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Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9
Hebdomadaire international
BANQUES, NOUVELLES
OPPORTUNITÉS EN 2015
lesafriques.com
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL
CRÉDITS CARBONE PREMIÈRE TRANSACTION INTRA-AFRICAINE EN AFRIQUE DE L’OUEST
NUMÉRO DOUBLE N° 328 - 25 juin au 8 juillet 2015
Parce que l’information a de la valeur
DOSSIER
SOMMAIRE
LES AFRIQUES
N° 328 - 25 juin au 8 juillet 2015
Parce que l’information a de la valeur
EDITORIAL
Terre de nouvelles opportunités en 2015
Banques Nouvelles
opportunités en 2015
04
En Afrique, la croissance est au
rendez-vous. Cette tendance pousse
à l’émergence de méga banques
locales qui investissent cette
nouvelle frontière, titillant les
multinationales. Les groupes BMCE
Bank, AttijariWafa bank, BP, UBA,
Ecobank, Coris Bank, BSIC, Stanbic,
Orabank,… élargissent leurs
périmètres, tandis que les secondes
montent au front.
26-51
BAROMÈTRE
Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité
d’élite de l’armée du Burkina Faso, ne sera finalement
pas dissoute, comme décidé en décembre dernier par
Yacouba Isaac Zida, PM de la transition
06
BRUITS DE MARCHÉ
Côte d’Ivoire : Une croissance de 7,9% prévue par le
FMI en 2015
08
ARRÊT SUR IMAGE
Abdel Fattah al-Sissi, président égyptien de la réunion
de l'Egypte reçoit Laurent Fabius, ministre français des
Affaires étrangères
12
VERBATIM
BANQUES & ASSURANCES
MOBILE FINANCE
La Banque mondiale, vecteur en Afrique centrale
14
16
ENTREPRISES & MARCHÉS
CREDITS CARBONE Première transaction
intra-africaine en Afrique de l’Ouest
INTERVIEW AMINA ZEGHAL
«Créer un pôle régional d’excellence»
MAROC
Deux femmes à la tête d’Inwi et de la SNI
Un consortium indochinois pour
la construction des automobiles au Cameroun
20
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
LIBYE
Une autre mort pour Mokhtar Belmokhtar
TCHAD
Double attentat-suicide à Ndjamena
23
24
DOSSIER
Banques
Nouvelles opportunités en 2015
26
ZOOM
AFRIQUE
La dernière frontière ?
52
RELATIONS INTERNATIONALES
De l’harmonisation des systèmes
juridiques de droit civil
72
PIED DE LETTRE
De nouveaux murs en Europe
74
18
Mobile finance
La Banque mondiale,
vecteur en Afrique centrale
Un atelier sous-régional organisé du
17 au 18 juin 2015 à Douala par cette
institution financière internationale
à l’intention des pays d’Afrique
centrale pour la vulgarisation de la
finance digitale.
16-17
Credits carbone Première
transaction intra-africaine
en Afrique de l’Ouest
21
22
Une transaction crédits carbone a
été réalisée, le 15 juin 2015, entre
ecosur afrique, leader de la finance
carbone en Afrique, Investisseurs &
Partenaires (I&P), famille de fonds
d’impact dédié aux PME africaines,
et Volta Car Services (VRS)… 18-19
Afrique
La dernière frontière ?
La croissance économique en Afrique
devrait se raffermir en 2015 et 2016,
pour se situer à 4,5 et 5%, des niveaux
proches de ceux d’avant la crise
mondiale de 2008/09. Cette étude se
penche, entre autres, sur les difficultés
que rencontrent les gouvernements
africains aux trajectoires de reprise
différentes, les entraves au retour
d’avant la crise...
52-71
25 juin 2015 Les Afriques
.3
ÉDITORIAL
Ismael Aidara,
Rédacteur en chef délégué
Terre de nouvelles opportunités en 2015
L
e marché bancaire africain continue à faire
courir les investisseurs. Petits comme grands, ce
continent offre un formidable relais de
croissance et de développement aux
investisseurs qui cherchent leur chaînon
manquant économique. En pleine ébullition, le
secteur bancaire explose d'Est en Ouest en
passant par le Centre. Car ces cinq dernières années, la
banque en Afrique, notamment au sud du Sahara, s'est
imposée comme un grenier précieux pour l'émergence de
bon nombre de pays. Entre fusions, acquisitions ou
arrimage, via guichet unique, la fulgurante expansion des
grands groupes, appelés «champions» marocains, nigérians,
sud-africains, ont pris pied dans bon nombre de pays aussi
bien au Centre, à l'Ouest qu’à l'Est concurrençant des
acteurs historiques européens jusqu'ici indéboulonnables.
D'un sens à l'autre, le secteur respire la forme. Il dégage
d'énormes profits substantiels (une niche estimée à plus
de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires) pour les
nouvelles acquisitions et expansions en Afrique. En
quelque sorte, l'industrie bancaire transforme petit à petit
l'économie du continent. Seulement, les groupes
bancaires africains deviennent de plus en plus agressifs
avec une culture commerciale et bancaire transversale et
bousculent les firmes françaises et européennes, leaders
historiques du marché. Fin 2014, la major française
Société Générale, qui a compris l'enjeu, a annoncé
l'ouverture à moyen terme d’une cinquantaine d'agences
par an via des acquisitions stratégiques et ciblées. Mais,
sur certains marchés, notamment chez sa filiale
LES AFRIQUES
Parce que l’information a de la valeur
Groupe Les Afriques Edition & Communication
SA au capital de 2’657’600.- CHF
Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse
Président Administrateur Délégué
Abderrazzak Sitaïl
Les Afriques Edition & Communication Europe
SARL au capital de 160.000 €
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Les Afriques Communication & Edition Maghreb
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219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc
Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501
sénégalaise, l'embellie n'a pas été au rendez-vous. Des
pertes record de plus de 32 milliards de f CFA. L'autre
française, la BPCE, qui affiche des appétits de s'implanter
en Afrique de l'Ouest et de l'Est, ne cache pas ses
ambitions d'acquérir des agréments hors green field d'ici
à avant fin 2016. Le dernier gros deal de 2014, révélé par
Les Afriques est le rachat par la nigériane FBN et l'Indien
First Merchant Bank du réseau bancaire de la holding
malaisienne ICB qui s'est retirée du continent. Montant
de la transaction : 200 millions de dollars. Aussi, c'est sur
les marchés francophones que la nigériane UBA a réalisé
ses bonnes affaires. Si le sud du Sahara est convoité tous
azimuts comme en attestent les deux grosses
implantations courant juin 2015 sur la place financière
dakaroise (BGFI, Banque de Dakar), l'Afrique de l'Est est
devenue la capitale de l'industrie bancaire africaine en
mouvement avec un rythme d'octroi d'agréments effréné.
Après le géant britannique Barclays et la sud-africaine
Standard Bank qui consolident leurs positions de
leaders de grands réseaux, First Merchant Bank pousse
les feux au Mozambique, au Malawi et en Zambie. Ces
pays sont des marchés vierges et à potentiel énorme. Fin
décembre 2014, les banques offshore et panafricaines
évoluant sur des segments diversifiés aussi bien en
Afrique occidentale, centrale qu’orientale et ont levé la
bagatelle de 120 000 milliards de f CFA. En clair, les
marchés africains représentent un investissement
formidable avec des bénéfices qui continuent de
grimper et des perspectives pour la croissance à long
terme que l'on ne trouve pas ailleurs.
Rédaction
Olivier Tovor, Lomé, Marie-Pier Boucher, Casablanca,
François Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca, Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar,
Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca,
Ibrahim Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis.
Responsable e-Marketing
Comité Scientifique
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Partenariats Internationaux.
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François Konan, New York. Politiques économiques.
Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
Responsable Abonnement et Distribution
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Révision
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Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum
Directeur de la Publication
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Rédacteur en chef délégué : Ismaïla Aidara, Uemoa.
Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC.
Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala.
Directeur Développement et Marketing
Libasse Ka
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L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM
4 Les Afriques .
25 juin 2015
Khalid Essajidi
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Base de données
Mokhtar Lasmar
Abonnement
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Diffusion
Presstalis, Sochepress,
Royal Air Maroc, SN Brussel.
Impression
Rotimpres, Aiguaviva (Spain).
Dépôt légal : novembre 2010
Edition internationale
Commission paritaire : 1017 C 89135
Edition Maroc
B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008)
Crédit photos AFP, DR
© Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur
/LESAFRIQUES
@LESAFRIQUES_COM
BAROMÈTRE
Chiffres
10 000
Pape François
Il s’agit d’une première au Vatican. Le pape François a accepté la tenue d’un procès, dans le petit
tribunal situé derrière la basilique Saint-Pierre,
pour Józef Wesolowski, un ancien prélat catholique polonais accusé d’avoir sexuellement abusé
des mineurs dans un quartier chaud de Saint-Domingue, en République dominicaine. Ce nonce
apostolique, également accusé de détention de
matériel pédopornographique, un délit introduit
en 2013 dans la législation du Vatican par le Pape
François, sera jugé à partir du 11 juillet 2015.
MILLIARDS DE
Omar El-Béchir
DOLLARS
Cap dépassé par la
capitalisation boursière
en Chine
109,4
Recherché pour génocide par la Cour pénale internationale (CPI), le président soudanais Omar
El-Béchir a osé se présenter au 25e Sommet de
l’Union africaine (UA) qui avait lieu en Afrique
du Sud, et ce, malgré son interdiction de quitter
le pays. Bien que le ministère de l’Intérieur sudafricain doive empêcher Omar El-Béchir de
rentrer au bercail, le président a réussi, sans difficulté, à remettre les pieds au Soudan.
MILLIARDS DE
DOLLARS
Transferts des migrants
vivant en Europe
Aung San Suu Kyi
À quelques mois des élections législatives en Birmanie, la lauréate du prix Nobel de la Paix, Aung
San Suu Kyi, s’est pour la première fois rendue
en Chine, à l’invitation du Parti communiste chinois (PCC). Cette visite, décrite comme historique, est une manière pour la secrétaire générale
de la Ligue nationale pour la démocratie (LND)
de se positionner en vue d’une victoire de son
parti, car elle est consciente que la Chine jouera
un rôle essentiel pour le futur de la Birmanie.
37
MILLIARDS DE
DOLLARS
Commandes fermes
au Salon du Bourget
C’est confirmé. Un tribunal égyptien a condamné
l’ex-président d’Égypte, Mohamed Morsi, à la
peine de mort pour évasion de prison et planification d’attaques pendant la révolution de 2011.
Le même tribunal lui avait infligé la prison à vie
pour espionnage au profit du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. L’ex-chef d’État, premier à être élu
démocratiquement à la tête de ce pays d’Afrique
du Nord, avait également été condamné à une
peine de vingt ans de prison incompressibles pour
incitation au meurtre de manifestants.
16,7
MILLIARDS DE
DOLLARS
Commandes pour Boeing
au salon du Bourget
Yacouba Isaac Zida
Philae
Après 7 mois d’hibernation, le robot Philae s’est
réveillé. L’Agence spatiale européenne a en effet
affirmé avoir reçu un signal de 85 secondes de la
part de Philae, via la sonde Rosetta, qui l’avait larguée sur la comète Tchouri. Situé dans une zone
peu ensoleillée, le robot n’était pas en mesure de
puiser l’énergie nécessaire au rechargement de sa
batterie alimentée par des panneaux solaires, depuis novembre dernier. La mission de Philae durera au moins jusqu’à décembre prochain.
6 Les Afriques .
25 juin 2015
161
MILLIONS
D’EUROS
Appui budgétaire
de l’Union européenne
au Ghana
Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP),
l’unité d’élite de l’armée nationale, ne sera finalement pas dissoute, comme l’avait décidé en
décembre dernier Yacouba Isaac Zida, PM de la
transition du Burkina Faso. Ce dernier considère que l’armée et le Burkina «ont besoin du
RSP», un régiment qu’il qualifie d’essentiel pour
la sécurité du pays. L’ex-commandant en second de cette unité a de plus affirmé qu’«une
bonne place au sein de la nation» sera accordée
au RSP d’ici aux élections d’octobre 2015.
EN PANNE
EN FORME
Mohamed Morsi
L’acier pénalisé par les mauvais
chiffres américains
La production industrielle de l'Empire State, qui mesure l'activité manufacturière dans la région de New York, est ressortie à des niveaux inférieurs
aux consensus. Un tel état de fait a déçu les investisseurs présents sur le
marché des matières premières. L’acier fait partie des matières premières
qui ont le plus souffert de ces indicateurs. En milieu de semaine dernière, à
la clôture, la tonne s’échangeait à 456 $, soit une baisse de 1%. Pour les semaines à venir, la situation ne devrait pas s’améliorer, notent les analystes.
La baisse des stocks américains dope le brut
Mercredi dernier, à New York, le baril WTI à 60,36 dollars s’appréciait de 0,65%, tandis qu’à Londres, le baril de Brent à 64,52
dollars a progressé de 1,29%. Les cours du pétrole brut ont
ainsi réagi à l’annonce, la semaine achevée le 12 juin, du recul
des stocks de brut de 2,7 millions de barils, contre une estimation de baisse de 1,8 million. Entre autres détails des chiffres,
les réserves d'essence ont en revanche augmenté de 500 000 barils, alors que le marché s'attendait à une baisse de 800 000 barils. Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de
chauffage) sont presque restés stables, augmentant de 100 000
barils, soit moins que la hausse de 950 000 sur laquelle tablait
le consensus.
Blé dur et orge : le tritordeum,
un croisement sans gluten
Le tritordeum, issu du croisement entre le blé dur et une orge sauvage, présente de nombreux avantages nutritionnels et agronomiques. Lancé après
plus de 30 ans de développement en Espagne, cette nouvelle céréale
«santé» pourrait se développer très prochainement en France. Pour la petite histoire, c’est en 2012 que le tritordeum apparaît sur les marchés espagnol et italien, le tritordeum s’offre comme alternative aux céréales déjà
cultivées. Agrasys, une entreprise de Barcelone, détient les droits exclusifs
depuis 2006 sur la commercialisation de cette nouvelle céréale.
Cours des monnaies et devises
100 dinars Algérie (DZD) = 1,017 $
100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,042 $
100 kwanzas Angola (AOA) = 0,909 $
100 livres Égypte (EGP) = 13,099 $
100 birrs Éthiopie (ETB) = 4,846 $
100 cedis Ghana (GHS) = 22,765 $
100 shillings Kenya (KES) = 1,022 $
100 dollars Libéria (LRD) = 1,081 $
100 dirhams Maroc (MAD) = 10,296 $
100 ariarys Madag (MGA) = 0,031 $
100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,343 $
100 roupies Maurice (MUR) = 2,840 $
100 kwachas Malawi (MWK) = 0,23 $
100 kwachas Zambie (ZMW) = 13,468 $
100 dinars Libye (LYD) = 73,196 $
100 dollars Namibie (NAD) = 8,049 $
100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $
100 shillings Somalie (SOS) = 0,144 $
100 leones S. Leone (SLL) = 0,024 $
100 dinars Tunisie (TND) = 51,548 $
100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,044 $
100 shillings Ouganda (UGX) = 0,031 $
100 francs Zone CFA (XOF) = 0,171 $
Agenda
Cameroun : Salon africain du web
et de l’intelligence économique
du 24 au 26 juillet 2015
Le Salon africain du web et de l’intelligence économique, qui revendique d’être le plus important rendez-vous professionnel dédié aux
services web, e-commerce, e-learning, mobile,
veille, influence, marketing digital... attend
3000 visiteurs et professionnels qui auront,
entre autres, accès à un cycle de conférences
thématiques sur l’impact du web et de la veille
stratégique, une zone d’exposition...
Mozambique : 9ème Festival
mondial de noix de cajou
Du 21 au 24 septembre, le Mozambique présentera son 9ème Festival mondial de noix de cajou
dans la ville de Maputo. Les défis et les opportunités de l’industrie seront les principaux sujets abordés lors des colloques qui auront lieu
au Joaquim Chissano International Conference
Centre de Maputo. Outre des expositions, ce
festival offrira des sessions B2B.
Maroc : Forum africain des infrastructures du 22 au 24 octobre
Organisé par i-conférences, le Forum africain
des infrastructures (FAI) réunira plus de 300 décideurs régionaux qui débattront sur des enjeux
majeurs liés au développement des infrastructures dans leurs composantes routières, portuaires et aéroportuaires, aux partenariats
publics et privés ainsi qu’au financement et
montage des projets d’infrastructures dans
l’Afrique francophone. Cette 8ème édition se déroulera du 22 au 24 octobre 2015 à Marrakech.
Côte d’Ivoire : 2ème édition
d’Africa Agri Forum
les 26 et 27 novembre 2015
Ayant pour thème «Afrique verte : La dynamique agricole en marche», la deuxième
édition d’Africa Agri Forum se déroulera
les 26 et 27 novembre 2015 à Abidjan. Ce
forum, qui accueillera plus de 300 participants, réunira 25 intervenants représentant plus d’une vingtaine de pays. Organisé
par i-conférences, l’évènement permettra
le débat et l’échange des meilleures pratiques sur les principales thématiques liées
au développement du secteur agricole.
25 juin 2015 Les Afriques
.7
BRUITS DE MARCHÉ
L’Afrique concentre le plus
de millionnaires au monde
C’est l’Afrique qui enregistre la plus forte croissance d’individus fortunés au monde, selon le cabinet de recherche
britannique New World Wealth. En effet, le nombre de
particuliers africains qui possède un minimum d’un million de dollars à investir a augmenté de 145 % pendant la
période 2000-2014, et ce, alors que le nombre de HNWI
n’a augmenté que de 73 % à l’échelle mondiale au cours
de ces mêmes 14 années, selon l’Africa 2015 Wealth Report. Au cours des dix prochaines années, une augmentation de 45 % du nombre de HNWI africains est prévue
par le New World Wealth. D’ici 2014, l’Afrique atteindrait
donc le cap des 234 000 millionnaires.
Expansion trop rapide des banques Côte d’Ivoire : Une croissance de 7,9%
marocaines en Afrique
prévue par le FMI en 2015
Le Fonds monétaire international (FMI) souligne, dans
un rapport, l’inquiétude de la Bank Al Maghrib (BAM)
quant à la rapide expansion des banques marocaines
en Afrique. «La préférence de BAM à ce stade est que
les groupes bancaires transfrontaliers marocains
consolident leur présence actuelle dans les pays où ils
opèrent déjà, en y intégrant leurs normes comptables
et leurs systèmes informatiques plutôt que de s’implanter dans de nouveaux marchés», a-t-il précisé. De
ce fait, la Banque centrale du Royaume chérifien a demandé à Attijariwafa Bank, à la Banque Centrale Populaire (BCP) et à la Banque marocaine du commerce
extérieur (BMCE) de freiner leur expansion en Afrique
et de s’atteler à approfondir leurs implantations actuelles, et ce, en consolidant leurs opérations dans les
22 marchés africains où elles sont déjà présentes.
L’économie ivoirienne devrait enregistrer une croissance de
7,9% en 2015 et de 7,6% en 2016 et 2017, selon les prévisions
du Fonds monétaire international (FMI). De son côté, le gouvernement ivoirien table sur un taux de croissance de 9,4% pour
l’année en cours et d’une croissance à deux chiffres pour les
années suivantes. La Côté d’Ivoire, qui sort à peine d’une
longue crise politico-militaire ayant pris fin en 2011, est en
train de relancer son économie. En effet, le premier producteur
de cacao au monde a enregistré des taux de croissance économique de 9,8% en 2012, de 8% en 2013 et de 8,5% en 2014.
Si le Royaume-Uni sort de l’UE, plusieurs
fonds d’investissement quitteront Londres
Plusieurs géants du capital-investissement envisagent de
quitter Londres vers d’autres pays si le Royaume-Uni sort de
l’Union européenne (UE), selon le Sunday Times. Le média
précise que « plusieurs managers de fonds d’investissement
ont déclaré, sous le sceau de l’anonymat, se préparer à un
éventuel « Brexit » (British exit, N.D.L.R.) et avoir constitué
des comités chargés d’anticiper un tel scénario ». Le Luxembourg, par exemple, serait une option envisageable par certains fonds, d’après le journal. En effet, cela leur permettrait
de se conformer aux réglementations de l’UE qui n’autorisent la vente de produits financiers à l’intérieur du groupe
des 28 qu’aux sociétés dont le siège social est situé dans un
État membre. Si le Royaume-Uni quitte l’UE, c’est l’Allemagne qui la dominera.
8 Les Afriques .
25 juin 2015
Soudan du Sud : 250 000 Nigéria : 38 millions d’euros pour
enfants en famine
les nouveaux parlementaires
Au Soudan du Sud, «250 000 enfants
risquent de mourir de faim», sans compter qu’«un enfant sur trois est sévèrement sous-alimenté», a souligné dans
un rapport, Toby Lanzer, coordinateur
humanitaire de l’ONU dans ce pays ravagé par 18 mois de guerre civile. Le document prévient d’autant plus que 4,6
millions de Soudanais risquent de gravement manquer de nourriture et que les
deux-tiers des 12 millions d’habitants de
ce pays ont besoin d’aide. Une enveloppe de 113 millions de $ sera remise
par les États-Unis afin de leur apporter
une aide en nourriture, en eau potable
et en services de secours d’urgence.
Un montant global d’environ 38 millions d’euros sera accordé aux
nouveaux élus du Parlement et du Sénat nigérians afin qu’ils puissent
s’acheter des vêtements, des meubles, un logement et une voiture.
Selon le site Quartz Africa, les quatre ans d’indemnité des 360 membres de l’assemblée nationale du Nigéria reviendra à 1 625 euros par
mois et à 2 000 euros pour les 109 sénateurs. Parmi les mieux payés au
monde, les parlementaires nigérians ont un salaire annuel d’environ 31
millions de naira, soit 12 000 euros par mois, c’est-à-dire plus que les
députés français. Dans un pays où le salaire minimum mensuel est de
80 euros, les parlementaires reçoivent donc un salaire mensuel 150 fois
plus élevé. D’après le calcul des internautes, les 9 milliards de nairas
des 469 membres du Parlement équivalent au salaire de 500 000 fonctionnaires rémunérés au salaire minimum de 18 000 nairas. Après les
élections d’avril, la campagne #OpenNASS, lancée par la start-up BudgIT, a demandé à ce que les parlementaires soient moins payés et que le
budget soit plus transparent.
Niger : Entre 80 000 et 120 000
migrants traverseront le pays
en 2015
Les États-Unis donnent 5 millions
$ pour lutter contre Boko Haram
Les autorités nigériennes estiment que
pendant l’année 2015, entre 80 000 et
120 000 personnes tenteront de transiter
par le Niger pour se rendre en Afrique du
Nord – la plupart en Libye – pour ensuite
rejoindre le continent européen. «Malgré
les risques encourus et les témoignages
des migrants sur les difficultés liées à la
migration, de nombreux Nigériens et personnes venant de pays tiers de la région,
continuent de tenter la traversée du désert nigérien pour rallier le Maghreb ou
l’autre côté de la méditerranée», fait remarquer l’ONU. Plus de 5 000 migrants
ont bénéficié de l’assistance de l’ONU
entre janvier et mai 2015, dont 656
femmes et 678 mineurs, majoritairement
refoulés de la Libye. Il s’agit de plus du
double des migrants ayant été assisté
l’année dernière à la même période.
Les États-Unis contribueront à hauteur de
cinq millions de dollars pour aider la force
régionale de lutte contre Boko Haram,
composée du Nigéria, du Niger, du Tchad,
du Bénin et du Cameroun. La secrétaire
adjointe du Bureau des affaires africaines
des États-Unis a précisé qu’en plus de
fournir «des informations, du matériel,
du soutien et de l’équipement», ils organiseront «des réunions avec l’équipe d’intervention sous régionale». Le
financement de cette force régionale, qui
devrait être opérationnelle d’ici le 30 juillet, sera acheminé via l’Union africaine.
Elle sera basée dans la capitale tchadienne, N’Djamena, sous commandement
nigérian. Une aide bilatérale d’environ 34
millions de dollars avaient déjà été donnée à ces pays par les USA.
Sahara : Découverte des restes
de 30 migrants
L’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a annoncé la découverte, au
Niger, des restes de 30 migrants décédés
dans le Sahara, il y a plusieurs mois. Le
décès de 18 autres migrants a aussi été annoncé par l’OIM. Partant d’Arlit en direction
de l’Algérie, ces derniers sont morts de soif
et d’épuisement, autour du 3 juin, après
avoir perdu leur chemin dans une tempête
de sable. D’après les estimations de l’OIM,
près de 100 000 migrants tenteront de traverser le Sahara, cette année, parmi lesquels plusieurs centaines pourraient
mourir. Depuis janvier, 5 100 migrants ont
obtenu l’assistance des autorités nigériennes. Puisqu’il n’y a pas d’opération de
secours dans le Sahara, sa traversée peut
être tout aussi meurtrière que celle de la
Méditerranée, souligne le général William
Lacy, directeur de l’OIM. Ainsi, beaucoup de
ces décès ne sont pas recensés.
25 juin 2015 Les Afriques
.9
BRUITS DE MARCHÉ
Égypte : Commande d’une soixantaine
de missiles air-sol
Un important contrat de livraison de missiles air-sol AASM
Hammer (Armement Air-Sol Modulaire) a été signé entre
l’Autorité de l’armement du Ministère de la défense égyptien et de la société française Sagem. L’acquisition de cette
soixantaine de missiles guidés de précision fait suite à celle,
en février 2015, de 24 chasseurs omni-rôle Rafale de Dassault Aviation par l’Égypte auprès de la France. D’une portée supérieure à 60 km, le missile AASM Hammer
«donnera aux Rafale de l’armée de l’air égyptienne, un
avantage opérationnel significatif par une capacité à
conduire des frappes au sol très précises en tout temps, de
jour comme de nuit, contre des cibles fixes et mobiles, et
ceci, en limitant les risques de dommages collatéraux».
