ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9 Hebdomadaire international BANQUES, NOUVELLES OPPORTUNITÉS EN 2015 lesafriques.com DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL CRÉDITS CARBONE PREMIÈRE TRANSACTION INTRA-AFRICAINE EN AFRIQUE DE L’OUEST NUMÉRO DOUBLE N° 328 - 25 juin au 8 juillet 2015 Parce que l’information a de la valeur DOSSIER SOMMAIRE LES AFRIQUES N° 328 - 25 juin au 8 juillet 2015 Parce que l’information a de la valeur EDITORIAL Terre de nouvelles opportunités en 2015 Banques Nouvelles opportunités en 2015 04 En Afrique, la croissance est au rendez-vous. Cette tendance pousse à l’émergence de méga banques locales qui investissent cette nouvelle frontière, titillant les multinationales. Les groupes BMCE Bank, AttijariWafa bank, BP, UBA, Ecobank, Coris Bank, BSIC, Stanbic, Orabank,… élargissent leurs périmètres, tandis que les secondes montent au front. 26-51 BAROMÈTRE Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité d’élite de l’armée du Burkina Faso, ne sera finalement pas dissoute, comme décidé en décembre dernier par Yacouba Isaac Zida, PM de la transition 06 BRUITS DE MARCHÉ Côte d’Ivoire : Une croissance de 7,9% prévue par le FMI en 2015 08 ARRÊT SUR IMAGE Abdel Fattah al-Sissi, président égyptien de la réunion de l'Egypte reçoit Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères 12 VERBATIM BANQUES & ASSURANCES MOBILE FINANCE La Banque mondiale, vecteur en Afrique centrale 14 16 ENTREPRISES & MARCHÉS CREDITS CARBONE Première transaction intra-africaine en Afrique de l’Ouest INTERVIEW AMINA ZEGHAL «Créer un pôle régional d’excellence» MAROC Deux femmes à la tête d’Inwi et de la SNI Un consortium indochinois pour la construction des automobiles au Cameroun 20 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE LIBYE Une autre mort pour Mokhtar Belmokhtar TCHAD Double attentat-suicide à Ndjamena 23 24 DOSSIER Banques Nouvelles opportunités en 2015 26 ZOOM AFRIQUE La dernière frontière ? 52 RELATIONS INTERNATIONALES De l’harmonisation des systèmes juridiques de droit civil 72 PIED DE LETTRE De nouveaux murs en Europe 74 18 Mobile finance La Banque mondiale, vecteur en Afrique centrale Un atelier sous-régional organisé du 17 au 18 juin 2015 à Douala par cette institution financière internationale à l’intention des pays d’Afrique centrale pour la vulgarisation de la finance digitale. 16-17 Credits carbone Première transaction intra-africaine en Afrique de l’Ouest 21 22 Une transaction crédits carbone a été réalisée, le 15 juin 2015, entre ecosur afrique, leader de la finance carbone en Afrique, Investisseurs & Partenaires (I&P), famille de fonds d’impact dédié aux PME africaines, et Volta Car Services (VRS)… 18-19 Afrique La dernière frontière ? La croissance économique en Afrique devrait se raffermir en 2015 et 2016, pour se situer à 4,5 et 5%, des niveaux proches de ceux d’avant la crise mondiale de 2008/09. Cette étude se penche, entre autres, sur les difficultés que rencontrent les gouvernements africains aux trajectoires de reprise différentes, les entraves au retour d’avant la crise... 52-71 25 juin 2015 Les Afriques .3 ÉDITORIAL Ismael Aidara, Rédacteur en chef délégué Terre de nouvelles opportunités en 2015 L e marché bancaire africain continue à faire courir les investisseurs. Petits comme grands, ce continent offre un formidable relais de croissance et de développement aux investisseurs qui cherchent leur chaînon manquant économique. En pleine ébullition, le secteur bancaire explose d'Est en Ouest en passant par le Centre. Car ces cinq dernières années, la banque en Afrique, notamment au sud du Sahara, s'est imposée comme un grenier précieux pour l'émergence de bon nombre de pays. Entre fusions, acquisitions ou arrimage, via guichet unique, la fulgurante expansion des grands groupes, appelés «champions» marocains, nigérians, sud-africains, ont pris pied dans bon nombre de pays aussi bien au Centre, à l'Ouest qu’à l'Est concurrençant des acteurs historiques européens jusqu'ici indéboulonnables. D'un sens à l'autre, le secteur respire la forme. Il dégage d'énormes profits substantiels (une niche estimée à plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires) pour les nouvelles acquisitions et expansions en Afrique. En quelque sorte, l'industrie bancaire transforme petit à petit l'économie du continent. Seulement, les groupes bancaires africains deviennent de plus en plus agressifs avec une culture commerciale et bancaire transversale et bousculent les firmes françaises et européennes, leaders historiques du marché. Fin 2014, la major française Société Générale, qui a compris l'enjeu, a annoncé l'ouverture à moyen terme d’une cinquantaine d'agences par an via des acquisitions stratégiques et ciblées. Mais, sur certains marchés, notamment chez sa filiale LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur Groupe Les Afriques Edition & Communication SA au capital de 2’657’600.- CHF Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse Président Administrateur Délégué Abderrazzak Sitaïl Les Afriques Edition & Communication Europe SARL au capital de 160.000 € 75, avenue Parmentier, 75544 Paris Cedex 11 Les Afriques Communication & Edition Maghreb SARL au capital de 1.000.000 DH 219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501 sénégalaise, l'embellie n'a pas été au rendez-vous. Des pertes record de plus de 32 milliards de f CFA. L'autre française, la BPCE, qui affiche des appétits de s'implanter en Afrique de l'Ouest et de l'Est, ne cache pas ses ambitions d'acquérir des agréments hors green field d'ici à avant fin 2016. Le dernier gros deal de 2014, révélé par Les Afriques est le rachat par la nigériane FBN et l'Indien First Merchant Bank du réseau bancaire de la holding malaisienne ICB qui s'est retirée du continent. Montant de la transaction : 200 millions de dollars. Aussi, c'est sur les marchés francophones que la nigériane UBA a réalisé ses bonnes affaires. Si le sud du Sahara est convoité tous azimuts comme en attestent les deux grosses implantations courant juin 2015 sur la place financière dakaroise (BGFI, Banque de Dakar), l'Afrique de l'Est est devenue la capitale de l'industrie bancaire africaine en mouvement avec un rythme d'octroi d'agréments effréné. Après le géant britannique Barclays et la sud-africaine Standard Bank qui consolident leurs positions de leaders de grands réseaux, First Merchant Bank pousse les feux au Mozambique, au Malawi et en Zambie. Ces pays sont des marchés vierges et à potentiel énorme. Fin décembre 2014, les banques offshore et panafricaines évoluant sur des segments diversifiés aussi bien en Afrique occidentale, centrale qu’orientale et ont levé la bagatelle de 120 000 milliards de f CFA. En clair, les marchés africains représentent un investissement formidable avec des bénéfices qui continuent de grimper et des perspectives pour la croissance à long terme que l'on ne trouve pas ailleurs. Rédaction Olivier Tovor, Lomé, Marie-Pier Boucher, Casablanca, François Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca, Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibrahim Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis. Responsable e-Marketing Comité Scientifique Abdelaziz Enasri, Paris. Finance et Partenariats Internationaux. Guy Gweth, Paris. Intelligence économique. François Konan, New York. Politiques économiques. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Responsable Abonnement et Distribution Hasnae Elmadani [email protected] Révision Hassan Radi Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl Edition Internet – en français Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar Rédacteur en chef exécutif Daouda MBaye [email protected] Chroniqueurs François Konan, New York. Economie. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Rédacteur en chef délégué : Ismaïla Aidara, Uemoa. Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC. Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala. Directeur Développement et Marketing Libasse Ka [email protected] L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM 4 Les Afriques . 25 juin 2015 Khalid Essajidi Responsable Communication et Marketing Nada Benayad [email protected] Publicité [email protected] Base de données Mokhtar Lasmar Abonnement [email protected] Diffusion Presstalis, Sochepress, Royal Air Maroc, SN Brussel. Impression Rotimpres, Aiguaviva (Spain). Dépôt légal : novembre 2010 Edition internationale Commission paritaire : 1017 C 89135 Edition Maroc B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008) Crédit photos AFP, DR © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur /LESAFRIQUES @LESAFRIQUES_COM BAROMÈTRE Chiffres 10 000 Pape François Il s’agit d’une première au Vatican. Le pape François a accepté la tenue d’un procès, dans le petit tribunal situé derrière la basilique Saint-Pierre, pour Józef Wesolowski, un ancien prélat catholique polonais accusé d’avoir sexuellement abusé des mineurs dans un quartier chaud de Saint-Domingue, en République dominicaine. Ce nonce apostolique, également accusé de détention de matériel pédopornographique, un délit introduit en 2013 dans la législation du Vatican par le Pape François, sera jugé à partir du 11 juillet 2015. MILLIARDS DE Omar El-Béchir DOLLARS Cap dépassé par la capitalisation boursière en Chine 109,4 Recherché pour génocide par la Cour pénale internationale (CPI), le président soudanais Omar El-Béchir a osé se présenter au 25e Sommet de l’Union africaine (UA) qui avait lieu en Afrique du Sud, et ce, malgré son interdiction de quitter le pays. Bien que le ministère de l’Intérieur sudafricain doive empêcher Omar El-Béchir de rentrer au bercail, le président a réussi, sans difficulté, à remettre les pieds au Soudan. MILLIARDS DE DOLLARS Transferts des migrants vivant en Europe Aung San Suu Kyi À quelques mois des élections législatives en Birmanie, la lauréate du prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, s’est pour la première fois rendue en Chine, à l’invitation du Parti communiste chinois (PCC). Cette visite, décrite comme historique, est une manière pour la secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de se positionner en vue d’une victoire de son parti, car elle est consciente que la Chine jouera un rôle essentiel pour le futur de la Birmanie. 37 MILLIARDS DE DOLLARS Commandes fermes au Salon du Bourget C’est confirmé. Un tribunal égyptien a condamné l’ex-président d’Égypte, Mohamed Morsi, à la peine de mort pour évasion de prison et planification d’attaques pendant la révolution de 2011. Le même tribunal lui avait infligé la prison à vie pour espionnage au profit du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. L’ex-chef d’État, premier à être élu démocratiquement à la tête de ce pays d’Afrique du Nord, avait également été condamné à une peine de vingt ans de prison incompressibles pour incitation au meurtre de manifestants. 16,7 MILLIARDS DE DOLLARS Commandes pour Boeing au salon du Bourget Yacouba Isaac Zida Philae Après 7 mois d’hibernation, le robot Philae s’est réveillé. L’Agence spatiale européenne a en effet affirmé avoir reçu un signal de 85 secondes de la part de Philae, via la sonde Rosetta, qui l’avait larguée sur la comète Tchouri. Situé dans une zone peu ensoleillée, le robot n’était pas en mesure de puiser l’énergie nécessaire au rechargement de sa batterie alimentée par des panneaux solaires, depuis novembre dernier. La mission de Philae durera au moins jusqu’à décembre prochain. 6 Les Afriques . 25 juin 2015 161 MILLIONS D’EUROS Appui budgétaire de l’Union européenne au Ghana Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité d’élite de l’armée nationale, ne sera finalement pas dissoute, comme l’avait décidé en décembre dernier Yacouba Isaac Zida, PM de la transition du Burkina Faso. Ce dernier considère que l’armée et le Burkina «ont besoin du RSP», un régiment qu’il qualifie d’essentiel pour la sécurité du pays. L’ex-commandant en second de cette unité a de plus affirmé qu’«une bonne place au sein de la nation» sera accordée au RSP d’ici aux élections d’octobre 2015. EN PANNE EN FORME Mohamed Morsi L’acier pénalisé par les mauvais chiffres américains La production industrielle de l'Empire State, qui mesure l'activité manufacturière dans la région de New York, est ressortie à des niveaux inférieurs aux consensus. Un tel état de fait a déçu les investisseurs présents sur le marché des matières premières. L’acier fait partie des matières premières qui ont le plus souffert de ces indicateurs. En milieu de semaine dernière, à la clôture, la tonne s’échangeait à 456 $, soit une baisse de 1%. Pour les semaines à venir, la situation ne devrait pas s’améliorer, notent les analystes. La baisse des stocks américains dope le brut Mercredi dernier, à New York, le baril WTI à 60,36 dollars s’appréciait de 0,65%, tandis qu’à Londres, le baril de Brent à 64,52 dollars a progressé de 1,29%. Les cours du pétrole brut ont ainsi réagi à l’annonce, la semaine achevée le 12 juin, du recul des stocks de brut de 2,7 millions de barils, contre une estimation de baisse de 1,8 million. Entre autres détails des chiffres, les réserves d'essence ont en revanche augmenté de 500 000 barils, alors que le marché s'attendait à une baisse de 800 000 barils. Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) sont presque restés stables, augmentant de 100 000 barils, soit moins que la hausse de 950 000 sur laquelle tablait le consensus. Blé dur et orge : le tritordeum, un croisement sans gluten Le tritordeum, issu du croisement entre le blé dur et une orge sauvage, présente de nombreux avantages nutritionnels et agronomiques. Lancé après plus de 30 ans de développement en Espagne, cette nouvelle céréale «santé» pourrait se développer très prochainement en France. Pour la petite histoire, c’est en 2012 que le tritordeum apparaît sur les marchés espagnol et italien, le tritordeum s’offre comme alternative aux céréales déjà cultivées. Agrasys, une entreprise de Barcelone, détient les droits exclusifs depuis 2006 sur la commercialisation de cette nouvelle céréale. Cours des monnaies et devises 100 dinars Algérie (DZD) = 1,017 $ 100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,042 $ 100 kwanzas Angola (AOA) = 0,909 $ 100 livres Égypte (EGP) = 13,099 $ 100 birrs Éthiopie (ETB) = 4,846 $ 100 cedis Ghana (GHS) = 22,765 $ 100 shillings Kenya (KES) = 1,022 $ 100 dollars Libéria (LRD) = 1,081 $ 100 dirhams Maroc (MAD) = 10,296 $ 100 ariarys Madag (MGA) = 0,031 $ 100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,343 $ 100 roupies Maurice (MUR) = 2,840 $ 100 kwachas Malawi (MWK) = 0,23 $ 100 kwachas Zambie (ZMW) = 13,468 $ 100 dinars Libye (LYD) = 73,196 $ 100 dollars Namibie (NAD) = 8,049 $ 100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $ 100 shillings Somalie (SOS) = 0,144 $ 100 leones S. Leone (SLL) = 0,024 $ 100 dinars Tunisie (TND) = 51,548 $ 100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,044 $ 100 shillings Ouganda (UGX) = 0,031 $ 100 francs Zone CFA (XOF) = 0,171 $ Agenda Cameroun : Salon africain du web et de l’intelligence économique du 24 au 26 juillet 2015 Le Salon africain du web et de l’intelligence économique, qui revendique d’être le plus important rendez-vous professionnel dédié aux services web, e-commerce, e-learning, mobile, veille, influence, marketing digital... attend 3000 visiteurs et professionnels qui auront, entre autres, accès à un cycle de conférences thématiques sur l’impact du web et de la veille stratégique, une zone d’exposition... Mozambique : 9ème Festival mondial de noix de cajou Du 21 au 24 septembre, le Mozambique présentera son 9ème Festival mondial de noix de cajou dans la ville de Maputo. Les défis et les opportunités de l’industrie seront les principaux sujets abordés lors des colloques qui auront lieu au Joaquim Chissano International Conference Centre de Maputo. Outre des expositions, ce festival offrira des sessions B2B. Maroc : Forum africain des infrastructures du 22 au 24 octobre Organisé par i-conférences, le Forum africain des infrastructures (FAI) réunira plus de 300 décideurs régionaux qui débattront sur des enjeux majeurs liés au développement des infrastructures dans leurs composantes routières, portuaires et aéroportuaires, aux partenariats publics et privés ainsi qu’au financement et montage des projets d’infrastructures dans l’Afrique francophone. Cette 8ème édition se déroulera du 22 au 24 octobre 2015 à Marrakech. Côte d’Ivoire : 2ème édition d’Africa Agri Forum les 26 et 27 novembre 2015 Ayant pour thème «Afrique verte : La dynamique agricole en marche», la deuxième édition d’Africa Agri Forum se déroulera les 26 et 27 novembre 2015 à Abidjan. Ce forum, qui accueillera plus de 300 participants, réunira 25 intervenants représentant plus d’une vingtaine de pays. Organisé par i-conférences, l’évènement permettra le débat et l’échange des meilleures pratiques sur les principales thématiques liées au développement du secteur agricole. 25 juin 2015 Les Afriques .7 BRUITS DE MARCHÉ L’Afrique concentre le plus de millionnaires au monde C’est l’Afrique qui enregistre la plus forte croissance d’individus fortunés au monde, selon le cabinet de recherche britannique New World Wealth. En effet, le nombre de particuliers africains qui possède un minimum d’un million de dollars à investir a augmenté de 145 % pendant la période 2000-2014, et ce, alors que le nombre de HNWI n’a augmenté que de 73 % à l’échelle mondiale au cours de ces mêmes 14 années, selon l’Africa 2015 Wealth Report. Au cours des dix prochaines années, une augmentation de 45 % du nombre de HNWI africains est prévue par le New World Wealth. D’ici 2014, l’Afrique atteindrait donc le cap des 234 000 millionnaires. Expansion trop rapide des banques Côte d’Ivoire : Une croissance de 7,9% marocaines en Afrique prévue par le FMI en 2015 Le Fonds monétaire international (FMI) souligne, dans un rapport, l’inquiétude de la Bank Al Maghrib (BAM) quant à la rapide expansion des banques marocaines en Afrique. «La préférence de BAM à ce stade est que les groupes bancaires transfrontaliers marocains consolident leur présence actuelle dans les pays où ils opèrent déjà, en y intégrant leurs normes comptables et leurs systèmes informatiques plutôt que de s’implanter dans de nouveaux marchés», a-t-il précisé. De ce fait, la Banque centrale du Royaume chérifien a demandé à Attijariwafa Bank, à la Banque Centrale Populaire (BCP) et à la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) de freiner leur expansion en Afrique et de s’atteler à approfondir leurs implantations actuelles, et ce, en consolidant leurs opérations dans les 22 marchés africains où elles sont déjà présentes. L’économie ivoirienne devrait enregistrer une croissance de 7,9% en 2015 et de 7,6% en 2016 et 2017, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). De son côté, le gouvernement ivoirien table sur un taux de croissance de 9,4% pour l’année en cours et d’une croissance à deux chiffres pour les années suivantes. La Côté d’Ivoire, qui sort à peine d’une longue crise politico-militaire ayant pris fin en 2011, est en train de relancer son économie. En effet, le premier producteur de cacao au monde a enregistré des taux de croissance économique de 9,8% en 2012, de 8% en 2013 et de 8,5% en 2014. Si le Royaume-Uni sort de l’UE, plusieurs fonds d’investissement quitteront Londres Plusieurs géants du capital-investissement envisagent de quitter Londres vers d’autres pays si le Royaume-Uni sort de l’Union européenne (UE), selon le Sunday Times. Le média précise que « plusieurs managers de fonds d’investissement ont déclaré, sous le sceau de l’anonymat, se préparer à un éventuel « Brexit » (British exit, N.D.L.R.) et avoir constitué des comités chargés d’anticiper un tel scénario ». Le Luxembourg, par exemple, serait une option envisageable par certains fonds, d’après le journal. En effet, cela leur permettrait de se conformer aux réglementations de l’UE qui n’autorisent la vente de produits financiers à l’intérieur du groupe des 28 qu’aux sociétés dont le siège social est situé dans un État membre. Si le Royaume-Uni quitte l’UE, c’est l’Allemagne qui la dominera. 8 Les Afriques . 25 juin 2015 Soudan du Sud : 250 000 Nigéria : 38 millions d’euros pour enfants en famine les nouveaux parlementaires Au Soudan du Sud, «250 000 enfants risquent de mourir de faim», sans compter qu’«un enfant sur trois est sévèrement sous-alimenté», a souligné dans un rapport, Toby Lanzer, coordinateur humanitaire de l’ONU dans ce pays ravagé par 18 mois de guerre civile. Le document prévient d’autant plus que 4,6 millions de Soudanais risquent de gravement manquer de nourriture et que les deux-tiers des 12 millions d’habitants de ce pays ont besoin d’aide. Une enveloppe de 113 millions de $ sera remise par les États-Unis afin de leur apporter une aide en nourriture, en eau potable et en services de secours d’urgence. Un montant global d’environ 38 millions d’euros sera accordé aux nouveaux élus du Parlement et du Sénat nigérians afin qu’ils puissent s’acheter des vêtements, des meubles, un logement et une voiture. Selon le site Quartz Africa, les quatre ans d’indemnité des 360 membres de l’assemblée nationale du Nigéria reviendra à 1 625 euros par mois et à 2 000 euros pour les 109 sénateurs. Parmi les mieux payés au monde, les parlementaires nigérians ont un salaire annuel d’environ 31 millions de naira, soit 12 000 euros par mois, c’est-à-dire plus que les députés français. Dans un pays où le salaire minimum mensuel est de 80 euros, les parlementaires reçoivent donc un salaire mensuel 150 fois plus élevé. D’après le calcul des internautes, les 9 milliards de nairas des 469 membres du Parlement équivalent au salaire de 500 000 fonctionnaires rémunérés au salaire minimum de 18 000 nairas. Après les élections d’avril, la campagne #OpenNASS, lancée par la start-up BudgIT, a demandé à ce que les parlementaires soient moins payés et que le budget soit plus transparent. Niger : Entre 80 000 et 120 000 migrants traverseront le pays en 2015 Les États-Unis donnent 5 millions $ pour lutter contre Boko Haram Les autorités nigériennes estiment que pendant l’année 2015, entre 80 000 et 120 000 personnes tenteront de transiter par le Niger pour se rendre en Afrique du Nord – la plupart en Libye – pour ensuite rejoindre le continent européen. «Malgré les risques encourus et les témoignages des migrants sur les difficultés liées à la migration, de nombreux Nigériens et personnes venant de pays tiers de la région, continuent de tenter la traversée du désert nigérien pour rallier le Maghreb ou l’autre côté de la méditerranée», fait remarquer l’ONU. Plus de 5 000 migrants ont bénéficié de l’assistance de l’ONU entre janvier et mai 2015, dont 656 femmes et 678 mineurs, majoritairement refoulés de la Libye. Il s’agit de plus du double des migrants ayant été assisté l’année dernière à la même période. Les États-Unis contribueront à hauteur de cinq millions de dollars pour aider la force régionale de lutte contre Boko Haram, composée du Nigéria, du Niger, du Tchad, du Bénin et du Cameroun. La secrétaire adjointe du Bureau des affaires africaines des États-Unis a précisé qu’en plus de fournir «des informations, du matériel, du soutien et de l’équipement», ils organiseront «des réunions avec l’équipe d’intervention sous régionale». Le financement de cette force régionale, qui devrait être opérationnelle d’ici le 30 juillet, sera acheminé via l’Union africaine. Elle sera basée dans la capitale tchadienne, N’Djamena, sous commandement nigérian. Une aide bilatérale d’environ 34 millions de dollars avaient déjà été donnée à ces pays par les USA. Sahara : Découverte des restes de 30 migrants L’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a annoncé la découverte, au Niger, des restes de 30 migrants décédés dans le Sahara, il y a plusieurs mois. Le décès de 18 autres migrants a aussi été annoncé par l’OIM. Partant d’Arlit en direction de l’Algérie, ces derniers sont morts de soif et d’épuisement, autour du 3 juin, après avoir perdu leur chemin dans une tempête de sable. D’après les estimations de l’OIM, près de 100 000 migrants tenteront de traverser le Sahara, cette année, parmi lesquels plusieurs centaines pourraient mourir. Depuis janvier, 5 100 migrants ont obtenu l’assistance des autorités nigériennes. Puisqu’il n’y a pas d’opération de secours dans le Sahara, sa traversée peut être tout aussi meurtrière que celle de la Méditerranée, souligne le général William Lacy, directeur de l’OIM. Ainsi, beaucoup de ces décès ne sont pas recensés. 