526 J. Hureaux, et al.
centres proposent des formations procédurales ou à « haute
délité ». Il existe encore très peu de formations à l’annonce
en cancérologie.
Déroulement d’une formation à l’annonce
en cancérologie
Il n’y a aucun référentiel pédagogique « opposable » car
de nombreuses formations différentes ont été testées et
ont montré leur intérêt [11]. L’usage d’acteurs pour jouer
le rôle de « patients standardisés » est le point commun à
toutes ces formations.
Certains programmes de formation sont basés sur une
seule séance de simulation [14], alors que d’autres sont
construits comme des essais cliniques pour démontrer l’in-
térêt pédagogique du programme en comparant l’annonce
réalisée par un groupe de stagiaires formés par rapport à
celle d’un groupe non formé [15].
Il est intéressant de noter que l’apprentissage de tech-
niques de communication dans le contexte de la cancérologie,
peut être utilisé par les stagiaires pour réaliser des annonces
de mauvaises nouvelles dans d’autres disciplines. En ce
sens, ces formations à l’annonce de mauvaises nouvelles,
s’intègrent plus largement dans le cadre des formations à
la communication. Ainsi, les travaux de Collette et al. ont
montré que des étudiants formés à l’annonce en cancérologie
annonçaient mieux la survenue d’une fausse- couche que des
étudiants non formés [16].
Une conférence de consensus européenne a établi des
recommandations sur les objectifs, les participants, le
contenu pédagogique, l’organisation et l’évaluation des
formations à l’annonce en cancérologie [12]. Il est ainsi
recommandé que les formateurs aient une expertise en
cancérologie clinique et réalisent eux- mêmes des annonces,
qu’ils aient suivi une formation à l’enseignement par la
simulation et que les programmes de formation soient régu-
lièrement évalués. L’évaluation des acquis permise par ces
nouvelles méthodes pédagogiques, mais aussi l’évaluation
de béné ces pour les patients sont en effet des données
fondamentales pour déterminer le rapport coût/ef cacité
de ces formations consommatrices de temps et de moyens
humains. Il est aussi conseillé de proposer plusieurs séances
de formation à chaque stagiaire.
Le développement de ces formations en France pourrait
être facilité si elles sont intégrées à des programmes de
Développement professionnel continu (DPC), la participation
de tout professionnel de santé à des programmes de DPC
étant devenu obligatoire depuis janvier 2012.
Particularités en oncologie thoracique
Quelques études ont montré que les patients souffrant de
cancer bronchique primitif ont des besoins psychologiques
non satisfaits et des problèmes de communication avec les
médecins [17]. Soixante- deux pour cent des patients ont
des dif cultés à gérer les peurs et les inquiétudes de leur
famille, 58 % ont des dif cultés à vivre leur dépendance à
une tierce personne et à ne plus pouvoir mener leurs acti-
vités habituelles. En matière de communication, 57 % des
patients af rment avoir des problèmes pour « avoir l’aide de
quelqu’un pour comprendre ce qui se passe », être informé
situations ou des environnements de soin, dans le but d’en-
seigner des procédures diagnostiques ou thérapeutiques
et de répéter des processus, des concepts médicaux ou
des prises de décision par un professionnel de santé ou
une équipe de professionnels » [4]. L’apprentissage par la
simulation peut donc concerner de nombreux champs de la
santé humaine, comme l’apprentissage de procédures (au
moyen de simulateurs/matériels dédiés – apprentissage de
l’intubation sur un mannequin basse délité ou apprentissage
de la broscopie bronchique au moyen d’un simulateur dédié)
ou la prise en charge globale et en équipe d’un patient au
moyen d’un mannequin appelé « haute délité » (car pouvant
reproduire des signes cliniques – abolition du murmure vési-
culaire d’un champ pulmonaire – ou paracliniques – apparition
d’une désaturation sur l’écran d’un système de contrôle
continu – de situations cliniques d’intérêt). Cette dé nition
englobe aussi les formations faisant intervenir des patients
(alors appelés patients standardisés), joués par des acteurs,
pour récréer des situations relationnelles pertinentes.
Le point commun de ces formations est de permettre
à l’apprenant de jouer son propre rôle au sein d’un envi-
ronnement sécurisé. Les évaluations pédagogiques de ces
programmes montrent souvent un fort taux de rétention des
connaissances.
Déroulement d’une séance de simulation
haute délité
Une séance de simulation haute délité se déroule en trois
temps distincts et complémentaires : la présentation, la mise
en situation et le débrie ng.
La présentation débute par le rappel des principes de la
simulation : auto- évaluation, con dentialité des séances,
consolidation de l’enseignement par implication émotion-
nelle. Un climat de con ance est essentiel et une formation
en petits groupes est souhaitable [13].
L’environnement simulé est ensuite présenté. Cette phase
« d’appropriation » est capitale pour le bon déroulement de
la simulation prévue. Après un temps d’appropriation du cas
clinique, chaque apprenant va pouvoir jouer le rôle qui lui
est dévolu durant la mise en situation. Toute la séance se
déroule en temps réel et est lmée. L’utilisation du matériel
se fait de façon la plus réaliste possible (dossier médical,
appel téléphonique…).
Le débrie ng est ensuite effectué à chaud. On cherche,
tout d’abord, à connaître le vécu de la séance des différents
participants (la simulation était- elle crédible ? Si non, pour-
quoi ?). Il leur est ensuite proposé de reformuler le déroule-
ment du scénario. Est- ce que tous les participants ont perçu
la même situation ? Le formateur revient sur les connaissances
et les compétences appliquées durant la séance : ce qui a
été fait est- il en accord avec les bonnes pratiques actuelles ?
Durant ce débrie ng, il faudra toujours garder à l’esprit que
les apprenants ne devront pas se sentir jugés, évalués voire
accusés durant le débrie ng. Cela pourrait constituer un
frein à la mise en œuvre d’un programme de formation par
simulation. La formation des instructeurs est donc essentielle
pour garantir l’intérêt pédagogique du débrie ng.
La France est globalement en retard sur les autres pays
européens dans le domaine de la formation par la simulation.
Ce retard semble actuellement se combler. De nombreux