En
effet, avec l’introduction en 2015 des méthodes de paiement mobile Samsung Pay
et de Apple Pay, il sera pertinent d’observer les différences entre les deux.
Les Coréens sont déjà des habitués du paiement sans contact,
comme ici dans le métro de Séoul. © MC
ttt 50
Selon le professeur John Kim du KAIST
(Korean Advanced Institute of Technology), le système bancaire coréen est
mieux préparé que le système bancaire
nord-américain à l’arrivée de cette technologie. En effet, les habitudes de paiement
coréennes sont déjà plus axées sur les
virements informatiques. L’infrastructure
des banques nord-américaines n’est pas
encore totalement prête à l’arrivée de ce
nouveau mode de paiement.
C’est un avantage majeur pour Samsung
Pay qui pourra profiter du marché coréen
pour déployer et développer sa technologie avant de tenter de l’implanter mondialement.
Objectifs de la BCC
À la fin de l’année 2012, la banque centrale coréenne a émis l’objectif de maintenir l’inflation à 3 % avec une fourchette
de 0,5 % (Reuters, 2015). Les avantages
de maintenir les taux d’intérêt relativement bas sont multiples. Le premier est de
garder un certain contrôle sur l’évolution
économique du pays. Cela permet en effet
d’éviter les périodes d’extrêmes, c’est-àdire des périodes prospères tout comme
des périodes de récession, et ainsi d’assurer une évolution saine. Ce contrôle aide
également à mieux réagir aux crises économiques.
Le Canada avait adopté une politique similaire en 1991 qui a été un facteur important
permettant au pays d’être l’un des premiers à sortir de la crise de 2008.
De plus, en observant encore le modèle
canadien, on remarque que la stabilité
du taux d’inflation permet une prise de
décisions économiques plus judicieuses
aussi bien de la part des entreprises que
des particuliers. Cela a donc entraîné une
chute du chômage ainsi que la baisse des
taux hypothécaires (Banque du Canada,
2015).
Les objectifs actuels de la BCC sont
de soutenir la croissance économique
coréenne. En 2015, un ralentissement des
marchés émergents est observé incluant
les voisins chinois. Il s’agit d’un enjeu pour
la Corée puisque la Chine est la destination de 25 % des exportations coréennes.
En réponse à cela, la BCC baisse son
taux directeur pour stimuler l’économie.
En mars 2015, il a atteint 1,75 %. C’est un
taux plus bas que celui utilisé en réponse
à la Grande Récession qui était de 2 %. Le
but est d’atteindre les objectifs de croissance économique de la BCC de 3,2 % en
2015 et 3,8 % en 2016.
Au niveau monétaire, cela a pour effet de
tenter de dévaluer le won pour obtenir un
avantage comparatif face à la compétition
japonaise. Ces mesures d’assouplissement monétaire ne dureront toutefois plus
très longtemps puisque la dette augmente.
Enfin, grâce au surplus prévu de 6,5 % par
année du PIB en 2015-2016, les perspectives d’avenir sont bonnes pour la Corée
(McCully et Shankar, 2015).
Synthèse
En conclusion, la CFA fut un moment
marquant pour la Corée d’un point de vue
macroéconomique. En effet, le gouvernement tente de promouvoir l’innovation et
les PME dans le but de stimuler la création
d’emploi tout en réduisant sa dépendance
des chaebols.
Au niveau des finances publiques, c’est
la réforme budgétaire qui a permis d’assurer un meilleur contrôle des dépenses
publiques en changeant d’un système de
comptabilité de caisse à celui de comptabilité d’exercice.
Ensuite, l’objectif de la BCC est de soutenir la croissance économique du pays
malgré les difficultés actuelles de la Chine
qui compte pour 25 % des exportations
coréennes. Une grande portion de ces
exportations sont des produits des secteurs des technologies de l’information et
des transports où l’innovation est la clé du
succès.
51 ttt
La bibliothèque du siège social de Naver, ouverte au public. © MC
« On peut construire une montagne en rassemblant
des grains de poussière. »
- proverbe coréen
Microéconomie
vers une main-d’œuvre performante
53 ttt
L’Université d’Hanyang, avec laquelle Polytechnique Montréal a signé un Protocole d’Entente lors de son passage. © MC
ttt 54
Introduction
Suite à la guerre de Corée qui prit fin
en 1953, la péninsule sud-coréenne peut
être fière de s’être remise sur pieds grâce,
entre autres, à ses politiques en éducation.
La population se faisant aujourd’hui vieillissante, le maintien de la croissance technologique repose sur les épaules des jeunes
de demain.
Aujourd’hui, les politiques mises en place
par la présidente Park Geun-hye témoignent
du désir de faire fleurir l’économie locale
ainsi que le rayonnement à l’international
de la Corée du Sud. La créativité et l’innovation sont priorisées dans l’atteinte d’ob-
jectifs fixés dans le Three-year plan.
Pays sujet à des changements importants dans ses secteurs industriels, une
grande dualité existe entre les chaebols
et le nombre croissant de PME. La fragilité
de son économie découle d’un déséquilibre du rapport de force entre les grands
groupes coréens et le gouvernement ainsi
que des habitudes de consommation de la
population coréenne.
Ces phénomènes liés aux comportements
et interactions des agents individuels seront
étudiés dans le présent chapitre consacré
aux aspects microéconomiques.
Structure industrielle
Les politiques derrière le miracle
coréen
Au début des années 1960, le secteur agricole en Corée du Sud représentait encore
37 % du PIB et le secteur industriel seulement 20 % de l’activité économique. Ce
pays, dépourvu de richesses naturelles
abondantes, semblait alors voué à une
misère sans lumière au bout du tunnel.
L’année 1961 est marquée par l’arrivée au
pouvoir du président Park Chung-hee. Ce
dernier amorce alors un changement structurel et une relance économique progressive passant par une politique d’autofinancement et d’exportation de biens produits
par l’industrie légère. Ces biens, nécessitant une forte intensité de main d’œuvre,
pouvaient être produits à moindre coût en
Corée du Sud et pouvaient ainsi compétitionner les États-Unis et les pays d’Europe
de l’Est (Advameg Inc., 2015).
Cette stratégie provoque rapidement
l’accélération de la croissance industrielle
ainsi que du PIB. De 1962 à 1971, ce der-
nier est propulsé à un taux de croissance
annuel moyen de 6,83 % et la part de l’agriculture dans l’économie diminue à 27 %.
Au cours de cette même période,
le Québec sort de la « Grande noirceur »,
époque marquée par un fort conservationisme social et économique. Le gouvernement libéral de Jean Lesage amorce alors
un développement économique imprégné
de réformes et projets nationalistes tels
que la nationalisation de l’hydroélectricité
(1962) et la création de la Caisse de dépôt
et placement (1965).
Aussi, à l’instar du gouvernement sud-coréen, le gouvernement québécois intervient davantage dans la vie économique
de la province sous la forme de subventions et d’aides à l’exportation. Cette période est connue comme la « la Révolution
tranquille » (Dif, 2010).
En Corée du Sud, le début des années 1970 est marqué par la création et
le financement gouvernemental d’entre-
La récession économique de 19791980, causée principalement par un choc
pétrolier au niveau mondial, est l’élément
qui pousse le président Park Chung-hee à
réorienter de nouveau l’industrie coréenne.
Il met alors sur pied des politiques fiscales avantageuses pour le développement de nouvelles technologies dans les
secteurs de l’automobile et des TIC. Ainsi,
des entreprises comme Samsung Electric Industries bénéficient d’une forte aide
financière gouvernementale pour appuyer
la recherche et le développement dans le
domaine des semi-conducteurs.
Au Québec, le choc pétrolier se fait
également sentir et fait monter le taux de
chômage à près de 15,8 % en 1982 (Le
Québec économique, 2015). Les pertes
d’emplois sont en majorité absorbées par
les jeunes.
La création des Fonds de solidarité de
la FTQ en 1983 vient remédier à la situation en assurant le maintien et la création
d’emplois, tout en effectuant de nombreux
investissements dans les PME québécoises (FTQ, 2015).
L’économie coréenne connaît une
relance spectaculaire entre 1987 et 1997,
portée par la démocratisation et une ou-
verture sur le monde marquée par les Jeux
olympiques de Séoul en 1988. Durant cette
période, la Corée du Sud délaisse grandement l’industrie légère au profit de l’industrie lourde et met également l’accent sur
les technologies de pointe, l’informatique
et les télécommunications.
100
90
80
% de l'économie
prises stratégiques, dont POSCO et Hyundai Shipbuilding Industries visant le développement des activités manufacturières.
Le gouvernement s’engage alors dans une
politique de substitution à l’importation
afin d’accroître les exportations coréennes
dans le domaine chimique et de l’industrie
lourde (Barjot, 2011). Les années 1970 se
soldent cependant par une perte de compétitivité des entreprises coréennes face
aux économies émergentes des tigres
asiatiques (Philippines, Malaisie, Indonésie et Thaïlande). Ainsi, un ajustement
structurel vers un nouveau secteur clé
s’impose.
70
60
Services
50
Industries
40
Agriculture
30
20
10
0
1960
1970
1980
1990
Depuis les années 60, l’industrie remplace l’agriculture
dans l’économie coréenne.
source : Barjot, 2011
Avec les années, les politiques du
gouvernement coréen ont donc apporté
un changement drastique à la structure de
production du pays. En effet, il s’est opéré
un virage majeur vers la production manufacturière au détriment du secteur primaire.
Durant la crise financière asiatique
(CFA) de 1997, le nombre de chômeurs en
Corée du Sud atteint 8,4 % de la population active. Ayant contracté de nombreux
prêts non performants afin de nourrir l’expansion de leurs entreprises tentaculaires,
les chaebols n’ont pu faire face à la diminution mondiale des exportations créée
par le ralentissement économique de la
région. Ils se sont retrouvés incapables
de rembourser leurs dettes, et plusieurs,
dont le groupe KIA, ont fait face à la faillite. C’est le gouvernement coréen qui, en
contractant un prêt du Fonds monétaire
international (FMI), a pu sauver l’économie
coréenne de manière à prendre en charge
les dettes de ces grands conglomérats
(Marlow, 2015).
55 ttt
Afin d’éviter qu’une situation similaire se reproduise, le gouvernement met
en place une politique de restructuration
des chaebols afin d’y induire une gestion
plus transparente et de les forcer à devenir
vraiment concurrentiels sur les marchés
internationaux. Pour ce faire, les financements publics sont nettement diminués,
les conglomérats sont forcés de se recentrer vers leurs industries d’origine et une
réforme du système bancaire resserre la
surveillance de leurs créances.
Le redressement de l’économie s’effectue toutefois rapidement et s’opère selon trois volets.
Ces volets concernent la poursuite de la
2%
39%
Agriculture
Industries
Services
59%
La Corée du Sud, premier producteur de semi-conducteurs au monde, voit
son PIB dominé par les productions des secteurs secondaires et tertiaires.
source : Planet-Expert, 2015
ttt 56
politique d’exportation, l’augmentation de
la compétitivité dans des secteurs clés
tels que la sidérurgie, la construction navale, la fabrication automobile, la fabrication électronique et les semi-conducteurs,
ainsi qu’un investissement massif dans le
domaine des TIC (Planet-Expert, 2015).
Le visage actuel de la Corée
En 2012, le ralentissement économique en
Chine et aux États-Unis a affecté négativement l’économie coréenne.
La présidente Park Geun-hye entreprend
son quinquennat en annonçant un retour
à l’équilibre entre les chaebols et les PME.
Elle affirme par la même occasion son
intention d’effectuer la promotion d’une
économie créative, basée sur les services
et l’innovation grâce à l’intégration des
TIC dans tous les secteurs de l’économie
(Planet-Expert, 2015). Le gouvernement
coréen offre notamment des subventions
aux PME coréennes afin de financer l’emploi de jeunes diplômés dans le domaine
des TIC.
Malgré cet apport financier supplémentaire, les jeunes diplômés sont encore
davantage attirés à travailler dans les
grands chaebols où ils peuvent toucher
des salaires jusqu’à deux fois plus élevés
(Alticast, 2015).
Aujourd’hui, le secteur agricole représente
environ 2 % du PIB, le secteur industriel
39 %, et le secteur des services représente
quant à lui 59 % de l’activité économique
totale (Planet-Expert, 2015).
Démographie
En quête d’une nouvelle jeunesse
En 2014, la population sud-coréenne
atteint 49 millions d’habitants. Séoul, la
capitale, en compte près de 22,7 millions
(Statistiques mondiales, 2015).
Avec la reconstruction du pays et sa
croissance des dernières années, le
nombre de citadins continue de croître
malgré le fait que le rythme de croissance ait diminué.
Les autorités coréennes prévoient d’ailleurs une baisse de la population d’ici
2030, le vieillissement de celle-ci étant
actuellement en voie de devenir problématique. En effet, la pyramide des âges situe
l’âge médian coréen autour de 40,2 ans,
en plus de faire ressortir certains enjeux
que représente le vieillissement de la population.
Il est possible de constater que les jeunes
sont de moins en moins nombreux. Le
taux de natalité est d’environ 1,25 enfant
par femme (1,61 au Canada), tandis qu’à
l’opposé, la population de plus de 65 ans
représente plus de 12 % de la population
sud-coréenne (OCDE, 2015a).
Depuis 1960, le taux de naissance a
connu une diminution marquée. Selon l’institut de développement de la Corée (Korea
Development Institute), l’entrée soudaine
des femmes sud-coréennes sur le marché
du travail est une cause significative de l’effondrement du taux de natalité.
En 2014, l’OCDE stipulait que l’espérance
de vie chez les Sud-Coréens atteignait
81,1 ans. Les démographes estiment qu’à
partir de 2018, il y aura plus d’aînés (population âgée de 65 ans et plus) que de
jeunes âgés de moins de 15 ans.
Cette même année, le taux de décès
s’élevait à 6,63 ‰ (Statistiques mondiales,
2015). Tout comme au Québec, le nombre
élevé de personnes âgées constitue un
enjeu démographique important de la Corée du Sud. Celui-ci viendra grandement
influencer le débat public. La place occupée par les aînés en politique sera potentiellement considérable de même que son
poids sur l’endettement des ménages. Le
risque de tomber dans la déflation existe
(Guay, 2015). Cela s’explique entre autres
par le fait que les consommateurs favoriseront l’épargne à la dépense dans l’économie du pays (Bulletin de l’Organisation
mondiale de la Santé, 2010). Ce même
phénomène démographique est observable dans l’ensemble du Canada et au
Japon, ce dernier est d’ailleurs le pays où
le taux de vieillissement est le plus élevé.
Dans l’optique de combler ce déséquilibre démographique, la réunification
de la Corée du Sud et de la Corée du Nord
serait favorable. En plus de posséder plus
de matières premières et un plus grand
nombre d’ouvriers, la proportion de jeunes
en Corée du Nord est plus importante
Pyramide des âges de la population sud-coréenne en 2012
85 et +
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
45-49
40-44
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
10-14
5-9
0-4
-2 500 000
-1 500 000
-500 000
Femmes
500 000
1 500 000
2 500 000
Hommes
La base étroite de la pyramide témoigne d’un déficit des naissances.
source : OCDE, données sur la Corée du Sud
qu’au sud (Dubuc, 2015).
Dans un autre ordre d’idées, certains pays
comme le Canada favorisent l’immigration
et mettent en place des mesures d’intégration sociale pour les nouveaux arrivants.
En Corée du Sud, les mesures portent
plutôt sur les naissances. Tout comme au
Québec, le gouvernement finance depuis
2012 des systèmes de gardes d’enfants
afin d’offrir un service plus abordable.
Il tente par le fait même de relancer la
natalité puisque la question de l’immigration demeure taboue. En effet, la population sud-coréenne ne semble pas être
favorable à la coexistence de différentes
cultures dans son pays (Ibbitson, 2014).
Le taux de migration était de 0 % de 2011
à 2014 (Statistiques mondiales, 2014).
Ce taux représente la différence entre le
nombre de personnes entrant dans le pays
et le nombre sortant pendant une année
pour 1000 personnes. Ce taux nul met
de l’avant la contribution négligeable de
l’immigration en territoire coréen à l’enjeu
démographique.
Politiques sociales
Le prix de la privatisation
À la lumière du constat démographique,
le vieillissement de la population préoccupe également le système de santé coréen. Bien que les villes comme Séoul, la
capitale, regorgent de cliniques privées
et d’hôpitaux, privés ou universitaires,
l’accessibilité a dû être mainte fois étudiée.
Les grands hôpitaux coréens abritent tous
les services de santé de la dentisterie
aux médecins spécialistes. Les hôpitaux
privés tels que les centres médicaux de
Samsung sont les plus réputés grâce à la
57 ttt
qualité et l’efficacité des professionnels et
des services offerts. Il est à noter que le
système de santé coréen a la particularité
d’avoir un secteur public peu développé
contrairement au système public du Québec où l’État agit à la fois comme assureur
et administrateur.
Contrairement au Québec, les dépenses privées représentent une part
majeure du total des dépenses en santé.
Ces investissements comprennent les assurances
santé privées ainsi que la
participation financière directe des usagers pour les
services de soins.
Le régime d’assurance social est financé par le gouvernement, les salariés, les
employeurs et les travailleurs indépendants.
L’Institut national de l’assurance maladie, un centre
de recherche relevant de
la Caisse nationale d’assurance maladie, gère le partage du coût des soins. Le
paiement de la cotisation
représente 10,5 % des dépenses des ménages, une
part plus faible que celle
de la moyenne de l’OCDE
située autour de 12,9 %
(Bulletin de l’Organisation
mondiale de la Santé, 2010).
Certaines compagnies, comme Naver,
offrent même des services de soins
Ce régime couvre jusqu’à
gratuits à leurs employés. © MC
80 % des coûts selon la nature de la prestation. Selon
les revenus du patient et lorsque les frais
de soins dépassent deux à quatre millions
de wons, la participation du patient sera
réduite considérablement, voire annulée
(CLEISS, 2015).
Depuis 2004, le Ministère de la Santé
et de l’Action sociale de la Corée a également mis en place un programme de
soins longue durée destiné aux personnes
âgées. Celui-ci est financé par des cotisations de particuliers de même que par
les cotisations publiques locales. Cependant, ce programme connaît des limites
de financement auxquelles le centre de
recherche s’intéresse actuellement.
ttt 58
Miracle de la rivière Han
Il est dit dans la littérature que Séoul est considéré comme étant le miroir de la croissance
de la Corée du Sud. La rivière Han traverse la
ville de Séoul.
L’expression relate la force dont a fait preuve
le pays en période d’après-guerre. La stratégie industrielle mise en place et les politiques
établies méthodiquement de même que le
savoir et la volonté de sa population ont permis au pays de se relever.
L’éducation, l’obsession
réussite coréenne
de
la
Les autorités coréennes soutiennent que
l’éducation est un facteur clé du succès de
la remontée économique de la République
de Corée suite à la guerre.
Dans les dernières années, la pensée populaire a fait de l’éducation une obsession.
Ce phénomène portant le nom du « miracle
de la rivière Han » relate la croissance économique rapide du pays gravée dans la
mémoire collective de la population.
En Corée du Sud, deux individus sur
trois âgés de 25 à 34 ans possèdent un
diplôme universitaire. Il s’agit du taux le
plus élevé relevé par l’OCDE en 2013. Parmi ceux-ci, près d’un étudiant sur quatre
gradue en ingénierie ce qui témoigne du
présent virage technologique (Chandler,
2012). Le nombre de diplômés dans les
domaines des sciences, de l’ingénierie et
des mathématiques est 75 % plus élevé
en Corée qu’au Canada (Ministère des Finances du Canada, 2014).
La plupart des entreprises sud-coréennes
privilégient l’embauche des diplômés universitaires, ce qui encourage la réussite
scolaire et la poursuite des études aux
cycles supérieurs. Cet héritage culturel
est ancré : la performance et l’atteinte
de l’excellence sont de mise dès le plus
jeune âge avec le passage des examens
Indicateur du vivre mieux
Il s’agit d’un indicateur créé par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) permettant l’évaluation
de la qualité de vie dans les pays membres
de l’organisation. Il mesure le progrès d’une
population dans différentes sphères sociales
en étant une évaluation complémentaire à
celle du PIB.
Test PISA
Le Programme international pour le suivi
des acquis des élèves (Program for International Student Assessment, abrégé PISA)
est mené par l’OCDE. Il évalue les systèmes
d’éducation du monde entier en testant les
compétences des élèves de 15 ans dans les
matières principales, dont la résolution de
problèmes. L’enquête PISA fournit des résultats pour chaque pays recensé à des fins de
comparaison.
La Corée est reconnue pour le haut taux de
formation de sa population. Les tests PISA réalisés en 2012 révèlent que le pays se classe
premier en mathématique et second en compréhension de l’écrit (OCDE, 2014).
d’entrée à l’université, étape tournante
du système d’éducation coréen (LégaréTremblay, 2013).
En ce qui concerne les compétences, la
Corée du Sud arrive deuxième au classement de l’Indice du mieux vivre de l’OCDE
dans la catégorie compétence des élèves.
Cet indice est calculé en fonction de la
moyenne des résultats des tests du Programme international de l’OCDE pour le
suivi des acquis des élèves sur la lecture,
les sciences et les mathématiques (Program for International Student Assessment, abrégé PISA).
Historiquement, la Corée du Sud a toujours obtenu un excellent résultat aux
tests PISA. D’une part, ces bonnes performances peuvent être dues à l’investissement des parents dans les instituts privés
de cours de soutien, les hagwons.
D’autre part, la qualité de l’enseignement primaire et secondaire a été
grandement améliorée depuis 2008. Les
établissements sont plus responsables et
l’autonomie est favorisée au niveau local.
De plus, depuis 2011, la loi Cendrillon (shutdown law) interdit aux enfants de moins
de seize ans de jouer aux jeux vidéo de
minuit à six heures du matin dans le but de
minimiser les problèmes sociaux tels que
la dépendance aux jeux. Cette interdiction
vient du fait que le manque de sommeil nuit
au développement de l’enfant en affectant
notamment ses performances scolaires.
La Mission au département d’ingénierie de la Seoul National University. © MC
Dans l’ensemble du système d’éducation coréen, les autorités locales désirent
obtenir plus de responsabilités en matière
d’éducation visant de ce fait la diversité, l’innovation ainsi que la concurrence
(OCDE, 2014).
Il est vraisemblable de croire que le recours
aux cours de soutien privés de même que
la pression exercée sur les jeunes pourraient être évités par des changements
dans le système.
Hagwon
Un hagwon est un établissement scolaire privé
coréen. Il offre de l’aide aux études dans toutes
les matières et pour des personnes de tous les
âges. Les hagwons ont été importés durant
l’occupation japonaise de 1940. Initialement, ils
étaient réservés aux étudiants en difficulté.
Aujourd’hui, en Corée, la culture veut qu’après
la journée d’école, presque tous les enfants
gagnent ces établissements pour poursuivre
leur étude jusqu’à tard le soir, soit en général
de 15 h à 22 h (Légaré-Tremblay, 2013).
La pression académique coréenne est démesu-
rée par rapport à celle éprouvée par les étudiants québécois. Dans cette société marquée
par le confucianisme, tout individu obéit à
l’autorité des parents, des maîtres et des anciens. L’épuisement physique et mental des enfants inscrits dans ces établissements par leurs
parents peut être mis en doute.
Actuellement, le gouvernement s’inquiète de
ce phénomène hors de contrôle. Les hagwons
forment néanmoins des individus travailleurs,
caractéristiques observables de la population
active dans le marché du travail coréen.
59 ttt
ttt 60
Par ailleurs, les statistiques rapportées
par l’OCDE sur le taux de scolarisation des Sud-Coréens ne sont pas gage
d’équilibre dans la société. En effet, l’arrivée d’un nombre important de diplômés
chaque année ne fait que saturer davantage un marché dans lequel le capital
humain est déjà concurrentiel. Les chaebols ne peuvent employer la totalité des
milliers de diplômés universitaires issus
des universités annuellement.
Des réformes au système d’éducation tel
qu’il est aujourd’hui devraient être mises
de l’avant afin de renforcer l’enseignement professionnel et technique, et par
le fait même la cohésion sociale.
Le poids trop important de l’enseignement supérieur se verrait apaisé tout
en favorisant l’égalité des chances ainsi
que la diminution des dépenses des ménages en cours de soutien privé (OCDE,
2014).
Marché du travail
Un déséquilibre à l’horizon
La population active en Corée du Sud
représente actuellement 62,8 % de la
population, ce pourcentage diminuant
actuellement de 0,2 point de % par année. Selon les prévisions de la Banque
Mondiale, la portion active de la population coréenne reculera d’environ 15 %
d’ici 2040.
Le FMI a alerté les autorités du faible
taux de natalité. Le faible nombre d’immigrants ainsi que le vieillissement de la
population entraîneront assurément des
conséquences négatives sur la croissance économique du pays.
Le taux de chômage est stable à 3,9 % et
parmi les chercheurs d’emplois, ce sont
les jeunes diplômés et les femmes qui
constituent la majorité des personnes
concernées.
Des inégalités à surmonter
En Corée, le salaire moyen annuel était
de 36 354 $US en 2013 et l’écart salarial entre les hommes et les femmes de
36,3 % (OCDE, 2013). Il s’agit du taux
d’inégalité entre les sexes le plus élevé
de tous les pays de l’OCDE.
Les femmes ressentent encore aujourd’hui que leur statut social est
contraignant dans leur choix de carrière.
De plus, beaucoup de Coréens persistent à croire que les femmes devraient
seulement être responsables de l’économie domestique après le mariage (Kwon,
2014).
En comparaison, le Canada possède un
écart des salaires entre les hommes et
les femmes correspondant à près de la
moitié de celui de la Corée du Sud, soit
18,8 % plus faible, pour un salaire moyen
annuel de 47 800 $US en 2013 (OCDE,
2013).
Selon Piketty, les inégalités dans
les revenus ont cru rapidement depuis
la seconde moitié des années 90, de
telle façon qu’à la fin de l’année 2012,
1 % des meilleurs salariés gagnaient
12 % de tous les revenus et les 10 %
des
meilleurs
salariés
gagnaient
44,87 % des revenus (Denney, 2014).
De ce fait, la Corée du Sud se classe
au second rang de l’OCDE en termes
d’importance des inégalités de distribution des revenus.
Avec un indice de disparité des revenus
(coefficient de Gini) de 0,422 en 2011,
le pays se situait seulement derrière le
Mexique (OCDE, 2015b). À titre comparatif, le Canada avait un coefficient de
Gini de 0,274 durant la même année.
La raison de cette augmentation serait,
toujours selon Piketty, due au faible taux
de création d’emplois durant la période
de croissance économique suivant la
crise financière asiatique de 1997.
Coefficient de Gini
Le coefficient Gini est une mesure statistique
de dispersion indiquant à quel point les revenus entre les individus au sein d’une économie s’écartent de l’égalité parfaite.
Il est compris entre 0 (tous les revenus sont
identiques) et 1 (une seule personne reçoit la
totalité des revenus).
Économie équitable et efficace
Relation amour-haine envers les
chaebols
l’économie domestique et les exportations
(Trade solutions, 2015).
« Un poison dans l’économie coréenne »,
Depuis quelques années, suite à de nomvoici comment le leader de l’opposition
breux pardons judiciaires nébuleux ocofficielle du gouvernement coréen, M.
troyés à de hauts cadres de ces congloMyeong-Sook, décrit les chaebols lors
mérats et principalement après le très
d’une séance parlementaire de 2012.
médiatisé incident du Nut Rage touchant
Ces conglomérats, principaux acteurs
Heather Cho, le régime élitiste dans lequel
de la fulgurante relance économique des
les chaebols évoluent depuis des décendernières décennies et aujourd’hui consinies est décrié.
dérés comme des fleurons de l’économie
En outre, l’écart de productivité entre les
coréenne, sont désormais confrontés à
chaebols et les PME est sujet de discusune montée de colère de la part des Cosion en ce qui a trait au développement et
réens tant sur le plan sociétal qu’éconoà la gestion des compagnies. En effet, il remique. Depuis la séparation de la Corée,
flète une problématique notamment dans
les chaebols ont permis à la Corée du Sud
le secteur des services.
de se remettre sur pied et de réaliser un
De 2007 à 2010, 99,9 % des entreprises
immense progrès économique.
industrielles coréennes étaient des PME
contre 98,8 % au Québec et 99,8 % au
Les stratégies économiques emCanada (Banque de développement du
ployées aujourd’hui par les chaebols difCanada, 2011).
fèrent de celles utilisées lors de la relance
Cependant, les dix plus grands chaede l’économie.
bols, un groupe comprenant des compaDans les années 70 et 80, les chaebols
gnies telles que Samsung, Hyundai, LG
réduisaient leurs coûts en agrandissant
et Daewoo, représentaient plus de 80 %
leur entreprise grâce
du produit intérieur
aux divers avantages
brut (PIB) en 2011,
Les dix plus grands
économiques offerts
en
n’employant
chaebols représentent
par le gouvernement.
qu’un maigre 12,6 %
Aujourd’hui, ce mode plus de 80 % du PIB coréen de la main-d’œuvre
de gestion crée des
alors que les PME
barrières à l’entrée dans la majorité des
embauchaient 87,4 % de cette dernière
marchés pour les PME se heurtant à des
dans le secteur privé (Kwon Eun-jung,
entités gigantesques au niveau écono2012).
mique et technologique. De plus, ce mode
De surcroît, les chaebols sont accusés
de gestion entraîne un déséquilibre entre
de générer beaucoup de richesse envers
Répartition des compagnies selon leur nombre
conglomérats
moyennes entreprises
petites entreprises
Répartition des emplois en fonction
de la taille de l’entreprise
0,05 %
conglomérats
12,6 %
moyennes entreprises
7,4 %
petites entreprises
80,0 %
0,15 %
99,8 %
Les chaebols, bien que ne représentant que peu d’entreprises en Corée du Sud, ont un pouvoir
d’attraction important auprès des jeunes diplômés.
source : Merck performance material, 2015
61 ttt
ttt 62
leurs propres intérêts sans redistribuer à
la nation coréenne, tout en envahissant
des marchés variés et en étouffant du
fait même les PME.