25 juin 2015 Les Afriques .9 BRUITS DE MARCHÉ Égypte : Commande d’une soixantaine de missiles air-sol Un important contrat de livraison de missiles air-sol AASM Hammer (Armement Air-Sol Modulaire) a été signé entre l’Autorité de l’armement du Ministère de la défense égyptien et de la société française Sagem. L’acquisition de cette soixantaine de missiles guidés de précision fait suite à celle, en février 2015, de 24 chasseurs omni-rôle Rafale de Dassault Aviation par l’Égypte auprès de la France. D’une portée supérieure à 60 km, le missile AASM Hammer «donnera aux Rafale de l’armée de l’air égyptienne, un avantage opérationnel significatif par une capacité à conduire des frappes au sol très précises en tout temps, de jour comme de nuit, contre des cibles fixes et mobiles, et ceci, en limitant les risques de dommages collatéraux». Mali : Le barrage de Kenié lancé par Eranove Algérie : Inauguration du premier hypermarché Carrefour À travers sa filiale Kenié Énergie Renouvelable, le groupe panafricain Eranove et le gouvernement de la République du Mali ont signé une convention de concession d’une durée de 30 ans pour le financement, le développement, la construction et l’exploitation du barrage hydroélectrique de Kenié, à Baguinéda sur le fleuve Niger, situé à 35 km à l’est de Bamako. Avec une puissance installée de 42 MW, le barrage de Kenié produira environ 175 gigawatts-heures (GWh), d’après les premières simulations. Cette estimation correspond à la consommation annuelle moyenne de 175 000 foyers équivalents. La construction du barrage, qui permettra au Mali de mieux exploiter son potentiel hydroélectrique et par le fait même de réduire sa dépendance aux hydrocarbures importés, devrait démarrer en 2016 pour une mise en service en 2020. Après six ans d’absence en Algérie, Carrefour y a inauguré son premier hypermarché. S’étalant sur une superficie de 4 000 m2 et employant 300 personnes, le Carrefour des Bananiers, est situé sur la commune de Bab Ezzouar. Cette installation du groupe français de grande distribution dans ce pays d’Afrique du Nord est pilotée par la société Hyper Distribution Algérie (HDA). Au milieu des années 2000, Carrefour s’était implanté en Algérie en association avec le groupe algérien Arcofina. Toutefois, Arcofina avait ensuite ouvert son propre hypermarché sous la marque Ardis, ce qui avait engendré la fermeture de Carrefour. Lancement de la ligne Bruxelles-Accra par Brussels Airlines Lancée par Brussels Airlines, la nouvelle ligne, Bruxelles-Accra, desservira la capitale ghanéenne, Accra, avec quatre vols hebdomadaires à partir du 26 octobre prochain, devenant ainsi la 16ème destination de la compagnie aérienne belge en Afrique de l’Ouest. Ces vols, qui seront opérés avec des avions de type Airbus A330, auront lieu les lundis, mercredis, vendredis et samedis avec un départ de Bruxelles pendant la matinée et un départ d’Accra en soirée. Grâce à ces horaires de vols sans escale, des connexions avec de nombreux vols vers et en provenance de l’Europe et des États-Unis seront possibles. Brussels Airlines desservira également Lomé au Togo, quatre fois par semaine plutôt que deux ainsi que les villes de Cotonou au Bénin et d’Ouagadougou au Burkina Faso, trois fois au lieu de deux. 10 Les Afriques . 25 juin 2015 Plus de 85% des Africains exclus du système bancaire En Afrique, plus de 85 % des populations sont exclues du système bancaire et n’ont pas accès aux services financiers, selon Fabrice Kom Tchuenté, directeur exécutif du Cabinet financier FinAfrique. Cette situation perdurent malgré les 25 bourses de valeurs que compte le continent, les banques qui se créent chaque jour et la micro-finance en plein essor. Bien qu’au Kenya, le mobile banking initié par l’opérateur de téléphonie mobile Safaricom a permis d’inclure 80 % de la population dans le système bancaire, l’inclusion financière atteint moins de 20 % en Afrique subsaharienne et la bancarisation se situe autour de 15 % en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, en Afrique subsaharienne, l’épargne formelle est de 10 % contre 25 % dans le secteur informel. Un contexte qui traduit le manque d’éducation financière auprès de la population et donc l’urgence de la familiariser aux services financiers. À titre informatif, 125 millions d’Africains reçoivent leur salaire en espèces comparativement à 440 millions de personnes dans les pays en voie de développement. Nigéria : Une liste noire des mauvais payeurs sera publiée par Stanbic IBTC Bank Nouveau partenariat entre la Fondation BGFIBank et les Éditions du Jaguar Conformément à la nouvelle directive de la Banque centrale du Nigéria, une liste des emprunteurs défaillants sera publiée par Stanbic IBTC Bank. Cette filiale nigériane du groupe bancaire sud-africain Standard Bank sera parmi les premières banques à publier une telle liste depuis que le système bancaire nigérian ait ordonné aux établissements de crédit de serrer la vis en ce qui Dans la continuité de sa stratégie de partenariat dans le domaine de l’éducation, la Fondation BGFIBank a renouvelé son partenariat avec les Éditions du Jaguar pour la publication d’un nouvel ouvrage d’histoire qui, cette fois-ci, mettra à l’honneur le Congo. Présenté sous une forme pédagogique qui privilégiera les temps forts et les grandes figures de l’histoire, de l’origine à nos jours, ce livre s’intitulera «L’histoire du Congo racontée à nos enfants». À travers des écrits et des illustrations, les lecteurs pourront donc découvrir la riche histoire du royaume Kongo, fondé par Néné Miniloukeni. Ce livre sera à la disposition des élèves des établissements primaires et secondaires du Congo à partir du premier trimestre 2016. concerne les prêts non-performants, et ce, dans le but de se protéger d’une crise financière comme l’avait connue le pays en 2009 et qui avait coûté 4 milliards de dollars à l’État. Par ailleurs, la nouvelle directive de la Banque centrale impose aux banques d’accorder un délai de trois mois aux mauvais payeurs afin qu’ils puissent régler leur situation, sans quoi ils verront leurs noms publiés dans des médias locaux, ce qui les privera d’obtenir de nouveaux prêts et de détenir des titres de dette de l’État. MasterCard et Ecobank s’associent pour offrir à 32 pays africains des solutions de paiement ? Un accord a été signé entre le groupe bancaire panafricain Ecobank et le système de paiement MasterCard pour offrir des solutions de paiement dans 32 pays d’Afrique subsaharienne. L’objectif de cet accord est d’accroître l’utilisation et l’acceptation des solutions de paiement électronique dans la région. Au cours des dix prochaines années, il prévoit l’émission de cartes de débit, de cartes prépayées et de cartes de crédit au profit de plusieurs millions de clients dans les pays concernés. L’accord comprend également l’installation de milliers de terminaux de paiement électronique auprès des commerçants et des enseignes de grande distribution. Au total, plus de 1 300 agences d’Ecobank émettront des cartes MasterCard. 25 juin 2015 Les Afriques . 11 ARRÊT SUR IMAGE 12 Les Afriques . 25 juin 2015 Egypte Le 20 juin 2015 Le Caire, Abdel Fattah al-Sissi, président égyptien (à droite) de la réunion de l'Egypte reçoit Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères (2ème à droite), en présence de Sameh Shoukry, ministre égyptien des Affaires étrangères (2ème à gauche). Au menu des discussions, le chef de la diplomatie française, qui doit rencontrer d'autres responsables arabes, le processus de paix au Moyen-Orient. 25 juin 2015 Les Afriques . 13 VERBATIM Partenaire «La France est le premier partenaire économique de l’Algérie, entend le rester et même entend encore développer sa présence» François Hollande, président de la République française. Héros «Les entrepreneurs africains sont des héros du quotidien qui se battent dans un environnement très compliqué et avec des moyens limités» Jean-Michel Severino, président d'Investisseurs & Partenaires (I&P). Capacité «Si vous prenez l'aide alimentaire ou toute autre forme d'aide, c'est parce que nous n'avons pas les capacités de produire nous-mêmes ce dont nous avons besoin ou bien parce que nous n'avons pas les ressources nécessaires pour réaliser les infrastructures dont nous avons besoin et parce que nous n'avons pas les capacités techniques. Pour arriver à lever ces contraintes, il faut vraiment suffisamment investir dans la formation. Si on a une masse critique de compétences suffisantes, on peut se passer de l'aide» Uhuru Kenyatta, président du Kenya. Femmes «Les femmes vont changer l’Afrique. Les femmes feront une Afrique meilleure» James Michel, président des Seychelles. Injustice «Aujourd'hui, plus de 62 millions de filles (dans le monde, NDRL) sont en dehors du système scolaire. Une injustice déchirante qui les prive de la chance de développer leur potentiel» Michelle Obama, Première dame des États-Unis. Opportunité «Notre littoral et nos cours d'eau sont parmi les plus importants dans le monde et offrent beaucoup d'opportunités pour nous (…). Nous devons prendre en charge notre espace océanique» Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l’Union africaine. Siège «Ici, ce n’est pas le siège de la CPI. La CPI, nous n’en voulons pas du tout sur le continent» Robert Mugabe, président de l’Union africaine et de la République du Zimbabwe. Réaliser «Nous pensions que l'Afrique serait la prochaine Asie (un continent qui a connu une forte croissance, NDLR), mais nous avons réalisé que la classe moyenne, ici dans la région, est très petite et n'est pas vraiment en progression» Cornel Krummenacher, responsable de la zone de l'Afrique équatoriale chez Nestlé. Soutenir Résister «Cette année, plus de 40 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, capables de résister aux systèmes de défense antiaérienne les plus sophistiqués, seront déployés au sein des forces nucléaires russes» Vladimir Poutine, président de la Russie. 14 Les Afriques . 25 juin 2015 «Je soutiens pleinement les efforts du Comesa, de la CAE et de la SADC dans la construction de la zone de libre-échange tripartite et mes services continueront à travailler avec ces organisations pour traduire les engagements en résultats concrets» Neven Mimica, commissaire européen à la Coopération internationale et au développement. BANQUES & ASSURANCES MOBILE FINANCE La Banque mondiale, vecteur en Afrique centrale Première assemblée générale du fonds Africa50 à Casablanca Un atelier sous-régional organisé du 17 au 18 juin 2015 à Douala par cette institution financière internationale à l’intention des pays d’Afrique centrale pour la vulgarisation de la finance digitale. Le fonds Africa50, l’instrument financier de la BAD dédié à l’impulsion des investissements en infrastructures sur le continent africain, tiendra sa 1ère Assemblée générale à Casablanca Finance City. La Banque africaine de développement a déjà obtenu des engagements de souscription fermes de 15 pays, pour un total de près de 700 millions de $. En effet, réunis le 25 mai à Abidjan, les actionnaires fondateurs d’Africa50 avaient fixé au 15 juin courant la date limite de soumission des engagements. Ce qui laisse espérer que le montant d’un milliard de dollars soit rapidement atteint à Casablanca. Il est prévu une augmentation de capital pour atteindre un milliard de $. Donald Kaberuka, président sortant de la BAD, en est convaincu. Il a soutenu naguère qu’à ce rythme, Africa50 atteindra certainement le milliard de dollars de souscriptions au capital d’ici à la date limite fixée. Rappelons que le fonds, créé en mai 2013 par les ministres des Finances africains réunis à Marrakech à l’occasion de l’assemblée annuelle de la BAD, entend accompagner les gouvernements. L’ Le groupe Banque populaire Maroc 5000 m² à CFC unanimité se dégage autour du postulat selon lequel le boom du téléphone portable constitue le principal facteur de la vulgarisation de la finance mobile à travers le continent africain. Encore appelé la finance digitale, le mobile finance qui est une offre des services financiers à travers les Technologies de l’information et de la communication (TIC), entre autres, le téléphone mobile, la monnaie électronique sans oublier des agents de paiement, connaît plutôt un développement promoteur en Afrique, bien qu’il y ait des disparités criardes d’une région à une autre. Dans cette perspective, la Banque mondiale a organisé, du 17 au 18 juin 2015 à Douala, un atelier sous- 16 Les Afriques . 25 juin 2015 régional à l’intention des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Objectif, trouver des voies et moyens pour l’émergence du mobile finance dans cette partie du continent qui connaît un taux de pénétration appréciable du téléphone mobile. Il était question pour les participants de réfléchir sur la problématique permettant une vulgarisation du banking money, entre autres comment concilier l’ouverture à l’expérimentation et l’innovation technologique en tenant compte du cadre juridique, comment réglementer et protéger l’émission de nouveaux instruments de paiement numérique tels que la monnaie élec- La Banque mondiale booste le mBanking Le mobile finance connaît plutôt un développement promoteur en Afrique, bien qu’il y ait des disparités criardes d’une région à une autre. La future City de Casablanca, place financière internationale de Casablanca, baptisée Casablanca Finance City, va compter parmi ses «gros clients» le groupe Banque Populaire. Selon des sources dignes de confiance, le groupe mène une transaction avec l’Agence d’urbanisation et de développement d’Anfa (AUDA). Les négociations autour de 110 millions de dh, portent sur un terrain d’environ 5 000 m² (22 000 dh/m²), où sera érigée une tour de la BP. Cette décision d’investir CFC s’inscrit dans la démarche du groupe BP qui est fortement ouvert sur les activités internationales, notamment en Afrique. tronique (e-money), sans oublier des aspects liés à la supervision de la finance digitale, ainsi que la supervision et la réglementation des réseaux d’agents tiers. Raison pour laquelle, outre des représentants de la Banque mondiale et des pays des la Cemac, l’atelier de Douala a vu la participation des experts de l’inclusion financière, notamment les banques et les établissements financiers, les opérateurs de téléphonie mobile, les fournisseurs des services de paiement, les agents de gestion des réseaux, les régulateurs et les superviseurs bancaires, les spécialistes et des régulateurs des de télécommunications, des partenaires au développement. Faible taux de bancarisation Au regard des mutations socioéconomiques à travers le continent, l’organisation de cet atelier sur le mobile finance revêt une importance capitale, ont souligné les organisateurs car il intervient dans un contexte particulier, où des spécialistes du secteur bancaire reconnaissent de manière unanime le rôle primordial du banking money dans une perspective de l’inclusion financière. Si certaines sources situent à 15 millions le nombre de personnes ayant accès au mobile money en Afrique subsaharienne, la Banque mondiale estime que le mobile finance apparaît comme un moyen d’accéder rapidement aux services financiers pour les pauvres. La démocratisation du mobile money au Kenya, en Ouganda ou en Tanzanie a démontré que les services de paiement électronique peuvent être étendus à la masse à moindre coût. En tout état de cause, l’Afrique centrale constitue un terrain en friche pour l’implémentation de la finance digitale, surtout que le taux de bancarisation y est très faible, moins de 20% selon la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Or, des raisons d’espérer sont réelles, surtout lorsqu’on voit l’engouement avec lequel des populations des zones rurales et semi-urbaines s’approprient le mobile finance pour régler des paiements. Loin d’être en opposition avec la bancarisation, le mobile banking constitue un moyen plus simplifié pour effectuer des opérations financières sans dépendre nécessairement d’une structure bancaire. Reste à mettre en place la batterie technique et réglementaire nécessaires pour une émergence efficiente du mobile finance en Afrique centrale. Achille Mbog Pibasso, Douala Le 1er Symposium La Banque fiscal africain à Limondiale estime que le vingstone en Zambie Bureau international de documenmobile finance Le tation fiscale (IBFD) vient d’organiapparaît ser son tout premier Symposium fiscal africain les 18 et 19 juin 2015 à comme un Livingstone, en Zambie. La rencontre, moyen axé sur «Les tendances de la fiscalité d’accéder internationale : une perspective africaine», a permis de dresser une image rapidement de la fiscalité internatioaux services exhaustive nale à l'heure du Plan d'action BEPS financiers pour (Base Erosion and Profit Shifting, l'érosion de la base d’imposition et le les pauvres. transfert de bénéfices), particulièrement sur l'Afrique. Selon les initiateurs, des conférenciers de renom, dont des experts fiscaux d’IBFD spécialisés sur l'Afrique, ainsi que d’éminents fiscalistes et professeurs, ont participé à l’événement. Parmi ceuxci, Belema Obuoforibo, directrice du Centre de Recherche et d’Expertise d’IBFD, et Kennedy Munyandi, directeur d'IBFD pour l'Afrique, le MoyenOrient et l'Amérique latine. Rencontres régionales BMCE Bank Pour rehausser le taux de bancarisation Les Rencontres Régionales des Pros est le nouveau concept de BMCE Bank. Dans un document, qui nous est parvenu, le groupe dévoile qu’un mois après le lancement de sa campagne de communication dédiée aux Professionnels, il organise sa première rencontre avec son cœur de cible et concrétise ainsi ses promesses d’accompagnement et de conseil. Les Rencontres Régionales des Pros By BMCE Bank se déclinent sous forme de rendez-vous désormais régulier entre BMCE Bank et ses clients et prospects. La première édition vient d’avoir lieu le samedi 13 juin 2015 à Agadir. Cette rencontre a tourné autour du thème : «Quels plans de retraite et d’épargne pour les professions libérales ?». Compte tenu du succès de cette première, Les Rencontres seront reconduites dès la rentrée dans d’autres villes du royaume, avec des thématiques adaptées à chaque région. 25 juin 2015 Les Afriques . 17 ENTREPRISES & MARCHÉS CREDITS CARBONE Première transaction intra-africaine en Afrique de l’Ouest Une transaction crédits carbone a été réalisée, le 15 juin 2015, entre ecosur afrique, leader de la finance carbone en Afrique, Investisseurs & Partenaires (I&P), famille de fonds d’impact dédié aux PME africaines, et Volta Car Services (VRS), loueur de voitures en Afrique de l’Ouest. L a première transaction de crédits carbone, impliquant un vendeur et un acheteur de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, vient d’être effectuée. Structurée par ecosur afrique, l’opération permet aux clients de VRS de compenser les émissions de CO2 des véhicules loués au Ghana, Côte d’Ivoire et Sénégal. Thomas Crand, co-fondateur de VRS, a alors défendu le développement d’une stratégie environnementale forte. Il a ajouté que les émissions CO2 (gaz carbonique) sont au cœur de leurs préoccupations. S’il s’agit d’un choix pionnier et différenciant sur le marché ouestafricain, les responsables souhaitent qu’il devienne un standard pour l’ensemble des acteurs du secteur. Ils 18 Les Afriques . 25 juin 2015 ont aussi indiqué que VRS agrègera trimestriellement les clients intégrant le programme «neutre en carbone» pour l’ensemble de la flotte concernée. Par conséquent, les acquisitions de crédits de carbone correspondant seront effectuées, selon la même périodicité. Opération foyers améliorés Les crédits de carbone, ou réductions d’émissions, base de la compensation, sont générés grâce à la dissémination de foyers de cuisson efficaces en Côte d’Ivoire. Les foyers sont installés dans le cadre du programme «Soutra Fourneau», financé et exploité par ecosur afrique. Ils permettent de réduire la consommation de charbon de bois Un parc éolien pour réduire les émissions de gaz à effet de serre Les crédits de carbone, base de la compensation, sont générés grâce à la dissémination de foyers améliorés en Côte d’Ivoire. Création d’un «Fonds régional de bourses d'études et d'innovation» pour l'Afrique Un «Fonds régional de bourses d'études et d'innovation» pour l'Afrique a été lancé le 13 juin 2015. Il devra être opérationnel d'ici juin 2016. La cérémonie de lancement a été présidée par Macky Sall, président du Sénégal, et des représentants des chefs d'État de l'Éthiopie et du Rwanda. Les gouvernements africains participant, ainsi qu'un nouveau collectif composé de personnalités éminentes du monde des affaires, l'«Africa Business Champions for Science», se sont engagés, lors du lancement, à réunir la somme de 5 millions de $. Le Fonds contribuera au programme «Partenariat pour le développement des compétences en sciences appliquées, en ingénierie et en technologie (PASET)» de la Banque mondiale dont l'objectif est d'octroyer 10 000 bourses de doctorats sur 10 ans, afin de soutenir la recherche et l'innovation en matière de sciences appliquées, d'ingénierie et de technologie. Pour rappel, le groupe «Africa Business Champions for Science» est présidé par le Dr Álvaro Sobrinho, homme d'affaires angolais. B2Gold pour un regain d’exploration en Namibie Après le démarrage des opérations de B2Gold Namibie à la mine d'or près d’Otjikoto Otavi, la compagnie minière compte investir plusieurs autres sites pour explorer d’autres métaux. En effet, elle étudie actuellement les procédures pour obtenir 3 nouvelles licences à travers le pays. Confirmation de Gretha du Plessis, directeur des relations publiques de B2Gold, soutenant que le travail de terrain et des réunions publiques pour l'évaluation d'impact environnemental ont été effectuées. Elle a ajouté que des rapports pertinents ont été rédigés dans ce sens. des utilisateurs (restaurants, cantines,..). L’utilisation du charbon et du bois pour la cuisson d’aliments demeure l’une des principales sources de déforestation et d’émissions CO2 en Afrique de l’Ouest. Au-delà de l’aspect environnemental, les bénéfices induits sont nombreux : redistribution de pouvoir d’achat aux consommateurs, diminution des fumées nocives, temps de préparation réduit de moitié. Justement, Fabrice Le Saché, directeur général d’ecosur afrique, a présenté le contexte de cette transaction pionnière. De son avis, les échanges de crédits de carbone sont historiquement structurés des pays en développement vers les pays industrialisés. Nous sommes convaincus que l’avenir du marché se situe, pour partie, dans le développement de flux Sud-Sud, intraafricains notamment. Il a précisé que «nous travaillons depuis plusieurs années notre offre de crédits carbone afin de créer les conditions de liquidités suffisantes pour l’émergence d’un tel marché. Avec plus de 40 projets dans 17 pays, nous disposons aujourd’hui du 1er portefeuille de crédits carbone africains tant par son volume que par sa diversité. Il nous faut désormais accroître et fluidifier la demande. Des transactions similaires liées à la compensation des émissions CO2 sont en cours de négociation avec des chaînes hôtelières, des transporteurs et des agroindustriels africains». Le soutien d’un fonds d’investissement En tant qu’investisseur de référence de VRS, I&P a joué un rôle majeur dans la réalisation de l’opération. Le fonds a engagé de façon exemplaire une action de compensation de ses propres émissions CO2 et a proposé cette solution à certaines entreprises de son portefeuille, plus particulièrement celles exposées à cette problématique (logistique, transport commercialisation de produits frais). «I&P démontre, à nouveau, son engagement entrepreneurial et pionnier, à la fois pour renforcer le modèle économique de ses participations, pour leur offrir des solutions distinctives sur leur marché et pour les accompagner vers une performance environnementale et sociétale, gage d’une pérennité économique», a soutenu Jean-Michel Severino, président d’Investisseurs & Partenaires. Abdelmalek El Mekkaoui, Abidjan Des transac- Maroc : tions similaires Amélioration du taux de couverture liées à la les derniers chiffres de compensation D’après l’Office des changes, les échanges des émissions extérieurs du Maroc ont été marqués à fin mai 2015 par une améCO2 sont en lioration du solde commercial de cours de 21,41 milliards de dirhams. En glisnégociation sement annuel, cela représente un avec des allégement du déficit commercial de 25,3%. Le déficit commercial chaînes établi à 63,12 milliards de dihôtelières, des s’est rhams à fin mai 2015, contre 84,54 transporteurs milliards de dirhams un an auparavant. Et dans ce sillage, le taux de et des agrocouverture des importations par industriels les exportations a gagné 8,7 points africains». s’élevant à 59,1% contre 50,4% à fin mai 2014. Cette évolution est imputable à la hausse de 5,8% des exportations (91,03 milliards de dirhams contre 86 milliards de dirhams), conjuguée à une baisse de 9,6% des importations, soit 154,15 milliards de dirhams contre 170,55 milliards de dirhams… Jean-Michel Severino, président I&P Quelque 1,4 million de carats de diamant brut vendus par le Zimbabwe Du début de l’année au 5 mai, le Zimbabwe a vendu 1,4 million de carats de diamants bruts d'une valeur de 75,92 millions de $. Données de la Minerals Marketing Corporation of Zimbabwe (MMCZ) qui a précisé que sur cette période un total de 1 410 446,44 carats de diamants bruts ont été vendus. Dans le détail, les ventes de mars, 555 889,59 carats pour 26,5 millions de $, tandis que pour le mois d’avril, 255 346,12 carats ont permis de glaner 15,5 millions de $. La dernière vente du 5 mai 2015, portant sur 250 476,86 carats, a généré 13,8 millions de $. En janvier et en février, le Zimbabwe a réalisé respectivement 11,3 millions de $ et 8,6 million de $ pour des ventes successives de 205 863,27 carats de diamants bruts et 142 870,60 carats. 25 juin 2015 Les Afriques . 19 ENTREPRISES & MARCHÉS INTERVIEW AMINA ZEGHAL «Créer un pôle régional d’excellence» Soutenue par la Fondation Dauphine et des partenaires financiers qui croient à la filière de l'enseignement privé, l'université Dauphine Tunis entend se positionner en pôle régional d'excellence, rayonnant au-delà de la Tunisie sur le Maghreb, le Proche-Orient et l'Afrique au sud du Sahara, bref en plateforme d'excellence en Afrique. Entretien avec Amina Zeghal, DG Dauphine Tunis. L es Afriques : Depuis quand Dauphine Tunis est-elle fonctionnelle et quelle en a été la genèse ? Amina Zeghal : L’Université Dauphine| Tunis a installé le campus de Tunis en 2009. C’est le premier campus international de l’université. La démarche est partie d’une vocation du président de Dauphine, Laurent Batsch, de créer un pôle régional d’excellence dans les sciences des organisations et de la décision, rayonnant au-delà de la Tunisie sur le Maghreb, le Proche-Orient et l’Afrique subsaharienne. LA : Quels types de soutiens financiers avez-vous reçus pour entamer le projet ? A.Z. : Le campus tunisien de l’Université Paris Dauphine bénéficie du soutien de la Fondation Dauphine qui a financé en partie le projet et qui a octroyé des bourses pour les 20 Les Afriques . 