Fac simile del`écriture deNapoléon. S`il voit ma

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JE PRIE
MES
LE
QUE
MENT
PARENS
LA
SENTIMENS
POSITION
QUE
Fac simile
S'il
voit
ma
permettre
AMIS
O'MEARA
DOCTEUR
A
ET
JE
OU
DE
LEUR
JE
DIRA
ME
TOUT
RELATIVE-
TROUVE
bonne
1818.
DE
AUX
de
la
Louise,
prie
je
lui baise les mains.
SAINT-DENIS.
IMPRIMERIE
ET
de Napoléon.
NAPOLÉON.
Le 25 juillet
CE
CONSERVE.
de l'écriture
qu'il
CROIRE
CONSTANT
Rue de Paris, n° 8.
CHANTPIE;
MÉMOIRES
DE
NAPOLÉON,
ÉCRITS SOUSSA DICTÉE
A SAINTE-HÉLÈNE,
PAR
UN DE SES VALETS-DE-CHAMBRE.
PRIX
: 2 FR. 50 c.
TARIS.
PHILIPPE,
RUE
LIBRAIRE,
DAUPHINE,
1829
N°
30.
MEMOIRES
DE NAPOLÉON
JE n'écris
événemens
des
car les
commentaires,
pas
de notre règne sont assez con-
nus , et je ne suis pas obligé d'alimenter
:
curiosité
je donne le précis
publique
ces événemens, parce que mon caractère
la
de
et
être
mes intentions
peuvent
étrangement
et je tiens à paraître
tel que j'ai
défigurés;
été aux yeux de mon fils comme à ceux de
la postérité.
C'est le
but
une
de cet écrit.
voie
Je suis forcé
détournée
le
pour
car s'il tombait
dans les mains
sais
des ministres
je
anglais,
par expédans
leur
resterait
bureau.
rience
qu'il
Ma vie a été si étonnante,
que les admi-
d'employer
faire paraître,
de mon pouvoir
ont pensé que mon
enfance
même avait été extraordinaire
;
rateurs
1
2
MÉMOIRES
ils se sont trompés. Mes premières années
n'ont rien eu de singulier ; je n'étais qu'un
enfant obstiné et curieux ; ma première
éducation a été pitoyable comme ce qu'on
fait en Corse ; j'ai appris assez facilement
le français par les militaires
de la garnison , avec lesquels je passais mon temps.
Je réussissais dans ce que j'entreprele
voulais: mes volontés
nais, parce que je
étaient fortes et mon caractère décidé.
Je n'hésitais jamais : ce qui m'a donné de
La volonté
de
la
de
l'indiau
reste
,
trempe
dépend,
vidu : il n'appartient
pas à chacun d'être
maître chez lui.
l'avantage
sur tout le monde.
Mon esprit me portait à détester les illusions. J'ai toujours discerné la vérité de
vu
c'est
saut:
j'ai
pourquoi
toujours
plein
que d'autres le fond des choses. Le
été pour moi dans le
monde a toujours
fait et non dans le droit : aussi n'ai-je resmieux
semblé à peu près à personne;
isolé.
ma
nature, toujours
par
j'ai
été,
5
DE NAPOLEON.
Je
n'ai
jamais
quel
le
serait
compris
tirer de quelques-unes
parti que je pourrais
elles ne
de mes études,
et, dans le fait,
m'ont
thodes.
servi
Je
qu'à m'apprendre
n'ai retiré
quelque
des mathématiques
utile
à rien;
mais
propre.
Mes
des
: le reste
j'étudiais
mé-
fruit
ne
par
que
m'a été
amour-
facultés
intellectuelles
prenaient
leur essor sans que je m'en mécependant
lasse; elles ne consistaient
que dans une
des fibres de mon cerveau.
grande mobilité
Je pensais plus vite que les autres; en sorte
m'est toujours
resté du temps pour
qu'il
réfléchir
: c'est en cela qu'a consisté
ma
profondeur.
Ma tête était
trop active pour m'amuser
de la
ordinaires
avec les divertissemens
étranJe
totalement
étais
n'y
jeunesse.
pas
mais je cherchais
de quoi
ailleurs
ger;
m'intéresser.
me plaçait
Cette disposition
daus une espèce de solitude
où je ne trouvais que mes propres
pensées. Cette ma-
4
MEMOIRES
nière
d'être m'a été habituelle
les situations de ma vie.
dans toutes
Je me plaisais à résoudre des problêmes : je les cherchai dans les mathématiques ; mais l'ordre matériel ne m'en fournissant point assez , je les cherchai alors
dans l'ordre
le mieux
venue
moral
: c'est le travail
réussi. Cette recherche
chez moi
une
disposition
qui m'a
est dehabi-
: je lui ai dû les grands pas que j'ai
fait faire à la politique et à la guerre.
Ma naissance me destinait au service :
tuelle
c'est pourquoi j'ai été placé dans les écoles
militaires.
J'obtins une lieutenance quel*
: je
révolution
ques années avant la
n'ai jamais
de litre
avec autant
de
reçu
ammon
Le
comble
de
celui-là.
plaisir que
bition se bornait, alors, à porter un jour
une épaulette à bouillons sur chacune de
mes épaules : un colonel d'artillerie me paraissait le nec plus ultra de la grandeur humaine.
* En
1788.
5
DE NAPOLÉON.
ce
dans
temps pour
jeune
trop
Je ne juà la politique.
mettre de l'intérêt
en masse.
de l'homme
encore
geais pas
du
Aussi je n'étais ni surpris ni effrayé
à
cette
désordre
époque , parce
régnait
qui
J'étais
aucune
avec
la
comparer
que je n'avais pu
de ce que je trouautre. Je m'accommodais
vais. Je n'étais pas encore difficile.
On
cette
m'employa
armée ne faisait
de ce que doit
ni la
ne connaissait
une armée;
elle
la
ni
guerre.
discipline
Il
est vrai
d'ennemis
pêcher
d'arriver
à mauvaise
J'étais
nous
que
bien
nous n'étions
n'avions
pas
à combattre;
dangereux
d'abord
chargés
les Marseillais
jusqu'à
:
rien
faire
école.
du midi
l'armée
dans
que d'em-
les Avignonais
et rien n'était
si
et
Lyon,
facile.
L'anarchie
dans
les
: le
régnait
corps
soldat n'avait aucun respect pour l'officier
;
l'officier
n'en avait guère pour le général;
ceux-ci
étaient
tous
par les représentans
les
du
matins
destitués
peuple
; l'armée
1*
MÉMOIRES
6
qu'à ces derniers l'idée du poula plus forte sur l'esprit humain. J'ai
n'accordait
voir,
senti dès-lors
ci-
vile
ga-
le danger de l'influence
et j'ai su m'en
sur le militaire,
rantir.
Ce n'était
pas le talent, mais la loquacité qui donnait du crédit dans l'armée :
tout y dépendait de cette faveur populaire
qu'on obtient par des vociférations.
Je n'ai jamais eu avec la multitude
cette
de sentimens qui produit l'écommunauté
l'inférioloquence des rues ; et d'ailleurs,
de jouerrité de mon grade m'empêchant
un rôle dans cette armée; j'en avais mieux
le temps de réfléchir.
la guerre, non sur le papier,
mais sur le terrain. Je me trouvai pour la
*
dans
au
feu
une
affois
petite
première
faire , à la suite de laquelle l'armée du
midi s'empara d'Avignon.
Pendant que le
J'étudiais
gros de l'armée suivait la rive gauche du
Rhône et attaquait sans succès la ville, je
*
En.
1795.
DE NAPOLEON.
7
fus détaché avec deux pièces de quatre et
une faible colonne sur la rive droite. Je
bientôt
que les Avignonais
m'aperçus
avaient commis la faute impardonnable
de
laisser sans défense un point qui commandait la ville et surtout le château. Je me
hâtai d'y placer mes pièces; je les pointai
moi-même
et en quelques coups fis taire
le feu de l'ennemi. Ce succès amena la
reddition de la place au moment où le général de la convention donnait le signal de
la retraite.
J'ai raconté mon premier fait d'armes,
Bon qu'il me valût de l'avancement,
mais
parce qu'il m'initia au secret de la guerre.
Je m'aperçus qu'il était plus facile qu'on ne
croit, de battre l'ennemi, et que ce grand
art consiste à ne pas tâtonner dans l'action,
et surtout à ne tenter que des mouvemens
décisifs, parce que c'est ainsi qu'on enlève
le soldat.
J'avais gagné mes éperons; je me croyais
de l'expérience.
me
senje
cela,
D'après
8
MÉMOIRES
tis beaucoup d'attrait
pour un métier qui
me réussissait si bien. Je ne pensai qu'à
cela, et je me donnai à résoudre tous les
problêmes qu'un champ de bataille peut
offrir. J'aurais voulu étudier aussi la guerre
dans des livres, mais je n'en avais point.
Je cherchai à me rappeler le peu que j'avais lu dans l'histoire
, et je comparais ces
récits avec le tableau que j'avais sous les
yeux. Je me suis fait ainsi une théorie de
la guerre, que le temps a développée, mais
n'a jamais démentie.
Je menai cette vie insignifiante jusqu'au
siége de Toulon (A). J'étais alors chef de
et, comme tel, je pus avoir
quelque influence sur le succès de ce siége.
Jamais armée ne fut plus mal menée que la
bataillon,
nôtre.
On ne savait qui la commandait; les
la
sans
ne
l'ocapacité,
généraux,
plupart
saient pas, de peur
des représentans du
avaient encore plus de peur
peuple; ceux-ci
du comité de salut public.
Les commissaires pillaient,
les
les officiers buvaient,
DE
9
NAPOLÉON.
soldats mouraient de faim; mais ils avaient
de l'insouciance et du courage : ce désordre même leur inspirait plus de bravoure
conresté
Aussi
la
suis-je
discipline.
que
vaincu que les armées mécaniques ne valent rien : elles nous l'ont prouvé.
Tout se faisait au camp par motions et
de faire
manière
Cette
acclamations.
par
mais je ne pouvais
m'était insupportable;
pas l'empêcher,
m'en embarrasser.
et j'allais
à mon but sans
le seul dans l'armée
J'étais peut-être
d'en
mais
mon
était
eût
un
but
;
goût
qui
mettre au bout de tout. Je ne m'occupai
de
et
la
l'ennemi
d'examiner
position
que
la nôtre ; je comparai ses moyens moraux
et les nôtres : je vis que nous avions l'exaltation, le plus puissant de tous, et qu'il n'en
avait point. Son expédition avait d'ailleurs
été manquée du jour où il avait cessé d'avancer dans les terres et de se joindre
aux mécontens du pays pour
mer dans la place.
se renfer-
MÉMOIRES
10
Je cherchai
les meilleurs
points d'attaque, je jugeai la portée de nos batteries
,
et j'indiquai
les positions
les
où il fallait
Des officiers-généraux
les trouvèplacer.
mais
on
ne
réussit
hasardées,
trop
à
la guerre
Je
avec la seule prudence.
pas
mon plan à Gasparin,
m'obstinai,
j'exposai
rent
qui avait
entendait
été capitaine
de dragons,
et qui
la guerre;
il approuva mon plan
en finir.
D'ailleurs
la
qu'il voulait
parce
convention
ne lui
demandait
des bras
pas compte
du succès.
et des jambes, mais
Mes artilleurs
braves
étaient
mentés,
positions
réussirent:
c'est la meilleure
Nos attaques
pour les soldats.
l'ennemi
s'intimidait
; il n'osait
tenter contre
nous. Il nous en-
plus rien
voyait bêtement
où
et expéride toutes les dis-
des boulets, qui tombaient
à rien.
et ne servaient
ils pouvaient,
Les feux que je dirigeais
au
mieux
allaient
but.
de zèle, parce
J'y mettais beaucoup
mon avancement,
que j'en attendais
j'aimais d'ailleurs
lui-même.
succès
le
pour
11
DE NAPOLÉON.
Je passais mon temps aux batteries,
je
dormais dans nos épaulemens. On ne fait
bien que ce qu'on fait soi-même. Les prisonniers nous apprenaient que tout allait
au diable dans la place. On l'évacua enfin
Nous avions
d'une manière effroyable.
bien mérité de la patrie. On me fit général
de brigade. Je fus employé, dénoncé, desles
et
les
facballotté
intrigues
titué,
par
Je pris en horreur l'anarchie , qui
était alors à son comble, et je ne me suis
jamais raccommodé avec elle. Ce gouvertions.
nement
massacreur
antipathique qu'il
vorait
lui-même.
perpétuelle,
chaient pas
m'était
d'autant
plus
était absurde et se déC'était
une révolution
dont les meneurs ne cher-
seulement
à s'établir
d'une
manière
permanente.
la
dans
l'armée
de
Vendée
Employé
comme général d'infanterie,
je refusai de
servir dans une arme qui n'était pas la
mienne. Je fus à Paris, où l'on m'attacha
au comité militaire
et où l'on me chargea
12
MEMOIRES
de rédiger des instructions
pour
d'Italie, alors forcée à la retraite.
l'armée
des sections
L'affaire
se préparait,
je
un
mettais
pas
grand intérêt,
parce
n'y
moins
de
politique que
que je m'occupais
Je ne pensais pas à jouer un
de guerre.
rôle
affaire ; mais Barras me
de commander
sous lui la force
dans cette
proposa
armée, contre les insurgés. Je préférais,
en qualité de général, d'être à la tête des
me
dans
les
qu'à
jeter
troupes,
plutôt
rangs des sections,
faire.
où je n'avais
rien
à
Nous n'avions pour garder la convention,
mais
l'artillerie
6,000
hommes,
qu'environ
était bonne
et nombreuse.
Les colonnes
des sectionnaires
nous attaquèrent
sur diJe fis mettre le feu à mes piè-
vers points.
ces , les sectionnaires
se sauvèrent,
les
je
fis suivre; ils se jetèrent sur les degrés de
On n'avait pu passer qu'une
Saint-Roch.
elle fit feu
pièce, tant la rue était étroite,
sur cette cohue, qui se dispersa en lais-
DE NAPOLEON.
morts.
sant quelques
en dix minutes.
Cet
événement,
15
Le tout
si petit
eut de grandes conséquences,
de rétrograder.
la révolution
fut terminé
en
lui-même,
il empêcha
Je m'attachai
lequel je ve-
au parti pour
et je me trouvai
lié à
nais de me battre,
Je commençai
à
la cause de la révolution.
convaincu
et je restai
la mesurer,
qu'elle
naturellement
parce qu'elle avait pour
le nombre
elle l'opinion,
et l'audace.
L'affaire
des sections
m'éleva au grade
serait
victorieuse,
de division,
de général
et me valut une
Comme le parti vainsorte de célébrité.
de sa victoire
, il me
queur était inquiet
à
en
me
Paris
nommant
moi,
garda
malgré
de
l'armée
de
en
chef
l'intérieur,
général
car je n'avais d'autre
de faire la guerre
grade.
Je restai
lations;
société,
à Paris.
ambition
dans
mon
que celle
nouveau
Je n'y avais pas de rede la
aucune habitude
je n'avais
et je n'allais
que
dans
celle
de
MÉMOIRES
14
bien
où
reçu. C'est là où
Barras,
j'étais
fois, ma femme,
j'ai vu, pour la première
sur ma vie,
qui a eu une grande influence
et dont la mémoire
me sera toujours
chère.
Je n'étais
insensible
pas
aux
charmes
dés femmes,
elles ne
mais,
jusqu'alors,
m'avaient
me
pas gâté; et mon caractère
rendait timide
de
auprès d'elles. Madame
Beauharnais
rassuré;
ses sur
je
me
est
la
m'ait
première
qui
elle m'adressa des choses flatteu-
talens
mes
militaires,
trouvai
placé
auprès
un jour
où
d'elle;
cet
m'adressais
continuelle;
je
éloge m'enivra
ment à elle; je la suivais partout;
j'en étais
et notre socicté
amoureux,
passionnément
le savait déjà, que j'étais encore loin d'oser
le
lui dire.
Mon
sentiment
Je n'avais
s'ébruita;
Barras
m'en
de
raison
pas
pour le nier,
me dit-il,
il faut que vous
parla.
" En ce cas,
» épousiez madame
)> avez un grade
de Beauharnais.
et des talens à faire
Vous
valoir;
DE NAPOLÉON
15
» mais vous
êtes isolé , sans fortune
, sans
» relations;
il faut vous marier,
cela donne
" de l'aplomp.
Madame
de Beauharnais
» est agréable et spirituelle
, mais elle est
veuve.
Cet
état
ne
vaut
plus rien aujour"
» d'hui ; les femmes ne jouent
de
rôplus
» les; il faut qu'elles se marient
pour avoir
» de la consistance.
Vous avez du caractère;
» vous ferez votre chemin.
» venez. Voulez-vous
me
Vous
lui con—
de cette
charger
» négociation?
»
J'attendis
la réponse avec anxiété.
Elle
fut
Madame
de Beauharnais
favorable.
m'accordait
sa main
; et s'il y a eu des modans ma vie, c'est à elle
mens de bonheur
que je les ai dus.
Mon
attitude
dans
le monde
changea
sous
refait,
Il s'était
après mon mariage.
le directoire,
une manière
d'ordre
dans
lequel
j'avais
élevée. L'ambition
chez moi
En
fait
: je pouvais
d'ambition,
pris une
devenait
aspirer
social
assez
place
raisonnable
à tout.
je n'en
avais
pas
MÉMOIRES
16
un commandeque celle d'obtenir
n'est rien,
ment en chef; car un homme
d'une réputation
milis'il n'est précédé
d'autre
Je croyais être sûr de faire la mienne;
car je me sentais l'instinct
de la guerre ;
mais je n'avais pas de droits
fondés pour,
taire.
faire
me
demande.
Il fallait
pareille
les donner.
ce n'était
Dans ce temps-là
pas difficile.
L'armée
d'Italie
était au rebut,
parce
une
à rien. Je pensai
qu'on ne l'avait destinée
à la mettre
eu mouvement
attaquer
pour
l'Autriche
sur le point
où elle avait plus
de sécurité ; c'est-à-dire
en Italie.
Le directoire
et l'Espagne;
était en paix
mais l'Autriche,
avec la Prusse
soldée
son état
fortifiait
l'Angleterre,
et nous tenait
tête sur le Rhin.
par
militaire
Il était
évident
faire
une
divernous
devions
que
sion en Italie,
l'Autriche,
pour ébranler
pour donner une leçon aux petits princes
d'Italie
contre
nous,
qui s'étaient
ligués
pour donner
la guerre,
enfin
n'en
qui
une couleur
avait point
décidée
jusqu'alors.
à
DE NAPOLÉON.
17
Le plan était si simple, il convenait
si bien
au directoire,
parce qu'il avait besoin de
succès pour faire son crédit,
que je me
hâtai
de le présenter,
de peur d'être prévenu. Il n'éprouva
de
contradiction
,
pas
et je fus nommé général en chef de l'armée
d'Italie.
Je
reçu
gne,
mille
n'est
la
pour
renforts
quelques
et je làa trouvai
partis
hommes
de bonne
Elle
avait
joindre.
de l'armée
d'Espaforte
de cinquante
si ce
de tout,
dépourvus
J'allai
volonté.
à
la mettre
Peu de jours après mon arrivée,
sur
un mouvement
j'ordonnai
général
toute la ligne : elle s'étendait
de Nice jus-
l'épreuve.
qu'à Savonne.
d'avril
1796.
En trois
C'était
jours
nous
postes austro-sardes,
hauteurs de la Ligurie.
brusquement,
au commencement
enlevâmes
qui
tous
défendaient
L'ennemi,
Nous
se rassembla.
les
les
attaqué
le ren-
il fut
le 10, à Montenotte;
contrâmes,
à Millesibattu. Le 14, nous l'attaquâmes
et nous séparâmes
mo ; il fut encore battu,
18
MÉMOIRES
des Piémontais.
les Autrichiens
Ceux-ci
vinrent prendre position à Mondovi,
tanse retiraient
dis que les Autrichiens
sur le
Pô, pour couvrir la Lombardie.
Je battis les Piémontais. En trois jours ,
de toutes les positions du
je m'emparai
et nous étions à neuf lieues de
Piémont,
Turin,
lorsque je reçus un aide-de-camp
qui venait demander la paix.
Je me regardais alors, pour la première fois, non plus comme un simple
à
homme
mais
comme
un
général,
appelé
influer sur le sort des peuples. Je me vis
dans l'histoire.
Cette paix changeait mon plan. Il ne se
bornait plus à faire la guerre en Italie,
Je sentais qu'en élarmais à la conquérir.
donde
la
le
terrain
révolution
je
gissant
nais une base plus solide à son édifice.
C'était le meilleur
moyen d'assurer sont
succès.
La cour de Piémont
nous avait cédé
toutes ses places fortes ; elle nous avait
remis ses pays. Nous étions maîtres,
par-
DE
NAPOLEON.
19
là, des Alpes et des Apennins ; nous étions
assurés de nos points d'appui et tranquilles
sur notre retraite.
Dans une si belle position,
j'allai attaJe passai le Pô à
quer les Autrichiens.
et l'Adda à Lodi : ce ne fut
Plaisance,
pas sans peine ; mais Beaulieu se retira,
et j'entrai dans Milan.
Les Autrichiens
firent des efforts incroyables pour reprendre l'Italie. Je fus
obligé de défaire cinq fois leurs armées
pour en venir à bout (B).
Maître de l'Italie, il fallait y établir le
système de la révolution , afin d'attirer ce
pays à la France par des principes et des
intérêts communs : c'est-à-dire, qu'il fall'ancien
lait y détruire
régime pour y
établir l'égalité, parce qu'elle est la cherJ'allais,
ville ouvrière
de la révolution.
donc avoir sur les bras le clergé, la noblesse, et tout ce qui vivait à leur table.
Je prévoyais ces résistances, et je résolus
de les vaincre par l'autorité des armes et
sans ameuter le peuple.
20
MÉMOIRES
J'avais fait de grandes actions ; mais il
fallait prendre un langage et une attitude
chez
La
avait
détruit
révolution
analogues.
nous toute espèce de dignité ; je ne pouvais pas rendre à la France une pompe
:
royale
je lui donnai le lustre des victoires
et le langage du maître.
Je voulais devenir le protecteur
de l'Italie et non son conquérant.
J'y suis parvenu en maintenant
la discipline de l'armée, en puissant sévèrement les révoltes,
et surtout en instituant la république
ciPar
cette
satisfaisais
institution
,
je
salpine.
le voeu prononcé des Italiens, celui d'être
ainsi de
Je leur donnai
indépendants.
grandes espérances; il ne dépendait que
d'eux de les réaliser en se liant à notre
cause. C'étaient
à la France.
des alliés que je donnais
Cette alliance durera long-temps entre
les deux peuples, parce qu'elle s'est fondée sur des services et des intérêts communs.
opinions
Ces deux
peuples ont les mêmes
et les mêmes mobiles. Ils auraient
DE NAPOLÉON.
21
sans moi,
leur vieille
conservé,
inimitié.
Sûr de l'Italie,
je ne craignis
pas de
m'aventurer
;
jusqu'au centre de l'Autriche
et je
j'arrivai
jusqu'à la vue de Vienne,
Ce
signai là le traité de Campo-Formio.
fut un acte glorieux
la
France.
pour
Le parti que j'avais favorisé au 18 fructidor
Je
était resté
l'avais
de la république.
que c'était le
parce
maître
favorisé,
et parce que c'était le seul qui pût
marcher
la
révolution.