Mali : Le barrage de Kenié lancé
par Eranove
Algérie : Inauguration du premier
hypermarché Carrefour
À travers sa filiale Kenié Énergie Renouvelable, le
groupe panafricain Eranove et le gouvernement de la
République du Mali ont signé une convention de
concession d’une durée de 30 ans pour le financement,
le développement, la construction et l’exploitation du
barrage hydroélectrique de Kenié, à Baguinéda sur le
fleuve Niger, situé à 35 km à l’est de Bamako. Avec une
puissance installée de 42 MW, le barrage de Kenié produira environ 175 gigawatts-heures (GWh), d’après les
premières simulations. Cette estimation correspond à
la consommation annuelle moyenne de 175 000 foyers
équivalents. La construction du barrage, qui permettra au Mali de mieux exploiter son potentiel hydroélectrique et par le fait même de réduire sa dépendance
aux hydrocarbures importés, devrait démarrer en
2016 pour une mise en service en 2020.
Après six ans d’absence en Algérie, Carrefour y a inauguré
son premier hypermarché. S’étalant sur une superficie de
4 000 m2 et employant 300 personnes, le Carrefour des
Bananiers, est situé sur la commune de Bab Ezzouar. Cette
installation du groupe français de grande distribution dans
ce pays d’Afrique du Nord est pilotée par la société Hyper
Distribution Algérie (HDA). Au milieu des années 2000,
Carrefour s’était implanté en Algérie en association avec le
groupe algérien Arcofina. Toutefois, Arcofina avait ensuite
ouvert son propre hypermarché sous la marque Ardis, ce
qui avait engendré la fermeture de Carrefour.
Lancement de la ligne Bruxelles-Accra
par Brussels Airlines
Lancée par Brussels Airlines, la nouvelle ligne, Bruxelles-Accra,
desservira la capitale ghanéenne, Accra, avec quatre vols hebdomadaires à partir du 26 octobre prochain, devenant ainsi la
16ème destination de la compagnie aérienne belge en Afrique
de l’Ouest. Ces vols, qui seront opérés avec des avions de type
Airbus A330, auront lieu les lundis, mercredis, vendredis et samedis avec un départ de Bruxelles pendant la matinée et un
départ d’Accra en soirée. Grâce à ces horaires de vols sans escale, des connexions avec de nombreux vols vers et en provenance de l’Europe et des États-Unis seront possibles. Brussels
Airlines desservira également Lomé au Togo, quatre fois par semaine plutôt que deux ainsi que les villes de Cotonou au Bénin
et d’Ouagadougou au Burkina Faso, trois fois au lieu de deux.
10 Les Afriques .
25 juin 2015
Plus de 85% des Africains exclus
du système bancaire
En Afrique, plus de 85 % des populations sont exclues du système bancaire et n’ont pas accès aux services financiers, selon Fabrice Kom
Tchuenté, directeur exécutif du Cabinet financier FinAfrique. Cette situation perdurent malgré les 25 bourses de valeurs que compte le continent, les banques qui se créent chaque jour et la micro-finance en plein
essor. Bien qu’au Kenya, le mobile banking initié par l’opérateur de téléphonie mobile Safaricom a permis d’inclure 80 % de la population dans
le système bancaire, l’inclusion financière atteint moins de 20 % en
Afrique subsaharienne et la bancarisation se situe autour de 15 % en
Côte d’Ivoire. Par ailleurs, en Afrique subsaharienne, l’épargne formelle
est de 10 % contre 25 % dans le secteur informel. Un contexte qui traduit
le manque d’éducation financière auprès de la population et donc l’urgence de la familiariser aux services financiers. À titre informatif, 125
millions d’Africains reçoivent leur salaire en espèces comparativement à
440 millions de personnes dans les pays en voie de développement.
Nigéria : Une liste noire des
mauvais payeurs sera publiée par
Stanbic IBTC Bank
Nouveau partenariat entre
la Fondation BGFIBank
et les Éditions du Jaguar
Conformément à la nouvelle directive de la
Banque centrale du Nigéria, une liste des
emprunteurs défaillants sera publiée par
Stanbic IBTC Bank. Cette filiale nigériane du
groupe bancaire sud-africain Standard
Bank sera parmi les premières banques à
publier une telle liste depuis que le système
bancaire nigérian ait ordonné aux établissements de crédit de serrer la vis en ce qui
Dans la continuité de sa stratégie de partenariat dans le domaine de l’éducation, la
Fondation BGFIBank a renouvelé son partenariat avec les Éditions du Jaguar pour
la publication d’un nouvel ouvrage d’histoire qui, cette fois-ci, mettra à l’honneur
le Congo. Présenté sous une forme pédagogique qui privilégiera les temps forts et
les grandes figures de l’histoire, de l’origine à nos jours, ce livre s’intitulera «L’histoire du Congo racontée à nos enfants». À
travers des écrits et des illustrations, les
lecteurs pourront donc découvrir la riche
histoire du royaume Kongo, fondé par
Néné Miniloukeni. Ce livre sera à la disposition des élèves des établissements primaires et secondaires du Congo à partir
du premier trimestre 2016.
concerne les prêts non-performants, et ce,
dans le but de se protéger d’une crise financière comme l’avait connue le pays en 2009
et qui avait coûté 4 milliards de dollars à
l’État. Par ailleurs, la nouvelle directive de
la Banque centrale impose aux banques
d’accorder un délai de trois mois aux mauvais payeurs afin qu’ils puissent régler leur
situation, sans quoi ils verront leurs noms
publiés dans des médias locaux, ce qui les
privera d’obtenir de nouveaux prêts et de
détenir des titres de dette de l’État.
MasterCard et Ecobank s’associent
pour offrir à 32 pays africains des
solutions de paiement ?
Un accord a été signé entre le groupe
bancaire panafricain Ecobank et le système de paiement MasterCard pour offrir des solutions de paiement dans 32
pays d’Afrique subsaharienne. L’objectif
de cet accord est d’accroître l’utilisation
et l’acceptation des solutions de paiement électronique dans la région. Au
cours des dix prochaines années, il prévoit l’émission de cartes de débit, de
cartes prépayées et de cartes de crédit
au profit de plusieurs millions de clients
dans les pays concernés. L’accord comprend également l’installation de milliers de terminaux de paiement
électronique auprès des commerçants et
des enseignes de grande distribution. Au
total, plus de 1 300 agences d’Ecobank
émettront des cartes MasterCard.
25 juin 2015 Les Afriques
. 11
ARRÊT SUR IMAGE
12 Les Afriques .
25 juin 2015
Egypte
Le 20 juin 2015 Le Caire, Abdel Fattah al-Sissi,
président égyptien (à droite) de la réunion de
l'Egypte reçoit Laurent Fabius, ministre français des
Affaires étrangères (2ème à droite), en présence de
Sameh Shoukry, ministre égyptien des Affaires
étrangères (2ème à gauche). Au menu des discussions,
le chef de la diplomatie française, qui doit
rencontrer d'autres responsables arabes, le
processus de paix au Moyen-Orient.
25 juin 2015 Les Afriques
. 13
VERBATIM
Partenaire
«La France est le premier partenaire économique de l’Algérie, entend le rester et même
entend encore développer sa
présence»
François Hollande, président
de la République française.
Héros
«Les entrepreneurs africains
sont des héros du quotidien
qui se battent dans un environnement très compliqué et
avec des moyens limités»
Jean-Michel Severino, président d'Investisseurs & Partenaires (I&P).
Capacité
«Si vous prenez l'aide alimentaire ou
toute autre forme d'aide, c'est parce
que nous n'avons pas les capacités de
produire nous-mêmes ce dont nous
avons besoin ou bien parce que nous
n'avons pas les ressources nécessaires
pour réaliser les infrastructures dont
nous avons besoin et parce que nous n'avons pas les capacités
techniques. Pour arriver à lever ces contraintes, il faut vraiment suffisamment investir dans la formation. Si on a une
masse critique de compétences suffisantes, on peut se passer
de l'aide»
Uhuru Kenyatta, président du Kenya.
Femmes
«Les femmes vont changer l’Afrique.
Les femmes feront une Afrique meilleure»
James Michel, président des Seychelles.
Injustice
«Aujourd'hui, plus de 62
millions de filles (dans le
monde, NDRL) sont en dehors du système scolaire. Une
injustice déchirante qui les
prive de la chance de développer leur potentiel»
Michelle Obama, Première dame des États-Unis.
Opportunité
«Notre littoral et nos cours
d'eau sont parmi les plus importants dans le monde et offrent beaucoup d'opportunités
pour nous (…). Nous devons
prendre en charge notre espace océanique»
Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l’Union africaine.
Siège
«Ici, ce n’est pas le siège de la CPI. La
CPI, nous n’en voulons pas du tout
sur le continent»
Robert Mugabe, président de
l’Union africaine et de la République du Zimbabwe.
Réaliser
«Nous pensions que l'Afrique serait
la prochaine Asie (un continent qui
a connu une forte croissance,
NDLR), mais nous avons réalisé que
la classe moyenne, ici dans la région,
est très petite et n'est pas vraiment en
progression»
Cornel Krummenacher, responsable de la zone de l'Afrique
équatoriale chez Nestlé.
Soutenir
Résister
«Cette année, plus de 40 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, capables de
résister aux systèmes de défense
antiaérienne les plus sophistiqués, seront déployés au sein
des forces nucléaires russes»
Vladimir Poutine, président de la Russie.
14 Les Afriques .
25 juin 2015
«Je soutiens pleinement les efforts du
Comesa, de la CAE et de la SADC
dans la construction de la zone de
libre-échange tripartite et mes services continueront à travailler avec
ces organisations pour traduire les
engagements en résultats concrets»
Neven Mimica, commissaire européen à la Coopération internationale et au développement.
BANQUES & ASSURANCES
MOBILE FINANCE La Banque mondiale,
vecteur en Afrique centrale
Première assemblée
générale du fonds
Africa50 à Casablanca
Un atelier sous-régional organisé du 17 au 18 juin 2015
à Douala par cette institution financière internationale
à l’intention des pays d’Afrique centrale pour la
vulgarisation de la finance digitale.
Le fonds Africa50, l’instrument financier de la BAD dédié à l’impulsion
des investissements en infrastructures sur le continent africain, tiendra
sa 1ère Assemblée générale à Casablanca Finance City. La Banque africaine de développement a déjà obtenu
des engagements de souscription
fermes de 15 pays, pour un total de
près de 700 millions de $. En effet,
réunis le 25 mai à Abidjan, les actionnaires fondateurs d’Africa50 avaient
fixé au 15 juin courant la date limite
de soumission des engagements. Ce
qui laisse espérer que le montant d’un
milliard de dollars soit rapidement atteint à Casablanca. Il est prévu une
augmentation de capital pour atteindre un milliard de $. Donald Kaberuka, président sortant de la BAD, en
est convaincu. Il a soutenu naguère
qu’à ce rythme, Africa50 atteindra
certainement le milliard de dollars de
souscriptions au capital d’ici à la date
limite fixée. Rappelons que le fonds,
créé en mai 2013 par les ministres des
Finances africains réunis à Marrakech à l’occasion de l’assemblée annuelle de la BAD, entend
accompagner les gouvernements.
L’
Le groupe Banque
populaire Maroc
5000 m² à CFC
unanimité se dégage autour
du postulat selon lequel le
boom du téléphone portable constitue le principal facteur de
la vulgarisation de la finance mobile
à travers le continent africain. Encore appelé la finance digitale, le
mobile finance qui est une offre des
services financiers à travers les Technologies de l’information et de la
communication (TIC), entre autres,
le téléphone mobile, la monnaie
électronique sans oublier des agents
de paiement, connaît plutôt un développement promoteur en Afrique,
bien qu’il y ait des disparités
criardes d’une région à une autre.
Dans cette perspective, la Banque
mondiale a organisé, du 17 au 18
juin 2015 à Douala, un atelier sous-
16 Les Afriques .
25 juin 2015
régional à l’intention des pays de la
Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
(Cemac). Objectif, trouver des voies
et moyens pour l’émergence du mobile finance dans cette partie du
continent qui connaît un taux de
pénétration appréciable du téléphone mobile.
Il était question pour les participants de réfléchir sur la problématique permettant une vulgarisation
du banking money, entre autres
comment concilier l’ouverture à
l’expérimentation et l’innovation
technologique en tenant compte du
cadre juridique, comment réglementer et protéger l’émission de
nouveaux instruments de paiement
numérique tels que la monnaie élec-
La Banque
mondiale booste
le mBanking
Le mobile
finance connaît
plutôt un
développement
promoteur en
Afrique, bien
qu’il y ait des
disparités
criardes d’une
région à une
autre.
La future City de Casablanca, place financière internationale de Casablanca, baptisée Casablanca Finance
City, va compter parmi ses «gros
clients» le groupe Banque Populaire.
Selon des sources dignes de confiance,
le groupe mène une transaction avec
l’Agence d’urbanisation et de développement d’Anfa (AUDA). Les négociations autour de 110 millions de dh,
portent sur un terrain d’environ 5 000
m² (22 000 dh/m²), où sera érigée une
tour de la BP. Cette décision d’investir CFC s’inscrit dans la démarche du
groupe BP qui est fortement ouvert
sur les activités internationales, notamment en Afrique.
tronique (e-money), sans oublier
des aspects liés à la supervision de la
finance digitale, ainsi que la supervision et la réglementation des réseaux d’agents tiers. Raison pour
laquelle, outre des représentants de
la Banque mondiale et des pays des
la Cemac, l’atelier de Douala a vu la
participation des experts de l’inclusion financière, notamment les
banques et les établissements financiers, les opérateurs de téléphonie
mobile, les fournisseurs des services
de paiement, les agents de gestion
des réseaux, les régulateurs et les superviseurs bancaires, les spécialistes
et des régulateurs des de télécommunications, des partenaires au développement.
Faible taux de bancarisation
Au regard des mutations socioéconomiques à travers le continent,
l’organisation de cet atelier sur le
mobile finance revêt une importance capitale, ont souligné les organisateurs car il intervient dans un
contexte particulier, où des spécialistes du secteur bancaire reconnaissent de manière unanime le rôle
primordial du banking money dans
une perspective de l’inclusion financière. Si certaines sources situent à 15 millions le nombre de
personnes ayant accès au mobile
money en Afrique subsaharienne,
la Banque mondiale estime que le
mobile finance apparaît comme un
moyen d’accéder rapidement aux
services financiers pour les pauvres.
La démocratisation du mobile
money au Kenya, en Ouganda ou en
Tanzanie a démontré que les services de paiement électronique peuvent être étendus à la masse à
moindre coût.
En tout état de cause, l’Afrique centrale constitue un terrain en friche
pour l’implémentation de la finance
digitale, surtout que le taux de bancarisation y est très faible, moins de
20% selon la Banque des Etats de
l’Afrique centrale (Beac). Or, des
raisons d’espérer sont réelles, surtout lorsqu’on voit l’engouement
avec lequel des populations des
zones rurales et semi-urbaines s’approprient le mobile finance pour régler des paiements. Loin d’être en
opposition avec la bancarisation, le
mobile banking constitue un moyen
plus simplifié pour effectuer des
opérations financières sans dépendre nécessairement d’une structure
bancaire. Reste à mettre en place la
batterie technique et réglementaire
nécessaires pour une émergence efficiente du mobile finance en
Afrique centrale.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Le 1er Symposium
La Banque
fiscal africain à Limondiale
estime que le vingstone en Zambie
Bureau international de documenmobile finance Le
tation fiscale (IBFD) vient d’organiapparaît
ser son tout premier Symposium
fiscal africain les 18 et 19 juin 2015 à
comme un
Livingstone, en Zambie. La rencontre,
moyen
axé sur «Les tendances de la fiscalité
d’accéder
internationale : une perspective africaine», a permis de dresser une image
rapidement
de la fiscalité internatioaux services exhaustive
nale à l'heure du Plan d'action BEPS
financiers pour (Base Erosion and Profit Shifting,
l'érosion de la base d’imposition et le
les pauvres.
transfert de bénéfices), particulièrement sur l'Afrique. Selon les initiateurs, des conférenciers de renom,
dont des experts fiscaux d’IBFD spécialisés sur l'Afrique, ainsi que d’éminents fiscalistes et professeurs, ont
participé à l’événement. Parmi ceuxci, Belema Obuoforibo, directrice du
Centre de Recherche et d’Expertise
d’IBFD, et Kennedy Munyandi, directeur d'IBFD pour l'Afrique, le MoyenOrient et l'Amérique latine.
Rencontres régionales BMCE Bank
Pour rehausser
le taux de
bancarisation
Les Rencontres Régionales des Pros
est le nouveau concept de BMCE
Bank. Dans un document, qui nous
est parvenu, le groupe dévoile qu’un
mois après le lancement de sa campagne de communication dédiée aux
Professionnels, il organise sa première rencontre avec son cœur de
cible et concrétise ainsi ses promesses d’accompagnement et de
conseil. Les Rencontres Régionales
des Pros By BMCE Bank se déclinent
sous forme de rendez-vous désormais régulier entre BMCE Bank et
ses clients et prospects. La première
édition vient d’avoir lieu le samedi
13 juin 2015 à Agadir. Cette rencontre a tourné autour du thème :
«Quels plans de retraite et d’épargne
pour les professions libérales ?».
Compte tenu du succès de cette première, Les Rencontres seront reconduites dès la rentrée dans d’autres
villes du royaume, avec des thématiques adaptées à chaque région.
25 juin 2015 Les Afriques
. 17
ENTREPRISES & MARCHÉS
CREDITS CARBONE Première transaction
intra-africaine en Afrique de l’Ouest
Une transaction crédits carbone a été réalisée, le 15 juin
2015, entre ecosur afrique, leader de la finance carbone
en Afrique, Investisseurs & Partenaires (I&P), famille de
fonds d’impact dédié aux PME africaines, et Volta Car
Services (VRS), loueur de voitures en Afrique de l’Ouest.
L
a première transaction de crédits carbone, impliquant un
vendeur et un acheteur de la
sous-région de l’Afrique de l’Ouest,
vient d’être effectuée. Structurée par
ecosur afrique, l’opération permet
aux clients de VRS de compenser les
émissions de CO2 des véhicules
loués au Ghana, Côte d’Ivoire et Sénégal. Thomas Crand, co-fondateur
de VRS, a alors défendu le développement d’une stratégie environnementale forte. Il a ajouté que les
émissions CO2 (gaz carbonique)
sont au cœur de leurs préoccupations. S’il s’agit d’un choix pionnier
et différenciant sur le marché ouestafricain, les responsables souhaitent
qu’il devienne un standard pour
l’ensemble des acteurs du secteur. Ils
18 Les Afriques .
25 juin 2015
ont aussi indiqué que VRS agrègera
trimestriellement les clients intégrant le programme «neutre en carbone» pour l’ensemble de la flotte
concernée. Par conséquent, les acquisitions de crédits de carbone correspondant seront effectuées, selon
la même périodicité.
Opération foyers améliorés
Les crédits de carbone, ou réductions d’émissions, base de la compensation, sont générés grâce à la
dissémination de foyers de cuisson
efficaces en Côte d’Ivoire. Les foyers
sont installés dans le cadre du programme «Soutra Fourneau», financé et exploité par ecosur afrique.
Ils permettent de réduire la
consommation de charbon de bois
Un parc éolien
pour réduire les
émissions de gaz à
effet de serre
Les crédits de
carbone, base
de la compensation, sont
générés grâce
à la dissémination de foyers
améliorés en
Côte d’Ivoire.
Création d’un «Fonds
régional de bourses
d'études et d'innovation» pour l'Afrique
Un «Fonds régional de bourses
d'études et d'innovation» pour
l'Afrique a été lancé le 13 juin 2015.
Il devra être opérationnel d'ici juin
2016. La cérémonie de lancement a
été présidée par Macky Sall, président du Sénégal, et des représentants
des chefs d'État de l'Éthiopie et du
Rwanda. Les gouvernements africains participant, ainsi qu'un nouveau collectif composé de
personnalités éminentes du monde
des affaires, l'«Africa Business
Champions for Science», se sont engagés, lors du lancement, à réunir la
somme de 5 millions de $. Le Fonds
contribuera au programme «Partenariat pour le développement des
compétences en sciences appliquées,
en ingénierie et en technologie
(PASET)» de la Banque mondiale
dont l'objectif est d'octroyer 10 000
bourses de doctorats sur 10 ans, afin
de soutenir la recherche et l'innovation en matière de sciences appliquées, d'ingénierie et de technologie.
Pour rappel, le groupe «Africa Business Champions for Science» est
présidé par le Dr Álvaro Sobrinho,
homme d'affaires angolais.
B2Gold pour un
regain d’exploration
en Namibie
Après le démarrage des opérations
de B2Gold Namibie à la mine d'or
près d’Otjikoto Otavi, la compagnie
minière compte investir plusieurs
autres sites pour explorer d’autres
métaux. En effet, elle étudie actuellement les procédures pour obtenir
3 nouvelles licences à travers le pays.
Confirmation de Gretha du Plessis,
directeur des relations publiques de
B2Gold, soutenant que le travail de
terrain et des réunions publiques
pour l'évaluation d'impact environnemental ont été effectuées. Elle a
ajouté que des rapports pertinents
ont été rédigés dans ce sens.
des utilisateurs (restaurants, cantines,..). L’utilisation du charbon et
du bois pour la cuisson d’aliments
demeure l’une des principales
sources de déforestation et d’émissions CO2 en Afrique de l’Ouest.
Au-delà de l’aspect environnemental, les bénéfices induits sont nombreux : redistribution de pouvoir
d’achat aux consommateurs, diminution des fumées nocives, temps
de préparation réduit de moitié.
Justement, Fabrice Le Saché, directeur général d’ecosur afrique, a présenté le contexte de cette
transaction pionnière. De son avis,
les échanges de crédits de carbone
sont historiquement structurés des
pays en développement vers les pays
industrialisés. Nous sommes
convaincus que l’avenir du marché
se situe, pour partie, dans le développement de flux Sud-Sud, intraafricains notamment. Il a précisé
que «nous travaillons depuis plusieurs années notre offre de crédits
carbone afin de créer les conditions
de liquidités suffisantes pour l’émergence d’un tel marché. Avec plus de
40 projets dans 17 pays, nous disposons aujourd’hui du 1er portefeuille
de crédits carbone africains tant par
son volume que par sa diversité. Il
nous faut désormais accroître et fluidifier la demande. Des transactions
similaires liées à la compensation
des émissions CO2 sont en cours de
négociation avec des chaînes hôtelières, des transporteurs et des agroindustriels africains».
Le soutien d’un fonds
d’investissement
En tant qu’investisseur de référence
de VRS, I&P a joué un rôle majeur
dans la réalisation de l’opération. Le
fonds a engagé de façon exemplaire
une action de compensation de ses
propres émissions CO2 et a proposé
cette solution à certaines entreprises
de son portefeuille, plus particulièrement celles exposées à cette problématique (logistique, transport
commercialisation de produits
frais). «I&P démontre, à nouveau,
son engagement entrepreneurial et
pionnier, à la fois pour renforcer le
modèle économique de ses participations, pour leur offrir des solutions
distinctives sur leur marché et pour
les accompagner vers une performance environnementale et sociétale,
gage d’une pérennité économique», a
soutenu Jean-Michel Severino, président d’Investisseurs & Partenaires.
Abdelmalek El Mekkaoui, Abidjan
Des transac- Maroc :
tions similaires Amélioration du
taux de couverture
liées à la
les derniers chiffres de
compensation D’après
l’Office des changes, les échanges
des émissions extérieurs du Maroc ont été marqués à fin mai 2015 par une améCO2 sont en
lioration du solde commercial de
cours de
21,41 milliards de dirhams. En glisnégociation
sement annuel, cela représente un
avec des
allégement du déficit commercial
de 25,3%. Le déficit commercial
chaînes
établi à 63,12 milliards de dihôtelières, des s’est
rhams à fin mai 2015, contre 84,54
transporteurs milliards de dirhams un an auparavant. Et dans ce sillage, le taux de
et des agrocouverture des importations par
industriels
les exportations a gagné 8,7 points
africains».
s’élevant à 59,1% contre 50,4% à
fin mai 2014. Cette évolution est
imputable à la hausse de 5,8% des
exportations (91,03 milliards de dirhams contre 86 milliards de dirhams), conjuguée à une baisse de
9,6% des importations, soit 154,15
milliards de dirhams contre 170,55
milliards de dirhams…
Jean-Michel
Severino,
président I&P
Quelque 1,4 million
de carats de diamant
brut vendus par le
Zimbabwe
Du début de l’année au 5 mai, le
Zimbabwe a vendu 1,4 million de
carats de diamants bruts d'une valeur de 75,92 millions de $. Données
de la Minerals Marketing Corporation of Zimbabwe (MMCZ) qui a
précisé que sur cette période un
total de 1 410 446,44 carats de diamants bruts ont été vendus. Dans le
détail, les ventes de mars, 555 889,59
carats pour 26,5 millions de $, tandis que pour le mois d’avril, 255
346,12 carats ont permis de glaner
15,5 millions de $. La dernière vente
du 5 mai 2015, portant sur 250
476,86 carats, a généré 13,8 millions
de $. En janvier et en février, le Zimbabwe a réalisé respectivement 11,3
millions de $ et 8,6 million de $ pour
des ventes successives de 205 863,27
carats de diamants bruts et 142
870,60 carats.
25 juin 2015 Les Afriques
. 19
ENTREPRISES & MARCHÉS
INTERVIEW AMINA ZEGHAL
«Créer un pôle régional d’excellence»
Soutenue par la Fondation Dauphine et des partenaires financiers qui croient
à la filière de l'enseignement privé, l'université Dauphine Tunis entend se
positionner en pôle régional d'excellence, rayonnant au-delà de la Tunisie sur
le Maghreb, le Proche-Orient et l'Afrique au sud du Sahara, bref en plateforme
d'excellence en Afrique. Entretien avec Amina Zeghal, DG Dauphine Tunis.
L
es Afriques : Depuis quand
Dauphine Tunis est-elle
fonctionnelle et quelle en a
été la genèse ?
Amina Zeghal : L’Université Dauphine| Tunis a installé le campus de
Tunis en 2009. C’est le premier campus international de l’université. La
démarche est partie d’une vocation
du président de Dauphine, Laurent
Batsch, de créer un pôle régional
d’excellence dans les sciences des organisations et de la décision, rayonnant au-delà de la Tunisie sur le
Maghreb, le Proche-Orient et
l’Afrique subsaharienne.
