RÉSUMÉ
Chaque année, la grippe saisonnière est responsable de trois à cinq millions de cas graves et
entre 250 000 à 500 000 décès. De plus, la grippe engendre des pertes économiques élevées,
malgré les programmes de vaccination. Les vaccins actuellement utilisés sont efficaces chez les
personnes âgées de 17 à 49 ans. Par contre, les populations à risque sont peu ou pas
protégées par ces vaccins. La conception de nouveaux adjuvants ciblant les muqueuses va
permettre de cibler les voies naturelles d’infection et d’induire une réponse immunitaire
systémique et des muqueuses. Parmi ces nouveaux adjuvants, les adjuvants/systèmes de
libération à base de Proteosome ont été utilisés dans plusieurs études cliniques et animales et
ont démontré leur efficacité. Ils sont formés de protéines de la membrane externe (OMP) non
covalemment associées avec un antigène (p. ex. hémagglutinine) ou le LPS (Protollin). Le but
de notre étude était de caractériser la réponse immunitaire adaptative induite par les adjuvants à
base de Proteosome, en utilisant un modèle murin d’immunisation intranasale/intrapulmonaire
avec un vaccin contre le virus de l’influenza A/New Caledonia/20/99 (H1N1).
Des souris BALB/c ont été immunisées avec Proteosome, Protollin et CpG et la réponse induite
entre 7 et 21 jours post-immunisation a été analysée dans le but de comparer l’habilité de ces
adjuvants à potentialiser la réponse immune contre l’antigène hémagglutinine (HA). Nous avons
trouvé que les adjuvants à base de Proteosome induisent la différenciation des cellules Th17, et
ce, dès 7 jours post-immunisation. Cela corrèle avec une régulation à la hausse de l’expression
de l’IL-17A, l’IL-17F, de l’IL-21, du CXCL9, du CXCL10 et du CXCL11. Des souris BALB/c
immunisées avec l’antigène HA coadministé avec ces adjuvants étaient protégées suite à une
infection expérimentale par le virus de l’influenza A/New Caledonia/20/99 (H1N1), mais une
perte de poids (morbidité) était toujours présente chez les souris immunisées avec l’adjuvant
Proteosome. Étonnamment, les souris déficientes en IL-17A/F étaient aussi protégées d’un défi
létal après immunisation, et la morbidité était réduite significativement en comparaison aux
souris sauvages BALB/c. De plus, la déficience en IL-17A et en IL-17F a un faible impact sur la
production d’anticorps au niveau systémique (IgG) et des muqueuses (IgG et IgA).
De plus, à la suite d’une infection primaire, non mortelle, par le virus de l’influenza, les souris
déficientes en IL-17A et en IL-17F ont une plus faible morbidité ainsi qu’un taux de survie plus
élevé que les souris BALB/c sauvages ou les souris IL-17AKO. Nous avons observé que les
souris IL-17A/FKO, infectées par le virus de l’influenza, ont un nombre de cellules NK et de
lymphocytes T γδ augmenté en comparaison aux souris BALB/c. De plus, ces mêmes souris ont
une augmentation de l’expression génique de l’IFN-α et de l’IFN-β avant l’infection.
Tous ces résultats nous permettent de conclure que la protection induite par les adjuvants à
base de Proteosome est indépendante de l’IL-17A et de l’IL-17F et que ces cytokines ne sont
pas essentielles pour la protection contre une infection par le virus de l’influenza.
Mots clés : Vaccination, Th17, adjuvants à base de Proteosome, influenza, réponse adaptative,
réponse antivirale
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Benoît Bélanger Claude Daniel