2 U-Boot im Focus – 4/2008
U-BOOT IM FOCUS – N° 4/2008
Remarque préliminaire: les numéros de page mentionnés dans ce document renvoient aux pages du numéro original (avec texte
en allemand et en anglais), pas à celles de la présente traduction.
D e u x i è m e d e c o u ve r t u r e – Les Mouilleurs de Mines
Photo 1 (deuxième de couverture) - Marchant à pleine vitesse, l’U-218 du Kptlt. Becker navigue de conserve avec le sous-marin
ravitailleur U-461 du Kptlt. Stiebler. On distingue les silos à mines caractéristiques de ce Type VII D. Le seul insigne visible est le
fameux espadon vert clair de la 9. U-Flottille de Brest.
Le ravitailleur U-461 avait appareillé à Saint-Nazaire le 20 avril 1943, cap vers l’Atlantique Nord. Il traversa le Golfe de Gascogne
immergé de jour et en surface la nuit. Dans la nuit du 23 au 24 avril, un bombardier du No. 172 Sqn de la RAF le repéra et
l’attaqua. Bizarrement, l’équipage allemand n’avait pas été averti par le Metox (détecteur passif d’ondes radar émises par les
navires et avions alliés). L’Anglais lâcha trois bombes qui explosèrent à faible distance le long du flanc du sous-marin. Le souffle
des explosions provoqua une fuite dans un réservoir de gasoil et, bientôt, l’U-Boot laissa un sillage visqueux peu discret. Mais le
ravitailleur maintint le cap vers la zone d’opérations qui lui avait été assignée au nord des Açores. Ce n’est que le 28 avril que
l’équipage acheva de pomper le gasoil du réservoir crevé. Grâce à cette opération, le sillage gras si révélateur de la présence du
sous-marin, s’estompa enfin. Parvenu dans le carré BD 36 (au-dedu rayon d’action des avions alliés), l’U-461 y fut rejoint par
l’U-487 de l’Oblt.z.S. Metz qui lui fournit à un nouveau détecteur Metox. L’équipement remplacé, l’U-461 ravitailla un certain
nombre de U-Boote en dépit de conditions météorologiques exécrables et d’une forte houle compliquant les opérations de trans-
bordement. La photo publiée ici illustre le rendez-vous avec l’U-218 entre le 9 et le 14 mai 1943. A droite, le LI (Leintender Inge-
nieur ou Ingénieur Mécanicien) Steinert. Le mouilleur de mines en était alors à sa quatrième croisière opérationnelle. Il regagna
Brest le 2 juin. Quant à l’U-461, celui-ci était rentré à Saint-Nazaire deux jours plus tôt (le 30 mai), après avoir ravitaillé pas moins
de 26 sous-marins.
U-Boot Museum Cuxhaven
Sauf mention contraire, toutes les photos sont issues de la collection de la Rédaction.
Page 1
Editeur et Rédacteur en Chef:
Axel Urbanke
Heckenkamp 24
D-26160 Bad Zwischenahn
Allemagne
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Premier Assistant de Rédaction:
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Collaborateurs:
Manfred Dörr, Grassellenbach
Malcolm Gray, Londres
Rainer Busch, Rimpar
Thomas Huss, Kiel
Wolfgang Ockert
Walter Storbeck, Hambourg
Lars Wilhelmj, Erfurt
Deutsches U-Boot-Museum, Cuxhaven
Traduction anglaise: David Johnston, New Brunswick (Canada)
Traduction française: Jean-Noël Dusoulier, Bruxelles (Belgique)
Impression: Druck- und Verlagshaus Fromm GmbH, Osnabrück
Droits de reproduction: Copyright © Luftfahrtverlag-Start, Bad Zwischenahn - Inh. Axel Urbanke - 2008
ISBN 978-3-9811042-9-5
Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée dans un système permettant sa
récupération ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par n’importe quel moyen, qu’il soit électrique, électronique,
chimique, mécanique, optique, par photocopie, enregistrement ou autre sans la permission écrite préalable de l’éditeur. Ces
restrictions sont également valables pour la production de décalcomanies. Toute demande doit être adressée à l’éditeur.
