3. Clarifications conceptuelles préalables
1) l’objectif « préventif » : que signifie-t-il ?
a) Tout d’abord, cela signifie que cette pratique philosophique s’adresse au
« tout venant », c’est-à-dire à des classes d’élèves sans problème
particulièrement aigu. Mais, comme nous sommes à une époque où beaucoup
d’incivilités se font jour, et dans laquelle les enfants sont confrontés
quotidiennement, au moins au niveau des médias et des jeux vidéo, à
d’authentiques spectacles de violence, la demande des enseignants est très forte.
L’expérimentation philosophique est très positivement perçue à travers ce biais.
b) Cela présuppose de donner une priorité à l’expression des émotions et
des sentiments et d’orienter le questionnement et la réflexion sur ceux-ci.
2) En quel sens faut-il entendre « violence », dans le contexte de la
prévention ?
Il y a, bien sur des degrés : cela peut concerner des actes d’agression
physique (coups, bagarres), mais aussi de manière plus fine, tous les
comportements ressentis par ceux qui les subissent comme blessants, humiliants,
dévalorisants. On peut donc considérer comme violents ou tendant à la violence,
des comportements qui entraînent la soumission, le rejet, l’exclusion. Ils ne
sont pas nécessairement vécus comme tels par ceux qui les pratiquent, car ils
sont souvent faits par jeu ; mais par contre, ils peuvent être vécus
douloureusement par ceux qui les subissent et avoir sur eux un effet déstabilisant
et inhibant, les retranchant de la communication.
Ceci interroge donc sur les limites à trouver dans les comportements, et
permet de questionner le changement de perspective « ce qui est agréable pour
l’un l’est-il nécessairement pour l’autre ? »
3) Que signifie l’estime de soi ? L’approche philosophique donne-t-elle un
apport spécifique à cette notion ?
a) L’estime de soi, c’est la juste appréciation de sa propre personne et de
ses aptitudes : dès qu’on réussit quelque chose, qu’on surmonte des difficultés,
l’estime de soi augmente et avec elle la confiance, le sentiment de bien être, la
fierté.
b) Dans le cadre philosophique, cette auto-estime est développée et régulée
par le débat, par l’action de penser en commun, la mise en perspective des
interrogations et de l’argumentation. Cela permet à l’enfant de se sentir reconnu
d’une valeur humaine pouvant combler des carences : l’humanisation par la
parole et le dialogue.
c) Ce qui est spécifique dans l’estime de soi consécutive à un cheminement
philosophique, c’est le fait de se penser comme Sujet, c’est-à-dire comme une
personne ayant une identité d’être humain, un sujet pensant ; mais cette
construction est une co-construction par les échanges avec d’autres personnes
dans une situation relationnelle ayant pour objectif la naissance d’une pensée
critique.
4) L’empathie :
a) c’est la capacité de partager et de comprendre les états émotionnels et
affectifs des autres. Elle se distingue de la perméabilité affective : par exemple,
se sentir angoissé ou stressé en présence de quelqu’un qui vit un tel état. Elle
suppose que l’on ait conscience que notre état émotionnel est causé par celui de
l’autre, sans pour autant qu’on se sente noyé en celui-ci. Elle suppose donc un
partage, voire une communion émotionnelle, mais tout en conservant une