JE PRIE MES LE QUE MENT PARENS LA SENTIMENS POSITION QUE Fac simile S'il voit ma permettre AMIS O'MEARA DOCTEUR A ET JE OU DE LEUR JE DIRA ME TOUT RELATIVE- TROUVE bonne 1818. DE AUX de la Louise, prie je lui baise les mains. SAINT-DENIS. IMPRIMERIE ET de Napoléon. NAPOLÉON. Le 25 juillet CE CONSERVE. de l'écriture qu'il CROIRE CONSTANT Rue de Paris, n° 8. CHANTPIE; MÉMOIRES DE NAPOLÉON, ÉCRITS SOUSSA DICTÉE A SAINTE-HÉLÈNE, PAR UN DE SES VALETS-DE-CHAMBRE. PRIX : 2 FR. 50 c. TARIS. PHILIPPE, RUE LIBRAIRE, DAUPHINE, 1829 N° 30. MEMOIRES DE NAPOLÉON JE n'écris événemens des car les commentaires, pas de notre règne sont assez con- nus , et je ne suis pas obligé d'alimenter : curiosité je donne le précis publique ces événemens, parce que mon caractère la de et être mes intentions peuvent étrangement et je tiens à paraître tel que j'ai défigurés; été aux yeux de mon fils comme à ceux de la postérité. C'est le but une de cet écrit. voie Je suis forcé détournée le pour car s'il tombait dans les mains sais des ministres je anglais, par expédans leur resterait bureau. rience qu'il Ma vie a été si étonnante, que les admi- d'employer faire paraître, de mon pouvoir ont pensé que mon enfance même avait été extraordinaire ; rateurs 1 2 MÉMOIRES ils se sont trompés. Mes premières années n'ont rien eu de singulier ; je n'étais qu'un enfant obstiné et curieux ; ma première éducation a été pitoyable comme ce qu'on fait en Corse ; j'ai appris assez facilement le français par les militaires de la garnison , avec lesquels je passais mon temps. Je réussissais dans ce que j'entreprele voulais: mes volontés nais, parce que je étaient fortes et mon caractère décidé. Je n'hésitais jamais : ce qui m'a donné de La volonté de la de l'indiau reste , trempe dépend, vidu : il n'appartient pas à chacun d'être maître chez lui. l'avantage sur tout le monde. Mon esprit me portait à détester les illusions. J'ai toujours discerné la vérité de vu c'est saut: j'ai pourquoi toujours plein que d'autres le fond des choses. Le été pour moi dans le monde a toujours fait et non dans le droit : aussi n'ai-je resmieux semblé à peu près à personne; isolé. ma nature, toujours par j'ai été, 5 DE NAPOLEON. Je n'ai jamais quel le serait compris tirer de quelques-unes parti que je pourrais elles ne de mes études, et, dans le fait, m'ont thodes. servi Je qu'à m'apprendre n'ai retiré quelque des mathématiques utile à rien; mais propre. Mes des : le reste j'étudiais mé- fruit ne par que m'a été amour- facultés intellectuelles prenaient leur essor sans que je m'en mécependant lasse; elles ne consistaient que dans une des fibres de mon cerveau. grande mobilité Je pensais plus vite que les autres; en sorte m'est toujours resté du temps pour qu'il réfléchir : c'est en cela qu'a consisté ma profondeur. Ma tête était trop active pour m'amuser de la ordinaires avec les divertissemens étranJe totalement étais n'y jeunesse. pas mais je cherchais de quoi ailleurs ger; m'intéresser. me plaçait Cette disposition daus une espèce de solitude où je ne trouvais que mes propres pensées. Cette ma- 4 MEMOIRES nière d'être m'a été habituelle les situations de ma vie. dans toutes Je me plaisais à résoudre des problêmes : je les cherchai dans les mathématiques ; mais l'ordre matériel ne m'en fournissant point assez , je les cherchai alors dans l'ordre le mieux venue moral : c'est le travail réussi. Cette recherche chez moi une disposition qui m'a est dehabi- : je lui ai dû les grands pas que j'ai fait faire à la politique et à la guerre. Ma naissance me destinait au service : tuelle c'est pourquoi j'ai été placé dans les écoles militaires. J'obtins une lieutenance quel* : je révolution ques années avant la n'ai jamais de litre avec autant de reçu ammon Le comble de celui-là. plaisir que bition se bornait, alors, à porter un jour une épaulette à bouillons sur chacune de mes épaules : un colonel d'artillerie me paraissait le nec plus ultra de la grandeur humaine. * En 1788. 5 DE NAPOLÉON. ce dans temps pour jeune trop Je ne juà la politique. mettre de l'intérêt en masse. de l'homme encore geais pas du Aussi je n'étais ni surpris ni effrayé à cette désordre époque , parce régnait qui J'étais aucune avec la comparer que je n'avais pu de ce que je trouautre. Je m'accommodais vais. Je n'étais pas encore difficile. On cette m'employa armée ne faisait de ce que doit ni la ne connaissait une armée; elle la ni guerre. discipline Il est vrai d'ennemis pêcher d'arriver à mauvaise J'étais nous que bien nous n'étions n'avions pas à combattre; dangereux d'abord chargés les Marseillais jusqu'à : rien faire école. du midi l'armée dans que d'em- les Avignonais et rien n'était si et Lyon, facile. L'anarchie dans les : le régnait corps soldat n'avait aucun respect pour l'officier ; l'officier n'en avait guère pour le général; ceux-ci étaient tous par les représentans les du matins destitués peuple ; l'armée 1* MÉMOIRES 6 qu'à ces derniers l'idée du poula plus forte sur l'esprit humain. J'ai n'accordait voir, senti dès-lors ci- vile ga- le danger de l'influence et j'ai su m'en sur le militaire, rantir. Ce n'était pas le talent, mais la loquacité qui donnait du crédit dans l'armée : tout y dépendait de cette faveur populaire qu'on obtient par des vociférations. Je n'ai jamais eu avec la multitude cette de sentimens qui produit l'écommunauté l'inférioloquence des rues ; et d'ailleurs, de jouerrité de mon grade m'empêchant un rôle dans cette armée; j'en avais mieux le temps de réfléchir. la guerre, non sur le papier, mais sur le terrain. Je me trouvai pour la * dans au feu une affois petite première faire , à la suite de laquelle l'armée du midi s'empara d'Avignon. Pendant que le J'étudiais gros de l'armée suivait la rive gauche du Rhône et attaquait sans succès la ville, je * En. 1795. DE NAPOLEON. 7 fus détaché avec deux pièces de quatre et une faible colonne sur la rive droite. Je bientôt que les Avignonais m'aperçus avaient commis la faute impardonnable de laisser sans défense un point qui commandait la ville et surtout le château. Je me hâtai d'y placer mes pièces; je les pointai moi-même et en quelques coups fis taire le feu de l'ennemi. Ce succès amena la reddition de la place au moment où le général de la convention donnait le signal de la retraite. J'ai raconté mon premier fait d'armes, Bon qu'il me valût de l'avancement, mais parce qu'il m'initia au secret de la guerre. Je m'aperçus qu'il était plus facile qu'on ne croit, de battre l'ennemi, et que ce grand art consiste à ne pas tâtonner dans l'action, et surtout à ne tenter que des mouvemens décisifs, parce que c'est ainsi qu'on enlève le soldat. J'avais gagné mes éperons; je me croyais de l'expérience. me senje cela, D'après 8 MÉMOIRES tis beaucoup d'attrait pour un métier qui me réussissait si bien. Je ne pensai qu'à cela, et je me donnai à résoudre tous les problêmes qu'un champ de bataille peut offrir. J'aurais voulu étudier aussi la guerre dans des livres, mais je n'en avais point. Je cherchai à me rappeler le peu que j'avais lu dans l'histoire , et je comparais ces récits avec le tableau que j'avais sous les yeux. Je me suis fait ainsi une théorie de la guerre, que le temps a développée, mais n'a jamais démentie. Je menai cette vie insignifiante jusqu'au siége de Toulon (A). J'étais alors chef de et, comme tel, je pus avoir quelque influence sur le succès de ce siége. Jamais armée ne fut plus mal menée que la bataillon, nôtre. On ne savait qui la commandait; les la sans ne l'ocapacité, généraux, plupart saient pas, de peur des représentans du avaient encore plus de peur peuple; ceux-ci du comité de salut public. Les commissaires pillaient, les les officiers buvaient, DE 9 NAPOLÉON. soldats mouraient de faim; mais ils avaient de l'insouciance et du courage : ce désordre même leur inspirait plus de bravoure conresté Aussi la suis-je discipline. que vaincu que les armées mécaniques ne valent rien : elles nous l'ont prouvé. Tout se faisait au camp par motions et de faire manière Cette acclamations. par mais je ne pouvais m'était insupportable; pas l'empêcher, m'en embarrasser. et j'allais à mon but sans le seul dans l'armée J'étais peut-être d'en mais mon était eût un but ; goût qui mettre au bout de tout. Je ne m'occupai de et la l'ennemi d'examiner position que la nôtre ; je comparai ses moyens moraux et les nôtres : je vis que nous avions l'exaltation, le plus puissant de tous, et qu'il n'en avait point. Son expédition avait d'ailleurs été manquée du jour où il avait cessé d'avancer dans les terres et de se joindre aux mécontens du pays pour mer dans la place. se renfer- MÉMOIRES 10 Je cherchai les meilleurs points d'attaque, je jugeai la portée de nos batteries , et j'indiquai les positions les où il fallait Des officiers-généraux les trouvèplacer. mais on ne réussit hasardées, trop à la guerre Je avec la seule prudence. pas mon plan à Gasparin, m'obstinai, j'exposai rent qui avait entendait été capitaine de dragons, et qui la guerre; il approuva mon plan en finir. D'ailleurs la qu'il voulait parce convention ne lui demandait des bras pas compte du succès. et des jambes, mais Mes artilleurs braves étaient mentés, positions réussirent: c'est la meilleure Nos attaques pour les soldats. l'ennemi s'intimidait ; il n'osait tenter contre nous. Il nous en- plus rien voyait bêtement où et expéride toutes les dis- des boulets, qui tombaient à rien. et ne servaient ils pouvaient, Les feux que je dirigeais au mieux allaient but. de zèle, parce J'y mettais beaucoup mon avancement, que j'en attendais j'aimais d'ailleurs lui-même. succès le pour 11 DE NAPOLÉON. Je passais mon temps aux batteries, je dormais dans nos épaulemens. On ne fait bien que ce qu'on fait soi-même. Les prisonniers nous apprenaient que tout allait au diable dans la place. On l'évacua enfin Nous avions d'une manière effroyable. bien mérité de la patrie. On me fit général de brigade. Je fus employé, dénoncé, desles et les facballotté intrigues titué, par Je pris en horreur l'anarchie , qui était alors à son comble, et je ne me suis jamais raccommodé avec elle. Ce gouvertions. nement massacreur antipathique qu'il vorait lui-même. perpétuelle, chaient pas m'était d'autant plus était absurde et se déC'était une révolution dont les meneurs ne cher- seulement à s'établir d'une manière permanente. la dans l'armée de Vendée Employé comme général d'infanterie, je refusai de servir dans une arme qui n'était pas la mienne. Je fus à Paris, où l'on m'attacha au comité militaire et où l'on me chargea 12 MEMOIRES de rédiger des instructions pour d'Italie, alors forcée à la retraite. l'armée des sections L'affaire se préparait, je un mettais pas grand intérêt, parce n'y moins de politique que que je m'occupais Je ne pensais pas à jouer un de guerre. rôle affaire ; mais Barras me de commander sous lui la force dans cette proposa armée, contre les insurgés. Je préférais, en qualité de général, d'être à la tête des me dans les qu'à jeter troupes, plutôt rangs des sections, faire. où je n'avais rien à Nous n'avions pour garder la convention, mais l'artillerie 6,000 hommes, qu'environ était bonne et nombreuse. Les colonnes des sectionnaires nous attaquèrent sur diJe fis mettre le feu à mes piè- vers points. ces , les sectionnaires se sauvèrent, les je fis suivre; ils se jetèrent sur les degrés de On n'avait pu passer qu'une Saint-Roch. elle fit feu pièce, tant la rue était étroite, sur cette cohue, qui se dispersa en lais- DE NAPOLEON. morts. sant quelques en dix minutes. Cet événement, 15 Le tout si petit eut de grandes conséquences, de rétrograder. la révolution fut terminé en lui-même, il empêcha Je m'attachai lequel je ve- au parti pour et je me trouvai lié à nais de me battre, Je commençai à la cause de la révolution. convaincu et je restai la mesurer, qu'elle naturellement parce qu'elle avait pour le nombre elle l'opinion, et l'audace. L'affaire des sections m'éleva au grade serait victorieuse, de division, de général et me valut une Comme le parti vainsorte de célébrité. de sa victoire , il me queur était inquiet à en me Paris nommant moi, garda malgré de l'armée de en chef l'intérieur, général car je n'avais d'autre de faire la guerre grade. Je restai lations; société, à Paris. ambition dans mon que celle nouveau Je n'y avais pas de rede la aucune habitude je n'avais et je n'allais que dans celle de MÉMOIRES 14 bien où reçu. C'est là où Barras, j'étais fois, ma femme, j'ai vu, pour la première sur ma vie, qui a eu une grande influence et dont la mémoire me sera toujours chère. Je n'étais insensible pas aux charmes dés femmes, elles ne mais, jusqu'alors, m'avaient me pas gâté; et mon caractère rendait timide de auprès d'elles. Madame Beauharnais rassuré; ses sur je me est la m'ait première qui elle m'adressa des choses flatteu- talens mes militaires, trouvai placé auprès un jour où d'elle; cet m'adressais continuelle; je éloge m'enivra ment à elle; je la suivais partout; j'en étais et notre socicté amoureux, passionnément le savait déjà, que j'étais encore loin d'oser le lui dire. Mon sentiment Je n'avais s'ébruita; Barras m'en de raison pas pour le nier, me dit-il, il faut que vous parla. " En ce cas, » épousiez madame )> avez un grade de Beauharnais. et des talens à faire Vous valoir; DE NAPOLÉON 15 » mais vous êtes isolé , sans fortune , sans » relations; il faut vous marier, cela donne " de l'aplomp. Madame de Beauharnais » est agréable et spirituelle , mais elle est veuve. Cet état ne vaut plus rien aujour" » d'hui ; les femmes ne jouent de rôplus » les; il faut qu'elles se marient pour avoir » de la consistance. Vous avez du caractère; » vous ferez votre chemin. » venez. Voulez-vous me Vous lui con— de cette charger » négociation? » J'attendis la réponse avec anxiété. Elle fut Madame de Beauharnais favorable. m'accordait sa main ; et s'il y a eu des modans ma vie, c'est à elle mens de bonheur que je les ai dus. Mon attitude dans le monde changea sous refait, Il s'était après mon mariage. le directoire, une manière d'ordre dans lequel j'avais élevée. L'ambition chez moi En fait : je pouvais d'ambition, pris une devenait aspirer social assez place raisonnable à tout. je n'en avais pas MÉMOIRES 16 un commandeque celle d'obtenir n'est rien, ment en chef; car un homme d'une réputation milis'il n'est précédé d'autre Je croyais être sûr de faire la mienne; car je me sentais l'instinct de la guerre ; mais je n'avais pas de droits fondés pour, taire. faire me demande. Il fallait pareille les donner. ce n'était Dans ce temps-là pas difficile. L'armée d'Italie était au rebut, parce une à rien. Je pensai qu'on ne l'avait destinée à la mettre eu mouvement attaquer pour l'Autriche sur le point où elle avait plus de sécurité ; c'est-à-dire en Italie. Le directoire et l'Espagne; était en paix mais l'Autriche, avec la Prusse soldée son état fortifiait l'Angleterre, et nous tenait tête sur le Rhin. par militaire Il était évident faire une divernous devions que sion en Italie, l'Autriche, pour ébranler pour donner une leçon aux petits princes d'Italie contre nous, qui s'étaient ligués pour donner la guerre, enfin n'en qui une couleur avait point décidée jusqu'alors. à DE NAPOLÉON. 17 Le plan était si simple, il convenait si bien au directoire, parce qu'il avait besoin de succès pour faire son crédit, que je me hâtai de le présenter, de peur d'être prévenu. Il n'éprouva de contradiction , pas et je fus nommé général en chef de l'armée d'Italie. Je reçu gne, mille n'est la pour renforts quelques et je làa trouvai partis hommes de bonne Elle avait joindre. de l'armée d'Espaforte de cinquante si ce de tout, dépourvus J'allai volonté. à la mettre Peu de jours après mon arrivée, sur un mouvement j'ordonnai général toute la ligne : elle s'étendait de Nice jus- l'épreuve. qu'à Savonne. d'avril 1796. En trois C'était jours nous postes austro-sardes, hauteurs de la Ligurie. brusquement, au commencement enlevâmes qui tous défendaient L'ennemi, Nous se rassembla. les les attaqué le ren- il fut le 10, à Montenotte; contrâmes, à Millesibattu. Le 14, nous l'attaquâmes et nous séparâmes mo ; il fut encore battu, 18 MÉMOIRES des Piémontais. les Autrichiens Ceux-ci vinrent prendre position à Mondovi, tanse retiraient dis que les Autrichiens sur le Pô, pour couvrir la Lombardie. Je battis les Piémontais. En trois jours , de toutes les positions du je m'emparai et nous étions à neuf lieues de Piémont, Turin, lorsque je reçus un aide-de-camp qui venait demander la paix. Je me regardais alors, pour la première fois, non plus comme un simple à homme mais comme un général, appelé influer sur le sort des peuples. Je me vis dans l'histoire. Cette paix changeait mon plan. Il ne se bornait plus à faire la guerre en Italie, Je sentais qu'en élarmais à la conquérir. donde la le terrain révolution je gissant nais une base plus solide à son édifice. C'était le meilleur moyen d'assurer sont succès. La cour de Piémont nous avait cédé toutes ses places fortes ; elle nous avait remis ses pays. Nous étions maîtres, par- DE NAPOLEON. 19 là, des Alpes et des Apennins ; nous étions assurés de nos points d'appui et tranquilles sur notre retraite. Dans une si belle position, j'allai attaJe passai le Pô à quer les Autrichiens. et l'Adda à Lodi : ce ne fut Plaisance, pas sans peine ; mais Beaulieu se retira, et j'entrai dans Milan. Les Autrichiens firent des efforts incroyables pour reprendre l'Italie. Je fus obligé de défaire cinq fois leurs armées pour en venir à bout (B). Maître de l'Italie, il fallait y établir le système de la révolution , afin d'attirer ce pays à la France par des principes et des intérêts communs : c'est-à-dire, qu'il fall'ancien lait y détruire régime pour y établir l'égalité, parce qu'elle est la cherJ'allais, ville ouvrière de la révolution. donc avoir sur les bras le clergé, la noblesse, et tout ce qui vivait à leur table. Je prévoyais ces résistances, et je résolus de les vaincre par l'autorité des armes et sans ameuter le peuple. 20 MÉMOIRES J'avais fait de grandes actions ; mais il fallait prendre un langage et une attitude chez La avait détruit révolution analogues. nous toute espèce de dignité ; je ne pouvais pas rendre à la France une pompe : royale je lui donnai le lustre des victoires et le langage du maître. Je voulais devenir le protecteur de l'Italie et non son conquérant. J'y suis parvenu en maintenant la discipline de l'armée, en puissant sévèrement les révoltes, et surtout en instituant la république ciPar cette satisfaisais institution , je salpine. le voeu prononcé des Italiens, celui d'être ainsi de Je leur donnai indépendants. grandes espérances; il ne dépendait que d'eux de les réaliser en se liant à notre cause. C'étaient à la France. des alliés que je donnais Cette alliance durera long-temps entre les deux peuples, parce qu'elle s'est fondée sur des services et des intérêts communs. opinions Ces deux peuples ont les mêmes et les mêmes mobiles. Ils auraient DE NAPOLÉON. 21 sans moi, leur vieille conservé, inimitié. Sûr de l'Italie, je ne craignis pas de m'aventurer ; jusqu'au centre de l'Autriche et je j'arrivai jusqu'à la vue de Vienne, Ce signai là le traité de Campo-Formio. fut un acte glorieux la France. pour Le parti que j'avais favorisé au 18 fructidor Je était resté l'avais de la république. que c'était le parce maître favorisé, et parce que c'était le seul qui pût marcher la révolution. Or, plus je faire m'étais mêlé des affaires, plus je m'étais convaincu cette révoqu'il fallait achever mien, lution, parce qu'elle était le fruit du siècle et des opinions. Tout ce qui retardait sa marche ne servait qu'à prolonger la crise. La paix était faite sur le continent; nous n'étions plus en guerre qu'avec l'Anglede bataille, terre; mais, faute de champ cette guerre nous laissait dans l'inaction. J'avais ils étaient la conscience de nature de mes moyens; à me mettre en évi- dence; mais ils n'avaient Je savais cependant qu'il point fallait d'emploi. fixer l'at- 22 MÉMOIRES tention pour rester en vue, et qu'il fallait des choses extraordi- tenter, pour cela, naires , parce que les hommes savent de les étonner. C'est en vertu de cette nion gré opid'E- , que j'ai imaginé l'expédition à de profongypte. On a voulu l'attribuer des combinaisons de ma part; je n'en avais oisif d'autre de ne rester celle pas que pas après la paix que je venais de conclure. Cette devait expédition grande idée de la puissance elle devait attirer l'attention donner une de la France ; sur son chef, hardiesse et surprendre sa ; l'Europe par elle devait surtout, en fondant sur le Nil une colonie française, tenir des colonies dues , et, de l'Orient, d'Amérique en lui assurant lui lieu à la France qu'elle avait per- tout le commerce sessions des posC'étaient plus tenter pour la la moin- ouvrir le chemin dans l'Inde. anglaises de motifs n'en fallait qu'il ; mais je n'avais pas alors dre envie de détrôner le grand-turc me faire pacha. Je préparais le départ , ni de dans un profond DE NAPOLÉON. secret. ajoutait tion. Il était nécessaire au caractère La flotte 23 mit au succès , et il de l'expédisingulier à la voile. J'étais obligé de cette gentilhommière détruire, enpassant, de Malte, parce qu'elle ne servait qu'aux vieux Je craignais que quelque Anglais. ces chevaliers à de gloire ne portât et à me retarder se défendre ; ils se rendilevain honteusement bonheur, plus par m'en étais ne flatté. que je les Mameloucks à la baJ'avais détruit rent, des Pyramides; (C) le combat naval d'Aboukir détruisit flotte et livra la notre taille mer ment miner Je compris, dès ce mone pouvait se ter, que l'expédition une car toute ; que par catastrophe aux Anglais. pas , finit toujours qui ne se recrute tôt ou un peu un peu plus par capituler tard. plus armée Il fallait en attendant rester en Egypte, d'en sortir. n'y avait pas moyen puisqu'il à faire bonne mine Je me décidai vais jeu. J'y réussis assez bien; à mau- 24 MÉMOIRES une belle J'avais armée et j'achevai ; il fallait l'oc- la de l'Econquête son temps à quelque gypte pour employer chose. J'ai livré, aux sciences le par-lâ, cuper, beau plus qu'elles champ ploité. Nos soldats étaient ces qu'ils aient jamais ex- un peu surpris de se dans l'héritage trouver des Sésostris ; mais ils prirent bien la chose, et il était si au milieu de étrange de voir un Français ruines, mêmes. s'en amusaient eux- il plus rien à faire en Egypte, d'aller en Palestine curieux , et d'en tenter la conquête. Cette expédition N'ayant me parut avait quelque laissai séduire. chose de fabuleux Je fus mal informé : je m'y des obs- tacles et je ne pris qu'on m'opposerait, de avec moi. assez troupes pas au-delà du désert, Parvenu j'appris des rassemblé forces avait à Saintqu'on (D). Je ne pouvais pas les il fallut marcher. La y mépriser; place était défendue par un ingénieur français ; Jean-d'Acre DE NAPOLÉON. 23 il fallut je m'en aperçus à sa résistance; fut pénible. Je lever le siége ; la retraite fois contre les éléluttai pour la première mais nous mens; De n'en fûmes pas vaincus. et après avoir retour en Egypte, à Aboutir des Turcs triomphé m'enlever laient qui vou- ma conquête, je reçus des journaux les ils Anglais; par m'appride la France, rent l'état déplorable l'avilissement du directoire coalition. Je crus une seconde fois. et le succès de la servir mon pays pouvoir Aucun motif ne me re- en Egypte : c'était une entreprise était bon pour siépuisée. Tout général le renune temps gner que capitulation tenait drait inévitable, dessein que celui et je partis de reparaître sans autre à la tête des la ramener victoire. pour y ma excita à présence Débarqué Fréjus, l'enthousiasme du peuple ; ma gloire mili- armées taire d'être rassurait qui avaient peur une aflluence sur mon tous ceux battus; c'était mon passage; voyage cutl'air d'un triom5 MEMOIRES 26 en arrivant à Paris, compris, en France. tout pouvais je que La faiblesse du gouvernement l'avait mise l'aà deux doigts de sa perte : j'y trouvai phe, et je narchie. patrie, quence. Tout le monde voulait la sauver des plans en conséet proposait On venait m'en faire confidence; mais il le pivot des conspirations; à la tête de ces n'y avait pas un homme mener. les fût de projets, qui Ils capable j'étais tous sur moi, comptaient parce fallait une épée. Je ne comptais leur qu'il sur perde choisir le plan sonne, et je fus maître le mieux. qui me convenait à la tête de l'état. me portait me trouver maître de la révolution La fortune J'allais car je ne voulais pas en être le chef : le rôle ne me convenait pas. J'étais donc aple sort à venir de la France pelé à préparer et peut être celui du monde. faire la guerre Mais il fallait auparavant faire la paix, assouvir les factions , fonder mon autorité. Il fallait remuer cette grosse DE NAPOLÉON. 27 le machine gouvernement. qu'on appelle Je connaissais le poids de ces résistances, alors le simple métier et j'aurais préféré du l'autorité de la guerre ; car j'aimais et l'émotion du champ quartier-général dans ce de bataille. Je me sentais enfin, de relever moment, pour disposition plus l'ascendant de la France militaire que pour la gouverner. Mais je n'avais tination, le règne dans ma desde choix pas car il m'était facile de voir que du directoire touchait à sa fin , à sa place une autorité imposante pour sauver l'état, qu'il n'y a de vraiment milique la gloire imposant qu'il taire. fallait mettre Le directoire remplacé queparmoi choix de la France L'opinion mienne. publique ne pouvait donc ou par l'anarchie. n'était éclairait Je proposai de remplacer par un consulat. : tellement alors de concevoir l'idée être Ce douteux. pas à cet égard la le directoire j'étais éloigné d'un pouvoir sou- MÉMOIRES 28 Les républicains deux consuls; j'en verain. lire proposèrent demandai d'étrois, pas être appareillé. de droit m'appartenait ne voulais que je parce Le premier dans celte rang trinité : c'était tout ce que je voulais. de ma proLes républicains se défièrent Ils entrevirent un élément de dicposition. tature contre dans ce triumvirat. moi. Ils se liguèrent même de Sieyes La présence les rassurer. Il s'était ne pouvait chargé de faire une constitution; mais les jacobins redoutaient plus mon épée qu'ils ne se fiaient à la plume de leur vieil abbé. sous Tous les partis se rangèrent alors deux bannières : d'un côté se trouvaient les républicains, à mon qui s'opposaient élévation ; de l'autre, était toute la France Elle était donc inévitable qui la demandait. à celte époque, toujours avaient le par établi conseil finit que la majorité Les premiers l'emporter. parce leur quartier-général des cinq-cents; ils firent dans une DE belle il fallut défense, Saint-Cloud tion. J'avais 29 NAPOLÉON. gagner la bataille de achever celte révolu- pour cru un moment qu'elle se fe- rait acclamation. par Le voeu public venait de me donner la première place de l'état ; la résistance qu'on avait opposée ne m'inquiétait pas, parce qu'elle ne venait que des gens flétris par l'opinion. Les royalistes n'avaient ils avaient été pris sur le temps. de la nation avait confiance en : pas paru La masse car moi, elle savait bien que la révolution ne pouvait pas avoir de meilleure garantie que la mienne. çant Je n'avais à la tête créés, puisqu'en me serais trouvé de force des intérêts me plaavait qu'elle qu'en la faisant je rétrograder, des Boursur le terrain bons. Il fallait de mon bitions que tout fût neuf dans la nature afin que toutes les ampouvoir, de quoi vivre ; mais y trouvassent il n'y avait rien de défini dans sa nature, et c'était son défaut. MÉMOIRES 70 par la constitution, de la république, magistrat Jen'étais, mier que le premais j'ade commande- une épée pour bâton Il y avait incompatibilité ment. vais droits constitutionnels entre mes et l'ascendant que et de mes ac- je tenais de mon caractère tions. Le public le sentait comme moi; la chose ne pouvait et chapas durer ainsi, en conséquence. cun prenait ses mesures Je trouvais des courtisans que je n'en avais besoin. On faisait queue. Aussi en du chemin nullement n'étais-je peine mon autorité, mais je l'étais que faisait beaucoup France. de la situation Nous nous trichiens étions avaient plus matérielle de la laissés battre ; les Aul'Italie et dé- reconquis truit mon ouvrage; nous n'avions plus d'armée pour reprendre l'offensive. Il n'y avait pas un sou dans les caisses, et aucun moyen de les remplir. La conscription ne s'exécutait des maires. que sous le bon plaisir Sieyes nous avait fait une constitution pa- DE resseuse NAPOLÉON. 31 tout; bavarde qui entravait tout ce qui constitue la force d'un état était anéanti; il ne subsistait que ce qui fait sa faiblesse. et Forcé je crus devoir par ma position, alors de demander la paix ; je le pouvais une fortune était bonne foi, qu'elle parce moi : plus tard, pour ignominie. M. Pitt tat la refusa, n'a fait une plus elle n'eût été qu'une et jamais homme d'élourde faute ; car ce a été le seul où les alliés moment auraient pu la conclure en demandant avec sécurité: car la France, la paix, se reconnaissait de tous vaincue ; et les peuples se relèvent à leur les revers, si ce n'est de consentir opprobre. M. Pitt Il m'a sauvé une grande de la révoet il a étendu l'empire la refusa. faute, lution sur toute voulu alors la laisser ; empire que ma l'Europe chute n'est pas même parvenue à détruire. Il l'aurait s'il avait borné à la France, Il me fallut donc à elle-même. faire la guerre. Mas- 52 MÉMOIRES séna se défendait dans Gênes; mais les ren'osaient de la république plus Il ni le Rhin ni les fallait Alpes. passer en Italie donc rentrer et en Allemagne armées pour dicter triche. une seconde fois la paix à l'Au- fis des les je forger J'appelai conscrits, de l'honle sentiment armes; je réveillai neur national, qui n'est jamais qu'assoupi chez les Français. Je rassemblai une armée Un tiers n'était que des recrues. L'Europe riait de mes soldats : elle à payé chèrement ce moment Cependant, de plaisir. avec plus pour entreprendre il fallait une campagne, tom- d'avantage ber à l'improviste sur l'ennemi de sa surprise. Le général rait dans les gorges de Nice. longeait Je pars présence, nimèrent marcher Dans jour à jour : je m'avance et profiter Suchet l'atti- Masséna prola défense de Gênes. vers les Alpes de l'entreprise, la grandeur les soldats ; ils semblaient à l'avant-garde. aucun temps de ma vie , je ; ma ratous n'ai DE NAPOLÉON. de sentiment 35 à celui que éprouvé pareil dans les gorges des je sentis en pénétrant Les échos des retentissaient cris Alpes. une victoire Ils m'annonçaient mais probable. J'allais revoir de l'armée. incertaine, de mes premières théâtre armes. l'Italie, Mes canons gravissaient lentement ces rochers. atteiMes premiers grenadiers Ils enfin la cîme du St.-Bernard. eu l'air leurs chapeaux garnis de gnirent jetèrent en jetant des cris de joie. plumets rouges, Les Alpes étaient et nous défranchies, bordâmes comme un torrent. Le général Lannes commandait garde. Il courut Ivrée, prendre Pavie Toute l'avantVerceil, du passage du Pô. , et s'assura le passa sans obstacle. Dans l'armée ce temps presque tout le monde avait sa fortune à faire ; on ne comptait les fatigues pour rien , les dangers pour moins encore. ce On était insouciant la gloire , qui que sur les champs de bataille. n'est sur sur si tout, ne s'obtient MÉMOIRES 34 Au bruit de son arrivée, les Autrichiens manoeuvrèrent sur Alexandrie. Accumulés dans cette place, au moment où je leurs devant les parus murs, colonnes vinrent se déployer en avant de la Bormida. Je les fis attaquer. Leur artillerie était supérieure à la mienne ; elle ébranla nos jeunes bataillons. Ils perdirent du terrain. La ligne n'était conservée que par deux bataillons de la garde consulaire et par la 45e. Mais j'attendais des corps qni marchaient en échelons. La division de arrive : toute Desaix forme Desaix la ligne se rallie ; sa colonne d'attaque, et enfonce le centre de l'ennemi. Cet habile fut tué au moment où il décidait l'immortelle victoire de Marengo. homme se jeta sous les remparts d'Alexandrie ; les ponts étaient trop étroits affreuse le une s'y recevoir; bagarre pour L'ennemi d'artillemasses des nous ; prenions passa rie et des bataillons entiers. Refoulés audelà du Tanaro, sans communication, DE NAPOLÉON. 35 ; menacés sur leurs derrières et par Suchet, Masséna en n'ayant par les Autrifront qu'une armée victorieuse, sans retraite chiens reçurent capitulation de la guerre la loi. ; elle fut : l'Italie Mélas implora une inouïe dans les fastes entière me fut, resvint déposer ses , et l'armée vaincue armes aux pieds de nos conscrits. Ce jour a été le plus beau de ma vie ; car il a été un des plus beaux pour la France. tituée elle allait elle; pour d'une avait elle qu'elle paix conquise; jouir comme un lion ; elle allait être s'endormait Tout était heureuse changé parce Les factions d'éclat était qu'elle semblaient les étouffait. grande. se taire; La Vendée tant se pacifiait; étaient forcés de me remerles jacobins car elle était à leur cier de ma victoire, de Je n'avais rivaux. plus profit. et l'enthousiasme commun danger avaient allié ublic les momentanément Le où il partis. La sécurité les divisa. Partout de pouvoir incontesn'y a pas un centre 36 MÉMOIRES des hommes qui table, il se trouve espèà eux : c'est ce qui arriva au rent l'attirer mien. Mon autorité n'était trature qu'une magiselle n'était donc pas temporaire; inébranlable. Les gens qui avaient de la du talent, commenvanité et se croyaient une campagne contre moi ; ils choisirent le tribunat pour leur place d'armes. ils à se mirent sous le nom Là, m'attaquer de pouvoir exécutif. cèrent Si j'avais cédé à leurs déclarations, c'en était fait de l'état. Il avait trop d'ennemis ses forces, et perdre son diviser pour en paroles. On venait d'en faire une temps rude épreuve ; mais elle n'avait pas suffi cette faire taire d'hommes qui espèce pour de à ceux les intérêts leur vanité préfèrent faire Ils s'amusèrent, pour à refuser les impôts, à déà entraver sa marle gouvernement, de leur patrie. leur popularité, crier che ainsi Avec le recrutement que ces manières là nous en quinze jours la proie des troupes, été aurions de l'ennemi. Nous DE NAPOLÉON. 57 pas encore de force à le hasarder. Mon pouvoir était trop neuf pour être inle consulat allait finir comme vulnérable; n'étions le directoire, opposition les tribuns si je n'avais pas détruit cette par un coup d'état. Je renvoyai on appela cela élifactieux, le mot fit fortune. miner; Ce petit événement, qu'on oublié aujourd'hui, changea tion de la France, avec la république du moment que a sûrement la constitu- me fit qu'il rompre parce ; car il n'y en avait plus natiola représentation nale n'était plus sacrée. Ce changement était forcé dans la situa- tion où je trouvais la France de vis-à-vis et d'elle-même. La révolution l'Europe avait dés ennemis et au-dehors, cée d'adopter trop acharnés au-dedans ne fût pas fordictatoriale , comme toutes les républiques dans les momens de danger. Les autorités à contrepoids ne sont bonnes qu'en temps de paix. Il fallait pour qu'elle une forme renforcer au contraire celle qu'on MÉMOIRES 38 m'avait couru chaque fois qu'elle de afin un danger, prévenir confiée avait les re- chutes. J'aurais peut-être cette franchement mieux fait d'obtenir dictature, puisqu'on Chacun aurait jugé m'accusait d'y aspirer. : cela de ce qu'on appelait mon ambition mieux valu ; car les monscrois, aurait, je tres sont plus gros de loin que de près. La de eu ne rien prél'avantage dictature de laisser les l'avenir, opinions sager pour et d'intimider dans leur entier, l'ennemi, aurait en lui montrant la résolution de la France. Mais je m'apercevais que cette autorité se placer dans mes venait d'elle-même mains; je n'avais donc pas besoin de la recevoir officiellement ; elle s'exerçait elle suffisait pour de lait de terminer cette et non de droit; la crise et sauver la France Ma tâche était donc passer etla révolution. en lui donnant un caractère révolution, et afin reconnue léêtre qu'elle pût légal, le de droit par l'Europe. gitimée public DE NAPOLEON. les révolutions Toutes 50 les ont passé par ne pouvait mêmes combats : la nôtre pas à son en être exempte ; mais elle devait, son droit de bourgeoisie. tour, prendre il falJe savais qu'avant de le proposer, lait en arrêter les principes , en consolider la législation les excès. Je et en détruire me crus assez fort pour et je ne y réussir, me trompai pas. Le principe de la révolution était l'ex- tinction des castes , c'est-à-dire l'égalité; la législation devait en réje l'ai respectée, gler les principes; j'ai fait des lois dans cet dans l'exisesprit. Les excès se montraient tence des factions, je n'en ai tenu compte et elles ont disparu. Ils se montraient dans la destruction dans l'ai rétabli ; je l'existence des émigrés, je les ai rappelés; dans le désordre général de l'administration , je l'ai réglée; dans la ruine des finances sence tenir du cuite, , je les ai restaurées ; dans l'abd'une de autorité maincapable la France, je , lui ai donne cette MÉMOIRES 40 en prenant les rênes ont fait autant Peu d'hommes autorité ai faites que j'en l'histoire ; temps la France à mon alors en de l'état. de choses aussi peu de dira un jour ce qu'était et ce qu'elle avénement, quand elle a donné la loi à. l'Europe. Je n'ai pas eubesoin d'employer un pouimces voir arbitraire accomplir pour était menses travaux : on ne m'en aurait peutmais je n'en ai détesté toujours être pas refusé l'exercice; voulu , parce que j'ai pas l'arbitraire en tout. J'aimais l'ordre et les : j'en ai fait beaucoup ; je les ai faites sévères et précises, mais justes ; je les ai fait observer parce que rigoureusement, c'est le devoir du trône , mais je les ai reslois pectées : elles me survivront; c'est la ré- de mes travaux. compense Tout semblait se recréait occupais marcher. A souhait l'état Je m'en établissait. ; l'ordre s'y avec ardeur; mais je sentais qu'il une chose à tout ce système : c'é- manquait tait du définitif. DE NAPOLÉONS 41 que fût mon désir de faire à la réun établissement stable, je voyais clairement que je ne pourrais y parvenir Quel volution qu'après avoir vaincu de grandes résistannécessaire ces ; car il y avait antipathie entre les anciens et les nouveaux régimes. Ils formaient étaient deux masses dont les intérêts en sens inverse. précisément Tous encore les gouvernemens subsistaient qui en vertu de l'ancien droit public, se voyaient de la révolution les ; exposés par principes de garantie qu'en traioù qu'en l'écrasant, tant avec l'ennemi, s'il refusait de la reconnaître. n'avait et celle-ci Cette ressort cial de grande lutte du J'étais qui à la tête voulait roulait système lequel Romains. la des chute puis en dernier de l'ordre renouvellement l'Europe. faction sur décider devait sode la anéantir le le monde de- Comme tel, j'étais en butte à la haine de tout ce qui cette rouille avait intérêt à conserver gole moins Un caractère entier que thique. 4 MÉMOIRES 42 mien pour laisser pu louvoyer à décider de cette question aurait partie une au temps. Mais dès que j'eus vu le fond du coeur de ces deux factions; dès que j'eus vu comme au le monde, qu'elles partageaient de la réformation, temps tout pacte était impossible que leurs intérêts je compris que entr'elles parce Je se froissaient trop. la on crise, compris abrégerait que plus Il mieux les peuples s'en trouveraient. un fallait avoir pour nous la moitié plus de l'Europe, afin que la balance penchât de de notre côté. Je ne pouvais disposer ce poids qu'en vertu de la loi du plus fort, parce que c'est la seule qui ait cours entre les peuples. Il fallait donc que je fusse le plus fort de toute nécessité ; car je n'étais de pas seulement chargé gouverner la mais de lui soumettre le monde ; France, sans quoi le monde l'aurait anéantie. Je n'ai jamais tis que j'ai pris; eu de choix ils ont dans les parété comtoujours 45 DE NAPOLÉON. le que par les événemens, parce le 31 et était toujours danger éminent, il était à remars a prouvé à quel point mandés vivre , et s'il était facile de faire en paix les vieux et les nouveaux régimes. Il m'était tant donc aisé de prévoir que douter de y aurait entre forces ces qu'il parité deux systèmes, il y aurait entre eux guerre ouverte ou secrète. Les paix qu'ils signeêtre que des haltes raient ne pourraient Il fallait donc que la France, pour respirer. comme le chef-lieu de la révolution, se tînt Il en mesure fallait de résister donc qu'il y eût à la tempête. dans le unité gouvernement, pour qu'il pût être fort ; union dans la nation, pour que tous ses au même but, et conmoyens tendissent fiance dans le peuple, pour qu'il consentît aux sacrifices conquête. Or tout nécessaires était pour assurer dans le sa système du consulat, rien à était sa que n'y parce véritable place. Il y existait une république précaire 44 MÉMOIRES de nom, une souveraineté de fait, une reun nationale présentation faible, pouvoir exécutif soumises et une fort, des autorités armée prépondérante. Rien ne marche dans un système polioù les mots jurent avec les choses. tique Le gouvernement se décrie par le menIl tombe dont il fait usage. songe perpétuel le mépris dans tout ce qui qu'inspire est faux, parce que ce qui est faux est fairuser en poble. On ne peut plus d'ailleurs les en savent trop litique, long, peuples les gazelles secret pour fort, reur Il n'y a qu'un trop. mener le monde ; c'est d'être a la dans force ni erqu'il n'y parce c'est le vrai mis à nu. ni illusion; Je sentais en disent de ma position, le il fallait établir consulat; la faiblesse ridicule de mon quelque chose de solide , pour servir de Je fus nommé à la révolution. point d'appui consul à vie : c'était une suzeraineté via- en elle-même, gère, insuffisante puisqu'elle plaçait une date dans l'avenir , et que rien DE NAPOLÉON. ne gâte la confiance d'un changement; 45 la prévoyance elle était passa- comme mais ble pour le moment Dans l'intervalle où elle fut établie. laissé la m'avait trève d'Amiens, j'avais hasardé une expédition imprudente, qu'on m'a reprochée et avec raison , elle ne valait rien en soi. J'avais essayé que Saint-Dode reprendre de bons motifs pour le mingue ; j'avais tenter : les alliés haïssaient osât rester qu'elle pendant la paix. Il fallait pour trop dans la France l'inaction une pâture à la curiosité des oisifs ; il fallait tenir l'armée en mouvement constamment pour donner de s'endormir. Enfin, l'empêcher bien aise d'essayer les marins. Du reste, les maladies ont détruit j'étais l'ar- a été mal conduite mée, l'expédition ; partout où je n'ai pas été, les choses ont été mal. Cela revenait assez au même ; d'ailleurs car il était anglais avions n'aurait allait facile de voir rompre que lé ministère la trève , et si nous reconquis Saint-Domingue, été que pour eux. ce MÉMOIRES 46 ma jour augmentait Chaque du 3 l'événement nivôse lorsque sécurité, m'apprit Cette conspiraque j'étais sur un volcan. : c'est la seule que la potion fut imprévue elle n'avait lice n'ait pas déjouée d'avance; c'est pourquoi elle a pas de confidens, réussi. J'échappai par qu'on me témoigna plement; on avait rien pour conspirer, les Bourbons. pour un miracle. L'intérêt me dédommagea ammal choisi le moment n'était prêt en France Je le dis coupables. avec vérité, je n'en accusais que les Brutus du coin. En fait de crimes, on était touOn chercha les jours disposé à leur en faire honneur. Je fustrès-étonné, lorsque la suite des enquêtes vint à prouver que c'était aux royalistes que les gens de la rue Saint-Nicàise avaient d'être l'obligation Je croyais les royalistes sautés en l'air. honnêtes gens, parce qu'ils m'accusaient de ne pas l'être. Je les croyais surtout incapables de l'audace et de la scélératesse un tel que suppose DE NAPOLÉON. 47 ; au reste projet il n'appartenait qu'à de voleurs de diligences, nombre petit un es- pèce qui était prônée, mais peu considérée dans le parti. Les royalistes, oubliés depuis tout-à-fait la pacification sur l'horizon sement de de la Vendée, reparaissaient c'était un accroispolitique; mon autorité la ; je refaisais sur leurs terres. C'était chasser royauté. Il ne se doutaient pas que ma monarchie n'avait point de rapport à la leur. La mienne toute était toute dans les droits. dans les faits. La leur n'était La leur fon- dée que sur des habitudes, la mienne s'en elle marchait en ligne avec le gépassait, nie du siècle ; la leur tirait à la corde pour s'y retenir. Les républicains haus'effrayaient de la teur où me portaient ils les circonstances; se défiaient de l'usage que j'allais faire de ce pouvoir; ils redoutaient que je ne réà de l'aide une vieille montasse royauté mon bruit, armée. et ce Les royalistes fomentaient se plaisaient à me présenter 48 MÉMOIRES comme D'autres un singe, des anciens royalistes, sourdement monarques. adroits, répandaient que je m'étais enthousiasmé du rôle de Monck, et que je ne le pouvoir, prenais la peine de restaurer en faire hommage aux Bourque pour serait en état de leur être bons, lorsqu'il plus offert; Les têtes médiocres pas ma force, ils accréditaient décriaient , qui ne mesuraient foi à ces bruits ajoutaient ; le parti royaliste , et me dans le peuple et dans l'armée ; car ils commençaient à douter de mon atà leur cause. Je ne pouvais pas tachement laisser une telle courir opinion, parce Il fallait, à qu'elle tendait à nous désunir. tout prix, détromper la France, les royalistes et l'Europe, afin qu'ils sussent tous à quoi s'en tenir avec moi. Une persécution de détails contre des propos, ne produit jamais qu'un mauvais effet, parce qu'elle D'ailleurs n'attaque pas le mal à sa racine. ce moyen est devenu dans ce impossible DE NAPOLÉON. 49 où l'exil siècle desollicitation, remua toute la France. Il s'offrit ce moment malheureusement décisif, détruisent sard qui tions. La police nées royalistes, du Rhin. pliquée. événement croyable un tenter d'une femme à moi, dans un de ces coups du hales meilleures révolu- découvrit dont de petites mele foyer était au-delà imUne tête auguste s'y trouvait de cet les circonstances Toutes d'une cadraient avec celles qui d'état. coup décidait manière inà me La portaient du duc perte la qui agitait question d'Enghian de moi sans rela France ; elle décidait tour. Il fut sacrifié. et qui de beaucoup d'esprit, a dit de cet attentat que doit s'y connaître, une c'était c'était plus qu'un crime, que Un homme c'éà ce personnage, déplaise et ce n'était pas une faute ; tait un crime, Le dédes mots. bien la valeur sais fort je faute. N'en lit de ce malheureux misérables intrigues se bornait prince avec quelques à de vieilles 5 MÉMOIRES 60 de Strasbourg. Il jouait ces intrigues étaient surveillées; baronnes son jeu ; elles ne ni la sûreté la de ni la menaçaient France, a de la victime et péri politique mienne. Il d'un concours inouï de circonstances. Sa mort n'était les conséquences arrivées. La guerre une faute, pas que j'avais car toutes prévues avait recommencé sont avec l'An- gleterre, parce qu'il ne lui est plus possible de rester long-temps en paix. Le territoire de l'Angleterre est devenu trop ; il lui faut pour petit pour sa population vivre le monopole des quatre du parties monde ; la guerre procure seule ce monoaux pole Anglais, parce qu'elle lui vaut le droit de détruire sur mer. C'est sa sauve- garde. Cette était paresseuse , faite de guerre terrain était pour se battre; l'Angleterre mais il obligée d'en louer sur le continent; fallait donner le temps à la moisson de croître. L'Autriche avait reçu de si grandes le- DE NAPOLÉON. 31 n'osaient proposer çons , que les ministres la guerre de sitôt, qu'ils eusquelqu'envie sent de gagner leur argent. La Prusse s'engraissait de sa neutralité fait en Suisse une fatale ; la Russie avait de la expérience étaient enet l'Espagne L'Italie guerre. trées , à peu de chose près, dans mon sysfaisait balte. tème; le continent Faute de mieux, je mis en avant un proJe n'ai jajet de descente en Angleterre. mais pensé à le réaliser , car il aurait du débarqueéchoué, non que le matériel ment ne fût possible, ne mais la retraite l'était pas. Il n'y a pas un Anglais qui ne se fût armé pour sauver et l'armée française, l'honneur de son pays, laissée sans secours à leur merci, ou capiaurait fini par périr tuler. J'avais pu faire cet essai en Egypte ; mais à Londres, c'était jouer trop gros jeu. Comme la menace ne me coûtait rien, puisque je ne savais que faire de mes troupes, il valait autant les. tenir en garnison sur les côtes qu'ailleurs; ce seul appareil a MEMOIRES 52 obligé l'Angleterre de défense ruineux à se mettre : c'était sur un pied autant de gagné. on organisa une conspiraEn revanche, moi. Je peux faire honneur tion contre était car elle émigrés, princes royale. On avait mis en mou- aux de celle-ci vraiment de conspirateurs; auss dans les vingtnous en fûmes informés les confidences allaient tant heures, quatre bon train. vement une armée Comme je voulais cependant cherchaient des hommes ne qui verser l'état (ce qui est contre faire punir qu'à ren- les lois di- et humaines), je fus obligé d'attendre , pour les faire arrêter, qu'on eût rassemblé contre eux des preuves irrécusables. était à la tête de cette machiPichegru vines homme, qui avait plus de bravoure avait voulu que de talent, jouer le rôle de Monck : il allait à sa taille. Ces nation. Cet projets m'inquiétaient peu, parce que je connaissais et que l'opinion leur portée, DE NAPOLÉON. 53 les favorisait ne pas. Les royalistes assassiné qu'ils n'en auraient pas été plus avancés. Chaque chose a son temps. bientôt que Moreau J'appris trempait publique m'auraient dans cette affaire : ceci devenait plus dé- co, parce qu'il avait une popularité devait le galossale. Il était clair qu'on pour que gner. Il avait trop de réputation Je ne pouvais nous fussions bons voisins. licat être tout et lui rien; manière honnête il fallait de nous trouver séparer, une il la trouva. de moi, de que j'étais jaloux peu; mais il l'était beauet il y avait de quoi. Je l'es- timais, parce Il avait pour maient pas, bon militaire. un c'était que amis tous ceux qui ne m'aide c'est-à-dire , beaucoup On a beaucoup lui : je l'étais fort coup Ils gens. avait péri. était, réussi, oublié, dit en auraient fait Je n'en voulais c'est-à-dire, un un faire homme s'il héros, que ce qu'il nul; j'ai ses amis l'ont l'a perdu, l'absence et on n'y a plus songé. 