Ce déséquilibre crée une économie fragile et très dépendante des marchés
internationaux puisque la majorité de la
production des chaebols est orientée
vers l’exportation (Dubuc, 2015).
C’est donc avec une situation délicate
que le gouvernement actuel doit jongler.
Il doit satisfaire les besoins des chaebols, piliers de l’économie du pays, tout
en permettant aux PME de prendre leur
place sur le marché afin de diversifier les
acteurs influençant l’économie nationale.
Le modèle économique d’après-guerre,
désigné comme un modèle catch-up, atteindra vraisemblablement sa limite prochainement (Marlow, 2015).
La croissance économique par
habitant a ralenti de 7 % en 1995 à 4 %
en 2013. Selon les projections, cette
décroissance se poursuivra jusqu’à près
de 2 % en 2030 (Ministry of Strategy and
finance, 2015).
Afin de prévenir ce problème et assurer
la relance économique, la structure économique doit être repensée afin de promouvoir l’un des piliers de la richesse
pour un pays dépourvu de ressources
naturelles comme la Corée : l’innovation
et la créativité.
Cependant, la dominance des chaebols
sur le marché gêne les tentatives du gouvernement de passer d’une économie
préférentialiste à une économie orientée
sur le développement et l’innovation propulsés par les PME. C’est pourquoi en
2013, dans cette optique de recherche
de nouveaux moteurs économiques, de
création d’emplois et d’innovation, la
présidente Park annonça son plan de relance économique : Three-year plan for
economic innovation (Jeon Han, 2014).
Motivés par la volonté de changer le
paradigme existant et axés sur le thème
de l’économie créative, les objectifs de
cette réforme économique sont l’augmentation de la croissance économique
à 4 %, du taux d’emploi à 70 % et du PIB
par habitant de 30 000 $US à 40 000 $US
d’ici 2017.
Catch-up/convergence
Cette théorie économique met de l’avant
l’hypothèse selon laquelle les revenus par
habitant des pays pauvres auront tendance
à croître plus rapidement que ceux des pays
riches. Éventuellement, toutes les économies
devraient converger en termes de revenus par
habitant, puisque les pays pauvres peuvent
reproduire les méthodes de production et les
technologies des pays développés (Investopedia, 2015).
Une facette importante de cette
politique économique est d’augmenter
la compétitivité des PME dans le marché
domestique afin de stimuler la créativité
et la création d’emplois qui viendront à
manquer dans un futur proche.
Il est démontré que les compagnies déjà
bien ancrées dans un marché ne sont
pas des sources importantes de création
d’emplois. Par exemple au Japon, entre
1996 et 2006, la quasi-totalité des nouveaux emplois provenait de nouvelles
compagnies ou d’investissement étrangers (Connell, 2013). Il est donc primordial pour le gouvernement coréen actuel
de mettre de l’avant un écosystème propice au développement des PME.
Cependant, promouvoir un écosystème
favorable n’est qu’une partie de la solution. La peur de l’incertitude et la volonté de travailler pour un chaebol afin de
faire partie de l’élite de la société sont
des moteurs qui laissent peu de place
au développement entrepreneurial. Un
changement complet de paradigme est
la seconde partie de la solution à adopter.
Économie créative
L’économie créative, teintée par la culture d’un pays, englobe plusieurs activités
économiques qui concernent la production
de connaissances et d’informations.
Dans le contexte coréen, le terme économie
créative représente un thème directeur pour
les politiques de relance économique du gouvernement actuel visant à pallier le ralentissement économique national.
Ces politiques économiques mettent l’accent
sur le développement de nouveaux moteurs
de croissance, la création d’idées, l’expansion
de la culture entrepreneuriale, l’innovation et
la création d’emploi par le biais d’une convergence de la science et de la technologie avec
l’industrie.
Les stratégies de la réforme
économique
Afin de mener à terme son ambitieux
changement de paradigme, le Three-year
plan for economic innovation entend employer plusieurs stratégies économiques.
Tout d’abord, le gouvernement supprimera
plusieurs réglementations contraignantes
pour encourager le développement entrepreneurial, entre autres par des programmes encadrant la création de startups et la croissance des PME.
Ensuite, la vente et le développement de
nouvelles entreprises seront créés et gérés par des instances gouvernementales.
Il y aura une augmentation marquée des
investissements dans la R et D dans le but
de faire converger les TIC dans le domaine
industriel.
Afin de combler ce déséquilibre et de
palier aux autres problèmes économiques
auxquels la Corée fait face aujourd’hui, le
gouvernement prévoit, par le biais de son
Three-year plan for economic innovation,
atteindre trois objectifs précis par l’intermédiaire de six stratégies (Ministry of Strategy and finance, 2015) :
4. Favoriser le talent créatif.
5. Renforcer la capacité d’innovation
des sciences, de la technologie et
des TIC, piliers de l’économie créative, dans le domaine public et privé.
6. Promouvoir une culture d’économie créative avec la participation du
peuple coréen.
Croissance par l’innovation
La Corée est un pays technophile. En
2009, 3,4 % de la dépense intérieure brut
est allée directement en R et D (l’un des
chiffres les plus élevés de l’OCDE) afin
d’augmenter la combativité technologique
face à la Chine et le Japon.
Pour sa part, le Canada n’a réinvesti que
1,9 % de son PIB dans l’innovation lors de
la même année, démontrant ainsi les priorités de la Corée en matière de développement (Statistic Canada, 2012).
Trois objectifs :
1. Créer de nouveaux emplois et de
nouveaux marchés par le biais de la
créativité et de l’innovation.
2. Renforcer le leadership coréen en
matière d’économie créative.
3. Créer une société où la créativité est
manifestée et respectée.
Six stratégies :
1. Compenser correctement pour la
créativité et créer un écosystème qui
encourage la création de start-up.
2. Renforcer le rôle des entreprises risquées et des PME dans l’économie
créative en plus de renforcer leurs
habiletés à entrer sur les marchés
globaux.
3. Créer des moteurs de croissance
pour créer de nouveaux marchés et
de nouvelles industries.
Les innovations ne manquent pas à la salle de montre d’light de Samsung. © MC
Dans son plan économique, le gouvernement coréen planifie d’investir encore plus
dans son fer de lance en augmentant ses
investissements en R et D jusqu’à 5 % du
PIB pour 2017.
De plus, en termes d’innovation, la Corée est la quatrième plus grande source
de brevets triadiques dans le domaine
63 ttt
des sciences, sans oublier qu’elle possède d’innombrables innovations dans le
domaine des TIC, une expertise que bon
nombre de pays ont déjà commencé à emprunter ou à copier.
Cependant, malgré les apparences envieuses, il existe encore un déséquilibre entre le secteur privé et public ainsi
qu’entre les conglomérats et les PME.
En 2009, un peu moins de trois quarts
(74,3 %) des fonds pour la R et D ont été
investis par les grandes compagnies pour
leurs propres activités, dont la majorité
par des chaebols. Il ne reste donc pas une
grande part pour les universités conduisant des recherches fondamentales plutôt
qu’industrielles, orientées vers le profit.
De plus, une collaboration entre les universités et le Ministère des Sciences, des TIC
et du Développement futur (créée lors de
l’annonce du plan de relance économique
il y a trois ans) visera le développement de
technologies afin de faire converger les
TIC dans les domaines industriels. Cette
association devrait accroître la productivité des compagnies œuvrant dans ces
domaines, spécialement celle des PME.
L’organisation responsable du réseau de
transport en commun de Séoul (Seoul
transport, operation and information service, abrégé TOPIS) est un exemple probant de cette convergence récente des
TIC dans les services rendus aux citoyens.
Les enjeux du transport en Corée seront
plus amplement développés dans le
chapitre du rapport couvrant le transport.
De l’aide par le développement
La salle de contrôle du TOPIS repose sur les TIC pour gérer le transport en
commun de Séoul en temps réel. © MC
ttt 64
De plus, les investissements de la part des
PME et des compagnies dans le domaine
du service (source indéniable d’innovation
et de développement de nouveaux produits à travers le monde) sont particulièrement faibles.
Ces quelques chiffres démontrent la faiblesse de l’écosystème d’innovation présent en Corée en plus de refléter la situation économique dominante des chaebols.
C’est pourquoi d’ici 2017, le gouvernement
augmentera jusqu’à 40 % les investissements destinés aux projets de recherche
fondamentale principalement conduits par
les universités. Les recherches seront principalement axées sur les domaines des
données de masse (big data), du développement web, des services sur le nuage et
sur les objets intelligents.
Une autre facette du plan relate l’importance de pallier les liens faibles entre les
universités, les laboratoires de technologies, les centres de recherches, les chaebols et les PME. Une meilleure liaison
entre ces domaines permettrait de développer, de partager et de commercialiser
plus rapidement de nouvelles idées et de
nouvelles technologies.
C’est pourquoi le gouvernement coréen
met en place des comptoirs de développement national et régional.
Ces comptoirs offriront des programmes
de soutien et le partage de technologies à
brevet ouvert dans l’optique de donner de
meilleurs outils aux start-ups et PME dans
le but d’accroître leur compétitivité.
Depuis 2011, la Corée du Sud a mis en
place un système national d’innovation
très sophistiqué impliquant les universités dans le développement des différents
secteurs spécifiques. Ainsi, les chercheurs
et étudiants travaillent en étroite collaboration avec les responsables de chaînes
de production dans le but d’imaginer des
solutions aux problématiques actuelles
rencontrées dans les secteurs industriels
ainsi que de nouvelles technologies pour
le maintien de leur compétitivité.
De plus, il sera possible pour les startups et les PME d’adhérer à différents programmes, notamment des accélérateurs
pour les start-ups, qui leur permettront
d’augmenter leur visibilité au sein des
marchés et faciliter leur financement.
Également, sachant que les PME coréennes souffrent entre autres de la
concurrence chinoise, des mesures gouvernementales ont été mises en place
pour pallier ce contexte économique peu
propice au développement.
Ainsi, en juillet 2013, la présidente Park
Geun-hye inaugure son troisième marché
financier, le KONEX. Dans la politique de
soutien aux petites structures figuraient
déjà le KOSPI et le KOSDAQ (Mesmer,
2013).
L’établissement de ces marchés financiers
est une stratégie globale adoptée dans le
but d’accroître le système d’innovation et
de favoriser le développement d’une économie créative attirant des investisseurs.
Les PME coréennes sont également protégées par la commission du commerce
coréenne (Korea Fair Trade Commission,
abrégé KFTC). La fragilité de l’économie
nationale a engendré la mise en œuvre de
nouvelles mesures en faveur des entreprises affiliées aux chaebols, telles que
le renforcement des règles applicables
aux relations commerciales internes à ces
groupes (OCDE, 2014).
Un second miracle de la rivière Han
Afin d’atteindre les trois objectifs fixés
par le gouvernement, plusieurs autres
mesures sont mises en œuvre pour stimuler les marchés nationaux et changer
progressivement la mentalité actuelle vers
une plus favorable à l’entrepreneuriat.
Effectivement, l’obsession de la majorité des Coréens reste encore aujourd’hui
l’éducation et la réussite. Énormément de
pression est exercée sur les jeunes pour
performer à l’école et décrocher un emploi
stable, bien rémunéré et avec de bons
avantages sociaux (au sein du gouvernement ou d’un chaebol). L’environnement
de travail est donc peu ouvert aux risques
et par le fait même à l’entrepreneuriat.
Cependant, selon une étude de Global
Entrepreneurship Monitor (abrégé GEP)
réalisée en 2012, la mentalité commence
à changer puisque 59 % des sondés affirment que l’entrepreneuriat est une bonne
option de carrière.
De surcroît, 70 % d’entre eux affirment que
les entrepreneurs ont un bon statut social.
Malgré cela, 43 % de ces mêmes répondants affirment que la peur de l’échec menant à la faillite personnelle les décourage
de se lancer en affaire puisqu’il est encore
difficile de se remettre financièrement en
Corée.
Le portail web Naver est devenu une référence en innovation. © MC
C’est en raison de ce tabou culturel et
de la volonté du gouvernement de changer
ce paradigme qu’un fonds de plus de 4 milliards de wons sera investi jusqu’en 2017
pour promouvoir l’esprit entrepreneurial.
En investissant dans un fonds de la seconde chance, en assurant le suivi des
compagnies durant les trois étapes (naissance, financement/croissance, maturité)
de leur mise en service et en augmentant
la sécurité d’emploi, le gouvernement esVoies d’investissement
d’ici 2017
Montant alloué
(en G )
Promouvoir l’entrepreneuriat
pour atteindre 13 000
nouveaux entrepreneurs
1059,8
Supporter les entreprises qui
promeuvent une économie
créative
2200,0
Encourager une culture de
« deuxième chance » après
une tentative infructueuse
Total
773,0
4032,8
Répartition des investissements en économie
créative d’ici 2017.
source : Ministry of Strategy and Finance, 2015
65 ttt
ttt 66
père augmenter considérablement la naissance de nouvelles entreprises.
Des centres pour encourager l’entrepreneuriat sont progressivement mis en place
afin d’encourager une économie créative
et variée. Dix-sept régions métropolitaines
et provinces accueillent ces centres afin
de faciliter le développement et le fleurissement des talents régionaux.
De plus, cette facette du plan gouvernemental permet le développement d’un
bassin d’entraide technologique. Ce bassin contribuera à promouvoir le partage
d’information et la stimulation de l’innovation régionale en plus de faciliter le développement et la commercialisation des
technologies émergentes.
Un fonds d’appui équivalant à 760 milliards de wons sera également créé et le
gouvernement investira 460 milliards de
wons dans celui-ci. Le fonds sera utilisé
pour encourager spécialement les jeunes
start-ups et encourager l’investissement
des anges.
De plus, afin d’aider la convergence des
TIC par le biais de start-ups dans différentes industries, les investissements passeront de 20 milliards à 100 milliards de
wons en 2015. Cet investissement permettra de financer 120 projets pour les trois
années à venir.
Création de marchés inclusifs aux
start-ups et PME
Les
interventions
gouvernementales
semblent avoir porté fruits, puisque depuis 2000, le nombre de start-ups a triplé
en Corée du Sud. Le pays ayant gagné en
popularité dans les dernières années, il
occupe le 28e rang du classement des en-
Incubateur
Un incubateur d’entreprise est une structure
d’accompagnement de projets d’entreprise.
Selon l’avancement du projet, l’incubateur
peut offrir de l’appui en termes d’hébergement,
de conseils, de technologies et de financement. Leur principale mission est de faciliter la création d’entreprises afin de stimuler
l’innovation et la créativité (Réseau Entreprises Canada, 2014).
vironnements d’affaire de 2015 à 2019 réalisé par The Economist Intelligence Unit.
Ce rang révèle entre autres l’intérêt accru
pour le marché coréen.
La scène entrepreneuriale coréenne est
fleurissante et devient de plus en plus influente. Des incubateurs tels que KStartup
et SparkLabs témoignent du dynamisme
du marché (De Villemandy, 2014).
La concentration géographique d’entreprises interdépendantes a d’ailleurs
fait émerger le concept de création de
grappes industrielles (appelés clusters en
anglais). En Corée du Sud, la structure la
plus importante est le KINOX comprenant
77 grappes industrielles dans lesquelles
sont rassemblés 193 incubateurs (Hadopi, 2015). Elle vise la réduction des coûts
d’entrée sur le marché ainsi qu’un soutien
financier favorisant la croissance.
La Corée a développé un avantage comparatif dans le domaine des technologies
de l’information et les entreprises misent
sur cet outil pour demeurer compétitives.
En effet, l’exploitation du réseau Internet permet aux compagnies, notamment
celles dans le milieu du transport, de réduire les coûts fixes et d’avoir accès à des
ressources informatiques adaptées à leurs
besoins (OCDE, 2014).
Ange
Grappe industrielle (cluster)
Les anges, dans le domaine des startups, sont des individus ou des réseaux
d’investisseurs qui apportent de l’aide financière aux différentes étapes de vie d’un startup, soit à la naissance, à la croissance ou à
la maturité. Ils fournissent habituellement de
l’aide financière en échange d’une dette ou
d’une part de la compagnie.
Les anges accordent de l’aide financière généralement à des conditions plus favorables
que les banques et autres prêteurs permettant ainsi un épanouissement plus rapide des
start-ups possédant un certain potentiel de
croissance (StartupDefinition, 2015).
Une grappe industrielle est un ensemble
d’entreprises et d’institutions réparties sur un
territoire géographique défini œuvrant dans
un domaine similaire.
Les grappes industrielles peuvent aussi bien
comprendre des institutions gouvernementales
telles des universités, des agences, des institutions de formation et des associations d’affaires
que des entreprises et des industries.
La majorité des grappes industrielles en
Corée sont axées autour de la recherche et
du développement entrepreneurial, communément appelé Technopole (Communauté
métropolitaine de Montréal, 2015).
Synthèse
À travers la deuxième moitié du XXe
siècle, la Corée du Sud a remarquablement développé son industrie en instaurant des politiques influençant fortement
l’économie, créant ainsi des liens très
importants entre le gouvernement et les
grands conglomérats coréens.
En près de 55 ans, la proportion de l’économie occupée par les industries a plus
que doublé remplaçant graduellement la
part occupée par l’agriculture.
La Corée fait aujourd’hui face à un
défi démographique important qui aura un
impact notamment sur le marché du travail
dans les prochaines années.
De plus, le pays est aux prises avec certaines réalités sociales et culturelles limitant dans nombre de cas les opportunités
et l’accès à l’emploi chez les jeunes et les
femmes.
Bref, la situation économique actuelle ainsi que le ressentiment généralisé
envers les chaebols ont récemment mené
à l’avènement de nouvelles stratégies de
réforme économique misant davantage
sur le développement de l’entrepreneuriat,
la croissance des PME ainsi que l’investissement dans le secteur des TIC.
67 ttt
Le nouveau port de Busan, acteur majeur du dynamisme des échanges commerciaux coréens. © MC
« Même si le ciel tombe sur toi, il y a toujours un trou
par lequel tu peux t’échapper. »
- proverbe coréen
Commerce international
des échanges effrénés
69 ttt
Introduction
La phase actuelle de mondialisation
de l’économie planétaire est marquée par la
montée en puissance de plusieurs pays asiatiques. Parmi ceux-ci, la Corée est l’exemple
parfait d’une nation ayant entièrement transformé sa situation économique entre la deuxième partie du XXe siècle et aujourd’hui.
En effet, le pays est passé d’une situation
de grande pauvreté à un titre de puissance
asiatique en l’espace de quelques décennies. Pour y arriver, la Corée a mis de l’avant
plusieurs mesures dont une mise en valeur
du commerce international et des investissements internationaux.
La Corée s’est concentrée sur l’exportation de produits transformés nécessitant
un capital d’investissement technologique
important. La balance des opérations courantes coréenne est donc passée de -10,2 %
du PIB en 1980 à 6,4 % du PIB en 2014 atteignant même 10,8 % en 1998 tout juste avant
le début de la crise économique asiatique
de la fin des années 90 (OCDE, 2014a). Une
forte croissance économique a résulté de
cette nouvelle approche alors que le produit
intérieur brut par capita a augmenté de plus
de 13 fois, c’est-à-dire de 2439 $US en 1980
à 33 089 $US en 2013. À titre comparatif,
le PIB par capita du Canada s’est accru de
moins de 4 fois (11 612 $US à 43 038 $US)
durant la même période de temps (OCDE,
2014b).
Plusieurs avantages comparatifs permettent aujourd’hui à la Corée d’être une
nation commerciale importante sur la scène
internationale. Cette nation membre de
l’OMC et de l’OCDE est reconnue pour l’exportation de ses produits technologiques de
qualité partout à travers le monde.
Cependant, cette forte dépendance aux
échanges commerciaux internationaux a fait
en sorte que la Corée a été grandement touchée lors de la crise financière asiatique de
1997 et la Grande Récession de 2007-2009.
Le pays a été affecté en raison des grandes
difficultés financières de ses principaux partenaires commerciaux lors de ces deux ralentissements économiques (Le Moci, 2015).
Pour palier à la situation, la Corée tente
maintenant de diversifier ses échanges économiques en ayant une cinquantaine d’accords de libre-échange avec des pays de
partout à travers le monde, dont un avec le
Canada entré en vigueur le 1er janvier 2015
(Affaires étrangères Gouvernement du Canada, 2015; Lee, 2015).
Le port de Busan, 5e port mondial, voit transiter près de 18 millions conteneurs (en équivalent vingt pieds) par année. © MC
ttt 70
Les voitures Hyundai attendent par milliers d’être chargées sur des porte-conteneurs à destination du monde entier. © MC
Une économie axée sur les
échanges commerciaux
Portrait des échanges commerciaux
La Corée est un pays ayant connu une
croissance économique fulgurante depuis
un demi-siècle et celle-ci se traduit par un
commerce international très dynamique.
Dans les années 60, Park Chung-hee a mis
l’emphase sur l’industrialisation par les exportations avec son plan quinquennal pour
le redressement économique de la Corée.
Ce virage a d’abord débuté par l’entremise d’un développement des industries
légères du secteur secondaire comme le
textile, la mécanique et les chaussures.
Ensuite, une série de cinq autres plans quinquennaux visant à développer des industries
lourdes telles que la construction navale, la
production automobile, le secteur pétrochimique et la création de biens électroniques
sont venues complètement changer le visage
de la Corée. Le pays a d’ailleurs affiché une
première balance commerciale positive en
1986. Cette dernière n’est pas un indicateur de
la richesse d’une nation, mais plutôt un indice
exposant un excédant ou un déficit au niveau
des échanges commerciaux. Il s’agissait donc
d’un signe prometteur pour le gouvernement
coréen désirant faire de la Corée un pays misant sur l’exportation de ses produits et services (Encyclopædia Universalis, 2015).
En 2014, la valeur monétaire des exportations de biens et services de la Corée
était de 573 G$US, soit environ 50,6 % de
son PIB, et celle des importations était de
526 G$US, soit 45,3 % du PIB. La balance
commerciale de la Corée est ainsi égale à
un surplus de 47 G$US pour l’année 2014.
Durant la même année, le Canada a exporté pour 475 G$US et importé 463 G$US de
marchandises et services, ce qui correspond à une balance commerciale positive
de 12 G$US (OCDE, 2015).
Les principaux partenaires commerciaux de la ville de Busan. © MC
Principaux produits échangés
La Corée est un pays qui possède peu de
ressources naturelles, mais il s’agit d’une
nation dotée d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. Cela transparait lors de
l’analyse des produits échangés avec ses
partenaires commerciaux.
Effectivement, la majorité des produits exportés par la Corée sont des produits manufacturés de haute technologie.
Plus précisément, il s’agit de semi-conducteurs, d’équipements de télécommunication sans-fil, de véhicules, de pièces
automobiles, d’ordinateurs, d’appareils
ménagers et de navires (CIA, 2015).
La grande majorité de ces produits sont
manufacturés par les chaebols coréens.
Ceux-ci opèrent dans une vaste gamme de
secteurs économiques, mais ils possèdent
tous une filiale d’importance supérieure.
71 ttt
IMPORTATIONS
son territoire, mais les importations comprennent également beaucoup d’équipements électroniques et électriques. Le
peuple coréen est fanatique de technologies de toutes sortes et il consomme donc
beaucoup de produits de ce genre venant
de la Corée, mais également de partout à
travers le monde. De plus, la production
partielle d’équipements technologiques
dans des pays où les coûts de production
sont moindres est un autre élément faisant
en sorte que le pays importe beaucoup de
produits de ce type.
Composition et origine des principales importations coréennes © MT
ttt 72
Par exemple, la filiale Samsung Electronics
est le fleuron du chaebol et elle produit la
majorité des semi-conducteurs et des téléphones mobiles exportés par la Corée.
Au niveau des importations, la composition variée inclue majoritairement des
hydrocarbures, des équipements électriques et électroniques, des produits
chimiques ainsi que de multiples ressources naturelles (CIA, 2015).
Sans surprise, la Corée importe majoritairement des ressources naturelles qui sont
manquantes ou simplement absentes sur
Comme mentionné précédemment,
la Corée mise depuis plusieurs décennies sur une économie d’exportation. Cet
élément est primordial au pays puisque
la consommation de produits locaux est
en déclin. Effectivement, les Coréens se
tournent de plus en plus vers les marchés
extérieurs pour faire leurs achats. Dans
plusieurs domaines, les compagnies locales sont aujourd’hui moins compétitives
qu’elles ne l’étaient auparavant et les Coréens choisissent ainsi davantage des produits étrangers. Par exemple, comme le
reste du monde à l’heure actuelle, la population coréenne est friande du magasinage
en ligne et elle adore particulièrement
EXPORTATIONS
magasiner sur des sites web étrangers en
raison des bas prix. Les économies importantes possibles en achetant des produits
sur Amazon ou l’équivalent chinois, Taobao, attirent grandement les consommateurs coréens.
De plus, les multiples accords de libreéchange que le pays possède permettent
également aux habitants de la Corée
d’acheter des biens étrangers moins coûteux avec plus de facilité. Un autre élément important explique cette baisse de
vente de produits coréens. Celle-ci est
également due au fait que plusieurs compagnies coréennes vendent leurs produits
à des prix plus élevés en Corée que partout ailleurs dans le monde. La plupart
des compagnies coréennes utilisant cette
pratique justifient cette différence de prix
par une qualité supérieure des produits offerts en Corée. Or, la grande majorité des
Coréens ne croient pas à ce raisonnement
et ils préfèrent donc se tourner vers des
alternatives étrangères (The Economist,
2015).
Somme toute, la disponibilité de produits
étrangers plus compétitifs et un affichage
de prix locaux plus élevés sont les éléments principaux expliquant la diminution
de la consommation nationaliste coréenne.
Composition et destinations des principales exportations coréennes. © MT
Avantages comparatifs
La Corée possède un grand nombre d’avantages comparatifs qui en font un partenaire
de choix pour les échanges commerciaux
à l’international. D’abord, la Corée est
bien située géographiquement par rapport
à plusieurs marchés importants. Elle se
trouve au cœur de l’Asie du Nord-Est entre
la Chine, la Russie et le Japon.
Cet excellent emplacement géographique est
appuyé par des infrastructures performantes
(Choi, 2015). La Corée possède effectivement
plusieurs ports et aéroports internationaux en
plus d’être dotée de réseaux ferroviaires et
73 ttt
Avantage comparatif
Adam Smith a défini l’avantage absolu d’un
pays comme étant la possibilité de fabriquer un
bien avec un coût de production inférieur à une
autre contrée. Selon Smith, il est avantageux
pour un pays de se spécialiser dans la production et l’échange d’un bien pour lequel il a un
avantage absolu. Or, il est fort possible qu’une
nation n’aie aucun avantage absolu par rapport à une autre et que tous ses processus de
fabrication soient donc en situations de désavantages absolus. Est-ce avantageux pour un
pays d’échanger avec un autre s’il se retrouve
dans cette situation? Selon David Ricardo,
de réseaux routiers très développés sur l’ensemble de son territoire. De plus, la superficie du pays étant restreinte, les compagnies
coréennes réalisent des économies importantes de frais de transport lors des processus de fabrication et de distribution locale.
tous les pays sont gagnants à échanger entre
eux-mêmes et chacun peut tirer profit d’une
relation commerciale avec un pays partenaire.
L’économiste britannique développe que le
gain mondial associé au commerce international provient du fait qu’il existe une différence entre les coûts relatifs et les prix relatifs des biens
dans chacun de pays. La théorie ricardienne
stipule qu’un pays a avantage à commercialiser
le bien pour lequel il a le plus grand avantage
absolu, ou le plus petit désavantage absolu, ce
qui correspond à l’avantage comparatif. (Lemoine, Madiès et Madiès, 2012).
Un autre grand avantage comparatif
de la Corée est le niveau de qualification de
sa main-d’œuvre. Plus de 49 % de la population coréenne d’environ 52 millions d’habitants possèdent un diplôme universitaire
(Choi, 2015).
Partenaires commerciaux
proches et historiques
Les grands partenaires
commerciaux de la Corée
La Corée est un pays très bien situé géographiquement pour faire des échanges à
l’international. La capitale, Séoul, se trouve
Des voitures Hyundai en attente de chargement sur des porte-conteneurs au port
de Ulsan. Les exportations coréennes de véhicules non-ferroviaires comptent
pour près de 3 milliards de dollars dans l’économie canadienne. © MC
ttt 74
à moins de trois heures d’avion de plus de
60 villes ayant des populations au-dessus
d’un million d’habitants (Choi, 2015). Une
situation idéale pour maximiser les marchés d’exportations.
À titre comparatif, le marché unique de
l’Union européenne regroupe 28 pays et
compte seulement 17 villes avec des populations de plus d’un million d’habitants
(Nations Unies, 2015).
