fiche pédagogique Prenez-en de la graine ! Niveau : Maternelle : LL Primaire : LL Collège : L Lycée : L Université : L Durée : 1 heure Période : été-automne Effectif maxi : 25 Il y a 400 millions d'années, alors que sur la Terre ne comptait que des végétaux archaïques, l'évolution a favorisé l'émergence d'une reproduction sexuée dont les principaux organes sont rassemblés sous la forme d'une fleur produisant des graines, autrement dit des capsules contenant et protégeant l'embryon végétal. La graine permet ainsi à la plante d'échapper aux conditions d'un milieu devenu hostile soit en s'éloignant, soit en attendant le retour de circonstances favorables. Elle autorise le voyage et la conquête de nouveaux territoires... Accompagnement : 1 Lieux : jardins du CBN, sentiers de randonnée... Qu'est-ce qu'une graine ? Type d'animation : sortie La graine est formée de l'extérieur vers l'intérieur par une enveloppe protectrice nommée tégument, entourant un tissu de réserves nutritives, et l'embryon. Pour faciliter sa résistance, la graine est constituée d'une superposition de tissus protecteurs entourant l’embryon. Il est tout d'abord entouré par un tissu de réserves nutritives plus ou moins important selon les espèces (endosperme, albumen). L'albumen peut être plus ou moins développé dans la graine. Il peut contenir toutes les réserves nutritives, qui seront utilisées par l'embryon lors de la germination. Les graines de ce type sont dites « albuminées ». Au contraire, dans les graines dites « exalbuminées », les réserves sont stockées directement dans les cotylédons, l'albumen étant alors très réduit. Autour des tissus de réserves se trouve le tégument qui constitue le tissu protecteur principal. Il est constitué d’une couche de plusieurs cellules et entoure complètement l'embryon et ses réserves. Il n’est ouvert que par un petit orifice, le micropyle, par où est rentré le tube pollinique pour permettre la fécondation, lors de la pollinisation. L'embryon, quant à lui, peut être minuscule et constitué de quelques cellules seulement, ou déjà avec une gemmule développée en tigelle, radicule et cotylédons. Les différentes stratégies évolutives possibles donnent suivant les espèces des graines dont le poids varie de 2 microgrammes pour une orchidée (par exemple Goodyera repens) à une vingtaine de kilogrammes pour une Arécacée, le coco-de-mer (Lodoicea maldivica). 1 b a c Structure schématique d'un fruit d'angiosperme dicotylédone. a : endocarpe. b : mésocarpe. c: épicarpe (ou exocarpe) Qu'est-ce qu'un fruit ? Les Spermatophytes, ou plantes à graines, sont divisés en deux grands groupes, les Angiospermes et les Gymnospermes. Chez ces dernières, l'ovule, et donc la graine qui en résulte, est nu. Seules les Angiospermes produisent des fruits, issus du développement de l'ovaire qui entoure l'ovule. Il est donc un ovaire mûr. Cependant, il peut aussi être constitué d'autres parties de la fleur, on parle alors de faux-fruits ou pseudo-fruits. Les fruits sont classés en trois grands types : • Les fruits simples : ils sont composés d'un seul carpelle (constituant de l'ovaire) ou de plusieurs mais alors soudés. L'ovaire se développe en trois tissus distincts : l'endocarpe, le mésocarpe et l'exocarpe. Le type de différenciation de ces trois tissus permet de définir différents types de fruits. • Les fruits multiples : ils sont constitués par l'association de plusieurs carpelles libres issus d'une même fleur, c'est-à-dire d'un gynécée apocarpe (par exemple : framboise). • Les fruits composés : ils sont composés de plusieurs fruits simples dérivant des fleurs d'une même inflorescence. On parle alors d'infrutescence (par exemple : ananas). À regarder : ouvrir une pomme, une pêche puis ouvrir les pépins ou noyaux pour montrer les différentes parties de la graine ("amande"). Distinguer les différents tissus. 