Métaphysique d`Aristote

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Commentaires philosophiques
Collection dirigée
par Angèle Kremer Marietti et Fouad Nohra
Permettre au lecteur de redécouvrir des auteurs connus, appartenant
à ladite "histoire de la philosophie", à travers leur lecture méthodique,
telle est la finalité des ouvrages de la présente collection.
Cette dernière demeure ouverte dans le temps et 1' espace, et intègre
aussi bien les nouvelles lectures des "classiques" par trop connus que
la présentation de nouveaux venus dans le répertoire des philosophes
à reconnaître.
Les ouvrages seront à la disposition d'étudiants, d'enseignants et de
lecteurs de tout genre intéressés par les grands thèmes de
la philosophie.
Métaphysique d'Aristote
Commentaire de Thomas d'Aquin
Tome II / Livres 1/T à XII
Déjà parus
Babette BABICH, La fin de la pensée ? Philosophie analytique contre
philosophie continentale, 2012.
Angèle KREMER-MARIETTI, Les ressorts du symbolique, 2011.
Emmanuelle CHARLES, Petit traité de manipulation amoureuse, 2011.
Monique CHARLES, Apologie du doute, 2011.
Abdelaziz A Y ADJ, La philosophie claudicante, 2011.
Mohamed
JAOUA, Phénoménologie et ontologie dans la première
philosophie de Sartre, 2011.
Edmundo MORIM de CARY ALHO, Poésie et science chez Bachelard,
2010.
Hichem GHORBEL, L'idée de guerre chez Rousseau. Volume 2, Paix intérieure
et politique étrangère, 2010.
Hichem GHORBEL, L'idée de guerre chez Rousseau. Volume 1, La guerre dans
l'histoire, 2010.
Constantin SALAVASTRU, Essai sur la problématologie philosophique, 2010.
Angèle KREMER-MARIETTI, Nietzsche ou les enjeux de la fiction, 2009.
Abdelaziz AYADI, Philosophie nomade, 2009.
Stéphanie BÉLANGER, Guerres, sacrifices et persécutions, 2009.
Traduction de Guy-François Delaporte
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES D'ARISTOTE
t-il précisé «que l'accident se surajoute», à l'être éternel ou fréquent. La
mineure, quant à elle, découle rationnellement de la majeure précédente.
Le philosophe conclut donc en épilogue: on a dit ce qu'était l'être par accident,
quelle était sa cause, et pourquoi il ne pouvait y en avoir de science.
Leçon 3
TOUT N'ARRIVE PAS NECESSAIREMENT
119112011202-
D'abord, Aristote réfute l'idée que tout arrive nécessairement
Ensuite, il infère une conclusion sur l'opinion précédente
Ensuite, il soulève une question suscitée par cette opinion
Aristote, chap. 3, 1027a30 -1027b18
Tout n'arrive pas nécessairement
1191- Après avoir achevé son étude sur l'être par accident, Aristote écarte une
opinion qui supprimerait l'existence même d'un tel être. Certains ont, en effet,
pensé que tout ce qui advient dans le monde, possède une cause par soi; et qu'en
outre, l'avènement d'une cause quelconque contraint à la production de son effet.
De sorte que tout proviendrait avec nécessité d'un enchaînement particulier de
facteurs ; rien ne serait, dès lors, par accident dans les choses. Raison pour laquelle
le Philosophe veut réfuter cette opinion. Ce qui suit devrait rendre évident que les
principes et les causes de génération et de corruption de certaines réalités « sont
engendrables et corruptibles». Il leur arrive d'être engendrés ou corrompus sans
causer eux-mêmes de génération ni de corruption, à la suite de leur propre
changement. Il n'est pas obligatoire, en effet, qu'une réalité à l'origine de la
génération ou de la corruption d'autre chose produise actuellement cet effet à
chaque fois qu'elle-même se trouve engendrée ou corrompue. Beaucoup de causes,
en effet, ne sont efficaces que la plupart du temps, et une fois en œuvre, leur effet
peut encore se voir empêché par accident, du fait de l'inadaptation de la matière ou
de l'obstruction d'un agent contraire, etc.
1192- Notons, toutefois, la démonstration d' Avicenne 16 : aucun effet en relation
avec sa cause n'est de l'ordre du possible, mais tous sont nécessaires. À supposer
que la cause soit présente, si un résultat qui pouvait ne pas suivre, se trouve tout de
même être là, alors, comme ce qui est en puissance en tant que puissance est
conduit à l'acte par un être en acte, il faudrait donc qu'autre chose que la cause
intervienne pour mener cet effet à l'acte. Car la cause ne serait pas suffisante. Ce
qui paraît contredire les propos du Philosophe sur ce point.
