Commentaires
philosophiques
Collection
dirigée
par
Angèle
Kremer
Marietti
et
Fouad
Nohra
Permettre au lecteur de redécouvrir des auteurs connus, appartenant
à ladite "histoire de la philosophie", à travers leur lecture méthodique,
telle est la finalité des ouvrages de la présente collection.
Cette dernière demeure ouverte dans le temps et
1'
espace, et intègre
aussi bien les nouvelles lectures des "classiques" par trop connus que
la présentation de nouveaux venus dans le répertoire des philosophes
à reconnaître.
Les ouvrages seront à la disposition d'étudiants, d'enseignants et
de
lecteurs de tout genre intéressés par les grands thèmes de
la philosophie.
Déjà
parus
Babette BABICH, La fin de la pensée ? Philosophie analytique contre
philosophie continentale, 2012.
Angèle KREMER-MARIETTI, Les ressorts du symbolique, 2011.
Emmanuelle CHARLES, Petit traité
de
manipulation amoureuse, 2011.
Monique CHARLES, Apologie du doute, 2011.
Abdelaziz A Y ADJ,
La
philosophie claudicante, 2011.
Mohamed JAOUA, Phénoménologie
et
ontologie dans la première
philosophie de Sartre, 2011.
Edmundo MORIM de CARY ALHO, Poésie et science chez Bachelard,
2010.
Hichem GHORBEL, L'idée de guerre chez Rousseau. Volume
2,
Paix intérieure
et politique étrangère, 2010.
Hichem GHORBEL, L'idée de guerre chez Rousseau. Volume
1,
La guerre dans
l'histoire, 2010.
Constantin SALAVASTRU, Essai sur la problématologie philosophique, 2010.
Angèle KREMER-MARIETTI, Nietzsche ou les enjeux de la fiction, 2009.
Abdelaziz AYADI, Philosophie nomade, 2009.
Stéphanie BÉLANGER, Guerres, sacrifices et persécutions, 2009.
Métaphysique d'Aristote
Commentaire de Thomas d'Aquin
Tome
II /
Livres
1/T
à
XII
Traduction de Guy-François Dela porte
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES
D'ARISTOTE
t-il précisé
«que
l'accident se surajoute», à l'être éternel ou fréquent. La
mineure, quant à elle, découle rationnellement de la majeure précédente.
Le philosophe conclut donc en épilogue: on a dit ce qu'était l'être par accident,
quelle était sa cause, et pourquoi
il
ne pouvait y
en
avoir de science.
-22-
Leçon 3
TOUT
N'ARRIVE PAS NECESSAIREMENT
1191- D'abord, Aristote réfute l'idée que tout arrive nécessairement
1201- Ensuite,
il
infère une conclusion sur l'opinion précédente
1202- Ensuite,
il
soulève une question suscitée par cette opinion
Aristote, chap.
3,
1027a30
-1027b18
Tout
n'arrive
pas nécessairement
1191- Après avoir achevé son étude sur l'être par accident, Aristote écarte une
opinion qui supprimerait l'existence même
d'un
tel être. Certains ont, en effet,
pensé que tout ce qui advient dans
le
monde, possède une cause par
soi;
et qu'en
outre, l'avènement d'une cause quelconque contraint à la production de son effet.
De sorte que tout proviendrait avec nécessité
d'un
enchaînement particulier de
facteurs ; rien ne serait, dès lors, par accident dans les choses. Raison pour laquelle
le
Philosophe veut réfuter cette opinion. Ce qui suit devrait rendre évident que les
principes et les causes de génération et de corruption de certaines réalités « sont
engendrables et corruptibles».
Il
leur arrive d'être engendrés ou corrompus sans
causer eux-mêmes de génération
ni
de corruption, à
la
suite de leur propre
changement.
