6041. HISTOIRE - Collège Saint Pierre

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LE PASSAGE DU MOYEN ÂGE AUX TEMPS MODERNES
EN PAYS DE LOIRE.
LE TERRITOIRE
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La Loire, le plus long fleuve de France (1012 km), a été, avec ses affluents, la principale voie de
communication jusqu’à l’essor du chemin de fer au XIXe siècle.
Le choix fait par la monarchie de délaisser son domaine d’Ile-de-France, terre de sa résidence
depuis des siècles, au profit de la Touraine, s’explique principalement par les revers subis dans cette
phase de la guerre de Cent Ans - avec pour conséquence l’occupation d’une bonne partie du royaume
par l’ennemi. Le roi d’Angleterre Henry V, qui a remporté une grande victoire à Azincourt (25 octobre
1415), s’est allié au duc de Bourgogne Philippe le Bon (1419-1467), a pris Rouen (janvier 1419) et
s’est fait reconnaître (traité de Troyes, 21 mai 1420) par Charles VI comme héritier du trône de France,
évinçant ainsi le Dauphin (futur Charles VII).1 En outre, Paris elle-même a été aux mains des Anglais
de 1420 à 1436, et reste peu sûre. Pour résoudre le double problème de la sécurité et de
l’approvisionnement de la Cour, la Touraine présentait bien des atouts : terre fertile arrosée par la
Loire, elle est aussi importante au plan commercial, car elle constitue le trait d’union entre le nord et
l’ouest d’une part (région parisienne, Normandie, Bretagne et provinces atlantiques), et le sud d’autre
part (Lyonnais, Genève, Méditerranée, Italie). C’est d’ailleurs pour cette raison que la contrée s’est
trouvée de bonne heure hérissée de forteresses solides (Langeais, Loches, Chinon, Tours). Le roi
pouvait en outre y compter sur l’appui de villes fidèles, sans oublier les alliés proches, Angevins et
Bretons.
Cependant, avec l’intégration au royaume des possessions continentales anglaises et les progrès de la
centralisation monarchique, la Touraine sera peu à peu délaissée - déjà à partir de François Ier après
son retour de captivité à Madrid, mais surtout avec Henri IV, qui s’établit à Paris en 1598 - au profit de
l’Ile de France, région plus centrale et domaine royal par excellence. La désaffection du Val-de-Loire
peut être corroborée par une comparaison : François Ier y passe 28 mois de 1515 à 1524 (soit près d’1/4
de son temps), contre 22 mois de 1527 à 1547 (soit moins d’1/10 de son temps), et cela au profit de
Fontainebleau et de Paris.
ECONOMIE
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Dans ce domaine, la prépondérance à l’échelon international appartient sans conteste à l’Italie, trait
d’union et passage obligé entre le Nord et le Sud, l’Ouest et l’Est. Les cités italiennes sont enrichies par
le commerce avec l’Orient (Asie, Egypte), relancé grâce aux croisades. Il en résultera une puissance
nouvelle de l’argent, l’essor de la bourgeoisie d’affaires, un renouvellement de l’art de vivre et une
mentalité individualiste, ainsi qu’un enrichissement culturel extraordinaire, dont le reste de l’Europe
s’inspirera, à commencer par l’Espagne (déjà présente dans tout le sud de la péninsule) et la France (à
la faveur des Guerres d’Italie).
A partir du XVIe siècle, cette prépondérance, suite aux grandes découvertes, passera de plus en plus
aux nations atlantiques, à commencer par le Portugal et l’Espagne, pays fondateurs des premiers
1 Les rois d’Angleterre s’intituleront rois de France jusqu’à la paix d’Amiens (25 mars 1802).
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
2
empires coloniaux européens.
Bien des progrès techniques vont venir bouleverser la vie des Occidentaux à la fin du Moyen Age :
- dans le domaine de la navigation, avec la généralisation de la boussole (dès 1400) et
l’apparition des caravelles, navires à faible tirant d’eau et à gréement mixte (voiles carrées
et latines), permettant de faciliter l’exploration des côtes et la remontée des fleuves. Les
grands voyages d’exploration suscités par la nécessité de trouver une nouvelle route
commerciale vers l’Asie (soie, épices, métaux précieux) vont amener l’établissement
d’empires coloniaux qui enrichiront considérablement les Etats, le grand commerce et les
banques. (Portugal, Espagne, plus tard France Angleterre et Provinces-Unies).
- dans le domaine militaire, avec l’avènement des armes à feu, qui vont bientôt permettre la
mise sur pied d’une artillerie mobile rendant inutiles les charges de cavalerie et les
châteaux forts. Il en résultera un déclin de la chevalerie (évincée par l’emploi de
mercenaires), la transformation des forteresses en habitations de plaisance et le ralliement
par les nobles de l’armée royale, seule capable de se doter d’un parc d’artillerie ainsi que de
payer des mercenaires.
POLITIQUE.