Sommaire
page
Les Mouilleurs de Mines
U-218, 1943 deuxième de couverture
Editorial 2
Forum des Lecteurs 2 à 5
Ravitailleur de sous-marins Weichsel, 1938 3
Kptlt. Frauenheim et Ringelmann (U-75), 1941 4
Les Type II
Unité non identifiée, 1939 5
U-56, U-59 et d’autres unités (non identifiées),
1941-1942 6 et 7
Les Type VII B
U-30, 1940 8 et 9
Les Type VII C
U-71, 1941 10 et 11
U-201, 1941-1942 12 et 13
U-333, 1942 14 et 15
U-628, 1942-1943 16 à 19
page
Kiosque
U-214: livrée inhabituelle pour un
mouilleur de mines 20 à 23
Un sous-marin sous la loupe
U-307: un U-Boot de la Mer du Nord en
tenue polaire 24 à 27
Photos couleur
U-595: essais de réception 28 et 29
Emblèmes inconnus
U-575: les armes de sa marraine 30
Document
U-592: le certificat du Cercle Arctique 31
Photos inattendues
Des sous-mariniers chasseurs d’ours! 32 à 35
Derrière les images, une histoire
La deuxième patrouille de l’U-34: entre guerre
et humanité 36 à 40
U-Boot im Focus – 4/2008 3
page
Portrait
Fregattenkapitän Fritz Frauenheim,
capitaine des U-21 et U-101 41 à 43
Vues intérieures
L’intérieur? C’était comme ça! 44 et 45
Fanion
U-107: le tableau de chasse 46 et 47
page
Paysage
Le Grand et le Petit (U-443 et U-119) 48 et 49
Destins
Quand le sort frappe la vigie (U-46)
50 et troisième de couverture
Les Ravitailleurs
U-462 quatrième de couverture
P a g e 2 – Editorial
Chers lecteurs,
Vous continuez à nous faire part de votre surprise face aux nouvelles informations découvertes dans chacun de nos numéros.
Selon nous, cette situation n’a cependant rien de surprenant. En effet, en tant que privilégiée de la Wehrmacht (au même titre
que d’autres armes), la U-Bootwaffe attira les objectifs de nombreux photographes au moins jusqu’à la fin 1943. Les correspon-
dants de guerre de la Kriegsmarine fournirent un nombre considérable de photos au Ministère de la Propagande à Berlin. La
plupart de ces vues sont aujourd’hui détenues aux Archives Fédérales de Coblence. En outre, de nombreuses photographies
furent prises par les sous-mariniers eux-mêmes. Du fait des liens étroits noués entre les équipages, ces vues furent souvent
échangées entres marins. Enfin, une quantité impressionnante de clichés fut prise par des amateurs de submersibles alors que
ces derniers quittaient ou regagnaient leurs bases. Un bon nombre de ces photographies-là sont aujourd’hui détenues au U-Boot
Museum de Cuxhaven.
Si l’on compare le nombre de photos prises à l’époque au nombre de celles publiées depuis, il est évident que le public n’a dé-
couvert qu’une fraction de l’iconographie disponible. On notera donc avec étonnement que ce sont souvent les mêmes vues qui
illustrent les livres consacrés aux U-Boote. Comment expliquer ce fait si ce n’est en évoquant le manque de temps de ces au-
teurs qui préfèrent réutiliser des photos certes connues mais aisément disponibles, plutôt que de chercher des vues inédites.
Si l’on considère l’impact visuel des clichés pris par les équipages des U-Boote et ceux gravés sur la pellicule par les correspon-
dants de guerre, on relève peu de différences. Contrairement aux règles de la photographie posée qui étaient souvent de mise à
terre, le Kriegsberichter embarqué à bord d’un sous-marin jouissait d’une situation idéale pour photographier la vie quotidienne
de l’équipage sans attirer son attention. En principe, la photographie était autorisée pendant le seul service normal. Les condi-
tions de prise de vues étaient déterminées par les circonstances météorologiques et opérationnelles. A cet égard, il est clair que
les photos prises par les correspondants de guerre à bord des sous-marins ne peuvent être comparées à celles prises par leurs
homologues de la Luftwaffe ou de la Heer. C’est en effet au sein de ces deux dernières armes que l’on retrouve le plus grand
nombre de vues destinées à servir la propagande.
A l’avenir, nous continuerons à sélectionner pour vous des photographies inédites ou peu connues. Elles seront toujours accom-
pagnées d’articles et de légendes détaillées. J’ai espoir que ce quatrième numéro d’U-BOOT IM FOCUS (avec lequel nous en-
tamons une nouvelle période d’abonnement) vous offrira une iconographie et une information inédites.