Or, plus je
faire
m'étais mêlé des affaires,
plus je m'étais
convaincu
cette révoqu'il fallait achever
mien,
lution,
parce qu'elle était le fruit du siècle
et des opinions.
Tout ce qui retardait
sa
marche ne servait qu'à prolonger
la crise.
La paix était faite sur le continent;
nous
n'étions
plus en guerre
qu'avec l'Anglede bataille,
terre;
mais, faute de champ
cette guerre nous laissait dans l'inaction.
J'avais
ils étaient
la conscience
de nature
de mes moyens;
à me mettre
en évi-
dence; mais ils n'avaient
Je savais
cependant
qu'il
point
fallait
d'emploi.
fixer l'at-
22
MÉMOIRES
tention
pour
rester
en vue, et qu'il fallait
des choses extraordi-
tenter,
pour cela,
naires , parce que les hommes savent
de les étonner.
C'est en vertu de cette
nion
gré
opid'E-
, que j'ai imaginé
l'expédition
à de profongypte. On a voulu l'attribuer
des combinaisons
de ma part; je n'en avais
oisif
d'autre
de
ne
rester
celle
pas
que
pas
après la paix que je venais de conclure.
Cette
devait
expédition
grande idée de la puissance
elle devait attirer
l'attention
donner
une
de la France
;
sur son chef,
hardiesse
et surprendre
sa
;
l'Europe
par
elle devait surtout,
en fondant
sur le Nil
une colonie
française,
tenir
des colonies
dues , et,
de l'Orient,
d'Amérique
en lui assurant
lui
lieu à la France
qu'elle avait per-
tout le commerce
sessions
des posC'étaient
plus
tenter
pour la
la moin-
ouvrir
le chemin
dans l'Inde.
anglaises
de motifs
n'en fallait
qu'il
; mais je n'avais pas alors
dre envie de détrôner
le grand-turc
me faire pacha.
Je préparais
le départ
, ni de
dans un profond
DE NAPOLÉON.
secret.
ajoutait
tion.
Il
était
nécessaire
au caractère
La flotte
23
mit
au succès , et il
de l'expédisingulier
à la voile.
J'étais
obligé
de
cette gentilhommière
détruire,
enpassant,
de Malte, parce qu'elle ne servait qu'aux
vieux
Je
craignais
que
quelque
Anglais.
ces chevaliers
à
de gloire ne portât
et à me retarder
se défendre
; ils se rendilevain
honteusement
bonheur,
plus
par
m'en
étais
ne
flatté.
que je
les Mameloucks
à la baJ'avais détruit
rent,
des Pyramides;
(C) le combat naval
d'Aboukir
détruisit
flotte et livra la
notre
taille
mer
ment
miner
Je compris,
dès ce mone pouvait
se ter, que l'expédition
une
car
toute
;
que par
catastrophe
aux Anglais.
pas , finit toujours
qui ne se recrute
tôt
ou
un peu
un
peu
plus
par capituler
tard.
plus
armée
Il fallait
en attendant
rester
en Egypte,
d'en sortir.
n'y avait pas moyen
puisqu'il
à faire bonne mine
Je me décidai
vais jeu. J'y réussis
assez bien;
à mau-
24
MÉMOIRES
une belle
J'avais
armée
et j'achevai
; il fallait
l'oc-
la
de l'Econquête
son temps à quelque
gypte pour employer
chose. J'ai livré,
aux
sciences le
par-lâ,
cuper,
beau
plus
qu'elles
champ
ploité.
Nos soldats
étaient
ces
qu'ils
aient
jamais
ex-
un peu surpris de se
dans l'héritage
trouver
des Sésostris ; mais
ils prirent
bien la chose,
et il était si
au milieu de
étrange de voir un Français
ruines,
mêmes.
s'en
amusaient
eux-
il
plus rien à faire en Egypte,
d'aller en Palestine
curieux
, et
d'en tenter la conquête.
Cette expédition
N'ayant
me parut
avait
quelque
laissai séduire.
chose
de fabuleux
Je fus mal informé
: je m'y
des obs-
tacles
et je ne pris
qu'on
m'opposerait,
de
avec
moi.
assez
troupes
pas
au-delà
du désert,
Parvenu
j'appris
des
rassemblé
forces
avait
à Saintqu'on
(D). Je ne pouvais
pas les
il
fallut
marcher.
La
y
mépriser;
place
était défendue par un ingénieur
français ;
Jean-d'Acre
DE NAPOLÉON.
23
il fallut
je m'en aperçus à sa résistance;
fut pénible.
Je
lever le siége ; la retraite
fois contre
les éléluttai pour la première
mais nous
mens;
De
n'en
fûmes
pas vaincus.
et après avoir
retour
en Egypte,
à Aboutir
des Turcs
triomphé
m'enlever
laient
qui
vou-
ma conquête,
je reçus
des journaux
les
ils
Anglais;
par
m'appride la France,
rent l'état déplorable
l'avilissement
du directoire
coalition.
Je crus
une seconde
fois.
et le succès
de la
servir mon pays
pouvoir
Aucun motif ne me re-
en Egypte
: c'était
une entreprise
était bon pour siépuisée. Tout général
le
renune
temps
gner
que
capitulation
tenait
drait
inévitable,
dessein que celui
et je partis
de reparaître
sans
autre
à la tête des
la
ramener
victoire.
pour y
ma
excita
à
présence
Débarqué
Fréjus,
l'enthousiasme
du peuple ; ma gloire mili-
armées
taire
d'être
rassurait
qui avaient peur
une aflluence sur mon
tous ceux
battus; c'était
mon
passage;
voyage
cutl'air
d'un triom5
MEMOIRES
26
en arrivant
à Paris,
compris,
en
France.
tout
pouvais
je
que
La faiblesse du gouvernement
l'avait
mise
l'aà deux doigts de sa perte : j'y trouvai
phe,
et je
narchie.
patrie,
quence.
Tout
le monde
voulait
la
sauver
des plans en conséet proposait
On venait m'en faire confidence;
mais il
le pivot
des conspirations;
à la tête de ces
n'y avait pas un homme
mener.
les
fût
de
projets,
qui
Ils
capable
j'étais
tous sur moi,
comptaient
parce
fallait
une épée. Je ne comptais
leur
qu'il
sur perde choisir
le plan
sonne, et je fus maître
le mieux.
qui me convenait
à la tête de l'état.
me portait
me trouver maître de la révolution
La fortune
J'allais
car je ne voulais pas en être le chef : le
rôle ne me convenait
pas. J'étais donc aple sort à venir de la France
pelé à préparer
et peut
être
celui
du monde.
faire la guerre
Mais il fallait auparavant
faire la paix, assouvir les factions , fonder
mon autorité.
Il fallait remuer cette grosse
DE
NAPOLÉON.
27
le
machine
gouvernement.
qu'on appelle
Je connaissais le poids de ces résistances,
alors le simple métier
et j'aurais
préféré
du
l'autorité
de la guerre ; car j'aimais
et l'émotion
du champ
quartier-général
dans ce
de bataille.
Je me sentais enfin,
de
relever
moment,
pour
disposition
plus
l'ascendant
de la France
militaire
que pour
la gouverner.
Mais je n'avais
tination,
le règne
dans
ma
desde
choix
pas
car il m'était facile de voir que
du directoire
touchait
à sa fin ,
à sa place une autorité
imposante
pour sauver l'état,
qu'il n'y a
de vraiment
milique la gloire
imposant
qu'il
taire.
fallait
mettre
Le directoire
remplacé
queparmoi
choix
de la France
L'opinion
mienne.
publique
ne pouvait
donc
ou par l'anarchie.
n'était
éclairait
Je proposai
de remplacer
par un consulat. : tellement
alors de concevoir
l'idée
être
Ce
douteux.
pas
à cet égard la
le directoire
j'étais éloigné
d'un pouvoir
sou-
MÉMOIRES
28
Les républicains
deux
consuls;
j'en
verain.
lire
proposèrent
demandai
d'étrois,
pas être appareillé.
de
droit
m'appartenait
ne
voulais
que je
parce
Le premier
dans celte
rang
trinité
: c'était
tout
ce que
je
voulais.
de ma proLes républicains
se défièrent
Ils entrevirent
un élément de dicposition.
tature
contre
dans ce triumvirat.
moi.
Ils se liguèrent
même de Sieyes
La présence
les rassurer. Il s'était
ne pouvait
chargé de
faire une constitution;
mais les jacobins redoutaient
plus mon épée qu'ils ne se fiaient
à la plume de leur vieil abbé.
sous
Tous les partis se rangèrent
alors
deux bannières
: d'un côté se trouvaient
les républicains,
à mon
qui s'opposaient
élévation ; de l'autre, était toute la France
Elle était donc inévitable
qui la demandait.
à celte époque,
toujours
avaient
le
par
établi
conseil
finit
que la majorité
Les premiers
l'emporter.
parce
leur
quartier-général
des cinq-cents;
ils firent
dans
une
DE
belle
il fallut
défense,
Saint-Cloud
tion. J'avais
29
NAPOLÉON.
gagner la bataille de
achever
celte
révolu-
pour
cru un moment
qu'elle
se fe-
rait
acclamation.
par
Le voeu public
venait
de me donner
la
première
place de l'état ; la résistance qu'on
avait opposée
ne m'inquiétait
pas, parce
qu'elle ne venait que des gens flétris
par
l'opinion.
Les royalistes
n'avaient
ils avaient
été pris sur le temps.
de la nation avait confiance
en
:
pas paru
La masse
car
moi,
elle savait bien que la révolution
ne pouvait pas avoir de meilleure
garantie
que la
mienne.
çant
Je n'avais
à la tête
créés, puisqu'en
me serais trouvé
de force
des
intérêts
me plaavait
qu'elle
qu'en
la faisant
je
rétrograder,
des Boursur le terrain
bons.
Il fallait
de mon
bitions
que tout fût neuf dans la nature
afin que toutes les ampouvoir,
de quoi vivre ; mais
y trouvassent
il n'y avait rien de défini dans sa nature,
et c'était son défaut.
MÉMOIRES
70
par la constitution,
de la république,
magistrat
Jen'étais,
mier
que le premais j'ade commande-
une épée pour bâton
Il y avait incompatibilité
ment.
vais
droits
constitutionnels
entre
mes
et l'ascendant
que
et de mes ac-
je tenais de mon caractère
tions. Le public le sentait
comme moi;
la
chose ne pouvait
et chapas durer ainsi,
en conséquence.
cun prenait
ses mesures
Je trouvais
des courtisans
que je
n'en avais besoin. On faisait
queue. Aussi
en
du
chemin
nullement
n'étais-je
peine
mon autorité,
mais je l'étais
que faisait
beaucoup
France.
de la situation
Nous nous
trichiens
étions
avaient
plus
matérielle
de la
laissés battre
; les Aul'Italie
et dé-
reconquis
truit mon ouvrage; nous n'avions plus d'armée pour reprendre
l'offensive.
Il n'y avait
pas un sou dans les caisses, et aucun moyen
de les remplir.
La conscription
ne s'exécutait
des maires.
que sous le bon plaisir
Sieyes nous avait fait une constitution
pa-
DE
resseuse
NAPOLÉON.
31
tout;
bavarde
qui entravait
tout ce qui constitue la force d'un état était
anéanti; il ne subsistait
que ce qui fait sa
faiblesse.
et
Forcé
je crus devoir
par ma position,
alors de
demander
la paix ; je le pouvais
une
fortune
était
bonne foi,
qu'elle
parce
moi : plus tard,
pour
ignominie.
M. Pitt
tat
la refusa,
n'a fait une plus
elle n'eût
été qu'une
et jamais homme d'élourde faute ; car ce
a été le seul où les alliés
moment
auraient
pu la conclure
en demandant
avec sécurité:
car la France,
la paix,
se reconnaissait
de tous
vaincue ; et les peuples se relèvent
à leur
les revers,
si ce n'est de consentir
opprobre.
M. Pitt
Il m'a sauvé une grande
de la révoet il a étendu l'empire
la refusa.
faute,
lution
sur toute
voulu
alors la laisser
; empire
que ma
l'Europe
chute n'est pas même parvenue à détruire.
Il l'aurait
s'il avait
borné
à la France,
Il me fallut
donc
à elle-même.
faire
la guerre.
Mas-
52
MÉMOIRES
séna
se défendait
dans
Gênes;
mais
les
ren'osaient
de la république
plus
Il
ni
le
Rhin
ni
les
fallait
Alpes.
passer
en Italie
donc rentrer
et en Allemagne
armées
pour dicter
triche.
une seconde
fois la paix
à l'Au-
fis
des
les
je
forger
J'appelai
conscrits,
de l'honle sentiment
armes; je réveillai
neur national,
qui n'est jamais qu'assoupi
chez les Français. Je rassemblai
une armée
Un tiers n'était que des recrues. L'Europe
riait
de mes soldats : elle à payé chèrement
ce moment
Cependant,
de plaisir.
avec plus
pour entreprendre
il fallait
une campagne,
tom-
d'avantage
ber à l'improviste
sur l'ennemi
de sa surprise.
Le général
rait dans les gorges de Nice.
longeait
Je pars
présence,
nimèrent
marcher
Dans
jour à jour
: je m'avance
et profiter
Suchet l'atti-
Masséna prola défense de Gênes.
vers les Alpes
de l'entreprise,
la grandeur
les soldats ; ils semblaient
à l'avant-garde.
aucun temps de ma vie , je
; ma
ratous
n'ai
DE
NAPOLÉON.
de sentiment
35
à celui
que
éprouvé
pareil
dans les gorges des
je sentis en pénétrant
Les
échos
des
retentissaient
cris
Alpes.
une victoire
Ils m'annonçaient
mais probable.
J'allais
revoir
de l'armée.
incertaine,
de mes premières
théâtre
armes.
l'Italie,
Mes canons gravissaient
lentement
ces
rochers.
atteiMes premiers
grenadiers
Ils
enfin la cîme du St.-Bernard.
eu l'air leurs chapeaux
garnis de
gnirent
jetèrent
en jetant des cris de joie.
plumets rouges,
Les Alpes étaient
et nous défranchies,
bordâmes comme un torrent.
Le général Lannes commandait
garde. Il courut
Ivrée,
prendre
Pavie
Toute
l'avantVerceil,
du passage
du Pô.
, et s'assura
le passa sans obstacle. Dans
l'armée
ce temps presque tout le monde avait sa
fortune à faire ; on ne comptait
les fatigues pour rien , les dangers
pour moins
encore.
ce
On
était
insouciant
la gloire , qui
que sur les champs de bataille.
n'est
sur
sur
si
tout,
ne s'obtient
MÉMOIRES
34
Au bruit
de son arrivée, les Autrichiens
manoeuvrèrent sur Alexandrie.
Accumulés dans cette place, au moment où je
leurs
devant
les
parus
murs,
colonnes
vinrent se déployer
en avant de la Bormida. Je les fis attaquer. Leur artillerie
était supérieure à la mienne ; elle ébranla
nos jeunes bataillons. Ils perdirent du terrain. La ligne n'était conservée que par
deux bataillons de la garde consulaire et
par la 45e. Mais j'attendais des corps qni
marchaient
en échelons.
La division
de
arrive : toute
Desaix
forme
Desaix
la ligne se rallie ;
sa colonne d'attaque,
et
enfonce le centre de l'ennemi.
Cet habile
fut tué au moment où il décidait
l'immortelle
victoire de Marengo.
homme
se jeta sous les remparts d'Alexandrie ; les ponts étaient trop étroits
affreuse
le
une
s'y
recevoir;
bagarre
pour
L'ennemi
d'artillemasses
des
nous
;
prenions
passa
rie et des bataillons entiers. Refoulés audelà
du
Tanaro,
sans communication,
DE
NAPOLÉON.
35
; menacés sur leurs derrières
et par Suchet,
Masséna
en
n'ayant
par
les Autrifront qu'une armée victorieuse,
sans retraite
chiens
reçurent
capitulation
de la guerre
la loi.
; elle fut
: l'Italie
Mélas implora
une
inouïe dans les fastes
entière
me fut, resvint déposer ses
, et l'armée vaincue
armes aux pieds de nos conscrits.
Ce jour a été le plus beau de ma vie ; car
il a été un des plus beaux pour la France.
tituée
elle allait
elle;
pour
d'une
avait
elle
qu'elle
paix
conquise;
jouir
comme un lion ; elle allait être
s'endormait
Tout
était
heureuse
changé
parce
Les factions
d'éclat
était
qu'elle
semblaient
les étouffait.
grande.
se taire;
La Vendée
tant
se pacifiait;
étaient forcés de me remerles jacobins
car elle était à leur
cier de ma victoire,
de
Je
n'avais
rivaux.
plus
profit.
et l'enthousiasme
commun
danger
avaient
allié
ublic
les
momentanément
Le
où il
partis. La sécurité les divisa. Partout
de pouvoir
incontesn'y a pas un centre
36
MÉMOIRES
des hommes qui
table, il se trouve
espèà eux : c'est ce qui arriva au
rent l'attirer
mien.
Mon
autorité
n'était
trature
qu'une magiselle n'était donc pas
temporaire;
inébranlable.
Les gens qui avaient
de la
du talent, commenvanité et se croyaient
une campagne contre moi ; ils choisirent le tribunat
pour leur place d'armes.
ils
à
se
mirent
sous le nom
Là,
m'attaquer
de pouvoir
exécutif.
cèrent
Si j'avais cédé à leurs déclarations,
c'en
était fait de l'état. Il avait trop d'ennemis
ses forces,
et perdre
son
diviser
pour
en paroles.
On venait
d'en faire une
temps
rude épreuve ; mais elle n'avait
pas suffi
cette
faire
taire
d'hommes
qui
espèce
pour
de
à
ceux
les
intérêts
leur
vanité
préfèrent
faire
Ils s'amusèrent,
pour
à refuser les impôts,
à déà entraver sa marle gouvernement,
de leur patrie.
leur popularité,
crier
che ainsi
Avec
le
recrutement
que
ces manières là nous
en quinze
jours
la proie
des troupes,
été
aurions
de l'ennemi.
Nous
DE NAPOLÉON.
57
pas encore de force à le hasarder.
Mon pouvoir
était trop neuf pour être inle consulat allait finir comme
vulnérable;
n'étions
le directoire,
opposition
les tribuns
si je n'avais pas détruit cette
par un coup d'état. Je renvoyai
on appela cela élifactieux,
le mot fit fortune.
miner;
Ce petit événement,
qu'on
oublié aujourd'hui,
changea
tion
de la France,
avec la république
du moment
que
a sûrement
la constitu-
me
fit
qu'il
rompre
parce
; car il n'y en avait plus
natiola représentation
nale n'était
plus sacrée.
Ce changement
était forcé
dans la situa-
tion
où je trouvais
la France
de
vis-à-vis
et d'elle-même.
La révolution
l'Europe
avait
dés ennemis
et au-dehors,
cée d'adopter
trop
acharnés
au-dedans
ne fût pas fordictatoriale
,
comme toutes les républiques
dans les momens de danger.
Les autorités
à contrepoids ne sont bonnes qu'en temps de paix.
Il fallait
pour qu'elle
une forme
renforcer
au contraire
celle qu'on
MÉMOIRES
38
m'avait
couru
chaque fois qu'elle
de
afin
un danger,
prévenir
confiée
avait
les re-
chutes.
J'aurais
peut-être
cette
franchement
mieux
fait
d'obtenir
dictature,
puisqu'on
Chacun
aurait jugé
m'accusait
d'y aspirer.
: cela
de ce qu'on appelait mon ambition
mieux
valu ; car les monscrois,
aurait,
je
tres sont plus gros de loin que de près. La
de
eu
ne rien prél'avantage
dictature
de
laisser
les
l'avenir,
opinions
sager pour
et d'intimider
dans leur entier,
l'ennemi,
aurait
en lui montrant
la résolution
de la France.
Mais je m'apercevais
que cette autorité
se placer
dans mes
venait d'elle-même
mains; je n'avais donc pas besoin de la recevoir
officiellement
; elle s'exerçait
elle suffisait pour
de lait
de terminer
cette
et non de droit;
la crise et sauver la France
Ma tâche
était
donc
passer
etla révolution.
en lui donnant un caractère
révolution,
et
afin
reconnue
léêtre
qu'elle pût
légal,
le
de
droit
par
l'Europe.
gitimée
public
DE NAPOLEON.
les révolutions
Toutes
50
les
ont
passé par
ne pouvait
mêmes combats
: la nôtre
pas
à son
en être exempte ; mais elle devait,
son droit de bourgeoisie.
tour, prendre
il falJe savais qu'avant de le proposer,
lait en arrêter les principes
, en consolider
la législation
les excès. Je
et en détruire
me crus assez fort
pour
et je ne
y réussir,
me trompai
pas.
Le principe
de la révolution
était
l'ex-
tinction
des castes , c'est-à-dire
l'égalité;
la législation
devait en réje l'ai respectée,
gler les principes;
j'ai fait des lois dans cet
dans l'exisesprit. Les excès se montraient
tence des factions,
je n'en ai tenu compte
et elles ont disparu.
Ils se montraient
dans
la destruction
dans
l'ai
rétabli
;
je
l'existence
des émigrés,
je les ai rappelés; dans le désordre général de l'administration , je l'ai réglée;
dans la ruine des
finances
sence
tenir
du cuite,
, je les ai restaurées ; dans l'abd'une
de
autorité
maincapable
la France,
je , lui
ai
donne
cette
MÉMOIRES
40
en prenant
les rênes
ont fait autant
Peu d'hommes
autorité
ai faites
que j'en
l'histoire
;
temps
la France à mon
alors
en
de
l'état.
de choses
aussi
peu
de
dira
un jour ce qu'était
et ce qu'elle
avénement,
quand elle a donné la loi à. l'Europe.
Je n'ai pas eubesoin d'employer
un pouimces
voir arbitraire
accomplir
pour
était
menses travaux
: on ne m'en
aurait
peutmais je n'en ai
détesté
toujours
être pas refusé l'exercice;
voulu
, parce que j'ai
pas
l'arbitraire
en tout. J'aimais
l'ordre
et les
: j'en ai fait beaucoup ; je les ai faites
sévères et précises,
mais justes ; je les ai
fait observer
parce que
rigoureusement,
c'est le devoir du trône , mais je les ai reslois
pectées
: elles me survivront;
c'est la ré-
de mes travaux.
compense
Tout semblait
se recréait
occupais
marcher.
A souhait
l'état
Je
m'en
établissait.
; l'ordre
s'y
avec ardeur;
mais je sentais qu'il
une chose à tout ce système : c'é-
manquait
tait du définitif.
DE NAPOLÉONS
41
que fût mon désir de faire à la réun établissement
stable, je voyais
clairement
que je ne pourrais
y parvenir
Quel
volution
qu'après avoir vaincu de grandes résistannécessaire
ces ; car il y avait antipathie
entre les anciens et les nouveaux
régimes.