16
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Métaphysique
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COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES D'ARISTOTE
LES MODES DE DETERMINATION DE L'ETRE
1193- Sachons donc que les propos d'Avicenne doivent s'entendre en supposant
qu'aucun empêchement ne s'oppose à la cause. Il est, en effet, nécessaire qu'une
fois l'agent présent, l'effet se produise, sauf lorsque s'interpose, de temps à
autres, un obstacle occasionnel. C'est pourquoi le Philosophe écrit qu'il n'est pas
obligatoire que la génération ou la corruption se produisent après que leurs
causes soient apparues.
à un événement présent, ou même à un fait « déjà réalisé » dans le passé ; nous
dirions, par exemple, que sa soif a été provoquée par un met épicé ou une sauce, or,
le fait qu'il consomme ou non ce plat est affaire du temps présent, duquel
découlera nécessairement« le futur en question», à savoir, s'il mourra ou non.
1194- Mais, si ce que nous disons n'était pas vrai, toutes choses se produiraient
alors nécessairement. À condition d'adjoindre à la proposition : "une fois la cause
présente, il est obligatoire que l'effet advienne", cette autre: "de tout ce qui advient
ou disparaît, existe nécessairement une cause par soi et non par accident". Avec ces
deux prémisses, nous concluons, en effet, que toutes choses se produisent avec
nécessité. Ce qui se démontre comme suit.
1195- Quand on s'interroge sur la certitude ou non d'un événement futur, on conclut
de ce qui vient d'être dit, qu'une de ces éventualités est inéluctable, car si tout ce qui
arrive possède une cause productrice par soi, à chaque fois que celle-ci se présente, le
changement s'enclenche immanquablement. L'événement sur la possibilité duquel
on s'interroge, se déroule donc lorsque sa cause existe, et ne commence pas tant
qu'elle n'existe pas. Et l'on doit tenir le même discours sur la cause: on l'observera
chaque fois qu'autre chose, qui est sa propre cause, se présente dans le futur.
1196- Or, on constate qu'un temps futur, fut-il de cent ans ou de mille ans, est
toujours limité, car il commence à l'instant-même et s'achève au tenne fixé. Or, la
génération de la cause précède chronologiquement celle de l'effet, et en remontant
de celui-ci à celle-là, on raccourcit le temps futur, et l'on s'approche davantage du
présent. Car on épuise une quantité finie en lui ôtant régulièrement une portion. En
remontant donc de l'effet à la cause, puis de cause en cause, on consomme tout le
temps futur imparti, et l'on aboutit à l'instant présent.
1197- Un exemple rendra cela évident. Si, à la vérité, tout effet possède une cause
par soi à laquelle il ne manque pas de faire suite, tel quidam, alors, devra
obligatoirement mourir soit de maladie, soit de mort violente, au sortir de sa
maison. Le franchissement du seuil sera donc responsable de son décès, par
violence, s'il se retrouve face à face avec des brigands qui le tuent, ou bien à la
suite d'une maladie, s'il subit une averse qui lui provoque une fièvre mortelle.
Mais nécessairement, il faudra, s'il a soif, qu'il sorte pour puiser de l'eau, et de
même, devra se produire un autre changement pour expliquer sa soif; et en
remontant ainsi de proche en proche, on aboutira à un fait « actuel », autrement dit,
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1198- Toute conditionnelle vraie est nécessaire. Aussi, lorsque l'antécédent est
effectif, le conséquent doit-il obligatoirement l'être. Il est, par exemple, exact que si
Socrate court, c'est qu'il se meut. Or, il court; donc, il se mouvra durant le temps
qu'il courra. Car si n'importe quel effet possède une cause par soi, à laquelle il fait
immanquablement suite, alors, une conditionnelle dont l'antécédent est la cause et le
conséquent l'effet, devra être vraie. Certes, il existe parfois, entre la cause
actuellement présente et son effet futur, de nombreux intennédiaires dont chacun sera
le résultat du précédent et le déclencheur du suivant; néanmoins, la conditionnelle
dont l'antécédent est présent et le conséquent futur, sera vraie de la première à la
dernière étape. Comme par exemple, cette proposition:« s'il prend de la sauce, il se
fera tuer», car l'antécédent est tiré du temps présent, et le meurtre sera donc
nécessaire, comme le seront tous les autres mouvements futurs, au fur et à mesure de
l'actualité des causes prochaines et lointaines.