Il
n'est pas obligatoire, en effet, qu'une réalité à l'origine de la
génération ou de la corruption d'autre chose produise actuellement cet effet à
chaque fois qu'elle-même se trouve engendrée ou corrompue. Beaucoup de causes,
en effet, ne sont efficaces que la plupart du temps, et une fois en œuvre, leur effet
peut encore se voir empêché par accident, du fait de l'inadaptation de la matière ou
de l'obstruction
d'un
agent contraire, etc.
1192- Notons, toutefois, la démonstration
d'
Avicenne
16
: aucun effet en relation
avec sa cause n'est de l'ordre du possible, mais tous sont nécessaires. À supposer
que la cause soit présente, si un résultat qui pouvait ne pas suivre,
se
trouve tout de
même être
là,
alors, comme ce qui est en puissance en tant que puissance est
conduit à l'acte par
un
être en acte,
il
faudrait donc qu'autre chose que la cause
intervienne pour mener cet effet à l'acte. Car la cause ne serait pas suffisante.
Ce
qui paraît contredire les propos du Philosophe sur ce point.
16
Métaphysique
-
23
-
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES
D'ARISTOTE
1193- Sachons donc que les propos d'Avicenne doivent s'entendre en supposant
qu'aucun empêchement ne s'oppose à la cause. Il est, en effet, nécessaire qu'une
fois l'agent présent, l'effet se produise,
sauf
lorsque s'interpose, de temps à
autres, un obstacle occasionnel.
C'est
pourquoi
le
Philosophe écrit qu'il n'est pas
obligatoire que la génération ou la corruption se produisent après que leurs
causes soient apparues.
1194- Mais, si ce que nous disons n'était pas vrai, toutes choses se produiraient
alors nécessairement. À condition d'adjoindre à la proposition : "une fois la cause
présente,
il
est obligatoire que l'effet advienne", cette autre: "de tout ce qui advient
ou disparaît, existe nécessairement une cause par soi et non par accident". Avec ces
deux prémisses, nous concluons, en effet, que toutes choses se produisent avec
nécessité. Ce qui se démontre comme suit.
1195- Quand on s'interroge sur la certitude ou non d'un événement futur, on conclut
de ce qui vient d'être dit, qu'une de ces éventualités est inéluctable, car
si
tout ce qui
arrive possède une cause productrice par soi, à chaque fois que celle-ci se présente,
le
changement s'enclenche immanquablement. L'événement sur la possibilité duquel
on s'interroge, se déroule donc lorsque sa cause existe, et
ne
commence pas tant
qu'elle n'existe pas. Et l'on doit tenir
le
même discours sur
la
cause: on l'observera
chaque fois qu'autre chose, qui est sa propre cause, se présente dans
le
futur.
1196- Or, on constate qu'un temps futur, fut-il de cent ans ou de mille ans, est
toujours limité, car
il
commence à l'instant-même et s'achève
au
tenne fixé. Or, la
génération de la cause précède chronologiquement celle de l'effet, et en remontant
de celui-ci à celle-là, on raccourcit
le
temps futur, et l'on s'approche davantage du
présent. Car on épuise une quantité finie en lui ôtant régulièrement une portion. En
remontant donc de l'effet à la cause, puis de cause en cause, on consomme tout le
temps futur imparti, et l'on aboutit à l'instant présent.
1197- Un exemple rendra cela évident. Si, à
la
vérité, tout effet possède une cause
par soi à laquelle
il
ne manque pas de faire suite, tel quidam, alors, devra
obligatoirement mourir soit de maladie, soit de mort violente, au sortir de sa
maison. Le franchissement du seuil sera donc responsable de son décès, par
violence, s'il se retrouve face à face avec des brigands qui
le
tuent, ou bien à la
suite d'une maladie, s'il subit une averse qui lui provoque une fièvre mortelle.