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C’est le Temps des Princes (Philippe IV le Bel, Louis XI, François Ier), caractérisé par le
rassemblement territorial et la centralisation, avec l’avènement de la monarchie absolue et bientôt
le triomphe de la théorie du droit divin des rois. Suite à la nécessité d’en imposer et de s’assurer la
maîtrise d’un territoire beaucoup plus vaste, la monarchie se dote d’institutions nouvelles (imposition
permanente, armée permanente, conseils de gouvernement, cours des comptes, cours de justice, réseau
administratif, police, courrier officiel, ambassades). Elle s’entoure d’une cour qui se veut magnifique,
avec un personnel nombreux, des cortèges fastueux, une étiquette rigoureuse et des fêtes somptueuses
qui permettent au roi de tenir à l’oeil des grands vassaux potentiellement dangereux - avec cet
inconvénient que ce prestigieux entourage de courtisans flatteurs et intéressés, ou parasites, est
également un nid d’intrigues et forme un écran entre le roi et son peuple. Ce trait se trouvera renforcé
lorsque la cour, jusque-là itinérante (déplacements réguliers avec des séjours dépassant rarement une
semaine au même endroit), se sédentarisera définitivement à Versailles en 1682.
Une nouvelle mentalité politique voit le jour, fondée sur le sentiment national (sentiment
d’appartenance à une Nation, dans le cadre d’un Etat de mieux en mieux organisé) et surtout le
loyalisme à l‘égard de la dynastie, qui supplante de plus en plus le sentiment d’appartenance à un
ensemble plus vaste, la Chrétienté (c’est-à-dire l’Europe). A l’espace politique morcelé du temps des
croisades, où la Papauté apparaissait comme le seul élément vraiment fédérateur - notamment face à un
monde musulman perçu comme dangereux - se substitue l’espace politique unifié des grands Etats
monarchiques nationaux. Les hommes s’en remettent plus volontiers à un arbitre-protecteur plus proche
et censé organiser la vie sociale au mieux de l’intérêt général (paternalisme) plutôt qu’à un chef lointain
dont le prestige s’est émoussé et qui semble souvent se comporter seulement comme un monarque
parmi d’autres. La nouvelle mentalité sera particulièrement sensible en France, déjà lors de la bataille
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
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de Bouvines (1214), puis surtout à la faveur de la guerre de Cent Ans. Cette évolution procède du
renforcement de la monarchie autant que du recul et du discrédit de l’Eglise (siège pontifical à Avignon
puis grand schisme d’Occident, préoccupations politiques, matérielles et mondaines du haut clergé,
ignorance et mauvaise conduite, hérésies), ainsi que de la laïcisation de la société ; avec ou sans
hérésies vont se constituer des Eglises nationales dans lesquelles le haut clergé lui-même aura tendance
à obéir davantage au roi qu’au pape. Le Roi cherchera à s’émanciper de la tutelle ecclésiastique et, à
l’inverse, à imposer sa tutelle à l’Eglise. C’est la politique du césaro-papisme, qui sera notamment
illustrée en France par la Pragmatique Sanction de Bourges, rendue par Charles VII le 7 juillet 1438 2.
Elle sera abolie par le concordat de Bologne (1516) établi entre Léon X et François Ier, mais celui-ci
laissera au roi la désignation des évêques de France. Parfois, la monarchie ira jusqu’à s’imposer à la
tête de l’Eglise nationale (ex. : Henry VIII en Angleterre).
CAS PARTICULIER DE LA FRANCE
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Le XVe siècle sera marqué par les relations souvent conflictuelles qu’entretiendront nos propres
princes, les ducs de Bourgogne, avec la monarchie française.
* Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), la France est affaiblie par la minorité du roi Charles
VI (1380-1422), puis par ses crises de démence (à partir de 1392). Ses oncles (ducs d’Anjou, de
Bourgogne, de Berry et de Bourbon) se disputent le pouvoir sur fond de luttes de partis et de troubles
sociaux. C’est la guerre civile. Dans ce contexte, le duc Louis d’Orléans, frère ambitieux et frivole du
roi fou, est assassiné à Paris3 le 23 novembre 1407 par les hommes de son rival Jean sans Peur, duc de
Bourgogne, et sur les ordres de celui-ci. Suite à cet assassinat, la France se divise en deux camps : les
Bourguignons et les Armagnacs. Les premiers, partisans du duc de Bourgogne, s’opposent aux
seconds, désignés par référence à Bernard d’Armagnac, beau-père de Charles d’Orléans (fils du duc
assassiné), lequel a décidé de venger son père. Ce crime valut à Jean sans Peur la sympathie de la
population parisienne et même de l’Université de Paris, ville dont il se rend maître dès 1408. Il laisse
faire la sanglante épuration contre les Armagnacs, mais une révolte populaire (mai 1413) provoque une
réaction qui le force à quitter Paris. Pour évincer les Armagnacs, Jean sans Peur conclut alors un pacte
secret avec Henri V d’Angleterre et rentre à Paris (mai 1418), où il procède à d’atroces vengeances
contre les partisans des Armagnacs.
Ces troubles forcent le futur Charles VII (1422-1461)4 à quitter Paris (mai 1418), tombée aux mains des
Bourguignons, alliés des Anglais, pour se réfugier à Bourges. Cependant, face aux succès anglais (prise
de Rouen en janvier 1419), il songe à se rapprocher des Bourguignons ; Jean sans Peur, de son côté,
commençait d’ailleurs à être mécontent de ses alliés britanniques. Le dauphin alla donc rencontrer Jean
sans Peur à Montereau, mais un de ses officiers, Tanguy du Châtel, y assassina le duc (10 septembre
1419), ce qui relança la guerre civile et scella l’alliance de Philippe le Bon (1419-1467), fils du duc
assassiné, avec l’Angleterre. Celle-ci est illustrée par le traité de Troyes (21 mai 1420), conclu entre le
roi Henri V d’Angleterre, le duc de Bourgogne et le roi Charles VI ; ce dernier est poussé par son
épouse Isabeau de Bavière qui veut déshériter le dauphin, futur Charles VII.