Axel Urbanke - Editeur
Photo de couverture – Le 31 août 1943, l’U-333 du Kptlt. Peter-Erich Cremer regagne La Pallice, après quelque 13 semaines
en mer. A terre, Cremer est accueilli avec des fleurs et des félicitations pour son retour réussi. Pour le “Pacha“, cette croisière fut
la première après sa convalescence nécessitée par les graves blessures subies le 6 octobre 1942, au cours de la quatrième
patrouille de l’U-333 (v. U-BOOT IM FOCUS n° 3, p. 25). Pendant son absence, c’est l’Oblt.z.S. Werner Schwaff qui avait emme-
né le sous-marin pour deux autres croisières opérationnelles. Celle qui s’acheva le 31 août 1943 était donc la septième de l’U-
333. La casquette de Cremer est ornée de trois petits poissons métalliques, l’emblème de l’U-333 (v. aussi en pp. 14 et 15 du
présent numéro). A gauche, un officier de croiseur auxiliaire portant la Croix d’Espagne.
U-Boot Museum Cuxhaven
P a g e 2 - Forum des Lecteurs
Complément d’information et Correctif – U-BOOT IM FOCUS n° 2
Photo 5 – Andreas Hoffman de Hambourg nous écrit: “Compte tenu de la configuration visible des purges d’air des ballasts, le
Type II D amarré le long de l’U-34 est l’U-148, l’U-151 ou l’U-152. Avec l’U-34, ces trois sous-marins étaient rattachés à la
24. U-Flottille à Memel. Cette photo a sans doute été prise entre mars et mai 1941.“
Photos 32 et 33 – A propos de la Photo 32, le même Andreas Hoffman écrit: “le bâtiment non identifié est probablement le cargo
ravitailleur de sous-marins Eupen.“ Concernant la Photo 33, M. Hoffman corrige: “L’escorteur de sous-marins camouflé n’est pas
l’Erwin Wassner mais le cargo ravitailleur de sous-marins Weichsel de la 22. U-Flottille.“
Puisque l’affirmation de M. Hoffman concernant l’Erwin Wassner ne confirmait pas l’information accompagnant la diapo originale,
nous avons revérifié l’identité du navire. Le résultat de nos investigations est sans ambiguïté: il s’agit bien du Weichsel et non de
l’Erwin Wassner. Notre photo L1 (p. 3) confirme ce résultat. Elle illustre le Weichsel à Königsberg en 1938. Précédemment bapti-
Syra, ce navire fut acheté par la Kriegsmarine en août 1936 et transformé en cargo ravitailleur de sous-marins. Le Weichsel
fut coulé par des bombes alliées lors d’un raid mené sur Wilhelmshaven le 30 mars 1945.
Photo 52 – Dans le Forum des Lecteurs de notre Numéro 3, nous avions apporté de nouvelles informations concernant un Type
VII C camouflé vu à Salamis. Depuis lors, nous avons reçu deux autres lettres concernant le même submersible. Manfred Dörr
nous a adressé une photo (L2, p. 3) prise à Lorient en 1940. Elle confirme que des bâches étaient déjà utilisées (même de ma-
nière limitée) pour camoufler le bâtiment à cette époque.
En outre, Andreas Hoffman répond à la question relative à l’équipage visible sur la Photo 52: “L’arrière du kiosque sous le Win-
tergarten prouve clairement qu’il s’agit d’un Type VII B. C’est donc l’U-75 (Kptlt. Ringelmann) qui entra à Salamis le
2 novembre 1941.“ Notre Photo L3 (p. 4) montre un Kptlt. Ringelmann visiblement épuisé, peu de temps après l’amarrage à
Salamis le 2 novembre 1941. Il trinque en compagnie du Kptlt. Frauenheim, “patron“ de la 23. U-Flottille. Moins de deux mois
après que cette vue ait été prise, le 28 décembre exactement, Ringelmann et son sous-marin disparaîtront au large des côtes
africaines. C’est à Malcom Gray que nous devons la photographie L3.
4 U-Boot im Focus – 4/2008
Complément d’information et Correctif – U-BOOT IM FOCUS n° 3
Photo 2 – La légende originale de cette photographie constitue une tromperie sciemment organisée par la propagande nazie.
