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l_ GENERALITES SUR LES VALLEES ALPINES ET PERI-ALPINES
Les Alpes françaises s'étalent sur un front de 150 à 220 km. Il existe
un axe longitudinal privilégié, le sillon alpin. Avec la moyenne Durance, il permet
une traversée facile des Alpes,
du
Nord au Sud. A l'Ouest, le Haut-Rhône français est
un trait d'union entre les Alpes, le Jura et le monde méditerranéen d'égale impor-
tance.
Les vallées transversales qui sont séparées par des distances de 30 à
40 km permettent une pénétration aisée des Alpes;d'Ouest en Est. Ces vallées sont
sensiblement perpendiculaires à l'axe général de la chaîne alpine. Aussi, les nom-
breux adrets des Alpes françaises sont favorables à l'implantation de cultures exi-
geantes vis-à-vis des conditions de température et d'insolation, telles que la vi-
gne.
En plein coeur des Alpes, les versants bien exposés rappellent par certains
traits des paysages plus méridionaux. En revanche, les ubacs froids et humides sont
couverts par un épais manteau forestier où dominent les Conifères.
De puissants glaciers ont modelé de larges vallées par un lent travail
d'érosion qui
s'est
manifesté par des phénomènes d'élargissement et d'approfondisse-
ment à la faveur de roches faiblement résistantes (lias, vindobonien,callovo-oxfor-
dien).
Les lacs sont généralement situés dans les zones de confluence de plusieurs
glaciers. L'activité des glaciers et le travail des eaux courantes sont à l'origine
des grands marais qui persistent encore dans les plaines alluviales (surcreusement
de roches tendres, formation de barrages morainiques, placages glaciaires, remblaie-
ment post-glaciaire des anciens lacs). C'est le cas, par exemple,des marais de Chau-
tagne (Savoie) et de Lavours (Ain), qui s'étalent sur 4 000 hectares au Nord et à
l'Ouest du lac du Bourget. Généralement une tourbe eutrophe affleure dans la partie
centrale de ces marais; les couches de matière organique dépassent parfois;plusieurs
mètres d'épaisseur.
Les phénomènes de sédimentation fluviale sont responsables de la for-
mation des sols alluviaux ayant d'excellentes potentialités agricoles. Pendant des
siècles, la fréquence des crues, leur violence ont empêché l'homme de cultiver les
vallées des Alpes dans leur totalité. Aussi les forêts riveraines occupaient-elles
de vastes superficies. L'endiguement des cours d'eau, la construction de barrages
ont ouvert ces terres fertiles à l'agriculture, limitant au seul lit apparent,les
sites d'implantation de la végétation naturelle. Actuellement, l'urbanisation
dif-
fuse rapidement dans les vallées à partir des centres urbains.
Si la végétation riveraine des grandes vallées d'Europe centrale
comme
celles du Rhin ou du Danube et de leurs affluents est bien connue, en revanche,peu
de travaux ont été effectués sur les vallées des Alpes françaises. Aussi nous a-t-
il apparu opportun de présenter nos premières observations dans une étude prélimi-
naire.
ELLENBERG (1963) propose un schéma dans lequel le découpage des cours
d'eau en plusieurs sections repose sur la pente. Il distingue :
- la zone des sources où le cours d'eau est étroit avec généralement
des prairies et quelques arbustes {Sœllx.) en bordure. Cette zone correspond au cré-
non des hydrobiologistes ;
- le cours supérieur à forte pente de type torrentiel à cours rapide
dont le fond est occupé par des blocs arrondis. La végétation n'est représentée que
par une étroite bande
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Zncana. Le rithron correspond assez bien au cours su-
périeur. L'eau reste fraîche en été et son amplitude thermique annuelle est inférieu-
re à 20°C. Au point de vue piscicole, cette section à forte pente définit bien la zo-
ne où les truites trouvent des conditions écologiques optimales ;
- le cours moyen à pente modérée dans les grandes vallées montagnardes
ou en bordure des montagnes. La pente est favorable au dépôt des cailloux roulés,
des graviers et des sables grossiers. La végétation comporte une zone de bois ten-
dres et une zone de bois durs. Les conditions physico-chimiques de l'eau sont favo-
rables à l'installation des ombles ;
- le cours inférieur dont la pente est inférieure à
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où les méandres
se forment. Les sables fins, les limons et les colloïdes argileux se sédimentent.
Dans cette section;1'Aune blanc est absent. La végétation se caractérise par un é-
panouissement des groupements forestiers à F/iaxlnuA ax.CL2.lJb
loti.
Cette section corres-
pond au potamon des hydrobiologistes : débit élevé, amplitude thermique annuelle dé-
passant 20°C. Au point de vue piscicole, cette section est favorable à l'installa-
tion des barbeaux et des brèmes lorsque la rivière s'éloigne des reliefs.