2 Dénonçant dès le préambule les abus de la papauté et proclamant la supériorité du concile sur le pape, elle déclare
applicables en France les canons des conciles de Constance et de Bâle limitant les pouvoirs du pape. Elle proclame la libre
élection des évêques et des abbés par les Chapitres et les monastères. Elle supprime les réserves, les grâces expectatives et
les annates ; elle limite les appels en cour de Rome, restreint ls effets de l’excommunication et de l’interdit. Accueillie
favorablement par l’Eglise de France et par le Parlement, mais jamais approuvée par Rome (pas plus que par les ducs de
Bourgogne et de Bretagne), la mesure resta en vigueur jusqu’au concordat de 1516.
3 Rue Vieille-du-Temple, près de la rue Barbette ; la reine Isabeau de Bavière avait sa résidence à l’hôtel Barbette, le duc
de Bourgogne à l’hôtel Saint-Pol.
4 Celui-ci est le cinquième fils de Charles VI le Fou et d’Isabeau de Bavière ; il est devenu dauphin en 1417 suite à la mort
de ses frères aînés.
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
4
* Plus tard, Charles VII (1422-1461) réussira à détacher les Bourguignons de l’Angleterre en
accordant à Philippe le Bon d’importantes concessions au traité d’Arras (21 septembre 1435) : cession
des comtés d’Auxerre et de Mâcon, ainsi que des villes de la Somme. 5
* Louis XI sera un des grands artisans de la politique monarchique de rassemblement territorial,
d’unification et de centralisation qui caractérise le Temps des Princes. Cette oeuvre monumentale se
heurtera à la vive résistance des princes 6, au premier rang desquels on trouve Charles le Hardi (appelé
depuis le XIXe siècle le Téméraire) avant même qu’il ne devienne duc de Bourgogne. Dès 1465, il
prend la direction de la Ligue du Bien public, une révolte princière et seigneuriale contre Louis XI, qui
groupe les ducs de Bretagne, de Bourbon, de Calabre et de Nemours ; Charles de Berry, le propre frère
du roi ; les comtes d’Armagnac et de Dammartin, ainsi que Dunois. A la suite de la bataille indécise de
Monthléry (16 juillet 1465), Louis XI est réduit à traiter (paix de Conflans, 5 octobre 1465, et de SaintMaur, 29 octobre 1465) ; il doit rendre à Philippe le Bon les villes de la Somme qu’il a achetées deux
ans plus tôt, et céder la Normandie à son frère Charles. Bien décidé à déchirer ces traités à la première
occasion, Louis XI réoccupe la Normandie dès janvier 1466 et la fait déclarer par les Etats généraux
partie inaliénable du domaine royal. Une nouvelle ligue se forme alors contre lui, avec pour chefs
Charles le Téméraire, devenu (1467) duc de Bourgogne, et François II, duc de Bretagne, ainsi que, de
nouveau, son propre frère Charles. Louis XI bat d’abord le duc de Bretagne, lui imposant la paix
d’Ancenis (1468), et soutient secrètement contre le duc de Bourgogne les révoltes de Gand et de Liège.
Mais il commet la grave imprudence de se rendre à Péronne pour une entrevue avec Charles le
Téméraire (9 au 14 octobre 1468), en feignant de vouloir régler à l’amiable leur différend. Le duc ayant
appris, au cours des entretiens, la politique subversive menée par son interlocuteur dans ses Etats,
retient Louis XI prisonnier au château de Péronne et lui impose des conditions humiliantes :
abandonner des apanages à son frère Charles et assister à l’écrasement des Liégeois, qui avaient eu le
malheur de lui faire confiance. Dès 1470 cependant, il fera annuler le traité de Péronne par une
assemblée des notables à Tours. Débarrassé de son frère (mort en 1472), il va s’employer à isoler le
Téméraire. Celui-ci est devenu d’autant plus dangereux que, veuf d’Isabelle de Bourbon
(† 1465), il s’est remarié (Damme, 3 juillet 1468) avec Marguerite d’York († 1503), soeur du roi
d’Angleterre Edouard IV (1461-1483), ce qui risque de relancer la guerre de Cent Ans. Tandis
qu’Edouard IV, débarrassé de ses ennemis intérieurs, s’est porté au secours de son beau-frère contre la
France et a débarqué à Calais, Louis XI parvient à acheter son départ et à faire la paix avec lui (traité de
Picquigny, 1475) : il a offert 300 chariots de vin à l’armée anglaise et donné à son roi une somme de 75
000 écus, plus une pension de 50 000 écus pour les neuf années à venir ! D’autre part, Louis XI écrase
successivement les plus remuantes des maisons féodales secondaires (Armagnacs 1473, Alençon 1474,
Saint-Pol 1475, Nemours 1477).
Les fautes commises par Charles le Téméraire et la politique souterraine de Louis XI qui dresse contre
lui les Suisses7 permettent au roi de France de se débarrasser définitivement de son principal adversaire,
5 En réalité, les villes de la Somme sont vendues par le roi au duc. Il s’agit de Saint-Quentin, Corbie, Amiens, Abbeville ;
tout le comté de Ponthieu de part et d’autre de la rivière Somme ; Doullens, Saint-Riquier, Crèvecoeur, Arleux et Mortagne.
