Jean Bonfillon, maire de Fuveau et Vice-Président
de la communauté du Pays d’Aix (CPA), délégué à
la Culture, explique sa démarche avec une grande
clarté…
Zibeline : Comment est né cet orchestre ?
Jean Bonfillon : D’une volonté d’irriguer le
territoire aixois en termes de musique classique. Et
cela autour de deux périodes : celle des festivités
de fin d’année avec un répertoire viennois, dans la
tradition du concert de Noël, et une autre tournée
en juin, avec une musique plus élaborée. Dans un
premier temps l’orchestre a tourné dans 5
communes du Pays, puis dans 10, et l’an dernier
déjà dans 23… transformant les vœux des maires
en grands rassemblements festifs ! Ainsi, à Fuveau,
nous avons accueillis 1000 personnes, certains
venant de loin d’ailleurs, certains peu habitués à
entendre de la musique symphonique en direct…
Quels sont les changements cette année ?
Il s’agit d’un développement dans la continuité :
l’orchestre symphonique s’épaissit, devient
«philharmonique», sera géré directement par la
CPA et se dote d’un nouveau chef. Le répertoire
aussi évolue : autour de Strauss, Jacques Chalmeau
a prévu des incursions chez Mendelsson et
Beethoven. Cela sera plus notable encore cet été,
avec Dvorak par exemple. Mais l’orchestre sera
toujours destiné à constituer la première marche
d’un accès à la musique classique, avec un
répertoire plutôt facile d’accès.
La volonté de démocratisation de la culture passe
rarement par la mise en place d’un orchestre
philharmonique. Pourquoi ce choix particulier ?
La CPA a une politique culturelle très active, en
matière de soutien aux compagnies théâtrales et
de danse, d’arts de la rue ; pour les musiques
actuelles aussi, et une politique d’expositions bien
sûr. Mais je sais trop ce que la musique a pu
m’apporter, et m’apporte encore, pour en priver mes
concitoyens, en particulier ceux qui ne feraient pas
la démarche d’aller vers elle. Il faut faire partager
ce plaisir, ce bonheur. Nous faisons par ailleurs un
travail de fond pendant le festival d’Art Lyrique, et
réfléchissons à l’enseignement musical, à sa
nouvelle organisation. Mais cette mission de
démocratisation et d’irrigation du territoire nous
semble essentielle.
L’orchestre est-il entièrement financé par la CPA ?
Pour les deux opérations dont il est question, oui.
C’est un orchestre formé de professionnels, que
nous mandatons pour ces deux séries
d’événements, mais qui a bien sûr toute liberté de
se produire ailleurs, avec d’autres…
PROPOS RECUEILLIS PAR AGNÈS FRESCHEL
04 POLITIQUE CULTURELLE COMMUNAUTÉ DU PAYS D’AIX
Partager le plaisir
Une communauté d’agglomérations
qui investit dans un orchestre
symphonique, voilà une démarche
qui surprend ! Surtout quand elle
s’attache à diffuser la musique
dans de petites communes,
de concerts… gratuits !
© X-D.R
Relever le niveau artistique
Zibeline : Jacques Chalmeau, on vous connaît peu
dans la région… D’où venez-vous ?
Jacques Chalmeau : Je viens à Marseille depuis
longtemps pour des raisons personnelles et j’ai
dirigé Carmen au Festival de Lacoste l’an dernier...
On va dire que je suis parisien, même si je suis né
en Normandie. C’est là que j’ai fait mes études
musicales. J’ai ensuite voyagé au gré de mes obli-
gations professionnelles dans de nombreux pays,
surtout en Italie et en Russie, comme pianiste et
chef d’orchestre. Par exemple, du fait que j’ai suivi
l’enseignement d’un professeur de piano russe, j’ai
été amené à diriger au Conservatoire Tchaïkovski,
puis à fonder l’Orchestre Philharmonique de Moscou
avec lequel j’ai beaucoup joué. Mais c’est difficile
aujourd’hui là-bas ! J’ai ensuite fait partie de
l’équipe de direction de l’Opéra de Lyon pendant
cinq ans et décidé dernièrement de retrouver mon
indépendance… Et comme la région marseillaise
possède un formidable potentiel culturel…
… on vous a nommé à la tête de l’Orchestre
Philharmonique du Pays d’Aix !
Oui ! On m’a sollicité pour faire évoluer cet
orchestre qui pendant cinq ans a joué essentiel-
lement des programmes «légers». Mon ambition
première est de fédérer les musiciens autour
d’œuvres symphoniques majeures pour atteindre un
meilleur niveau artistique, plus professionnel. Et
constituer à l’avenir un répertoire stable.
Comment avez-vous choisi votre programme ?
Il faut toujours envisager trois paramètres ! Un bon
programme doit satisfaire d’abord les musiciens,
avec lesquels il est nécessaire de créer de vrais
rapports humains, ensuite le public qui vient passer
un bon moment, enfin il faut que ça entre dans
«l’histoire» du chef. La 7esymphonie de Beethoven,
je l’ai souvent dirigée ! Et il y a aussi, pour cette
tournée, des pièces festives de Mendelssohn et
Brahms, des bis enlevés… C’est un programme qui
fait plaisir et qui semble trouver, depuis les
premières répétitions, l’adhésion des musiciens.
On vous retrouvera plus tard dans l’année ?
Oui, avec une tournée estivale autour de la
Symphonie du «Nouveau monde» de Dvorak ou au
festival de Musique Sacrée à Saint–Michel pour le
Stabat mater de Pergolèse et l’un des derniers
grands oratorios de Haendel : Solomon.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR JACQUES FRESCHEL
Philharmonique à domicile !
Si vous avez la chance de crécher à Venelles,Fuveau,
Saint-Cannat,Cabriès,Rognes,Peynier,Le Puy
Sainte-Réparade,Pertuis,Simiane-Collongue,
Peyrolles,Meyreuil ou Châteauneuf-le-Rouge…
pas besoin de mettre les pneus-neige pour entendre
l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix.Jacques
Chalmeau vous joue Beethoven à domicile, et c’est
gratuit ! Et quand le programme annonce sa 7e
symphonie (ah, ce fameux mouvement lent au
rythme dactylique !) à côté de pages de Mendelssohn
extraites du Songe d’une Nuit d’été, de la Symphonie
italienne ou de joviales Danses hongroises de
Brahms… on n’hésite plus ! Un «tour» qui s’achève
en point d’orgue, à Aix, au Grand Théâtre de
Provence!
PAYS D’AIX. Tournée du 9 janv.
au 1er fév. 04 42 21 69 69
Programme consultable sur www.aixenmusique.fr
Le nouveau chef de l’Orchestre
Philharmonique du Pays d’Aix
dévoile son ambition à la tête
de la formation locale