5* MÉMOIRES 64 Les moins autres exigeaient coupables c'étaient tous les vieux de ménagemens, de habitués purger avons pour il fallait Nous y dont conspirations la France; tout-à-fait car il n'en a plus reparu réussi, dès lors. Je fus accablé les femmes en l'air. et les enfans On le monde. de sollicitations ; toutes de Paris étaient de tout la grâce demandait J'eus la faiblesse d'envoyer queld'état, au dans des prisons ques coupables lieu d'en laisser faire justice. Je me reproche, même aujourd'hui, cette n'est espèce d'indulgence, dans un souverain parce qu'elle faiblesse qu'une à Il a devoir remseul n'y qu'un coupable. de l'état, celui d'y faire obplir vis-à-vis server crime le droit envers les lois. devient Toute transaction avec un crime de grâce ne les coupables, le de la part du trône ; doit jamais s'exercer il faut le réserver pour les cas malheureux que la conscience absout quand la loi condamne. DE NAPOLÉON. 55 fut trouvé dans son Pichegru étranglé lit : on ne manqua pas de dire que c'était par mes ordres. Je fus totalement étranger à cet événement. Je ne sais pas même pource criminel à son juj'aurais soustrait gement ; il ne valait pas mieux que les aule juger tres, et j'avais un tribunal pour quoi et des soldats pour le fusiller. Je n'ai mais rien fait d'inutile dans ma vie. Mon ja- autorité s'accrut, parce qu'on l'avait menacée. Il n'y avait rien de prêt en France Elle pour Une contre-révolution. ne voyait dans les menées des royalistes de lui apporter l'anarchie et qu'un moyen la guerre civile. Elle voulait s'en préserver à tout prix, de moi, et se rapprochait de l'en garantir. parce que je promettais Elle voulait dormir à l'abri de mon épée; le voeu public ne me démentira (l'histoire à régner en pas), le voeu public m'appelait France. La forme durer, ne pouvait plus républicaine fait des ne répuparce qu'on pas MÉMOIRES 56 avec bliques voulait que de vieilles Ce monarchies. la France, c'était sa grandeur. il fallait anéanen soutenir l'édifice, Pour de là consolider l'oeuvre les factions, les limites révolution , et fixer sans retour tir à la de l'état. France Seul, je promettais La France vouces conditions. de remplir lait que je régnasse sur elle. Je ne pouvais pas devenir avec lui usé ; il portait être Mon titre devait un titre reçues. comme tais roi la nature l'héritier pas : c'était des idées nouveau de mon Je n'épouvoir. des Bourbons : il fallait être beaucoup plus pour s'asseoir sur leur Je pris le nom d'empereur, trône. parce moins était et défini. grand qu'il plus Jamais celle qui révolution renversa ne fut aussi douce que cette république pour on de avait tant laquelle répandu sang; c'est qu'en maintenant la chose, le motseul était les républichangé. C'est pourquoi cains n'ont pas redouté l'empire. D'ailleurs les révolutions qui ne dépla- DE NAPOLÉON. 87 cent pas les intérêts, sont toujours douces. La révolution était enfin terminée, elle devenait inébranlable sous une dynasLa république n'avait sa- tie permanente. tisfait que des opinions; ses intérêts étaient ceux de l'immense majorité, parce que de l'empire gaavant tout, les institutions rantissaient l'égalité; la démocratie y existait de fait, de droit, la Liberté seule y avait été restreinte, parce qu'elle ne vaut rien dans les temps de crise ; mais la liberté n'est a l'usage que de la classe éclairée de la nation, l'égalité sert à tout le monde ; c'est pourquoi mon pouvoir est resté pomême dans les revers qui ont pulaire, écrasé la France. ne reposait pas, comme sur un échadans les vieilles monarchies, faudage de castes et de corps intermédiaires, elle était immédiate et n'avait d'apMon autorité avait il dans elle-même, que car n'y pui la et moi. dans l'empire nation que Mais dans cette nation, tous étaient également 53 MÉMOIRES aux le point publiques; un obstacle n'était pour perle mouvement ascendant était uni- appelés de départ fonctions sonne, versel dans l'état : ce mouvement a fait ma force. il est ce système, pas inventé sorti des ruines de la Bastille ; il n'est que le résultat de la civilisation et des moeurs Je n'ai le temps a donné à l'Europe. On esil se mainsayera en vain de le détruire; que force des choses, parce que parla le droit finit toujours par se placer là où est la force. Or, la force n'était plus dans tiendra la noblesse tiers-état depuis qu'elle les de porter au promis armes et n'avait avait de l'état. plus voulu être la seule milice La force n'était plus dans le clergé, depuis que le monde était devenu protestant en devenant La force n'était raisonneur. plus dans parce taient le gouvernement précisément, et le clergé n'éque la noblesse leurs foncplus en état de remplir tions, c'est-à-dire d'appuyer le trône. La DE n'était force plus qu'on n'y avait qu'il 59 dans la depuis préjugés; peuple NAPOLÉON. jugés. Il n'y avait dissolution La chute des préjugés routine avait ni et les démontré routine au ni pré- dans le corps social , long-temps avant la révolution , que entre parce qu'il n'y avait plus de rapport les mots et les choses. source leur avait on avait des pouvoirs, ils sont tombés faiblesse; la première Il fallait attaque. donc refaire mis à nu la découvert l'autorité en effet à sur un se du qu'elle passât plan,; et des il des habitudes cortége préjugés; fallait qu'elle se passât de cet aveuglement la foi. Elle n'avait hérité qu'on appelle autre il fallait d'aucuns droits en entier dans fût ; il fallait donc qu'elle le fait, c'est-à-dire dans la force. Je ne montais pas ainsi sur le trône, des anciennes comme un héritier dynassous les ties, pour m'y asseoir mollement MÉMOIRES 60 prestiges mais pour des habitudes affermir peuple voulait, cord avec les France illusions, les institutions pour moeurs redoutable, et des que le les lois en ac- mettre et afin pour rendre de maintenir la son indépendance. On ne tarda sion. jour voulait à m'en fournir l'occapas était fatiguée par le séL'Angleterre de mes troupes sur les côtes; elle s'en débarrasser à tout prix et cher, cha, la bourse à la main , des alliés sur le elle devait en trouver. continent, Les anciennes de me voir dynasties sur le trône. étaient effrayées Quelques politesses que nous nous fissions, elles voyaient bien que je n'étais pas un des leurs; car d'un système vertu je ne régnais qu'en l'autel que le temps leur avait qui détruisait élevé. J'étais à moi seul une révolution. les menaçait comme la républiL'empire que ; elles le redoutaient davantage, parce qu'il était plus robuste; Il était donc de leur politique de m'at- NAPOLÉON, 61 DE c'est-à-dire laquer, le plus tôt possible, avant que j'eusse pris toutes mes forces. Les chances de la lutte qui allait s'ouvrir étaient allaient d'un grand intérêt pour la mesure m'apprendre me portait; elles allaient moi ; elles de la haine qu'on m'apprendre à distinguer ceux des souverains que la crainte déciderait à s'associer au système de l'empire, raient plutôt Cette lutte ceux d'avec que de transiger devait amener de qui périavec lui. nouvelles en Europe. Je politiques ou en devenir l'arbitre. devais succomber, à la Je venais de réunir le Piémont combinaisons France, parce qu'il fallait que la Lombardie s'appuyât à l'empire. On cria à l'am; on prépara la lice pour le combat. bition Cette réunion lui servit de signal. La bataille trichiens devait être rassemblaient ces, et les Russes étaient les leurs. Le jeune Alexandre Les rude. toutes décidés venait leurs Aufor- à y réunir de monter 6 62 MÉMOIRES le trône. sur faire Comme les énfans à de leurs parens, il me déque son père avait le contraire clara la guerre, parce fait la paix; car nous n'avions à démêler aiment rien avec les Russes ; leur tour encore n'était et les mais les courtisans femmes venu; pas l'avaient décidé ainsi. Ils ne croyaient faire qu'une chose de bon goût, parce que je la à mode pas n'étais et ils commençaient, tème auquel la Russie La coalition pagne chiens Cette plus dans le beau monde, sans le savoir, le sysdevra n'a jamais maladroitement. sa grandeur. la camouvert Les Autri- de. me surprendre. s'imaginèrent ne leur réussit pas. prétention Ils inondèrent l'arrivée des la Bavière Russes. marches forcées, nes avaient quitté sans attendre Ils s'en sur le Rhin. à vinrent, Mes colon- le camp de Boulogne et traversaient la France. Nous passâmes le Rhin à Strasbourg. Mon avant-garde rencontra buta. les Autrichiens Je marchai à Ulm sur Vienne elles à tour culdu DE 63 NAPOLÉON. Un généroute : j'y entrai sans obstacle. oublia de couper les ponts ral autrichien Je l'aurais du Danube ; je passai la rivière. passée également, vite en Moravie. mais j'en autrichiens coururent L'ennemi drapeaux. : il fut battu. à Austerlitz sous leurs nir se sauvèrent plus seulement Les Russes débouchaient débris arrivai se réfugier voulut teLes Russes et leur en désordre, ; les- empecomme demanda, reur, cerné à Hoelich, d'évacuer lui fût une grâce, permis qu'il lui la Hongrie la route prescriqu'on par rait. me demanda une Français L'empereur entrevue : je la donnai dans un fossé. Il me : je l'accordai ; car, qu'auil son pas n'était rais-je pays? moulé pour la révolution. Mais, pour diVenise ses forces , je demandai minuer la le et la Tyrol pour Lombardie, pour mes au moins Bavière ; afin de renforcer demanda amis bien la paix de fait aux dépens le moins. de mes ennemis. C'était 64 MÉMOIRES Ce n'était de disputer pas le moment ; la paix fut signée. Je la fis proposer en même temps aux Russes. Alexandre la refusa. Ce refus était la il paix, Autrichiens. En acceptait il montra refusant, dans les revers fortune de la fermeté et de la confiance : ce refus monde car, en acceptant l'humiliation des noble; dans que le sort m'apprit de nous deux. la du dépendait J'étais riche en conquêtes. Il fallait lier ces états au système de l'emintimement afin d'accroître , pire Il n'y a pas d'autres sa prépondérance. liens entre les peu- ples que ceux des intérêts qu'ils mettent Il fallait donc établir en commun. une entière communauté d'intérêts entre et les pays conquis. Il ne s'agissait, leur ancien cela, que de changer social tant nous pour ordre en metpour leur donner le nôtre, à la tête de ces nouvelles institutions des souverains intéressés à les maintenir. DE NAPOLEON. 65 Je remplissais ces conditions en plaçant ma famille sur les trônes vacans. La Lombardie le plus essentiel de parce qu'elle devait être contiaux. la de exposée regrets ces états, nuellement maison était Je d'Autriche. donner ne voulus un mettre pas lui de mes le plaisir de sur ce trône. J'étais frères la couronne porter sur ma tête. de seul capable de fer, et je la mis Je donnai, plus par-là, aux Lombards, parce que affaire de la leur. propre de confiance faisais je ma Ce nouvel d'Italie, et parlait état prit le nom de royaume parce que ce titre était plus grand à l'imagination davantage des Italiens. Le reine trône était Caroline le pavé de aux Anglais, nouveau. reux de Naples pays, inondé , après avoir et livré Naples en Il fallait pour avait La de sang son été un maître le sauver vacant. royaume de chassée à ce malheu- de l'anarchie 6* et 66 MÉMOIRES des vengeances. sur ce trône. Un La Hollande, de mes frères monta avait perdu depuis longqui fait les républiques; temps l'énergie elle n'avait plus la force de jouer ce rôle ; elle en avait donné la preuve lors du déde 1799. Je ne devais pas soup- barquement çonner qu'elle regrettât la maison d'Orange, La à la manière dont elle l'avait traitée. Hollande semblait donc souverain : je lui donnai avoir besoin un autre d'un de mes frères. Le cadet était assez jeune pour attendre; le quatrième n'aimait il s'était pas régner; sauvé pour s'y soustraire. Il ne resta en république Suisses. Il que celle des ne valait ger des formes coutumés. Mon la de chanpas peine ils étaient acauxquelles , dans ce pays , à les empêcher de s'égorger s'est bornée entr'eux. une ont Ils ne m'en pas témoigné grande reconnaissance. En formant autorité ainsi des états alliés de la DE NAPOLÉON. 61 et dépendons de l'empire, je dus à la mère-patrie en même temps réunir de de afin d'autres territoire, portions France sa prépondérance conserver système. C'est dans Piémont ce but car j'aurais Français. seulement la famille essentiel ces trois tait avec le Gênes et Parme. Ces en elles-mêmes, fait de ces peuples de bons Ita- Je n'en liens. tout le' que j'avais réuni , et non pas à l'Italie. à la France J'y réunis de même réunions ne valaient sur rien ai fait que de médiocres se composait Mais l'empire nonde la France , niais des états de des alliés étrangers. et la proportion de conserver élémens. Chaque alliance elle une nouvelle Il était entre emporLe réunion. public , à chaque fois, criait à l'ambition. n'a jamais consisté à posséMon ambition der quelques lieues carrées de plus ou de moins, mais à faire triompher cause ne consistait Or, cette ment dans les opinions, ma cause. seulepas mais dans le poids. 65 MÉMOIRES dans la chaque parti pouvait mettre et les lieues carrées pèsent dans balance, le bassin, parce que le monde ne se comque pose que de cria. ainsi J'augmentai que je faisais mouvoir. forces la masse des ni Il ne fallait ta- ni adresse pour opérer ces changemens. Il suffisait d'un acte de ma volonté ; car ces pays étaient en trop petits pour lent en ma présence ils dépendaient du du à mouvement l'ensemble sysimprimé de ce tème impérial. Le point de départ avoir était en France. système consolider mon ouvrage, France vel des institutions ordre Il en donnant conformes social donc fallait à la au nouIl avait qu'elle adopté. fallait créer mon siècle pour moi, comme je l'avais été pour lui. Il fallait être législateur, été avoir après guerrier. Il n'était plus possible la révolution; car c'aurait de nouveau les forts aux de faire reculer été soumettre ce qui faibles, est contre DE NAPOLÉON. nature; Il fallait 69 donc en saisir un système y accommoder pour de législation; analogue je crois y être Ce me et survivra, système j'ai parvenu. un héritage laissé à l'Europe ne qu'elle l'esprit pourra plus répudier. Il n'y avait en réalité dans l'état qu'une menée par une dictavaste démocratie, est ture. Cette espèce de gouvernement mais elle l'exécution est commode ; pour d'une nature temporaire, qu'elle parce viager sur la tête du dictateur. n'est qu'en Je devais la rendre des institutions tions en faisant perpétuelle, à demeure et des corporaafin de les placer entre le vivaces, trône et la démocratie. Je ne pouvais rien des habitudes et des opérer par le levier illusions. J'étais obligé de la réalité. Il fallait les intérêts ainsi fonder immédiats de tout créer avec ma législation de la majorité, sur et créer mes corporations avec des intérêts ; sont ce qu'il y a de parce que les intérêts dans ce monde. plus réel MÉMOIRES 70 J'ai fait des lois dont mense, mais uniforme. l'action Elles im- était avaient le maintien pour Elle est de l'égalité. dans ces codes , empreinte seuls pour la conserver. principe si fortement qu'ils suffiront J'instituai une caste intermédiaire : elle était démocratique, parce qu'on y entrait à toute heure et de partout; elle était mo, parce qu'elle ne pouvait narchique pas mourir. Cette devait remplacer , corporation dans le nouveau régime, le service que la noblesse était censée faire dans mais le trône; c'est-à-dire d'appuyer ne lui ressemblait en rien. La l'ancien vieille , elle no- blesse n'existait la mienne noblesse qu'elle que par ses prérogatives; La du vieille n'avait que pouvoir. de mérite n'avait que parce était exclusive ; tous ceux qui se dans la de droit entraient distinguaient nouvelle ; elle n'était autre couronne chose le peuple n'y civique, pas d'autre idée ; chacun l'avait par ses oeuvres ; tous pouvaient qu'une attachait méritée l'obtenir DE au même prix NAPOLÉON. 71 ; elle n'était offensante pour personne. L'esprit ascendant tions. Il de l'empire était le mouvement ; c'est le caractère des révoluagitait la nation; J'ai placé toute elle se pour s'élever. au somde grandes récommet de ce mouvement données que par la penses ; elles ne furent soulevait Ces hautes dipublique. encore conformes à l'esprit gnités étaient dernier de l'égalité, carie soldat les obtenait par des actions d'éclat. reconnaissance Après le désordre de rétablir importait est le symptôme de durée. Les administrateurs essentiels vemens Je la forcé et il qu'il de la et les juges étaient d'eux seuls dépuisque à l'état, l'ordre public, pendait cution des lois. de la révolution, l'ordre , parce c'est-à-dire les associai aux l'exémou— le peuple et l'arqui animaient mée et aux mêmes récompenses. Je fis un ordre les administrateurs, qui honorait MEMOIRES 72 des soldats un breavait reçu parce qu'il Je le rendis commun à vet d'honneur. tous ceux qui servaient l'état, parce que est le des dévouement vertus la première à sa patrie. Je donnai ainsi pour ressort à l'empire un lien général. Il unissait par leurs intérêts toutes les classes de la nation, parce qu'aucune Il se formait subordonnée ni exclue. autour de moi un corps in- n'était fourni par l'élite de la nation; termédiaire, il était attaché au système impérial par sa vocation , par ses intérêts et par ses opinions. Ce corps nombreux, quoique revêtu des pouvoirs civil et militaire, était avoué par le peuple, parce qu'il était tiré au sort dans les rangs. Il avait confiance en lui, parce que leurs intérêts étaient confondus. Ce corps n'était ni décimateur ni exclusif; ce n'était, en réalité, qu'une magistrature. sur une s'asseyait L'empire organisation forte. L'armée s'était formée à l'école de DB NAPOLEON. la guerre ; elle y avait et à souffrir. Les fonctionnaires à faire exécuter civils s'accoutumaient les lois, parce ni d'arbitraire ni d'inter- strictement tude et à la rapidité. tout une impulsion l'empire. machine à se battre appris que je ne voulais ils se formaient prétation; ne donnait 75 qu'un Aussi tout à l'habi- ainsi J'avais répandu par- uniforme, seul mot parce d'ordre qu'on dans se mouvait dans cette ne s'opérait ; mais le mouvement cadres dans les que j'avais préparés. que J'ai arrêté les dilapidations publiques en centralisant machiné sur un seul fiscale. toute la point Je n'ai rien laissé de va- gue dans cette partie, parce qu'en doit se retrouver. tout monnaie, surtout rien laissé de disponible fait de Je n'ai à ces de- mi-responsabilités provinciales, parce que m'avait que cet abanl'expérience prouvé don ne sert qu'à enrichir, quelques petits malversateurs peuple aux dépens et de la chose. du trésor, 7 du MÉMOIRES 74 J'ai ajouté que possédait vir de témoins de grands la France à ceux monumens ser; ils devaient à sa gloire. Je pensais qu'ils l'âme de nos les éléveraient descendans, à s'attachent ces nobles images peuples de leur histoire. Mon trône armes. Les ne brillait Français son apparence deur jusqu'à des palais; corer nombreuse; je lui tout austère, autre On ne s'amusait aussi les femmes de l'éclat que aiment ai de la gran; j'ai fait déréuni une cour j'y ai donné un point n'ont dans joué cour tout Dans caractère été mal eût des assorti. ma cour; rôle qu'un était con- cette mesquin. de l'état; c'est poursacré à la grandeur elles détesté. m'ont Louis quoi toujours XV était" beaucoup Après la paix mieux leur fait. de Presbourg, à peine repassé pes nouvel ennemi l'Inn, qu'un dans la lice. avaient Depuis dix ans la Prusse mes troule Danube et se présenta s'était tenue en DE NAPOLÉON. la France lui paix; alliés lui en avaient Ils l'injuriaient; Sa neutralité tielle en m'avait dans la dernière maintenir permis su gré; les beaucoup de mal. savait voulu mais 78 elle prospérait. été surtout essencampagne. Pour la dans ces dispositions je lui avais du Hanovre en éde s'emparer de ses de possessions change quelques-unes elle la avait de France , rapprochées plus accepté ces conditions. Une croire dépêche que la Russie contracter ensemble traires à ses propres s'avisèrent tout d'un positaires Les têtes mouvement Prusse. lui fit de son ambassadeur et la France allaient condes engagemens intérêts ; les Prussiens découp de se croire de la gloire du grand Frédéric. de une espèce s'échauffèrent; national agita la noblesse de se dépêcha de la sol- L'Angleterre der, et il prit de la consistance. Si les Prussiens m'avaient attaqué pen- dant que j'étais aux prises avec les Russes, ils pouvaient me faire de mal ; beaucoup 76 MÉMOIRES mais il était si absurde de venir, hors de une guerre qui resraison, nous déclarer de collége, semblait à une mutinerie que avant d'y ajouter foi. je fus longtemps Rien fallut n'était rentrer vrai plus cependant, en campagne. Je. m'attendais à battre bien les et il Prus- de destiné siens, mais j'avais temps plus à cela. Je pris des mesures contre les agme susciter d'ailgressions qu'on pourrait ; mais je n'en eus pas besoin. les Prussiens Par un hasard singulier, leurs ne tinrent trois pas Par un autre hasard à Jéna heures ( G ). n'i- , leurs généraux des places qui maginèrent pas de défendre m'auraient tenu trois mois. En quelques semaines je fus maître du pays. de me cette déroute La diligence prouva que cette guerre laire en Prusse. cette découverte à notre prendre. manière; n'avait J'aurais rien eu de popudû profiter de la Prusse pour organiser mais je ne sus pas m'y DE NAPOLÉON. L'empire pondérance 77 avait acquis une immense préde Jéna. Le par la bataille à ma cause regarder public, comme gaguée ; je m'en aperçus aux manières que l'on prit avec moi. Je comcommençait mençai bonne à le croire opinion aussi moi-même, et cette m'a fait faire des fautes. Le système sur lequel j'avais fondé l'emné des anciennes était ennemi pire dynasties. Je savais qu'entre elles et moi la guerre devait être mortelle. Il fallait donc des moyens la prendre vigoureux pour rendre aussi courte que possible, afin de médes peuples et des rois. nager la souffrance dû d'une part, changer, j'aurais de tous les états la forme et le personnel dans mes mains, mettait que la guerre Ainsi en qu'on ne fait pas des révolutions les mêmes hommes et les mêmes gardant parce choses. J'étais donc ces gouvernemens, contre moi: c'étaient en conservant sûr, de les avoir toujours des ennemis que je ressuscitais. 7* MÉMOIRES 78 Si je voulais , d'autre part, garder ces , faute de mieux , il fallait gouvernemens les rendre complices de ma grandeur , en leur faisant avec mon alliance accepter, des territoires et des titres. En suivant suivant l'un ou l'autre l'occasion, , de ces plans , étendu rapide- j'aurais ment les frontieres de la révolution; nos alliances auraient été solides ; parce qu'elles été faites auraient leur aurais principes gné d'eux Je peuples. les avantages avec les avec apporté de la révolution; les éloi- j'aurais le fléau de la guerre dont ils ont a ans et , qui été persécutés pendant vingt fini par les révolter contre nous. Il est à croire tions du continent des nala majorité que cette auraient accepté reaurait été et grande alliance, l'Europe à fondue sur un nouveau analogue plan l'état de sa civilisation. mais je fis le conbien; la dynastie lien de changer, menal'en avais comme je Je raisonnai traire. Au prussienne, DE NAPOLÉON. 79 les lui avoir rendis ses états après cée, je morcelés. La Pologne ne me sut pas gré remis en liberté que la portion dont la Prusse s'était de son territoire de n'avoir Le fut de emparée. royaume Westphalie mécontent de ne pas obtenir davantage; et la Prusse, furieuse de ce que je lui avais ôté , me jura une haine éternelle. Je m'imaginai, je ne sais pourquoi, que des souverains ,dépossédés par le droit de devenir reconnaisconquête, pouvaient sans de la part qu'on leur laissait. J'imaginai qu'ils pourraient, après tant de revers, de bonne foi avec nous , parce que c'était le parti le plus sûr. J'imaginai pouvoir étendre ainsi les alliances de l'empire , sans me charger de l'odieux que les revos'allier tions traînent elles. Je trouvai enfin après que c'était un grand rôle à jouer que celui d'ôter et de rendre des couronnes : je m'y laissai séduire. Je me suis trompé, et les fautes ne se pardonnent jamais. Avant la levée de boucliers de la Prusse, MÉMOIRES 80 contre un fait m'étais rempart je en organisant sances du Nord, du Rhin, fédération parce que contenir l'un par confédération les puisla con- jespérais Pour former l'autre. les états , cette j'ai agrandi aux dépens d'une souverains de quelques cohue de petits princes qui ne servaient de leurs sans sujets, manger l'argent qu'à être rien. bons J'attachai leur à pouvoir ainsi à ma cause les souverains dont j'avais le de volume les intérêts leur , grossi par agrandissement. mais eux; gré malJe les fis conquérans ils se trouvèrent bien du ils ont fait volontiers cause commétier; mune avec moi; ils ont été fidèles à cette cause tant qu'ils l'ont pu. Cependant penser que six semaines, Prussiens hirent rent vrit les Russes qui la Prusse serait après arrivaient leurs n'avaient conquise au secours désastres. Ils pu en des enva- la Pologne prussienne et occupèthéâtre s'ouVarsovie. Un nouveau à nos armes. Je me rendis en Pologne ; DE NAPOLÉON. voir j'allai et de la cette vieille terre de l'anarchie courbée sous un liberté, les Polonais attendaient étranger; venue pour joug ma le secouer. J'ai négligé des Polonais, faute grande 81 le parti que je pouvais tirer et c'est peut-être la plus de mon Je savais règne. était de relever essentiel cependant qu'il ce pays, pour en faire une barrière à la Russie et un contre-poids à l'Autriche; ne furent mais les circonstances pas assez heureuses à cette plan. D'ailleurs époque pour les Polonais m'ont est violent ; mais réaliser ce paru peu mes vues. C'est un peupropres à remplir ple passionné et léger. Tout se fait chez eux par fantaisie et rien par système. Leur enthousiasme vent nation ni ils ne sa- ni le perpétuer. le régler Cette porte sa ruine dans son caractère. Peut-être qu'en donnant aux Polonais un plan , un système et un point d'appui avec le temps, ils auraient pu se former , MÉMOIRES 83 mon caractère Quoique à faire les choses porté ne m'ait jamais je n'ai à demi, fait que cela en Pologne , et je cependant au coeur m'en suis mal trouvé. Je m'avançai de l'hiver vers les pays du nord. Le climat aucune n'inspirait Son moral était battre armée une défiance excellent. aux J'avais maîtresse soldats. à com- de son terrain et de son climat. sur les Elle m'attendait J'allai frontières de la Russie. l'y cherne fallait cher, qu'il parce pas laisser mes troupes dans de mauvais canlanguir tonnemens. Je rencontrai les Russes à et indéEylau (H) : l'affaire fut meurtrière cise. Je les attaquai avec plus d'avantage à Friedland (I). La victoire y fut moins douteuse.. Alexandre il fendu; honorable s'étaient s'était Vaillamment me proposa la paix. pour les deux nations, Elle déétait car elles avec une égale bravoure, La paix fut signée à Tilsitt; elle le fut de bonne foi : j'en atteste le czar lui-même. Telle mesurées fut l'issue des premiers efforts de DE la coalisation de fonder. NAPOLÉON 83 que je venais l'empire éleva la gloire de nos ar- contre Elle mes; mais elle laissa, la question car nos et moi, l'Europe indécise entre ennemis n'avaient : ils n'étaient ni été qu'humiliés ni changés. Nous nous retrouvions détruits au même je prévis inévitables point, et, de nouvelles en signant guerres. la paix-, Elles étaient aurait un tant que l'Angleterre à les prolonger. intérêt personnel du repos passager Il fallait donc profiter pour que je venais de rendre au continent afin de le renélargir la base de l'empire; dre plus solide contre les attaques à venir, dans ma famille. le trône étant héréditaire ainsi Elle commençait velle que le temps il a légitimé une dynastie nou- comme consacrer, car depuis toutes les autres; couronne n'avait aucune devait Charlemagne, autant de solennité voeu des peuples glise. Ma famille devait pas , je l'avais reçue du de l'éet de la sanction ne , appelée à régner, dans les rangs mêlée rester 54 MÉMOIRES delà c'eût été un contre-sens. société; Le continent se trouvait pacifié pour la fois. J'avais étendu la surface quatrième et la dé l'empire ; mon prépondérance immédiat de l'Adrias'étendait pouvoir, mon poutique aux bouches du Wéser; voir sur toute cette sentait, n'était d'opinion, Mais l'Europe l'Europe. comme moi, que encore qu'une oeuvre provisoire , parce qu'il y avait trop d'élémens de résistances , et qu'en traitant avec ces résistances, comme j'avais eu le tort de le faire, n'avais fait que je pacification reculer la difficulté; Le principe vital de la résistance en Angleterre; l'attaquer la guerre je n'avais à corps, corps se renouvellerait était aucun moyen de et j'étais sûr que sur le conti- , tant que le ministère anglais aurait les frais. La chose en payer de quoi pouvait durer long-temps, les bénéque parce fices de la guerre alimentaient la guerre. nent C'était un cercle vicieux, dont le résultat DE NAPOLÉON. était la ruine 85 du continent. Il fallait donc de détruire un moyen les bénéfices que la guerre maritime valait à l'Anafin de le ruiner crédit du mi, gleterre trouver On me proposa, dans ce but, Il continental. me système parut bon, Peu de gens ont compris je l'acceptai. nistère. On s'est obstiné à n'y voir renchérir le système. de tre but que celui avoir de toutes Il devait quences. Il devait ruiner autres le commerce le et ce d'aucafé. consé- anglais. En cela il a mal fait son devoir, parce qu'il a produit', comme toutes les prohibitions, ce qui est toujours un renchérissement; du commerce à l'avantage , et parce qu'il établi ne peut être assez complètement la contrebande. bannir pour Mais le système encore à désigner vec nos nous ennemis. y tromper. tème continental continental devait clairement nos amis d'a- Nous ne servir pouvions pas au sysL'attachement de l'attachetémoignait 8 MÉMOIRES 86 à notre cause , parce et son palladium. ment qu'il était son enseigne Ce système, si débattu, était indispensable dans le moment où je l'ai établi; car il faut qu'un grand empire ait non-seuleune tendance générale pour diriger doit avoir ; mais son économie tendance Il faut une route à pareille. ment sa politique une l'industrie, se mouvoir n'en comme et pour à toutes avancer. choses, pour Or, la France quand je lui ai tracé sa point en lui donnant le système conti- avait route nental; L'économie avant de la France la révolution, s'était portée , vers les colonies et le commerce d'échange. C'était la mode alors ; elle y avait eu de grands succès. A quelque vanté ces ait succès , ils n'apoint qu'on vaient ceux d'autres résultats que eu cependant la ruine des finances d'amener de la perte de son crédit, l'état, tion de son système militaire, sa considération au dehors, la destrucla perte la langueur de de DE NAPOLEON. son agriculture. née finalement merce qui Ces succès 87 l'avaient ame- à signer un traité de comson approvisionuement livrait aux Anglais. La France de beaux avait, à la vérité, de mer et quelques négocians dont ports les fortunes étaient colossales. sans retour le avait détruit guerre ; les ports de mer étaient système maritime ne pouvait ruinés ; aucune force humaine La ce que la révolution rendre une donc donner anéanti. Il fallait a fait leur autre à de trafic, impulsion pour rendre l'esprit la vie à l'industrie Il n'y avait de la France. que celui pas d'autre moyen d'y parvenir de l'ind'enlever aux Anglais le monopole dustrie celte faire manufacturière, pour la tendance industrie générale l'économie de l'état. Il fallait créer de de le sys- tème continental. Il de moins; parce qu'il fallait donner une prime énorme aux fabriques, le commerce engager pour fallait ce système-, et rien MÉMOIRES 88 à mettre en l'établissement les avances dehors de tout qu'exige un ensemble de fa- brication. Le fait a prouvé en ma faveur : j'ai déle de l'industrie. En lui faisant siége placé passer la mer, elle a fait de si grands pas sur le continent, qu'elle n'a plus de commerce à Si la France veut prospérer, redouter-. qu'elle garde mon son nom. Si elle en changeant système elle n'a veut décheoir, mari- des entreprises qu'à recommencer les détruiront times , car les Anglais à la guerre. première le système J'ai été forcé de porter à l'extrême tinental , parce qu'il avait du bien but de faire non-seulement mais du mal à l'Angleterre. France, ne recevions les denrées coloniales son ministère, quel qu'elles empruntassent fallait donc en recevoir que fût conpour à la Nous que par le pavillon Il pour naviguer. le moins possible. Il n'y avait pas de meilleur cela que d'en élever le prix moyen pour outre mesure, DE NAPOLÉON. 89 était rempli ; les finanpolitique ces de l'état en profitaient. Mais j'ai désolé les bonnes femmes, et elles s'en sont venLe but montrait gées. L'expérience chaque jour était bon , car que le système continental l'état prospérait de la le fardeau malgré le créétaient à jour; les impôts guerre; dit au pair avec l'intérêt de l'argent; l'esdans l'agrise montrait prit d'amélioration culture dans comme les ; on fabriques comme les rues bâtissait les villages à neuf, de Paris ; les routes et les canaux taient le mouvement intérieur. facili- On inven- tait chaque semaine quelque perfectionnement. Je faisais faire du sucre avec des navets et de la soude avec du sel. Le déve- loppement avec celui Il aurait de front de l'industrie. été insensé tème continental, tait ses fruits. donner marchait des sciences d'autant de renoncer au moment Il fallait plus où l'affermir, de prise au sysil por- pour à l'ému- lation. 8* 90 MÉMOIRES Cette nécessité a influé sur la politique de l'Europe, en ce qu'elle a fait à l'Anl'état une nécessité de gleterre poursuivre de guerre. Dès ce moment aussi, la guerre séen caractère un plus Angleterre a pris la fortune elle de pour s'agissait rieux. Il : existence de son c'est-à-dire publique, la guerre se popularisa. Les Anglais rie de le soin à des auxiliaires plus confièrent leur protection; euxils s'en chargèrent mêmes , et parurent en grosses masses sur le terrain. La lutte n'est devenue périlleuse que depuis lors; j'en reçus l'impression signant le décret. Je soupçonnai qu'il en n'y ma de et plus moi, repos que pour aurait vie se passerait à combattre des résistances que le public ne voyait plus, mais dont j'avais le secret, parce que je suis le seul les apparences n'aient jamais trompé. que Je me flattais, au fond du coeur, de rester maître de l'avenir, au moyen de l'armée que j'avais faite : tant de succès l'avaient rendue invincible; elle ne doutait jamais DE NAPOLÉON. 91 du succès; les mouvemens étaient faciles, parce que nous avions renoncé au système des camps et des magasins. On pouvait la à l'instant sur toutes les direc- transporter tions , et partout elle arrivait avec la conscience de sa supériorité. Avec de tels soldats, quel est le général qui n'eût aimé la guerre? Le système continental avait décidé les Le mort. à la faire à nous Anglais guerre nord était soumis et contenu par mes.gard'aules avaient plus nisons, Anglais, n'y tres rapports que ceux de la contrebande; et je mais on leur avait livré le Portugal, savais que l'Espagne favorisait leur commerce à l'abri de sa neutralité. Pour que le système continental fût bon à quelque chose, il fallait qu'il fût comde chose à Je près, établi, peu l'avais plet. dans le nord. Il fallait le faire respecter dans le midi. Je demandai à l'Espagne un d'armée un que je corps passage pour voulais envoyer en Portugal : on me l'ac- MÉMOIRES 82 la A l'approche de mes troupes, cour de Lisbonne s'embarqua pour le Brésil et me laissa son royaume. Il fallut étacorda, au travers de l'Espagne, une route blir, le Pormilitaire avec communiquer pour avec tugal. Cette route nous mit en rapport jamais l'Espagne. Jusqu'alors je n'avais songé à ce pays, L'état politique elle inquiétant; plus incapable à cause de sa nullité. de l'Espagne était alors était gouvernée par le des souverains et ; brave se bornait dont l'énergie digne homme, à obéir à son favori. sans caracCe favori, tère et sans talent, n'avait lui-même d'autre énergie de demander sans que celle cesse des richesses Le favori et des dignités. m'était resté dévoué, parce sous de gouverner commode qu'il trouvait l'ombre de mon alliance; mais il avait si mal mené les affaires que son crédit avait baissé en Espagne. Il ne pouvait s'y plus faire obéir. Son dévouement me devenait inutile. DE NAPOLÉON. 93 Les opinions avaient marché en Espagne dans un sens inverse du reste de l'Europe. Le peuple, à la qui s'était élevé partout la révolution, y était resté fort au-dessous ; les lumières n'avaient pas la seconde couche de la napercé jusqu'à hauteur de tion; elles c'est-à-dire s'étaient ci sentaient sur les hautes l'abaissement et rougissaient qui perdait libéraux. arrêtées d'obéir leur pays. à la surface, classes. Celles- de leur patrie , à un gouvernement On les appelait les En sorte que les révolutionnaires étaient en Espagne ceux qui avaient à perdre à la et ceux qui devaient y gagner ne révolution; pas en entendre parler. a eu lieu également contre-sens voulaient Le même à Naples. II m'a fait faire beaucoup de fautes, parce que je n'en ai pas eu la clef d'entrée. La présence de mes troupes en Espagne Chacun l'interpréta. y causa un événement. Lés têtes s'en occupèrent; la fermentation commença. J'en fus informé. Les libéraux MÉMOIRES 94 furent sensibles ils crurent pays; une conjuration; sit : elle se borna à l'humiliation de sa ruine prévenir cette conjuration leur par réus- à faire le vieux abdiquer roi et à rouer de coups son favori. L'Esau à ne rien fond ce chanpagne gagnait fils mettait car le sur le gement; qu'on trône ne valait pas mieux que son père. Je sais à quoi m'en tenir à cet égard. à eut que La conjuration peine réussi, aude les conjurés leur s'épouvantèrent de moi, dace ; ils eurent peur d'eux, de tout le monde. Les moines n'approuvaient la violence pas qu'on avait exercée contre leur vieux roi, parce qu'elle était illégitime; Par un autre la je également. désapprouvai la se dans nouvelle mit motif, l'épouvante la révolte cour, chie dans l'état. La un force dans le peuple des choses avait et l'anar- amené ainsi en Espagne, puisqu'une changement révolution venait d'y commencer par le être ne pouvait fait, Cette révolution pas 9S DE NAPOLÉON. de la celle France, que en les élémens différens. étaient que parce direceu aucune n'avait elle Jusqu'alors de la même nature de eu n'avait tion , parce point qu'elle Ce n'était d'avance. ni de chef, parti pris une encore qu'une suspension d'autorité, subversion de pouvoir, un désordre : voilà tout. sur chose autre On ne pouvait prévoir si ce n'est qu'avec le sort de l'Espagne, cette réet farouche, un peuple ignorant ne s'achèverait volution pas sans des flots de sang et de longues calamités. d'ailleurs Que demandaient un changement qui voulaient ce n'était les hommes en Espagne? comme la pas une révolution nôtre : c'était un gouvernement une autorité qui fût en état d'ôter leur pays, qui couvrait la considération au dehors capable, la rouille afin de lui rendre et la civilisation au dedans. Je pouvais en m'emparant leur donner de leur l'un révolution et l'autre au point , MÉMOIRES 96 ner Il s'agissait amenée. où ils l'avaient à l'Espagne une de donqui serait dynastie serait neuve, qu'elle parce éclairée , parce qu'elle La de mienne pourvue préjugés. forte, serait et serait qui dé- réunissait ces qualités. Je songeai donc à lui donner ce trône de plus. A cet égard, le plus difficile était fait : de l'ancienne c'était de se débarrasser nastie. les Espagnols avaient et ne voulaient leur vieux roi, dylaissé ab- Or, diquer reconnaître le nouveau. pas semblait Tout donc pour présager que l'Espagne, un souverain l'anarchie, accepterait éviter qui se armé d'un levier prodigieux; présenterait elle serait entrée, sans efforts dans par-là, le rayon du système impérial ; et, quelque social fût l'état que déplorable gne , il ne fallait pas dédaigner quête. Comme même partis pour pour il faut s'en de l'Espacette con- voir les choses par soi- faire une juste où j'avais idée, Bayonne, invité je la DE NAPOLÉON. vieille cour elle n'avait vint. à se rendre. Comme d'Espagne rien de mieux J'avais invité et je m'attendais qu'elle parce faire. 97 à faire, elle y la nouvelle, également ne viendrait qu'elle avait beaucoup pas , mieux à Je pensai que, pour ne pas le mettre en de ni de ni son père, on moi, présence ou le parti aurait fait prendre à Ferdinand, de la révolte, de gagner l'Améou celui rique. Il ne prit ni l'un ni l'autre ; il s'en vint à Bayonne avec son précepteur et ses au premier et laissa l'Espagne confidens, occupant. Cette démarche sure de seule cette cour; j'eus avec ces chefs de conjurés, me donna là me- à peine conféré que je vis l'igno- situapropre de parti pris sur rien, ils tion. Ils n'avaient menaient leur ils ne prévoyaient polirien, J'eus à des quinze-vingts. tique comme rance où ils peine vu le sur le trône, de leur étaient mis avaient qu'ils fus convaincu qu'on ne souverain queje 9 MEMOIRES 98 laisser pas devait en de pareilles l'Espagne mains. Je me décidai alors à recevoir l'abdica- un de et à placer famille, mes frères sur un trône que ses maîtres vedesils en étaient naient d'abandonner; tion de cette cendus si facilement, de même. monterait que je crus en effet ne semblait Rien y qu'il s'y opposer reconnu ; au- : la junte de Bayonne l'avait en cun pouvoir n'était resté Espagne légal le de refuser ce ; règne changement pour vieux roi s'était montré reconnaissant de ce que j'avais ôté le trône à son fils, et il Son fils était allé se reposer à Compiègne. où au château de Valençay, fut conduit nécessaires. fait les préparatifs savaient à quoi s'en tenir Les Espagnols avec leur vieux roi ; il ne laissa ni regrets l'on avait ; mais son fils était jeune ; son Il était malheureux, en espérance. ni souvenirs règne on en fit un héros en sa faveur. : l'imagination se monta à l'inLes libéraux crièrent DE NAPOLÉON 99 , les moines à l'illédépendance nationale : toute la nation s'est armée sousgitimité ces deux bannières. Je conviens que j'ai eu tort de mettre le jeune roi en séquestre à Valençay. J'aurais dû le laisser voir à tout le monde, afin de détromper ceux qui s'intéressaient à lui. J'ai eu tort surtout de ne pas lui permettre de rester sur le trône. Les choses été de mal en pis en Espagne me serais acquis le titre de protecteur vieux roi, en lui donnant un asile. auraient Le nouveau gouvernement ; \e du n'aurait pas; les An- de se compromettre avec tant glais ; je lui aurais déclaré la guerre en mon nom qu'en qualité de fondé depouvoirs du vieux roi. L'Espagne aurait conmanqué fié à son armée le sort de cette guerre , et la nation se dès qu'elle aurait été battue, serait soumise au droit de conquête ; elle n'aurait pas même songé à en murmurer, parce qu'en disposant des pays conquis ne fait que suivre le» usages reçus. on MÉMOIRES 100 Si j'avais été plus patient, mais je crus cette marche; étant le même, les Espagnols à priori un changement la position des affaires Je mis de la gaucherie suivi j'aurais que le résultat accepteraient de dynastie, que rendait inévitable. dans cette prise , parce que je supprimai tions. Je venais de déplacer d'une manière cienne dynastie entre- les gradaainsi l'anoffensante les Espagnols. Blessés dans leur or, ils ne voulurent pas reconnaître pour gueil celle que j'avais mise à sa place ; il en résulta qu'il n'y eut plus d'autorité nulle part, c'est-à-dire se trouva partout. La qu'elle en masse se crut nation de la dé- chargée fense de l'état, puisqu'il n'y avait plus d'armée ou d'autorité on conauxquelles pût fier cette défense. en prit la res: Je trouvai je créai l'anarchie. ponsabilité contre moi toutes les ressources qu'elle donne Cette que ; j'eus toute Chacun la nation sur les bras. n'a signalé dont l'histoire nation, et la férocité, était peu rel'avarice DE NAPOLÉON. doutable à la ; elle fuyait mais elle les assassinait l'ennemi devant vue de mes soldats, Ils en par derrière. avaient 101 les armes révoltés; ils ils usaient de étaient à la main, en représailles, De représailles est devenue une arène d'atro- représailles. cette guerre cités. J'ai senti qu'elle de violence un caractère imprimait qu'elle était d'un les et peuples pour conqu'elle parce à mon règne, exemple dangereux funeste pour l'armée, sommait d'hommes beaucoup le soldat. J'ai senti ; mais commencée avait et fatiguait avait été mal qu'elle une fois que il n'était été cette entamée, plus ; car le plus petit possible de l'abandonner revers enflait mes ennemis, et mettait guerre l'Europe en armes. J'ai été obligé d'être victorieux. toujours Je ne tardai pas à en faire l'épreuve. J'étais allé en Espagne, afin d'accélérer les événemens sur lequel et de j'allais connaître laisser mon le terrain frère. J'avais MÉMOIRES 102 l'armée anglaise et détroit Madrid, occupé Mes à son secours. venait qui succès étaient à la son résisl'effroi comble, rapides, il n'y avait pas un mofinir; ment à perdre ; on n'en perdit pasnon plus. Le ministère ; il a anglais arma l'Autriche à me trouver des été aussi actif toujours allait tance ennemis que je l'ai été à les battre. Le projet de l'Autriche fut mené pour Il ; il me surprit; cette fois très adroitement à ceux rendre faut justice Mes armées étaient qui la méritent. à Naples, éparpillées à Madrid, à Hambourg; j'étais moi-même en Espagne. Il était probable que les Auen débutant, obtenir trichiens devaient, du succès. d'autres Ce succès ; dans en amener pouvait ce genre, c'est le premier Ils auraient la tenter pu coûte. qui pas. Prusse et la Russie, le courage retremper la popularité au et rendre des Espagnols, ministère anglais. La nace, cour de Vienne que les événemens a une politique ne dérangent teja- DE NAPOLÉON. 103 avant d'en deété long-temps viner la cause. Je me suis aperçu enfin, mais trop tard, que cet état n'avait de si mais. J'ai la bonque parce que profondes l'a laissé dégéhomie du gouvernement L'état n'est plus mené nérer en oligarchie. racines de nobles. Ils une centaine possèque par et se sont emparés des dent le territoire de la de la et guerre. finances, politique Au moyen de quoi ils sont maîtres de tout et n'ont laissé à la cour que la signature. ne changent jamais sont , parce que leurs intérêts d'opinions mal Elles tout les mêmes. font toujours ce qu'elles font, mais elles font toujours Or, les oligarchies ne parce qu'elles n'obtiennent jamais meurent Elles jamais. de succès , mais elles admirablement les revers, parce supportent en société. L'Autriqu'elles les supportent che a dû quatre fois son salut à cette forme de gouvernement; elle décida de la guerre qu'on venait de me déclarer. Je n'avais pus un moment à perdre, je 104 MÉMOIRES et courus quittai brusquement l'Espagne, sur le Rhin ; je ramassai les premières sous ma main. Le troupes que je trouvai en Eugène s'était déjà laissé battre Les rois ; je lui envoyai des renforts. Italie de Souabe et de Bavière me prêtèrent leurs troupes, battre avec elles les j'allai prince Autrichiens à Ralisbonne et je marchai sur Vienne. Je suivis, du Danube à marche forcée ; je comptais la rive droite sur les succès du notre Je pour opérer jonction. les Autrichiens à Vienne, voulais devancer et me trouver en poy passer le Danube, vice-roi Ce plan l'archiduc. pour recevoir était bien conçu , mais il était imprudent, affaire à parce que j'avais un habile homme, et que je n'avais pas assez de troupes; sition mais la fortune L'archiduc était se J'étais cependant moi. sur rapidement et gauche du Danube, porta par la rive en même position Vienne, prit alors pour temps que moi. en mesure et en po- DE NAPOLÉON. 105 d'attendre l'armée sition d'Italie , mais rester toucomme nous, ne voulions pas y il en finir. fis des fallait Je jeter , jours L'armée ponts. déboucha la plaine sur le point dans et (J), lorsque d'Esling j'étais le Danube grossi par de gagner la bataille, les pluies, rompit les ponts. Il était impossible de les réparer assez tôt pour que mes réserves pussent me joindre; je fus attaqué ennemie. Mes soldats se par toute l'armée si héroïque , six que les Autrichiens, attaques après cessèrent leur feu, désespéconsécutives, défendirent rant avec une valeur de pouvoir position manquer, me forcer. Ils reprirent allaient les munitions lorsque et me tirèrent d'une cruelle an- goisse. un Nous n'en avions pas moins éprouvé revers; je m'en aperçus par l'état de l'opima défaite ; on annonnion. On publiait les détails; çait ma retraite ; on en donnait s'éon prévoyait ma perte. Les Tyroliens taient révoltés ; il avait fallu y envoyer 106 MEMOIRES de Bavière; des partis s'étaient armés en Prusse et en et couWestphalie, raient le pays pour exciter un soulèvel'armée ment; les Anghus tentaient contre une expédition donné de vives Anvers, qui m'aurait sans leur ineptie. inquiétudes Dans l'intervalle, l'archiduc de contenir mée d'Italie nube. Eugène, le rejeta Jean, au lieu se laissa battre ; l'arde l'autre côté du Da- Nous eûmes alors pour nous toute la droite: je parvins à jeter de nouveaux ponts sur le Danube. L'armée passa le fleuve par une nuit Je présidai à ce pasépouvantable. me de donnait sage, parce qu'il l'inquiétude : il se fit à souhait. Nos colonnes eurent le temps de se former, et cette grande sous d'heureux journée s'ouvrit auspices. La bataille de Wagram (K) fut belle, fut disputée. Les généraux qu'elle parce firent de cependant pas grands effort* ne d'imagination, parce qu'ils commandaient de grosses masses sur un terrain défendu. long-temps L'intrépidité Il fut plat. de nos DE NAPOLÉON. et une manoeuvre troupes, donald , décidèrent Une fois rompue, 107 hardie de Mac- la journée. l'armée autrichienne où elle perdit retraite, beaucoup de monde. Je la suivis vivement, décider la campagne. car il fallait Battue fut obligée à une en Moravie, il eut d'autre à n'y parti de demander la celui me paix. prendre que Je l'accordai fois. pour la quatrième qu'elle J'espérais qu'on se lasse d'être autre serait battu durable comme ; parce de toute et parce qu'un assez grand chose, en faveur d'une dans Vienne, opinait parti, alliance finale avec l'empire. Je souhaitais la paix, parce tais le besoin d'accorder que je senrelâche quelque de goûter aux peuples; les car, au lieu ils n'en avaient avantages de la révolution, vu, jusqu'à présent, que les ravages. Nous n'étions eux, pour plus des protecteurs de la guerre; comme au commencement de et pour accoutumer l'Europe l'opinion à la nature de mon pouvoir , il ne fallait MÉMOIRES 108 le montrer pas hostile. Le parti sous toujours ennemi assurait un aspect en revanche à la foule, qu'il ne s'armait que pour la dédu fléau de la guerre , et pour faire livrer baisser les marchandises anglaises. Ces insinuations La faisaient dépopularisait c'est pourquoi je désirais guerre obtenir fallait des prosélytes. la révolution : la paix ; mais il le consentement du minis- L'Autriche anglais. On la refusa. demander. se chargea tère de la Ce refus gleterre n'avais couvrir, Il fallait m'inquiéta. que l'Anse connût des ressources dont je le secret. Je cherchai pas mais en vain. de désarmer, ter sur le pied de guerre Au lieu à les dé- je fus forcé de reset de fatiguer l'Eu- J'en étais d'autant plus fâché, rope. que les alliés avaient tout l'honneur de la lutte, si j'en avais tout le succès; car ils avaient innocent l'air choses qu'on que donne appelle la défense légitimes, des parce DE NAPOLÉON. qu'elles sont vieilles. 