6 Il est piquant de constater que lefutur Louis XI, impatient d’occuper le trône, avait à plusieurs reprises fomenté des
troubles contre son propre père Charles VII (dès 1440, et à nouveau en 1455), qui avait fini ses jours dans la crainte d’être
empoisonné par lui ! En 1455, le dauphin avait pris la fuite à l’approche des armées de son père pour aller se réfugier
auprès de Philippe le Bon. Cet épisode explique la présence, dans la basilique Notre-Dame de Hal, du tombeau de son fils
Joachim († 1460). C’est également à Hal qu’était décédé Philippe le Hardi († 27 avril 1404), grand-père de Philippe le Bon.
7 L’intervention de la Suisse dans les guerres de Bourgogne s’explique par son voisinage avec la Franche-Comté, mais
aussi par la menace que faisait peser sur elle la possession de l’Alsace par le Téméraire, et enfin par les manoeuvres de
Louis XI, qui laissera travailler les Suisses à son propre profit. Le duc Sigismond d’Autriche, en proie à des problèmes
financiers, a cédé en engagère au duc de Bourgogne ses possessions en Forêt Noire, en Brisgau et en Alsace. Les villes de
Mulhouse (alors suisse, tout en étant ville impériale) et de Bâle formèrent une ligue anti-bourguignonne avec plusieurs cités
d’Alsace et appelèrent à l’aide les Confédérés, qui déclarèrent la guerre à Charles le Téméraire (octobre 1474). Dès 1475 les
Bernois s’emparèrent du pays de Vaud, qui appartenait à la Maison de Savoie, alliée du Téméraire. En 1476, les Suisses
infligeront deux défaites au duc : le 2 mars à Grandson (canton de Nuchâtel), dont le Téméraire avait précédemment
massacré la garnison, et le 21 juin à Morat (Murten). On notera en passant que par la suite, c’est avec l’aide de Louis XI que
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
5
qui meurt sous les murs de Nancy le 5 janvier 1477. Quant au duc de Bretagne François II, qui plus tard
profitera de la régence d’Anne de Beaujeu pour relancer la lutte contre la France (Guerre Folle, 1485),
il verra ses troupes vaincues (Saint-Aubin-du-Cormier, 28 juillet 1488) et devra s’engager à ne pas
marier ses filles sans le consentement du roi de France (traité de Sablé, août 1488).
Appendice. LES GUERRES CIVILES DITES GUERRES DE RELIGION (1562-1598).
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* Conflit armé, pendant la seconde moitié du XVIe siècle en France, entre le parti catholique et le
parti protestant ; l’enjeu en est le statut du protestantisme (calvinisme) en France, mais il s’agit aussi,
sinon plus encore, d’une lutte pour faire obstacle à la politique centralisatrice de la Monarchie, et même
- du moins du côté de la Ligue catholique, dirigée par les ducs de Guise de la maison de Lorraine - pour
la conquête du pouvoir. On y distingue huit phases, toutes qualifiées de guerres, à savoir :
1. (1562-1563).
- origine : massacre (1er mars 1562) de protestants par le duc de Guise à Wassy.
- faits : prise de Rouen par les catholiques (26-10-1562) ; victoire catholique de Dreux
(19-12-1562) ; siège d’Orléans, au cours duquel François de Guise est assassiné (18-21563).
- fin : paix d’Amboise (19-3-1563) entre Catherine de Médicis et les protestants.
2. (1567-1568).
- origine : inquiétudes des protestants face aux négociations de Catherine de Médicis avec
le Cour d’Espagne.
- faits : vaine tentative protestante d’enlèvement à Meaux du jeune Charles IX (28-91567) ; défaite des protestants à Saint-Denis par Montmorency (10-11-1567).
- fin : paix de Longjumeau (23-3-1568).
3. (1568-1570).
- origines : disgrâce du chancelier Michel de l’Hospital, et ordre d’arrestation lancé contre
Condé et Coligny.
- faits : combats acharnés. En 1569, victoires catholiques de Jarnac (13-3) et de
Moncontour (3-10).
- fin : traité de Saint-Germain (8-8-1570) accordant aux protestants l’amnistie, et
l’exercice de leur culte dans deux villes par province, ainsi que quatre places de sûreté
pour deux ans (La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité).
4. (1572-1573).
- origine : massacres de la Saint-Barthélemy (24-8-1572).
- faits : vaine tentative catholique de s’emparer de La Rochelle.
5. (1574-1576).
- origine :
- faits : victoire d’Henri de Guise à Dormans.
- fin : paix de Monsieur, ou de Beaulieu (6-5-1576). Très favorable aux protestants, elle
provoque la formation de la Ligue catholique.
6. (1576-1577).
- origine :
- faits : succès catholiques à La Charité et à Issoire.
- fin : traité de Bergerac (17-9-1577).
7. (1580). Dite Guerre des Amoureux.
la Savoie recouvrera la plus grande partie du pays de Vaud !
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
6
- origine :
- prise de Cahors par Henri de Navarre.
- fin : paix de Fleix, confirmant celle de Bergerac.
8. (1585-1598). Dite Guerre des Trois Henri.