Ils formaient
étaient
deux masses dont
les intérêts
en sens inverse.
précisément
Tous
encore
les gouvernemens
subsistaient
qui
en vertu de l'ancien droit public, se voyaient
de
la
révolution
les
;
exposés par
principes
de garantie
qu'en traioù qu'en l'écrasant,
tant avec l'ennemi,
s'il refusait
de la reconnaître.
n'avait
et celle-ci
Cette
ressort
cial
de
grande
lutte
du
J'étais
qui
à la tête
voulait
roulait
système
lequel
Romains.
la
des
chute
puis
en dernier
de l'ordre
renouvellement
l'Europe.
faction
sur
décider
devait
sode la
anéantir
le
le monde
de-
Comme
tel,
j'étais en butte à la haine de tout ce qui
cette rouille
avait intérêt à conserver
gole
moins
Un
caractère
entier
que
thique.
4
MÉMOIRES
42
mien
pour laisser
pu louvoyer
à décider
de cette
question
aurait
partie
une
au
temps.
Mais
dès que j'eus vu le fond du coeur
de ces deux factions;
dès que j'eus vu
comme
au
le
monde,
qu'elles partageaient
de
la
réformation,
temps
tout pacte était impossible
que
leurs
intérêts
je compris
que
entr'elles
parce
Je
se froissaient
trop.
la
on
crise,
compris
abrégerait
que plus
Il
mieux
les peuples
s'en trouveraient.
un
fallait avoir pour nous la moitié
plus
de l'Europe,
afin que la balance penchât
de
de notre côté. Je ne pouvais disposer
ce poids qu'en vertu de la loi du plus fort,
parce que c'est la seule qui ait cours entre
les peuples. Il fallait donc que je fusse le
plus fort de toute nécessité ; car je n'étais
de
pas seulement
chargé
gouverner
la
mais de lui soumettre
le monde ;
France,
sans quoi le monde l'aurait
anéantie.
Je n'ai jamais
tis que j'ai
pris;
eu de choix
ils ont
dans les parété comtoujours
45
DE NAPOLÉON.
le
que
par les événemens,
parce
le
31
et
était
toujours
danger
éminent,
il était à remars a prouvé
à quel point
mandés
vivre
, et s'il était facile de faire
en paix les vieux et les nouveaux
régimes.
Il m'était
tant
donc aisé de prévoir
que
douter
de
y aurait
entre
forces
ces
qu'il
parité
deux systèmes, il y aurait entre eux guerre
ouverte ou secrète. Les paix qu'ils signeêtre que des haltes
raient
ne pourraient
Il fallait donc que la France,
pour respirer.
comme
le chef-lieu
de la révolution,
se
tînt
Il
en mesure
fallait
de résister
donc
qu'il
y
eût
à la tempête.
dans le
unité
gouvernement,
pour qu'il pût être fort ;
union
dans la nation,
pour que tous ses
au même but, et conmoyens tendissent
fiance dans le peuple,
pour qu'il consentît
aux sacrifices
conquête.
Or tout
nécessaires
était
pour
assurer
dans le
sa
système
du consulat,
rien
à
était
sa
que
n'y
parce
véritable place. Il y existait
une république
précaire
44
MÉMOIRES
de nom,
une souveraineté
de fait, une reun
nationale
présentation
faible,
pouvoir
exécutif
soumises et une
fort, des autorités
armée prépondérante.
Rien
ne marche
dans un système polioù les mots jurent
avec les choses.
tique
Le gouvernement
se décrie
par
le menIl tombe
dont il fait usage.
songe perpétuel
le mépris
dans
tout
ce qui
qu'inspire
est faux, parce que ce qui est faux est fairuser en poble. On ne peut plus d'ailleurs
les
en
savent trop
litique,
long,
peuples
les gazelles
secret pour
fort,
reur
Il n'y a qu'un
trop.
mener le monde ; c'est d'être
a
la
dans
force
ni
erqu'il
n'y
parce
c'est le vrai mis à nu.
ni illusion;
Je sentais
en disent
de ma position,
le
il fallait établir
consulat;
la faiblesse
ridicule
de mon
quelque
chose
de solide
, pour servir de
Je fus nommé
à la révolution.
point d'appui
consul à vie : c'était
une
suzeraineté
via-
en elle-même,
gère, insuffisante
puisqu'elle
plaçait une date dans l'avenir , et que rien
DE NAPOLÉON.
ne gâte la confiance
d'un changement;
45
la prévoyance
elle était passa-
comme
mais
ble pour le moment
Dans l'intervalle
où elle fut
établie.
laissé
la
m'avait
trève d'Amiens,
j'avais hasardé une expédition
imprudente,
qu'on m'a reprochée
et avec raison , elle ne valait rien en soi.
J'avais
essayé
que
Saint-Dode reprendre
de bons motifs
pour le
mingue ; j'avais
tenter : les alliés haïssaient
osât rester
qu'elle
pendant la paix. Il fallait
pour
trop
dans
la France
l'inaction
une pâture à la curiosité
des oisifs ; il fallait tenir
l'armée en mouvement
constamment
pour
donner
de s'endormir.
Enfin,
l'empêcher
bien aise d'essayer les marins.
Du reste, les maladies
ont détruit
j'étais
l'ar-
a été mal conduite
mée, l'expédition
; partout où je n'ai pas été, les choses ont été
mal. Cela revenait
assez au même ;
d'ailleurs
car il était
anglais
avions
n'aurait
allait
facile
de voir
rompre
que lé ministère
la trève , et si nous
reconquis
Saint-Domingue,
été que pour eux.
ce
MÉMOIRES
46
ma
jour augmentait
Chaque
du
3
l'événement
nivôse
lorsque
sécurité,
m'apprit
Cette conspiraque j'étais sur un volcan.
: c'est la seule que la potion fut imprévue
elle n'avait
lice n'ait pas déjouée d'avance;
c'est pourquoi
elle a
pas de confidens,
réussi.
J'échappai
par
qu'on me témoigna
plement;
on avait
rien
pour conspirer,
les
Bourbons.
pour
un
miracle.
L'intérêt
me dédommagea
ammal choisi
le moment
n'était
prêt en France
Je le dis
coupables.
avec vérité, je n'en accusais que les Brutus
du coin. En fait de crimes,
on était touOn
chercha
les
jours disposé à leur en faire honneur.
Je fustrès-étonné,
lorsque la suite des enquêtes vint à prouver que c'était aux royalistes que les gens de la rue Saint-Nicàise
avaient
d'être
l'obligation
Je croyais les royalistes
sautés en l'air.
honnêtes
gens,
parce qu'ils m'accusaient de ne pas l'être. Je
les croyais surtout incapables
de l'audace
et de la scélératesse
un
tel
que suppose
DE NAPOLÉON.
47
; au reste
projet
il n'appartenait
qu'à
de voleurs
de diligences,
nombre
petit
un
es-
pèce qui était prônée, mais peu considérée
dans le parti.
Les royalistes,
oubliés depuis
tout-à-fait
la pacification
sur l'horizon
sement
de
de la Vendée, reparaissaient
c'était un accroispolitique;
mon
autorité
la
; je refaisais
sur leurs terres.
C'était
chasser
royauté.
Il ne se doutaient
pas que ma monarchie n'avait point de rapport
à la leur. La
mienne
toute
était
toute
dans les droits.
dans les faits.
La leur
n'était
La leur
fon-
dée que sur des habitudes,
la mienne
s'en
elle marchait
en ligne avec le gépassait,
nie du siècle ; la leur tirait
à la corde
pour s'y retenir.
Les républicains
haus'effrayaient
de la
teur où me portaient
ils
les circonstances;
se défiaient
de l'usage que j'allais faire de
ce pouvoir;
ils redoutaient
que je ne réà
de
l'aide
une vieille
montasse
royauté
mon
bruit,
armée.
et
ce
Les royalistes
fomentaient
se plaisaient
à me présenter
48
MÉMOIRES
comme
D'autres
un
singe, des anciens
royalistes,
sourdement
monarques.
adroits,
répandaient
que je m'étais enthousiasmé du rôle de Monck,
et que je ne
le pouvoir,
prenais la peine de restaurer
en faire hommage
aux Bourque pour
serait en état de leur être
bons, lorsqu'il
plus
offert;
Les têtes médiocres
pas ma force,
ils accréditaient
décriaient
, qui ne mesuraient
foi à ces bruits
ajoutaient
;
le parti royaliste
, et me
dans le peuple et dans l'armée ;
car ils commençaient
à douter de mon atà leur cause. Je ne pouvais pas
tachement
laisser
une telle
courir
opinion,
parce
Il fallait,
à
qu'elle tendait à nous désunir.
tout prix, détromper
la France,
les royalistes et l'Europe,
afin qu'ils sussent tous à
quoi s'en tenir avec moi. Une persécution
de détails
contre
des propos,
ne
produit
jamais qu'un mauvais effet, parce qu'elle
D'ailleurs
n'attaque pas le mal à sa racine.
ce moyen
est devenu
dans ce
impossible
DE NAPOLÉON.
49
où l'exil
siècle desollicitation,
remua toute la France.
Il s'offrit
ce moment
malheureusement
décisif,
détruisent
sard qui
tions. La police
nées royalistes,
du Rhin.
pliquée.
événement
croyable
un
tenter
d'une femme
à moi, dans
un de ces coups du hales meilleures
révolu-
découvrit
dont
de petites mele foyer était au-delà
imUne tête auguste s'y trouvait
de cet
les circonstances
Toutes
d'une
cadraient
avec
celles
qui
d'état.
coup
décidait
manière
inà
me
La
portaient
du
duc
perte
la
qui agitait
question
d'Enghian
de moi sans rela France ; elle décidait
tour. Il fut sacrifié.
et qui
de beaucoup d'esprit,
a dit de cet attentat que
doit s'y connaître,
une
c'était
c'était plus qu'un crime,
que
Un homme
c'éà
ce
personnage,
déplaise
et ce n'était pas une faute ;
tait un crime,
Le
dédes
mots.
bien
la
valeur
sais
fort
je
faute.
N'en
lit de ce malheureux
misérables
intrigues
se bornait
prince
avec quelques
à de
vieilles
5
MÉMOIRES
60
de Strasbourg.
Il jouait
ces intrigues
étaient surveillées;
baronnes
son jeu ;
elles ne
ni la sûreté
la
de
ni la
menaçaient
France,
a
de
la
victime
et
péri
politique
mienne. Il
d'un concours inouï de circonstances.
Sa mort
n'était
les conséquences
arrivées.
La guerre
une
faute,
pas
que j'avais
car toutes
prévues
avait recommencé
sont
avec l'An-
gleterre,
parce qu'il ne lui est plus possible de rester long-temps
en paix.
Le
territoire
de l'Angleterre
est devenu trop
; il lui faut pour
petit pour sa population
vivre
le monopole
des quatre
du
parties
monde ; la guerre procure seule ce monoaux
pole
Anglais,
parce qu'elle lui vaut le
droit
de détruire
sur mer.
C'est sa sauve-
garde.
Cette
était paresseuse , faite de
guerre
terrain
était
pour se battre;
l'Angleterre
mais il
obligée d'en louer sur le continent;
fallait donner le temps à la moisson de croître.
L'Autriche
avait reçu de si grandes
le-
DE
NAPOLÉON.
31
n'osaient proposer
çons , que les ministres
la guerre de sitôt,
qu'ils eusquelqu'envie
sent de gagner leur argent. La Prusse s'engraissait de sa neutralité
fait en Suisse une fatale
; la Russie
avait
de la
expérience
étaient enet l'Espagne
L'Italie
guerre.
trées , à peu de chose près, dans mon sysfaisait balte.
tème; le continent
Faute
de mieux, je mis en avant un proJe n'ai jajet de descente en Angleterre.
mais pensé à le réaliser , car il aurait
du débarqueéchoué, non que le matériel
ment ne fût possible,
ne
mais la retraite
l'était pas. Il n'y a pas un Anglais
qui ne se
fût armé pour sauver
et l'armée française,
l'honneur
de son pays,
laissée sans secours à
leur merci,
ou capiaurait fini par périr
tuler. J'avais pu faire cet essai en Egypte
;
mais à Londres,
c'était jouer trop gros jeu.
Comme la menace
ne me coûtait
rien,
puisque je ne savais que faire de mes troupes, il valait autant les. tenir en garnison
sur les côtes qu'ailleurs;
ce seul appareil a
MEMOIRES
52
obligé l'Angleterre
de défense
ruineux
à se mettre
: c'était
sur un pied
autant
de
gagné.
on organisa une conspiraEn revanche,
moi. Je peux faire honneur
tion
contre
était
car
elle
émigrés,
princes
royale. On avait mis en mou-
aux
de celle-ci
vraiment
de conspirateurs;
auss
dans les vingtnous en fûmes informés
les
confidences
allaient
tant
heures,
quatre
bon train.
vement
une armée
Comme
je voulais cependant
cherchaient
des hommes
ne
qui
verser l'état (ce qui est contre
faire
punir
qu'à ren-
les lois di-
et humaines),
je fus obligé d'attendre , pour les faire arrêter,
qu'on eût rassemblé contre eux des preuves irrécusables.
était à la tête de cette machiPichegru
vines
homme,
qui avait plus de
bravoure
avait voulu
que de talent,
jouer
le rôle de Monck
: il allait à sa taille. Ces
nation.
Cet
projets
m'inquiétaient
peu, parce que je
connaissais
et que l'opinion
leur portée,
DE NAPOLÉON.
53
les
favorisait
ne
pas. Les royalistes
assassiné qu'ils n'en auraient pas
été plus avancés. Chaque chose a son temps.
bientôt
que Moreau
J'appris
trempait
publique
m'auraient
dans cette
affaire
: ceci
devenait
plus
dé-
co, parce qu'il avait une popularité
devait
le galossale. Il était clair qu'on
pour que
gner. Il avait trop de réputation
Je ne pouvais
nous fussions bons voisins.
licat
être tout
et lui rien;
manière
honnête
il fallait
de nous
trouver
séparer,
une
il
la
trouva.
de moi,
de
que j'étais jaloux
peu; mais il l'était beauet il y avait de quoi. Je l'es-
timais,
parce
Il avait pour
maient
pas,
bon
militaire.
un
c'était
que
amis tous ceux qui ne m'aide
c'est-à-dire
, beaucoup
On a beaucoup
lui : je l'étais fort
coup
Ils
gens.
avait péri.
était,
réussi,
oublié,
dit
en auraient
fait
Je n'en voulais
c'est-à-dire,
un
un
faire
homme
s'il
héros,
que ce qu'il
nul;
j'ai
ses amis l'ont
l'a perdu,
l'absence
et on n'y a plus songé.
5*
MÉMOIRES
64
Les
moins
autres
exigeaient
coupables
c'étaient
tous les vieux
de ménagemens,
de
habitués
purger
avons
pour
il fallait
Nous y
dont
conspirations
la France;
tout-à-fait
car il n'en a plus reparu
réussi,
dès
lors.
Je fus
accablé
les femmes
en l'air.
et les enfans
On
le monde.
de sollicitations
; toutes
de Paris
étaient
de tout
la grâce
demandait
J'eus la faiblesse
d'envoyer
queld'état, au
dans des prisons
ques coupables
lieu d'en laisser faire justice.
Je me reproche,
même
aujourd'hui,
cette
n'est
espèce d'indulgence,
dans un souverain
parce
qu'elle
faiblesse
qu'une
à
Il
a
devoir
remseul
n'y
qu'un
coupable.
de l'état,
celui d'y faire obplir vis-à-vis
server
crime
le droit
envers
les lois.
devient
Toute
transaction
avec
un crime
de grâce ne
les coupables,
le
de la part du trône ;
doit jamais s'exercer
il faut le réserver
pour les cas malheureux
que la conscience
absout quand la loi condamne.
DE
NAPOLÉON.
55
fut trouvé
dans son
Pichegru
étranglé
lit : on ne manqua pas de dire que c'était
par mes ordres. Je fus totalement
étranger
à cet événement.
Je ne sais pas même pource criminel
à son juj'aurais soustrait
gement ; il ne valait pas mieux que les aule juger
tres, et j'avais un tribunal
pour
quoi
et des soldats pour le fusiller.
Je n'ai
mais rien fait d'inutile
dans ma vie.
Mon
ja-
autorité
s'accrut,
parce qu'on l'avait menacée.
Il n'y avait rien de prêt en
France
Elle
pour Une contre-révolution.
ne voyait
dans les menées des royalistes
de lui apporter
l'anarchie
et
qu'un moyen
la guerre civile. Elle voulait
s'en préserver
à tout prix,
de moi,
et se rapprochait
de l'en garantir.
parce que je promettais
Elle voulait dormir
à l'abri de mon épée;
le voeu public
ne me démentira
(l'histoire
à régner en
pas), le voeu public m'appelait
France.
La forme
durer,
ne pouvait
plus
républicaine
fait
des
ne
répuparce qu'on
pas
MÉMOIRES
56
avec
bliques
voulait
que
de vieilles
Ce
monarchies.
la France,
c'était sa grandeur.
il fallait anéanen soutenir
l'édifice,
Pour
de là
consolider
l'oeuvre
les factions,
les limites
révolution
, et fixer sans retour
tir
à la
de l'état.
France
Seul, je promettais
La France
vouces conditions.
de remplir
lait que je régnasse sur elle.
Je ne pouvais pas devenir
avec lui
usé ; il portait
être
Mon titre
devait
un titre
reçues.
comme
tais
roi
la nature
l'héritier
pas
: c'était
des idées
nouveau
de mon
Je n'épouvoir.
des Bourbons
: il fallait
être beaucoup plus pour s'asseoir sur leur
Je pris le nom d'empereur,
trône.
parce
moins
était
et
défini.
grand
qu'il
plus
Jamais
celle
qui
révolution
renversa
ne fut aussi douce
que
cette
république
pour
on
de
avait
tant
laquelle
répandu
sang;
c'est qu'en maintenant
la chose, le motseul
était
les républichangé. C'est pourquoi
cains n'ont pas redouté l'empire.
D'ailleurs
les révolutions
qui
ne dépla-
DE
NAPOLÉON.
87
cent pas les intérêts,
sont toujours douces. La révolution
était enfin terminée,
elle devenait
inébranlable
sous une dynasLa république n'avait sa-
tie permanente.
tisfait que des opinions;
ses intérêts étaient
ceux de l'immense
majorité,
parce que
de l'empire gaavant tout, les institutions
rantissaient l'égalité; la démocratie y existait de fait, de droit, la Liberté seule y avait
été restreinte,
parce qu'elle ne vaut rien
dans les temps de crise ; mais la liberté
n'est a l'usage que de la classe éclairée de
la nation, l'égalité sert à tout le monde ;
c'est pourquoi mon pouvoir est resté pomême dans les revers qui ont
pulaire,
écrasé la France.
ne reposait pas, comme
sur un échadans les vieilles monarchies,
faudage de castes et de corps intermédiaires, elle était immédiate et n'avait d'apMon autorité
avait
il
dans
elle-même,
que
car
n'y
pui
la
et
moi.
dans l'empire
nation
que
Mais
dans cette nation, tous étaient également
53
MÉMOIRES
aux
le point
publiques;
un obstacle
n'était
pour perle mouvement
ascendant
était uni-
appelés
de départ
fonctions
sonne,
versel dans l'état
: ce mouvement
a fait ma
force.
il est
ce système,
pas inventé
sorti des ruines de la Bastille
; il n'est que
le résultat
de la civilisation
et des moeurs
Je n'ai
le temps a donné à l'Europe.
On esil se mainsayera en vain de le détruire;
que
force des choses, parce que
parla
le droit
finit toujours
par se placer là où
est la force. Or, la force n'était
plus dans
tiendra
la noblesse
tiers-état
depuis qu'elle
les
de porter
au
promis
armes et n'avait
avait
de l'état.
plus voulu être la seule milice
La force n'était plus dans le clergé,
depuis que le monde était devenu protestant
en devenant
La force n'était
raisonneur.
plus dans
parce
taient
le gouvernement
précisément,
et le clergé
n'éque la noblesse
leurs foncplus en état de remplir
tions,
c'est-à-dire
d'appuyer
le trône.
La
DE
n'était
force
plus
qu'on
n'y avait
qu'il
59
dans la
depuis
préjugés;
peuple
NAPOLÉON.
jugés.
Il n'y avait
dissolution
La chute
des préjugés
routine
avait
ni
et les
démontré
routine
au
ni pré-
dans le corps social , long-temps
avant la révolution
, que
entre
parce qu'il n'y avait plus de rapport
les mots et les choses.
source
leur
avait
on avait
des pouvoirs,
ils sont tombés
faiblesse;
la première
Il fallait
attaque.
donc refaire
mis
à nu la
découvert
l'autorité
en effet
à
sur un
se
du
qu'elle
passât
plan,;
et
des
il
des
habitudes
cortége
préjugés;
fallait qu'elle se passât de cet aveuglement
la foi.
Elle
n'avait
hérité
qu'on appelle
autre
il fallait
d'aucuns
droits
en entier
dans
fût
; il fallait donc qu'elle
le fait,
c'est-à-dire
dans
la force.
Je ne
montais
pas ainsi sur le trône,
des anciennes
comme un héritier
dynassous les
ties, pour m'y asseoir mollement
MÉMOIRES
60
prestiges
mais pour
des habitudes
affermir
peuple voulait,
cord avec les
France
illusions,
les institutions
pour
moeurs
redoutable,
et des
que le
les lois en ac-
mettre
et
afin
pour rendre
de maintenir
la
son
indépendance.
On ne tarda
sion.
jour
voulait
à
m'en fournir
l'occapas
était fatiguée par le séL'Angleterre
de mes troupes
sur les côtes;
elle
s'en débarrasser
à tout
prix et cher,
cha, la bourse à la main , des alliés sur le
elle devait en trouver.
continent,
Les anciennes
de me
voir
dynasties
sur le trône.
étaient
effrayées
Quelques politesses que nous nous fissions, elles voyaient
bien que je n'étais pas un des leurs;
car
d'un système
vertu
je ne régnais
qu'en
l'autel que le temps leur avait
qui détruisait
élevé. J'étais à moi seul une révolution.
les menaçait
comme la républiL'empire
que ; elles le redoutaient
davantage,
parce
qu'il était plus robuste;
Il
était
donc
de leur
politique
de m'at-
NAPOLÉON,
61
DE
c'est-à-dire
laquer, le plus tôt possible,
avant que j'eusse pris toutes mes forces.
Les chances de la lutte qui allait s'ouvrir
étaient
allaient
d'un
grand
intérêt
pour
la mesure
m'apprendre
me portait;
elles allaient
moi ; elles
de la haine
qu'on
m'apprendre à distinguer
ceux des souverains
que
la crainte
déciderait
à s'associer au système
de l'empire,
raient
plutôt
Cette lutte
ceux
d'avec
que de transiger
devait amener de
qui périavec lui.
nouvelles
en Europe.
Je
politiques
ou en devenir l'arbitre.
devais succomber,
à la
Je venais de réunir
le Piémont
combinaisons
France, parce qu'il fallait que la Lombardie s'appuyât
à l'empire.
On cria à l'am; on prépara la lice pour le combat.
bition
Cette réunion
lui servit de signal.
La bataille
trichiens
devait
être
rassemblaient
ces, et les Russes étaient
les leurs.