109 J'avais en revanche agresseur, parce que je me battais et pour faire du neuf. Je pour les détruire : portais ainsi seul le poids de l'accusation l'air la guerre et cependant de la révolution n'a été que le résultat de la position de l'Europe. C'était la crise ses qui changeait la conséquence inévitable c'était moeurs; d'un passage d'un système Si j'avais été l'inventeur j'aurais été coupable mais il n'a été inventé social à un autre. de ce système , des maux qu'il a faits; par personne ; il n'a été produit que par la marche du temps : elle a préparé sourdement cette révolution, comme elle avait amené celle du protestantisme , avec les malheurs qui l'ont suivie. La guerre n'a pas dépendu davantage de moi que des alliés; elle a dépendu de la manière a fait le dont la création genre humain. continua la sans guerre sans mais non car alliés; auxiliaires, pas de la elle avait pour tels tous les ennemis L'Angleterre 10 110 MÉMOIRES Nous révolution. avions du terrain en Es- mes pour nous battre ; j'y envoyai mais je n'y retournai troupes, pas moimême. J'ai eu tort, parce qu'il n'y a que soi qui fasse bien ses affaires. Mais j'étais pagne dès lors fatigué de ce tracas, et je méditais un projet qui devait donner à mon règne un nouveau caractère. On me suscita dont barras, sion. Le nord Les Anglais m'attaquer diterranée un autre emauparavant je n'avais pas eu l'appréhenétait occupé par mes troupes. n'étaient pas assez forts pour sur ce point; c'était dans la Méque leur marine leur assurait : ils y possédaient de la supériorité Malte, de la Sicile, des côtes d'Eset jouissaient et de la Grèce. Ils voud'Afrique pagne , de tant d'avantages. lurent profiter d'exciter un mouvement essayèrent en en Italie, faire de réaction une pour Ils seconde si la chose était faisable. Espagne, car je Il y avait des mécontens partout, tout le monde dans n'avais pas pu placer DE NAPOLÉON. 111 : il y en avait en Italie comme ailleurs. Le clergé ne m'aimait pas, mon avait détruit le règne sien; parce que à son exemple; les dévots me détestaient les droits réunis sentimens le bas-peuple ces , partageait encore en parce que le clergé l'influençait de cette oppoItalie. Le quartier-général sition s'était établi à Rome, comme la seule ville d'Italie où elle espérait se dérober à ma surveillance de là ; elle communiquait la réavec les Anglais , elle provoquait dans des écrits clanvolte, elle m'insultait destins , elle répandait elle de faux bruits, elle soudoyait pour les Anglais, les bandits du cardinal Ruffo pour assassiner les Français ; elle essayait de faire saurecrutait ter le palais du ministre de la police à Nales manifeste ples. Il devenait Anglais que foun sur l'Italie et qu'ils y avaient plan mentaient des troubles. Je ne devais vais pas assassinât pas le permettre; souffrir insultât qu'on des Français, Je me je ne deet qu'on contentai MÉMOIRES 112 des plaiutes reprises, au saint-siége; j'en recevais des réponses à prendre obligeantes, pour m'engager mon mal en patience. Comme je n'ai ja- d'en faire, à diverses de mon naturel, été patient je vis qu'il y avait une mauvaise volonté décidée contre nous, et qu'il fallait prendre les deJe fis vants pour en prévenir l'explosion. mais Rome par mes troupes. occuper cette Au lieu d'arrêter l'effervescence, les esprits: irrita mesure, un peu violente, elle maintint le repos de l'Italie, et déjoua les plans de lord Bintinct des dévots fit secrètement ; mais la caste contre moi tout ce que la haine vent suggérer. de l'église et l'esprit peu- Ce foyer de troubles avait des ramifications en France et en Suisse. Le clergé, les partisans de l'ancien réles mécontens, s'étaient il encore en avait (car ), gime y mon autoréunis pour intriguer contre mal de et me faire le qu'ils pour, plus comme raient. Ils ne se présentaient plus rité DE NAPOLÉON. 113 ils avaient des conjurés; emprunté et se battaient nières de l'église les banavec des avaient , et non pas avec du canon ; ils leurs mots d'ordre et de ralliement. C'était une foudres ne pouvais qu'elle était maçonnerie atteindre partout. d'ailleurs orthodoxe nulle part, que je parce ces d'attaquer été une en c'aurait détail, que gens parce le des c'est métier faibles Or, persécution. Il était difficile et non des forts. Je crus dispouvoir pas un siper ce parti en l'effrayant grand par Je voulais lui montrer ma coup d'autorité. résolution, je voulais pour lui maintenir et de l'autorité, que faire comprendre de l'ordre le respect et que rien ne me coûtait pour y parvenir. Je savais que je ne pouvais pas atteindre ce parti qu'en les séparant plus sûrement du chef de l'Eglise. J'attendis long-temps avant de prendre cette résolution, parce ; mais plus je tardais , que j'y répugnais nécessaire de me décider. plus il devenait 10* MÉMOIRES +114 Je me répétai que Charles-Quint, qui était dévot et moins puissant que moi, avait osé Il ne s'en était faire un pape prisonnier. tenter pas mal trouvé , et je crus pouvoir la même chose. Le pape fut enlevé de Rome et conduit à Savone. Rome fut réunie à la France. a suffi pour déjouer Cet acte politique est restée L'Italie les projets de l'ennemi. et dévouée jusqu'au jour où l'empire se poura fini. Mais la guerre de l'Eglise le zèle suivit avec le même acharnement; ; c'était une action des dévots se ralluma calme mais sourde venimeuse contre moi. Quelles dévots sont par- que soin que j'aie pris, avec Savone venus à communiquer leurs cevoir instructions; aller faisaient Fribourg et à re- les trappistes de cette correspon- chez eux, et cirdance; elle s'imprimait culait de curés en curés dans tout l'emIl fallut pire. Fontainebleau arrêter transférer le saint-père à et chasser les trappistes pour ces communications, et je crois que je n'y suis pas parvenu. DE NAPOLÉON. Cette petite vais effet, caractère forcément guerre 115 a été d'un mau- parce que je n'ai pu lui ôter le Il fallait de persécution. sévir des gens désarmés, moi, des victimes. contre j'en faisais, malgré malheureuses affaires de l'Église m'ont et Ces fait La d'état. cinq cents prisonniers J'ai n'en a donné politique cinquante. pas eu tort dans toute cette affaire. J'étais asjusqu'à sez fort pour laisser j'ai fait beaucoup voulu le prévenir. Un grand projet courir de, mal les faibles parce l'état occupait à consolider que , et j'ai ; il me mon rè- de nature paraissait de l'Europe gne , en me plaçant vis-à-vis dans un nouveau J'en attendais rapport. de grands résultats. Mon pouvoir n'était il ne plus contesté; le caractère de perpé- lui manquait que tuité qu'il ne pouvait recevoir tant que je Ma mort pouvait n'aurais point d'héritier. être, sans pour ma dynastic; cela, un moment car, pour dangereux être entière, 116 MÉMOIRES il ne faut pas qu'une autorité ait des époques marquées d'avance. la nécessité de me séJe comprenais femme ne d'une dont je pouvais plus parer de postérité. J'y répugnais par la douleur de quitter la personne que j'ai le avant de plus aimée. Je fus long-temps attendre m'y résoudre ; mais elle s'y résigna d'ellemême avec le dévouement a touqu'elle jours eu pour moi. J'acceptai son sacrifice, parce qu'il était indispensable. La politique la plus simple m'indiquait l'alliauce de la La cour de Vienne maison d'Autriche, était fatiguée de ses revers : en s'unissant sans retour avec moi, elle mettait sa sécurité sous ma garantie. Par cette alliance, elle devenait complice de ma grandeur, et j'avais dès lors autant d'intérêt à la protéà eu la avais que battre; par cette ger j'en la masse de puisalliance, sance la plus formidable qui ait existé. Nous dépassions l'empire romain. Cette alliance se contracta. nous formions DE NAPOLÉON. Il ne dehors sur resta plus de notre masse, les débris de la Prusse sait. Une si grande 117 le continent, que la Russie en et ; le reste nous obéis- devait prépondérance le découragement chez nos enne- porter sans trop de préet j'ai pu croire, vention , que j'avais fini mon oeuvre et que mis; j'avais placé pêtes. Mon mon trône à l'abri des tem- mais les passions ne calculent était cepenpas : l'apparence était trandant en ma faveur. Le continent calcul était juste, à me voir régner ; et s'accoutumait quille du moins par ses génuil me le témoignait flexions : elles étaient si profondes , qu'un été trompé comme plus habile y aurait moi. Le respect qu'on portait la maison d'Autriche légitimait au sang de mon règne aux yeux des souverains. Ma dynastie preet je sentais qu'on nait rang dans l'Europe, ne disputait fils l'imle au à trône qui plus venait de donner le jour. pératrice Il n'y avait plus de troubles qu'en Espa- 118 MÉMOIRES gne, au les Anglais forces ; mais cette de grandes porté ne me donnait avaient guerre pas d'inquiétude, parce que j'étais d'être plus tenace encore que les gnols , et qu'avec de tout. on vient du temps était assez fort L'empire celte sans en être guerre pour résolu Espaà bout soutenir elle offensé, ni les embellissemens dont je n'empêcha décorais la France, ni les entreprises utiles réclamait. qu'elle les institutions, j'organisais assurer la force de l'empire, liorait; devaient élevant s'amé- L'administration une génération qui en deviendrait qui son appui. le système de maintenir L'obligation amenait seule des difficultés continental avec les facilitait la Russie dont gouvernemens, la contrebande. se trouvait embarrassante; assez avancée ces états, une situation Entre dans sa civilisation pour passer des produits le littoral lui n'était permettre de l'Angleterre. pas de se J'avais DE NAPOLÉON. 119 exige , cependant, qu'il fussent prohibés ; c'était une absurdité , mais elle etait indisle système pour compléter pensable proLa contrebande hibitif. se faisait ; je l'avais le russe gouvernement prévu, parce que surveille mal son pays ; mais comme on moins facilement passe par les portps fermées que par les portes ouvertes, la contrebande amène moins beaucoup de marchandises que la libre entrée; je les deux tiers de mon but: ainsi remplissais toujours m'en ne je plaignis cependant on recommença; On se justifia; irritions : cette durer. pas Nous devions, manière d'être pas moins. nous nous ne pouvait en nous froisser effet, avec la Russie, depuis l'alliance que j'avais avec l'Autriche. La Russie contractée notre union ne que politique ennemi d'autre avoir qu'ellepouvait pas même , attendu que nous étions maîtres de tout le reste. Il fallait donc qu'elle se résidevait savoir gnât à une complaisante nullité, ou qu'elle 120 MÉMOIRES essayât de nous tenir tête et de maintenir son rang ; elle était trop forte pour conà n'être rien ; elle était aussi trop sentir faible pour nous résister ; mais, dans cette il valait mieux de la mettre alternative, fierté dans son attitude , que de se reconnaître d'avance pour vaincue ; car ce dernier le plus mauvais. La parti est toujours Russie se décida pour le premier. inopinément D'après cela, je rencontrai de la hauteur tersbourg. contrebandes tion dans mes rapports avec Péles On me refusa de confisquer de l'occupaJe répondis ; on se plaignit du pays d'Oldenbourg. sur le même ton ; il était clair que nous allions nous brouiller, car nous n'étions endurans ni l'un de force à nous mesurer. J'avais ni l'autre, une grande et nous confiance étions dans l'issue de cette guerre, parce que j'avais conçu un plan au moyen duquel j'espérais termila lutte dans ner, pour toujours, longue laquelle j'avais consume ma vie; il me DE NAPOLEON. 121 au point que, parvenu les de notre où nous en étions histoire, ne devaient dé l'Europe souverains point à dernier de directe ce conpart prendre d'ailleurs semblait nos car flit, mêmes. étaient intérêts devenus des princes en ma faveur, La politique maintenant les devait parce n'était plus d'ébranler les trônes , mais de les raffermir ; j'avais rendu la royauté formidable. de nouveau En pencher mon métier que cela , j'avais travaillé pour eux; ils étaient sûrs de régnerpar mon alliance , également de la guerre et des révolutions. à l'abri cevoir. si grosse, était Cette politique les souverains que je crus assez clairvoyans pour l'aperJe ne me défiai pas d'eux. Qui au- en effet, que , séduits par pu deviner, la haine qu'ils avaient pour moi, ils abanle parti du trône, et remetdonneraient rait traient eux-mêmes états, pour times? J'avais la révolution en être calculé que tôt ou tard la Russie dans leurs les vic- était 11 d'un 122 MEMOIRES trop gros volume pour entrer dans le système de refaire, le centre. Il fallait venais qu'elle pût jamais européen que je et dont la France était donc la remettre en de l'Europe , pour qu'elle ne gâtât dé ce l'unité Il système, pas fallait donner à cette nouvelle démarcation politique, dehors des frontières assez solides au poids de toute la Russie. tre de force cet état dans pour résister Il fallait remetla place qu'il il y a cent ans. avait que la masse de mon empour tenter pire qui fût assez vigoureuse Mais un pareil acte de violence politique. occupait Il n'y et crois crois était je qu'il qu'il possible, je de mettre le monde était l'unique moyen à l'abri des Cosaques. Pour refaire battre il fallait ce plan, sur une base étoffée, et la Pologne les Russes pour leur faire accepter faire réussir allait tracer avec là qu'on La Russie aurait pu signer pointe de l'épée. la paix qui devait établir ces sans honte les frontières DE NAPOLÉON. 123 rien eu qu'elle n'aurait un aveu de d'outrageant pour elle. C'était sa force, un signe de crainte de notre part. frontières; parce ainsi, par mes précautions, du rayon de l'économie européenne de économie trois cette parée par Placée mille la gardiens, ; elle aurait avec l'Angleterre politique, indépendance d'être dans leur intégrité, nous aurait royaume Il n'y aurait Russie été aussi hors , sécent renoué conservé et son sa manière parce étrangère qu'elle le que du Thibet. avait de raisonnable On en regrettera tôt ou tard , rangée l'Europe par mutuel sous un système un que ce plan. la ruine; car consentement unique , refondue sur le modèle que demandait la disposition du siècle, offert le plus grand aurait ait décrit. Mais trop spectacle que l'histoire de préventions souverains pour les yeux des danle voir pussent obstruaient qu'ils ger là où il était; ils crurent était le secours. le voir là où 124 MÉMOIRES Je partis Dresde. pour allait sans retour, décider, Cette la guerre question qui se débattait depuis vingt ans, puisque cette guerre devait être la dernière; car, au-delà de la Russie, le monde finit. Nos ennemis c'est moment ; plus qu'un ils tentèrent leur dernier n'avaient pourquoi mon de l'Autriche, Obligé ménager ses posalliée naturelle , et de lui garantir sessions en Pologne , il me fut impossible effort. d'aborder franchement l'indépendanee de morceler polonaise la ; question je fus de obligé devait ce pays, sur lequel de l'Europe; reposer la sécurité je donnai du mécontentement de la déet surtout fiance aux Polonais; car ils virent que je les sacrifiais à mes convenances. Je sentis ma faute, plus aller et j'en eus honte ï je ne voulus à Varsovie; avais n'y plus je à faire pour le moment ; je n'avais rien d'autre plus confier cette aux nation. de à celui prendre parti que à venir le sort de victoires DE NAPOLÉON Je savais que 135 la témérité réussit sou- vent; je pensai qu'il me serait possible de faire en une seule campagne ce que j'avais compté faire me plaisait; l'inquiétude tête d'une d'autres en deux. promptitude à avoir de car je commençai dans le caractère. J'étais à la armée ne qui sentimens et plus bataille. Cette que celui d'autre Au d'avancer connaissai de la gloire , les champs de patrie que lieu d'assurer mon à coup terrain rait le terme dû être Maître m'avaient croire celui d'une remise qu'on de mes succès ; et ç'aude ma vie. que capitale en cendres, que cet empire et qu'il accepterait de la paix qe je ce fut alors que notre et la Posûr , je traversai le Niémen; je marchai et passai logne sans relâche ; je battis (L) les armées Moscou. et dans , m'opposa j'entrai Ce fut plus s'avouerait les lui la cause. L'Angleterre belles les Russes j'aurais dû vaincu, conditions mais fis proposer; abandonna fortune conclut un traité 11* MÉMOIRES 126 entre l'armée tombé trahit et la Porte, Russie la russe , disponible. Un Français de Suède , trône le hasard sur par et s'allia de sa patrie, les intérêts dans l'espoir contre la Norvége. avec ses ennemis la Finlange Il traça de rendit qui la le plan lui-même Russie, et de troquer de défense empêcha l'Angleterre fus étonné la paix; je qu'elle n'acceptât des retards qu'éprouvait sa conclusion. La saison il devint évident qu'on s'avançait; ne voulait Dès que j'en fus pas la paix. : les élécertain la retraite , j'ordonnai mens la rendirent sévère. Les Français s'y de l'honneur par la fermeté avec acquirent laquelle courage vie. ils supportèrent ne les a jamais Ebranlé moi-même ces revers; quitté par la leur qu'avec vue de la ce de me rappeler désastre, j'ai eu besoin ne doit jamais ni plier ni qu'un souverain s'attendrir. L'Europe était encore plus étonnée de DE NAPOLÉON. 127 mes revers qu'elle ne l'avait été de mes succès; mais je ne devais pas me méprendre à sa stupeur; je venais de perdre la moitié de cette armée ; qui avait fait sa terreur espérer d'en vaincre les restes; on pouvait caria proportion des forces Je prévoir devais donc était changée. étonnement que le premier retrouver contre moi dont passé, j'allais l'éternelle coalition déjà les cris de joie. C'est un mauvais moment j'entendais pour faire la paix que celui d'une défaite. Cependant de l'Autriche se consolait voir qui me baisser ( puisque sa part dans notre alliance en devenait meilleure la paix; proposer mais on n'en voulut voulut ), l'Autriche elle offrit sa médiation; pas : elle avait tué son crédit. Il fallait donc vaincre et nouveau, la vis je lorsque de je fus sûr de mon fait, Jamais France mon opinion. partager l'histoire n'a montré un grand peuple sous un plus beau jour. de ses pertes, Affligé 128 MÉMOIRES il ne songea qu'à les réparer; il en vint à bout. Ce seul fait de ces hommes aux répond ne savent qui en trois mois clabauderies triompher que par les désastres de leur patrie. La France en partie me doit peut-être l'attitude qu'elle conserva dans le malheur, un moment et, s'il y a eu dans ma carrière l'estime de la postérité, ce qui mérite doit être celui-là à , car il me fut pénible soutenir. Je reparus campagne, L'ennemi ainsi, aussi formidable fut aigles ; l'armée plus de à l'ouverture belliqueuse que jamais. de revoir sitôt nos surpris que la je commandais qu'aguerrie; portait l'héritage d'une à l'ennemi je la menai longue avec mais était elle et gloire, confiance. J'avais une grande tâche à remplir ; il fallait refaire notre crédit militaire, et reprendre sous oeuvre la lutte qui avait été de se près terminer. Hollande Je tenais et la plupart encore la l'Italie, des places de l'Al- 129 DE NAPOLÉON. terde perdu que peu lemagne; rain ; mais l'Angleterre doublait ses efforts ; la Prusse nous faisait la guerre par insurje n'avais de la confédération les princes rection; du secours à marcher au se tenaient prêts ils l'étais comme et encore, fort, je plus suivaient L'Autriche mais mollement. mes drapeaux, des tâchait de garder la dignité l'Allemagne qu'on courait avec des brandons pour ameuter les peuneutres, tandis ples Contre ébranlé. Le mon nous : tout sort du monde système était au appartenait de plan arrêté car il n'y avait hasard; La d'une bataille. nulle part; il dépendait la question, décider Russie devait parce se battait qu'elle et de bonne J'attaquai la battis trois avec de grandes forces foi. l'armée prusso-russe , et je fois (M). les plans » Comme ce succès dérangeait on fit semblant des favoris de l'Angleterre, et d'abandonner tous les projets hostiles, 130 MÉMOIRES l'on chargea paix. Les l'Autriche conditions de me proposer eu étaient la supportables d'autres à ma en apparence, et beaucoup les auraient place acceptées ; car on ne demandait des provinces que la restitution et des villes anséatiques; la no. illyriennes de souverains mination les royaumes d'Italie de l'Espagne retraite à Rome. On devait dans indépendans et de Hollande ; la du pape et le retour me demander, en ouà la confédération du tre , de renoncer Rhin et à la médiation mais on avait ordre de céder, de la Suisse; sur ces deux articles. J'étais donc bien baissé dans l'opinion, on osait offrir trois victoires, des états que les alliés n'osaient pas même menacer encore. Si j'avais la paix, à recevoir consenti ne aurait déchu vite l'empire plus qu'il puisqu'après d'abandonner s'était élevé. core puissant enIl restait, ce traité, par sur la carte, mais il n'était DE NAPOLÉON. plus rien dans le fait. rôle levant au notre alliance 151 en s'é- L'Autriche, de médiateur, rompait à l'ennemi et s'unissait : en restituant les villes anséatiques, j'apprenais et tout le monde rendre, que je pouvais aurait voulu ravoir son indépendance : je mettais réunis. dans l'insurrection tous les pays En abandonnant l'Espagne, j'encoules résistances en toutes ; rageais déposant de fer, je mettais en comla couronne Les chances de promis celle de l'empire. toutes funestes ; celles de la paix m'étaient me sauver. la guerre pouvaient Il faut de trop le dire, grands de trop revers mon grands succès et avaient marqué me fût possible histoire, pour qu'il la partie alors de remettre la fallait Il que grande jour. dix-neuvième siècle pour gné la paix cette révolution autre du sans retour, de sous un monceau s'achevât ou qu'elle s'étouffât morts. Le monde entier décider à un était en présence Si j'avais si- question. la de bataille après Dresde, (N) 152 MÉMOIRES et il aurait fallu je l'aurais laissée indécise, la reprendre Il aurait fallu plus tard. recommencer cette longue carrière de succès Il auque j'atais déjà parcourue. rait fallu la recommencer, lorsque je n'étais plus jeune , avec un empire fatigué , la paix, et qui auquel j'avais promis m'aurait blâmé ceptée. Il valait ment tenait ne l'avoir pas ac- d'un moprofiter où la destinée du monde ne donc unique, de mieux une seule plus qu'à on me l'aurait abandonné, car bataille; si je l'avais gagnée. Je refusai la paix. Comme chacun voit ne vit que mon par ses yeux, l'Autriche et crut le moment favorable imprudence, mes se avec ennemis. pour ranger de cette convaincu cependant Je ne fus défection meen mais dernier moment; j'étais qu'au sure de la soutenir. Mon plan de campaun résultat gne était fait. Il aurait produit décisif. DE NAPOLÉON 153 des grandes armées, c'est le ne Mes général que peut être partout. manoeuvres étaient, je crois, les meilleures L'inconvénient que j'aie combinées ; mais le général Vandamne quitta sa position et se fit prendre , se faire maréchal. Macdonald croyant manquade se noyer dans les débordemens. Le maréchal Ney se laissa franchement battre : mon plan fut renversé dans quelques heures. J'étais battu: tais encore j'ordonnai assez fort pour la retraite. reprendre de terrain. J'él'of- Je ne en changeant fensive, voulus pas perdre l'avantage des places que seule une victoire, j'occupais, puisqu'avec du nord maître me retrouvais jusqu'à je Dantzick. au contraire Je renforçai de tenir en leur ordonnant garnisons, qu'à l'extrémité. mes jusEn cela elles ont exécuté mes ordres. Je me retirais lentement avec une masse et les enneen se grossissant : car rien 12 ; mais je me retirais, imposante mis me suivaient 134 MÉMOIRES les bataillons comme le succès. n'augmente Toate l'inimitié que le temps avait amasà-la-fois. Les Allemands sée, se soulevait se venger des maux de la guerre ; : j'étais battu. le moment était propice Comme je l'avais prévu, les ennemis sorvoulaient taient de terre. Je les attendis à Leipsik(O), dans ces mêmes plaines où ils avaient été battus peu auparavant. n'était position Notre que nous La victoire parce pas bonne, étions attaqués en demi-cercle. de même ne pouvait avoir pas résultats grands effet l'avantage nous. pour le premier pouvoir reprendre une bataille nulle, mencer. L'armée lassitude ; mais postérité les alliés Nous eûmes en mais jour, : c'était l'offensive et il alors, par comme désignera qui se battaient donc la recom- fallut se battait sans sa bien malgré un acte que la elle dans voudra, nos rangs armes con- leurs inopinément tre nous , et nous fûmes vaincus. de la France; Nous reprîmes le chemin tournèrent DE NAPOLÉON. 135 maïs une si grande retraite ne put pas se faire sans désordre.L'épuisement, la faim, firent périr de monde. Les Ba beaucoup varois, après avoir déserté nos drapeaux, voulurent nous empêcher de revenir en France. Les Français à Hanau passèrent (P) sur leurs cadavres Cette Mayence. inonde que celle Nos pertes fus moi-même et rentrèrent retraite coûta si grandes, que j'en; La nation en fut consterné. étaient avaient poursuivi rentrés avec no- leur marche, ils seraient tre arrière-garde dans Paris. de la France long-temps franchir. de de Russie. Si les ennemis abattue. autant à les intimida; nos frontières II ne s'agissait mais de l'honneur Mais l'aspect ils regardèrent avant d'oser les la gloire, de plus de laFrance ; c'est pouralors Mais les sur Français. je quoi je comptais mal Je servi. fus n'étais plus heureux; je à ce prêt peuple toujours pas sa patrie. Je n'en son sang pour n'en accuse verser MÉMOIRES 156 accuse pas la trahison ; car il est plus difficile de trahir qu'on ne le croit. Je n'en acfruit ordicuse que ce découragement, ; je n'en fus pas exempt reste L'homme moi-même. découragé lui ne voit devant indécis, parce qu'il que de mauvais partis , et ce qu'il y a de pire naire du malheur dans les affaires, c'est l'indécision. J'aurais dû me défier davantage de cet à et général, pourvoir à tout par moi-même ; mais je me confiai un ministère épouvanté, où tout s'exécutait abâtardissement ni réparées mal. Les places fortes n'étaient été ni munies, n'avaient qu'elles parce pas menacées ans. Le zèle des vingt depuis paysans y pourvut commandans étaient la plupart des de vieux infirmes, ; mais là se La mis pluqu'on pour reposer. et ne part de mes préfets étaient timides, au de se déemballer lieu qu'à songèrent avait à temps changer en première pour n'avoir ligne que des : si tant hommes est qu'on intrépides fendre. J'aurais dû les DE NAPOLÉON. en 137 à perdre. Rien n'était encore prêt pour notre déaux alliés fense, lorsque les Suisses livrèrent le passage du Rhin. Malgré le urs victoires, trouve dans les ennemis ceux ont qui de pas osé l'aborder et ils n'avancèrent de qu'à pas loup. front, n'avaient Ils étaient effrayés cle sur cette terre sée de baïonnettes. de marcher sans obstahéris- qu'ils croyaient Ils ne rencontrèrent nos avant gardes qu'à Langres. Alors comconnue (Q) trop mença cette campagne pour que je la répète ; mais qui laissera un nom immortel ne qui France. à cette désespérèrent Ils me rendirent et je crus, à trois avec impossible J'avais encore fortes garnisons vais pas le temps secours. n'y avait de braves salut de la de la confiance, que rien n'était reprises, de tels soldats. une armée dans Il fallait de l'Europe s'était Il poignée pas du en Italie le nord de les faire et de ; mais je n'ar venir à mon sur place. Le sort sur moi seul. concentré vaincre d'important que le point où 138 MÉMOIRES la paix, tant j'étais. Les alliés m'offraient ils se défiaient de leurs succès. Après l'avoir réfusée à Dresde , je ne pouvais pas l'acPour cepter à Châtillon. fallait sauver la France faire la paix et replanter , il nos aigles sur le RhinAprès une telle épreuve, nos armes auraient été réputées nos enneinvincibles; mis auraient qui core me tremblé donnait du midi devant cette la victoire. et du nord Maître était prêt en- par mes garnime rendait mon sons, une seule bataille ascendant ; j'aurais eu la gloire comme celle des victoires. Ce résultat, fatalité des revers ; mes manoeuvres avaient réussi L'ennemi était tourné : il perdait la tête. Une émeute générale allait en fimais ma nir; Une fallait plus qu'un moment; perte était décidée. Un courrier que j'avais adressé à l'impérades alliés; il imprudemment tomba dans les mains trice, leur.fit voir qu'ils étaient perdus. Un Corse, dans leur conseil, leur apqui se trouvait DE NAPOLÉON. 139 la était plus dangereuse que prudence prit Ils prirent le seul parti que que l'audace. le c'était n'avais je pas prévu, parce que seul bon. Ils gagnèrent rent sur Paris. On de avait promis ; mais cette l'entrée il usoire leur et marchèen faciliter aurait promesse remis la défense Paris , si j'avais en de meilleures confié à l'honneur laissé follement connaissais l'avance mains. été de Je m'étais de la nation , et j'avais en liberté ceux que je en être dépourvus. J'arri- pour vai trop lard à son secours, et cette ville, qui n'a su défendre ni ses souverains ni ses mu ses portes à l'étranger. J'ai accusé le général Marmont de m'a- railles, avait ouvert voir trahi, je le crois encore aujourd'hui. Il ne s'est point mal conduit, il est vrai, à la défense de Paris; mais sans la défection du corps qu'il commandait, après la reddition de cette capitale, les alliés eussent été forcés de l'évacuer, car ils n'eussent jamais livré bataille sur la rive gauche de MÉMOIRES 140 la Seine, ayant eux Paris derrière , qu'ils que depuis trois jours. n'occupaient La cause de la révolution était comme banni. Ce n'étaient j'étais puisque perdue, ni les méni les poltrons ni les royalistes C'étaient contens renvoyé. qui m'avaient les armées maîtres ennemies. du monde, puisque cet plus empire. putait J'étais à Fontainebleau, fidèle , mais peu troupe rais pu tenter combats; héroïques; trop cher Elle Les alliés car encore étaient je ne leur entouré les dis- d'une nombreuse avec elle ; j'aule sort des elle était mais la capable d'actions aurait France payé le plaisir de celte vengeance. aurait eu le droit de m'accuser de ses maux ; je veux qu'elle la gloire où j'ai porté signai . On vint me ne m'accuse son nom. proposer je trouvai pour ma momerie. part J'avais été battu; mais que de Je me ré- des abdications; uns que c'était le abdiqué jour où j'avais sercelte formule pouvait DE NAPOLÉON. vir un jour à mon fils, je n'hésitai nombreux aurait la signer. Un parti cet enfant 141 montât sur le trône désiré pour pas à que con- server la révolution Mais la chose n'a- vaient avec ma dynastie. alliés les impossible, était pas même ; ils étaient obliles Bourbons. Chacun s'est le choix gés de rappeler vanté d'avoir opéré leur retour : ce retour était forcé, il était la conséquence immédiate des principes se on batpour lesquels tait depuis vingt ans. En prenant la coudes j'avais mis les trônes à l'abri la en rendant aux Bourbons, on ; peuples les mettait à l'abri des soldats heureux : ronne, c'était donc la seule manière d'étendre sans retour révolutionnaire. L'apl'esprit sur le trône de pel de tout autre souverain n'aurait été autre chose qu'une France, sanction à-dire de la révolution, acte insensé dans l'intérêt solennelle un souverains. Bourbons c'estdes des plus ; le retour était un bonheur pour la France, Je dirai MÉMOIRES ai de l'anarchie il la sauvait le tait et lui prometla assurait lui repos, qu'il parce les alliés Elle était forcée pntre paix. les Bourbons, mutuel'ement tait et se servaient parce qu'ils La France n'éde garantie, de pas complice qu'elle ne se faisait cette parce mais pas en sa faveur; de la famille qu'il convenait le profit pour aux alliés de remettre C'était part leure à tout un traité sur le trône. dont ; c'était la France la plus grande défaite nation guerrière ait jamais de On alliés me proposa me cédèrent faire bonne donc la meil- où on voulait le monde manière paix, se tirer pût qu'une grande éprouvée. un asile. de choisir une île et un titre Les qu'ils comme aussi vains l'un que regardèrent l'autre avec d'emmener ; ils me permirent moi un petit nombre de ces vieux soldats avec lesquels j'avais Ils me permirent couru tant de fortunes. d'emmener de ces hommes quelques-uns heur ne décourage pas. avec moi que le mal- DE NAPOLÈON. ma de Séparé contre toutes 143 femme et de mon les lois divines fils, et humaines , dans l'île d'Elbe, sans aucune je me retirai l'avenir. Je de n'étais pour espèce projet du mais siècle, je qu'un spectateur plus savais mieux que personne en quelles mains Les chances de allait tomber. l'Europe ce hasard me remettre pouvaient Cependant m'empêchait vais comme l'impuissance de former étranger des événemens marche recevais prenaient d'en saisir le les gros journaux; des affaires. à travers l'esprit songes. Il me parut connu le secret des plans, à l'histoire. et je viMais lu se précipita plus et je fus surpris par eux que je ne croyais, dans ma retraite. Je d'y en jeiK contribuer évident de notre de que la majorité Il révolution. savait d'expérience, que la ils Je m'aptâchai leurs men- que le roi avait siècle. Il avait su France voulait par vingt-cinq son parti était la ans trop MÉMOIRES 144 faible Il sapour résister à cette majorité. finit par faire la loi. Il vait que la majorité fallait donc pour régner qu'il régnât avec c'est-à-dire la majorité; avec la révolution comme à neuf, en vertu du droit divin qui lui était départi. Cette idée était les Bourbons de conscience, naires royalistes rêts et leurs dans cette ingénieuse; elle rendait en sûreté révolutionnaires, et rendait les révolutionen maintenant leurs inté- Il ne devait donc opinions. coeur et avoir qu'un qu'une y plus âme, dans toute la nation ; c'est ce qu'on répétait, mais ce qui n'était pas vrai. Il y avait tant de bonheur cependant combinaison, aurait sous ce régime, que la France, été florissante en Le roi aurait d'années. en un résolu, peu le problême de plume, trait pour lequel vingt ans; puispendant j'avais combattu la nouvelle économie qu'il établissait politique en France, suas contestation et la faisait de toute reconnaître l'Europe. Il ne DE NAPOLÉON. lui fallait maître Pour avait moule était pour chez lui. réussir ce opérer donné une de savoir que toutes roi le jetée dans les chartes. Elle parce qu'elles on les fait marcher. quand comme les chartes être le oeuvre, grand charte, où l'on fait toutes excellente, 145 le sont Mais ne sont que des feuilles elles n'ont de valeur que par de papier, de les défendre. l'autorité se qui charge nulle ne se cette autorité Or, plaça part. dans la seule main qui Au lieu de la réunir le en était roi la laissa s'é- responsable, sou dans le tout parti qui portait parpiller nom. Au lieu d'être l'unique chef de l'éde chef laissa constituer il se parti. tat, en Tout prit tieuse ; l'anarchie France une s'y mit. eut plus que il n'y et de la contradiction Dès lors quence tème de la cour. Lés mots couleur de l'inconsé- dans le sysn'allaient jamais au fond voulait, parce qu'on autre chose que ce qui était. aux choses, du coeur, fac- 13 MÉMOIRES 148 Le roi avait donné la charte pour empêcher qu'on ne la prît; mais il était évimoment le que premier passé i les à royalistes espéraient la retirer peu peu ; parce qu'au fond elle ne leur allait pas. dent Il ne se posait donc que des pierres d'attente dans l'édifice du gouvernement! avait la noblesse, mais.on ne lui donné ni prérogatives, ni pouvoir; Elle n'était On avait refait pas démocratique, parce elle n'était pas arisqu'elle était exclusive; tocratique , parce qu'elle n'était rien dans l'état. C'était donc un mauvais service à la noblesse en la re- qu'on avait rendu mettant sur pied de cette manière; car on l'avait mise en prise parce qu'elle était ofaucun moyen fensante, sans Iui donner de se défendre. C'était un contre-sens qui devait amener des frottemens On choisit voulait refaire le clergé; un évêque défroqué le trône et l'autel. On voulait continuels. passer l'éponge mais on pour relever sur la rêva- DE NAPOLÉON. 147 mais on exhumait lès cadavres. lution, On voulait faire marcher là révolution de 89 avec les royalistes, et la contre- révolution du 51 mars avec des constitutionnels. Ils faisaient également mal leur dedes voir, parce qu'on ne fait marcher révolutions qu'avec les hommes qui sont nés avec elles. Le roi n'aurait donc dû se servir que dé gens de trente ans. L'on voulait maintenir la révolution et l'on On décourageait été avait là la masse de la par nation, qui élevée avec elles et s'était accoutumée à les avilissait les institutions. respecter. On gardait mes soldats parce qu'on en avait peur ; et on les faisait passer en tede gloire nue par des gens qui parlaient en saluant des Cosaques. Personne ne prenait confiance dans ce de voyait n'y parce points d'appui nulle part. Ils n'étaient pas étaient tous dans les intérêts, puisqu'ils qui existait, qu'on compromis; ni dans les opinions, puis- MÉMOIRES 143 étaient qu'elles force, faires toutes n'y avait ni volonté. puisqu'il ni bras, J'étais froissées assez bien ; ni dans la à la tête des af- de ce qui se dans ce congrès où l'on informé à Vienne, passait s'amusait à me singer. Je sus à temps que de France avaient décidé le les ministres congrès m'exiler à m'enlever de l'île à Sainte-Helène. d'Elbe J'eus pour quelque de Russie peiné à croire que l'empereur à manquer si vite à la foi des eût consenti car j'ai toujours eu beaucoup d'estraités, time mais enfin j'acpour son caractère; et je pensai à me quis cette certitude, soustraire au sort qu'on me destinait. Mes faibles moyens été bientôt de défense auraient esje devais donc d'assez grands pour à seconde fois redoutable anéantis; de m'en créer sayer me rendre une mes ennemis. La France n'avait de confiance point dans son gouvernement; le gouvernement n'en avait point dans la France. La nation DE NAPOLÉON. avait senti ceux du taient que ses intérêts 149 n'étaient pas n'é- trône, que ceux du trône une trahison pas les siens. C'était mutuelle qui devait perdre l'un ou l'autre. Il était temps de la prévenir, et je conçus un projet qui paraîtra audacieux dans l'hiset qui n'était que raisonnable en toire, réalité: à remonter sur le trône je pensai de France. faibles que fussent Quelques mes forces, elles étaient encore plus grandes que celles des royalistes; car j'avais pour allié l'honneur de la patrie, qui ne r dans le coeur des Français périt jamais je me confiai dans cet appui. Je passai eu revue la petite troupe à que je destinais étaient Ces soldats une si grande entreprise. mal vêtus, car je n'avais pas de quoi les des coeurs à ils mais avaient neuf, équiper intrépides. Mes préparatifs ne furent pas longs, des armes; je:n'emportais que donneraient que les Français,me Le colonel anglais qui séjournait car je pensais de tout. auprès 13* de 150 MÉMOIRES moi avait été se divertir et je à Livourne, mis à la voile par un bon vent. Notre petite flottille n'éprouva pas d'accident : notre traversée dura cinq jours. Je revis la côte de la France près de la même plage où j'avais pris terre , quinze ans aupara- vant, à mon retour semblait me sourire d'Egypte. La fortune comme alors; comme alors je revenais sur cette terré de la gloire relever ses aigles et lui rendre son pour indépendance. Je, débarquai trouvai sans obstacle; en France ; j'y revenais ne consistait Mon cortège Je me remalheu- qu'en un petit nombre d'amis et de frères d'armes, bonheur moi le avec, avaient partagé qui et l'adversité ; mais c'était une raison pour attirer le respect et l'amour des Français. reux. Je n'avais de plan déterminé, point vades données n'avais que parce que je mes J'attendais l'état des choses. sur. gues décisions desévénemens; J'avais seulement quelques-partis pris pour des cas probables. DE NAPOLÉON. 151 qu'une seule route à tenir fallait me un point d'appui. qu'il parce Grenoble était la place forte là plus voisine ; je marchai donc sur Grenoble aussi vite que possible , parce que je voulais saJe n'avais voir à quoi m'en tenir sur mon entrema L'accueil fur route que je reçus prises mes mon confirma et attente dépassa prola du Je vis que jets. portion peuple qui ni des ni passions, corrompue par conservait un caractère par des intérêts, blessait. mâle, que l'humiliation Je découvris enfin les premières trou-, n'était -moi contre ; fait marcher avait pes qu'on c'étaient de mes soldats. Je m'avançai saris crainte, tant j'étais sûr qu'ils n'oseraientfaire feu sur moi. Ils revoyaient leur emvieux la de à tête marchant ces, pereur , maîtres de la guerre, qui leur avaient sisouvent tracé le chemin des combats. J'étais le même encore, puisque je leur apmes avec aigles. , portais l'indépendance Qui aurait pu croire que des soldats 152 MÉMOIRES balanceraient au moment entre officiels des sermens prêtés sous les drade et la foi qu'ils avaient peaux l'étranger, à celui jurée qui venai t pour affranchir leur français patrie? Le peuple et les soldats rue reçurent avec les mêmes cris de joie. Je n'arais que ces cris pour cortège, mais ils valaient mieux que toutes les pompés, car ils me promettaient le trône. Je m'attendais à trouver quelque résistance de la part des royalistes ; mais je me Ils ne m'en trompais. opposèrent aucune, dans Paris, sans en aperceet j'entrai voir, si ce n'est aux fenêtres. Jamais entreprise plus téméraire en apne causa moins de à exé, peine parence c'est qu'elle était Conforme aux cuter; maux de la nation, et que tout devient facile quand on sent l'opinion. fut terminée La révolution en vingt de une seule coûté sans avoir goutte jours, et La avait France changé d'aspect, sang. les royalistes allèrent crier au secours chez DE NAPOLÉON. les alliés. La nation de la fierté. reprit 153 rendue Elle à elle-même était libre, puissur en me replaçant qu'elle venait de faire le trône, le plus grand acte de spontanéité aux peuples. Je n'y étais qui appartienne assis que par son voeu , car je ne l'aurais pas conquis avec mes six cents soldats. Elle ne me redoutait elle comme ; pas prince La granm'aimait comme son sauveur. deur de revers; mon entreprise elle m'avait rendu effacé mes la confiance des avait de nouveau l'homme de Français; j'étais leur choix. Jamais aussi la totalité d'une ne nation la exposée à la situation et avec tant d'abandon plus dangereuse elle ni le n'en calcula, d'intrépidité; péril, s'est ni les conséquences. pendance enflammait toire L'amour de l'indé- ce peuple, que l'histous les autres. avant placera J'avais refusé la paix Châtillon France, trop bas; à qu'on m'offrait , parce que j'étais sur le trône de me faisait descendre et qu'elle mais je pouvais accepter celle 154 MÉMOIRES avait accordée aux qu'on Bourbons, parce que je venais de l'île d'Elbe ; et l'on peut s'arrêter quand on monte, jamais quand on descend. Je crus que l'Europe, étonnée de mon retour et de l'énergie du peuple français, de recommencer craindrait la guerre avec une nation dont elle voyait la témérite, et avec un homme dont le caractère était plus fort à lui seul que toutes ses armées. Il en aurait été ainsi si le congrès eût été eussions et nous traité avec les séparé que souverains un à un. Mais leur amourétaient en qu'ils s'échauffa, parce propre mes et efforts maintenir pour présence, à rien. la paix n'aboutirent J'aurais dû prévoir ce résultat, et profiter sans retard du premier élan du peuà nous étions montrer ple, pour quel point aurait pâli devant redoutables. L'ennemi notre audace. Il ne vit que de là faiblesse dans. mon tâtonnement, Il avait raison, DE NAPOLÉON. 153 car je n'agissais plus d'après mon caractère. Dès lors, mon système de défense fut perdu , parce que les moyens de résistance restèrent au-dessous du danger. Il fallait une révolution recommencer pour, me donner toutes les ressources qu'elles créent. Il fallait remuer toutes les passions pour Sans cela , profiter de leur aveuglement. je ne pouvais pas sauver la France. J'en aurais été quitte pour régulariser cette seconde révolution, comme je l'avais, Mais je n'ai jamais fait de la première. aimé les orages populaires, parce qu'il n'y a point de bride pour les mener; et je me suis trompé en croyant qu'on pouvait de la même défendre les Thermopyles, manière qu'ils étaient attaqués. J'ai voulu faire cependant une partie de comme si je n'avais pas cette révolution, ne valent rien. su que les demi-parties J'offrais à la nation de la liberté, parce qu'elle s'était plaint d'en avoir manqué sous 156 MÉMOIRES mon premier règne. Cette liberté produielle mit les paroles sit son effet ordinaire, à la place des actions. La caste impériale se dégoûta,, parce que j'ébranlai le système auquel elle avait attaché ses intérêts. La foule de la nation leva les épaules, la lise de souciait fort parce qu'elle peu berté ; les républicains se défièrent de mon allure, parce qu'elle n'était pas clans ma nature. Je mis donc ainsi moi-même la désunion dans l'état. Je m'en aperçus; mais je comptais sur la guerre pour tout rallier. La France venait de se relever avec tant de fierté ; elle avait montré tant de mépris pour l'avenir; sa causé était si juste le des c'était droit le sacré (puisque plus nations), que j'espérais voir prendre les armes à tout le peuple , par un seul cri d'honneur et d'indignation; mais il était trop tard. Je sentis le danger de ma position. Je mesurai l'attaque et la défense ; elles né- DE NAPOLÉON. 157 taient en Je commençai à pas proportion. me défier de mes moyens, mais ce n'était le de moment le dire. Par un hasard pas ma santé se dérangea aux apmalheureux, la de dernière Je crise. n'avais proches qu'une âme ébranlée dans un corps souffrant. Les armées : dans la s'avançaient mienne il y avait du dévouement et de l'enthousiasme dans le soldat, mais il n'y en avait plus dans leurs chefs; ils étaient fatigués; ils n'étaient plus jeunes; ils avaient la Ils des avaient guerre. beaucoup terres et des châteaux; le roi leur avait laissé leur fortune ou leurs places; ils venaient comme des aventuriers les risquer fait avec moi. Ils recommençaient leur car- rière, et quelqu'amour qu'on ait pour la vie, on n'aime pas à y repasser deux fois ; c'était peut-être de la nature trop exiger humaine. Je partis pour le quartier-général, seul contre tout le monde, entier. J'essayai de combattre : la victoire nous fut fidèle le 14 MÉMOIRES 158 mais elle nous trompa jour (R), premier deux jours après ; nous fûmes vaincus à Waterloo (S), plutôt par les Prussiens que la de nos armes les et Anglais, gloire par finir vint dans les mêmes champs , où elle avait commencé vingt-trois ans auparavant car J'aurais pu me défendre encore, mes soldats ne m'auraient point abandonmais on n'en né; On demandait aux ennemis; moi voulait seul. qu'à de me livrer aux Français une leur demander c'était les forcer à Je ne se battre. lâcheté, pour à c'était valais pas un si grand sacrifice; moi à me démettre ; je n'avais pas même de choix. mis, Décidé à me rendre aux se contenteraient ennede qu'ils l'ôtage que j'allais mettre dans leurs mains, et qu'ils placeraient sur la tête la couronne de mon fils, j'espérais Il était sur le de mettre cet enfant impossible trône en 1814 : la chose était, je en 1818. Je n'en dis pas les dévoilera être. peut convenable crois, les motifs ; l'avenir Je n'ai quitté la France qu'au moment DE NAPOLÉON. 