2 Structure schématique d'une graine d'Angiosperme Dicotylédone. a : tégument ; b : albumen ; c : cotylédon ; d : embryon En botanique, on distingue : • Les fruits charnus : baies (grain de raisin, tomate, avocat, orange etc.) contenant des pépins ou drupes (prune, pêche, olive, cerise, etc) caractérisées par une graine à enveloppe dure (endocarpe lignifié) ou « noyau » dur. • Les fruits secs déhiscents (qui finissent par s'ouvrir) : follicules (hellébore, pivoine, etc), gousses (fruits caractéristiques des Fabacées, appelées aussi légumineuses : petit pois, soja, robinier, luzerne, etc), capsules à déhiscence par fentes (colchique, tabac, gentiane, etc.), capsules loculicides (tulipe, lys, violette, etc.), siliques à déhiscence paraplacentaire (fruit caractéristique des brassicacées : chou, colza, etc.), siliques à déhiscence circulaire (mouron rouge, etc.), capsules à déhiscence apicale (œillet, pavot, etc.)... • Les fruits secs indéhiscents (qui ne s'ouvrent pas) : akènes (pissenlit, valériane, fraisier - une fraise est un faux fruit parsemé d'akènes brunâtres, etc.), caryopses (fruits caractéristiques des Poacées (graminées) : blé, maïs, etc.), samares (érable, frêne, orme, etc.), schizocarpes (composés de plusieurs akènes : carotte, menthe, etc.)... Les voyages forment la jeunesse... On n'est jamais mieux servi que par soi-même... Les plantes se dispersent dans leur environnement le plus souvent grâce à la dissémination de leurs graines. Cette dispersion spatiale a été favorisée par la sélection naturelle, car elle permet : • d'atteindre des habitats propices et favorables au développement des futures pousses, • de diminuer la compétition entre individus en les disséminant sur un plus large territoire, • d'échanger des individus entre populations et de favoriser ainsi le brassage génétique dans ces populations végétales, • de créer de nouvelles populations, en colonisant de nouveaux milieux. L'autochorie est un mode de dissémination caractérisée par la projection des graines par un mécanisme brusque : l'ouverture brutale du fruit. Ainsi la Cymbalaire des murailles (Cymbalaria muralis) enfouit elle-même ses graines dans les crevasses et les fissures autour d'elle. Les Pensées sauvages (Viola sp.) confectionnent des capsules qui explosent littéralement une fois sèches, propulsant les graines à plusieurs mètres dans toutes les directions... Les inventions végétales pour se déplacer ne manquent pas. Au final, les dispositifs de dissémination présentent un avantage sélectif, puisqu'ils favorisent la perpétuation de l'espèce. L'évolution a conduit les végétaux à s'adapter aux conditions les plus favorables à leur dispersion. Les modes de dissémination des graines utilisent les agents disperseurs suivants : • la plante elle même : autochorie (du grec auto = "soitmême" et chor = "disséminer") • la gravité : barochorie (du grec baros = "pesanteur, gravité" et chor ="disséminer") • le vent : anémochorie (du grec anemos = "vent" et chor ="disperser") • l'eau : hydrochorie (du grec hydros = "eau" et chor = "disséminer") • les animaux : zoochorie (du grec zon = "animal" et chor = "disséminer") • l'homme (anthropochorie) ou la culture (hémérochorie) Autres exemples : le fruit du concombre d'âne, (Ecballium elaterium, Cucurbitacées) turgescent à maturité, projette ses graines dans une pulpe liquide lorsque le pédoncule se détache ; le fruit mûr des balsamines (Impatiens noli-tangere, Balsaminacées), éclate en enroulant ses valves sur elles-mêmes. Avantages : • Indépendance vis à vis des autres facteurs de disséminations (gravité, eau, vent, animaux). • Complète efficacement d'autres techniques de dissémination. • D'autant plus efficace que le milieu est régulièrement perturbé. Contraintes : • Conception d'un mécanisme d'autochorie nécessaire (énergie dépensée) À rechercher dans la nature : Cardamine hérissée, Géranium, Impatiente, Violette, Genêt d'Espagne, Cymbalaires des murailles, Pensée tricolore, Pensée sauvage, Lotier corniculé, Hérodion commun, Géranium sp... Siliques des cardamine sp. Toucher les siliques des cardamines ou les gousses des genêts ou des Impatientes à leur maturité pour voir ces enveloppes exploser et propulser les graines... Gousses des genêts 3 Glands de chêne (Quercus sp.) Châtaignes (Castanea sativa) Akènes de pissenlit (Taraxacum sp.) Des graines qui tombent à pic... Des graines qui ont le vent en poupe... Les plantes savent particulièrement user de l'omniprésente gravité terrestre, c'est ce que l'on appelle la barochorie. C'est la méthode la plus simple pour disséminer ses graines : les semences sont entraînées par leurs propres poids, ce qui est bien suffisant dans la plupart des cas pour rejoindre le sol. Les végétaux qui ont appris à user du vent pratique ce que l'on appelle l'anémochorie. Le vent ainsi que les différents courants atmosphériques sont capables de transporter des tonnes de matière en suspension et de parcourir des milliers de kilomètres. Le procédé le plus simple est la simple dispersion facilitée par la taille minuscule des graines. C’est par exemple le cas des orchidées. Mais les graines anémochores (ou anémophiles) possèdent divers systèmes facilitant leur dispersion par le vent : À rechercher dans la nature : Nielles des blés, Coque- licots, Chicorée sauvage, Compagnon blanc, Lin bleu, Chrysanthème des moissons, Miroir de Vénus, Châtaignier, Noyer, Chênes... Avantages : • Pas besoin d'élaborer de structures particulières, une graine simple, plus ou moins ronde fera parfaitement l'affaire. L'énergie ainsi économisée peut servir à emmagasiner un plus grand nombre de matières nutritives et de défenses (toxines, tanins*...) ou à miser sur la production en masse (exemple : jusqu'à 60 000 graines par pied de coquelicot !). • La gravité est omniprésente et agit constamment. • Cette méthode permet de s'assurer que les graines germeront dans un lieu proche de la plante mère, et donc que les conditions seront assez semblable. Parfait pour les plantes annuelles qui laissent leur place aux nouvelles générations. Contraintes : • Cette méthode n'autorise généralement pas de voyages sur de grandes distances, si le milieu devient défavorable (exemple : apparition de la forêt), la fuite est difficile vers de nouveaux espaces ! • Pour les plantes vivaces, cela signifie que les nouvelles générations se retrouveront proches de la plante mère. La vie en groupe peut avoir des avantages (attirer plus de pollinisateurs, plus de chance d'échapper aux prédateurs...) mais la concurrence peut être gênante. (ressources en eau, espace, lumière...). Samares de frêne (Fraxinus sp) • Akène : les graines sont contenues dans des capsules, plates, sèches et légères, parfois munies de « parachutes », portées par le vent sur de faibles distances. À rechercher dans la nature : Pissenlit, Anémone pulsatille, Chardons, Cirses, Clématites... • Ombelle : Certaines graines sont portées par une ombelle sèche roulée au sol par les vents. Chez d’autres espèces, c’est la plante entière, desséchée, qui sème ses graines au fur et à mesure de ses déplacements. • Samare : le péricarpe de la graine forme une samare, sous forme d'une membrane qui permet à la graine de franchir quelque distance portée par le vent. C'est le cas des bouleaux dont les samares minuscules et très nombreuses sont regroupées en grappe. La samare peut être de forme quasi approximativement circulaire autour de la graine, comme chez l'orme. Elle peut aussi se présenter comme une aile simple comme chez le frêne où elle pend en grappes accrochées aux branches. Elle peut aussi être une aile double appelée disamare comme chez l'érable. À rechercher dans la nature : tilleul, frêne, érable, orme... Avantages : • Permet des voyages sur de très longues, distances • Le vent souffle d'autant plus fort dans les espaces ouverts, avantage pour des plantes qui affectionnent ce type de milieu. 4 Contraintes : • Nécessite la conception d'un dispositif d'envol (aigrettes ou pappus, extensions membraneuses, filaments...) • Pas ou peu de vent dans les milieux fermés • Migration très aléatoire ! Des graines qui tombent à l'eau mais pas pour rien... De nombreuses graines d'organismes se laissent transporter par les eaux de ruissellement ou par les eaux fluviales. C'est ce que l'on appelle l'hydrochorie. Les plantes aquatiques des eaux calmes laissent le vent pousser la graine sur l'eau comme par exemple chez Sparganium emersum ou chez le Lotus sacré (Nelumbo nucifera) produisant des fruits (akènes) qui mûrissent au fond d'un réceptacle en forme de pomme d'arrosoir. Quand ils sont mûrs, le réceptacle se détache, se retourne pointe en l'air et part à la dérive ou est poussé par le vent. Il finit par accoster une berge ou pourrir et laisser les graines tomber au fond de l'eau pour germer. D'autres plantes