Mais nécessairement,
il
faudra, s'il a soif, qu'il sorte pour puiser de l'eau, et de
même, devra se produire un autre changement pour expliquer sa
soif;
et en
remontant ainsi de proche en proche, on aboutira à
un
fait « actuel
»,
autrement dit,
-24-
LES MODES DE DETERMINATION DE
L'ETRE
à
un
événement présent, ou même à
un
fait « déjà réalisé » dans
le
passé ; nous
dirions, par exemple, que sa soif a été provoquée par
un
met épicé ou une sauce, or,
le
fait qu'il consomme ou non ce plat est affaire du temps présent, duquel
découlera nécessairement«
le
futur en question», à savoir, s'il mourra ou non.
1198-
Toute conditionnelle vraie est nécessaire. Aussi, lorsque l'antécédent est
effectif,
le
conséquent doit-il obligatoirement l'être.
Il
est, par exemple, exact que
si
Socrate court, c'est qu'il
se
meut. Or,
il
court; donc,
il
se
mouvra durant
le
temps
qu'il courra. Car
si
n'importe quel effet possède une cause par soi, à laquelle
il
fait
immanquablement suite, alors, une conditionnelle dont l'antécédent est
la
cause et
le
conséquent l'effet, devra être vraie. Certes,
il
existe parfois, entre
la
cause
actuellement présente et son effet futur, de nombreux intennédiaires dont chacun sera
le
résultat
du
précédent et
le
déclencheur du suivant; néanmoins,
la
conditionnelle
dont l'antécédent est présent et
le
conséquent futur, sera vraie de
la
première à
la
dernière étape. Comme par exemple, cette proposition:« s'il prend de
la
sauce,
il
se
fera tuer», car l'antécédent est tiré
du
temps présent, et
le
meurtre sera donc
nécessaire, comme
le
seront tous
les
autres mouvements futurs, au fur et à mesure de
l'actualité des causes prochaines et lointaines.
1199- Cette même raison s'impose lorsqu'on remonte des effets aux causes; on
aboutit « aux faits historiques
»,
autrement dit aux événements du passé,
en
réduisant les résultats futurs dans une cause non plus actuelle, mais révolue, car
être dans
le
passé, c'est être encore selon
un
certain mode.
En
mode révolu et
passé, voulons-nous dire. Bien que
la
vie de César ne soit plus d'actualité, elle est
véritablement
un
être du passé, car César a vraiment vécu. Nous pouvons donc
énoncer la vérité de l'antécédent d'une conditionnelle, se situe la cause révolue,
et
le
conséquent sera
la
cause future. Comme tous les effets futurs doivent se
rattacher à une cause présente ou passée,
il
en résulte que tous les futurs se
produiront avec nécessité, de la manière dont on dit que
le
vivant doive
inévitablement mourir un jour, car c'est la suite obligée de ce qui fut naguère
réalisé :
un
mélange biologique de deux contraires. Cette conditionnelle, en effet,
est vraie :
si
un
corps est composé de contraires,
il
se décomposera.
1200- Mais il est inconcevable que tous les futurs se produisent avec nécessité. Par
conséquent, les deux propositions d'où découlait cette conclusion - à savoir:
"n'importe quel effet possède une cause par soi" et "la cause étant présente, l'effet
doit suivre nécessairement"- sont impossibles, car sinon s'ensuivrait ce qu'on a
dit :
la
cause de n'importe quel événement futur est déjà présente, comme pour
la
-
25-
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES
D'ARISTOTE
mort animale. Mais qu'un homme meurt de maladie ou de mort violente, la cause
nécessaire de ce résultat n'est pas encore écrite.
1201- Aristote tire donc la conclusion de ce qui précède: tout n'advient pas d'une
cause par soi. Dans les futurs contingents,
le
rattachement de l'effet à venir à une
cause par soi s'arrête à un point de départ. Celui-ci ne se réduit plus à un nouveau
principe par soi, mais est en lui-même la cause « de ce que sera tel événement», il
sera, autrement dit, cause occasionnelle, et n'aura pas lui-même d'autre origine.