159 où les ennemis se sont approchés de ma retraite. Tant qu'il n'y eut que des Français autour de moi, j'ai voulu rester au milieu seul, désarmé. C'était la dernière preuve de confiance et d'affection C'était un que je pouvais leur donner. à rendais leur grand témoignage que je à la face du monde. loyauté, d'eux, La France a respecté dans mot, le malheur, jusqu'au moment où j'ai quitté pour jamais son rivage. J'aurais pu passer en, Amérique et promener ma défaite dans le nouveau monde ; mais après avoir régné sur la France, il ne fallait pas avilir son en cherchant d'autre trône gloire. Prisonnier sur un autre hémisphère, je' n'ai plus à défendre que la réputation que me prépare. l'histoire Elle dira qu'un' tout un s'est lequel peuple pour dévoué, ne devait pas être dépourvu de le ainsi que ses contemporains mérite, homme, prétendent, FIN. MÉMOIRES 100 APPENDICE. LA brièveté des Mémoires de Napoléon garde sur la de silence qu'il l'espèce des victoires qui lui ont valu une plupart nous ont montré la gloire impérissable, et de suppléer, autant que possible, à l'insuffisance du récit : c'est ce que nous avons tâché de faire en puisant aux meilnécessité les notes historiques auxsources, les lettres renvoient quelles capitales, entre parenthèses, que l'on a trouvées leures dans le texte, (A) SIÉGE DE TOULON 1703. Le 27 août 1793, Toulon aux Anglais, aux Espagnols ayant été livré et aux Napo- DE NAPOLÉON, 161 litainx, la convention rassembla une armée le fut envoyé pour reprendre. Bonaparte y avec le grade de chef de bataillon d'artillerie. A peine arrivé à l'année, il ne tarda était à le combien pas siège s'apercevoir mal conduit, et n'eut pas peu d'embarras à se faire donner la direction de son armée, par les représéntans. Son premier soin fut de lui des officiers expérid'appeler près le parc d'artilmentés, d'approvisionner lerie , qui fut bientôt porté à deux cents: bouches à feu, et de placer des batteries de façon à chasser les navires anglais de la l'armée. Cesrade partie de la qu'avoisinait préliminaires achevés, Bonaparte s'occupa d'un plan d'attaque, il eut bientôt jugé que s'en prendre au corps de la place entraînerait trop de langueurs, et qu'en s'emparant d'un fort, construit par les Anglais, sous le nom de Petit Gibraltar, qui comle port et la rade, les alliés sela place pour raient forcés d'abandonner ne pas s'exposer à être faits prisonniers de guerre et à perdre toute leur escadre; mandait 14* 168 MÉMOIRES Ce plan éprouva beaucoup de difficultés de la part du général en chef Cartaux ; mais celui-ci ayant été remplacé d'abord et ensuite par le par le général Doppet, le moment de se rendre brave Dugommier, maître de Toulon arriva enfin. Bonaparte fit bombarder lé Petit Gibraltar, et le 18 décembre, les troupes attaquèrent le fort, qui les repoussa avec une grêle de boulets et de mitraille. se crut perDugommier du : en effet, dans ce temps là, l'échafaud le général malheureux. Tout à coup, une colonne plus heureuse débouche au pied du fort, les soldats se hissent par les embrasures, les canonniers anglais sont tués, sur leurs pièces, le fort est pris. attendait «Allez vous reposer, dit à Bonaparte nous entrerons après-demain Dugommier, dans Toulon. » Il fit aussitôt retourner les batteries, anglaises contre l'escadre ; mais l'amiral Hood n'eut pas plutôt vu les français maîtres de ces positions, qu'il fit le signal de lever, l'ancre et acquitter DE NAPOLÉON. 163 les rades. Le conseil des coalisés se réunit aussitôt, et tous les membres furent d'avis que Toulon n'était plus tenable. Les Anà le feu avoir mis glais, l'arsenal, après à neuf vaisseaux et à quatre frégates franlà çaises qui étaient en rade, gagnèrent haute mer. Le jour prédit par Bonaparte , entra dans la place, à arriva Lorsque l' armée Bonaparte les sur elle se trouvait d'Italie, postée monts stériles de la rivière de Gênes, deDugommier à la et réduite Savonne, puis Nice jusqu'à défensive. Cette année, commandée alors de dénuée montait et tout, Scherer, par environ à cinquante mille hommes ; celle nombre en et des Autrichiens, forte plus pourvue de tous les moyens d'approvisionné ment, comptait en outré soixante tant troupes régulières auxiliaires, du commanque milices. A peine-investi dement, Bonaparte adresse à ses nouveaux mille : d'armes celte proclamation compagnons «-Soldats, ce n'est plus une guerre défen- MÊMOIRES 104 » sive, c'est une guerre d'invasion; ce sont » des conquêtes que vous allez faire. Point vous » d'équipages, de magasins; point » êtes sans artillerie, sans habits, sans sou» liers, sans solde; vous manquez de tout; » mais vous êtes riches en courage. Eh vos magasins, votre artilvous avez du fer et du plomb; » marchons, et dans peu ils seront à vous.» Le 8 avril, Bonaparte ouvre la campagne » bien, » lerie; voilà de couune menace marche par hardie, qui en de l'ennemi Gênes. Beaulieu, général per chef de l'armée autrichienne , dégarnit son centre pour se renforcer sur ce point, et repousse une division qui feint de n'opfaible résistance. qu'une Encouragé poser il fait avancer sa circonstance, gauche, attaque l'armée française, et lui enlève Voltri, bourg peu éloigné de Gênes. par cette A peine Bonaparte voit-il Beaulieu fortement engagé, qu'il l'attaque sur tous les mais et plus points, plus particulièrement vigoureusement par le centre; et le suc- DE NAPOLÉON. ces le 165 ses efforts. brillant plus la bataille Après couronne] de Montenotte, gorges de Millésimo gagnâmes 'a bataille furent et nous forcées, mémorable les de ce nom. Le 13, l'ennemi fut mis en pleine déroute, perdit douze mille hommes, quarante-cinq pièces de canon et d'immenses bagages ; ses corps se trouvèrent isolés, et le général du Ta-, les bords Serrurier, qui occupait naro avec une de nos-divisions, put opérer sa jonction. Cette glorieuse journée exalta le courage des Français, et leur fit oublier toutes les privations qu'ils avaient supporles Piémontais tées. Deux après, jours perdirent la bataille de Mondovi, à ceux trophées ajouta de nouveaux l'armée venait d'élever république. L'armée sa marche enleva française les principales et lui Sardaigne, d'armes ; Beaulieu prit position à la gloire accorda ; mais recula ensuite qui que de la dans du roi de places une suspension sur le Pô Bonaparte où il manoeuvra MÈMOIRES 165 à passer ce fleuve sans combattre; le Tésin fut également franchi; le général ennemi, plus étonné qu'intimidé , se retrancha sur la rive gauche de de manière rapide , dont les rives sont l'armée il attendit française, escarpées. Là, de persuadé qu'enfin il la ferait repentir l'Adda, rivière son audace. Le 10, Bonaparte arrive à la tête de ses il divisions, sous une grêle de mitraille; fait lui-même la reconnaissance du pont, ora de trois cents toises longueur, qui donne le passage, malgré le feu de trente la vomissent de canon mort, qui pièces Nos grenadiers franchissent le pont aux cris de vive la république , et renversent enL'artillerie tout ce qu'ils rencontrent. nemie est enlevée, l'ordre de bataille de est rompu, Beaulieu nous ouvre les portes et cette victoire de Milan. s'était porté, après sa défaite à du Mincio; il avait Lodi, jusqu'au-delà une en fort belle , pris appuyant position Bëaulieu DE NAPOLÉON. au lac sa droite de Mantoue la ville le passage aussi Peschiera, dre dont de Garda , pour de la rivière; 167 et sa gauche à défen— pouvoir il occupait; position très-importante,les Vénitiens leur avaient laissé pren- dre possession. suite de plusieurs savantes manoeuA la résolu à passer le Mincio,. vres, Bonaparte, du fit avancer son armée ; arrivés près les dans la s'élancèrent grenadiers pont, rivière, tenant sous le feu de l'artillerie leurs fusils sur leurs ennemie, têtes, ayant de l'eau jusqu'au menton. étonna les Autrichiens, Cette On rétablit le et toute passa. L'ennemi se trouvant pont, action hardie ils lâchèrent pied: le l'armée entièrement chassé s'avancèrent de l'Italie, nos avant-postes de l'Allemagne, sur les montagnes pendant se bornait Vérone et qu'on prenait qu'on à investir attendant moyens la forte qu'on d'attaque. de Mantoue place pût rassembler tous , en les 168 MÉMOIRES détacha une division sur LiBonaparte où se trouvaient les Anglais, favovourne, risés sous main par le grand-duc de Tosà se rembarquer. cane, et les contraignit Le général en chef détacha deux autres disur Rome causa dont la marche visions, au pape ; elles s'emune grande inquiétude du de château d'Urbin Bologne, parèrent et de celui de Ferrare ; mais pour éviter le souverain sa ruine entière, pontife de signer un armistice, s'empressa par leaux légations de Bologne quel renonçant et de Ferrare, il remit entre les mains des la, ville et la citadelle Français d'Ancône, de donconvint de payer vingt millions, ner cent objets d'art choisis dans le musée de Rome, la bibliothèque et cinq cents manuscrits de du Vatican. Tous les ped'Italie firent leur paix parti- tits princes et le roi culière, de Naples signa un armême temps qu'il envoyait à en mistice, Paris un ambassadeur Nous dominions solliciter alors l'Italie la paix. depuis le 169 DE NAPOLÉON. ; gorges du Tyrol jusqu'aux de Milan avait capitulé ; un train enlevé à de grosse artillerie col de Tende le château formidable de le siège pour ensuite les troupes l'ennemi fut Mantoue ; on organisa pour assurer la liberté du pays, d'éclore à employé la suite de nos qui venait exglorieux ploits. Cependant le vieux par rivait avec française Beaulieu maréchal de nouvelles au contraire été remplacé Wurmser, qui ar- avait troupes. s'affaiblissait L'armée chaque nécessaires à la jour, par les détachemens des places et des points conservation portans déjà conquis. L'armée autrichienne im- était augmentée de 25,000 hommes, une force et présentait bien supérieure à la nôtre qui fut attaquée décida sur toute la ligne. se Bonaparte le siége de Mantoue ; les trouau gros de l'arpes du siége se joignirent ses tous concentrer mée, qui put moyens alors à laver sur un seul point et frapper des coups dé15 170 MÉMOIRES cisifs. Ungénéral médiocre se serait ; obstiné à conserver toutes ses conquêtes, à assiéger Mantoue, et se serait inévitablement perdu. La plus grande partie de notre armée marcha sur Brescia , et chassa l'ennemi dans les monlagnes. Dans cet intervalle , Wurmser passe le Mincio pour nous attaquer; l'armée marche au-devant de lui Fattaque et le bat à Castiglione : mais à Lonado, entre Peschiera et Brescia , nous un perdîmes quelques pièces d'artillerie; général et une partie de la demi-brigade furent faits priqui formait l'avant-garde sonniers. arrivé, chargé l'ennemi avec fureur, dégage le général français et les L'armée siens, et poursuit les Autrichiens. française prend position sur la ligne de Lonado ; l'ennemi s'établit avec toutes ses Bonaparte forces en arrière de Castiglione, prolonge sa droite au Mincio, sa gauche vers la Chiesa, et se dispose à livrer bataille. DE, NAPOLÉON. 171 Bonaparte sentant combien il est imde et cela le prévenir, que pour portant il faut détruire une de ses colonnes qui est à Salo et à Gavardo, sur tous ces points, se porte le même jour quoique n'ayant avec lui que 1200 hommes et quelques pièces d'artillerie légère. En ce moment, un parlementaire ennemi se présente aux portes de Lonado , on les yeux bandés: cet officier l'introduit déclare que la gauche de l'armée française est cernée, et somme Bonaparte de se rendre. « Allez dire à votre général, s'écrie et son que c'est lui-même a une sont de) , qu'il corps qui prisonniers ses colonnes coupée par nos troupes à de le à et. Brescia Salo, par passage Trente ; que si sous huit minutes il n'a pas mis bas les armes, que s'il fait tirer un coup de fusil, je fais tout fusiller. Débandez les yeux à monsieur; voyez Bonaparte, Bonaparte et son état-major la brave armée républicaine au milieu de : dites à votre 174 MÉMOIRES général qu'il peut faire une bonne prise.» On demande à parlementer. Pendant ce temps, tout se prépare : pour l'attaque le chef d'être de la entendu colonne ennemie : il propose désire de se rendre et veut ; Bona- capituler. « Non, répond de guerre ; " parte , vous êtes prisonniers veut se consulter , Bonaparte l'énnemi donne l'ordre de faire avancer les grenal'artillerie, ennemi général tous rendus, " diers, Tous les corps et d'attaquer. s'écrie : « Nous ennemis Alors le sommes de Gavardo et de Salo détruits, un ordonna Bonaparte mouvement et Stegénéral sur Castiglione vère. On marcha toute la nuit, se trouva l'armée du pointe jour, sence de celle de Wurmser. On et à la en pré- l'attaque on le culbute, on le avec impétuosité, Mincio ; on le poursuit pousse jusqu'au encore au-delà ; on lui fait lever le siége sa et on le force de quitter de Peschiera, ligue offensive., DE NAPOLEON. L'armée 175 reprit alors ses anciennes positions, et chassa de tous les points les Autrichiens qui, depuis six sefrançaise maines , menaçaient d'envahir toute l'Italie; ils furent obligés de se réfugier dans les montagnes du Tyrol, et l'on recommença le siège de Mantoue. Une partie de notre armée passa l'Adige, tandis que l'autre se portait sur les hauteurs qui séparent les états vénitiens du Tyrol. Après quelques légers combats, les deux armées se trouvent en présence. Une affaire très-vive s'engagea ; mais bienet se relire à tôt l'ennemi plie partout, battus de tous Rovéredo. LesAutrichiens, les côtés, profitent cependantdes difficultés du pays pour exécuter leur retraite Wurmser rallie quelques troupes pour couvrir cette ville ; et donner le de à l'évacuer. son quartier-général temps de disnouvelles alors Bonaparte prenant sur Trente. positions , l'ébranle par un feu très-vif l'end'abandonner et d'artillerie, l'oblige 13* 174 MÉMOIRES trée de la gorge avec une perte considérable. Quelques jours après la ville tomba en notre pouvoir. Dans les différentes actions qui avaient en lieu jusqu'à la prise de Trente , les Autrichiens perdirent tués 25,000 hommes ou pris, 150 pièces de canon et 200 caissons. Tel fut le sort de cette colonna de trente bataillons tirés de l'armée du Rhin, l'élite des troupes impériales , qui dévaient l'Italie , et faire de ce beau reconquérir de le nos légions. tombeau pays perdit Après un combat où l'ennemi de monde et plusieurs canons, beaucoup les de la traversa, française l'armée gorges Brenta ; elle trouva au débouché les Autrichiens qui avaient pris une forte position. Ils tinrent quelque temps; mais grâce des colonnes républicaines , à l'impétuosité On les pourils furent mis en déroute. suivit, sur Bassano, où était le général en chef avec son état-major. Deux divisions se présentent, l'une par la droite, l'autre DE NAPOLÉON. 175 par la gauche ; fondent sur les pièces qui défendent les ponts de la Brenta , les enlèvent et pénètrent dans la ville. Beaucoup de prisonniers, de canons, de fourgons, les heu, furent de caissons , de drapeaux reux résultats de cette journée.. Un, inset le trésor étaient tant de plus, Wurmser entre nos mains. Ce maréchal, obligé d'abandonner et la Brenta, sano, ne pouvant franchir Bas- dont le passage lui était fermé par deux divisions de notre armée, n'eut plus d'autre ressource que de se jeter dans Mantoue. fila, Il le long en de s'arrêter, conséquence, à qu'il passa l'Adige, Porto-Legnago. ordonna Bonaparte à,une de ses divisions sans de barrer espèce chemins celui mais Wurmser une ; le passage à fit que, de deux de malentendu qui qu'on A Cerea, conduisent devait à Porto, on prit éviter. on rencontra la tête de la co- même on lui culbuta bonne ennemie; plusieurs ou s'empara escadrons de cavalerie; MÉMOIRES 176 du village et du pont sur lequel elle devait mais de Wurmser fit belles dispo; passer sitions , culbuta notre avant-garde , reprit le pont et le village de Cerea. Bonaparte, aussitôt qu'il entendit le canon, se porta sur le lieu du combat avec la plus grande il et fallut plus rapidité: temps-, se résoudre à laisser échapper l'ennemi, devait qui, selon toutes les probabilités, de les être, ce jour-là, obligé déposer il n'était armes. dans la nuit du se dirigea, 28 au 29 août, sur Mantoue, avec une Wurmser telle activité , qu'il arriva le lendemain à Nogara ; ayant appris qu'on avait publié de couper le pont de la Villa-Imprenta, sur la Molinella , il prit sa direction sur ce point. Dans cet intervalle-, une division des nôtres se porta vivement sur Mantoue la à Wurmser rentrer pour obliger. dans se le combat l'ennemi place; s'engagea; laissa nous son centre, percé par maîtres de Saint-Georges, poste des plus trouva 177 DE NAPOLÉON. dans cette importons.-, et perdit, cinq mille hommes avec vingt-cinq de canon. Wurmser se retira affaire, pièces et la dans Mantoue glorieusement jusqu'à là dernière hom: aussi Bonaparte rendit-il extrémité défendit sa à conduite, mage plus grands de la place. égards, et eut-il lors d'Autriche L'empereur il fit encore ; pas mille hommes cinquante geait pour lui, les de la reddition ne se découraen Italie passer , sous les ordres du général Alvinzi. armée Cette nouvelle marcha du côté de Vérone pour opérer saavec les débris de Wurmser retijonction rés dans le Tyrol. L'armée française avait, de ses nombreuses par suite victoires, de ses meilleurs un grand nombre les combats, forsoldats; les marches diminuaient aussi ses cées, les maladies perdu rangs chaque non craignait poursuivre jour; et Bonaparte, qui de ne pouvoir seulement de ses succès le cours ou en 178 MEMOIRES de nouveaux, mais encore de se écrivait sans voir contraint à rétrograder, relâche au directoire exécutif, qui promettait sans cesse et n'envoyait jamais de obtenir troupes. Bonaparte sentant la nécessité d'empêcher la jonction d'Alvinzi avec les débris de Wurmser, se disposa à lui livrer il vint à sa rencontre , bataille; Cependant, des et fit passa l'Adige dispositions pour attaquer, par le flanc et par les derrières son nouvel ennemi ; celui-ci ayant eu conavait jeté naissance de ces mouvemens, dans Arcole, village sur l'Adige, très-fort par sa position au milieu des canaux, plusieurs régimens de Croates et de Hongrois. Le village arrêta l'avant-garde française pendant toute la journée, malgré nos géde quelle imqui, comprenant était cette position, se précipiportance nos la de à tête mais en tèrent, vain, Dans ce moment, colonnes. Bonaparte paraît avec, son état-major ; déterminé à néraux, 179 DE NAPOLEON. le pont pour éviter il lieues, rappelle plusieurs les prodiges de Lodi, ranime de son à bas sauté siasme, franchir un défont de à ses soldats leur enthou- cheval, saisit s'élance à la tête des grena- un drapeau, diers en leur criant: suivez votre général. et elle La colonne s'ébranle un instant, était à trente pas du pont, lorsque le feu au moment la fit reculer, de l'ennemi fuite. la où il allait même prendre le seul un resta instant sur Bonaparte pont, et le drapeau fut criblé de mitraille à la main tenait qu'il ; il fallut renoncer à forcer la positiond'Arcole , et chercher un autre passage: on le trouva à l'embouon jeta à la hâte des chure de l'Alpon, franles L'armée sur des chevalets. ponts la à la chit rapidement nuit; pendant pointe du jour, le combat s'engagea partout avec la plus grande activité. AugeMasséna la reau commandait la droite, sur. lequel gauche , et Robert le-centre, les ennemis s'avancèrent en force ; Bona- MEMOIRES 180 le reploie le temps, parte pour donner à la colonne de Porto-Legnago sortie et aux guides marchant d'un autre côté, à l'effet de tourner commencer les ailes leur de d'Alvinzi, ; il prescrit à attaque et à Masséna de se rallier forteAugereau ment au centre, le pourront. dès qu'ils L'ensemble de tous ces inouvemens suret intimide les Autrichiens; Bonas'en aperçoit, il donne le signal : parte devient l'ennemi fait l'attaque générale, prend de valeur des prodiges de tous côtés, Arcole ; mais enfin il plie lui est enlevé à la sa défaite il est complète; baïonnette, la le Brenta dans plus grand désorrepasse couvert dre, laissant le champ de bataille de morts et de blessés , avec six mille sonniers , pièces rable. de canon Malgré drapeaux, et un matériel plusieurs la continuité la et perte naparte loin l'empereur, des succès pri- vingt considé- de Bo- de la bataille d'Arcole, de se laisser abattre, DE NAPOLÉON. redoubla d'efforts. 181 On pressa de nouvelles on enrôla volontaireet on gens de Vienne, levées d'hommes, ment les jeunes les forteresses une pour former armée, que l'on fit suivre d'une La cour nombreuse artillerie. de Rome dégarnit nouvelle rassemblait en même le peu de sur pied; temps mettre troupes qu'elle pouvait elle les dirigea sur la Romagne inpour quiéter les états qui s'étaient déclarés libres. sur Rome avec une s'avançait Bonaparte forte division à Bologne, chiens ont ; mais à peine qu'il est-il que apprend l'offensive repris avantages à Bévilaqua, les Autriet obtenu en avant quelques de Porto-Legnago sur ses pas, rières contre arrivé avec rapidité ; il revient assuré ses deraprès avoir tout événement. si lés troupes de l'emsur Rivoli ou sur pereur se porteraient se le bas de l'Adige, tint à VéBonaparte Incertain d'abord rone observer leurs mouvemens ; pour il connut tous leurs desseins : il bientôt lu MÉMOIRES 182 pour Rivoli, partit vier 1797 au milieu nut dont le terrain la droite où il arriva de la nuit et la position se prolongeait le 11 jan; il recon- de l'ennemi, sur Vérone, et le centre suila gauche sur Mantoue, de vallée ordonna l'Adige. vait la Bonaparte de reprendre la posiau général Joubert de San-Marco, de Rivoli d'artillerie, tion de prendre l'offensive même à l'ennemi. fit garnir le plateau et disposa tout afin et de marcher lui- du jour, l'aile A la pointe droite franet l'aile çaise, commandée par Joubert, se montrèrent sur les ennemie, gauche hauteurs de San-Marco avec acharnement. envelopper de tinuait naparte, s'y était et , et s'attaquèrent Alvinzi, enlever notre qui comptait droite , con- la tourner, ignorant que Boqui avait prévu ses intentions, dans la nuit avec rendes porté forts. Notre çait sur et l'ennemi gauche pliait, s'avanle centre; mais il fut arrêté par DE NAPOLÉON. 183 le chef d'état-major général de l'année, en même Berthier, temps que Masséna s'élançait sur les positions perdues la veille, les emportait et rétablissait les affaires. Alvinzi , après trois heures d'un combat met en avant toutes ses forces opiniâtre, avec une nombreuse artillerie le plateau de Rivoli, tout à-la-fois de tourner ver centre de l'armée donne des ordres nouvelles se porte pour enle- en menaçant la droite et le française; Bonaparte en conséquence de ces Le général Leclerc dispositions. avec la majeure partie de la cava- lerie sur l'ennemi, le charger impépour tueusement s'il parvenait à s'emparer du plateau; Lasalle s'avance avec un détachement de dragons pour l'infanterie autrichienne centre hauteurs ; et Joubert prendre en flanc qui attaquait fait descendre des baSan-Marco, plusieurs taillons pour soutenir le plateau. Ces disdonne le positions achevées, Bonaparte signal, de le les attaques se font simultanément 184 MEMOIRES Il repousse l'ennemi et avec vigueur. qui à pénétrer sur le plateau , lui commençait nombre de soldats, tue un grand enlève et le refoule une partie de son artillerie, dans le bas Adige. sûr Alvinzi, qui se croyait un corps avait détaché toire, mille hommes derrière Rivoli, de quatre nous pour nos communications couper mais cette diPeschiera; et Vérone; tourner avec de la vic- version avaient et n'inquiéta personne. une si grande confiance Les soldats dans leur en même en chef, qu'ils disaient battait la se le front de ligue temps que eh bien ! ceux-là sont avec acharnement: général encore à nous; ce qui fut vrai. l'ennemi occupait Cependant Corona ; Bonaparte chargea du jour, à la pointe l'attaquer Murat marcherait toute raître en même encore la Joubert de tandis que la nuit pour sur les hauteurs pade temps Ces Corona. la Montebaldo dominent qui deux mouvemens bien exécutés eurent un DE échappé fait prisonnier niais perdit 185 une vive l'ennemi, après mis en déroute ; et ce qui à la journée de la veille fut succès; fut résistance, plein s'était NAPOLÉON, ; la cavalerie seule se sauva, de monde en tra- beaucoup versant la rivière à la nage. Ces deux journées coûtèrent à l'ennemi, des morts, indépendamment 15,000 pri10 pièces de canon, des drasonniers, peaux et une quantité nitions. de mu- considérable Pendant culbutait tout que Bonaparte ce qui se trouvait devant lui , une colonne ennemie d'environ sous 10,000 hommes, le commandement du général Provera, avait passé l'Adige résistance opiniâtre à Anguiari, des Français. munications être pouvaient au moins le craindre. coupées; la malgré Les com- avec Vérone on devait Bonaparte se porta aussitôt avec quelques ; il y apprit que troupes sur Villa-Franca à l'ennemi marchait par Saint-Georges Mantoue. Le général en chef se rendit 16* en- MÉMOIRES 188 où à Roverbella suite lui dit que les se réunissaient attendait forces on qu'il entre Anguiari tomber, sur la colonne de Provera pour et Roverguiera, qui n'avait d'au- Manaussi sur de se que porter le voulut dernier éviter ce combat, toue; et ne put être attaqué que par la gauche tre but d'audace tant fut faite mais l'attaque et d'intelligence de la colonne; avec qu'il perdit et de son artillerie. le quart de son monde Provera Le lendemain, étant arrivé la garnison somma sous Saint-Georges, réde ce poste de se rendre ; les Français à circonsde canon ; cette pondirent coups de l'ennemi. le désordre tance augmenta sur se Saint-Antoine, porta Bonaparte Provera et donna ses ordres pour attaquer le Le lendemain. était de se réunir dessein à une forte de Mantoue garnison avec avantage; cher cette colonne. pour Bonaparte fit jonction, Elle fut de abordée ce général sortie de la nous combattre voulant entourer empêcette vivement; la DE NAPOLÉON. de Mantoue garnison 187 vint au secours de Provera, maiselle ne put jamais se joindre à lui. Pendant qu'une partie de nos troupes le général qui commandait le tournaient, dans Saint-Georges pos, que la colonne cernée, crétion. autrichienne obligée Six mille prisonniers les volontaires 20 pièces de canon, journée. Ainsi l'armée et si à prose trouva de se rendre et fut quels tous batailles fit une sortie furent parmi à disles- de Vienne, et le prix de cette livra en quatre jours six combats , fit 28,000 deux pri5 généraux, 20 sonniers, parmi lesquels ; colonels, un plus grand nombre d'officiers 60 pièces de canon prit 20 drapeaux, avec leurs caissons, et tua ou blessa 6,000 Ces triomphes, dus à la rapidité des mouvemens de Bonaparte , à son génie, hommes. à sa au de ses et courage prévoyance décidèrent du sort de cette glotroupes, rieuse campagne. son Il continua mouvement en avant MÉMOIRES 188 Avio, à Corpenedolo et à encore 1,200 hommes; l'ennemi rencontra où il quelques prit lui jours suffirent ensuite pour Tré- Trente, occuper Bassano, Roveredo, vise et la rive droite de la Piave , fleuve sa source dans le Tyrol et se qui prend les Français jette dans la mer Adriatique; un grand nombre de blessés, y trouvèrent de d'artillerie et plusieurs malades, gasins de vivres et d'habillemens. ma- La cour à de Rome, habituée toujours conseil des. circonstances prendre , n'avait ses forces avant pas manqué de rassembler les batailles inquiéter d'Arcole nos et de Rivoli, pour fait elle avait derrières; en masse les sujets du Saint-Père, Franles impitoyablement qui égorgèrent deconduite leurs Cette et çais partisans. soulever vait avoir de près un terme; et fut le châtiment terrible. la suivit Des lettres inter- les à Bonaparte il fit aussitôt perfide, découvert ceptées ayant trames d'un ennemi marcher un fort détachement contre les DE NAPOLÉON. troupes du pape, commandées général autrichien, dans Rome. pompe L'armée italienne le meurtre prêcher tres et desmoines main, le crucifix 189 par Colly , qui avait été reçu avec avait à sa suite , pour et le pillage , des prê, tenant d'une un poignard ; été bénis, et portaient fanatiques et de l'autre sesdrapeaux avaient l'image de la Vierge et celles de plusieurs apotres; les soldats avaient juré sur leurs armes d'être fidèles à Dieu, au Saint- Siége et au souverain pontife , et l'on vit sur les étendarts de la cavalerie de cette ridicule cription Colly armée , une croix avec cette ins: in hoc signo vinces ! sur le s'avança et se retrancha coule Faenza Imola entre et , , qui Senio de l'Apennin sur le Pô ; il n'y attendit pas long-temps Bonaparte, devancé par Lannes ; ce ses ordres, se précipita en formée colonne garde , qui arrriva reçut général avec son avantserrée , sur les , les en- garnis d'artillerie leva , tua 5 à 600 hommes , fit 4,000 retranchemens pri- MÉMOIRES 190 sonniers, des s'empara et mit drapeaux, On poursuivit le reste débris les et canons en des fuite. des Romains se défendre voulurent Faenza, où ils jusqu'à enfoncé les avoir avec les habitans. Après à de nous de la ville canon, coups portes dedans les rues en balayant pénétrâmes vant nous Bonaparte la réserve ce qui osait nous résister. continua sa marche, atteignit les hauteurs sur ennemie, postée tout la d'Ancône, désarma et s'avança rapisur Rome , par Notre-Dame-dedement des Les progrès Lorette. républirapides les yeux au pape , qui cains firent ouvrir de l'Idu vainqueur implora la 19 Rome et le talie; février, répuet, Toà la conclurent paix blique française lentino. la clémence de l'importante la campagne couronna La reddition Mantoue cès presque fait, il fallait Tandis inouïs; mais encore combattre que la capitulation tout de place et nos sucn'était pas et vaincre, de Mantoue DENAPOLEON. et la soumission 191 des états romains occu- le cabinet de Vienne Bonaparte, à recommencer s'apprêtait la guerre avec une nouvelle vigueur. Les succès du prince paient Charles en Allemagne, la seule digue comme rent qui Tyrol, de l'Italie sur la le firent regarder à opposer au torfondre par le pouvait capitale de l'Autriche. A peine le général français a-t-il acquis la certitude de l'approche de l'archiduc, qu'il reconnaît il lui importe de précombien venir son adversaire. française occupait alors Vicence et Padoue ; elle s'étendait depuis l'Arisio celle de l'enjusqu'à la mer Adriatique; nemi était en position sur la rive gauche , avait son centre placé derrière le CordeL'armée à l'Adige, du sa droite Vale, et appuyait côté de Bellune , petite ville sur la Piave. divisions deux renforcé , Bonaparte par venues de l'armée fin de février à la , réunit, dans la divisions du Rhin , quatre marche Trévisane, et pendant bert se dirigeait vers l'armée que Joudu Rhin, MÉMOIRES 193 commandée par Moreau, les débouchés en défendant sur sa gauche du Tyrol, le général en chef s'avança sur le prince Charles, en position sur la rive gauche de la Piave, L'armée le française passe cette rivière 15 mars à une 1797, elle oblige l'archiduc retraite précipitée, force son arrière-garde et lui fait 1,200 prisonniers avec un général et plusieurs officiers C'est supérieurs. en vain que le prince Charles se dispose à le Tagliamento, défendre rivière rapide elle ne peut opposer une barrière à la marche du vainqueur de l'Italie; la position de l'ennemi est cependant redu Frioul, doutable; il couvre et facilite retranché opposer, les routes de communication , des subsistances venant l'arrivée des magasins chien. A mesure trent ordre sur la rive qu'il a dans le Frioul se concen- que les divisions à Valvasone, Bonaparte L'infanterie deux d'attaque. colonnes , sous les ordres raux Guieux et Bernadotte, autri- dispose formée son en des généla attaquera DE NAPOLÉON. droite et la gauche midi, l'avant-garde commandée dotte, 103 des retranchemens. de Guieux A et Berna- les Dupar généraux l'ordre de passer la reçoit et Murât, phot elle s'y jette hardiment sous le feu, rivière; Le prince Charles emploie de l'ennemi. sans succès tout ce qu'il peut d'efforts, pour de la le il est passage rivière, empêcher hors de ses retranchemens ; il repoussé la droite française.avec veut déborder sa et la gauche avec son infanterie. cavalerie, la division Dans ce moment Serdécisif, rurier toute arrivant, sa cavalerie des ennemis fait Bonaparte et son artillerie avancer ; celle et Serrurier est culbutée, et formé sa division ayant passé la rivière en bataille , les autres corps tombent sur les Autrichiens Cette victoire des manoeuvres riorité et les mettent en déroute. fut due à la promptitude de Bonaparte et à la supé- de son artillerie. L'archiduc à résister ayant aux Français vainement sur les bords cherché du Ta17 MÉMOIRES 194 se maintenir sur la espérait gliamento, vinrent Torre ; deux divisions bientôt l'en chasser, de Palmaaprès s'être emparées tandis qu'une autre division manoeu- Nova, vrait pour à Willach tourner et couper de communication des soniflanc le point corps ennemis. différens droit L'Isonzo est passe à gué, et la garnison de Gradisca capitule. A la suite de ces diverses opérations, 6,000 qui nous valurent de l'armée autrichienne, l'élite prisonniers, des canons et 8 tomba dans nos mains, Goritz drapeaux, et Bonaparte son quartier-géy établit néral. des manoeuvres L'activité de Bonaparte du prince au- tous les calculs dérangeait à la méthode trichien lente , accoutumé de Moreau. Il sépare impruet timide son armée en deux colonnes; demment l'une sous ses ordres de Vienne néraux tera , l'autre Gontreuil l'Isonzo de Tarvis doit couvrir commandée la route par les géet Bayalitsch, remonet débouchera par les défilés et Caporetto. DE NAPOLÉON. qui Bonaparte, prince d'une Charles, si sur les pénètre s'empresse faute. Une grande de poursuivre chargée se dirigera 195 Tarvis, vues du de profiter division est le prince, une autre en culbutant tout ce qui se présentera ; une troisième, après à Pufera, le refouavoir battu Bayalitsch lera dans les gorges de Caporetto , tandis marchera que de sa personne , Bonaparte ces divers mouCanale sur ; par Caporetto vemens sont aussitôt exécutés que conçus ; en vain les généraux Och et Gontreuil veulent reprendre Tarvis pour déjouer le ils sont repoussés ; plus plan de Bonaparte, vainement encore, Bayalitsch compte le fort la Chiuza-di-Plesz est à ; s'appuyer enlevé à ses yeux par les troupes françaises. Entouré de tous côtés, ce général n'opet met pose plus qu'une faible résistance, bas les armes. 30 pièces 5,000 prisonniers, de canon, et cha400 généraux plusieurs riots chargés la victoire. de bagages, sont les fruits de 196 MÉMOIRES Tandis que Bonaparte triomphait détaché Joubert, du prince Charles, trois divisions dans le Tyrol, difficultés que lui faisaient Labitans révoltés malgré ainsi avec les les éprouver de ces montagnes, obtint des succès à Tarvis, et opéra sa jonction Tramen et Clausen, avec le centre de l'ar- mée. à Bonaparte pour sur toute la ligne, Vingt jours suffirent battre les Autrichiens détruire et leur dant il avait 20,000 diminué hommes; cepende beaucoup ses en détachant moyens, de son armée pour et faciliter du Tyrol mée de Moreau, Brixen , espérant vrerait mauvaise une grande partie les débouchés couvrir sa réunion avec l'ar- à Inspruck, soit à manoeuque ce général Mais que ce fût en conséquence. soit volonté de sa part, ou jalousie n'avait qu'un faible ennemi Moreau, qui en tête , ne fit rien, et son inaction aurait de Joubert, pu être cause de la défaite sans les talens et le courage de ce général. DE NAPOLÉON. 197 marcher sur Bonaparte pouvait désormais Vienne sans éprouver de résisbeaucoup tance. avant de prendre ce Toutefois, il écrivit de Clagenfurt, où était parti, son quartier-général, au prince Charles, à la paix. La démarche pour l'engager n'ayant eu le résultat point qu'on espérait, mouvement en ordonna un Bonaparte avant. Le 1er avril, une division formant rencontra l'avant-garde, l'arrière-garde ennemie dans les gorges de Neumarck, et la culbuta chiduc dans toutes envoie pour ses positions. L'arbala soutenir huit de grenadiers, les mêmes qui avaient Le de Moreau. Kelh sous les pris yeux de et fureur combat avec part s'engage taillons d'autre. L'ennemi occupait, sur le som- met des Alpes Noriques , un poste hérissé mais ces obstacles de canons et d'abattis, sa défaite ; les grene firent que retarder nadiers un furent mis en déroute nombre grand champ de bataille en laissant et le de prisonniers couvert de cadavres. Le 17* 198 MÉMOIRES prince Charles se retirer. Tout alors de la nuit profita pour les républicains ; jeté l'alarme au sein devant ployait leurs avaient progrès de la cour impériale. L'armée française de Vienne, n'étant plus qu'à peu de marches enfin le de demanprit l'empereur parti der une suspension d'armes , qui lui fut accordée à Léoben, le 8 avril 1797. Enfin, mois de négoaprès plusieurs le traité de siCampo-Formio, ciations, 17 le octobre gné faits de l'armée tués niers, dans les 1797, d'Italie. consolida combats, 150,000 170 drapeaux, 100,000 4,000 pièces les hauts Ennemis prisondesiége, de pont, de campagne, 650 5 équipages tous les vaisseaux de la république de Venise , les arsenaux , les chefs-d'oeuvre des plus célèbres et moderne, artistes sont de l'Italie, les glorieux dus au génie de Bonaparte de ses braves soldats. et ancienne trophées au courage DE NAPOLÉON. CAMPAGNE (C) 199 D'EGYPTE. 1798—1799. L'armée, mai 1798, embarquée était forte à Toulon, d'environ le 19 40,000 hommes. Un vent favorable la Sardaigne, sortis de Bastia, Vecchia. poussa où l'on réunit la flotte vers les convois de Gênes et de Givitade File de Malte L'occupation était nécessaire favoriser merce pour du Levant, et comme entre la France pour éviter notre com- intermédiaire et l'Egypte. Bonaparte, du sang, demanda l'effusion que le port lui fût ouvert ; le grand-maître il fallut employer rejeta cette proposition; la force. Le 11 juin, nos troupes étaient à terre sur tous les points de l'île. Le soir elle était entièrement soumise et la ville parts. Les assiégés tirèune rent quelques coups de canon , firent faible sortie qui fut repoussée sans effort, investie de toutes et le grand-maître demanda à capituler. 200 MÉMOIRES Les place trouvèrent vainqueurs deux vaisseaux de guerre, gate , quatre non, 1,800 dans la une fré- , 1,200 pièces de cade poudre, 40,000 d'autres effets de guerre galères milliers fusils, beaucoup et plusieurs millions, dont la moitié fut laissée dans la ville, pour subvenir aux dépenses de la garnison. resta quelques jours dans l'île, Bonaparte de suivant les principes afin, de l'organiser Il abolit la servitude la république. , profit adopter aux habitans les clama l'égalité, brisa couleurs françaises, claves turcs et arabes, qu'il des es- les fers renvoya dans leurs pays. Avant son départ, laissa à Bonaparte du sous les ordres hommes, Malte,4,500 le 19 de et division Vaubois, juin, général la flotte vogua vers les rives de l'Afrique, au. milieu des cris une heureuse la république. la flotte entraversée, de vive Après où l'escadre tra dans la rade d'Alexandrie, trois jours auparavant. anglaise se trouvait Le débarquement dans la commença DE NAPOLÉON. 201 du 2 juillet, du vent position malgré la mauvaise diset l'état peu favorable de la mer. Les troupes se portèdébarquées nuit rent sur Alexandrie, située à l'embouchure du Nil, à 50 lieues du Caire. eut lieu L'attaque n'eût quoiqu'on La ville fut enlevée du jour, à terre. d'assaut, malgré la virésistance des habitans et des goureuse troupes à la pointe d'artillerie pas ; et bientôt qui la défendaient tricolore flotta sur les minarets. drapeau Nous eûmes 40 hommes tués et 80 bles- sés. Les généraux Kléber et Menou du nombre de ces derniers. Pendant débarquer lerie. l'armée l'assaut, avec son artillerie furent continua de et sa cava- , située sur le Nil, se rendit sans réd'Alexandrie, à la division du général Dugua. Rosette, à 17 lieues sistance le ville riche de la nécessité sentant , porBonaparte ter son armée sur le Caire avec toute la rapidité loucks possible, les moyens pour ôter de faire aux mame- des dispositions MÉMOIRES 202 défensives et pour empêcher des magasins de cette grande l'évacuation ville, partit le 7 juillet, de le chemin Demanhour, prit le plus court, mais le plus pénible et traversant un désert aride. une marche à travers ces Après et des fatigues inouïes, l'armée déserts, à Demanhour arriva et ; elle y séjourna, se mit en mouvement Ramanié. Moupour à la tête forcée de ses troupes rad-Bey, , nous attendait au village Le lendede Chébreïss. main 15, à la pointe du jour, on se trouva en présence des ennemis. un or- établit sur-le-champ Bonaparte des carrés dre de bataille, formant visions, échelons, en flanquait nière lesquels il fit et la cavalerie. Il les disposa en de manière que chaque division dans équipages villages réserve. dipar enfermer les une autre, et fit occuper en arrière par des hommes L'artillerie était de la de ma- placée du feu de quelque à présenter vînt attaquer. que l'ennemi des mameloucks La cavalerie deux côté inonda DE NAPOLEON. 203 la plaine entière, déborda toutes nos ailes, et chercha de tous côtés, sur nos flancs et sur nos derrières, le point bientôt faible elle ; mais pour pénétrer partout la ligne était également formidable, vit que et lui opposait un double feu de flanc et de front. Elle fois de charessaya plusieurs mais sans déterminer s'y ger, complètement; enfin, après être restée une partie de la journée à demi-portée de canon, elle retraite sa opéra un grand nombre L'armée en laissant 400 morts de blessés. continua des chaleurs et brûlée d'avancer, Le excessives. elle aperçut les Pyramides était à six lieues du Caire, lendemain, soir elle et le , où Bonaparte avec toutes apprit que les beys, retranchés ces, se trouvaient vis-à-vis village de Boulac, garni leurs retranchemens par leurs for- à Embabé, et qu'ils avaient de 60 bouches à feu. A la pointe leur , on rencontra en de village poussa du jour qu'on avant-garde A deux heures village. armées s'aperçurent. après midi, les deux 204 MÉMOIRES A l'approche des Pyramides, tons les s'arrêtèrent un moment, élonFrançais nés à l'aspect de ces masses qui semblaient la terre, affaisser Soldats ! s'écria Bona- » parte, vous allez combattre aujourd'hui » les dominateurs de l'Egypte ; songez que haut de ces monumens, 40 siècles "du " nous contemplent !" De la position qu'occupait et adroite, on voyait arrière en l'armée, les Pyramy- le Nil, le des; à gauche , on découvrait Caire , la montagne de Mokatam et la vallée de Memphis. se formenent Les divisions au combat de Chébreïss. enlever les loucks sortent carrés On couvert pour mame- au nom- impétueusement, les divisions et chargent bre de 12,000, la droite. En vain ils veulent les carrés marche Les refranchemens. comme le champ ; bientôt de morts. L'ennemi de pénétrer de bataille dans va tenter un est de Bitkil, où sur le village Devais ; une partie de la division de main coup se trouve mais il est repoussé. Une seconde attaque DE NAPOLÉON.. 205 ce général, avec le même toujours n'obtient acharnement, pas un succès plus contre heureux. ce temps, les autres divisions la baïonnette en avant, sur les s'élancent, d'Embabé et les emporretranchemens Pendant tent , après avoir fait un grand dont les restes fuient l'ennemi, tés, en abandonnant leurs morts, 400 chameaux blessés, leurs canons, gés de bagages, et une grande chevaux richement équipés. Tels furent carnage de de tous cô- les résultats leurs char- quantité de de la bataille des Pyramides , qui nous assura la conquête de la Basse-Egypte et nous ouvrit le chemin de la Haute. que 30 soldats (D) SIEGE DE L'armée n'eut française de tués et 120 de blessés. SAINT-JEAN-D'ACRE. 1799. LA conquête et les habitans de l'Egypte commençaient était achevée, à regarder 18 MÉMOIRES 206 avec moins les troupes françaises gnance et de crainte tir ce pays de toute sein , Bonaparte : mais il fallait garanDans ce des- invasion. écrivit plusieurs de Saint-Jean Ahmed-Djezzar, pacha vieillard cre et de Damas, l'assurer qu'il cruel, pour dans l'intention en Egypte ou de lui la guerre; devenir son ami, et venu pas lui. et vivre en au Djezzar, au général avec dédain , reçut ses envoyés, le désert verser d'A- de l'inquiéter au il voulait, amicalement de répondre français maltraita avec fois à farouche n'était faire contraire, bonne intelligence lieu de répu- et ses dépêches, et se prépara à trala Basse- à envahir Egypte. devait l'armée organisa Bonaparte conduire contre le pacha mas. mière Kléber eut division qu'il d'Acre et de Da- sous ses ordres la preLanla seconde, , Reynier nes la troisième, Bon la quatrième; commanda la cavalerie, Dommartin tillerie , et Cafarelli le génie. Murat l'ar- Cette armée DE NAPOLEON. 207 à 10,600 hommes d'infanpouvait 1800 chevaux et dromadaires, et terie, ce qui foret le génie à 1600, l'artillerie s'élever de 14,000 mait un total et le 8 février, à Salahieh pes trois jours; ses travaux pourvut Bonaparte et Catieh où elles restèrent porter donné Destaings, Mourad sur des les généraux de Belliard, Lannusse, Fuet Boyer. Zayenscheck la Haute-Egypte, et de l'empêcher la Basse. à l'armée diverses de l'Egypte. Les prosous l'autorité chefs, de division, guières, Leclerc, Desaix resta dans contenir ce temps il termina et administratifs, et au commandement places et provinces vinces eurent pour brigade ses trou- réunit pendant militaires des généraux 7 Le combattans. Le 11, de se mettre afin de de se l'ordre fut en mouve- ment en Syrie; son avantentrer pour sur El-Arich dès avancée garde s'était le 7, et avait aussitôt assailli cette position, mais sans succès. nuant sa marche, arriva L'armée, en partie contiau se- 208 MÉMOIRES de l'avant-garde; avec plus de vigueur, cours l'ennemi, fut forcé ner le village et de se réfugier mais la cavalerie de Djezzar, un corps d'infanterie, tion sur les derrières geantes ment; vint attaqué d'abandon- dans le fort; soutenue par posiassié- prendre des troupes de les bloquer entière- , menaçant Kléber les commandait qui un mouvement nuit au général de l'ennemi fit faire ; à miReynier fut cerné, at- , le camp taqué et enlevé ; un des beys fut tué : ceon ne prit les pendant que des bagages, armes et quelques mameloucks. Le fort d'El-Arich arrive avec Bonaparte la ouvre tranchée parc, verneur résistait toujours; et le sa réserve le gou- et oblige à capituler. Après quelques jours de repos , il avance le 22 sur Kan-Lounesse, village premier un de la Palestine, et détruit surprend corps de mameloucks; l'avant-garde d'attaquer néral de Djezzar, campé ordonne, ensuite Abdallach, à une lieue à géde là; 209 DE NAPOLÉON. pas les Français se retire vers Gaza. Cette ville ayant ses portes sans résistance vert bientôt mais celui ci n'attend , et oufut On y trouva une grande sauvée du pillage. de bouche et de de munitions quantité guerre. sur Jaffa, De Gaza , l'armée se dirigea où ville située à huit lieues de Jérusalem, La l'ennemi avait réuni quelques forces. fut pénible à travers une plaine de le courage de sable mouvant ; cependant de tous les obstacles, nos soldats triompha marche La division Kléber formant l'avant- le 5 mars devant Jaffa, arriva garde, en forma l'investissement; sur-le-champ et Lannes et Bon ayant remplacé les généraux de Kléber se porta sur la rivière , celui-ci Bon inla Hayah le couvrir siége, pour vestit le front droit de la place, et Lannes le front gauche. L'ennemi démasqua de pièces canon et nous ceinte, soutenu. de une quarantaine de tous les points de l'enessuyâmes un feu 18* vif et MÉMOIRES 210 la batLe 6, deux batteries d'approche, étaient une de mortiers, terie de brêche, en état de tirer ; la garnison fit une sortie, de brêche ; elle et s'avança sur la batterie fut repoussée et obligée de rentrer. du jour, Le 7, à la pointe Bonaparte de se rendre ; celuisomma le gouverneur du général ci fit couper là tête à l'envoyé 7 A ne et heures, français, point. répondit le feu commence ; à 1 heure , on juge la Les généraux Lannes et brèche praticable. Bon font leurs dispositions pour l'assaut; à cinq heures, les grenadiers pénètrent dans les dans Jaffa ; l'ennemi se réfugie maisons les ; courageusement de tant de résistance , et les défend , irrités Français redoublent d'efforts sent au fil de l'épée de quatre au nombre renversent , les soldats mille, tout, pasde Djezzar et la ville est livrée au pillage. Après ces scènes on trouva d'horreur, 50 pièces de canon, dont 30 dans Jaffa formant l'équipage munitions assez de campagne, et des considérables ; plus, DE NAPOLÉON. 211 2,000 quintaux 400,000 rations de biscuit, de de riz et plusieurs remplis magasins marchandises. Jaffa était un c'était situation; trepôt pour de Damiette tout poste important encore le port ce qui pourrait et d'Alexandrie L'ennemi, après avoir sa par de l'enarriver à l'armée. évacué à notre Gorchum et Zesse, Misthyc, approche sur Saint-Jean-d'Acre, à Caïffa, se retire de Jérusalem , et y réunit quinze lieues la défense de cette tous ses moyens pour les troupes du ville déjà très-forte. Bientôt sont chassées de tous les environs pacha de la place, et la tranchée est ouverte. Le 20 mars , les soldats encouragés par la enlever aussi prise de Jaffa espéraient aisément Saint-Jean-d'Acre, et tout concourait lorsqu'il armée à les confirmer fallut les dans cette opinion, conduire contre une de plusieurs composée peuples aussi barbares et qui s'aque leurs noms, à marche forcée au secours de vançait Djezzar. MÉMOIRES 212 d'abord à sa renenvoya Bonaparte contre le général Junot, qui se porta jusoù il les barbares Loubi, qu'à aperçut les gagnant bataille. Junot aller pour se trouva, hauteurs se mit le reconnaître et s'y aussitôt en formant en marche de plus près, et la montourné dès qu'il eut tagne , engagé dans une plaine où il fut entouré par 3,000 cavaliers qui s'élancèrent sur sa troupe. Les soldats, animés par leur avec une valeur ause battirent général, dessus de tout vement, en éloge ; gagnèrent les combattant, successihauteurs à Fennemi Nazareth 600 jusqu'à , tuèrent et lui prirent hommes 5 drapeaux. Dès que Bonaparte fut instruit du comil donna l'ordre à Kléber bat de Loubi, d'aller Junot à Nazareth avec le rejoindre reste point de l'avant-garde. quitté la position L'ennemi de Loubi. n'avait Les deux de marcher à résolurent généraux de l'attaquer le lendemain. A peine ils arrivés de Sed-Jarra, situé à une de Cana , que l'ennemi, descendant lui et sontlieue tout- DE NAPOLÉON. à-coup 213 de ses hauteurs plaine, enveloppe de 4,000 chevaux et se met , débouche dans la nos troupes avec près et toute son infanterie , en mesure de charger. L'intrépide Kléber ne lui en laissa pas le temps ; il attaqua avec impétuosité la cavalerie et le village de Sed-Jarra qu'il emporta vive force, mit en désordre l'ennemi s'enfuit forces de qui ses Jourdain où toutes jusqu'au se rassemblèrent et se rendirent dans la plaine de Fouli. Bonaparte absolument une bataille qu'il fallait jugea déci- sive pour les disperser. En conséquence " il fit les dispositions nécessaires pour emde Saint-Jéan-d'Acre pêcher la garnison de forcer ses lignes et de l'inquiéter sur ses derrières. enIl en ordonna d'autres suite pour l'armée attaquer ennemie et la contraindre plusieurs points, passer le Jourdain. Murat eut ordre rêter sur le pont de prendre parer, bloquait Saffet, sur à re- de se porter sans s'arde Jacob et de s'en emà revers et d'opérer l'ennemi ensuite qui sa 214 MÉMOIRES avec jonction lui-même Kléber. Bonaparte quitta le camp le 18 avril avec sa cavalerie , une division et huit pièces d'artillerie. Il prit position sur les hauteurs de il marcha sur ; le lendemain, il aperçut Fouli ; le matin Kléber aux 3,000 Français se prises avec les barbares. battaient avec une intrépidité sans égale Saffarié contre des ennemis dix fois plus nombreux. des mameloucks était tendu Le camp à 2 lieues du pont taille. Alors tourner voisin du champ de ba- des mesures Bonaparte l'ennemi prend pour à une grande distance , de son camp , lui couper la re- le séparer traite sur Genin et le culbuter , où étaient ses magasins, La cavadans le Jourdain. les fuyards au pasqui s'avança avec deux pièces sage du fleuve, d'artillerie le camp légère pour enlever lerie devait arrêter des mameloucks reçut l'ordre Arrivé à de Kléber, d'infanterie , et le corps de tourner l'armée ennemie. une demi-lieue Bonaparte ordonna de distance à Rempon DE NAPOLÉON. 