25 juin 2015 étudiants africains. Le projet de Dauphine Tunis est ancré en Tunisie, grâce à l’appui financier et logistique de banques et d’entreprises tunisiennes. LA : Aujourd'hui, quelles sont les nationalités des étudiants inscrits dans votre campus ? A.Z. : Aujourd’hui, nous avons une majorité d’étudiants tunisiens, mais Dauphine Tunis a pour vocation de devenir une plateforme éducationnelle d’excellence en Afrique. Nous avons lancé depuis peu une campagne de communication et de recrutement en ce sens et allons offrir une bourse pour les étudiants africains les plus méritants. Nous souhaitons nous positionner comme un hub qui permet aux étudiants africains, dont certains ne peuvent pas accéder à l’Europe pour diverses raisons, de prétendre à une formation d’excellence. Amina Zeghal, directrice générale de Dauphine Tunis Dauphine Tunis a pour vocation de devenir une plateforme éducationnelle d’excellence en Afrique. LA : Croyez-vous que les fonds d'investissements et les banques assistent plus facilement les étudiants, les opérateurs... ? A.Z. : Aujourd’hui, la genèse même du campus Tunis est une façon de pallier le souci d’accès aux financements: une solution qui permet aux étudiants africains de bénéficier de la formation de l’université Paris Dauphine à moindres coûts. LA : Comment se porte le secteur de la formation privée en Tunisie ? A.Z. : L’Université Paris Dauphine est la première université internationale qui s’est installée en Tunisie. C’est le même diplôme qui est délivré à Tunis et à Paris. Par ce fait, elle constitue l’unique université dans le paysage de la formation privée en Tunisie à délivrer un diplôme international reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur tunisien. Propos recueillis par Daouda MBaye MAROC Deux femmes à la tête d’Inwi et de la SNI Autant Inwi que la SNI ont nominé une femme à la tête de leur entreprise. Le conseil d’administration d’Inwi a choisi Nadia Fassi Fehri pour le poste de PDG, tandis que la Société nationale d’investissement (SNI) a confié le poste de directrice exécutive à Noufissa Kessar. P ar ces nominations, l’opérateur téléphonique et la SNI profiteront des compétences de ces deux femmes au long parcours scolaire et professionnel. En effet, Nadia Fashi Ferri est diplômée de l’École polytechnique de Paris et de l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Elle est également brevetée de l’Université de Paris VII-Jussieu en mathématiques financières ainsi que d’une MBA exécutive de l’ESCP-EAP. Noufissa Kessar, elle, est diplômée de l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Des carrières d’envergure Nadia Fassi Fehri a débuté sa carrière en 1996 à titre d’ingénieur au sein de la filiale minière du groupe Managem. Elle est ensuite devenue directrice générale de Navera en 2005, puis directrice des Ressources humaines, de la Communication et des Supports au siège de l’Omnium Nord Africain (ONA) l’année sui- vante. Après avoir gravi tous ces échelons, Nadia Fassi Fehri assurera donc le rôle de PDG opérationnel chez Inwi. De son côté, Noufissa Kessar a lancé sa carrière en Suisse, en tant qu’ingénieur cadre à la direction de l’organisation du groupe Nestlé. À son retour au Maroc, en 1990, elle a intégré la Banque Commerciale du Maroc au sein de la division des Groupes et des Grandes entreprises, une division qu’elle aura ensuite pour tâche de diriger. Elle deviendra également PDG d’Attijari Finances Corp., une filiale d’Attijariwafa bank qu’elle avait participé à créer. Puis, Noufissa Kessar a fondé la direction des financements structurés de ce groupe bancaire et financier marocain avant d’y être nommée directrice exécutive. Désormais directrice exécutive de la SNI, elle représentera la société au sein des conseils d’administration de plusieurs filiales. Marie-Pier Boucher, Casablanca Le 3ème opérateur de télécoms, drivé par Nadia Fassi Fihri Avec ces nominations, le Maroc prend à bras le corps, la problèmatique genre... Implantation d’une usine Dolidol (matelas) en Côte d’Ivoire Groupe Palmeraie Industries & Services, qui commercialise Dolidol et fabrique à Casablanca la célèbre marque de matelas Therapedic, franchit une première étape dans son déploiement en Afrique subsaharienne. Une démarche de multinationale avec la convention pour la construction d’une usine de mousse polyuréthane et de literie Dolidol, située à Yopougon, dans la zone industrielle d’Abidjan en Côte d’Ivoire, nécessitant un investissement de 11 millions d’euros pour une unité industrielle de pointe. Le Groupe Palmeraie Industries & Services a annoncé la signature d’une convention avec l’Etat ivoirien pour l’implantation d’une nouvelle usine Dolidol en Côte d’Ivoire L’accord a été signé par Jean-Claude K. Brou, ministre ivoirien de l’Industrie et des Mines, et Saad Berrada Sounni, Président du Groupe Palmeraie Industries & Services, en présence de Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires Etrangères et de la Coopération et Charles Koffi Diby, ministre ivoirien des Affaires Etrangères. « Nous sommes heureux de pouvoir concrétiser notre engagement auprès de l’Etat ivoirien et de poursuivre notre accompagnement de la vision continentale du Royaume. La qualité du partenariat que nous avons avec l’Etat ivoirien nous a permis de travailler de manière rapide et efficace depuis la présentation du projet en janvier», a déclaré M. Saad Berrada Sounni, Président du Groupe Palmeraie Industries & Services. Pour mémoire, le coup d’envoi des travaux de construction de l’usine Dolidol dans la capitale ivoirienne a été donné en avril. Elle génèrera 300 emplois directs et sera opérationnelle à partir de début 2016. La capacité annuelle de production pourra atteindre ainsi 6000 tonnes de mousse polyuréthane avec une production journalière de 1 500 matelas. 25 juin 2015 Les Afriques . 21 ENTREPRISES & MARCHÉS Un consortium indochinois pour la construction des automobiles au Cameroun La convention signée entre ce consortium et le gouvernement camerounais devrait déboucher sur la livraison des premiers véhicules dans un an et demi. L e Cameroun sera bientôt doté de deux usines d’assemblage et de montage d’automobiles chinoise et indienne. Dans ce cadre, la société indienne Azad Coach et ses homologues chinoises Gac Gonow et Yutong, leader de la construction automobile en Chine et troisième au monde, ont signé le 11 juin 2015 à Yaoundé avec le gouvernement camerounais, une convention de partenariat pour la construction de deux unités de montage de véhicules à Douala et à Kribi. Le consortium indochinois, qui a pour partenaire au plan local la Cameroon automobile industry company (Caic), a annoncé un programme d’investissement de 92 milliards de f CFA. Ce projet bénéficiera de la loi portant incitations à l’investissement privé au Cameroun, qui octroie des exonérations fiscalo-douanières aux entreprises sur une période al- 22 Les Afriques . 25 juin 2015 lant de 5 à 10 ans, aussi bien pendant les phases d’installation que de production. Les deux projets devraient générer 4 620 emplois directs au cours des 15 premières années d’activités alors que «les premiers véhicules seront sur le marché dans environ un an et six mois», a indiqué Manoj Khiyani, le directeur général de Caic. L’installation d’unités de montage de véhicules sur le territoire camerounais suscite beaucoup d’espoir, aussi bien chez les pouvoirs publics qu’au sein de la population, notamment en ce qui concerne la possibilité de voir les prix des véhicules neufs devenir plus abordables. Encore selon une étude, plus de 90 % des véhicules en circulation au Cameroun sont de seconde main. Toutefois, ce n’est pas le premier projet du genre à être annoncé au Cameroun puisqu’en 2006, en préparant le lancement de la société Usine d’assemblage et de montage d’automobiles Les deux projets devraient générer 4 620 emplois directs au cours des 15 premières années d’activités. «Le Bus», spécialisée dans le transport urbain de masse dans la capitale camerounaise, la firme américaine Transnational Automotive Group (Taug), qui a depuis lors revendu ses actifs dans «Le Bus» à un investisseur zimbabwéen, avait déjà annoncé la construction d’une unité de montage de véhicules à Limbé, dans la région du Sud-Ouest. A cause du faible pouvoir d’achat des populations, le Cameroun est un grand consommateur de véhicules de seconde main généralement importés d’Europe, principalement de l’Allemagne, de la Belgique et de la France. Les véhicules neufs, jugés trop chers, sont généralement acquis par l’administration publique et les entreprises, qui sont les principaux clients des concessionnaires automobiles en activité dans le pays. Achille Mbog Pibasso, Yaoundé POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE LIBYE Une autre mort pour Mokhtar Belmokhtar Déjà annoncé mort à plusieurs reprises dans le passé, Mokhtar Belmokhtar, chef djihadiste algérien, aurait, cette fois-ci, succombé à l’attaque d’un raid aérien américain en Libye. D’ après un responsable du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, une frappe de l’armée américaine aurait visé une ferme située à Ajdabiya, à 160 km à l’ouest de Benghazi, chef-lieu de l’est libyen, où Mokhtar Belmokhtar «tenait une réunion avec d’autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d’Ansar Asharia», un groupe libyen lié à Al-Qaïda et classé terroriste par l’ONU. Il s’agit toutefois d’une information à prendre avec précaution puisque cette zone échappe au contrôle du gouvernement de Tobrouk et que «le borgne», de son surnom, a été déclaré mort ou porté disparu une dizaine de fois entre 2012 et 2015. Une mort non confirmée Le Pentagone a confirmé la frappe aérienne, mais n’a émis aucun détail quant au sort de celui qui est considéré comme la figure de l’insurrection djihadiste en Afrique du Nord et au Sahel. «Nous continuons à évaluer les résultats de l’opération et fournirons plus de précisions de manière appropriée», a fait savoir Steve Warren, colonel américain et porte-parole de la Défense des États-Unis. Un groupe islamiste d’Ajdabiya a publié des photographies de corps sans vie ainsi que leurs identifications sur une page Facebook, mais Mokhtar Belmokhtar ne figure pas parmi les sept morts comptabilisés par les djihadistes. Mokhtar Belmokhtar Souvent tué ou porté disparu Chef de l’unité combattante les «Signataires par le sang» qu’il a fondés à la fin 2012, Mokhtar Belmokhtar est à l’origine de la prise d’otages du complexe gazier algérien d’In Amenas ayant engendré, en janvier 2013, la mort d’une quarantaine de personnes travaillant sur le site. Trois mois plus tard, en avril, des forces tchadiennes affirmaient avoir tué l’Algérien dans le nord du Mali; une mort démentie quelques jours plus tard par un djihadiste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). L’an- Si le décès, en Libye, de l’exchef d’AQMI se confirme, cela représenterait une véritable réussite pour les Américains. née précédente, le leader du groupe Al-Mourabitoune avait aussi été déclaré tué durant des combats entre les islamistes et les séparatistes touaregs à Gao, dans le nord du Mali. Sans aucune nouvelle du chef djihadiste pendant l’année 2014, les services de renseignement de l’Algérie, du Mali et du Niger le portent disparu en avril 2015. Le même mois, des sources sécuritaires algériennes avaient affirmé que «l’insaisissable» était mort empoisonné en mars, ce qui s’avèrera encore une fois faux après qu’un attentat-suicide soit revendiqué par son groupe contre une base de l’ONU, peu de temps après cette annonce. Si le décès, en Libye, de l’ex-chef d’AQMI se confirme, cela représenterait une véritable réussite pour les Américains qui mènent une traque sans merci contre les chefs des groupes djihadistes. Mokhtar Belmokhtar est d’ailleurs l’un des terroristes les plus recherchés par les services de renseignement américains. Marie-Pier Boucher, Tunis 25 juin 2015 Les Afriques . 23 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Anip signe pour plus de 42 millions de $ TCHAD Double attentat-suicide à Ndjamena Deux attentats, quasi-simultanés, ont visé la semaine dernière le Commissariat central et l’Ecole de police à Ndjamena, capitale du Tchad. Les responsables ont fait état de 21 morts et de plusieurs blessés… L’Agence nationale d’investissement privé (Anip) a signé, vendredi dernier à Luanda, avec des entreprises nationales et étrangères, 21 accords d’investissement, d’une valeur de 42,6 millions de $. Après la signature des contrats, la présidente du Conseil d’Administration de l’Anip, Maria Luisa Abrantes, a déclaré que la plupart des entreprises qui avaient signé ces contrats opéraient à Luanda, étant donné que cette province dispose de meilleures infrastructures, par rapport aux autres provinces. De plus, un nouveau code d’impôts est en cours... Bank Al Maghrib maintient son taux directeur Lors de sa dernière réunion trimestrielle à Rabat, le Conseil de Bank Al-Maghrib (institut d’émission du Maroc) a décidé, de maintenir inchangé son taux directeur à 2,5%. BAM a expliqué cette décision par «une prévision centrale d’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix»… Cameroun, 18ème économie la plus compétitive L es terroristes que combat le Tchad s’en sont pris aux forces de sécurité du pays. Ce lundi matin, deux kamikazes ont perpétré des attentats au cœur de la capitale tchadienne, faisant des morts et plusieurs blessés. Le Commissariat central de Ndjamena et l’Ecole de formation de la police y ont été visés. Le cratère visible au niveau où les terroristes ont fait exploser leurs bombes et la trainée de fumée visible, dans le centre de la ville, témoignent de la force de la déflagration. Les dégâts ont été confirmés par des responsables des forces de sécurité 24 Les Afriques . 25 juin 2015 tchadiennes. Même si ce double attentat n’a pas été revendiqué, les commanditaires des terroristes se murant dans le silence, tous les regards sont dirigés vers la secte fondamentaliste Boko Haram. Ce mouvement, qui a connu ses plus grosses déroutes par l’armée du Tchad, a juré de faire payer un lourd tribut à ses forces de défense... Entre autres menaces, le Tchad est aussi dans le collimateur d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), dont le guide Mokhtar Belmokhtar a été annoncé mort suite à un raid des forces américaines en Libye. Daouda MBaye, Ndjamena Une sécurité renforcée depuis Le cratère visible et la trainée de fumée visible, dans le centre de la ville, témoignent de la force de la déflagration. Dans la 5ème édition du Rapport sur la compétitivité en Afrique, publiée le 04 juin dernier, classe le Cameroun se classe au 18ème rang sur une liste de 38 pays africains. Il est vrai qu’au plan mondial, le Cameroun qui se situe à la 116ème sur 144 pays, a perdu une place, comparativement au ranking précédent. Cette année, le thème a porté sur «Transformer les économies africaines», et s’appuie sur des données de l'Indice de compétitivité mondiale (ICM) du Forum, plus connu sous les vocables «Global Competitiveness Index» (GCI). L’économie camerounaise c’est 49,3% de tertiaire, 31% secondaire et 19,7% de primaire. DOSSIER Banques Nouvelles opportunités en 2015 En Afrique, la croissance est au rendez-vous. Cette tendance pousse à l’émergence de méga banques locales qui investissent cette nouvelle frontière, titillant les multinationales. Les groupes BMCE Bank, AttijariWafa bank, BP, UBA, Ecobank, Coris Bank, BSIC, Stanbic, Orabank,… élargissent leurs périmètres, tandis que les secondes montent au front. C Ce secteur contribue à hauteur de 20% au financement de l'économie africaine. onsidérée comme la dernière frontière du monde privilégiée de croissance, l'Afrique subsaharienne devrait atteindre 5.8% en 2014 contre 5% en 2013. Le continent bouge et devient attractif. De l'ouest vers l'Est en passant par le Centre, de grosses performances sont notées en termes de services bancaires innovants et flexibles. Réformes, process de bonne gouvernance et ratio économique maîtrisé, l'industrie bancaire africaine, jeune, créative dynamique fait sa mue. Globalement, ce secteur contribue à hauteur de 20% au financement de l'économie africaine. Dans la synergie de croissance, les banques sortent peu à peu de leur tempérament de chercheurs expéditifs de gros profits et comptent jouer leur partition dans les modèles de développement mis en place. Les banques aussi bien off shore que panafricaine ont trusté davantage avec le secteur privé ces cinq dernières années. Sur fonds d'acquisitions, de rachat ou de fusions, les multinationales, acculées de plus en plus par la montée en puissance des méga banques locales en un temps record (Groupe BMCE, AttijariWafa Bank, BCP, UBA, Ecobank, Coris Bank, BSIC, Stanbic, Orabank etc.), montent au front et sont engagées résolument à des plans stratégiques de consolidation de leurs positions via l'agrandissement des tailles de leurs filiales. Des enjeux financiers gigantesques Après l'Afrique de l'ouest qui concentre le plus de banques européennes, existent des marchés phénoménaux à l'instar du géant nigérian, du Kenya, de l'Afrique du Sud et maintenant il faut compter avec des territoires émergents pour l'industrie bancaire africaine de demain comme la Tanzanie, le Djibouti et le Rwanda. Les projections d'investissement dans ces nouveaux marchés devront atteindre plus de 35 milliards de dollars d'ici à l'horizon 2020. Excepté les banques majors classiques françaises, britanniques et américaines, les banques d'affaires chinoise, indienne, qatari et turque aux portefeuilles volumineux se préparent à de grosses opérations d'acquisition ou de rachat pour délocaliser l'industrie légère de leurs services. L'indienne, First Merchant Bank vient de conclure le deal 2015 en rachetant le petit réseau bancaire de la holding malaisienne, ICB au Malawi, en Zambie et au Mozambique pour 50 millions de dollars. Les prospections de marchés vierges par ces banques jusqu'ici hors du continent se poursuivent. Derrière ses appétits, se cache une méthode subtile, celle que l'on appelle le back office. À priori, l'objectif recherché est la réexportation de leurs modèles d'affaires sur les marchés africains et la préparation du terrain à leurs entrepreneurs qui bénéficieront de la plateforme technique bancaire dans leurs projets d'investissements. C'est le real market underground. Seulement, les gouvernements africains doivent veiller au grain et développer des synergies via des procédés de partenariat gagnant-gagnant. Ismael Aidara 5,8% de croissance en Afrique subsaharienne en 2014 En Afrique subsaharienne, la croissance devrait atteindre 5,8% en 2014 contre 5% en 2013. Le continent a ainsi participé grandement au redressement global de l'économie mondiale. En effet, malgré́ une accélération modeste en Afrique du Sud (2,3%), la croissance de l'Afrique subsaharienne a été soutenue par les performances économiques des pays tels que le Nigéria (7,1%), la Côte d'Ivoire (10%), le Mozambique (8,3%), la RDC (8,7%), le Congo (8,1%), l'Ethiopie (7,5%), la Tanzanie (7,2%) et le Kenya (6,3%). Les 26 Les Afriques . 25 juin 2015 pressions inflationnistes se sont relâchées dans de nombreux pays, avec le recul des prix alimentaires. Dans l'Uemoa, les performances 2014 sont remarquables. En effet, l'accroissement des investissements dans les infrastructures et le dynamisme de l'exploitation minière ont permis à l'activité économique de l'Union qui s'est déroulée dans un contexte de faible inflation (1,5%) d'enregistrer un taux de croissance de 6,9% en 2014 contre 6% en 2013. 25 juin 2015 Les Afriques . 27 DOSSIER Paul Derreumaux «Secteur bancaire : les opportunités pour 2015-2016» En Afrique, le secteur bancaire est en pleine mutation. Malgré la bonne dynamique amorcée ces dernières années, beaucoup de besoins restent à satisfaire. Paul Derreumaux, économiste et président d’honneur du groupe Bank Of Africa, nous parle des principales tendances et évoque les opportunités du marché africain. L En raison de l’accélération attendue de la croissance sur le continent, les produits segments qui présentent un gros potentiel de croissance sont nombreux. es Afriques : Le secteur bancaire est assez évolutif en Afrique. Vous qui suivez cde près ce domaine, pouvez-vous nous dire quelles sont les principales nouveautés pour 2015-2016 ? Paul Derreumaux : Le secteur bancaire africain, et surtout subsaharien, se caractérise depuis trente ans par un dynamisme exceptionnel, de nombreuses innovations et une expansion spectaculaire. Les années 2015 et 2016 devraient continuer sur cette voie, car les opportunités d’évolution sont multiples et les besoins qui restent à satisfaire gigantesques. Trois orientations majeures pourraient marquer la période présente et à court terme. D’abord, la réalisation de nouveaux investissements d’expansion et de création venant soit des acteurs déjà présents, soit de nouveaux acteurs comme on vient de le voir avec l’arrivée récente de banques venant du Qatar et du Canada. Ensuite, un durcissement accéléré des régulations nationales et régionales pour ajuster celles-ci aux transformations en cours des normes internationales de la profession, d’une part, et rendre les banques commerciales en mesure de mieux répondre aux risques encourus, d’autre part. Ces risques augmentent en effet constamment avec la progression rapide des bilans, la diversité des opérations traitées et l’intensification des activités de crédit. En troisième lieu, on devrait assister à une diminution plus sensible des taux débiteurs sous l’effet conjoint de la pression des Autorités nationales, de la concurrence entre acteurs et de la nature des besoins à financer. LA : Quels produits ou segments de marché semblent présenter beaucoup de potentiel de croissance ? P.D. : Ils sont nombreux en raison de l’accélération attendue de la croissance sur le continent. On pourrait citer d’abord la forte expansion probable de toute l’activité bancaire, de dépôts et de crédits, en direction des particuliers. Menée pour accroître la bancarisation des ménages encore insuffisante, elle mobilise présentement toutes les banques à travers les politiques de création du plus grand nombre possible d’agences et d’élargissement de l’offre de produits. Cette composante englobe notamment de grandes possibilités de croissance pour le financement de l’habitat qui reste un secteur vierge dans la plupart des pays subsahariens. Une seconde piste réside dans le financement des investissements qui seront nécessaires, dans tous les secteurs, pour intensifier le développement économique comme souhaité. Les banques pourraient à la fois participer plus activement aux grands projets, à côté des grands groupes financiers internationaux, et être plus audacieuses dans le financement des entreprises moyennes ou petites, en développant les innovations nécessaires à cette fin et les syndications éventuelles avec d’autres acteurs pour mieux partager les risques. LA : On constate que les banques internationales continuent à se déployer en Afrique. Le marché n’est-il pas saturé ? Bio-express Paul Derreumaux est président d’honneur du groupe Bank of Africa (BOA), économiste et consultant indépendant. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et titulaire d’un DESS de sciences économiques. Il a commencé sa carrière à l’Université de Lille, avant de rejoindre la Côte d’Ivoire en 1976 où il a été pendant trois ans conseiller au ministère du Plan, puis conseiller au cabinet du ministre de l’Économie, des finances et du plan. De retour en France, il travaille à la Caisse centrale de 28 Les Afriques . 