Le
jeune
Alexandre
Les
rude.
toutes
décidés
venait
leurs
Aufor-
à y réunir
de monter
6
62
MÉMOIRES
le trône.
sur
faire
Comme
les énfans
à
de leurs
parens, il me déque son père avait
le contraire
clara
la guerre,
parce
fait la paix; car nous n'avions
à démêler
aiment
rien
avec les Russes ; leur
tour
encore
n'était
et
les
mais
les
courtisans
femmes
venu;
pas
l'avaient décidé ainsi. Ils ne croyaient
faire
qu'une chose de bon goût,
parce que je
la
à
mode
pas
n'étais
et ils commençaient,
tème auquel la Russie
La coalition
pagne
chiens
Cette
plus
dans le beau monde,
sans le savoir, le sysdevra
n'a
jamais
maladroitement.
sa grandeur.
la camouvert
Les
Autri-
de. me surprendre.
s'imaginèrent
ne leur réussit pas.
prétention
Ils
inondèrent
l'arrivée
des
la Bavière
Russes.
marches
forcées,
nes avaient quitté
sans attendre
Ils s'en
sur le Rhin.
à
vinrent,
Mes colon-
le camp de Boulogne
et
traversaient
la France.
Nous passâmes le
Rhin à Strasbourg.
Mon avant-garde
rencontra
buta.
les Autrichiens
Je marchai
à Ulm
sur
Vienne
elles
à tour
culdu
DE
63
NAPOLÉON.
Un généroute : j'y entrai sans obstacle.
oublia
de couper les ponts
ral autrichien
Je l'aurais
du Danube ; je passai la rivière.
passée également,
vite en Moravie.
mais
j'en
autrichiens
coururent
L'ennemi
drapeaux.
: il fut battu.
à Austerlitz
sous leurs
nir
se sauvèrent
plus
seulement
Les Russes débouchaient
débris
arrivai
se réfugier
voulut teLes Russes
et leur
en désordre,
; les-
empecomme
demanda,
reur, cerné à Hoelich,
d'évacuer
lui
fût
une grâce,
permis
qu'il
lui
la Hongrie
la
route
prescriqu'on
par
rait.
me
demanda
une
Français
L'empereur
entrevue : je la donnai dans un fossé. Il me
: je l'accordai
; car, qu'auil
son
pas
n'était
rais-je
pays?
moulé pour la révolution.
Mais, pour diVenise
ses forces , je demandai
minuer
la
le
et
la
Tyrol
pour
Lombardie,
pour
mes
au moins
Bavière ; afin de renforcer
demanda
amis
bien
la paix
de
fait
aux
dépens
le moins.
de mes ennemis.
C'était
64
MÉMOIRES
Ce n'était
de disputer
pas le moment
;
la paix fut signée. Je la fis proposer
en
même temps aux Russes. Alexandre
la refusa.
Ce refus était
la
il
paix,
Autrichiens.
En
acceptait
il montra
refusant,
dans les revers
fortune
de la fermeté
et de la confiance
: ce refus
monde
car, en acceptant
l'humiliation
des
noble;
dans
que le sort
m'apprit
de nous deux.
la
du
dépendait
J'étais riche en conquêtes.
Il fallait lier
ces états au système de l'emintimement
afin
d'accroître
,
pire
Il n'y a pas d'autres
sa prépondérance.
liens entre les peu-
ples que ceux des intérêts
qu'ils mettent
Il fallait
donc établir
en commun.
une
entière
communauté
d'intérêts
entre
et les pays conquis.
Il ne s'agissait,
leur ancien
cela, que de changer
social
tant
nous
pour
ordre
en metpour leur donner le nôtre,
à la tête de ces nouvelles
institutions
des souverains
intéressés
à les maintenir.
DE NAPOLEON.
65
Je remplissais
ces conditions
en plaçant
ma famille sur les trônes vacans.
La Lombardie
le plus essentiel de
parce qu'elle devait être contiaux.
la
de
exposée
regrets
ces états,
nuellement
maison
était
Je
d'Autriche.
donner
ne voulus
un
mettre
pas lui
de mes
le plaisir
de
sur ce trône.
J'étais
frères
la couronne
porter
sur ma tête.
de
seul capable de
fer, et je la mis
Je donnai,
plus
par-là,
aux Lombards,
parce que
affaire de la leur.
propre
de
confiance
faisais
je
ma
Ce nouvel
d'Italie,
et parlait
état prit le nom de royaume
parce que ce titre était plus grand
à l'imagination
davantage
des
Italiens.
Le
reine
trône
était
Caroline
le pavé de
aux Anglais,
nouveau.
reux
de Naples
pays,
inondé
, après avoir
et livré
Naples
en
Il fallait
pour
avait
La
de sang
son
été
un maître
le sauver
vacant.
royaume
de
chassée
à ce malheu-
de l'anarchie
6*
et
66
MÉMOIRES
des vengeances.
sur ce trône.
Un
La
Hollande,
de mes frères
monta
avait
perdu
depuis longqui fait les républiques;
temps l'énergie
elle n'avait plus la force de jouer ce rôle ;
elle en avait donné la preuve lors du déde 1799. Je ne devais pas soup-
barquement
çonner qu'elle regrettât
la maison d'Orange,
La
à la manière
dont elle l'avait
traitée.
Hollande
semblait
donc
souverain
: je lui
donnai
avoir
besoin
un autre
d'un
de mes
frères.
Le cadet était assez jeune pour attendre;
le quatrième
n'aimait
il s'était
pas régner;
sauvé pour s'y soustraire.
Il ne resta en république
Suisses.
Il
que
celle
des
ne valait
ger des formes
coutumés.
Mon
la
de
chanpas
peine
ils étaient
acauxquelles
, dans ce pays ,
à les empêcher
de s'égorger
s'est bornée
entr'eux.
une
ont
Ils ne m'en
pas témoigné
grande reconnaissance.
En
formant
autorité
ainsi
des états
alliés
de la
DE NAPOLÉON.
61
et dépendons de l'empire,
je dus
à la mère-patrie
en même temps réunir
de
de
afin
d'autres
territoire,
portions
France
sa prépondérance
conserver
système.
C'est dans
Piémont
ce
but
car j'aurais
Français.
seulement
la famille
essentiel
ces trois
tait
avec
le
Gênes
et Parme.
Ces
en elles-mêmes,
fait de ces peuples de bons Ita-
Je n'en
liens.
tout
le'
que j'avais réuni
, et non pas à l'Italie.
à la France
J'y réunis de même
réunions ne valaient
sur
rien
ai fait
que de médiocres
se composait
Mais l'empire
nonde la France , niais des états de
des
alliés étrangers.
et
la proportion
de conserver
élémens. Chaque alliance
elle
une
nouvelle
Il était
entre
emporLe
réunion.
public , à chaque fois, criait à l'ambition.
n'a jamais consisté à posséMon ambition
der quelques lieues
carrées de plus ou de
moins,
mais à faire
triompher
cause ne consistait
Or, cette
ment dans les opinions,
ma cause.
seulepas
mais dans le poids.
65
MÉMOIRES
dans la
chaque parti
pouvait mettre
et les lieues carrées pèsent dans
balance,
le bassin, parce que le monde ne se comque
pose que de cria.
ainsi
J'augmentai
que je faisais mouvoir.
forces
la masse des
ni
Il ne fallait
ta-
ni adresse pour opérer
ces changemens. Il suffisait d'un acte de ma volonté ;
car ces pays étaient
en
trop petits pour
lent
en ma présence ils dépendaient
du
du
à
mouvement
l'ensemble
sysimprimé
de ce
tème impérial.
Le point de départ
avoir
était en France.
système
consolider
mon ouvrage,
France
vel
des institutions
ordre
Il
en donnant
conformes
social
donc
fallait
à la
au nouIl
avait
qu'elle
adopté.
fallait créer mon siècle pour moi, comme
je l'avais été pour lui.
Il fallait être législateur,
été
avoir
après
guerrier.
Il n'était
plus possible
la révolution;
car c'aurait
de nouveau
les forts
aux
de faire
reculer
été soumettre
ce qui
faibles,
est contre
DE
NAPOLÉON.
nature;
Il fallait
69
donc
en saisir
un système
y accommoder
pour
de législation;
analogue
je crois y être
Ce
me
et
survivra,
système
j'ai
parvenu.
un héritage
laissé à l'Europe
ne
qu'elle
l'esprit
pourra plus répudier.
Il n'y avait en réalité
dans
l'état
qu'une
menée par une dictavaste démocratie,
est
ture. Cette espèce de gouvernement
mais
elle
l'exécution
est
commode
;
pour
d'une
nature
temporaire,
qu'elle
parce
viager sur la tête du dictateur.
n'est qu'en
Je devais la rendre
des institutions
tions
en faisant
perpétuelle,
à demeure
et des corporaafin de les placer entre le
vivaces,
trône et la démocratie.
Je ne pouvais rien
des habitudes
et des
opérer par le levier
illusions.
J'étais obligé
de la réalité.
Il fallait
les intérêts
ainsi
fonder
immédiats
de tout
créer
avec
ma législation
de la majorité,
sur
et
créer mes corporations
avec des intérêts ;
sont ce qu'il y a de
parce que les intérêts
dans
ce
monde.
plus réel
MÉMOIRES
70
J'ai fait des lois dont
mense,
mais uniforme.
l'action
Elles
im-
était
avaient
le maintien
pour
Elle est
de l'égalité.
dans ces codes ,
empreinte
seuls pour la conserver.
principe
si fortement
qu'ils suffiront
J'instituai
une caste intermédiaire
: elle
était
démocratique,
parce qu'on y entrait
à toute heure et de partout;
elle était mo, parce qu'elle ne pouvait
narchique
pas
mourir.
Cette
devait remplacer
,
corporation
dans le nouveau régime,
le service que la
noblesse
était
censée faire
dans
mais
le trône;
c'est-à-dire
d'appuyer
ne lui ressemblait
en rien.
La
l'ancien
vieille
,
elle
no-
blesse n'existait
la mienne
noblesse
qu'elle
que par ses prérogatives;
La
du
vieille
n'avait que
pouvoir.
de mérite
n'avait
que parce
était
exclusive
; tous ceux qui se
dans la
de droit
entraient
distinguaient
nouvelle ; elle n'était
autre
couronne
chose
le peuple n'y
civique,
pas d'autre idée ; chacun l'avait
par ses oeuvres ; tous pouvaient
qu'une
attachait
méritée
l'obtenir
DE
au même
prix
NAPOLÉON.
71
; elle n'était
offensante
pour
personne.
L'esprit
ascendant
tions.
Il
de l'empire
était le mouvement
; c'est le caractère
des révoluagitait
la nation;
J'ai placé
toute
elle
se
pour s'élever.
au somde grandes récommet de ce mouvement
données que par la
penses ; elles ne furent
soulevait
Ces hautes dipublique.
encore conformes
à l'esprit
gnités étaient
dernier
de l'égalité,
carie
soldat les obtenait par des actions d'éclat.
reconnaissance
Après
le désordre
de rétablir
importait
est le symptôme
de
durée.
Les administrateurs
essentiels
vemens
Je
la
forcé
et
il
qu'il
de la
et les juges étaient
d'eux seuls dépuisque
à l'état,
l'ordre
public,
pendait
cution des lois.
de la révolution,
l'ordre
, parce
c'est-à-dire
les associai
aux
l'exémou—
le peuple
et l'arqui animaient
mée et aux mêmes récompenses.
Je fis un
ordre
les administrateurs,
qui honorait
MEMOIRES
72
des
soldats
un
breavait
reçu
parce qu'il
Je le rendis commun à
vet d'honneur.
tous ceux qui servaient l'état, parce que
est
le
des
dévouement
vertus
la première
à sa patrie.
Je donnai ainsi pour ressort à l'empire
un lien général. Il unissait par leurs intérêts toutes les classes de la nation, parce
qu'aucune
Il se formait
subordonnée ni exclue.
autour de moi un corps in-
n'était
fourni par l'élite de la nation;
termédiaire,
il était attaché au système impérial par sa
vocation , par ses intérêts et par ses opinions. Ce corps nombreux, quoique revêtu
des pouvoirs civil et militaire,
était avoué
par le peuple, parce qu'il était tiré au sort
dans les rangs. Il avait confiance en lui,
parce que leurs intérêts étaient confondus.
Ce corps n'était ni décimateur ni exclusif;
ce n'était, en réalité,
qu'une magistrature.
sur
une
s'asseyait
L'empire
organisation
forte. L'armée s'était formée à l'école de
DB NAPOLEON.
la guerre ; elle y avait
et à souffrir.
Les fonctionnaires
à faire exécuter
civils s'accoutumaient
les lois, parce
ni d'arbitraire
ni d'inter-
strictement
tude et à la rapidité.
tout une impulsion
l'empire.
machine
à se battre
appris
que je ne voulais
ils
se
formaient
prétation;
ne donnait
75
qu'un
Aussi tout
à l'habi-
ainsi
J'avais
répandu
par-
uniforme,
seul mot
parce
d'ordre
qu'on
dans
se mouvait
dans cette
ne s'opérait
; mais le mouvement
cadres
dans
les
que j'avais préparés.
que
J'ai arrêté
les dilapidations
publiques
en centralisant
machiné
sur un seul
fiscale.
toute la
point
Je n'ai rien laissé de va-
gue dans cette partie,
parce qu'en
doit se retrouver.
tout
monnaie,
surtout
rien
laissé de disponible
fait
de
Je n'ai
à ces de-
mi-responsabilités
provinciales,
parce que
m'avait
que cet abanl'expérience
prouvé
don ne sert qu'à enrichir,
quelques
petits
malversateurs
peuple
aux
dépens
et de la chose.
du
trésor,
7
du
MÉMOIRES
74
J'ai ajouté
que possédait
vir de témoins
de grands
la France
à ceux
monumens
ser; ils devaient
à sa gloire.
Je pensais qu'ils
l'âme
de
nos
les
éléveraient
descendans,
à
s'attachent
ces
nobles images
peuples
de leur histoire.
Mon
trône
armes.
Les
ne brillait
Français
son apparence
deur jusqu'à
des palais;
corer
nombreuse;
je lui
tout
austère,
autre
On ne s'amusait
aussi
les femmes
de l'éclat
que
aiment
ai
de la gran; j'ai fait déréuni
une cour
j'y
ai donné
un
point
n'ont
dans
joué
cour tout
Dans
caractère
été mal
eût
des
assorti.
ma
cour;
rôle
qu'un
était con-
cette
mesquin.
de l'état;
c'est poursacré à la grandeur
elles
détesté.
m'ont
Louis
quoi
toujours
XV
était"
beaucoup
Après la paix
mieux
leur
fait.
de Presbourg,
à
peine repassé
pes
nouvel
ennemi
l'Inn,
qu'un
dans la lice.
avaient
Depuis
dix ans la Prusse
mes troule Danube
et
se présenta
s'était
tenue
en
DE NAPOLÉON.
la France
lui
paix;
alliés lui en avaient
Ils l'injuriaient;
Sa neutralité
tielle
en
m'avait
dans la dernière
maintenir
permis
su gré; les
beaucoup de mal.
savait
voulu
mais
78
elle prospérait.
été surtout
essencampagne.
Pour
la
dans ces dispositions
je lui avais
du Hanovre
en éde s'emparer
de
ses
de
possessions
change
quelques-unes
elle
la
avait
de
France
,
rapprochées
plus
accepté ces conditions.
Une
croire
dépêche
que la Russie
contracter
ensemble
traires à ses propres
s'avisèrent
tout d'un
positaires
Les têtes
mouvement
Prusse.
lui fit
de son ambassadeur
et la France
allaient
condes engagemens
intérêts
; les Prussiens
découp de se croire
de la gloire
du grand Frédéric.
de
une espèce
s'échauffèrent;
national
agita la noblesse de
se dépêcha de la sol-
L'Angleterre
der, et il prit de la consistance.
Si les Prussiens
m'avaient
attaqué
pen-
dant que j'étais aux prises avec les Russes,
ils pouvaient
me faire
de mal ;
beaucoup
76
MÉMOIRES
mais
il était
si absurde
de venir,
hors
de
une guerre qui resraison, nous déclarer
de collége,
semblait à une mutinerie
que
avant d'y ajouter
foi.
je fus longtemps
Rien
fallut
n'était
rentrer
vrai
plus
cependant,
en campagne.
Je. m'attendais
à battre
bien
les
et il
Prus-
de
destiné
siens, mais j'avais
temps
plus
à cela. Je pris des mesures contre
les agme susciter d'ailgressions qu'on pourrait
; mais je n'en eus pas besoin.
les Prussiens
Par un hasard singulier,
leurs
ne tinrent
trois
pas
Par un autre hasard
à Jéna
heures
( G ).
n'i-
, leurs généraux
des places qui
maginèrent
pas de défendre
m'auraient
tenu trois mois. En quelques
semaines je fus maître du pays.
de
me
cette
déroute
La diligence
prouva
que cette guerre
laire
en Prusse.
cette
découverte
à notre
prendre.
manière;
n'avait
J'aurais
rien
eu de popudû profiter
de
la Prusse
pour organiser
mais je ne sus pas m'y
DE NAPOLÉON.
L'empire
pondérance
77
avait acquis une immense préde Jéna. Le
par la bataille
à
ma
cause
regarder
public,
comme gaguée ; je m'en aperçus aux manières que l'on prit avec moi.
Je comcommençait
mençai
bonne
à le croire
opinion
aussi moi-même,
et cette
m'a fait faire des fautes.
Le système sur lequel j'avais fondé l'emné des anciennes
était ennemi
pire
dynasties. Je savais qu'entre
elles et moi la
guerre
devait
être mortelle.
Il fallait
donc
des moyens
la
prendre
vigoureux
pour
rendre aussi courte que possible, afin de médes peuples et des rois.
nager la souffrance
dû
d'une part,
changer,
j'aurais
de tous les états
la forme
et le personnel
dans mes mains,
mettait
que la guerre
Ainsi
en
qu'on ne fait pas des révolutions
les mêmes hommes
et les mêmes
gardant
parce
choses.
J'étais
donc
ces gouvernemens,
contre moi:
c'étaient
en conservant
sûr,
de les avoir toujours
des ennemis
que je
ressuscitais.
7*
MÉMOIRES
78
Si je voulais
, d'autre part,
garder ces
, faute de mieux , il fallait
gouvernemens
les rendre complices
de ma grandeur
, en
leur
faisant
avec mon alliance
accepter,
des territoires
et des titres.
En suivant
suivant
l'un
ou l'autre
l'occasion,
,
de ces plans ,
étendu rapide-
j'aurais
ment les frontieres
de la révolution;
nos
alliances auraient été solides ; parce qu'elles
été faites
auraient
leur
aurais
principes
gné d'eux
Je
peuples.
les avantages avec les
avec
apporté
de la révolution;
les
éloi-
j'aurais
le fléau de la guerre dont ils ont
a
ans
et
,
qui
été persécutés pendant vingt
fini par les révolter
contre nous.
Il est à croire
tions
du continent
des
nala
majorité
que
cette
auraient
accepté
reaurait
été
et
grande alliance,
l'Europe
à
fondue
sur un nouveau
analogue
plan
l'état de sa civilisation.
mais je fis le conbien;
la dynastie
lien de changer,
menal'en
avais
comme
je
Je raisonnai
traire.
Au
prussienne,
DE NAPOLÉON.
79
les
lui
avoir
rendis
ses
états
après
cée, je
morcelés. La Pologne ne me sut pas gré
remis en liberté que la portion
dont la Prusse s'était
de son territoire
de n'avoir
Le
fut
de
emparée.
royaume
Westphalie
mécontent de ne pas obtenir davantage;
et la Prusse, furieuse de ce que je lui avais
ôté , me jura une haine éternelle.
Je m'imaginai,
je ne sais pourquoi,
que
des souverains ,dépossédés par le droit de
devenir reconnaisconquête, pouvaient
sans de la part qu'on leur laissait. J'imaginai qu'ils pourraient,
après tant de revers,
de bonne foi avec nous , parce que
c'était le parti le plus sûr. J'imaginai pouvoir étendre ainsi les alliances de l'empire ,
sans me charger de l'odieux que les revos'allier
tions traînent
elles.
Je
trouvai enfin
après
que c'était un grand rôle à jouer que celui
d'ôter et de rendre des couronnes : je m'y
laissai séduire.
Je me suis trompé,
et les
fautes ne se pardonnent
jamais.
Avant la levée de boucliers de la Prusse,
MÉMOIRES
80
contre
un
fait
m'étais
rempart
je
en organisant
sances du Nord,
du Rhin,
fédération
parce que
contenir
l'un
par
confédération
les puisla con-
jespérais
Pour
former
l'autre.
les
états
,
cette
j'ai agrandi
aux dépens d'une
souverains
de quelques
cohue de petits princes
qui ne servaient
de
leurs
sans
sujets,
manger
l'argent
qu'à
être
rien.
bons
J'attachai
leur
à
pouvoir
ainsi à ma cause les souverains dont j'avais
le
de
volume
les
intérêts
leur
,
grossi
par
agrandissement.
mais
eux;
gré
malJe les fis conquérans
ils se trouvèrent
bien du
ils ont fait volontiers
cause commétier;
mune avec moi; ils ont été fidèles à cette
cause tant qu'ils l'ont pu.
Cependant
penser que
six semaines,
Prussiens
hirent
rent
vrit
les Russes qui
la Prusse serait
après
arrivaient
leurs
n'avaient
conquise
au secours
désastres.
Ils
pu
en
des
enva-
la Pologne prussienne
et occupèthéâtre s'ouVarsovie.
Un nouveau
à nos armes.
Je me rendis
en Pologne
;
DE NAPOLÉON.
voir
j'allai
et de la
cette vieille
terre
de l'anarchie
courbée
sous un
liberté,
les Polonais
attendaient
étranger;
venue pour
joug
ma
le secouer.
J'ai négligé
des Polonais,
faute
grande
81
le parti que je pouvais tirer
et c'est peut-être
la plus
de mon
Je savais
règne.
était
de relever
essentiel
cependant qu'il
ce pays, pour en faire une barrière
à la
Russie et un contre-poids
à l'Autriche;
ne furent
mais les circonstances
pas assez
heureuses
à cette
plan.
D'ailleurs
époque
pour
les Polonais
m'ont
est violent
; mais
réaliser
ce
paru peu
mes vues. C'est un peupropres à remplir
ple passionné et léger. Tout se fait chez
eux par fantaisie et rien par système. Leur
enthousiasme
vent
nation
ni
ils ne sa-
ni le perpétuer.
le régler
Cette
porte sa ruine dans son caractère.
Peut-être
qu'en
donnant
aux
Polonais
un plan , un système et un point d'appui
avec le temps,
ils auraient
pu se former
,
MÉMOIRES
83
mon caractère
Quoique
à faire les choses
porté
ne m'ait
jamais
je n'ai
à demi,
fait que cela en Pologne , et je
cependant
au coeur
m'en suis mal trouvé. Je m'avançai
de l'hiver
vers les pays du nord. Le climat
aucune
n'inspirait
Son moral
était
battre
armée
une
défiance
excellent.
aux
J'avais
maîtresse
soldats.
à com-
de son terrain
et de son climat.
sur les
Elle m'attendait
J'allai
frontières
de la Russie.
l'y cherne
fallait
cher,
qu'il
parce
pas laisser
mes troupes dans de mauvais canlanguir
tonnemens.
Je rencontrai
les Russes à
et indéEylau (H) : l'affaire fut meurtrière
cise. Je les attaquai avec plus d'avantage
à
Friedland
(I). La victoire
y fut moins douteuse.. Alexandre
il
fendu;
honorable
s'étaient
s'était
Vaillamment
me proposa
la paix.
pour les deux nations,
Elle
déétait
car elles
avec une égale bravoure,
La paix fut signée à Tilsitt;
elle le fut de
bonne foi : j'en atteste le czar lui-même.