aquatiques sont hydrochores, mais avec des processus différents : Nénuphar blanc (Nymphea alba), Nénuphar jaune (Nuphar luteum), Châtaigne d'eau (Trapa natans), Iris jaune (Iris pseudacorus). Certaines plantes littorales profitent volontiers des courants marins (on parle alors de nautochorie) telles le cocotier (cocos nucifera). L'origine de cette plante est inconnue : ses fruits germent partout où les courants font échouer ses énormes graines. Il a également été propagé par les peuples du Pacifique, le long de leurs migrations. Le fruit du cocotier, la noix de coco est une drupe extraordinairement adaptée : l'enveloppe fibreuse résiste aux chocs et empêche l'eau salée de pénétrer tout en conservant de l'air qui assure sa flottabilité. En Europe, la Betterave maritime confie ainsi ses graines à la mer qui peut les conduire à des dizaines ou centaines de kilomètres de la plante-mère. À rechercher dans la nature : Nénuphars, Iris... Nénuphar (Nuphar sp.) Châtaigne d'eau (Trappa natans) Avantages : • l'eau peut transporter les graines sur de très grandes distances, une crue par exemple est un excellent moyen de dispersion en masse. • L'eau accumule souvent des sédiments et de l'humus* dans les creux et les dépressions, formant des micro-milieux très favorables à la germination. • Adapté aux milieux ouverts, possibilité d'émettre de très grandes quantités de semences. Contraintes : • Dépendance vis à vis des milieux humides. • Migration des semences de l'amont vers l'aval, difficile en chemin inverse ! • Méthode moins adaptée en milieux fermés (exemple : forêts). Iris des marais (Iris pseudacorus) 5 Peaux de colle ! Cela fait longtemps que les végétaux ont appris à tirer partie de la mobilité incessante des animaux en usant de la zoochorie. Cette méthode est très utilisée par les végétaux qui savent entretenir des relations plus ou moins étroites avec certains animaux, et qui n'hésitent pas à les manipuler sans scrupule s'il le faut ! On peut distinguer deux sortes de zoochorie : l'épizoochorie et l'endozoochorie. Épizoochorie : du grec épi = "au dessus". Cette méthode fait appel à de nombreuses astuces que les végétaux ont réussi à développer durant des millions d'années de co-évolution auprès des animaux. Elle consiste à faire déplacer les semences par un animal. On distingue : • épizoochorie passive : l'animal embarque involontairement des graines dans son pelage, plumage, et même mucus (pour les mollusques par exemple) au moment où il entre en contact avec la plante. Pour y arriver, il faut de préférence que les graines soient équipées pour embarquer : matière collante, épines ou crochets qui vont adhérer à l'animal. Au bout d'un certain temps la graine tombe de l'animal et peut ainsi se retrouver très loin de son point de départ. Exemple de plantes adeptes de l'épizoochorie passive : Bardanes sp, Gaillet-gratteron, Aigremoine eupatoire, Benoîte commune... • épizoochorie active : Technique légèrement plus spécifique, l'animal embarque volontairement la graine, soit pour se nourrir du fruit qui les contient, soit pour se nourrir de sécrétions que la graine produit elle-même pour les attirer. Les semences sont donc transportées sur le lieu de consommation de l'animal. Cette technique permet de tisser des relations plus étroites avec les animaux. Ainsi beaucoup de plantes ont choisi de s'associer avec les fourmis, qui sont d'excellents vecteurs de transports. On peut alors parler de myrmécochorie (du grec Myrmécos = "fourmis"). Exemple de plantes adeptes de l'épizoochorie active : Bourrache officinale, Mélampyre des champs, Fumeterre officinale, grande Chélidoine, Corydale jaune, Euphorbes sp, Luzules, la Violette odorante (Viola odorata), et surtout le ricin commun (Ricinus communis). Avantages : • Les animaux peuvent parcourir de grandes distances. • Les humains sont très utiles pour cette méthode, de nombreuses surfaces sont exploitables (vêtements, chaussures, sacs, cheveux...) par les plantes. • Méthode bien adaptée aux milieux fermés. Contraintes : • Nécessité d'élaborer un système d'accrochage ou des sécrétions pour attirer les animaux. • Dépendance plus ou moins forte envers les animaux. • Méthode moins adaptée pour conquérir les