L'être par accident
n'a
ni cause, ni génération, nous
le
savons. Qu'untel soit occis
par des bandits, par exemple, possède une cause par soi dans le fait qu'il a été
frappé ; cette cause a aussi pour cause par soi, la rencontre avec les brigands. Mais
cette dernière
n'a
d'autre cause qu'accidentelle. Le fait que quelqu'un se déplace
pour ses affaires et soit confronté à ses assassins est une coïncidence, comme on
le
voit.
Il
n'y
a pas à chercher de raison à cela. L'être par accident, redisons-le,
n'a
pas de génération et l'on ne doit pas demander de cause par soi de son apparition.
1202- Le Philosophe soulève ensuite une question suggérée par ce qui précède.
vient de dire que les causes des êtres par accident se rattachent à un principe dont
il
n'y
a pas à chercher d'autre cause. Aussi s'interroge-t-il sur cette réduction,
autrement appelée « anagogie
»,
qui revient à se demander « à quelle cause et
quel principe doit-on parvenir? » ; à quel genre de cause ou de principe premier
matériel? final en vue duquel l'événement se produit? moteur? Aristote omet
question de la forme, car on s'interroge
ici
sur la génération accidentelle
réalités, or, la forme n'est cause de génération
qu'à
titre de fin. Forme et fin y
en effet, confondues. Toutefois,
il
ne résout pas ici la question mais
s'en
remet à
solution déterminée ailleurs
17
, qui établit que chance et hasard sont des
adventices se rattachant au genre de la cause efficiente. En conclusion,
il
qu'on a assez traité de l'être par accident, autant que cela pouvait se faire, et
qu
faut éviter, dorénavant,
d'en
parler.
Destin et providence
1203- Notons tout de même que les propos du Philosophe écartent,
cPtnn•P-1·-•
certains points retenus par d'autres, comme
le
destin et la providence.
Il
soutient
effet que tout événement ne se rattache pas à une cause par soi dont
il
inéluctablement, car autrement, tout serait nécessaire et
il
n'y
aurait
coïncidence dans les choses. Les tenants du destin prétendent, quant à eux, que
faits contingents qui nous arrivent, paraissent accidentels mais sont en
17
Physiques,
II
-26-
LES MODES DE DETERMINATION DE
L'ETRE
dépendants d'i?fluences astral.es.
L~ur
action organise des phénomènes qui nous
fottmts.,
~t
ceux
q~t.
envtsagent la providence,
lui
imputent l'ordre de
des evenements tet-bas.
Or,
de~x
P?ints découlent de ces deux positions, qui semblent contredire les
s d Anstote :
1
~ien
d:accidentel,
ni
de fortuit,
ni
d'hasardeux n'arrive dans les choses. Ce
qut
se.
der~ule
selon
un
cettain ordre n'est pas par coïncidence, car cela se
prodmt toujours ou
le
plus souvent.
2
~out
advient
pa~
nécessité,
si
tout est obligatoire dès lors que la cause
en
extst~
dans
le
present ou dans
le
passé, pour respecter
Je
raisonnement
d'An.stote. Or,
la
cause de ce qui dépend de
la
providence
ou
du
destin est à
1~
fots actuel!e et déjà historique, puisque la providence est immuable et
eten~elle
; meme
le
mouvement du Ciel est invariable. Or,
les
effets du
destt~
ou de
la
providence se réalisent obligatoirement et
si
tout leur est
soumts, alors tout est nécessaire.
dans l'idée du Philosophe,
il
ne
faut retenir
ni
destin,
ni
providence.
