Y. CONGAR
du Christ en tant qu'unie au Logos et remplie du Saint-Esprit
46.
Ce
sont les diffìciles discussions sur la divinité personnelle du Saint-Esprit,
c'est l'ceuvre des Cappadociens et le concile de Constantinople en 38r,
qui ont amené un développement nouveau, doctrinal
et liturgique,
dans le sens pneumatologique
47.
Cela dit sans mettre aucunement en
cause ni la validité ni la profondeur du développement acquis ainsi
à
la théologie.
On sait que le deuxième concile du Vatican a remarquablement
remis en lumière une vision trinitaire de l'Église. L'antique formule
«
au Père, par le Fils, dans l'Esprit »revient deux fois dans les documents
conciliaires
48.
Nous avons déjà des études sur la pneumatologie du
concile, mais on ne pourra en apprécier la vigueur et la portée réelle
que lorsque le travail des théologiens aura plus largement répondu
à
l'incitation qu'il a ainsi reçue. Dès maintenant nous en avons un
fruit dans les nouveaux textes de prière eucharistique,
à
savoir les
Canons II, III et IV, le n? I étant le Canon romain
49.
Ce sont de beaux
textes, surtout III et IV. L'anaphore II a une très brève prière au
Saint-Esprit après la consécration, pour demander que les communiants
soient
«
rassemblés par l'Esprit-Saint en un seul corps», p. 29 (r6).
C'est un échode saint Paul, 1
Co.,
XII, r3 et aussi de l'anaphore d'Hippo-
46. Pour le lIesièc1e, cfr G. KRETSCHMAR,
La doctrine du
S.
E. du N. T.
à
Nicée,
dans
Verbum caro,
nO 88, 1968, pp. 5-55 (cfr pp. 26 s.) et saint IRÉNÉE,
Demonstr.,
7: (((le baptème) qui nous accorde la gràce de la nouvelle naissance en Dieu le
Père par le moyen de son Fils dans I'Esprit-Saint [rnème formule dans JUSTIN,
I
Apol.,
LXI, 3 et LXVI,
I] (...)
Quant à l'Esprit, c'est selon qu'il platt au Père
que le Fils le dispense à titre de ministre à qui veut et comme veut le Père » : trad.
L.
M.
FROIDEVAUX,
Sources Chr.,
62, Paris, 1959, pp. 41-42. Pour saint ATHANASE,
la gràce vient du Père par le Fils dans l'Esprit : ((le Fils, par l'Esprit qui est en
lui, nous unit au Père»
(Lettres
à
Sérapion,
I, 24, trad. J. LEBON,
Sources chréi.,
18, p. 126). Parlant de l'Eucharistie, saint ÉPHREM écrit: ((Il a appelé le pain
son corps vivant et l'a rempli de lui-mème et de I'Esprit-Saint ... Ceci est mon
corps, qui le mange avec foi mange avec lui le feu du Saint-Esprit
»
(Opera,
éd.
LAMY, IV, 173). La liturgie de saint Jacques porte, dans le récit de l'institution :
((Il prit la coupe ... la bénit et la remplit de Saint-Esprit, la donna ... » Il n'est pas
question là d'une action
personnelle
de l'Esprit, qui est plutòt considéré comme le
don
quejait le Christ.
47. Cela ressort des études sur l'épic1èse dans la bénédiction des fonts baptismaux :
J. QUASTEN,
The Blessing oj the Baptismal Pont in the Syrian Rite oj the Pourth
Cent.,
dans
Theol. Studies,
7 (1946), pp. 309-313. - A. BAUMSTARKnote bien
(Liturgie
comparée.
Éd. refondue, Chevetogne, s. d., pp. 27-28 et 52) qu'une épic1èse
proprement dite supposait le développement de la théologie du Saint-Esprit
sanctionné par le con cile de 381.
48.
M.
PHIL1PON,
La T.
S.
Trinité et l'Église,
dans
L'Église de Vatican II,
publié sous la dir. de G. BARAUNA
(Unam Sanctam,
51b), Paris, 1966, pp. 275-298.
49. Preces Eucharisticae et Praejationes.
Typis Polygl. Vaticanis, 1968. -
La
Maison-Dieu,
nO94. 1968/2. Le premier chiffre renvoie à la page de l'éd. Vaticane,
le second, entre parenthèses, à La
Maison-Dieu,