215 avec sa brigade] vers ce géavec la sienne, néral , tandis que Vial, de Neuzes, vers la montagne se porterait de marcher et que les guides toute hâte pour Genin. L'ennemi à pied se dirigeraient la retraite couper ne s'aperçut que les ce moment chaient que : le désordre masse cette grande un coup de canon râmes fut le pour Kléber. Ce général, le baïonnette pas de charge qui se trouva de huit après de dans de la cavalerie avoir emporté de. Fouli, arriva vers ; que nous tireconnaissance village sur la cavalerie coupée vers Français l'approse mit aussitôt dans confuse signal en à la au musulmane les montagnes de Napelouse , par les généraux Rampon les Arabes et Vial. Les guides fusillaient sur La Genin. terreur qui s'échappaient se voient des qui troupes séparées s'empare la conde leur camp et de leurs magasins; dans tous les est à son comble fusion les turcs tous la ; corps prennent rangs le Mont-Thabor derrière fuite et se jettent 215 MÉMOIRES témoin qui fut Ils gagnèrent Gizel-Mécanié de leur déroute la nuit complète. le pont de pendant : une partie se jeta dans le le passer au gué , et s'y Jourdain, croyant Au même la cavalerie moment, noya. de française enleva le camp du gouverneur Damas au pont de Jacob, tua ceux qui ne assez fuir déblopouvaient promptement, et qua Saffet , poursuivit avant dans la nuit. Le grand titude l'ennemi bien un camp des mameloucks surpris, nombre d'hommes tués, une mul- de prisonniers et la prise de 500 avec les et tentes les provichameaux, le résultat de cette journée, sions, furent où l'ennemi ses magasins, sur Damas. On d'Acre tous 6,000 hommes, perdit de se retirer et fut. contraint de Saint-Jeanles travaux reprit , où les Anglais et les Turcs avaient jeté des troupes de débarquement pendant l'absence de Bonaparte. Il est vrai que ces renforts des pertes cotisidééprouvèrent DE rables NAPOLÉON dans les sorties 247 ; mais aussi les ma- les rangs chaque jour ils trouvaient le siége trop de nos soldats; de demander : et ne cessaient l'assaut lorg, ladies diminuaient à les cal- cherchait Bonaparte cependant inutilemer, ne voulant pas les exposer ce ne ment. Enfin , il céda à leurs désirs; fut toutefois qu'après de la ville. remparts diers s'élancent avoir les foudroyé Aussitôt les grena- sur les brêches; leur se déploie vainement; rage impétueux dace de ces braves ennemis beaucoup verts de fortifications chés dans chaque montrent partout; coul'au- ne peut rien contre des , couplus nombreux intérieures maison. et retran- Nos soldats se d'entre eux plusieurs dans le centre de jusque même pénètrent la ville. Mais un Français les qui dirigeait à l'honneur efforts des assiégés, un traître au lieu et à l'humanité, leur de ses compatriotes, d'admirer la va- les laissa égorà la mer, ren- ger eu sa présence ou jeter fermés deux à deux dans des sacs de cuir. 19 218 MÉMOIRES Il fallut lever le siége, qui durait depuis soixante d'adétruisit jours. Bonaparte bord avec les munitions lui étaient qui inutiles, le reste le palais du pacha, des fortifications. La retraite mai, rivée (E) de l'armée et se termina les édifices commença le 13 juin par et le 22 son ar- au Caire. BATAILLE D'ABOUKIR.. Les agens de l'Angleterre cherchaient à et les musulmans, soulever l'Egypte; qu'ils avaient avec activité réunissaient achetés, des troupes dans les ports de File de Rhodes; des officiers organisaient européens leur flotte, sa avec un , après jonction qui convoi riger parti des Dardanelles, sur Alexandrie. devait se di- Bonaparte, que c'est à Abouprésageant kir les Turcs doivent mardébarquer, que che à leur rencontre, d'éfen promettant DE NAPOLÉON. 219 les désastres de notre facer par une victoire à Birket, escadre. Arrivé village à la hauteur d'un des angles du lac Madieh, d'où l'on se porte également sur Rosette, drie et Aboukir, ce dernier point Alexandevient Là il de sa ligne d'opérations. était mouillée que la flotte turque le centre apprit à Aboukir; 20,000 le fort. 18 à débarqué de l'artillerie, et occupé hommes, La garnison, forte de 500 hommes, qu'elle se défendit avait vaillamment, mais elle suc- égorgée par les Turcs. dans Déjà les Turcs s'étaient retranchés la presqu'île, et pouvaient chaque acquérir comba et fut jour de nouvelles forces ; il était donc imd'où l'on de prendre une position portant dans la mer, les culbuter pût les attaquer, les bombarder dans le fort et le leur re- soit qu'ils restassent à Aboukir, prendre, soit qu'ils se portassent sur Rosette, ou qu'ils fissent l'investissement d'Alexandrie. Tel fut le projet de Bonaparte, qui eut le plus grand succès. 220 MÉMOIRES Le 25 juillet, les deux armées vèrent en présence. L'ennemi se trouavait sa droite appuyée à la mer, sa gauche au lac Madieh de sable, , sur de hautes collines et s'était couvert d'une double ligne de redont tranchemens, demi-lieue d'Aboukir, la première, avait pour à une princiun mamelon paux points d'appui, à droite, à son centre, un hameau fortifié, barricadé et bien armé, canonnières. chaloupes rapprochée crénelé, et, à sa gauche, 30 La seconde , plus du fort de 500 toises, resserrée , était conséquent plus dable, au centre surtout, où l'on avait et par formiélevé une grande redoute. L'armée française s'avança. Lannes comla gauche ; mandait la droite ; Lannusse soutenait Murat l'avnat-garde ; Marmont la gauche ; Kléber soutenait la droite, mais manoeuvrait en même la réserve; Davoust de l'armée et la Alexandrie trémité ; enfin, de la barre temps couvrait pour former les derrières communication avec à l'exportait à Aboukir, de Rosette Menouse DE NAPOLEON. 221. ou passage du lac Madieh, la gauche des Turcs. pour inquiéter donne ses ordres pour attaBonaparte de l'ennemi. quer et tourner les extrémités Ces mouvemens ral turc qui fixent l'attention son affaiblit du géné- centre pendant de cette faute l'action. profite Bonaparte en force sur le centre. pour se porter Le combat mais après devient général; des efforts de valeur étonnans, de part et les d'autre, sont enlevés; de l'ennemi retranchemens ses deux et lignes tournées sur le champ de ba- pressées, périssent dans la mer; le ou se précipitent taille, reste prisongénéral en chef, Mustapha, la terre et nier, 5,000 des siens couvrent les bagages, les tentes, 10,000 se noient; et l'artillerie restent en notre pouvoir; notre perte ne s'élève tués et 500 blessés. (F) BATAILLE qu'à 100 hommes D'AUSTERLITZ. 1805. Napoléon, provoqué par l'Autriche, 19* MÉMOIRES 229 dont les avaient envahi la Batroupes à vière , se hâta de faire passer le Rhin son armée pour repousser une aussi injuste agression. Toute l'armée se trouva 6 octobre en position , le : Les manière 1805, de cette de à de Bernadette , Weissetnbourg corps à Donaà Oetingen, de Soult Davoust de Ney à Kcessingen ; de Lannes à le Daet de Murat bordant Neresheim, werth, nube. L'ennemi, Mach , s'était sous les ordres du avancé jusqu'aux où il paraissait de la forêt général débouchés Noire, et nous se maintenir trer. parts vouloir de empêcher pénéL'Iller avait été fortifié , et des remde élevés à la hâte autour étaient et d'Ulm. Memmingen Un mouvement que Napoléon à son armée déconcerta exécuter plans forêt des adversaires. avait ainsi que la ligne dans qui se jettent Noire, parallèles On avait fait tous les évité la des rivières la vallée du et Danube, DE NAPOLÉON. on se trouvait 223 à plusieurs derrière Mach. journées Tous les corpss se remirent en marche. le régiment Le 6, Vandamme culbuta de de dragons Colloredo; le 7, la division du général une partie Valther se porta sur le Lech: s'élance dans le fleuve , le passe à la nage , fond sur les cuirassiers ennemis et leur de enlève le pont sur la route Rain. Le 8, Soult de son corps partit d'armée avec deux divisions se porter sur pour divique sa troisième tandis Augsbourg, sion s'y rendait la rive gauche par Lech. Murat, à la tête des divisions du de de cuirassiers et de carabiniers, dragons, partit de Rain pour couper la route d'Ulm à Augsbourg. Arrivé à Wertingen, il aperçut appuyé un corps par considérable quatre siers; il l'enveloppa le suivait, s'avança réunis, et, après d'infanterie escadrons aussitôt. avec de cuiras- Lannes, qui les grenadiers un engagement de deux 224 MÉMOIRES heures, drapeaux , canons, bagages, ciers, soldats, tout le corps ennemi en notre pouvoir. Dans ce moment, en grande de grenadiers du Tyrol au secours hâte dite l'armée, Ce combat était pluvenaient bataillons sieurs offi- de de Bavière. fut suivi de , le lendemain, Les coalisés voulaient de Guntzbourg. au mouvement s'opposer celui que fit le marésur Langenan et sur Guntzbourg, culbutés En le vain partout. chal Ney et furent prince La belle nemis un Ferdinand position fut enlevée, général, prisonniers, Le maréchal accourut en personne. où se trouvaient les enet ils eurent à regretter tués ou faits 5,000 hommes et 6 pièces de canon. Soult se porta, avec son à Laudsberg, et par-là d'armée, une des grandes communicainterrompit Il y arriva le 11 à quations des ennemis. corps le réy rencontra après midi, du de cuirassiers prince Ferdir and, giment et un le dispersa et lui prit son artillerie tre heures grand nombre d'hommes et de chevaux. DE NAPOLÉON. 225. de suite sur Memmiagen Il se dirigea de cette place, de neuf bataillons, s'empara de l'artillerie et des magasins, Il continua alors sa marche pour arriver et être en mesure de couper l'archiduc Ferdinand. Le , à Biberach la retraite à même fit une sortiejour , l'ennemi du côté d'ulm et attaqua la division Dula position d'Albech pont, qui occupait le combat fut des plus opiniâtres. Cerné- , 6,000 Français pur des forces quadruples tirent 1,500 résistèrent sur tous les points, prisonniers. Le 15 , Napoléon se rendit en personne ordonna l'invesUlm et devant , aU camp ennemie. On comtissement de l'armée de la du et mença par s'emparer pont position d'Elbingen. Le 14, à la pointe du à la tête de la jour, Ney passa ce pont, division Loison. position avec buté partout, fait poursuivi, mens. L'ennemi lui disputa la mais cul- 16,000 hommes; il perdit et 5,000 hommes, jusque dans ses retranche- 226 MÉMOIRES gagna les hauteurs qui dominent : enlevèses tirailleurs d'Epfoël Lannes le village rent la tête du fut extrême pont dans toute ce moment, faisait Le désordre d'Ulm. la ville. Murat, dans la cavalerie manoeuvrer en déroute mettait française , qui partout celle des ennemis. Le même jour, plusieurs les divisions d'infanterie ponts occupèrent de Unterkirch et d'Oberkirh , à l'emboude l'Iller, dans, le Danube de l'ennemi les communications chure , et toutes sur l'Iller. Le 15, à la pointe du jour, Napoléon, un ne s'était seul moment qui pas permis de repos, la l'ouverture camdepuis de se porta lui-même un temps affreux. pagne, malgré maréchaux Lannes l'ennemi, bloquaient Danube, côtés. Déjà Les Ulm, des corps et Ney, soutenus par en bataille pour don- se placèrent Murat, ner l'assaut et forcer de devant les retranchemens tandis que d'autres corps la ville sur la rive gauche du les et la cernaient de tous les postes avancés du camp retran- DE NAPOLÉON. ché ennemi mais baïonnette; soin de répandre nacé d'un sont Ulm devant 227 enlevés n'eut pas bede sang ; me- Napoléon davantage Mach capitula assaut, à la avec 19 che33,000 hommes, 5,000 généraux, vaux , 40 drapeaux, 80 pièces de canon des caissons et des bagages en attelées, proportion. Le quartier-général transporté de fatigue, de notre armée fut à Elkingen exposé excédé ; Napoléon, depuis huit jours à une de repos. avait besoin pluie continuelle, On le conjura d'accorder à avec instance la nature ce qu'elle exigeait impérieusement : ce fut en vain. On le vit à toute et de la nuit jour répondre au aux officiers arrivaient quartierqui ordres. donner de nouveaux et général heure du Aussi terrible la victoire que il fit appeler les faits prisonniers à généreux après dans le combat, autrichiens généraux de lui tout Ulm, il les retint près que l'armée des paroles défila de , et leur consolation le temps adressa ensuite : il ménagea 223 MEMOIRES autant propre, veillans lui fut qu'il et diminua la tristesse possible leur amourbiendes égards par de leur situation. ordonna Napoléon sans relâche poursuivre nand, et de lui donner livrer ensuite Ferdi- l'archiduc sans lui des combats le temps de respirer. de cette poursuite si acharnée de 1500 chariots, 50 pièces de à Murat Le résuit, fut la prise de canon, la capitulation 16,000 hommes, y compris du régiment de Wernech; et d'un grand nombre de drapeaux; 18 généraux déposèrent les armes , et trois furent tués. Deux Munich, jours après, Napoléon à neuf heures du soir. quartier-général nau , et l'électeur sa capitale. Ces succès Français à arriva De là le à Brau- fut transporté de Bavière rentra dans conduisirent les multipliés aux portos de Vienne. Le 13 no- et Lannes Murat y entrèrent, du pont du Danube , le pass'emparèrent sèrent , et poursuivirent le premier corps de l'armée lendemain Le rasse. Napovembre, DE NAPOLÉOS. dans la capitale trouvèrent Les Français Iéon entra 229 de l'Autriche. dans Vienne, plus 2,000 pièces de qu'ils traversèrent, des munitions de canon, fusils, 100,000 l'étoute espèce, et enfin de quoi former quipage de campagne de quatre armées. ; l'as'avança dans la Moravie du maréchal Davoust vant-garde dispersa devant tout ce qui se trouva elle depuis Bran jusque Walkesdorf, fit 600 prisonL'armée niers et enleva 200 pièces de canon avec tous les caissons attelés. Lannes s'empara à Stokerau d'un magasin considérable d'efétait déjà en fets militaires ; Bernadotte Mortier avant de Krems; à bivouaquait et Maissau, tandis qu'un autre Weikesdorf sur Gratz. marchait corps à la de Bientôt tête charge, Murat plude cavalerie, sieurs brigades l'arrièrerusse garde 100 voitures à Hollabrunn , et lui prend Lannes arrive : d'équipages. tous deux vont fondre sur l'ennemi, lorsde l'empereur Alexanqu'un aide-de-camp dre (Wintzingerode) demande à capituler: 20 MÉMOIRES 230 vou« Les généraux autrichiens, dit-il, » lant se séparer de l'armée russe. » Murat, sans autorisation, et sans s'apercevoir qu'on le joue, accède à la proposition. Un arest conclu; mais Napoléon, mistice qui tout de suite la ruse dont se sert reconnaît le général en chef de recevoir temps cette point et pousse pour avoir le des renforts , ne ratifie Kutusof convention; l'arrière-garde il quitte Vienne, de Soult à Hol- labruun. Les Russes, attaqués impétueusement au défilé de Lannes Schau-Grabeen, par en même temps sur leur gausont tournés che par le général Legrand. Après un comils sont forcés et obligés bat opiniâtre, le village de Juntersdorff entre de bataille le champ , laissant 1800 prisonniers, mains du vainqueur d'abandonner pièces de canon gages. Pendant et 100 voitures de et les 12 ba- le général Baragueyla reddition d'Hilliers, d'Ulm, qui, depuis chassait les avait marché sur la Bohême, ce temps, 251 DE NAPOLÉON Autrichiens de Waldmuncher la position et s'emparait retranchée de desnombreux de Pilsen non loin de Prague , magasins tandis que Ney pénétrait dans le Tyrol et Scharnitz marchait par Diessen jusqu'à 16 escalade; par furent pièces de canon , 1800 prisonniers villes les fruits de ce triomphe, Plusieurs dont il se rendit forent maître évacuées également Ney. Il fit encore un grand sonniers et arriva bientôt de à l'approche de prinombre à Klagenfurt, il sa Lienz et où Willach, joncpar opéra tion avec l'armée d'Italie, commandée par Masséna. Le maréchal Augereau, de dans son côté, le Voral- poussait vigoureusement Jellachich, berg. Le général autrichien le la marche de fermait Tyrol, qui Ney à de la dans position par Augereau les armes Felkirch , , capitula , déposa laissa 8 drapeaux, son artillerie , et se retira en Bohême. cerné Enfin Pohrlitz les Russes, ayant par notre cavalerie, été battus et ayant perdu à MÉMOIRES 232 des bagages et des canons, 2000 hommes, de se raple général Kutusof fut contraint du comBuxhoëwden, général procher mandant les deuxième et troisième corps d'armée. La réunion de ces deux généentre autrichiennes, des forces raux avec les troupes batail104 et Dleditz , Wichau composait n'avait taillons et 150 escadrons ; Napoléon près homde 40,000 qu'un peu plus mais l'ennemi lui donna le temps de de lui mes; choisir ton champ les corps arriver de bataille des maréchaux et Davoust, dotte de dragons et de faire Walter, et quatre Berna- la division tandis que celle des cuirassiers escadrons de la garde un combat acharné, culbutaient, après 6000 cavaliers russes chargés de défendre d'Hautpoult le point de jonction d'Olmutz des routes et de Brünn : la première de ces villes est sur la Morava, la seconde est sur la Swarta. Toutes les forces ennemies s'étaient concentrées cerner près l'armée d'Olmutz français», ; elles croyaient l'envelopper, lui DE NAPOLÉON. couper 253 toute fondre sur elle, l'oretraite, de se rendre la ou tailprisonnière bliger ler en pièces. Le 29 novembre, de Russie l'empereur et sou armée , devancés par une nuée de à Wichau. Dès que Cosaques, arrivèrent sut l'arrivée d'Alexandre dans Napoléon il y envoya son aide-de-camp celte ville, Savary pour le complimenter. Savary faisait la revint au moment reconnaissance où Napoléon des feux et bi- il se loua vouacs ennemis; l'accueil que lui avaient fait son frère beaucoup Alexandre de et , mais il lui fut facile de comprendre, la suite des conversapar de jeutions qu'il eut avec une trentaine Constantin différens nes courtisans qui, environnaient de Russie, que l'empereur la téméet l'imprudence dans les décisions du con- la présomption, rité régnaient sous seil de guerre. Le plan de Napoléon fut et d'épier tendre l'ennemi, ferait des fautes, titres, dès-lors d'at- l'instant où il donna Il profiler. pour en 20 MÉMOIRES 234 l'ordre sur-le-champ mée , partit de nuit, de retraite comme à son ars'il avait une défaite, éprouvé prit une bonne position à trois lieues en arrière , entre Turase et fit travailler avec et Brünn, beaucoup à la fortifier d'ostentation et à y établir des batteries. Une fut proposée de la part de à l'empereur de Russie , qui lui Napoléon le prince Dolenvoya son aide-de-camp, Cet officier gorouki. que put remarquer entrevue le camp français, respirait, Le placement réserve et la crainte. grandes élevait montrer avant-postes d'Alexandre. mens, l'envoyé politiques, prit des gardes , les fortifications que l'on lui en toute hâte, tout semblait une armée à demi-battue. L'empereur pas; la dans tout à ses des Français se rendit entendre l'aide-de-camp pour les compliAprès premiers russe entama des questions ne comprenait que lui-même un ton de suffisance, à Napoléon de céder proposer et de renoncer à la couronne et. finit par la Belgique de for en fa- DE NAPOLÉON. 235 On concevra sans peine veur des Anglais. combien l'empereur dut souffrir à ce lanIl se contint et Dolgocependant, gage. rouki se retira, persuadé que l'armée française était à la veille de sa perte. Les jeunes courtisans, dans le camp ennemi, se livrèrent sans mesure à leur pré- il n'était naturelle; plus quessomption il fallait tion de battre les Français; les les prendre. anMais quelques tourner, ciens généraux autrichiens, qui avaient en fait plusieurs tête ayant campagnes, de le conseil Napoléon, prévinrent guerre qu'on ne devait marcher contre tant de vieux pas avec cette une armée qui soldats contenait et d'officiers mier mérite; vu Napoléon, du preavaient ils ajoutèrent qu'ils de réduit à une poignée les plus dans les circonstances ressaisir la victoire par des opé- monde, difficiles, rations rapides les armées pendant confiance et imprévues, les plus nombreuses; obtenu ici bon n'avait et détruire que ceaucun suc- MÉMOIRES 230 les toutes affaires contraire, qu'au russe de l'armée avaient d'arrière-garde été à l'avantage des Français. A des remon- ces; si sages et si prudentes , cette jeude la bravoure nesse orgueilleuse opposait trances leur Russes l'enthousiasme , 80,000 que le la de leur empereur, inspirait présence et d'élite de la garde impériale, corps enfin leur valeur et leurs talens militaires, qu'ils élevaient fort au-dessus de ceux de des Français. l'empereur haut de Le 1er décembre, du Napoléon, inexson bivouac, une avec aperçut, joie de l'armée russe, , l'approche primable à deux portées de canon qui commençait, de de ses un mouvement , avaut-postes flanc pour tourner Il vit alorsà sa droite. la présomption et l'ignorance quel point de l'art de la guerre avaient égaré le conseil d'Alexandre, avant fois: ll dit plusieurs demain au cette soir, le sentiment Cependant bien différent; armée est à moi. de l'ennemi il se présentait devant était nos DE NAPOLÉON. à portée grandes gardes filait par une marche 237; du pistolet; il déde flanc, sur une l'arligne de quatre lieues, en prolongeant mée française, ne pas oser qui paraissait Il n'avait sortir de sa position. qu'une c'était lui freinte, que nous pussions échapper. emploies Tous les moyens furent pour le confirmer dans cette confiance imprudente. Murat cavalerie il parut un petit corps de mais tout à coup, fit avancer dans la plaine; des forces étonné immenses de à la bâte. Ainsi, tout et revint l'ennemi, tendait à faire persister le général Kutusof dans l'opération arrêtée. mal calculée voulut qu'il avait à pied Napoléon et incognito tous les bivouacs ; mais à fait quelques peine eut-il pas, qu'il fut de peindre reconnu. Il serait impossible Le soir, l'enthousiasme héros qu'ils paille parurent des soldats chérissaient. visiter en voyant Des fanaux en un instant, le en élevés sur MÉMOIRES 238 de perches, devant se présentèrent des milliers et 80,000 hommes leur chef, en le des acclamations les uns , par pour de son couronnement, fêter l'anniversaire les autres s'écriant que l'armée donneraitle saluant à l'empereur. son bouquet Un des plus vieux grenadiers de s'approcha lui, et lui dit : « Sire, tu n'auras pas besoin » de t'exposer , comme tu le fais trop soulendemain » vent; je te promets , au nom de tous les » grenadiers de l'armée, que tu n'auras à » combattre et que nous que des yeux, » t'amènerons » tillerie demain de l'armée » l'anniversaire lui avaient cabane faite et l'arcélébrer russe, pour de ton couronnement. , tout Napoléon dans son bivouac mauvaise les drapeaux » ému , dit, en rentrant en une , qui consistait de paille sans toit, que : " Voilà la les grenadiers ma rebelle de vie mais soirée ; je " plus » grette bon de penser que je perdrai au nombre de ces sens braves Je " gens. mal que cela me fait, " qu'ils sont vérita" blement mes enfans, et en vérité je me DE NAPOLÉON. » reproche » je crains 239 ce sentiment, car quelquefois qu'il ne finisse par me rendre » à faire la guerre. " inhabile Il ordonna toutes sur-le-champ de bataille. Il fit avancer positions réchal Davoust, l'aile qu'au moment le ma- en toute vent de Raggern ses divisions et contenir ses dis- : il hâte , sur le couune de avec devait, une autre de gauche de dragons, afin l'ennemi, elle se trouvât tout prévu, Le commandement de la enveloppée. gauche fut donné Soult, du centre la cavalerie, qu'il à Lannes, de la droite à à Bernadotte, et de toute réunit sur un seul point, à Murat. Napoléon, état-major la garde et le général se trouvaient dix bataillons réunis. Cette réserve était Berthier en réserve et son avec de grenadiers rangée sur deux à dislignes en colonne bataillons, par tance de déployement, ayant dans les intervalles quarante de canon servies pièces parles canonniers de la garde. 240 MÉMOIRES C'est avec ces dernières troupes que Nale de se avait poléon précipiter projet partout où il serait nécessaire. A une heure du matin , il monta à che- val pour parcourir ses portes, reconnaître les feux et les bivouacs de l'ennemi , et se faire rendre compte par les grandes gardes de ce qu'elles des avaient entendre pu mouvemens des Russes. Il apprit qu'ils avaient passé la nuit dans l'ivresse , pouset qu'un corps sant des cris tumultueux, au vid'infanterie russe s'était présenté un lage de Sokolnitz, régiment occupe par de la division de nouvelles Legrand forces. , auquel on ajouta Le 2 décembre et ce jour, de l'empereur , le soleil se leva radieux, anniversaire du couronnement être allait des Français, qui lut témoin d'un fait d'armes mémorable, un des plus beaux de l'automne. les lidevant en dit Napoléon, passant gnes de son armée » cette campagne : « Soldats, par un il faut finir tonde coup DE NAPOLÉON. « nerre, » nemis. 241 de nos enl'orgueil les chapeaux et les qui confonde » Et aussitôt et des sacasques au bout des baïonnettes bres, et des cris de Vive l'empereur ! furent le véritable signal du combat. Un la canonnade après, à l'extrémité de la droite, instant se fit en- l'aque avait déjà débor- tendre des ennemis vant-garde du maréchal Davoust dée; mais la rencontre les arrêta tout court, et l'action s'engagea. Soult s'ébranle au même moment, se sur les hauteurs dirige divisions de Pratzen avec les et Saint-Hilaire, et des la entièrement alliés, gauche coupe incerdont tous les mouvemensdevinrent Vandamme tains. Surprise une par marche de flanc , atta; se croyant reelle se attaquée, pendant fuyait qu'elle quante et se voyant garde comme à demi-vaincue. Murat s'avance avec sa cavalerie; la Lancommandée de l'armée , par gauche en échelons nes, marche par régiment, une canonnade comme à l'exercice, épou21 MÉMOIRES 242 vantable tonne 300 bouches la ligne, plus de à feu et 200,000 combattans sur toute un bruit affreux. On se battait à peine la toute une de heure, gauche que depuis sa droite se ennemie était coupée; l'armée font déjà à Austerlitz (petite Moravie entre Vienne et Brünn) le quartier-général des empereurs trouvait ville de où était d'Autri- che et de Russie, qui durent faire marcher la tâcher russe garde pour sur-le-champ du centre de rétablir la communication avec la gauche. Napoléon s'aperçut : il ordonna au maréchal mouvement de ce Bes- de se porter au secours de sa droite, en et bientôt les deux gardes impériales aux mains. vinrent sières Le succès ne pouvait tôt la garde russe est être douteux en déroute ; bien; colo- tout étendards, du grand-duc nels, officiers, artillerie, fut enlevé. Le régiment le prince Constantin en pièces, fut taillé lui-même ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval. Des hauteurs d'Austerlitz, les deux empe- DE NAPOLÉON. 245 reurs virent la défaite de toute la garde russe. Au même moment, le centre de l'armée commandé s'afrançaise, par Bernadotte, de très-belles de vança et soutint charges cavalerie. Lannes, La gauche, sous les ordres de donna encore avec plus de vi- gueur ; alors tous nos mouvemens se liant la victoire fut décidée. parfaitement, La canonnade ne se soutenait plus notre droite ; les corps ennemis qu'à aux ordres de Buxhoëwden, contraints qui avaient été cernés et d'abandonner toutes les hau- teurs , se trouvaient dans un bas-fond, avec acculés à un lac; Napoléon s'y porta une forte batterie. Ces corps furent écraseset chassés de position en position : on vit alors un spectacle horrible; 20,000 hommes et un parc de 50 pièces de canon attelées voulaient, queur, traverser au vain- pour échapper les lacs sur la glace qui, poids énorme, s'entr'ouvre surchargée d'un de tous ces infortuet creuse le tombeau nés. Les Russes 45,000 hommes, perdirent 20 généraux ; de plusieurs aides-de-camp MEMOIRES 244 l'empereur d'officiers Alexandre et un grand nombre de distinction restèrent sur le de bataille. On prit 150 pièces de champ canon , 45 drapeaux, parmi lesquels figude la garde et les déraient les étendards de plusieurs un nombre conautres; sidérable de prisonniers tombèrent en notre bris pouvoir. La fuite des Russes vers la Pologne , fut si précipitée, qu'ils laissèrent derrière eux de canons, de caiscouvertes les routes sons , de chariots des bourgs plupart et de bagages. Dans la et villages où entrèrent les Français détachés à la poursuite débris de l'armée on trouva ennemie, des des des églises remplies de blessés granges, sans aucuns secours. Le généabandonnés de faire placer ral Kutusof s'était contenté sur les portes, des écriteaux en portant : Je recommande ces mal- langue française à la générosité de l'empereur Naheureux de ses braves troupes. poléon et à l'humanité DE NAPOLÉON. BATAILLE (F) 245 D'IENA. 1806. L'empereur ratifier le traité de Russie de paix refusé ayant conclu de le 20 juilet ceux let 1806, par ses plénipotentiaires de Napoléon, la Prusse, sûre désormais de son appui, à se conn'bésita déclarer plus tre la France , et bientôt ses armées se mirent en mouvement. De son côté , Napoléon partit de Paris le 25 septembre , et se rendit à Bamberg, centrer ses forces. où il s'occupa de con- et française fut ainsi disposée, dut se mettre en marche par trois points différens. L'armée La droite , composée rochaux Soult et Ney, de Bavarois, se. réunit se porter sur Hoff; la réserve de Murat, dotte, Davoust des corps et d'une des madivision à Bareuth, pour le centre , composé de des corps et de la garde de Bernaimpériale, 21* 346 MÉMOIRES sur Cornach, par Bamberg le 8 à Saalbourg et de là se devait arriver la gauche , sur Géra; par Scbleitz porter des corps de Lannes et Augecomposée débouchant devait reau, sur Cobourg, marcher Graffenthal L'armée duc de Schweinfurth et Saalfeld. sous les ordres prussienne, de Brunswick, renforcée du par les troupassa l'Elbe près et saxonnes, hessoises pes de Minden; une partie occupa Eisnach, l'autre se dirigea en avant de Hall et de Leipsick. Cette armée, hommes, s'avançait par son roi. fière forte de 130,000 d'être commandée En apprenant de Prusse, que la reine l'uniforme Labillée en amazone et portant au de dragons, était de son régiment lettres vingt par qu'elle camp, toutes exciter l'incendie de parts, jour pour on Berthier : « dit à Maréchal, Napoléon « nous donne un rendez-vous d'honneur écrivait " pour » que; " belle le 8 ; jamais un Français n'y a manmais comme on dit qu'il y a une roine qui veut être témoin des com- DE NAPOLEON. 247 et marchons, sans " bats, soyons courtois, " nous coucher, sur la Saxe. » L'armée ses moufrançaise commença se la sur et porta gauche vemens était concentré nemi, celui-ci de l'enentre la Saale qui se jette dans l'Elbe , et la Verra qui se perd dans la Fulde ; sa droite s'apet sa gauche s'étendait puyait à Eisnach, Weimar depuis couronuent le Iéna. Le L'ennemi Saalbourg centre avait jusque pays était fortifié et Hoff; sur les hauteurs entre qui ville et cette à Gotha et Erfurt. Schleitz, Saalfeld, de nombreux avanttoute sa ligne ; les bois postes protégeaient de la Thuringe et les montagnes qui bordent d'un côté les frontières de la Saxe, couvraient tout son front, et rendaient sa position formidable. elle Cependant ne laissait qu'elle était mauvaise, parce pas assezd'étendue à la gauche de l'armée prusfut en partie sienne; cette circonstance cause de sa défaite. eut quitté Bamberg , Lorsque Napoléon les hostilités commencèrent ; Soult s'em- MEMOIRES 248 ainsi le 9 octobre, que de Hoff para tous les magasins; il fit aussi des prisonniers ; Murat traversa la Saale à Saalbourg, de un régiment prussien à son voulait passage. Napoqui s'opposer léon fait enlever par le corps de Bernachassant lui devant dotte le village de Schleitz, que 6,000 Prussiens et 5,000 Saxons essaient en vain de veut les pourdéfendre ; le général Watier mais il prend mal ses mesures; il suivre, est attaqué et repoussé sur l'infanterie, qui le sauve, arrête l'ennemi, et donne le temps au général Lasalle de le charger avec avande tage, lui 300 hommes et 400 prendre Auma est occupé par Bernadotte, chevaux; Murat s'avance sur Géra ; Lasalle culbute des bagages ennemis et enlève Lannes est à Co500 caissons ou voitures. l'escorte la division à Saal- Suchet bourg; attaque feld le corps aux ordres du prince Louis de l'a Prusse, parent du roi ; notre infanterie bientôt dans leur culbuté les bois; côté, dans un marais les chargent hussards si ou dispersé de français, impétueusement, DE 249 NAPOLEON. ennemie fuit en désordre. que la cavalerie En vain le prince veut rallier ses troupes; il exatteint lui-même d'un coup mortel, pire au champ d'honneur. et 50 niers, 600 morts couronnèrent Ces deux cette pièces Prisonde canon journée. portent la consterna- Napoléon la précipite le favorisé par combats tion chez l'ennemi. 1,000 marche de ses troupes, et, de temps, il s'empare des magasins l'armée prussienne , la tourne entièrement, et, par cette savante tous déconcerte manoeuvre, les plans de Brunswick et de ses généraux. Le 13 octobre, à deux heures après midi, Napoléon arriva à léna. Du haut d'un plateau il aperson avant-garde, qu'occupait de l'ennemi, çut les dispositions qui paraissait manoeuvrer le lenpour attaquer les divers débouchés demain, et franchir de la Saale. Les Prussiens défendaient, Avec des forces et par une poimposantes sition d'Iéna à la chaussée inexpugnable, Weimar, Français et semblaient ne pourraient penser descendre que les' clans la MÉMOHIES 250 plaine sans avoir ouvert ce passage. Il ne en effet, de faire pas possible, paraissait l'artillerie d'ailmonter sur le plateau, qui On fit travailler leurs était peu spacieux. toute la nuit l'on enfin parvint sur la hauteur. La et dans le roc, l'artillerie à conduire à un chemin point cavalerie, qui n'était encore réunie à l'armée , ne pouvait arriver qu'à midi, de la garde et la cavalerie était à 36 heures de distance. Ces considégrosse rations n'arrêtèrent ranger en bataillons, pas Napoléon. sur le plateau et vis-à-vis Il fit qu'oc- duquel cupait l'avant-garde, l'ennemi était en position, tout le corps du maréchal et la garde à pied, Lannes, biet sous les ordres du maréchal Lefèvre , d'eux. vouaqua au milieu La nuit du 13 au offrit 14 octobre le dont armées, grandes six sur front son déployait de deux spectacle la première lieues concentrait petit la tandis , que ses masses apparentes d'étendue point. Des deux côtés tout seconde , sur un était plein DE NAPOLÉON. et de mouvement. d'activité l'une 251 et de l'autre Les feux armée étaient de à une de canon; les sentinelles se demi-portée touchaient presque , et il ne se faisait pas une une ronde, pas patrouille, qu'elles ne fussent entendues Toute notre des deux armée prit ; un brouillard grand matin cissait le jour. Napoléon lignes pour recommander se tenir en garde contre prussienne, qu'on peignait doutable. Il les fit souvenir côtés. les armes de épais obscurpassa devant ses aux cette soldats de cavalerie comme si re- qu'il y avait un an, à la même époque , ils avaient pris Ulm ; que l'armée prussienne, à son tour, était cernée , et avait perdu sa ligne d'oet ses magasins pération battait plus en ce moment mais pour faire une ne se ; qu'elle la pour gloire , sa retraite à ; qu'elle cherchait trouée sur différens Il points. la laisseajouta que les corps d'armée qui raient passer , seraient d'honneur perdus et de A ce discours animé, le réputation. MÉMOIRES 252 soldat répondit par des cris de vive l'empe- reur. Les tirailleurs devint fusillade l'action ; la engagèrent vive ; quelque confiance eût en sa position , il en fut fran; et l'armée promptement l'ennemi que débusqué s'avançant à prendre çaise, la plaine, comson ordre de bataille. dans mença le gros de l'armée De son côté, prussienne, qui n'avait eu le projet d'attaquer le brouillard serait dissipe, que lorsque les armes. prit mille Un corps avait sen , mais Napoléon sein par un mouvement réchal. cinquante marcha pour de la gauche les défilés des débouchés hommes couvrir de Davoust. Les de Koc- prévenu ordonné deux autres ce desau macorps mille de quatre-vingt, prussiens, composés en avant de l'année hommes, se portèrent du plateau d'Iéna. française qui débouchait et l'autre Le brouillard couvrit l'une armée enfin deux heures ; il s'évanouit pendant beau soleil aux rayons d'un d'au- DE NAPOLÉON. 285 tomne ; les Français et les Prussiens étaient en présence à la portée du canon; L'ennemi déployait une belle cavalerie; ses mouvemens étaient exécutés avec assez de si les soldats précision et de rapidité; mais étaient braves, il leur manquait un habile général. eût désiré laisser passer quelavant d'en venir sérieusement quesheures auxmains, afin d'attendre, dans la position qu'il venait de prendre après l'attaque du matin, les troupes qui devaient le joindre, Napoléon et surtout sa cavalerie, mais l'ardeur frans'éçaisel'emporta ; plusieurs bataillons tant engagés au village de Hollsted , on vit l'ennemi s'ébranler pour les déposter. Le maréchal Lannes reçut ordre de marcher en échelons pour soutenir le village. Le maréchal Soult-avait attaqué un bois sur droite ; l'énnemi ayant fait un mouvela ment de sa droite sur notre gauche, le maréchal Augereau fut chargé de le repousser. En moins d'une heure, l'actione 254 MÉMOIRES : avec 200,000 générale hommes, 700 pièces de canon , semaient partout la devint mort. Le maréchal Soult qu'il attaquait depuis en avant. mouvement ayant deux enlevé le bois heures , fit un instant Dans cet on prévint de que la division l'empereur de sa réserve commençait cavalerie à se divisions du que deux nouvelles placer, corps de Ney étaient sur déjà en arrière toutes Il fit avancer le champ de bataille. les troupes qui étaient en réserve sur la se trouvant ainsi appuyée, ligne; première en un clin-d'oeil elle culbuta l'ennemi et le força à la retraite. Elle se fit en ordre pendant affreuse une une heure; mais elle devint déroute où nos divi, du moment de dragons et de cuirassiers purent l'affaire ils se à ; précipitèrent prendre part des ennemis. ils où partout aperçurent sions I Cavalerie tirent soutenir enfanterie ne prussiennes en vain cette choc; et l'infanterie leur se forma en bataillons carrés, DE 5 de ces bataillons lerie , infanterie comba. 255 NAPOLÉON. furent enfoncés: , cavalerie artil- , tout suc- à Weimar en Les Français arrivèrent même temps que les Prussiens, qui furent ainsi poursuivis pendant l'espace de six lieues. A notre Davoust faisait des droite, mais il non-seulement ; contint, prodiges il mena battant pendant plus de trois lieues le gros des troupes ennemies qui devait déboucher du côté de Koësen lui , tua 12,000 hommes, lui enleva 3000 prisonniers , plusieurs drapeaux et 100 pièces de canon. La perte de l'ennemi eût été plus grande sur ce point, si le maréchal Bernadotte se fût conformé avait qu'il sur en arrivant Apolreçues, par Ornburg da,pour seconder Davoust ; la perte totale desPrussiens en dépendait peut-être. Ceaux instructions les Bernadotte sur pendant l'apparition de à la du de du droite soir trois heures champ à une d'Iéna retraite , contraignit bataille . MEMOIRES 366 subite le vieux feld-maréchal Mollendorf encore à la droite qui cherchait à résister et au centre de notre armée. Dès-lors, la victoire fut complète; les Français n'eurent plus qu'à poursuivre les vaincus. Soixante drapeaux, 300 pièces de canon, dont trente généraux, 40,000 prisonniers, 25,000 morts ou blessés, des magasins de subsistances et des équipages immenses, furent les fruits de cette fameuse journée. Murat, de son côté, marcha avec sa cavalerie sur Erfurt, et fit capituler les troupes qui s'y étaient réfugiées. Cent vingt pièces dé canon tombèrent en son pouvoir. Napoléon entra dans Weimar , et logea dans le palais que peu de temps auparavant la reine de Prusse avait occupé. Elle fuyait alors devant ceux dont elle espérait contempler la défaite. Soult pensa la prendre avec le roi au combat de Greusen, où il battit, la colonne de Kalkreuth. A la suite de ce combat, le général Kalkreuth se retira précipitamment sur Mag- DE NAPOLÉON. de près, et lui 50 pièces d'artille- le suivit Soult debourg; enleva 1200 hommes, rie , et plus de deux debourg ralliement avait 357 cents été donné à l'armée caissons. comme prussienne la renforcer. devaient troupes qui de réserve, aux ordres y accouraient Les divisions et aux Un corps du prince Eugène se dirigeait à marches de Wurtemberg, forcées sur Magde point colonnes ; d'autres de la Prusse. de l'intérieur cette ville de Soult les murs se présentent sous raune telle avec , de cette place ennemis différens n'ont pidité , que corps asile. trouver un le même temps d'y pas la division par vigoureusement de retrandans une Legrand , espèce camp armes la les ville fut ils bas mirent , ché, aussitôt investie ; mais la faiblesse de l'imAttaqués cordon donna former fallut qu'il mense , la faculté au roi d'en sortir, se retirer pour derrière l'Oder. ce temps, BerPendant nadotte attaquait dans Hall une. réserve de 23,000 hommes. Après un combat 22* assez MEMOIRES 258 28 5000 , pièces prisonniers, opiniâtre et deux drapeaux d'artillerie , ainsi que la du géau pouvoir ville d'Hall, tombèrent néral français. se porta sur Dessau, de le prince mais il ne put y atteindre la des marche retarda , qui Wurtemberg le pont. en brûlant Trois Français jours Le maréchal Lannes ce maréchal après, cependant, en même Postdam, temps Les dans Berlin. pénétrait suivirent des entra dans que Davoust autres corps et par différentes, concentrés , ils ramas- routes leurs mouvemens sèrent plusieurs débris de l'armée prus- sienne. accourut à Postdam, pour conNapoléon le modeste cercueil templer qui renferme les dépouilles du grand Frédéric. Là, saisissant avec enthousiasme la cein, l'épée ture elle cordon de l'aigle noir que portait ce monarque : " J'aime mieux cela que " vingt ferai millions , s'écria-t-il, j'en » présent au gouverneur des invalides, qui " mémoles gardera comme un témoignage DE NAPOLÉON. » rable 259 des victoires » de la vengeance de la grande-armée , qu'elle atirée des désastres de Napoléon en avant , Berna- l'entrée " de Rosbach. » Après à Berlin, l'armée se porta se dotte quitta le Brandebourg pour porter sur Orangebourg où Murat avait déjà marché contre Blücher Ce et Hohenlohe. les deux mouvement coutraignit généraux ennemis à se jeter dans le Mecklembourg. Le général Lasalle atteignit les Prussiens à. Zednik, les culbuta, leur prit 300 hommes et l'étendart du régiment de la reine, brodé par la main de cette princesse. Pendant ce temps, Mural s'avançait Le général plin et Prentzlow. sur TamMilhaud allait être tourdétaché vers Boitzemburg, né à Vignunsdorf le des grenapar corps sur fondit diers du roi, lorsque Grouchy cents prileur fit cinq eux, les renversa, sonniers , et leur enleva quatre étendards. Bientôt Hohenlohe, qui a voulu résister est de obligé 16,000 àPrentzlow, capituler. de tous l'exd'infanterie, hommes presque garde royale d'élite, 6 régimens de cava- , 260 MÉMOIRES 45 drapeaux et 60 canons attelés lerie, sont les trophées de ce combat. Le lendemain , 6,000 hommes du même corps se rendent à quelques régimens de dragons et de chasseurs, tandis que Lasalle se présente devant Stettin, avec sa division de cavalerie légère, et somme le gouverneur d'ouvrir ses portes ; celui-ci obéit lâchement et se rend prisonnier avec 6,000 hommes et 60 pièces de canon qui défendaient la forteresse. Blücher avait échappé, par un mensonge au général indigne d'un brave militaire, d'un Klein, à Weissensée , sous prétexte faux armistice, et il fuyait avec 6,000 hommes à Rostoch; pour s'embarquer renforcé par la colonne du prince de Weimar du côté de Wahren, Blücher cherchait à gagner la Baltique ; mais se trouvant coupé de Stralsund, et poursuivi sur tous les points par notre cavalerie et le corps de Bernadotte, il se jette sur Schwerin, après avoir perdu 4,000 hommes. Atteint à Schwerin, il résiste assez de temps DE NAPOLÉON. 261 sa couvrir retraite sur Lubeck. Un pour sérieux sa entre cavalerie et engagement donne le temps la nôtre, près Weimar, dans cette aux Suédois qui se trouvent de se dans des embarcations jeter place, de Bientôt l'infanterie et de s'éloigner. Blücher est attaquée dans Lubeck, et tente de résister ; mais les redoutes qui en défendent les portes sont enlevées à la baïonnette , et les Français pénètrent dans cette ville , dont les rues deviennent le théâtre d'un combat acharné. En vain les Prussiens veulent fuir par plusieurs issues ; l'avant-garde de Soult se présente devant eux ; épouvantés, ils se jettent dans les bastions et se rendent ensuite à discrétion. asile sur avait cherché un Blücher, qui du Danemarck, avec sa cavalerie , est atteint par la division Drouet, et capitule à Schewartau. chePlus de 20,000 prisonniers, 4,000 les frontières vaux , un grand nombre de morts et de derniers de et les canon blessés, 100 pièces la sur trouvaient se drapeaux prussiens qui MEMOIRES 269 la couronnèrent gauche de l'Oder, et de Schewartau. prise de Lubeck Custrin avait capitulé pendant la marche rive de notre armée mes renfermés rais rendent sur Lubeck; dans des murs inattaquables, sur les remparts d'artillerie dus à la première çais, dès-lors, de l'Oder ; dans le même raux, et forçait 800 officiers drapeaux, sidérable l'illustre Une ayant 90 pièces , s'étaient renLes Fran- sommation. étaient bardait 4,000 hommades que du cours maîtres temps , Ney bom: 20 généMagdebourg 59 et 20,000 soldats, 800 canons tombèrent et un matériel entre les conde mains maréchal. autre division formait l'investisse- avec des places de la Silésie. Mortier, le corps d'armée gallo-batave, soumettait les troupes de cet élecHesse et licenciait ment torat. Le les autorités ou Hanovre, avaient été rétablies an- les troupes par étaient parprussiennes, et la Westphalie, courus en tous sens pour faire mettre bas glaises les armes aux débris de l'armée prussienne, DE NAPOLÉON. 263 un cherché avaient dans ces refuge qui contrées. 1,000 Hommes, aux ordres du étaient renfermés dans général Lecocq, Hameln; sa cavalerie, qui tenait hors de cette place, est culbutée lage de Grosse-Barckel, épouvante dans Hameln ennemis ouvrent leurs les de- au vil-"" et porte une telle que les généraux au général portes Savary, aide-de-camp de l'empereur, qui, battu les détachemens suédois après avoir à Rostoch, avait été envoyé pour sommer Hameln : Riemburg et Bremen suivirent bientôt cet exemple, et 3,000 hommes mentèrent le nombre des prisonniers nous avions déjà faits. Tous les ports des villes des rivières l'embouchure tombaient continuaient entraves que et Anséatiques de l'Allemagne au pouvoir des à mettre ainsi successivement Français, qui de nouvelles aug- au commerce de l'Angleterre. Enfin, le roi de Prusse, réduit aux abois, du comme vainqueur, implora la générosité l'avaient fait un an auparavaut les empereurs MÉMOIRES 264 de Russie accorda dessein et d'Autriche une suspension de faciliter les lui ; et Napoléon dans le d'armes, négociations de la mais désiraient; paix, que l'un et l'autre les intrigues du gouvernement anglais, et la dépendance dans laquelle. FrédéricGuillaume s'était placé Russie, empêchèrent des voeux de l'empereur la fin de la guerre. BATAILLE (H) par rapport à la l'accomplissement des Français pour D'EYLAU. 1807. Les tard, marcha Russes s'avançant , quoiqu'un peu au secours des Prussiens, Napoléon à' leur rencontre afin à la fin de 1806, desseins ; et toute de prévenir leurs son armée, animée par sa présence, vança rapidement sur Varsovie, la Pologne, située sur la rive Vistule. Il établit son s'a- capitale de droite de la quartier-général à Posen, autre ville de Polognesur la Warta, d'un temple à Pad'où il décréta l'érection ris, en l'honneur de la grande-armée. DE NAPOLÉON. 365 la cavalerie de Murat De Varsovie, et marchent en avant, le corps de Davoust du pont sur la Vistule ne la destruction le fleuve est franchi, les et arrêter; peut Davoust établit Praga est en leur pouvoir. en avant de ce fauson quartier-général les bords Murat s'arrête sur du Bug, bourg; à sa gauche ; Ney passe la Vistule à Thorn, dont il s'empare aussitôt, pousse son avantses et avantsur y place Sharburg garde un mis en déroute avoir , parti postes après le de force vive , Bug passé sur la sur cette rivière, et prend position de la Wkra. Narew et à l'embouchure russe. Davoust ordonne Napoléon arrive, ennemis retranchemens d'enlever à Czarnowo les sur la Warta ; 15,000 hommes les défendent ; ils leur salut dans sont culbutés , et cherchent là fuite, en abandonnant 6 pièces de cabat le général non. Ney, de son côté, BesTolstoi entre Gurzo et Lautenburg. du général Lestocq à Biesières triomphe Curde Lemarois et s'emparent zun; Rapp pendant somb, sous le feu de l'ennemi, 23 266 MEMOIRES que d'Alhmann renverse les Russes dans la: Sonna. Bernadotte, Ney, Bessières se portent de Biezun sur Grodno; Soult sur Chiechanow ; Augereau sur Golymin ; Davoust entre Golymin et Pulstusk, et Lannes sur cette dernière ville. Ney engage un combat avec l'ennemi, concentré à Dzioldow et Mlava et lui prend six pièces de canon, des drapeaux et des Le même jour, Lannes fond prisonniers. sur un corps entier d'ennemis retranché dans Pulstusk : après une belle défense, les Russes se retirent sur Ostrolenka. Pendant ce temps, Davoust, Augereau et Murat attaquaient à Golymin d'autres corps d'armée qui se battirent avec opiniâtreté, dans la mais qui hâtèrent leur retraite, crainte d'être coupés par Soult, quoique ce maréchal se pressât peu d'avancer sur sous prétexte que les chemins Makow, étaient difficiles. Ces divers mouvemens et combats, hacoûtèbilement ordonnés par Napoléon, rent aux Russes 80 pièces d'artillerie, DE NAPOLÉON. 