LA : Quels types de soutiens financiers avez-vous reçus pour entamer
le projet ?
A.Z. : Le campus tunisien de l’Université Paris Dauphine bénéficie du
soutien de la Fondation Dauphine
qui a financé en partie le projet et
qui a octroyé des bourses pour les
20 Les Afriques .
25 juin 2015
étudiants africains. Le projet de
Dauphine Tunis est ancré en Tunisie, grâce à l’appui financier et logistique de banques et d’entreprises
tunisiennes.
LA : Aujourd'hui, quelles sont les
nationalités des étudiants inscrits
dans votre campus ?
A.Z. : Aujourd’hui, nous avons une
majorité d’étudiants tunisiens, mais
Dauphine Tunis a pour vocation de
devenir une plateforme éducationnelle d’excellence en Afrique. Nous
avons lancé depuis peu une campagne de communication et de recrutement en ce sens et allons offrir
une bourse pour les étudiants africains les plus méritants.
Nous souhaitons nous positionner
comme un hub qui permet aux étudiants africains, dont certains ne peuvent pas accéder à l’Europe pour
diverses raisons, de prétendre à une
formation d’excellence.
Amina Zeghal,
directrice générale
de Dauphine Tunis
Dauphine Tunis
a pour
vocation de
devenir une
plateforme
éducationnelle
d’excellence
en Afrique.
LA : Croyez-vous que les fonds d'investissements et les banques assistent plus facilement les étudiants,
les opérateurs... ?
A.Z. : Aujourd’hui, la genèse même
du campus Tunis est une façon de
pallier le souci d’accès aux financements: une solution qui permet aux
étudiants africains de bénéficier de la
formation de l’université Paris Dauphine à moindres coûts.
LA : Comment se porte le secteur
de la formation privée en Tunisie ?
A.Z. : L’Université Paris Dauphine est
la première université internationale
qui s’est installée en Tunisie. C’est le
même diplôme qui est délivré à Tunis
et à Paris. Par ce fait, elle constitue
l’unique université dans le paysage de
la formation privée en Tunisie à délivrer un diplôme international reconnu par le ministère de
l’Enseignement supérieur tunisien.
Propos recueillis par Daouda MBaye
MAROC
Deux femmes à la tête d’Inwi et de la SNI
Autant Inwi que la SNI ont nominé une femme à la tête
de leur entreprise. Le conseil d’administration d’Inwi a
choisi Nadia Fassi Fehri pour le poste de PDG, tandis que
la Société nationale d’investissement (SNI) a confié le
poste de directrice exécutive à Noufissa Kessar.
P
ar ces nominations, l’opérateur téléphonique et la SNI
profiteront des compétences
de ces deux femmes au long parcours scolaire et professionnel. En
effet, Nadia Fashi Ferri est diplômée
de l’École polytechnique de Paris et
de l’École Nationale des Ponts et
Chaussées. Elle est également brevetée de l’Université de Paris VII-Jussieu en mathématiques financières
ainsi que d’une MBA exécutive de
l’ESCP-EAP. Noufissa Kessar, elle, est
diplômée de l’École polytechnique
fédérale de Lausanne.
Des carrières d’envergure
Nadia Fassi Fehri a débuté sa carrière en 1996 à titre d’ingénieur au
sein de la filiale minière du groupe
Managem. Elle est ensuite devenue
directrice générale de Navera en
2005, puis directrice des Ressources
humaines, de la Communication et
des Supports au siège de l’Omnium
Nord Africain (ONA) l’année sui-
vante. Après avoir gravi tous ces
échelons, Nadia Fassi Fehri assurera
donc le rôle de PDG opérationnel
chez Inwi.
De son côté, Noufissa Kessar a lancé
sa carrière en Suisse, en tant qu’ingénieur cadre à la direction de l’organisation du groupe Nestlé. À son
retour au Maroc, en 1990, elle a intégré la Banque Commerciale du
Maroc au sein de la division des
Groupes et des Grandes entreprises,
une division qu’elle aura ensuite
pour tâche de diriger. Elle deviendra
également PDG d’Attijari Finances
Corp., une filiale d’Attijariwafa bank
qu’elle avait participé à créer. Puis,
Noufissa Kessar a fondé la direction
des financements structurés de ce
groupe bancaire et financier marocain avant d’y être nommée directrice exécutive. Désormais directrice
exécutive de la SNI, elle représentera
la société au sein des conseils d’administration de plusieurs filiales.
Marie-Pier Boucher, Casablanca
Le 3ème opérateur
de télécoms,
drivé par Nadia
Fassi Fihri
Avec ces
nominations,
le Maroc prend
à bras le
corps, la problèmatique
genre...
Implantation d’une
usine Dolidol (matelas) en Côte d’Ivoire
Groupe Palmeraie Industries & Services, qui commercialise Dolidol et
fabrique à Casablanca la célèbre
marque de matelas Therapedic,
franchit une première étape dans
son déploiement en Afrique subsaharienne. Une démarche de multinationale avec la convention pour la
construction d’une usine de
mousse polyuréthane et de literie
Dolidol, située à Yopougon, dans la
zone industrielle d’Abidjan en Côte
d’Ivoire, nécessitant un investissement de 11 millions d’euros pour
une unité industrielle de pointe. Le
Groupe Palmeraie Industries & Services a annoncé la signature d’une
convention avec l’Etat ivoirien pour
l’implantation d’une nouvelle usine
Dolidol en Côte d’Ivoire L’accord a
été signé par Jean-Claude K. Brou,
ministre ivoirien de l’Industrie et
des Mines, et Saad Berrada Sounni,
Président du Groupe Palmeraie Industries & Services, en présence de
Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires Etrangères et de
la Coopération et Charles Koffi
Diby, ministre ivoirien des Affaires
Etrangères. « Nous sommes heureux de pouvoir concrétiser notre
engagement auprès de l’Etat ivoirien et de poursuivre notre accompagnement
de
la
vision
continentale du Royaume. La qualité du partenariat que nous avons
avec l’Etat ivoirien nous a permis de
travailler de manière rapide et efficace depuis la présentation du projet en janvier», a déclaré M. Saad
Berrada Sounni, Président du
Groupe Palmeraie Industries & Services. Pour mémoire, le coup d’envoi des travaux de construction de
l’usine Dolidol dans la capitale ivoirienne a été donné en avril. Elle génèrera 300 emplois directs et sera
opérationnelle à partir de début
2016. La capacité annuelle de production pourra atteindre ainsi 6000
tonnes de mousse polyuréthane
avec une production journalière de
1 500 matelas.
25 juin 2015 Les Afriques
. 21
ENTREPRISES & MARCHÉS
Un consortium indochinois pour la construction
des automobiles au Cameroun
La convention signée entre ce consortium et le gouvernement camerounais
devrait déboucher sur la livraison des premiers véhicules dans un an et demi.
L
e Cameroun sera bientôt
doté de deux usines d’assemblage et de montage d’automobiles chinoise et indienne. Dans
ce cadre, la société indienne Azad
Coach et ses homologues chinoises
Gac Gonow et Yutong, leader de la
construction automobile en Chine
et troisième au monde, ont signé le
11 juin 2015 à Yaoundé avec le gouvernement camerounais, une
convention de partenariat pour la
construction de deux unités de
montage de véhicules à Douala et à
Kribi. Le consortium indochinois,
qui a pour partenaire au plan local
la Cameroon automobile industry
company (Caic), a annoncé un programme d’investissement de 92
milliards de f CFA.
Ce projet bénéficiera de la loi portant incitations à l’investissement
privé au Cameroun, qui octroie des
exonérations fiscalo-douanières
aux entreprises sur une période al-
22 Les Afriques .
25 juin 2015
lant de 5 à 10 ans, aussi bien pendant les phases d’installation que de
production. Les deux projets devraient générer 4 620 emplois directs au cours des 15 premières
années d’activités alors que «les
premiers véhicules seront sur le
marché dans environ un an et six
mois», a indiqué Manoj Khiyani, le
directeur général de Caic. L’installation d’unités de montage de véhicules sur le territoire camerounais
suscite beaucoup d’espoir, aussi
bien chez les pouvoirs publics qu’au
sein de la population, notamment
en ce qui concerne la possibilité de
voir les prix des véhicules neufs devenir plus abordables. Encore selon
une étude, plus de 90 % des véhicules en circulation au Cameroun
sont de seconde main.
Toutefois, ce n’est pas le premier
projet du genre à être annoncé au
Cameroun puisqu’en 2006, en préparant le lancement de la société
Usine d’assemblage
et de montage
d’automobiles
Les deux
projets
devraient
générer 4 620
emplois
directs au
cours des 15
premières
années
d’activités.
«Le Bus», spécialisée dans le transport urbain de masse dans la capitale camerounaise, la firme
américaine Transnational Automotive Group (Taug), qui a depuis
lors revendu ses actifs dans «Le
Bus» à un investisseur zimbabwéen, avait déjà annoncé la
construction d’une unité de montage de véhicules à Limbé, dans la
région du Sud-Ouest.
A cause du faible pouvoir d’achat
des populations, le Cameroun est
un grand consommateur de véhicules de seconde main généralement
importés
d’Europe,
principalement de l’Allemagne, de
la Belgique et de la France. Les véhicules neufs, jugés trop chers, sont
généralement acquis par l’administration publique et les entreprises,
qui sont les principaux clients des
concessionnaires automobiles en
activité dans le pays.
Achille Mbog Pibasso, Yaoundé
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
LIBYE Une autre mort pour Mokhtar Belmokhtar
Déjà annoncé mort à plusieurs reprises dans le passé, Mokhtar Belmokhtar,
chef djihadiste algérien, aurait, cette fois-ci, succombé à l’attaque d’un raid
aérien américain en Libye.
D’
après un responsable du
gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, une frappe de
l’armée américaine aurait visé une
ferme située à Ajdabiya, à 160 km à
l’ouest de Benghazi, chef-lieu de
l’est libyen, où Mokhtar Belmokhtar «tenait une réunion avec d’autres chefs de groupes extrémistes,
dont des membres d’Ansar Asharia», un groupe libyen lié à Al-Qaïda
et classé terroriste par l’ONU.
Il s’agit toutefois d’une information
à prendre avec précaution puisque
cette zone échappe au contrôle du
gouvernement de Tobrouk et que
«le borgne», de son surnom, a été
déclaré mort ou porté disparu une
dizaine de fois entre 2012 et 2015.
Une mort non confirmée
Le Pentagone a confirmé la frappe
aérienne, mais n’a émis aucun détail quant au sort de celui qui est
considéré comme la figure de l’insurrection djihadiste en Afrique du
Nord et au Sahel. «Nous continuons
à évaluer les résultats de l’opération
et fournirons plus de précisions de
manière appropriée», a fait savoir
Steve Warren, colonel américain et
porte-parole de la Défense des
États-Unis.
Un groupe islamiste d’Ajdabiya a
publié des photographies de corps
sans vie ainsi que leurs identifications sur une page Facebook, mais
Mokhtar Belmokhtar ne figure pas
parmi les sept morts comptabilisés
par les djihadistes.
Mokhtar
Belmokhtar
Souvent tué ou porté
disparu
Chef de l’unité combattante les «Signataires par le sang» qu’il a fondés
à la fin 2012, Mokhtar Belmokhtar
est à l’origine de la prise d’otages du
complexe gazier algérien d’In Amenas ayant engendré, en janvier 2013,
la mort d’une quarantaine de personnes travaillant sur le site. Trois
mois plus tard, en avril, des forces
tchadiennes affirmaient avoir tué
l’Algérien dans le nord du Mali; une
mort démentie quelques jours plus
tard par un djihadiste d’Al-Qaïda au
Maghreb islamique (AQMI). L’an-
Si le décès, en
Libye, de l’exchef d’AQMI se
confirme, cela
représenterait
une véritable
réussite pour
les Américains.
née précédente, le leader du groupe
Al-Mourabitoune avait aussi été déclaré tué durant des combats entre
les islamistes et les séparatistes touaregs à Gao, dans le nord du Mali.
Sans aucune nouvelle du chef djihadiste pendant l’année 2014, les services de renseignement de l’Algérie,
du Mali et du Niger le portent disparu en avril 2015. Le même mois,
des sources sécuritaires algériennes
avaient affirmé que «l’insaisissable»
était mort empoisonné en mars, ce
qui s’avèrera encore une fois faux
après qu’un attentat-suicide soit revendiqué par son groupe contre une
base de l’ONU, peu de temps après
cette annonce.
Si le décès, en Libye, de l’ex-chef
d’AQMI se confirme, cela représenterait une véritable réussite
pour les Américains qui mènent
une traque sans merci contre les
chefs des groupes djihadistes.
Mokhtar Belmokhtar est d’ailleurs
l’un des terroristes les plus recherchés par les services de renseignement américains.
Marie-Pier Boucher, Tunis
25 juin 2015 Les Afriques
. 23
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Anip signe pour plus
de 42 millions de $
TCHAD
Double attentat-suicide à Ndjamena
Deux attentats, quasi-simultanés, ont visé la semaine
dernière le Commissariat central et l’Ecole de police à
Ndjamena, capitale du Tchad. Les responsables ont fait
état de 21 morts et de plusieurs blessés…
L’Agence nationale d’investissement
privé (Anip) a signé, vendredi dernier à Luanda, avec des entreprises
nationales et étrangères, 21 accords
d’investissement, d’une valeur de
42,6 millions de $. Après la signature
des contrats, la présidente du
Conseil d’Administration de l’Anip,
Maria Luisa Abrantes, a déclaré que
la plupart des entreprises qui avaient
signé ces contrats opéraient à
Luanda, étant donné que cette province dispose de meilleures infrastructures, par rapport aux autres
provinces. De plus, un nouveau code
d’impôts est en cours...
Bank Al Maghrib
maintient son taux
directeur
Lors de sa dernière réunion trimestrielle à Rabat, le Conseil de
Bank Al-Maghrib (institut d’émission du Maroc) a décidé, de maintenir inchangé son taux directeur à
2,5%. BAM a expliqué cette décision par «une prévision centrale
d’inflation en ligne avec l’objectif
de stabilité des prix»…
Cameroun, 18ème
économie la plus
compétitive
L
es terroristes que combat le
Tchad s’en sont pris aux
forces de sécurité du pays. Ce
lundi matin, deux kamikazes ont
perpétré des attentats au cœur de la
capitale tchadienne, faisant des
morts et plusieurs blessés. Le Commissariat central de Ndjamena et
l’Ecole de formation de la police y
ont été visés. Le cratère visible au niveau où les terroristes ont fait exploser leurs bombes et la trainée de
fumée visible, dans le centre de la
ville, témoignent de la force de la
déflagration.
Les dégâts ont été confirmés par des
responsables des forces de sécurité
24 Les Afriques .
25 juin 2015
tchadiennes. Même si ce double attentat n’a pas été revendiqué, les
commanditaires des terroristes se
murant dans le silence, tous les regards sont dirigés vers la secte fondamentaliste Boko Haram. Ce
mouvement, qui a connu ses plus
grosses déroutes par l’armée du
Tchad, a juré de faire payer un lourd
tribut à ses forces de défense...
Entre autres menaces, le Tchad est
aussi dans le collimateur d’Aqmi
(Al-Qaïda au Maghreb islamique),
dont le guide Mokhtar Belmokhtar
a été annoncé mort suite à un raid
des forces américaines en Libye.
Daouda MBaye, Ndjamena
Une sécurité
renforcée depuis
Le cratère
visible et la
trainée de
fumée visible,
dans le centre
de la ville,
témoignent de
la force de la
déflagration.
Dans la 5ème édition du Rapport sur
la compétitivité en Afrique, publiée
le 04 juin dernier, classe le Cameroun se classe au 18ème rang sur une
liste de 38 pays africains. Il est vrai
qu’au plan mondial, le Cameroun
qui se situe à la 116ème sur 144 pays, a
perdu une place, comparativement
au ranking précédent. Cette année,
le thème a porté sur «Transformer
les économies africaines», et s’appuie sur des données de l'Indice de
compétitivité mondiale (ICM) du
Forum, plus connu sous les vocables
«Global Competitiveness Index»
(GCI). L’économie camerounaise
c’est 49,3% de tertiaire, 31% secondaire et 19,7% de primaire.
DOSSIER
Banques
Nouvelles opportunités en 2015
En Afrique, la croissance est au rendez-vous. Cette tendance pousse à
l’émergence de méga banques locales qui investissent cette nouvelle
frontière, titillant les multinationales. Les groupes BMCE Bank,
AttijariWafa bank, BP, UBA, Ecobank, Coris Bank, BSIC, Stanbic, Orabank,…
élargissent leurs périmètres, tandis que les secondes montent au front.
C
Ce secteur
contribue à
hauteur de 20%
au financement
de l'économie
africaine.
onsidérée comme la dernière frontière du
monde privilégiée de croissance, l'Afrique
subsaharienne devrait atteindre 5.8% en
2014 contre 5% en 2013. Le continent
bouge et devient attractif. De l'ouest vers
l'Est en passant par le Centre, de grosses performances
sont notées en termes de services bancaires innovants
et flexibles. Réformes, process de bonne gouvernance et
ratio économique maîtrisé, l'industrie bancaire africaine, jeune, créative dynamique fait sa mue. Globalement, ce secteur contribue à hauteur de 20% au
financement de l'économie africaine. Dans la synergie
de croissance, les banques sortent peu à peu de leur tempérament de chercheurs expéditifs de gros profits et
comptent jouer leur partition dans les modèles de développement mis en place. Les banques aussi bien off
shore que panafricaine ont trusté davantage avec le secteur privé ces cinq dernières années. Sur fonds d'acquisitions, de rachat ou de fusions, les multinationales,
acculées de plus en plus par la montée en puissance des
méga banques locales en un temps record (Groupe
BMCE, AttijariWafa Bank, BCP, UBA, Ecobank, Coris
Bank, BSIC, Stanbic, Orabank etc.), montent au front
et sont engagées résolument à des plans stratégiques de
consolidation de leurs positions via l'agrandissement
des tailles de leurs filiales.
Des enjeux financiers gigantesques
Après l'Afrique de l'ouest qui concentre le plus de
banques européennes, existent des marchés phénoménaux à l'instar du géant nigérian, du Kenya, de l'Afrique
du Sud et maintenant il faut compter avec des territoires émergents pour l'industrie bancaire africaine de
demain comme la Tanzanie, le Djibouti et le Rwanda.
Les projections d'investissement dans ces nouveaux
marchés devront atteindre plus de 35 milliards de dollars d'ici à l'horizon 2020. Excepté les banques majors
classiques françaises, britanniques et américaines, les
banques d'affaires chinoise, indienne, qatari et turque
aux portefeuilles volumineux se préparent à de grosses
opérations d'acquisition ou de rachat pour délocaliser
l'industrie légère de leurs services. L'indienne, First
Merchant Bank vient de conclure le deal 2015 en rachetant le petit réseau bancaire de la holding malaisienne, ICB au Malawi, en Zambie et au Mozambique
pour 50 millions de dollars. Les prospections de marchés vierges par ces banques jusqu'ici hors du continent
se poursuivent. Derrière ses appétits, se cache une méthode subtile, celle que l'on appelle le back office. À
priori, l'objectif recherché est la réexportation de leurs
modèles d'affaires sur les marchés africains et la préparation du terrain à leurs entrepreneurs qui bénéficieront de la plateforme technique bancaire dans leurs
projets d'investissements. C'est le real market underground. Seulement, les gouvernements africains doivent veiller au grain et développer des synergies via des
procédés de partenariat gagnant-gagnant.
Ismael Aidara
5,8% de croissance en Afrique subsaharienne en 2014
En Afrique subsaharienne, la croissance devrait atteindre
5,8% en 2014 contre 5% en 2013. Le continent a ainsi participé grandement au redressement global de l'économie
mondiale. En effet, malgré́ une accélération modeste en
Afrique du Sud (2,3%), la croissance de l'Afrique subsaharienne a été soutenue par les performances économiques
des pays tels que le Nigéria (7,1%), la Côte d'Ivoire (10%),
le Mozambique (8,3%), la RDC (8,7%), le Congo (8,1%),
l'Ethiopie (7,5%), la Tanzanie (7,2%) et le Kenya (6,3%). Les
26 Les Afriques .
25 juin 2015
pressions inflationnistes se sont relâchées dans de nombreux pays, avec le recul des prix alimentaires.
Dans l'Uemoa, les performances 2014 sont remarquables.
En effet, l'accroissement des investissements dans les infrastructures et le dynamisme de l'exploitation minière ont
permis à l'activité économique de l'Union qui s'est
déroulée dans un contexte de faible inflation (1,5%) d'enregistrer un taux de croissance de 6,9% en 2014 contre 6%
en 2013.
25 juin 2015 Les Afriques
. 27
DOSSIER
Paul Derreumaux «Secteur bancaire :
les opportunités pour 2015-2016»
En Afrique, le secteur bancaire est en pleine mutation. Malgré la
bonne dynamique amorcée ces dernières années, beaucoup de
besoins restent à satisfaire. Paul Derreumaux, économiste et
président d’honneur du groupe Bank Of Africa, nous parle des
principales tendances et évoque les opportunités du marché africain.
L
En raison de
l’accélération
attendue de la
croissance sur le
continent, les
produits
segments qui
présentent un
gros potentiel de
croissance sont
nombreux.
es Afriques : Le secteur bancaire est assez
évolutif en Afrique. Vous qui suivez cde près
ce domaine, pouvez-vous nous dire quelles
sont les principales nouveautés pour 2015-2016 ?
Paul Derreumaux : Le secteur bancaire africain, et
surtout subsaharien, se caractérise depuis trente ans
par un dynamisme exceptionnel, de nombreuses innovations et une expansion spectaculaire. Les années
2015 et 2016 devraient continuer sur cette voie, car
les opportunités d’évolution sont multiples et les besoins qui restent à satisfaire gigantesques. Trois orientations majeures pourraient marquer la période
présente et à court terme. D’abord, la réalisation de
nouveaux investissements d’expansion et de création
venant soit des acteurs déjà présents, soit de nouveaux
acteurs comme on vient de le voir avec l’arrivée récente de banques venant du Qatar et du Canada. Ensuite, un durcissement accéléré des régulations
nationales et régionales pour ajuster celles-ci aux
transformations en cours des normes internationales
de la profession, d’une part, et rendre les banques
commerciales en mesure de mieux répondre aux
risques encourus, d’autre part. Ces risques augmentent en effet constamment avec la progression rapide
des bilans, la diversité des opérations traitées et l’intensification des activités de crédit. En troisième lieu,
on devrait assister à une diminution plus sensible des
taux débiteurs sous l’effet conjoint de la pression des
Autorités nationales, de la concurrence entre acteurs
et de la nature des besoins à financer.
LA : Quels produits ou segments de marché
semblent présenter beaucoup de potentiel de
croissance ?
P.D. : Ils sont nombreux en raison de l’accélération attendue de la croissance sur le continent. On pourrait
citer d’abord la forte expansion probable de toute l’activité bancaire, de dépôts et de crédits, en direction
des particuliers. Menée pour accroître la bancarisation des ménages encore insuffisante, elle mobilise
présentement toutes les banques à travers les politiques de création du plus grand nombre possible
d’agences et d’élargissement de l’offre de produits.
Cette composante englobe notamment de grandes
possibilités de croissance pour le financement de l’habitat qui reste un secteur vierge dans la plupart des
pays subsahariens. Une seconde piste réside dans le financement des investissements qui seront nécessaires,
dans tous les secteurs, pour intensifier le développement économique comme souhaité. Les banques
pourraient à la fois participer plus activement aux
grands projets, à côté des grands groupes financiers
internationaux, et être plus audacieuses dans le financement des entreprises moyennes ou petites, en
développant les innovations nécessaires à cette fin et
les syndications éventuelles avec d’autres acteurs pour
mieux partager les risques.
LA : On constate que les banques internationales
continuent à se déployer en Afrique. Le marché
n’est-il pas saturé ?
Bio-express
Paul Derreumaux est président d’honneur du groupe Bank of
Africa (BOA), économiste et consultant indépendant. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et titulaire d’un
DESS de sciences économiques. Il a commencé sa carrière à l’Université de Lille, avant de rejoindre la Côte d’Ivoire en 1976 où il a
été pendant trois ans conseiller au ministère du Plan, puis
conseiller au cabinet du ministre de l’Économie, des finances et
du plan. De retour en France, il travaille à la Caisse centrale de
28 Les Afriques .
25 juin 2015
coopération économique, puis dans une société parisienne, où il
est chargé du montage d’investissements en Afrique et du conseil
économique auprès de gouvernements africains. À partir de 1982,
il développe le réseau de la BOA dont il fut le PDG depuis la création, jusqu’en janvier 2011. À cette date, le groupe était déjà implanté dans 14 pays en Afrique subsaharienne et en France. Paul
Derreumaux intervient toujours au sein du holding en tant qu’administrateur et président d’honneur du groupe BOA.
L’importance du
marché potentiel
et la bonne
rentabilité du
secteur vont
immanquablement attirer de
nouveaux
acteurs.
P.D. : Je ne le crois pas en raison de nombreux indicateurs : bancarisation encore réduite, faiblesse des
acteurs non bancaires, diversité limitée des actifs financiers, énormité des besoins d’investissements
pour atteindre les ambitions d’une croissance économique rapide et pérenne, retard par rapport aux
autres continents en matière de ratio des crédits par
rapport au Produit intérieur brut ( PIB) des pays. Le
marché est donc loin d’être saturé. De plus, les
banques commerciales ont actuellement des bénéfices élevés et une forte croissance du chiffre d’affaires
par rapport à ce qui est observé dans beaucoup d’endroits. L’importance du marché potentiel et la bonne
rentabilité du secteur vont immanquablement attirer de nouveaux acteurs.
LA : Malgré la dynamique que connaît le secteur
depuis quelques années, le taux de bancarisation
reste encore assez faible. Comment peut-on expliquer ce paradoxe ?