De plus, la Corée est au centre de puissances économiques mondiales telles la
Chine, les États-Unis et le Japon. Il s’agit
d’ailleurs des trois partenaires principaux
de la Corée au niveau des exportations.
En première position, la Chine accueillait
16,1 % des exportations totales en 2013.
Ensuite venait les États-Unis avec 11,1 %,
le Japon avec 6,2 % suivi de Hong Kong
avec 5 % (CIA, 2015).
Du côté des importations, la Corée
importe beaucoup de matières premières
afin de les transformer en produits destinés à la consommation. Les partenaires
principaux desquels la Corée importe le
plus sont la Chine avec 16,1 %, le Japon
avec 11,6 %, les États-Unis avec 8,1 %,
l’Arabie Saoudite avec 7,3 %, le Qatar avec
5 % et l’Australie avec 4 % (CIA, 2015).
De plus, l’Arabie Saoudite, le Qatar et
l’Australie sont les principaux fournisseurs
de matières premières pour la Corée. Le
pays importe surtout du pétrole brut et raffiné, du gaz de pétrole, des briquettes de
charbon et finalement du minerai de fer et
de cuivre.
Trois pays sont récurrents peu importe la
nature des échanges commerciaux, soit
la Chine, les États-Unis et le Japon. Cela
s’explique par la proximité géographique
de ces pays facilitant le commerce
(Observatory of Economic Complexity,
2012).
Échanges commerciaux canadiens
avec la Corée
La Corée est un partenaire économique
important pour le Canada. Du point de
vue canadien, les États-Unis, l’Union
Européenne, la Chine, le Mexique et le
Japon sont en ordre les cinq pays dont
les échanges combinés avec le Canada
étaient les plus imposants en 2014. Au
sixième rang vient la Corée. Mêmes si
elles sont élevées au niveau global, les
importations ainsi que les exportations
venant de cette nation demeurant faibles
en comparaison avec les autres grands
joueurs asiatiques.
Du fait même, le désir d’accroître le
commerce avec la nation coréenne a
motivé le gouvernement canadien à signer
un accord de libre-échange entre les deux
pays (Affaires étrangères Gouvernement du
Canada, 2015).
En ce qui attrait aux principales transactions entre le Canada et la Corée, les exportations canadiennes sont majoritairement des
matières premières alors que les importations
du pays Nord-Américain sont plutôt composées de produits manufacturés.
La force de l’économie coréenne étant
son industrie technologique, l’ensemble
de ses exportations est majoritairement
composée de produits nécessitant ce type
d’expertise. Le tableau qui suit représente
bien les principaux produits échangés
entre le Canada et la Corée en 2014 (S. C.
Gouvernement du Canada, 2015).
Produits
Exportations
(M$)
Produits
Importations
(M$)
Minerais, scories
et cendres
956,9
Véhicules nonferroviaires
2869,5
Combustibles
minéraux,
pétrole et sables
bitumineux
835,3
Réacteurs
nucléaires
et pièces de
rechange
1089,1
Réacteurs
nucléaires
et pièces de
rechange
277,6
Machinerie
électrique et
pièces
1066,4
Pâtes de bois ou
autres matières
fibreuses
263,5
Fer et acier
362,0
Bois et articles en
bois
221,6
Articles en fer ou
en acier
235,2
Céréales
182,9
Articles en
plastique
207,3
Autres
1299,7
Autres
1432,1
Principaux produits exportés et importés par le Canada avec la Corée.
source : Le Facteur Asie, 2015
Les provinces canadiennes les plus
impliquées dans le commerce international avec la Corée sont celle de l’Ouest canadien. La proximité géographique entre
les deux régions explique les échanges
plus importants qu’avec le reste du Canada. Les produits de la mer, du bois et du
sous-sol de la Colombie-Britannique ainsi
que les produits agricoles et pétroliers des
Prairies constituent la majorité des produits exportés vers la région.
En revanche, les importations de produits
manufacturés coréens sont plus réparties
à travers le Canada, puisque la demande
pour ces derniers est élevée dans toutes
les provinces (S. C. Gouvernement du Canada, 2015).
Échanges commerciaux québecois
avec la Corée
Même si le Québec est plus distant de
la Corée que la majorité des autres provinces canadiennes, sa participation au
commerce avec ce pays asiatique compte
pour environ 10 % des exportations et à
peu près 20 % des importations des totaux canadiens.
De la perspective québécoise, il est évi-
75 ttt
Produits
Exportations
(M$)
Pâtes michimiques de bois
49,9
Produits
Importations
(M$)
Voitures de
tourisme
705,2
43
Argent sous forme
brute
59,2
17,8
Articles de
robinetterie et
organes similaires
pour la tuyauterie
43,1
17,1
Circuits intégrés
et microassemblages
électroniques
Produits de beauté
ou de maquillage;
préparations
antisolaires et
pour bronzer
14,7
Bouteurs,
bouteurs biais,
niveleuses,
décapeuses,
autopropulsés
20,2
Barres en aciers
alliées
11,9
Étoffes de
bonneterie
18,6
Autres
54,9
Autres
358,2
Viandes de porc
Minerais de fer et
leurs concentrés
Turboréacteurs,
turbopropulseurs
autres turbines
à gaz
24
Principaux produits exportés et importés par le Québec avec la Corée.
source : Finances et Économie du Québec, 2013
ttt 76
dent que les abondantes ressources naturelles de la province sont mises en valeur
dans son commerce international avec la
Corée. L’industrie des pâtes et papiers et
les éleveurs de porcs sont les acteurs principaux des échanges québécois en direction coréenne (Finances et Économie du
Québec, 2013).
Pour ce qui est des exportations coréennes
en 2012, 81,7 % de ceux-ci étaient considérés comme étant de haute-technologie ou de
moyenne-technologie, ce qui est typique de
l’activité économique du pays. Les Québécois sont d’ailleurs des grands consommateurs des voitures coréennes qui haussent
en popularité partout à travers le monde.
Le tableau précédent résume les échanges
de biens faits entre le Québec et le Corée
en 2012 (Finances et Économie du Québec, 2013).
Investissements directs étrangers
(IDE)
La Corée est un pays qui investie massivement à deux endroits en particulier, les
États-Unis et la Chine. En 2012, les inves-
tissements directs coréens à destination
de la Chine totalisaient 51 G$US, ce qui
représente environ un quart des IDE totaux
coréens. Ceux dirigés vers les États-Unis
étaient évalués à 35 G$US (Schott et Cimino, 2014).
Autrefois, l’investissement direct étranger
coréen en sol américain était plus important que celui en territoire chinois, mais
la montée en puissance de l’économie
chinoise dans les dernières années a renversé la tendance. En effet, les Coréens financent beaucoup d’usines de fabrication
de produits électroniques et de voitures
automobiles situées chez leur voisin asiatique (Reuters, 2014).
Toutefois, la Chine a récemment subi un
ralentissement économique suite à une
restructuration industrielle importante du
pays. Malgré cela, les investissements des
chaebols coréens chez le géant asiatique
n’ont pas diminué. En effet, les grandes
entreprises coréennes ont même augmenté leurs investissements en région chinoise
en profitant d’opportunités apparues suite
à la diminution des IDE japonais en Chine.
Des disputes politiques entre le Japon et
la Chine expliquent cette diminution des
investissements directs étrangers nippons
(Reuters, 2014).
Quant à l’investissement direct étranger en
sol coréen, ce dernier provient majoritairement de l’Union Européenne, du Japon et
des États-Unis. Ces trois régions avaient respectivement investi 60,5 G$US, 41,8 G$US
et 29,8 G$US en 2012. Ces investissements
sont faits en grande partie dans les chaebols qui gouvernent l’activité économique
du pays (Schott et Cimino, 2014).
Investissement direct étranger
Tel que défini par l’Organisation de coopération et de développement économique
(OCDE), un investissement direct étranger
est un investissement fait par un pays à
l’international afin « d’établir un intérêt durable
dans une entreprise qui est résidente d’une
autre économie que celle de l’investisseur direct. L’investisseur est motivé par la volonté
d’établir, avec l’entreprise, une relation stratégique durable afin d’exercer une influence
significative sur sa gestion. L’existence d’un
« intérêt durable » est établie dès lors que
l’investisseur direct détient au moins 10 % des
droits de vote de l’entreprise d’investissement
direct » (OCDE, 2015).
Un accès privilégié aux grands
marchés mondiaux
Dans son optique d’ouverture au
commerce international débutée lors de
la fin du XXe siècle, la Corée a conclu un
grand nombre d’accords de libre-échange
dans les quinze dernières années afin de
faciliter et renforcer les liens économiques
avec ses partenaires commerciaux (Schott
et Cimino, 2014).
Cette approche agressive mise de l’avant
par la Corée pour établir des liens économiques privilégiés avec une multitude de
partenaires commerciaux est surnommée
« Le bol de nouilles » (Desrosiers, 2007).
Ce dernier fait référence à la tendance récente des puissances économiques mondiales, particulièrement celles asiatiques,
de signer de plus en plus d’accords de
Accord de libre-échange (ALE)
Un accord de libre-échange permet de réduire
ou même d’éliminer les barrières commerciales entre les pays participants à l’accord.
Il peut favoriser l’échange de biens ou de services entre deux pays « sans qu’il y ait application de tarifs [douaniers], de quotas ou
d’autres restrictions ». Il peut aussi aider l’un
ou l’autre des pays pour tout ce qui a trait aux
normes sanitaires ou à la règlementation des
marchés (Gouvernement du Canada, 2007).
libre-échange bilatérales avec leurs partenaires commerciaux.
Plutôt que de dépendre sur l’Organisation
mondiale du commerce (OMC), les pays
préfèrent s’entendre entre eux afin de pouvoir accéder au libre-échange plus rapide-
Accords de libre-échange signés par la Corée dans les dernières années.
source : Yes FTA, 2015
77 ttt
ment qu’en attendant l’aboutissement de
négociations de plus en plus complexes
de l’OMC.
Le « bol de nouilles » fait donc référence au recours à un réseau enchevêtré d’accords bilatéraux employés par un
nombre grandissant de grands joueurs
économiques planétaires, tout cela dans
le but de faire fructifier leur commerce international (Desrosiers, 2007).
asiatiques. La Chine étant le pays échangeant le plus avec la Corée, l’impact de
l’entente sera non-négligeable puisque
le gouvernement coréen lui associe une
croissance du PIB national de 1 % au
cours des dix prochaines années (Tiezzi,
2015).
Récemment, la Corée a aussi conclu un
accord de libre-échange avec le Canada,
l’ALECC (Affaires étrangères Gouvernement du Canada, 2015).
Accord de libre-échange CanadaCorée (ALECC)
Grâce à l’Accord de libre-échange Canada-Corée, les liens entre les deux
pays sont plus serrés que jamais. © MC
ttt 78
La nation coréenne possède aujourd’hui une cinquantaine d’ententes dont
une avec les États-Unis et une avec l’Union
européenne, deux des états avec lesquels
elle transige le plus (Lee, 2015; OMC, 2014).
Le KORUS, l’accord de libre-échange entre
les États-Unis et la Corée a été spécialement profitable aux industries automobiles
et aux compagnies technologiques du
pays asiatique depuis son inauguration en
mars 2012 (Congressional Research Service, 2014).
De plus, après de longues négociations,
le gouvernement coréen a officiellement
signé un accord de libre-échange avec la
Chine en juin 2015.
L’accord devrait entrer en vigueur durant
la fin de l’année 2015 et il éliminera entre
autres les frais de douane sur 90 % des
biens échangés entre les deux puissances
Après plusieurs années de négociations
entre les deux pays, un accord de libreéchange a finalement été signé entre le
Canada et la Corée le 22 septembre 2014.
Ce traité, entré en vigueur le 1er janvier
2015, est le premier accord canadien
avec un pays asiatique. Pour le Canada,
il peut donc servir de voie d’accès aux
autres marchés asiatiques et océaniques;
seules régions du globe où le pays nordaméricain n’avait pas d’accords commerciaux en place jusqu’en début 2015.
Cet accord est d’autant plus important afin
de faire face à la compétition des ÉtatsUnis, de l’Union européenne et de l’Australie, pays ayant tous signé des ententes
avec la Corée au cours des dernières années.
Les points inclus dans l’ALECC
touchent en grande majorité des secteurs de commerce qui sont déjà établis
entre les deux pays tels que les biens et
services (particulièrement l’industrie automobile), les investissements et services
financiers, le commerce électronique, les
marchés publics, l’environnement ainsi
que quelques autres secteurs.
L’emphase est aussi mise sur le développement de secteurs potentiellement profitables aux deux nations. Il s’agit entre
autres de secteurs tels que la culture, où
chaque pays doit tenter d’amener son
savoir-faire à l’autre, et le domaine du travail, où l’admission et les déplacements
des travailleurs entre chaque pays seront
grandement facilités.
Il est important de noter que malgré cette
coopération sur le domaine de la culture,
le Canada a conservé une certaine élasti-
cité pour la modification de ses politiques
et programmes culturels.
D’autres exceptions à l’accord de libreéchange sont les mesures de fiscalité
propres à chaque pays, les mesures de
protection de vie humaine ou animale ainsi
que les mesures de sécurité nationale et
de ressources naturelles épuisables (A.
étrangères Gouvernement du Canada,
2014b).
Il est aussi important de mentionner que
l’accord comporte une clause de la nation
la plus favorisée assurant aux deux pays
une sécurité sur les avantages futurs qui
pourraient être offerts lors de la négociation d’ententes futures.
L’ALECC devrait profiter au Canada
de plusieurs façons différentes. Globalement, l’accord devrait créer des milliers
d’emplois à travers le Canada en plus
d’amener une hausse de l’économie canadienne de 1,7 G$ et d’augmenter les exportations vers la Corée du Sud de 32 %
(A. étrangères Gouvernement du Canada,
2015).
Du côté coréen, le pays asiatique pourrait
s’attendre à une grande augmentation des
exportations d’automobiles et de produits
électroniques vers le Canada en plus de
profiter d’un accès privilégié aux matières
premières et aux produits de l’agriculture
de la nation nord-américaine. Les marchés grandement impactés par l’ALECC
sont présentés plus précisément dans le
tableau suivant (Sosnow, 2014).
Toutefois, tous les points de l’ALECC ne
font pas l’unanimité et les travailleurs de
Clause de la nation la plus favorisée
(NPF)
L’Organisation mondiale du commerce (OMC)
régie les règles du commerce international
pour les pays membres. Celle-ci traite la
discrimination potentielle entre les nations
membres avec la règle de la Nation plus favorisée (NPF). L’OMC décrit ce principe de
la manière suivante : « Aux termes des Accords de l’OMC, les pays ne peuvent pas, en
principe, établir de discrimination entre leurs
partenaires commerciaux. Si vous accordez à
quelqu’un une faveur spéciale (en abaissant,
par exemple, le droit de douane perçu sur un
de ses produits), vous devez le faire pour tous
les autres membres de l’OMC » (OMC, 2015).
Secteur
Avantages pour le
Canada
Avantages pour la
Corée du Sud
Accès au
marché
Élimination de 81,9 %
des droits de douanes
coréennes
Élimination de 76,4 %
des droits de douanes
canadiennes
Services
tAccès aux services de chacun (exception : santé et
éducation publique)
tFacilitation du commerce transfrontalier
tSécurité des systèmes financiers
Agriculture/
élevage
Élimination des droits de
douanes coréennes sur
13 ans
Élimination des droits de
douanes canadiennes sur
15 ans
Automobile
Élimination de tous
les droits de douanes
coréennes
Augmentation
d’exportations et
d’emplois dans le secteur
Produit de la
mer
Élimination de 70 %
des droits de douanes
coréennes sur 5 ans
Atteindra 100 % sur
12 ans
Élimination de
77,2 % des droits de
douanes canadiennes
immédiatement
Atteindra 100 % sur 3 ans
Technologie
de l’information/télécommunications
Élimination de tous
les droits de douanes
coréennes
Élimination de
87,6 % des droits de
douanes canadiennes
immédiatement
Atteindra 100 % d’ici 3 à
5 ans
Produits
forestiers
Élimination de 85 %
des droits de douanes
coréennes sur 5 ans
Atteindra 100 % d’ici
10 ans
Élimination de tous
les droits de douanes
canadiennes
Les principaux avantages de l’ALECC pour chaque pays.
source : Fasken Martineau, 2014
certains milieux jugent cette entente plus
négativement que positivement.
En effet, les agriculteurs et les éleveurs
coréens s’opposent à la signature de cet
accord depuis le début des négociations.
La réduction des tarifs douaniers pour les
produits de viande et de grain (élimination totale d’ici une quinzaine d’années)
pourrait grandement nuire aux entreprises coréennes œuvrant dans ce secteur, puisque la compétition canadienne
sera beaucoup plus féroce. Pour venir en
aide aux producteurs agricoles locaux, le
gouvernement coréen investira environ
2 G$CA au cours des dix prochaines années en plus d’offrir une assistance plus
approfondie (Y. Lee, 2014; Seung-woo,
2014).
Ensuite, les employés du secteur automobile au Canada ne sont pas enchantés
par l’idée de la croissance des importations de voitures coréennes en raison de
la réduction des frais douaniers. D’ail-
79 ttt
leurs, plusieurs concessionnaires Hyundai et Kia ont déjà profité de l’accord
pour réduire les prix de certains véhicules
et promouvoir des ventes prônant le libreéchange.
Finalement, certaines PME canadiennes
développant des produits électroniques
tels des semi-conducteurs seront affectées par la plus grande accessibilité au
marché canadien d’entreprises reconnues
internationalement pour ces produits tels
Samsung et SK hynix, respectivement premier et cinquième producteur mondial de
semi-conducteurs (Jung, 2015).
Les développements futurs possibles
grâce à l’ALECC sont nombreux. Tel que
mentionné précédemment, cet accord est
le premier du Canada avec un pays de
l’Asie. Il peut donc avoir un grand impact
sur la présence canadienne dans les marchés asiatiques, améliorer la position du
Canada dans ses négociations en cours
Entré en vigueur le 1er janvier 2015, l’Accord de libre-échange Canada-Corée
est le premier que le Canada signe avec un pays asiatique. © MC
ttt 80
avec le Japon et Singapour et encourager
de nouvelles négociations d’accords de
libre-échange avec d’autres pays de cette
région. Il pourrait aussi mener à des partenariats de plus grande envergure entre
plusieurs pays tenant à développer leurs
marchés.
Partenariat transpacifique (PTP)
Si la Corée a réussi à établir des relations
économiques plus profitables avec beaucoup de régions du monde, il reste un partenaires commercial asiatique avec lequel
elle n’a toujours pas d’entente en vigueur :
le Japon.
Des pourparlers entre le Japon et la Corée pour une entente bilatérale ont lieu
depuis plusieurs années, sans néanmoins
mener vers des conclusions précises. Un
historique de tensions politiques et de
désaccords vis-à-vis de la libéralisation de
l’agriculture sont les principaux éléments
expliquant le fait que les négociations
n’aboutissent pas entre les pays voisins
(Schott et Cimino, 2014).
En parallèle, des discussions préliminaires
quant à la possibilité d’un accord entre la
Chine, le Japon et la Corée (China-JapanKorea, abrégé CJK) ont débuté en 2012
(Schott et Cimino, 2014). Ce projet complexe demeure toutefois à un stade embryonnaire.
La conclusion récente d’une entente entre
la Chine et la Corée pourrait aider à accélérer les négociations du CJK, mais l’attention semble portée ailleurs avec le gain en
popularité d’un autre accord audacieux visant l’établissement de liens commerciaux
et économiques entre plusieurs pays de la
région du Pacifique, le Partenariat transpacifique (Schott et Cimino, 2014; Tiezzi,
2015).
Durant les dernières décennies,
la région du Pacifique est devenue une
région du globe où il y a de plus en plus
d’échanges internationaux. En effet, les
continents de cette partie du monde sont
des grands partenaires commerciaux pour
plusieurs biens et services. Plusieurs gouvernements de pays bordant le Pacifique
ont récemment mentionné leur intérêt
d’amplifier le commerce de la région.
Ce désir de promouvoir la croissance des
échanges commerciaux dans le Pacifique
a mené aux discussions visant la conclusion du Partenariat transpacifique (PTP).
Cette entente regrouperait des pays
d’Asie, d’Océanie, d’Amérique du Sud,
d’Amérique Centrale, ainsi que tous les
pays d’Amérique du Nord (A. étrangères C.
et D. C. Gouvernement du Canada, 2015).
Les pays membres du PTP représentent
un marché de 792 millions d’habitants en
plus d’avoir un PIB combiné de 28,1 billions de dollars canadiens, ce qui représente à peu près 40 % de l’économie
mondiale (Gouvernement du Canada,
2014).
La carte qui suit indique les douze pays
membres de cet accord, ceux ayant démontré de l’intérêt, et les nations qui pourraient être intéressés à se joindre au Partenariat transpacifique.
Tel que visible sur la carte, la Corée n’a pas officiellement rejoint le PTP
même si elle démontre de l’intérêt depuis
novembre 2013. Comme expliqué plus
tôt, la Corée possède déjà une cinquantaine d’accords de libre-échange à travers le monde dont neuf parmi les douze
nations impliquées dans le PTP en plus
d’être en négociation avec les trois restantes. Elle possède déjà des ententes
bilatérales avec la majorité des grands
acteurs économiques du PTP à l’exception du Japon.
La Corée est donc déjà en bonne position
pour échanger avec les pays membres
du Partenariat transpacifique (Gouvernement du Canada, 2014). Cependant, il
est difficile pour le gouvernement coréen
de passer à côté d’une entente si importante où plusieurs négociations reliées
au commerce à travers la région du Pacifique seraient tenues.
Effectivement, environ un tiers des
échanges commerciaux de la Corée est
effectué avec les pays membres du PTP,
et ce ratio serait beaucoup plus élevé si la
Chine se joignait à l’entente.
Enfin, le Partenariat transpacifique représente une possibilité intéressante pour la
Corée de renouer les discussions avec le
Japon de manière plus indirecte, limitant
ainsi l’impact de la sensibilité historique
entre les pays (Schott et Cimino, 2014).
Les douze pays membres du Partenariat transpacifique (PTP) et les pays ayant démontré un intéret.
source : Gouvernement du Canada, 2015
81 ttt
Synthèse
La Corée organise son commerce
international afin de pouvoir maximiser les
échanges selon les avantages comparatifs de la contrée. Elle vise une stratégie
d’exportation de biens manufacturés technologiques, la production principale de la
région.
Le pays tire profit de sa population
instruite pour maintenir son savoir-faire
dans le domaine des technologies de
l’information et des communications ainsi
que le secteur des transports, deux secteurs qui seront analysés en détails dans
les chapitres suivants.
En plus d’avoir une position géographique
enviable pour accéder à plusieurs grands
marchés internationaux, la Corée est dotée d’infrastructures de transport qui lui
donnent un accès rapide à plusieurs marchés internationaux par voies maritimes et
aériennes.
Afin d’être plus compétitif sur la
scène internationale, le gouvernement
coréen a également conclu des multiples
accords de libre-échanges durant les dernières années.
Possédant maintenant une cinquantaine
d’ententes internationales dont une avec
le Canada, les chaebols du pays sont en
mesure de mieux tirer avantage de ces
liens économiques multiples.
L’ouverture aux échanges internationaux a
été un facteur majeur de la transformation
de la Corée qui a connue une croissance
économique spectaculaire depuis 65 ans.
Le pays du matin calme est passé du
statut de civilisation archaïque à celui de
puissance technologique dont les produits
sont reconnus mondialement.
L’Accord de libre-échange Canada-Corée devrait voir les importations
canadiennes de produits électroniques coréens augmenter. De son côté, le
Canada prévoit une hausse de son économie de 1,7 G$ et une augmentation
de 32 % des exportations vers la Corée du Sud. © MC
ttt 82
Afin de maintenir son économie exportatrice, il sera intéressant d’analyser
les initiatives futures mises de l’avant par
la Corée pour accroitre sa présence sur les
marchés extérieurs (K. Lee, 2015).
83 ttt
La Corée du Sud est l’un des pays les plus connectés au monde. © MC
« L’information est le pétrole du XXIe siècle
et son traitement analytique, le moteur à combustion. »
- Peter Sondergaard, VP Recherche Gartner
Technologies de l’information
et de la communication mobile
85 ttt
ttt 86
Introduction
Le secteur dynamique des technologies de l’information et de la communication mobile présente un haut niveau de
croissance et d’opportunités. Des communications de plus en plus rapides et
efficaces sur des territoires étendus sont
rendues possibles par des réseaux de câblodistribution qui deviennent de plus en
plus performants.
Pour ce qui est des réseaux non
filaires, les ressources sont limitées, ce
qui rend la compétition féroce entre les
compagnies de télécommunication. Ces
connexions filaires et non filaires ultrarapides permettent d’ailleurs aux utilisateurs
d’avoir des téléphones intelligents de plus
en plus performants. En effet, le marché
du matériel mobile est très dynamique et
nécessite des innovations constantes.
Les nombreuses améliorations des
réseaux de télécommunication et des
appareils mobiles permettent l’implémentation de logiciels plus puissants. Cela a
donné naissance au marché fleurissant
des applications mobiles.
Le tout combiné permet aujourd’hui de
récolter une quantité et variété innombrable de données qui constitue une
source précieuse d’information pour diverses études.
Câblodistribution
La notion de technologie de l’inforla Corée avec l’industrie des télécommunimation et de la communication se base
cations et des câbles.
inévitablement sur un réseau filaire. La
câblodistribution est la distribution de serLa demande grandit sans cesse
vice Internet, téléphonique et télévisuel par
pour une connexion plus rapide, c’est le
une compagnie vers un consommateur.
défi principal des câblodistributeurs. Tout
Il faut noter que pour relier deux tours celd’abord, la population augmente, mais ce
lulaires ou une tour aux serveurs, il faut
n’est pas qu’une question de démograun
élément
phie. C’est le
physique pour
d’utiLe nombre d’utilisateurs d’Internet nombre
faire transiger
lisateurs d’Inaugmente environ 8 fois plus
les données,
ternet qui augcar les bandes
mente environ
que le taux de croissance de la
réseau
ont
8 fois plus
population mondiale
des capacités
que le taux de
limitées. C’est
croissance de
la fiabilité et l’étendue de ce réseau de
la population mondiale (IWS, 2014). De
câbles qui permet l’épanouissement de ce
plus, le nombre d’appareils connectés au
secteur.
réseau est lui aussi sans cesse en expanÀ la base d’un Internet haute vitesse et
sion; ce n’est plus qu’une histoire d’ordide l’essor que connait le mobile ces dernateur ou de téléphone, il suffit de penser
nières années, la section suivante décrit
aux tablettes et aux montres intelligentes.
les rapports qu’entretiennent le Canada et
L’un des phénomènes qui engendrent une
Les personnages de la messagerie instantannée Line de Naver, sont très populaires. © MC
accélération de la demande est associé
au changement de l’utilisation des données.
La tendance actuelle de consommation du web est majoritairement
dominée par les vidéos en ligne (Normandeau, 2015). Avec ces vidéos vient
la venue de la haute résolution qui tend
à devenir de plus en plus performante.
Ce qui nécessite une plus grande bande
passante qu’un simple courriel. Cet élan
n’est pas près de s’essouffler, car les
nouvelles générations sont imprégnées
de cette technologie. En effet, selon le
sondage Internet de Bell, 100 % des
nouveaux employés se sont abonnés au
forfait Internet (Normandeau, 2015). En
terminant, la demande contient aussi un
aspect important de fiabilité, en particulier pour les institutions telles que les
banques qui demandent une connectivité parfaite en tout temps. Les réseaux
de câbles doivent donc être capables de
fournir plus, et cela sans interruption.
Ainsi, la technologie des câbles se
doit de suivre l’élan que cette demande
impose. Initialement, l’Internet et la téléphonie utilisaient le même câble, c’est
pourquoi il fallait fermer le modem pour effectuer un appel. Effectivement, bien que
les câbles en cuivre ont longtemps servi et
servent encore, ils semblent aujourd’hui limiter la bande passante que désirent fournir les câblodistributeurs. Pour remédier à
ce défi, la réponse a été la fibre optique.
Fibre optique
La fibre optique est un filament de vitre
sensiblement aussi mince qu’un cheveu qui
contient et transmet des signaux de lumière
au lieu d’électricité.
Il n’y a quasiment pas de perte ou de
dégradation du signal, elle peut donc
transmettre
énormément
d’information
sur de très longues distances de manière
bidirectionnelle.
Canada
Corée du Sud
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
On remarque que la Corée est bien plus en avance que le Canada sur
l’adoption de la fibre optique par le grand public.
source : OCDE, 2014
Ainsi, le médium physique reliant deux
points n’est plus le facteur limitant et il
devient résistant à l’évolution des technologies.
Pour augmenter le débit, il est nécessaire que les installations à chaque bout
de la fibre soient en mesure de pousser
et recevoir plus d’information. Au niveau
des coûts, l’implantation de fibre optique
nécessite un investissement initial plus
grand que le cuivre. Toutefois, la fibre
coûte moins en maintenance et engendre
moins de temps d’interruption. De plus,
pour augmenter le débit du réseau en
constante croissance, remplacer le cuivre
existant par d’autre cuivre n’est pas la
stratégie que les câblodistributeurs envisagent (Normandeau, 2015). La fibre comporte beaucoup trop d’avantages techniques pour que son coût soit un frein à
son déploiement.
