ils sont des convertis du bon sens français. Nos vérités politiques ne sont
tirées d’aucun fonds d’imagination qui nous soit personnel. Elles vivent dans
l’âme de nos auditeurs et de nos lecteurs. La seule chose dont on puisse se
prévaloir ici, c’est d’avoir obligé le lecteur patriote à découvrir au fond de
ses propres pensées et de ses propres sentiments élevés au maximum de la
conscience lucide. . . — Quoi donc ? — La nécessité d’un recours au Roi.
Qui veut bien quelque chose en veut la condition. La condition de ce
qu’on veut quand on réclame le respect de la religion, ou la paix sociale, ou
la restitution de la France aux Français, cette condition préalable, c’est le Roi.
Pas de Roi, pas de puissance nationale, pas de garantie pour l’indépendance
de la nation. Pas de Roi, pas d’anti-maçonnisme efficace, pas de résistance
à l’étranger de l’intérieur, pas de réformes bien conduites ni sérieusement
appliquées.
C’est en cela précisément que réside le nationalisme intégral. Il met en
ordre les problèmes français, il permet de les comprendre, et ce qu’ils peuvent
offrir de contradictoire sans lui s’accorde en lui parfaitement ; par exemple,
un Pouvoir central très fort et des Villes, des Provinces, des Corporations
entièrement libres, au lieu de se détruire comme en République, se prêtent
un appui réciproque et se consolident par l’opération de la monarchie.
C’est un fait ; nous le ferons voir. Mais c’est un autre fait que beaucoup de
gens en sont frappés. C’est un troisième fait que, en tout temps, nos Princes,
du fond de leur exil, ont senti cet accord et l’ont inscrit dans leur programme,
qui n’a pas été fait pour les besoins de nos polémiques de 1908. Nos querelles
du mois courant seraient réglées par l’application d’un principe posé, posé
voici dix, vingt ou quarante ans, dans une lettre du comte de Chambord, du
comte de Paris ou de Monseigneur le duc d’Orléans.
Les Français à qui cette évidence deviendra claire feront honneur à la
vivacité d’esprit de leur race. Ensemble, diront-ils, nous avons fait une sottise
noire en nous séparant de nos Rois : puisque rien de sérieux ne saurait se
faire sans eux, le plus simple est de nous dépêcher de les rappeler, et avec
eux, de nous remettre le plus tôt possible au travail.
À ce langage de bon sens, on n’objecte que la prudence des timides, ceux
qui tremblent que la monarchie ne signifie « pour le public » le gouvernement
des nobles et des curés (simple sottise de primaires), ou ceux qui (moins
ignorants et plus imprudents) savent combien ce préjugé est faux, mais qui en
craignent la puissance. Nous ne craignons, pour notre part, aucune puissance
d’erreur. Notre devoir est de les réduire l’une après l’autre en leur opposant
l’évidence. Mais une évidence militera, dès l’abord, en notre faveur : c’est le
recrutement du personnel de l’Action française.
Ceux que le nationalisme intégral rallia nous sont venus de toutes les
classes et de tous les mondes. Ces hommes qui, depuis des années, travaillent,
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