P.D. : Il n’y a pas de paradoxe. Il faut seulement être
patient. Grâce au dynamisme que vous évoquez, ce
taux de bancarisation a fait de grands progrès. En
Afrique de l’Ouest francophone, où il était particulièrement en retard, on peut estimer qu’il a environ triplé en deux décades et avoisine maintenant
15%. Sur toute l’Afrique subsaharienne, Afrique du
Sud mise à part, ce taux doit être de quelque 25%,
avec des pics à plus de 50% dans certains pays. Mais
ce ratio va continuer à progresser rapidement non
seulement avec le renforcement de l’implantation
locale des banques, mais aussi avec les apports que
constituent par exemple la microfinance et le mobile banking. Le mouvement est incontestablement
engagé et va s’accélérer.
LA : Le mobile banking connaît un bel essor dans
plusieurs pays. L’avenir de la banque en Afrique
est-il lié à celui de la téléphonie mobile ?
P.D. : Le mobile banking va d’évidence connaître une
forte et rapide augmentation. Après le Kenya, l’Union
économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa)
devrait être une zone d’expansion privilégiée grâce
aux initiatives de plusieurs grands groupes de télécommunication et à l’important retard actuel des
taux de bancarisation. Cette évolution empiète évidemment sur le terrain naturel des systèmes bancaires
et peut les gêner au moins provisoirement.
Cette tendance ne va cependant pas tout emporter sur
son passage. Les banques peuvent d’abord coopérer
avec les entreprises de télécommunication en ce domaine, comme elles le font d’ailleurs au Kenya et dans
l’Uemoa. Elles peuvent aussi contrattaquer comme
vient de le commencer Equity Bank au Kenya en acquérant une licence d’opérateur de télécommunication
pour se placer sur le terrain de ses concurrents. Le mobile banking ne réussit pas non plus partout avec la
même force : sa pénétration a été moins bonne en
Afrique du Sud et en RDC qu’au Kenya. Enfin et surtout, le mobile banking concerne surtout la question
des moyens de paiement et des opérations de petit
montant. L’activité bancaire embrasse bien d’autres
créneaux : en particulier les banques pourraient ainsi
consacrer plus d’énergie à d’autres aspects essentiels et
profitables comme la distribution du crédit dans laquelle elles ont beaucoup d’opportunités de croissance.
La multiplication des moyens et l’intensification de la
concurrence seront très profitables aux utilisateurs et,
au moins pour une longue période, ne mettent pas en
cause l’existence des acteurs du système bancaire.
Propos recueillis par Ibrahim Souleymane
Paul Derreumaux,
président d’honneur du
groupe Bank of Africa (BOA)
25 juin 2015 Les Afriques
. 29
DOSSIER
Ade Ayeyemi, nouveau DG d’Ecobank
Ecobank Transnational Incorporated a nommé Ade Ayeyemi à titre de
nouveau directeur général du groupe Ecobank. Il prendra ses fonctions
le 1er septembre 2015 en remplacement d’Albert Essien qui a servi
cette banque panafricaine pendant 25 ans.
Ade Ayeyemi
A
Mener «Ecobank
vers la prochaine
étape de son
développement
et au-delà, en
tant que banque
panafricaine de
classe
mondiale».
30 Les Afriques .
25 juin 2015
ctuellement basé à Johannesburg en tant
que directeur général de la division
Afrique subsaharienne de Citigroup, Ade
Ayeyemi sera le prochain dirigeant d’Ecobank dès le 1er septembre 2015. Loyal serviteur de ce réseau bancaire africain depuis 25 ans, son
prédécesseur, Albert Essien, quittera ses fonctions de DG
le 30 juin pour prendre sa retraite du marché financier.
Entre ces changements de tête, des dispositions seront
mises en place par le conseil d’administration d’Ecobank afin d’assurer la gestion du groupe opérant au sein
de 36 pays à travers le continent africain.
Un parcours d’expert
Ade Ayeyemi est diplômé en comptabilité de l’Université
de Ife – aujourd’hui Université Obafemi Awolowo – au
Nigéria, en plus d’être titulaire d’un master en gestion financière de l’Université de Londres, en Angleterre. Il a
aussi suivi les cours du programme supérieur de management à la Harvard Business School aux États-Unis et
s’est formé aux systèmes UNIX ainsi qu’à la gestion des
systèmes d’exploitation réseau.
Tout aussi fidèle qu’Albert Essien, le Nigérian de 52 ans
est un membre de la famille Citigroup depuis 1988. Bien
qu’il ait œuvré un court moment pour Unilever Nigé-
ria, l’expert-comptable agréé a réellement débuté sa carrière chez Citibank, qui appartient au groupe financier
américain Citigroup. Pendant ses 27 années d’affectation, Ayeyemi a occupé différents postes régionaux qui
l’ont amené à devenir, en 2006, le directeur général des
activités pour le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le
Zimbabwe. Il a par la suite été désigné directeur des services transactionnels de Citigroup en Afrique en 2010,
puis DG de la division Afrique subsaharienne, un poste
qu’il occupe depuis 2013.
Une nomination méritée
Banquier expérimenté, Ade Ayeyemi est celui qui, «après
des recherches approfondies à travers le continent africain», fut choisi pour mener «Ecobank vers la prochaine
étape de son développement et au-delà, en tant que
banque panafricaine de classe mondiale», a souligné Emmanuel Ikazoboh, président du conseil d’administration du groupe Ecobank.
Ravi par cette opportunité, le mari et père de deux enfants a déclaré être emballé à l’idée de pouvoir «travailler avec la direction, le conseil d’administration et les
employés d’Ecobank afin d’établir de nouveaux standards
dans les services financiers offerts aux clients».
Marie-Pier Boucher, Casablanca
Ecobank sur des béquilles
prometteuses
Le groupe Ecobank a tenu son assemblée générale le 19 juin 2015 à Dar
Es Salam (capitale de la Tanzanie). Il ressort du rapport financier 2014, une
belle moisson pour la banque panafricaine, avec à la clé un total bilan de
24,2 milliards de $ et un produit net bancaire de l'ordre de 2,3 milliards de
$... L'affaire Thierry Tanoh, le report de dividendes amplifient la grogne.
D
Le groupe n'a
jamais été dans
une position
aussi forte
qu'aujourd'hui
tant sur le plan
financier que sur
les opportunités.
u bon cru pour la banque, à fin 2914. Son
total bilan consolidé est de l'ordre de 24,2
milliards de $ et ses fonds propres ont atteint 2,7 milliards. Selon les administrateurs, le groupe n'a jamais été dans une
position aussi forte qu'aujourd'hui tant sur le plan financier que sur les opportunités. Les filiales ouest-africaines (8 pays de l'Uemoa et le Cap-Vert) du groupe
bancaire ont réalisé des résultats performants. Elles ont
engrangé un total bilan de 6,8 milliards de $, tirant par
le haut le centre de gravité du portefeuille. Le directeur
général sortant, qui prend part au raout de Dar Es
Salam, le Ghanéen Albert Essien, a reconnu que ce sont
les filiales qui réalisent leurs bénéfices et envoient leurs
dividendes à la maison mère ÉTI «Nous mobilisons des
ressources pour des plans d'acquisition et d'ouverture des
filiales et les accompagnons à mieux et bien grandir.»
Le groupe Ecobank a fait beaucoup d'efforts courant
l'exercice 2014 en ramenant la filiale nigériane à des
normes convenables de rigueur en termes de gestion.
Selon le secrétaire général interpellé sur le processus
d'amélioration des 51 points soulevés lors de l'assemblée des actionnaires à Lomé en 2014, la banque a renforcé la restructuration et le respect des
recommandations du régulateur. «ETI respecte scrupu-
leusement la charte de bonne gouvernance conformément
à l'assemblée générale du 30 juin 2014», a confessé le SG
d'Ecobank. Cette année, en dépit des gros profits réalisés, la banque n'a pas distribué de dividendes à ses actionnaires qui devront patienter et attendre les
prochaines années. Bon nombre de petits porteurs
n'ont pas caché leur désarroi face à cette situation qui
perdure. Alors que tout est rose chez les gros actionnaires qui consolident leurs positions de dominants exclusifs. «Les petits actionnaires sont oppressés, avant les
grands, c'était nous qui ont cru en ce projet. Ça suffit! Pensez à nous monsieur le président», a pesté un actionnaire
nigérian. L'affaire Thierry Tanoh qui agace le haut establishment s'est aussi invitée à l'assemblée générale. Ça
et là, on veut savoir combien va coûter à la banque le
préjudice financier Tanoh et à quand ce sempiternel
feuilleton judiciaire s'arrêtera.
Aux dernières nouvelles, le groupe Ecobank a demandé
à la juridiction britannique dont elle relève de procéder aux annulations systématiques des jugements rendus par les tribunaux ivoiriens. «Nous ne payerons pas
plus que le droit n'a pas attesté. Nous n'accepterons pas
des interférences politiques dans ce contentieux», a commenté le président Emmanuel Ikazoboh.
Ismael Aidara, Envoyé spécial à Dar Es Salam
Une vue d’une précédente
assemblée générale Ecobank
25 juin 2015 Les Afriques
. 31
DOSSIER
Banque Atlantique Qui est Younès Oujenha ?
La Banque Atlantique Sénégal, filiale du groupe marocain Banque
Populaire, vient de porter à sa tête Younès Oujenha. Ce professionnel
compétent, rompu aux arcanes de la gouvernance et du pilotage des
organisations bancaires, à l’audit et à la gestion des risques bancaires,
remplace l’ivoirien El-Hassana Kaba.
Banque Atlantique Sénégal
Y
ounès Oujenha, précédemment membre du directoire de la Banque Populaire Fès Taza, directeur gestion des
risques a été nommé directeur général
de la Banque Atlantique, en remplace-
ment de El-Hassana Kaba.
Après une brillante carrière d’auditeur au sein du
cabinet d’audit international KPMG, il a rejoint le
Crédit Populaire du Maroc depuis bientôt 15 ans.
Il y a assumé successivement les fonctions de directeur de l’Inspection générale puis de l’audit interne avant que ne lui soit confié la direction
générale des risques au sein de la banque.
Il est titulaire d’un diplôme d’études supérieures
spécialisées en gestion des entreprises obtenu à
l’université François Rabelais de Tours. C’est
donc un professionnel compétent, rompu aux arcanes de la gouvernance et du pilotage des organisations bancaires, à l’audit et à la gestion des
risques bancaires, doté d’une forte capacité de
mobilisation et de gestion des équipes, avec un
sens commercial développé et qui de surcroît
connaît parfaitement le groupe, qui est choisi aujourd’hui pour présider aux destinées de la
Banque Atlantique du Sénégal.
Ismael Aidara
Banque Atlantique
en bref
Groupe Banque Centrale
Populaire du Maroc, en bref
ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL, en abrégé «ABI», est la holding issue du partenariat signé le 07 juin 2012 entre ATLANTIC FINANCIAL
GROUP et le Groupe Banque Centrale Populaire du Maroc. ABI, en activité
depuis fin septembre 2012, est une holding financière, de contrôle et de
développement, en charge de 7 banques commerciales, à savoir Banque
Atlantique BENIN (BABN), Banque Atlantique BURKINA FASO (BABF),
Banque Atlantique COTE D’IVOIRE (BACI), Banque Atlantique MALI
(BAML), Banque Atlantique NIGER (BANE), Banque Atlantique SENEGAL
(BASN), Banque Atlantique TOGO (BATG), ATLANTIQUE FINANCE (AFIN).
En s’affirmant comme un acteur incontournable de la zone UEMOA, avec
sa prise de participation dans les compagnies d’assurance Atlantique
Assurances et Atlantique Assurances Vie en Côte d’Ivoire et GTA C2A au
Togo, ABI est aujourd’hui, un Groupe financier de 1er ordre de la région.
Basée à Abidjan (Côte d’Ivoire), ABI est membre du Groupe Banque Centrale Populaire du Maroc et est constituée d’une équipe dynamique, volontaire, ayant une expérience avérée dans le secteur bancaire et une
bonne connaissance du marché bancaire de la zone UEMOA. Elle est pilotée par M. Souleymane DIARRASSOUBA, précédemment Directeur Général de AFG.
Le Groupe BCP est l’une des premières institutions bancaires du Royaume. Il tire sa force de
ses valeurs de solidarité, de mutualité, et de
son organisation unique au Maroc. Il est composé de 10 Banques Populaires Régionales
(BPR) à vocation coopérative, de la Banque
Centrale Populaire (BCP) – organe central du
Groupe – de forme société anonyme cotée en
Bourse, de filiales spécialisées, de fondations
et de banques et représentations à l’étranger.
Tout cet ensemble opère dans le cadre d’une
synergie. Le Groupe BCP est présent dans 11
pays africains (Maroc, Mauritanie, Sénégal,
Mali, Niger, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Burkina
Faso, Guinée et Centrafrique) et 12 pays à travers le monde (Espagne, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Grande Bretagne,
Danemark, Suisse, Canada, Emirats Arabes
Unis et Arabie Saoudite).
32 Les Afriques .
25 juin 2015
DOSSIER
El-Hassana Kaba «La BASN affiche l’une des
meilleures croissances de la place avec une
hausse des dépôts de la clientèle à 70%»
Derrière la grosse performance réalisée par la Banque Atlantique, la
silhouette d'un homme, la quarantaine sonnée. L'Ivoirien, EL Hassan
Kaba, DG de la filiale sénégalaise du groupe Banque centrale populaire
du Maroc, en brillant manager, livre en détails la situation, les gros
deals ficelés, la vision et les ambitions de la BASN.
El-Hassana Kaba, DG
Banque Atlantique Sénégal
La BASN affiche
l’une des
meilleures
croissances de la
place avec une
hausse de ces
dépôts de la
clientèle à 70%.
34 Les Afriques .
25 juin 2015
L
es Afriques : Quelle est la situation de la
banque atlantique Sénégal (BASN) à fin
2014 ?
El Hassan Kaba : A la fin de l’exercice 2014, tous
les signaux de la banque sont au vert : un bilan en
forte croissance, +49% (qui passe de 181M en 2013
à 270M en 2014), un produit net bancaire en
hausse de 22% et un bénéfice net qui affiche près de
200% de croissance.
Sur le plan de la collecte de dépôt, pendant que le
marché enregistre une rareté des ressources, la
BASN affiche l’une des meilleures croissances de la
place avec une hausse de ces dépôts de la clientèle
à 70%. Par ailleurs, il est important de souligner
qu’à côté de ces performances commerciales re-
marquables, la banque, à la fin de l’exercice 2014,
respecte l’ensemble du dispositif prudentiel établi
par la Commission bancaire.
En conclusion, nous avons eu une année 2014 très
satisfaisante avec un positionnement sur le marché
encore plus renforcé.
LA : A combien s'élève la part de contribution de
financement de la BASN dans l’économie ? Expliquez-nous l'évolution et les segments d'activité qui sous-tendent cette tendance
E.H.K. : La part de marché de la BASN est en forte
croissance, ce qui nous conforte quant à l’efficacité
de notre business model. De moins de 1% en 2007,
notre part de marché emplois est passée à environ
Sur le segment
des particuliers,
nous sommes
très actifs dans
le financement de
l’immobilier, à
l’endroit des
promoteurs et
acquéreurs
immobiliers avec
des offres très
innovantes
«taillées sur
mesure».
6% à fin 2014, dans un contexte de concurrence accrue avec de nouveaux entrants sur le marché.
Cette forte croissance s’explique d’une part par
l’augmentation des crédits à moyen terme, notamment dans le secteur étatique avec le crédit consenti
à l’Etat dans le cadre du financement des projets
structurants, mais également par les interventions
au profit de ses démembrements.
Le segment de l’entreprise n’est pas laissé en reste,
puisque nous avons arrangé des deals au niveau du
groupe pour le financement d’entreprises locales.
Sur le plan de la PME-PMI, nos positions se sont
renforcées dans le secteur du trade (+36%).
Sur le segment des particuliers, nous sommes très
actifs dans le financement de l’immobilier, à l’endroit des promoteurs et acquéreurs immobiliers
avec des offres très innovantes «taillées sur mesure»,
mais également des particuliers, avec le lancement
des offres packagées sans oublier notre nouveau
produit dénommé «Sama Rew» pour nos compatriotes de la diaspora.
LA : BASN est une signature désormais depuis le
gros deal avec l'Etat du Sénégal en 2013. Y a-t-il
des projets de ce type dans le pipe à court et
moyen terme ?
E.H.K. : Le deal Etat du Sénégal réalisé entre 2013
et 2014 a été effectivement un événement majeur
dans notre zone, en ce sens que pour la première
fois une banque africaine régionale a pu se voir
confier un mandat d'une telle ampleur mais surtout l’honorer dans des délais courts. Par ailleurs,
cette opération s'est révélée être une première du
fait que la Bceao a accepté pour la 1re fois de refinancer un prêt bilatéral souverain à ses guichets.
Sur l'année 2015, la Banque Atlantique du Sénégal
prévoit des opérations d'envergure aux côtés du secteur privé local, à savoir l'agro-business et l’industrie,
mais envisage aussi des opérations significatives pour
le secteur public et cela en synergie avec les filiales de
notre groupe bancaire. D’autre part, il est important
de souligner les conventions de partenariat signées
entre notre maison mère, le groupe Banque Centrale
Populaire du Maroc avec l’Etat du Sénégal. Ainsi, 3
conventions ont été signées portant sur l’appui budgétaire à l’Etat du Sénégal pour 30 Mrds de f CFA, une
convention de financement de logements pour les
fonctionnaires et autres particuliers et enfin une
convention pour l’installation de la structure de microfinance afin de pouvoir accompagner les couches
non bancarisées de la population.
LA : Quelles sont les perspectives ?
E.H.K. : Nous avons pour ambition de faire partie
du top 5 du marché à l’horizon 2015-2017, aussi
avons-nous un plan de développement ambitieux.
La forte expérience dans le secteur du retail de la
Banque Centrale Populaire du Maroc, notre maison
mère, sera mise à profit.
En effet, notre nouveau positionnement sur le marché sénégalais nécessitera des actions allant vers le
rapprochement de notre cible, par l’extension du réseau d’agences, mais également par la refonte de
notre offre commerciale.
De nouveaux produits très innovants, destinés aux
particuliers et aux professionnels, seront lancés dans
les trois prochains mois.
En somme les perspectives sont très ambitieuses et
reflètent véritablement notre stratégie de banque.
Propos recueillis par Ismael Aidara
Des produits sur mesure
pour financer l’immobilier
25 juin 2015 Les Afriques
. 35
DOSSIER
Jean Luc Konan «Notre total bilan a
atteint 19 milliards f CFA, avec un produit
net bancaire de 885 millions f CFA»
Deux ans après l'irruption de la mésofinance qui fait des émules sur la
place dakaroise, à travers l'implantation de COFINA, son PDG, l'ivoirien,
Jean Luc Konan évoque le modèle, le processus d'export de financement
de plus de 3500 projets entrepreneuriaux dans 3 pays d’implantation
(Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire) et les perspectives. Interview exclusive.
Jean Luc Konan,
PDG Cofina
36 Les Afriques .
25 juin 2015
L
es Afriques : Quel bilan général
pouvez-vous faire pour le Groupe
COFINA ?
Jean Luc Konan : Le premier bilan que le Groupe COFINA peut dresser concerne son choix stratégique
d’être la 1ère institution financière panafricaine de mésofinance. La pertinence de cette 3ème voie de la fi-
nance positionnée entre les micro-opérateurs (microfinance) et macro-opérateurs (banque traditionnelle) n’est plus à démontrer. COFINA affiche
aujourd’hui des résultats tangibles corroborant l’analyse faite avant le lancement de nos activités.
Un double constat a conditionné cette orientation :
en Afrique, les crédits au secteur privé représentent
moins de 20% du PIB, contre 255% aux États-Unis.
En outre seulement 6,4% des PME africaines ont
accès aux financements bancaires alors que ce sont les
premiers pourvoyeurs de richesses dans nos économies africaines en créant près de la moitié des emplois.Le déficit de financement total pour les PME en
Afrique est estimé à plus de 140 milliards de dollars.
C’est plus de six fois le PIB de la Côte d’Ivoire ! Pour
financer adéquatement les PME et les entrepreneurs,
il est nécessaire de faire concorder 2 paramètres : le
développement d’une expertise métiercaractérisée par
des procédures et des outils idoines. Parmi nos réalisations, nous avons notamment mis au point un service de rating des sociétés qui nous permet
d’optimiser notreconnaissance client. L’autre force de
COFINA est l'accompagnement. On estime que 60%
des entreprises font faillite dans leur première année
d’existence. Nos équipes sont constituées à la fois de
professionnels de la finance et du conseil en stratégie
d’entreprise qui intègrent l’accompagnement et le
conseil à la clientèle dans leur travail au quotidien.
COFINA a financé durant cette seule première année
d’exploitation plus de 3500 projets entrepreneuriaux
dans ses 3 pays d’implantation que sont la Guinée
Conakry, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Les 1509 entreprises financées par COFINA ont permis la création de 7 545 emplois, selon un suivi effectué sur l’ensemble de la clientèle (en moyenne cinq
personnes auraient été recrutées pour chaque entreprise financée).
Nous sommes dans cette logique d’accompagner les
classes émergentes et contribuer, par la même, à la
croissance de nos économies africaines par une inclusion financière
adaptée et maitrisée.
LA : Comment se présente le portefeuille du groupe COFINA ?
J.L.K. : Comme je l’ai indiqué précédemment, nous avons lancé nos activités dans 3 pays durant l’année 2014 :
1er février en Guinée Conakry, 1er
avril au Sénégal et 4 juillet en Côte
d’Ivoire. Au 31 mars 2015 nous comptabilisions plus de 17 400 clients. Avec
près de 3 000 crédits pour un encours
de 15 milliards FCFA, COFINA est en
phase avec les objectifs fixés.
Notre total bilan, de 19 milliards
FCFA et notre produit net bancaire
qui est de 885 millions de Fcfa nous
confortent dans les projections de
croissance du Groupe sur les prochaines années d’exploitation. Ces résultats sont le fruit des équipes (320
salariés au 31 mars 2015) rompues
aux enjeux du financement des PME,
des entrepreneurs et de manière plus
générale aux classes émergentes africaines. Grâce à leur expertise, leur
professionnalisme et à la culture de la
performance, nous avons pu asseoir
notre différenciation sur un marché
fortement concurrentiel.
LA : Quelles sont les perspectives ?
J.L.K. : Nous comptons lancer les activités dans 3 nouveaux pays de la
sous-région d’ici décembre 2015 et
ambitionnons d’être présent dans 16
pays à l’horizon 2021. Nous visons
une croissance soutenue sur les 3 prochaines années et projetons à fin 2018
d’atteindre un total bilan de 264 Milliards de FCFA pour un produit net
bancaire de 59.8 Milliards de FCFA.
Nous nous fixons comme objectif de
fédérer 660 000 clients avec une offre
de service disponible dans plus de 750
points de vente.
Le Groupe COFINA lance des solutions innovantes capitalisant sur des
technologies et offres de services
adaptées aux réalités de nos clients.
C’est dans cet esprit que nous avons
initié la 1ère application web et mobile pour leur permettre de bénéficier d’une accessibilité permanente à
leurs comptes et à l’ensemble de nos
Nous ambitionnons d’être
présent dans 16 pays à
l’horizon 2021.
produits et services. Le Groupe COFINA a également créé un incubateur d’entreprise, structure
destinée à accompagner les startups dans leur
phase d’amorçage. Notre objectif est de donner
des bases solides à de jeunes startups à travers la
mise en place de tout un écosystème entrepreneurial. Pendant une période d’incubation de 12
mois, le Groupe COFINA permettra à des jeunes
entreprises africaines de bénéficier de conseils de
spécialistes, de l’assistance d’experts, du partage
d’expériences avec des entrepreneurs avérés, de
formations, de networking et d’aide à la recherche de financement.
Propos recueillis par
Ismael Aidara
DOSSIER
Bank of Africa Amine Bouabid à la présidence
Après 6 mois au poste de directeur général de Bank of Africa (BOA),
banque panafricaine détenue à hauteur de 72% par le groupe BMCE
Bank, Amine Bouabid se retrouve à la présidence.
Bank of Africa
B
ank of Africa sera désormais drivé par
Amine Bouabid. L’homme de confiance
d’Othman Benjelloun, président du
groupe BMCE Bank, a les coudées
franches pour poursuivre le travail entamé par Mohamed Bennani, son prédécesseur à la
tête de la banque. Il n’a pas mis longtemps pour s’imposer à la tête de l’institution. En effet, après avoir rejoint le staff de BOA, le 1er janvier 2015, en tant que
directeur général, il va assurer la présidence de la filiale panafricaine du groupe BMCE.
L’homme de
confiance
d’Othman
Benjelloun,
président du
groupe BMCE
Bank, a les
coudées
franches.
38 Les Afriques .
25 juin 2015
Rappelons qu’Amine Bouabid est un homme du sérail. Avant de rejoindre BOA, il a passé 17 ans à Salafin, filiale de crédit à la consommation du groupe
BMCE Bank. Il assurait alors la présidence du directoire de Salafin. Jusqu’à présent d’ailleurs, il a
siégé au conseil d’administration de cet établissement. Aujourd’hui, c’est un nouveau challenge pour
le nouveau PDG de BOA qui aura la lourde tâche
de piloter une filiale dont le nom sera en osmose,
dans les mois qui viennent, avec celui du groupe.
Abdelmalek El Mekkaoui, Casablanca
BOA, en bref
L’histoire du Groupe BANK OF AFRICA commence
au Mali, en 1982, avec la création de la première
BANK OF AFRICA, quasiment sans appui extérieur.
Aujourd’hui, le groupe BANK OF AFRICA est implanté dans 17 pays dont 8 en Afrique de l’Ouest
(Benin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali,
Niger, Togo et Sénégal), 7 en Afrique de l’Est et
dans l’Océan Indien (Burundi, Djibouti, Ethiopie,
Kenya, Madagascar, Tanzanie et Ouganda), en République Démocratique du Congo, ainsi qu’en
France, à travers un réseau de 15 banques commerciales, 1 société financière, 1 banque de l’habi-
tat, 1 société de créditbail, 1 société de bourse, 2
sociétés d’investissement, 1 société de gestion
d’actifs et 1 bureau de représentation du Groupe à
Paris. Depuis 2010, le groupe BANK OF AFRICA
eest majoritairement détenu par BMCE Bank
(Banque Marocaine du Commerce Extérieur), 2nde
banque privée au Maroc. BMCE Bank apporte un
puissant soutien stratégique et opérationnel au
Groupe BANK OF AFRICA, ainsi qu’un accès direct
à des marchés internationaux grâce à sa présence
en Europe et en Asie.