1199- Cette même raison s'impose lorsqu'on remonte des effets aux causes; on
aboutit « aux faits historiques », autrement dit aux événements du passé, en
réduisant les résultats futurs dans une cause non plus actuelle, mais révolue, car
être dans le passé, c'est être encore selon un certain mode. En mode révolu et
passé, voulons-nous dire. Bien que la vie de César ne soit plus d'actualité, elle est
véritablement un être du passé, car César a vraiment vécu. Nous pouvons donc
énoncer la vérité de l'antécédent d'une conditionnelle, où se situe la cause révolue,
et où le conséquent sera la cause future. Comme tous les effets futurs doivent se
rattacher à une cause présente ou passée, il en résulte que tous les futurs se
produiront avec nécessité, de la manière dont on dit que le vivant doive
inévitablement mourir un jour, car c'est la suite obligée de ce qui fut naguère
réalisé : un mélange biologique de deux contraires. Cette conditionnelle, en effet,
est vraie : si un corps est composé de contraires, il se décomposera.
1200- Mais il est inconcevable que tous les futurs se produisent avec nécessité. Par
conséquent, les deux propositions d'où découlait cette conclusion - à savoir:
"n'importe quel effet possède une cause par soi" et "la cause étant présente, l'effet
doit suivre nécessairement"- sont impossibles, car sinon s'ensuivrait ce qu'on a
dit : la cause de n'importe quel événement futur est déjà présente, comme pour la
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LES MODES DE DETERMINATION DE L'ETRE
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES D'ARISTOTE
mort animale. Mais qu'un homme meurt de maladie ou de mort violente, la cause
nécessaire de ce résultat n'est pas encore écrite.
1201- Aristote tire donc la conclusion de ce qui précède: tout n'advient pas d'une
cause par soi. Dans les futurs contingents, le rattachement de l'effet à venir à une
cause par soi s'arrête à un point de départ. Celui-ci ne se réduit plus à un nouveau
principe par soi, mais est en lui-même la cause « de ce que sera tel événement», il
sera, autrement dit, cause occasionnelle, et n'aura pas lui-même d'autre origine.
L'être par accident n'a ni cause, ni génération, nous le savons. Qu'untel soit occis
par des bandits, par exemple, possède une cause par soi dans le fait qu'il a été
frappé ; cette cause a aussi pour cause par soi, la rencontre avec les brigands. Mais
cette dernière n'a d'autre cause qu'accidentelle. Le fait que quelqu'un se déplace
pour ses affaires et soit confronté à ses assassins est une coïncidence, comme on le
voit. Il n'y a pas à chercher de raison à cela. L'être par accident, redisons-le, n'a
pas de génération et l'on ne doit pas demander de cause par soi de son apparition.
1202- Le Philosophe soulève ensuite une question suggérée par ce qui précède.
vient de dire que les causes des êtres par accident se rattachent à un principe dont il
n'y a pas à chercher d'autre cause. Aussi s'interroge-t-il sur cette réduction,
autrement appelée « anagogie », qui revient à se demander « à quelle cause et
quel principe doit-on parvenir? » ; à quel genre de cause ou de principe premier
matériel? final en vue duquel l'événement se produit? moteur? Aristote omet
question de la forme, car on s'interroge ici sur la génération accidentelle
réalités, or, la forme n'est cause de génération qu'à titre de fin. Forme et fin y
en effet, confondues. Toutefois, il ne résout pas ici la question mais s'en remet à
solution déterminée ailleurs 17 , qui établit que chance et hasard sont des
adventices se rattachant au genre de la cause efficiente. En conclusion, il
qu'on a assez traité de l'être par accident, autant que cela pouvait se faire, et qu
faut éviter, dorénavant, d'en parler.
dépendants d'i?fluences astral.es. L~ur action organise des phénomènes qui nous
fottmts., ~t ceux q~t. envtsagent la providence, lui imputent l'ordre de
des evenements tet-bas.
Or,
de~x
P?ints découlent de ces deux positions, qui semblent contredire les
s d Anstote :
1 ~ien d:accidentel, ni de fortuit, ni d'hasardeux n'arrive dans les choses. Ce
qut se. der~ule selon un cettain ordre n'est pas par coïncidence, car cela se
prodmt toujours ou le plus souvent.
advient pa~ nécessité, si tout est obligatoire dès lors que la cause en
dans le present ou dans le passé, pour respecter Je raisonnement
d'An.stote. Or, la cause de ce qui dépend de la providence ou du destin est à
1~ fots actuel!e et déjà historique, puisque la providence est immuable et
eten~elle ; meme le mouvement du Ciel est invariable. Or, les effets du
destt~ ou de la providence se réalisent obligatoirement et si tout leur est
soumts, alors tout est nécessaire.