Telle
mesurées
fut
l'issue
des premiers
efforts
de
DE
la coalisation
de fonder.
NAPOLÉON
83
que je venais
l'empire
éleva la gloire
de nos ar-
contre
Elle
mes; mais
elle laissa, la question
car nos
et moi,
l'Europe
indécise
entre
ennemis
n'avaient
: ils n'étaient
ni
été qu'humiliés
ni changés. Nous nous retrouvions
détruits
au même
je prévis
inévitables
point,
et,
de nouvelles
en signant
guerres.
la paix-,
Elles étaient
aurait un
tant que l'Angleterre
à les prolonger.
intérêt personnel
du repos passager
Il fallait donc profiter
pour
que je venais de rendre au continent
afin de le renélargir la base de l'empire;
dre plus solide contre les attaques à venir,
dans ma famille.
le trône étant héréditaire
ainsi
Elle
commençait
velle que le temps
il a légitimé
une dynastie
nou-
comme
consacrer,
car depuis
toutes les autres;
couronne
n'avait
aucune
devait
Charlemagne,
autant de solennité
voeu des peuples
glise. Ma famille
devait
pas
, je l'avais reçue du
de l'éet de la sanction
ne
, appelée à régner,
dans les rangs
mêlée
rester
54
MÉMOIRES
delà
c'eût
été un contre-sens.
société;
Le continent
se trouvait
pacifié pour la
fois. J'avais étendu la surface
quatrième
et
la
dé l'empire
; mon
prépondérance
immédiat
de l'Adrias'étendait
pouvoir,
mon poutique aux bouches du Wéser;
voir
sur toute
cette
sentait,
n'était
d'opinion,
Mais l'Europe
l'Europe.
comme moi,
que
encore
qu'une
oeuvre provisoire
, parce qu'il y avait trop
d'élémens
de résistances , et qu'en traitant avec ces résistances,
comme j'avais
eu le tort de le faire,
n'avais
fait que
je
pacification
reculer
la difficulté;
Le principe
vital
de la résistance
en Angleterre;
l'attaquer
la guerre
je n'avais
à
corps,
corps
se renouvellerait
était
aucun
moyen de
et j'étais sûr que
sur le conti-
, tant que le ministère
anglais aurait
les
frais.
La
chose
en
payer
de quoi
pouvait durer long-temps,
les
bénéque
parce
fices de la guerre alimentaient
la guerre.
nent
C'était
un cercle
vicieux,
dont
le résultat
DE NAPOLÉON.
était
la ruine
85
du continent.
Il fallait
donc
de détruire
un moyen
les bénéfices que la guerre maritime
valait à l'Anafin
de
le
ruiner
crédit
du mi,
gleterre
trouver
On me proposa,
dans ce but,
Il
continental.
me
système
parut bon,
Peu de gens ont compris
je l'acceptai.
nistère.
On
s'est
obstiné
à n'y voir
renchérir
le
système.
de
tre but que celui
avoir
de toutes
Il devait
quences.
Il devait
ruiner
autres
le commerce
le
et
ce
d'aucafé.
consé-
anglais.
En cela il a mal fait son devoir,
parce qu'il
a produit',
comme toutes les prohibitions,
ce qui est toujours
un renchérissement;
du commerce
à l'avantage
, et parce qu'il
établi
ne peut être assez complètement
la
contrebande.
bannir
pour
Mais le système
encore à désigner
vec nos
nous
ennemis.
y tromper.
tème continental
continental
devait
clairement
nos amis d'a-
Nous
ne
servir
pouvions
pas
au sysL'attachement
de
l'attachetémoignait
8
MÉMOIRES
86
à notre
cause , parce
et son palladium.
ment
qu'il
était
son
enseigne
Ce système,
si débattu,
était indispensable dans le moment
où je l'ai établi;
car
il faut qu'un grand empire
ait non-seuleune tendance
générale pour diriger
doit avoir
; mais son économie
tendance
Il faut une route à
pareille.
ment
sa politique
une
l'industrie,
se mouvoir
n'en
comme
et pour
à toutes
avancer.
choses, pour
Or, la France
quand je lui ai tracé sa
point
en lui donnant
le système
conti-
avait
route
nental;
L'économie
avant
de la France
la révolution,
s'était
portée ,
vers les colonies et le
commerce
d'échange. C'était la mode alors ;
elle y avait eu de grands succès. A quelque
vanté
ces
ait
succès , ils n'apoint qu'on
vaient
ceux
d'autres résultats que
eu cependant
la ruine
des finances
d'amener
de
la perte de son crédit,
l'état,
tion de son système militaire,
sa considération
au dehors,
la destrucla perte
la langueur
de
de
DE NAPOLEON.
son agriculture.
née finalement
merce
qui
Ces succès
87
l'avaient
ame-
à signer un traité de comson approvisionuement
livrait
aux Anglais.
La France
de beaux
avait, à la vérité,
de mer et quelques négocians
dont
ports
les fortunes
étaient
colossales.
sans retour
le
avait détruit
guerre
; les ports de mer étaient
système maritime
ne pouvait
ruinés ; aucune force humaine
La
ce que la révolution
rendre
une
donc donner
anéanti.
Il fallait
a fait
leur
autre
à
de
trafic,
impulsion
pour rendre
l'esprit
la vie à l'industrie
Il n'y avait
de la France.
que celui
pas d'autre moyen d'y parvenir
de l'ind'enlever
aux Anglais le monopole
dustrie
celte
faire
manufacturière,
pour
la tendance
industrie
générale
l'économie
de l'état.
Il fallait
créer
de
de
le sys-
tème continental.
Il
de moins;
parce qu'il fallait donner une prime énorme
aux fabriques,
le
commerce
engager
pour
fallait
ce système-,
et rien
MÉMOIRES
88
à mettre
en
l'établissement
les avances
dehors
de tout
qu'exige
un ensemble de fa-
brication.
Le fait a prouvé
en ma faveur : j'ai déle
de
l'industrie.
En
lui
faisant
siége
placé
passer la mer, elle a fait de si grands pas sur
le continent,
qu'elle n'a plus de commerce
à
Si la France
veut prospérer,
redouter-.
qu'elle
garde mon
son nom.
Si elle
en changeant
système
elle n'a
veut décheoir,
mari-
des entreprises
qu'à recommencer
les détruiront
times , car les Anglais
à la
guerre.
première
le système
J'ai été forcé de porter
à l'extrême
tinental
, parce qu'il avait
du bien
but de faire non-seulement
mais du mal à l'Angleterre.
France,
ne recevions
les denrées coloniales
son
ministère,
quel
qu'elles
empruntassent
fallait
donc en recevoir
que
fût
conpour
à la
Nous
que par
le pavillon
Il
pour
naviguer.
le moins possible.
Il n'y avait pas de meilleur
cela que d'en élever le prix
moyen pour
outre mesure,
DE
NAPOLÉON.
89
était rempli
; les finanpolitique
ces de l'état en profitaient.
Mais j'ai désolé
les bonnes femmes,
et elles s'en sont venLe but
montrait
gées. L'expérience
chaque jour
était bon , car
que le système continental
l'état prospérait
de
la
le
fardeau
malgré
le créétaient à jour;
les impôts
guerre;
dit au pair avec l'intérêt
de l'argent;
l'esdans l'agrise montrait
prit d'amélioration
culture
dans
comme
les
; on
fabriques
comme les rues
bâtissait les villages à neuf,
de Paris ; les routes
et les canaux
taient
le mouvement
intérieur.
facili-
On inven-
tait chaque semaine quelque perfectionnement. Je faisais faire du sucre avec des
navets
et de la soude avec du sel. Le déve-
loppement
avec celui
Il aurait
de front
de l'industrie.
été insensé
tème continental,
tait ses fruits.
donner
marchait
des sciences
d'autant
de renoncer
au moment
Il
fallait
plus
où
l'affermir,
de prise
au sysil por-
pour
à l'ému-
lation.
8*
90
MÉMOIRES
Cette nécessité a influé sur la politique
de l'Europe,
en ce qu'elle a fait à l'Anl'état
une
nécessité
de
gleterre
poursuivre
de guerre. Dès ce moment aussi, la guerre
séen
caractère
un
plus
Angleterre
a pris
la
fortune
elle
de
pour
s'agissait
rieux. Il
:
existence
de
son
c'est-à-dire
publique,
la guerre
se popularisa.
Les Anglais rie
de
le
soin
à
des
auxiliaires
plus
confièrent
leur protection;
euxils s'en chargèrent
mêmes , et parurent en grosses masses sur
le terrain. La lutte n'est devenue périlleuse
que depuis lors; j'en reçus l'impression
signant le décret. Je soupçonnai qu'il
en
n'y
ma
de
et
plus
moi,
repos
que
pour
aurait
vie se passerait à combattre des résistances
que le public ne voyait plus, mais dont
j'avais le secret, parce que je suis le seul
les
apparences n'aient jamais trompé.
que
Je me flattais, au fond du coeur, de rester
maître de l'avenir,
au moyen de l'armée
que j'avais faite : tant de succès l'avaient
rendue invincible;
elle ne doutait jamais
DE NAPOLÉON.
91
du succès; les mouvemens étaient faciles,
parce que nous avions renoncé au système
des camps et des magasins. On pouvait la
à l'instant
sur toutes les direc-
transporter
tions , et partout elle arrivait avec la conscience de sa supériorité.
Avec de tels soldats, quel est le général qui n'eût aimé la
guerre?
Le système continental
avait décidé les
Le
mort.
à
la
faire
à
nous
Anglais
guerre
nord était soumis et contenu par mes.gard'aules
avaient
plus
nisons,
Anglais, n'y
tres rapports que ceux de la contrebande;
et je
mais on leur avait livré le Portugal,
savais que l'Espagne favorisait leur commerce à l'abri de sa neutralité.
Pour que le système continental fût bon
à quelque chose, il fallait qu'il fût comde
chose
à
Je
près,
établi,
peu
l'avais
plet.
dans le nord. Il fallait le faire respecter
dans le midi. Je demandai à l'Espagne un
d'armée
un
que je
corps
passage pour
voulais envoyer
en Portugal
: on me l'ac-
MÉMOIRES
82
la
A l'approche
de mes troupes,
cour de Lisbonne
s'embarqua
pour le Brésil et me laissa son royaume.
Il fallut étacorda,
au travers
de l'Espagne,
une route
blir,
le
Pormilitaire
avec
communiquer
pour
avec
tugal. Cette route nous mit en rapport
jamais
l'Espagne.
Jusqu'alors
je n'avais
songé à ce pays,
L'état politique
elle
inquiétant;
plus
incapable
à cause de sa nullité.
de l'Espagne
était alors
était
gouvernée
par le
des souverains
et
; brave
se bornait
dont l'énergie
digne
homme,
à obéir à son favori.
sans caracCe favori,
tère et sans talent,
n'avait lui-même
d'autre énergie
de demander
sans
que celle
cesse des richesses
Le
favori
et des dignités.
m'était
resté dévoué,
parce
sous
de gouverner
commode
qu'il trouvait
l'ombre
de mon alliance;
mais il avait si
mal mené les affaires que son crédit
avait
baissé en Espagne. Il ne pouvait
s'y
plus
faire obéir.
Son dévouement
me devenait
inutile.
DE NAPOLÉON.
93
Les opinions avaient marché en
Espagne
dans un sens inverse du reste de
l'Europe.
Le peuple,
à la
qui s'était élevé partout
la révolution,
y était resté
fort au-dessous ; les lumières n'avaient
pas
la
seconde couche de la napercé jusqu'à
hauteur
de
tion; elles
c'est-à-dire
s'étaient
ci sentaient
sur les hautes
l'abaissement
et rougissaient
qui perdait
libéraux.
arrêtées
d'obéir
leur
pays.
à la surface,
classes. Celles-
de
leur
patrie
,
à un gouvernement
On les appelait
les
En sorte que les révolutionnaires
étaient
en Espagne ceux qui avaient à perdre
à la
et ceux qui devaient y gagner ne
révolution;
pas en entendre parler.
a eu lieu également
contre-sens
voulaient
Le même
à Naples.
II m'a fait faire beaucoup de fautes, parce
que je n'en ai pas eu la clef d'entrée.
La présence de mes troupes en
Espagne
Chacun l'interpréta.
y causa un événement.
Lés têtes s'en occupèrent;
la fermentation
commença.
J'en fus informé.
Les libéraux
MÉMOIRES
94
furent
sensibles
ils
crurent
pays;
une conjuration;
sit
: elle se borna
à l'humiliation
de
sa ruine
prévenir
cette conjuration
leur
par
réus-
à faire
le vieux
abdiquer
roi et à rouer de coups son favori.
L'Esau
à
ne
rien
fond
ce chanpagne
gagnait
fils
mettait
car
le
sur le
gement;
qu'on
trône
ne valait
pas mieux que son père. Je
sais à quoi m'en tenir à cet égard.
à
eut
que
La conjuration
peine réussi,
aude
les conjurés
leur
s'épouvantèrent
de moi,
dace ; ils eurent peur d'eux,
de
tout le monde. Les moines n'approuvaient
la
violence
pas
qu'on
avait
exercée
contre
leur vieux roi, parce qu'elle était illégitime;
Par
un
autre
la
je
également.
désapprouvai
la
se
dans
nouvelle
mit
motif,
l'épouvante
la révolte
cour,
chie dans l'état.
La
un
force
dans le peuple
des choses
avait
et l'anar-
amené
ainsi
en Espagne,
puisqu'une
changement
révolution
venait
d'y commencer
par le
être
ne pouvait
fait, Cette révolution
pas
9S
DE NAPOLÉON.
de
la
celle
France,
que
en
les
élémens
différens.
étaient
que
parce
direceu
aucune
n'avait
elle
Jusqu'alors
de la même
nature
de
eu
n'avait
tion , parce
point
qu'elle
Ce
n'était
d'avance.
ni
de
chef,
parti pris
une
encore qu'une suspension
d'autorité,
subversion
de pouvoir,
un désordre
: voilà
tout.
sur
chose
autre
On ne pouvait
prévoir
si ce n'est qu'avec
le sort de l'Espagne,
cette réet farouche,
un peuple ignorant
ne s'achèverait
volution
pas sans des flots
de sang et de longues calamités.
d'ailleurs
Que demandaient
un changement
qui voulaient
ce n'était
les hommes
en Espagne?
comme
la
pas une révolution
nôtre : c'était
un gouvernement
une autorité
qui fût en état d'ôter
leur pays,
qui couvrait
la considération
au dehors
capable,
la rouille
afin de lui rendre
et la civilisation
au dedans.
Je pouvais
en m'emparant
leur
donner
de leur
l'un
révolution
et l'autre
au point
,
MÉMOIRES
96
ner
Il s'agissait
amenée.
où ils l'avaient
à l'Espagne
une
de donqui serait
dynastie
serait neuve,
qu'elle
parce
éclairée , parce
qu'elle
La
de
mienne
pourvue
préjugés.
forte,
serait
et
serait
qui
dé-
réunissait
ces qualités.
Je songeai donc à lui donner
ce trône de plus.
A cet égard, le plus difficile
était fait :
de l'ancienne
c'était
de se débarrasser
nastie.
les Espagnols avaient
et ne voulaient
leur vieux roi,
dylaissé ab-
Or,
diquer
reconnaître
le
nouveau.
pas
semblait
Tout
donc
pour
présager que l'Espagne,
un souverain
l'anarchie,
accepterait
éviter
qui se
armé d'un levier prodigieux;
présenterait
elle serait entrée,
sans efforts dans
par-là,
le rayon du système impérial
; et, quelque
social
fût
l'état
que
déplorable
gne , il ne fallait pas dédaigner
quête.
Comme
même
partis
pour
pour
il faut
s'en
de l'Espacette con-
voir
les choses
par soi-
faire
une juste
où j'avais
idée,
Bayonne,
invité
je
la
DE NAPOLÉON.
vieille
cour
elle n'avait
vint.
à se rendre.
Comme
d'Espagne
rien de mieux
J'avais
invité
et je m'attendais
qu'elle
parce
faire.
97
à faire,
elle y
la
nouvelle,
également
ne viendrait
qu'elle
avait
beaucoup
pas ,
mieux
à
Je pensai que, pour ne pas le mettre en
de
ni
de
ni
son père,
on
moi,
présence
ou le parti
aurait fait prendre
à Ferdinand,
de la révolte,
de gagner l'Améou celui
rique. Il ne prit ni l'un ni l'autre ; il s'en
vint à Bayonne
avec son précepteur
et ses
au premier
et laissa l'Espagne
confidens,
occupant.
Cette démarche
sure de
seule
cette
cour;
j'eus
avec ces chefs de conjurés,
me donna
là me-
à peine conféré
que je vis l'igno-
situapropre
de parti pris sur rien, ils
tion. Ils n'avaient
menaient
leur
ils
ne prévoyaient
polirien,
J'eus à
des quinze-vingts.
tique comme
rance
où ils
peine vu le
sur le trône,
de leur
étaient
mis
avaient
qu'ils
fus convaincu
qu'on ne
souverain
queje
9
MEMOIRES
98
laisser
pas
devait
en de pareilles
l'Espagne
mains.
Je me décidai
alors à recevoir
l'abdica-
un de
et à placer
famille,
mes frères sur un trône que ses maîtres vedesils en étaient
naient
d'abandonner;
tion
de cette
cendus
si facilement,
de même.
monterait
que je crus
en effet ne semblait
Rien
y
qu'il
s'y opposer
reconnu
; au-
:
la junte de Bayonne
l'avait
en
cun pouvoir
n'était
resté
Espagne
légal
le
de
refuser
ce
;
règne
changement
pour
vieux
roi
s'était
montré
reconnaissant
de
ce que j'avais ôté le trône à son fils, et il
Son fils
était allé se reposer à Compiègne.
où
au château de Valençay,
fut conduit
nécessaires.
fait les préparatifs
savaient à quoi s'en tenir
Les Espagnols
avec leur vieux roi ; il ne laissa ni regrets
l'on
avait
; mais son fils était jeune ; son
Il était malheureux,
en espérance.
ni souvenirs
règne
on en fit un héros
en sa faveur.
: l'imagination
se monta
à l'inLes libéraux
crièrent
DE NAPOLÉON
99
, les moines à l'illédépendance nationale
:
toute la nation
s'est armée sousgitimité
ces deux
bannières.
Je conviens
que j'ai
eu tort
de mettre
le jeune roi en séquestre à Valençay.
J'aurais dû le laisser voir à tout le monde, afin
de détromper
ceux qui s'intéressaient
à lui.
J'ai eu tort surtout
de ne pas lui permettre de rester sur le trône.
Les choses
été de mal en pis en Espagne
me serais acquis le titre
de protecteur
vieux roi,
en lui donnant
un asile.
auraient
Le nouveau
gouvernement
; \e
du
n'aurait
pas;
les An-
de se compromettre
avec
tant
glais ; je lui aurais déclaré la guerre
en mon nom qu'en qualité de fondé depouvoirs du vieux roi. L'Espagne
aurait conmanqué
fié à son armée
le sort
de cette
guerre , et
la nation
se
dès qu'elle aurait
été battue,
serait soumise au droit de conquête
; elle
n'aurait pas même songé à en murmurer,
parce qu'en disposant des pays conquis
ne fait que suivre le» usages reçus.
on
MÉMOIRES
100
Si j'avais été plus patient,
mais je crus
cette marche;
étant le même, les Espagnols
à priori un changement
la position
des affaires
Je mis
de la gaucherie
suivi
j'aurais
que le résultat
accepteraient
de
dynastie,
que
rendait
inévitable.
dans cette
prise , parce que je supprimai
tions.
Je venais de déplacer
d'une manière
cienne dynastie
entre-
les gradaainsi l'anoffensante
les Espagnols.
Blessés dans leur or, ils ne voulurent
pas reconnaître
pour
gueil
celle
que j'avais mise à sa place ; il en résulta qu'il n'y eut plus d'autorité
nulle part,
c'est-à-dire
se trouva partout.
La
qu'elle
en masse se crut
nation
de la dé-
chargée
fense de l'état,
puisqu'il
n'y avait plus d'armée ou d'autorité
on
conauxquelles
pût
fier
cette
défense.
en prit la res:
Je trouvai
je créai l'anarchie.
ponsabilité
contre moi
toutes les ressources
qu'elle
donne
Cette
que
; j'eus
toute
Chacun
la nation
sur les bras.
n'a signalé
dont l'histoire
nation,
et la férocité,
était peu rel'avarice
DE NAPOLÉON.
doutable
à la
; elle fuyait
mais elle les assassinait
l'ennemi
devant
vue de mes soldats,
Ils en
par derrière.
avaient
101
les armes
révoltés;
ils
ils usaient
de
étaient
à la main,
en représailles,
De représailles
est devenue une arène d'atro-
représailles.
cette guerre
cités.
J'ai senti
qu'elle
de violence
un caractère
imprimait
qu'elle était d'un
les
et
peuples
pour
conqu'elle
parce
à mon règne,
exemple
dangereux
funeste pour l'armée,
sommait
d'hommes
beaucoup
le soldat.
J'ai
senti
;
mais
commencée
avait
et fatiguait
avait été mal
qu'elle
une
fois
que
il n'était
été
cette
entamée,
plus
; car le plus petit
possible de l'abandonner
revers
enflait
mes ennemis,
et mettait
guerre
l'Europe
en
armes.
J'ai
été
obligé
d'être
victorieux.
toujours
Je ne tardai pas à en faire l'épreuve.
J'étais allé en Espagne,
afin d'accélérer
les événemens
sur lequel
et de
j'allais
connaître
laisser mon
le terrain
frère.
J'avais
MÉMOIRES
102
l'armée anglaise
et
détroit
Madrid,
occupé
Mes
à
son
secours.
venait
qui
succès étaient
à
la
son
résisl'effroi
comble,
rapides,
il n'y avait pas un mofinir;
ment à perdre ; on n'en perdit pasnon plus.
Le ministère
; il a
anglais arma l'Autriche
à
me
trouver
des
été
aussi
actif
toujours
allait
tance
ennemis
que je l'ai été à les battre.
Le projet
de l'Autriche
fut mené
pour
Il
; il me surprit;
cette fois très adroitement
à ceux
rendre
faut
justice
Mes armées étaient
qui la méritent.
à Naples,
éparpillées
à Madrid,
à Hambourg;
j'étais moi-même
en Espagne. Il était probable
que les Auen débutant,
obtenir
trichiens
devaient,
du
succès.
d'autres
Ce succès
; dans
en amener
pouvait
ce genre, c'est le premier
Ils auraient
la
tenter
pu
coûte.
qui
pas.
Prusse et la Russie,
le courage
retremper
la popularité
au
et rendre
des Espagnols,
ministère
anglais.
La
nace,
cour
de Vienne
que les événemens
a une
politique
ne dérangent
teja-
DE NAPOLÉON.
103
avant d'en deété long-temps
viner la cause. Je me suis aperçu enfin,
mais trop tard, que cet état n'avait de si
mais.
J'ai
la
bonque
parce
que
profondes
l'a laissé dégéhomie du gouvernement
L'état n'est plus mené
nérer en oligarchie.
racines
de
nobles.