- origine : traité de Nemours (7-7-1585), par lequel Henri III s’allie à la Ligue - dont il est
plutôt l’otage que le véritable allié - et révoque toutes les concessions faites aux
protestants.
- faits : victoire d’Henri de Navarre sur le duc de Joyeuse à Coutras (20-10-1587) ;
victoires d’Henri de Guise à Montargis et à Auneau, ce qui empêche les renforts suisses
et allemands de faire leur jonction avec les calvinistes français.
1588 (12-5) Soulèvement à Paris (Journée des Barricades) en faveur du duc de Guise,
qui ne cache plus les prétentions de sa Maison au trône de France. Henri de Guise étant
venu à Paris malgré la défense d’Henri III, celui-ci donne l’ordre à 4 000 Suisses et à
2 000 gardes d’occuper la capitale ; manipulé, le peuple de Paris barre les rues avec des
chaînes, des pavés, des tonneaux, des barriques (d’où le mot barricade, attesté dans ce
sens dès 1570), et investit les Suisses et les gardes. Paris est dévoué à la Ligue et à Henri
de Guise, qui s’y est révélé plus populaire que le roi lui-même. Le lendemain, Henri III
s’enfuit de Paris et se réfugie à Chartres. La rupture est consommée entre le roi et la
Ligue.
Les cités du Val de Loire lui étant restées fidèles, c’est à Blois que, comme en 1576,
Henri III convoque les Etats généraux en 1588 (ouverture le 16 octobre ; clôture le 16
janvier 1589). Les députés du clergé et du tiers y sont majoritairement partisans de la
Ligue ; dès le 18 octobre, les Etats arrachent au roi la promesse qu’ils disposeront d’un
pouvoir délibératif. Cet affront à l’autorité royale aurait décidé Henri III à faire
assassiner le duc de Guise et son frère (23 décembre).
Cet assassinat politique - que la propagande catholique s’appliquera à maquiller en
martyre de la cause religieuse, allant jusqu’à comparer les deux victimes au Christ ! est le signal d’un soulèvement général des ligueurs, désormais dirigés par le duc de
Mayenne. Mais Henri III s’allie à Henri de Navarre et vient avec lui mettre le siège
devant Paris, qui est aux mains d’une dictature théocratique et a proclamé sa déchéance.
L’assassinat d’Henri III, dernier des Valois, par Jacques Clément, moine ligueur
fanatique (1er août 1589) fait d’Henri de Navarre le souverain de droit, mais les
catholiques refusent de le reconnaître - bien que le parti de plus en plus nombreux des
politiques travaille à l’apaisement et à la réconciliation sous l’autorité royale. Vainqueur
de Mayenne à Arques et à Ivry (14 mars 1590), Henri IV ne peut cependant s’emparer
de Paris ; il se résout alors à abjurer le protestantisme (25 juillet 1593). On lui prête à
cette occasion le mot fameux : « Paris vaut bien une messe ! » Après de nombreuses
villes, Mayenne lui-même fera sa soumission suite à la victoire d’Henri IV à FontaineE. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
7
Française ( (5 juin 1595). L’édit de Nantes (13 avril 1598) met un terme définitif aux
guerres de religion.
LA COUR AU XVIe SIÈCLE.
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La cour de France est encore nomade : elle suit son souverain dans ses voyages à travers le royaume.
La plupart des châteaux royaux n’étaient pas meublés en permanence : meubles et tapisseries
accompagnaient le roi d’un lieu à l’autre. Un déplacement de la cour de François Ier représentait près
de 10 000 personnes sur les routes ou les rivières, en un interminable cortège de chariots, litières,
piétons… Aucun château royal ne pouvait loger une telle foule. Seuls les personnages les plus
importants dormaient auprès du roi. Pour ceux qui ne trouvaient pas place au château, des logements
étaient réquisitionnés dans les villes et villages des environs.
Lorsque la cour est en séjour, le déroulement quotidien de la vie du roi répond à des règles relativement
précises qu’Henri III codifiera en un règlement rigide, à l’origine de la célèbre étiquette pratiquée par
Louis XIV. Cependant, comme ses prédécesseurs, François Ier aimait se mêler à ses courtisans ; la
familiarité de cette pratique seigneuriale étonnait fort les diplomates étrangers, en particulier les
Italiens, habitués à davantage de cérémonie.
Un programme convenu rythmait les journées : le lever du roi, le conseil dans sa chambre ou sa garderobe, avec un nombre réduit de secrétaires ou de conseillers pour traiter des affaires du royaume, puis la
messe. Sur son trajet, à l’aller comme au retour, les courtisans et la foule pouvaient le voir, lui glisser
une requête. Après le dîner (appelé aujourd’hui déjeuner en France), dames et seigneurs
accompagnaient le roi jusqu’à la fin du jour, à la chasse ou pour d’autres passe-temps. Puis venait le
souper (on dit aujourd’hui le dîner), fréquemment suivi d’un bal, et enfin le coucher du roi en présence
des grands.
SOCIÉTÉ
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A) Importance respective des groupes sociaux.
Les rapports de forces entre groupes sociaux évoluent d’une part suite au renforcement de
la monarchie et d’autre part avec les progrès des villes.
La montée du pouvoir royal va de pair avec le recul des forces sociales qui prédominaient
jusque-là (seigneurs et haut clergé) et avec l’essor de la bourgeoisie sur laquelle la
monarchie prend le plus souvent appui (ressources financières, conseillers).