Plusieurs lecteurs ont ainsi relevé que le submersible illustré n’est pas un Type I mais un Type VII A. Il semble donc que la
Kriegsmarine ait voulu leurrer l’intelligence ennemie en peignant de faux chiffres sur les kiosques de ses U-Boote restés au pays.
Le but poursuivi était d’empêcher la localisation par les services de renseignements alliés des sous-marins allemands en opéra-
tions à l’étranger. La présence de l’aigle et du canon de 88 mm SK C/35 sur le nouvel affut LC/35 permet de dater la photogra-
phie vers 1938-39. L’utilisation du submersible lors de la Guerre Civile espagnole pourrait expliquer sa numérotation volontaire-
ment erronée (comme dit plus haut, on imagine aisément que la Kriegsmarine souhaitait dissimuler l’absence de ses sous-
marins). L’arrangement Typhon à l’avant du kiosque permet d’identifier le bâtiment comme un exemplaire issu de la série des U-
27 à U-32 construite par Deschimag. Nos remerciements à MM. Martin Winzer, Andreas Hoffmann et Dougie Martindale pour
leurs lettres.
P a g e 5 – Les Type II D
Photos 2 à 5 (p. 5) – Exercice de plongée d’urgence pour ce Type II D non identifié. A ce jour, personne n’a pu associer
l’emblème visible sur le kiosque à un quelconque submersible de ce type. L’insigne consiste en un dauphin plongeant entre deux
crêtes de vague blanches. Selon l’ouvrage Emblem, Wappen, Malings de Georg Högel, les emblèmes portés respectivement par
les U-138, -140 et -144 (tous des Type II D) demeurent inconnus. Outre la possibilité que notre dauphin soit l’insigne de l’un de
ces trois U-Boote, on peut aussi imaginer qu’il a été l’emblème de remplacement adopté par un sous-marin précédemment orné
d’un autre motif. A cet égard, on se souviendra qu’un changement de capitaine entraînait habituellement un changement
d’emblème.
Photos 6 et 7 (pp. 6 et 7) – Photo 6 (grande photo): pendant l’hiver 1941-1942, la Baltique prise par les glaces offre un décor
inhabituel à ce Type II D appartenant à une flottille d’entraînement. Au cours de la 2ème GM, les 16 Type VII D construits (U-137 à
U-152) furent versés, de manière permanente ou temporaire, aux 21., 22. et 24. U-Flottillen dans la Baltique où ils servirent à
l’entraînement. Douze d’entre eux furent mis en œuvre par la 22. U-Flottille à Gotenhafen (nom allemand de Gdynia, port polo-
nais sur la Baie de Gdańsk). Cette flottille fut créée en janvier 1941 sous le commandement du Korv.Kpt. Wilhelm Ambrosius. A
l’ouverture de front de l’Est, de juin à août 1941, plusieurs de ses U-Boote furent utilisés en opérations dans la Baltique. A cette
époque toutefois, la majorité de ses sous-marins continua à être utilisée pour l’entraînement. Au départ, les U-140, -151 et -152
servirent avec la 21. U-Flottille de Pillau (Prusse Orientale). Plus tard, ils furent rattachés à la 24. U-Flottille et principalement
basés à Memel (Lituanie). Enfin, l’U-141 se retrouva brièvement à l’inventaire de la 21. U-Flottille.
La livrée appliquée sur les oeuvres mortes est particulièrement fatiguée. L’emblème du sous-marin est visible sur le kiosque: un
disque noir ceinturant une croix. Cet insigne n’avait jamais pu être attribué à l’un des 16 Type II D utilisés pour l’entraînement.
La Photo 7 (bas de la p. 7) illustre d’autres bâtiments pris par les glaces. Ces U-Boote à couple le long du cargo ravitailleur de
sous-marins Weichsel, ont été photographiés en février 1941 à Gotenhafen, base de la 22. U-Flottille. Cette vue a été prise pré-
cisément un an avant les photos couleur publiées en pp. 28 à 32 dans U-BOOT IM FOCUS n° 2. Contrairement aux clichés pris
en 1942, celui-ci montre le Weichsel démuni de tout camouflage. A gauche, deux Type II D non identifiés. Le bâtiment flanquant
le Weichsel porte un emblème inconnu constitué d’un globe. Par contre, la troisième unité en partant de la gauche arbore un
insigne qui l’identifie comme étant l’U-56, un Type II C. Le sous-marin à sa gauche est aussi un II C. D’après son emblème, il
pourrait s’agir de l’U-59. Au centre, le sous-marin le plus proche est un autre Type II D non identifié, également revêtu d’un insi-
gne de sous-marin d’entraînement. Ce submersible porte le pare-glace caractéristique sur la proue.