367 tous leurs caissons, 1,200 voitures presque et 12,000 hommes tués, blessés ou faits prisonniers. Des pluies abondantes et un fort dégel arrêtèrent les succès et la marche de l'armée française, qui se vit obligée de prendre du repos dans ses positions, jusqu'auretour du froid. Tandis que Napoléon prenait momentanément ses cantonnemens, son frère Jérôme et le général Vandamme à capituler forçaient Breslau, Glogau, le prince Plassenburg, Brieg ; battaient d'Anhalt-Pleits et se rendaient toute la Silésie. maîtres de L'armée française se remit en mouvement le 1er février 1807 et livra plusieurs combats , où les Russes perdirent beaucoup et de drapeaux. Le d'hommes, d'artillerie 1, elle rencontra à Eylau, ville de la Prusse occidentale, toutes les forces de l'ennemi, la à un de qui, position quart occupant lieue de cette ville , défend la plaine. Le maréchal Soult reçut l'ordre de faire enlever ce plateau. Il n'y envoya que 2 réde toutefois l'ennemi ligne, gimens fut vi- 268 MÉMOIRES attaque'. Mais au même moment, une colonne de cavalerie russe chargea à de la gauche de l'un de ces 2 l'extrémité la la en désordre et moitié mit régimens, de nos soldats hors de combat. Bientôt les dragons de la division Klein , les cuirassiers de d'Hautpoult et plusieurs autres régimens de cavalerie et d'infanterie fondent vement sur les Russes, les chassent, les dispersent, d'un certain de la position, s'emparent nombre de canons et de prisonniers. La division Legrand ses bivouacs prit au-devant de la ville, la division Saint-HiAula maréchal droite le du ; laire à corps de se le sur la corps gereau plaça gauche; Davoust marchait pour déborder Eylau et tomber sur les flancs de l'ennemi : si celuici ne changeait pas de position, Ney était en marche pour le dépasser sur son flanc droit. La cavalerie aux ordres de Murat, se trouvait en arrière de tous les corps. C'est dans cet état que l'armée passala nuit. biétait au milieu de sa Napoléon garde, vouaquée sur le plateau. Le 8, à la pointe du jour, l'ennemi com- DE NAPOLÉON. 269 par une vive canonnade mença l'attaque contre la ville et la division. Saint-Hilaire. le avec avança Napoléon corps d'Augereau et fit canonner le monticule par 40 pièces d'artillerie. colonnes L'armée ennemie, rangée reçut tous les boulets serrées, dans sesmasses, les obus et il parut en et un mo- à ses ment, mouvemens, qu'impatientée de tant elle voulait déborder souffrir, mais les tirailleurs notre gauche; réchal Davoust arrivèrent bientôt derrières; déboucha le corps en même Davoust; la ma- du sur ses du maréchal Augereau en colonne pour temps seporter sur le centre de l'ennemi; il parvenait ainsi à partager son attention , et de le de marcher sur corps l'empêchait division Saint-Hilaire sur la droite; Augereau devaient manoeuvrer pour voust. rent-ils A peine parut et Saint-Hilaire se réunir à Da- fuse épaisse cou- ces deux généraux montrés, qu'une neige vrit les deux armées et les empêcha voir. 23* de se MÉMOIRES 270 Cette obscurité, dura demiune qui le point de direction au heure , fit perdre à maréchal , qui obliqua trop Augereau s'en Heureusement, gauche. Napoléon le ciel au moment où s'éclaircit; aperçut il ordonna à Murat et à Bessières de touret de se jeter sur les Russes, manoeuvre audacieuse, mais où se nécessaire dans les circonstances ner la division trouvaient Saint-Hilaire nos colonnes. La cavalerie en- nemie voulut s'opposer à ce mouvement, elle fut culbutée : on vit alors un effort ter- rible ; deux lignes d'infanterie russe furent traversées plusieurs fois et rompues; une troisième ne résista qu'en s'adossant à un bois. Cependant, fut immense si le désastre de l'ennemi dans cette notre journée, 300 bouches perte fut aussi considérable. à feu ne cessèrent de vomir la mort pendant 12 heures. La victoire, long-temps la faute d'Augercau, incertaine, par enfin décidée, lorsque le maréchal fut Da- DE NAPOLEON. 271 voust déboucha sur le pla'e-m, déqu'il et Si Bernadotte, fût arrivé borda l'ennemi. assezà temps pour prendre part à l'action, c'en était fait des Russes. L'ennemi, étroitement et Davoust, et craignant serré entre Ney de voir son ar- à huit rière-garde compromise , résolut, heures du soir, de reprendre le village de Schanaditten, occupé par un de nos régimens. Plusieurs bataillons de grenadiers russes, les seuls qui n'eussent pas donné, se présentèrent enlever ce village; pour ils furent mis en pleine déroute et vive- ment poursuivis. Le lendemain, on marcha jusqu'à la rivière de Frichling, sur les traces de l'ennemi , qui fut obligé , en raison des mouvemens de l'armée française, de se retirer au-delà de la Prégel, rivière qui coule de vers le golfe de Dantla Prusse orientale, zick. Il laissa le champ de bataille d'Eylau jonché de morts, perdit 12,000 prisonniers, 18 drapeaux, de de 50 pièces plus MÉMOIRES 272 et se des équipages en proportion, de revers suite ce sanglant, trouva, par Cet rejeté à plus de 40 lieues de la Vistule. de événement jours quelques repos procura canon, réqui firent un mouvement une attendre saison faplus pour Un dégel avait rendu les chemins à nos troupes, trograde vorable. il devenait épouvantables; en avant ; et, marcher bataille d'Eylau, l'armée dix impossible de jours après la se disposa à pren- dre ses quartiers d'hiver. Pendant ce temps, le maréchal Lefebvre Mortier ; le maréchal assiégeait Dantzick était établi dans la Poméranie, et menaet Van; Jérôme Napoléon çait Stralsund damme la Silésie. Ces corps, en occupaient la grande-armée, à la appuyant ajoutaient force des positions prises par Napoléon. les généraux ennemis qui se Cependant faisaient illusion prendre que l'état empêché taquèrent Suchet, et ne voulaient des chemins pas comavait seul de les poursuivre, Napoléon les divisions Gazan, Oudinot qui formaient le corps atet de Lannes, 275 DE NAPOLÉON à Ostrolenka ; mais ils furent plusieurs drapeanx perdirent d'hommes. lerie et beaucoup Savary, commandant repoussés l'artilde , Le en l'absence réchal, déploya dans cette affaire de talent militaire. Le beau temps dit et nous procura : Dantzick revint des vivres et général du ma- beaucoup se ren- en abondance. de la Passe rapprochèrent rivière sarge, petite dont nous occupions Plusieurs combats la rive droite. qui fu- Les Russes 10 firent beaujuin, jusqu'au à l'armée d'honneur française, qui coup rent livrés s'avança par différentes directions sur Heils12 ville à lieues de Koesituée berg, sud où forces de l'ennemi s'éles nigsberg, dans un camp dont il avait taient réunies, rendu la position inexpugnable, par des retranchemens et une artillerie nombreuse, dont l'établissement lui avait coûté 4 mois de travail. trèsDans la soirée du 10, on s'approcha près des Russes; nos troupes légères insultèrent même les ouvrages avancés ; mais, 274 MÉMOIRES sans doute par cette audace dés Français , et les manoeuvres préliminaires de Napoléon, qui le débordaient déjà, l'ennemi comprenant que les Français voulaient lui faire accepter une bataille qu'il intimidé voulait éviter, ou le resserrer dans sa for- midable se retira prudemment position, dans la nuit, et passa sur la rive droite de l'Alle. On trouva dans Heilsberg de grands mavivres et un nombre considérable gasins de de blessés et de malades russes. Les pertes de l'ennemi, depuis le 5 juin jusqu'au 12 au matin, furent évaluées à environ 30,000 hommes, tant tués que blesses ou prisonniers : on lui avait pris un certain nombre de drapeaux et de pièces d'artillerie. Le 12 juin, l'empereur, les rapd'après ports qu'il avait reçus des différens corps d'armée , porta son quartier-général à Eylau. Il remit sur-le-champ ses troupes en et donna ordre à Soult marche, Murat, Davoust de manoeuvrer sur Koenigsberg 275 DE NAPOLÉON. à se la retraite l'ennemi; et, pour couper des corps de Ney, Lannes, à la tête plaçant la il continua et de Victor garde, Mortier, ville située à 10 às'avancer sur Friedland, lieuessud-est de Koenigsberg. Koenigsberg estbâtie sur la Prégel, près de la mer, au nord de Varsovie. (1) BATAILLE DE FRIEDLAND. 1807. Le 14, l'ennemi déboucha sur Friedland à 3 heures du matin. de canon se firent entendre : dit de bonheur, Napoléon, jour niversaire de Marengo. » le pont de Des coups « C'est un c'est l'an- furent engagés les Lannes et Mortier les di: soutenus ils étaient par premiers visions de dragons de Grouchy, et par les cuirassiers de Nansouty. Différens mouveeurent l'enactions lieu; différences mens, nemi fut contenu et ne put dépasser le viln'avait de Postheneni. qu'il Croyant lage l'inforces lui devant pas de grandes pour 276 MÉMOIRES quiéter sérieusement, tinua sa marche pour le général russe confiler sur Koenisberg. A 5 heures du soir, les divers corps d'armée étaient à leur place : à la droite, Ney; au centre, Lannes ; à la gauche, Mortier; à la réserve, la garde et Victor. La cavalerie de Grouchy la gauche ; les appuyait dragons réserve de Latour-Maubourg la droite derrière houssaye et les cuirassiers taille derrière le centre. étaient , ceux saxons en de Laen ba- L'ennemi toutes ses forces, développa sa gauche à Friedland, et proappuyant sa droite à plus d'une longeant grande lieue sur les villages de Mulein et de Deun. la reconnut Napoléon sur-le-champ position, et résolut d'enlever la ville de Friedland, en exécutant soudain un changement de front. La droite se porterait en avant, et l'attaque commencerait l'extrépar mité de cette pivoterait l'ennemi. aile, pendant que la gauche à ce mouvement et résisterait DE NAPOLÉON. A 5 heures et demie, 277 s'ébranla Ney avec son audace salves accoutumée; quelques d'une batterie de 20 pièces furent le signal du combat. Au même moment, la division Marchand sur le clocher prit sa direction de la ville, et avança, l'arme au bras, contre les Russes; celle de Buisson la soutenait sur la gauche. Lorsque l'ennemi s'ales avait bois où sa que Ney quitté perçut en position, il la fit droite, était d'abord déborder par de la cavalerie et une multitude de cosaques : la division de LatourMaubourg se forma au galop sur la droite, et repoussa la charge. Victor eut loin , en avant de 30 pièces, ordre de faire fort placer une batterie de son centre, gui causa à l'ennemi de démonstragrandes pertes. Les différentes tions des Russes, pour opérer une diveren sion , furent inutiles. Ney marchait avant de son corps lonnes d'infanterie droite ; il fans l'Alle, d'armée ; plusieurs sa attaquèrent , à la baïonnette, nombre d'hommes ennemie les repoussa où un grand co- 24 278 MÉMOIRES trouvèrent la mort. La gauche de ce maarrivait réchal en même temps au ravin Le général ennemi, qui entoure Friedland. qui avait embusqué dans cet endroit la garde à russe impériale pied et à cheval, déboucha avec intrépidité, et fit une chargé bril- l'aile gauche lante, qui ébranla un moment de Ney; mais la division en réDupont, serve, marcha au pas de charge sur la garde, la culbuta, et lui fit éprouver un échec considérable. de ses réserves vainement, et de son centre, d'autres corps pour défendre Friedland. La ville fut prise et ses rues jonehées de morts. L'ennemi tira se commandait Lannes, , que L'effort trouva dans ce moment. engagé de l'extrémité l'ennemi fait sur avait que Le centre il eu de succès, , n'ayant pas sur voulut essayer une semblable tentative le centre; mais il fut battu. notre droite Les charges d'infanterie des Russes ne retardèrent de nos colonnes, et de cavalerie point que Napoléon la marche parcourait DE NAPOLÉON. 279 et encourageait : toute la bravoure, toute la constance des Russes furent ils inutiles; ne purent rien entamer, et vinrent trouver la mort sur nos baïonnettes. Le maréchal la journée, Mortier, qui, pendant toute la droite avait maintenu do marcha alors en avant, soutenu l'ennemi, de la garde, que commanpar les fusiliers dait le général Savary, et acheva la défaite des Russes. Ils perdirent, dans celte bataille, 20,000 hommes tués ou blessés, laissèrent au pouvoir des Français un grand nombre de prisonniers, , vingt généraux canon et une , quatre-vingts pièces de de caissons, de drapeaux, grande quantité de bagages. La cavlerie russe surtout fit des pertes immenses. La retraite de l'ennemi représentait A chaque la déroute pas , les laient des prisonniers armes et des bagages. A la nouvelle sur le Niémen, la plus compléte. recueil- vainqueurs caissons des , de la victoire, , des Koenigs- MÉMOIRES 280 berg fut abandonné aussitôt, y entra les Soult Prussiens; par trouva des richesses y centaines de extraordinaires, plusieurs milliers de quintaux de blé, trois cents de venant , gros bâtimens chargés Russie, de 20 mille blessés russes et plus prussiens, tout ce que l'Angleterre avait envoyé à la entre autres , 160 mille fusils. Russie, Masséna l'enne, de son côté, culbutait mi sur la Narew et l'Omulew , et le poursuivait Ostrolenka. En Silésie , jusqu'à Glatz et Kosel avaient Necos, capitulé; il ne restait Graudentz combat rieux au roi et de Prusse le fort de Labiau, que Kolberg, de Silberberg. Le où Davoust fut victo- de , l'occupation Instorsburg et l'arrivée de Napoléon à Tilsitt Ney, la paix fut les triomphes ensuite par où achevèrent conclue, de cette campagne. DE NAPOLEON. (J) BATAILLE 281 D'ESSLING. 1809. Avec leur or et leur politique astucieuse, les Anglais entraînèrent encore une fois l'Autriche dans une guerre neuse; et cette puissance, et rui- injuste persuadée qu'elle des ar- l'éloignement pourrait, pendant mées françaises, reconquérir ses anciennes limites en campagne , se prépara à entrer avec plus de 500,000 hommes , qui furent divisés en plusieurs sous le com, corps Charles. du prince Cette nouvelle guerre le contrariait mandement finiment. Napoléon in- fit son possible pour à renoncer d'Allemagne porter l'empereur à ses projets, il offrit même la médiation la Russie ; mais inutilement, battre. il fallut de com- à était il ordonna sa gardé qui , en Espagne, et aux troupes qui s'y renil daient, de rétrograder sur l'Allemagne; fit réunir les forces qui se à Ratisbonne, 24* De Paris 282 MÉMOIRES trouvaient au-delà du Rhin et celles de la Confédération. Il se rendit lui-même à Donawerth , où était son quartier-général depuis quelques jours; là,Napoléon conçut l'heureux projet d'agir dans un sens inverse à celui du prince Charles , et de concentrer ses forces le plus possible, afin d'isoler les corps ennemis.. Il devait se porter rasa Vienne sur , joncpour opérer pidement tion avec nos armées d'Italie et de Dalmatie; en même temps sa marche inspirerait des craintes sérieuses à l'archidue Ferdi- contre en nand , qui s'avançait Pologne, les généraux Poniatowski et Dombrowski, alors en position sur la Vistule. Le 19 avril, Napoléon ouvrit la campagne de de les combats Plaffen-Hoffen et par firent des pertes Tann, où les Autrichiens considérables. Ala suite de ces deux affaires, il prit truire des mesures pour attaquer et déles corps de l'archiduc Louis et du forts ensemble de 60,000 général Hiller, il se porta à Ahommes. Le lendemain, DE NAPOLÉON. 283 bensberg. Le maréchal Davoust reçut l'ordre de tenir en respect les généraux Hohenzollern , Rosenberg et Lichtenstein ; pendant qu'avec le corps de Lannes, les Bavarois et les Wurtembergeois , Napoléon attaquerait le prince Louis et le gé, et qu'il ferait couper les communications de l'ennemi par Masséna, en le dirigeant par Freying, et de ce point néral Hiller sur les derrières de l'armée autrichienne. furent renversés et perdirent , en moins d'une heure , huit drade nombre de douze canon, peaux , pièces morts et blessés, et nous laissèrent 18,000 Les Autriéhiens prisonniers. A la suite de ce grand succès , les flancs elles magasins de l'ennemi se trouvèrent à Napoléon marcha sur Landsuth, tandis que Masséna le tournait. Tous les obstacles furent surmontés, la position, le pont, quoique embrasé, et la ville, découvert. enlevés. L'ennemi sins , seshôpitaux, abandonna ses magatrente pièces de canon; MÉMOIRES 284 six cents caissons , trois trois , bagages nitions prisonniers. Le prince de muremplis voitures les portant attelés mille de pont, équipages maître Charles, réuni de Ratisbonne , ayant situé entre Landshut village une force du Danube et à Eckmulh, et Ratisbonne, de 110 mille hommes, Napoléon avec le 22 au matin, en marche, les corps des maréchaux se mit et 9000 Masséna et Lan- nes , la division wurtembergeoise cuirassiers des généraux Nausouty et les Saintet arA deux heures il midi, après Sulpice. riva en face des Autrichiens ; Lannes les Leau la moment où gauche par de febvre , Davoust et la cavalerie légère Montbrun , qui avaient tenu en échec les déborda de Hohenzollern Rosenberg, corps débouchèrent. Lichtenstein, sur tous et les L'archiduc, attaqué points à la fois et dépassé sur sa gauche par suite de Napoléon, des rapides combinaisons en fut obligé de précipiter sa retraite , DE NAPOLÉON. 285 laissant une grande partie de son artillerie, et 20,000 tousses blessés, quinze drapeaux, On le la des prisonniers. poursuivit pointe du jour Ratisbonne, et, dans cette poursuite, notre cavalerie engagea plusieurs toutes charges qui furent avantageuses. Le maréchal Lannes forma ses troupes jusqu'à de la ville , à peu de distance qui était défendue par six régimens , charla la de soutenir nuit retraite gés jusqu'à en bataille de leur armée. Ratisbonne n'était enve- muraille d'une un fossé avec , que loppée et une contre-escarpe , et présentait peu de résistance. Les Français ayant commencé l'attaque l'inarrivée, instruit trépide Lannes, qu'il existait une l'a se met à les deux entre brêche portes, dans le tête de ses grenadiers, descend fossé sous le feu brêche, porte aussitôt leur de l'ennemi, dans là ville, pénètre dite Straubing , fait aborde la ouvre la entrer et gagne partie de son corps d'armée, à la garnison pont pour fermer la retraite une le , 286 MÉMOIRES qui met bas les armes au nombre mille hommes. de huit Ainsi, en cinq jours, Napoléon déjoua tous les projets de l'ennemi. En cinq jours, il battit les corps du prince Louis et du général Hiller, s'empara à Landsuth du centre des communications des du dépôt général de Autrichiens, leurs magasins et de leur artillerie , et défit le prince Charles bataille rangée. à Eckmulh , dans une Les différens en mouse remirent corps l'archiduc vement ; Davoust poursuivit en Bohême se retirait Charles, qui par et Cham , et qui fut alors Waldmunchen dans l'Inn communications avec coupé ses et Vienne ; Masséna marcha sur Passau par Lanna avec ; s'avança Straubing Napoléon par Muhldorf ; les Bavarois se dirigèrent sur Saltzbourg, tandis que Bessières poursuivit , dans la direction de l'Inn, les troupes d'Hiller, échappées de Landshut. Masséna passa l'Inn à Sehandnig , apr DE NAPOLÉON. de Passau. maitre s'être rendu 287 Napoléon à Burckhau- entrèrent et son avant-garde sen : il fit rétablir de la Saltza. Le d'Oudinot occupa corps Lannes et dé Bessières Ried de les routes eu Italie, le pont ceux ; de s'emparèrent se portait Wells, que Lefebvre pendant sur l'Ens , paret Radstadt, sur Kufstein qui conduisent vers le Tyrol. Masséna atteignit, sur Riedau à Neumarck, la culbuta l'ennemi, le chemin l'arrière-garde et lui fit cinq Le Hiller prisonniers. général derrière la Traün ; une de nos d'infanterie le pont franchit en poursuivant vait battue opiniâtre Masséna accourut, victoire. 7000 prisonniers de cents se retira divisions qu'elle aet bientôt s'engagea dans la ville. décida en un instant la hommes 5000 de d'Ebersberg, l'arrière-garde, à la sortie de Lintz un combat à tra- tués ou blessés et cette affaire. signalèrent ce pendant temps, marchait Bernadotte, avec les Saxons pour venir se placer en MÉMOIRES 288 ligne forte établit route : il s'empara d'Egra colonne de landwerhs une , dispersa , et le 6 mai, à Roetz sur la son quartier-général de Prague à Ratisbonne ; de là il se de l'archiduc. Lannes à la poursuite et Masséna occupa Molk, mit Amstetten. Bohême; l'observer. Bientôt Hiller , qui s'était opéra une nouvelle se réunirent chen, et marchèrent triché. et Vienne. à position Le prince Charles fuyait à Lintz s'arrêta Davoust sur Saint-Polten, traite par Krems Masséna prit par la pour retiré re- Lannes et à Sieg-Harts-Kirsur la capitale de I'Au- Le 10 Napoléon arriva Cette ville était défendue devant par Vienne. l'archiduc Maximilien et 16,000 hommes de troupes de et Les landwehrs. faubourgs, réglées et qui contiennent qui ne sont pas fortifiés les deux tiers de la population, se ren- dirent sans résistance; mais, l'avant-garde d'Oudihot s'étant avancée sur l'esplanade qui sépare les faubourgs de la Cité, le canon DE NAPOLÉON. tira des remparts les et força pes, Napoléon rieur pour 289 à mitraille sur nos trou- de s'éloigner. envoya alors un officier sommer la supéd'ouvrir ses ville au lieu du resportes. Ce parlementaire, pect et de la protection qu'il était en droit d'attendre , fut , maltraité. Cependant violation du droit de malgré cette indigne la guerre, l'empereur fit écrire à l'archiduc L'archiduc par le major-général. réponsdit par le feu de toutes ses batteries; et Napoléon réduit à la dure nécessité de faire bombarder Vienne , se porta sur le bras du Danube qui sépare la promenade apIl fit des le faubourgs. occuper pelée prater par des voltigeurs un petit pavillon sur la rive gauche, afin de protéger la construeen Les d'un cet troupes tion pont endroit. aussitôt un cercle aurançaises formèrent tour des rempats, la gauche était appuyée au Danubé, de Dolbling; la droite près et le centre aux environs Simring, Schoenbrunn, beauc château dé plaisance 25 à de de 290 MÉMOIRES On choisit, l'empereur d'Allemagne. pour élever une grande batterie le d'obusiers, même emplacement où les Turcs avaient ouvert leur et qui n'était cent toises. Le dans le siège de 1685, la de éloigné place que de tranchée feu de cette batterie contre Vienne à neuf heures du soir. Dix-huit commença lancés en peu de temps, cents obus furent hôtels et grands bâtimens, dans plusieurs de la ville la proie , devinrent le plus des flammes. Cet incendie répandit les se trouble parmi habitans, grand qui l'intérieur trouvaient dans entassés resserré pour couptrop sur sortit parlementaire un espace beauleur nombre. Un ces entrefaites, la annoncer archiduchesse que jeune pour Marie-Louise , alors malade de la petite sa son suivre et vérole , n'ayant pu. père exétait dans le palais impérial, famille, au feu de l'artillerie posée poléon, changer française : Nalit cette princesse, par égard pour des batteries. la direction DE NAPOLEON. 291 la tête, L'archiduc Maximilien perdit de ses évacua la ville ligne avec troupes elle 12 mai, dès la pointe du jour , le géaux un officier néral O'Reilly, envoya avant-postes pour le feu, et prévenir notables allait demander qu'on cessât des qu'une députation se rendre auprès de l'empe- En effet, de reur Napoléon. peu temps arriva au château après , cette députation de Schoenbrunn, où le monarque à la capitale lui promit d'accorder a la même trichiens capitulation français des états qu'il articles lui avait octroyée en 1805. Les en furent signés dans là soirée, et le lendeentra dans la ville, main le corps d'Oudinet dont la garnison resta prisonnière de guerre. Le prince long circuit Charles, par après la Bohême, avoir arriva fait un le 16 mai au bas du Bisamberg, rallia son armée, et se déploya les débris de celle d'Hiller, sur deux lignes dans la plaine de MarckSon feld. centre rardsdorf, sa droite était derrière Ge- placé s'étendait vers Stamers- MEMOIRES 292 toute sa cadorf, sa gauche sur Wagram, valerie étalten réserve derrière son centre. Napoléon visita tons les points où l'on des le établir ponts pour passer pourrait Danube, et choisit l'île de Lobau, située à une lieue et demie à l'est de Vienne, en face le village de Debendof, ayant 7,000 toises de tour. Le fleuve, en cet endroit, est divisé, en trois bras. Les travaux des ponts achevés, Napoléon le la et passa reconnut position de fleuve là rive opposée; il forma les corps des maréchaux Masséna, Lannes et Bessières, à mesure qu'ils arrivaient. La gauche de à Gross-Aspern, le centre à Essling, et la droite vis-à-vis Stamersdorf. Le 21, à quatre heure après midi, l'ende culbuter le dessein nemis parut avoir notre avant-garde dans le fleuve ; mais le maréchal Masséna rendit ses efforts inul'armée était défendit Lannes ce tiles. Pendant temps , le village d'Essling , et le maréchal Besdila et la avec cavalerie sières , légère DE NAPOLÉON. 293 plaine Espagne de cuirassiers et protégea Enzersdorf. vive; l'archiduc vision montra et déploya canon , hommes, composés l'armée autrichienne. La division fit de la , couvrit L'affaire 200 fut pièces de à peu près 100,000 de tous les débris de de grosse cavalerie Espagne belles charges, enfonça plusieurs carrés, et s'empara de 14 pièces de canon; mais ce succès fut chèrement acheté ; le général mérite, au milieu Espagne, fut atteint officier d'un du plus grand et mourut boulet, de ses soldats. Pendant la nuit, le corps d'Oudinot, là division une de la Saint-Hilaire, partie trois de cavalerie et le garde, brigades train d'artillerie, les ponts et enpassèrent trèrent en ligne avec les autres à heures 22, quatre Le fut le premier engagé. cessivement plusieurs du matin, L'ennemi tueuses pour reprendre séna profita d'un moment troupes, Masséna fit suc- infrucattaques le village; Masfavorable, 25* atta- MÉMOIRES 294 qua à son tour en arrière. Comme et les rejeta les Autrichiens, le Charles: occupait un prince à la de la droite espace grand gauche, le le de conçut projet percer Napoléon Lannes se mit aussitôt à la par le centre. à la gauet Boudet à Oudinot de l'attaque, che , Saint-Hilaire tête ayant au centre, En un moment tout fut renversé la droite; Bessières qui exécuta toutes curent ; belles charges, plusieurs un très-grand succès. Dans cet état de choses, on vint annondu cer à Napoléon la crue subite que; Danube ayant un grand nombre et de radeaux coupés et jetés mis à flot de gros arbres des événemens qui sur les rives à l'époque avaient eu lieu lors de la prise de Vienne, de la rive les ponts qui communiquaient de la petite de Lobau, venaient droite île et de celle-ci d'être rompus. parcs de réserve qui défilaient, vèrent retenus sur la rive droite de cette malheureuse à l'île Tous les se trou- par suite ainsi circonstance, DE qu'une partie d'armée corps NAPOLEON. de la grosse du maréchal Ce contre-temps rêter le mouvement 295 cavalerie et le Davoust. à ardécida Napoléon Il ordonna emavant. le champ de batailleet de prendre qui avait été reconnu, posià un rideau, tion, la gauche étant appuyée à EssMasséna , et la droite qui couvrait à Lannes de garder eût-il valu contimieux ling. Peut-être nuer le combat, sans s'inquièter de ce quise passait sur les derrières. Cette témérité eût eu sans doute un plein succès. L'ennemi dans le plus graud se retirait désordre, lorsqu'il apprit que nos ponts le ralentissement de notre étaient rompus; feu et le mouvement concentré de notre ce terrible acciarmée, lui confirmèrent se reforma, remit dent; alors il s'arrêta, en ligne toute son artillerie , et fit les plus étonnans efforts , depuis neuf heures du matin du soir, jusqu'à sept heures pour culbuter l'armée française. L'intrépidité de nos soldats, les. dispositions, le habiles, 296 MEMOIRES sang-froid fois aux de Napoléon, arrachèrent Autrichiens la victoire huit qu'ils l'ennemi Le soir, conserver. croyaient reprit ses anciennes positions qu'il avait quittées pour l'attaque du matin. Ses pertes furent grandes : il eut 12,000 hommes tués ou blessés, outre les primais les nôtres furent sonniers; plus cruelles si elles ne furent breuses. La France pas aussi nomeut à regretter l'un de ses plus braves hommes de guerre ; Lannes fut blessé à mort, et le trépas de cet illustre maréchal équivalait à une défaite. Le de la plus militaire Saint-Hilaire, et plusieurs autres offigrande distinction ciers de mérite, des reçurent également blessures mortelles; ils furent pleures de général l'armée et de la nation Le 23, l'armée tout entière.' Lodans l'île de repassa bau, y prit position et s'y fortifia. Une fallait rien moins pour consoler un lui d'un ami la mort de qui peu. Napoléon était aussi dévoué que le maréchal Lannes DE NAPOLÉON. 297 et de celle de tant de braves, que la réunion de l'armée d'Italie, sous les ordres du la à Eugène, grande-armée. prince On travailla sans relâche au rétablisse- ment des ponts. Le corps de Bernadotte arriva à Vienne ; l'armée d'Italie, formant la droite de la grande-armée, reçut l'ordre de continuer la poursuite de l'archiduc Jean, en Hongrie. Eugène, qui avait conservé le commandement de cette aile, gagna le 14 juin la bataille de Raab sur cet archiduc et l'archiduc Joseph qui s'étaient réunis. L'armée dite de Dalmatie , commandée par Marmont , joignit la grande-armée et forma son extrême droite, sous les ordres d'Eugène. Enfin, on apprit que les Polonais, battu à avaient l'arleur Poniatowski tête, chiduc Ferdinand à Sandomir , Zamosc , Thorn, et l'avaient obligé de se retirer sur la Wolhynie. On avait construit en 20 jours sur le Danube un pont de 60 arches; dont le géné- MÉMOIRES 298 Bertrand les 3 ral travaux; voitures de front. Un, pouvaient y passer second pont de pilotis et de la largeur de 8 pieds avait aussi été établi; mais pour l'infanterie Enfin on en jeta un seulement. troisième avait de dirigé bateaux. L'armée pouvait donc passer le Danube en plusieurs colonnes sur ces 3 ponts , qui avaient été assurés contre les brûlots et machines incendiaires, des estacades sur pilotis, construites par entre les îles. L'île de Lobau était une des manutenplace forte ; elle renfermait tions de vivres, 100 pièces de gros calibre et 20 obusiers de siége en batterie, Vis-àvis Essling, sur le dernier bras du Danube, était un pont que Masséna avait fait bâtir, et ce pont était couvent par des ouvrages construits lors du premier passage.. réuni la ayant Napoléon, majeure partie de ses corps d'armée, se décida à les porter dans l'armée taille l'île de Lobau, à déboucher et à lui livrer une ennemie, générale. sur ba- DE NAPOLÉON. Afin de se rendre 299 les chances plus favoCharles , qui avait aprables, l'archiduc et sa gaupuyé sa droite à Gross-Aspern che à Enzersdorf, avait fait couvrir cette petite ville, Essling, Asperu et les interde redoutes garvalles qui les séparaient, nies de plus de 150 pièces de canon de tirées des principales forteresses position, encore au pouvoir de la maison d'Autriche, et de 8 à 900 pièces de campagne. Le tout appuyé d'une armée qu'on n'évaluait à pas moins de 200,000 hommes, milices fit passer dont tigeurs dans l'île du Moulin, on arma celte Aussitôt parèrent. 500 vol- et troupes de ligne. Le 2 juillet, Masséna la joignit qui allait au continent par a la rive d'Essling, une batterie île et on un petit pont En avant, ou gauche. une flèche que l'on construisit doute Petit. ils s'em- Le soir, ne doutant contre elles, que tirèrent appela reles redoutes ennemies pas que l'on voulait avec ce ne fût faire agir la plus grande MÉMOIRES 300 ce l'on que précisément l'attention : on voulait attirer de c'était vivacité'; désirait l'ennemi pour le détourner du véritable but de l'opération. Le 4, à dix heures dans du soir , Oudinot fil des chaloupes canon- embarquer nières sur le grand bras du Danube, l,500 au-delà du : ils débarquèrent, voltigeurs petit bientôt de Lobau. L'ennemi fut et chassé des bois jusqu'au attaqué A onze heures les de Muhlleuten. bras de l'île village batteries re- contre Enzersdorf, dirigées de commencer leur feu. Les l'ordre çurent obus brûlèrent en moins d'une ennemies furent cette petite ville; les batteries demi-heure éteintes. Tandis que Masséna écrasaient. En- traverser, dans faisait le petit bras du Danube, à deux hommes. Ce détachement aborda la zersdorf, des barques mille les nôtres Dans rive gauche au-dessous d'Enzersdorf. le même temps , le directeur des equipages faisait accrocher d'une rive à l'autre un DE NAPOLÉON. de quatre-vingts pont pièce. L'infanterie et sous les obus, 301 tout d'une toises, au de passa pas charge, y les bombes et les boulets et, autrichiens, des qui , parlant au-dessus d'elle. deux rives, se croisaient instans Quelques après , deux autres français à du jetés peu de distance ponts trois de sorte heures du ma, qu'à premier tin , l'armée avait quatre ponts etavait défurent la gauche , à quinze cents toises au-dessous d'Enzersdorf, protégée par les batteries ; et la droite sur Wittade. Le forma la de Masséna celui corps gauche, bouché: de Lannes le , commandé par Oudinot, centre ; et celui de Davoust, la droite. Les de de Bernadotte , , corps d'Eugène Marcommont, la garde et la grosse cavalerie, posaient la seconde ligne et les réserves un violent Une profonde obscurité, orage, une pluie qui tombait le tontorrent, par nerre , le bruit de épouvantable l'artillerie, le sifflement et les éclats des boulets, des obus, des bombes, rendaient cette nuit 26 MEMOIRES 302 ; mais elle n'en était à l'armée française. favorable Le 5 , aux premiers rayons affreuse tout quel avait se trouvait été le projet alors avec son armée sur l'extrémité ayant tourné ayant rendu moins du soleil, avec admiration , de Napoléon , qui reconnut le monde pas en bataille de la gauche de l'ennemi, tousses camps retranchés, tous ses ouvrages inutiles, de ses positions, sur le terrain qui ainsi à sortir l'obligeant à venir le combattre convenait. Un grand était problême le Danube ailleurs lu ; et sans passer recevoir aucune autre protection et lui réso- , sans des ou- on forçait construits, à trois quarts de lieve On présagea dès-lors les vrages qu'on avait l'ennemi à se battre de ses redoutes. résultats. plus grands et les plus heureux A huit heures du matin , les batteries sur Enzersdorf avaient tiraient proqui un tel effet, né à laisser cette duit tre bataillons que l'ennemi s'était bor- ville, occupée par quaque Masséna fit enlever sans DE NAPOLEON. de résistance. éprouver château avait 305 cerna Oudinot le de Sachsengang , que l'ennemi fit capituler les neuf cents fortifié, qui s'y défendarent, pièces de canon. hommes (K.) BATAILLE et prit douze DE WAGRAM1809 toute fit alors déployer Napoléon son armée dans la plaine d'Enzersdorf. L'ennemi revint de sa surprise et tenta de ressaisir quelques avantages dans ce nouveau A cet effet, il détachamp de bataille. cha plusieurs colonnes d'infanterie , un bon nombre de pièces d'artillerie, et toute sa cavalerie, tant de ligne qu'insurgée, la droite de l'arpour essayer de déborder mée française. le Alors , il vint occuper : Napoléon ordonnavillage de Rutzendorf a Oudinot la droite le diriger de faire le village , à emporter duquel il fit passer Davoust, pour sur le quartier-général du prince 304 MÉMOIRES en marchant Charles, à la gauche. toujours de la droite Depuis midi jusqu'au soir , on manoeuvra dans cette vaste plaine ; on prit tous les villages ; et à mesure qu'on arrivait à la hauteur des camps retranchés mi , ils tombaient d'eux-mêmes de l'enneet comme Masséna les faisait ocpar enchantement. C'est sans résistance. ainsi qu'on cuper des ouvrages d'Essling et de Grossle et travail de quarante que Aspern, jours ne fut d'aucune utilité aux Autrichiens. s'empara L'ennemi avait sa droite , de Standlau de Gerardsdorf à Gerardsdorf; son centre à Wagram ; sa gauche de Wagram siedel. Les Français avaient leur gauche centre à Ruschdorf, Aspern; leur droite à Glinzendorf. à Neu- à Grosset leur On se prépara à une grande bataille. Les d'armée des deux généraux dispositions à nuit la furent inverses. Napoléon passa rassembler ses forces sur son centre, où DE NAPOLÉON. 306 il était à une portée canon de de Wagram. en Masséna se porta à la gauche d'Aderklau, laissant sur Aspern une seule division y qui eut ordre de se replier, en cas d'événement, l'ordre l'île sur de Lobau. de dépasser de Hoffen , pour Charles centre. Davoust le village du s'approcher reçut GrossLe , affaiblissait , au contraire ses et augmenter pour garnir une nouil donnait auxquelles prince son centre extrémités, velle étendue. Le 6, à la pointe du jour, Bernadotte la occupa gauche , ayant Masséna en seconde ligne. se liait au centre , Eugène où Marmont, Oudinot, pour arriver L'ennemi au centre. la garde et les diformaient visions de grosse cavalerie, plusieurs lignes. Davoust marcha de la droite de Bellegrade le corps en marche sur Stadlau ; les corps de KolHiller et de Lichteinsten de lowrath , , de Waliaient cette droite à la position gram, mettait où était le prince de Hohenzollern 26* ; 306 MÉMOIRES à l'extrémité de la gauche, à Neusiedel, où débouchait le corps de Rocenberg , pour déborder égalcmeut Davoust. Ces deux généraux, faisant un mouveet, ment miers gnal inverse aux pre, se rencontrèrent du soleil, et donnèrent le si- rayons de la bataille, sur le point" division une menacé, renforça Davoust par de cuirassiers, le corps de et fit prendre en flanc par une batterie de Rosenberg Napoléon douze se porta aussitôt légère de la division Nansouly. En moins de trois quarts le corps de Davoust culbuta le d'heure, de au-delà qui fut rejeté corps ennemi, pièces Neusiedel, d'artillerie après avoir de grandes essuyé pertes. Pendant s'ence temps, la canonnade la les sur toute et , gageait ligne disposde tions des Autrichiens se développaient moment garnissait prince en moment. d'artillerie. Charles Toute On ne se battait leur eût gauche se dit que le pas pour la DE NAPOLÉON. victoire, mais qu'il d'en profiter. 307 n'avait en vue que le Cette déposition pasi extraordinaire, que l'on craignait et Napoléon différa quelquelque piége; les maque temps avant de commencer moyen raissait noeuvres qu'il avait à exécuter pour annuler celles du prince Charles et les lui rendre à Masséna de funestes. Enfin , il ordonna faire une attaque sur un village qu'occuet qui pressait un peu l'expait l'ennemi, trémité du centre de l'armée : il commanda à Davoust de tourner la position de Neude là sur Wagram, et et de pousser il fit former en colonne siedel donald, moment pour s'emparer où déboucherait Sur ces entrefaites, que l'ennemi attaquait Marmont et Mac- de ce village Davoust. au le prévenir avec fureur le poste on vint enlevé Masséna ; que notre gauqu'avait de 3,000 toises; che était débordée que entendre déjà une vive canonnade se faisait à Gross-Aspern , et que l'intervalle paraissait couvert village à Wagram immense ligne d'artillerie. de ce d'une- MÉMOIRES 308 donna Napoléon aux divisions ordre Macdonald sur-le-champ (du corps d'Eu- gène) de se disposer en colonnes d'attaque; de la cavalerie elles furent soutenues par une cheval la à et par garde Nansouty, par de 60 pièces de canon de la garde, les différens dans et de 40 autres, prises batterie Ces 100 pièces corps. rent au trot à l'ennemi, d'artillerie marchè- sans s'avancèrent, de une canon, tirer, jusqu'à demi-portée un feu prodigieux et là commencèrent qui des Autrichiens, éteignit mort dans tous leurs rangs. celui Macdonald, les tirailleurs appuyées de la par et porta la Les divisions les fusiliers et marchèrent garde, alors au pas de charge. La garde avait fait un changement de front pour rendre certain le succès de cette attaque. Dans un clin perdit vantée le centre de l'ennemi d'oeil, une lieue de terrain ; sa droite épousentit le danger et de sa situation, hâte. Masséna l'at- en grande rétrograda dit taqua en tête pendant que la confusion centre la consternation ; la gauy portait DE NAPOLÉON. che de l'ennemi débordée par levé Neusiedel était 309 vivement assaillie et Davoust qui, après avoir enet atteint le sommet du plasur Wagrm. Oudinot eut teau, marchait ordre de se porter sur ce village, aipour der à l'attaque de Davoust, et cette imdécider de portante position, qui devait la bataille, fut emportée. A dix heures, l'ennemi que pour prononcée ne se battait sa retraite plus était elle ; à midi, et et se faisait en désordre; avant la nuit, le prince Charles, long-temps qui avait reçu vue. une blessure, était hors de Le 7, à la pointe du jour, était l'armée en mouvement sur Korneuet s'avançait et avait des postes burg et Walkersdorf, sur Nicolsburg. de la Hongrie L'ennemi, coupé du côté se trouvait et de la Moravie, acculé sur la Bohême. Il avait le la et veille du jour , perdu notre hommes; combat, environ 60,000 perte, quoi qu'infmiment moindre, fut con- MÉMOIRES 310 sidérable, du brave et nous eûmes à déplorer elochers, les toits la mort général Lasalle. Cette bataille , à jamais mémorable , se passa sous les yeux de la nombreuse population de Vienne qui couvrait les tours, les et les monticules. L'em- avait quitté d'Autriche pereur Walkersdu matin, et s'était dorf le 6 , à 5 heures sur un belvédère d'où il voyait la montré où de retentissaient 1,500 plaine pièces canon, taient et où 400,000 hommes la victoire sous les ordres se dispudes deux du siècle. grands capitaines plus L'armée continua son mouvefrançaise ment en avant, et c'en était fait des restes de l'armée narchie du prince autrichienne, arrêté généreusement Charles et de la mo- si Napoléon n'eût triomsa marche au la du 11 dans nuit et accordé , phante 12 juillet à l'empereur Franun armistice çois. DE (L) NAPOLÉON. DE CAMPAGNE 314 RUSSIE. 1812. pas si l'on voulait Un volume ne suffirait retracer tous les événemens de cette campagne trop aux actions célèbre, nous nous bornerons la prise principales, lensk, la bataille de la Moscowa, le passage de la Bérésina. de Smo— la retraite, le Depuis passage du Niémen , l'armée combats française, qui avait livré plusieurs et traversé une étendue considérable de avait besoin pays, de repos, sou illustre de quelques instars chef le comprenait il ne fallait donner à bien; toutefois pas l'ennemi le temps de se remettre de ses et de sa frayeur. L'armée s'avança dans le plus bel ordre sur rapidement fatigues Smolensk, L'avant-garde ville considérable rencontra général Nererovrekoï de la Russie. la au défilé division du de Krasnoë, MÉMOIRES 312 et le repoussa vivement. Nercl'attaqua rovvskoïse battit avec courage, fit des efforts maintenir dans son se poste, et céda pour après avoir et plusieurs enfin, monde de beaucoup de canon; il pièces détruit si notre artil- perdu eût été entièrement lerie aussi bien que cavalerie. notre A à temps avancée s'était la nouvelle se retira de suite; elle russe de cet l'armée échec, mais y revint de Smolensk, était forte de 120,000 hom- de Tolly, mes et commandée par Barclay lui le sous prince Bagration ayant qu'il sa retraite à Dorodétacha pour appuyer sur la route gobuje Viazma Smolensk ci manoeu, pensant que Napoléon ce point vers pour s'y opposer, n'était devant Napas très-rassuré vrerait Barclay tuais poléon; rain l'ordre lensk et entre il avait reçu de son souvede défendre Smolong-temps et de livrer a pour enceinte de distance flanquée Smolensk muraille bataille. une épaisse en distance DE NAPOLÉON. d'énormes tours toutes armées en forme 313 alors debastions, de gros calibre. de pièces dans cette jeté Barclay avait et se tenait hommes, deux rives du Niéper, la ville par des ponts place en bataille 30,000 sur les communiquant de bateaux. avec Le 17, à une heure après midi, Napoléon , placé près de sa garde, donne le de Les retranl'attaque. faubourgs, signal et par la grosse artillerie ensuite les chemins sont enlevés couverts, à la baïonnette. On établit de fortes bat- chés et défendus les remparts teries qui foudroient et ceux ainsi que les masses enqui les occupent, nemies formées sur les rives du fleuve. On livrer va la l'assaut; Barclay fait renforcer une brigade de la garde garnison par russe et deux divisions de ligne, afin de donner à Bagration le temps de se rapproniais ce renfort et cher et de l'appuyer; ne doivent redispositions tarder la prise de la ville que de quelques avoir heures. En effet, après Napoléon, 27 ces nouvelles MÉMOIRES 314 de cavalerie une grande dirigé quantité sur celle de Barclay, sur le postée plateau du pont en amont, et y qui se rapproche avoir fait établir une batterie de 60 pièces à mitraille la rive , battant à la ordonne droite, Ney d'emporter position hors de la ville et de poursuivre l'en- d'artillerie nemi jusque Friand, Morand, une batterie cun, 12 contre les glacis; sur aux généraux de placer, cha- Gudin, de brêche les murailles; de pièces de à Sorbier, de rendre de ces impraticable l'occupation chemins couverts , par des batteries d'enfilade. Ces ordres exécutés, les remparts et les chemins couverts balayés , les Russes, le feu en plusieurs endroits après avoirmis de la vile, à la bâte, passès'éloignèrent rent le Niéper tous les pouls , rompirent et continuèrent leur retraite par Prouditet Loubino, marais. chi L'armée le 18 août, à travers française y trouva entra des défilés et des dans Smolensk 200 pièces de canon. DE NAPOLÉON. 7,000 blessés, tant dans environs de la ville. l'intérieur qu'aux de notre Nous n'eûmes côté que 3,500 5,000 morts 315 et de combat. hommes hors A la suite de cette son système d'après victoire, Napoléon, de ne jamais laisser les son vivement ennemi, poussa respirer Russes. Leur arrière-garde prend position au plateau de Valoutina , appelé le et qu'une Champ sacré, désignait comme heureux Ce plateau ne put vieille tradition la nation. pour la défaite empêcher des lusses, quoiqu'ils fussent renforcés d'abord et ensuite par le général Karpow, par succesBarclay lui-même, qui échelonna sivement sur ce point toutes à mesure qu'elles arrivèrent ses divisions en hâte, ce général les ayant imprudemment éloignées de la route de Smolensk à Moscou. Le 19, Ney et Murât sition; Ney l'emporta de bataille de morts Russes perdirent la poattaquèrent et couvrit le champ et de mourans. Les aussi une grande partie 316 MÉMOIRES des chariots amenés de été eût avait et des bagages qu'ils Smolensk ; mais leur bien secondé plus considérable le maréchal Ney, avaient désastre si Junot, en débou- pour leur couper la retraite. de Smolensk, Les victoires de Witepsk, de Valoutina, ne furent pas les seules que chant, remporta sixième la grande et dixième armée. corps gauche, et le septième sur la droite, eurent le sixième, commandé Les deuxième, la sur dirigés avec les Autrichiens des avantages; mais par Gouvion-Saint- Cyr, fut celui qui agit avec plus de vigueur à Polotsk, un sucet d'habileté ; il obtint sur Vittgenstein, cès marqué qui perdit un 2,000 hommes tués, 4,000 blessés, grand de prisonniers, lesparmi caet de 20 généraux, pièces action mérita à Gouvion-Saint- nombre quels trois non. Cette Cyr le bâton Après française à Ghjat, de maréchal. l'action de l'armée Valoutina, l'ennemi. poursuivit le 1er septembre. Là, Elle arriva Napoléon DE NAPOLÉON. la concentra et lui de repos pour et la disposa donna la remettre quelques jours de ses fatigues, à combattre Kutusof, qui dans le comman- avait remplacé Barclay dement en chef, et avant les renforts 317 qu'il BATAILLE attendait DE LA qu'il n'eût reçu de Moldavie. MOSKOWA. était à en Borodino, Kutusof position un village situé au confluent que forme sur la route, à ruisseau avec la Ralogha 20 lieues environ de Moscou ; ce général avait fait fortifier De nombreux abattis faisant cet endroit. retranchemens et d'épais et au vil- face à la Moskowa à et lage de Maslowa, l'inégalité ajoutaient aux difficultés choisi par l'endu terrain nemi , les bords de la Kalogha protégeant en outre ses fortes positions. ceux Alexina et les bois qui l'avoisinent, d'Elnia redoute trouve et 2 batteries construites de dans la se qui Sehwardino, village et entre la Kalogha, vis-à-vis 27* Bo- 318 MÉMOIRES rodino et des bois, sont enlevés le 5 septembre par les Français, un combat après mais la nuit étant survenue, les opiniâtre; deux armées la passèrent sur l'emplacement savoir : Poniatowski qu'elles occupaient, au-dessus d'Elnia ayant en réserve tre , et en avant Sehwardino et à cheval, Nansouty, à Schwardino, ; Ney, Junot ; Davoust au censur la route à d'Elnia, à la , soutenu par pied garde et les corps de cavalerie de et Montbrun Latour-Maubourg sur le chemin de Moscou, en face Eugène de Borodino garde ; avant pour italienne et la cavalerie sa réserve la de Grouchy. avec son état-major, resta au Napoléon, milieu de ses lignes: L'ennemi avait seulement les reployé d'Elnia à Sehwar- le couvraient troupes qui dino , et occupait comme la veille, lerevers des hauteurs, Masdepuis Utitsa jusqu'à c'est-à dire tout l'espace qui existe lowa; entre la vieille ensk et route à la Moskowa; de Moscou son à Smo- centre était DE NAPOLÉON. depuis Gorka, 319 vil- jusqu'à Semenowska, à des mamelons fortifiés lage appuyé avançant vers Borodino , et d'U- et les bois titsa. Les deux à 130,000 armées de comptaient chacune dans hommes, rangs. Le 6 et pendant la nuit 120 leurs il avait plu. le soleil Le à se heures, 7 septembre 5 leva sans nuages. « Soldats ! c'est le soleil ! » s'écrie d'Austerlitz avec enthousiasme 1812, Napoléon de canon, , et au signal donné par un coup au pas de nos soldats s'élancent charge sur l'ennemi. Deux redoutes sont enlevées visions Compans Russes s'efforcent échouent blent le brave nette lutte, les fossés de leurs morts et leur cavalerie infanterie général la redoute par En vain Gérard. de les reprendre, dans cette terrible blessés. Notre lerie et les di- Friand les ils et com- et de leurs leur artilpousse sur Semenowska; enlève à la baïon- en avant de ce village; 320 MEMOIRES Ney, ches devancé à feu, de 70 boupar une batterie couronne les hauteurs de Schwardino. Cette belle noeuvre Poniatowski appuyée sur la droite de par les corps de Davoust, et d'une nombreuse artille- rie ; Eugène s'avance ma- est aussitôt du maréchal néral rodino et audacieuse Plauzonne et meurt le gépar la gauche, le village de Boemporte au sein de sa gloire. L'in- trépide Morand passe la Kalogha et marche de sur la grande redoute établie à droite Borodino en force, et qui était ; l'ennemi en avant de Gorka, s'aperçoit de son mouà sa rencontre vement , vient ; Morand assez de temps pour qu'un de ses la redoute et s'en emtourne régimens est il accablé nombre , mais, pare; par le l'arrête forcé de l'abandonner lamment après l'avoir vail- défendue. est engagée sur toute la ligne : la mort 1200 pièces de canon vomissent les Russes écrade part et d'autre. Bientôt L'action sés n'osent plus ni avancer ni reculer; ils DE NAPOLÉON. restent immobiles de l'artillerie moment, sous le feu prodigieux dans ce Napoléon française. se trouvait encore son armée; 321 il voit au centre le trouble il saisit l'instant fait propice, avancer ses batteries de réserve. ces de canon le centre et foudroient de l'ennemi dirigés par Montbrun foncent l'infanterie grande redoute sur leurs pièces. de des. Russes, et déployer la grande 100 Pièredoute, ; et les cuirassiers, et Caulaincourt, en- la tournent russe, et sabrent les canonniers la plus grande parAprès avoir détruit tie des masses qui résistaient à son centre, le huitième Napoléon fit manoeuvrer corps, celui de Ney et toute la droite, pour tourner la dernière Il orRusses. des position donna à la garde et à tous les corps de cavalerie de soutenir ce grand mouvement; à Eugène , de se de Kala en avant porter et fut décidée, logha ; alors la victoire l'ennemi se retira sant sur le champ vers en laisMojaïsk, de bataille 70 pièces de 322 MÉMOIRES et 55,000 hommes hors de combat, parmi lesquels se trouvaient 50 généraux. L'armée française n'eut pas 20,000 hommes canon tués ou blessés. Nos troupes se remirent en mouvement de la Moscowa , et Napoaprès la bataille 14 entra a le Moscou à2 léon septembre heures premier Kremlin, et situé sa et le avec garde fixa sa résidence au après midi, il corps; ancien au milieu palais des czars, fortifié de la ville; le maréchal fut nommé Mortier gouverneur cou , avec l'a mission le pillage. A peine tèrent partout mais tous leurs Les incendiaires et Mos- d'empêcher fut-il établi au KremNapoléon vaste incendie éclata sur divers lin , qu'un points de la villes riens spéciale de autres Tous l'es Français se poren foule pour l'éteindre, efforts furent , secondés malfaiteurs vains. par les galésoudoyés, mis le feu dans tous les quartiers la plupart anibâtis en bois. Les flammes, avaient DE NAPOLÉON. 