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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 19 April 2017
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plantes. Aujourd'hui le laboratoire de physiologie végétale qu'elle dirige à l'ULg s'applique à étudier le contrôle
de la floraison par la photopériode et la vernalisation notamment chez la moutarde, l'Arabette des Dames,
la tomate et le maïs.
«La floraison est une étape de son développement qu'une plante ne peut pas rater sous peine d'être privée
de descendance», explique Claire Périlleux. «La floraison dépend de facteurs qui présentent une fluctuation
saisonnière. Dans nos régions tempérées, il s'agit principalement de la durée du jour, appelée dans le jargon
scientifique « photopériode », et de la température», poursuit la chercheuse.
On distingue ainsi les plantes dites de jours longs qui fleurissent à la période de l'année où les jours comptent
un grand nombre d'heures de clarté et les plantes de jours courts dont les fleurs sont formées quand le temps
de clarté est réduit. De même, bon nombre de plantes à fleurs ont besoin d'un «coup de froid» pour enclencher
le processus qui mènera à la floraison au printemps suivant. C'est ce qu'on appelle la vernalisation, du latin
«vernum» qui signifie «printemps».
Pour mieux comprendre l'objet des recherches du laboratoire de physiologie végétale, un brin d'histoire sur
l'étude de la floraison s'impose.
La quête du Graal des botanistes
Dans les années 1920, W. Garner et H. Allard, des physiologistes américains, découvrent que le moment
de floraison est contrôlé par la photopériode. De cette constatation naquit la classification des plantes sur
base de leur réponse florale au photopériodisme : les plantes de jours longs (ex : l'Arabette des Dames,
la Moutarde), les plantes de jours courts (ex : les Chrysanthèmes, le Soja) et les plantes indifférentes ou à
floraison autonome (le Tournesol, la Tomate).
Suite à cette découverte, les expériences visant à savoir comment la durée du jour influençait la floraison se
sont multipliées. Les recherches expérimentales des années 30' ont notamment permis de localiser le site de
perception du photopériodisme chez les plantes : les feuilles adultes. De plus, les chercheurs ont également
découvert qu'une greffe de feuille provenant d'une «plante donneur», exposée à des conditions favorables à
la floraison, sur une «plante receveur», maintenue dans des conditions défavorables à sa floraison, induisait
la floraison de cette dernière. «Le monde scientifique avait ainsi démontré que la photopériode n'agit pas
directement sur les bourgeons qui fleurissent mais sur les feuilles, et que celles-ci doivent transmettre un
signal pour déclencher la floraison», précise Claire Périlleux. Mettre la main sur ce fameux signal devint alors
une réelle quête du Graal. Le point de départ de cette quête était de trouver quelle était la nature de ce signal.
La première piste investiguée fut celle de l'hormone florigène. En effet le «comportement» du signal en
question ressemblait fort à celui d'une hormone, fabriquée à un endroit et migrant pour agir ailleurs.
Durant les 70 années qui suivirent, des laboratoires universitaires de biologie végétale et des grands groupes
industriels du monde entier ont alors déployé des efforts considérables pour tenter d'identifier cette hormone
florigène. Mais malgré la récolte et la comparaison des constituants de la sève d'une multitude d'espèces
végétales, rien n'y fit. L'hormone florigène resta introuvable.