2
~out
extst~
dans l'idée du Philosophe, il ne faut retenir ni destin, ni providence.
Afin de me~re en éviden~e le problème, il faut considérer que l'efficacité
cause est. d autant plus etendue que celle-ci est plus élevée. Une cause
P~~du,tt. un effet supérieur, plus commun et que l'on retrouve en
val1tta!l~e ~ t.nfeneurs. Dans les productions humaines, le pouvoir politique qui
evtdemment, sur la stratégie militaire, s'étend à tous les domaines de la
•u11aut'"· alors. que le militaire se limite à sa partie. La mise en ordre effectuée
la cause au sem des eff~ts, s'applique à tous ceux qui sont touchés par son
. , :oute cause. prod~tt des effets précis, selon un ordre établi. Reliés à une
t,nfene~re, certams fatts se.mblent n'avoir aucune cohérence, effectivement,
s enchamer par ~ure coïnctdence. Si, toutefois, on les rattache à une cause
comm.une, tls deviennent ordonnés et réunis sans aucune contingence,
sont prodmts par une cause par soi.
Destin et providence
1203- Notons tout de même que les propos du Philosophe écartent, cPtnn•P-1·-•
certains points retenus par d'autres, comme le destin et la providence. Il soutient
effet que tout événement ne se rattache pas à une cause par soi dont il
inéluctablement, car autrement, tout serait nécessaire et il n'y aurait
coïncidence dans les choses. Les tenants du destin prétendent, quant à eux, que
faits contingents qui nous arrivent, paraissent accidentels mais sont en
17
La floraison de tell.e plante puis telle autre, ne semble pas suivre de plan si
cela ~u potenttel de c!1acune en particulier. Bien au contraire, qu'elles
, en meme t~mps parat~ une pure coïncidence. La vitalité d'une plante
a sa propre crots~ance, mats pas à celle de sa voisine. Elle est donc cause de
. , flor~tson, mats p~s de ce qu'elle arrive en même temps qu'une autre.
s.' 1on s ~n, remet aux mfluences cosmiques, qui sont des causes communes,
stmultanette.~e semble plus être accidentelle, mais résulter de l'agencement
cause premtere, facteur de floraison de l'ensemble des plantes.
Physiques, II
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-26-
i
l
•
LES MODES DE DETERMINATION DE L 'ETRE
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES D'ARISTOTE
1207- On observe trois degrés de causalité. Le premier est éternel et immuable,
autrement dit, divin ; sous lui, on remarque une causalité incorruptible, mais
mobile, les corps célestes ; encore en dessous, se trouvent les causes périssables et
changeantes. Ces dernières sont particulières et produisent en propre des effets
spécifiques précis. Le feu engendre le feu, l'homme, l'homme, et la fleur, la fleur.
1208- Le second degré de causalité est pour partie universel, et pour partie
particulier. Particulier, à dire vrai, parce qu'il s'étend au genre circonscrit des
réalités qui viennent à l'être au terme d'un mouvement. Il s'agit, en effet, d'une
causalité motrice et mue. Universel cependant, car sa causalité dépasse une seule
espèce de mobiles, pour s'étendre à tout ce qui s'altère, naît et meurt. L'être qui
reçoit la première motion doit être la cause de tous les mobiles qui lui font suite.
1209- Mais la causalité du premier degré est purement et simplement universelle.
Son effet propre est d'être. Tout être quel qu'il soit, et de quelque façon qu'il soit,
dépend directement de cette cause et est ordonné par elle.
1210- Si nous nous contentons donc de ramener les événements contingents d'icibas aux seules causes prochaines particulières, beaucoup arrivent par accident; que
ce soit du fait du concours de deux causes dont l'une et l'autre sont étrangères,
comme se trouver face à face avec des brigands, sans que ce soit intentionnel (cette
rencontre résulte, en effet, de deux forces en mouvement, la mienne et celle des
bandits); que ce soit en raison de l'échec de l'auteur, sujet d'une faiblesse
l'empêchant d'aboutir au résultat projeté, comme par exemple, le voyageur qui
s'écroule en chemin, terrassé par la fatigue; que ce soit, aussi, l'inadaptation de la
matière à recevoir la forme voulue par l'agent, si ce n'est selon un mode différent,
en produisant une anomalie génétique.