espaces vierges. L'endozoochorie Du grec endo = "à l'intérieur". Technique qui consiste à se faire manger par un animal. L'astuce consiste à appâter le consommateur avec un fruit prometteur : bien visible (rose, rouge, jaune ou noir), éventuellement dégageant une odeur attirante et accompagnée d'une saveur agréable. Une fois avalée, il faut que la graine résiste à la digestion du fruit, et elle voyagera bien au chaud dans le tube digestif avant d'être évacuée par les selles. Les oiseaux sont souvent les vecteurs les plus visés dans ce cas, car ils voyagent souvent plus vite que les animaux terrestres et ont l'avantage d'avaler la nourriture sans mâcher. Beaucoup de graines très dures ont même besoin des sucs digestifs des animaux pour que la dormance* des graines soit levée. Exemple de plantes adeptes de l'endozoochorie : Lierre grimpant, Garance voyageuse, Morelle douce-amère, Morelle noire, Jusquiame noire, Bryone dioïque, Sureaux, Gui, Aubépine, Prunellier... Avantages : • Voyage efficace, distances très variables selon les espèces et moins aléatoire qu'avec les autres techniques. • La graine se retrouve semée avec des fertilisants (excréments). • Technique très efficace dans les milieux fermés (forêts, buissons, haies...) Contraintes : • Demande de fortes dépenses d'énergie pour la fabrication du fruit (la qualité prime sur la quantité). • Dépendance vis à vis des animaux. S'amuser avec les fruits crochus des bardanes, gaillets, aigremoines, benoîtes... qui collent et s'agrippent aux vêtements des enfants. Expliquer de quelle manière ces graines se trouvent accrochées dans les pelages des animaux... Fruits à crochets des gaillets (Gallium sp.) 6 À regarder : les différentes couleurs "attractives" ou "répulsives" des fruits à noyaux ou à pépins... Prunelles de prunellier (Prunus spinosa) Douce amère (Solanum dulcamara) Dormance et longévité des graines La conservation des graines au CBN Chez de nombreuses plantes, la germination des graines n'est pas immédiate, et nécessite le passage par une période de repos pendant laquelle la germination est inhibée par divers mécanismes. Cette inhibition ou dormance peut être liée à : • la présence d'inhibiteurs ; • la présence de protéines photosensibles ou chromoprotéines ; • l'imperméabilité des enveloppes à l'eau ou à l'oxygène ; • la résistance mécanique des enveloppes. Compte tenu des fortes pressions sur les habitats naturels et parfois des échecs de préservation in situ, le CBN Massif central est habilité par le Ministère de l’Écologie pour prélever des semences ou des plants d’espèces sauvages menacées d’extinction afin de les cultiver sur des aires préservées, en dehors de leur milieu naturel d’origine. Les semences collectées sont précieusement conservées à basse température (banque de semences) au cas où les populations d’origine disparaitraient (réimplantation) ou seraient en déclin (renforcement de populations). Elles peuvent également être utilisées pour restaurer des habitats naturels dégradés. Les semences collectées par le CBN Massif central sont systématiquement triées, desséchées, pesées et conditionnées et conservées au congélateur à - 20°C (conservation à long terme) ou en chambre froide à + 5°C (conservation à moyen terme). La longévité des graines, ou pouvoir germinatif, est généralement comprise, selon les espèces, entre deux et dix ans (céréales, épinard, courge). Cette longévité peut atteindre une centaine d'années, graines dites macrobiontiques. Certaines graines ont une très courte longévité, de quelques jours (peuplier) à quelques semaines (caféier), elles sont dites microbiontiques. Le cas extrême est celui des graines qui germent dans le fruit encore accroché à la plante-mère (Rhizophora, palétuvier) : graines vivipares. La germination La germination est le phénomène par lequel l'embryon contenu dans la graine sort de sa période de vie ralentie et se développe grâce aux réserves de la graine. Facteurs de régulation : eau, température, lumière (notamment les radiations rouges captées par le phytochrome), oxygène. Pour le séquoia il faut que la graine prenne feu et éclate pour germer. À observer : les différents stades de germination d'une Conserver les semences d’une espèce