Au Canada, environ 25 % des résidences
sont alimentés de près ou de loin par la
fibre optique. Toutefois, seulement 4 %
sont actuellement abonnées à un forfait
avec fibre. En 2009, le gouvernement coréen a investi 152,3 G$US dans le domaine
des télécommunications (Huawi, 2011).
Une part de ces investissements a permis
d’étendre le réseau de fibres. Ils arrivent
deuxièmes dans le monde derrière le Japon avec 66,3 % de la population abonnée
à un forfait avec fibre.
87 ttt
Des marchés nationaux
Les compagnies de télécommunication
évoluent dans des marchés nationaux. Du
moins, c’est le cas au Canada et en Corée.
Les limites géographiques des pays sont
aussi celles du marché étudié.
Bien que le contenu desservi télévisuel
par exemple puisse provenir de l’extérieur
du pays, la compétition pour le nombre
d’abonnés ne dépasse pas les frontières.
Poly-Monde en visite à la Seoul National University. © MC
ttt 88
Au Canada, les consommateurs ont
beaucoup de choix en matière de prestataire de service de télécommunication.
Toutefois, c’est 1 % des compagnies qui
génèrent 62 % des revenus (CRTC, 2014),
ceci inclut ceux du sans-fil. Ce 1 % est
constitué de BCE, MTS inc., Rogers, Telus
et Shaw. C’est donc dire que le marché
canadien est oligopolistique. C’est principalement dû à la barrière à l’entrée que
représentent les investissements pour les
structures d’opération.
Cependant, ces compagnies se partagent
le marché selon des régions. Telus et Shaw
sont majoritaires dans l’ouest. Dans les
maritimes, c’est essentiellement un territoire de Bell. Québecor est très actif au
Québec. Alors que l’Ontario est dominé
par Rogers, où la région de Toronto est à
65 % abonnée à Rogers (Rogers, 2014).
Le résultat de cette segmentation est qu’il
y a moins de concurrents par région et que
l’oligopole se resserre.
Les temps sont tout de même difficiles pour les TI au Canada (MercierDalphond, 2014). Bien que le taux de
pénétration de l’Internet filaire, en 2013,
franchissait la barre des 33 % (OCDE,
2015) et que les revenus des compagnies
de matériel technologique connaissent
des records d’année en année, la croissance des revenus des câblodistributeurs
canadiens ralentit.
Le tableau ci-dessous présente le taux
de croissance du revenu des compagnies
de télécommunication filaire de 2009
à 2013 et celui-ci est en baisse 0,4 %
(CRTC, 2014). Bref, avec une diminution
des profits (BAIIDA) de 2,6 % (CRTC,
2014), les câblodistributeurs canadiens
semblent dans une situation particulière.
Cependant, le taux de croissance des
connexions à fibre optique était de 96 %
(OCDE, 2015), il reste donc des possibilités d’abonnement.
Le marché coréen est aussi un oligopole. Par exemple, au niveau des fournisseurs d’Internet, Korea Telecom domine
avec 43 % des parts de marché et il est
suivi de SK Telecom à 22,4 %, LG U+ à
17 % et le reste des connexions Internet
est fournie par des plus petits fournisseurs
(Point Topic, 2014).
En 2014, 37,9 % de la population sont
abonnés à Internet par câble et le taux de
croissance est d’environ 1,26 % pour les
2012
2013
Croissance
annuelle (%)
Revenu des télécommunications par service filaire (G$)
23,6
23,7
-0,4
Dépense en immobilisation annuelle dans les installations
et les équipements pour le réseau filaire (G$)
7,1
6,9
-2,8
Marge de BAIIDA (%)
41,1
40
-2,6
Résumé des résultats des télécommunications filaires au Canada.
source : CRTC, 2014
2 dernières années (OCDE, 2015). Ce taux
est plutôt faible, mais il est dû au taux élevé de pénétration de la technologie et à la
maturité du marché.
Tout comme pour le Canada, les compagnies sont moins profitables (Ho-cheon,
2015). Ils cherchent donc à relancer le
marché. En 2014, lors d’une conférence
de presse inattendue, KT télécom a lancé
son programme appelé GigaTopia. Cette
vision a trois objectifs : fournir 1 Gb/s aux
utilisateurs, développer une plateforme
pour l’Internet des objets (The Internet of
Things, abrégé IoT) et converger le Wi-Fi
et la mobilité sous un service sans fil. C’est
avec un investissement de 4,97 millions
de dollars canadiens sur trois ans que la
compagnie compte atteindre cet objectif
(Kwon et Evans, 2014).
Netflix imposent un débit de bande encore
plus grand que les applications de messagerie. Le bémol est qu’aucun câblodistributeur ne touche d’argent sur les recettes
de ces sites ou de ces applications.
Virage
Les ventes par assortissement des services de télécommunication sont toujours
en croissance. Par contre, il y a un phénomène bien réel d’observé. La diminution
du taux de croissance, en 2009 la croissance annuelle de ce genre de forfait était
de 30,4 % alors qu’elle était de 4,1 % en
2013 (CRTC, 2014). Les populations étudiées sont plus connectées à Internet et
elles préconisent un contenu en ligne.
Les taux de pénétration de l’Internet du
Canada 86 % et de la Corée 85 % (Banque
Mondiale, 2013) sont élevés, cette saturation oblige les câblodistributeurs, en particulier, à évaluer le contenu et le service offert de manière à satisfaire le marché. Des
changements dans la façon d’approcher la
concurrence sont en effet observables.
L’avenir pour ces compagnies se trouve
dans l’intégration de service supplémentaire, les acquisitions et les partenariats
de contenue exclusif (Mercier-Dalphond,
2014). En fait, les compagnies de télécom
perdent au profit d‘applications qui utilisent le service Internet offert par le câblodistributeur.
Ces applications de service par contournement (over-the-top) telles que WhatsApp
et Skype, des applications de messagerie
instantanée, utilisent le réseau de Bell par
exemple pour faire transiger une quantité
imposante de données. Tous les portails
de vidéo sur demande comme YouTube ou
Les joyeuses mascottes de Line Messenger. © MC
Cette situation est déplorée par les
câblodistributeurs canadiens (Normandeau, 2015), puisqu’ils doivent débourser
d’importante somme pour que leur réseau
puisse fournir à la demande, sans pour autant recevoir d’argent de Netflix ou autre. Ils
ont tenté de limiter la vitesse ou la quantité
des données qui transigeaient de ces sites,
mais le CRTC leur a interdit cette démarche
(Normandeau, 2015). Ainsi, les fournisseurs
d’Internet doivent tout de même continuer
de fournir le service parce qu’ils se doivent
de conserver leurs abonnés dans ce milieu
compétitif.
Canada
Corée du Sud
Vitesse de l’Internet
50 Mbti/s
100 Mbti/s
Nombre de chaines
Choix de 30 chaines
+ non payantes
Choix de 25 chaines
+ non payantes
+ une sélection de films
sur demande
143,85 $/mois
95,42 $/mois
Prix
La comparaison entre les forfaits canadiens et
coréens est assez frappante.
source : Bell, 2015; Olleh Shop, 2015
89 ttt
Le genre d’approche proposé pour
contrer l’exode de ses consommateurs
vers les services sur demande est d’obtenir des exclusivités comme par exemple :
une série télévisée ou les droits de diffusion d’évènement. En 2014, Rogers a mis
la main sur les droits de la Ligue nationale
de hockey qui appartenaient à Bell avant.
En réponse à cette acquisition importante,
Bell Média s’est offert la Ligue nationale
de football américain pour les prochaines
années.
Un autre exemple serait le lancement de Crave.tv de Bell qui se veut un
compétiteur direct à Netflix que seuls
les usagers de Bell peuvent avoir. Shaw
et Rogers ont aussi lancé leur version de
Netflix. C’est une pratique
observée même en Corée,
LG U+ possède Uflix Movie
(Ho-cheon, 2015). Dans ce
même élan de recherche de
contenu, les acquisitions
sont multiples. Le 27 juin
2013, BCM a fait l’acquisition d’Astral Media pour
3,38 milliards de dollars canadiens (Brousseau-Pouliot, 2013), ce qui comprend
8 services de télé spécialisée et payante, 77 stations
de radio ainsi que des plateformes d’affichage extérieur.
Cette approche de marché
se retrouve aussi sur la mobilité. Tout récemment, Fido,
qui est une branche de RoCertaines compagnies, comme Naver,
gers, a lancé des forfaits de
offrent même des services de soins
téléphonie mobile en partegratuits à leurs employés. © MC
nariat avec Spotify, une application de musique. Les consommateurs
vont se procurer l’application quoi qu’il
arrive, alors pourquoi ne pas leur offrir au
moyen d’une alliance stratégique avec les
propriétaires.
ttt 90
Au-delà du câble
Quand il est question de Wi-Fi ou de
connexion sans fil, il y a assurément un
routeur et derrière ce routeur, il y a une
connexion Internet par câble. Ainsi, la
connexion Wi-Fi s’avère une extension
Wi-Fi
Le Wi-Fi est un ensemble de protocoles de
communication sans fil qui permet de relier des appareils informatiques entre eux.
La communication Wi-Fi est régie selon les
normes IEEE 802.11 qui permettent d’éviter
la cacophonie. Les ondes utilisées sont de
haute fréquence (2,4 GHz – 5 GHz).
du câble. Cette zone grise entre la mobilité et le câble est des plus convoités, car
elle permet de devenir mobile à des coûts
moindres qu’avec l’installation d’antenne.
Le Wi-Fi est accessible chez soi, dans les
endroits publics et même dans l’avion, il
suffit d’une borne. Ainsi, il permet d’aller
chercher un plus grand nombre d’abonnés
ou d’offrir un abonnement comprenant
une valeur ajoutée.
L’exemple de Comcast, ce câblodistributeur états-unien, est intéressant, car
peut-être y aura-t-il une suite de ce genre
d’approche sur le marché. Il a décidé de
déployer du Wi-Fi avec près de 8 millions
de points d’accès partout aux États-Unis.
Ces points sont en fait les quelque 150 000
PME et tous les modems de maison. Ainsi,
les abonnés de Comcast ont accès à une
connexion Internet sans fil gratuite un peu
partout dans les États-Unis. Afin de profiter
du potentiel de ces installations, ceux qui
ne sont pas clients de Comcast peuvent
bénéficier du réseau appelé Xfinity Wi-Fi
(Bertrand, 2015). C’est un moyen d’accrocher les touristes ou ceux sans abonnement le temps d’une journée par exemple.
La domotique est un concept assez
récent qui va assurément changer la dynamique d’utilisation de donnée. Ce domaine
technologique intègre toute sorte d’application afin de centraliser le contrôle des
différents systèmes (chauffage, lumière,
etc.). Le nombre d’objets pouvant se
connecter est grandissant et il est observé
que le phénomène de l’Internet des objets
va de pair avec la domotique et le Wi-Fi à
domicile.
Selon Accenture (Bertrand, 2015), les câblodistributeurs doivent s’imposer dans ce
domaine en offrant des plateformes dans
lequel le modem devient le centre névralgique de communication. Il faut que les
compagnies de câble regroupent ces ser-
vices sous le leur. Cette stratégie a pour
but de simplifier la tâche du consommateur et de pouvoir augmenter les revenus
en chargeant pour ce service.
Le cas de la Corée est intéressant,
car le marché coréen représente quelque
peu le Canada dans quelques années.
Des villes comme Séoul sont parsemées
de réseaux Wi-Fi. Certaines fois gratuits
et d’autre fois payants, ces réseaux proviennent des institutions publiques (la ville
de Séoul) ou de compagnies de télécom.
L’accès à une connexion Wi-Fi payante
est en fait gratuit si l’utilisateur fait affaire
avec la même compagnie. Cette approche
a pour but d’une part de diminuer la demande sur leur installation mobile et d’une
autre part de permettre à l’abonné de profiter d’une infinité de données.
Étant bien couvert par cette extension du
réseau filaire, les compagnies coréennes
sont déjà en train d’essayer de profiter de
l’Internet des objets. KT, le plus important
câblodistributeur, propose des avenues
avec le Wi-Fi à domicile telles que la gestion intelligente de l’énergie, un système
de sécurité centralisé, etc. (Sung-won,
2014).
Alors que le Wi-Fi public en Corée
semble un plan d’affaire de l’industrie, il
se partage entre des initiatives sociales
et des dons de l’industrie au Canada. En
effet, plusieurs organismes existent dans
le but de fournir une connexion Wi-Fi
gratuite au résident, en créant un réseau
d’individu, de commerce et d’entreprise
qui partagent leur connexion. Pour n’en
nommer que quelques-uns, il y a île sans
fil, Toronto Free-Net, BC Wireless (torfree,
2015). L’industrie des télécommunications filaires se veut, pour l’instant, qu’un
simple distributeur de point d’accès gratuit sous une bannière connue. À titre
d’exemple, Bell fournit tous les McDonald’s du pays, mais elle n’affiche jamais
Wi-Fi de Bell et plutôt Wi-Fi de McDonald’s.
Bref, cette branche technologique est peu
exploitée au Canada et si l’on se fie aux
experts rencontrés et à ce qui a été observé en Corée, elle pourrait l’être dans un
futur rapproché.
Perspectives
Pour ce qui est du Canada, les compagnies
de câblodistribution font face à de plus en
plus de défis. La demande changeante, la
compétition internationale ou sans frontière, tel que Netflix, est de plus en plus
présente et les coûts d’investissement
toujours plus grands font partie d’une liste
qui s’allonge. Plusieurs solutions sont toutefois sur la table, ils impliquent de nouvelles technologies comme la domotique
ou les réseaux Wi-Fi.
Par chance, le taux de pénétration des
différents services n’est pas saturé. Il leur
reste donc encore quelques années de
revenus garantis. La taille du pays et l’importance des distances entre les usagers
sont en partie pourquoi les taux de pénétration du filaire sont faibles. C’est pour
cette même raison que la mobilité devient
une priorité non seulement pour les compagnies, mais pour les consommateurs.
Face à Internet, le marché de la télévision doit se renouveler. © MC
En Corée, la situation des télécommunications pourrait être qualifiée de
mûre. Les technologies sont souvent au
plus haut de leur branche et les taux de
pénétration sont très élevés. Une pensée
d’un des conférenciers de Bell a fait beaucoup d’écho (Normandeau, 2015) : est-ce
qu’un jour, l’accès à un service Internet
ne pourrait-il pas être nationalisé, ou du
moins considéré comme un besoin essentiel tel que l’eau ou l’électricité?
91 ttt
Mobilité
Selon Yves R. Hamel & Associés Inc,
firme d’ingénieurs-conseils en télécommunications, la mobilité doit être un standard et représente l’avenir. Le terme mobilité se limite aux données Internet utilisées
sur un téléphone cellulaire. Afin de bien
comprendre le sujet couvert par la présente section, une différence est à noter
entre un réseau émis par câblodistribution
- explicité préalablement - et un réseau
issu d’une antenne de mobilité. Ce dernier
ne nécessite pas de connexion filaire, ce
qui lui permet de couvrir une plus importante étendue grâce à la transmission par
antennes, permettant par exemple une
connexion Internet sur la route.
22
Milliards de dollards
21
20
19
18
17
La standardisation des appareils intelligents, la variété d’applications mobiles
et la popularisation des réseaux sociaux
entraînent une explosion de l’usage des
données sans fil. En 2013, 83% de foyers
canadiens possèdent un service de téléphone mobile sans fil. De plus, dans le
groupe des moins de 35 ans, 60% n’utilisent que cette technologie, par rapport à
seulement 26% en 2008 (Statistique Canada, 2014). Les revenus des services sans
fil mobiles ne cessent d’augmenter, comparativement à ceux des services filaires.
Cette nette augmentation en revenus
des services sans-fil s’explique par une
constante croissance des utilisateurs de
téléphones cellulaires. Au Canada comme
en Corée du Sud, le nombre d’abonnements à un service de téléphonie mobile
ne cesse de croître. De plus, à noter qu’au
cours de l’année 2010, le nombre d’abonnements en Corée du Sud a dépassé le
nombre d’habitants.
L’offre croissante
16
15
2009
Virage vers la mobilité
2009,5
2010
2010,5
2011
Services filaires
2011,5
2012
2012,5
2013
2013,5
2014
Services sans-fil
Les revenus des services sans-fil rattrappent ceux des services filaires.
source : CRTC, 2014
ttt 92
Ce type de réseau est étudié en étayant la
demande grandissante de la connectivité
mobile au Canada et en Corée du Sud, ainsi
que l’offre croissante qui en découle. Enfin,
ce virage vers la mobilité engendre un enjeu
non-négligeable quant à la bande spectrale.
Au Canada et en Corée du Sud, trois
grands joueurs dominent le marché national de l’Internet mobile, soit respectivement Rogers (34 %), Telus (29 %) et Bell
(28 %) ainsi que SK Telecom (55 %), KT
Corporation (35 %) et LG U+ (10 %). Il est
intéressant de noter que ces six compagnies offrent également un service de
câblodistribution, soit de connexion Internet filaire à domicile et y sont pareillement
importants. Au Québec, Vidéotron entre
dans ce marché de la téléphonie mobile en
2010, avec 12 % des parts de marché au
Rang
Pays
Prix
mensuel
($US)
PIB national Pourcentage du
par habitant PIB national par
en 2013 ($US)
habitant (%)
Attribution
mensuelle de
données (Mo)
15
Corée du Sud
10,05
25 920
0,47
500
50
Canada
49,38
52 200
1,14
540
Comparaison des prix de forfait de téléphone mobile entre la Corée et le Canada
source : Union internationale des télécommunications, Organisation des Nations unies, 2014
Abonnements à un téléphone mobile par 100 habitants
Dans les deux marchés à l’étude, la
tendance est similaire : l’augmentation de
l’utilisation des données par les consommateurs engendre une croissance des
revenus de mobilité chez les fournisseurs
par rapport à ceux des appels. Alors qu’en
2014, en Corée du Sud, les revenus de
données mobiles avaient déjà dépassé
ceux de la voix (International Data Corporation, 2014), au Canada, Rogers comme
Telus expliquent tous deux leur croissance
de revenus dans le domaine du téléphone
mobile par une augmentation de l’utilisation des données chez leurs consommateurs. Telus justifie cette augmentation
d’abonnements et d’utilisation de données par une adoption croissante des téléphones intelligents et l’étendue de leur
couverture de réseau (Rogers, 2015; Telus,
2014).
Enfin, bien que le Canada et la Corée étayent des tendances et portraits
semblables, une comparaison des prix se
doit d’être soulignée. En pourcentage du
PIB national par habitant, la Corée du Sud
figure au 15e rang avec un forfait de téléphone mobile incluant 500 Mo par mois à
120
110
100
90
Abonnements
niveau provincial en fin d’année 2014 (Arsenault, 2014). Enfin, KT Corporation est
constituée de l’industrie gouvernementale
coréenne de services des télécommunications, dont la privatisation d’une durée de
15 ans s’est terminé en 2002 (Jin, 2006).
80
70
60
50
40
30
20
1999
2001
2003
2005
Canada
2007
2009
2011
2013
Corée du Sud
La Corée précède de loin le Canada en termes d’abonnements à un téléphone mobile par 100 habitants, dépassant même les 100 abonnements
par 100 habitants depuis 2009.
source : Union internationale des télécommunications, 2015
prix correspondant à 0,47 % du PIB par
capita (10,05 $US mensuellement). Les
données présentées sont résumées dans
le tableau suivant où le Canada se classe
au 50e rang : un même forfait exigeant
1,14 % du PIB du consommateur.
La différence de densité de population peut expliquer cet écart de prix
entre la Corée et le Canada. En effet,
plus une population est concentrée,
plus une certaine antenne rejoint un
nombre d’utilisateurs élevé. De plus, les
antennes situées en ruralité, devant couvrir de grandes étendues de territoire,
sont significativement plus puissantes
6,7%
10%
2,3%
28,4%
35%
29,1%
55%
33,5%
Bell
Rogers
Telus
Vidéotron
Autres
KT Corporation
SK Telecom
LG U+
Répartition des parts de marché au Canada (1 trimestre 2015) et en Corée (4 trimestre 2014) par
nombre d’abonnements à un téléphone mobile.
sources : ACTS, 2015; KT Corporation, 2015; LG U+, 2015; U.S. Securities and Exchange Commission, 2015
er
e
93 ttt
que celles des métropoles
et, par le fait même, plus
dispendieuses. Afin de
maximiser les revenus, les
fournisseurs ont intérêt à
implanter leurs antennes
de mobilité dans des régions très denses atteignant pour un même coût
un maximum de consommateurs. La densité de
population sud-coréenne
étant plus de 130 fois plus
élevée que celle du Canada
(519 contre 3,96 habitants
par km2), les compagnies
de réseaux sans-fil de la
Corée possède un avantage non-négligeable inhérent au portrait démographique national (Université
de Sherbrooke, 2015).
Pour compenser cette
faible densité de population,
le partage d’antennes au
Canada est pratique courante (surtout en région). Le
propriétaire de l’antenne occupe le meilleur endroit sur l’antenne, soit le sommet,
et loue les endroits moins efficaces à ses
compétiteurs.
Tout comme au Canada, certains efforts
sont mis en place en Corée pour limiter
les nuissances visuelles créées par les
antennes. © MC
ttt 94
L’enjeu de la bande spectrale
Il est essentiel de souligner le fait que le
virage vers la technologie du sans-fil, cette
augmentation de la demande pour la mobilité, mène à une importante réduction des
ondes disponibles sur la bande spectrale.
Bien qu’il y ait énormément de fréquences
disponibles, très peu sont utilisables à des
fins de transport de données.
À titre d’exemple, les ondes radio ont une
très grande couverture mais une faible
capacité en transport d’informations. De
ceci découle une importante enchère des
bandes avoisinant 700 MHz, qui représentent l’idéal en termes de capacité et de
couverture pour le transfert de données.
Ainsi, entrer tardivement sur le marché des téléphones cellulaires alors que
de gros joueurs tels Rogers et Bell au
Canada et KT Corporation en Corée dominent depuis des décennies nécessite
un important capital de départ. En premier
lieu, l’entreprise doit acheter une bande de
fréquence.
En deuxième lieu, il doit y avoir déploiement du réseau par l’installation d’antennes. À l’automne 2014, soit 4 années
après son entrée dans le secteur, Vidéotron avait déjà investi près de 2 milliards de
dollars en achat de spectre et construction
Une technologie évolutive dépendante de la bande spectrale
Au Canada comme en Corée du Sud, les gouvernements et les organismes de normalisation réglementent l’utilisation des dispositifs
de télécommunication afin de définir les plages
de fréquences et les puissances auxquelles il
est possible d’émettre pour chaque catégorie
d’exploitation.
En effet, les catégories d’exploitation étant multiples (de l’exploration de la Terre par satellite à
la radiodiffusion) et en vertu de la loi canadienne,
la plupart de ces technologies exigent une autorisation par le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC). Ainsi,
pour pouvoir offrir un service de téléphonie sans
fil et de données mobiles, il faut acquérir de la
bande spectrale gérée et mise aux enchères
par le CRTC. De ce fait, lorsqu’une entreprise
investit pour un réseau autorisé par licence, il
s’assure d’être son seul exploitant. L’équivalent
sud-coréen de la CRTC est le Radio Policy Bureau du Ministry of Science, ICT & Future Planning (MSIP) (Jahng, 2014).
Plus la bande spectrale est large, plus la capacité de transférer des données est grande et
plus elle est dispendieuse, d’où l’importance de
l’encodage. Chaque technologie d’encodage
correspond à une technologie sans fil (soient GSM, GPRS, HSPA, LTE entre autres).
L’utilisation de manière efficace des bandes
spectrales grâce à l’encodage permet non
seulement d’augmenter la vitesse, mais aussi
la capacité de transfert de données sans avoir
à augmenter la largeur de bande.
On se réfère à l’encodage en citant la génération technologique en question, d’où les termes
3G (3e génération) et 4G LTE (4e génération –
Long-term Evolution). Comme illustré sur la
figure ci-dessous, pour une même largeur de
bande (axe des ordonnées), la quatrième génération, 4G, peut transmettre des données à
une vitesse environ 30 fois supérieure que la
troisième génération, soit 15 Mbps par rapport
à 500 kbps.
de son réseau (Québecor, 2014). Ces importants coûts de départ constituent d’immenses barrières à l’entrée qui expliquent
la concurrence oligopolistique du secteur.
Voice over IP, afin de réduire le trafic sur
une même antenne. VoIP engendre alors
une demande supplémentaire pour les
données.
Ouverture
Enfin, les téléphones mobiles se
doivent de suivre l’avancement rapide de
ces réseaux de mobilité sans-fil, puisque
l’évolution des deux technologies s’effectue conjointement. Un lien intrinsèque
apparaît alors entre la mobilité et les dispositifs permettant son utilisation, soit le
matériel mobile (hardware).
Avec l’avènement de l’Internet des objets, fortement inauguré par la place prépondérante qu’occupent les données, la
technologie du sans-fil ne peut que poursuivre son évolution. Par ailleurs, les appels commencent à utiliser la technologie
des données, par un processus appelé
Matériel mobile
Les années 1990 furent marquées
par l’essor de la demande mondiale pour
les services de télécommunication mobile.
Durant cette période, les compagnies coréennes LG et Samsung furent internationalement reconnues pour leurs téléphones
mobiles bons marchés et fiables.
Aujourd’hui, le téléphone intelligent
est notre principal outil de télécommunication mobile. Pour ce produit, la course
aux parts de marché se poursuit entre les
compagnies coréennes et leurs concurrents internationaux.
Dans cette partie, nous tenterons de mettre
à jour les raisons qui font qu’un pays aussi peu peuplé héberge deux compagnies
qui a elles seules se partagent 34,6 % des
ventes mondiales de téléphones intelligents et de tenir tête à des géants mondiaux.
La situation de la demande
mondiale sur le marché des
téléphones intelligents
Durant les années 1990 les consommateurs avaient comme préférence les téléTéléphone mobile ou intelligent?
Nous définissons par téléphone mobile les téléphones ayant pour unique utilité de passer
des appels vocaux.
Les téléphones intelligents sont les téléphones mobiles qui en plus de faire des appels servent de navigateur internet, de lecteur
multimédia, etc...
phones mobiles de petite taille. Cette
spécificité de la demande a poussé les
fabricants de téléphones mobiles à travailler sur les composants de leurs téléphones
pour les pousser à la miniaturisation et
ainsi se conformer aux préférences de leur
clientèle.
Par la suite, les téléphones mobiles ont
connus une période dite de convergence,
car les fabricants commencèrent à consolider téléphone, lecteurs de musiques,
GPS, caméras, applications Internet. Le
nom communément donné à ces outils
électroniques est smartphones ou téléphones intelligents.
Ironiquement, ces appareils tendent à
s’agrandir dans le temps contrairement
aux téléphones mobiles.
Depuis peu, le taux de pénétration
des téléphones intelligents dans le monde
a surpassé celui des téléphones mobiles.
La Corée a connu ce phénomène en 2011
alors que le Canada dût attendre jusqu’en
2013 pour voir cela arriver. Pour avoir un
ordre d’idée, 84 personnes sur 100 détiennent un téléphone intelligent en Corée
du Sud (Lee, 2014a) alors qu’au Canada
seulement 55 % des gens détiennent un
téléphone intelligent (Breikss, 2013).
Au niveau mondial, la croissance de la
demande a été fulgurante. Comme nous
pouvons le voir sur l’histogramme de la
page suivante, les ventes mondiales ont
augmentées de presque 920 % entre 2007
et 2014 (Statista, 2014).
95 ttt
Nombre de ventes (Millions)
1400
1245
1200
970
1000
800
680
600
472
400
200
0
297
122
139
172
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
La croissance des ventes de téléphones est effrénée depuis les dernières
années.
source : Statista, 2014
ttt 96
Les revenus du téléphone intelligent suivent également cette tendance
à la hausse. De 56,92 G$US en 2009, ils
sont passé à 270 milliards en 2014 (Statista, 2014) D’après les analystes, seront
connectés entre 2013 et 2019 plus de 2
milliards de nouveaux téléphones intelligents, dans la région de l’APAC, comparativement à 150 millions pour la même période dans la région occidentale du globe
(Dobbie, 2014).
L’APAC est donc pleine d’opportunité
pour les fabricants de téléphones intelligents. La spécificité des consommateurs
de cette région du monde est qu’ils sont
friands de phablets, soit des téléphones
intelligents ayant des écrans de dimension diagonale entre 5 et 6,1 pouces. En
Corée du Sud par exemple, 41 % des per4%
sonnes sondées détenaient une phablet
versus 7 % en moyenne dans le monde.
Nous devrions donc voir dans les années
à venir un agrandissement des tailles des
écrans pour répondre aux préférences des
consommateurs.
Sur ce marché, la demande des
consommateurs est encore forte et la
technologie se banalise. La résultante en
est que les joueurs sont de plus en plus
nombreux sur le marché et que la concurrence s’intensifie. Nous allons maintenant
présenter la dynamique du marché du
point de vue des fabricants des téléphones
intelligents en portant une attention particulière sur les compagnies canadiennes et
les compagnies coréennes.
La situation concurrentielle sur le
marché des téléphones intelligents
La compagnie BlackBerry entre sur le
marché des téléphones intelligents en
2003, prenant ainsi de court Nokia, Sony,
Samsung et les autres géants de la téléphonie mobile. Alors qu’en 2008, la compagnie ontarienne détient 15 % des ventes
de téléphones intelligents dans le monde,
Apple vient juste de commercialiser son
premier iPhone. Les produits BlackBerry
sont adoptés par la tranche de consommateur la plus lucrative, à savoir les gens
d’affaires. Ces derniers, sont séduits par
la productivité et la sécurité de ces téléphones (Gilette, 2013).