Ils
une
centaine
possèque par
et se sont emparés des
dent le territoire
de
la
de
la
et
guerre.
finances,
politique
Au moyen de quoi ils sont maîtres de tout
et n'ont laissé à la cour que la signature.
ne changent
jamais
sont
, parce que leurs intérêts
d'opinions
mal
Elles
tout
les
mêmes.
font
toujours
ce qu'elles
font, mais elles font toujours
Or,
les oligarchies
ne
parce qu'elles
n'obtiennent
jamais
meurent
Elles
jamais.
de succès , mais elles
admirablement
les revers, parce
supportent
en société. L'Autriqu'elles les supportent
che a dû quatre fois son salut à cette forme
de gouvernement;
elle décida de la guerre
qu'on venait de me déclarer.
Je n'avais
pus un moment
à perdre,
je
104
MÉMOIRES
et courus
quittai
brusquement
l'Espagne,
sur le Rhin ; je ramassai
les premières
sous ma main. Le
troupes que je trouvai
en
Eugène s'était déjà laissé battre
Les rois
; je lui envoyai des renforts.
Italie
de Souabe
et de Bavière
me prêtèrent
leurs troupes,
battre
avec elles les
j'allai
prince
Autrichiens
à Ralisbonne
et je marchai
sur
Vienne.
Je suivis,
du Danube
à marche
forcée
; je comptais
la rive
droite
sur les succès du
notre
Je
pour opérer
jonction.
les Autrichiens
à Vienne,
voulais devancer
et me trouver en poy passer le Danube,
vice-roi
Ce plan
l'archiduc.
pour recevoir
était bien conçu , mais il était imprudent,
affaire
à
parce que j'avais
un habile homme,
et que je n'avais pas assez de troupes;
sition
mais la fortune
L'archiduc
était
se
J'étais
cependant
moi.
sur
rapidement
et
gauche du Danube,
porta
par la rive
en même
position
Vienne,
prit
alors pour
temps que moi.
en mesure
et en po-
DE NAPOLÉON.
105
d'attendre
l'armée
sition
d'Italie
, mais
rester
toucomme nous, ne voulions
pas y
il
en
finir.
fis
des
fallait
Je
jeter
,
jours
L'armée
ponts.
déboucha
la plaine
sur le point
dans
et
(J),
lorsque
d'Esling
j'étais
le Danube grossi par
de gagner la bataille,
les pluies, rompit
les ponts. Il était impossible de les réparer assez tôt pour que mes
réserves pussent
me joindre;
je fus attaqué
ennemie.
Mes soldats se
par toute l'armée
si héroïque
,
six
que les Autrichiens,
attaques
après
cessèrent leur feu, désespéconsécutives,
défendirent
rant
avec une valeur
de pouvoir
position
manquer,
me forcer.
Ils
reprirent
allaient
les munitions
lorsque
et me tirèrent
d'une cruelle
an-
goisse.
un
Nous n'en avions pas moins éprouvé
revers; je m'en aperçus par l'état de l'opima défaite ; on annonnion. On publiait
les détails;
çait ma retraite
; on en donnait
s'éon prévoyait
ma perte. Les Tyroliens
taient révoltés ; il avait fallu y envoyer
106
MEMOIRES
de Bavière;
des partis s'étaient
armés en Prusse et en
et
couWestphalie,
raient
le pays pour
exciter
un soulèvel'armée
ment;
les Anghus
tentaient
contre
une expédition
donné de vives
Anvers,
qui m'aurait
sans leur ineptie.
inquiétudes
Dans l'intervalle,
l'archiduc
de contenir
mée d'Italie
nube.
Eugène,
le rejeta
Jean, au lieu
se laissa battre ; l'arde l'autre
côté du Da-
Nous
eûmes alors pour nous toute la
droite:
je parvins à jeter de nouveaux
ponts
sur le Danube.
L'armée
passa le fleuve par
une nuit
Je présidai à ce pasépouvantable.
me
de
donnait
sage, parce qu'il
l'inquiétude : il se fit à souhait.
Nos colonnes
eurent
le temps de se former,
et cette grande
sous d'heureux
journée s'ouvrit
auspices.
La bataille
de Wagram
(K) fut belle,
fut disputée.
Les généraux
qu'elle
parce
firent
de
cependant
pas
grands effort*
ne
d'imagination,
parce qu'ils commandaient
de grosses masses sur un terrain
défendu.
long-temps
L'intrépidité
Il fut
plat.
de nos
DE NAPOLÉON.
et une manoeuvre
troupes,
donald , décidèrent
Une fois rompue,
107
hardie
de Mac-
la journée.
l'armée
autrichienne
où elle perdit
retraite,
beaucoup de monde. Je la suivis vivement,
décider
la campagne.
car il fallait
Battue
fut obligée
à une
en Moravie,
il
eut d'autre
à
n'y
parti
de
demander
la
celui
me
paix.
prendre que
Je l'accordai
fois.
pour la quatrième
qu'elle
J'espérais
qu'on se lasse d'être
autre
serait
battu
durable
comme
; parce
de toute
et parce qu'un
assez grand
chose,
en faveur d'une
dans Vienne,
opinait
parti,
alliance
finale avec l'empire.
Je souhaitais
la paix, parce
tais le besoin
d'accorder
que je senrelâche
quelque
de goûter
aux peuples;
les
car, au lieu
ils n'en avaient
avantages de la révolution,
vu, jusqu'à présent,
que les ravages. Nous
n'étions
eux,
pour
plus des protecteurs
de la guerre;
comme au commencement
de
et pour accoutumer
l'Europe
l'opinion
à la nature de mon pouvoir
, il ne fallait
MÉMOIRES
108
le
montrer
pas
hostile.
Le parti
sous
toujours
ennemi
assurait
un
aspect
en revanche
à
la foule,
qu'il ne s'armait
que pour la dédu fléau de la guerre , et pour faire
livrer
baisser les marchandises
anglaises.
Ces insinuations
La
faisaient
dépopularisait
c'est pourquoi
je désirais
guerre
obtenir
fallait
des prosélytes.
la révolution
:
la paix ; mais il
le consentement
du minis-
L'Autriche
anglais.
On la refusa.
demander.
se chargea
tère
de la
Ce refus
gleterre
n'avais
couvrir,
Il fallait
m'inquiéta.
que l'Anse connût des ressources
dont je
le
secret.
Je
cherchai
pas
mais en vain.
de désarmer,
ter sur le pied de guerre
Au lieu
à les dé-
je fus forcé de reset de fatiguer
l'Eu-
J'en étais d'autant
plus fâché,
rope.
que
les alliés avaient tout l'honneur
de la lutte,
si j'en avais tout le succès; car ils avaient
innocent
l'air
choses
qu'on
que
donne
appelle
la
défense
légitimes,
des
parce
DE NAPOLÉON.
qu'elles
sont vieilles.
109
J'avais
en revanche
agresseur,
parce que je me battais
et pour faire du neuf. Je
pour les détruire
:
portais ainsi seul le poids de l'accusation
l'air
la guerre
et cependant
de la révolution
n'a été que le résultat
de la position
de
l'Europe.
C'était
la crise
ses
qui changeait
la conséquence
inévitable
c'était
moeurs;
d'un passage d'un système
Si j'avais
été l'inventeur
j'aurais été coupable
mais il n'a été inventé
social
à un autre.
de ce système ,
des maux qu'il a faits;
par personne ; il n'a
été produit
que par la marche du temps :
elle a préparé
sourdement
cette révolution, comme elle avait amené celle du protestantisme
, avec
les malheurs
qui l'ont
suivie. La guerre n'a pas dépendu
davantage de moi que des alliés; elle a dépendu
de la manière
a fait le
dont la création
genre humain.
continua
la
sans
guerre
sans
mais
non
car
alliés;
auxiliaires,
pas
de la
elle avait pour tels tous les ennemis
L'Angleterre
10
110
MÉMOIRES
Nous
révolution.
avions
du terrain
en Es-
mes
pour nous battre ; j'y envoyai
mais je n'y retournai
troupes,
pas moimême. J'ai eu tort,
parce qu'il n'y a que
soi qui fasse bien ses affaires.
Mais j'étais
pagne
dès lors
fatigué de ce tracas, et je méditais
un projet
qui devait donner à mon règne
un nouveau caractère.
On me suscita
dont
barras,
sion. Le nord
Les Anglais
m'attaquer
diterranée
un autre emauparavant
je n'avais pas eu l'appréhenétait occupé par mes troupes.
n'étaient
pas assez forts pour
sur ce point; c'était dans la Méque
leur
marine
leur
assurait
: ils y possédaient
de la supériorité
Malte,
de la Sicile,
des côtes d'Eset jouissaient
et
de
la
Grèce. Ils voud'Afrique
pagne ,
de tant d'avantages.
lurent
profiter
d'exciter
un mouvement
essayèrent
en
en Italie,
faire
de réaction
une
pour
Ils
seconde
si la chose était
faisable.
Espagne,
car je
Il y avait des mécontens
partout,
tout le monde
dans
n'avais pas pu placer
DE
NAPOLÉON.
111
: il y en avait en Italie
comme ailleurs. Le clergé ne m'aimait
pas,
mon
avait
détruit
le
règne
sien;
parce que
à son exemple;
les dévots me détestaient
les droits
réunis
sentimens
le bas-peuple
ces
,
partageait
encore
en
parce que le clergé l'influençait
de cette oppoItalie.
Le quartier-général
sition s'était établi à Rome, comme la seule
ville d'Italie
où elle
espérait
se dérober
à
ma surveillance
de là
; elle communiquait
la réavec les Anglais , elle provoquait
dans des écrits clanvolte, elle m'insultait
destins , elle répandait
elle
de faux bruits,
elle soudoyait
pour les Anglais,
les bandits du cardinal
Ruffo pour assassiner les Français
; elle essayait de faire saurecrutait
ter le palais du ministre
de la police à Nales
manifeste
ples. Il devenait
Anglais
que
foun
sur
l'Italie
et
qu'ils
y
avaient
plan
mentaient
des troubles.
Je ne devais
vais pas
assassinât
pas le permettre;
souffrir
insultât
qu'on
des Français,
Je me
je ne deet qu'on
contentai
MÉMOIRES
112
des plaiutes
reprises,
au saint-siége;
j'en recevais des réponses
à prendre
obligeantes,
pour
m'engager
mon mal en patience.
Comme je n'ai ja-
d'en
faire,
à diverses
de mon naturel,
été patient
je vis
qu'il y avait une mauvaise volonté décidée
contre nous, et qu'il fallait prendre les deJe
fis
vants pour en prévenir
l'explosion.
mais
Rome par mes troupes.
occuper
cette
Au lieu d'arrêter
l'effervescence,
les esprits:
irrita
mesure, un peu violente,
elle maintint
le repos de l'Italie,
et déjoua
les plans de lord Bintinct
des dévots fit secrètement
; mais la caste
contre moi tout
ce que la haine
vent suggérer.
de l'église
et l'esprit
peu-
Ce foyer de troubles avait des ramifications en France
et en Suisse. Le clergé,
les partisans de l'ancien réles mécontens,
s'étaient
il
encore
en
avait
(car
),
gime
y
mon autoréunis pour intriguer
contre
mal
de
et
me
faire
le
qu'ils pour,
plus
comme
raient. Ils ne se présentaient
plus
rité
DE NAPOLÉON.
113
ils avaient
des conjurés;
emprunté
et se battaient
nières de l'église
les banavec
des
avaient
, et non pas avec du canon ; ils
leurs mots d'ordre et de ralliement.
C'était
une
foudres
ne
pouvais
qu'elle était
maçonnerie
atteindre
partout.
d'ailleurs
orthodoxe
nulle
part,
que
je
parce
ces
d'attaquer
été
une
en
c'aurait
détail,
que
gens
parce
le
des
c'est
métier
faibles
Or,
persécution.
Il était
difficile
et non
des
forts.
Je
crus
dispouvoir
pas
un
siper ce parti en l'effrayant
grand
par
Je voulais lui montrer
ma
coup d'autorité.
résolution,
je voulais
pour lui
maintenir
et de l'autorité,
que
faire comprendre
de l'ordre
le respect
et que rien
ne me coûtait
pour y parvenir.
Je savais que je ne pouvais pas atteindre
ce parti qu'en les séparant
plus sûrement
du chef de l'Eglise.
J'attendis
long-temps
avant
de prendre
cette
résolution,
parce
; mais plus je tardais ,
que j'y répugnais
nécessaire
de me décider.
plus il devenait
10*
MÉMOIRES
+114
Je me répétai que Charles-Quint,
qui était
dévot et moins puissant que moi, avait osé
Il ne s'en était
faire un pape prisonnier.
tenter
pas mal trouvé , et je crus pouvoir
la même chose. Le pape fut enlevé de Rome
et conduit à Savone. Rome fut réunie à la
France.
a suffi pour déjouer
Cet acte politique
est restée
L'Italie
les projets de l'ennemi.
et dévouée
jusqu'au jour où l'empire
se poura fini. Mais la guerre de l'Eglise
le zèle
suivit avec le même acharnement;
; c'était une action
des dévots se ralluma
calme
mais
sourde
venimeuse
contre
moi.
Quelles dévots sont par-
que soin que j'aie pris,
avec Savone
venus à communiquer
leurs
cevoir
instructions;
aller
faisaient
Fribourg
et à re-
les trappistes
de
cette correspon-
chez eux, et cirdance; elle s'imprimait
culait de curés en curés dans tout l'emIl
fallut
pire.
Fontainebleau
arrêter
transférer
le saint-père
à
et chasser les trappistes
pour
ces communications,
et je crois
que je n'y
suis pas parvenu.
DE NAPOLÉON.
Cette
petite
vais effet,
caractère
forcément
guerre
115
a été d'un
mau-
parce que je n'ai pu lui ôter le
Il fallait
de persécution.
sévir
des gens désarmés,
moi, des victimes.
contre
j'en faisais, malgré
malheureuses
affaires
de l'Église
m'ont
et
Ces
fait
La
d'état.
cinq cents prisonniers
J'ai
n'en
a
donné
politique
cinquante.
pas
eu tort dans toute cette affaire. J'étais asjusqu'à
sez fort
pour
laisser
j'ai fait beaucoup
voulu le prévenir.
Un grand projet
courir
de, mal
les faibles
parce
l'état
occupait
à consolider
que
, et
j'ai
; il me
mon rè-
de nature
paraissait
de l'Europe
gne , en me plaçant vis-à-vis
dans un nouveau
J'en
attendais
rapport.
de grands résultats.
Mon pouvoir
n'était
il ne
plus contesté;
le caractère
de perpé-
lui manquait
que
tuité qu'il ne pouvait recevoir
tant que je
Ma mort pouvait
n'aurais point d'héritier.
être,
sans
pour
ma dynastic;
cela,
un
moment
car,
pour
dangereux
être entière,
116
MÉMOIRES
il ne faut pas qu'une autorité ait des époques marquées d'avance.
la nécessité de me séJe comprenais
femme
ne
d'une
dont
je
pouvais plus
parer
de postérité. J'y répugnais par la
douleur de quitter la personne que j'ai le
avant de
plus aimée. Je fus long-temps
attendre
m'y résoudre ; mais elle s'y résigna d'ellemême avec le dévouement
a
touqu'elle
jours eu pour moi. J'acceptai son sacrifice,
parce qu'il était indispensable. La politique
la plus simple m'indiquait
l'alliauce de la
La cour de Vienne
maison d'Autriche,
était fatiguée de ses revers : en s'unissant
sans retour avec moi, elle mettait sa sécurité sous ma garantie. Par cette alliance,
elle devenait complice de ma grandeur, et
j'avais dès lors autant d'intérêt à la protéà
eu
la
avais
que
battre; par cette
ger
j'en
la
masse de puisalliance,
sance la plus formidable
qui ait existé.
Nous dépassions l'empire romain. Cette alliance se contracta.
nous formions
DE NAPOLÉON.
Il
ne
dehors
sur
resta
plus
de notre
masse,
les débris
de la Prusse
sait. Une
si grande
117
le
continent,
que la Russie
en
et
; le reste nous obéis-
devait
prépondérance
le découragement
chez nos enne-
porter
sans trop
de préet j'ai pu croire,
vention , que j'avais fini mon oeuvre et que
mis;
j'avais
placé
pêtes.
Mon
mon
trône
à l'abri
des tem-
mais les passions
ne calculent
était cepenpas : l'apparence
était trandant en ma faveur. Le continent
calcul
était
juste,
à me voir régner ;
et s'accoutumait
quille
du moins par ses génuil me le témoignait
flexions : elles étaient si profondes
, qu'un
été trompé
comme
plus habile
y aurait
moi.
Le
respect qu'on portait
la maison d'Autriche
légitimait
au sang de
mon règne
aux yeux des souverains.
Ma dynastie preet je sentais qu'on
nait rang dans l'Europe,
ne disputait
fils
l'imle
au
à
trône
qui
plus
venait de donner
le jour.
pératrice
Il n'y avait
plus
de troubles
qu'en
Espa-
118
MÉMOIRES
gne, au les Anglais
forces ; mais cette
de
grandes
porté
ne me donnait
avaient
guerre
pas d'inquiétude,
parce que j'étais
d'être plus tenace encore
que les
gnols , et qu'avec
de tout.
on vient
du temps
était assez fort
L'empire
celte
sans en être
guerre
pour
résolu
Espaà bout
soutenir
elle
offensé,
ni les embellissemens
dont
je
n'empêcha
décorais la France, ni les entreprises
utiles
réclamait.
qu'elle
les
institutions,
j'organisais
assurer la force de l'empire,
liorait;
devaient
élevant
s'amé-
L'administration
une
génération
qui
en
deviendrait
qui
son appui.
le système
de maintenir
L'obligation
amenait
seule des difficultés
continental
avec
les
facilitait
la Russie
dont
gouvernemens,
la contrebande.
se trouvait
embarrassante;
assez avancée
ces états,
une situation
Entre
dans
sa civilisation
pour
passer des produits
le littoral
lui
n'était
permettre
de l'Angleterre.
pas
de se
J'avais
DE NAPOLÉON.
119
exige , cependant,
qu'il fussent prohibés
;
c'était une absurdité
, mais elle etait indisle système
pour
compléter
pensable
proLa contrebande
hibitif.
se faisait ; je l'avais
le
russe
gouvernement
prévu,
parce que
surveille
mal
son pays ; mais comme
on
moins
facilement
passe
par les portps fermées que par les portes ouvertes,
la contrebande
amène
moins
beaucoup
de marchandises
que la libre
entrée;
je
les deux tiers de mon but:
ainsi
remplissais
toujours
m'en
ne
je
plaignis
cependant
on recommença;
On se justifia;
irritions
: cette
durer.
pas
Nous devions,
manière
d'être
pas moins.
nous nous
ne pouvait
en
nous froisser
effet,
avec la Russie, depuis l'alliance
que j'avais
avec l'Autriche.
La Russie
contractée
notre
union
ne
que
politique
ennemi
d'autre
avoir
qu'ellepouvait pas
même , attendu que nous étions maîtres de
tout le reste. Il fallait donc qu'elle se résidevait savoir
gnât à une complaisante
nullité,
ou qu'elle
120
MÉMOIRES
essayât de nous tenir tête et de maintenir
son rang ; elle était trop forte pour conà n'être
rien ; elle était aussi trop
sentir
faible pour nous résister ; mais, dans cette
il valait
mieux
de la
mettre
alternative,
fierté dans son attitude
, que de se reconnaître d'avance pour vaincue ; car ce dernier
le plus mauvais. La
parti est toujours
Russie se décida pour le premier.
inopinément
D'après cela, je rencontrai
de la hauteur
tersbourg.
contrebandes
tion
dans mes rapports
avec Péles
On me refusa de confisquer
de l'occupaJe répondis
; on se plaignit
du
pays d'Oldenbourg.
sur le même ton ; il était clair que nous
allions
nous brouiller,
car nous n'étions
endurans
ni l'un
de force
à nous mesurer.
J'avais
ni l'autre,
une grande
et nous
confiance
étions
dans l'issue
de cette
guerre,
parce que j'avais conçu
un plan au moyen duquel j'espérais termila
lutte dans
ner,
pour toujours,
longue
laquelle
j'avais
consume
ma
vie;
il
me
DE NAPOLEON.
121
au point
que, parvenu
les
de notre
où nous en étions
histoire,
ne devaient
dé l'Europe
souverains
point
à
dernier
de
directe
ce
conpart
prendre
d'ailleurs
semblait
nos
car
flit,
mêmes.
étaient
intérêts
devenus
des princes
en ma faveur,
La
politique
maintenant
les
devait
parce
n'était plus d'ébranler
les
trônes , mais de les raffermir
; j'avais rendu
la royauté
formidable.
de nouveau
En
pencher
mon
métier
que
cela , j'avais travaillé
pour eux; ils étaient
sûrs de régnerpar
mon alliance , également
de la guerre
et des révolutions.
à l'abri
cevoir.
si grosse,
était
Cette politique
les souverains
que je crus
assez clairvoyans
pour l'aperJe ne me défiai pas d'eux. Qui au-
en effet, que , séduits par
pu deviner,
la haine qu'ils avaient pour moi, ils abanle parti du trône,
et remetdonneraient
rait
traient
eux-mêmes
états, pour
times?
J'avais
la révolution
en être
calculé
que
tôt
ou tard
la Russie
dans leurs
les vic-
était
11
d'un
122
MEMOIRES
trop gros volume pour
entrer
dans le système
de refaire,
le centre.
Il fallait
venais
qu'elle
pût
jamais
européen
que je
et dont la France
était
donc
la
remettre
en
de l'Europe
, pour qu'elle ne gâtât
dé
ce
l'unité
Il
système,
pas
fallait
donner
à cette nouvelle
démarcation
politique,
dehors
des frontières
assez solides
au poids de toute la Russie.
tre de force
cet état dans
pour résister
Il fallait remetla place
qu'il
il y a cent ans.
avait que la masse de mon empour tenter
pire qui fût assez vigoureuse
Mais
un pareil acte de violence
politique.
occupait
Il n'y
et
crois
crois
était
je
qu'il
qu'il
possible,
je
de mettre
le monde
était l'unique
moyen
à l'abri des Cosaques.
Pour
refaire
battre
il fallait
ce plan,
sur une base étoffée, et
la Pologne
les Russes pour leur faire accepter
faire
réussir
allait
tracer
avec là
qu'on
La
Russie
aurait
pu signer
pointe de l'épée.
la paix qui devait
établir
ces
sans honte
les frontières
DE NAPOLÉON.
123
rien eu
qu'elle n'aurait
un aveu de
d'outrageant
pour elle. C'était
sa force, un signe de crainte de notre part.
frontières;
parce
ainsi, par mes précautions,
du rayon de l'économie
européenne
de
économie
trois
cette
parée
par
Placée
mille
la
gardiens,
; elle aurait
avec l'Angleterre
politique,
indépendance
d'être
dans leur
intégrité,
nous
aurait
royaume
Il n'y
aurait
Russie
été
aussi
hors
, sécent
renoué
conservé
et
son
sa manière
parce
étrangère
qu'elle
le
que
du Thibet.
avait
de raisonnable
On en regrettera
tôt ou tard
, rangée
l'Europe
par
mutuel
sous un système
un
que ce plan.
la ruine;
car
consentement
unique , refondue
sur le modèle que demandait
la disposition
du siècle,
offert
le plus grand
aurait
ait décrit. Mais trop
spectacle que l'histoire
de préventions
souverains pour
les yeux des
danle
voir
pussent
obstruaient
qu'ils
ger là où il était; ils crurent
était le secours.
le voir
là où
124
MÉMOIRES
Je partis
Dresde.
pour
allait
sans retour,
décider,
Cette
la
guerre
question
qui se débattait
depuis vingt ans, puisque
cette guerre devait être la dernière;
car,
au-delà
de la Russie, le monde finit. Nos
ennemis
c'est
moment ;
plus qu'un
ils tentèrent
leur dernier
n'avaient
pourquoi
mon
de
l'Autriche,
Obligé
ménager
ses posalliée naturelle
, et de lui garantir
sessions en Pologne
, il me fut impossible
effort.
d'aborder
franchement
l'indépendanee
de morceler
polonaise
la
;
question
je fus
de
obligé
devait
ce pays,
sur lequel
de l'Europe;
reposer la sécurité
je donnai
du mécontentement
de la déet surtout
fiance
aux Polonais;
car ils virent
que je
les sacrifiais
à mes convenances.