323 s'étendaient mers par un vent impétueux, de maison en maison; alors, rapidement ceux des Moscovites qui n'avaient point voulu suivre l'armée tremblans et russe, tout à coup des souconsternés , sortirent et vinrent terrains où ils s'étaient retirés, s'abandonner à la des vain- générosité queurs. Les incendiaires, à la surpris la torche traduits devant les conseils main, furent de guerre , et tous affirmèrent qu'ils n'avaient mis le feu à la ville qu'après en avoir reçu l'ordre impératif de Moscou. gouverneur Un armistice ses, et Napoléon phes, proposa les Russes, tout tinrent avait de Rostopchin, été accordé aux Rus- , au milieu de ses triomla paix à Alexandre; mais ne en la faisant espérer, et poussèrent la duplipas parole, cité jusqu'à attaquer établie sur la Nara. battus et forcés désordre. l'avant-garde française Toutefois , ils furent de repasser la rivière en Quelques mença la retraite. jours après, on com- MÉMOIRES 324 dans le meilleur Reposée, de vivres pourvue et d'un état possible, matériel im- à évacuer Mos; l'armée commença le 18 octobre, cou et ses positions et se la quitta sur Kalogha. dirigea Napoléon à Mortier le 19, et donna l'ordre d'abanmense donner le Kremlin le 23, après l'avoir fait recommanda de ne surtout sauter, et lui ni blessés , ni malades. laisser en arrière Le grand quartier-général se porta à Boet l'armée rowsk, ayant fait deux marches de flanc, y prit position à mesure qu'elle arriva. On alors apprit un grand mouvement forces sur petite ville la l'ennemi que effectuait pour concentrer ses la les hauteurs dominent qui de Maloiaroslawetz , située sur y porta sur-le-champ aux livrer bataille corps pour à la retraite. Ou les forcer Eugène Louja. L'empereur plusieurs Russes, eut la principale de l'attaque, et de préciser ses dispositions le manière à donner temps à Davoust Kutusof. s'avancer pour déborder de de reçut l'ordre direction DE NAPOLÉON 225 de s'établir acheva Ce général nuit du 23 au 24 sur les hauteurs. dans la Le ma- la ville tin, l'action s'engagea vivement, et ses hauteurs furent et abanemportées fois. données plusieurs Mais malgré une de force, Eugène finit par conser- extrême disproportion redoublant de bravoure, ver la ville et les hauteurs. té- moigna sa satisfaction soncorps d'armée ; ensuite qu'à Napoléon au prince ainsi la soirée la nouvelle il reconnut dans de l'ennemi, position pour le lendemain. Mais Kutusof, effrayé, se retira après avoir eu 10,000 hommes tués, blessés ou pris, et ordonna l'attaque jusqu'à Jonczarowo, de Maloiareslawetz, dans la crainte attaquer. l'intention que dix où lieues il se retrancha Napoléon en eut L'empereur ; mais plus en arrière ne vînt un l'y instant occupé du soin de de suivre Kutusof, son armée que désireux il changea de direction, et se porta sur la de Smolensk grande route par Wiasma, de et les convois Mortier pour couvrir 28 320 MÉMOIRES blessés, nitions de malades, et d'employés découvert d'artillerie, qu'il avait en marchant mouvement fut laisses à sur Kalogha. et débordé par suivi commandés Russes, de mu- par mais l'armée radowitch, vembre à Wiasma Ce les le général Miloentra le 1er no- avoir les après repousses au-delà et continua sa marche de l'Utitsa, sur Smolensk, pendant que son arrièreavait chaque taques de l'ennemi, pagne de Cosaques. garde jour qui à résister aux at- inondait la cam- Arrivés à Smolensk, nous prîmes position le 9 , la garde dans la ville et les faula dans les villages, cavalerie entre bourgs, la route de Krasuoé et le Niéper ; le huitième sur la route d'Elnia; le cincorps, sur celle de Mstislaw ; le premier, quième, le à Stughinwo; le quatrième traversa Wop, fendre et le troisième fut de dé- chargé le passage du Niéper à Slapnerva. L'armée séjourna peu dans ses positions, elle se remit en route le 14 pour se porter DE sur Minsk, NAPOLÉON. 327 la faute de que, par retiré sur le Schwartzenberg, qui s'était de Varsovie, l'ennemi avait grand-duché détruit ignorant nos magasins, renforcé par l'armée se placer et que Tormasow, de Moravie, avait pu sur la Bérésina. Les Rusres at- tendaient les Français au ravin de Mersitué de la grande route, village près lino, le chemin de Krasnoé ; pour lui couper ce projet fut connu, les meniais, lorsque sures furent si bien prises, que tous les un passage, sortirent corps s'ouvrirent combats vainqueurs de différens rent à soutenir, et marchèrent ils arrivèrent où Orsa, et de Ney seul, qui formait ne put forcer le passage le 19. Le corps l'arrière-garde, ni enfoncer Russes, quatre fois plus nombreux et avantageusement retranchés. Cependant, sessoldats, encore ne prenant l'intrépide maréchal, que les que lui dans la valeur confiant plus conseil qu'ils eusur Lyadi de dans la sienne, et de son courage, après avoir fait les MEMOIRES 328 efforts forcer l'ennemi, grands pour plus le brave, se dirige par sa droite sur le Niéhardiment franchit ce fleuve sur la per, à la hauteur glace, la grande-armée de Gusinoé, au moment croyait perdu. C'est alors que tous les fléaux sur l'armée française qui trouva sein de la victoire les plus et atteint où on le fondirent bientôt affreux au revers. du 7 au 18 nomarqua de 16 à 18 degrés au-dessous de Le thermomètre vembre se couvrirent glace ; les chemins de la cavalerie, glas; les chevaux tillerie, saient du train chaque et des équipages nuit par milliers; de verde l'arpérison en abanfallut perdit 30,000 en peu de jours. Il donner et détruire les pièces de canon, et les munitions de guerre et de bouche. Une de chefs si auda- année composée de soldats si braves cieux, ne pouvait des élémens succomber conjurés et si dévoués; que sous la fureur contre elle. DE Smolensk Depuis froid excessif 329 NAPOLEON. jusqu'à détruisit un Orcha, les jour chaque et par milliers, malgré les maux qui l'accablècependant, rent, l'armée française ne cessa de triom- hommes et les chevaux des Le 17 le s'adoucit Russes. , temps pher fort à propos, car si le froid eût continué, des l'armée eût entièrement au milieu péri glaces; pourquoi donc voudrait-on nous de cet affreux persuader que les rigueurs de hiverne furent qu'une cause secondaire nos désastres? A Orcha moment un sans , Napoléon, prendre de rétablir de repos, s'occupa que les combats et l'intempérie la saison avaient naturellement dérangé; de fit faire de l'ordre des distributions considérables il et lire vivres, d'armes et de munitions, dans tous les corps d'armée un ordre du à leurs devoirs. jour qui les rappelait Les désirs de Napoléon accomfurent et les plis; en effet, dès que les officiers 28* MEMOIRES 550 soldats connurent son ordre que leur ils rentrèrent mécontentement occasionnait, l'ordre avec et eux, rangs, ces deux mobiles puissans du jour isolément dans et le lui leurs et la discipline, font triomqui nombreux des obstacles, repapher plus une fois au sein de cette encore rurent française , qui s'avança alors à mar ches forcées vers la Bérésina, où elle arriva le 25. armée sa marche Pendant cette rivière, détachés, trograde; de Moscou les différens jusqu'à d'armé corps mouvement leur opérèrent le deuxième joignit ré Napoléo Wiln se rendita à de Borisof; le sixième la de le route ; Swentziany par septièm Wol se retira sur Varsovie Minsk et par près le neuvième kowik; quitta Senna , rejoi la à et forai Rotuliezi, gnit grande-armée re le deuxième sa l'arrière-garde; opéra traite et Tek. sur Tilsitt en passant entre Szawl DE NAPOLEON. battit Saint-Cyr à Polotsk genstein maréchal 331 complètement et à Banonia; Wittmais ce blessé , et il remit le commandement des deuxième et sixième corps aux généraux Legrand et de Wrède. Oud'une blessure reçue à l'édino, guéri fut le 17 se remit àla de son tête août, paule, d'armée et le battit Pahlen général corps de Sacà Niémanitza. Reynier triompha ken, aux Swilosch. combats Victor de manoeuvra et fit éprouver à de 4,000 hommes tués l'ennemi une perte ou blessés et de 3,000 eut de Piklopenen, et le repoussa. La enfin prisonniers; un engagement en avant avec le général Leskow arrivée grande-armée, teurs de Borisof, campa cette ville. habilement de Lukolm sur la rivière Macdonald et de Wolkowik aux sur les hauenvirons déterminé de à fran- Napoléon, le passage, chir la Bérésina, en brusqua afin d'empêcher et Wittgenstein Platow de se réunir à Tchitchagow, qui avait dé- 332 MÉMOIRES bordé l'armée par suite de la retraite de ; il voulait Schwartzemberg cipitée de l'avance profiter sof. En qu'il avait des conséquence, sur différens points; établis manoeuvrer tous ses corps , en masquant ; par son ordre, l'ennemi tentions sur ponts préaussi Kutufureut Napoléon fit pour tromper ses véritables inon dressa des bat- teries vis-à-vis celles tandis à Wesqu'il faisait des préparatifs et que son artillerie traversait les des Russes, et on rassembla avec beaucoup d'ostentation au tous les matériaux nécesendroit, même saires à la construction d'un grand pont, lowo, chaussées gel avait lui-même celui de le dans les marais, que rendues praticables : il présidait aux travaux des ponts. Dès que établies droite fut fit achevé, Napoléon et passer sous ses yeuv le deuxième corps sa garde, et quand les autres ponts fuient il se la et sur rive terminés, porta opposée se plaça sur les hauteurs, à deux cents pas de la rive droite, le paspour protéger ; DE NAPOLÉON. sa avec garde, âge, d'armée mecorps Tchitchagow. Les troisième 333 pendant que le deuxiècontiendrait l'amiral et cinquième passèrent le ordre de soutenir et reçurent ensuite, deuxième. Les 26 et 27, les autres corps , et les femmes ainsi que les employés qui voulurent traverser ent le mouvement, la formait qui gauche continuèla rivière, elle maréchal Victor, de l'armée, sition au-dessus propotandis que le général le soutenir de Weslowo, devait Partouneaux Celui-ci soir à Borisof. jusqu'au s'égara et tomba entre les corps de dans la nuit, Platow et de Wïttgenstein, qui le firent la de sa prisonnier majeure avec partie division. Dans la nuit du 28, Victor franchit la la dans de resta rivière, et il ne plaine plus des voitures, Weslowo destraînards, que des employés, des enfans et des femmes, des vieillards français n'avait pu déterminer et moscovites, qu'on à passer la Bérésina 534 MÉMOIRES A l'approche de l'enles jours préédens. se précipitèrent sur nemi, ces malheureux le pont de Studzianka, qui se rompit. En même l'ennemi s'avançait que temps du côté de la rive gauche, l'asur Victor, miral Tchitchagow, réuni à d'autres corps, par sur vivement attaquait deuxième corps; les troisième la rive mais, celui-ci, et cinquième, soutenait poléon qu'il temps de la rivière, droite le secouru Naque en même avec sa garde, favorisait le toujours passage battit Tchitchagow et le con- à se retirer. traignit L'armée ayant achevé de passer la Béelle le feu aux on mit et résina, ponts, continua dant entre sa marche Zembin sur Wilna, en s'étenoù et Plészazeniczi, elle se reposa pour attendre avaient suivi son mouvement. en marche et vint de Smorghoni, sur distance de Wilna. Ce fut en cet endroit, tous ceux qui Elle se remit se former en arrière la route et à peu de le 5 décembre 1812, DE NAPOLÉON. 333 son armée. après avoir placé orte de 80,000 hommes et de 250 pièces donna le commandement de canon, et ses ue Napoléon, à Murât, où sa présence était instructions (M) BATAILLE et partit pour Paris, nécessaire. DE LUTZEN. 1813. Le plan de Napoléon, au de campagne avait d'abord but de 1813, printemps pour de manoeuvrer de prendre sur Dresde, cette grande sesopérations, des conditions ville, d'en faire le centre de la paix à et d'y proposer honorables pour tous les devait envahir l'empereur se de traîtreusement venait Prusse, qui déclarer contre lui, et y parler en maître partis. Ensuite, encore une fois aux alliés, paix. A peine eut-il Napoléon à Naumbourg, tier-général corps d'armée disponibles s'ils rejetaient fixé son quarque tous les se mirent en 336 MÉMOIRES mouvement procher pour passer la Saale et se rapde Leipsick entrer dans cette et prendre ville, y passer l'Elster à revers. A la suite lieu de deux à Weissenfeld qui eurent et au défilé de RipBessières fut tué, l'arcombats le maréchal pach, mée s'empara de Lutzen bouchés de la Saale. et de tous et le Alexandre L'empereur En au général l'ordre roi de se décidèrent à (le 2 mai) dans les plaines de ils donnèrent conséquence bataille Lutzen. les dé- alors à Dresde Prusse, qui se trouvaient avec toutes leurs forces, livrer l'ennemi en chef Wittgenstein cette d'occuper de mourir) marche asmirent en et se pour position, sister à la défaite de notre année. Il était (Kutusofvenait trop tard, prévenus. et Pegau, française gauche, les avait leur vigilant adversaire Ils s'arrêtèrent entre Zwenkau en face était de l'Elster. dans L'armée ce placée moment, la ondes et cinquième composée DE NAPOLÉON. 337 sous les ordres corps, , le zième d'Eugène le cenlong de l'Elster jusqu'à Leipsick; le troisième tre, qui comprenait corps, fort de cinq grandes au village par Ney, formée divisions, de Kaya commandé ; la droite , du sixième , dirigée par Marmont, au défilé de Porsana , et le quatrième marchant pour le soutenir ; la garde en réserve à Lutzen. semblait vouloir Napoléon ses derniers temps, attendre manoeuvrer du gagner renforts et son ar- encore quelques jours la former un peu, inquiéter mée , pour ou donner le change au général ennemi. eût ordre d'en soit celui-ci venir Mais, que à aux mains, avoir ou ne voulût point combattre de plus tardant en forces grandes il se montra la bataille, vers dix heures avec toute re- le matin son armée, passa l'Elster, franchit le ruisseau de Flongraben, et se forma entre les villages de Worben et Sombesen. Cet événement inattendu obligea 29 Napo- MÉMOIRES 338 à prendre de nouvelles dispositions. de la Eugène eut ordre de se rapprocher léon de Le attaqué. quatrième gauche Ney, déjà sous les ordres de Bertrand, dut corps, sur les derrières de l'enaussi s'avancer nemi au moment le plus fortement corps se trouverait La réserve engagée. sur Kaya de Lutzen porta l'aile droite où la ligne du centre, tandis pour se soutenir que le sixième y obliquerait. certain de la L'ennemi, qui paraissait marchait réussite de son entreprise, pour déborder notre droite et gagner le chemin Il fut arrêté par la division d'abord une qui lui fit éprouver Compans, les considérable. Cependant perte plus de Weissenfeld. grands efforts se faisaient au centre. Le de Kaya fut pris et repris plusieurs s'engageait sur une fois, tandis que l'action de couverte de de deux lieues, feu, ligne fumée et de poussière. village Dans sur l'aile ce moment gauche Bertrand de l'ennemi, déboucha et Eugène DE NAPOLÉON. sur les hauteurs, dorf et sa gauche à Ketzen; se déploya canon qui protégeaient le ravage rent bientôt l'ennemi. 550 sa droite à Eis- 60 pièces de sou front, portèdans les rangs de redoublait ses at- Wittgenstein et emportait taques sur le centre, de nouveau le village de Kaya en repoussant le troisième corps en désordre ; mais Napoà tout, l'eut bientôt ralléon, qui veillait lié et remis De part acharnement en ligne. et d'autre çait à chaque extrême moment progrès. on se battait ; l'ennemi et faisait l'ennemi avec un se renfor- de grands se fût avan- Lorsqu'enfin de pouvoir céaupoint le cinquième corps, être pris en flanc par Napoléon commanda au maréchal de donner Mortier sée avec la jeune garde au village et de reprendre le village ; tandis tête baisde Kaya, que l'em- faisait mettre une batpereur lui-même terie de 80 pièces en avant de la vieille le garde formée en échelons pour soutenir centre. La cavalerie de la garde et deux 540 MÉMOIRES faisant ensemble un faible corps divisions, de quelques mille chevaux , devaient seconder de leur mieux la réserve. A la suite de ces dispositions, l'artillerie fit un feu épouvantable, de et l'infanterie la garde tomba avec tant de vivacité sur le village de Kaya, que tout plia devant elle, Alors Napoléon à sa droite un faordonna en avant, et à moule même par Cette de l'ennemi. de front meux changement sa gauche de menacer, les derrières vement, manoeuvre força les alliés entre pris plusieurs feux, retraite pour sortir leur , qui allaient à précipiter être leur où d'un pareil danger, Mais les avait conduits. présomption quelle perte ne firent-ils de 25 à 30,000 Cette bataille, ! s'éleva elle pas tués ou blessés. sans cavalerie, gagnée lorsque les alliés en avaient une très-nombreuse , fit le plus grand honneur à l'infanterie ces paroles française , et justifia de Napoléon à ses soldats avant l'action : " Une bonne infanterie soutenue par DE NAPOLÉON. » de l'artillerie doit 541 se suffire, savoir " L'armée française suivit ensuite l'ennemi dans sa retraite sur Dresde, où l'avantle 8 garde , aux ordres d'Eugène , arriva mai , l'Elbe. en l'ennemi poussant au-delà fit son entrée Napoléon ville à la tête d'une On reconstruisit avaient de dans cette partie de sa garde. les ponts que les alliés on en établit un de ra- détruits, deaux ; et, le 11 , les quatrième , sixième , onzième et douzième corps passèrent le sur fleuve. Les deux premiers se dirigeant le onzième Koenigsbruk, de Bischaffworda Miloradowitch retraite le battit tenir la prit , rencontra , l'attaqua à la , le força , le poursuivit jusqu'à encore. Le quatrième, communication direction la le général de et , Goëdau mainpour l'aile avec l'armée droite de vive force , s'empara enleva Koenigs-yvartha ; le cinquième de la défendue le de Weissig position gépar sur néral York ; le deuxième se porta Torentra dans le ; Wittemberg septième 29* MÉMOIRES 542 de quitter, venait le troisième gau , que sur Lukau. afin de marcher en Italie se rendit Eugène un promptement devait rejoindre quelle au 20 mai. armées Alexandre troupes ET BAUXZEN CHEN. était Voici de réunir qui la grande-armée. DE BATAILLE corps pour la situation WURT- des deux en personne l'arde Kleist, de renforcée commandait mée alliée , qui, de des levées , , Barklay Tolly prussiennes hommes. de un total 160,000 présentait Sa gauche était, appuyée à des montagnes aux et perpendiculaires cours de la Sprée , à peu près à une lieue foravait Cette ville de Bautzen. , qu'on le* tifiée et garnie de redoutes soutenait , couvertes centre de bois de l'ennemi; sur des mamelons les débouchés était couvert sa droite fortifiés de la Sprée, de la rivière. s'appuyait défendaient qui tout son front Cette position, 545 DE NAPOLÉON. n'était pas la seule occupée par très-forte, encore à une les coalisés ; on apercevait lieue en arrière , des travaux qui marLa la seconde quaient était appuyée arrière gauche position. en aux mêmes montagnes, de celles de la première position et fort , ; le en avant du village d'Hochkirch centre était appuyé à trois villages retranchés, où l'on avait fait tant de travaux qu'on pouvait places fortes. positions, de front, dait l'armée les considérer C'est dans qui avaient lieue remporterait toutes celles de son rival, Napoléon, ainsi et à la Moskowa combinaisons, tiles , et obtint L'armée plusieurs et demie de Russie atten- française , bien une victoire illusion persuadé qu'il qui effacerait s'évanouit qu'il l'avait fait bientôt; à Wagram , rendit, par ses savantes tous ces grands travaux inu- succès. le plus brillant s'était augmentée française corps, des ces formidables une que l'empereur Cette flatteuse comme aux ordres de Saint-Cyr de , MÉMOIRES 344 etc. , et comptait de Reynier, d'Oudinot, combattons. environ 180,000 Napoléon sur les hauteurs avait son bivouac , en arrière de Bautzen. Sa droite , qui s'appuyait de la aux montagnes sur la rive gauche de la de l'enétait gauche Sprée, siparée nemi par cette vallée ; son centre était desa de Dresde la route sur ; , la en remontant Sprée jusqu'au gauche débouché de Jaselitz. Ney , avec les troi- vant Bautzen marsième , cinquième et septième corps, chait depuis la veille pour tourner la droite et se porter , après avoir passé d'Alexandre, la Sprée, sur Wurschen et Wessembourg, la garde en réserve derrière le centre. fut donné à la Ce même jour , l'ordre la Sprée et d'attaquer droite de franchir les montagnes de l'ennemi. la gauche qui protégeaient centre dut traverser Notre sa droite; inquiéter pour la gauche établit des ponts sur chevalets à droite et à gauche de Seydau , et passa également. aussi cette rivière DE 545 NAPOLEON. se troules ordres de l'empereur Amidi, vèrent exécutés avec autant de courage que de précision fut repoussé sur , et l'ennemi sa seconde , excepté sa droite position se maintint sur les hauteurs, entre armée et les trois corps du maréchal qui l'avaient débordée en Lukau et Kolau sur Wurschen, général d'Alexandre. Napoléon heures dans Bautzen. Ney, de marchant quartierentra à trois Dès lors, de Russie l'empereur trevoir la possibilité d'être forcé deuxième position , s'il persistait fendre ; ainsi, toutes vaient être changées. vaux demeurèrent qui notre dut endans sa à la dé- ses dispositions Ses immenses detra- inutiles. En effet, sa droite devint son centre , sans qu'il l'eût prévu, et il fut obligé de jeter une partie de son armée dans un lieu peu favorable et qu'il ne connaissait pas , pour l'opposer aux trois corps de Ney , qui le débordait de plus en plus , en avançant toujours sur le village de Preilitz. MÉMOIRES 346 Le 21, à 5 heures du matin, sur les hauteurs se transporta de lieue de Bautzen. Napoléon , à 3 quarts Notre droite une vive fusillade sur les hau- en avant commença teurs qui défendaient la gauche des alliés, le combat, afin d'entretenir et reçut l'ordre de masquer la véritable attaque, dont le résultat ne pouvait pas se faire sentir avant une heure après midi. A 11 heures, la gauche marcha à 1,000 toises en avant de sa pocaépouvantable , et engagea une nonnade devant les redoutes sition chemens de l'ennemi. et les retran- La réserve, manoeuvrèrent à pied et à cheval le tenir incertain sur le véritable la garde afin de dessein de Napoléon. l'ence temps, Ney culbutait Pendant la nemi au village de Klix, Sprée, passait et menait battant ce qu'il avait devant lui, jusqu'au village mais les réserves cées pour maréchal de Preilitz de l'ennemi enleva; qu'il s'étant avan- le le quartier-général, le village. fut ramené et perdit couvrir DE NAPOLÉON. 347 centre à a gauche de notre commença éboucher à une heure sur la route, entre liskawitz et Doberschutz. Alexandre, plus et voyant le danembarrassé que jamais, la le direction menaçait par que ger qui le crut seul que moyen prenait la bataille, qu'il devait employer pour le contre combat avantage de déboucher, l'empêcher en même temps à l'attaque était de Ney, et de s'opposer du centre. Ces et trop dispositions tardives, de l'armée néesaux opérations hâtèrent la défaite Le moment avec, soutenir subordonfrançaise, des ennemis. de décider le sort de la ba- Nadès lors bien indiqué. à sa un mouvement gauche , poléon , par la avec en un garde quart-d'heure, seporta et toute la cavalerie, sur le flanc de la le était devenue droite de l'ennemi, qui taille se trouvait centre. Le mamelon dont Alexandre avait II voufut enlevé. ait son point d'appui le avec deux reprenut, grandes masses, au général ordonna dre; niais Napoléon , 548 MÉMOIRES Devaux riger bien d'établir une Batterie et d'en dile feu sur ces masses. Cette artillerie servie un effet produisit prodigieux, fit aussi avancer 60 pièces de ca- Napoléon non et toute la jeune garde de Kleimbascwitz ; coupant Wurschen sur l'auberge le chemin de à Bautzen. L'ennemi fut obligé de dégarnir sa droite pour parer à cette nouvelle attaqué. Ney en profita et marcha en avant, reprit alors sans peine le village de Preilitz, et s'avança sur Wurschen. A 3 heures après midi, le combat était et entièrement engagé, un feu épouvantable se faisait entendre sur une ligne de 3 lieues. la bataille était gaannonça que Napoléon En effet, gnée. la mit tournée, centre, fuite. A voyant sa droite en retraite ainsi que son et bientôt cette retraite devint une Wurschen. faire venait l'ennemi 7 heures du soir, Ney arriva Le 6e corps reçut l'ordre un mouvement à celui inverse d'exécuter la garde, d'entrer à de que dans DÉ NAPOLÉON. 549 les retranchemens à droite prendre et de pivoter dégarnis, vers Kumschutz et Olnitz, afin de à dos l'aile gauche de l'ennemi en s'avançant sur Hochkirch. condé par les 11e et 12e, Ce corps, setout ce, accomplit et cette aile fut écraqui lui était prescrit, sée et mise dans une déroute complète. Ainsi, toute l'armée combinée fuyait sur sur en et laissant Lobau, Weissemberg couvert de ses morts champ de bataille et de ses blessés au nombre et de 20,000, le en notre pouvoir. 10,000 prisonniers roi de de Russie et le Prusse L'empereur réduits tirent de Bautzen se la bataille re, après avec leur ardans la Haute-Silésie mée démoralisée licitèrent et à moitié un armistice soldétruite, traiter de la pour le plus ardent désir paix. C'était seconder de l'empereur. Eu effet, il ne voulait que la paix, pourvu fût il honorable; qu'elle et fut encore la consentit à l'armistice, de sa Les alliés franchise. profitèrent dupe du temps qu'il leur accorda pour faire des 50 MÉMOIRES 350 levées, réorganiser d'Autriche l'empereur contre à s'armer et décider armée, et d'autres princes la France. DE BATAILLE (N) leur DRESDE. 1813. A la suite de l'armistice, ses cantonnemens çaise prit et Liegnitz hême jusqu'aux et à Goerlitz. établit son Napoléon et sa garde à Dresde. étaient et l'armée fériorité fran- depuis Glogau de la Bofrontières quartier-général du 10 août A l'époque alliées l'armée fortes française numérique raison 1813, les armées de 656,000 hommes, Cette in- de 464,000. avait augmenté la par à la s'attendait qui que Napoléon, heureudans son espoir; fut paix, trompé sement il avait en face des ennemis qui savaient commander de suite sa loyauté surprendre de grandes armées. Il mit mieux ses troupes en mouvement, que tout et le DE NAPOLÉON. 17 août elles se trouvèrent 351 placées de cette : manière Les 4e, 12e et 7e corps, sous les ordres de aux environs étaient Dahme, d'Oudinot, le 3e à Leignitz, à Loewemberg, le 5e à Goldberg, le 6e à Buntzlau, 2e et 8e aux environs de Zittau, le 11e les 1er, le 14e au de et sa ; garde camp Koenigstein Napoléon où ils arrivèrent marchaient sur Gcerlitz, le 18. L'armée la position 80,000 hommes ennemie tenait sui- s'avante : en Bohême, autres s'étavançant sur l'Elbe ; 200,000 blissant sur la rive gauche de ce fleuve, 100,000 homprès de Prague ; en Silésie, mes se réunissant aux environs de Breslau; dansle Brandebourg, couvraient Berlin. L'ennemi dans l'idée la rive avait que gauche 110,000 ainsi qui ses corps, sur repasserait disposé Napoléon de l'Elbe. Le 19, l'empereur marcher sur-le-champ hommes fit se porta à Zittau, le 8e corps, força 362 MÉMOIRES les débouchés de la Bohême, chaîne de montagnes grande cette province franchit la qui sépare et entra à Ga- de la Lusace, bel pendant d'infanterie et qu'une division une de cavalerie de la garde s'emparaient des monde Rumbourg, le col passaient tagnes à Georgenthal, du 8e corps se rendait division et qu'une maîtresse de Rik- chenberg.. Cette opération ter les alliés notions avait pour but d'inquiédes sur Prague, et d'obtenir certaines au sujet l'élite que On apprit donc et prussienne traversait se réunir sur la rive revint Napoléon le 20, à une heure de leurs desseins. de l'armée russe afin de la Bohême, gauche de l'Elbe. de la Bohême à Zittau y laissa le 2e corps pour appuyer le 8e, plaça le 1er à Rumbourg les deux divipour soutenir sions de la garde, à qui il ordonna de construire des redoutes domine avec le col, sa garde, du matin; sur et marcha par Lobau, il le mamelon le même qui jour, en Silésie, où DE NAPOLÉON. 583 à 7 heures. Le lendemain il arriva , il était à la pointe du jour à Loevemberg. Là il apprit que tous les corps qu'il avait laissés en Silésie étaient repliés derrière le Il fit jeter des ponts sur cette rivière. Le 5e corps passa à midi, culbuta tout ce qui voulut lui fermer le chemin , enleva toutes les positions, et, secondé par Bober. le 11e, mena l'ennemi battant jusqu'auprès de Goldberg. Sur la gauche, le 3e attaquait le général Sacken en avant de Buntzlau , déroute et lui le mettait en renversait, le faisait des prisonniers. ainsi contenu L'ennemi en Silésie, Na- poléon emmena avec lui le maréchal Ney, dont le corps passa sous les ordres de Souham , laissa le commandement de l'armée de Silésie, 5e et 11e des 3e, composée à Macdocorps, , avec le 2e de cavalerie, nald. le à arriva 25 Stolpen , à Napoléon lieues de Dresde. Lagarde, l'infanterie, 6 la cavalerie et l'artillerie firent, en 3 jours, 40 lieues des horribles. chemins par 30* 384 MÉMOIRES Dès le 22 août, la principale armée des s'était alliés, forte de 200,000 hommes, dans les sur le de situé Pirna, portée camp environs de Dresde , et occupé par le 14 Saintle maréchal commandait corps que avec coalisés ce Les Cyr. corps attaquèrent leur droite. Le général français, ne voulant se repoint perdre de monde inutilement, tira sur Dresde, qu'il avait fortifiée par des ouvrages avancés; il distribua ses troupes le plus avantageusement possible, et attendit les événemens. Mais l'ennemi tâtonna , n'osa pas profiter de ses avantages et donna le temps à Napoléon d'accourir de la Silésie au secours de Dresde , place importante qui était toujours le point central de ses opérations. Arrivé, à Stolpen, se remit en marche périale, vie du fanterie valerie il prit ses mesures et le 26 : la garde imformant tête de colonne, était sui1er corps de cavalerie et du 2e d'in, venus de Zittau, ainsi que la cadu 4e; le 6e corps resta un peu en DE NAPOLÉON. arrière ; le premier tein pour débloquer du camp parer 355 fut dirigé sur Koenigscette forteresse, s'em- de Pirna et faire rétablir le pont. à Dresde arriva Napoléon heures du matin 1er corps vers les 10 avec toute de cavalerie sa garde et le les tra; il examina vaux de la ville et les dispositions du maréchal Saint-Cyr, et trouva tout bien ; ensuite il s'occupa à placer les troupes qui l'avaient suivi, soit pour résister, Soit pour les alliés. repousser ou attaquer On ne comprend l'ennemi pas pourquoi les 24 et 28, lorsn'attaqua pas Saint-Cyr était en Silésie ; il eût induque Napoléon bitablement enlevé ce succès auraient Dresde. Les suites de été incalculables. Le 26 août, à quatre heures après midi, au signal de trois de six cocanon, coups chacune de lonnes ennemies, précédées pinquante peu après, environnent à feu, se formèrent, descendirent des collines bouches Dresde à une lieue et qui dans la MÉMOIRES 356 elles plaine; doutes. En se sur les dirigèrent moins d'un quart-d'heure rela ; le feu d'une de nos redoutes étant éteint, les assiégeans et firent ensuite des efforts la tournèrent canonnade devint terrible au pied de la palanque l'enlever. Il était des faubourgs de cinq heures; pour une partie près avait pris part des réserves de Saint-Cyr obus tomà l'action, et déjà quelques baient dans la ville. L'ennemi éteignait des palissades; le feu de la nôtre, Napoléon moment ne jugeait pas où il fût arrivé ses ordres principaux. l'ennemi fut s'approchait Quand tions et bien triompher avançait, son artillerie et pourtant le encore que devait donner éloigné de ses posine , qu'il pensait qu'a engagé l'armée et semblait mépriser se de à française, Napoléon Ney avec deux divisions de la jeune porter garde sur sa gauche, en débouchant par la de marchet porte de Planen, et à Mortier ordonna DE NAPOLÉON. avec deux autres 357 du même divisions corps de Pirna. sa droite, par la porte Ces divisions culbutèrent tout devant contre Le feu elles. La s'éloigna nuit sur-le-champ. devint très-obscure, et le feu cessa; mais le lendemain au matin on vit distinctement l'ennemi prolonger les hauteurs qui couvrir sa gauche et étaient séparées le de vallon Plaùen. par Dans ce moment les deuxième et sixième de son centre corps d'armée, avec un gros détachement ce cavalerie, ayant joint l'empereur, baprince fit ses dispositions pour livrer sa gautaille ; il donna sa droite à Murat, che à Ney et le centre à Soult. de Sa droite, se déploya Cola; une réserve; divisions du deuxième composée devant Lobda, masse de sa gauche, de la jeune le en s'appuyant forma cavalerie sa en s'apl'Elbe, corps de cavalerie et entre puyant au quatrième en avant d'Engelhardtz porté à des quatre composée garde, se mit en ba- taille parc corps, ; le centre, 358 MÉMOIRES formé des sixième et quatorzième oorps, se : ainsi le à cheval, sur la plaça premier route de Dippoldiswald, en s'étendant jusle second se déqu'aux Maisons-Rouges; ploya en arrière de Strehlen, et tint le chasseurs à pied et parc ; lesfgrenadiers, la cavalerie de la vieille garde furent mil en réserve un peu à droite des Maisons- Rouges. L'armée ennemie était en bataille dam la plaine et sur les hauteurs : sa droite s'étendait entre l'Elbe Pilnitz et le grand chemin de enle terrain occupait nitz. Le temps était bait par torrens, affreux ; la pluie tomet les soldats avaient ; son centre tre Strehlen et Plauen ; sa gauche s'étendait au-delà de la petite rivière de Wesseritz; la réserve était placée en arrière de Strehlen , Plauen, Wolsnitz et Pries- l'eau. la nuit dans dans la boue et passé A la pointe du jour l'attaque commença. A sept heures, une forte canonnade s'en- DE NAPOLÉON. 359 sur toute la ligne ; à neuf heures ; agea à Murat de ordonna déboucher apoléon le deuxième et les divisions de avec corps cuirassiers sur la route de Freyberg, de l'ennemi. pour Murat la attaquer gauche sa mission le avec plus grand sucemplit cès.Les six divisions qui composaient aile furent culbutées et cette éparpillées; et ses a moitié fut prise avec ses drapeaux canons. Au centre, it l'attention une vive canonnade de l'ennemi, nnes se montraient prêtes soute- et des coà l'attaquer Notre d'autres gauche manoeupoints. leur ait en avançant et repoussant sa droite Blaswitz et Gruna, pendant que le maréchal Saint-Cyr (14e corps) liait centre à la gauche, xième, notre ta défaite d'Alexandre devint avec le complète èsqu'il sa grande communicaeut perdu de et sa sa Bohême gauche droite, tion par Il la dans se décida à retraite. t-il perdit, cettegrande journée, en tués, blessés et 360 MÉMOIRES mille soixante prisonniers, hommes; et soixante en outre, quarante drapeaux ces de canon. Les Français n'eurent quatre mille hommes à regretter. Moreau un boulet eut les deux jambes de canon, pendant une batterie derrière tretenait, avec l'empereur de Russie. le transportèrent.sur chaumière, pièpas brisées qu'il par s'en- prussienne, Des Cosaques leurs piques dans une le feu de l'armée fran- que de quitter; bientôt çaise l'obligea alors au quartier-général conduisit où on l'amputa; Lahu, où il mourut mi, on le enne- de là, on l'emporta le 2 septembre. à Les 28, 29 et 30, l'armée française pourdans toutes les directions, suivit l'ennemi Nous lui prîmes plus de vers la Bohême. mille caissons de munitions,; et de de prisonniers ou voitures des canons ; beaucoup de faim blessés mourant tirés ment dans les villages', entre nos mains. Le premier corps étaient , qui tombèrent déboucha re- égale- par Koe- DE NAPOLEON 361 du s'empara camp de Pirna et nistein, de Hollendorff. ce Le 28, même corps battit quinze-mille :Russes, aux ordres, du leur enleva deux prince, de Wurtemberg, six canons, et s'établit mille prisonniers, sur le haut des le, lendemain monthgnes qui séparent la Misnie de la Bohême Le deuxième corps et les divisions de cuirassiers occupèrent Lichtenberg; le sixième, Dippoldiswalda ; le quatorzième, Reinla jeune garde, Pirna. hardis-Grimma, Cependant,les avantages remportés par à Lutzen, sur le Bober Napoléon Bautzen, et à Dresde, furetn extra ordinairement diminués par les échecs qu'éprouvèrent Ou23 le à Macdodinot, août, Gross-Bere,; nald, le 26, sur la Katzback; Vandamme, le 29, Kulm; Ney, le 6 septembre, à Juterbogk. (O) BATAILLE octobre l'ouverture Depuis DE LEIPSICK. 1813. de la campagne 31 jus- 362 MÉMOIRES 6 l'ennemi qu'au septembre , avait perdu sur le Bober et à à Lutzen, à Bautezn, Dresde dans sescombats avec Vandamme, Oudinot et Ney , 160,000 Macdonald, hommes, et les Français 70,000 au plus. Mais les pertes à Kulm, Gross-Aberen, et surtout sur la Kutzback ne Juterbogk pas seulement la force numérique de notre armée; elles furent encore contraires aux combinaisons de Napoléon. diminuèrent il se fût maintenu en Saxe Cependant, sans la retraite inconcevable que fit Macdonald; d'Hochirck sur Dresde, bien qu'il eut été renforcé par le huitième corps. Ce mouvement retrograde favorisa la jonction des armées ennemies, que l'émpereur avait empêchée jusqu'alors. La défection des Bavarois, ensuite la trahison des Saxons des Wurtembergeois, présentèrent les obstacles multipliés qui environnerent le et à renoncer déterminèrent Napoléon et à son plan et àse rapprocher de Leipsick. Toutefois avant de commencer son mou- DE NAPOLÉON. 365 vement sur la Saale, il marcha contre Blûlaissant Mucat avec cher et Bernadotte, un corps d'armée d'infanterie et un de cavalerie pour observer Schwartzenberg, à Dresde, et Gouvion-Saint-Cyr Au lieu d'accepter la bataille , Blücher et Bemadotte , quoiqu'en force , se portent les sur Leipsick communipour couper cations à Napoléon. Celui-ci les, devine, en conséquence, les atteint à Dessau, les oblige au combat, et les force à rétrograder de deux marches, après les manoeuvre avoir battus. Alors il profite de leur éloignement pour concentrer toutes ses forces, excepté celles de Davoust et de Saint-Cyr, près de Leipsick; elles montaient à180,000 hommes , dont 25,000 de cavalerie. Les alliés présentaient de encore un effectif 330,000 combattans, chevaux. L'armée française y compris 60,000 le 15 prit position octobre, Napoléon et son quartier-général à une demi-lieue de la ville, à Renitz, MÉMOIRES 364 le quatrième corps au village de Lindenau, huile sixième à Liberital ; les deuxième, la droite à Doelitz et tième et cinquième, la gauche à Liber-Volkowitz; et septième s'avançaient les troisième d'Enlenbourg pour flanquer le sixième ; les autres corps d'armée et la cavalerie manoeuvraient pour entrer en ligne. armées ennemies Les s'étendaient en circulaire de autour ligne Leipsick. Le lendemain 16, à 9 heures du matin, l'ennemi s'avança sur l'armée française; et opéra constamment pour s'étendre sur sa droite. Trois de ses colonnes se portèrent d'abord sur les villages de Doelitz, de Wadéfendus par chau, de Liher-Wolkowitz; le huitième corps, l'autre par le deuxième; et le dernier par le cinquième. Ces trois Colonnes étaient précédées par 200 pièces de canon. A dix heures la canonnade était des plus fortes, et à onze les deux armées se trouvaient entièrement engagées aux trois: villages, qui furent attaques six à sept DE NAPOLEON. 365 fois, L'ennemi fût constamment repoussé des A immenses. le onavec pertes midi, zième corps déboucha par Holzhanser, marcha sur une redoute de charge. et l'enleva au pas Dans cet état de choses, le moment parut décisif; Napoléon fit avancer sur Wachau et Liber-Wolkowitz toute la jeune gardé, avec une batterie de 150 piècés de canon qu'il avait sous la main. L'ensemble et exéde ces dispositions bien combiné, eut un plein succès; cuté avec vigueur, l'ennemi abandonna le champ de bataille. A trois heures, ses réserves s'avancèrent ; leur gauche s'empara de Doelitz et vint se mit en Murât Wachau. pour attaquer mouvement avec tous les cuirassiers, charde la la ennemie cavalerie gauche gea par ce village, pendant que les chevau-légers polonais et. les dragons de la garde attala droite. quaient par coalisés fut culbutée. champ rénforcer La cavalerie des fit sur-leNapoléon une huitième corps par le 31* 366 division ensemble MÉMOIRES dé la vieille au village garde. Ils se portèrent de Doelitz, l'assailli- à la baïonnette, et l'enlevèrent sans coup férir, tant la vieille garde imprimait encore de terreur à l'ennemi. rent Une partie de la droite française, sous les ordres de Bertrand , repoussa pendant la journée la gauche de l'ennemi, les commandée Giulay, par généraux Thielmann et Lichtenstein; et lui fit évacuer le champ de bataille. Notre gauche, où se trouvait fut moins heuMarmont, toute reuse ; elle éprouva des pertes importantes; cependant elle couserva sa position. L'armée ennemie, déconcertée dans ses projets, s'étâit, après avoir essuyé de grandes la dans soirée et pendant retirée, pertes, la nuit, dans une belle position, à deux lieues de Wachau, pour attendre des renforts et les ordres des souverains alliés. Comme l'armée française avait besoin d'un de peu repos et de ses partes de réserve, Napoléon employa la journée du 17 à re- DE NAPOLEON. connaître l'ennemi, et à bien déterminer mais jugeant que la po- le point d'attaque; sition de Schwartzenberg il résolut 367 de l'attirer était trop forte, sur un autre ter- rain. Le 18, à deux heures du matin, l'emde deux lieues de pereur se rapprocha la et droite de son armée à Leipsick, plaça Connewitz la , le centre à Probsteyde, gauche à Stoctteritz, la garde à Thouberg, et Ney à la tête des 3e, 6e et 7e corps d'armée et deux de cavalerie, vis-à-vis l'armée ennemie, de Silésie, sur la Partha, depuis Neutsch jusqu'à la route de Halle. A trois heures du matin, Napoléon se rendit au village de Lindenan, ordonna au de se porter avec son. général Bertrand sur de et Lutzen corps Weissenfeld, balayer la plaine et de s'assurer des débouchés sur la Saale et de la communication avec Er furt. Ce général exécuta parfaitement les ordres, qu'il reçut ; il dispersa les troupes légères ennemies, et à midi, MÉMOIRES 368 s'empara la Saale. de Weissenfeld et du pont sur ayant assuré ses communide faire cations, chargea le major-général débarrasser les derrières de l'armée, et le défilé de Lindenau à tout ce qui passer Napoléon, était inutile et. pouvait gêner ses mouvemena en cas de retraite ; alors il attendit lés alliés de pied fermé. la canonnade A disu heures du matin s'engagea. Tous les efforts de l'ennemi pendant toute la journée, contre ConneLe onéchouèrent. witz et Probstheyde, zième corps fut débordé à Oholzhausen, Napoléon ordonna lage de Stoctteritz. qu'il se plaçât au vilLe feu devint terrible ; le treîzième corps, nouvellement arrivé à' l'armée, défendait un bois sur le centre, et s'y soutint tout le jour. Deux divisions de la jeune garde furent envoyées pour soutenir le huitième corps et deux autres qui se battait à Connewitz, pour garder les débouchés de Leipsick. La DE NAPOLEON. 369 vieille garde, formée sur quatre colonnes, sedirigea vers les quatre principaux points d'attaque. Le succès de la bataille devait se déci: l'ennemi der au village de Probstheyde des fois forces avec iml'attaqua quatre avec fois fut ; quatre posantes il repoussé despertes considérables. A cinq heures du Et avancer ses réserves soir, Napoléon le et feu d'artillerie, reploya de l'ennemi, qui s'éloigna bataille. Pendant à une lieue ce temps, du champ l'armée de de Silésie de ses attales Halle; Attaqua faubourgs fois de un nombre renouvelées ques grand furent toutes sans sucdans la journée, la Elle avec essaya, cès. plus grande partie de ses forces, de passer la Partha à Schoenfeld et à Sainte-Teckla elle parvint à se placer sur la che, et trois fois Ney la renversa nette. Ce maréchal allait enfin, tant, de la manière ; trois fois rive, gauà la baïonen exécu- la plus distinguée, 370 MEMOIRES les ordres de l'empereur, malheur lorsqu'un mée, se réunir à l'arinattendu survint tout à coup. trois heures A la victoire midi, après était pour nous de ce côté contre Blücher et ainsi que du côté où se trouBernadotte, vait Napoléon contre la grande armée. En cet instant, l'armée saxonne, infanterie, la cavalerie wuret artillerie, cavalerie, Cette tembergeoise passèrent à l'ennemi. noire mit du détrahison, non-seulement sordre dans nos lignes, mais livra à l'ennemi le débouché important, confié à ces lâches l'infamie qui poussèrent jusqu'à tourner aussitôt leurs quarante pièces de canon contre la division Durutte. Un moment de confusion les coalisés s'ensuivit, franchirent la Partha, et marchèrent sur Reidnitz dont ils s'emparèrent. Ils n'étaient sick. Alors plus qu'à une demi-lieue de Leip- Napoléon, avec sa présence d'espait ordinaire , envoya sa garde à cheval DE NAPOLÉON. 371 afin de prenavec vingt pièces d'artillerie, dre en flanc les troupes qui s'avançaient le long delà Partiha :pour attaquer; la ville. Lui-même se porta, avec une division de la vieille garde à pied, au village de Reidnitz. La promptitude de ces mouvemens rétablit l'ordre. Le village fut repris, et l'ennemi poussé fort loin. trahison, le déMalgré cette horrible sordre qu'elle occasiona, et le nombre de combattans qu'elle enleva, l'armée française conserva le champ de bataille, et demeura victorieuse.; le feu de notre artillerie repoussa sur tous les points, celui de l'ennemi à une lieue.. des Saxons et des Wurtemde munile ainsi que manque bergeois, tout-à-fait tions, déterminèrent l'empereur à se retirer sur son grand dépôt d'ErLa désertion avait furt. L'armée, depuis cinq jours, tiré 220,000 coups de canon, et il n'en restait dans les caissons qu'environ 16,000. ordonna que sur-le-champ L'empereur 373 MEMOIRES les bagages, les parcs et l'artillerie passassent le défilé de Lindenau; il donna le même ordre, à la cavalerie et à différens à neuf corps d'armée ; il vint lui-même heures dû soir placer dans les faubourgs de Leipsick les corps qui devaient, dès contenir l'ennemi le qu'il se présenterait, à l'armée à nécessaire et son matétemps riel pour se porter au-delà du défilé. Les mouvemens rétrogrades de l'armée sans difficultés; cependant on pas n'étaient les rendre faciles laissant un en d'armée et cinquante pièces de seul corps canon sur les remparts, et en incendiant pouvait les faubourgs, afin d'empêcher L'ennemi de s'y loger. Napoléon ne voulut point de destruction avoir à se reprocher la cette grande ville, célèbre par son comet à l'allié qui appartenait qui lui merce était seul résté fidèle. A la pointe du jour tous les parcs , les la cavalerie, la garde bagages, l'artillerie, et les deux tiers de l'armée avaient: passé DE NAPOLEON. 373 le défilé. Macdonald fut chargé de défendre les faubourgs avec son corps et celui de Poniatowski sa retraite , et d'exécuter vers midi. A onze se rendit à Napoléon Lindenau , pour y attendre l'évacuation de Leipsick et voir les dernières troupes franles ce traversent ponts chir qui défilé, avant de se mettre en marche. heures, instruit L'ennemi, l'armée que fran- la ville, et qu'elle n'açaise,avait abandonné vait laissé qu'une forte arrière-garde, atet onzième les huitième taqua; vivement corps. Il fut ces corps, opérèrent fois plusieurs tout en défendant leeur mais les Saxons, rèrent sur eux ce qui le pas. obligea Napoléon rentraite repoussé, les faubourgs, à l'heure et dite; restés dans Leipsick, tidessus les de remparts, les Français d'accélérer avait au génie de sous le grand-pont ordonné des fougasses pratiquer et Lindenau, qui est entre Leipsick afin de 52 374 MEMOIRES le faire sauter au dernier moment, pour retarder la marche de l'ennemi et donner le temps aux bagages et à l'arrière-garde mais le génie, intimidé par quelques coups de fusils tirés par des tirailleurs qui s'étalent glissés le long de la de filer; mit le feu trop tôt, rivière, le pont. Alors les huitième et fit sauter et onzième se sauvèrent de corps s'épouvantèrent, tous côtés, en laissant leurs bagages et leur le maréchal Macdonald artillerie; passa l'Elster à la nage; Poniatowski, monté sur un cheval fougueux, s'élança dans le fleuve et s'y noya. L'arniée française perdit aux batailles de et après la desWachau et de Leipsick, truction du pont, 38,000 hommes tués on blessés resou malades 15,000 prisonniers, de les Leipsick , et beautés dans; hôpitaux de alliés et voitures, d'artillerie coup Les les 16, 17, 18, et 19, perdirent,; hommes tués ou blessés. 510, 000 DE NAPOLEON. (P) DE BATAILLE octobre 375 HANAU. 