Photo 7 Collection Richter
P a g e 8 – Les Type VII A
Photos 8 et 9 (pp. 8 et 9) – 7 juillet 1940: des nuages de fumée s’échappent encore d’un complexe pétrolier en feu, vestiges des
combats pour la prise de Lorient. L’U-30 du Kptlt. Lemp est arrivé à destination. Il fut le premier U-Boot à entrer dans un port
français suite à la capitulation de la France et au cessez-le-feu intervenu le 25 juin. Craignant la présence de mines, le submersi-
ble fut escorté par des dragueurs alors qu’il était encore à bonne distance des côtes. C’est depuis le pont de l’un de ces dra-
gueurs que le correspondant de guerre Mannewitz a pris ce cliché impressionnant. Avant d’entrer dans la rade, le “Pacha“ de l’U-
30 avait ordonné à tous les hommes non requis pour la manœuvre de se rassembler sur le pont. Peu de temps après, l’U-30
entrait sans dommage dans le port. A quai, le capitaine et son équipage furent salués par le General der Flieger Kesselring et
Lothar von Arnauld de la Perière, le sous-marinier allemand (U-35) le plus talentueux de la Grande Guerre. Si von Arnauld de la
Perière provenait d’une longue lignée d’officiers français, son arrière-grand-père avait servi la Prusse sous le règne de Frédéric le
Grand (Frédéric II).
Lorsqu’il s’amarre à Lorient, l’U-30 achève sa septième croisière, une mission longue d’un peu plus de quatre semaines au cours
de laquelle il a coulé cinq navires de commerce. L’un d’entre eux appartenait au convoi HX-49 et un autre au convoi SL-36. La
dernière victime avait été le cargo égyptien Angele Mabro expédié par le fond un jour à peine avant que son bourreau n’arrive à
Lorient. Vieux de plus de 40 ans, l’Angele Mabro, un vapeur de 3.154 GRT, avait appareillé de Bilbao pour Cardiff trois jours plus
tôt, chargé d’une cargaison de minerais de fer. Sans escorte, le navire africain rencontra sa destinée dans la matinée du 6 juillet
1940: à 08h31, dans le carré BF 4651 (sud-ouest de Brest), une seule torpille de l’U-30 déchira sa coque. Il n’y eu aucun survi-
vant.
On note un détail intéressant sur le pont de l’U-30: la bouée de sauvetage logée entre l’équipage rassemblé et le kiosque. En cas
de naufrage du sous-marin, la bouée pouvait être libérée depuis l’intérieur du bâtiment. Rattachée par une chaîne au submersi-
ble, la bouée était censée remonter à la surface pour baliser l’endroit du naufrage. Sur le kiosque, on aperçoit l’emblème de l’U-
30, un motif dessiné par le Funkmaat (opérateur radio) Georg Högel et peint pour la première fois le 10 aout 1939. L’insigne
illustre le fox-terrier Schnurzl du Kptlt. Julius Lemp. Quand, en novembre 1940, Lemp mit en service l’U-110 (un Type
IX B flambant neuf), il fit peindre l’emblème au “Schnurzl“ sur son nouveau bâtiment. En échange, l’U-30 fut orné d’un nouvel
insigne: la “Main Rouge“.