dans la perspective de la cultiver et de la réimplanter dans son milieu naturel requiert de véritables travaux d’investigation scientifique. Chacune des 300 espèces végétales, dont les semences sont conservées par le Conservatoire botanique, fait l’objet de recherches préalables visant à sélectionner les échantillons les plus représentatifs de la variabilité de l’espèce ou de la population à conserver, et à anticiper les difficultés de stockage, de germination et de culture. Aujourd’hui, ce sont plus de 1300 lots de semences qui ont ainsi été stockés par le CBN Massif central en prévision d’actions de préservation et de gestion conservatoire. Visiter les bureaux du CBN : salle de tri, réfrigérateurs, salle de culture, serre, jardins... Suivre une espèce en particulier de la collecte sur le terrain jusqu'à l'introduction dans les jardins. Exemple : Nielle des blés... graine (haricot), les différentes parties permettant son développement (cotyledon)... 7 R I S E L I B I N S Rapidité : Les graines de marronniers ou d'érables germent quasiment dès qu'elles touchent le sol. Légèreté : Parmi les graines les plus légères et donc susceptibles d'être largement disséminées par le vent on peut citer les semences des orchidées, la noix de la cycnoches chlorochilon contient jusqu'à 3,7 millions de graines et la noix de anguola ruckeri en contient aussi environ 3,5 millions. La graine de la goodyère rampante pèse à peine 1 millionième de gramme. Grosseur : La graine la plus grosse est celle du cocotier de mer, ou coco-fesse des Seychelles qui peut peser jusqu'à 20 kg. Longévité : Des graines de palmier-dattier, vieilles de 2 000 ans, et des graines de lotus sacré, vieilles de 1 200 ans ont germé. Viviparité : La graine du palétuvier germe directement dans le fruit encore accroché à la plante. Chaleur : Les feux de brousse favorisent la germination des graines d'eucalyptus en provoquant des réactions thermiques et chimiques qui lèvent la dormance. La graine de célosie apprécie particulièrement les terrains récemment ravagés par le feu, d'où son surnom d'herbe du feu. Sources : http://cabanedetellus.free.fr www.wikipedia.fr LECIAK.E. 2012 - L'Odyssée de la graine. Les 4 saisons du jardin bio - Terre vivante n°195 - 2012. 19-21. Prolongements ludiques Tous en voyage : les participants sont répartis en 6 groupes. Chacun d'eux devra récolter un maximum de graines propres à sa "famille" sur un ou plusieurs milieux différents : Groupe 1 - Les TOMBAPICS : récolte de graines soumises à la force de gravité (barochorie). Groupe 2 - Les CATAPULTES : récolte de graines projetées par les plantes mères (autochorie). Groupe 3 - Les VENTENPOUPES : récolte de graines disséminées par le vent (anemochorie). Groupe 4 - Les TOMBALOS : récolte de graines disséminées par l'eau (hydrochorie). Groupe 5 - Les VELCROS : récolte de graines disséminées par le pelage des animaux (épizoochorie). Groupe 6 - Les MANGEZMOIS : récolte de graines avalées et digérées par les animaux (endozoochorie). Idéalement les groupes s'affronteront à plusieurs reprises dans des milieux différents de manière à faire apparaître les différentes stratégies de dissémination selon l'écologie des milieux (vent, eau, feu...). À la manière d'Arcimbolo : les participants composeront des tableaux de graines (paysages, portraits, etc.). Les graines et l'art : outre l'évocation des instruments de musique nécessitant l'emploi de graines, le groupe sera invité à créer des bijoux à partir de graines collectées dans la nature (collier, bague...). Les graines dans l'alimentation : le groupe tentera de deviner quelles graines sont utilisées dans l'alimentation (céréales) et tant qu'épices ou condiments... C O N N A Î T R E C O N S E R V E R A S S I S T E R S E Et pour finir, quelques curiosités : Conservatoire botanique national du Massif central Siège Le Bourg 43230 CHAVANIAC-LAFAYETTE Téléphone : 04 71 77 55 65 Télécopie : 04 71 77 55 74 Courriel : [email protected] Site Internet : www.cbnmc.fr Antenne Limousin SAFRAN 2, avenue Georges Guingouin CS80912 - Panazol 87017 LIMOGES Cedex 1 Téléphone : 05 55 77 51 47 Antenne Rhône-Alpes Maison du Parc Moulin de Virieu - 2, rue Benaÿ 42410 PÉLUSSIN Téléphone : 04 74 59 17 93