variantes orientale et sud-orientale, serait dans l’alphabet phénicien : les Phéniciens ont
occupé une partie de l’orient ibérique du milieu du VIIIème siècle avant notre ère jusqu’au
milieu du IIIème, avant l’arrivée des Carthaginois puis très vite (fin du IIIème siècle : prise
Sagonte en -212) des Romains.
Il faut noter, dans le système ainsi décrit, l’absence de toute référence à
l’aspiration, l’un des traits phonétiques majeurs de la langue basque en tous domaines
dialectaux à l’époque la plus anciennement documentée (X-XIèmes siècles), réduit ensuite
dialectalement, jusqu’à sa disparition quasi complète dans la prononciation – sinon la graphie
- contemporaine : aspiration initiale, intervocalique, ou consonnes aspirées. Or on sait que,
très nombreuses dans les inscriptions dites « aquitaines » d’époque antique qui ne se réfèrent
peut-être pas à l’ibère, les aspirations sont aussi des éléments qui différencient ces citations de
la langue dans laquelle elles sont insérées, le latin, qui a des aspirations initiales et
intervocaliques, mais ignore les consonnes aspirées, occlusives kh, th, ou apicales lh, nh, rh.
Des aspirations initiale et intervocalique du basque auraient cependant un
antécédent ibère dans l’occlusive sourde vélaire k. A l’initiale, à l’ibère karri correspond ainsi
le basque harri « pierre », ce qui appelle trois remarques complémentaires : d’abord qu’il
semble aujourd’hui démontré que la base kar-/gar- a eu à époque ancienne une extension pan-
européenne, et pas seulement ibérique, ayant laissé partout de nombreux toponymes, y
compris en pays bascophones et ici bien distincts en général des noms de lieux, probablement
postérieurs mais déjà nombreux dans les textes des XI-XIIèmes siècles, faits sur harri ;
ensuite que le passage de kar- à har- a pu être documenté encore à époque historique en
toponymie alavaise dans l’exemple de carrelucea (1025), évolué ensuite en arlucea (1189)
après une étape d’aspiration avec h- effacée par la régression générale et rapide de l’aspiration
en domaine ibérique basque, à moins que le k- initial n’ait été déjà une manière de représenter
graphiquement, non une occlusive réelle, mais une aspiration forte comme celle de l’anglais
ou de l’allemand, plus forte en tout cas que celle du latin (voir plus loin) ; enfin que le mot a
pu être importé dans le basque, qui nommait déjà la « pierre », le « rocher » par le mot aitz,
encore plus prolifique en toponymie de toute zone montagneuse aujourd’hui ou anciennement
bascophone. En position intervocalique on aurait la même correspondance : ibère bekor et
basque behor « jument », ibère sakar et basque zahar « vieux ».
Dans le même ordre on aurait en ibère un déterminant-pronom démonstratif kau,
correspondant au démonstratif basque de proximité hau(r) (l’effacement de la vibrante douce
finale est tardive d’après les textes connus), mais qui était articulé kau en roncalais comme les
autres aspirations initiales (dans une lettre de 1884 : quemen, cona pour hemen, hona(ra)
dérivés de haur « celui-ci », mais ori pour hori « celui-là »), ce qui ne change donc en rien les
données du problème, à savoir la relation entre la nature phonétique réelle de cette aspiration
et sa transcription grahique. Le fait que le basque a longtemps réalisé les occlusives sourdes
initiales latines non par des aspirées mais par des sonores (causa > gauza), ce qui se produit
aussi peut-être entre ibère et basque (caco > gako « crochet » et par extension de sens
« clef »), complique un peu la question.
Comme l’initiale occlusive vélaire sourde k- du latin, le basque a sonorisé dans
ses emprunts latins et romans non seulement la bilabiale latine p- (pace > bake « paix », pice
> bike « poix »), mais aussi la dentale t-, malgré l’obstacle signalé de l’absence en lexique
basque et en ibère d’un d- initial non verbal (tastatu > dastatu, et jastatu par palatalisation
secondaire, tempora > dembora, torre > dorre). Or d’après les analyses de L. Silgo Gauche,
le « résultat » d’une occlusive dentale intiale t-, ou interne –t- de l’ibère, aurait été aussi une
aspirée en basque. Le toponyme ibère Turissa aurait présenté une forme ancienne de ithurri
« source, fontaine », mais, si la correspondance avec le mot basque (en toponymie ancienne
lamiturri 945, iturrioz 1025 ; l’aspiration est dans les dialectes aquitains : 1189 ithurriaycita)
est comme il semble bien avérée, c’est vraisemblablement une forme altérée : vibrante faible