Photo 8 Collection Huss
Photo 9 Bundesarchiv 101II-MW-0235-05A
U-Boot im Focus – 4/2008 5
P a g e 1 0 – Les Type VII C
Photos 10 et 11 (pp. 10 et 11) – Sur cette double page, voici l’U-71 que nous avions mentionné dans l’article consacré à l’U-70
dans U-BOOT IM FOCUS n° 3 (v. la rubrique Kiosque, p. 18). A l’époque, nous avions affirmé que les raidisseurs ou supports
visibles sur le manteau du kiosque étaient également présents sur l’U-71, son sistership. Les deux unités furent construites simul-
tanément aux chantiers Krupp Germania de Kiel. L’U-71 fut lancé le 31 octobre 1940 et mis en service le 14 décembre, peu de
temps après l’U-70. Comme sur ce dernier, des éléments métalliques (raidisseurs ou supports) furent installés au sommet du
kiosque alors que l’U-71 était encore aux chantiers navals. Toutefois, ces derniers n‘équipèrent pas l’U-71 d’un saute-vent,
contrairement à l’U-70. Ces éléments sont peut-être autant d’indices d’essais menés fin 1940. Il s’agissait de déterminer alors le
type de manteau de kiosque le plus efficace contre le vent et les embruns. A ce jour, nous n’avons découvert aucun document
écrit relatif à ces curieux éléments métalliques additionnels. Par contre, nous avons pu déterminer que deux autres sous-marins
issus de la même série n’en ont pas été équipés (les U-69 et U-72).
La vue publiée ici illustre l’U-71 entrant à Saint-Nazaire pour la première fois. Le port nazairien était la base atlantique de la
7. U-Flottille. A l’issue de la formation technique de l’équipage et des essais de réception, le sous-marin fut transféré en France à
l’été 1941. Sous le commandement du Kptlt. Walter Flachsenberg, l’U-71 appareilla le 14 juin depuis Kiel et arriva à Saint-
Nazaire 19 jours plus tard, soit le 2 juillet. A ce moment, sa livrée n’avait guère souffert des éléments. A la même époque, le
kiosque du sous-marin n’arborait pas encore l’emblème au “Serpent de Mer“. Pourtant, sur la Photo 11 (p. 10), cet insigne orne
les calots de deux des membres d’équipage visibles. L’officier chaussant des lunettes de soleil est le capitaine du submersible, le
Kptlt. Flachsenberg. A bord, la plupart des capitaines préféraient porter la classique casquette blanche mais quelques-uns op-
taient soit pour le calot, soit pour la casquette sombre.
L’U-71 ne connut guère le succès. Il effectua 10 croisières sous deux commandements différents pour ne couler “que“ cinq navi-
res (au large des côtes américaines en mars-avril 1942). Le tonnage de ses uniques victimes totalisa 38.894 GRT. En juin 1943,
l’U-71 fut utilisé pour l’entraînement en Mer Baltique. Le 5 mai 1945, son équipage le saborda dans l’écluse Raeder à Wilhelm-
shaven, peu de temps avant l’arrivée des troupes canadiennes.
Bibliothek für Zeitgeschichte Stuttgart
Photos 12 et 13 (pp. 12 et 13) – L’U-201 fut l’un des sous-marins qui remporta le plus de succès au sein de la 1. U-Flottille de
Brest entre 1941 et 1942. Ce Type VII C était alors commandé par le célèbre Adalbert Schnee, encore Oberleutnant zur See à
cette époque. Avant guerre, Schnee avait servi comme WO à bord de l’U-23 commandé par une autre (future) étoile de la
U-Bootwaffe, Otto Kretschmer (alors Obtlt.z.S. lui aussi). Lorsque que la 2ème GM éclata, Schnee s’embarqua pour quatre pa-
trouilles en tant que WO à bord de l’U-6 (Oblt.z.S. Mathes) et de l’U-60 (Oblt.z.S. Scheve). Schnee jouissait donc d’une bonne
expérience lorsqu’il mit en service l’U-201 aux chantiers Krupp Germania à Kiel le 25 janvier 1941.
Le nouveau submersible largua les amarres à Kiel le 22 avril 1941, à l’entame de sa première sortie dans l’Atlantique Nord.
Schnee fit rapport de son premier succès le 2 mai, après avoir coulé au canon l’épave flottante du tanker britannique Capulet
(8.190 GRT). Plus tard, au cours de la même patrouille, il envoya par le fond un second bâtiment et endommagea un steamer.
L’U-201 rentra à Lorient le 18 mai.
La Photo 12 (p. 12) montre le submersible arrivant à Brest le 19 juillet 1941, à l’issue de sa deuxième patrouille. Cette croisière-
là fut décevante puisqu’aucun succès ne fut remporté en 42 jours de mer. D’où l’absence de tout fanion, hormis celui du capitaine
(partiellement visible au sommet de la photo). On note une bande de camouflage sombre sur le kiosque et les armes de la ville
de Remscheid, marraine du bâtiment. L’emblème consiste en un lion rouge sur fond argenté et une faucille argentée sur un fond
bleu. A cette époque, le célèbre “Bonhomme de Neige*“ n’avait pas encore été peint sur le kiosque.