B) Caractères.
L’essor des villes, amorcé dès le XIe siècle, va en s’amplifiant, amenant l’avènement
d’une société renouvelée qui se caractérise par les traits suivants :
1) relativement plus sûre ;
2) plus diversifiée ;
3) moins hiérarchisée et plus libre (recul de la puissance seigneuriale et exode rural) ;
4) plus riche, avec l’avènement du matérialisme. Pouvoir de l’argent, facteur de réussite
individuelle et d’ascension sociale. Il va affluer à la suite des grandes découvertes et
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
8
assurer (du moins à un petit nombre) un niveau de vie jamais atteint en Occident
depuis l’Empire romain.
5) esprit plus individualiste et critique - notamment face aux autorités civiles ou
religieuses -, suite aux progrès de l’instruction (écoles, universités). Cette mentalité
nouvelle va de pair avec un mouvement de laïcisation : c’est la lutte des laïcs (Roi,
juristes, société en général, surtout urbaine) pour leur autonomie par rapport à l’Egliseinstitution (pape, haut clergé). Les laïcs veulent forcer l’Eglise, devenue une puissance
de premier ordre au XIIIe siècle, à reconnaître d’une part leur indépendance en matière
temporelle (profane) par rapport à l’institution - ce qui, au plan politique, implique le
principe de laïcité de l’Etat, ou au moins une tendance à la séparation de l’Eglise et de
l’Etat -, et d’autre part que l’Eglise est en réalité la communauté de tous les chrétiens
baptisés, indépendamment de toute hiérarchie, et ne se limite donc nullement à
l’institution cléricale. On assiste à l’avènement d’une mentalité anthropocentrique
(vision optimiste de l’individu, appelé à s’engager dans la construction d’un monde
meilleur), tournant le dos à la vision du monde médiévale, théocentrique (s’en
remettant avant tout à Dieu, l’individu, soumis à son sort, étant appelé à la rédemption
par la souffrance acceptée et les oeuvres de miséricorde). Cette mentalité va s’avérer
plus ouverte et entreprenante, portée par le mouvement humaniste et bientôt par les
grandes découvertes, qui amènent un élargissement des horizons géographiques et
mentaux, un brassage d’idées et, pour quelques-uns, l’accès au sens du relatif. Tout
cela sera à l’origine d’un important essor scientifique.
L’essor de l’individualisme, produit de la sécurité revenue et de l’essor urbain, est
parallèle au recul d’une approche collective de la vie (chevalerie, croisades,
construction des cathédrales, oeuvres collectives souvent anonymes, lignage,
communauté de village, communauté urbaine) ; les liens de solidarité tendent à
s’affaiblir.
C) Dans le domaine de la vie quotidienne, l’enrichissement de la monarchie et de tout ce qui
gravite autour d’elle amène le développement d’un art de vivre plus luxueux : construction de
résidences d’agrément et aménagement de jardins à l’italienne, recherche dans le vêtement
avec des modes volontiers extravagantes, goût pour les mets épicés et les vins, adoption de la
fourchette (importée de Venise, qui l’a elle-même héritée de Constantinople) ; utilisation de vaisselle
d’étain, d’or ou d’argent, de porcelaine.
CULTURE
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E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
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* CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE L’ARCHITECTURE (châteaux).8
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1. Grandes forteresses très étendues et à double enceinte.
CHINON, LANGEAIS (le plus ancien donjon en pierre conservé en France), LOCHES.
GOTHIQUE FINAL.
2. Au XIVe s., châteaux plus ramassés, fort élevés et encombrés d’un décor compliqué et
raffiné au niveau des faîtes.
Châteaux du duc Jean de Berry (commanditaire des Très Riches Heures), notamment
SAUMUR et MEHUN-SUR-YÈVRE.
3. Au XVe siècle, les derniers châteaux forts.
LANGEAIS (Louis XI, 1465-1469), USSÉ ; LE PLESSIS-BOURRÉ, COUDRAYMONTPENSIER, MONTREUIL-BELLAY, CHAUMONT-SUR-LOIRE.
4. Au XVe siècle, Les demeures de plaisance.
BLOIS (aménagements de Charles d’Orléans). Manoirs du roi René d’Anjou :
CHANZÉ, RECULÉE, LA HAUTE-FOLIE, RIVETTE, LE MÉNITRÉ, LAUNAY.
Architecture de briques : LE PLESSIS-LÈS-TOURS (demeure de Louis XI), LUYNES,
GIEN, NANÇAY, CHATIGNY, LES RÉAUX, LE MOULIN à Lassay, HERBAULT.
5. L’architecture de grand luxe (gothique flamboyant).
AMBOISE, MEILLANT, AINY-LE-VIEIL, ARGY.
PREMIÈRE RENAISSANCE (1495-1530).
Elle correspond à l’âge d’or des Châteaux de la Loire, qui commence avec l’expédition italienne de
Louis XII (1494-1495) et s’achève avec le retour de François Ier de sa captivité à Madrid (mars 1526),
après quoi ce prince délaissera de plus en plus le Val de Loire pour s’établir en Ile-de-France
(Fontainebleau et Paris).