(Source : BOA)
DOSSIER
Intermédiation L'offensive de la Colombe
Groupe au Sénégal et dans la sous-région
Depuis l’obtention de son agrément de la Banque centrale, en août
2013, la Colombe Groupe consolide son portefeuille diversifié via la
signature de contrats avec des banques de 1er ordre au Sénégal et
dans la sous-région.
Dakar,
capitale du Sénégal
Première société
de droit
sénégalais et
africain à
décrocher son
agrément
d’intermédiation
en opérations de
banque dans
l’espace Uemoa.
40 Les Afriques .
25 juin 2015
L
es Afriques qui a accédé aux comptes de
Colombe Groupe, en exclusivité, livre
les détails du portefeuille. Aussitôt
créée, l’entité est devenue la première
société de droit sénégalais et africain à
décrocher son agrément d’intermédiation en
opérations de banque dans l’espace Uemoa. Un
an après le démarrage de ses activités, la structure
se positionne comme acteur majeur dans l’externalisation des opérations bancaires, dans la sécurité fiduciaire, dans la monétique et dans
l’outsourcing. Face à un marché concurrentiel,
elle a su s'adapter à la culture financière des différents pays et à proposer des solutions répondant précisément aux besoins des marchés
financiers. Quid des résultats financiers ? La
structure nous donne rendez-vous au 31 décembre 2015.
Contrats de mandats et transactions
Les contrats de mandants avec des groupes bancaires
locaux, tels que la Cncas, Bimao, Um-Pamecas, Bsic Sénégal, et la Banque Atlantique sans oublier les mairies
et autres organismes étatiques. L’année 2014 a été une
année de décollage dans son activité IOB avec des placements à terme au profit des banques comme Bsic Sénégal, Bsic Mali, Bsic Togo, Banque Atlantique Sénégal,
Bpec Togo, Coris Bank et tout récemment avec UBA
via United Capitals Plc. Dans le pipe, la structure d'intermédiation projette de booster la bancarisation des
structures et sous-structures à l'échelle régionale.
Ismael Aidara, Dakar
DOSSIER
Sénégal BIS, en phase de croisière
Grosse performance réalisée par la BIS au terme de l’exercice 2014. Sa
stratégie commerciale et managériale a été payante. Son bénéfice net est
ressorti à 3 181 millions de f CFA, en accroissement de 57%, par rapport à 2013.
L
a BIS a déployé au cours de
l’exercice 2014 une stratégie
globale visant le développement
de ses activités par l’innovation,
la diversification des produits et
services et l’extension de son réseau
d’agences. Elle a également prioritairement
recherché la qualité du risque et la rentabilité dans toutes ses interventions.
Les indicateurs de performance de la
banque se sont ainsi nettement améliorés
au cours de l’année 2014, malgré une
concurrence très soutenue sur le marché.
En effet, la BIS a enregistré en 2014 une
hausse de 20,7% de son total bilan qui s’est
établi à 167 314 millions de f CFA. Cette
progression a été réalisée grâce aux nombreuses actions menées en vue de l’amélioration de l’offre commerciale de la
banque. Elles ont permis d’accroître de
Les indicateurs de performance de
la banque se sont ainsi nettement
améliorés au cours de l’année
2014, malgré une concurrence très
soutenue sur le marché. La BIS a
enregistré en 2014 une hausse de
20,7% de son total bilan qui s’est
établi à 167 314 millions de f CFA.
18,2% les dépôts collectés, de 11,7% les financements directs et de 32,2% les engagements par signature.
Au niveau du compte d’exploitation, le bénéfice net est ressorti à 3 181 millions de f
CFA, en accroissement de 57% par rapport à
2013, grâce à une hausse de 19,6% du produit net bancaire et une évolution bien maîtrisée des frais généraux et du coût du risque.
Le bilan social de l’année 2014 est également riche en actions de grande portée sociale menées par la BIS au titre de sa
politique de responsabilité sociale et de la
solidarité islamique. C’est ainsi que plus de
42 Les Afriques .
25 juin 2015
100 millions de f CFA ont été dépensés en direction
des secteurs de l'éducation, de la santé et en soutien
aux populations démunies dans le seul but de partager les fruits du développement de la banque avec
les populations sénégalaises.
Ismael Aidara, Dakar
Niger Bagri lisse son management
Les lignes bougent chez le géant bancaire agricole nigérien. L’année
2014, qui constitue une année charnière marquant la fin de
l'administration provisoire de la banque, a été une belle moisson.
L
es clignotants sont au vert. Les principaux indicateurs de la Bagri à fin décembre 2014 font ressortir une croissance de
l’activité tant en ressources qu’en emplois. L’heure est à la grande embellie. Le
total bilan a connu une progression de 35,24% au
Le PNB se situe à 3 901
millions f CFA, soit une
hausse de 20%.
cours de l'exercice 2014 en passant de 25
317 millions de f CFA au 31 décembre
2013 à 34 241 millions de f CFA au 31 décembre 2014. Cette performance représente un niveau de réalisation de
105%, par rapport aux prévisions budgétaires au titre de 2014.
Le produit net bancaire se situe à 3 901
millions f CFA en 2014 contre 3 240 millions en 2013, soit une hausse de 20%. Le
résultat net reste toutefois déficitaire de
711 millions de f CFA en 2014 contre un
déficit de 1 135 millions de f CFA en 2013,
soit une amélioration du résultat de 424
millions entre les deux périodes. Toutefois, le niveau du résultat de 2014 est le
fait de l’importance des dotations aux
provisions pour créances douteuses, des
dotations aux amortissements et autres
provisions pour risque et charges qui se
chiffrent au titre de l'exercice 2014 à 2 014
millions de f CFA.
Le résultat brut d'exploitation se chiffre à
853 millions de f CFA en 2014 contre 275
millions en 2013, soit une variation de
210%. Les RBE des deux premiers exercices (2011-2012) s'établissaient respectivement a - 445 millions et -164 millions
de f CFA. Ainsi, cette situation traduit
l'impact des provisions pour créances
douteuses sur la détermination du résultat de la banque. En effet, les différentes
provisions et pertes sur créances sur la
clientèle se chiffrent a 1 288 millions pour
des reprises sur créances provisionnées estimées à 176 millions.
Signalons que la Banque agricole du
Niger (Bagri) a été créée le 20 juillet 2010
sous forme de société anonyme avec un
capital social de dix milliards
(10.000.000.000) de f CFA, détenu à 35%
par l'Etat du Niger pour compte propre
et un portage de 65%. Elle a été agréée en
qualité de banque universelle par la Commission bancaire en sa session du 4 janvier 2011 et a ouvert ses guichets à la
clientèle le 18 février 2014.
I.A., à Niamey
25 juin 2015 Les Afriques
. 43
DOSSIER
BIDC Mobilisation de 778 millions de
dollars pour le développement régional
Le conseil d’administration de la BIDC a approuvé le financement de 91
projets pour un montant total de 581,2 millions d’UC, soit environ 880
millions de dollars. Selon des informations exclusives en notre
possession, les engagements signés fin 2014 via le guichet de la
banque s'élèvent à 778 millions de dollars.
Financement de projets
d’infrastructures
Entre 2010 et
2014, 60% des
interventions de
la BIDC sont
allées au secteur
privé et les 39%
au secteur public,
essentiellement
les projets
d’infrastructures.
44 Les Afriques .
25 juin 2015
D
e nouveaux engagements se bonifient.
Au titre des nouveaux engagements signés ou financements accordés par la
Banque d'investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), au cours
des cinq dernières années, son guichet a mobilisé la
bagatelle de 530 millions d’UC, soit 778 millions de
dollars US. Alors que les décaissements effectués sont
évalués à près de 610 millions de dollars.
Entre 2010 et 2014, 60% des interventions de la
BIDC sont allées au secteur privé et les 39% au secteur public, essentiellement les projets d’infrastructures. C’est ce qui ressort de la lecture des
documents exclusifs de l'institution mis à notre disposition. Au cours de la même période, en ligne
avec sa stratégie, le conseil d’administration de la
Banque a approuvé le financement de 91 projets
pour un montant total de 581,2 millions d’UC, soit
environ 880 millions de dollars US.
Au cours de la même période, en ligne avec sa stratégie, le conseil d’administration de la banque a approuvé également le financement de 91 projets pour
un montant total de 581,2 millions d’UC, soit environ 880 millions de dollars US. Les nouveaux engagements signés ou financements accordés par la
banque au cours des cinq dernières années s’élèvent
à 530 millions d’UC, correspondant à 778 millions
de dollars US alors que les décaissements effectués
remontent à près de 610 millions de dollars.
Ismael Aidara, Lomé
DOSSIER
First Bank of Nigeria
Les dessous de l’acquisition d’ICB
Exclusif ! La plus grosse banque de la place de Lagos, First Bank of
Nigeria, a déjà conclu l'acquisition depuis septembre 2014 de cinq
filiales du réseau bancaire de la malaisienne International Continental
Bank (Ghana, Sierra Leone, Sénégal, Guinée, Gambie). Mais, le groupe
malaisien garde sous son giron ICB Djibouti.
Bisi Onasanya,
PDG First Bank of Nigeria
Le groupe
malaisien a
empoché pour
ces 5 filiales
ouest-africaines
(Ghana, Sierra
Leone, Sénégal,
Guinée, Gambie)
et celles du
Malawi, du
Mozambique et
de Zambie le gros
chèque d'un
montant de 200
millions de $.
46 Les Afriques .
25 juin 2015
L
a méga banque Malaisienne a pris l'option de se retirer progressivement du
marché continental africain. Une stratégie des dirigeants de la holding basée à
Kuala Lumpur qui envisagent de se lancer dans d'autres filières du capital-investissement,
commente une source autorisée aux Afriques. En exclusivité, les informations en notre possession nous
permettent de livrer les dessous du deal de rachat des
5 filiales au Sud du Sahara de ICB par la nigériane
FBN (First Bank Of Nigeria). Le groupe malaisien a
empoché pour ces 5 filiales ouest-africaines (Ghana,
Sierra Leone, Sénégal, Guinée, Gambie) et celles du
Malawi, du Mozambique et de Zambie le gros
chèque d'un montant de 200 millions de dollars.
Toutefois, selon des sources bien informées, la Malaisienne ICB n'a pas vendu l'ensemble de son réseau
bancaire africain à la nigériane FBN.
Nos informations révèlent en primeur que le consortium bancaire indien First Merchant Bank est très
présent en Afrique australe et orientale, depuis plus
de 200 ans maintenant. Coût de la transaction pour
les trois filiales (ICB Mozambique, Zambie, Malawi) :
50 millions de dollars. En clair, la méga banque ICB
dans son retrait du marché africain a empoché 200
millions de dollars, dont 150 millions de dollars des
coffres de FBN et 50 millions de l'Indian First Merchant Bank. Seulement, le groupe ICB garde dans son
giron sur le continent africain sa filiale de Djibouti et
de Tanzanie. Question de stratégie ? Une source nous
a confirmé que les plus gros clients d’ICB se trouvent
en Djibouti et en Tanzanie.
Ils ont mobilisé des investissements importants dans
ces pays respectifs. On apprend aussi que toutes les
filiales bancaires acquises par les Nigérians ont déjà
change de nom: FBN Ghana, FBN Gambie, FBN
Sierra Leone, FBN Guinée. Du côté de Dakar, on
traine les pieds. Car, les autorités nigérianes attendent
toujours l'autorisation du régulateur ( la Commission Bancaire) de l'UEMOA pour le branding et s'appeler FBN Sénégal.
Ismael Aidara
Tamweel-Bank Asya Lancement de 4 projets
de banques halal au Bénin, Mali et au Tchad
La société d’investissement Tamweel Africa Holding, co-détenue par la
SID (Société islamique pour le développement du secteur privé), filiale
de la Banque islamique de développement, et la banque turque Bank
Asya, s'apprêtent à lancer 4 banques islamiques au Bénin, au Mali et
au Tchad. Le dossier d'obtention d'agrément est bouclé.
Khaled Al-Aboodi,
directeur général de la SID
L’
offensive de la finance islamique se
concrétise. Le directeur général de
la SID, Khaled Al-Aboodi, avait annoncé la couleur le 22 avril dernier.
L'ambitieux projet d'implantation
de banques islamiques au Bénin, au Mali et au
Tchad passe à la vitesse supérieure. Tamweel
Africa Holding a pris l'option de prendre pied
avant fin juillet 2015 sur la place financière de Cotonou. Le dossier d'agrément d'implantation est
bouclé après plusieurs allers-retours dans la capitale béninoise de l'équipe drivée par le Sénégalais
Babacar Ndoye, ex-directeur général de la Banque
islamique du Sénégal, récemment promu patron
de Tamweel Holding Africa, a révélé aux Afriques
une source bien informée. Signe d'optimisme, le
ministre des Finances du Bénin a donné son avis
favorable et la commission bancaire ne tardera pas
à accorder l'agrément.
La Banque islamique du Bénin, calquée sur le modèle de Banque islamique du Sénégal, géniteur des
autres institutions halal en Guinée, au Niger, en
Mauritanie, devra empocher son ticket d'entrée
sur le marché avant fin juillet prochain. Des missions de haut niveau ont été effectuées respectivement au Mali et au Tchad. La Banque burkinabè
Coris International prête à l'ouverture d'une fenêtre islamique devra servir de plateforme pour
l'entrée de Tamweel Africa Holding à Ouagadougou. Même si les autorités de la SID et de Coris
Bank affichent une volonté de concrétiser le projet, rien n'a filtré pour l'instant dans l'évolution
du dossier. Au Tchad, deux projets d'envergure
sont dans le pipe, il s'agit de la création d'une
banque halal et d'une société de leasing islamique.
Aux dernières nouvelles, le ministre des Finances
du Tchad, Kordje Bedoumra s'affaire aux derniers
réglages en vue de l'octroi des agréments.
Le directeur général, Khaled Al-Aboodi, a annoncé à l'occasion du raout de la BID à Maputo,
courant juin 2015, que les investissements vers
l'Afrique, s'élevant aujourd'hui à 12%, devront
augmenter sensiblement de 20 points. L'Afrique
représente un marché à fort potentiel pour la SID
qui compte booster ses investissements stratégiques dans l'activité bancaire halal, devenue la
voie royale pour l'émergence d'une industrie bancaire performante aux profits et risques partagés.
I.A.
25 juin 2015 Les Afriques
. 47
DOSSIER
Mouhamed Ndiaye, DG CMS «Concevoir
des produits et services adaptés»
Dans cette interview, Mouhamed Ndiaye, directeur général du Crédit
Mutuel du Sénégal, relate, entre autres, l’importance des chantiers de
l’inclusion financière, sans pour autant négliger l’articulation entre des
banques, des SFD et des Etablissements de crédit dans leurs concours
à l’économie, une offre de produits et services adaptés...
L
Réfléchir, sur les
réformes du
dispositif
réglementaire et
prudentiel en vue
d’optimiser
l’inclusion
financière.
48 Les Afriques .
25 juin 2015
es Afriques : L’articulation IMF-Banque, l’accessibilité à des services financiers par tous
ou l’inclusion financière : Quelle réflexion
vous inspire ce débat ?
Mouhamed Ndiaye : Par la question, vous nous
donnez l’occasion de montrer le sens de cet interview dans le numéro spécial Banques de votre magazine. Car, en effet, évoquer l’activité du secteur
bancaire sans inclure les autres acteurs importants
comme les Systèmes Financiers Décentralisés, c’est
occulter déjà les problématiques qui touchent les populations défavorisées, les PME-PMI et j’en passe.
Il est vrai que le débat sur l’inclusion financière se
pose de plus en plus, mais très souvent, il porte sur
l’accessibilité à des services financiers par tous. Autrement dit, faire en sorte que les populations,
toutes catégories socioprofessionnelles confondues,
aient accès à des services financiers. De ce point de
vue, la structuration du marché en termes de microfinance, de mésofinance, de nano ou macro, devient un faux débat. Ce qui importe, c’est de
concevoir des produits et services adaptés à cette
cible, multidimensionnelle et multiforme.
Cette acception de l’inclusion financière ne doit pas
cacher l’autre acception qui consiste à poser le
débat de l’articulation entre acteurs financiers
poursuivant le même but à savoir le financement
de l’économie. Il s’agit notamment des banques,
des SFD (Ndlr : Systèmes Financiers Décentralisés)
et des Etablissements de crédit.
Toutefois, il faut éviter de poser ce débat en termes de
relation commerciale que devraient entretenir naturellement, et ce selon les lois du marché, des agents
économiques, qu’ils soient banque ou SFD. De notre
point de vue, il doit s’agir de réfléchir, sur les réformes
du dispositif réglementaire et prudentiel en vue d’optimiser l’inclusion financière et par conséquent de relever de façon significative le taux de bancarisation.
LA : L'irruption sur le marché financier de la mésofinance par un nouvel acteur de la place ne porte
pas un préjudice à la politique de déploiement et
de diversification de vos produits envers les populations cibles de l'établissement ?
M.N. : Une partie de votre question trouve sa réponse sur les développements précédents. Toutefois, il faut préciser que le marché est global et à la
fois diverse ou chaque acteur a son apport à proposer. Les SFD en zone UEMOA (Ndlr : Union économiqueet monétaire ouest africaine) en général
ou au Sénégal en particulier, soutiennent le financement de l’économie par des produits et services
adaptés et qui transcendent la logique de nano,
micro ou méso. D’ailleurs, notions non codifiées
encore moins définies de façon consensuelle par
tous les acteurs. Sinon comment justifier les stratégies de «up scalling» des SFD et de «down scalling»
menées par les banques ?
LA : Quelle est la part de contribution du CMS
dans le financement de l'économie du pays ?
M.N. : L’économie sénégalaise à l’instar des économies en général est financée notamment par les
banques, les SFD et différents instruments financiers mis en place par les pouvoirs publics. Selon le
rapport de la Direction de la Réglementation et des
Systèmes Financiers Décentralisés du Ministère de
l’Economie et des Finances, le financement de
l’économie par les SFD s’apprécie par le rapport
entre l’encours de crédit et le PIB. Ce ratio était de
3,22% en 2013 contre 3,19% en 2012 soit une
hausse de 0,94%. Et pour la même période selon le
rapport de la Direction de la Microfinance, le CMS
détenait 42,30% de l’encours de crédit du secteur.
Une analyse de ces indicateurs vous donne une idée
de la part de contribution du CMS dans le financement de l'économie du pays.
En partenariat
avec la Banque
Mondiale, le
Crédit Mutuel du
Sénégal a
expérimenté une
nouvelle offre de
services financiers agricole et
rurale, dénommée
Agrifin.
LA : Le Sénégal va abriter la Semaine africaine de
la microfinance en fin juin 2015 dont le thème
porte sur «Innover pour accélérer la finance rurale
en Afrique». Nous savons que le CMS a une grande
expérience de la finance rurale, comptez vous la
partager à cette occasion ?
M.N. : Nous rappelons que le Crédit Mutuel du Sénégal a été créé vers la fin des années 80, au moment où les
banques de développement ont failli à leur mission de
donner une réponse à la question du financement agricole notamment dans le bassin arachidier. Depuis lors,
le CMS a développé une technologie de crédit qui permet aujourd’hui d’accompagner le petit exploitant
agricole en milieu rural tout comme le grand fermier
ou agro business, implanté dans la Vallée ou aux Niayes.
En partenariat avec la Banque Mondiale, le Crédit Mutuel du Sénégal a expérimenté ces dernières années, une
nouvelle offre de services financiers agricole et rurale
dénommée Agrifin, dont un des livrables majeurs a été
l’instauration d’un centre pour le Financement Agricole (CFA), dont l’approche d’intervention prend en
compte la dimension chaîne de valeurs.
Ainsi, à l’occasion des crédits de campagne arachi-
dière, des financements sont accordés aux producteurs en amont et aux Opérateurs Privés Stockeurs
(OPS) en aval allant de 100 000 francs (environ
152 Euro ou 200 dollars) à 400 millions (environ
610 000 Euro ou 800 000 mille dollars) par engagement. Nous apprécions la pertinence du thème
de la prochaine semaine africaine de la microfinance pour laquelle, notre Direction du Développement Rural, travaille pour une contribution du
Crédit Mutuel du Sénégal, fondée sur notre expérience depuis plus de 25 ans.
LA : Le CMS a une vocation de s'ouvrir vers le marché régional africain, quels sont les projets innovants et flexibles à court et moyen termes dans le
pipe au Sénégal d'abord et pour pénétrer les marchés de l'espace Uemoa ?
M.N. : A court terme, nous ambitionnons de proposer un véhicule innovant pour offrir nos meilleurs
services financiers aux populations de la sous région
UEMOA et au delà. Nous reviendrons plus amplement sur ce sujet en d’autres occasions.
Propos recueillis par Ismael Aidara
Bio-express
Mouhamed Ndiaye,
titulaire du MBA Université du Qébec à
Montréal et Doctorant en Sciences économiques de
l’université Cheikh
Anta Diop de Dakar,
Mouhamed Ndiaye
est actuellement Directeur général du
Crédit mutuel du Sénégal (CMS)
25 juin 2015 Les Afriques
. 49
DOSSIER
Côte d'Ivoire
Versus Bank desserre la serrure
La petite banque Versus Côte d'Ivoire, appartenant à 100% à l'Etat
ivoirien, sort de la zone de turbulences. Revirement spectaculaire alors
que tout prédisait sa mort prématurée, l'exercice 2014 affiche une
petite forme. Le total bilan est de 48,5 milliards de f CFA.
Versus Bank
L'embellie
financière
enregistrée à la
clôture du bilan
2014 avec des
encours de prêts
de l'ordre de plus
de 50 milliards de
f CFA et un
Produit net brut
(PNB) de l'ordre
de 4 milliards, est
encourageante.
50 Les Afriques .
25 juin 2015
G
rosse prouesse pour le manager Guy
Koizan à la tête de Versus Bank Côte
d'Ivoire. Après la fermeture de BFA
(Banque de financement pour l'Agriculture), la banque étatique Versus a
failli frôler la liquidation. Plus de peur que de mal.
La tendance a été inversée de justesse. Grâce à l'entregent et à la politique commerciale innovante et
agressive du top management, la banque a dû très
vite remonter la pente.
A priori, pour une banque dont les clignotants
étaient au rouge, il y a quelques années, l'embellie
financière enregistrée à la clôture du bilan 2014 avec
des encours de prêts de l'ordre de plus de 50 milliards de f CFA et un Produit net brut (PNB) de l'or-
dre de 4 milliards, est encourageante. Le total bilan
a atteint 48,5 milliards de f CFA.
Derrière cette petite forme de Versus dont le capital
social est de 3 milliards f CFA, la volonté manifeste
du Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, et du
ministre des Finances d'accompagner et de sauver la
banque publique. Le hic reste le projet de privatisation de Versus Bank dans les starting-blocks de l'Etat
qui cherche repreneur stratégique via la cession des
parts. Sans doute, le gouvernement a tiré les leçons
de la liquidation de la BFA, banque spécialisée dans
le financement de l'agriculture. Cette banque avait
suscité beaucoup d'espoirs avant de s'effondrer.
Ismael Aidara,
Abidjan
ZOOM
52 Les Afriques .
25 juin 2015
Afrique
La dernière frontière ?
La croissance économique en Afrique devrait se raffermir en 2015 et 2016,
pour se situer à 4,5 et 5%, des niveaux proches de ceux d’avant la crise
mondiale de 2008/09. Cette étude se penche, entre autres, sur les difficultés
que rencontrent les gouvernements africains aux trajectoires de reprise
différentes, les entraves au retour d’avant la crise...
L
Côté demande,
l’impulsion
provient de la
consommation
privée et des
investissements
dans les
infrastructures.
a croissance du produit intérieur brut
(PIB) de l’Afrique devrait se consolider
en 2015 et 2016, à 4.5 et 5%, après deux
années d’expansion modérée (3.5 et
3.9% en 2013 et 2014). En 2014, la performance a été inférieure aux attentes, d’un point
de pourcentage environ, l’économie mondiale restant fragile et certains pays africains étant confrontés à de graves difficultés intérieures. Mais
l’économie mondiale reprend des couleurs et si les
prévisions de cette édition du rapport Perspectives
économiques en Afrique se révèlent correctes, alors
l’Afrique devrait bientôt renouer avec les impressionnants taux de croissance d’avant la crise économique mondiale de 2008/09. Les écarts entre les
régions ne laissent pas d’étonner : l’Afrique de
l’Ouest affiche une croissance relativement soutenue de 6% en 2014, malgré le combat qu’elle doit
livrer contre le virus Ebola. Au Nigéria (6.3% de
croissance), l’impulsion est essentiellement venue
des secteurs non pétroliers, signe que l’économie se
diversifie. A contrario en Afrique australe, la croissance est passée sous la barre des 3%, la locomotive
de la région, l’Afrique du Sud, n’enregistrant
qu’une hausse de 1.5%. Côté offre, des secteurs
comme l’agriculture, les industries extractives, la
construction et les services sont les principaux moteurs de l’expansion. Côté demande, l’impulsion
provient de la consommation privée et des investissements dans les infrastructures. Jusqu’ici, les
économies africaines ont relativement bien résisté
à l’effondrement des cours internationaux des pro-
duits de base. La production a souvent augmenté
malgré cette baisse des prix, sachant que la croissance a également été dopée par d’autres secteurs.