69%
7%
6%
14%
Monde
54%
41%
1%
4%
Corée du Sud
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
Petit écran (<3.5 pouces)
Écran moyen (3.5 - 4.9 pouces)
Petite tablette (7 - 8.4 pouces)
Tablette moyenne ( > 8.5 pouces)
70%
80%
90%
100%
Phablets (5 - 6.9 pouces)
Les consommateurs sud-coréens ont des goût bien différents des consommateurs des autres pays.
source : Flurry Analytics, 2015
25%
20%
15%
10%
5%
07
-Q
07 1
-Q
07 2
-Q
07 3
-Q
08 4
-Q
08 1
-Q
08 2
-Q
08 3
-Q
09 4
-Q
09 1
-Q
09 2
-Q
09 3
-Q
10 4
-Q
10 1
-Q
10 2
-Q
10 3
-Q
11 4
-Q
11 1
-Q
11 2
-Q
11 3
-Q
12 4
-Q
12 1
-Q
12 2
-Q
12 3
-Q
13 4
-Q
13 1
-Q
13 2
-Q
13 3
-Q
14 4
-Q
14 1
-Q
14 2
-Q
3
0%
Malgré les efforts de Blackberry, les parts de marché deson système d’exploitation
se sont effondrées depuis 2010.
source : Statista, 2015
L’incapacité de BlackBerry à répondre aux
préférences des consommateurs, notamment pour les grands écrans tactiles, fera
en sorte que leurs parts de marché s’effriteront à partir de 2010 (Gilette, 2013). Aujourd’hui la compagnie ontarienne est dans
une situation financière difficile. En janvier
2015, Samsung a offert 7,5 G$US pour le
rachat de BlackBerry et de son portefeuille
de brevets (L’agence EP, 2015).
Bien qu’ils aient suivi des stratégies
aux antipodes, les leaders incontestés du
marché des téléphones intelligents sont,
aujourd’hui, Samsung et Apple. À eux
deux, ils se partagent 44,9 % des parts de
marché. Nous allons passer en revue dans
cette partie les facteurs qui ont poussé à
cet équilibre.
À la suite de la guerre de Corée, Samsung et LG se trouvent fortement supportés par le gouvernement coréen qui voit
en eux la porte de sortie du pays de la
crise économique et sociale dans lequel
il se trouve (Murillo & Sung, 2013). Dans
ce contexte politique très favorable, LG
et Samsung commercialisent avec grand
succès leurs tout premiers modèles de
radio et de télévision. Grâce à la vision de
son fondateur, Lee Byung-chul, Samsung
Electronics entre dans le marché des semi-conducteurs dans les années 1980.
À l’époque, c’était un investissement risqué. Aujourd’hui, l’expérience développée
dans le semi-conducteur, est pour plusieurs analystes, la plus grande force de
Samsung Electronics permettant à celle-ci
de servir ses clients (qui sont aussi parfois
ses concurrents), entre autre, en batteries,
en mémoire vive et en écrans à diodes
électroluminescentes.
La stratégie mentionnée ci-dessus
est aussi appelée stratégie d’intégration verticale en amont. Elle procure à
Samsung Electronics quatre avantages
majeurs. Le premier et le plus évident
est qu’elle permet à la division « matériel informatique » de diminuer ses coûts
d’achats de matière première en semiconducteur.
Ensuite, cela permet à cette division d’accéder en avant-première aux innovations
dans les composants de leurs téléphones
intelligents (Grobart, 2013).
De plus, puisque certain concurrents de
sa division matériel informatique sont des
clients de sa division semi-conducteur,
cela permet à la compagnie d’avoir des
informations névralgiques sur les prochains composants des téléphones de
leurs concurrents. C’est entre autre le cas
d’Apple (Samsung VIllage, 2012).
Enfin, cette intégration permet d’accélérer la mise en marché des produits Sam-
97 ttt
ttt 98
sung. Un exemple, illustre bien ce dernier point, à la sortie du Galaxy S III, les
recherches en marketing ont montré que
dans certains marchés, la grande taille
de l’écran ne convenait pas à plusieurs
consommateurs. Quatre mois plus tard,
le Galaxy S III mini était sur les lignes de
production afin de répondre aux préférences de ces consommateurs (Grobart,
2013).
Une stratégie similaire d’intégration
verticale a été adoptée par LG, l’autre
grand chaebol coréen qui œuvre dans le
marché du téléphone intelligent. Spécialisé dans les écrans, elle tire des profits différents que Samsung de son intégration.
Apple a également opté pour une
stratégie d’intégration verticale, mais dit
en aval cette fois-ci. Cette stratégie est
couplée à une stratégie de diversification
horizontale afin de créer un écosystème
de produits et de tirer parti des synergies
et des revenus pouvant exister entre ces
derniers.
Le nombre élevé de compagnies qui
sont présentes sur le marché des téléphones intelligents (plus de 10) nous laisse
penser que celles-ci sont assujetties aux
lois des marchés concurrentiels. La réalité
est pourtant bien différente, puisqu’il s’agit
Compagnie
Nombre d’unités
vendues du
téléphone
intelligent
d’un marché à deux vitesses. Divisé entre
le haut de gamme d’une part et le moyen
de gamme de l’autre, les réalités d’affaire y
sont extrêmement différentes.
Apple des États-Unis, et Samsung
de la Corée du Sud, dominent le segment
haut de gamme en termes d’unités vendues, de profits d’opération et de marges
d’opération. Ces marges d’opération élevées témoignent de l’existence de combinaisons d’actifs et d’une perception de
qualité permettant à ces compagnies de
justifier un prix de vente plus élevé.
Sur le reste du marché, la dynamique est très différente puisque les
compagnies présentes font face à une
demande plus sensible au prix. Jusqu’à
très récemment, LG était la seule à faire
un profit d’opération positif. La pression des compagnies chinoises, comme
Huawei, Lenovo et ZTE, est de plus en
plus forte. Aujourd’hui, non seulement
leurs compétences techniques dépassent le simple niveau de l’imitation,
mais leurs parts de marché sont également en pleine croissances depuis 2010.
Leur stratégie est généralement une stratégie de différenciation par les prix avec
une stratégie technologique de différenciation minimale par rapport aux leaders
(Business Korea, 2014).
Parts de marché
du téléphone
intelligent
Profit
d’opération
du téléphone
mobile
Marge de profit
du téléphone
mobile
Samsung
309
30 %
18,7
18
Apple
153
14,9 %
36,7
28,4
LG
48
4,6 %
0,1
0,5
BlackBerry
18
1,8 %
-1,7
-35,2
Autre
499
49 %
1027
100 %
Total
Malgré une part de marché moindre que celle de Samsung en 2013, Apple garde une marge de profit
plus conséquente que ses concurrents.
source : CCS Insight, 2014
Un oeil sur l’avenir : « l’Internet des
objets »
nombre devrait s’élever à 8,6 milliards
de produits connectés à travers le
L’industrie de l’électronique grand pumonde et rapporter 583 G$US, soit deux
blic tend à offrir de plus en plus de profois plus que les revenus actuels du marduits qui s’échangent des informations
ché des smartphones. D’après les anaet des données
lystes, la Chine
(FP Staff, 2015).
comprend le plus
20 % des produits connectés
La maison intelgrand bassin de
se trouveront en Chine
ligente de Samconsommateur
sung
propose
pour ces prod’ici 2020.
d’éteindre la téléduits. Ils estivision, les lumières, le climatiseur et de
ment que 20 % des produits connectés
démarrer l’aspirateur-robot dès que votre
se trouveront dans ce pays d’ici 2020
téléphone sera détecté à une certaine
(FP Staff, 2015).
distance de la maison (Samsung d’light,
2015). L’opportunité pour les manufactuConnecter ces nouveaux produits au
riers de produits électroniques mobiles
réseau Internet existant n’est pas un réel
est d’incorporer leur savoir-faire dans le
défi pour les fabricants de matériels techdéveloppement de nouveaux systèmes
nologiques, car la technologie nécessaire
électroniques utilisant le réseau de compour le faire existe déjà. Cependant, cela
munication Internet IP.
l’est pour l’industrie de la télécommunication qui devra supporter cette nouvelle
La demande mondiale des procharge d’information passant sur son
duits intelligents est conduite par la deréseau. Ce sera également un défi pour
mande de l’Asie-Pacifique. On compte
les développeurs de logiciels qui devront
aujourd’hui 3,1 milliards de produits
trouver un moyen d’assurer l’intercomconnectés pour un marché de 250 G$US.
munication des appareils électroniques à
En 2020, d’après les prévisions, ce
leurs pleins potentiels.
La Mission en visite chez Alticast, fournisseur de solutions médias. © MC
99 ttt
ttt 100
Logiciel mobile
Le taux de pénétration des téléphones
intelligents est actuellement est très élevé,
soit 84 % en Corée (Lee, 2014) et 55 %
au Canada (Catalyst, 2014). En plus du
nombre croissant d’usagers, le temps quotidien d’utilisation est également en augmentation. En 2014, un Coréen passait en
moyenne 3,6 heures par jour sur son téléphone intelligent (Sung-won, 2014b), tandis
qu’un canadien passait 2,5 heures (Oliveira,
2014). Cette augmentation est en autre liée
à l’augmentation de la performance des téléphones intelligents qui permettent d’exécuter une infinité d’applications.
De plus, les innovations en télécommunications et le déploiement des réseaux
assurent des connexions plus efficaces
sur de vastes territoires. Cette accessibilité facilite la distribution de nouveaux
logiciels nécessitant une connexion Internet, résultant en une explosion de l’offre
et de la demande d’applications mobiles à
l’échelle mondiale.
La présente section s’intéresse
d’abord aux systèmes d’exploitation des
téléphones intelligents, suivi des plateformes de distribution d’applications mobiles, pour conclure avec le marché effervescent des applications mobiles ainsi
que les éléments favorisant leur développement et leur monétisation.
SE mobiles
Le marché des systèmes d’exploitation
(SE) mobiles et des fabricants de téléphones intelligents est intiment lié. La liaison est encore plus explicite pour les SE
avec des codes sources fermées, car le
SE et le téléphone vont de paire. Ainsi, si
le téléphone connaît un grand succès, il
en va de même pour le système qui y est
intégré. Autrement, pour un système avec
des sources ouvertes (open source), le lien
avec les fabricants est plus souple, le système pouvant être installé dans des téléphones de différents fabricants.
Les systèmes d’opération mobiles
évoluent très rapidement par l’entremise
Système d’exploitation
Le Système d’exploitation, abrégé SE (en
anglais Operating System, abrégé OS), est
l’ensemble de programmes central d’un appareil informatique qui sert d’interface entre le
matériel et les logiciels. Il permet de contrôler
la mémoire, les processeurs, la connexion,
etc. C’est ce système qui fait en sorte que
l’appareil est utilisable.
Deux catégories de SE sont disponibles sur
le marché, soit des codes sources dit ouvert
(open source) ou fermés (closed source). Les
codes sources ouverts comme l’Android de
Google sont disponibles pour le publique.
Il est ainsi possible de le modifier et de
l’implémenté librement dans un appareil contrairement au codes fermés. développer son
application mobile.
de mises à jour fréquentes. Ils deviennent
ainsi plus performants et intuitifs, mais
également plus lourds et exigeants. Ainsi, la durée de vie utile des téléphones
intelligents est réduite à cause de cette
évolution rapide des SE qui finissent par
congestionner les appareils et encouragent l’utilisateur à acheter un nouveau
téléphone.
La plupart des SE sur le marché ont
des codes sources fermés, notamment
iOS d’Apple, Windows Phone de Microsoft
et Blackberry OS de Research In Motion.
Ces systèmes sont disponibles sur les
appareils de fabricants sous licence uniquement. Cela permet de sélectionner et
restreindre les fabricants pouvant utiliser le SE. Par exemple, iOS ne peut pas
être installé sur un téléphone Samsung.
Ces systèmes sont connus pour être plus
stables et sécuritaires. Ils limitent néanmoins l’apport de développeurs externes
en restreignant l’accès à leur interface de
programmation (API).
Interface de programmation (API)
Un API facilite le développement d’un programme informatique. Il regroupe des outils,
des méthodes et des fonctions pour aider le
développer à construire son programme.
Par exemple, une société de transport en
commun peut utiliser l’API de Google Maps
pour développer son application mobile.
Du point de vue d’un développeur,
commercialiser un SE ouvert permet de
rejoindre une grande variété de fabricant. Ainsi, l’avenir du SE ne dépend pas
de quelques fabricants sous licences.
De plus, cela permet à l’entreprise de
se concentrer uniquement sur le développement et l’amélioration du SE. Les
systèmes ouverts offrent également la
possibilité aux fabricants émergents de
commercialiser leurs appareils sans avoir
à développer leur propre SE. Ce concept
s’avère très efficace pour Android.
En effet, Android croît au même
rythme que le taux de pénétration des
téléphones intelligents. Celui-ci se situe
en tête du marché mondial de SE avec
77 % des parts de marché, suivi d’iOS
d’Apple avec 19,7 %. Les 3,7 % restants
sont partagées entre Windows Phone,
Blackberry OS et d’autres joueurs
(0,5 %) (Statista, 2015d). L’ascension
d’Android a également entraîné la chute
du système Symbian de Nokia, un SE
originalement développé pour des téléphones mobiles de base. Le 1 er janvier
2014, Nokia a officiellement cessé toute
activité de Symbian. Par la fermeture de
Symbian, Nokia désire se concentrer sur
la fabrication.
100%
90%
80%
70%
60%
Android
50%
Symbian
40%
Microsoft
RIM
iOS
30%
20%
10%
13
13
20
4
Q
13
20
3
Q
13
20
2
12
20
1
Q
Q
12
20
4
Q
12
20
20
3
2
Q
Q
11
12
20
1
Q
11
20
4
Q
11
20
3
11
20
2
Q
Q
10
20
1
Q
10
20
4
Q
10
20
3
Q
10
20
2
Q
09
20
1
Q
09
20
Q
3
20
2
Q
1
20
09
0%
Q
Autrement, les systèmes comme
Android de Google, avec des codes
sources ouverts, peuvent être implémentés dans des appareils de différents
fabricants, comme Samsung, LG, Motorola et plusieurs autres. Ainsi, chaque
fabricant peut utiliser le SE, le modifier
afin de l’adapter à ses besoins et l’implémenter dans ses appareils mobiles.
Par exemple, l’interface du nouveau
Galaxie S6 Edge de Samsung présente
une barre de menu latérale. Samsung a
ainsi modifié le code source d’Android
afin de l’adapter à son nouveau téléphone. Donc, un même SE peut varier
d’un téléphone à l’autre. Par exemple,
Naver, l’équivalent coréen de Google, a
rencontré plusieurs problèmes lors du
développement de leur application mobile sur Android, justement à cause des
différences entre les versions d’Android
sur différents téléphones.
Android domine le marché des systèmes d’exploitation mobiles.
source : Statista, 2015d
En Corée, Android domine le marché
avec 85 %. Cette avance est directement
liée aux parts de marché importantes de
Samsung et LG qui opèrent avec Android.
Malgré ses 14 % de marché, iOS s’impose
de plus en plus en Corée, surtout depuis
la mise en marché du iPhone 6 (Statista,
2014). Il est à noter que Samsung Electronics a fait son entrée sur le marché des SE
mobiles au début de l’année 2015 avec le
lancement de l’appareil Z1 utilisant le SE
Tizen, développé par Samsung, en Inde
et au Bangladesh. Cette entrée agressive
dans ces marchés émergents montre l’intérêt de Samsung pour le développement
de SE mobiles (Jin-young, 2015).
100%
90%
80%
70%
Autres
60%
Blackberry OS
50%
Windows Phone
iOS
40%
Android
30%
20%
10%
0%
Marché mondial
Marché coréen
Marché canadien
Le marché canadien reste très nationaliste
source : Statista, 2014; 2015ad
101 ttt
Au Canada, le marché est essentiellement partagé entre iOS, Android et
Blackberry OS. Blackberry OS demeurent
bien présents au Canada, contrairement
au reste du monde. Tout de même, leurs
parts de marché s’effritent continuellement depuis 2009 (Statista, 2015ab).
Distributeurs d’applications
mobiles
L’industrie des applications mobiles
connait une véritable explosion depuis
l’apparition d’interfaces en ligne de vente
d’application. Depuis, tout propriétaire de
téléphone intelligent peut aisément et rapidement télécharger une panoplie d’applications lui permettant d’adapter son
appareil à ses besoins. Les plateformes de
distribution connaissant le plus de succès
0,3%
MNO stores
1,0%
Windows Phone
GetJar
2,0%
3,1%
Blackberry World
4,1%
Autres
7,1%
Nokia
39,6%
App Store
42,6%
Google Play
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
En 2012, les plateformes Google Play et App Store dominaient le marché.
Téléchargement cumulatifs (milliards)
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
Ju
lSe 08
pAp 08
r0
Ju 9
l-0
Ja 9
nAp 10
rJu 10
nSe 10
pO 10
ct
Ja 10
nJu 11
n1
Ju 1
lO 11
ct
M -11
ar
Ju 12
nSe 12
pJa 12
n
M -13
ay
O 13
ct
Ju 13
nO 14
ct
Ju 14
n15
0
Le nombre d’applications téléchargées sur l’App Store est en croissance
exponentielle depuis juillet 2008.
source : Statista, 2015
ttt 102
sont développées conjointement aux systèmes d’exploitation, soit Google Play sur
Android et le App Store sur iOS. D’autres
plateformes indépendantes comme Amazon App Store et GetJar, compatibles avec
la plupart des SE, gagnent en popularité.
Également, certaines plateformes de distribution indépendantes visent un marché
spécifique pour survivre, que ce soit par
le type d’application, en distribuant seulement des jeux par exemple, ou encore en
ciblant une région, comme SK T-Store et
Naver App qui se concentre sur les utilisateurs coréens.
Les revenus de ces plateformes proviennent majoritairement des ponctions
sur les ventes, couramment 30 % du prix
de chaque application payante, le 70 %
restant allant au développeur. Ce modèle
s’avère très lucratif. En 2013, les revenus
combinés du App Store et de Google Play
s’élevait à 13,83 G$ (Marsal, 2015). Depuis
leur mise en œuvre, le nombre de téléchargements et donc leur chiffre d’affaires
connaissent une croissance inlassable.
Depuis son inauguration en 2012, Google
Play domine en matière de téléchargements, mais l’App Store demeure chef de
file en termes de revenus. En effet, les utilisateurs d’Apple semblent plus enclins à
débourser pour des applications mobiles
(Wednesday et al., 2015).
Les bibliothèques d’applications mobiles disponibles influencent la vente des
téléphones intelligents. Les téléphones
Android ou iOS permettent de télécharger une grande variété d’applications sur
Google Play et le App Store. À l’opposé,
BlackBerry OS, par exemple, possède une
banque d’applications très limitée, ce qui
limite également l’utilisation du téléphone.
Logiciel freemium
Logiciel gratuit (free) qui pousse vers un service haut de gamme (premium) pour en améliorer l’utilisation (ex : acheter plus d’espaces
sur un Cloud), pour prolonger une période
d’essai gratuite, pour acquérir de nouvelles
fonctionnalités (ex : acheter des options de
jeux supplémentaires) ou encore pour améliorer l’expérience d’utilisateur (ex : payer pour
retirer les bannières publicitaires). développer
son application mobile.
180
160
Téléchargements indexés
Chiffre d'affaire indexé
À l’heure actuelle, le marché des applications mobiles est tellement large et
accessible qu’il s’approche d’un modèle
de concurrence pure et parfaite (CPP). Le
nombre d’applications offertes dépasse le
million et le nombre de consommateurs
potentiels est tout aussi important. De ce
fait, aucune application n’a suffisamment
de poids pour influencer le marché. La
disponibilité des interfaces de programmation (API) des différents SE permet le
développement d’application mobile par
quiconque. Donc, les barrières à l’entrée
100
80
60
40
0
Téléchargements en
2013
Revenus en 2013
AppStore
Téléchargements en
2014
Revenus en 2014
Google Play
Les utilisateurs de produits Apple sont plus portés à mettre la main au
porte-monnaie pour acheter des applications.
source : App Annie, 2015
de ce marché sont quasi inexistantes. De
plus, toutes les informations concernant le
marché des applications sont faciles d’accès grâce aux plateformes de distribution.
Ainsi, aucun développeur n’est réellement avantagé par rapport à un autre.
Autrement, les ressources principales du
développement d’application mobile sont
humaines, et celles-ci sont libres de se
déplacer vers de meilleures opportunités
en fonction du marché, assurant ainsi la
fluidité du marché. Toutefois, le seul facteur qui déséquilibre la concurrence est
l’inhomogénéité des produits. En effet, la
qualité et la pertinence des applications
disponibles varient, ce qui influence le
100
300
90
250
Milliard de téléchargements
Les applications comme support à
un produit sont celles qui permettent de
faciliter la vente d’un produit ou l’utilisation
d’un service, par exemple l’application de
Korail (Société coréenne de transport ferroviaire) permettant de visionner les horaires de train et d’acheter des billets. La
présente section du rapport se concentre
cependant uniquement sur les applications comme produit. L’analyse de cellesci est plus pertinente étant donné que le
produit est l’application en tant que telle.
Les applications comme produits incluent
entre autres les applications de jeux, de
messagerie et d’enseignement.
120
20
Développement d’applications
mobiles
Les téléchargements d’applications mobiles devraient atteindre près de 180 milliards de téléchargements en 2015, ce qui
devrait générer plus de 58 G$ (Statista,
2015c). Les applications mobiles se divisent en deux catégories, soient les applications comme produit et celles comme
support à un produit.
140
80
70
200
60
150
50
40
100
Revenus en G$
Un consommateur friand de technologie optera nécessairement pour un téléphone lui offrant un vaste choix d’applications. Ce fut d’ailleurs le slogan de l’iPhone
en 2009 « There’s an App for that! » (Van
Grove, 2010). Ainsi, plus de consommateurs optent pour les plateformes Google
Play et App Store, vu le vaste choix. De
ce fait, plus de développeurs tentent d’y
commercialiser leurs applications, ce qui
contribue à gonfler la bibliothèque de ces
plateformes, qui attirent donc plus de
consommateurs, et ainsi de suite.
30
20
50
10
0
2012
2013
Apps gratuites
2014
2015
Apps payantes
2016
2017
0
Revenus des Apps
La croissance des téléchargements et des revenus est soutenue.
source : Statista, 2015
103 ttt
choix des consommateurs. Sur les millions
d’applications offertes, certaines sont très
rarement téléchargées par les utilisateurs
vu leur inanité (Pierrot, 2015).
Samsung Electronics expose dans sa salle de montre d’light au plein cœur
du quartier Gangnam à Séoul ses nouveaux produits au public. © MC
Les applications payantes peuvent
s’avérer très lucratives lorsque celles-ci
ont une valeur ajoutée importante, telle
que du contenu exclusif. Autrement, la
majorité des applications n’ont pas suffisamment de valeur ajoutée pour se permettre d’être payante et doivent adopter
d’autres méthodes pour être monétisées.
Ce sont les applications de type freemium, majoritairement des jeux, qui
génèrent le plus de revenus. En effet,
les microtransactions résultant de ces
applications totalisent des sommes colossales. Ce type d’application constitue 98 % des revenus de Google Play en
2014 (Perez, 2014).
Le marché des applications mobiles
poursuit sa croissance et les revenus sont
estimés à plus de 304 milliards de dollars
en 2017 (Statista, 2015c). Autant en Corée qu’au Canada, il semble que le développement d’applications mobiles victorieuses réussisse davantage au sein de
petites entreprises comme les start-ups.
L’ambiance à la fois détendue et proactive de ces dernières semble stimuler la
créativité et générer un climat favorable
pour le développement d’applications
(Atelier, 2014). Plusieurs infrastructures
sont présentes à l’échelle mondiale pour
soutenir le développement de start-ups,
telles Real Ventures ou Angel Investors.
Autrement, les grosses entreprises
tentent souvent de simuler un environnement de start-ups pour stimuler la
créativité de leurs employés. En Corée,
où le marché des logiciels mobiles est
dominé par les grosses entreprises,
comme Naver et Daum-Kakao, ainsi que
par les chaebols, tel Samsung et LG,
certains programmes de formation et
de recherche sont mis en place par ces
grosses entreprises pour promouvoir
l’innovation. Ces entreprises investissent
également plusieurs millions de dollars
annuellement pour le développement de
start-ups (SeongJun, 2015).
Cependant,
malgré
l’économie
créative soutenue par le gouvernement
actuel, peu de PME réussissent à percer dans le domaine des logiciels. La
présence des chaebols est si forte que
Le succès de KakaoTalk
Le modèle freemium génère 98 % des revenus de Google Play.
source : App Annie, 2014
ttt 104
KakaoTalk est l’application utilitaire la plus
populaire en Corée avec plus de 160 millions d’utilisateurs. En 2013, cette application
de messagerie gratuite freemium a généré
247 M$ par la vente d’autocollants virtuels et
de microtransactions lié aux jeux mobiles KakaoGames (Wee, 2014).
les jeunes développeurs talentueux ne
voient pas l’intérêt de contribuer à une
PME lorsqu’ils ont la possibilité de travailler pour les géants Samsung, LG ou
Naver. Ainsi, les géants bénéficient d’un
énorme bassin d’experts motivés pour
développer leurs applications à l’interne
(SeongJun, 2015; Youlim, 2015).
Au Canada, surtout à Montréal,
il est plus facile pour les start-ups de
percer, puisqu’il n’y a pas d’entreprises
dominantes accaparant le marché. En
effet, le marché montréalais des TIC est
composé à 90 % de PME. Cependant,
cette absence de grosses entreprises
entraîne un exode vers les marchés plus
dynamiques. Tout de même, Montréal
bénéficie de plusieurs avantages comparatifs par rapport à la côte est américaine, notamment par la présence d’une
multitude de programmes de soutien au
développement des start-ups ou des
PME en TIC. Par exemple, l’organisme
non lucratif TechnoMontréal offre un service de coaching et de suivi auprès de
plusieurs PME et le programme intensif
d’accélération de start-ups FounderFuel
permet éventuellement d’obtenir du financement.
Dans un autre ordre d’idée, l’utilisation actuelle du téléphone intelligent permet de recueillir une panoplie
d’informations sur son utilisateur que
ce soit sa position géographique, son
profil Facebook, son calendrier personnel ou encore sa musique préféré. Ces
informations, sous forme de données,
Naver, le « Google coréen » est le chef de file des moteurs de recherche et
des portails web. © MC
permettent de personnaliser les applications et de les adapter à son utilisateur mais celles-ci peuvent également
entraver la vie privée.
Près de 75 % des applications mobiles veulent accéder aux informations
personnelles de l’usager. La plupart des
applications demande la permission de
l’usager avant d’accéder aux informations. Néanmoins, bien que cela ne soit
illégal, certaines le font l’insu de l’utilisateur. Dans tous les cas, ces données
sont une source précieuse d’informations et présente un énorme potentiel
dans toutes les industries.
Les mégadonnées
Les mégadonnées, mieux connue
sous l’expression Big Data, sont aujourd’hui un véritable buzzword dans à
peu près toutes les industries, mais peu
souvent défini clairement. Selon l’International Data Corporation, le marché des
mégadonnées et de leur analyse atteindra 150 G$ en 2015. Toujours selon l’IDC,
70 % des grandes entreprises achètent
déjà des données de sources externes, et
cette proportion atteindra 100 % en 2019
(Press, 2014). Il est donc important de
comprendre, d’abord, ce qui est entendu
par le terme mégadonnées, et pourquoi
ces dernières sont aussi critiques pour
autant d’industries.
Volume, vélocité et variété
Pour plusieurs, le terme mégadonnées
peut sembler excessif, considérant que
105 ttt
l’analyse de données est loin d’être un
concept nouveau. Il faut cependant comprendre que le développement des technologies de l’information et de la communication a entraîné une véritable explosion
de la génération de données. Selon Eric
Schmidt, CEO de Google, on générait à
tous les deux jours en 2010 autant de données que ce que l’humanité avait généré jusqu’en 2003 : et 5 ans plus tard, ce
rythme continue d’augmenter. Le volume
total d’information est donc en pleine expansion.
les « 3 V », complexifient significativement
le traitement, du moins avec des outils
traditionnels de gestion de l’information.
Il y a donc une nécessité de développer
des outils de gestion de données pouvant
s’adapter à une certaine incertitude et qui
utilisent des méthodes probabilistes; le
développement d’intelligence artificielle
va de pair avec les mégadonnées.
Un processus complexe
L’utilisation des mégadonnées est un
processus qui peut parfois s’avérer complexe. Il faut d’abord générer les données, que ce
soit avec des capteurs, de
l’enregistrement d’activités
sur Internet ou des suivis
de géolocalisation. Google,
Facebook et Twitter figurent
parmi les grands joueurs de
la génération de données.
Ces dernières doivent par
la suite être gérées, soit une
étape particulièrement difficile avec les mégadonnées,
en raison justement de leur
volume, leur vélocité et leur
variété.
