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une solide formation reÍigieuse et qui, en outre, connait parfaitement
l'bistoire de sa famille ainsi que les traditions locales.
Toutes les informations transmises
par
le
I:Hijj
ont
été comparées et vérifiées
avec les données obtenues grace a d'autres membres de la famille ainsi
qu'a
divers habitants de Skiira.
11
est inutile de rappeler ici que tous nos informate1:lrs vivent dans un milieu
rural et
qu'en
général, ils
ont
une connaissance vague et imprécise de l'histoire
de leur pays, souvent sujette a des anachronismes.
En
dépit de cet inconvénient,
il est évident qu'ils conservent une tradition orale qui quelques fois peut nous
apporter de précieuses informations, ainsi que nous le verrons par la suite.
Selon la tradition orale, la population actuelle de Skiira est d'origine récente
et hétérogene. Les habitants de
lazone
étaient autrefois tous berberes ainsi que
les
autres populations de la
région<8>.
De ces premiers habitants berberes,
il
reste encore quelques familles qui, d'ailleurs, se rappellent parfaitement de leurs
origines autochtones. La population originelle était donc berberophone et
l'arabisation de la zone eut lieu plus tardo A ce sujet, il conviendrait de'souligner
ici que cette arabisation fut totale a tel point
qu'aujourd'hui,
la
seule langue
vernaculaire de Skiira est l'arabe(9).
La
toponymiesemble donner raison a
la
tradition orale :
on
releve a Skiira des toponymes berberes et arabes. Les
premiers proviendraient de l'ancienne population berbere, tandis que
les
seconds
auraieRt été introduits
par
des immigrants arabophones{IO).
Ainsi que nous l'avons déja dit, des immigrants aussi bien arabophones que
berberophones provenant de diverses régions
du
Maroc s'installerent a Skiira.
Nous avons alors des familles qui se souviennent que leurs ancetres. venaient
du
SUs,
du Tamalt, de la région de Marrakech, du Qra, etc. Entre autres groupes
du Qra, vinrent des membres des tribus arabophones telles que
les
Ulid
YeJ:tya
et les
J.l.iiJ:ta.
En
outre,
il
y a aussi des familles qui descendent de la tribu arabe
des.
RJ:tamna{lI).
(8)
Jacques-Meunié a attiré l'attention sur ce point : «Le peuplement
de
Skoura est donc récent,
il
est hétérogime et
les
éléments qui
le
composent n'ont pas encore accompli leur
fusiono
Oes
immigrés de meme origine ne semblent pas s'etre groupés pour former de petits noyaux sociaux
ou politiques, la seule unité de Skoura est territoriale, nominale, et, aujourd'hui, linguistique.
Tous
les
habitants de Skoura parlent arabe en effet, mais étaient autrefois pour la plupart
berbérophones» (op. cit., p. 20).
(9)
Le bilingüisme est assez courant parmi
les
hommes dans la mesure ou
ils
ont besoin de la
langue berbere afin de
se
faire comprendre
de
leurs voisins berberophones.
(lO)
O'autre part,
le
peuplement de Sküra semble etre relativement ancien. Jacques-Meunié pense
que
les
ruines
d'une
forteresse située aux abords du Oades, datent de l'époque almoravide
ou almohade (cí. op. cit., p. 81-82). Je ne suis pas en mesure de vérifier une telledatation.
(11)
A propos des origines de la population de Sküra,
el
Jacques-Meunié, op. cit., p.
20
et Thibert,
op. cit., p.
33
(la liste donnée par cet auteur est incomplete).
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Dialectologie et sciences humaines au Maroc.
Royaume du Maroc. Université Mohammed V.
Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines-Rabat.
Rabat 1995