25 juin 2015 coopération économique, puis dans une société parisienne, où il est chargé du montage d’investissements en Afrique et du conseil économique auprès de gouvernements africains. À partir de 1982, il développe le réseau de la BOA dont il fut le PDG depuis la création, jusqu’en janvier 2011. À cette date, le groupe était déjà implanté dans 14 pays en Afrique subsaharienne et en France. Paul Derreumaux intervient toujours au sein du holding en tant qu’administrateur et président d’honneur du groupe BOA. L’importance du marché potentiel et la bonne rentabilité du secteur vont immanquablement attirer de nouveaux acteurs. P.D. : Je ne le crois pas en raison de nombreux indicateurs : bancarisation encore réduite, faiblesse des acteurs non bancaires, diversité limitée des actifs financiers, énormité des besoins d’investissements pour atteindre les ambitions d’une croissance économique rapide et pérenne, retard par rapport aux autres continents en matière de ratio des crédits par rapport au Produit intérieur brut ( PIB) des pays. Le marché est donc loin d’être saturé. De plus, les banques commerciales ont actuellement des bénéfices élevés et une forte croissance du chiffre d’affaires par rapport à ce qui est observé dans beaucoup d’endroits. L’importance du marché potentiel et la bonne rentabilité du secteur vont immanquablement attirer de nouveaux acteurs. LA : Malgré la dynamique que connaît le secteur depuis quelques années, le taux de bancarisation reste encore assez faible. Comment peut-on expliquer ce paradoxe ? P.D. : Il n’y a pas de paradoxe. Il faut seulement être patient. Grâce au dynamisme que vous évoquez, ce taux de bancarisation a fait de grands progrès. En Afrique de l’Ouest francophone, où il était particulièrement en retard, on peut estimer qu’il a environ triplé en deux décades et avoisine maintenant 15%. Sur toute l’Afrique subsaharienne, Afrique du Sud mise à part, ce taux doit être de quelque 25%, avec des pics à plus de 50% dans certains pays. Mais ce ratio va continuer à progresser rapidement non seulement avec le renforcement de l’implantation locale des banques, mais aussi avec les apports que constituent par exemple la microfinance et le mobile banking. Le mouvement est incontestablement engagé et va s’accélérer. LA : Le mobile banking connaît un bel essor dans plusieurs pays. L’avenir de la banque en Afrique est-il lié à celui de la téléphonie mobile ? P.D. : Le mobile banking va d’évidence connaître une forte et rapide augmentation. Après le Kenya, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) devrait être une zone d’expansion privilégiée grâce aux initiatives de plusieurs grands groupes de télécommunication et à l’important retard actuel des taux de bancarisation. Cette évolution empiète évidemment sur le terrain naturel des systèmes bancaires et peut les gêner au moins provisoirement. Cette tendance ne va cependant pas tout emporter sur son passage. Les banques peuvent d’abord coopérer avec les entreprises de télécommunication en ce domaine, comme elles le font d’ailleurs au Kenya et dans l’Uemoa. Elles peuvent aussi contrattaquer comme vient de le commencer Equity Bank au Kenya en acquérant une licence d’opérateur de télécommunication pour se placer sur le terrain de ses concurrents. Le mobile banking ne réussit pas non plus partout avec la même force : sa pénétration a été moins bonne en Afrique du Sud et en RDC qu’au Kenya. Enfin et surtout, le mobile banking concerne surtout la question des moyens de paiement et des opérations de petit montant. L’activité bancaire embrasse bien d’autres créneaux : en particulier les banques pourraient ainsi consacrer plus d’énergie à d’autres aspects essentiels et profitables comme la distribution du crédit dans laquelle elles ont beaucoup d’opportunités de croissance. La multiplication des moyens et l’intensification de la concurrence seront très profitables aux utilisateurs et, au moins pour une longue période, ne mettent pas en cause l’existence des acteurs du système bancaire. Propos recueillis par Ibrahim Souleymane Paul Derreumaux, président d’honneur du groupe Bank of Africa (BOA) 25 juin 2015 Les Afriques . 29 DOSSIER Ade Ayeyemi, nouveau DG d’Ecobank Ecobank Transnational Incorporated a nommé Ade Ayeyemi à titre de nouveau directeur général du groupe Ecobank. Il prendra ses fonctions le 1er septembre 2015 en remplacement d’Albert Essien qui a servi cette banque panafricaine pendant 25 ans. Ade Ayeyemi A Mener «Ecobank vers la prochaine étape de son développement et au-delà, en tant que banque panafricaine de classe mondiale». 30 Les Afriques . 25 juin 2015 ctuellement basé à Johannesburg en tant que directeur général de la division Afrique subsaharienne de Citigroup, Ade Ayeyemi sera le prochain dirigeant d’Ecobank dès le 1er septembre 2015. Loyal serviteur de ce réseau bancaire africain depuis 25 ans, son prédécesseur, Albert Essien, quittera ses fonctions de DG le 30 juin pour prendre sa retraite du marché financier. Entre ces changements de tête, des dispositions seront mises en place par le conseil d’administration d’Ecobank afin d’assurer la gestion du groupe opérant au sein de 36 pays à travers le continent africain. Un parcours d’expert Ade Ayeyemi est diplômé en comptabilité de l’Université de Ife – aujourd’hui Université Obafemi Awolowo – au Nigéria, en plus d’être titulaire d’un master en gestion financière de l’Université de Londres, en Angleterre. Il a aussi suivi les cours du programme supérieur de management à la Harvard Business School aux États-Unis et s’est formé aux systèmes UNIX ainsi qu’à la gestion des systèmes d’exploitation réseau. Tout aussi fidèle qu’Albert Essien, le Nigérian de 52 ans est un membre de la famille Citigroup depuis 1988. Bien qu’il ait œuvré un court moment pour Unilever Nigé- ria, l’expert-comptable agréé a réellement débuté sa carrière chez Citibank, qui appartient au groupe financier américain Citigroup. Pendant ses 27 années d’affectation, Ayeyemi a occupé différents postes régionaux qui l’ont amené à devenir, en 2006, le directeur général des activités pour le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Zimbabwe. Il a par la suite été désigné directeur des services transactionnels de Citigroup en Afrique en 2010, puis DG de la division Afrique subsaharienne, un poste qu’il occupe depuis 2013. Une nomination méritée Banquier expérimenté, Ade Ayeyemi est celui qui, «après des recherches approfondies à travers le continent africain», fut choisi pour mener «Ecobank vers la prochaine étape de son développement et au-delà, en tant que banque panafricaine de classe mondiale», a souligné Emmanuel Ikazoboh, président du conseil d’administration du groupe Ecobank. Ravi par cette opportunité, le mari et père de deux enfants a déclaré être emballé à l’idée de pouvoir «travailler avec la direction, le conseil d’administration et les employés d’Ecobank afin d’établir de nouveaux standards dans les services financiers offerts aux clients». Marie-Pier Boucher, Casablanca Ecobank sur des béquilles prometteuses Le groupe Ecobank a tenu son assemblée générale le 19 juin 2015 à Dar Es Salam (capitale de la Tanzanie). Il ressort du rapport financier 2014, une belle moisson pour la banque panafricaine, avec à la clé un total bilan de 24,2 milliards de $ et un produit net bancaire de l'ordre de 2,3 milliards de $... L'affaire Thierry Tanoh, le report de dividendes amplifient la grogne. D Le groupe n'a jamais été dans une position aussi forte qu'aujourd'hui tant sur le plan financier que sur les opportunités. u bon cru pour la banque, à fin 2914. Son total bilan consolidé est de l'ordre de 24,2 milliards de $ et ses fonds propres ont atteint 2,7 milliards. Selon les administrateurs, le groupe n'a jamais été dans une position aussi forte qu'aujourd'hui tant sur le plan financier que sur les opportunités. Les filiales ouest-africaines (8 pays de l'Uemoa et le Cap-Vert) du groupe bancaire ont réalisé des résultats performants. Elles ont engrangé un total bilan de 6,8 milliards de $, tirant par le haut le centre de gravité du portefeuille. Le directeur général sortant, qui prend part au raout de Dar Es Salam, le Ghanéen Albert Essien, a reconnu que ce sont les filiales qui réalisent leurs bénéfices et envoient leurs dividendes à la maison mère ÉTI «Nous mobilisons des ressources pour des plans d'acquisition et d'ouverture des filiales et les accompagnons à mieux et bien grandir.» Le groupe Ecobank a fait beaucoup d'efforts courant l'exercice 2014 en ramenant la filiale nigériane à des normes convenables de rigueur en termes de gestion. Selon le secrétaire général interpellé sur le processus d'amélioration des 51 points soulevés lors de l'assemblée des actionnaires à Lomé en 2014, la banque a renforcé la restructuration et le respect des recommandations du régulateur. «ETI respecte scrupu- leusement la charte de bonne gouvernance conformément à l'assemblée générale du 30 juin 2014», a confessé le SG d'Ecobank. Cette année, en dépit des gros profits réalisés, la banque n'a pas distribué de dividendes à ses actionnaires qui devront patienter et attendre les prochaines années. Bon nombre de petits porteurs n'ont pas caché leur désarroi face à cette situation qui perdure. Alors que tout est rose chez les gros actionnaires qui consolident leurs positions de dominants exclusifs. «Les petits actionnaires sont oppressés, avant les grands, c'était nous qui ont cru en ce projet. Ça suffit! Pensez à nous monsieur le président», a pesté un actionnaire nigérian. L'affaire Thierry Tanoh qui agace le haut establishment s'est aussi invitée à l'assemblée générale. Ça et là, on veut savoir combien va coûter à la banque le préjudice financier Tanoh et à quand ce sempiternel feuilleton judiciaire s'arrêtera. Aux dernières nouvelles, le groupe Ecobank a demandé à la juridiction britannique dont elle relève de procéder aux annulations systématiques des jugements rendus par les tribunaux ivoiriens. «Nous ne payerons pas plus que le droit n'a pas attesté. Nous n'accepterons pas des interférences politiques dans ce contentieux», a commenté le président Emmanuel Ikazoboh. Ismael Aidara, Envoyé spécial à Dar Es Salam Une vue d’une précédente assemblée générale Ecobank 25 juin 2015 Les Afriques . 31 DOSSIER Banque Atlantique Qui est Younès Oujenha ? La Banque Atlantique Sénégal, filiale du groupe marocain Banque Populaire, vient de porter à sa tête Younès Oujenha. Ce professionnel compétent, rompu aux arcanes de la gouvernance et du pilotage des organisations bancaires, à l’audit et à la gestion des risques bancaires, remplace l’ivoirien El-Hassana Kaba. Banque Atlantique Sénégal Y ounès Oujenha, précédemment membre du directoire de la Banque Populaire Fès Taza, directeur gestion des risques a été nommé directeur général de la Banque Atlantique, en remplace- ment de El-Hassana Kaba. Après une brillante carrière d’auditeur au sein du cabinet d’audit international KPMG, il a rejoint le Crédit Populaire du Maroc depuis bientôt 15 ans. Il y a assumé successivement les fonctions de directeur de l’Inspection générale puis de l’audit interne avant que ne lui soit confié la direction générale des risques au sein de la banque. Il est titulaire d’un diplôme d’études supérieures spécialisées en gestion des entreprises obtenu à l’université François Rabelais de Tours. C’est donc un professionnel compétent, rompu aux arcanes de la gouvernance et du pilotage des organisations bancaires, à l’audit et à la gestion des risques bancaires, doté d’une forte capacité de mobilisation et de gestion des équipes, avec un sens commercial développé et qui de surcroît connaît parfaitement le groupe, qui est choisi aujourd’hui pour présider aux destinées de la Banque Atlantique du Sénégal. Ismael Aidara Banque Atlantique en bref Groupe Banque Centrale Populaire du Maroc, en bref ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL, en abrégé «ABI», est la holding issue du partenariat signé le 07 juin 2012 entre ATLANTIC FINANCIAL GROUP et le Groupe Banque Centrale Populaire du Maroc. ABI, en activité depuis fin septembre 2012, est une holding financière, de contrôle et de développement, en charge de 7 banques commerciales, à savoir Banque Atlantique BENIN (BABN), Banque Atlantique BURKINA FASO (BABF), Banque Atlantique COTE D’IVOIRE (BACI), Banque Atlantique MALI (BAML), Banque Atlantique NIGER (BANE), Banque Atlantique SENEGAL (BASN), Banque Atlantique TOGO (BATG), ATLANTIQUE FINANCE (AFIN). En s’affirmant comme un acteur incontournable de la zone UEMOA, avec sa prise de participation dans les compagnies d’assurance Atlantique Assurances et Atlantique Assurances Vie en Côte d’Ivoire et GTA C2A au Togo, ABI est aujourd’hui, un Groupe financier de 1er ordre de la région. Basée à Abidjan (Côte d’Ivoire), ABI est membre du Groupe Banque Centrale Populaire du Maroc et est constituée d’une équipe dynamique, volontaire, ayant une expérience avérée dans le secteur bancaire et une bonne connaissance du marché bancaire de la zone UEMOA. Elle est pilotée par M. Souleymane DIARRASSOUBA, précédemment Directeur Général de AFG. Le Groupe BCP est l’une des premières institutions bancaires du Royaume. Il tire sa force de ses valeurs de solidarité, de mutualité, et de son organisation unique au Maroc. Il est composé de 10 Banques Populaires Régionales (BPR) à vocation coopérative, de la Banque Centrale Populaire (BCP) – organe central du Groupe – de forme société anonyme cotée en Bourse, de filiales spécialisées, de fondations et de banques et représentations à l’étranger. Tout cet ensemble opère dans le cadre d’une synergie. Le Groupe BCP est présent dans 11 pays africains (Maroc, Mauritanie, Sénégal, Mali, Niger, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée et Centrafrique) et 12 pays à travers le monde (Espagne, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Grande Bretagne, Danemark, Suisse, Canada, Emirats Arabes Unis et Arabie Saoudite). 32 Les Afriques . 25 juin 2015 DOSSIER El-Hassana Kaba «La BASN affiche l’une des meilleures croissances de la place avec une hausse des dépôts de la clientèle à 70%» Derrière la grosse performance réalisée par la Banque Atlantique, la silhouette d'un homme, la quarantaine sonnée. L'Ivoirien, EL Hassan Kaba, DG de la filiale sénégalaise du groupe Banque centrale populaire du Maroc, en brillant manager, livre en détails la situation, les gros deals ficelés, la vision et les ambitions de la BASN. El-Hassana Kaba, DG Banque Atlantique Sénégal La BASN affiche l’une des meilleures croissances de la place avec une hausse de ces dépôts de la clientèle à 70%. 34 Les Afriques . 25 juin 2015 L es Afriques : Quelle est la situation de la banque atlantique Sénégal (BASN) à fin 2014 ? El Hassan Kaba : A la fin de l’exercice 2014, tous les signaux de la banque sont au vert : un bilan en forte croissance, +49% (qui passe de 181M en 2013 à 270M en 2014), un produit net bancaire en hausse de 22% et un bénéfice net qui affiche près de 200% de croissance. Sur le plan de la collecte de dépôt, pendant que le marché enregistre une rareté des ressources, la BASN affiche l’une des meilleures croissances de la place avec une hausse de ces dépôts de la clientèle à 70%. Par ailleurs, il est important de souligner qu’à côté de ces performances commerciales re- marquables, la banque, à la fin de l’exercice 2014, respecte l’ensemble du dispositif prudentiel établi par la Commission bancaire. En conclusion, nous avons eu une année 2014 très satisfaisante avec un positionnement sur le marché encore plus renforcé. LA : A combien s'élève la part de contribution de financement de la BASN dans l’économie ? Expliquez-nous l'évolution et les segments d'activité qui sous-tendent cette tendance E.H.K. : La part de marché de la BASN est en forte croissance, ce qui nous conforte quant à l’efficacité de notre business model. De moins de 1% en 2007, notre part de marché emplois est passée à environ Sur le segment des particuliers, nous sommes très actifs dans le financement de l’immobilier, à l’endroit des promoteurs et acquéreurs immobiliers avec des offres très innovantes «taillées sur mesure». 6% à fin 2014, dans un contexte de concurrence accrue avec de nouveaux entrants sur le marché. Cette forte croissance s’explique d’une part par l’augmentation des crédits à moyen terme, notamment dans le secteur étatique avec le crédit consenti à l’Etat dans le cadre du financement des projets structurants, mais également par les interventions au profit de ses démembrements. Le segment de l’entreprise n’est pas laissé en reste, puisque nous avons arrangé des deals au niveau du groupe pour le financement d’entreprises locales. Sur le plan de la PME-PMI, nos positions se sont renforcées dans le secteur du trade (+36%). Sur le segment des particuliers, nous sommes très actifs dans le financement de l’immobilier, à l’endroit des promoteurs et acquéreurs immobiliers avec des offres très innovantes «taillées sur mesure», mais également des particuliers, avec le lancement des offres packagées sans oublier notre nouveau produit dénommé «Sama Rew» pour nos compatriotes de la diaspora. LA : BASN est une signature désormais depuis le gros deal avec l'Etat du Sénégal en 2013. Y a-t-il des projets de ce type dans le pipe à court et moyen terme ? E.H.K. : Le deal Etat du Sénégal réalisé entre 2013 et 2014 a été effectivement un événement majeur dans notre zone, en ce sens que pour la première fois une banque africaine régionale a pu se voir confier un mandat d'une telle ampleur mais surtout l’honorer dans des délais courts. Par ailleurs, cette opération s'est révélée être une première du fait que la Bceao a accepté pour la 1re fois de refinancer un prêt bilatéral souverain à ses guichets. Sur l'année 2015, la Banque Atlantique du Sénégal prévoit des opérations d'envergure aux côtés du secteur privé local, à savoir l'agro-business et l’industrie, mais envisage aussi des opérations significatives pour le secteur public et cela en synergie avec les filiales de notre groupe bancaire. D’autre part, il est important de souligner les conventions de partenariat signées entre notre maison mère, le groupe Banque Centrale Populaire du Maroc avec l’Etat du Sénégal. Ainsi, 3 conventions ont été signées portant sur l’appui budgétaire à l’Etat du Sénégal pour 30 Mrds de f CFA, une convention de financement de logements pour les fonctionnaires et autres particuliers et enfin une convention pour l’installation de la structure de microfinance afin de pouvoir accompagner les couches non bancarisées de la population. LA : Quelles sont les perspectives ? E.H.K. : Nous avons pour ambition de faire partie du top 5 du marché à l’horizon 2015-2017, aussi avons-nous un plan de développement ambitieux. La forte expérience dans le secteur du retail de la Banque Centrale Populaire du Maroc, notre maison mère, sera mise à profit. En effet, notre nouveau positionnement sur le marché sénégalais nécessitera des actions allant vers le rapprochement de notre cible, par l’extension du réseau d’agences, mais également par la refonte de notre offre commerciale. De nouveaux produits très innovants, destinés aux particuliers et aux professionnels, seront lancés dans les trois prochains mois. En somme les perspectives sont très ambitieuses et reflètent véritablement notre stratégie de banque. Propos recueillis par Ismael Aidara Des produits sur mesure pour financer l’immobilier 25 juin 2015 Les Afriques . 35 DOSSIER Jean Luc Konan «Notre total bilan a atteint 19 milliards f CFA, avec un produit net bancaire de 885 millions f CFA» Deux ans après l'irruption de la mésofinance qui fait des émules sur la place dakaroise, à travers l'implantation de COFINA, son PDG, l'ivoirien, Jean Luc Konan évoque le modèle, le processus d'export de financement de plus de 3500 projets entrepreneuriaux dans 3 pays d’implantation (Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire) et les perspectives. Interview exclusive. Jean Luc Konan, PDG Cofina 36 Les Afriques . 25 juin 2015 L es Afriques : Quel bilan général pouvez-vous faire pour le Groupe COFINA ? Jean Luc Konan : Le premier bilan que le Groupe COFINA peut dresser concerne son choix stratégique d’être la 1ère institution financière panafricaine de mésofinance. La pertinence de cette 3ème voie de la fi- nance positionnée entre les micro-opérateurs (microfinance) et macro-opérateurs (banque traditionnelle) n’est plus à démontrer. COFINA affiche aujourd’hui des résultats tangibles corroborant l’analyse faite avant le lancement de nos activités. Un double constat a conditionné cette orientation : en Afrique, les crédits au secteur privé représentent moins de 20% du PIB, contre 255% aux États-Unis. En outre seulement 6,4% des PME africaines ont accès aux financements bancaires alors que ce sont les premiers pourvoyeurs de richesses dans nos économies africaines en créant près de la moitié des emplois.Le déficit de financement total pour les PME en Afrique est estimé à plus de 140 milliards de dollars. C’est plus de six fois le PIB de la Côte d’Ivoire ! Pour financer adéquatement les PME et les entrepreneurs, il est nécessaire de faire concorder 2 paramètres : le développement d’une expertise métiercaractérisée par des procédures et des outils idoines. Parmi nos réalisations, nous avons notamment mis au point un service de rating des sociétés qui nous permet d’optimiser notreconnaissance client. L’autre force de COFINA est l'accompagnement. On estime que 60% des entreprises font faillite dans leur première année d’existence. Nos équipes sont constituées à la fois de professionnels de la finance et du conseil en stratégie d’entreprise qui intègrent l’accompagnement et le conseil à la clientèle dans leur travail au quotidien. COFINA a financé durant cette seule première année d’exploitation plus de 3500 projets entrepreneuriaux dans ses 3 pays d’implantation que sont la Guinée Conakry, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Les 1509 entreprises financées par COFINA ont permis la création de 7 545 emplois, selon un suivi effectué sur l’ensemble de la clientèle (en moyenne cinq personnes auraient été recrutées pour chaque entreprise financée). Nous sommes dans cette logique d’accompagner les classes émergentes et contribuer, par la même, à la croissance de nos économies africaines par une inclusion financière adaptée et maitrisée. LA : Comment se présente le portefeuille du groupe COFINA ? J.L.K. : Comme je l’ai indiqué précédemment, nous avons lancé nos activités dans 3 pays durant l’année 2014 : 1er février en Guinée Conakry, 1er avril au Sénégal et 4 juillet en Côte d’Ivoire. Au 31 mars 2015 nous comptabilisions plus de 17 400 clients. Avec près de 3 000 crédits pour un encours de 15 milliards FCFA, COFINA est en phase avec les objectifs fixés. Notre total bilan, de 19 milliards FCFA et notre produit net bancaire qui est de 885 millions de Fcfa nous confortent dans les projections de croissance du Groupe sur les prochaines années d’exploitation. Ces résultats sont le fruit des équipes (320 salariés au 31 mars 2015) rompues aux enjeux du financement des PME, des entrepreneurs et de manière plus générale aux classes émergentes africaines. Grâce à leur expertise, leur professionnalisme et à la culture de la performance, nous avons pu asseoir notre différenciation sur un marché fortement concurrentiel. LA : Quelles sont les perspectives ? J.L.K. : Nous comptons lancer les activités dans 3 nouveaux pays de la sous-région d’ici décembre 2015 et ambitionnons d’être présent dans 16 pays à l’horizon 2021. Nous visons une croissance soutenue sur les 3 prochaines années et projetons à fin 2018 d’atteindre un total bilan de 264 Milliards de FCFA pour un produit net bancaire de 59.8 Milliards de FCFA. Nous nous fixons comme objectif de fédérer 660 000 clients avec une offre de service disponible dans plus de 750 points de vente. Le Groupe COFINA lance des solutions innovantes capitalisant sur des technologies et offres de services adaptées aux réalités de nos clients. C’est dans cet esprit que nous avons initié la 1ère application web et mobile pour leur permettre de bénéficier d’une accessibilité permanente à leurs comptes et à l’ensemble de nos Nous ambitionnons d’être présent dans 16 pays à l’horizon 2021. produits et services. Le Groupe COFINA a également créé un incubateur d’entreprise, structure destinée à accompagner les startups dans leur phase d’amorçage. Notre objectif est de donner des bases solides à de jeunes startups à travers la mise en place de tout un écosystème entrepreneurial. Pendant une période d’incubation de 12 mois, le Groupe COFINA permettra à des jeunes entreprises africaines de bénéficier de conseils de spécialistes, de l’assistance d’experts, du partage d’expériences avec des entrepreneurs avérés, de formations, de networking et d’aide à la recherche de financement. Propos recueillis par Ismael Aidara DOSSIER Bank of Africa Amine Bouabid à la présidence Après 6 mois au poste de directeur général de Bank of Africa (BOA), banque panafricaine détenue à hauteur de 72% par le groupe BMCE Bank, Amine Bouabid se retrouve à la présidence. Bank of Africa B ank of Africa sera désormais drivé par Amine Bouabid. L’homme de confiance d’Othman Benjelloun, président du groupe BMCE Bank, a les coudées franches pour poursuivre le travail entamé par Mohamed Bennani, son prédécesseur à la tête de la banque. Il n’a pas mis longtemps pour s’imposer à la tête de l’institution. En effet, après avoir rejoint le staff de BOA, le 1er janvier 2015, en tant que directeur général, il va assurer la présidence de la filiale panafricaine du groupe BMCE. L’homme de confiance d’Othman Benjelloun, président du groupe BMCE Bank, a les coudées franches. 38 Les Afriques . 25 juin 2015 Rappelons qu’Amine Bouabid est un homme du sérail. Avant de rejoindre BOA, il a passé 17 ans à Salafin, filiale de crédit à la consommation du groupe BMCE Bank. Il assurait alors la présidence du directoire de Salafin. Jusqu’à présent d’ailleurs, il a siégé au conseil d’administration de cet établissement. Aujourd’hui, c’est un nouveau challenge pour le nouveau PDG de BOA qui aura la lourde tâche de piloter une filiale dont le nom sera en osmose, dans les mois qui viennent, avec celui du groupe. Abdelmalek El Mekkaoui, Casablanca BOA, en bref L’histoire du Groupe BANK OF AFRICA commence au Mali, en 1982, avec la création de la première BANK OF AFRICA, quasiment sans appui extérieur. Aujourd’hui, le groupe BANK OF AFRICA est implanté dans 17 pays dont 8 en Afrique de l’Ouest (Benin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Togo et Sénégal), 7 en Afrique de l’Est et dans l’Océan Indien (Burundi, Djibouti, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Tanzanie et Ouganda), en République Démocratique du Congo, ainsi qu’en France, à travers un réseau de 15 banques commerciales, 1 société financière, 1 banque de l’habi- tat, 1 société de créditbail, 1 société de bourse, 2 sociétés d’investissement, 1 société de gestion d’actifs et 1 bureau de représentation du Groupe à Paris. Depuis 2010, le groupe BANK OF AFRICA eest majoritairement détenu par BMCE Bank (Banque Marocaine du Commerce Extérieur), 2nde banque privée au Maroc. BMCE Bank apporte un puissant soutien stratégique et opérationnel au Groupe BANK OF AFRICA, ainsi qu’un accès direct à des marchés internationaux grâce à sa présence en Europe et en Asie. (Source : BOA) DOSSIER Intermédiation L'offensive de la Colombe Groupe au Sénégal et dans la sous-région Depuis l’obtention de son agrément de la Banque centrale, en août 2013, la Colombe Groupe consolide son portefeuille diversifié via la signature de contrats avec des banques de 1er ordre au Sénégal et dans la sous-région. Dakar, capitale du Sénégal Première société de droit sénégalais et africain à décrocher son agrément d’intermédiation en opérations de banque dans l’espace Uemoa. 