Afin de
me~re
en
éviden~e
le
problème,
il
faut considérer que l'efficacité
cause est. d autant plus etendue que celle-ci est plus élevée. Une cause
P~~du,tt.
un
effet supérieur, plus commun et que l'on retrouve en
val1tta!l~e
~
t.nfeneurs. Dans les productions humaines,
le
pouvoir politique qui
evtdemment, sur
la
stratégie militaire, s'étend à tous les domaines de
la
•u11aut'"·
alors. que
le
militaire se limite à sa partie. La mise en ordre effectuée
la
cause au sem des
eff~ts,
s'applique à tous ceux qui sont touchés par son
. ,
:oute
cause.
prod~tt
des effets précis, selon
un
ordre établi. Reliés à une
t,nfene~re,
certams fatts se.mblent n'avoir aucune cohérence, effectivement,
s enchamer par
~ure
coïnctdence. Si, toutefois, on les rattache à une cause
comm.une, tls deviennent ordonnés et réunis sans aucune contingence,
sont prodmts par une cause par soi.
La floraison de
tell.e
plante puis telle autre, ne semble pas suivre de plan
si
cela
~u
potenttel de
c!1acune
en particulier. Bien au contraire, qu'elles
, en meme
t~mps
parat~
une pure coïncidence. La vitalité d'une plante
a sa propre
crots~ance,
mats pas à celle de sa voisine. Elle est donc cause de
. ,
flor~tson,
mats
p~s
de ce qu'elle arrive en même temps qu'une autre.
s.'
1 on s
~n,
remet aux mfluences cosmiques, qui sont des causes communes,
stmultanette.~e
semble plus être accidentelle, mais résulter de l'agencement
cause premtere, facteur de floraison de l'ensemble des plantes.
-27-
li
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES
D'ARISTOTE
1207- On observe trois degrés de causalité. Le premier est éternel et immuable,
autrement dit, divin ; sous lui, on remarque une causalité incorruptible, mais
mobile, les corps célestes ; encore en dessous, se trouvent les causes périssables et
changeantes. Ces dernières sont particulières et produisent en propre des effets
spécifiques précis. Le feu engendre le feu, l'homme, l'homme, et la fleur, la fleur.
1208- Le second degré de causalité est pour partie universel, et pour partie
particulier. Particulier, à dire vrai, parce qu'il s'étend au genre circonscrit des
réalités qui viennent à l'être au terme
d'un
mouvement.
Il
s'agit, en effet,
d'une
causalité motrice et mue. Universel cependant, car sa causalité dépasse une seule
espèce de mobiles, pour s'étendre à tout ce qui s'altère, naît
et
meurt. L'être qui
reçoit la première motion doit être la cause de tous les mobiles qui lui font suite.
1209- Mais la causalité du premier degré est purement et simplement universelle.
Son effet propre est d'être. Tout être quel qu'il soit, et de quelque façon qu'il soit,
dépend directement de cette cause et est ordonné par elle.
1210- Si nous nous contentons donc de ramener les événements contingents d'ici-
bas aux seules causes prochaines particulières, beaucoup arrivent par accident; que
ce soit du fait du concours de deux causes dont l'une et l'autre sont étrangères,
comme se trouver face à face avec des brigands, sans que ce soit intentionnel (cette
rencontre résulte, en effet,
de
deux forces en mouvement, la mienne et celle des
bandits); que ce soit en raison de l'échec de l'auteur, sujet
d'une
faiblesse
l'empêchant d'aboutir au résultat projeté, comme par exemple, le voyageur qui
s'écroule en chemin, terrassé par la fatigue; que ce soit, aussi, l'inadaptation de la
matière à recevoir la forme voulue par l'agent, si ce
n'est
selon un mode différent,
en produisant une anomalie génétique.
1211- Mais en rattachant ces phénomènes contingents à une cause d'ordre cosmique,
beaucoup d'entre eux n'apparaissent plus comme accidentels, car même
si
des
causes particulières ne s'appartiennent pas l'une à l'autre, elles sont cependant
contenues sous une cause cosmique commune et unique qui peut expliquer
précisément leur concours. Étant, en outre, incorruptible et impassible, l'influence
astrale ne peut déroger à son ordre de causalité, par défaut ou manque d'influx. Mais
elle agit en modifiant, et tout agent requiert une matière précise et adaptée ;
il
peut
donc se produire que la force astrale ne soit pas suivie d'effet dans
le
monde de
la
nature, en raison de l'inadaptation de la matière, ce qui sera accidentel.