Je sentis
ma faute,
plus aller
et j'en eus honte ï je ne voulus
à Varsovie;
avais
n'y
plus
je
à faire pour le moment ; je n'avais
rien
d'autre
plus
confier
cette
aux
nation.
de
à
celui
prendre
parti
que
à venir
le sort de
victoires
DE NAPOLÉON
Je savais
que
135
la témérité
réussit
sou-
vent; je pensai qu'il me serait possible de
faire en une seule campagne
ce que j'avais
compté faire
me plaisait;
l'inquiétude
tête d'une
d'autres
en deux.
promptitude
à avoir de
car je commençai
dans le caractère.
J'étais à la
armée
ne
qui
sentimens
et plus
bataille.
Cette
que celui
d'autre
Au
d'avancer
connaissai
de la gloire ,
les champs de
patrie
que
lieu d'assurer
mon
à coup
terrain
rait
le terme
dû être
Maître
m'avaient
croire
celui
d'une
remise
qu'on
de mes succès ; et ç'aude ma vie.
que
capitale
en cendres,
que cet empire
et qu'il
accepterait
de la paix qe je
ce fut alors que
notre
et
la Posûr , je traversai
le Niémen;
je marchai
et passai
logne
sans relâche ; je battis (L) les armées
Moscou.
et
dans
,
m'opposa
j'entrai
Ce fut
plus
s'avouerait
les
lui
la
cause. L'Angleterre
belles
les
Russes
j'aurais
dû
vaincu,
conditions
mais
fis proposer;
abandonna
fortune
conclut
un traité
11*
MÉMOIRES
126
entre
l'armée
tombé
trahit
et la Porte,
Russie
la
russe
,
disponible.
Un Français
de Suède ,
trône
le
hasard
sur
par
et s'allia
de sa patrie,
les intérêts
dans l'espoir
contre la Norvége.
avec ses ennemis
la Finlange
Il traça
de
rendit
qui
la
le plan
lui-même
Russie,
et
de troquer
de
défense
empêcha
l'Angleterre
fus
étonné
la paix;
je
qu'elle
n'acceptât
des retards
qu'éprouvait
sa conclusion.
La
saison
il devint
évident
qu'on
s'avançait;
ne voulait
Dès que j'en fus
pas la paix.
: les élécertain
la retraite
, j'ordonnai
mens
la rendirent
sévère. Les Français
s'y
de l'honneur
par la fermeté avec
acquirent
laquelle
courage
vie.
ils
supportèrent
ne les a jamais
Ebranlé
moi-même
ces revers;
quitté
par
la
leur
qu'avec
vue
de
la
ce
de me rappeler
désastre,
j'ai eu besoin
ne doit jamais ni plier ni
qu'un souverain
s'attendrir.
L'Europe
était
encore
plus
étonnée
de
DE NAPOLÉON.
127
mes revers qu'elle
ne l'avait
été de mes
succès; mais je ne devais pas me méprendre
à sa stupeur;
je venais de perdre la moitié
de cette
armée
;
qui avait fait sa terreur
espérer d'en vaincre les restes;
on pouvait
caria proportion
des forces
Je
prévoir
devais
donc
était
changée.
étonnement
que le premier
retrouver
contre
moi
dont
passé, j'allais
l'éternelle
coalition
déjà les cris de joie.
C'est un mauvais
moment
j'entendais
pour
faire
la paix que celui d'une défaite.
Cependant
de
l'Autriche
se
consolait
voir
qui
me
baisser ( puisque sa part dans notre alliance
en devenait
meilleure
la paix;
proposer
mais on n'en voulut
voulut
), l'Autriche
elle offrit sa médiation;
pas : elle avait
tué son
crédit.
Il
fallait
donc
vaincre
et
nouveau,
la
vis
je
lorsque
de
je fus sûr de mon fait,
Jamais
France
mon
opinion.
partager
l'histoire
n'a montré
un grand peuple sous
un plus beau jour.
de ses pertes,
Affligé
128
MÉMOIRES
il ne songea qu'à les réparer;
il en vint à bout.
Ce
seul fait
de ces hommes
aux
répond
ne
savent
qui
en trois mois
clabauderies
triompher
que par les désastres de leur patrie.
La France
en partie
me doit peut-être
l'attitude
qu'elle conserva dans le malheur,
un moment
et, s'il y a eu dans ma carrière
l'estime
de la postérité,
ce
qui mérite
doit être celui-là
à
, car il me fut pénible
soutenir.
Je
reparus
campagne,
L'ennemi
ainsi,
aussi formidable
fut
aigles ; l'armée
plus
de
à l'ouverture
belliqueuse
que jamais.
de revoir
sitôt nos
surpris
que
la
je
commandais
qu'aguerrie;
portait
l'héritage
d'une
à l'ennemi
je la menai
longue
avec
mais
était
elle
et
gloire,
confiance.
J'avais
une grande tâche à remplir
; il fallait
refaire
notre crédit militaire,
et reprendre
sous oeuvre la lutte qui avait été
de
se
près
terminer.
Hollande
Je
tenais
et la plupart
encore
la
l'Italie,
des places de l'Al-
129
DE NAPOLÉON.
terde
perdu que peu
lemagne;
rain ; mais l'Angleterre
doublait ses efforts ;
la Prusse nous faisait la guerre par insurje n'avais
de la confédération
les princes
rection;
du
secours
à
marcher
au
se tenaient
prêts
ils
l'étais
comme
et
encore,
fort,
je
plus
suivaient
L'Autriche
mais mollement.
mes drapeaux,
des
tâchait de garder la dignité
l'Allemagne
qu'on courait
avec des brandons
pour ameuter les peuneutres,
tandis
ples Contre
ébranlé.
Le
mon
nous : tout
sort
du
monde
système
était
au
appartenait
de plan arrêté
car il n'y avait
hasard;
La
d'une bataille.
nulle part; il dépendait
la question,
décider
Russie devait
parce
se battait
qu'elle
et de bonne
J'attaquai
la battis trois
avec de
grandes
forces
foi.
l'armée
prusso-russe
, et
je
fois (M).
les plans
» Comme ce succès dérangeait
on fit semblant
des favoris de l'Angleterre,
et
d'abandonner
tous les projets
hostiles,
130
MÉMOIRES
l'on
chargea
paix.
Les
l'Autriche
conditions
de me proposer
eu étaient
la
supportables
d'autres
à ma
en apparence,
et beaucoup
les
auraient
place
acceptées ; car on ne
demandait
des provinces
que la restitution
et des villes anséatiques;
la no.
illyriennes
de souverains
mination
les royaumes
d'Italie
de l'Espagne
retraite
à Rome.
On devait
dans
indépendans
et de Hollande
; la
du pape
et le retour
me demander,
en ouà la confédération
du
tre , de renoncer
Rhin
et à la médiation
mais on avait ordre
de céder,
de
la
Suisse;
sur ces deux
articles.
J'étais
donc
bien
baissé
dans l'opinion,
on osait offrir
trois victoires,
des états que les alliés n'osaient pas même menacer
encore.
Si j'avais
la paix,
à recevoir
consenti
ne
aurait
déchu
vite
l'empire
plus
qu'il
puisqu'après
d'abandonner
s'était
élevé.
core puissant
enIl restait,
ce
traité,
par
sur la carte,
mais il n'était
DE NAPOLÉON.
plus rien
dans le fait.
rôle
levant au
notre alliance
151
en s'é-
L'Autriche,
de
médiateur,
rompait
à l'ennemi
et s'unissait
: en
restituant
les villes anséatiques,
j'apprenais
et tout le monde
rendre,
que je pouvais
aurait voulu ravoir
son indépendance
: je
mettais
réunis.
dans
l'insurrection
tous
les pays
En abandonnant
l'Espagne,
j'encoules
résistances
en
toutes
;
rageais
déposant
de fer, je mettais en comla couronne
Les chances de
promis celle de l'empire.
toutes funestes ; celles de
la paix m'étaient
me sauver.
la guerre pouvaient
Il faut
de
trop
le dire,
grands
de trop
revers
mon
grands succès et
avaient
marqué
me fût possible
histoire,
pour qu'il
la partie
alors de remettre
la
fallait
Il
que
grande
jour.
dix-neuvième
siècle
pour
gné la paix
cette
révolution
autre
du
sans retour,
de
sous un monceau
s'achevât
ou qu'elle
s'étouffât
morts. Le monde entier
décider
à un
était
en présence
Si j'avais si-
question.
la
de
bataille
après
Dresde,
(N)
152
MÉMOIRES
et il aurait fallu
je l'aurais laissée indécise,
la reprendre
Il aurait
fallu
plus tard.
recommencer
cette longue
carrière
de
succès
Il auque j'atais
déjà parcourue.
rait fallu la recommencer,
lorsque je n'étais plus jeune , avec un empire fatigué ,
la paix,
et qui
auquel
j'avais
promis
m'aurait
blâmé
ceptée.
Il valait
ment
tenait
ne
l'avoir
pas
ac-
d'un
moprofiter
où la destinée du monde ne
donc
unique,
de
mieux
une
seule
plus qu'à
on me l'aurait
abandonné,
car
bataille;
si je l'avais
gagnée.
Je refusai
la paix. Comme
chacun voit
ne vit que mon
par ses yeux, l'Autriche
et
crut
le
moment
favorable
imprudence,
mes
se
avec
ennemis.
pour
ranger
de cette
convaincu
cependant
Je ne fus
défection
meen
mais
dernier
moment;
j'étais
qu'au
sure de la soutenir.
Mon plan de campaun résultat
gne était fait. Il aurait produit
décisif.
DE NAPOLÉON
153
des grandes armées, c'est
le
ne
Mes
général
que
peut être partout.
manoeuvres étaient, je crois, les meilleures
L'inconvénient
que j'aie combinées ; mais le général Vandamne quitta sa position
et se fit prendre
,
se faire
maréchal.
Macdonald
croyant
manquade se noyer dans les débordemens.
Le maréchal
Ney se laissa franchement
battre : mon plan fut renversé
dans quelques heures.
J'étais battu:
tais encore
j'ordonnai
assez fort pour
la retraite.
reprendre
de terrain.
J'él'of-
Je ne
en changeant
fensive,
voulus pas perdre l'avantage des places que
seule
une
victoire,
j'occupais,
puisqu'avec
du
nord
maître
me
retrouvais
jusqu'à
je
Dantzick.
au contraire
Je renforçai
de tenir
en leur ordonnant
garnisons,
qu'à l'extrémité.
mes
jusEn cela elles ont exécuté
mes ordres.
Je me retirais
lentement
avec une masse
et les enneen se grossissant : car rien
12
; mais je me retirais,
imposante
mis me suivaient
134
MÉMOIRES
les bataillons
comme le succès.
n'augmente
Toate l'inimitié
que le temps avait amasà-la-fois.
Les Allemands
sée, se soulevait
se venger des maux de la guerre ;
: j'étais
battu.
le moment
était propice
Comme je l'avais prévu,
les ennemis sorvoulaient
taient de terre. Je les attendis à Leipsik(O),
dans ces mêmes plaines où ils avaient été
battus
peu
auparavant.
n'était
position
Notre
que nous
La victoire
parce
pas bonne,
étions attaqués en demi-cercle.
de
même ne pouvait
avoir
pas
résultats
grands
effet l'avantage
nous.
pour
le premier
pouvoir reprendre
une bataille
nulle,
mencer.
L'armée
lassitude
; mais
postérité
les alliés
Nous eûmes en
mais
jour,
: c'était
l'offensive
et il
alors,
par
comme
désignera
qui se battaient
donc
la recom-
fallut
se battait
sans
sa
bien
malgré
un acte que la
elle
dans
voudra,
nos rangs
armes con-
leurs
inopinément
tre nous , et nous fûmes vaincus.
de la France;
Nous reprîmes
le chemin
tournèrent
DE NAPOLÉON.
135
maïs une si grande
retraite
ne put pas se
faire sans désordre.L'épuisement,
la faim,
firent périr
de monde.
Les Ba
beaucoup
varois,
après avoir déserté nos drapeaux,
voulurent
nous empêcher
de revenir
en
France.
Les Français
à Hanau
passèrent
(P)
sur
leurs
cadavres
Cette
Mayence.
inonde que celle
Nos pertes
fus moi-même
et rentrèrent
retraite
coûta
si grandes,
que j'en;
La nation en fut
consterné.
étaient
avaient
poursuivi
rentrés avec no-
leur marche,
ils seraient
tre arrière-garde
dans Paris.
de la France
long-temps
franchir.
de
de Russie.
Si les ennemis
abattue.
autant
à
les intimida;
nos frontières
II ne s'agissait
mais de l'honneur
Mais l'aspect
ils regardèrent
avant d'oser les
la gloire,
de
plus
de laFrance
; c'est pouralors
Mais
les
sur
Français.
je
quoi je comptais
mal
Je
servi.
fus
n'étais plus heureux;
je
à
ce
prêt
peuple toujours
pas
sa patrie.
Je n'en
son sang pour
n'en accuse
verser
MÉMOIRES
156
accuse pas la trahison
; car il est plus difficile de trahir
qu'on ne le croit. Je n'en acfruit
ordicuse que ce découragement,
; je n'en fus pas exempt
reste
L'homme
moi-même.
découragé
lui
ne
voit
devant
indécis, parce qu'il
que
de mauvais partis , et ce qu'il y a de pire
naire
du malheur
dans les affaires,
c'est l'indécision.
J'aurais dû me défier davantage
de cet
à
et
général,
pourvoir
à
tout par moi-même
; mais je me confiai
un ministère
épouvanté, où tout s'exécutait
abâtardissement
ni réparées
mal. Les places fortes n'étaient
été
ni munies,
n'avaient
qu'elles
parce
pas
menacées
ans.
Le
zèle
des
vingt
depuis
paysans y pourvut
commandans
étaient
la plupart
des
de vieux
infirmes,
; mais
là
se
La
mis
pluqu'on
pour
reposer.
et ne
part de mes préfets étaient timides,
au
de
se
déemballer
lieu
qu'à
songèrent
avait
à
temps
changer
en première
pour n'avoir
ligne que des
:
si tant
hommes
est qu'on
intrépides
fendre.
J'aurais
dû les
DE NAPOLÉON.
en
137
à perdre.
Rien n'était encore prêt pour notre déaux alliés
fense, lorsque les Suisses livrèrent
le passage du Rhin.
Malgré le urs victoires,
trouve
dans
les ennemis
ceux
ont
qui
de
pas osé l'aborder
et ils n'avancèrent
de
qu'à pas
loup.
front,
n'avaient
Ils étaient
effrayés
cle sur cette terre
sée de baïonnettes.
de marcher
sans obstahéris-
qu'ils croyaient
Ils ne rencontrèrent
nos avant
gardes qu'à Langres. Alors comconnue
(Q) trop
mença cette campagne
pour que je la répète ; mais qui laissera un
nom
immortel
ne
qui
France.
à cette
désespérèrent
Ils me rendirent
et je crus,
à trois
avec
impossible
J'avais encore
fortes
garnisons
vais pas le temps
secours.
n'y
avait
de braves
salut
de la
de la confiance,
que rien n'était
reprises,
de tels soldats.
une armée
dans
Il fallait
de l'Europe
s'était
Il
poignée
pas du
en Italie
le nord
de les faire
et de
; mais je n'ar
venir à mon
sur place. Le sort
sur moi seul.
concentré
vaincre
d'important
que
le
point
où
138
MÉMOIRES
la paix, tant
j'étais. Les alliés m'offraient
ils se défiaient de leurs succès. Après l'avoir
réfusée
à Dresde , je ne pouvais pas l'acPour
cepter à Châtillon.
fallait
sauver la France
faire
la paix
et replanter
, il
nos
aigles sur le RhinAprès une telle épreuve, nos armes auraient été réputées
nos enneinvincibles;
mis auraient
qui
core
me
tremblé
donnait
du midi
devant
cette
la victoire.
et du
nord
Maître
était
prêt
en-
par mes garnime rendait mon
sons, une seule bataille
ascendant ; j'aurais eu la gloire
comme celle des victoires.
Ce résultat,
fatalité
des revers
; mes manoeuvres
avaient
réussi L'ennemi
était tourné : il perdait la tête. Une émeute générale allait en fimais ma
nir; Une fallait plus qu'un moment;
perte était décidée. Un courrier
que j'avais
adressé
à l'impérades alliés; il
imprudemment
tomba dans les mains
trice,
leur.fit voir qu'ils étaient perdus. Un Corse,
dans leur conseil,
leur apqui se trouvait
DE NAPOLÉON.
139
la
était plus dangereuse
que
prudence
prit
Ils prirent
le seul parti que
que l'audace.
le
c'était
n'avais
je
pas prévu,
parce que
seul bon.
Ils gagnèrent
rent sur Paris.
On
de
avait
promis
; mais cette
l'entrée
il usoire
leur
et marchèen faciliter
aurait
promesse
remis la défense
Paris
, si j'avais
en de meilleures
confié
à l'honneur
laissé
follement
connaissais
l'avance
mains.
été
de
Je m'étais
de la nation
, et j'avais
en liberté
ceux que je
en être dépourvus.
J'arri-
pour
vai trop lard à son secours, et cette ville, qui
n'a su défendre ni ses souverains
ni ses mu ses portes à l'étranger.
J'ai accusé le général Marmont
de m'a-
railles,
avait ouvert
voir
trahi,
je le crois encore aujourd'hui.
Il ne s'est point mal conduit,
il est vrai, à
la défense de Paris; mais sans la défection
du corps qu'il commandait,
après la reddition
de cette capitale,
les alliés eussent
été forcés de l'évacuer,
car ils n'eussent
jamais
livré
bataille
sur la rive
gauche
de
MÉMOIRES
140
la Seine,
ayant
eux Paris
derrière
, qu'ils
que depuis trois jours.
n'occupaient
La cause de la révolution
était comme
banni.
Ce
n'étaient
j'étais
puisque
perdue,
ni les méni les poltrons
ni les royalistes
C'étaient
contens
renvoyé.
qui m'avaient
les armées
maîtres
ennemies.
du monde,
puisque
cet
plus
empire.
putait
J'étais
à Fontainebleau,
fidèle , mais peu
troupe
rais pu tenter
combats;
héroïques;
trop cher
Elle
Les alliés
car
encore
étaient
je ne leur
entouré
les
dis-
d'une
nombreuse
avec elle
; j'aule sort des
elle était
mais
la
capable d'actions
aurait
France
payé
le plaisir
de celte
vengeance.
aurait eu le droit de m'accuser
de ses
maux
; je veux qu'elle
la gloire où j'ai porté
signai .
On vint
me
ne m'accuse
son nom.
proposer
je trouvai
pour ma
momerie.
part
J'avais
été battu;
mais
que de
Je me ré-
des abdications;
uns
que c'était
le
abdiqué
jour où j'avais
sercelte formule
pouvait
DE NAPOLÉON.
vir
un jour
à mon fils,
je n'hésitai
nombreux
aurait
la signer.
Un parti
cet enfant
141
montât
sur le trône
désiré
pour
pas à
que
con-
server la révolution
Mais
la chose
n'a-
vaient
avec ma dynastie.
alliés
les
impossible,
était
pas même
; ils étaient obliles Bourbons.
Chacun s'est
le choix
gés de rappeler
vanté d'avoir opéré
leur
retour
: ce retour
était forcé,
il était la conséquence
immédiate des principes
se
on
batpour lesquels
tait depuis vingt ans. En prenant
la coudes
j'avais mis les trônes à l'abri
la
en
rendant
aux Bourbons,
on
;
peuples
les mettait
à l'abri
des soldats heureux
:
ronne,
c'était
donc
la
seule
manière
d'étendre
sans retour
révolutionnaire.
L'apl'esprit
sur le trône de
pel de tout autre souverain
n'aurait
été autre chose qu'une
France,
sanction
à-dire
de la révolution,
acte insensé dans l'intérêt
solennelle
un
souverains.
Bourbons
c'estdes
des
plus ; le retour
était un bonheur pour la France,
Je
dirai
MÉMOIRES
ai
de l'anarchie
il la sauvait
le
tait
et lui
prometla
assurait
lui
repos,
qu'il
parce
les alliés
Elle était forcée
pntre
paix.
les Bourbons,
mutuel'ement
tait
et
se servaient
parce
qu'ils
La France n'éde garantie,
de
pas complice
qu'elle ne se faisait
cette
parce
mais
pas en sa faveur;
de la famille qu'il convenait
le
profit
pour
aux alliés de remettre
C'était
part
leure
à tout
un traité
sur le trône.
dont
; c'était
la France
la plus grande défaite
nation guerrière
ait jamais
de
On
alliés
me proposa
me cédèrent
faire bonne
donc la meil-
où on voulait
le monde
manière
paix,
se
tirer
pût
qu'une
grande
éprouvée.
un asile.
de choisir
une île et un titre
Les
qu'ils
comme
aussi vains l'un que
regardèrent
l'autre
avec
d'emmener
; ils me permirent
moi un petit nombre
de ces vieux soldats
avec lesquels j'avais
Ils me permirent
couru
tant de fortunes.
d'emmener
de ces hommes
quelques-uns
heur ne décourage
pas.
avec
moi
que le mal-
DE NAPOLÈON.
ma
de
Séparé
contre toutes
143
femme
et de mon
les lois divines
fils,
et humaines
,
dans l'île d'Elbe, sans aucune
je me retirai
l'avenir.
Je
de
n'étais
pour
espèce
projet
du
mais
siècle,
je
qu'un
spectateur
plus
savais mieux que personne en quelles mains
Les
chances
de
allait
tomber.
l'Europe
ce hasard
me remettre
pouvaient
Cependant
m'empêchait
vais comme
l'impuissance
de former
étranger
des événemens
marche
recevais
prenaient
d'en saisir
le
les
gros
journaux;
des affaires.
à travers
l'esprit
songes.
Il me
parut
connu le secret
des plans,
à l'histoire.
et je viMais lu
se précipita
plus
et je fus surpris par eux
que je ne croyais,
dans ma retraite.
Je
d'y
en jeiK
contribuer
évident
de notre
de
que la majorité
Il
révolution.
savait
d'expérience,
que
la
ils
Je
m'aptâchai
leurs
men-
que le roi avait
siècle. Il avait su
France
voulait
par vingt-cinq
son parti
était
la
ans
trop
MÉMOIRES
144
faible
Il sapour résister à cette majorité.
finit par faire la loi. Il
vait que la majorité
fallait donc pour régner qu'il régnât
avec
c'est-à-dire
la majorité;
avec la révolution
comme à neuf, en vertu du droit divin qui
lui était départi.