Plusieurs
grands
joueurs, comme Alteryx,
font de la gestion de données, mais de plus en plus
de petites entreprises se
penchent également sur
Le centre de données GAK, une merveille technologique et architecturale. © Naver
cette étape. Nexalogy, une
Ces données sont générées à une
start-up montréalaise, utilise des algofréquence grandissante, sont disponibles
rithmes développés en astronomie à
de plus en plus rapidement et sont utides fins de gestion et surtout d’analyse
lisées en temps réel, d’où le concept de
d’image de marque. Enfin, il faut analyser
vélocité des données. Enfin, leur variété
et présenter les données; des outils d’anaimplique certains enjeux, puisque les enlyse et de visualisation sont développés
sembles de données, contrairement à ce
encore une fois tant par des vétérans de
qu’on peut retrouver dans des bases tral’industrie, comme Microsoft et IBM, que
ditionnelles, sont souvent non structurées.
par de nouveaux studios, comme Tableau
Il peut en effet être difficile de catégoriser
et Qlik.
des vidéos, des messages textes ou des
requêtes sur des moteurs de recherche.
Parallèlement, et tout au long du processus, il y a une nécessité de stocker les
Le terme mégadonnées est apparu
données générées et même d’emprunter
spécifiquement pour désigner des ende la puissance de traitement. À cet effet,
sembles de données dont le volume, la véde plus en plus d’entreprises ajoutent des
locité et la variété, communément appelés
centres de données à leurs actifs. Ces
ttt 106
centres leur permettent d’une part d’internaliser le stockage de données massives, et d’autre part d’offrir des services
d’hébergement, tant aux consommateurs
qu’aux entreprises.
Bell, au Québec, investit beaucoup
dans le développement de tels centres
(Normandeau, 2015), la province y étant
très bien adaptée. Ces derniers requièrent
des quantités importantes d’électricité,
abondante et abordable au Québec, et
de climatisation, beaucoup plus facile
lorsque la température moyenne est d’environ 7 °C, en plus des coûts immobiliers
relativement bas.
En Corée, en plus des entreprises de
télécommunication, certaines entreprises
de logiciels se munissent de centres de
données. Naver Corporation, qui est responsable du moteur de recherche dominant en Corée, a récemment construit un
énorme centre à la fine pointe de la technologie. L’efficacité énergétique et les
mesures éco-responsables du centre de
données GAK ont d’ailleurs mérité une
certification LEED Platinum.
Un mouvement
consolidation
en
besoin
de
La compagnie Tableau a atteint 504 M$
de chiffre d’affaires en 2014, soit une augmentation de 78 % par rapport à 2013 (Tableau Software Inc., 2015). Qlik a vu son
chiffre d’affaires augmenter de 18 % pour
atteindre 680 M$ (Qlik, 2014). Cette explosion du marché des mégadonnées, depuis
quelques années, a entraîné la création
d’une multitude d’entreprises tout au long
du processus de production.
Pour les entreprises désireuses d’intégrer les mégadonnées à leurs stratégies
d’affaires, il peut être intimidant d’avoir
autant d’options à chaque étape du processus. Il est donc souhaitable, et très
probable d’ailleurs, que l’on assiste à un
mouvement de consolidation, tant vertical
qu’horizontal, de l’industrie. Google, Oracle
et Microsoft ont d’ailleurs déjà commencé
à acquérir des compagnies du secteur, soit
DeepMind, BlueKai et Revolution Analytics respectivement en 2014, contribuant
Green Factory, le siège social de Naver,s’est également mérité
la décoration environnementale LEED Platinium. © MC
à l’établissement de véritables leaders
capables de prendre en charge l’ensemble
du processus énoncé plus haut pour leurs
clients.
Secteurs pertinents
Même s’il s’agit d’un secteur très technologique, il s’avère que l’utilisation de mégadonnées est avantageuse pour les entreprises de la majorité des industries. Elle
permet en effet d’optimiser les processus,
de mieux cerner les besoins des clients ou
encore de déterminer des prix en temps
réel. Bien qu’elle s’insère dans la sphère
technologique, son implémentation se doit
donc d’être ancrée dans le développement
des affaires, en logistique, en marketing et
en stratégie. Il est évident que très bientôt, les mégadonnées seront utilisées dans
presque toutes les industries. Les deux
secteurs étudiés dans ce rapport, soit les
technologies de l’information et de la communication et les transports, les utilisent
déjà.
Le schéma de la page suivante résume le
portrait actuel de cette industrie, du moins
pour les compagnies mentionnées, et des
différents sous-secteurs.
Le secteur des technologies, des
médias et des télécommunications, sans
surprise, mène le bal en matière d’intégration des mégadonnées. Non seulement
107 ttt
ttt 108
Génération
Stockage
Gestion
Analyse
Présentation
Le marché des mégadonnées est vaste et dur à schématiser. © MC
elle leur permet d’importantes optimisations, mais les dirigeants d’entreprises
de ces industries sont généralement plus
à l’affut des développements technologiques et de l’importance de s’y adapter.
On peut penser à Netflix ou YouTube qui
offrent dynamiquement des suggestions
de contenu à ses utilisateurs en fonction
de leurs préférences, en intégrant des
données sur les habitudes de consommation de leurs innombrables utilisateurs.
Parallèlement, les entreprises de télécommunications peuvent personnaliser leurs
offres aux clients afin de favoriser l’adoption. Les mégadonnées y sont donc surtout utilisées à des fins de marketing et de
stratégie.
Contrairement au secteur technologique, l’industrie du transport, tant de marchandises que d’énergie ou de personnes,
bénéficie des mégadonnées davantage
sur le plan organisationnel. L’optimisation
des réseaux de distribution en temps réel,
la gestion des « Smart Grids » et l’adaptation des réseaux de transports en commun
sont tous rendus possibles par l’exploitation de quantités énormes de données générées à des vitesses fulgurantes, comme
des données de géolocalisation en temps
réel.
L’intégration des mégadonnées dans
le système de transport public de Séoul
en est un excellent exemple. La société de
transport, d’opération et d’information de
Séoul utilise ces données recueillies, entre
autres, afin de construire une simulation
en temps réel de la circulation routière de
la ville. Ils peuvent ainsi simuler les conséquences de divers travaux et optimiser les
mesures à prendre en conséquence.
Perspectives
En somme, l’utilisation des mégadonnées
présente un énorme potentiel, et ce, dans
toutes les industries. Même si les changements organisationnels majeurs nécessaires au traitement des données en temps
réel peuvent en inquiéter certains, la valeur
ajoutée par des analyses assez simples à
réaliser est déjà évidente pour la majorité des dirigeants d’entreprise. Surtout, la
consolidation des compagnies du secteur
promet de rendre ces technologies beaucoup plus accessibles. En Corée du Sud
particulièrement, l’ouverture face aux mé-
gadonnées est grandissante. En 2013, le
Centre des Mégadonnées a été inauguré à
Séoul, visant l’analyse des mégadonnées
pour améliorer l’administration gouvernementale et des entreprises.
Cette expansion implique cependant
plusieurs considérations éthiques. En effet, les données utilisées sont souvent des
informations personnelles, ce qui suscite
beaucoup d’inquiétude au sein de la population; un laboratoire de la Seoul National
University travaille justement sur une version d’Android qui permettrait de surveiller
le partage indésirable de données personnelles. Des controverses s’apparentant à
la dénonciation de la NSA pourraient d’ailleurs devenir de plus en plus fréquentes.
Il sera intéressant de voir si l’accès aux
données demeurera aussi ouvert à mesure
que le potentiel commercial du mouvement se réalise.
Synthèse
L’industrie des télécommunications
doit s’adapter à la montée des mégadonnées et de l’Internet des objets. Ces
technologies requièrent des quantités
grandissantes de données et donc des
infrastructures de soutien, tant filaires que
sans-fils, de plus en plus développées.
Sur le plan filaire plus particulièrement, il est envisageable que ces besoins
grandissants en données amènent la
société à considérer l’accès à l’Internet
comme une commodité, expliquant le développement de contenu chez beaucoup
d’entreprises du secteur désireuse d’assurer leur pérennité face à ces changements.
L’industrie des télécommunications sansfil conserve une position plus avantageuse, en raison notamment du virage mobile, mais devra tout de même s’assurer
de diversifier son offre. Les mégadonnées
et l’Internet des objets représentent donc
des opportunités pour les entreprises du
secteur, mais aussi une certaine menace.
En ce qui concerne les téléphones
mobiles eux-mêmes, il est évident que ces
deux mouvements ne feront qu’accélérer
la croissance du marché des téléphones
intelligents, au détriment des téléphones
mobiles traditionnels. Il sera cependant
intéressant de voir si ces opportunités permettront à des fabricants moins concurrentiels de se hisser une place aux côtés
de Apple et de Samsung qui dominent
significativement le marché actuel.
Parallèlement, les mégadonnées et
l’Internet des objets, à priori, devraient
bénéficier d’un système à code source ouvert. Est-ce qu’ils favoriseront la montée
d’Android, ou est-ce qu’Apple saura exploiter ces technologies à son avantage?
Dans tous les cas, il est indéniable qu’une
panoplie d’applications continuera à voir
le jour dans les années à venir, mettant à
profit les mégadonnées, l’Internet des objets, ou même les deux.
109 ttt
« Le monde change à une vitesse folle.
Le fort ne battera plus le faible,
dorénavant ce sera le rapide qui battra le lent »
- Rupert Murdoch
Seoul Station, la principale gare ferroviaire de la capitale. © MC
Transport
la clé d’une compétitivité industrielle
111 ttt
Avec un sol très faible en ressources
naturelles ainsi qu’une concentration de
population très élevée, la Corée fait face à
de nombreux défis de gestion du transport
à l’interne et des échanges internationaux
très importants de ressources diverses.
Ce chapitre s’intéressera tout d’abord
à la gestion du transport humain à l’intérieur de la Corée, avant de s’interroger sur
les marchandises et biens divers.
Finalement, la complexité de la gestion
des ressources énergétiques sera abordée pour comprendre la dépendance très
importante de la Corée au commerce international.
Transport de personnes
En raison du profil montagneux de
la Corée, la majorité des habitants se retrouvent confinés dans un espace restreint
entrainant une forte densité de population.
Le transport de personnes à l’intérieur des
villes devient donc un enjeu important.
De plus, de grandes artères de rails et de
réseaux routiers relient ces villes pour permettre le transport interville. Dans cette
section, la gestion du transport de per-
sonnes en Corée est exposée, analysée et
comparée à celle du Québec et du Canada
concernant son évolution, son fonctionnement ainsi que les technologies qui y sont
impliquées. Aussi, puisque la région métropolitaine de Séoul représente près de la
moitié de la population coréenne, une attention particulière y est portée. Toutefois,
plusieurs autres villes sont mentionnées
telle que Busan dont la densité d’habitants
par kilomètre carré est de 4452 (World
Data Atlas, 2015), comparable à Montréal
dont la densité est de 4517 (WPR, 2015).
Transport dans les
villes
Un transport public pour tous
À Séoul, 69 % des déplacements se font en autobus ou en métro, ce qui
représente près de 13 millions d’utilisateurs par jour. © MC
ttt 112
Dans les années 1950 et 1960, la ville de
Séoul dispose d’un nombre insuffisant
d’infrastructures de transport : peu d’autobus disponibles, beaucoup de carrefours
dépourvus de feux et un recours fréquent
à la signalisation manuelle. Le tramway est
alors le principal moyen de transport en
commun.
Entre 1960 et 2002, la population de Séoul
quadruple entrainant une forte augmentation de l’utilisation des voitures personnelles. La densité du trafic urbain devient
insoutenable selon le centre de service
d’opération et d’information du transport
Les écrans du TOPIS, centre de gestion du trafic routier et des transports en commun de l’agglomération de Séoul. © MC
de Séoul (Seoul Transport OPeration and
Information Service, abrégé TOPIS). Afin
de pallier cette situation le gouvernement
tente d’implanter un réseau de transport
accessible à tous et répondant aux besoins
des utilisateurs. Pour ce faire, le 1er juillet
2004, le Gouvernement Métropolitain de
Séoul réorganise complètement ses services en améliorant et réorganisant les
services d’autobus et de métro, en installant des lignes de service rapide par bus
(SRB) en intégrant la tarification sur toute la
grande région de Séoul (TOPIS, 2014). Ces
investissements représentent, à l’époque,
près de 80 % de la dette totale de la ville
(John Pucher & Mook Han Kim, 2005).
grandes villes telles que Busan, Gyeonggi,
Daegu, Incheon et Daejeon. Depuis son
instauration en 2004, la T-Money permet
aux usagers de n’avoir qu’une seule carte
pour payer leurs transports en commun y
compris les taxis. À Séoul, 100 % des utilisateurs du métro, 98,7 % des utilisateurs
des autobus et 53,5 % des utilisateurs de
taxi effectuent le paiement avec la carte de
transport global (TOPIS, 2014).
Cette réforme a visiblement fonctionné puisque, maintenant, seulement le
quart des déplacements à Séoul se font en
voiture personnelle (TOPIS, 2014). Toutefois, le problème de congestion n’est pas
totalement réglé. Un surnombre de voitures par rapport à la capacité des infrastructures routières est toujours observé.
Ainsi, malgré les efforts du passé, le gouvernement fait encore face à une problématique mettant en conflit transport en
commun et voitures.
Le peuple coréen, étant reconnu pour
être minutieux, exigeant et hâtif, a maintenant accès à un réseau de transport correspondant à leur exigences. En effet, depuis la
réforme, celui-ci est devenu simple à utiliser,
fiable et très efficace.
En 2014, 69 % des déplacements à Séoul se
font en autobus et en métro, avec une capacité maximale respectivement de 6 890 000
et de 5 790 000 d’utilisateurs par jour (TOPIS, 2014).
Une carte universelle
Toujours avec l’intention d’améliorer le service en le rendant plus simple, le concept
de la carte de transport T-Money est instauré à Séoul et dans plusieurs autres
De plus en plus d’établissements culturels et commerciaux acceptent le
paiement avec la T-Money. © MC
Cette technologie facilite la logistique entre les différentes compagnies
et villes présentes à travers le réseau de
transport, permettant également une division équitable des revenus aux différents
secteurs/compagnies. Téléchargeable sur
un téléphone mobile (application sans-fil
pour que les gens n’aient plus besoin de
carte matérielle), elle peut être utilisée à
Singapour et pourra prochainement être
utilisée au Japon, à Hong Kong, en Thaïlande et en Malaisie (TOPIS, 2014).
À Montréal, certaines personnes utilisent l’équivalent de la T-money : la carte
OPUS. Toutefois, plusieurs sont ceux qui
113 ttt
n’achètent pas de passes mensuelles ou
annuelles. Ils n’ont pas besoin de carte
OPUS et utilisent donc des billets magnétisés jetables.
La gestion du
transport
Afin d’offrir un service fiable et sécuritaire, le gouvernement coréen a mis sur
pied le centre de service d’opération et
d’information du transport de Séoul. La
mission de cette organisation centrale
est d’améliorer, d’instaurer et de gérer les
systèmes de gestion du trafic pour la ville
Séoul. Depuis 2004, le TOPIS collecte et
analyse, à l’aide de hautes technologies,
différentes informations afin d’assurer la
sécurité et d’augmenter la fluidité du trafic routier de Séoul et de ses agglomérations. Depuis 2005, plusieurs caméras de
surveillances (même sur les autobus) permettent de contrôler automatiquement les
infractions routières.
Par ailleurs, des systèmes de détection du trafic permettent à TOPIS de se renseigner sur les flux, les incidents et aussi la
météo à plusieurs endroits de la ville. Par
exemple, le GPS de certains véhicules est
connecté aux antennes de TOPIS et des
capteurs sur les routes détectant le passage des véhicules permettent de calculer la fluidité du trafic. Lors d’un incident,
TOPIS est immédiatement averti grâce aux
caméras de surveillances. Les conduc-
teurs approchant de la zone de congestion
routière sont avertis à l’aide des panneaux
d’informations routiers et sont guidés vers
les voies plus fluides. Certains feux de circulation s’adaptent si la voie est perturbée. Plusieurs autres villes de la Corée, par
exemple Busan, s’inspirent du système de
gestion du trafic de TOPIS (TOPIS, 2014).
Tarification
Grâce à la carte T-Money, la tarification se
fait aisément par distance. Le tarif de base
des autobus est relatif au type d’autobus
et à l’âge de l’usager. Le tarif initial couvre
les dix premiers kilomètres parcourus,
puis chaque tranche de cinq kilomètres
supplémentaire coûte 100 (0,11 $) et ce,
peu importe l’âge de l’usager ou le type
d’autobus.
On constate que la tarification à Busan ne
se fait pas aussi linéairement. En effet, ils
n’ont que deux prix : un tarif de base et un
supplément pour un déplacement de plus
de 10 km.
Contrairement à la Corée du Sud, les institutions de transport du Québec appliquent
un tarif unitaire, soit le même prix de base
peu importe la distance parcourue. Une
tarification par distance a l’avantage de
respecter le principe d’utilisateur-payeur
car l’usager parcourant une plus courte
distance utilise moins de ressources et devrait donc moins débourser que l’usager
de longues distances. De plus, le calcul
des distances permet la redistribution proportionnelle des coûts associés à chaque
type de transport ou aux différentes compagnies impliquées.
Le prix d’un déplacement en dollars selon la distance parcourue et le lieu de déplacement.
sources : Humetro BTC, 2015; Visit Korea, 2015; OC Transpo, 2014; STM, 2015
ttt 114
Les autobus coréens : un service
coloré
Le réseau d’autobus est la clé de la couverture de l’immense réseau de transport
public en Corée. Bien que ce sous-réseau soit en diminution depuis 1985 étant
donné la place que prend le métro, il y a
environ 9300 autobus à Séoul (0,36/1000
habitants) (TOPIS, 2014). Au Québec,
c’est près de trois fois plus par habitants
(1,02/1000 habitants) : 8400 autobus (dont
28 % à Montréal, 17 % à Québec et 16 %
en Montérégie) sans compter les 10 800
autobus scolaires (Institut de la statistique
Québec, 2013; SAAQ, 2012).
De manière à simplifier l’utilisation,
un système de couleurs permet de distinguer les autobus parcourant de courtes
distances (en vert) des autobus ayant un
circuit plus long sur des artères principales
(en bleu). Les autobus rouges voyagent de
Séoul jusque dans les banlieues tandis que
les jaunes opèrent dans un circuit fermé à
Séoul.
Tous les autobus sont connectés à un GPS
qui permet aux usagers de savoir l’heure
d’arrivée du prochain via une application
mobile (TOPIS, 2014). Une fois de plus, les
utilisateurs sont informés, ce qui rend les
déplacements plus accommodants.
Mitsubishi, BT, Hitachi et Bombardier) ont
également pénétré le marché coréen (BT
Korea, 2015), notamment dans le cadre du
projet de la ligne Everline, formé d’un partenariat public privé (PPP) entre la compagnie québecoise Bombardier Transport et
la ville de Yongin pour à relier le district de
Giheung et le parc d’amusement Everland
via TRL. Selon le gouvernement coréen,
le coût d’opération de cette ligne s’élève
à 32,4 M$ par année et la ligne ne génère
que 10,4 M$. Un déficit de 22 M$ est donc
enregistré chaque année. Selon le rapport
d’audit sur la ligne Everline fait par le bureau des audits et des inspections (Board
of Audit and Inspection, abrégé BAI), la ville
n’aurait pas révisé la faisabilité du projet et
aurait tout de même accepté de signer le
contrat (Nikola, 2013c).
Les métros en Corée : transit léger
et lourd
En raison de la densité de population élévée dans plusieurs villes coréennes, le
métro est une solution privilégiée pour les
déplacements, notamment dans la capitale. Deux types de métro sont présents
en Corée. Le premier et le plus utilisé est
nommé le transit rapide lourd, ayant plus
de 635 km déployés avec 5759 wagons.
L’autre type, qui se différencie par sa taille,
se nomme le transit rapide léger (TRL) et
compte 108 km de rails dans 7 villes différentes. Le TRL, de par la taille des wagons,
est comparable au métro de Montréal.
La grande majorité des métros sont
fabriqués par la compagnie coréenne Hyundai ROTEM. Trois autres manufacturiers
locaux participent à la construction de métros : Woojin, Rowin et POSCO. Quelques
fabricants étrangers (Alstom, Siemens,
Les autobus de Séoul parcourent différents secteurs selon leur couleur. © MC
Le réseau de métro et de train de
banlieues de la zone métropolitaine de
Séoul est immense : près de 1000 km de
rails interconnectés, il couvre plus de cinq
villes différentes. Avec l’inauguration de sa
première ligne en 1974, le métro de Séoul a
contribué a diminuer le trafic dense au nord
de la rivière Han et sur les ponts franchissant le fleuve. Ce réseau compte 9 lignes,
292 stations et 316,8 km de rails (TOPIS,
2014). Il est géré par plus de dix entreprises différentes, privées et publiques,
qui opèrent les lignes et qui travaillent
avec le gouvernement coréen ou avec les
municipalités. Les partenariats public-pri-
115 ttt
ville
Séoul
Incheon
opérateur(s)
fournisseur
lignes
stations
km
début
Métro de Séoul/Korail
ROTEM
ligne 1-4
261
390
1974, 1980, 1985
SMRT/Korail
ROTEM
ligne 5-8
157
162
1995, 2000, 1996
Ligne 9 du métro de Séoul
ROTEM
ligne 9
30
31
2009
IRTC
ROTEM
ligne 1
29
31
1999
Korail
ROTEM
AREX
13
58
2007
Aéroport d’Incheon
Hyundai ROTEM
ligne Maglev
6
6
2015
Yongin
YRTC
Bombardier
Everline (TRL)
15
18
2013
Uijeongbu
UCL
Siemens
ligne U (TRL)
15
11
2012
Busan
BTC
ROTEM
ligne 1-3
93
99
1985,1999, 2005
BTC
Woojin
ligne 4 (TRL)
14
13
2011
DMSC
ROTEM
ligne 1-2
59
57
1997, 2005
Daegu
DMSC
Hitachi
ligne 3 (TRL)
30
31
2015
Gimhae
BGL
Hyundai ROTEM
ligne 1 (TRL)
21
24
2011
Daejeon
DJET
ROTEM
ligne 1
22
23
2006
Gwangju
GMRTC
ROTEM
ligne 1
20
21
2004
Les principaux opérateurs et constructeurs de métro en Corée.
ttt 116
vés sont donc omniprésents dans la gestion de ce réseau. L’entièreté du réseau est
connectée et il y a unification des tarifs sur
la majorité des lignes.
Bien que le métro de Montréal touche
aussi d’autres municipalités (Laval et Longueuil), la gestion du réseau diffère de
celle de Séoul. En effet, le réseau de métro
montréalais n’est pas géré conjointement
entre les municipalités, malgré l’existence
de l’agence métropolitaine de transport,
mais plutôt par les sociétés de transport
séparément tel que la STM. De plus, les
titres de transports ne sont pas compatibles entre les réseaux de Laval, Montréal
et Longueuil.
Un pari risqué mais payant
Le gouvernement a misé gros sur la réforme du transport de 2004 et les résultats
ne sont pas décevants. En effet, à Séoul,
88 % des citoyens déclarent être satisfaits
du service de transport en commun, par
rapport à 25 % il y a dix ans.
Outre les éléments d’efficacité et de distribution de l’information mentionnés cihaut, de nombreuses technologies ont
été intégrées au réseau afin de rendre les
utilisateurs satisfaits. Tout d’abord, Internet est accessible dans tout le métro de
Séoul. Les « points morts » sur le réseau
sont inexistants. De plus, de nombreuses
stations d’autobus sont équipées de Wi-Fi
gratuit et de panneaux d’information.
source : BT Korea, 2015
Aussi, on remarque un effort considérable afin de faciliter l’accès au transport en
commun pour les personnes à mobilité réduite. Des ascenseurs et des rampes sont
disponibles et un réseau texturé sur le sol
permet aux non-voyants de s’orienter. Ce
réseau est à la fois sur les trottoirs et continue jusqu’aux portes palières des métros.
Durant les prochaines années, plusieurs expansions sont planifiées au métro
de Séoul et à d’autres endroits en Corée.
La Corée analyse présentement la possibilité d’ajouter 334 km de rails de TRL à
son réseau. Il est aussi discuter de remplacer certains wagons ou d’en accroitre
le nombre (2442 nouveaux wagons) (BT
Korea, 2015). Aussi, les quelques autres
villes ayant des métros planifient d’autre
expansions. Quant à elle, la ville de Montréal est en prise de décision à savoir s’il
y aura une expansion de la ligne bleue, ou
même peut-être de la ligne orange (Desrosiers, 2015).
Un chaebol sur la route
Sachant l’influence d’un chaebol tel que
Hyundai sur l’économie globale du pays,
il n’est pas surprenant que le marché de
l’automobile occupe toujours une place
importante dans le secteur des transports
du pays. L’industrie automobile coréenne
est reconnue mondialement et ses exportations ne font qu’augmenter depuis la
Le projet Everline à Yongin, rames de métro réalisées par le canadien Bombardier Transport. © MC
mise en place des différents accords de
libre-échange. Le chaebol Hyundai a produit plus de 4 730 000 voitures en 2014,
14 % étant des ventes domestiques. Il est
intéressant de noter que durant les deux
dernières années, les ventes à l’étranger
de Hyundai augmentent en moyenne de
10 % annuellement tandis que les ventes
domestiques diminuent en moyenne de
3 %. Cette diminution pourrait s’expliquer en partie par le fait que les Coréens
prônent de plus en plus le transport en
commun. Le vieillissement de la population pourrait aussi en être la cause selon le
directeur de production de Hyundai (Hyundai Motors, 2015).
À Séoul, le système de voitures SoCar
en association avec Nanum (signifiant « partage » en coréen) compte plus de 300 000
usagers et 1000 voitures. Ce nombre devrait augmenter jusqu’à 5000 d’ici trois ans
ans. Le compétiteur Green Car possède
près de 200 000 membres dans plus de 33
villes (Park, 2014). La compagnie LG est
aussi sur le marché offrant des systèmes
de tarification concurrentiels aux voitures
Nanum. Korail offre également ce service à
ses clients en plaçant des voitures aux sorties de certaines stations de train (Nikola,
2013b). Évidemment, les applications web
des téléphones intelligents permettent
Bien que le gouvernement tente
de réduire le nombre d’automobile sur la
route, il est quelque peu délicat de mettre
des bâtons dans les roues d’une compagnie connaissant un tel succès.
Le vélo et l’auto-partage : une
partie de la solution
Afin de diminuer le flux de trafic, plusieurs
villes du monde font la promotion du vélopartage et de l’auto-partage, concept généralement communautaire qui gagne en
popularité en raison de l’importance grandissante accordée aux initiatives d’économie sociale.
Les ventes de Hyundai Motors (en milliers de voitures)
augmentent à l’étranger, mais reculent en Corée.
source : Hyundai, 2014
117 ttt
aux usagers de facilement et rapidement
réserver leur voiture.
Au Québec, les compagnies Communauto
et Car2Go possèdent respectivement 1000
et 200 véhicules répartis dans la majorité
des grandes villes. Le service de Communauto est d’ailleurs en collaboration avec
la STM et BIXI pour offrir des forfaits de
transport public intermodaux (Car2Go,
2015; Communauto, 2015).
transport. On pourrait s’attendre à ce que
le secteur du transport partagé continue
de se développer dans les prochaines années puisque ce sont des modes de transport avec un réel potentiel autant pour les
entreprises que pour les usagers (Nikola,
2013b).
Transport entre
les villes
Alors que le réseau public est en
constante amélioration, qu’advient-il du
réseau permettant les déplacements d’une
ville à l’autre? La Corée du Sud a développé trois types de réseaux couvrant son territoire et qui sont en constante évolution :
les réseaux routier, ferroviaire et aérien.
Transport routier
Le transport partagé est de plus en plus utilisé en Corée, surtout à l’extérieur
de Séoul. © MC
ttt 118
Pour ce qui est du vélo-partage, la
Corée semble accuser un retard considérable sur plusieurs villes, avec seulement
440 vélos à disposition dans la capitale.
Prenons BIXI par exemple, la société montréalaise de vélos en libre-service, qui
offre plus de 5000 vélos et 400 stations,
permettant une belle complémentarité au
transport en commun déjà établi. Il faut
mentionner que la situation à Séoul est défavorable aux vélos à l’intérieur de la ville
en raison du manque de pistes cyclables
et cela ralentit grandement le dévelopement du service de vélo-partage (Nikola,
2013a). Par contre, les villes coréennes de
Changwon et Goyang font bonne figure
possèdant respectivement 4630 et 3000
vélos en libre-service.
En somme, le vélo-partage et l’autopartage permettent d’atténuer le trafic,
de pallier la problématique du manque de
stationnement, diminuer les coûts reliés
à la possession d’une voiture et répandre
la culture du partage dans le secteur du
Le réseau routier d’un pays représente une
réalité géographique et historique.
Le Canada, par exemple, a beaucoup de
rues suivant un quadrillé. Ceci peut s’expliquer entre autres par l’histoire relativement jeune du Canada. La majorité de
la population canadienne réside près de
la frontière avec les États-Unis et le long
du fleuve St-Laurent, ainsi la majorité
des autoroutes traversant le Canada et le
Québec se trouvent dans les environs du
fleuve et près de la frontière à l’exception
de quelques autoroutes montant vers le
nord pour rejoindre certaines villes.