On notera que les châteaux les plus originaux ne sont pas - à l’exception de Chambord - des
résidences royales, mais bien des constructions privées (Le Plessis-Bourré, Gaillon, Bury). Cela
s’explique peut-être par la mentalité conservatrice et protectionniste des corporations du bâtiment,
jalouses de privilèges que le roi se devait de respecter, imbues d’elles-mêmes et hostiles par principe
aux idées nouvelles, surtout si celles-ci étaient apportées par des étrangers…
* Inspiration Campagne italienne (1494-1495) de Louis XII (revendication de la succession des Anjou
à Naples). Il revient fasciné par l’éclat de la civilisation italienne, ramenant un
riche butin et des oeuvres d’art, mais aussi 22 artisans italiens, qui vont contribuer à la transformation
de l’art français ; ainsi Fra Giocondo (Dominicain humaniste), Dominique de Cortone dit le Boccador,
auteur de l’hôtel de Ville de Paris, et dom Pacello de Mercogliano
(† Blois 1534), religieux napolitain et architecte de jardins qui acclimata le melon en Val de
Loire.
L’art nouveau affectera d’abord les jardins, pour se porter ensuite sur l’architecture (le décor seul dans
un premier temps).
Les artisans italiens introduisent en France l’usage des buis taillés et développent celui des parterres
compartimentés formés de broderies géométriques, multipliant en outre les fontaines décoratives. Petit
8 Cette notice est structurée d’après GEBELIN (François), Les Châteaux de la Loire, Paris, édit. Alpina, 1957.
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
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à petit, le jardin à la française, héritier du jardin à l’italienne, prendra ses caractères spécifiques en
même temps que son espace dépassera l’enclos médiéval traditionnel pour se développer avec
ampleur : abondance des fleurs, perspective destinée à être vue au mieux depuis l’étage du château
(ceci étant permis par un relief beaucoup plus plat qu’en Italie, où le jardin, vallonné ou étagé, se
regarde plutôt de bas en haut), et enfin, à partir des années 1510, avènement du jardin dessiné dans
l’axe du château afin de produire une cohérence d’ensemble ; jusque-là, et encore à Chenonceau, les
jardins étaient formés d’enclos disposés indépendamment de l’implantation du bâtiment principal. Le
sommet du genre sera atteint par les réalisations d’André Lenôtre dans le Versailles de Louis XIV. Pour
la Renaissance, les jardins reconstitués de Villandry constituent un modèle.
- Symbolique du jardin. L’aménagement du jardin, d’abord très étroitement lié à la société de cour,
aura vite pour fonction de révéler l’ordre, la beauté, l’art de vivre, fournissant au château royal un cadre
idéal destiné à traduire jusque dans la nature l’action pacificatrice et ordonnatrice de la monarchie. En
bons courtisans, les gentilshommes comme les bourgeois, ministres et financiers, suivront l’exemple.
Quant à l’architecture, elle s’inspirera donc de la Renaissance en Lombardie (Chartreuse de Pavie) et
en Toscane. Style fleuri fait d’élégance, de légèreté, de fantaisie. Transformation de châteaux forts en
demeures de plaisance, mais avec le maintien des structures médiévales, le nouveau style n’affectant le
plus souvent que le décor.
L’ordonnance typique est constituée par une travée comprenant un étagement de fenêtres accostées de
pilastres et se terminant par une lucarne (élément d’architecture inconnu en Italie). Ex. : Azay-leRideau. Vers la fin de cette période, les pilastres feront place à des colonnes comme dans la deuxième
Renaissance.
Ex. : tombeau de Louis XII (1516-1532) à Saint-Denis.
6. Les débuts de l’italianisme.
Première phase de la première Renaissance française, l’italianisme se borne à remplacer le décor
sculpté de l’architecture gothique par un décor à l’italienne. Le style nouveau renouvelle donc la
sculpture ornementale sans affecter l’architecture proprement dite (ordonnance des façades et - moins
encore structure des édifices).
AMBOISE, BLOIS (Louis XII), GAILLON (Eure ; portail 1509), SAINT-OUEN-DECHEMAZÉ, MONTSOREAU, LA POSSONNIÈRE, CHENONCEAU.
7. Les réalisations majeures de François Ier.
Dans la seconde phase de la Renaissance française, le décor se signale par davantage de sobriété
ainsi que par l’adoption de la modénature (profil des moulures) classique. Ex. : aile François Ier à Blois
(face intérieure, partie de gauche) ; Azay-le-Rideau. Et surtout, le style nouveau affecte désormais
l’ordonnance des façades, sur le modèle de la Renaissance romaine (Bramante) : recherche de rythme,
illustrée notamment par la superposition des ordres et par le recours à une succession d’arcades sur
imposte (façade des Loges à Blois ; galerie de Bury ; Chambord).
- BLOIS : façade sur cour (1515-1519) et façade extérieure dite des Loges (1525).
- Son rayonnement : collégiale de MONTRÉSOR ; AZAY-LE-RIDEAU (1524-1527),
L’ISLETTE, LE LUDE (1520); BURY (son influence : SAINT-AIGNAN, VEUIL).
- CHAMBORD (1526-1544).