La Photo 13 (p. 13) illustre l’U-201 devant les côtes françaises le 8 août 1942, peu avant d’entrer en rade de Brest. Ce jour-là,
l’unité achevait sa septième patrouille, la dernière sous le commandement de Schnee nommé Kapitänleutnant le 1er mars. Notre
homme fut ensuite muté à l’E-M du BdU. En sept croisières opérationnelles, Schnee avait coulé 21 navires et endommagé deux
autres. Le déflecteur de filet porte ici une bouée de sauvetage de la dernière victime de Schnee, le chalutier de lutte ASM HMS
Laertes (T 137) qui chavira au large de Freetown le 25 juillet. Avec un déplacement de 545 GRT, le petit escorteur avait été frap-
pé d’une seule torpille lancée par l’U-201 à 23h05. Aucun des 19 membres de son équipage ne survécut au naufrage. Au total,
lors de cette dernière patrouille, Schnee avait revendiqué six succès, tous remportés au centre de l’Atlantique et au large de
Freetown. On note la présence de bonshommes de neige et de la Croix de Chevalier avec Feuilles de Chêne peints sur le kios-
que. La prestigieuse décoration avait été attribuée à Adalbert Schnee le 15 juillet au cours de son ultime patrouille. Visible à
l’avant du kiosque (bien que partiellement masquées par la bouée de sauvetage), les armes de la ville de Remscheid.
Photo 13 Bibliothek für Zeitgeschichte Stuttgart
* Bonhomne de Neige est traduit par Schneeman dans la langue de Goethe. Il est donc vraisemblable que le nom du capitaine
explique le choix de l’insigne.
Photos 14 et 15 (pp. 14 et 15) – Sur cette double page, nous retrouvons l’U-333 (cf. photo de couverture) et une vue peu connue
montrant le submersible entrant à La Pallice le 26 mai 1942. En pénétrant dans la base de la 3. U-Flottille, le sous-marin acve
ce jour-là sa deuxième patrouille de guerre. Bien que son unité fût sérieusement endommagée alors qu’elle gagnait sa zone
d’opérations (côte est des USA), le Kptlt. Peter Erich Cremer accomplit une croisière opérationnelle longue de 58 jours. Les dé-
gâts au kiosque, visibles sur la Photo 14 (p. 14), ne constituent qu’une partie des problèmes rencontrés pendant la mission.
Le 2 avril 1942 (soit trois jours après avoir quitté son port d’attache), en fin d’après-midi, par une bonne visibilité et alors que son
capitaine est sur le pont, l’U-333 est soudain attaqué par un avion allié dissimulé jusque-là par la couverture nuageuse. Cremer
ordonne une plongée d’urgence mais, à 30 mètres de profondeur, deux puissantes explosions secouent vigoureusement son
sous-marin. Les charges de profondeur détruisent le gyrocompas dans le central, mettent hors service les barres de plongée et le
gouvernail de direction, sans parler de diverses vannes qui commencent à fuir. L’équipage parvient à reprendre le contrôle du
sous-marin à 80 mètres de profondeur, pour découvrir d’autres avaries: le gasoil fuit sur les provisions alimentaires et le système
d’eau potable est hors d’usage. Enfin, allongeant encore la liste des dégâts, le panneau du kiosque ne ferme plus correctement.
Mais il en faut plus pour effrayer Cremer qui fait effectuer des réparations provisoires, permettant ainsi de poursuivre la patrouille.
Même la perte (temporaire, il est vrai) des communications radio et de l’échosondeur ne le fait pas reculer. La malchance pour-
suit néanmoins l’U-333 qui, quelque temps plus tard, perd son Diesel bâbord. Mais le LI et les mécaniciens font des miracles et le
moteur repart au bout de trois jours d’intense labeur. Enfin, le 22 avril, au nord des Açores, l’U-333 atteint la zone de rendez-vous
avec l’U-459 ravitailleur.
Le bateau de Cremer est le premier client de la “Milchkuh“ (littéralement “Vache à Lait“). Les opérations de ravitaillement se dé-
roulent pour le mieux jusqu’au moment où les marins débranchent la nourrice: une barre d’acier tombe à la mer et bloque l’hélice
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