1211- Mais en rattachant ces phénomènes contingents à une cause d'ordre cosmique,
beaucoup d'entre eux n'apparaissent plus comme accidentels, car même si des
causes particulières ne s'appartiennent pas l'une à l'autre, elles sont cependant
contenues sous une cause cosmique commune et unique qui peut expliquer
précisément leur concours. Étant, en outre, incorruptible et impassible, l'influence
astrale ne peut déroger à son ordre de causalité, par défaut ou manque d'influx. Mais
elle agit en modifiant, et tout agent requiert une matière précise et adaptée ; il peut
donc se produire que la force astrale ne soit pas suivie d'effet dans le monde de la
nature, en raison de l'inadaptation de la matière, ce qui sera accidentel.
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1212- Mê1~e s.i, de nombreux événements qui paraissent accidentels au vu de
causes part1~uheres, ne sont plus fortuits lorsqu'on les rattache à une cause
com~une ~mverselle comm~ l'influence cosmique, pourtant, après cette réduction,
certam~ fmts demeurent contm.gents, comme Aristote l'a démontré précédemment.
L,orsqu ~~ effet, un ~gent ?btlent un résultat le plus souvent, mais pas toujours,
c est ~u Il est parfOis accidentellement mis en échec. Mais puisque les astres
·
produisent leur œuvre sur les corps inférieurs la plupart du temps
·
d f: · d , ·
.
.,
, mms pas
t~ujours, u mt e 1 •.n~daptat1on de la matlere, ce sera par accident que la causalité
celeste ne sera pas suivie d'effet.
1213~ Ap~ès cette ~ésolution dans les forces cosmiques, il demeure toutefois
certamsA fa1ts par acAc1d~nt, prov~nant de causes agentes inférieures, libres d'agir par
elles-memes, sans etre mfluencees par les astres, à savoir les âmes rationnelles Les
for~es as~rales ne les. atteignent pas- c.e sont d~s formes non assujetties à un ~orps
-SI ce n est par accident, lorsque un mflux celeste, en affectant le corps ébranle
certai~es.f~cu!tés l'âme qui sont formes d'organes charnels. La raison ~e trouve
alors
ffi mc1tee
J'b a ag1r,
A . sans que cela n'implique aucune nécessité . Elle posse'd e, en
e ,.e~, 1a • r~ mmt~1s~ de ses pass~ons et peut s'y opposer. En conséquence, les faits
d 1~1-bas qm. se re~elent par acc1d~nt en les rattachant à cette cause qu'est J'âme
r~tton~ell~, I!?re d mfluences cosmiques, ne peuvent devenir par soi en vertu d'une
reductiOn a 1 Impact des astres.
?e
1! .est d~n~ .é~id~n~ que l'existence du destin, considéré comme une
v1te d.es realites mfeneures à l'action des corps célestes, n'abolit pas tous les
par accident.
1214-
15- .~ai~ l?rsque p:r la suite, ces phénomènes contingents sont rapportés à la
1~e d•v:•~e sup:eme, on ne trouvera plus rien pour échapper à son ordre,
~elle s ~t~nd a toute~ choses en leur qualité d'êtres. Son efficace ne peut
et~e arr~t~e par une madaptation de la matière, car cette dernière et ses
. , A n echappent pas davantage à son influence. Elle agit comme auteur
fmt.d etre, et pa.s, seul~men.t d'être en mouvement ou modifié. Or, on ne peut
r qu~ ~~~at1ere s01t presupposée au fait d'être, comme elle l'est, à titre de
au fait d etre e? mouvement. Elle fait, bien au contraire, partie de l'essence
chos~. De meme qu'une fore~ d'altération et de mouvement n'est pas
par 1 ess:nce du ~ouvement, 111 par son terme, mais par le sujet qui lui est
de. meme la pmssance de l'auteur de l'existence n'est pas entravée par
mahere, m par quoi que ce soit affectant d'une quelconque façon le fait d'être.
. .!e,
- 29-
COMMENTAIRE DES DOUZE LIVRES DES METAPHYSIQUES D'ARISTOTE
LES MODES DE DETERMINATION DE L'ETRE
Il ne saurait donc, évidemment, exister aucune cause agente inférieure qui ne soit
soumise à sa souveraineté.
122?- ?r, avons-nous dit, l'être en sa qualité d'être, a Dieu lui-même pour auteur.