40 Les Afriques . 25 juin 2015 L es Afriques qui a accédé aux comptes de Colombe Groupe, en exclusivité, livre les détails du portefeuille. Aussitôt créée, l’entité est devenue la première société de droit sénégalais et africain à décrocher son agrément d’intermédiation en opérations de banque dans l’espace Uemoa. Un an après le démarrage de ses activités, la structure se positionne comme acteur majeur dans l’externalisation des opérations bancaires, dans la sécurité fiduciaire, dans la monétique et dans l’outsourcing. Face à un marché concurrentiel, elle a su s'adapter à la culture financière des différents pays et à proposer des solutions répondant précisément aux besoins des marchés financiers. Quid des résultats financiers ? La structure nous donne rendez-vous au 31 décembre 2015. Contrats de mandats et transactions Les contrats de mandants avec des groupes bancaires locaux, tels que la Cncas, Bimao, Um-Pamecas, Bsic Sénégal, et la Banque Atlantique sans oublier les mairies et autres organismes étatiques. L’année 2014 a été une année de décollage dans son activité IOB avec des placements à terme au profit des banques comme Bsic Sénégal, Bsic Mali, Bsic Togo, Banque Atlantique Sénégal, Bpec Togo, Coris Bank et tout récemment avec UBA via United Capitals Plc. Dans le pipe, la structure d'intermédiation projette de booster la bancarisation des structures et sous-structures à l'échelle régionale. Ismael Aidara, Dakar DOSSIER Sénégal BIS, en phase de croisière Grosse performance réalisée par la BIS au terme de l’exercice 2014. Sa stratégie commerciale et managériale a été payante. Son bénéfice net est ressorti à 3 181 millions de f CFA, en accroissement de 57%, par rapport à 2013. L a BIS a déployé au cours de l’exercice 2014 une stratégie globale visant le développement de ses activités par l’innovation, la diversification des produits et services et l’extension de son réseau d’agences. Elle a également prioritairement recherché la qualité du risque et la rentabilité dans toutes ses interventions. Les indicateurs de performance de la banque se sont ainsi nettement améliorés au cours de l’année 2014, malgré une concurrence très soutenue sur le marché. En effet, la BIS a enregistré en 2014 une hausse de 20,7% de son total bilan qui s’est établi à 167 314 millions de f CFA. Cette progression a été réalisée grâce aux nombreuses actions menées en vue de l’amélioration de l’offre commerciale de la banque. Elles ont permis d’accroître de Les indicateurs de performance de la banque se sont ainsi nettement améliorés au cours de l’année 2014, malgré une concurrence très soutenue sur le marché. La BIS a enregistré en 2014 une hausse de 20,7% de son total bilan qui s’est établi à 167 314 millions de f CFA. 18,2% les dépôts collectés, de 11,7% les financements directs et de 32,2% les engagements par signature. Au niveau du compte d’exploitation, le bénéfice net est ressorti à 3 181 millions de f CFA, en accroissement de 57% par rapport à 2013, grâce à une hausse de 19,6% du produit net bancaire et une évolution bien maîtrisée des frais généraux et du coût du risque. Le bilan social de l’année 2014 est également riche en actions de grande portée sociale menées par la BIS au titre de sa politique de responsabilité sociale et de la solidarité islamique. C’est ainsi que plus de 42 Les Afriques . 25 juin 2015 100 millions de f CFA ont été dépensés en direction des secteurs de l'éducation, de la santé et en soutien aux populations démunies dans le seul but de partager les fruits du développement de la banque avec les populations sénégalaises. Ismael Aidara, Dakar Niger Bagri lisse son management Les lignes bougent chez le géant bancaire agricole nigérien. L’année 2014, qui constitue une année charnière marquant la fin de l'administration provisoire de la banque, a été une belle moisson. L es clignotants sont au vert. Les principaux indicateurs de la Bagri à fin décembre 2014 font ressortir une croissance de l’activité tant en ressources qu’en emplois. L’heure est à la grande embellie. Le total bilan a connu une progression de 35,24% au Le PNB se situe à 3 901 millions f CFA, soit une hausse de 20%. cours de l'exercice 2014 en passant de 25 317 millions de f CFA au 31 décembre 2013 à 34 241 millions de f CFA au 31 décembre 2014. Cette performance représente un niveau de réalisation de 105%, par rapport aux prévisions budgétaires au titre de 2014. Le produit net bancaire se situe à 3 901 millions f CFA en 2014 contre 3 240 millions en 2013, soit une hausse de 20%. Le résultat net reste toutefois déficitaire de 711 millions de f CFA en 2014 contre un déficit de 1 135 millions de f CFA en 2013, soit une amélioration du résultat de 424 millions entre les deux périodes. Toutefois, le niveau du résultat de 2014 est le fait de l’importance des dotations aux provisions pour créances douteuses, des dotations aux amortissements et autres provisions pour risque et charges qui se chiffrent au titre de l'exercice 2014 à 2 014 millions de f CFA. Le résultat brut d'exploitation se chiffre à 853 millions de f CFA en 2014 contre 275 millions en 2013, soit une variation de 210%. Les RBE des deux premiers exercices (2011-2012) s'établissaient respectivement a - 445 millions et -164 millions de f CFA. Ainsi, cette situation traduit l'impact des provisions pour créances douteuses sur la détermination du résultat de la banque. En effet, les différentes provisions et pertes sur créances sur la clientèle se chiffrent a 1 288 millions pour des reprises sur créances provisionnées estimées à 176 millions. Signalons que la Banque agricole du Niger (Bagri) a été créée le 20 juillet 2010 sous forme de société anonyme avec un capital social de dix milliards (10.000.000.000) de f CFA, détenu à 35% par l'Etat du Niger pour compte propre et un portage de 65%. Elle a été agréée en qualité de banque universelle par la Commission bancaire en sa session du 4 janvier 2011 et a ouvert ses guichets à la clientèle le 18 février 2014. I.A., à Niamey 25 juin 2015 Les Afriques . 43 DOSSIER BIDC Mobilisation de 778 millions de dollars pour le développement régional Le conseil d’administration de la BIDC a approuvé le financement de 91 projets pour un montant total de 581,2 millions d’UC, soit environ 880 millions de dollars. Selon des informations exclusives en notre possession, les engagements signés fin 2014 via le guichet de la banque s'élèvent à 778 millions de dollars. Financement de projets d’infrastructures Entre 2010 et 2014, 60% des interventions de la BIDC sont allées au secteur privé et les 39% au secteur public, essentiellement les projets d’infrastructures. 44 Les Afriques . 25 juin 2015 D e nouveaux engagements se bonifient. Au titre des nouveaux engagements signés ou financements accordés par la Banque d'investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), au cours des cinq dernières années, son guichet a mobilisé la bagatelle de 530 millions d’UC, soit 778 millions de dollars US. Alors que les décaissements effectués sont évalués à près de 610 millions de dollars. Entre 2010 et 2014, 60% des interventions de la BIDC sont allées au secteur privé et les 39% au secteur public, essentiellement les projets d’infrastructures. C’est ce qui ressort de la lecture des documents exclusifs de l'institution mis à notre disposition. Au cours de la même période, en ligne avec sa stratégie, le conseil d’administration de la Banque a approuvé le financement de 91 projets pour un montant total de 581,2 millions d’UC, soit environ 880 millions de dollars US. Au cours de la même période, en ligne avec sa stratégie, le conseil d’administration de la banque a approuvé également le financement de 91 projets pour un montant total de 581,2 millions d’UC, soit environ 880 millions de dollars US. Les nouveaux engagements signés ou financements accordés par la banque au cours des cinq dernières années s’élèvent à 530 millions d’UC, correspondant à 778 millions de dollars US alors que les décaissements effectués remontent à près de 610 millions de dollars. Ismael Aidara, Lomé DOSSIER First Bank of Nigeria Les dessous de l’acquisition d’ICB Exclusif ! La plus grosse banque de la place de Lagos, First Bank of Nigeria, a déjà conclu l'acquisition depuis septembre 2014 de cinq filiales du réseau bancaire de la malaisienne International Continental Bank (Ghana, Sierra Leone, Sénégal, Guinée, Gambie). Mais, le groupe malaisien garde sous son giron ICB Djibouti. Bisi Onasanya, PDG First Bank of Nigeria Le groupe malaisien a empoché pour ces 5 filiales ouest-africaines (Ghana, Sierra Leone, Sénégal, Guinée, Gambie) et celles du Malawi, du Mozambique et de Zambie le gros chèque d'un montant de 200 millions de $. 46 Les Afriques . 25 juin 2015 L a méga banque Malaisienne a pris l'option de se retirer progressivement du marché continental africain. Une stratégie des dirigeants de la holding basée à Kuala Lumpur qui envisagent de se lancer dans d'autres filières du capital-investissement, commente une source autorisée aux Afriques. En exclusivité, les informations en notre possession nous permettent de livrer les dessous du deal de rachat des 5 filiales au Sud du Sahara de ICB par la nigériane FBN (First Bank Of Nigeria). Le groupe malaisien a empoché pour ces 5 filiales ouest-africaines (Ghana, Sierra Leone, Sénégal, Guinée, Gambie) et celles du Malawi, du Mozambique et de Zambie le gros chèque d'un montant de 200 millions de dollars. Toutefois, selon des sources bien informées, la Malaisienne ICB n'a pas vendu l'ensemble de son réseau bancaire africain à la nigériane FBN. Nos informations révèlent en primeur que le consortium bancaire indien First Merchant Bank est très présent en Afrique australe et orientale, depuis plus de 200 ans maintenant. Coût de la transaction pour les trois filiales (ICB Mozambique, Zambie, Malawi) : 50 millions de dollars. En clair, la méga banque ICB dans son retrait du marché africain a empoché 200 millions de dollars, dont 150 millions de dollars des coffres de FBN et 50 millions de l'Indian First Merchant Bank. Seulement, le groupe ICB garde dans son giron sur le continent africain sa filiale de Djibouti et de Tanzanie. Question de stratégie ? Une source nous a confirmé que les plus gros clients d’ICB se trouvent en Djibouti et en Tanzanie. Ils ont mobilisé des investissements importants dans ces pays respectifs. On apprend aussi que toutes les filiales bancaires acquises par les Nigérians ont déjà change de nom: FBN Ghana, FBN Gambie, FBN Sierra Leone, FBN Guinée. Du côté de Dakar, on traine les pieds. Car, les autorités nigérianes attendent toujours l'autorisation du régulateur ( la Commission Bancaire) de l'UEMOA pour le branding et s'appeler FBN Sénégal. Ismael Aidara Tamweel-Bank Asya Lancement de 4 projets de banques halal au Bénin, Mali et au Tchad La société d’investissement Tamweel Africa Holding, co-détenue par la SID (Société islamique pour le développement du secteur privé), filiale de la Banque islamique de développement, et la banque turque Bank Asya, s'apprêtent à lancer 4 banques islamiques au Bénin, au Mali et au Tchad. Le dossier d'obtention d'agrément est bouclé. Khaled Al-Aboodi, directeur général de la SID L’ offensive de la finance islamique se concrétise. Le directeur général de la SID, Khaled Al-Aboodi, avait annoncé la couleur le 22 avril dernier. L'ambitieux projet d'implantation de banques islamiques au Bénin, au Mali et au Tchad passe à la vitesse supérieure. Tamweel Africa Holding a pris l'option de prendre pied avant fin juillet 2015 sur la place financière de Cotonou. Le dossier d'agrément d'implantation est bouclé après plusieurs allers-retours dans la capitale béninoise de l'équipe drivée par le Sénégalais Babacar Ndoye, ex-directeur général de la Banque islamique du Sénégal, récemment promu patron de Tamweel Holding Africa, a révélé aux Afriques une source bien informée. Signe d'optimisme, le ministre des Finances du Bénin a donné son avis favorable et la commission bancaire ne tardera pas à accorder l'agrément. La Banque islamique du Bénin, calquée sur le modèle de Banque islamique du Sénégal, géniteur des autres institutions halal en Guinée, au Niger, en Mauritanie, devra empocher son ticket d'entrée sur le marché avant fin juillet prochain. Des missions de haut niveau ont été effectuées respectivement au Mali et au Tchad. La Banque burkinabè Coris International prête à l'ouverture d'une fenêtre islamique devra servir de plateforme pour l'entrée de Tamweel Africa Holding à Ouagadougou. Même si les autorités de la SID et de Coris Bank affichent une volonté de concrétiser le projet, rien n'a filtré pour l'instant dans l'évolution du dossier. Au Tchad, deux projets d'envergure sont dans le pipe, il s'agit de la création d'une banque halal et d'une société de leasing islamique. Aux dernières nouvelles, le ministre des Finances du Tchad, Kordje Bedoumra s'affaire aux derniers réglages en vue de l'octroi des agréments. Le directeur général, Khaled Al-Aboodi, a annoncé à l'occasion du raout de la BID à Maputo, courant juin 2015, que les investissements vers l'Afrique, s'élevant aujourd'hui à 12%, devront augmenter sensiblement de 20 points. L'Afrique représente un marché à fort potentiel pour la SID qui compte booster ses investissements stratégiques dans l'activité bancaire halal, devenue la voie royale pour l'émergence d'une industrie bancaire performante aux profits et risques partagés. I.A. 25 juin 2015 Les Afriques . 47 DOSSIER Mouhamed Ndiaye, DG CMS «Concevoir des produits et services adaptés» Dans cette interview, Mouhamed Ndiaye, directeur général du Crédit Mutuel du Sénégal, relate, entre autres, l’importance des chantiers de l’inclusion financière, sans pour autant négliger l’articulation entre des banques, des SFD et des Etablissements de crédit dans leurs concours à l’économie, une offre de produits et services adaptés... L Réfléchir, sur les réformes du dispositif réglementaire et prudentiel en vue d’optimiser l’inclusion financière. 48 Les Afriques . 25 juin 2015 es Afriques : L’articulation IMF-Banque, l’accessibilité à des services financiers par tous ou l’inclusion financière : Quelle réflexion vous inspire ce débat ? Mouhamed Ndiaye : Par la question, vous nous donnez l’occasion de montrer le sens de cet interview dans le numéro spécial Banques de votre magazine. Car, en effet, évoquer l’activité du secteur bancaire sans inclure les autres acteurs importants comme les Systèmes Financiers Décentralisés, c’est occulter déjà les problématiques qui touchent les populations défavorisées, les PME-PMI et j’en passe. Il est vrai que le débat sur l’inclusion financière se pose de plus en plus, mais très souvent, il porte sur l’accessibilité à des services financiers par tous. Autrement dit, faire en sorte que les populations, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, aient accès à des services financiers. De ce point de vue, la structuration du marché en termes de microfinance, de mésofinance, de nano ou macro, devient un faux débat. Ce qui importe, c’est de concevoir des produits et services adaptés à cette cible, multidimensionnelle et multiforme. Cette acception de l’inclusion financière ne doit pas cacher l’autre acception qui consiste à poser le débat de l’articulation entre acteurs financiers poursuivant le même but à savoir le financement de l’économie. Il s’agit notamment des banques, des SFD (Ndlr : Systèmes Financiers Décentralisés) et des Etablissements de crédit. Toutefois, il faut éviter de poser ce débat en termes de relation commerciale que devraient entretenir naturellement, et ce selon les lois du marché, des agents économiques, qu’ils soient banque ou SFD. De notre point de vue, il doit s’agir de réfléchir, sur les réformes du dispositif réglementaire et prudentiel en vue d’optimiser l’inclusion financière et par conséquent de relever de façon significative le taux de bancarisation. LA : L'irruption sur le marché financier de la mésofinance par un nouvel acteur de la place ne porte pas un préjudice à la politique de déploiement et de diversification de vos produits envers les populations cibles de l'établissement ? M.N. : Une partie de votre question trouve sa réponse sur les développements précédents. Toutefois, il faut préciser que le marché est global et à la fois diverse ou chaque acteur a son apport à proposer. Les SFD en zone UEMOA (Ndlr : Union économiqueet monétaire ouest africaine) en général ou au Sénégal en particulier, soutiennent le financement de l’économie par des produits et services adaptés et qui transcendent la logique de nano, micro ou méso. D’ailleurs, notions non codifiées encore moins définies de façon consensuelle par tous les acteurs. Sinon comment justifier les stratégies de «up scalling» des SFD et de «down scalling» menées par les banques ? LA : Quelle est la part de contribution du CMS dans le financement de l'économie du pays ? M.N. : L’économie sénégalaise à l’instar des économies en général est financée notamment par les banques, les SFD et différents instruments financiers mis en place par les pouvoirs publics. Selon le rapport de la Direction de la Réglementation et des Systèmes Financiers Décentralisés du Ministère de l’Economie et des Finances, le financement de l’économie par les SFD s’apprécie par le rapport entre l’encours de crédit et le PIB. Ce ratio était de 3,22% en 2013 contre 3,19% en 2012 soit une hausse de 0,94%. Et pour la même période selon le rapport de la Direction de la Microfinance, le CMS détenait 42,30% de l’encours de crédit du secteur. Une analyse de ces indicateurs vous donne une idée de la part de contribution du CMS dans le financement de l'économie du pays. En partenariat avec la Banque Mondiale, le Crédit Mutuel du Sénégal a expérimenté une nouvelle offre de services financiers agricole et rurale, dénommée Agrifin. LA : Le Sénégal va abriter la Semaine africaine de la microfinance en fin juin 2015 dont le thème porte sur «Innover pour accélérer la finance rurale en Afrique». Nous savons que le CMS a une grande expérience de la finance rurale, comptez vous la partager à cette occasion ? M.N. : Nous rappelons que le Crédit Mutuel du Sénégal a été créé vers la fin des années 80, au moment où les banques de développement ont failli à leur mission de donner une réponse à la question du financement agricole notamment dans le bassin arachidier. Depuis lors, le CMS a développé une technologie de crédit qui permet aujourd’hui d’accompagner le petit exploitant agricole en milieu rural tout comme le grand fermier ou agro business, implanté dans la Vallée ou aux Niayes. En partenariat avec la Banque Mondiale, le Crédit Mutuel du Sénégal a expérimenté ces dernières années, une nouvelle offre de services financiers agricole et rurale dénommée Agrifin, dont un des livrables majeurs a été l’instauration d’un centre pour le Financement Agricole (CFA), dont l’approche d’intervention prend en compte la dimension chaîne de valeurs. Ainsi, à l’occasion des crédits de campagne arachi- dière, des financements sont accordés aux producteurs en amont et aux Opérateurs Privés Stockeurs (OPS) en aval allant de 100 000 francs (environ 152 Euro ou 200 dollars) à 400 millions (environ 610 000 Euro ou 800 000 mille dollars) par engagement. Nous apprécions la pertinence du thème de la prochaine semaine africaine de la microfinance pour laquelle, notre Direction du Développement Rural, travaille pour une contribution du Crédit Mutuel du Sénégal, fondée sur notre expérience depuis plus de 25 ans. LA : Le CMS a une vocation de s'ouvrir vers le marché régional africain, quels sont les projets innovants et flexibles à court et moyen termes dans le pipe au Sénégal d'abord et pour pénétrer les marchés de l'espace Uemoa ? M.N. : A court terme, nous ambitionnons de proposer un véhicule innovant pour offrir nos meilleurs services financiers aux populations de la sous région UEMOA et au delà. Nous reviendrons plus amplement sur ce sujet en d’autres occasions. Propos recueillis par Ismael Aidara Bio-express Mouhamed Ndiaye, titulaire du MBA Université du Qébec à Montréal et Doctorant en Sciences économiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mouhamed Ndiaye est actuellement Directeur général du Crédit mutuel du Sénégal (CMS) 25 juin 2015 Les Afriques . 49 DOSSIER Côte d'Ivoire Versus Bank desserre la serrure La petite banque Versus Côte d'Ivoire, appartenant à 100% à l'Etat ivoirien, sort de la zone de turbulences. Revirement spectaculaire alors que tout prédisait sa mort prématurée, l'exercice 2014 affiche une petite forme. Le total bilan est de 48,5 milliards de f CFA. Versus Bank L'embellie financière enregistrée à la clôture du bilan 2014 avec des encours de prêts de l'ordre de plus de 50 milliards de f CFA et un Produit net brut (PNB) de l'ordre de 4 milliards, est encourageante. 50 Les Afriques . 25 juin 2015 G rosse prouesse pour le manager Guy Koizan à la tête de Versus Bank Côte d'Ivoire. Après la fermeture de BFA (Banque de financement pour l'Agriculture), la banque étatique Versus a failli frôler la liquidation. Plus de peur que de mal. La tendance a été inversée de justesse. Grâce à l'entregent et à la politique commerciale innovante et agressive du top management, la banque a dû très vite remonter la pente. A priori, pour une banque dont les clignotants étaient au rouge, il y a quelques années, l'embellie financière enregistrée à la clôture du bilan 2014 avec des encours de prêts de l'ordre de plus de 50 milliards de f CFA et un Produit net brut (PNB) de l'or- dre de 4 milliards, est encourageante. Le total bilan a atteint 48,5 milliards de f CFA. Derrière cette petite forme de Versus dont le capital social est de 3 milliards f CFA, la volonté manifeste du Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, et du ministre des Finances d'accompagner et de sauver la banque publique. Le hic reste le projet de privatisation de Versus Bank dans les starting-blocks de l'Etat qui cherche repreneur stratégique via la cession des parts. Sans doute, le gouvernement a tiré les leçons de la liquidation de la BFA, banque spécialisée dans le financement de l'agriculture. Cette banque avait suscité beaucoup d'espoirs avant de s'effondrer. Ismael Aidara, Abidjan ZOOM 52 Les Afriques . 25 juin 2015 Afrique La dernière frontière ? La croissance économique en Afrique devrait se raffermir en 2015 et 2016, pour se situer à 4,5 et 5%, des niveaux proches de ceux d’avant la crise mondiale de 2008/09. Cette étude se penche, entre autres, sur les difficultés que rencontrent les gouvernements africains aux trajectoires de reprise différentes, les entraves au retour d’avant la crise... L Côté demande, l’impulsion provient de la consommation privée et des investissements dans les infrastructures. a croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique devrait se consolider en 2015 et 2016, à 4.5 et 5%, après deux années d’expansion modérée (3.5 et 3.9% en 2013 et 2014). En 2014, la performance a été inférieure aux attentes, d’un point de pourcentage environ, l’économie mondiale restant fragile et certains pays africains étant confrontés à de graves difficultés intérieures. Mais l’économie mondiale reprend des couleurs et si les prévisions de cette édition du rapport Perspectives économiques en Afrique se révèlent correctes, alors l’Afrique devrait bientôt renouer avec les impressionnants taux de croissance d’avant la crise économique mondiale de 2008/09. Les écarts entre les régions ne laissent pas d’étonner : l’Afrique de l’Ouest affiche une croissance relativement soutenue de 6% en 2014, malgré le combat qu’elle doit livrer contre le virus Ebola. Au Nigéria (6.3% de croissance), l’impulsion est essentiellement venue des secteurs non pétroliers, signe que l’économie se diversifie. A contrario en Afrique australe, la croissance est passée sous la barre des 3%, la locomotive de la région, l’Afrique du Sud, n’enregistrant qu’une hausse de 1.5%. Côté offre, des secteurs comme l’agriculture, les industries extractives, la construction et les services sont les principaux moteurs de l’expansion. Côté demande, l’impulsion provient de la consommation privée et des investissements dans les infrastructures. Jusqu’ici, les économies africaines ont relativement bien résisté à l’effondrement des cours internationaux des pro- duits de base. La production a souvent augmenté malgré cette baisse des prix, sachant que la croissance a également été dopée par d’autres secteurs. Mais si cette faiblesse des cours des matières premières perdure ou s’aggrave, le tassement de la croissance dans les pays riches en ressources pourrait s’accentuer, les gouvernements devant tailler dans les dépenses. Ils resteront à l’affût des évolutions sur les marchés clés, notamment en Europe et en Chine. Dans les pays où les tensions inflationnistes se sont relâchées, les taux d’intérêt directeurs ont été abaissés pour stimuler la croissance. Dans plusieurs pays néanmoins, la monnaie a subi des pressions sur le marché des changes, auxquelles les banques centrales ont réagi en durcissant leurs politiques, afin de stabiliser les cours et d’endiguer l’inflation. La plupart des pays africains ont poursuivi leurs politiques budgétaires prudentes pour maintenir les déficits à des niveaux viables. Mais dans certains cas, y compris des pays exportateurs de pétrole, la situation budgétaire s’est dégradée malgré les efforts pour limiter les dépenses et améliorer le recouvrement des impôts. La croissance en Afrique est en passe de se consolider Le retournement conjoncturel impressionnant de l’Afrique dans les années 2000 s’est traduit par l’essor du PIB moyen, qui a plus que doublé, passant d’un peu plus de 2% dans les années 1980 et 1990 à plus de 5% entre 2001 et 2014 – une performance supérieure à la croissance mondiale, laquelle s’est 25 juin 2015 Les Afriques . 