La Corée du Sud est recouverte de
montagnes et l’emplacement des grandes
routes représente bien cette réalité, bien
qu’il y ait des routes couvrant tout le territoire. Il y a cependant une concentration
de grandes routes dans le nord-ouest,
près de Séoul. Les montagnes dans l’est
du pays ont une grande influence sur la
position des routes traversant le pays du
nord au sud.
Les projets du Ministère du Territoire, de
l’Infrastructure et des Transports (Ministry
of Land, Infrastructure and Transport, MOLIT), sont présentement axés sur l’entretien des infrastructures existantes. Pour
diminuer le fardeau monétaire, des projets
en PPP sont envisagés, permettant ainsi
de réduire l’investissement public mais
aussi de faire plus d’entretien et d’avoir
des routes en meilleur état (MOLIT, 2015).
Transport par rails
Outre l’automobile, le train est un moyen
de transport très populaire pour se déplacer entre deux villes. Le marché du transport de personnes par rails est un monopole contrôlé par Korail, une société d’État
coréenne. Cette situation est similaire au
Canada avec Via Rail, ayant le monopole
du transport d’usagers par trains. De plus,
dans les deux situations, les chemins de
fer sont partagés entre les trains de personnes et les trains de marchandises. Cependant, la Corée est particulière car tous
les rails appartiennent au gouvernement et
la priorité est accordée aux trains de passagers.
Le gouvernement investit beaucoup
dans le transport par rails afin de réduire la
congestion des autoroutes. Ils ont une part
intégrale dans les décisions concernant le
transport ferroviaire (Korail, 2015).
Routes et reliefs en Corée du Sud. © MT
Routes et reliefs au Canada. © MT
119 ttt
Une technologie nouvelle
L’arrivée du train à haute vitesse Korea
Train Express (KTX) en 2010 a révolutionné le marché du transport de personnes
en Corée du Sud. Son impact est surtout
visible sur la route entre Séoul et Busan,
les deux plus grandes villes du pays. Les
proportions des transports empruntés auparavant par trains réguliers et par avions
avoisinaient les 38 % et 39 % respectivement; depuis son installation, plus de la
moitié (58 %) des transports sur longue
distance se font par KTX.
Le KTX-Sancheon est une fierté pour
le gouvernement coréen, étant la première
technologie de train à haute vitesse développée en Corée du Sud. Le train roule
à 300 km/h et peut voyager de Séoul à
Busan en un peu plus de deux heures et
demie comparativement aux cinq heures
requises par les trains conventionnels.
100%
90%
80%
Voiture
70%
Bus Express
60%
Train régulier
KTX
Air
50%
40%
30%
20%
10%
0%
2003
2011
Le choix de modes de transports entre Séoul et Busan ont changé dans les
dernières années.
source : KORAIL, 2015
ttt 120
Des projets sont en cours pour mettre en
service dans un futur rapproché un autre
train à une plus grande vitesse, vitesse dépassant celle du KTX : le train High-Speed
Electrical Multiple Unit (HEMU), conçu
pour rouler à 430 km/h. Au moment de
mettre sous presse, les tests opérateurs
ont été effectués mais aucune date d’inauguration n’a été dévoilée (Korail, 2015).
D’autres projets sont prévus d’ici les prochaines années pour faciliter le transport
en train, notamment l’ouverture d’une nouvelle station de train à Gangnam, quartier
de Séoul, pour 2016. Cette station deviendrait la deuxième dans la capitale. Un élargissement du réseau est également planifié, notamment la création d’une nouvelle
ligne de train pour les Jeux olympiques
de 2018 de Pyeongchang et l’augmentation du réseau ferroviaire de trains rapides
jusqu’à 2361 km en 2020.
Un train au service des passagers
Tout comme le service d’autobus et métro, de nombreux efforts sont faits afin
de rendre le réseau ferroviaire efficace et
agréable pour l’utilisateur. Pour faciliter
le service à la clientèle, Korail a développé une application mobile permettant
d’obtenir toute l’information nécessaire
et d’acheter des billets de train électroniques. Via Rail n’a pas d’application mobile permettant l’achat de billets, mais une
version mobile du moteur de réservation
permet essentiellement le même service
d’achat de billets. Il est aussi facile d’acheter son billet de train directement à la gare
grâce aux nombreuses bornes de billetterie libre-service en plus du comptoir de
service à la clientèle. En Corée, pour optimiser les trajets et la rentabilité des trains
il est possible d’avoir un billet de train pour
des places debout. Alors que les places
assises sont limitées par le nombre de
sièges, les places debout coûtent moins
cher et ne sont pas limitées. Toutes ces initiatives incitent les personnes à emprunter
le train, augmentant ainsi la rentabilité et
l’efficacité des rails.
Transport aérien
L’augmentation du tourisme suite aux
Jeux olympiques de 1988 a incité le gouvernement à investir dans la construction
d’un nouvel aéroport. En 2001, L’aéroport
d’Incheon devient donc l’aéroport international coréen remplaçant celui de Gimpo,
devenu trop petit pour le flux de visiteurs
(Aéroport d’Incheon, 2015).
Voulant se classer parmi les meilleurs
aéroports du monde, Incheon offre un service très personnalisé aux clients. Selon
les ASQ Awards, il est le meilleur aéroport
en termes de qualité de service depuis
dix dernières années (Aéroport d’Incheon,
2015). Des projets d’expansion de l’aéroport sont prévus avec la construction
d’un deuxième terminal de passagers,
permettant ainsi d’augmenter le nombre
de passagers atterrissant annuellement à
La majorité des transports en commun en Corée offrent l’accès Wi-Fi aux usagers © MC
Incheon de près de 45 millions à plus de
60 millions (Aéroport d’Incheon, 2015).
La quantité de vols domestiques à
destination et en provenance d’Incheon
est négligeable. Près d’Incheon et de
Séoul se trouve l’aéroport de Gimpo, un
hub pour les vols domestiques.
Tous les aéroports de la Corée du Sud appartiennent au gouvernement coréen mais
Incheon est géré par une corporation différente des autres aéroports domestiques.
Ceci permet à l’aéroport d’Incheon de faire
avancer ses projets plus facilement, toute
l’énergie de la corporation étant focalisée
sur un seul aéroport.
Bien qu’il existe plusieurs aéroports domestiques en Corée du Sud, depuis l’arrivée du KTX, la popularité des vols domestiques a grandement diminuée (Korail,
2015).
La Corée a bien développé son réseau de transport d’usagers et continue
d’essayer de réduire la saturation des
réseaux routiers, notamment dans la capitale. Cependant, la compagnie Hyundai
étant un des plus grand employeurs du
pays et continuant de prendre de l’expansion et du prestige à l’international, l’automobile aura toujours sa place dans l’économie du pays et sur les routes.
Transport de marchandises
Tout comme pour le transport de
personnes, les routes et les voies ferrées
du transport de marchandises s’adaptent
au rythme de l’essor économique de la
Corée. Sa situation géographique limite
cependant sa connexion à d’autres pays.
Par conséquent, l’industrie de la logistique
reliée au transport de marchandises est divisée en deux. Le transport outre-mer est
assuré surtout par voie maritime et, en ce
qui concerne le transport domestique, le
trafic de fret est concentré majoritairement
sur les routes.
Pour ce qui est de l’entrée des biens
dans le pays, les aéroports et les ports
d’Incheon, de Gimpo et de Busan en sont
principalement responsables. Par la suite,
les marchandises sont transférées dans
les grands centres de distribution. L’augmentation du trafic de fret a contraint le
gouvernement coréen à trouver des pistes
de solution pour réduire la congestion et
assurer la performance des activités industrielles et commerciales (OCDE, 2004)
telle que mises en place pour le transport
de personnes. L’intégration des technologies de l’information (TI) et le faible coût de
la main-d’œuvre comptent parmi les facteurs déterminants.
121 ttt
Transfert local des
biens
Pour transférer d’un endroit à l’autre
les marchandises à l’intérieur de la Corée,
les réseaux de transport routier et ferroviaire sont principalement utilisés. Le développement de ces réseaux a permis une
totale connexion entre les pôles économiques (Mappemonde, 2014) et crée le lien
vital entre les fournisseurs et les clients.
minimise, d’une manière significative, la
distance, les coûts de logistiques et le
temps de transport.
La Corée conçoit et investit dans des
infrastructures telles que les ports maritimes, les terminaux multimodaux et les
complexes de logistique pour assurer une
chaîne d’approvisionnement optimale.
Bref, des efforts ont été fournis pour améliorer la gestion de la chaîne d’approvisionnement du transport de fret et donc,
une meilleure intégration du transport des
marchandises (OCDE, 2003).
Manutention par rails
Le réseau ferroviaire coréen, couvrant près
de 3590 km et étant très efficace pour le
transport de personnes, assure seulement
4,5 % du trafic de marchandises (Kim,
2015). En 2004, deux entités distinctes
appartenant au gouvernement gèrent les
chemins de fer en Corée : l’Autorité coréenne du réseau ferroviaire (Korea Rail
Network Authority) qui se charge de l’infrastructure du réseau et le chemin de fer
de la Corée (Korea Railroad, abrégé Korail)
qui s’occupe des opérations. Bien que les
trains de Korail transportent une grande
quantité de marchandises, l’opérateur
national priorise davantage le développement du réseau ferroviaire pour le transport de personnes en raison de sa meilleure rentabilité.
En Corée du Sud, le transport de passagers et le transport de fret sont gérés
par une même compagnie nationale des chemins de fer, KORAIL. © MC
ttt 122
Réseau de distribution
Le réseau routier a été construit pour relier
la zone métropolitaine de Séoul à d’autres
grandes villes et, aujourd’hui, il s’étend sur
100 000 km environ. Ces routes assurent
près de 82 % du trafic de marchandises
(Kim, 2015). Les mesures adoptées, au fil
des années, expliquent l’efficacité de la logistique du transport de marchandises en
ville nonobstant la complexité des flux de
fret urbain dans un pays aussi dense que
la Corée. Le réseau en étoile du transport
de marchandises est adopté à l’échelle
nationale pour assurer la distribution efficace de cargaison dans les principales
villes. En effet, la configuration en étoile
Au Canada, le réseau ferroviaire
s’étend sur près de 46 000 km et génère
des revenus de 10 G$ sur une base annuelle (Transport Canada, 2012). Les 95 %
de ce revenu sont attribuables au transport de plus de 300 millions de tonnes de
cargaison en moyenne par année (Transport Canada, 2012), sans compter qu’il y a
plus d’un exploitant des voies ferrées dont
les dominants, à ce jour, sont le Canadien
National (CN) et le Canadien Pacifique
(CP). En 2011, le CN et le CP investissent
près d’un milliard de dollars chacun dans
les infrastructures liées aux voies, dans les
Réseau de distribution en étoile
(Réseau hub-and-spoke) Système dans lequel le hub constitue une tête de réseau à
partir de laquelle partent des lignes secondaires, régionales et domestiques.
centres de distribution, dans la croissance
du volume de marchandises transporté et
dans la mise à niveau des systèmes de
TI (Transport Canada, 2012). Sans aucun
doute, les compagnies de chemin de fer
canadiennes investissent en immobilisations pour améliorer l’efficacité, la fiabilité
et la mobilité du réseau ferroviaire en faveur du transport de marchandises.
Transport maritime
Contrairement au Canada, la manutention
de marchandises par train en Corée est
limitée. Toutefois, dans le transport maritime, la Corée du Sud s’est développée au
fil des années de manière exponentielle.
S’inspirant de leurs compétiteurs japonais,
les Coréens ont véritablement fleuri dans
le secteur de la construction navale. Ils ont
en effet su s’adapter à leur situation péninsulaire en utilisant leurs connaissances
en transport maritime pour se spécialiser
dans ce secteur.
ment. C’est un tout autre sort qui attend
l’industrie québécoise et canadienne.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le
secteur a connu, à son tour, une baisse
importante de commandes qui a obligé les
chantiers à se rabattre sur les navires commerciaux. Malgré les subventions à la production, les chantiers ne sont plus compétitifs au plan international (CSN, 2014). La
domination des pays aux faibles salaires
comme la Corée du Sud favorise la baisse
des prix internationaux des navires.
La construction
navale
Un peu d’histoire
Au début des années 1970, alors que le
Japon et l’Europe représentent 90 % de
l’industrie (CSN, 2014), la Corée du Sud
n’a aucune expérience lors de son entrée
en construction navale. En s’appuyant sur
une main-d’œuvre à moindres coûts et sur
des subventions importantes à la production, la construction navale est devenue
un symbole du miracle économique sudcoréen (Le Figaro, 2010). L’intervention
des pouvoirs publics a été déterminante
puisqu’en 2005 le pays devient le premier
constructeur mondial. La Corée a en sa
possession sept des dix plus gros chantiers de la planète et mise particulièrement
sur le haut de gamme. Les plus grands
chantiers navals de la planète s’étendent
sur quatre kilomètres dans la baie de Mipo
à Ulsan.
Malheureusement, suite à la crise
économique mondiale et à l’excès de
capacité de production occasionné par
le boom, le secteur connait un ralentisse-
L’immensité et la complexité de cette industrie de pointe
au chantier naval de Daewoo Shipbuilding. © MC
Du point de vue technologique, déjà
dans les années 1980, les chantiers canadiens sont considérés comme étant dépassés. Malgré cela, les chantiers québécois font actuellement preuve d’un niveau
d’activité en croissance. Non seulement le
plus grand chantier naval du Québec et du
Canada, le chantier Davie de Lévis, est-il
en pleine relance depuis deux ans, mais
plusieurs chantiers de moindre envergure
sont bien actifs dans des créneaux bien
précis (CSN, 2014). Pour le Québec, étant
la porte d’accès à l’intérieur du continent
nord-américain, il est nécessaire qu’au
moins un grand chantier maritime demeure afin que la province profite de son
accès facile à l’océan Atlantique et des
opportunités d’affaires générées par le
trafic maritime vers et en provenance des
Grands Lacs.
123 ttt
Les défis importants
Étant le deuxième secteur derrière la
pétrochimie, en termes d’apport de devises étrangères en Corée, les difficultés
de la construction navale ont un impact
sur l’économie nationale. Ses difficultés
s’ajoutent à celles de l’industrie en général, qui souffre du ralentissement économique mondial (Le Monde, 2014). De 2007
à 2014 à l’échelle mondiale, le nombre de
chantiers navals a été réduit de 629 à 429
et les prix des navires ont chutés récemment. Il y a aussi la faiblesse du yen qui
rend les bateaux japonais plus intéressants
en termes de prix que ceux des Coréens,
ce qui génère une fonte des commandes
du côté de la Corée. Les commandes ont
reculé de 17 % entre janvier et juin 2014 en
Corée (Le Monde, 2014).
chinois décrochent plus de commandes
de navires que les chantiers coréens en
s’accaparant 44,4 % des commandes
mondiales (Le Figaro, 2010).
Les faibles coûts des constructeurs
chinois sont la cause de la fonte des commandes en Corée du Sud et au Japon.
Les géants coréens comme les Industries Lourdes de Hyundai (Hyundai Heavy
Industries, abrégé HHI), la Construction
Navale et l’Ingénierie Marine de Daewoo
(Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering, abrégé DSME), ou les Industries
Lourdes de Samsung (Samsung Heavy
Industries, abrégé SHI) ont tout de même
une longueur d’avance dans les secteurs
à forte valeur ajoutée, soit les méthaniers,
les conteneurs et les plateformes de forage en haute mer dont la demande augmente à mesure que le pétrole se raréfie
(Le Figaro, 2010).
La Corée conserve tout de même sa
deuxième place mondiale jusqu’à maintenant. L’industrie de la construction navale
coréenne a des caractéristiques enviables
avec les 90 % en équipement que l’on
retrouve localement (KOSHIPA, 2014).
Les chantiers chinois doivent importer de
la Corée de nombreux composants onéreux comme les moteurs, les génératrices
d’électricité, les systèmes d’automatisation et du matériel de navigation (OCDE,
2009).
Le secret réside dans l’innovation
L’impressionnant chantier naval de Daewoo Shipbuilding & Marine
Engineering, le deuxième plus gros constructeur mondial. © MC
ttt 124
La Chine, la Corée et le Japon sont
devenus les principaux constructeurs
de navires marchands et fournissent aujourd’hui 80 % de la flotte mondiale. Depuis
une dizaine d’années, la Chine s’impose
comme un joueur très important. Sa progression est fulgurante comme dans bien
d’autres secteurs. En 2009, les chantiers
La Corée mise beaucoup sur sa capacité
d’innovation pour conserver son avantage concurrentiel. Son expérience, son
haut niveau de qualification de la maind’œuvre et ses équipements maritimes de
qualité sont des facteurs de succès stimulant l’industrie coréenne. Avec un environnement propice à la concurrence et à
la coopération, les constructeurs coréens
préparent l’avenir du secteur en développant en commun de nouvelles technologies novatrices (KOSHIPA, 2014). Pour
répondre à la demande actuelle de navires
de plus en plus gros, plus économes en
carburant et respectant les nouvelles
règles de protection de l’environnement,
les chantiers navals coréens accélèrent
leurs efforts pour attirer les commandes.
D’ailleurs, la plus grande entreprise canadienne de transport maritime international
de vrac, Fednav, s’oriente vers l’expertise
de la Corée pour la construction de briseglaces de taille supérieure. La preuve en
est que la Corée a su se distinguer par ses
prix compétitifs et par sa spécialité en ce
qui concerne la conception de navires de
plus grande taille.
Le rôle des ports
La spécialisation coréenne en
construction navale est indéniable. En
effet, avec pour seul accès terrestre la Corée du Nord, la Corée du Sud n’a d’autres
choix pour transiter ses importations et
exportations que d’utiliser le transport maritime. Ses ports se sont ainsi développés
au fil des années, particulièrement celui
de Busan, pour placer le pays aujourd’hui
parmi les plus grands joueurs asiatiques.
blic-privé (PPP). Plus spécifiquement, la
règlementation des ports coréens et leurs
institutions sont contrôlées par le gouvernement. Les lieux physiques, dépendamment des ports, sont propriétés à la fois
du public et du privé et les opérations portuaires sont gérées majoritairement par
des entreprises privées. Au-delà de ces
conventions, il y a le Ministère des terres,
du transport et des affaires maritimes (Ministry of Land, Transport and Maritime Affairs, abrégé MLTM) qui est détenteur des
ports commerciaux tandis que le Ministère
de l’agriculture et de la pêche (Ministry of
Agriculture and Fisheries, abrégé MAAIF)
possède les ports de pêche.
Histoire de l’administration
portuaire
L’autorité coréenne des terminaux à conteneurs (Korea Container Terminal Authority,
abrégé KCTA), établie en 1990, a été la première à obtenir le contrôle d’une douzaine
de terminaux dans cinq ports coréens. Sa
création a pour objectif de stimuler l’économie nationale à travers un développement et une administration efficace des
opérations de conteneurs.
Cependant, depuis 2004 lors de la
mise en place de la Loi des autorités portuaires de Busan, le KCTA a transféré l’ensemble de ses terminaux à conteneurs à
l’autorité portuaire de Busan (Busan Port
Authority, abrégé BPA). Le port d’Incheon
a également effectué cette réorientation
en 2005 lors de l’instauration de l’autorité
portuaire d’Incheon (Incheon Port Authority, abrégé IPA) (Reveley et Tull, 2008).
Ainsi, grâce à ce changement de direction,
le secteur privé a pu obtenir une place
plus prépondérante à l’intérieur des multiples ports de la Corée. Les opérations
logistiques et le développement des aménagements portuaires du pays sont donc,
de nos jours, le fruit d’un partenariat pu-
La quantité de marchandises transigeant par le port de Montréal est bien
moins qu’à Busan. © MC
Pour le Port de Montréal, celui-ci est
régi en partie par le domaine public, mais
également de manière à attirer davantage
d’investissements de compagnies étrangères. En effet, le gouvernement canadien est propriétaire du port et lègue les
opérations portuaires à l’Administration
portuaire de Montréal (APM), une agence
fédérale (Port de Montréal, 2014). L’APM
loue ensuite ses infrastructures à des
125 ttt
Busan
Vancouver
2013
Gwangyang
2011
2009
Incheon
Montréal
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Quantité de marchandises manutentionnées (en milliers d’EVP) dans les plus grands ports du Canada et de la Corée.
sources : Busan Port Authority, 2015; Port de Montréal, 2015, World Port Source, 2015
ttt 126
entreprises privées qui transbordent les
marchandises, comme Morgan Stanley,
détenteur de deux des trois terminaux à
conteneurs du Port de Montréal (Vallières,
2015).
Les ports coréens
En ordre d’importance, les plus grands
ports de Corée sont ceux de Busan, Gwangyang et Incheon.
Chacun des ports de ces villes est situé
dans une zone franche économique permettant un développement important ainsi
qu’un avantage attirant pour les compagnies non coréennes. Le gouvernement insiste donc sur ce levier économique pour
ériger ses métropoles en tant que centre
d’affaires notables au sein de la communauté internationale.
L’équivalent de ces zones franches n’est
pas observable dans les ports au Québec
Zone franche économique
Zone dérèglementée où il est possible
d’échanger, d’entreposer ou de manutentionner des biens via des frais spécifiques
moins élévés que dans le reste du pays. Une
telle zone a pour but d’encourager le développement économique de la région (Larousse, 2015).
ni même au Canada, mais le graphique cihaut permet une comparaison des principaux ports canadiens et coréens.
Le port de Busan
Le port de Busan, situé en un lieu stratégique au sud du pays, contient la majeure
partie de l’activité portuaire de la Corée. Il
accueille en effet 80 % des cargos conteneurs du pays, 40 % des cargos outremer et 40 % de la production nationale
de la pêche (World Port Source, 2015).
Les principales activités du port sont les
cargaisons : de textiles, d’électroniques,
de machineries, de produits chimiques et
d’acier et ses dérivés (Busan Port Authority, 2012). Pour 2014, le port a enregistré 18,7 millions EVP de marchandises
transitées, une augmentation notoire par
rapport aux 17,68 millions EVP en 2013.
Pour 2015, les prévisions du BPA sont de
manutentionner jusqu’à 20 millions EVP de
marchandises (JOC, 2015). Pour les nouÉquivalent Vingt Pieds (EVP)
Unité représentant un conteneur équivalent
de vingt pieds, utilisée pour représenter le
nombre de conteneurs dans les ports.
Les conteneurs habituels mesurent 20 ou 40
pieds.
Grains maritimes
Minerais de fer
Grains par rails et camions
entrées
sorties
Autres
Sel
Sucre brut
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
Entrées et sorties (en milliers de tonnes métriques) des principales marchandises de vrac solides du Port de Montréal en 2014.
source : Port de Montréal, 2014
velles sections du port de Busan, qui est
en pleine expansion dû à l’augmentation
de son trafic, les différentes phases sont
gérées par des sociétés privées telles que
Hanjin Shipping Co. et Hyundai Merchant
Marine Co (Busan Metropolitan City, 2014).
sur une croissance annuelle continue pour
2015. Étant donné sa proximité profitable
avec la Chine, le port d’Incheon a pour objectif d’accumuler le transit de 2,6 millions
EVP de marchandises cette année (Shin,
2015).
Port d’Incheon
Le port de Montréal projette également une augmentation du trafic et a décidé d’augmenter en conséquence l’espace
de stockage disponible pour les conteneurs.
La visite de Poly-Monde au Port de Montréal a permis de déterminer que, grâce au
financement de Transport Canada s’élevant à 14,8 M$, la zone utilisable s’agrandira de 13 % aux terminaux Viau et Maisonneuve, passant d’une capacité de 1,5
millions EVP à 1,7. La figure ci-haut illustre
les principales marchandises transitées au
Port de Montréal en 2014. Notons ainsi la
nuance entre l’absence de manutention de
textiles pour Montréal contrairement au
port de Busan pour qui les textiles représentent le principal contenu de cargaison.
La quantité de grains manutentionnés,
par voies ferroviaire, routière et maritime
est également très importante au port de
Montréal alors qu’en Corée, il s’agit d’un
aspect négligeable.
Bien que le port d’Incheon soit moins occupé que celui de Busan, son emplacement près de la capitale, Séoul, l’avantage
certainement. Effectivement, le port est
aux portes de la région de Gyeongin, où
s’observe une des plus importantes croissances économiques du pays.
Concernant la logistique du port, un ensemble de 15 compagnies gèrent l’exploitation de ses installations, notamment
Daewoo Logistics et CJ Korea Express.
Hanjin Shipping gère également avec CJ
Korex le terminal de conteneurs du Port
d’Incheon où circulent principalement
des grains, des voitures et des marchandises générales. La partie nord du port se
spécialise en manutention de fer avec la
présence de la compagnie Hyundai Steel
(World Port Source, 2015).
Ayant enregistré 2,16 millions EVP en trafic lors de 2013, puis 2,33 milions EVP en
2014, l’IPA (Incheon Port Authority) mise
127 ttt
ttt 128
Défis
Les mégas navires
En plus de l’augmentation indéniable
du trafic maritime, le principal défi auquel les ports coréens devront faire face
est celui de l’introduction dans le marché des méga navires pouvant contenir 18 000 EVP, déjà utilisé par Maersk,
la plus grande compagnie au monde de
transport de conteneurs.
Le but des grandes compagnies de
transport maritime est de profiter des
économies d’échelles grâce à une augmentation faramineuse du volume de
marchandises transportées par chaque
bateau. Effectivement, on a des économies d’échelles quand l’accroissement
de la quantité transitée fait en sorte que
les coûts unitaires sont moindres. Ainsi,
alors que la quantité de conteneurs augmente, les coûts liés au transport par
navire diminuent.
Malheureusement, il y a présence de
déséconomies d’échelles pour les autorités portuaires puisque les ports doivent
débourser davantage pour construire de
nouvelles installations permettant d’accueillir la cargaison de ces navires. Pour
l’ensemble des ports, les dépenses à
fournir n’engendrent donc pas de profits
dans l’immédiat et causent des pertes,
provoquant alors ce qu’on appelle des
déséconomies d’échelles.
À ce jour, le port de Busan n’a pas assez de
grues suffisamment rapides pour assurer
un transit efficace de ce type de bateau,
tout comme le reste des ports coréens.
Toutefois, la Chine transforme rapidement ses installations pour s’adapter à
cette nouvelle réalité, rendant la compétition d’autant plus tangible. Montréal,
pour sa part, n’a tout simplement pas le
caractère géophysique adéquat dans le
fleuve Saint-Laurent pour accueillir les
navires de 18 000 EVP.
Particularités du Port de Montréal
L’accès au Port de Montréal est en fait
initialement très complexe étant donné
les particularités du fleuve et nécessite, pour tout navire, la présence d’un
pilote spécialisé pour naviguer entre Les
Escoumins et Montréal. Les institutions
du fleuve Saint-Laurent font d’ailleurs
l’objet de plusieurs critiques concernant
l’insuffisance des infrastructures portuaires. Par exemple, le Port de Québec
a un faible nombre de grues pour décharger la marchandise en vrac. Conséquemment, il y a parfois plusieurs jours
d’attente pour les paquebots désirant
charger et/ou décharger leur cargaison
d’un navire l’autre.
La compagnie Canada Steamship Lines
(CSL), basée à Montréal, a su contourner
cette faille grâce à son système d’autodéchargeurs qui ne nécessite aucune infrastructure portuaire. N’étant toutefois
pas le cas de toutes les compagnies de
transport maritime, les ports québécois
perdent de leur attrait. Toutefois, lors de
la visite de Poly-Monde au Port de Montréal, l’administration nous a informés
qu’ils tentaient d’y remédier, entre autre
avec l’augmentation de la capacité de
leurs terminaux, cité plus haut.
Intégration des TI
Dans un marché toujours plus compétitif avec des défis constants, le Ministère
des affaires maritimes et des pêches
(Ministry of Maritime Affairs and Fisheries, abrégé MOMAF) en Corée a créé et
implanté un système opérationnel informatisé pour l’administration de l’information dans ses ports. Les entrées et
sorties des navires sont ainsi recensées
à l’intérieur du système d’échange de
données informatisées (EDI) qui permet
une communication de machine à machine. De plus, les ports coréens sont
tous interconnectés à travers un réseau
informatique (Port-MIS) qui permet d’obtenir en temps réel toute information sur
les arrivées/départs, les facturations,
les prises de décisions, les installations
portuaires, etc. (IMO, 2004). L’EDI et le
Port-MIS permettent ainsi d’épargner
sur le nombre de bureaux, de coûts de
logistiques et de main-d’œuvre en plus
d’augmenter l’efficacité des infrastructures. Un système ouvert, standardisé
et centralisé des ports assure de cette
façon la diminution de la congestion portuaire et garde la Corée du Sud au cœur
de la compétitivité internationale.
Transport de l’énergie
La stratégie établie par chaque pays
dans le monde afin de combler la demande énergétique locale est assurément
influencée par les ressources présentes
sur son territoire. C’est d’ailleurs le cas
du Québec qui a choisi l’hydroélectricité
pour produire presque la totalité de son
électricité. La Corée qui est, quant à elle,
dotée de très peu de sources d’énergie n’a
donc d’autres choix que de se tourner vers
l’importation afin d’alimenter les différents
consommateurs (International Energy
Agency, 2012). Une logistique importante
de transport est donc mise en place pour
permettre au consommateur de bénéficier
de l’énergie.
gétiquement durant une certaine période
advenant un arrêt soudain de l’approvisionnement. Il est intéressant de savoir
que le Canada n’a pas à tenir de telles
réserves selon les normes de l’IEA étant
donné la grande quantité de ressources
qu’il possède (IEA, 2015). De nombreux
projets d’exploration ainsi que de production à l’international sont aussi mis
de l’avant en Corée. Ces projets sont
souvent effectués par des conglomérats
constitués d’entreprises de différents
pays ayant un certain intérêt par rapport
aux ressources qui peuvent être extraites
des sites après la construction.