Et stl'etre,~omme tel est soumis à la providence divine, tous les accidents de l'être
~ant qu e~re le sero~1t, et notamment Je nécessaire et Je contingent. C'est donc la
provtdence qut, non seulement produit tel être, mais lui donnera aussi sa
contingence ou ~a n~cessité. S~lon qu'elle a voulu l'une ou l'autre pour chaque
elle a prepare pour lm les causes intermédiaires qui Je déclenchent
,v•'"F·~·v , ,
o~ al.éatoirement.. ~hague é~énement, cependant, parce qu'il est
a 1 organtsatton de la dtvme provtdence, devient nécessaire, et notre
cot1dt1:tonnelle "Si quelque chose est prévu par Dieu, il se réalisera" est vraie.
1216- Tout ce qui advient sur cette Terre, est, en conséquence, organisé, et n'est
pas une coïncidence, lorsqu'on se réfère à la première cause divine, même si
ramené aux autres causes, cela peut être par accident. C'est pourquoi la foi
catholique professe que rien ne se fait dans le désordre ni fortuitement en ce
monde, mais que tout est subordonné à la providence divine. Aristote, toutefois, se
limite aux événements contingents d'ici-bas dans leur relation aux causes
particulières, comme le manifeste son exemple.
~eg~rde l'~ffet e~1 relation avec sa cause prochaine, tous ne sont
mats lun om, tandts que l'autre est contingent, selon Je lien à leurs
, respecttv~s .. La ,nature d:un résultat s'assimile à sa cause prochaine, mais
a ses causes elotgnees, dont tl ne peut rejoindre la condition.
1-, Mais.si l'on
necessatre~,
1217- Il reste donc à voir, maintenant, comment l'existence du destin et de la
providence ne supprime pas la contingence dans les choses, en les réduisant toutes
à la nécessité. Concernant le destin, ce que nous en avons dit est manifeste. Nous
avons, en effet, démontré que, même si les actions et mouvements des corps
célestes sont nécessaires en eux-mêmes, leur effet sur les êtres inférieurs peut
cependant avorter, soit en raison de l'inadaptation de la matière, soit à l'égard de
l'âme rationnelle, qui est libre de suivre ou non ses inclinations suscitées par les
influences astrales. Les faits de ce type ne sont pas nécessaires mais contingents.
L'indication d'une cause céleste ne suffit donc pas pour que suive nécessairement
l'effet, à la façon dont la mort animale est l'issue fatale de la composition
contraires, comme le texte l'évoque.
1218- Mais on se heurte à une difficulté majeure avec la providence divine; elle ne
peut faillir, en effet. Il est incompatible de soutenir qu'un événement est prévu par
Dieu et qu'il n'arrive pas. L'affirmation d'une providence implique donc, "'"IIIUlv-"
t-il, la nécessité de ses effets.
Lorsque nous parlons de la providence divine, il est donc désormais évident
il _ne faut pas seulement dire « ceci est prévu par Dieu, et se réalisera » mais
e.st prévu par Dieu, et se réalisera de façon ou bien contingente, o~ bien
». L'argument d'Aristote rapporté ici, est donc insuffisant pour
onnnh··
que ~O~ts les effets sont nécessaires lorsqu'on suppose une providence. Il
cependant meluctable que l'effet soit ou bien contingent ou bien nécessaire
ce qu'a per.sonnellement décidé cette cause qu'est la providence divine. Le~
ne p~od.u.tsent pas. ce~e ,loi de nécessité ou de contingence, mais se
d uttltser celle mstttuee par la cause suprême. D'une cause autre ne
que la réalisation de son effet, mais que celle-ci soit nécessaire ou
•t•r·~~~··.~ revient à une cause plus élevée, celle qui cause l'être en tant qu'être
provtent 1'ordre de nécessité et de contingence dans les choses.
'
3
..
1219- Signalons que d'une même cause dépendra l'effet ainsi que tous les
par soi de celui-ci. Parce que l'homme provient de la nature, par exemple, tous
accidents par soi en viendront aussi, comme être capable de rire, ou d'ao1orendJrê
mentalement. Mais une cause qui ne produirait pas l'homme dans l'absolu, mais
rendrait simplement ainsi, ne sera pas responsable des accidents par soi de l'homme
elle se contenterait de les utiliser. Le pouvoir politique, par exemple, fait de
un citoyen, mais n'est pour rien dans sa capacité d'apprendre intellectuellement;
utilise, au contraire, cette propriété pour faire de lui un citoyen.
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