1813. Napoléon, faiblement suivi par quelques corps détachés des armées alliées, tandis qu'elles auraient dû tout de suite jeter des sur et le avec traverser l'Elster, ponts toutes leurs forces, les contint et les battit au défilé de Koësen ; il arriva le 23 à Erfurt, où il réorganisa son armée et lui fit distribuer des vivres , des munitions et des effets. Elle se remit en marche dans la journée du 28, et continua son mouvement sur le Mein. En approchant, le 29, de Gelnhausen, on aperçut un corps ennemi de 6 à 8,000 hommes, qu'on sut, de être l'avant-garde par les prisonniers, conl'armée bavaroise et autrichienne, duite par de Wrède ; cette avant-garde fut facilement repoussée. forte de 70 L'armée austro-bavaroise, mille hommes, s'était placée sur Hanau, et prétendait fermer le chemin à l'armée 376 MÉMOIRES française; ce qui serait arrivé en l'absence car tous les maréchaux de l'empereur, étaient démoralisés. Napoléon , après avoir assuré ses deratrières, arrive, prend ses dispositions, à la tête d'une partie de taqué l'ennemi lui met 10,000 armée, le renverse, hommes hors de combat, lui enlève ses drapeaux, son artillerie , et achève tranà sa reretraite, n'ayant quillement pas son gretter 400 de ses braves soldats. (Q) CAMPAGNE SE FRANCE. 1814. 11 heule 26 à janvier Napoléon res du soir à sonarmée et établit son quart Le lenà Châlons-sur-Marne. tier-général arriva en il ordonna un mouvement demain, avant afin de se placer entre les deux grandes armées ennemies, commandées par le prince réchal de Schwartzenberg et le feld-maBlücher qui manoeuvraient pouf DE NAPOLÉON. 377 leur soit sur, l'Aube, soit jonction, faire sur la Seine, et marcher ensuite sur Paris. connaissant en partie les L'ennemi, de projets Napoléon, par des dépêches interceptées, chercha à en empêcher l'exécution en prenant de nouvelles dispositions. Blücher et Schwartzenberg concentrèrent leurs forces : le premier à Brienne et le second aux environs de Chaumont et de Bar-sur-Aube, en poussant cependant les corps de Wrède et Witt- sur Joinville genstein, pour lier la communication deuxarmées. BATAILLE DE LA des ROTHIERE. Napoléon, qui ne voulait pasleur donner le temps de connaître ses parfaitement se en toute diligence porta mouvemens, sur Saint-Dizier, battit et dispersa l'avantgarde russe, commandée par le général Lanskoi, et hâta sa marche par la forêt de Montierender où il sursur Brienne, 32* MEMOIRES 378 a lieu; sanglante prit de grandes les Français font éprouver du maîtres à l'ennemi et restent pertes de On se battit de bataille. part champ Un affaire Blücher. et d'autre jusque et un dans la nuit avec une inouïs. acharnement eût pu avoir des suites trèsà maréchal si le qui Ney, avantageuses de l'ordre s'avancer avait réitéré Napoléon sur Brienne, en pressant sa marché par le opiniâtreté Cette action de Mézières, eût pris part à l'action plus tôt qu'il ne le fit. Sa lenteur pouvait aussi devenir funeste à l'armée franbon le eût eu si çaise, Schwartzenberg chemin Blücher. de de s'approcner esprit l'ennemi Les Français poursuivirent la route de La Rothière. Blücher sur s'arrêta à Trannes où il fut renforcé par la majeure des d'armée de Schwartzenpartie corps endroit dans cet rendit aussi qui se berg, avec les princes alliés dans l'espoir dé nous attaquer et de nous faire subir une grande défaite qui changerait les destinées de la France. DE NAPOLÉON. Le 1er février, Napoléon armée sur plusieurs lignes 370 déploya son : son centre, à La Victor, commandé par le maréchal sa droite, commandée par Rothière; entre La Rothière général Gérard, le et Dienville ; sa gauche, commandée par le maréchal Marmont, entre La Rothière et les villages de La Chiberie et de Chaumenil ; sa réserve, commandée par le maréchal Ney, entre Brienne et La Rothière , dans une à pouvoir, en même temps, appuyer la droite et la gauche; ensuite il distribua sur son front une forsituation midable artillerie. vers siennes les L'ennemi, ayant achevé midi, s'avança sur trois colonnes, et attade la. le la droite et qua centre, gauche l'armée française. A trois heures, l'action était engagée de toutes parts ; le combat devint terrible et dura jusqu'à minuit. Napoféon, pour souet rétatenir son centre qui fléchissait, blir sa gauche dans sa position qu'elle abanson de avec une partie donnait, chargea, 380 MEMOIRES et l'infanterie, avant. Il eut un cheval la baïonnette artillerie tué sous lui, en et plu- sieurs autres blessés. Sans avoir remporté une victoire comil avait atteint le but qu'il s'était plette, en il ramena len; proposé conséquence, tement son armée à Brienne, y rafraîchit un moment ses troupes, qui avaient grand besoin de repos, passa l'Aube au pont de Lesmont , et opéra sa retraite sur Troyes, sans que les alliés osassent le suivre. Cependant Napoléon a deviné les alliés; il paraît les oublier afin de les affermir dans leur imprudent dessein de marcher séparément sur Paris. II quitte même Troyes pour se porter sur Nogent; mais dans la double intention d'isoler davantage leurs armées, de se laisser déborder par Blüsa première ligne cher, et de rapprocher de ses renforts , qui arrivent d'opérations de l'armée des départemens d'Espagne, non encore envahis et des grands dépôts établis à Paris et à Versailles. Lorsqu'il fut à Nogent, il ordonna de 881 DE NAPOLÉON. suite des mesures pour défendre contre la Seine les de Schwartzenberg , passages de l'Yonne et du Loing, à Nogent, Montereau, Auxerre, etc. Il réorganisa la cavalerie de ligne de son armée en la réduisant à quatre corps. de marche Pendant sa rétrogarde Troyes, maréchal le Napoléon apprit que Macdod'armée 11e à la dès tête nald, 5e, corps et de plusieurs divisions dé cavalerie, s'étant porté entre Châlons et Vitry, y avait été attaqué par le général prussien York, et ensuite; obligé, de se replier jusqu'à Epernay. NAPOLÉON REPREND L'OFFENSIVE. Le feld-maréchal Blücher, peu satisfait nommé générad'obéir à Schwartzenberg, lissime par les alliés, ne fut point le dernier dans le conseil de guerre tenu à deux grandes Brienne, pour l'isolement des armées qui devaient agir lé long de la Seine et de la Marne, jusqu'à Paris. Ensuite , à voter, 382 MEMOIRES comme si cette faute ne suffisait pas, il en commit une autre non moins impardonnable , en éparpillant ses corps, depuis l'Aube jusqu'à Meaux. C'était ne pas comprendre que si Napoléon parvenait à se placer entre eux, il les empêcherait de lier leurs opérations, de se défendre mutuellement, et finirait par en avoir bon marché. Un général tant soit peu doué de tan'en déplaise aux partisans de Blücher, n'eût pas tenu une pareille conduite. Napoléon avait laissé le général prussien lens, marcher quiéta d'erreur en erreur, et il ne s'inpas du mouvement rétrograde de découvrît un de ses Macdonald, quoiqu'il flancs et l'une de ses grandes communications ; mais dès que le moment d'agir lui il mamit à et le parut propice, profit, noeuvra avec sa promptitude et son habileté ordinaires. Après avoir assuré la défense des pasles sages de la Seine et de l'Yonne, par et Oudinot, corps des maréchaux Victor DE NAPOLÉON. 383 recommandé au premier de résister à Noson retour, Napoléon partit gent jusqu'à avec le gros de son armée, le 9 février, pour et. Marmont, qui étaient rejoindre Ney déjà à Sezatine, ancienne petite ville sur, à 10 ' sud-est l'Aube, lieuie d'Epernay. Les chemins étaient détestables; et l'artillerie eût peut-être été très-embarrassée pour sortir des boues de la forêt de Traconne , si les habitans de Villenoy et de Barbonne, prévenus un moment d'avance braves maires, n'eussent accouru par leurs en foulé avec leurs chevaux au-devant des soldats. Grâce à ce secours, la marche ne fut pas retardée, et, lé 10, l'armée se trouva réunie en avant de Sezanne. Comme il était possible que Blücher, établi aux Vertus, eût été instruit dela marche de l'empereur, et qu'il eût en conséquence expédié de suite des ordres pour concentrer son armée, Napoléon se porta sur Champafin de tout-à-fait couper Sacken, Aubert, York et le à premier Alsufief, la Ferté- 384 MEMOIRES et le second près de Meaux. sous-Jouarre, Napoléon rencontra Alsufief, fort de 15 à 18,000 hommes, au-delà des hauteurs de Saint-Pris. L'avant-garde de ce général fut vivement repoussée, lui-même se re- tira sur Champ-Aubert, village peu éloigné de Sezanne, croyant échapper à une défaite ; mais il fût enveloppé et chargé avec une telle impétuosité, mis en fuite. qu'il fut à l'instant Alsufief et ses lieutenans, plusieurs colo nels, 100 officiers, 30 pièces de canon, 200 voitures, 5,000 hommes tués ou blessés et 4,000 prisonniers restèrent au pouvoir des le reste se sauva sans armes vainqueurs; ni bagages , et cet avantage ne coûta pas 300 hommes aux Française Pendant l'action, Napoléon avait ende l'ordre maréchal au Macdonald, voyé l'offensive. conMacdonald se en avant une partie reprendre tenta de faire porter de sa cavalerie, tandis qu'en s'avançant sur desil achevé eût , Château-Thierry la DE NAPOLÉON. 385 tuction de Sacken et d'Yorck, qui furent défaits les 11 et 12 ; mais il était écrit que hors de la présence de Napoléon, partout, ses lieutenans seraient ou feraient battus, des fautes capitales. obtenu à Chainpaubert, Après l'avantage ne laissa l'ardeur pas refroidir l'empereur de ses troupes. sur Montmirail, Le soir il dirigea même, à sept lieues d'Epernay, avec les et les général Nansouty le dragons lanciers dé la garde et une brigade d'inde ligne, le après rejoignit, et avoir laissé à Etoges, Marmont et Groude l'inquiéchy, pour empêcher l'ennemi ter du côté de Vertus. fanterie ou soupçonnant connaissant le d'être et craignant désastre d'Alsufief, pris entre deux feux, à la Ferté-sou-Jouarre, Sacken si Macdonald s'enbardi en chef, de son général la nuit sur Montmirail, se hâter Napoléon de le joindre. et se disposa sait, se rapprocha en marchant toute où Yorck Sacken à forcer devait y trouva le passage, 33 MEMOIRES 386 en plaçant son armée à la ferme de l'É- sur la route de Montmirail, pine-aux-Bois à la Ferté , au village de Fontenelle sur la à Château-Thierry route de Montmirail et Les Français à la rivière du Petit-Morin. occupèrent : les villages de Pomessen, de entre les routes de la Marchais, l'espace et leurs réFerté et de Château-Thierry, de la Châlons. route serves, L'ennemi artillerie, ; protégé par une nombreuse supérieur en nombre à l'armée assez tint avec française, d'opiniâtreté jusmidi. deux heures qu'à après s'était engagée au village de L'action Marchais, qui fut pris et repris, plusieurs fois , et finit par rester aux Russes; mais lorsque les renforts français arrivèrent, de nouvelles Napoléon pritimmédiatement Riil ordonna à la division dispositions ; card de céder le terrain du côté de Marchais , et à Nansouty , de se porter avec sa cavalerie sur la droite, que la division d'infanterie en même temps de vieille garde, DE NAPOLÉON. 387 commandée par Friand, longerait la route Les pour attaquer le centre de l'ennemi. trains d'artillerie se formèrent également, à mesure ainsi que le maréchal Mortier, qu'ils débouchaient par Montmirail. Le gain de la bataille paraissait être dans bien de la dé, Haute-Épine l'occupation fendue par l'ennemi ; il fallait donc trouver le moyen de s'en emparer. le sans donna attendre signal Napoléon le reste de son armée. L'action devint sérieuse. La retraite de la division Ricard ou du d'attirer les but ayant pour troupes, des troupes qui occupaient moins une partie dans réussit. la Haute-Épine, Sacken donna le piège, fit descendre plusieurs régimens pour renforcer sa droite, que l'empereur d'attaquer en force ; aussitôt Ney, s'élance audade l'à-propos, profitant cieusement sur la position , à la tête de 4 bataillons de la vieille garde , et avance feignait ensuite au pas de charge sur les Russes. Les grenadiers à cheval, les lanciers et les MEMOIRES 588 dragons de la garde, ayant gagné par la se jettent sur les droite la Haute-Épine, derrières des masses ; ennemies , qui s'effraient de et s'ébranlent. Alors l'infanterie la garde et de la ligne qui frémissait d'imse sur l'ennemi, le précipite patience, renverse, le met en fuite et s'empare des canons et des bagages. De son côté , Mortier marche sur le vilde Fontenelle , culbute l'avant-garde lage d'York qui y débouchait et lui prend son Enfin, il ne restait plus à Sacken que le village de Marchais; il fut enla à enlevé et tout veloppé, baïonnette, artillerie. ce qui le défendait, ou forcé de fuir. L'armée vantable tué, fait prisonnier russe écrasée, dans une épouet coupée partout, se déroute, jeta dans la forêt de Nogent-l'Artaud pour se soustraire aux coups des vainqueurs. Cette bataille coûta à l'ennemi 10,000 hommes qui furent tués, blessés ou faits de ca8 36 prisonniers, drapeaux, pièces DE 389 NAPOLEON non, et 200 voitures ou caissons de munitons et de bagages. L'armée française cut 1,200 hommes smis hors de combat. Le lendemain, la poursuite mit à la route par Napoléon, Jouarre, le maréchal Monrtier se des débris de l'ennemi, de Château-Thierry; celle de la Ferté-sous- directe prit et rencontra à Vieux-Maisons le avec sa cavalerie, général Saint-Germain et celle que le maréchal Macdonald avait détachée de son corps d'armée; il les! laissa dans ce village, ainsi que la division Friand (vieille garde ) pour observer le débouché de Sezanne, et de là , prit le chemin qui va droit à Château-Thierry. Ses éclaireurs et ceux de Mortier ramenèrent un grand nombre de caissons et dé voitures; donnés par l'ennemi traverse. aban- dans les chemins de de une ses rallié partie Sacken, ayant fuyards, s'était réuni à York, et tous les bataille au s'étaient placés en deux village des Caquerets pour défendre la posi- 390 MEMOIRES est derrière le ruisseau, qui tion vrir ainsi la route de Montmirail teau-Thierry se retirèrent et couà Châ- ils ; forcés de l'abandonner, et se formèrent sur les hau- teurs de Nesle, en avant de Château-ThierLa canonnade s'engagea aussitôt; l'arry. mée française s'empara des débouchés, monta sur le plateau et s'y déploya. Les 4 divisions de cavalerie de la garde, commandées par Nansouty, marchait Ney, firent à la tête desquelles un mouvement à droite la cavalerie ennemie; couper pour York fit soutenir celle-ci par sa réserve; l'une et l'autre sont culbutées pendant que les dragons leur ferment le passage sur la route d'Épernay. Sur celle de Montmirail, la droite ennemie était tournée par d'autres divisions de cavalerie sous les ordres du général Belliard. Partout nos escadrons fournirent des charges brillantes ; tous les carrés ennemis furent enfoncés, taillés en pièces ou mis en déroute ; le champ de bataille fut DE NAPOLÉON. 391 en un instant couvert de morts et de blessés. Les fuyards se jetèrent en foule dans les bois, et portèrent l'épouvante parmi leurs réserves restées à Château-Thierry, du prince Guilsous le commandement laume de Prusse. Des hauteurs de Nesle, l'armée française voyait les restes épars des Russes et des Prussiens se précipiter pêlemêle vers Château-Thierry, sans qu'il fût possible à leurs généraux et à leurs officiers de les rassurer et de les rallier. Na- à leur détacha une poursuite poléon partie de sa cavalerie soutenue par les grenadiers à pied de la garde, et c'en était fait de cette masse effrayée et désordonnée, si Macdonald se fût trouvé près de ChâteauThierry. Le prince tement Guillaume qui sortit prompde Château-Thierry, facilita aux coalisés le passage de la Marne ; mais bientôt attaqué lui-même les grenadiers par français, il fut contraint d'évacuer sa position ; alors il essaya de défendre les fau- 382 MEMOIRES en bourgs de bagages les embarrassant , de voitures, sés et de canons démontés. ne put ralentir ils renversent, contrent, qui brûle Aucun, obstacle le courage des grenadiers; immolent tout ce qu'ils ren- et ne sont arrêtés les ponts. que les ponts Dès de meubles, de caissons bri- que par le feu furent reconstruits, à la poursuite des vain- se mit l'empereur cus , auxquels sa cavalerie nombre incendier de prisonniers, leurs caissons. enleva un grand à et qu'elle força Ce fut alors que sans armes, sans artillerie, et se sauvant à travers les champs et les bois dans la direction de Rheims, assaillis ils se virent et assommés les paysans exaspérés par ravages qu'ils avaient exercés. Cette journée, dite de Château-Thierry, coûta à l'ennemi 10,000 morts, des blessés ou prisonniers. BATAILLE Tandis DE VAUCHAMP. que Napoléon triomphait à Cham- DE NAPOLEON 393 à et à Château-Thierpaubert, Montmirail ry, Blücher était dans une grande sécurité aux Vertus , petite ville située entre Châet ne fit aucun moulons et Montmirail, son armée, ou vement pour concenter soutenir de les Sacpar corps d'Alsufief, ken et d'York; Blücher se croyait supérieur à tous les généraux français, et s'était flatté de surprendre et d'enlever Paris à Le il se 13, l'isu de Napoléon. réveilla enles fin, et avança sur Montmirail avec corps de Kleist, de Kupzewitsch, et força Marà détaché mont, Etoges, de delà Vauchamp. de se retierer au- de cet événement, Napoléon, istruit Friand et l'ordre aux envoya généraux Saint-Germain, postés à Vieux-Maisons, de se porter tout de suite sur Montmirail; il laissa Mortier et la avec une division, cavalerie des généraux Colbert et Defrance pour observer Sackeh et York sur la route de Soissons, et marcha toute la nuit au secours de Marmont, avec sa garde et le 394 MEMOIRES reste de sa cavalerie. du matin. L'ennemi Il arriva à 8 heures qui occupait Vanchamp, vil- Aubert et MontmiChamp lage entre rail , avait couvert son front et ses monvemens par une chaîne de tirailleurs; le reste de ses troupes était posté assez en eut ordre d'enlever le arrière. Marmont village, Grouchy, de tourner la droite de Blücher avec tous ses corps de cavalerie, et toute la garde fut placée en réserve sur la grande route. Le feld-maréchal prussien ne pensait attaque dût être diri- pas que la véritable cougée contre sa droite ; il la croyait verte par les corps de Sacken et d'York, et s'était empressé de renforcer sa gauche, sur l'avertissement qu'il avait reçu qu'une forte colonne d'infanterie française se diridisur elle. était une Cette colonne geait vision venant de l'armée d'Espagne; elle n'arriva A qu'après, la bataille. 10 heures., la première brigade DE NAPOLEON. 395 de d'infanterie Marmont s'avança sur la droite par le bois de Beaumont, tandis que de la deuxième front Vauchamp. attaqua L'ennemi et descendit celle-ci, repoussa ce à sa poursuite D'abord, : fut sa perte. ramené par la cavalerie de Marmont, il fut presque aussitôt enfoncé de service escadrons seul bataillon fut et sabré par les de l'empereur; épargnée et fait un pri- sonnier. de Blücher; ON emporta la position cuirassiers et ses hussards ses culbutés furent de la garde ; ses derrières la cavalerie par tournés et menacés front cher par très-pressé il comme forma et son Grouchy, toute l'armée. Blüput son en retraite, et sur ses ailes par et battit rie en carré, sur son front teries par infanteprotégé des bat- et sa cavalerie. Pendant les premiers mouvemens rétro- tout en Napoléon, grades de l'ennemi, achevait ses faisant. avancer ses troupes, dès qu'il aurait pour l'accabler dispositions 396 MEMOIRES en Janvillers. dépassé Apeine effet Blücher le terrain découvert, en avant eut-il gagné et un peu à droite de ce village, que ses corps Grouchy, de cavalerie, les accula aux avec chargea plusieurs carrés, bois entre Saint-Martin et Etoges, leur tua beaucoup de monde, et leur enleva 4 et 2,000 prisonniers, canons 6 caissons; d'un antre côté, les escadrons de service aussi d'autres carrés et leur fichargèrent 600 l'armée rent prisonniers, tandis que entrait au pas de charge dansFroumentière. Dans cet état de choses, Blücher voulut s'arrêter et employer son artillerie, parce de instant rafrésistance qu'un, pensait qu'il fermirait ses soldats et ralentirait l'audace ordonné des Français; mais Napoléon ayant de la de s'avantoutes les garde à batteries cer et de foudroyer l'artillerie ennemie, celle-ci d'ailleurs mal servie, ne,put agir et Ces fut presque; entièrement démontée. de et donnèrent d'autre, part dispositions, lé temps à Grouchy de couper à Blücher DE NAPOLÉON. 307 la route et de tomber sur ses d'Éloges, aussitôt derrières; Grouchy enfonça, écrasa ses carrés sous les pieds de ses chevaux. La défaite des Prussiens fut compléne s'en serait pas la garde, et il si un de nos batteries seul, échappé deux légères eussent pu suivre la belle manoeuvre tée par de Grouchy, et même l'ardeur comprimé sonner la retraite. si Ney n'eût point des soldats en faisant L'armée fati, extrêmenrent française les halte fit 5 néanmoins, guée, généraux et Lagrange Doumerc poursuivirent l'ennemi jusqu'à la nuit, de la forêt d'Étoges, au-delà du débouché entrèrent en silence le et village, surprirent prince 8 de soldats et 6 à 700 pièces Urussow, canon. dans le un la Marne dans passa épouvantable désordre , et se retira à Châlons , où le lendemain, 16, les débris de tous les Blücher corps battus à le rejoindre. Il perdit de son armée à Vauchamp commencèrent 4,000 prisonniers 398 MEMOIRES et 8,000 hommes tués ou blessés, presque toute son artillerie et un grand n'ombre de drapeaux. Les Français n'eurent qu'environ 500 hommes mis hors de combat. Pendant que Napoléon gagnait la bataille de Vauchamp, russe général Vinzingele rode, placé sous les ordres de Blücher, s'était porté avec son corps d'armée de Namur à Soissons, à travers nos places fortes, Vincroyant y trouver le feld-maréchal. zingerode somma cette dernière ville de se rendre. Le général, de division Rusca la ville, méprisa la sommation, quoique dont le temps avait détruit les remparts et comblé une partie des fossés, ne fût pas tenable. L'ennemi attaqua Soissons par un grand feu d'artillerie, auquel on répondit courale ; geusement mais brave Rusca ayantété tué, et le général Berruyer s'étant rétiré de avec sur Compiègne les troupes ligne, la les Russes, pénétrèrent la et place dans à l'aplivrèrent, au pillage. Cependant, la de ils sauvèrent par proché Mortier, se DE NAPOLEON. 399 de et de Berry-au-Bac, Vailly ensuite chemins se dirigèrent les par route et de vers la Marne, pour éviter l'armée et rejoindre dont ils. Blücher, française la défaite et les malvenaient d'apprendre traverse heurs. Le maréchal entra Mortier dans Sois- les travaux sons , et tout de suite ordonna capables de mettre la ville à l'abri d'un coup et même en état de résister plude main, sieurs jours à une attaque, Cependant, le mouvement rière imitant Schwartzenberg, s'était aussi de Blücher, sur Paris, avancé de Melun faibles marche., et avait refoulé en arles et de Fontainebleau de chargés Oudinot Victor, corps sérieuse. à sa s'opposer et Macdonald , du l'ordre les commandaient, reçurent qui leurs corps sur la rivière roi de concentrer et vraiment militaire, d'Hyères, position ceux de l'emou ses ordres attendre d'y Vicà obéir Pour décision, cette pereur. se placèrent et Macdonald tor, Oudinot Les le 15 à Chaulmes, Guignes et Solers. aussi durent et généraux Pajol Charpentier 400 MEMOIRES se fixer entre Macdonald et Essonnes , le avec le son et second avec , premier corps à Soiune forte division de jeune garde Lieursaint et Corbeil. Cramayel, guolles, à l'ennemi Ces dispositions imposèrent et furent approuvées de Napoléon. Pour dé Schwartzenberg, 17 le février, éparse, se trouvait de la Seine, depuis avant de Fontainebleau, deux elle l'armée l'Aube rives qu'en de courir de tous côtés pour sur les jus- et obligée se procurer des vivres. tout Napoléon, en battant ne Blücher, armée austro- de vue la perdait pas grande russe ; et dès qu'il la vit assez avancée, et sans ordre ni liaison, surtout sur un terrain de 50 lieues champ de bataille et se rendit Meaux il 25 lieues n'avaient pos à Meaux sans le quitta le 15, de s'arrêter; à Guignes, et fit. ainsi des avec jours, en 2 troupes qui eu un seul instant de repoint depuis remporter Il avait il d'étendue, de Vauchamp, passa un mois , et qui 4 victoires. eu soin , pour venaient assurer de la gauche DE NAPOLEON. de sa nouvelle ser Marmont 401 d'opérations, de laisà Étoges avec son infanterie ligne et le 1er corps de cavalerie à ; Grouchy la Ferté-sous-Jouarre 1000 , avec environ de vieille chevaux et une division infanterie nir, tier , pour soutequi arrivait d'Espagne de cette position et Mor, Marmont à Villers-Cotterets, Vincent à Châqui couvrait, la route de Paris. en observation et le général teau-Thierry, s'ébranla L'armée le 17 à la pointe du Le sa avec division Allix, , jour. général cavalerie et une diplusieurs régimens de marvision de jeune garde pour réserve, cha de Melun sur Fontainebleau , et en le général Hardegg. chassa d'Écrennes du Châtelet, Pajol repoussa, et de l'Ecluse , se porta Napoléon les Wurtembergeois. de Guignes à Nangis où était Wittgenstein. Le corps d'armée du maréchal Victor et la cavalerie des généraux Milhaut et Kellermana , soutenus par les corps de se dans d'Oudinot, Macdonald et déploient la plaine , et enlèvent l'ennemi, attaquent 403 MEMOIRES le village de Mormant. de la L'artillerie garde foudroie les carrés russes , la cavalerie les enfonce et les sabre. Les vaincus' la fuite dans les directions de prennent Provins et de Montereau, en laissant sur le de 16 bataille champ pièces de canon, et 50 caissons , des morts , des blessés, 6,000 voir. tombés prisonniers sa garde quitta Napoléon aussitôt son armée porta gauche , Provins; commandée le centre, par sous en notre pou- à Nangis en avant , et ; la Oudinot, les ordres sur de la et droite, sur Donneniarie, de Victor, sur Montereau par Villeneuve-le-Comte. Macdonald, aux ordres BATAILLE DE MONTEREAU. 17, l'armée attaqua les alliés sur les de Montereau hauteurs ; ils lui opposèrent Le une défense obstinée. Plusieurs échouèrent successivement. tentatives Enfin Napo- DE NAPOLÉON. 403 avec 30,000 hommes et 60 léon lui-même de enlever s'avance, canon, pour pièces de la Les gardes nationales la position. lé coteau; gravissent les habitans de. débusqué: et du Poitou Bretagne l'ennemi est Montereau sur font pleuvoir et destuilles ; la ville pierres horrible lui devint de carnage... champ Les austro-russes abandonnèrent tereau cinq mille sonniers , quatre des un à Mon- tués pu blessés, des prisix canons et , drapeaux Si nos troupes eussent pu traendroits en verser la Seine dans plusieurs des bagages. même temps, Russie et le roi notre de l'empereur tombaient de Prusse l'armée de en pouvoir. On rapporte satisfait du que Napoléon, succès de cette journée, s'écria: « Mon » coeur est de la viens sauver je soulagé; " » de mon capitale empire. Le combat de terreur armistice de Montereau les alliés; avait frappé un ils demandèrent que l'empereur autrichien jour un diplomate refusa. vint Le même proposer 404 la MEMOIRES paix à de dures » trop exiger, dit » les alliés oublient conditions : " C'est à l'envoyé; que je suis plus près : de Paris. » Napoléon qu'eux " de Vienne Les combats de Mery et de Craone, la celle de Soissons , de reprise de Troyes, Reims et de Châlons-sur-Marne continuèrent les d'honorer toutefois ces armes ne avantages françaises; furent point décisifs. Le nombre des alliés croissant toujours à de triompas Napoléon ne permettait pher partout; étaient éclaircis vait des lenteurs Les son gouverneur et où mation, rendit matériel de ses armées rangs , et le recrutement éprou; la prise de la Fère, que les de vingt momentanée de enfin priva lerie; dont houra le le maréchal tels fut l'armée séquences à la première alliés se saisirent millions; Soissons nocturne Marmont somd'un l'occupation par l'ennemi; de Laon, qui dé son artil- les principaux désavantages eut à subir les confrançaise dans le cours du mois de mars. DE NAPOLÉON. 408 Ils décidèrent les alliés à renoncer au plan de retraite qu'ils suivaient depuis la fin de février. en se et portant sur Vitry Napoléon, au lieu de s'approcher de Saiut-Dizier, la capitale pour la couvrir, songeait à en pénétrer Bourgogne , où il espérait lier sesopérations avec celles du maréchal Auune armée dans gereau, qui commandait de le sud de la France. Mais l'inactivité ce maréchal qui livra Lyon aux alliés, rendit nul le mouvement que l'empereur oyait fait pour se rapprocher de lui, mouvement qui avait pour but une diversion sur les derrières des alliés, afin de détourner leur attention de lacapitale maCette noeuvre inachevée ne les arrêta point, peut-être ne fit-elle que hâter leur marche sur Paris. En conséquence, il fut résolu, dans le conseil des souverains alliés, que la grande armée aux ordres du prince de Schwartzenberg se porterait sur Vitry, Sézanne et Coulommiers ; celle de Silésie, commandée par Blücher, sur Montmirail et la Ferté-sous-Jouarre ; et qu'après s'être MEMOIRES 406 le 26 à Meaux, elles marcheraient Pendant cette sur Paris. immédiatement réunies marche, s'attacher le général devait Vinzingerode aux pas de Napoléon, pour lui que toutes les armées ennemies persuader le poursuivaient. les Alors furent pour la paix à Châtillon dès le 5 février. conférences été ouvertes Le noise double rent de la Fère-Champela marche qui retarda combat fut le dernier dès alliés des sur Paris... avec des chefs qui ?Les avec l'ennemi avaient Là, de prodiges quelques pouvaient considérable armée Marmont rompues qui avaient nos soldats fi- mais que une valeur; contre divisions ; que pouvaient-elles s'entendre paraissaient fait maréchaux et Mortier à Brie- leur jonction le 29 Comter-Robert, mars à midi, et prirent position dans les villages qui avoisides alliés poussa L'armée nent la capitale. coudes ce , même jour tranquillement, reurs jusqu'à quartier-général Romainville le et Pantin; des souverains s'établit à Bondy. Malgré ce danger imminent, rien n'é- DU NAPOLÉON. 407 tait disposé pour la défense de Paris; le conseil de régence avait toujours dormi de Napoléon : son sompendant l'absence meil fut attribué à des causes peu honorables pour lui. Dans la matinée du 50 mars , les corps Mortier des maréchaux et Marmont, quelse à trouvaient qui Paris, ques dépôts de detachemens garde nationale, quelques les élèves de l'École de l'École effectif polytechnique vétérinaire d'environ et ceux d'Alfort, 30,000 formant hommes, un compocombat- à 200;000 opposée tans déployés sous les murs de la capitale. Avec ces faibles moyens, on résista encore, saient l'armée et on obtint quelques avantages. La garde nationale rivalisa de zèle et de tout le valeur avec la ligne ; en un mot, dans cette mémorainonde fit son devoir le ble journée, lieutenant, excepté Joseph, le frère de l'empereur, qui s'éloigna de à une heure de Paris, promptement six heures ne fut ce qu'à l'après-midi; soir que la ville de Paris capitula. du MEMOIRES 408 Ce fut le général Belliard qui, renconà Fontainebleau, lui apprit trant Napoléon de Paris. la reddition s'étant Tout réuni l'empereur le déterminer à abdi- des Français pour il traça son quer, suit contre abdication qu'il : « Les puissances Europe " ayant était Napoléon de la paix en fidèle à son serlui et aux trônes et d'I- pour de France » talie , parce " même celui de la vie, qu'il à l'intérêt de la France, Le le seul , l'empereur, déclare qu'il renoncé ment, » ses héritiers " faire déclaré alliées » que l'empereur " obstacle au rétablissement " ainsi traité Napoléon qu'il fait n'est aucun est relégué BATAILLE L'armée " avec les alliés est signé : à l'île d'Elbe, où l'on à quelques centaines permit sa garde de l'accompagner. (R) sacrifice, ne soit prêt à française DE , forte d'hommes de LIGNY. de 122,000 DE NAPOLEON. 409 et de 380 bouches à feu, se mit le 18 juin de grand matin, en mouvement, pour passer de vive force la Sambre. hommes Ce mouvement s'exécuta paisiblement à l'insu des généraux alliés; la rivière fut franchie de bonne heure, et tous les avantcompostes du premier corps prussien, mandé, par le général Zietben, enlevés ou mis en fuite aux cris répétés de vive la France ! vive l'empereur ! Les Prussiens parvinrent cependant à se rallier sur les. hauteurs de Fleurus. Napoléon ayant, par sa gauche, débordé de Vanaux Ziethen, prescrivit corps damme et Grouchy de partir de Gilly, où ils restaient dans l'inaction, et d'attaquer la position ennemie. A vigoureusement avait prussien, qui leur approche le général eu le temps de se remettre par leur faute; se retira sur Fleurus, persuadé qu'il échapperait à Napoléon. Celui-ci le fit charger les de l'infanterie, impétueusement par quatre escadrons de son escorte et le corps de cavalerie d'Excelmans. Les masses en35 410 MEMOIRES nemies furent enfoncées , sabrées, sur Fleurus, poussées en désordre vers les bois de Lambusart. et reà tra- Ziethen dans le courant de la perdit, tués ou journée , plus de 3,000 hommes de et l'artillerie. prisonniers le de la Sambre n'apprit passage l'armée de française, l'occupation Blücher par Charleroi de son premier sur la fin de la journée. Ce fut et le désastre que il Cependant, pour lui un coup inattendu. son arprit des mesures pour concentrer sur Sombref mée et la porter et Ligny, corps s'établirait à Ziethen Fleurus que pendant de Liége. et que Bulow le rejoindrait était à fut réBruxelles, Wellington qui à minuit, veillé, par une dépêche de Blüde cet événement. cher , qui l'instruisait le anau dernier point, général Surpris réunir son armée de ordonna éparglais dès que le jour et sur ; divers points pillée des la direction dans fit avancer parut, du les ordres sous les Quatre-Bras troupes et du général Picton qui duc de Brunsvick DE NAPOLÉON. à Bruxelles se trouvaient ayant vaient neuf fortes ; mais ces troupes ne poulieues à faire, à leur arriver destination la fin du jour. L'armée prussienne forte hommes (non compris se ralliait et marchait 90,000 411 Bulow), ver sur les hauteurs que de près vers de le corps de pour arri- de Bry et de Sombref, à mesure et SaintLigny et occuper en arrière-de Amand, Fleurus encore au sa cavalerie de Ziethen; et son pouvoir la d'artillerie sur la route suivaient, parc de Namur. battre Blücher souhaitait de ne com- qu'après avoir réuni le corps de Buet lorsque, l'armée anglaise se serait low, montrée à sa droite; mais le 16, Napodevinant son intention , résolut de léon, sans même lui donner le temps l'attaquer, d'achever, son, ordre de bataille en face amphithéâtre étendu en un ravin et ayant et profond; qui liait Saint-Amand,. Ligny Sombref sa droite où étaient :son centre, et sa gauche, mal position choisie, puisqu'il était possible de tourner sa droite 412 MEMOIRES les le Quatre-Bras, par placer entre deux feux, et l'obliger à déposer les armes tons les Napoléon entrevoyant avantages sur le qu'il remporterait général Blücher, être en mesure avant que Wellington pût de le secourir, renouvela à Ney , fort de 43,000 hommes, l'ordre de continuer son mouvement sur les Quatré-Bras, de s'y étade rejeter au-delà de la blir fortement, de Dyle les corps anglais qui arriveraient Bruxelles et de Nivelle isolément , et ensuite dé manoeuvrer avec la majeure partie de son armée sur les derrières des Prussiens par Marbois et Sombref. Napoléon ordonna ensuite un changement de front à son année , l'aile droite en avant, et donna le signal du combat. Gérard attaqua le centre des Prussiens à avec une grande vivacité ; VanLigny damme aborda , la droite à Saint-Amand, déde la division Girard, Reille, que corps tachée par Ney pour lier sa droite à la gauche du centre, cherchait à tourner, et Grouchy s'ébranla pour rejeter la cava- DE NAPOLEON. 413 lerie ennemie au-delà du ruisseau. La garde, les cuirassiers Milhaut, les réserves d'artillerie, en seconde ligne du côté de d'armée de le et Saint-Amand, corps Mouton à Fleurus , appuyèrent ensemble ces différentes attaques; Dans un instant l'action fut engagée sur toute la ligne, et dele feu de l'infanterie et dé l'artillerie vint très-vif. le dernier L'empereur, pour porter à avec attendait impatience coup Blücher, le de Drouet, qu'il croyait avec corps que les des sur se Quatre-Bras portât Ney , derrières de l'ennemi, et prît part à l'action ; mais Drouet n'avait pas suivi Ney, ne savait au et personne quartier-impérial où il était, ni ce qu'il faisait, lorsque; vers ou le vit déboucher des les cinq heures, bois sur la gauche de Vandamme. L'empereur lui cliva va dire de s'avancer, d'où il de l'ennemi derrières sur les par était, Il obéit cependant; Ney, alors sans que pour doute qui pensait conaux les battre Quatre-Bras, Anglais Saint-Amand. 35* 414 MEMOIRES et ensuite se porter server cette position sur Blücher, il avait besoin du premier hâtait de son côté l'arrivée de corps, Drouet par des ordres réitérés, qu'il cherchait par tous les moyens à lui faire parvenir. Drouet pressé par Ney, changea de direction, et se mit en mouvement pour se rendre aux Quatre-Bras; de cette mane il nière, se trouva nulle part à même de seconder soit l'empereur, soit le maréeût pu. s'immortaliser en chal, lorsqu'il achevant la ruine des Prussiens. Les deux armées se battaient avec le le gain de la-baplus grand acharnement; taille pour les Français était au centre, où Gérard faisait en vain les plus brillans efconserver avait Ligny, qu'il pris forts pour et repris plusieurs fois. L'empereur instruit de cette situation, s'y transporta avec sa garde et donna de nouveaux ordres; alors l'ennemi, enfoncé à son centre, battu sur tous les points, et sa droite à demitournée par la division Girard, se retira en désordre et dans plusieurs directions, DE NAPOLEON. 416 laissant le champ de bataille couvert de 28,000 morts ou blessés, 8,000 prisonniers et de 40 pièces de canon. Pendant que les Français obtenaient ce succès, Ney, après avoir fait ces disposiet écrasait, avec son tions, repoussait les premières colonnes corps d'armée, et les précipitait de leur poanglaises, sition. Qu'on juge quels eussent été les résultats de cette journée, si ce maréchal eût été en mesure de se porter sur les derrières des Prussiens avec 20,000 hommes, après avoir battu les Anglais; ou si Drouet eût opéré son mouvement sur SaintAmand. (S) BATAILLE SE WATERLOO. Les colonnes ennemies repoussées aux reheurtaient dans leur se Quatre-Bras, traite sur Bruxelles avec celles qui accouraient à leur secours. Ces masses confuses MEMOIRES 416 auraient été mises dans un désordre com- si on les eût vivement poursuivies. fut aux Quatre-Bras, Lorsque Napoléon il se mit à la tête de son avant-garde, plet tandis Ney que son armée et se Concentrait retard. ralliait les corps de le suivre sans pour de Il poussa vivement les Anglais en les mitraillant en position, position avec son artillerie légère qu'il, dirigeait et arriva dans la, soirée au dé- lui-même, de la forêt de Soignes. bouché à se préparait De son côté, Welligton de Bruxelles; et à l'évacuation la retraite mais Blücher avait échappé que apprenant à Grouchy à lui pour le seconet venait der, il resta dans ses bivouacs. à qui Napoléon, à la suite do. Grouchy, la bataille avait donné le comdé Ligny, avec de 38,000 mandement combattans, à feu, et qui avait reçu l'orde pousser dre plusieurs fois renouvelé, se de. rapvigoureusement les Prussiens, la année de le plus tôt procher grande 110 bouches possible, et de diriger ses mouvemens de DE NAPOLÉON. à lier elle s'arrêta ses Opérations, ne vit point l'armée robé qu'elle Vavres manière avec 417 à GEmbloux, et n'apprit prussienne sa marche sur lui avait que dé- lorsqu'il de s'y opposer; plus en son pouvoir la résolution de Il lui restait à' prendre en la du terrain, Dyle sur gagner passant de en amont de se et Vavres, les ponts n'était réunir à l'empereur. Ce projet lui fut conseillé par ses généraux; mais Grouchy, des ordres antérieurs prétextant , refusa obstinément de s'avancer de ce côté là, et un feu épouvantable du entendît quoiqu'il côté des armées et anglaise. française Cette fatale désastre obstination fut du du 18. encore L'armée anglaise, et protégée combattans; breuse artillerie, occupait, les hauteurs centré la cause était droite du de 85,000 une nom- par le 18 au matin, Mont-Saint-Jean : son en avant à Hougoumont, Haie-Sainte. Les forces forte de ce village, et sa gauche que Napoléon s'était sa à la réser- 418 MÉMOIRES vées pour livrer bataille aux Anglais, s'éà 60,000 hommes, et son artillevaient lerie était de 280 bouches à feu. Il les étaet des disposiblit en raison dû terrain tions de l'ennemi, pour percer son cenet sa sa droite gauche, et lui tre, couper ôter tout moyen de retraite : le premier la le deuxièvis-à-vis Haier-Sainte; corps, le en des bois face ; d'Hougoumont me, les cuirassiers Milhaut, avec cinquième, en réserve derrière la gauche du premier des cuirassiers de Kellerle corps corps; mann derrière le deuxième; là garde, forl'infantemant la réserve, à Planchenoit; au centre ; la cavalerie légère à la droite, et la grosse cavalerie à la gauche; à la Belle-Alil se plaça momentanément liance, d'où il apercevait tous ses mouverie mens et ceux de l'ennemi. Napoléon, pour donnnerle temps à Groude anla l'armée d'arriver sur chy gauche glaise , retarda jusqu'à onze heures l'attane : ce fut temps que générale précieux le : la tout-à-fait cessa, pluie pas perdu DE NAPOLEON. 419 vent sécha les terres, et l'armée put noeuvrer avec sa précision ordinaire. ma6 et Enfin, ayant examiné l'empereur étudié de nouveau la position et ennemie, bien persuadé que Grouchy était en mouen deça de la Dyle, et atteindrait vers donna le Mont-Saint-Jean midi, vement signal de la bataille. sur le bois d'Houcommença, L'attaque Jérôme avec sa goumont, Napoléon, par Ce bois fut pris et repris tour à division. de tour, et ce ne fut qu'après une charge la division Foy, envoyée pour la soutenir, et l'enà s'y maintenir; que l'on parvint à entièrement, nemi l'exception du château, et qui était au milieu, d'où on ne put le forcer qu'en l'incenavec les batteries d'obusiers. Le diant l'abandonna des corps gardes anglaises dait y trouva son tombeau. Une dépêche interceptée l'empereur que Bulow qui le défen- apprit alors approchait l'on découvrit et 30,000 Prussiens, même temps son avant-garde du à avec en côté de 420 MEMOIRES Saint-Lambert. L'avis en fut sur le champ de à avec ordre hâter sa envoyé Grouchy, marche et de poursuivre vivement Bulow. mouvement Nace inquiétât peu Quoique les et Suberpoléon, généraux Domont wick reçurent l'ordre de se porter audevant de ces troupes; et le général Mouton de les soutenir au besoin, afin de tout le flanc droit. garantir pouvoir parla Au bout d'une demi-heure , Napoléon dans les succès obtenus malgré voyant que les bois d'Hougoumont, les Anglais se maintenaient toujours dans la Haie-Sainte et sur le Mont-Saint-Jean, commanda au maréchal Ney de faire une nouvelle attasoutenu par que. Il l'exécuta habilement, 80 pièces de canon. Là résistance des mais fut opiniâtre, l'impétuosité Anglais française l'emporta ; et , repoussés de positions en positions, ils furent forcés de les évacuer. nous fûmes maîtres de la Haie- Lorsque Sainte et du Mont-Saint-Jean, l'empereur envoya, pour seconder nos troupes, DE NAPOLEON. 421 la seconde brigade du général Allix ; mais, rencontrée, en chemin par un corps nombreux de cavalerie anglaise, et repoussée, culbuquelques pièces de canon furent tées dans le ravin ; ce qui occasionna de la confusion. Les cuirassiers Milhaut volè- rent au secours de cette brigade, soutenus et les lanciers de la par les chasseurs sur une, nouvelle garde, qui marchèrent division, ennemie La mêlée devint. rompus partout, en désordre. qui venait les charger. générale ; les Anglais, furent obligés: de reculer Déjà il. paraissait que l'ennemi songeait à la retraite ; et, la garde s'avançant pour le terrain conquis, occuper l'empereur sur une victoire comptait certaine, lorsqu'il fut prévenu que Bulow par Domont sur notre droite, avec de fortes débouchait mouvele aussitôt colonnes. Changeant ment, il fit porter le corps de Mouton dans les positions avait reconnues,, pour qu'il Dès Domont. le l'abord, appuyer général la première fut culbrigade prussienne 56 MEMOIRES 422 accourut butée ; la seconde pour la déde tout le corps de Busuivie fendre, low, qui se forma en débordant toujours droite du 5e son et corps, la prolongeant On envoya la divifeu sur nos derrières. sion de jeune garde du général Duhesme, avec deux batteries pour soutenir ainsi jusqu'à la, hauteur des la de de Bulow; gauche troupes premières en même temps une division du premier de notre droite, qui était en réserve, corps notre ligne se porta déployé sur l'extrême anglo-hollandaise là Haie , et, par gauche , s'empara cette position de la ligne du village de qui intercette ligne entre ceptait la communication la et le premier arrêta corps prussien, marche de Bulow qui cessa d'être offensive. les Anglais, ranimés par la Cependant à atprésence de Bulow, recommencèrent en force pour reet se portèrent taquer, : ils furent renverprendre la Haie-Sainte sés de toutes parts; mais Ney, emporté par son ardeur, oublia l'ordre qui lui avait été DE NAPOLÉON. 425 donné de se maintenir dans ses positions sans avancer, et, chargeant à la tête des cuirassiers de Milhaut et de la cavalerie légère de la garde, il s'empara de vive force L'armée des hauteurs de Mont-Saint-Jean. au à ce succès con; applaudit l'empereur, traire, n'approuva point une pareille opération, qui devait avoir des résultats funestes pour la journée : aussi ordonna-t-il aux cuirassiers de Kellermann d'appuyer la cavalerie qui était sur le plateau. Les grenadiers à cheval et les dragons de la garde les suivirent sans ordre ou par un malentendu. Le combat fut terrible pendant; deux heures : 4 régimens anglais furent hachés, plusieurs batteries culbutées, 6 drapeaux enlevés ; mais nous y perdîmes presque l'élite des cuirassiers et de la cavalerie de la garde. la, cavalerie s'a que percevant Napoléon était épuisée et commençait à fléchir, inquiet de ne pas voir arriver Grouchy, et ayant été forcé d'envoyer une forte division de sa garde, afin de s'opposer aux pro- 424 MEMOIRES dans des ordonna, grès Prussiens, l'intention de frapper un grand coup, au général Reille de réunir toutes ses forces pour atil et vivement droite; taquer la disposait sa garde en colonnes d'attaque sur le front, lorsqu'il apprit que la cavalerie avait été obligée de se retirer en partie dés hauteurs l'ordre de de Mont-Saint-Jean. reçut Ney soutenir les cuirassiers, qui étaient encore sur le plateau, par 4 bataillons de la jeune garde : leur bonne contenance et les hade les esrangues Napoléon ranimèrent : en toutréntra position. prits ce temps les 4 bataillons de la étaient aux qui garde prises, repoustout ce qui. était devant eux, et resinébranlables sous le feu de l'enA cet instant une fusillade que l'on Pendant jeune saient taient nemi. entendit, fit croire que c'était Grouchy qui arrivait. Cette nouvelle fut aussitôt comà l'armée, et porta dans les rangs muniquée l'espérance et l'enthousiame. Ney ordonna de fondre sur les batteries à la baïonnette les grenadiers abordèrent l'ennemi avec DE NAPOLEON. 425 tant d'impétuosité, qu'il s'en suivit un peu de désordre dont Wellington profita pour sur faire les flancs attaquer les par sa cavalerie, et les forcer à se retirer. Dans le même moment, Ziethen que l'on avait pris du s'empara pour Grouchy, village dé là Haie, ce qui coupa notre communication avec le 5e corps , et occasionna un mouvement général sur la droite. Les 8 bataillons de la garde, jeune et vieille, firent un mouvement sur cette même droite pour rallier les troupes repoussées de la Haie, et se formèrent en carrés-, fermant lé che min aux Anglais et aux Prussiens ; et donnant par là à nos corps isolés le moyen de se rallier derrière eux. Le soleil était couché : deux brigades de Cavalerie anglaise, débouchant entre la Haie-Sainte et le Corps du général Reille , tournèrent les huit carrés de la garde ; quatre escadrons envoyés les furent par l'empereur pour soutenir ramenés ; la cavalerie de la gardé qui, depuis plus de deux heures ; se défendait sur le plateau contre presque toute l'armée 420 MEMOIRES des le carcés dérrière feu anglaise, voyant elle, se mit aussitôt en retraite. Les autres troupes de la droite , craignant d'être coupées et croyant tout perdu, quittèrent leurs positions, qui de suite furent occul'ennemi. le suivit mouLagauche pées par : les, Prussiens fonvement rétrograde dirent sur nos bataillons épars ; là nuit augmentait fusion. encore le tumulte et la con- mettant l'épée à la main, L'empereur, s'elança dans la foule avec son état-major et ses aides-de-camp pour chercher à rallier les soldats; mais sa voix ne fut point entendue. Les huit bataillons de la garde, qui s'étaient formés en carrés et qu'embrasait le feu sacré, repoussaient tous les efforts de et le mais écrasés nombre, l'ennemi; par sucils ayant épuisé toutes leurs munitions, combèrent !... : inébranlable seul bataillon restait Un se retire Napoléon trouver une mort dans son sein pour y ses glorieuse; mais of- DE NAPOLEON. le contraignirent de l'armée. 427 à suivre ficiers la retraité et les Anglais perdirent, le 18, le 16, le 17 et le 18, 60,000 homfût arrivé sur leurs mes; et si Grouchy derrières au moment où ils triomphaient, Les Prussiens le champ de bataille, de Mont-Saint-Jean Nous ne perdîmes eût été leur tombeau. aussi l'armée étaitque 30,000 hommes; elle encore presque liés. Elle reur, se réunit, aux environs égale en force par ordre de Laon, aux al- de l'empeet se porta sous Paris, ainsi que Grouchy, ensuite, sans que Wellington sussent inet Blücher ni entamer un seul corps. tercepter Cependant rien encore n'était désespéré: les alliés pouvaient accorder une paix réorganisait, contraints honorable se renforçait, mais les chambres combattre; des représentans descendre être à nous ; l'armée et brûlait des pairs se de et de obligèrent Napoléon du trône , il obéit à la nécessité; de son fils, il en faveur et, en abdiquant fut courageusement se livrer aux Anglais, 428 qui, loin violèrent MEMOIRES DE NAPOLÉON. cette d'admirer en sa personne de l'hospitalité, Sainte-Helène. et le FIN. noble confiance, les droits sacrés transportèrent à