Mais si cette faiblesse des cours des matières premières perdure ou s’aggrave, le tassement de la
croissance dans les pays riches en ressources pourrait s’accentuer, les gouvernements devant tailler
dans les dépenses. Ils resteront à l’affût des évolutions sur les marchés clés, notamment en Europe
et en Chine. Dans les pays où les tensions inflationnistes se sont relâchées, les taux d’intérêt directeurs ont été abaissés pour stimuler la
croissance. Dans plusieurs pays néanmoins, la
monnaie a subi des pressions sur le marché des
changes, auxquelles les banques centrales ont réagi
en durcissant leurs politiques, afin de stabiliser les
cours et d’endiguer l’inflation. La plupart des pays
africains ont poursuivi leurs politiques budgétaires
prudentes pour maintenir les déficits à des niveaux
viables. Mais dans certains cas, y compris des pays
exportateurs de pétrole, la situation budgétaire s’est
dégradée malgré les efforts pour limiter les dépenses et améliorer le recouvrement des impôts.
La croissance en Afrique
est en passe de se consolider
Le retournement conjoncturel impressionnant de
l’Afrique dans les années 2000 s’est traduit par l’essor du PIB moyen, qui a plus que doublé, passant
d’un peu plus de 2% dans les années 1980 et 1990
à plus de 5% entre 2001 et 2014 – une performance
supérieure à la croissance mondiale, laquelle s’est
25 juin 2015 Les Afriques
. 53
ZOOM
Graphique 1.1.
Croissance économique en Afrique, 2002-16
Afrique
Afrique (hors Libye)
Taux de croissance (%)
7
6
5
4
3
2
1
p)
20
16
(
p)
15
(
20
20
14
(e
)
13
20
12
20
11
20
10
20
09
20
08
20
07
20
20
06
05
20
04
20
03
20
20
02
0
Note : (e) estimations et (p) prévisions.
Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement.
établie légèrement au-dessus de 4%, et à celle de
l’Amérique latine et des Caraïbes (juste au-dessus
de 3%). Mais cette progression est inférieure à celle
des pays émergents et en développement d’Asie, à
environ 8% (Encadré 1.1). Les atermoiements de
l’économie mondiale et les conflits politiques et sociaux ont freiné l’expansion économique de
l’Afrique. Les marchés d’exportation, en particulier
1.1. L’Afrique en quête de solutions pour soutenir la reprise de la croissance
La stabilité politique, des politiques économiques plus avisées et une hausse de la demande de produits de base sont autant de
facteurs qui ont contribué à la reprise économique du continent depuis quelques décennies. Celui-ci cherche désormais des
solutions pour rendre cette évolution durable et aider les pays qui n’ont pas démantelé les freins à la croissance. Une
comparaison entre la situation actuelle et
celle des années 1980 et 1990 – les fameuses «décennies perdues» – permet de
comprendre quelles sont les meilleures options. Premier constat : l’hétérogénéité de
l’économie africaine, qui implique de s’intéresser à la performance de chaque pays
avant d’analyser la croissance globale du
continent. Une comparaison des résultats
sur la période 1986-2000 et la période
2001-14 révèle les points suivants : dans le
premier cas, le taux de croissance moyen du
54 Les Afriques .
25 juin 2015
PIB est resté inférieur à 2% dans plus d’un
tiers des pays africains, sachant que dans
44% des pays du continent, il était inférieur à 3%. La croissance démographique se
situant alors majoritairement entre 2 et
3%, le PIB par habitant a reculé ou stagné
dans la plupart de ces pays. Mais pendant la
seconde période, le nombre de pays affichant une croissance inférieure à 3% est
tombé à 17%, seuls la République centrafricaine (RCA) et le Zimbabwe se situant sous
la barre des 2%. Le nombre de pays obtenant une croissance supérieure à 4% a été
nettement plus important que pendant la
première période (graphique 1.3). Une analyse des performances individuelles de
chaque pays pendant les deux périodes met
en évidence trois principaux facteurs propices à la croissance. La stabilité politique :
parmi les pays affichant une croissance inférieure à 2% au cours de la première pé-
riode, beaucoup ont connu des guerres civiles, des coups d’État militaires ou des
troubles civils (Algérie, Angola, Burundi,
Djibouti, Guinée-Bissau, Niger, RCA, République démocratique du Congo [RDC],
Rwanda et Sierra Leone). La stabilité politique s’est améliorée entre 2001 et 2014,
même si plusieurs pays ont à nouveau été le
théâtre de troubles politiques, parfois temporaires (Côte d’Ivoire, Égypte, Guinée, Guinée-Bissau, Libye, Madagascar, Mali, RCA,
Tunisie). Dans certains cas (Côte d’Ivoire,
Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar et
RCA), le taux de croissance moyen est resté
inférieur à 3%. Une demande de matières
premières soutenue et la flambée des prix :
la croissance de la production mondiale
s’est accélérée dans les années 2000, sous
l’impulsion essentiellement de la Chine et
d’autres nations émergentes. Cela a eu pour
effet de doper la demande de pétrole et de
De tous les
marchés
émergents, ce
sont la Chine et
l’Inde qui
devraient
progresser le
plus rapidement,
mais à un rythme
inférieur à celui
de la dernière
décennie.
en Europe mais aussi en Chine, n’ont pas été aussi
dynamiques qu’attendu en 2014. Et la chute non
anticipée des cours du pétrole et des autres produits
de base a induit une baisse des revenus dans les
pays africains exportateurs. L’épidémie d’Ebola,
dont l’épicentre se situe en Guinée, au Libéria et en
Sierra Leone, a fait des milliers de victimes et provoqué d’importantes pertes économiques. Si dans
quelques pays, la situation politique et sécuritaire
est toujours incertaine, elle s’est améliorée ailleurs.
Des progrès, mais...
Sur le plan de l’environnement des affaires, les progrès obtenus dans certains pays ont marqué le pas
ou bien ont régressé, même si les conditions générales entourant la pratique des affaires ont continué de s’améliorer dans de nombreux autres cas.
L’influence de ces facteurs contraires explique que
la croissance soit restée soutenue dans certains pays
et ait été modérée ailleurs. Globalement, le PIB en
Afrique est ressorti à 3.9% en 2014, contre 3.5% en
2013. Le rythme devrait s’accélérer en 2015 et 2016,
à respectivement 4.5 et 5%, pour se rapprocher des
niveaux d’avant la crise financière mondiale de
2008/09. En Afrique subsaharienne, la croissance
s’est établie à 5.2% en 2014. Elle devrait marquer
le pas en 2015, à 4.6%, avant de rebondir à 5.4% en
2016. L’atonie relative de la croissance en Afrique
du Sud a pesé sur les performances de la région à
hauteur de 0.75 point de pourcentage. Si l’on exclut l’Afrique du Sud, l’économie subsaharienne
minéraux et de renchérir les prix des matières premières – un scénario qui a profité
aux pays africains riches en ressources.
Dans plusieurs de ces pays (Angola, Guinée
équatoriale, Nigéria, Sierra Leone et
Tchad), le taux de croissance annuel moyen
est ressorti à 8%, dépassant même cette
cote entre 2001 et 2014. La bonne tenue des
cours des matières premières a également
eu un effet dynamisant sur des économies
riches en ressources comme la Zambie, où
le taux de croissance moyen est passé de
0.5% en 1996-2000 à pratiquement 6% en
2001-14. Le Ghana et le Mozambique, qui ne
font pas partie des pays riches en ressources mais où les industries extractives
jouent un rôle croissant, ont eux aussi atteint un taux de croissance soutenu, proche
de 7% dans le premier cas et de pratiquement 8% dans le second. Des politiques
économiques optimales : le recul de l’inflation et des budgets plus solides grâce à des
politiques prudentes ont, parallèlement
devrait ressortir à 5.2% en 2015 et 6.2% en 2016 –
sous réserve de la reprise de l’économie mondiale,
du redressement progressif des cours du pétrole et
de la maîtrise de l’épidémie d’Ebola en Afrique de
l’Ouest. Mais dans l’hypothèse d’une propagation
du virus, d’une chute continue des prix des matières premières ou d’un durcissement des conflits
politiques et sécuritaires, ces prévisions pourraient
être revues à la baisse. La fragilité des marchés d’exportation, en particulier en Europe, et des marchés
financiers internationaux constitue une autre menace. Modérée, la croissance mondiale devrait progressivement redémarrer, sur fond d’une hausse de
la demande d’exportations : les prévisions tablent
sur un taux de 3.5% en 2015, puis de 3.7% en 2016,
contre 3.3% en 2014. Cette évolution sera essentiellement le fait des États-Unis et d’une reprise régulière en Europe et au Japon. De tous les marchés
émergents, ce sont la Chine et l’Inde qui devraient
progresser le plus rapidement, mais à un rythme
inférieur à celui de la dernière décennie. Les
échanges internationaux devraient rebondir, passant de 3.1% en 2014 à respectivement 3.8 et 5.3%
en 2015 et 2016 (FMI, 2015). Le fléchissement des
cours du pétrole dope la croissance dans les pays
importateurs même si certains, en particulier dans
la zone euro, sont toujours aux prises avec un endettement élevé et une demande atone. Ce redémarrage de l’activité mondiale profitera aux
exportations africaines, même si leur essor sera
moins marqué que pendant les précédentes re-
aux allégements de dette, également amélioré la stabilité macroéconomique et soustendu la croissance dans de nombreux
pays. Les États ont engagé une transformation structurelle en faveur d’activités plus
productives en lieu et place des secteurs
traditionnels. Cette évolution a permis à
des pays comme l’Éthiopie et le Rwanda,
pauvres en ressources, d’atteindre un niveau de croissance annuel élevé, supérieur
ou égal à 8%. Mais la transformation structurelle est restée limitée dans la plupart
des cas, ce qui n’a pas permis de créer suffisamment d’emplois pour faire reculer la
pauvreté, d’autant que les gains de productivité sont encore modestes (BAfD et al.,
2013). Ces constats corroborent le postulat
selon lequel la stabilité politique et sociale
est une condition préalable indispensable
pour la croissance économique. Mais cette
stabilité dépend aussi du partage des fruits
de la croissance. Rares sont les pays africains exemplaires à cet égard (Ncube et al.,
2013). De tous les pays affichant une croissance annuelle moyenne supérieure à 6%
entre 2001 et 2014, l’Éthiopie fait la course
en tête pour ce qui est de la croissance solidaire. D’autres pays aux performances similaires voire meilleures ne s’en sortent
pas aussi bien. Il y a donc urgence à rendre
la croissance plus inclusive. Deuxièmement,
les pays riches en ressources d’Afrique risquent de pâtir du déclin des cours du pétrole et des minéraux si ce mouvement
devait perdurer. Qu’ils soient ou non riches
en ressources, tous les pays doivent préserver la stabilité macroéconomique et accélérer la diversification en améliorant les
infrastructures économiques et sociales et
les institutions gouvernementales. Cela
leur permettra d’élargir leur assise économique et de mieux satisfaire les besoins de
développement social. Les pays devenant ce
faisant moins vulnérables aux retournements de conjoncture, la croissance n’en
sera que plus solidaire et durable.
25 juin 2015 Les Afriques
. 55
ZOOM
Graphique 1.2. Situation économique actuelle en Afrique et perspectives
er
présumées des six prochains mois, 1
trimestre 2000 – 1 er trimestre 2015
À la fin des six prochains mois
Actuellement
Bonne/meilleure
Satisfaisante/
pareille
Mauvaise/pire
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Sources : Ifo Institute for Economic Research (2015).
prises, lorsque la croissance était plus alerte et les
prix des produits de base plus soutenus. Les pays
africains couverts par l’enquête internationale de
conjoncture de l’institut Ifo1 avaient tablé sur un
redressement en 2014, porté par des attentes positives. Mais début 2015, l’appréciation de la situation actuelle et les attentes pour le premier semestre
se sont dégradées, signe que les perspectives sont
incertaines.
En 2014, la demande intérieure a largement sous-tendu la croissance en Afrique
L’agriculture est
la locomotive
économique du
continent, qui
représente
environ 60% de
l’emploi total et
autour de 25%
de son PIB.
56 Les Afriques .
25 juin 2015
La croissance en Afrique est induite par des évolutions du côté de la demande comme du côté de l’offre. La demande intérieure a continué de doper les
performances de nombreux pays africains, la demande extérieure restant pour l’essentiel modérée,
plombée par l’affaiblissement des marchés d’exportation, en particulier dans les pays avancés et, dans
une moindre mesure, dans les pays émergents. En valeur, les exportations ont elles aussi pâti de ce tassement des prix (graphique 1.4) mais pour ce qui
concerne l’Afrique, elles devraient retrouver des couleurs en 2015 et en 2016, dans le sillage de la reprise
mondiale. En 2014, la demande intérieure dans la
plupart des pays africains a surtout été tirée par la
consommation privée et les investissements publics
d’infrastructure, ces derniers étant par ailleurs de plus
en plus financés par l’émission d’obligations souveraines (chapitre 2). Côté offre, l’environnement des
affaires s’est amélioré dans de nombreux pays
d’Afrique, ce qui conforte les perspectives de crois-
sance à long terme. Le Bénin, la Côte d’Ivoire, la
RDC, le Sénégal et le Togo figurent même dans le palmarès de tête des dix pays ayant le plus introduit des
réformes à cet effet. Cinq secteurs sont à l’origine du
développement de l’offre du continent en 2014, à savoir l’agriculture, les industries extractives, la
construction et les services et, dans une moindre mesure, les industries manufacturières. Mais il ne faut
pas se focaliser sur la seule croissance sectorielle, du
fait des importants effets de retombées d’un secteur
à l’autre. D’autant que la modernisation et la transformation structurelle se manifestent aussi dans certains secteurs. L’agriculture est la locomotive
économique du continent, qui représente environ
60% de l’emploi total et autour de 25% de son PIB. Sa
part dans le PIB a fortement décliné depuis quelques
années dans certains pays, comme l’Éthiopie, le
Ghana et le Nigéria. Mais elle a aussi progressé ailleurs, comme en Angola et au Kenya. Le secteur reste
tributaire des aléas climatiques et des variations des
cours internationaux de produits agricoles. Les conditions météorologiques ont été plutôt favorables en
2014 pour l’Afrique en général, à l’exception notable
de pays comme l’Angola, la Gambie et la Mauritanie.
Ajoutée à une hausse des investissements, cette situation explique la qualité des récoltes. L’augmentation
de l’offre et la diminution de la facture pour les denrées alimentaires importées ont entraîné une baisse
des prix à la consommation. Dans le même temps, les
recettes à l’exportation des agriculteurs ont été affectées par le tassement des cours internationaux, notamment pour le coton. Les pays riches en ressources
Les économistes
tablant sur une
reprise modeste
de l’économie
mondiale et le
redressement de
certains cours
des matières
premières.
continuent de dépendre des industries extractives,
même si leur part dans le PIB recule depuis quelques
années. Les industries extractives ont induit une
bonne part de la croissance en 2014 en Algérie (pétrole), au Botswana (diamants), au Congo (pétrole),
en Namibie (mines), en RDC (cuivre, or, diamants et
pétrole), au Soudan (or et pétrole) et en Tunisie
(phosphates). Au Ghana, la production de pétrole a
continué de se développer, contrairement à la production d’or, plombée par le fléchissement des cours.
Au Nigéria – premier producteur de pétrole d’Afrique
subsaharienne – la production est restée inférieure
aux objectifs. En Zambie, gros exportateur de cuivre,
la production a stagné. Mais l’un et l’autre de ces pays
ont affiché de bonnes performances, grâce à des secteurs non extractifs en plein essor. En Guinée équatoriale, très dépendante des industries extractives, la
baisse de la production de gaz et de pétrole et le recul
du PIB se sont répétés pour la deuxième année consécutive. Les économistes tablant sur une reprise modeste de l’économie mondiale et le redressement de
certains cours des matières premières, les secteurs extractifs joueront toujours un rôle important dans la
croissance de la plupart des pays africains riches en
ressources en 2015 et 2016, même si leur part dans le
PIB continuera probablement de s’éroder. Le secteur
de la construction est un important moteur de la
croissance. Sa part dans le PIB augmente depuis
quelques années dans la plupart des pays sachant que,
dans certains cas, il l’emporte même sur les industries
manufacturières. Cette situation s’explique par le
boum des investissements dans les infrastructures et
le logement. Dans la plupart des pays africains, les services jouent un rôle majeur dans la croissance. Les
nouvelles technologies de l’information et des com-
munications (TIC) stimulent la croissance et la productivité. Avec les progrès de la connectivité, les habitants des régions isolées peuvent désormais utiliser la
banque mobile, la technologie venant ainsi étayer l’inclusion économique et sociale. Les activités traditionnelles comme le transport, le commerce, l’immobilier
et les services publics et financiers continuent elles
aussi de se développer, offrant de nouveaux emplois
même si ceux-ci se trouvent souvent dans le secteur
informel. Depuis quelques années, la part des services
dans le PIB de nombreux pays ne cesse d’augmenter.
Dans le cas du Nigéria, elle a doublé depuis 2008.
Le potentiel du secondaire
Les industries manufacturières restent relativement
restreintes dans la plupart des pays africains, même
si la situation est variable : elles tendent à être
moins importantes dans les pays moins avancés
abondamment dotés en ressources naturelles. Alors
même qu’une activité manufacturière intense en
main-d’oeuvre offre un réel potentiel en Afrique,
le secteur achoppe dans de nombreux pays sur le
manque de qualifications des ouvriers, l’absence
d’infrastructures de transport et le coût de l’énergie (voir l’annexe 1.A1 consacrée à ce secteur en
Afrique). Depuis quelques années, la part des industries manufacturières dans le PIB a augmenté
dans plusieurs pays riches en pétrole comme l’Angola, le Gabon, le Nigéria et le Tchad, sachant que
le niveau de départ était faible. L’évolution est
contrastée là où les industries manufacturières sont
plus développées que la moyenne : au Maroc, le secteur a progressé alors qu’en Afrique du Sud, au Lesotho et au Mozambique notamment, sa part dans
le PIB a reculé. Pour plusieurs pays – Kenya, Ma-
L’Afrique en quête de solutions pour soutenir
la reprise de la croissance
(suite)
Graphique 1.3.
Croissance en Afrique : répartition
annuels moyens
2001-14
des pays par taux de croissance
1986-2000
Pourcentage de pays
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Inférieure à 2 %
2-3 %
3-4 %
4- 5 %
5-6 %
6-7 %
7-8 %
Supérieure
ou égale à 8 %
Croissance moyenne du PIB en volume
Sources : Calculs des auteurs.
25 juin 2015 Les Afriques
. 57
ZOOM
Graphique 1.4.
Évolution des exportations, Afrique et monde, 2008-14
Afrique (axe de gauche)
Monde (axe de droite)
Milliards USD
140
Milliards USD
5 000
130
4 500
120
110
4 000
100
3 500
90
80
3 000
70
2 500
60
50
20
08
2 0 T1
08
T
20 2
08
T
20 3
08
20 T4
09
2 0 T1
09
T
20 2
09
T
20 3
09
T
20 4
10
T
20 1
10
T
20 2
10
T
20 3
10
T
20 4
11
T
20 1
11
T
20 2
11
T
20 3
11
T
20 4
12
T
20 1
12
T
20 2
12
T
20 3
12
T
20 4
13
T
20 1
13
T
20 2
13
T
20 3
13
T
20 4
14
T
20 1
14
T
20 2
14
T3
2 000
Sources : FMI, Direction des statistiques du commerce (DOTS) (sans date).
Le redémarrage
progressif
attendu de
l’économie
mondiale devrait
permettre au
tourisme africain
de se redresser à
court terme.
58 Les Afriques .
25 juin 2015
lawi, Maroc, Nigéria, Tanzanie et Tunisie – les performances de 2014 ont bénéficié d’une hausse de la
production manufacturière. Mais ailleurs (Afrique
du Sud, Mauritanie et Zambie par exemple), les résultats manufacturiers ont plombé la croissance. Au
Ghana, le secteur a été pénalisé par des pannes de
courant généralisées. Le tourisme est une importante source d’activité, qui a pâti de la morosité sur
certains marchés clés, notamment en Europe, mais
aussi de l’épidémie d’Ebola et des problèmes de sécurité dans quelques pays africains. Selon des données préliminaires, le nombre de touristes
internationaux aurait progressé de 2% environ en
2014, contre 4.8% en 2013 – soit moins de la moitié du taux moyen des années 2005-08 (5.8%). Les
résultats de 2014 s’expliquent par un accroissement
du tourisme en Afrique subsaharienne (environ
3%). Les flux touristiques en Afrique du Nord ont
stagné et fortement reculé dans les pays d’Afrique
de l’Ouest frappés par l’épidémie d’Ebola : en
Sierra Leone, le nombre d’arrivées a été pratiquement réduit de moitié après des années de croissance à deux chiffres – même si le niveau de départ
reste modeste. En Afrique du Nord, les touristes ont
été plus nombreux au Maroc (+2%), mais ils ont à
nouveau boudé la Tunisie (-3%). Ailleurs, les problèmes intérieurs (incertitude politique et sécurité
en Égypte et attaques de militants au Kenya) ont
pesé sur le tourisme. Le Burkina Faso, la Côte
d’Ivoire, la Gambie et le Sénégal, qui se trouvent à
proximité de l’épicentre de l’épidémie d’Ebola, ont
vu eux aussi leurs flux touristiques décliner. Maurice, la Namibie et les Seychelles ont été pénalisées
par la croissance atone en Europe et dans d’autres
pays d’origine clés. Mais le tourisme est resté vigoureux au Bénin et en Tanzanie, stimulant la
croissance. Le redémarrage progressif attendu de
l’économie mondiale devrait permettre au tourisme africain de se redresser à court terme. Pour
2015, l’Organisation mondiale du tourisme table
sur une hausse des visiteurs internationaux en
Afrique comprise entre 3 et 5% (UNWTO, 2015).
La croissance économique régionale reste inégale
Les performances économiques varient d’une région d’Afrique à l’autre, reflétant les nombreux facteurs qui entrent en compte, comme les écarts de
revenu, la dotation en ressources naturelles, les politiques macroéconomiques et la stabilité politique
et sociale. L’Afrique de l’Est, l’Afrique de l’Ouest et
l’Afrique centrale continuent de faire la course en
tête, tandis que l’Afrique du Nord et l’Afrique australe ont plus de mal à tenir le rythme. Mais quelle
que soit la région, les enjeux sont les mêmes : parvenir à se diversifier et rendre la croissance plus inclusive. En Afrique de l’Est, la croissance s’est
accélérée en 2014, à plus de 7%, contre moins de
5% en 2013. Elle devrait à nouveau se tasser en
2015, à 5.6%, pour repartir en 2016, à 6.7%. La région regagnera alors son titre de champion continental. C’est aussi la région qui a concentré la plus
En Afrique du
Nord, la
croissance reste
inégale, les
retombées des
soulèvements de
2011 se faisant
toujours sentir.
forte hausse des investissements directs étrangers
(IDE) en 2014 (chapitre 2). Les fluctuations de sa
croissance moyenne s’expliquent par la volatilité de
la situation au Soudan du Sud, où le conflit armé a
plombé la production de pétrole et le PIB en 2013.
Le pays a redémarré en 2014 mais devrait à nouveau perdre des points en 2015, sachant que les prévisions sont excessivement aléatoires et tributaires
de l’évolution du processus de paix. L’Éthiopie, le
Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont su
conserver une croissance relativement alerte. Tous
ayant un secteur minier très restreint et des industries manufacturières peu développées – ou en
perte de vitesse – ces performances sont à imputer
au secteur des services et à la construction. Mais
elles résultent aussi d’une transformation sectorielle qui n’a pas toujours la même envergure. C’est
en Éthiopie que les changements structurels sont
les plus marqués, avec un recul de la part de l’agriculture dans le PIB (qui reste néanmoins supérieure à celle des autres pays) et un essor du secteur
des services (plus fort qu’ailleurs). Au Soudan, la
croissance est plus faible, l’économie n’ayant toujours pas surmonté le choc de la sécession du Soudan du Sud en 2011 et de la perte des revenus
pétroliers qui en a découlé. L’Afrique de l’Ouest a
réussi à maintenir une croissance relativement soutenue en 2014, à 6%, malgré l’épidémie d’Ebola qui
touche la région. La Guinée, le Libéria et la Sierra
Leone – les trois pays les plus durement frappés –
ont vu leur croissance accuser nettement le coup
(Encadré 1.2). Au Nigéria, premier pays d’Afrique
par la taille, la croissance s’est accélérée à 6.3%,
contre 5.4% en 2013, à nouveau portée par les secteurs non pétroliers et, en particulier, les services,
Graphique 1.5.
les industries manufacturières et l’agriculture,
confirmant la diversification en marche de cette
économie. La part du secteur du gaz et du pétrole
dans le PIB s’est érodée, autour de 11%, à un niveau pratiquement équivalent à celui des industries
manufacturières (10% du PIB environ). Le Bénin,
la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo se sont également maintenus sur une trajectoire de croissance
relativement soutenue. Mais en Gambie et au
Ghana, la croissance a marqué le pas, l’économie se
contractant légèrement. La croissance de l’Afrique
de l’Ouest devrait ralentir en 2015 avant de rebondir en 2016, largement tirée par l’activité au Nigéria. La croissance en Afrique centrale s’est accélérée
en 2014, à 5.6%, contre 4.1% en 2013. La conjoncture économique varie cependant grandement
d’un pays à l’autre. La RCA subit les conséquences
d’une crise politique et sécuritaire. Malgré une
croissance modérée, son PIB restera bien inférieur
aux niveaux atteints avec l’éclatement de crise, fin
2012. En Guinée équatoriale, la diminution de la
production de pétrole entraîne une érosion continue du PIB. Tous les autres pays de la région devraient conserver une trajectoire de croissance
relativement soutenue. En dépit de la baisse des
cours des produits de base, qui a eu quelques répercussions négatives, le secteur minier et les investissements connexes restent les deux principaux
moteurs de la région. Même si, dans certains cas
(comme au Cameroun, au Gabon, en RDC et à Sao
Tomé-et-Principe), la croissance est plus diversifiée. En Afrique du Nord, la croissance reste inégale, les retombées des soulèvements de 2011 se
faisant toujours sentir. La situation en Libye est extrêmement instable, avec des luttes de pouvoir
Tourisme international en Afrique : nombre de visiteurs et
recettes, 1980-2014
Recettes du tourisme international
Arrivées de touristes internationaux
Recettes (milliards USD)
60
Arrivées (millions USD)
120
50
100
40
80
30
60
20
40
10
20
0
0
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000 2002 2004 2006 2008
2010
2012
2014
Sources : UNWTO (2015).