-
28-
LES MODES
DE
DETERMINATION DE L 'ETRE
1212-
Mê1~e
s.i,
de nombreux événements qui paraissent accidentels au vu de
causes
part1~uheres,
ne sont plus fortuits lorsqu'on les rattache à une cause
com~une
~mverselle
comm~
l'influence cosmique, pourtant, après cette réduction,
certam~
fmts demeurent contm.gents, comme Aristote
l'a
démontré précédemment.
L,orsqu
~~
effet, un
~gent
?btlent un résultat
le
plus souvent, mais pas toujours,
c est
~u
Il
est parfOis accidentellement mis en échec. Mais puisque les astres
produisent leur œuvre sur les corps inférieurs la plupart du temps ·
· d
f:
· d , · . . , , mms pas
t~ujours,
u
mt
e 1
•.n~daptat1on
de la matlere, ce sera par accident que la causalité
celeste ne sera pas suivie d'effet.
1213~
Ap~ès
cette
~ésolution
dans les forces cosmiques, il demeure toutefois
certamsA
fa1ts
par
acAc1d~nt,
prov~nant
de causes agentes inférieures, libres d'agir par
elles-memes, sans etre mfluencees par les astres, à savoir les âmes rationnelles Les
for~es
as~rales
ne les. atteignent
pas-
c.e
sont
d~s
formes non assujetties à un
~orps
-SI
ce n est par accident, lorsque un mflux celeste, en affectant
le
corps ébranle
certai~es.f~cu!tés
?e
l'âme qui sont formes d'organes charnels. La raison
~e
trouve
alors
mc1tee
a
ag1r,
sans que cela n'implique aucune nécessité Elle
'd
ffi 1
J'b
A . . posse
e,
en
e
,.e~,
a
r~
mmt~1s~
de ses
pass~ons
et peut
s'y
opposer.
En
conséquence, les faits
d
1~1-bas
qm.
se
re~elent
par
acc1d~nt
en les rattachant à cette cause qu'est J'âme
r~tton~ell~,
I!?re d mfluences cosmiques, ne peuvent devenir par soi en vertu d'une
reductiOn a 1 Impact des astres.
1214-
1!
.est
d~n~
.é~id~n~
que l'existence du destin, considéré comme une
v1te
d.es
realites mfeneures à l'action des corps célestes, n'abolit pas tous les
par accident.
15-
.~ai~
l?rsque
p:r
la suite, ces phénomènes contingents sont rapportés à la
1~e
d•v:•~e
sup:eme, on ne trouvera plus rien pour échapper à son ordre,
~elle
s
~t~nd
a
toute~
choses en leur qualité d'êtres. Son efficace ne peut
et~e
arr~t~e
par une madaptation de la matière, car cette dernière et ses
. , A n echappent pas davantage à son influence. Elle agit comme auteur
fmt.d etre, et
pa.s,
seul~men.t
d'être en mouvement ou modifié. Or, on ne peut
r
qu~
~~~at1ere
s01t
presupposée au fait d'être, comme elle l'est, à titre de
au fait d etre
e?
mouvement. Elle fait, bien au contraire, partie de l'essence
chos~.
De meme
qu'une
fore~
d'altération et de mouvement
n'est
pas
par 1 ess:nce du
~ouvement,
111
par son terme, mais par
le
sujet qui lui est
.
.!e,
de.
meme la pmssance de l'auteur de l'existence
n'est
pas entravée par
mahere, m par quoi que ce soit affectant
d'une
quelconque façon
le
fait d'être.
-
29-
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