53 ZOOM Graphique 1.1. Croissance économique en Afrique, 2002-16 Afrique Afrique (hors Libye) Taux de croissance (%) 7 6 5 4 3 2 1 p) 20 16 ( p) 15 ( 20 20 14 (e ) 13 20 12 20 11 20 10 20 09 20 08 20 07 20 20 06 05 20 04 20 03 20 20 02 0 Note : (e) estimations et (p) prévisions. Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement. établie légèrement au-dessus de 4%, et à celle de l’Amérique latine et des Caraïbes (juste au-dessus de 3%). Mais cette progression est inférieure à celle des pays émergents et en développement d’Asie, à environ 8% (Encadré 1.1). Les atermoiements de l’économie mondiale et les conflits politiques et sociaux ont freiné l’expansion économique de l’Afrique. Les marchés d’exportation, en particulier 1.1. L’Afrique en quête de solutions pour soutenir la reprise de la croissance La stabilité politique, des politiques économiques plus avisées et une hausse de la demande de produits de base sont autant de facteurs qui ont contribué à la reprise économique du continent depuis quelques décennies. Celui-ci cherche désormais des solutions pour rendre cette évolution durable et aider les pays qui n’ont pas démantelé les freins à la croissance. Une comparaison entre la situation actuelle et celle des années 1980 et 1990 – les fameuses «décennies perdues» – permet de comprendre quelles sont les meilleures options. Premier constat : l’hétérogénéité de l’économie africaine, qui implique de s’intéresser à la performance de chaque pays avant d’analyser la croissance globale du continent. Une comparaison des résultats sur la période 1986-2000 et la période 2001-14 révèle les points suivants : dans le premier cas, le taux de croissance moyen du 54 Les Afriques . 25 juin 2015 PIB est resté inférieur à 2% dans plus d’un tiers des pays africains, sachant que dans 44% des pays du continent, il était inférieur à 3%. La croissance démographique se situant alors majoritairement entre 2 et 3%, le PIB par habitant a reculé ou stagné dans la plupart de ces pays. Mais pendant la seconde période, le nombre de pays affichant une croissance inférieure à 3% est tombé à 17%, seuls la République centrafricaine (RCA) et le Zimbabwe se situant sous la barre des 2%. Le nombre de pays obtenant une croissance supérieure à 4% a été nettement plus important que pendant la première période (graphique 1.3). Une analyse des performances individuelles de chaque pays pendant les deux périodes met en évidence trois principaux facteurs propices à la croissance. La stabilité politique : parmi les pays affichant une croissance inférieure à 2% au cours de la première pé- riode, beaucoup ont connu des guerres civiles, des coups d’État militaires ou des troubles civils (Algérie, Angola, Burundi, Djibouti, Guinée-Bissau, Niger, RCA, République démocratique du Congo [RDC], Rwanda et Sierra Leone). La stabilité politique s’est améliorée entre 2001 et 2014, même si plusieurs pays ont à nouveau été le théâtre de troubles politiques, parfois temporaires (Côte d’Ivoire, Égypte, Guinée, Guinée-Bissau, Libye, Madagascar, Mali, RCA, Tunisie). Dans certains cas (Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar et RCA), le taux de croissance moyen est resté inférieur à 3%. Une demande de matières premières soutenue et la flambée des prix : la croissance de la production mondiale s’est accélérée dans les années 2000, sous l’impulsion essentiellement de la Chine et d’autres nations émergentes. Cela a eu pour effet de doper la demande de pétrole et de De tous les marchés émergents, ce sont la Chine et l’Inde qui devraient progresser le plus rapidement, mais à un rythme inférieur à celui de la dernière décennie. en Europe mais aussi en Chine, n’ont pas été aussi dynamiques qu’attendu en 2014. Et la chute non anticipée des cours du pétrole et des autres produits de base a induit une baisse des revenus dans les pays africains exportateurs. L’épidémie d’Ebola, dont l’épicentre se situe en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, a fait des milliers de victimes et provoqué d’importantes pertes économiques. Si dans quelques pays, la situation politique et sécuritaire est toujours incertaine, elle s’est améliorée ailleurs. Des progrès, mais... Sur le plan de l’environnement des affaires, les progrès obtenus dans certains pays ont marqué le pas ou bien ont régressé, même si les conditions générales entourant la pratique des affaires ont continué de s’améliorer dans de nombreux autres cas. L’influence de ces facteurs contraires explique que la croissance soit restée soutenue dans certains pays et ait été modérée ailleurs. Globalement, le PIB en Afrique est ressorti à 3.9% en 2014, contre 3.5% en 2013. Le rythme devrait s’accélérer en 2015 et 2016, à respectivement 4.5 et 5%, pour se rapprocher des niveaux d’avant la crise financière mondiale de 2008/09. En Afrique subsaharienne, la croissance s’est établie à 5.2% en 2014. Elle devrait marquer le pas en 2015, à 4.6%, avant de rebondir à 5.4% en 2016. L’atonie relative de la croissance en Afrique du Sud a pesé sur les performances de la région à hauteur de 0.75 point de pourcentage. Si l’on exclut l’Afrique du Sud, l’économie subsaharienne minéraux et de renchérir les prix des matières premières – un scénario qui a profité aux pays africains riches en ressources. Dans plusieurs de ces pays (Angola, Guinée équatoriale, Nigéria, Sierra Leone et Tchad), le taux de croissance annuel moyen est ressorti à 8%, dépassant même cette cote entre 2001 et 2014. La bonne tenue des cours des matières premières a également eu un effet dynamisant sur des économies riches en ressources comme la Zambie, où le taux de croissance moyen est passé de 0.5% en 1996-2000 à pratiquement 6% en 2001-14. Le Ghana et le Mozambique, qui ne font pas partie des pays riches en ressources mais où les industries extractives jouent un rôle croissant, ont eux aussi atteint un taux de croissance soutenu, proche de 7% dans le premier cas et de pratiquement 8% dans le second. Des politiques économiques optimales : le recul de l’inflation et des budgets plus solides grâce à des politiques prudentes ont, parallèlement devrait ressortir à 5.2% en 2015 et 6.2% en 2016 – sous réserve de la reprise de l’économie mondiale, du redressement progressif des cours du pétrole et de la maîtrise de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Mais dans l’hypothèse d’une propagation du virus, d’une chute continue des prix des matières premières ou d’un durcissement des conflits politiques et sécuritaires, ces prévisions pourraient être revues à la baisse. La fragilité des marchés d’exportation, en particulier en Europe, et des marchés financiers internationaux constitue une autre menace. Modérée, la croissance mondiale devrait progressivement redémarrer, sur fond d’une hausse de la demande d’exportations : les prévisions tablent sur un taux de 3.5% en 2015, puis de 3.7% en 2016, contre 3.3% en 2014. Cette évolution sera essentiellement le fait des États-Unis et d’une reprise régulière en Europe et au Japon. De tous les marchés émergents, ce sont la Chine et l’Inde qui devraient progresser le plus rapidement, mais à un rythme inférieur à celui de la dernière décennie. Les échanges internationaux devraient rebondir, passant de 3.1% en 2014 à respectivement 3.8 et 5.3% en 2015 et 2016 (FMI, 2015). Le fléchissement des cours du pétrole dope la croissance dans les pays importateurs même si certains, en particulier dans la zone euro, sont toujours aux prises avec un endettement élevé et une demande atone. Ce redémarrage de l’activité mondiale profitera aux exportations africaines, même si leur essor sera moins marqué que pendant les précédentes re- aux allégements de dette, également amélioré la stabilité macroéconomique et soustendu la croissance dans de nombreux pays. Les États ont engagé une transformation structurelle en faveur d’activités plus productives en lieu et place des secteurs traditionnels. Cette évolution a permis à des pays comme l’Éthiopie et le Rwanda, pauvres en ressources, d’atteindre un niveau de croissance annuel élevé, supérieur ou égal à 8%. Mais la transformation structurelle est restée limitée dans la plupart des cas, ce qui n’a pas permis de créer suffisamment d’emplois pour faire reculer la pauvreté, d’autant que les gains de productivité sont encore modestes (BAfD et al., 2013). Ces constats corroborent le postulat selon lequel la stabilité politique et sociale est une condition préalable indispensable pour la croissance économique. Mais cette stabilité dépend aussi du partage des fruits de la croissance. Rares sont les pays africains exemplaires à cet égard (Ncube et al., 2013). De tous les pays affichant une croissance annuelle moyenne supérieure à 6% entre 2001 et 2014, l’Éthiopie fait la course en tête pour ce qui est de la croissance solidaire. D’autres pays aux performances similaires voire meilleures ne s’en sortent pas aussi bien. Il y a donc urgence à rendre la croissance plus inclusive. Deuxièmement, les pays riches en ressources d’Afrique risquent de pâtir du déclin des cours du pétrole et des minéraux si ce mouvement devait perdurer. Qu’ils soient ou non riches en ressources, tous les pays doivent préserver la stabilité macroéconomique et accélérer la diversification en améliorant les infrastructures économiques et sociales et les institutions gouvernementales. Cela leur permettra d’élargir leur assise économique et de mieux satisfaire les besoins de développement social. Les pays devenant ce faisant moins vulnérables aux retournements de conjoncture, la croissance n’en sera que plus solidaire et durable. 25 juin 2015 Les Afriques . 55 ZOOM Graphique 1.2. Situation économique actuelle en Afrique et perspectives er présumées des six prochains mois, 1 trimestre 2000 – 1 er trimestre 2015 À la fin des six prochains mois Actuellement Bonne/meilleure Satisfaisante/ pareille Mauvaise/pire 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Sources : Ifo Institute for Economic Research (2015). prises, lorsque la croissance était plus alerte et les prix des produits de base plus soutenus. Les pays africains couverts par l’enquête internationale de conjoncture de l’institut Ifo1 avaient tablé sur un redressement en 2014, porté par des attentes positives. Mais début 2015, l’appréciation de la situation actuelle et les attentes pour le premier semestre se sont dégradées, signe que les perspectives sont incertaines. En 2014, la demande intérieure a largement sous-tendu la croissance en Afrique L’agriculture est la locomotive économique du continent, qui représente environ 60% de l’emploi total et autour de 25% de son PIB. 56 Les Afriques . 25 juin 2015 La croissance en Afrique est induite par des évolutions du côté de la demande comme du côté de l’offre. La demande intérieure a continué de doper les performances de nombreux pays africains, la demande extérieure restant pour l’essentiel modérée, plombée par l’affaiblissement des marchés d’exportation, en particulier dans les pays avancés et, dans une moindre mesure, dans les pays émergents. En valeur, les exportations ont elles aussi pâti de ce tassement des prix (graphique 1.4) mais pour ce qui concerne l’Afrique, elles devraient retrouver des couleurs en 2015 et en 2016, dans le sillage de la reprise mondiale. En 2014, la demande intérieure dans la plupart des pays africains a surtout été tirée par la consommation privée et les investissements publics d’infrastructure, ces derniers étant par ailleurs de plus en plus financés par l’émission d’obligations souveraines (chapitre 2). Côté offre, l’environnement des affaires s’est amélioré dans de nombreux pays d’Afrique, ce qui conforte les perspectives de crois- sance à long terme. Le Bénin, la Côte d’Ivoire, la RDC, le Sénégal et le Togo figurent même dans le palmarès de tête des dix pays ayant le plus introduit des réformes à cet effet. Cinq secteurs sont à l’origine du développement de l’offre du continent en 2014, à savoir l’agriculture, les industries extractives, la construction et les services et, dans une moindre mesure, les industries manufacturières. Mais il ne faut pas se focaliser sur la seule croissance sectorielle, du fait des importants effets de retombées d’un secteur à l’autre. D’autant que la modernisation et la transformation structurelle se manifestent aussi dans certains secteurs. L’agriculture est la locomotive économique du continent, qui représente environ 60% de l’emploi total et autour de 25% de son PIB. Sa part dans le PIB a fortement décliné depuis quelques années dans certains pays, comme l’Éthiopie, le Ghana et le Nigéria. Mais elle a aussi progressé ailleurs, comme en Angola et au Kenya. Le secteur reste tributaire des aléas climatiques et des variations des cours internationaux de produits agricoles. Les conditions météorologiques ont été plutôt favorables en 2014 pour l’Afrique en général, à l’exception notable de pays comme l’Angola, la Gambie et la Mauritanie. Ajoutée à une hausse des investissements, cette situation explique la qualité des récoltes. L’augmentation de l’offre et la diminution de la facture pour les denrées alimentaires importées ont entraîné une baisse des prix à la consommation. Dans le même temps, les recettes à l’exportation des agriculteurs ont été affectées par le tassement des cours internationaux, notamment pour le coton. Les pays riches en ressources Les économistes tablant sur une reprise modeste de l’économie mondiale et le redressement de certains cours des matières premières. continuent de dépendre des industries extractives, même si leur part dans le PIB recule depuis quelques années. Les industries extractives ont induit une bonne part de la croissance en 2014 en Algérie (pétrole), au Botswana (diamants), au Congo (pétrole), en Namibie (mines), en RDC (cuivre, or, diamants et pétrole), au Soudan (or et pétrole) et en Tunisie (phosphates). Au Ghana, la production de pétrole a continué de se développer, contrairement à la production d’or, plombée par le fléchissement des cours. Au Nigéria – premier producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne – la production est restée inférieure aux objectifs. En Zambie, gros exportateur de cuivre, la production a stagné. Mais l’un et l’autre de ces pays ont affiché de bonnes performances, grâce à des secteurs non extractifs en plein essor. En Guinée équatoriale, très dépendante des industries extractives, la baisse de la production de gaz et de pétrole et le recul du PIB se sont répétés pour la deuxième année consécutive. Les économistes tablant sur une reprise modeste de l’économie mondiale et le redressement de certains cours des matières premières, les secteurs extractifs joueront toujours un rôle important dans la croissance de la plupart des pays africains riches en ressources en 2015 et 2016, même si leur part dans le PIB continuera probablement de s’éroder. Le secteur de la construction est un important moteur de la croissance. Sa part dans le PIB augmente depuis quelques années dans la plupart des pays sachant que, dans certains cas, il l’emporte même sur les industries manufacturières. Cette situation s’explique par le boum des investissements dans les infrastructures et le logement. Dans la plupart des pays africains, les services jouent un rôle majeur dans la croissance. Les nouvelles technologies de l’information et des com- munications (TIC) stimulent la croissance et la productivité. Avec les progrès de la connectivité, les habitants des régions isolées peuvent désormais utiliser la banque mobile, la technologie venant ainsi étayer l’inclusion économique et sociale. Les activités traditionnelles comme le transport, le commerce, l’immobilier et les services publics et financiers continuent elles aussi de se développer, offrant de nouveaux emplois même si ceux-ci se trouvent souvent dans le secteur informel. Depuis quelques années, la part des services dans le PIB de nombreux pays ne cesse d’augmenter. Dans le cas du Nigéria, elle a doublé depuis 2008. Le potentiel du secondaire Les industries manufacturières restent relativement restreintes dans la plupart des pays africains, même si la situation est variable : elles tendent à être moins importantes dans les pays moins avancés abondamment dotés en ressources naturelles. Alors même qu’une activité manufacturière intense en main-d’oeuvre offre un réel potentiel en Afrique, le secteur achoppe dans de nombreux pays sur le manque de qualifications des ouvriers, l’absence d’infrastructures de transport et le coût de l’énergie (voir l’annexe 1.A1 consacrée à ce secteur en Afrique). Depuis quelques années, la part des industries manufacturières dans le PIB a augmenté dans plusieurs pays riches en pétrole comme l’Angola, le Gabon, le Nigéria et le Tchad, sachant que le niveau de départ était faible. L’évolution est contrastée là où les industries manufacturières sont plus développées que la moyenne : au Maroc, le secteur a progressé alors qu’en Afrique du Sud, au Lesotho et au Mozambique notamment, sa part dans le PIB a reculé. Pour plusieurs pays – Kenya, Ma- L’Afrique en quête de solutions pour soutenir la reprise de la croissance (suite) Graphique 1.3. Croissance en Afrique : répartition annuels moyens 2001-14 des pays par taux de croissance 1986-2000 Pourcentage de pays 40 35 30 25 20 15 10 5 0 Inférieure à 2 % 2-3 % 3-4 % 4- 5 % 5-6 % 6-7 % 7-8 % Supérieure ou égale à 8 % Croissance moyenne du PIB en volume Sources : Calculs des auteurs. 25 juin 2015 Les Afriques . 57 ZOOM Graphique 1.4. Évolution des exportations, Afrique et monde, 2008-14 Afrique (axe de gauche) Monde (axe de droite) Milliards USD 140 Milliards USD 5 000 130 4 500 120 110 4 000 100 3 500 90 80 3 000 70 2 500 60 50 20 08 2 0 T1 08 T 20 2 08 T 20 3 08 20 T4 09 2 0 T1 09 T 20 2 09 T 20 3 09 T 20 4 10 T 20 1 10 T 20 2 10 T 20 3 10 T 20 4 11 T 20 1 11 T 20 2 11 T 20 3 11 T 20 4 12 T 20 1 12 T 20 2 12 T 20 3 12 T 20 4 13 T 20 1 13 T 20 2 13 T 20 3 13 T 20 4 14 T 20 1 14 T 20 2 14 T3 2 000 Sources : FMI, Direction des statistiques du commerce (DOTS) (sans date). Le redémarrage progressif attendu de l’économie mondiale devrait permettre au tourisme africain de se redresser à court terme. 58 Les Afriques . 25 juin 2015 lawi, Maroc, Nigéria, Tanzanie et Tunisie – les performances de 2014 ont bénéficié d’une hausse de la production manufacturière. Mais ailleurs (Afrique du Sud, Mauritanie et Zambie par exemple), les résultats manufacturiers ont plombé la croissance. Au Ghana, le secteur a été pénalisé par des pannes de courant généralisées. Le tourisme est une importante source d’activité, qui a pâti de la morosité sur certains marchés clés, notamment en Europe, mais aussi de l’épidémie d’Ebola et des problèmes de sécurité dans quelques pays africains. Selon des données préliminaires, le nombre de touristes internationaux aurait progressé de 2% environ en 2014, contre 4.8% en 2013 – soit moins de la moitié du taux moyen des années 2005-08 (5.8%). Les résultats de 2014 s’expliquent par un accroissement du tourisme en Afrique subsaharienne (environ 3%). Les flux touristiques en Afrique du Nord ont stagné et fortement reculé dans les pays d’Afrique de l’Ouest frappés par l’épidémie d’Ebola : en Sierra Leone, le nombre d’arrivées a été pratiquement réduit de moitié après des années de croissance à deux chiffres – même si le niveau de départ reste modeste. En Afrique du Nord, les touristes ont été plus nombreux au Maroc (+2%), mais ils ont à nouveau boudé la Tunisie (-3%). Ailleurs, les problèmes intérieurs (incertitude politique et sécurité en Égypte et attaques de militants au Kenya) ont pesé sur le tourisme. Le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie et le Sénégal, qui se trouvent à proximité de l’épicentre de l’épidémie d’Ebola, ont vu eux aussi leurs flux touristiques décliner. Maurice, la Namibie et les Seychelles ont été pénalisées par la croissance atone en Europe et dans d’autres pays d’origine clés. Mais le tourisme est resté vigoureux au Bénin et en Tanzanie, stimulant la croissance. Le redémarrage progressif attendu de l’économie mondiale devrait permettre au tourisme africain de se redresser à court terme. Pour 2015, l’Organisation mondiale du tourisme table sur une hausse des visiteurs internationaux en Afrique comprise entre 3 et 5% (UNWTO, 2015). La croissance économique régionale reste inégale Les performances économiques varient d’une région d’Afrique à l’autre, reflétant les nombreux facteurs qui entrent en compte, comme les écarts de revenu, la dotation en ressources naturelles, les politiques macroéconomiques et la stabilité politique et sociale. L’Afrique de l’Est, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale continuent de faire la course en tête, tandis que l’Afrique du Nord et l’Afrique australe ont plus de mal à tenir le rythme. Mais quelle que soit la région, les enjeux sont les mêmes : parvenir à se diversifier et rendre la croissance plus inclusive. En Afrique de l’Est, la croissance s’est accélérée en 2014, à plus de 7%, contre moins de 5% en 2013. Elle devrait à nouveau se tasser en 2015, à 5.6%, pour repartir en 2016, à 6.7%. La région regagnera alors son titre de champion continental. C’est aussi la région qui a concentré la plus En Afrique du Nord, la croissance reste inégale, les retombées des soulèvements de 2011 se faisant toujours sentir. forte hausse des investissements directs étrangers (IDE) en 2014 (chapitre 2). Les fluctuations de sa croissance moyenne s’expliquent par la volatilité de la situation au Soudan du Sud, où le conflit armé a plombé la production de pétrole et le PIB en 2013. Le pays a redémarré en 2014 mais devrait à nouveau perdre des points en 2015, sachant que les prévisions sont excessivement aléatoires et tributaires de l’évolution du processus de paix. L’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont su conserver une croissance relativement alerte. Tous ayant un secteur minier très restreint et des industries manufacturières peu développées – ou en perte de vitesse – ces performances sont à imputer au secteur des services et à la construction. Mais elles résultent aussi d’une transformation sectorielle qui n’a pas toujours la même envergure. C’est en Éthiopie que les changements structurels sont les plus marqués, avec un recul de la part de l’agriculture dans le PIB (qui reste néanmoins supérieure à celle des autres pays) et un essor du secteur des services (plus fort qu’ailleurs). Au Soudan, la croissance est plus faible, l’économie n’ayant toujours pas surmonté le choc de la sécession du Soudan du Sud en 2011 et de la perte des revenus pétroliers qui en a découlé. L’Afrique de l’Ouest a réussi à maintenir une croissance relativement soutenue en 2014, à 6%, malgré l’épidémie d’Ebola qui touche la région. La Guinée, le Libéria et la Sierra Leone – les trois pays les plus durement frappés – ont vu leur croissance accuser nettement le coup (Encadré 1.2). Au Nigéria, premier pays d’Afrique par la taille, la croissance s’est accélérée à 6.3%, contre 5.4% en 2013, à nouveau portée par les secteurs non pétroliers et, en particulier, les services, Graphique 1.5. les industries manufacturières et l’agriculture, confirmant la diversification en marche de cette économie. La part du secteur du gaz et du pétrole dans le PIB s’est érodée, autour de 11%, à un niveau pratiquement équivalent à celui des industries manufacturières (10% du PIB environ). Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo se sont également maintenus sur une trajectoire de croissance relativement soutenue. Mais en Gambie et au Ghana, la croissance a marqué le pas, l’économie se contractant légèrement. La croissance de l’Afrique de l’Ouest devrait ralentir en 2015 avant de rebondir en 2016, largement tirée par l’activité au Nigéria. La croissance en Afrique centrale s’est accélérée en 2014, à 5.6%, contre 4.1% en 2013. La conjoncture économique varie cependant grandement d’un pays à l’autre. La RCA subit les conséquences d’une crise politique et sécuritaire. Malgré une croissance modérée, son PIB restera bien inférieur aux niveaux atteints avec l’éclatement de crise, fin 2012. En Guinée équatoriale, la diminution de la production de pétrole entraîne une érosion continue du PIB. Tous les autres pays de la région devraient conserver une trajectoire de croissance relativement soutenue. En dépit de la baisse des cours des produits de base, qui a eu quelques répercussions négatives, le secteur minier et les investissements connexes restent les deux principaux moteurs de la région. Même si, dans certains cas (comme au Cameroun, au Gabon, en RDC et à Sao Tomé-et-Principe), la croissance est plus diversifiée. En Afrique du Nord, la croissance reste inégale, les retombées des soulèvements de 2011 se faisant toujours sentir. La situation en Libye est extrêmement instable, avec des luttes de pouvoir Tourisme international en Afrique : nombre de visiteurs et recettes, 1980-2014 Recettes du tourisme international Arrivées de touristes internationaux Recettes (milliards USD) 60 Arrivées (millions USD) 120 50 100 40 80 30 60 20 40 10 20 0 0 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 Sources : UNWTO (2015). 25 juin 2015 Les Afriques . 59 ZOOM Tableau 1.1. Croissance en Afrique, par région, 2013-16 (croissance du PIB en volume, %) 2013 A f r ique 2014 (e) 2015 (p) 2016 (p) 3.9 4.5 5.0 3.5 A f r iqu e c e n t r a l e 4.1 5.6 5.5 5.8 A f r iqu e d e l ’ E s t 4.7 7.1 5.6 6.7 A f r iqu e du N or d 1. 6 1.7 4.5 4.4 A f r iqu e au s t r a l e 3.6 2.7 3.1 3.5 A f r iqu e d e l ’O u e s t 5.7 6.0 5.0 6.1 4.0 4.3 4.3 5.0 Pour mémoire : A f r iqu e h or s L ib ye A f r iqu e sub s a h a r i e nn e 4.7 5.2 4.6 5.4 Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud 5.4 6.2 5.2 6.2 Note : (e) estimations et (p) prévisions. Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement. entre différents groupes et l’effondrement des structures de gouvernance politique et économique. La production de pétrole a encore chuté au premier semestre 2014 et, malgré un léger redressement au second semestre, la croissance a de nouveau été négative en 2014, sachant que les perspectives sont éminemment incertaines. A contrario, le retour à une plus grande stabilité économique et politique en Égypte et en Tunisie contribue à restaurer la confiance des investisseurs. La reprise progressive des marchés d’exportation et l’amélioration de la sécurité devraient soutenir la 1.2. L’impact économique d’Ebola L’épidémie d’Ebola a été particulièrement virulente en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, portant un coup d’arrêt aux impressionnants progrès obtenus par ces pays depuis quelques années en matière de stabilité macroéconomique et budgétaire. Dans les trois cas, elle a provoqué d’immenses souffrances humaines et de lourdes pertes financières, seule une reprise progressive pouvant être attendue à court terme (PNUD, 2014a). Fin mars 2015, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de décès déclarés dépassait la barre des 10 000 victimes, pour plus de 25 000 cas répertoriés. Mais grâce à l’aide internationale et l’action des gouvernements nationaux dans la région, la situation semble s’améliorer et la propagation du virus aux pays voisins a été endiguée. Dans les pays touchés, l’épidémie s’est traduite par une baisse de production dans la plupart des secteurs. Certaines entreprises ont dû fermer et les chantiers de construction ont ralenti, la production agricole enregistrant un léger repli. Les déficits de production de riz par rapport à 2013 vont 60 Les Afriques . 25 juin 2015 de 8% en Sierra Leone à 4% en Guinée et 3% au Libéria (FEWS NET, 2015). Dans l’hôtellerie et la restauration, l’activité a fortement pâti du départ des employés des organisations de développement et des hommes d’affaires. Ce manque à gagner a été en partie compensé par l’arrivée de personnel d’urgence, qui devrait cependant repartir courant 2015, l’épidémie étant contenue. L’inquiétude de la communauté internationale s’est traduite par l’annulation des vols desservant ces pays, une situation qui a renchéri le coût des assurances pour les évacuations sanitaires. Bien que l’activité portuaire n’ait pas été interrompue, les navires ont été détournés, ce qui a accru les frais d’expédition et, à nouveau, les assurances. Les mesures prises par les gouvernements pour endiguer l’épidémie ont alourdi son impact économique. La fermeture des frontières a ralenti les échanges tandis que les restrictions de transport, les quarantaines et les couvre-feux ont freiné l’activité commerciale. Le Libéria a levé la plupart des restrictions en novembre 2014 puis a rouvert ses frontières et abandonné le couvre-feu en février 2015. En Sierra Leone, les restrictions ont été légèrement assouplies mais elles continuent de peser sur l’activité économique. Contrairement aux deux autres pays, la Guinée n’avait pas imposé de couvre-feu ni de restrictions aux déplacements. Le bien-être des ménages s’est dégradé pendant la crise, avec la baisse des revenus et de l’emploi. Au Libéria, une étude de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID et al., 2015) auprès des entreprises révèle que l’emploi permanent a reculé de 19% entre la période de référence (2013 à juillet 2014) et octobre 2014. En décembre 2014, la situation s’était légèrement redressée, avec une perte de 14% par rapport au niveau de référence. L’emploi temporaire et permanent des femmes a été plus durement impacté, avec un recul respectif de 55 et 38%, sachant qu’aucune amélioration notable n’avait été enregistrée sur ces deux fronts en décembre 2014. Le secteur de la construction et de la rénovation a été le plus La croissance sud-africaine devrait progressivement reprendre des couleurs avec le redémarrage des marchés d’exportation et l’amélioration de sa compétitivité. croissance, notamment du secteur touristique, même si les attaques terroristes de mars 2015 à Tunis ont suscité de nouvelles inquiétudes. En Algérie, la production de pétrole a augmenté pour la première fois depuis huit ans et stimule la croissance, aux côtés du secteur non pétrolier. Au Maroc, la production agricole a diminué en 2014, après les niveaux exceptionnels de 2013, et plombé la croissance du PIB. Mais celle-ci devrait repartir, sous réserve d’une campagne agricole normale et du redressement des marchés d’exportation. La Mauritanie continue d’afficher la croissance la plus forte et la plus stable de la région, sous-tendue par des politiques macroéconomiques et structurelles favorables. La performance de 2014 est essentiellement à imputer, côté offre, au secteur minier (minerai de fer) et à la construction et, côté demande, à la consommation et l’investissement privés. La part exceptionnellement élevée des investissements dans le PIB (environ 45%) augure bien de l’avenir. En Afrique australe, la croissance est retombée sous la barre des 3% en 2014 et ne devrait redémarrer que modérément en 2015 et 2016. Cette situation s’explique par une activité relativement atone en Afrique du Sud. L’économie la plus dynamique de touché par le recul de l’emploi temporaire masculin (la saison des pluies étant à incriminer en partie), tandis que l’hôtellerie et la restauration ont connu le plus fort déclin de l’emploi temporaire féminin (USAID et al., 2015). L’insécurité alimentaire, déjà forte avant la crise, devrait s’aggraver légèrement jusqu’à l’été 2015, les ménages devenant plus tributaires de l’accès aux marchés pour s’approvisionner. La croissance du PIB en 2014 dans la région touchée s’est considérablement tassée : elle a chuté d’un niveau de 13.8% selon les estimations du dernier rapport Perspectives économiques en Afrique (BAfD et al., 2014) à 6% au Sierra Leone, de 6.8 à 1.8% au Libéria et de 4.2 à 0.6% en Guinée. Le déficit en termes de PIB pour les trois pays considérés ensemble (par rapport aux prévisions de l’an dernier) ressort autour de 1.4 milliard USD (en parité de pouvoir d’achat), ventilé comme suit : 775 millions pour la Sierra Leone, 460 millions pour la Guinée et 165 millions pour le Libéria. Cela équivaut à une perte de revenu par habitant d’environ 130 USD en Sierra Leone et autour de 40 USD au Libéria et en Guinée. Au-delà de ces dom- la région a reculé à 1.5% en 2014, contre 2.2% l’année précédente, plombée par une demande plus faible des partenaires commerciaux et la baisse des cours des matières premières, sans oublier les grèves et les pannes d’électricité, qui ont perturbé l’activité. La croissance sud-africaine devrait progressivement reprendre des couleurs avec le redémarrage des marchés d’exportation et l’amélioration de sa compétitivité, soustendue par la forte dépréciation du rand. En Angola, la croissance a également marqué le pas sur fond de chute des cours du pétrole, d’une baisse temporaire de production pétrolière et d’un épisode de sécheresse qui a pénalisé les rendements agricoles. Elle devrait rester plus faible que le niveau moyen de la décennie passée, la perte de recettes pétrolières rejaillissant sur les dépenses publiques. Le Mozambique et la Zambie sont les locomotives de la région. Au Mozambique, la croissance est tirée par les mégaprojets et de lourds investissements dans les infrastructures financés à la fois par les IDE et le gouvernement. En Zambie, les bonnes récoltes de 2014 ont dopé la croissance et atténué les conséquences du ralentissement dans le secteur des mines, les industries manufacturières et les services. La croissance devrait mages immédiats, les effets contraires à moyen et long termes sont bien réels, puisque la diminution de l’investissement dans le secteur privé et les infrastructures publiques sape le potentiel de croissance. L’épidémie n’étant toujours pas contenue, il est délicat d’avancer des prévisions économiques. Le scénario proposé ici part de l’hypothèse que l’épidémie sera maîtrisée courant 2015 mais que l’activité économique restera déprimée, surtout en Sierra Leone où les indicateurs devraient se contracter. Mais à l’horizon 2016, la reprise devrait être au rendezvous pour les trois pays. Cette baisse de l’activité économique a pesé sur les recettes publiques alors même que les dépenses sociales additionnelles ont augmenté (PNUD, 2014b). Au Libéria, les rentrées fiscales à fin février 2015 étaient stables par rapport à l’année précédente, grâce à une aide budgétaire substantielle, qui se traduit par une augmentation de 19% des recettes totales par rapport à 2014. Mais l’essentiel de cette aide budgétaire a été prélevé par anticipation sur les volumes prévus pour les années suivantes, ce qui pourrait induire des difficultés de fi- nancement au cours des deux prochaines années. Le gouvernement va donc devoir soigneusement hiérarchiser ses dépenses. Avant la crise Ebola, la Guinée et la Sierra Leone ne présentaient qu’un risque modéré de surendettement, le Libéria faisant quant à lui partie des pays à faible risque. Mais avec le fléchissement de la croissance et l’affaiblissement des positions budgétaires, les risques d’instabilité macroéconomique et financière augmentent. L’épidémie menace aussi de détourner les dépenses des gouvernements et des donneurs au profit des services sanitaires d’urgence et au détriment des autres infrastructures, ce qui pourrait rejaillir sur la croissance à plus long terme. La perception d’un retour à l’instabilité pourrait prendre des années à s’effacer et freiner également le potentiel de croissance (Hettinger, 2014). Alors même que la propagation du virus aux pays voisins a été contenue, la région dans son ensemble a été affectée, à cause de la baisse des échanges transfrontaliers et du nombre de touristes, en particulier au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Gambie et au Sénégal (pour plus de détails, voir les notes pays respectives dans la Partie III). 25 juin 2015 Les Afriques . 61 ZOOM Tableau 1.2. Pays exportateurs de pétrole* Impact de la chute des cours du pétrole sur quelques pays africains exportateurs Part du pétrole dans le PIB (en %, 2013) Déficit de croissance consécutif à une chute de 25 % des cours du pétrole**, en % (arrondis) A l g ér i e 29.6 1.0 A ngol a 40.6 2.7 7.4 0.6 C a m er oun Tchad 27.4 2. 3 C ongo 58.0 2.6 Guin é e é qu a tor i a l e 74.1 1.5 G abon 40.0 1.3 Ni g ér i a 32.4 1.4 Notes : *Hors Libye, faute de données suffisantes. ** De 100 à 75 USD le baril. Sources : Calculs des économistes de la BAfD à l’aide du modèle vectoriel autorégressif mondial (GVAR) mis au point par l’institution. rester soutenue dans ces deux pays, qui doivent néanmoins redoubler d’efforts pour la rendre plus inclusive et diversifier leur économie. La chute des cours des matières premières Il est difficile de quantifier l’impact de la chute des cours sur la croissance dans les pays africains exportateurs de pétrole. 62 Les Afriques . 25 juin 2015 Les prix des matières premières, qui avaient commencé à céder du terrain en 2013, ont brusquement dévissé au second semestre 2014. La faiblesse de la demande des pays industrialisés et émergents, comme la Chine, est allée de pair avec une hausse de l’offre. Certains cours se situent désormais entre 40 et 50% en deçà de leurs records, même s’ils restent supérieurs à leurs niveaux d’avant le boum des matières premières. Les prix devraient progressivement repartir à la hausse sur la période 2015/16, avec le redressement de l’économie mondiale, même si cette hypothèse semble relativement risquée. Les cours du pétrole ont perdu plus de la moitié de leur valeur, le baril – qui avait franchi la barre des 100 USD mi2014 – se négociant à moins de 50 USD début 2015. L’offre mondiale s’est considérablement accrue, sous l’effet notamment d’une hausse de la production à partir des schistes bitumineux aux États-Unis, tandis que les producteurs traditionnels, au premier rang desquels l’Arabie saoudite, n’ont pas réagi à la chute des cours en réduisant la production. Cette hausse de l’offre sur fond d’appréciation du dollar américain est intervenue alors même que la demande baissait sous l’effet d’une croissance mondiale modérée. Les perspectives économiques pour l’Afrique présentées ici reposent sur l’hypothèse que les cours du pétrole ne dépasseront pas en moyenne la barre des 60 USD le baril, soit environ 40% en deçà de leur niveau moyen de 2014. En 2016, les prix pourraient augmenter légèrement, autour de 65 USD le baril en moyenne. Cette baisse des cours du pétrole rejaillit sur les économies par différents biais. Ne serait-ce qu’en tirant vers le bas les prix des autres combustibles et, notamment, du gaz naturel. Des prix moins élevés réduisent les factures de chauffage et de transport et favorisent les secteurs gourmands en énergie, comme l’agriculture. Le pouvoir d’achat des ménages augmente et, s’ils se tournent vers les biens produits localement, cela se répercute positivement sur le PIB. Selon les simulations, le PIB mondial aurait tout à gagner de cette situation, sous réserve que la baisse des prix du pétrole perdure2. Une révolution differenciée Les pays africains bénéficient de la chute des prix du pétrole, qui allège les tensions inflationnistes, augmente les revenus réels et raffermit les marchés d’exportation. Mais les pays exportateurs de pétrole du continent sont confrontés à une baisse des recettes publiques. La rente pétrolière s’amenuisant, les investissements et les explorations pourraient être réduits et, à plus longue échéance, la production. La baisse des cours du pétrole a aussi affaibli les monnaies des pays exportateurs, avec pour effet de relancer l’inflation et de réduire leurs capacités d’emprunt. Les autorités monétaires des pays qui disposent de solides réserves en devises pourront atténuer cette dépréciation en intervenant sur les marchés des changes – même si ces réserves ne sont pas inépuisables. Au vu de ces différents canaux de transmission des prix du pétrole sur l’activité économique, il est difficile de quantifier l’impact de la chute des cours sur la croissance dans les pays africains exportateurs de pétrole. Les modélisations de la Banque africaine de développement (BAfD) suggèrent qu’un recul permanent du prix de pétrole de 25% entraînerait un déficit de croissance du PIB allant de 0.6 à 2.7% pour les principaux pays africains exportateurs de pétrole (tableau 1.2). Les prévisions présentées ici Les taux de change sont restés relativement stables, les taux d’intérêt directeurs ont été abaissés pour stimuler la croissance. tablant sur un recul plus important des cours du pétrole, son impact pourrait être encore plus marqué. Mais ces simulations illustrent les effets à long terme sur la croissance en se basant sur des hypothèses générales «toutes choses égales par ailleurs». Jusqu’ici, la plupart des pays africains producteurs de pétrole ont relativement bien résisté à ce repli des cours et affichent une croissance plutôt soutenue en 2014. Souvent, la production a augmenté et la croissance a été stimulée par les secteurs non pétroliers. L’effet négatif le plus tangible pour l’instant se situe au niveau des recettes publiques. Si les cours du pétrole ne redécollent pas, alors la croissance va s’essouffler dans les années qui viennent puisque les gouvernements devront réduire leurs dépenses. Les cours des produits de base non pétroliers, comme le cuivre et l’or, et les prix à l’exportation de certains produits agricoles, comme le coton, se sont également repliés (graphiques 1.6 et 1.7). Si ce recul des prix pénalise les pays exportateurs, dont les revenus baissent, la plupart d’entre eux ont enregistré une croissance relativement soutenue en 2014, qui devrait rester bien orientée en 2015. Cette résilience s’explique par la hausse de la production agricole et minière et l’impact positif de l’essor d’autres secteurs, notamment les services, sur la croissance. De sorte que de nombreux pays exportateurs – le Bénin (coton), le Burkina Faso (or et Graphique 1.6. coton) ou la Zambie (cuivre) – ont conservé une trajectoire de croissance relativement solide. Les prix à l’importation des produits alimentaires de base ont continué leur repli en 2014, grâce à une augmentation de l’offre (graphique 1.8). Cette évolution, conjuguée à de bonnes récoltes, a permis de modérer l’inflation des prix alimentaires dans de nombreux pays africains. Stimuler l’économie grâce au levier de la politique monétaire La plupart des pays africains tentent d’améliorer les mécanismes de transmission de leur politique monétaire afin de mieux combattre l’inflation et de dynamiser leur économie. Le Rwanda et le Soudan notamment ont pris à cet effet des dispositions pour améliorer les liens entre politique monétaire, marchés financiers et secteurs réels. En 2014, les politiques monétaires et de change de l’Afrique sont restées orientées sur le maintien ou l’obtention d’une stabilité des prix. Dans les pays où les tensions inflationnistes se sont relâchées et où les taux de change sont restés relativement stables, les taux d’intérêt directeurs ont été abaissés pour stimuler la croissance. C’est la politique suivie par le Botswana, les pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC)3, le Mozambique et le Rwanda. Les autorités monétaires d’autres pays ou groupements — Union écono- Cours des matières premières, octobre 1999-février 2015 Aluminium Cuivre Or Pétrole Base janvier 2000 = 100 650 550 450 350 250 150 Oc F é t .- 9 v 9 Ju r.- 0 i 0 Oc n- 0 0 F é t .- 0 vr 0 J u .- 0 i 1 Oc n- 0 1 F é t .- 0 vr 1 . Ju 0 i 2 Oc n- 0 2 F é t .- 0 vr 2 J u .- 0 i 3 Oc n- 0 3 F é t .- 0 v 3 Ju r.- 0 i 4 Oc n- 0 4 F é t .- 0 vr 4 . Ju - 0 i 5 Oc n- 0 5 F é t .- 0 v 5 Ju r.- 0 i 6 Oc n- 0 6 F é t .- 0 vr 6 . Ju - 0 i 7 Oc n- 0 7 F é t .- 0 v 7 Ju r.- 0 i 8 Oc n- 0 8 F é t .- 0 vr 8 . Ju - 0 i 9 Oc n- 0 9 F é t .- 0 vr 9 Ju .-10 i Oc n-10 Fé t.-1 v 0 Ju r.-11 i Oc n-11 Fé t.-1 v 1 Ju r.-12 i Oc n-12 Fé t.-1 v 2 Ju r.-13 i Oc n-13 Fé t.-1 v 3 Ju r.-14 i Oc n-14 Fé t.-1 vr 4 .-1 5 50 Sources : Banque mondiale (2015a). 25 juin 2015 Les Afriques . 63 ZOOM Graphique 1.7. Prix à l’exportation des produits agricoles, octobre 1999-février 2015 Cacao Café arabica Coton Base janvier 2000 = 100 500 400 300 200 100 Oc F é t .- 9 v 9 Ju r.- 0 i 0 Oc n- 0 0 F é t .- 0 vr 0 J u .- 0 i 1 Oc n- 0 1 F é t .- 0 vr 1 . Ju 0 i 2 Oc n- 0 2 F é t .- 0 vr 2 J u .- 0 i 3 Oc n- 0 3 F é t .- 0 v 3 Ju r.- 0 i 4 Oc n- 0 4 F é t .- 0 vr 4 . Ju - 0 i 5 Oc n- 0 5 F é t .- 0 v 5 Ju r.-0 i 6 Oc n- 0 6 F é t .- 0 vr 6 . Ju - 0 i 7 Oc n- 0 7 F é t .- 0 vr 7 J u .- 0 i 8 Oc n- 0 8 F é t .- 0 vr 8 . Ju - 0 i 9 Oc n- 0 9 F é t .- 0 vr 9 Ju .-10 i Oc n-10 Fé t.-1 v 0 Ju r.-11 i Oc n-11 Fé t.-1 v 1 Ju r.-12 i Oc n-12 Fé t.-1 v 2 Ju r.-13 i Oc n-13 Fé t.-1 v 3 Ju r.-14 i Oc n-14 Fé t.-1 vr 4 .-1 5 0 Sources : Banque mondiale (2015a). En Éthiopie, la rigueur monétaire a permis de ramener l’inflation, qui avait atteint un record de pratiquement 40% en novembre 2011, autour de 7% en décembre 2014. 64 Les Afriques . 25 juin 2015 mique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)4, Kenya, Maurice et Tanzanie – n’ont pas détendu leur politique ou ne l’ont fait que de manière marginale. En Éthiopie, la rigueur monétaire a permis de ramener l’inflation, qui avait atteint un record de pratiquement 40% en novembre 2011, autour de 7% en décembre 2014. Selon les prévisions du rapport Perspectives économiques en Afrique, l’inflation devrait rester sous la barre des 10% en 2015/16. Mais les taux d’intérêt des dépôts étant inférieurs à l’inflation, les taux d’intérêt réels sont négatifs et n’incitent guère à épargner. Les banques centrales des pays dont la monnaie a été chahutée ont réagi par un durcissement des politiques. C’est ce qu’ont fait les autorités du Nigéria, même si la pression inflationniste a été contenue sous la barre des 10% grâce au tassement des prix des carburants et des denrées alimentaires. Au Ghana, l’inflation a redémarré sous l’effet d’une politique expansionniste de la masse monétaire et de la dépréciation de la monnaie. La banque centrale a adopté une position plus restrictive, qui devrait calmer l’inflation en 2015/16 – sous réserve néanmoins que les pressions se tassent sur le marché des changes et que le déficit budgétaire se réduise. En Afrique du Sud, l’inflation est restée relativement stable en 2014, autour de la limite supérieure de la fourchette cible (3-6%). Lorsque le rand a été dévalué, la banque centrale a réagi en augmentant les taux directeurs pour limiter les risques inflationnistes. Des facteurs extérieurs et intérieurs exercent une pression sur le taux de change, notamment la politique d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine (qui pourrait induire des sorties de capitaux), le ralentissement de la croissance en Chine et, en Afrique du Sud, la poursuite des conflits du travail et un déficit de la balance courante plus important que prévu. Les décisions de l’Afrique du Sud ont entraîné une baisse des taux de change effectifs réels et un durcissement des politiques monétaires au Lesotho, en Namibie et au Swaziland, membres de la même union monétaire que ce pays. Au Malawi et au Soudan, l’inflation a été particulièrement virulente en 2014, autour de 24 et 38% respectivement. Les deux banques centrales ont durci leurs politiques et cherchent à stabiliser leurs taux de change et à doper leurs réserves en devises. Les positions budgétaires et les balances courantes se sont affaiblies Le repli des cours des matières premières a fortement impacté les budgets publics des pays riches en ressources. Le redressement des finances publiques de nombreux pays africains depuis quelques années les a aidés à conforter leur stabilité macroéconomique et à résister plus sereinement aux chocs extérieurs. Mais ce tassement des cours Les déficits se sont à nouveau creusés en 2014, dépassant en moyenne les 4%, et devraient renouer avec les niveaux atteints pendant la récession mondiale. démontre une fois encore la fragilité des budgets de certains pays. La récession mondiale de 2008/09 a entraîné une dégradation du solde budgétaire moyen de l’Afrique, qui est passé d’une position excédentaire à un déficit tournant autour de 5% du PIB. La situation s’est progressivement redressée, grâce à la reprise économique et des politiques prudentes, le déficit moyen s’établissant autour de 3%. Mais les déficits se sont à nouveau creusés en 2014, dépassant en moyenne les 4%, et devraient renouer avec les niveaux atteints pendant la récession mondiale. Cette évolution tient pour l’essentiel à la dégradation des soldes budgétaires des pays exportateurs de pétrole, où la baisse des cours a provoqué un effondrement des recettes publiques. Malgré les efforts consentis pour limiter les dépenses et améliorer le recouvrement des impôts, plusieurs d’entre eux – notamment l’Algérie, l’Angola, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale – devraient afficher des déficits budgétaires relativement importants en 2015, entre 7 et 13%. En Libye, le déficit pourrait même atteindre 30% du PIB. Le Nigéria a réussi à maintenir un budget relativement équilibré en 2014 mais sa position budgétaire devrait s’affaiblir en 2015, sans toutefois dépasser 4.5% du PIB, grâce à une hausse des revenus non pétroliers. Au Mozambique, les nouvelles mesures d’assainissement permettront de ramener le déficit budgétaire à moins de 7% en 2016, contre 10% en Graphique 1.8. 2014. Au Ghana, malgré les nouvelles initiatives, le déficit ne reculera que faiblement entre 2014 et 2015, de 10 à 9.5% du PIB. En Égypte, le déficit se maintiendra autour de 11% en 2015, sous l’effet d’une politique budgétaire accommodante qui s’accompagne cependant d’efforts visant à améliorer la qualité des dépenses. La réduction de 40% des subventions à l’énergie fait partie des mesures phares. En Afrique du Sud, en Éthiopie, au Soudan, en Tanzanie et au Zimbabwe, les autorités maintiennent un cap prudent afin de conserver des déficits dans des limites viables. Le Botswana persévère dans la discipline budgétaire et devrait à nouveau afficher des excédents confortables en 2015 et 2016. Devant le durcissement des pressions budgétaires, de nombreux pays s’efforcent de maintenir des niveaux d’endettement viables. D’après les analyses de la viabilité de la dette de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Banque mondiale/ FMI, 2013 et 2014), deux tiers des pays étudiés depuis 2012 présentent désormais un risque faible à moyen de surendettement, le tiers restant présentant un risque faible. Globalement, l’évaluation de la dette en Afrique n’a guère évolué depuis l’édition 2014 du rapport Perspectives économiques en Afrique, à de rares exceptions près : ainsi en RDC, le risque est passé de «élevé» à «modéré», contrairement à la RCA, qui passe d’un risque «modéré» à «élevé», ou au Cap Prix à l’importation des produits alimentaires de base, octobre 1999-février 2015 Maïs Riz Blé Base janvier 2000 = 100 450 400 350 300 250 200 150 100 Oc F é t .- 9 v 9 Ju r.- 0 i 0 Oc n- 0 0 F é t .- 0 vr 0 J u .- 0 i 1 Oc n- 0 1 F é t .- 0 vr 1 . Ju - 0 i 2 Oc n- 0 2 F é t .- 0 vr 2 J u .- 0 i 3 Oc n- 0 3 F é t .- 0 vr 3 . Ju - 0 i 4 Oc n- 0 4 F é t .- 0 vr 4 J u .- 0 i 5 Oc n- 0 5 F é t .- 0 vr 5 . Ju - 0 i 6 Oc n- 0 6 F é t .- 0 vr 6 J u .- 0 i 7 Oc n- 0 7 F é t .- 0 vr 7 . Ju - 0 i 8 Oc n- 0 8 F é t .- 0 vr 8 J u .- 0 i 9 Oc n- 0 9 F é t .- 0 vr 9 . Ju -10 i Oc n-10 Fé t.-1 v 0 Ju r.-11 i Oc n-11 Fé t.-1 v 1 Ju r.-12 i Oc n-12 Fé t.-1 v 2 Ju r.-13 i Oc n-13 Fé t.-1 v 3 Ju r.