25 juin 2015 Les Afriques
. 59
ZOOM
Tableau 1.1.
Croissance en Afrique, par région, 2013-16
(croissance du PIB en volume, %)
2013
A f r ique
2014 (e)
2015 (p)
2016 (p)
3.9
4.5
5.0
3.5
A f r iqu e c e n t r a l e
4.1
5.6
5.5
5.8
A f r iqu e d e l ’ E s t
4.7
7.1
5.6
6.7
A f r iqu e du N or d
1. 6
1.7
4.5
4.4
A f r iqu e au s t r a l e
3.6
2.7
3.1
3.5
A f r iqu e d e l ’O u e s t
5.7
6.0
5.0
6.1
4.0
4.3
4.3
5.0
Pour mémoire :
A f r iqu e h or s L ib ye
A f r iqu e sub s a h a r i e nn e
4.7
5.2
4.6
5.4
Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud
5.4
6.2
5.2
6.2
Note : (e) estimations et (p) prévisions.
Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement.
entre différents groupes et l’effondrement des
structures de gouvernance politique et économique. La production de pétrole a encore chuté au
premier semestre 2014 et, malgré un léger redressement au second semestre, la croissance a de nouveau été négative en 2014, sachant que les
perspectives sont éminemment incertaines. A
contrario, le retour à une plus grande stabilité économique et politique en Égypte et en Tunisie
contribue à restaurer la confiance des investisseurs.
La reprise progressive des marchés d’exportation et
l’amélioration de la sécurité devraient soutenir la
1.2. L’impact économique d’Ebola
L’épidémie d’Ebola a été particulièrement virulente en Guinée, au Libéria et
en Sierra Leone, portant un coup d’arrêt
aux impressionnants progrès obtenus
par ces pays depuis quelques années en
matière de stabilité macroéconomique
et budgétaire. Dans les trois cas, elle a
provoqué d’immenses souffrances humaines et de lourdes pertes financières,
seule une reprise progressive pouvant
être attendue à court terme (PNUD,
2014a). Fin mars 2015, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le
nombre de décès déclarés dépassait la
barre des 10 000 victimes, pour plus de
25 000 cas répertoriés. Mais grâce à
l’aide internationale et l’action des gouvernements nationaux dans la région, la
situation semble s’améliorer et la propagation du virus aux pays voisins a été
endiguée. Dans les pays touchés, l’épidémie s’est traduite par une baisse de
production dans la plupart des secteurs. Certaines entreprises ont dû fermer et les chantiers de construction ont
ralenti, la production agricole enregistrant un léger repli. Les déficits de production de riz par rapport à 2013 vont
60 Les Afriques .
25 juin 2015
de 8% en Sierra Leone à 4% en Guinée
et 3% au Libéria (FEWS NET, 2015). Dans
l’hôtellerie et la restauration, l’activité
a fortement pâti du départ des employés des organisations de développement et des hommes d’affaires. Ce
manque à gagner a été en partie compensé par l’arrivée de personnel d’urgence, qui devrait cependant repartir
courant 2015, l’épidémie étant contenue. L’inquiétude de la communauté internationale s’est traduite par
l’annulation des vols desservant ces
pays, une situation qui a renchéri le
coût des assurances pour les évacuations sanitaires. Bien que l’activité portuaire n’ait pas été interrompue, les
navires ont été détournés, ce qui a accru les frais d’expédition et, à nouveau,
les assurances. Les mesures prises par
les gouvernements pour endiguer l’épidémie ont alourdi son impact économique. La fermeture des frontières a
ralenti les échanges tandis que les restrictions de transport, les quarantaines
et les couvre-feux ont freiné l’activité
commerciale. Le Libéria a levé la plupart des restrictions en novembre 2014
puis a rouvert ses frontières et abandonné le couvre-feu en février 2015. En
Sierra Leone, les restrictions ont été légèrement assouplies mais elles continuent de peser sur l’activité
économique. Contrairement aux deux
autres pays, la Guinée n’avait pas imposé de couvre-feu ni de restrictions
aux déplacements. Le bien-être des ménages s’est dégradé pendant la crise,
avec la baisse des revenus et de l’emploi. Au Libéria, une étude de l’Agence
des États-Unis pour le développement
international (USAID et al., 2015) auprès des entreprises révèle que l’emploi
permanent a reculé de 19% entre la période de référence (2013 à juillet 2014)
et octobre 2014. En décembre 2014, la
situation s’était légèrement redressée,
avec une perte de 14% par rapport au
niveau de référence. L’emploi temporaire et permanent des femmes a été
plus durement impacté, avec un recul
respectif de 55 et 38%, sachant qu’aucune amélioration notable n’avait été
enregistrée sur ces deux fronts en décembre 2014. Le secteur de la construction et de la rénovation a été le plus
La croissance
sud-africaine
devrait
progressivement
reprendre des
couleurs avec le
redémarrage des
marchés
d’exportation et
l’amélioration de
sa compétitivité.
croissance, notamment du secteur touristique,
même si les attaques terroristes de mars 2015 à
Tunis ont suscité de nouvelles inquiétudes. En Algérie, la production de pétrole a augmenté pour la
première fois depuis huit ans et stimule la croissance, aux côtés du secteur non pétrolier. Au
Maroc, la production agricole a diminué en 2014,
après les niveaux exceptionnels de 2013, et plombé
la croissance du PIB. Mais celle-ci devrait repartir,
sous réserve d’une campagne agricole normale et
du redressement des marchés d’exportation. La
Mauritanie continue d’afficher la croissance la plus
forte et la plus stable de la région, sous-tendue par
des politiques macroéconomiques et structurelles
favorables. La performance de 2014 est essentiellement à imputer, côté offre, au secteur minier (minerai de fer) et à la construction et, côté demande,
à la consommation et l’investissement privés. La
part exceptionnellement élevée des investissements
dans le PIB (environ 45%) augure bien de l’avenir.
En Afrique australe, la croissance est retombée sous
la barre des 3% en 2014 et ne devrait redémarrer
que modérément en 2015 et 2016. Cette situation
s’explique par une activité relativement atone en
Afrique du Sud. L’économie la plus dynamique de
touché par le recul de l’emploi temporaire masculin (la saison des pluies
étant à incriminer en partie), tandis que
l’hôtellerie et la restauration ont connu
le plus fort déclin de l’emploi temporaire féminin (USAID et al., 2015). L’insécurité alimentaire, déjà forte avant la
crise, devrait s’aggraver légèrement
jusqu’à l’été 2015, les ménages devenant plus tributaires de l’accès aux
marchés pour s’approvisionner. La
croissance du PIB en 2014 dans la région touchée s’est considérablement
tassée : elle a chuté d’un niveau de
13.8% selon les estimations du dernier
rapport Perspectives économiques en
Afrique (BAfD et al., 2014) à 6% au
Sierra Leone, de 6.8 à 1.8% au Libéria et
de 4.2 à 0.6% en Guinée. Le déficit en
termes de PIB pour les trois pays considérés ensemble (par rapport aux prévisions de l’an dernier) ressort autour de
1.4 milliard USD (en parité de pouvoir
d’achat), ventilé comme suit : 775 millions pour la Sierra Leone, 460 millions
pour la Guinée et 165 millions pour le Libéria. Cela équivaut à une perte de revenu par habitant d’environ 130 USD en
Sierra Leone et autour de 40 USD au Libéria et en Guinée. Au-delà de ces dom-
la région a reculé à 1.5% en 2014, contre 2.2% l’année précédente, plombée par une demande plus faible des partenaires commerciaux et la baisse des
cours des matières premières, sans oublier les
grèves et les pannes d’électricité, qui ont perturbé
l’activité. La croissance sud-africaine devrait progressivement reprendre des couleurs avec le redémarrage des marchés d’exportation et
l’amélioration de sa compétitivité, soustendue par
la forte dépréciation du rand. En Angola, la croissance a également marqué le pas sur fond de chute
des cours du pétrole, d’une baisse temporaire de
production pétrolière et d’un épisode de sécheresse
qui a pénalisé les rendements agricoles. Elle devrait
rester plus faible que le niveau moyen de la décennie
passée, la perte de recettes pétrolières rejaillissant sur
les dépenses publiques. Le Mozambique et la Zambie sont les locomotives de la région. Au Mozambique, la croissance est tirée par les mégaprojets et
de lourds investissements dans les infrastructures financés à la fois par les IDE et le gouvernement. En
Zambie, les bonnes récoltes de 2014 ont dopé la
croissance et atténué les conséquences du ralentissement dans le secteur des mines, les industries manufacturières et les services. La croissance devrait
mages immédiats, les effets contraires
à moyen et long termes sont bien réels,
puisque la diminution de l’investissement dans le secteur privé et les infrastructures publiques sape le potentiel
de croissance. L’épidémie n’étant toujours pas contenue, il est délicat
d’avancer des prévisions économiques.
Le scénario proposé ici part de l’hypothèse que l’épidémie sera maîtrisée
courant 2015 mais que l’activité économique restera déprimée, surtout en
Sierra Leone où les indicateurs devraient se contracter. Mais à l’horizon
2016, la reprise devrait être au rendezvous pour les trois pays. Cette baisse de
l’activité économique a pesé sur les recettes publiques alors même que les dépenses sociales additionnelles ont
augmenté (PNUD, 2014b). Au Libéria,
les rentrées fiscales à fin février 2015
étaient stables par rapport à l’année
précédente, grâce à une aide budgétaire
substantielle, qui se traduit par une
augmentation de 19% des recettes totales par rapport à 2014. Mais l’essentiel de cette aide budgétaire a été
prélevé par anticipation sur les volumes
prévus pour les années suivantes, ce qui
pourrait induire des difficultés de fi-
nancement au cours des deux prochaines années. Le gouvernement va
donc devoir soigneusement hiérarchiser
ses dépenses. Avant la crise Ebola, la Guinée et la Sierra Leone ne présentaient
qu’un risque modéré de surendettement,
le Libéria faisant quant à lui partie des
pays à faible risque. Mais avec le fléchissement de la croissance et l’affaiblissement des positions budgétaires, les
risques d’instabilité macroéconomique
et financière augmentent. L’épidémie
menace aussi de détourner les dépenses
des gouvernements et des donneurs au
profit des services sanitaires d’urgence
et au détriment des autres infrastructures, ce qui pourrait rejaillir sur la croissance à plus long terme. La perception
d’un retour à l’instabilité pourrait prendre des années à s’effacer et freiner également le potentiel de croissance
(Hettinger, 2014). Alors même que la
propagation du virus aux pays voisins a
été contenue, la région dans son ensemble a été affectée, à cause de la baisse
des échanges transfrontaliers et du nombre de touristes, en particulier au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Gambie et
au Sénégal (pour plus de détails, voir les
notes pays respectives dans la Partie III).
25 juin 2015 Les Afriques
. 61
ZOOM
Tableau 1.2.
Pays exportateurs
de pétrole*
Impact de la chute des cours du pétrole sur quelques pays
africains exportateurs
Part du pétrole dans le PIB
(en %, 2013)
Déficit de croissance consécutif à une chute de 25 %
des cours du pétrole**, en % (arrondis)
A l g ér i e
29.6
1.0
A ngol a
40.6
2.7
7.4
0.6
C a m er oun
Tchad
27.4
2. 3
C ongo
58.0
2.6
Guin é e é qu a tor i a l e
74.1
1.5
G abon
40.0
1.3
Ni g ér i a
32.4
1.4
Notes : *Hors Libye, faute de données suffisantes. ** De 100 à 75 USD le baril.
Sources : Calculs des économistes de la BAfD à l’aide du modèle vectoriel autorégressif mondial (GVAR) mis au
point par l’institution.
rester soutenue dans ces deux pays, qui doivent
néanmoins redoubler d’efforts pour la rendre plus
inclusive et diversifier leur économie.
La chute des cours
des matières premières
Il est difficile de
quantifier
l’impact de la
chute des cours
sur la croissance
dans les pays
africains
exportateurs de
pétrole.
62 Les Afriques .
25 juin 2015
Les prix des matières premières, qui avaient commencé à céder du terrain en 2013, ont brusquement
dévissé au second semestre 2014. La faiblesse de la
demande des pays industrialisés et émergents,
comme la Chine, est allée de pair avec une hausse de
l’offre. Certains cours se situent désormais entre 40 et
50% en deçà de leurs records, même s’ils restent supérieurs à leurs niveaux d’avant le boum des matières
premières. Les prix devraient progressivement repartir à la hausse sur la période 2015/16, avec le redressement de l’économie mondiale, même si cette
hypothèse semble relativement risquée. Les cours du
pétrole ont perdu plus de la moitié de leur valeur, le
baril – qui avait franchi la barre des 100 USD mi2014 – se négociant à moins de 50 USD début 2015.
L’offre mondiale s’est considérablement accrue, sous
l’effet notamment d’une hausse de la production à
partir des schistes bitumineux aux États-Unis, tandis
que les producteurs traditionnels, au premier rang
desquels l’Arabie saoudite, n’ont pas réagi à la chute
des cours en réduisant la production. Cette hausse de
l’offre sur fond d’appréciation du dollar américain
est intervenue alors même que la demande baissait
sous l’effet d’une croissance mondiale modérée. Les
perspectives économiques pour l’Afrique présentées
ici reposent sur l’hypothèse que les cours du pétrole
ne dépasseront pas en moyenne la barre des 60 USD
le baril, soit environ 40% en deçà de leur niveau
moyen de 2014. En 2016, les prix pourraient augmenter légèrement, autour de 65 USD le baril en
moyenne. Cette baisse des cours du pétrole rejaillit
sur les économies par différents biais. Ne serait-ce
qu’en tirant vers le bas les prix des autres combustibles et, notamment, du gaz naturel. Des prix moins
élevés réduisent les factures de chauffage et de transport et favorisent les secteurs gourmands en énergie,
comme l’agriculture. Le pouvoir d’achat des ménages
augmente et, s’ils se tournent vers les biens produits
localement, cela se répercute positivement sur le PIB.
Selon les simulations, le PIB mondial aurait tout à
gagner de cette situation, sous réserve que la baisse
des prix du pétrole perdure2.
Une révolution differenciée
Les pays africains bénéficient de la chute des prix
du pétrole, qui allège les tensions inflationnistes,
augmente les revenus réels et raffermit les marchés
d’exportation. Mais les pays exportateurs de pétrole du continent sont confrontés à une baisse des
recettes publiques. La rente pétrolière s’amenuisant, les investissements et les explorations pourraient être réduits et, à plus longue échéance, la
production. La baisse des cours du pétrole a aussi
affaibli les monnaies des pays exportateurs, avec
pour effet de relancer l’inflation et de réduire leurs
capacités d’emprunt. Les autorités monétaires des
pays qui disposent de solides réserves en devises
pourront atténuer cette dépréciation en intervenant sur les marchés des changes – même si ces réserves ne sont pas inépuisables. Au vu de ces
différents canaux de transmission des prix du pétrole sur l’activité économique, il est difficile de
quantifier l’impact de la chute des cours sur la
croissance dans les pays africains exportateurs de
pétrole. Les modélisations de la Banque africaine
de développement (BAfD) suggèrent qu’un recul
permanent du prix de pétrole de 25% entraînerait
un déficit de croissance du PIB allant de 0.6 à 2.7%
pour les principaux pays africains exportateurs de
pétrole (tableau 1.2). Les prévisions présentées ici
Les taux de
change sont
restés
relativement
stables, les taux
d’intérêt
directeurs ont
été abaissés pour
stimuler la
croissance.
tablant sur un recul plus important des cours du
pétrole, son impact pourrait être encore plus marqué. Mais ces simulations illustrent les effets à long
terme sur la croissance en se basant sur des hypothèses générales «toutes choses égales par ailleurs».
Jusqu’ici, la plupart des pays africains producteurs
de pétrole ont relativement bien résisté à ce repli
des cours et affichent une croissance plutôt soutenue en 2014. Souvent, la production a augmenté
et la croissance a été stimulée par les secteurs non
pétroliers. L’effet négatif le plus tangible pour
l’instant se situe au niveau des recettes publiques.
Si les cours du pétrole ne redécollent pas, alors la
croissance va s’essouffler dans les années qui viennent puisque les gouvernements devront réduire
leurs dépenses.
Les cours des produits de base non pétroliers,
comme le cuivre et l’or, et les prix à l’exportation de
certains produits agricoles, comme le coton, se sont
également repliés (graphiques 1.6 et 1.7). Si ce recul
des prix pénalise les pays exportateurs, dont les revenus baissent, la plupart d’entre eux ont enregistré une croissance relativement soutenue en 2014,
qui devrait rester bien orientée en 2015. Cette résilience s’explique par la hausse de la production
agricole et minière et l’impact positif de l’essor
d’autres secteurs, notamment les services, sur la
croissance. De sorte que de nombreux pays exportateurs – le Bénin (coton), le Burkina Faso (or et
Graphique 1.6.
coton) ou la Zambie (cuivre) – ont conservé une
trajectoire de croissance relativement solide.
Les prix à l’importation des produits alimentaires
de base ont continué leur repli en 2014, grâce à une
augmentation de l’offre (graphique 1.8). Cette évolution, conjuguée à de bonnes récoltes, a permis de
modérer l’inflation des prix alimentaires dans de
nombreux pays africains.
Stimuler l’économie grâce au levier de
la politique monétaire
La plupart des pays africains tentent d’améliorer les
mécanismes de transmission de leur politique monétaire afin de mieux combattre l’inflation et de dynamiser leur économie. Le Rwanda et le Soudan
notamment ont pris à cet effet des dispositions
pour améliorer les liens entre politique monétaire,
marchés financiers et secteurs réels. En 2014, les
politiques monétaires et de change de l’Afrique
sont restées orientées sur le maintien ou l’obtention d’une stabilité des prix. Dans les pays où les
tensions inflationnistes se sont relâchées et où les
taux de change sont restés relativement stables, les
taux d’intérêt directeurs ont été abaissés pour stimuler la croissance. C’est la politique suivie par le
Botswana, les pays de la Communauté économique
et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC)3, le Mozambique et le Rwanda. Les autorités monétaires
d’autres pays ou groupements — Union écono-
Cours des matières premières, octobre 1999-février 2015
Aluminium
Cuivre
Or
Pétrole
Base janvier 2000 = 100
650
550
450
350
250
150
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Sources : Banque mondiale (2015a).
25 juin 2015 Les Afriques
. 63
ZOOM
Graphique 1.7.
Prix à l’exportation des produits agricoles,
octobre 1999-février 2015
Cacao
Café arabica
Coton
Base janvier 2000 = 100
500
400
300
200
100
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Sources : Banque mondiale (2015a).
En Éthiopie, la
rigueur
monétaire a
permis de
ramener
l’inflation, qui
avait atteint un
record de
pratiquement
40% en
novembre 2011,
autour de 7% en
décembre 2014.
64 Les Afriques .
25 juin 2015
mique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)4,
Kenya, Maurice et Tanzanie – n’ont pas détendu
leur politique ou ne l’ont fait que de manière marginale. En Éthiopie, la rigueur monétaire a permis
de ramener l’inflation, qui avait atteint un record
de pratiquement 40% en novembre 2011, autour
de 7% en décembre 2014. Selon les prévisions du
rapport Perspectives économiques en Afrique, l’inflation devrait rester sous la barre des 10% en
2015/16. Mais les taux d’intérêt des dépôts étant inférieurs à l’inflation, les taux d’intérêt réels sont négatifs et n’incitent guère à épargner. Les banques
centrales des pays dont la monnaie a été chahutée
ont réagi par un durcissement des politiques. C’est
ce qu’ont fait les autorités du Nigéria, même si la
pression inflationniste a été contenue sous la barre
des 10% grâce au tassement des prix des carburants
et des denrées alimentaires. Au Ghana, l’inflation a
redémarré sous l’effet d’une politique expansionniste de la masse monétaire et de la dépréciation de
la monnaie. La banque centrale a adopté une position plus restrictive, qui devrait calmer l’inflation
en 2015/16 – sous réserve néanmoins que les pressions se tassent sur le marché des changes et que le
déficit budgétaire se réduise.
En Afrique du Sud, l’inflation est restée relativement stable en 2014, autour de la limite supérieure
de la fourchette cible (3-6%). Lorsque le rand a été
dévalué, la banque centrale a réagi en augmentant
les taux directeurs pour limiter les risques inflationnistes. Des facteurs extérieurs et intérieurs
exercent une pression sur le taux de change, notamment la politique d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine (qui pourrait
induire des sorties de capitaux), le ralentissement
de la croissance en Chine et, en Afrique du Sud, la
poursuite des conflits du travail et un déficit de la
balance courante plus important que prévu. Les décisions de l’Afrique du Sud ont entraîné une baisse
des taux de change effectifs réels et un durcissement des politiques monétaires au Lesotho, en Namibie et au Swaziland, membres de la même union
monétaire que ce pays. Au Malawi et au Soudan,
l’inflation a été particulièrement virulente en 2014,
autour de 24 et 38% respectivement. Les deux
banques centrales ont durci leurs politiques et
cherchent à stabiliser leurs taux de change et à
doper leurs réserves en devises.
Les positions budgétaires et les
balances courantes se sont affaiblies
Le repli des cours des matières premières a fortement impacté les budgets publics des pays riches
en ressources. Le redressement des finances publiques de nombreux pays africains depuis
quelques années les a aidés à conforter leur stabilité
macroéconomique et à résister plus sereinement
aux chocs extérieurs. Mais ce tassement des cours
Les déficits se
sont à nouveau
creusés en 2014,
dépassant en
moyenne les
4%, et devraient
renouer avec les
niveaux atteints
pendant la
récession
mondiale.
démontre une fois encore la fragilité des budgets de
certains pays. La récession mondiale de 2008/09 a
entraîné une dégradation du solde budgétaire
moyen de l’Afrique, qui est passé d’une position excédentaire à un déficit tournant autour de 5% du
PIB. La situation s’est progressivement redressée,
grâce à la reprise économique et des politiques prudentes, le déficit moyen s’établissant autour de 3%.
Mais les déficits se sont à nouveau creusés en 2014,
dépassant en moyenne les 4%, et devraient renouer
avec les niveaux atteints pendant la récession mondiale. Cette évolution tient pour l’essentiel à la dégradation des soldes budgétaires des pays
exportateurs de pétrole, où la baisse des cours a
provoqué un effondrement des recettes publiques.
Malgré les efforts consentis pour limiter les dépenses et améliorer le recouvrement des impôts,
plusieurs d’entre eux – notamment l’Algérie, l’Angola, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale –
devraient afficher des déficits budgétaires relativement importants en 2015, entre 7 et 13%. En Libye,
le déficit pourrait même atteindre 30% du PIB. Le
Nigéria a réussi à maintenir un budget relativement
équilibré en 2014 mais sa position budgétaire devrait s’affaiblir en 2015, sans toutefois dépasser
4.5% du PIB, grâce à une hausse des revenus non
pétroliers. Au Mozambique, les nouvelles mesures
d’assainissement permettront de ramener le déficit
budgétaire à moins de 7% en 2016, contre 10% en
Graphique 1.8.
2014. Au Ghana, malgré les nouvelles initiatives, le
déficit ne reculera que faiblement entre 2014 et
2015, de 10 à 9.5% du PIB. En Égypte, le déficit se
maintiendra autour de 11% en 2015, sous l’effet
d’une politique budgétaire accommodante qui
s’accompagne cependant d’efforts visant à améliorer la qualité des dépenses. La réduction de 40% des
subventions à l’énergie fait partie des mesures
phares. En Afrique du Sud, en Éthiopie, au Soudan,
en Tanzanie et au Zimbabwe, les autorités maintiennent un cap prudent afin de conserver des déficits dans des limites viables. Le Botswana
persévère dans la discipline budgétaire et devrait à
nouveau afficher des excédents confortables en
2015 et 2016. Devant le durcissement des pressions
budgétaires, de nombreux pays s’efforcent de
maintenir des niveaux d’endettement viables.
D’après les analyses de la viabilité de la dette de la
Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Banque mondiale/ FMI, 2013 et 2014), deux
tiers des pays étudiés depuis 2012 présentent désormais un risque faible à moyen de surendettement, le tiers restant présentant un risque faible.
Globalement, l’évaluation de la dette en Afrique n’a
guère évolué depuis l’édition 2014 du rapport Perspectives économiques en Afrique, à de rares exceptions près : ainsi en RDC, le risque est passé de
«élevé» à «modéré», contrairement à la RCA, qui
passe d’un risque «modéré» à «élevé», ou au Cap
Prix à l’importation des produits alimentaires de base,
octobre 1999-février 2015
Maïs
Riz
Blé
Base janvier 2000 = 100
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Sources : Banque mondiale (2015a).
25 juin 2015 Les Afriques
. 65
ZOOM
Graphique 1.9.
Inflation en Afrique, 2002-16
Inflation médiane (%)
12
10.5
10
8
7.1
6.4
6.1
6.9
5.6
6
6.2
4.4
5.7
4.2
4.4
5.0
4
4.2
4.2
3.4
2
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2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013 2014(e) 2015(e) 2016 (e)
Note : (e) estimations et (p) prévisions.
Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement.
Le fléchissement
des cours du
pétrole a également eu un
retentissement
négatif sur les
balances courantes des pays
exportateurs.
66 Les Afriques .
25 juin 2015
Vert et Cameroun, qui passent de risque «faible» à
«modéré» (tableau 1.3).
Malgré les risques d’endettement, les gouvernements sont pressés de dépenser, notamment pour
remédier aux importants goulets d’étranglement
dans les infrastructures économiques et sociales.
Faute de réelle marge de manoeuvre, ils doivent impérativement mieux cibler leurs dépenses pour
doper la croissance et le développement humain.
Ils peuvent pour cela optimiser la composition des
dépenses et l’efficacité des programmes. Il est avéré
que le démantèlement progressif des subventions à
l’énergie et l’orientation des fonds vers des emplois
plus productifs, notamment les infrastructures,
améliorent le bien-être des populations (Glomm et
Jung, 2015). Avec la baisse des prix des carburants,
une telle restructuration des dépenses devient politiquement moins risquée et certains pays se sont
engagés dans cette voie : c’est ainsi que l’Égypte a
réduit ses subventions à l’énergie d’environ 40% en
juin 2014. La marge d’amélioration pour le recouvrement des impôts est par ailleurs importante –
sachant qu’il s’agit d’une évolution indispensable
face à la diminution annoncée de l’aide extérieure.