Politiques énergétiques
Depuis 2002, la Corée fait partie de l’International Energy Agency (IEA). Évidemment, de nombreux choix concernant
l’énergie de la Corée sont influencés par
les normes établies par cette organisation. Il est donc important de saisir en quoi
consiste ce regroupement afin de mieux
comprendre par la suite les décisions
prises par le gouvernement coréen dans
le domaine énergétique. L’IEA regroupe 29
pays et a pour but de s’assurer que ses
différents pays membres ont une énergie
fiable, abordable et propre. L‘IEA axe entre
autre ses activités sur la sécurité énergétique, le développement économique ainsi
que la protection de l’environnement (IEA,
2015).
Dans le but de soutenir les objectifs de l’IEA et également de pallier les
faibles ressources naturelles locales,
une politique de sécurité énergétique a
été mise sur pied en Corée. Un des aspects importants de cette politique est
la diversification des pays d’importation
de l’énergie. Dans le cas d’une situation
imprévue, telle une catastrophe naturelle
dans un des pays fournissant des ressources, la Corée ne serait ainsi pas privée de ses sources d’énergie. Des quantités minimales de réserves d’énergie ont
également été fixées dans le pays. Cela
permet à la Corée d’être autonome éner-
La Mission 2015 en visite au Ministère du Territoire, des Infrastructures et du
Transport, acteur majeur de la gestion des ressources énergétiques
en Corée du Sud. © MC
Également dans le but d’améliorer le bilan énergétique coréen, d’autres
politiques sont mises en place concernant l’environnement. La Corée possède
actuellement la plus faible proportion
d’énergie renouvelable de l’OCDE. Le
gouvernement désire donc instaurer un
programme afin d’augmenter l’exploitation de ce type d’énergie. Toujours dans
l’objectif de mieux respecter l’environnemental, la Corée s’est engagée à réduire
ses émissions de gaz à effet de serre de
30 % d’ici 2020 (IEA, 2012). Comment ce
pays réussira-t-il à atteindre ces objectifs
considérant les sources actuelles d’énergie utilisées?
129 ttt
Sources primaires
d’énergie
Afin de produire l’énergie nécessaire
pour répondre à la demande coréenne,
une variété de sources d’énergie primaires
sont utilisées. L’apport énergétique provient majoritairement du pétrole (36 %)
et du charbon (31 %), mais le gaz naturel
(16 %) ainsi que de l’uranium (15 %) sont
également présents en Corée. L’énergie
renouvelable représente quant à elle seulement 2 % de l’approvisionnement (IEA,
2012).
Notre situation énergétique
Évidemment, la réalité canadienne et
québécoise n’est pas la même en ce
qui concerne les enjeux énergétiques.
Contrairement à la Corée, les ressources
présentes localement permettent au pays
de se rapprocher d’une indépendance
énergétique. La consommation énergétique québécoise provient majoritairement
du pétrole (40 %), de l’électricité (39 %)
ainsi que du gaz naturel (13 %) (Boulanger,
2015). De la portion électricité, c’est 99 %
de celle-ci qui provient de l’hydroélectricité (Hydro-Québec, 2015). Cette ressource
renouvelable présente en grande quantité
au Québec joue un rôle important dans
l’indépendance énergétique québécoise.
Pour ce qui est du pétrole et du gaz natu21%
29%
Indonésie
Malaysie
7%
Yemen
Autres
La production nationale de gaz naturel en
Corée ne représentait en 2012 que 0,3 %
de la consommation totale. Dans le but de
faciliter l’importation de cette ressource,
la Corée du Sud a voulu mettre sur pied
un projet de pipeline la reliant à la Russie.
Cependant, la Corée du Nord s’oppose
farouchement à cette idée. Comme c’est
le cas pour de nombreux autres secteurs,
la Corée se retrouve donc totalement dépendante de son commerce maritime. Les
différents navires contenant du gaz naturel
proviennent de plusieurs pays pour respecter la politique de sécurité énergétique.
Actuellement, aucune de ces importations ne provient du Canada. Cependant,
l’entrée en vigueur de l’accord du libreéchange augmentera certainement la part
du Canada dans les sources d’importation
du gaz naturel en Corée (Government of
Canada, 2015). Lors du transport par bateau du gaz naturel, il est peu pratique de
le déplacer sous sa forme gazeuse, soit
celle que l’on observe à température et
à pression courante, étant donné qu’elle
prend une quantité importante d’espace.
La solution à ce problème consiste à le
transformer en gaz naturel liquéfié (GNL)
Gaz Naturel Liquéfié
11%
21%
11%
Pays d’origine des importations de gaz naturel en 2012.
source : Energy Supply Security, 2014
ttt 130
Gaz naturel
Pour ce qui est du Québec, le gaz naturel consommé provient majoritairement
de deux endroits, soit le sud de l’Ontario et
de l’Alberta (Gaz Métro, 2013b). Le transport de cette source d’énergie se fait par
pipeline à travers le Canada, ce qui per-
Qatar
Oman
rel, ils proviennent de l’Ouest canadien, du
sud de l’Ontario ou de pays étrangers via
les ports de l’Est du Canada. Grâce aux
ressources québécoises et canadiennes,
l’importation de ressources naturelles est
faible comparativement à la Corée (Chassin, 2013).
La température du gaz est réduite à -162 °C,
ce qui amène le gaz à l’état liquide et permet
de diminuer son volume de 600 fois. De plus,
l’état liquide permet de conserver le gaz naturel à pression ambiante, diminuant du même
coup les risques d’explosion. Cette solution
est optimale pour le commerce maritime qui
est limité en espace mais pas en poids.
met au Québec d’éviter la procédure de
liquéfaction pour l’acheminement. La province utilise cependant la technologie du
gaz naturel liquéfié pour d’autres utilités
tel que le carburant des véhicules lourds.
L’usine LSR de Gaz Métro permet de liquéfier le gaz naturel arrivant par pipeline, de
stocker le GNL ainsi que de procéder à la
regazéification lorsque nécessaire (Gaz
Métro, 2013a). Cela permet aussi à Gaz
Métro de faire des réserves qui peuvent
par la suite être utilisées lorsqu’il y a une
augmentation importante de la demande.
La place de la Corée dans le
secteur du GNL
Ayant un grand besoin en importation
de gaz naturel, la Corée s’est lentement
démarquée au niveau mondial pour son
expertise dans le processus de transformation en gaz naturel liquéfié, jusqu’à devenir maintenant le plus grand importateur
mondial de GNL. Ce sont actuellement
quatre ports méthaniers qui sont en place
pour accueillir les nombreux bateaux arrivant en Corée avec le gaz naturel liquéfié.
Un cinquième terminal est présentement
en construction à Samcheok (IEA 2012).
L’emplacement du futur port méthanier permet de présumer que celui-ci est
Installations gazières en Corée du Sud. © MC
bâti pour subvenir aux besoins de cette
région, mais aussi en prévision d’importations méthanières provenant de l’Est de la
Corée.
Étant donné que les États-Unis se
rapprochent de l’autosuffisance en termes
de gaz naturel en raison de l’exploitation
accrue du gaz de schiste, on assiste donc
à une diminution de l’exportation du gaz
naturel canadien vers les États-Unis. Le
gouvernement se tourne donc vers le marché international. Actuellement, ce sont 17
projets de terminal d’exportation qui sont
en processus d’examen au Canada (Gouvernement du Canada, 2014). La Corée
pourrait ainsi être intéressée par les ressources qui seront exportées à partir de
ces terminaux. Les investissements effectués par la Corée dans LNG Canada permettent également de croire à de futurs
échanges.
Marché du gaz naturel
Ce sont 37 navires de transport de GNL qui
ont été commandés à Daewoo Shipbuilding en 2014, contre seulement 7 en 2013.
Il est ainsi possible de croire que la chute
du prix du pétrole éloigne la compagnie
de construction navale de la production
de matériel d’extraction du pétrole vers la
source : Energy Supply Security, 2014
131 ttt
distribution du gaz naturel. Comme l’expansion de l’exploitation de gaz de schiste
est très importante mondialement, l’expertise de la Corée dans le transport de gaz
naturel lui sera très bénéfique dans les
prochaines années. Cette source d’énergie lui permettra également de réduire son
impact environnemental.
Pétrole
Plusieurs similitudes entre l’organisation
du transport pétrolier et gazier sont existantes en Corée; une société d’État en
charge d’alimenter le pays, une ressource
importée à 99 %, etc. Cependant, contrairement au gaz naturel, le gouvernement a
comme plan de diminuer la part du pétrole
dans son bilan énergétique. Il est certain
que cet objectif est ambitieux vu les ressources présentes en sol coréen, mais
elle permettra de réduire l’empreinte écologique de la Corée, le gaz naturel étant
moins polluant que le pétrole.
Importations de pétrole
Malgré l’effort pour varier ses sources d’importation, la forte dépendance de la Corée
envers le Moyen-Orient est évidente. En
2011, c’est 87 % du pétrole brut qui provenait du Moyen-Orient. Cette région est suivie par l’Asie, la Russie et l’Indonésie. Afin
de diversifier les sources d’importation,
le gouvernement a mis sur pied des programmes de subventions encourageant
Saudi Arabia
Kuwait
Qatar
Émirats arabes unis
Iraq
Iran
Autres
Pays d’origine des importations de pétrole en 2012.
source : Energy Supply Security, 2014
ttt 132
l’importation provenant d’autres sources
que le Moyen-Orient.
Transport du pétrole
Il est clair qu’afin de transporter tout ce
pétrole, de nombreux pétroliers doivent
se déplacer jusqu’aux différents ports présents sur le sol coréen. Jumelant son fort
besoin pour l’acheminement de pétrole et
ses connaissances dans le domaine de
la construction navale, la Corée a fait de
nombreuses avancées reliées aux pétroliers (DMSE, 2015). Daewoo travaille entre
autres sur la construction de bateaux
foreurs simplifiant le processus lors de
l’extraction des ressources. De plus, cette
compagnie coréenne construit actuellement une raffinerie flottante pour l’entreprise française Total d’une valeur de 2,1
milliards de dollars pour raffiner au large
de l’Angola ce qui permettra de limiter le
transport de pétrole brut. Cette technologie évitera également le transport du
pétrole dans les régions développées pour
procéder au raffinement et, par la suite, le
réacheminement dans les régions moins
développées près du site d’exploitation.
Charbon
Le charbon est actuellement très utilisé
comme source d’énergie en Corée avec
31 % de la consommation énergétique
primaire. La présence en sol coréen d’une
certaine quantité de cette ressource est
évidemment favorable à son usage. De
plus, en Asie-Pacifique, le prix des importations de gaz naturel liquéfié est en grande
partie indexé au prix du pétrole. Le coût de
cette ressource est donc plus élevé qu’à
plusieurs autres endroits. Ce phénomène
donne ainsi un avantage à l’utilisation du
charbon. La grande consommation de
cette ressource en Corée lui donne le titre
de troisième plus grand importateur mondial de charbon.
Malgré le fait que le charbon soit
avantageux économiquement, il est certain que ce type de ressource ne correspond pas aux politiques environnementales mises en place. En fait, la production
du chauffage ainsi que de l’électricité à
base de charbon ont représenté 30 % des
émissions de gaz à effet de serre en 2010.
Dans le but d’atteindre ses objectifs énergétiques, le gouvernement réduit donc
graduellement les subventions qui étaient
instaurées dans le secteur du charbon.
Il est cependant évident qu’il sera
difficile de faire disparaitre le charbon en
Corée. C’est pour cette raison que différentes recherches sont faites concernant
le « charbon propre ». Ce concept consiste
à réduire les émissions de gaz à effet
de serre créées lors de la production de
l’électricité. La capture et l’entreposage du
carbone est une technologie utilisée dans
cette optique. Il est ainsi intéressant de
voir que des efforts sont faits afin d’améliorer les processus reliés au charbon pour
minimiser les impacts sur l’environnement
créés par cette ressource.
Uranium
Avec la situation énergétique de la Corée ainsi que les avantages de l’énergie
nucléaire par rapport aux autres sources
d’énergie du pays, le gouvernement lui accorde une place importante. Étant le type
d’énergie avec le plus faible coût du pays,
cela confère à l’uranium un atout considérable (KAERI, 2015). De plus, le nucléaire
est une option intéressante afin de progresser du côté environnemental ce qui
est plus ardu avec les énergies fossiles.
Puisque l’énergie atomique conservera sa
place dans le secteur énergétique coréen,
le gouvernement effectue de nombreux
projets de R&D en collaboration avec l’Institut coréenne de recherche sur l’énergie
atomique dans le but d’améliorer les processus reliés à ce type d’énergie (Korea
Atomic Energy Research Institute, abrégé
KAERI) (Bataille et Birraux, 2011).
La part de l’énergie nucléaire au Québec est évidemment très différente. En fait,
au moment où les québécois apprennaient
la fermeture de Gentilly-2 en 2012, c’était
23 centrales nucléaires qui étaient en opération en Corée. À ce moment, cinq autres
étaient en construction.
Impacts de Fukushima
Suite aux événements de Fukushima en
2011, plusieurs personnes se sont évidemment rassemblées afin de montrer leurs
désaccords face à l’énergie nucléaire. Le
gouvernement a alors mis sur pied plusieurs mesures afin de rassurer la population coréenne quant à l’utilisation de ce
type d’énergie. Malgré les insécurités, la
population n’a eu d’autre choix que de se
rendre à l’évidence qu’il était difficile de se
départir de cette source d’énergie afin de
combler la demande ainsi que de diminuer
les émissions de gaz à effet de serre.
Il est évident que les enjeux de la
sécurité et des déchets radioactifs sont
maintenant très importants lorsqu’il est
question d’énergie nucléaire en Corée. Une
organisation, Korea Radioactive Waste
Management (KRMC), a d’ailleurs été mise
sur pied en 2009 afin de résoudre les problèmes reliés à ces déchets. La construction d’un site permettant d’accueillir ces
résidus a également débuté en 2007 afin
de s’assurer qu’ils soient dans un endroit
sécuritaire. Cependant, ce site ne pourra
accueillir que les déchets radioactifs de
niveau faibles ainsi que moyens, le problème persistera donc pour les déchets de
type élevés.
Au KIER, centre de recherche en énergie, les énergies renouvelables sont
mises de l’avant. © MC
Énergies renouvelables
La présence de l’énergie renouvelable en
Corée est présentement très faible. Cependant, de nombreux projets de recherche
sont effectués à l’Institut coréenne de
l’énergie (Korea institute of energy re-
133 ttt
search, abrégé KIER) afin d’augmenter la
proportion de ce type d’énergie dans le
pays. Même si plusieurs idées sont élaborées dans ce centre de recherche, il n’est
pas simple de les mettre en pratique dans
le pays par la suite. Afin de les instaurer, le
gouvernement a obligé de grandes entreprises à installer des panneaux solaires
pour produire une partie de l’énergie qu’ils
consomment (KIER, 2015).
Il n’est évidemment pas simple de
produire l’énergie nécessaire pour subvenir aux besoins de la Corée. Il est cependant intéressant d’observer les technologies qui sont mises sur pied afin de
simplifier l’approvisionnement et diminuer
la dépendance du pays.
De la production à
la consommation
L’électricité de la Corée est principalement générée grâce au charbon
(45,2 %), au nucléaire (29,1 %) et au gaz
naturel (21,2 %). Ces formes de production d’énergie amènent des contraintes de
positionnement pour les centrales qui sont
bien moins exigeantes que pour une production éolienne ou hydro-électrique. Cela
permet donc de diminuer les distances
à parcourir entre la production d’électricité et sa consommation. Par contre, ces
formes de production sont dépendantes
des ressources naturelles importées, et il
est donc avantageux d’installer ces centrales près des côtes pour diminuer les
coûts de transport.
Type de ligne de
transmission
Corée du Sud
Québec
735 kV / 765 kV
835 km
11 683 km
345 kV / 315 kV
8653 km
5438 km
69 kV à 230 kV
21 530 km
12 293 km
231 km
1218 km
Courant continu
Longueur du réseau électrique en Corée du Sud et au Québec.
sources : IEA, 2012 et Hydro-Québec, 2014
ttt 134
Au Québec, puisque la production
provient à 99 % de l’hydroélectricité, nous
sommes complètement dépendants de
l’hydrographie pour l’installation de nos
centrales. Elles doivent trouver un cours
d’eau offrant un débit, une puissance ainsi
qu’un bassin de rétention assez importants
pour offrir capacité et stabilité au réseau
électrique. Pour cette raison, les centrales
sont éloignées des grandes villes, ce qui
engendre d’importants défis relativement
au transport d’énergie dans la province
(Hydro-Québec, 2015).
En premier lieu, il est intéressant de
remarquer que le Québec possède près de
14 fois plus de lignes à 735 kV que la Corée
du Sud. Une seule ligne existe en Corée,
et elle traverse l’île de l’Est à l’Ouest, partant de la centrale nucléaire près d’Uljin et
passant près de Séoul avant de rejoindre
la centrale au charbon de 4 GW de Dangjin. L’objectif de ces lignes à très hautetension est de réduire les pertes de charge
dans les fils ainsi que l’empreinte terrestre
laissée par les pylônes. Le courant étant
l’élément limitant lors du transfert d’énergie, il est possible de palier cela en augmentant la tension. C’est d’ailleurs au
Québec que s’est développée la technologie pour monter la tension à 735 kV, dans
les années 1970. Dans le cas du Québec,
les lignes descendent des grands bassins
hydrographiques du Nord et du Nord-Est
jusqu’au Sud, dans la région métropolitaine de Montréal et jusqu’aux États-Unis
(Hydro-Québec, 2015).
La Corée ayant une population beaucoup plus élevée que le Québec, il est normal qu’elle possède plus de lignes pour
distribuer son électricité. Par contre, le
ratio n’est pas proportionnel à la population. Ceci est dû à la forte concentration
de la population coréenne dans des complexes d’habitations très denses, limitant
du même coup l’étendue du réseau (KEPCO, 2015b).
De plus, grâce à toute l’expertise
acquise, KEPCO exporte maintenant ses
services à titre de consultant en maints
endroits dans le monde. Hydro-Québec,
quant à elle, a offert cette expertise pendant une courte période avant de mettre
fin à ce programme dans les années 2000
(Boulanger, 2015). C’est intéressant de relever cette différence majeure entre KEP-
Le réseau de lignes électriques en Corée du Sud. © MT
CO et Hydro-Québec : respectivement,
l’un envoie des équipes de consultants à
l’étranger et l’autre se contente de vendre
ses technologies à des entreprises à travers le globe.
La ligne en courant continu en Corée
relie le continent à l’île de Jeju. La présence d’une ligne à courant continu est
particulièrement utile lorsque la ligne est
longue de plus de 1000 km. Ceci permet
de réduire les pertes et de synchroniser
deux réseaux en courant alternatif différent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
Hydro-Québec possède une ligne à hautetension en courant continu de 1218 km,
du complexe La Grande jusqu’aux ÉtatsUnis. Puisqu’Hydro-Québec est sur un
réseau indépendant de celui du Nord-Est
américain, cette ligne permet d’isoler son
réseau face aux problèmes pouvant survenir chez nos voisins du sud.
La Corée a utilisé le même système,
mais sur une beaucoup plus petite dis-
tance. C’est un avantage de ce type de
ligne lorsque le trajet se fait sous l’eau.
En effet, la résistance capacitive d’un
câble sous-marin est beaucoup plus forte
avec un courant alternatif qu’un courant
continu. L’île de Jeju est le pilier du programme d’énergies renouvelables coréen
puisqu’elle possède 60 % du potentiel
national en énergie éolienne. Il est donc
essentiel que celle-ci soit reliée au réseau
continental. L’énergie éolienne est très
instable. Elle offre une puissance aléatoire
et ne peut donc pas suivre les cycles de
la demande énergétique. Pour permettre
l’offre d’un service de qualité aux habitants
de l’île, il aurait été possible de compenser cela avec des centrales locales à base
d’énergie fossile. Il fût jugé plus pertinent
de relier Jeju au réseau national et, donc,
de pouvoir profiter des surplus d’énergie fournis par les éoliennes lorsque la
demande n’est pas au rendez-vous localement. Une autre solution pour réguler le
réseau réside dans l’utilisation de la technologie du réseau électrique intelligent.
135 ttt
L’arrivée du réseau intelligent
Le réseau électrique intelligent (communément appelé Smart Grid), consiste en
l’utilisation des TI afin de réguler la distribution d’énergie électrique dans un
système. Cette solution permet d’optimiser la production et la consommation de manière à augmenter l’efficacité
énergétique du système et d’incorporer
plus facilement la production d’énergies
renouvelables.
C’est en 2009 que la Corée lance
sa phase de recherche et développement du réseau intelligent sur l’île de
Jeju. Le financement provient à 30 % du
gouvernement, 10 % de KEPCO et 60 %
de compagnies privées telles que LG,
HYUNDAI ou SK. L’objectif est de développer la technologie innovatrice du
réseau intelligent pour ensuite l’implanter dans tout le pays, réduisant ainsi la
production de gaz à effet de serre. Ne
s’arrêtant pas là, les Coréens désirent
exporter le concept à l’international
(KEPCO, 2015a).
Les problèmes énergétiques se
trouvent plus souvent au niveau de la
capacité du réseau lors des moments de
forte demande plutôt que de la quantité
moyenne demandée. Pour régler ces problèmes, le réseau intelligent permet de lis-
ser la demande, en régulant les appareils
plus énergivores, de manière à repousser
ou devancer leur utilisation face aux pics
de demande énergétique.
Par exemple, pour éviter qu’un chauffeeau ne se mette en fonction en période de
pointe, il est possible de le programmer
afin de retarder son démarrage.
Au Québec, le réseau intelligent en
est encore à ses balbutiements, avec l’installation des compteurs intelligents bientôt complétée. Les nouvelles bornes de
recharge pour les véhicules électriques
suivent le même modèle, en déphasant
leur utilisation en fonction des périodes de
pointe, grâce une communication importante entre les opérateurs des bornes et
Hydro-Québec.
Cent pour cent en 2030, voici l’objectif visé par le gouvernement coréen
pour l’île de Jeju ; le réseau intelligent
implanté entièrement, 100 % de véhicules
électriques et 100 % d’électricité provenant de sources renouvelables. Ces objectifs très imposants font de l’île le fer de
lance des politiques de croissance verte
du pays.
Comme on a pu le constater, les
politiques énergétiques de la Corée sont
intimement liées à son isolement géogra-
La Mission 2015 en visite au KAIST, lieu de développement des technologies de transport les plus avancées. © MC
ttt 136
La topographie de la Corée pose de réels défis au développement des lignes à haute tension. © MC
phique ainsi qu’au cruel manque de ressources naturelles.
Pour pallier ces problèmes, le pays a su
faire preuve d’ingéniosité en diversifiant
ses sources d’approvisionnement et en
construisant un réseau de distribution bien
adapté à ses besoins.
En profitant de ses avancées dans les
technologies de l’information pour se
développer une expertise dans le réseau
intelligent, le pays a su planifier son avenir
intelligemment.
Synthèse
Avec une grande population sur un si
petit territoire accidenté et faiblement dotés en ressources naturelles, les Coréens
ont su s’organiser efficacement pour développer la mobilité à l’intérieur des villes
et entre ses grands centres urbains.
Son réseau de transport en commun dans
la ville de Séoul attire régulièrement des dirigeants d’à travers le monde qui viennent
s’en inspirer.
Avec une économie manufacturière très
productive, le pays a construit des ports
d’une ampleur sans pareil.
Et malgré une dépendance complète pour
l’importation de ressources énergétiques,
elle a su développer des partenariats à
l’international pour s’assurer un apport
constant, une sécurité.
Étant dotée d’une vision à long terme élaborée, déjà des plans sont sur la table pour
une voie ferrée la reliant avec le monde en
cas d’entente avec la Corée du Nord, reste
à voir si les impératifs économiques auront
raison des conflits.
137 ttt
La cérémonie de la garde au palais de Gyeongbokgung, Séoul. © MC
« À la fin du labeur vient le bonheur. »
- proverbe coréen
Conclusion
et références classées par chapitre
139 ttt
Visite chez Samsung C&T. © MC
Un voyage rempli de surprises
La Corée du Sud, aujourd’hui 15e
puissance mondiale, possède une des
plus fortes croissances de productivité
parmi les pays de l’OCDE. Chose peu surprenante lorsque l’on s’aperçoit que la
moyenne d’heure travaillée par an dépasse
les 2300 heures et que 49 % des Coréens
ont un diplôme universitaire (Choi, 2015).
Grâce aux efforts gouvernementaux
et à une population déterminée à faire
de son pays quelque chose de toujours
d’or afin d’aider le pays à sortir d’une des
pires crises économiques de son histoire
(BBC News, 1998).
Cet endroit du monde qui est une
péninsule sur carte géographique, devient
une île lorsqu’on l’inspecte avec une lentille géopolitique, étant donnée sa situation particulière avec la Corée du Nord.
Malgré cela, cette localisation demeure
idéale en plein cœur de l’Asie du NordEst, région comptant pour un cinquième
de la population et 30% du PIB mondial.
Elle inonde notre quotidien avec sa hallyu,
que certains découvrent par la musique
tandis que d’autres tombent pieds pardessus tête pour ses télé-séries aux thématiques universelles telles que l’amour
et la famille.
Et si ce n’est pas de sa culture que vous
avez eu vent, alors sûrement avez-vous
déjà été en présence d’une des multiples
avancées technologiques provenant de la
Corée du Sud qui parsèment nos vies.
Ce qui ressort de notre visite en
Corée
La Mission à la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. © MC
ttt 140
meilleur, elle est aussi passée du statut
de pays bénéficiaire de l’aide publique au
développement à celui de donateur important. Depuis 2010, elle fait même partie du
Comité d’Aide au Développement (CAD).
Bien difficile d’ignorer l’effort de la population coréenne en entier lorsque celle-ci fait
la queue pour donner bijoux et autre pièce
Les ressources rares de capitaux et de ressources humaines sont allouées en priorité
aux chaebols. L’État coréen a aussi réalisé
un important effort en termes d’éducation,
ce qui a permis de fournir aux entreprises
une main-d’œuvre très qualifiée. Cependant, ces étudiants de tous âges passent
un nombre d’heures quasi inhumain pour
essayer de percer le marché du travail et
obtenir un poste dans l’une de ces prodigieuses compagnies.
Le gouvernement semble vouloir contrer
cette tendance à l’aide de programme favorisant les PME et l’entrepreneuriat, mais
l’importance liée au statut qu’apportent
ces titans reste extrêmement difficile à
combattre.
La Corée demeure un meneur au niveau technologique, cela est indéniable.
Autant au Québec qu’au Canada, il y a
beaucoup à apprendre concernant tout ce
qui est question de transport en commun,
surtout lorsque l’on prend pour exemple
une ville comme Séoul, qui arrive à desservir un peu plus de 25 millions d’habitants.
Pour un tel débit, la propreté et l’efficacité
des services étaient étonnantes.
un peu moins de 60 ans suite à la guerre
de 1950 à 1953 lors de laquelle les deux
super-pouvoirs, en l’occurrence l’Union
Soviétique et les États-Unis, utilisent la
Corée comme terrain de jeu pour leur
guerre par procuration. La Corée a souffert d’une destruction incontestable lors
de ces 3 années et malgré cela a réussi à
renaître de ses cendres pour devenir une
force à ne pas négliger.
Une autre partie importante de la
culture coréenne est la forte consommation de jeux vidéo, qu’elle soit récréative
ou compétitive. Les Sud-Coréens sont
si avides de ces jeux en ligne que l’État
a jugé bon d’instaurer une « loi Cendrillon », loi interdisant aux enfants de moins
de 16 ans à se connecter à Internet entre
minuit et 6 heure du matin.
Dotée d’une riche histoire, d’une
langue bien unique ainsi que d’un alphabet
qui lui est propre (hangeul), la Corée dans
son état actuel demeure un jeune pays indépendant. En effet, l’avenir semble bien
prometteur pour ce pays au matin calme.
Le développement d’applications
mobiles et la conception de jeux vidéo
sont des domaines en pleine explosion à
Montréal, Toronto, Vancouver ainsi qu’à
d’autres centres urbains du Canada.
On peut même voir un intérêt grandissant
pour les « sports électroniques » (esport)
au Canada, avec des compagnies comme
Cineplex qui investissent des millions de
dollars pour permettre le visionnement et
la tenue d’évènements de ce type partout
au Canada (Henderson, 2015). Intérêt certainement influencé par des pays comme
la Corée du Sud qui supporte des joueurs
de jeux vidéo professionnels (pro-gamer)
depuis le début des années 2000 (KeSPA,
2015).
Rappelons que tout cela s’est fait en
Le festival des lanternes se tenait en mai lors de notre visite. © MC
141 ttt
ttt 142
Géopolitique
Affaires étrangères Gouvernement du Canada. (2015, 10 avril). Accord de libre-échange Canada - Corée.
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151 ttt
Mission Poly-Monde 2015 en Corée du Sud
Rapport de Mission
novembre 2015
Imprimé à Montréal, QC, Canada
par Poly-Copie,
Polytechnique Montréal
sur du papier 100 % recyclé
#autaquet
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