* Les autres réalisations : MADRID (près de Paris ; disparu), SAINT-GERMAIN-EN-LAYE ;
hôtels de Ville de Paris (à partir de 1530 ; Dominique de Cortone, dit le Boccador), Niort (1535)
Orléans (1530) et Loches (1540). A Angers, hôtel Pincé (1532) ; à Bourges, hôtel Lallemand ; à
Orléans, maison dite de François Ier et maison de la Coquille; à Rouen, maison dite de Diane de
Poitiers. A Toulouse : portes du Capitole (actuellement au jardin des plantes), de l’hôtel Buet, du
château de Saint-Jory et de l’hôtel de Bagis ; hôtel Bernuy (1530) et hôtel du Vieux Raisin (celui-ci
illustre également la deuxième Renaissance). Pavillon de chasse de François Ier à Moret (Seine-etMarne), reconstruit à Paris (Cours Albert Ier). Décor du château de Pau (1529) ; cour du château de la
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
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Rochefoucauld (Charente). En Normandie, châteaux de LASSON et de CHANTELOUP (Manche) ;
église Saint-Pierre de Caen.
DEUXIÈME RENAISSANCE (1530-1559) : CLASSICISME.
Approche plus austère et académique (ou archéologique, néo-classique) influencée par la
Renaissance à Rome et par l’art romain antique. Oeuvre d’architectes et d’artisans plus instruits,
influencée par la publication d’ouvrages sur l’art antique, le séjour d’artistes français (Jean Bullant,
Philibert Delorme) en Italie et surtout par l’Ecole italienne de Fontainebleau (à partir de 1526),
dominée par Le Rosso (1494-1551), auquel succède Le Primatice (1504-1570) ; rôle de Serlio (14741554), architecte du Roi, comme théoricien (ouvrage sur Vitruve).
Ex. : tombeau de François Ier (1552) à Saint-Denis.
- FONTAINEBLEAU (la Salle de Bal est une collaboration franco-italienne).
- En Normandie : hôtel d’Escoville (1535) et manoir des Gens d’Armes à Caen; château de
FONTAINE-HENRI (1537) près de Caen ; façade (1545) du château de MESNIÈRES
(Seine-Maritime).
- ÉCOUEN, ANCY-LE-FRANC (1546-1590, Yonne), ANET (à partir de 1548 ; Philibert
Delorme). Cour du LOUVRE (archit. Pierre Lescot et sculpt. Jean Goujon) ; hôtel d’Assézat
(1555-1560) à Toulouse et palais Granvelle (1534-1540) à Besançon.
N.B. Le changement de style inauguré par la deuxième Renaissance française ne s’explique pas
principalement par l’abandon de la région par la Cour, d’autant que ses prémices sont antérieures à ce
déménagement. Il s’agit avant tout d’un changement de mode, qui aurait de toute manière prévalu.
8. L’abâtardissement.
VILLEGONGIS, VALENÇAY, SERRANT.
Influences extérieures : SANSAC, VILLANDRY, VILLESAVIN, LA MORINIÈRE.
LE GRAND-PRESSIGNY, GUÉ-PÉAN, BEAUREGARD.
AZAY-LE-FERRON, LANDIFER.
TROISIÈME RENAISSANCE (1559-1589) : MANIÉRISME.
* De la fin du règne d’Henri II à l’avènement d’Henri IV.
A certaines exceptions près (Philibert Delorme), cette dernière phase de la Renaissance française, qui a
laissé peu d’oeuvres importantes (guerres de religion), manifeste un classicisme alourdi par l’excès
d’ornementation et certaine tendance à l’extravagance.
Ex. Château de PAILLY, près de Langres (1564-1573) ; maisons à Dijon ; palais des TUILERIES à
Paris (à p. 1564). Petit château à Chantilly (1563), par Jean Bullant ; palais de Justice de Besançon ;
donjon du château de Valençay (1545-1599).
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NOTE SUR LE STYLE Renaissance DANS L’ART RELIGIEUX.
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* Parmi les églises, le style de la Renaissance se réduit généralement à quelques additions à des
édifices gothiques, ce dernier style s’étant prolongé jusqu’à la fin du XVIe siècle. On retrouvera le plus
souvent les traits de la construction gothique, avec voûtes sur croisée d’ogives, arcs-boutants et fort
E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
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ébrasement des portails.
* Quelques traits spécifiques :
- abandon du flamboyant au profit de remplages simples (perpendiculaires) ;
- voûtes à clés pendantes en forme d’édicules ;
- clochers fortement structurés dominés par un dôme portant un lanternon.
* Exemples.
- de la première Renaissance : Chapelle de Champigny-sur-Veudes (Indre-et-Loire) ; à Paris, églises
Saint-Eustache (1532-1589) et Saint-Etienne-du-Mont (1517-1560); une grande partie de Saint-Protais
à Gisors (Eure). St-Michel à Dijon ; à Troyes, Saint-Pantaléon et la Madeleine ; cathédrale d’Evreux ;
Notre-Dame à Tonnerre ; abside de St-Pierre à Caen (seul édifice religieux couvert par une terrasse).
- de la deuxième Renaissance : Ste-Clotilde au Grand-Andely, St-Germain à Argentan, St-Gervais à
Gisors ; cathédrale d’Evreux.
En Bretagne apparaissent vers le milieu du XVIe siècle des petits monuments typiques (calvaires et
ossuaires) qui s’insèrent dans l’enclos paroissial ; illustrant un art populaire robuste et poétique, ils ne
doivent en général rien au mouvement de la Renaissance. Ex. : Saint-Thégonnec, Sizun, Guimiliau.
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E. de CRAYENCOUR, Le Pays de Loire. Historique.
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