Malgré les améliorations de ces dernières années,
de nombreux pays africains ne parviennent pas encore à exprimer tout leur potentiel budgétaire (chapitre 2). La complexité des systèmes fiscaux et
l’inefficacité des administrations n’encouragent pas
la conformité fiscale des contribuables, même si la
situation varie considérablement d’un pays à l’au-
tre. Quatre pays sortent du lot pour la simplicité du
paiement des impôts, qui figurent également dans
les 50 pays affichant les meilleures pratiques sur les
189 couverts par le rapport 2015 de la Banque
mondiale sur la question (Banque mondiale/PwC,
2014). Il s’agit de Maurice (13e place), de l’Afrique
du Sud (19e place), du Rwanda (27e place) et des
Seychelles (43e place). Les dix meilleurs pays africains suivants sont Madagascar (65e), le Maroc
(66e), le Botswana (67e), le Swaziland (74e), Djibouti (75e), le Libéria (77e), la Zambie (78e), la Tunisie (82e), la Namibie (85e) et le Cabo Verde (91e).
Mais bon nombre de pays africains affichent des
scores nettement moins reluisants dans ce classement international, du fait du poids important de
l’administration sur les entreprises et de la complexité des systèmes fiscaux.
Le fléchissement des cours du pétrole a également
eu un retentissement négatif sur les balances courantes des pays exportateurs. La plupart afficheront des déficits en 2015, à rebours des excédents
des années précédentes. De tous les grands exportateurs de pétrole, seules les balances courantes de
la Libye et du Nigéria devraient rester excédentaires. Pour sa part, le Botswana conservera son
important excédent. En moyenne, les pays importateurs de pétrole afficheront des déficits courants
se situant entre 7 et 8% du PIB, malgré le relâchement des tensions liées aux cours internationaux
du pétrole et des denrées alimentaires. La diminution des exportations, en prix et en volume, com-
La stabilité
politique,
macroéconomique et sociale
est une condition
clé du développement
économique et
social.
pense les effets de la baisse du prix des importations sur la balance courante. Dans certains pays, la
dévaluation de la monnaie a alourdi la facture des
importations.
Risques et enjeux politiques
pour les économies africaines
Selon l’édition 2015 des Perspectives économiques
en Afrique, le scénario le plus probable est celui
d’un redressement progressif des économies africaines. Mais la croissance africaine pourrait pâtir
d’un essoufflement de l’économie mondiale et de
la baisse continue des cours des matières premières.
La diminution des exportations de biens et de services (tourisme compris) et, éventuellement, le reflux des IDE, de l’aide publique au développement
(APD) et des transferts des migrants pourraient
constituer des vecteurs de transmission. La volatilité des marchés financiers et les pressions sur les
taux de change sont pour certains pays deux facteurs de risque extérieurs supplémentaires. Des
mouvements erratiques de capitaux consécutifs à
une évolution des attentes des marchés quant aux
orientations probables de la politique monétaire
dans les grands pays et, notamment, aux ÉtatsUnis, pourraient venir conforter cette menace. En
plus des incertitudes extérieures, l’Afrique présente
Tableau 1.3.
Risque faible
ses propres risques. L’épidémie d’Ebola n’est toujours pas totalement maîtrisée de sorte que le tribut
humain et économique dans la région pourrait encore s’alourdir. Sans compter que l’insécurité et les
tensions politiques et sociales dans certains pays –
notamment en Libye, en RCA, en Somalie et au
Soudan du Sud – continuent de rejaillir négativement sur leurs performances économiques, rendant les prévisions hautement incertaines. Des
tensions politiques et sociales pourraient aussi apparaître dans des pays censés organiser des élections même si, ces derniers temps, celles-ci se sont
déroulées pour l’essentiel de manière pacifique en
Afrique. La stabilité politique, macroéconomique
et sociale est une condition clé du développement
économique et social. Maintenir les économies sur
une trajectoire de croissance soutenue et rendre le
partage des fruits de la croissance plus équitable
sont deux facteurs d’apaisement des tensions politiques et sociales, qui contribuent par ailleurs à la
réalisation des objectifs de développement.
L’Afrique a fait des progrès en la matière mais elle
doit oeuvrer encore à la consolidation durable de
la croissance, afin de créer davantage d’emplois de
qualité pour une population active toujours plus
nombreuse et de réduire la pauvreté. Les chapitres
suivants reviennent de manière plus approfondie
Analyse de la viabilité de la dette : apprécier le risque de
surendettement
Risque modéré
Risque élevé
Bénin (janvier 2013)
Burkina Faso (juillet 2014)
Burundi (mars 2014)
Congo (septembre 2014)
Cabo Verde (mai 2014)
République centr afric aine ( juin 2014)
Éthiopie (septembre 2014)
Cameroun ( juillet 2014)
Comores (décembre 2013)
Kenya (septembre 2014)
Côte d’Ivoire (décembre 2013)
Tchad (septembre 2014)
Libéria (juin 2014)
République démocratique du Congo (mai 2014) Djibouti (mars 2013)
Madagasc ar ( juillet 2014)
Ghana (mai 2014)
S ao Tomé- et-Principe ( janvier 2014)
Nigéria (avril 2014)
Gambie (mai 2013)
Soudan (novembre 2013)
Rwanda (décembre 2013)
Guinée (septembre 2014)
Zimbabwe (juillet 2014)
Sénégal (juillet 2014)
Guinée-Bissau (octobre 2014)
Tanzanie (mai 2014)
Lesotho (juillet 2014)
Ouganda (décembre 2013)
Malawi (février 2014)
Zambie (janvier 2014)
Mali (décembre 2013)
Mauritanie (juin 2012)
Mozambique (mai 2014)
Niger (avril 2013)
Sierra Leone (septembre 2014)
Togo (février 2014)
Sources : Banque mondiale/FMI (2013 et 2014) (entre parenthèses, la date de l’analyse la plus récente).
25 juin 2015 Les Afriques
. 67
ZOOM
Graphique 1.10.
Balance courante des pays exportateurs et importateurs de
pétrole en Afrique, 2000-16
Balance courante des pays exportateurs de pétrole
Balance courante des pays importateurs de pétrole
% du PIB
20
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2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013 2014(e) 2015(p) 2016(p)
Note : (e) estimations et (p) prévisions.
Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement.
L’adéquation de
l’approvisionnement énergétique
est une condition
préalable du
développement
économique.
68 Les Afriques .
25 juin 2015
sur la capacité de l’Afrique à atteindre ses objectifs
de développement, en analysant les avancées obtenues et les efforts à consentir.
nent pas à suivre le rythme de la demande. Cette
annexe dresse un bilan du secteur de l’énergie en
Afrique et analyse les enjeux politiques.
L’énergie en Afrique :
défis et opportunités5
L’approvisionnement énergétique
progresse mais reste insuffisant
L’insuffisance des infrastructures – et, notamment,
la précarité de l’approvisionnement énergétique –
constitue une entrave majeure à l’accélération des
progrès économiques et sociaux et à la diversification des sources de la croissance, indispensables
pour se placer sur une trajectoire soutenue et durable. Les nouvelles sources d’énergie ne parvien-
L’adéquation de l’approvisionnement énergétique
est une condition préalable du développement économique sachant que, parallèlement, la demande
d’énergie augmente en phase avec les revenus. En
Afrique subsaharienne, la demande d’énergie primaire a progressé d’environ 45% entre 2000 et 2012
– un rythme moitié moins soutenu que la hausse
Notes
1. L’enquête trimestrielle de conjoncture internationale de l’institut Ifo s’attache à dresser un tableau à jour de la situation économique et des perspectives à court terme dans quelque 120
pays industrialisés, émergents et en développement. Les 1 100
participants travaillent pour des instituts de recherche, des universités, des groupes de réflexion ou des institutions financières
(banques et compagnies d’assurance). Certains sont affiliés à
des entreprises ou représentent des associations ou des chambres de commerce et d’industrie. À l’inverse des statistiques officielles, construites essentiellement autour d’informations
quantitatives, cette enquête s’appuie sur des informations qualitatives, puisqu’il s’agit des appréciations et des attentes d’experts en économie. Alors que les délais de publication des
statistiques internationales officielles sont en général très longs,
les résultats de l’enquête Ifo sortent rapidement et permettent
des comparaisons internationales. Dans les pays où la base sur
laquelle reposent les statistiques officielles est incertaine, ces
appréciations et attentes d’experts sur place prennent une importance particulière. En Afrique, l’enquête couvre 30 pays et récolte en moyenne chaque trimestre quelque 150 réponses.
2. D’après l’OCDE (2014), une baisse permanente de 20 USD du
prix du baril de pétrole brut pourrait se traduire par une progression du PIB dans les pays de l’OCDE pouvant atteindre 0.4
point les deux premières années, tout en réduisant l’inflation
globale d’au moins 0.5 point. La Banque mondiale (2015b) estime quant à elle qu’une baisse du prix du pétrole de 30% liée à
un choc du côté de l’offre pourrait induire une hausse du PIB
mondial d’environ 0.5% à moyen terme.
3. Sont membres de la CEMAC le Cameroun, le Congo, le Gabon,
la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad.
4. Sont membres de l’UEMOA le Bénin, le Burkina Faso, la Côte
d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
5. Cette annexe doit beaucoup aux données de l’OCDE/AIE (2014).
Tableau 1.4.
Évolutions macroéconomiques en Afrique, 2006-16
(synthèse)
2006-10
2011
2012
2013
2014 (e)
2015 (p)
2016 (p)
A f r iqu e c e n t r a l e
4.1
4.7
5.5
4.1
5.6
5.5
5.8
A f r iqu e d e l ’ E s t
7.1
5.9
4.2
4.7
7.1
5.6
6.7
4.4
Taux de croissance du PIB, en volume (%)
A f r iqu e du N or d
4.7
-0.3
10.5
1.6
1.7
4.5
A f r iqu e au s t r a l e
4.2
3.9
3.4
3.6
2.7
3.1
3.5
A f r iqu e d e l ’O u e s t
6.4
5.0
5.1
5.7
6.0
5.0
6.1
A f r ique
5.2
2.8
6.7
3.5
3.9
4.5
5.0
A f r ique (hor s Lib ye)
5.1
3.8
3.8
4.0
4.3
4.3
5.0
Pour mémoire
Afr ique du Nor d (avec le Soudan)
4.8
-0.2
9.8
1.8
1.8
4.4
4.4
A f r iqu e sub s a h a r i e nn e
5.6
5.0
4.6
4.7
5.2
4.6
5.4
Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud
6.4
5.5
5.2
5.4
6.2
5.2
6.2
P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e
5.5
1.9
8.2
3.1
3.9
4.6
5.2
P a y s im p or t a t e ur s d e p é t r o l e
4.7
4.5
4. 2
4.2
3.8
4.3
4.8
Prix à la consommation (inflation en %)
A f r iqu e c e n t r a l e
7.0
5.2
3.5
1.8
2.9
2.7
3.2
A f r iqu e d e l ’ E s t
11.0
18.4
22.9
15.7
13.1
10.1
10.4
A f r iqu e du N or d
7.0
7.9
7.3
4.9
6.2
6.6
6.4
A f r iqu e au s t r a l e
8.1
6.8
6.5
6.3
6.2
5.6
5.9
A f r iqu e d e l ’O u e s t
9.4
9.8
10.5
7.7
7.6
7.1
6.8
A f r ique
8.2
9.2
9.5
7.0
7.2
6.8
6. 7
7.4
Pour mémoire
Afr ique du Nor d (avec le Soudan)
7.4
8.7
9.3
7.1
8.3
7.7
A f r iqu e sub s a h a r i e nn e
8.9
9.5
9.7
7.1
6.5
6.2
6.3
P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e
9.1
10.4
10.9
8.1
8.8
8 .4
8.2
P a y s imp or t a t e ur s d e p é t r o l e
6.9
7.6
7.6
5.7
5.1
4.6
4.8
Solde budgétaire total, dons compris (en % du PIB)
A f r iqu e c e n t r a l e
6.5
1.7
-0.6
-1.9
-5.3
-6.7
-6.0
A f r iqu e d e l ’ E s t
-2.6
-2.1
-3.1
-4.4
-3.9
-4.5
-3.7
A f r iqu e du N or d
1.6
-6.3
-3.5
-7.2
-11.1
-9.8
-7.7
A f r iqu e au s t r a l e
-1.1
-1.5
-2.0
-2.7
-3.0
-4.8
-4.4
A f r iqu e d e l ’O u e s t
-0.5
-2.4
-2.6
-0.5
-1.0
-4.6
-4.2
A f r ique
0.2
-3.0
-2.6
-3.5
-5.0
-6.3
-5.3
1.3
-5.6
-3.5
-6.8
-10.0
-8.8
-7.0
-0.4
-1.8
-2.2
-2.0
-2.6
-5.0
-4.5
Pour mémoire
Afr ique du Nor d (avec le Soudan)
A f r iqu e sub s a h a r i e nn e
P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e
1.6
-2.4
-1.9
-3.3
-5.7
-7.8
-6.3
P a y s imp or t a t e ur s d e p é t r o l e
-1.8
-4.0
-3.9
-4.1
-4.0
-4.1
-4.0
Solde de la balance extérieure courante, dons compris (en % du PIB)
A f r iqu e c e n t r a l e
-0.3
-2.1
-4.3
-4.2
-5.2
-6.3
-5.6
A f r iqu e d e l ’ E s t
-6.7
-3.7
-7.1
-7.5
-7.7
-7.3
-7.9
A f r iqu e du N or d
8.7
0.5
1.5
-1.2
-4.5
-6.1
-5.9
A f r iqu e au s t r a l e
-2.0
-0.7
-2.8
-3.6
-4.4
-6.4
- 5. 6
A f r iqu e d e l ’O u e s t
4.7
0.7
1.0
0.5
-0.2
-5.2
-4.9
A f r ique
2.6
-0.4
-1.1
-2.2
-3.7
-6.1
-5.8
Pour mémoire
Afr ique du Nor d (avec le Soudan)
7.0
0.3
0.5
-1.9
-4.9
-6.2
-6.0
A f r iqu e sub s a h a r i e nn e
0.2
-0.7
-1.9
-2.4
-3.1
-6.0
-5.7
P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e
8.0
3.3
3.2
0.9
-1.3
-5.4
-4.8
P a y s im p or t a t e ur s d e p é t r o l e
-4.5
-5.3
-7.5
-7.3
-7.8
-7.3
-7.6
Note : (e) estimations ; (p) prévisions.
Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement.
25 juin 2015 Les Afriques
. 69
ZOOM
Un approvisionnement
en énergie électrique en
adéquation avec les besoins
L’activité
industrielle, tirée
par les mines et
la raffinerie,
représente la
moitié de la
consommation
d’électricité en
Afrique
subsaharienne.
70 Les Afriques .
25 juin 2015
du PIB : en moyenne, un point supplémentaire de
PIB s’accompagne d’une augmentation d’un demipoint de la demande d’énergie primaire. Dans
d’autres pays en développement et émergents, le
lien entre consommation d’énergie et croissance du
PIB est nettement plus étroit, ce qui traduit des
problèmes d’offre en Afrique. Nombreux sont les
pays africains à avoir adopté des politiques pour
améliorer leur offre énergétique. De sorte que les
capacités de production installées ont régulièrement augmenté. En 2012 en Afrique subsaharienne, les centrales à charbon représentaient 45%
des capacités totales (essentiellement en Afrique du
Sud), contre 22% pour l’électricité hydroélectrique,
17% pour les centrales au mazout (ces deux sources
d’énergie étant mieux réparties), 14% pour les centrales à gaz (essentiellement au Nigéria), 2% pour
le nucléaire et moins de 1% pour les énergies renouvelables. Jusqu’à récemment, les politiques
énergétiques ont surtout été menées à l’échelle nationale mais la coopération régionale se développe
et permet de desservir des marchés plus vastes.
L’activité industrielle, tirée par les mines et la raffinerie, représente la moitié de la consommation
d’électricité en Afrique subsaharienne mais l’essentiel est concentré en Afrique du Sud, au Ghana,
au Mozambique et au Nigéria. Le secteur résidentiel ne représente que 27% de la consommation totale, puisque le niveau d’équipements électriques
des ménages est relativement faible et le revenu disponible assez restreint. Le boum des télécommunications – et notamment des téléphones portables –
est à l’origine d’une hausse de la demande d’énergie depuis quelques années.
Un accès à l’électricité très variable
entre pays et au sein de chaque pays
La détermination des hommes politiques à améliorer l’accès à l’électricité par le développement des
réseaux et des systèmes de mini-réseaux au Ghana,
au Mali, au Mozambique, au Rwanda et en Tanzanie par exemple, a porté ses fruits. En Afrique subsaharienne, le taux d’accès à l’électricité est passé
de 23% en 2000 à 32% en 2012, sachant que 145
millions d’habitants en ont bénéficié depuis 2000.
Mais dans de nombreux pays africains, l’essor démographique dépasse le rythme de production
supplémentaire d’électricité. Ce qui fait que 625
millions de Subsahariens – sur une population totale de 915 millions – sont toujours privés d’accès
à l’électricité, le nombre d’individus dans cette situation continuant d’augmenter. Il s’agit à 80% de
ruraux, ce qui rejaillit également sur l’inclusion
spatiale (Partie II). Les énergies modernes sont par
ailleurs coûteuses et inabordables pour un grand
nombre d’habitants. Les entreprises et les ménages
africains sont souvent confrontés à une alimentation erratique ou inexistante et doivent faire appel
à des solutions de remplacement à leurs frais
(groupes électrogènes essence ou diesel). Bon nombre de familles continuent de cuisiner leurs repas
en utilisant des combustibles traditionnels comme
le bois, le charbon et les résidus agricoles – une pratique qui entraîne des problèmes de santé à cause
Renforcer
l’intégration et la
coopération
régionales en
matière de
politiques
énergétiques.
de l’inhalation des fumées et contribue à la déforestation. Dans sept pays d’Afrique, la part de la population vivant sans électricité en 2012 dépassait
les 90% (Libéria, Malawi, RCA, RDC, Sierra Leone,
Soudan du Sud et Tchad). Dans 13 autres, la proportion se situait entre 75 et 90% (Burkina Faso,
Burundi, Éthiopie, Ghana, Guinée-Bissau, Kenya,
Madagascar, Mauritanie, Niger, Ouganda, Rwanda,
Somalie et Tanzanie). Pour 18 autres pays, elle
s’établissait entre 50 et 75% (Angola, Bénin, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Érythrée,
Gambie, Lesotho, Mali, Mozambique, Namibie, Nigéria, Soudan, Swaziland, Togo, Zambie et Zimbabwe) tandis que dans six autres, la part oscillait
entre 25 et 49% (Botswana, Cameroun, Gabon,
Ghana, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal). En Afrique
du Sud, 85% de la population avaient accès à l’électricité et dans sept pays (Algérie, Égypte, Libye,
Maroc, Mauritanie, Seychelles et Tunisie), la situation est identique à celle des pays avancés, puisque
100% ou presque de la population sont raccordés à
l’électricité. Grâce aux nouveaux programmes
d’électrification, le nombre total de personnes privées d’accès à l’électricité devrait commencer à
s’infléchir dans les années 2020 et, d’ici 2040, ce
sont 950 millions d’Africains qui seront raccordés.
Mais la pression démographique aura elle aussi
augmenté, de sorte que plus de 500 millions de
personnes, en particulier dans les zones rurales
d’Afrique subsaharienne, risquent toujours d’être
privées d’électricité (OCDE/AIE, 2014). Bien que
ces prévisions à long terme soient éminemment
incertaines, elles illustrent l’ampleur des défis
pour les décideurs. Car, faute d’un approvisionnement énergétique adapté, les objectifs de crois-
sance à long terme ne pourront pas être tenus. De
nombreuses entreprises africaines font de l’accès à
l’électricité l’un des plus gros freins à leur expansion. Dans 12 pays, les entreprises désignent depuis quelques années l’accès à l’électricité comme
le principal obstacle (Burundi, Congo, Djibouti,
Gabon, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Nigéria,
Ouganda, RCA, RDC et Sénégal) (enquêtes de
conjoncture du Groupe de la Banque mondiale).
Il faut donc impérativement réduire les
contraintes énergétiques des entreprises et des
ménages pour pouvoir accélérer le développement
économique et social. Une approche intégrée paraît indispensable, qui poursuive des objectifs à la
fois économiques, sociaux et environnementaux.
Des efforts durables sont requis dans divers domaines, à savoir : installer un climat propice aux
investissements dans l’énergie pour toute la gamme
des énergies récupérables (pétrole, gaz et charbon)
et renouvelables (solaire, hydraulique et éolienne),
améliorer la gestion des ressources naturelles et des
recettes qui découlent de leur exploitation, en renforçant la qualité, la transparence et la responsabilité des institutions. Aussi, il serait utile de renforcer
l’intégration et la coopération régionales en matière de politiques énergétiques, s’atteler aux difficultés propres aux zones rurales isolées, avec des
solutions photovoltaïques solaires et des mini-centrales hydroélectriques. Enfin, les pays africaines
doivent promouvoir les combustibles et les appareils de cuisson propres pour les ménages, en les aidant à substituer du gaz de pétrole liquéfié aux
combustibles solides issus de la biomasse.
AEM
(Avec OCDE, BAD, UNDP)
Mettre l’accent
sur le mix-énergétique
25 juin 2015 Les Afriques
. 71
RELATIONS INTERNATIONALES
De l’harmonisation des systèmes
juridiques de droit civil
Il est bien connu que la France et les pays d’Afrique francophone sont partie
à de nombreux traités bilatéraux, visant notamment à faciliter leur coopération judiciaire. On sait moins, en revanche, que ces traités permettent aux
avocats de l’un des Etats partie de plaider devant les juridictions de l’autre
Etat : c’est ainsi qu’un avocat français peut plaider à Yaoundé, et vice versa.
72 Les Afriques .
25 juin 2015
Erwan Poisson,
avocat au Barreau de Paris
et Solicitor of England & Wales
L
es avocats qui plaident devant les juridictions d’Afrique francophone sont un
atout pour les clients. Ils sont aussi un
vecteur d’harmonisation des systèmes juridiques de droit civil.
Plaider devant une juridiction africaine ne s’improvise toutefois pas : cela requiert une véritable
connaissance des spécificités et traditions de la juridiction considérée (il faut savoir par exemple que la
procédure reste encore à ce jour très orale devant
les juridictions d’Afrique francophone, alors qu’elle
devient essentiellement écrite devant les juridictions
françaises ; savoir également que certains systèmes
judiciaires ont subi l’influence de droits de common
law, comme celui du Cameroun, où phase d’instruction et phase de cross examination se côtoient lors
d’une procédure pénale). Il faut surtout avoir pu
mettre en place un réseau de confrères dans les pays
d’Afrique concernés, reconnus pour leur expérience
et leur savoir-faire.
Bien utilisée, cette possibilité peut s’avérer un outil
essentiel pour des clients qui ont souvent peu eu l’occasion d’être confrontés à des contentieux en
Afrique, et qui n’ont parfois qu’une connaissance limitée des procédures judiciaires des pays de droit
civil. L’offre d’une équipe transnationale composée
d’avocats français et africains et mêlant des compétences complémentaires est de nature à assurer au
mieux la défense de leurs intérêts.
Au-delà de l’utilité qu’elle présente dans tel ou tel
dossier, cette solution a également un impact plus
global. Nombre de législations applicables en Afrique
étant proches de la législation française équivalente
(on pense à l’Acte uniforme Ohada relatif au droit
des sociétés commerciales), la référence, dans le
cadre de procédures africaines, à des précédents
rendus dans d’autres Etats, contribuent de facto à
une harmonisation de l’interprétation des législations, facteur incontestable d’efficacité pour les
droits africains. Nul doute qu’il s’agit là d’un avantage non négligeable à l’heure d’une concurrence accrue entre systèmes de droit civil et de common law.
25 juin 2015 Les Afriques
. 73
PIED DE LETTRE
La solution
des barricades ?
De nouveaux murs en Europe
D
écidemment, l’histoire se répète. Les
triples barrières, qui bordent les
enclaves espagnoles de Sebta et
Melilla au nord du Maroc, vont faire
jurisprudence. La Hongrie, débordée
par une vague, sans précédent, ne peut
plus attendre les tergiversations de l’Union
européenne pour trouver des solutions. A la mijuin 2015, ce pays a déjà reçu 25 fois le nombre de
réfugiés en 2012. Le pays abrite quelque 50 000
réfugiés venant d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie.
Peter Szijjarto, ministre hongrois des affaires
étrangères, a été on ne peut plus clair : «La
Hongrie ne peut plus attendre». Ce pays a décidé
d’ériger un mur de 4 m de haut sur une longueur
de 175 km, le long de sa frontière avec la Serbie.
C’est le seul moyen que les autorités ont trouvé
pour atténuer les flots incessants de réfugiés qui
traversent la Serbie. Ce pays ne fait rien pour les
74 Les Afriques .
25 juin 2015
Daouda MBaye,
rédacteur en chef exécutif
retenir ou les dissuader à regagner la Hongrie
voisine... Pour lutter contre les arrivées massives
de migrants illégaux, Budapest défend qu’un tel
chantier ne contrevient pas aux obligations
internationales de la Hongrie…
Dans d’autres points chauds de l’Europe, des projets
similaires sont envisagés, notamment entre la
Turquie et la Grèce… Dans ce phénomène qui
concerne à plus d’un titre les pays émetteurs,
notamment ceux africains, c’est le moment de
mettre en place des projets pour retenir autant que
faire se peut leur jeunesse. Certes des projets pour
retenir les jeunes sur place sont en cours au Sénégal,
au Kenya, au Maroc, … aussi on ne peut vivre en
autarcie et empêcher les déplacements volontaires.
Mais, il est grand temps que les richesses profitent à
une jeunesse qui n’a de voix du salut que l’enfer des
routes désertiques, les chimères de trafiquants sans
scrupules et la Méditerranée en mouroir !
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