-14 i Oc n-14 Fé t.-1 vr 4 .-1 5 50 Sources : Banque mondiale (2015a). 25 juin 2015 Les Afriques . 65 ZOOM Graphique 1.9. Inflation en Afrique, 2002-16 Inflation médiane (%) 12 10.5 10 8 7.1 6.4 6.1 6.9 5.6 6 6.2 4.4 5.7 4.2 4.4 5.0 4 4.2 4.2 3.4 2 0 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014(e) 2015(e) 2016 (e) Note : (e) estimations et (p) prévisions. Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement. Le fléchissement des cours du pétrole a également eu un retentissement négatif sur les balances courantes des pays exportateurs. 66 Les Afriques . 25 juin 2015 Vert et Cameroun, qui passent de risque «faible» à «modéré» (tableau 1.3). Malgré les risques d’endettement, les gouvernements sont pressés de dépenser, notamment pour remédier aux importants goulets d’étranglement dans les infrastructures économiques et sociales. Faute de réelle marge de manoeuvre, ils doivent impérativement mieux cibler leurs dépenses pour doper la croissance et le développement humain. Ils peuvent pour cela optimiser la composition des dépenses et l’efficacité des programmes. Il est avéré que le démantèlement progressif des subventions à l’énergie et l’orientation des fonds vers des emplois plus productifs, notamment les infrastructures, améliorent le bien-être des populations (Glomm et Jung, 2015). Avec la baisse des prix des carburants, une telle restructuration des dépenses devient politiquement moins risquée et certains pays se sont engagés dans cette voie : c’est ainsi que l’Égypte a réduit ses subventions à l’énergie d’environ 40% en juin 2014. La marge d’amélioration pour le recouvrement des impôts est par ailleurs importante – sachant qu’il s’agit d’une évolution indispensable face à la diminution annoncée de l’aide extérieure. Malgré les améliorations de ces dernières années, de nombreux pays africains ne parviennent pas encore à exprimer tout leur potentiel budgétaire (chapitre 2). La complexité des systèmes fiscaux et l’inefficacité des administrations n’encouragent pas la conformité fiscale des contribuables, même si la situation varie considérablement d’un pays à l’au- tre. Quatre pays sortent du lot pour la simplicité du paiement des impôts, qui figurent également dans les 50 pays affichant les meilleures pratiques sur les 189 couverts par le rapport 2015 de la Banque mondiale sur la question (Banque mondiale/PwC, 2014). Il s’agit de Maurice (13e place), de l’Afrique du Sud (19e place), du Rwanda (27e place) et des Seychelles (43e place). Les dix meilleurs pays africains suivants sont Madagascar (65e), le Maroc (66e), le Botswana (67e), le Swaziland (74e), Djibouti (75e), le Libéria (77e), la Zambie (78e), la Tunisie (82e), la Namibie (85e) et le Cabo Verde (91e). Mais bon nombre de pays africains affichent des scores nettement moins reluisants dans ce classement international, du fait du poids important de l’administration sur les entreprises et de la complexité des systèmes fiscaux. Le fléchissement des cours du pétrole a également eu un retentissement négatif sur les balances courantes des pays exportateurs. La plupart afficheront des déficits en 2015, à rebours des excédents des années précédentes. De tous les grands exportateurs de pétrole, seules les balances courantes de la Libye et du Nigéria devraient rester excédentaires. Pour sa part, le Botswana conservera son important excédent. En moyenne, les pays importateurs de pétrole afficheront des déficits courants se situant entre 7 et 8% du PIB, malgré le relâchement des tensions liées aux cours internationaux du pétrole et des denrées alimentaires. La diminution des exportations, en prix et en volume, com- La stabilité politique, macroéconomique et sociale est une condition clé du développement économique et social. pense les effets de la baisse du prix des importations sur la balance courante. Dans certains pays, la dévaluation de la monnaie a alourdi la facture des importations. Risques et enjeux politiques pour les économies africaines Selon l’édition 2015 des Perspectives économiques en Afrique, le scénario le plus probable est celui d’un redressement progressif des économies africaines. Mais la croissance africaine pourrait pâtir d’un essoufflement de l’économie mondiale et de la baisse continue des cours des matières premières. La diminution des exportations de biens et de services (tourisme compris) et, éventuellement, le reflux des IDE, de l’aide publique au développement (APD) et des transferts des migrants pourraient constituer des vecteurs de transmission. La volatilité des marchés financiers et les pressions sur les taux de change sont pour certains pays deux facteurs de risque extérieurs supplémentaires. Des mouvements erratiques de capitaux consécutifs à une évolution des attentes des marchés quant aux orientations probables de la politique monétaire dans les grands pays et, notamment, aux ÉtatsUnis, pourraient venir conforter cette menace. En plus des incertitudes extérieures, l’Afrique présente Tableau 1.3. Risque faible ses propres risques. L’épidémie d’Ebola n’est toujours pas totalement maîtrisée de sorte que le tribut humain et économique dans la région pourrait encore s’alourdir. Sans compter que l’insécurité et les tensions politiques et sociales dans certains pays – notamment en Libye, en RCA, en Somalie et au Soudan du Sud – continuent de rejaillir négativement sur leurs performances économiques, rendant les prévisions hautement incertaines. Des tensions politiques et sociales pourraient aussi apparaître dans des pays censés organiser des élections même si, ces derniers temps, celles-ci se sont déroulées pour l’essentiel de manière pacifique en Afrique. La stabilité politique, macroéconomique et sociale est une condition clé du développement économique et social. Maintenir les économies sur une trajectoire de croissance soutenue et rendre le partage des fruits de la croissance plus équitable sont deux facteurs d’apaisement des tensions politiques et sociales, qui contribuent par ailleurs à la réalisation des objectifs de développement. L’Afrique a fait des progrès en la matière mais elle doit oeuvrer encore à la consolidation durable de la croissance, afin de créer davantage d’emplois de qualité pour une population active toujours plus nombreuse et de réduire la pauvreté. Les chapitres suivants reviennent de manière plus approfondie Analyse de la viabilité de la dette : apprécier le risque de surendettement Risque modéré Risque élevé Bénin (janvier 2013) Burkina Faso (juillet 2014) Burundi (mars 2014) Congo (septembre 2014) Cabo Verde (mai 2014) République centr afric aine ( juin 2014) Éthiopie (septembre 2014) Cameroun ( juillet 2014) Comores (décembre 2013) Kenya (septembre 2014) Côte d’Ivoire (décembre 2013) Tchad (septembre 2014) Libéria (juin 2014) République démocratique du Congo (mai 2014) Djibouti (mars 2013) Madagasc ar ( juillet 2014) Ghana (mai 2014) S ao Tomé- et-Principe ( janvier 2014) Nigéria (avril 2014) Gambie (mai 2013) Soudan (novembre 2013) Rwanda (décembre 2013) Guinée (septembre 2014) Zimbabwe (juillet 2014) Sénégal (juillet 2014) Guinée-Bissau (octobre 2014) Tanzanie (mai 2014) Lesotho (juillet 2014) Ouganda (décembre 2013) Malawi (février 2014) Zambie (janvier 2014) Mali (décembre 2013) Mauritanie (juin 2012) Mozambique (mai 2014) Niger (avril 2013) Sierra Leone (septembre 2014) Togo (février 2014) Sources : Banque mondiale/FMI (2013 et 2014) (entre parenthèses, la date de l’analyse la plus récente). 25 juin 2015 Les Afriques . 67 ZOOM Graphique 1.10. Balance courante des pays exportateurs et importateurs de pétrole en Afrique, 2000-16 Balance courante des pays exportateurs de pétrole Balance courante des pays importateurs de pétrole % du PIB 20 15 10 5 0 -5 -10 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014(e) 2015(p) 2016(p) Note : (e) estimations et (p) prévisions. Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement. L’adéquation de l’approvisionnement énergétique est une condition préalable du développement économique. 68 Les Afriques . 25 juin 2015 sur la capacité de l’Afrique à atteindre ses objectifs de développement, en analysant les avancées obtenues et les efforts à consentir. nent pas à suivre le rythme de la demande. Cette annexe dresse un bilan du secteur de l’énergie en Afrique et analyse les enjeux politiques. L’énergie en Afrique : défis et opportunités5 L’approvisionnement énergétique progresse mais reste insuffisant L’insuffisance des infrastructures – et, notamment, la précarité de l’approvisionnement énergétique – constitue une entrave majeure à l’accélération des progrès économiques et sociaux et à la diversification des sources de la croissance, indispensables pour se placer sur une trajectoire soutenue et durable. Les nouvelles sources d’énergie ne parvien- L’adéquation de l’approvisionnement énergétique est une condition préalable du développement économique sachant que, parallèlement, la demande d’énergie augmente en phase avec les revenus. En Afrique subsaharienne, la demande d’énergie primaire a progressé d’environ 45% entre 2000 et 2012 – un rythme moitié moins soutenu que la hausse Notes 1. L’enquête trimestrielle de conjoncture internationale de l’institut Ifo s’attache à dresser un tableau à jour de la situation économique et des perspectives à court terme dans quelque 120 pays industrialisés, émergents et en développement. Les 1 100 participants travaillent pour des instituts de recherche, des universités, des groupes de réflexion ou des institutions financières (banques et compagnies d’assurance). Certains sont affiliés à des entreprises ou représentent des associations ou des chambres de commerce et d’industrie. À l’inverse des statistiques officielles, construites essentiellement autour d’informations quantitatives, cette enquête s’appuie sur des informations qualitatives, puisqu’il s’agit des appréciations et des attentes d’experts en économie. Alors que les délais de publication des statistiques internationales officielles sont en général très longs, les résultats de l’enquête Ifo sortent rapidement et permettent des comparaisons internationales. Dans les pays où la base sur laquelle reposent les statistiques officielles est incertaine, ces appréciations et attentes d’experts sur place prennent une importance particulière. En Afrique, l’enquête couvre 30 pays et récolte en moyenne chaque trimestre quelque 150 réponses. 2. D’après l’OCDE (2014), une baisse permanente de 20 USD du prix du baril de pétrole brut pourrait se traduire par une progression du PIB dans les pays de l’OCDE pouvant atteindre 0.4 point les deux premières années, tout en réduisant l’inflation globale d’au moins 0.5 point. La Banque mondiale (2015b) estime quant à elle qu’une baisse du prix du pétrole de 30% liée à un choc du côté de l’offre pourrait induire une hausse du PIB mondial d’environ 0.5% à moyen terme. 3. Sont membres de la CEMAC le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad. 4. Sont membres de l’UEMOA le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. 5. Cette annexe doit beaucoup aux données de l’OCDE/AIE (2014). Tableau 1.4. Évolutions macroéconomiques en Afrique, 2006-16 (synthèse) 2006-10 2011 2012 2013 2014 (e) 2015 (p) 2016 (p) A f r iqu e c e n t r a l e 4.1 4.7 5.5 4.1 5.6 5.5 5.8 A f r iqu e d e l ’ E s t 7.1 5.9 4.2 4.7 7.1 5.6 6.7 4.4 Taux de croissance du PIB, en volume (%) A f r iqu e du N or d 4.7 -0.3 10.5 1.6 1.7 4.5 A f r iqu e au s t r a l e 4.2 3.9 3.4 3.6 2.7 3.1 3.5 A f r iqu e d e l ’O u e s t 6.4 5.0 5.1 5.7 6.0 5.0 6.1 A f r ique 5.2 2.8 6.7 3.5 3.9 4.5 5.0 A f r ique (hor s Lib ye) 5.1 3.8 3.8 4.0 4.3 4.3 5.0 Pour mémoire Afr ique du Nor d (avec le Soudan) 4.8 -0.2 9.8 1.8 1.8 4.4 4.4 A f r iqu e sub s a h a r i e nn e 5.6 5.0 4.6 4.7 5.2 4.6 5.4 Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud 6.4 5.5 5.2 5.4 6.2 5.2 6.2 P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e 5.5 1.9 8.2 3.1 3.9 4.6 5.2 P a y s im p or t a t e ur s d e p é t r o l e 4.7 4.5 4. 2 4.2 3.8 4.3 4.8 Prix à la consommation (inflation en %) A f r iqu e c e n t r a l e 7.0 5.2 3.5 1.8 2.9 2.7 3.2 A f r iqu e d e l ’ E s t 11.0 18.4 22.9 15.7 13.1 10.1 10.4 A f r iqu e du N or d 7.0 7.9 7.3 4.9 6.2 6.6 6.4 A f r iqu e au s t r a l e 8.1 6.8 6.5 6.3 6.2 5.6 5.9 A f r iqu e d e l ’O u e s t 9.4 9.8 10.5 7.7 7.6 7.1 6.8 A f r ique 8.2 9.2 9.5 7.0 7.2 6.8 6. 7 7.4 Pour mémoire Afr ique du Nor d (avec le Soudan) 7.4 8.7 9.3 7.1 8.3 7.7 A f r iqu e sub s a h a r i e nn e 8.9 9.5 9.7 7.1 6.5 6.2 6.3 P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e 9.1 10.4 10.9 8.1 8.8 8 .4 8.2 P a y s imp or t a t e ur s d e p é t r o l e 6.9 7.6 7.6 5.7 5.1 4.6 4.8 Solde budgétaire total, dons compris (en % du PIB) A f r iqu e c e n t r a l e 6.5 1.7 -0.6 -1.9 -5.3 -6.7 -6.0 A f r iqu e d e l ’ E s t -2.6 -2.1 -3.1 -4.4 -3.9 -4.5 -3.7 A f r iqu e du N or d 1.6 -6.3 -3.5 -7.2 -11.1 -9.8 -7.7 A f r iqu e au s t r a l e -1.1 -1.5 -2.0 -2.7 -3.0 -4.8 -4.4 A f r iqu e d e l ’O u e s t -0.5 -2.4 -2.6 -0.5 -1.0 -4.6 -4.2 A f r ique 0.2 -3.0 -2.6 -3.5 -5.0 -6.3 -5.3 1.3 -5.6 -3.5 -6.8 -10.0 -8.8 -7.0 -0.4 -1.8 -2.2 -2.0 -2.6 -5.0 -4.5 Pour mémoire Afr ique du Nor d (avec le Soudan) A f r iqu e sub s a h a r i e nn e P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e 1.6 -2.4 -1.9 -3.3 -5.7 -7.8 -6.3 P a y s imp or t a t e ur s d e p é t r o l e -1.8 -4.0 -3.9 -4.1 -4.0 -4.1 -4.0 Solde de la balance extérieure courante, dons compris (en % du PIB) A f r iqu e c e n t r a l e -0.3 -2.1 -4.3 -4.2 -5.2 -6.3 -5.6 A f r iqu e d e l ’ E s t -6.7 -3.7 -7.1 -7.5 -7.7 -7.3 -7.9 A f r iqu e du N or d 8.7 0.5 1.5 -1.2 -4.5 -6.1 -5.9 A f r iqu e au s t r a l e -2.0 -0.7 -2.8 -3.6 -4.4 -6.4 - 5. 6 A f r iqu e d e l ’O u e s t 4.7 0.7 1.0 0.5 -0.2 -5.2 -4.9 A f r ique 2.6 -0.4 -1.1 -2.2 -3.7 -6.1 -5.8 Pour mémoire Afr ique du Nor d (avec le Soudan) 7.0 0.3 0.5 -1.9 -4.9 -6.2 -6.0 A f r iqu e sub s a h a r i e nn e 0.2 -0.7 -1.9 -2.4 -3.1 -6.0 -5.7 P a y s e x p or t a t e ur s d e p é t r o l e 8.0 3.3 3.2 0.9 -1.3 -5.4 -4.8 P a y s im p or t a t e ur s d e p é t r o l e -4.5 -5.3 -7.5 -7.3 -7.8 -7.3 -7.6 Note : (e) estimations ; (p) prévisions. Sources : Département de la statistique, Banque africaine de développement. 25 juin 2015 Les Afriques . 69 ZOOM Un approvisionnement en énergie électrique en adéquation avec les besoins L’activité industrielle, tirée par les mines et la raffinerie, représente la moitié de la consommation d’électricité en Afrique subsaharienne. 70 Les Afriques . 25 juin 2015 du PIB : en moyenne, un point supplémentaire de PIB s’accompagne d’une augmentation d’un demipoint de la demande d’énergie primaire. Dans d’autres pays en développement et émergents, le lien entre consommation d’énergie et croissance du PIB est nettement plus étroit, ce qui traduit des problèmes d’offre en Afrique. Nombreux sont les pays africains à avoir adopté des politiques pour améliorer leur offre énergétique. De sorte que les capacités de production installées ont régulièrement augmenté. En 2012 en Afrique subsaharienne, les centrales à charbon représentaient 45% des capacités totales (essentiellement en Afrique du Sud), contre 22% pour l’électricité hydroélectrique, 17% pour les centrales au mazout (ces deux sources d’énergie étant mieux réparties), 14% pour les centrales à gaz (essentiellement au Nigéria), 2% pour le nucléaire et moins de 1% pour les énergies renouvelables. Jusqu’à récemment, les politiques énergétiques ont surtout été menées à l’échelle nationale mais la coopération régionale se développe et permet de desservir des marchés plus vastes. L’activité industrielle, tirée par les mines et la raffinerie, représente la moitié de la consommation d’électricité en Afrique subsaharienne mais l’essentiel est concentré en Afrique du Sud, au Ghana, au Mozambique et au Nigéria. Le secteur résidentiel ne représente que 27% de la consommation totale, puisque le niveau d’équipements électriques des ménages est relativement faible et le revenu disponible assez restreint. Le boum des télécommunications – et notamment des téléphones portables – est à l’origine d’une hausse de la demande d’énergie depuis quelques années. Un accès à l’électricité très variable entre pays et au sein de chaque pays La détermination des hommes politiques à améliorer l’accès à l’électricité par le développement des réseaux et des systèmes de mini-réseaux au Ghana, au Mali, au Mozambique, au Rwanda et en Tanzanie par exemple, a porté ses fruits. En Afrique subsaharienne, le taux d’accès à l’électricité est passé de 23% en 2000 à 32% en 2012, sachant que 145 millions d’habitants en ont bénéficié depuis 2000. Mais dans de nombreux pays africains, l’essor démographique dépasse le rythme de production supplémentaire d’électricité. Ce qui fait que 625 millions de Subsahariens – sur une population totale de 915 millions – sont toujours privés d’accès à l’électricité, le nombre d’individus dans cette situation continuant d’augmenter. Il s’agit à 80% de ruraux, ce qui rejaillit également sur l’inclusion spatiale (Partie II). Les énergies modernes sont par ailleurs coûteuses et inabordables pour un grand nombre d’habitants. Les entreprises et les ménages africains sont souvent confrontés à une alimentation erratique ou inexistante et doivent faire appel à des solutions de remplacement à leurs frais (groupes électrogènes essence ou diesel). Bon nombre de familles continuent de cuisiner leurs repas en utilisant des combustibles traditionnels comme le bois, le charbon et les résidus agricoles – une pratique qui entraîne des problèmes de santé à cause Renforcer l’intégration et la coopération régionales en matière de politiques énergétiques. de l’inhalation des fumées et contribue à la déforestation. Dans sept pays d’Afrique, la part de la population vivant sans électricité en 2012 dépassait les 90% (Libéria, Malawi, RCA, RDC, Sierra Leone, Soudan du Sud et Tchad). Dans 13 autres, la proportion se situait entre 75 et 90% (Burkina Faso, Burundi, Éthiopie, Ghana, Guinée-Bissau, Kenya, Madagascar, Mauritanie, Niger, Ouganda, Rwanda, Somalie et Tanzanie). Pour 18 autres pays, elle s’établissait entre 50 et 75% (Angola, Bénin, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Érythrée, Gambie, Lesotho, Mali, Mozambique, Namibie, Nigéria, Soudan, Swaziland, Togo, Zambie et Zimbabwe) tandis que dans six autres, la part oscillait entre 25 et 49% (Botswana, Cameroun, Gabon, Ghana, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal). En Afrique du Sud, 85% de la population avaient accès à l’électricité et dans sept pays (Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Mauritanie, Seychelles et Tunisie), la situation est identique à celle des pays avancés, puisque 100% ou presque de la population sont raccordés à l’électricité. Grâce aux nouveaux programmes d’électrification, le nombre total de personnes privées d’accès à l’électricité devrait commencer à s’infléchir dans les années 2020 et, d’ici 2040, ce sont 950 millions d’Africains qui seront raccordés. Mais la pression démographique aura elle aussi augmenté, de sorte que plus de 500 millions de personnes, en particulier dans les zones rurales d’Afrique subsaharienne, risquent toujours d’être privées d’électricité (OCDE/AIE, 2014). Bien que ces prévisions à long terme soient éminemment incertaines, elles illustrent l’ampleur des défis pour les décideurs. Car, faute d’un approvisionnement énergétique adapté, les objectifs de crois- sance à long terme ne pourront pas être tenus. De nombreuses entreprises africaines font de l’accès à l’électricité l’un des plus gros freins à leur expansion. Dans 12 pays, les entreprises désignent depuis quelques années l’accès à l’électricité comme le principal obstacle (Burundi, Congo, Djibouti, Gabon, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Nigéria, Ouganda, RCA, RDC et Sénégal) (enquêtes de conjoncture du Groupe de la Banque mondiale). Il faut donc impérativement réduire les contraintes énergétiques des entreprises et des ménages pour pouvoir accélérer le développement économique et social. Une approche intégrée paraît indispensable, qui poursuive des objectifs à la fois économiques, sociaux et environnementaux. Des efforts durables sont requis dans divers domaines, à savoir : installer un climat propice aux investissements dans l’énergie pour toute la gamme des énergies récupérables (pétrole, gaz et charbon) et renouvelables (solaire, hydraulique et éolienne), améliorer la gestion des ressources naturelles et des recettes qui découlent de leur exploitation, en renforçant la qualité, la transparence et la responsabilité des institutions. Aussi, il serait utile de renforcer l’intégration et la coopération régionales en matière de politiques énergétiques, s’atteler aux difficultés propres aux zones rurales isolées, avec des solutions photovoltaïques solaires et des mini-centrales hydroélectriques. Enfin, les pays africaines doivent promouvoir les combustibles et les appareils de cuisson propres pour les ménages, en les aidant à substituer du gaz de pétrole liquéfié aux combustibles solides issus de la biomasse. AEM (Avec OCDE, BAD, UNDP) Mettre l’accent sur le mix-énergétique 25 juin 2015 Les Afriques . 71 RELATIONS INTERNATIONALES De l’harmonisation des systèmes juridiques de droit civil Il est bien connu que la France et les pays d’Afrique francophone sont partie à de nombreux traités bilatéraux, visant notamment à faciliter leur coopération judiciaire. On sait moins, en revanche, que ces traités permettent aux avocats de l’un des Etats partie de plaider devant les juridictions de l’autre Etat : c’est ainsi qu’un avocat français peut plaider à Yaoundé, et vice versa. 72 Les Afriques . 25 juin 2015 Erwan Poisson, avocat au Barreau de Paris et Solicitor of England & Wales L es avocats qui plaident devant les juridictions d’Afrique francophone sont un atout pour les clients. Ils sont aussi un vecteur d’harmonisation des systèmes juridiques de droit civil. Plaider devant une juridiction africaine ne s’improvise toutefois pas : cela requiert une véritable connaissance des spécificités et traditions de la juridiction considérée (il faut savoir par exemple que la procédure reste encore à ce jour très orale devant les juridictions d’Afrique francophone, alors qu’elle devient essentiellement écrite devant les juridictions françaises ; savoir également que certains systèmes judiciaires ont subi l’influence de droits de common law, comme celui du Cameroun, où phase d’instruction et phase de cross examination se côtoient lors d’une procédure pénale). Il faut surtout avoir pu mettre en place un réseau de confrères dans les pays d’Afrique concernés, reconnus pour leur expérience et leur savoir-faire. Bien utilisée, cette possibilité peut s’avérer un outil essentiel pour des clients qui ont souvent peu eu l’occasion d’être confrontés à des contentieux en Afrique, et qui n’ont parfois qu’une connaissance limitée des procédures judiciaires des pays de droit civil. L’offre d’une équipe transnationale composée d’avocats français et africains et mêlant des compétences complémentaires est de nature à assurer au mieux la défense de leurs intérêts. Au-delà de l’utilité qu’elle présente dans tel ou tel dossier, cette solution a également un impact plus global. Nombre de législations applicables en Afrique étant proches de la législation française équivalente (on pense à l’Acte uniforme Ohada relatif au droit des sociétés commerciales), la référence, dans le cadre de procédures africaines, à des précédents rendus dans d’autres Etats, contribuent de facto à une harmonisation de l’interprétation des législations, facteur incontestable d’efficacité pour les droits africains. Nul doute qu’il s’agit là d’un avantage non négligeable à l’heure d’une concurrence accrue entre systèmes de droit civil et de common law. 25 juin 2015 Les Afriques . 73 PIED DE LETTRE La solution des barricades ? De nouveaux murs en Europe D écidemment, l’histoire se répète. Les triples barrières, qui bordent les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla au nord du Maroc, vont faire jurisprudence. La Hongrie, débordée par une vague, sans précédent, ne peut plus attendre les tergiversations de l’Union européenne pour trouver des solutions. A la mijuin 2015, ce pays a déjà reçu 25 fois le nombre de réfugiés en 2012. Le pays abrite quelque 50 000 réfugiés venant d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie. Peter Szijjarto, ministre hongrois des affaires étrangères, a été on ne peut plus clair : «La Hongrie ne peut plus attendre». Ce pays a décidé d’ériger un mur de 4 m de haut sur une longueur de 175 km, le long de sa frontière avec la Serbie. C’est le seul moyen que les autorités ont trouvé pour atténuer les flots incessants de réfugiés qui traversent la Serbie. Ce pays ne fait rien pour les 74 Les Afriques . 25 juin 2015 Daouda MBaye, rédacteur en chef exécutif retenir ou les dissuader à regagner la Hongrie voisine... Pour lutter contre les arrivées massives de migrants illégaux, Budapest défend qu’un tel chantier ne contrevient pas aux obligations internationales de la Hongrie… Dans d’autres points chauds de l’Europe, des projets similaires sont envisagés, notamment entre la Turquie et la Grèce… Dans ce phénomène qui concerne à plus d’un titre les pays émetteurs, notamment ceux africains, c’est le moment de mettre en place des projets pour retenir autant que faire se peut leur jeunesse. Certes des projets pour retenir les jeunes sur place sont en cours au Sénégal, au Kenya, au Maroc, … aussi on ne peut vivre en autarcie et empêcher les déplacements volontaires. Mais, il est grand temps que les richesses profitent à une jeunesse qui n’a de voix du salut que l’enfer des routes désertiques, les chimères de trafiquants sans scrupules et la Méditerranée en mouroir !