Cette
idée
était
les Bourbons
de conscience,
naires royalistes
rêts
et leurs
dans
cette
ingénieuse;
elle rendait
en sûreté
révolutionnaires,
et rendait
les révolutionen maintenant
leurs
inté-
Il ne devait
donc
opinions.
coeur
et
avoir
qu'un
qu'une
y
plus
âme,
dans toute la nation ; c'est ce qu'on répétait, mais ce qui n'était pas vrai.
Il y avait
tant
de
bonheur
cependant
combinaison,
aurait
sous ce régime,
que la France,
été florissante
en
Le
roi
aurait
d'années.
en un
résolu,
peu
le problême
de plume,
trait
pour lequel
vingt
ans; puispendant
j'avais combattu
la nouvelle
économie
qu'il établissait
politique en France,
suas contestation
et la faisait
de toute
reconnaître
l'Europe.
Il
ne
DE NAPOLÉON.
lui fallait
maître
Pour
avait
moule
était
pour
chez lui.
réussir
ce
opérer
donné
une
de
savoir
que
toutes
roi
le
jetée dans
les chartes.
Elle
parce
qu'elles
on les fait
marcher.
quand
comme les chartes
être
le
oeuvre,
grand
charte,
où l'on fait toutes
excellente,
145
le
sont
Mais
ne sont
que des feuilles
elles n'ont
de valeur que par
de papier,
de
les
défendre.
l'autorité
se
qui
charge
nulle
ne
se
cette
autorité
Or,
plaça
part.
dans la seule main qui
Au lieu de la réunir
le
en était
roi
la laissa s'é-
responsable,
sou
dans
le
tout
parti qui portait
parpiller
nom. Au lieu d'être l'unique
chef de l'éde
chef
laissa
constituer
il
se
parti.
tat,
en
Tout
prit
tieuse ; l'anarchie
France
une
s'y mit.
eut plus que
il n'y
et de la contradiction
Dès lors
quence
tème de la cour.
Lés mots
couleur
de l'inconsé-
dans le sysn'allaient
jamais
au
fond
voulait,
parce qu'on
autre chose que ce qui était.
aux choses,
du coeur,
fac-
13
MÉMOIRES
148
Le roi avait donné la charte pour empêcher qu'on ne la prît; mais il était évimoment
le
que
premier
passé i les
à
royalistes espéraient la retirer
peu peu ;
parce qu'au fond elle ne leur allait pas.
dent
Il
ne se posait donc que des pierres
d'attente dans l'édifice du gouvernement!
avait
la noblesse, mais.on ne lui
donné ni prérogatives,
ni pouvoir;
Elle
n'était
On avait refait
pas démocratique,
parce
elle n'était pas arisqu'elle était exclusive;
tocratique , parce qu'elle n'était rien dans
l'état.
C'était
donc
un
mauvais service
à la noblesse en la re-
qu'on avait rendu
mettant sur pied de cette manière; car on
l'avait mise en prise parce qu'elle était ofaucun moyen
fensante, sans Iui donner
de se défendre. C'était un contre-sens qui
devait
amener des frottemens
On
choisit
voulait
refaire
le clergé;
un évêque défroqué
le trône et l'autel.
On voulait
continuels.
passer l'éponge
mais
on
pour relever
sur la rêva-
DE
NAPOLÉON.
147
mais on exhumait lès cadavres.
lution,
On voulait faire marcher là révolution
de 89 avec les royalistes, et la contre- révolution du 51 mars avec des constitutionnels. Ils faisaient également mal leur dedes
voir,
parce qu'on ne fait marcher
révolutions qu'avec les hommes qui sont
nés avec elles. Le roi n'aurait
donc dû se
servir que dé gens de trente ans.
L'on voulait maintenir la révolution
et l'on
On décourageait
été
avait
là
la
masse
de
la
par
nation, qui
élevée avec elles et s'était accoutumée à les
avilissait les institutions.
respecter.
On gardait
mes soldats parce qu'on en
avait peur ; et on les faisait passer en tede gloire
nue par des gens qui parlaient
en saluant des Cosaques.
Personne ne prenait confiance
dans ce
de
voyait
n'y
parce
points d'appui nulle part. Ils n'étaient pas
étaient
tous
dans les intérêts,
puisqu'ils
qui existait,
qu'on
compromis;
ni dans les opinions,
puis-
MÉMOIRES
143
étaient
qu'elles
force,
faires
toutes
n'y avait
ni volonté.
puisqu'il
ni bras,
J'étais
froissées
assez bien
; ni
dans la
à la tête des af-
de ce qui se
dans ce congrès où l'on
informé
à
Vienne,
passait
s'amusait à me singer.
Je sus à temps
que
de France
avaient décidé le
les ministres
congrès
m'exiler
à m'enlever
de l'île
à Sainte-Helène.
d'Elbe
J'eus
pour
quelque
de Russie
peiné à croire
que l'empereur
à manquer
si vite à la foi des
eût consenti
car j'ai toujours
eu beaucoup d'estraités,
time
mais enfin j'acpour son caractère;
et je pensai à me
quis cette certitude,
soustraire
au sort qu'on me destinait.
Mes faibles
moyens
été bientôt
de défense
auraient
esje devais donc
d'assez grands
pour
à
seconde fois redoutable
anéantis;
de m'en créer
sayer
me rendre
une
mes ennemis.
La
France
n'avait
de
confiance
point
dans son gouvernement;
le gouvernement
n'en avait point dans la France.
La nation
DE NAPOLÉON.
avait
senti
ceux
du
taient
que
ses intérêts
149
n'étaient
pas
n'é-
trône,
que ceux du trône
une trahison
pas les siens. C'était
mutuelle
qui devait perdre l'un ou l'autre.
Il était temps de la prévenir,
et je conçus
un projet qui paraîtra audacieux dans l'hiset qui n'était que raisonnable
en
toire,
réalité:
à
remonter
sur
le
trône
je pensai
de France.
faibles que fussent
Quelques
mes forces, elles étaient encore plus grandes que celles des royalistes;
car j'avais
pour allié l'honneur
de la patrie,
qui ne
r
dans le coeur des Français
périt jamais
je me confiai dans cet appui. Je passai eu
revue
la petite
troupe
à
que je destinais
étaient
Ces soldats
une si grande entreprise.
mal vêtus,
car je n'avais pas de quoi les
des
coeurs
à
ils
mais
avaient
neuf,
équiper
intrépides.
Mes préparatifs
ne furent
pas longs,
des
armes;
je:n'emportais
que
donneraient
que les Français,me
Le colonel
anglais
qui séjournait
car
je pensais
de tout.
auprès
13*
de
150
MÉMOIRES
moi avait été se divertir
et je
à Livourne,
mis à la voile par un bon vent. Notre petite flottille n'éprouva pas d'accident : notre traversée
dura cinq jours. Je revis la
côte de la France près de la même plage
où j'avais pris terre , quinze ans aupara-
vant, à mon retour
semblait me sourire
d'Egypte. La fortune
comme alors; comme
alors je revenais sur cette terré de la gloire
relever
ses aigles et lui rendre son
pour
indépendance.
Je, débarquai
trouvai
sans obstacle;
en France ; j'y revenais
ne
consistait
Mon cortège
Je me remalheu-
qu'en un
petit nombre d'amis et de frères d'armes,
bonheur
moi
le
avec,
avaient
partagé
qui
et l'adversité ; mais c'était une raison pour
attirer le respect et l'amour des Français.
reux.
Je n'avais
de plan déterminé,
point
vades
données
n'avais
que
parce que je
mes
J'attendais
l'état
des
choses.
sur.
gues
décisions desévénemens; J'avais seulement
quelques-partis
pris pour des cas probables.
DE NAPOLÉON.
151
qu'une seule route à tenir
fallait
me
un point d'appui.
qu'il
parce
Grenoble était la place forte là plus voisine ; je marchai donc sur Grenoble aussi
vite que possible , parce que je voulais saJe n'avais
voir à quoi m'en tenir sur mon entrema
L'accueil
fur
route
que
je
reçus
prises
mes
mon
confirma
et
attente
dépassa
prola
du
Je
vis
que
jets.
portion
peuple qui
ni
des
ni
passions,
corrompue
par
conservait un caractère
par des intérêts,
blessait.
mâle, que l'humiliation
Je découvris enfin les premières trou-,
n'était
-moi
contre
;
fait
marcher
avait
pes qu'on
c'étaient de mes soldats. Je m'avançai saris
crainte, tant j'étais sûr qu'ils n'oseraientfaire feu sur moi. Ils revoyaient leur emvieux
la
de
à
tête
marchant
ces,
pereur ,
maîtres de la guerre, qui leur avaient sisouvent tracé le chemin des combats. J'étais le même encore, puisque je leur apmes
avec
aigles.
,
portais l'indépendance
Qui aurait pu croire que des soldats
152
MÉMOIRES
balanceraient
au moment entre
officiels
des sermens
prêtés sous les drade
et la foi qu'ils avaient
peaux
l'étranger,
à
celui
jurée
qui venai t pour affranchir leur
français
patrie? Le peuple et les soldats rue reçurent avec les mêmes cris de joie. Je n'arais que ces cris pour cortège,
mais ils
valaient mieux que toutes les pompés, car
ils me promettaient
le trône.
Je m'attendais
à trouver quelque résistance de la part des royalistes ; mais je me
Ils
ne
m'en
trompais.
opposèrent aucune,
dans Paris,
sans en aperceet j'entrai
voir, si ce n'est aux fenêtres.
Jamais entreprise plus téméraire en apne
causa
moins
de
à
exé,
peine
parence
c'est qu'elle était Conforme aux
cuter;
maux de la nation, et que tout devient facile quand on sent l'opinion.
fut terminée
La révolution
en vingt
de
une
seule
coûté
sans
avoir
goutte
jours,
et
La
avait
France
changé d'aspect,
sang.
les royalistes allèrent crier au secours chez
DE NAPOLÉON.
les alliés.
La
nation
de la fierté.
reprit
153
rendue
Elle
à elle-même
était
libre,
puissur
en me replaçant
qu'elle venait de faire
le trône, le plus grand acte de spontanéité
aux peuples.
Je n'y étais
qui appartienne
assis que par son voeu , car je ne l'aurais
pas conquis avec mes six cents soldats. Elle
ne me redoutait
elle
comme
;
pas
prince
La granm'aimait
comme
son sauveur.
deur
de
revers;
mon
entreprise
elle m'avait
rendu
effacé
mes
la confiance
des
avait
de nouveau
l'homme
de
Français;
j'étais
leur choix.
Jamais aussi la totalité
d'une
ne
nation
la
exposée à la situation
et
avec tant d'abandon
plus dangereuse
elle
ni
le
n'en
calcula,
d'intrépidité;
péril,
s'est
ni les conséquences.
pendance enflammait
toire
L'amour
de
l'indé-
ce peuple,
que l'histous les autres.
avant
placera
J'avais refusé la paix
Châtillon
France,
trop
bas;
à
qu'on m'offrait
, parce que j'étais sur le trône de
me faisait
descendre
et qu'elle
mais
je pouvais
accepter
celle
154
MÉMOIRES
avait
accordée
aux
qu'on
Bourbons, parce
que je venais de l'île d'Elbe ; et l'on peut
s'arrêter quand on monte, jamais quand on
descend.
Je crus que l'Europe,
étonnée de mon
retour et de l'énergie du peuple français,
de recommencer
craindrait
la guerre
avec une nation dont elle voyait la témérite, et avec un homme dont le caractère
était plus fort à lui seul que toutes ses armées.
Il en aurait été ainsi si le congrès eût été
eussions
et
nous
traité avec les
séparé
que
souverains un à un. Mais leur amourétaient
en
qu'ils
s'échauffa,
parce
propre
mes
et
efforts
maintenir
pour
présence,
à rien.
la paix n'aboutirent
J'aurais dû prévoir ce résultat, et profiter sans retard du premier élan du peuà
nous
étions
montrer
ple, pour
quel point
aurait pâli devant
redoutables. L'ennemi
notre audace. Il ne vit que de là faiblesse
dans. mon tâtonnement,
Il avait raison,
DE NAPOLÉON.
153
car je n'agissais plus d'après mon caractère.
Dès lors,
mon système de défense fut
perdu , parce que les moyens de résistance
restèrent au-dessous du danger. Il fallait
une révolution
recommencer
pour, me
donner toutes les ressources qu'elles créent.
Il fallait remuer toutes les passions pour
Sans cela ,
profiter de leur aveuglement.
je ne pouvais pas sauver la France.
J'en aurais été quitte pour régulariser
cette seconde révolution,
comme je l'avais,
Mais je n'ai jamais
fait de la première.
aimé les orages populaires, parce qu'il n'y
a point de bride pour les mener;
et je
me suis trompé en croyant qu'on pouvait
de la même
défendre les Thermopyles,
manière qu'ils étaient attaqués.
J'ai voulu faire cependant une partie de
comme si je n'avais pas
cette révolution,
ne valent rien.
su que les demi-parties
J'offrais à la nation de la liberté, parce
qu'elle s'était plaint d'en avoir manqué sous
156
MÉMOIRES
mon premier règne. Cette liberté produielle mit les paroles
sit son effet ordinaire,
à la place des actions. La caste impériale
se dégoûta,, parce que j'ébranlai
le système auquel elle avait attaché ses intérêts.
La foule de la nation leva les épaules,
la
lise
de
souciait
fort
parce qu'elle
peu
berté ; les républicains se défièrent de mon
allure, parce qu'elle n'était pas clans ma
nature.
Je mis donc ainsi moi-même
la désunion dans l'état. Je m'en aperçus; mais
je comptais sur la guerre pour tout rallier. La France venait de se relever avec
tant de fierté ; elle avait montré tant de
mépris pour l'avenir; sa causé était si juste
le
des
c'était
droit
le
sacré
(puisque
plus
nations), que j'espérais voir prendre les
armes à tout le peuple , par un seul cri
d'honneur et d'indignation;
mais il était
trop tard.
Je sentis le danger de ma position. Je
mesurai l'attaque et la défense ; elles né-
DE
NAPOLÉON.
157
taient
en
Je
commençai à
pas
proportion.
me défier de mes moyens, mais ce n'était
le
de
moment
le dire. Par un hasard
pas
ma santé se dérangea aux apmalheureux,
la
de
dernière
Je
crise.
n'avais
proches
qu'une âme ébranlée dans un corps souffrant.
Les armées
: dans la
s'avançaient
mienne il y avait du dévouement et de l'enthousiasme dans le soldat, mais il n'y en
avait plus dans leurs chefs; ils étaient fatigués; ils n'étaient plus jeunes; ils avaient
la
Ils
des
avaient
guerre.
beaucoup
terres et des châteaux;
le roi leur avait
laissé leur fortune ou leurs places; ils venaient comme des aventuriers les risquer
fait
avec moi.
Ils recommençaient
leur car-
rière, et quelqu'amour
qu'on ait pour la
vie, on n'aime pas à y repasser deux fois ;
c'était peut-être
de
la nature
trop exiger
humaine.
Je partis pour le quartier-général,
seul
contre tout le monde, entier. J'essayai de
combattre
: la victoire
nous fut fidèle le
14
MÉMOIRES
158
mais
elle nous
trompa
jour (R),
premier
deux jours après ; nous fûmes vaincus à
Waterloo
(S), plutôt
par les Prussiens que
la
de
nos
armes
les
et
Anglais,
gloire
par
finir
vint
dans les mêmes
champs
, où elle
avait commencé
vingt-trois
ans auparavant
car
J'aurais
pu me défendre
encore,
mes soldats ne m'auraient
point abandonmais
on n'en
né;
On
demandait
aux
ennemis;
moi
voulait
seul.
qu'à
de me livrer
aux Français
une
leur demander
c'était
les
forcer
à
Je
ne
se
battre.
lâcheté,
pour
à
c'était
valais pas un si grand sacrifice;
moi à me démettre
; je n'avais pas même
de choix.
mis,
Décidé
à me rendre
aux
se contenteraient
ennede
qu'ils
l'ôtage que j'allais mettre dans leurs mains,
et qu'ils placeraient
sur la tête
la couronne
de mon fils,
j'espérais
Il était
sur
le
de mettre
cet enfant
impossible
trône en 1814 : la chose était,
je
en 1818. Je n'en dis pas
les dévoilera
être.
peut
convenable
crois,
les motifs ; l'avenir
Je n'ai
quitté
la
France
qu'au
moment
DE NAPOLÉON.
159
où les ennemis se sont approchés de ma
retraite. Tant qu'il n'y eut que des Français autour de moi, j'ai voulu rester au
milieu
seul, désarmé. C'était la dernière preuve de confiance et d'affection
C'était un
que je pouvais leur donner.
à
rendais
leur
grand témoignage que je
à
la face du monde.
loyauté,
d'eux,
La France
a respecté dans mot, le malheur, jusqu'au moment où j'ai quitté pour
jamais son rivage. J'aurais pu passer en,
Amérique et promener ma défaite dans le
nouveau monde ; mais après avoir régné
sur la France, il ne fallait pas avilir son
en
cherchant
d'autre
trône
gloire.
Prisonnier sur un autre hémisphère, je'
n'ai plus à défendre que la réputation que
me prépare.
l'histoire
Elle dira qu'un'
tout
un
s'est
lequel
peuple
pour
dévoué, ne devait pas être dépourvu de
le
ainsi que ses contemporains
mérite,
homme,
prétendent,
FIN.
MÉMOIRES
100
APPENDICE.
LA brièveté
des Mémoires
de Napoléon
garde sur la
de silence qu'il
l'espèce
des victoires
qui lui ont valu une
plupart
nous ont montré
la
gloire
impérissable,
et
de suppléer,
autant que possible,
à l'insuffisance
du récit : c'est ce que nous
avons tâché de faire en puisant aux meilnécessité
les notes historiques
auxsources,
les lettres
renvoient
quelles
capitales,
entre
parenthèses,
que l'on a trouvées
leures
dans le texte,
(A)
SIÉGE
DE TOULON
1703.
Le 27 août 1793, Toulon
aux Anglais,
aux Espagnols
ayant été livré
et aux Napo-
DE NAPOLÉON,
161
litainx, la convention rassembla une armée
le
fut
envoyé
pour
reprendre. Bonaparte y
avec le grade de chef de bataillon d'artillerie. A peine arrivé à l'année, il ne tarda
était
à
le
combien
pas
siège
s'apercevoir
mal conduit, et n'eut pas peu d'embarras à
se faire donner la direction de son armée,
par les représéntans. Son premier soin fut
de
lui des officiers expérid'appeler près
le parc d'artilmentés, d'approvisionner
lerie , qui fut bientôt porté à deux cents:
bouches à feu, et de placer des batteries
de façon à chasser les navires anglais de la
l'armée.
Cesrade
partie de la
qu'avoisinait
préliminaires achevés, Bonaparte s'occupa
d'un plan d'attaque, il eut bientôt jugé que
s'en prendre au corps de la place entraînerait trop de langueurs, et qu'en s'emparant d'un fort, construit par les Anglais,
sous le nom de Petit Gibraltar,
qui comle port et la rade, les alliés sela place pour
raient forcés d'abandonner
ne pas s'exposer à être faits prisonniers
de guerre et à perdre toute leur escadre;
mandait
14*
168
MÉMOIRES
Ce plan éprouva beaucoup de difficultés
de la part du général en chef Cartaux ;
mais celui-ci
ayant été remplacé d'abord
et ensuite par le
par le général Doppet,
le moment de se rendre
brave Dugommier,
maître de Toulon arriva enfin. Bonaparte
fit bombarder lé Petit Gibraltar,
et le 18
décembre, les troupes attaquèrent le fort,
qui les repoussa avec une grêle de boulets
et de mitraille.
se crut perDugommier
du : en effet, dans ce temps là, l'échafaud
le général malheureux.
Tout à
coup, une colonne plus heureuse débouche
au pied du fort, les soldats se hissent par
les embrasures, les canonniers anglais sont
tués, sur leurs pièces, le fort
est pris.
attendait
«Allez
vous
reposer,
dit
à
Bonaparte
nous entrerons
après-demain
Dugommier,
dans Toulon. » Il fit aussitôt retourner
les
batteries, anglaises contre l'escadre ; mais
l'amiral
Hood n'eut pas plutôt
vu les
français maîtres de ces positions,
qu'il
fit le signal de lever, l'ancre et acquitter
DE NAPOLÉON.
163
les rades. Le conseil des coalisés se réunit
aussitôt, et tous les membres furent d'avis
que Toulon n'était plus tenable. Les Anà
le
feu
avoir
mis
glais,
l'arsenal,
après
à neuf vaisseaux et à quatre frégates franlà
çaises qui étaient en rade, gagnèrent
haute mer. Le jour prédit par Bonaparte ,
entra dans la place,
à
arriva
Lorsque
l' armée
Bonaparte
les
sur
elle se trouvait
d'Italie,
postée
monts stériles de la rivière de Gênes, deDugommier
à
la
et
réduite
Savonne,
puis Nice jusqu'à
défensive. Cette année, commandée alors
de
dénuée
montait
et
tout,
Scherer,
par
environ à cinquante mille hommes ; celle
nombre
en
et
des Autrichiens,
forte
plus
pourvue de tous les moyens d'approvisionné ment, comptait
en outré soixante
tant troupes régulières
auxiliaires,
du commanque milices. A peine-investi
dement, Bonaparte adresse à ses nouveaux
mille
:
d'armes
celte
proclamation
compagnons
«-Soldats, ce n'est plus une guerre défen-
MÊMOIRES
104
» sive, c'est une guerre d'invasion; ce sont
» des conquêtes que vous allez faire. Point
vous
» d'équipages,
de
magasins;
point
» êtes sans artillerie,
sans habits, sans sou» liers, sans solde; vous manquez de tout;
» mais vous êtes riches en courage. Eh
vos magasins, votre artilvous avez du fer et du plomb;
» marchons, et dans peu ils seront à vous.»
Le 8 avril, Bonaparte ouvre la campagne
» bien,
» lerie;
voilà
de
couune
menace
marche
par
hardie, qui
en
de
l'ennemi
Gênes.
Beaulieu,
général
per
chef
de
l'armée
autrichienne
, dégarnit
son centre pour se renforcer sur ce point,
et repousse une division qui feint de n'opfaible
résistance.
qu'une
Encouragé
poser
il fait avancer sa
circonstance,
gauche, attaque l'armée française, et lui
enlève Voltri, bourg peu éloigné de Gênes.
par
cette
A peine Bonaparte voit-il
Beaulieu fortement engagé, qu'il l'attaque sur tous les
mais
et plus
points,
plus particulièrement
vigoureusement
par le centre;
et le suc-
DE
NAPOLÉON.
ces le
165
ses efforts.
brillant
plus
la bataille
Après
couronne]
de Montenotte,
gorges de Millésimo
gagnâmes 'a bataille
furent
et nous
forcées,
mémorable
les
de ce nom.
Le 13, l'ennemi
fut mis en pleine déroute,
perdit douze mille hommes,
quarante-cinq
pièces de canon et d'immenses
bagages ;
ses corps se trouvèrent
isolés, et le général
du Ta-,
les bords
Serrurier,
qui occupait
naro avec une de nos-divisions,
put opérer
sa jonction.
Cette glorieuse
journée exalta
le courage des Français,
et leur fit oublier
toutes les privations
qu'ils avaient
supporles
Piémontais
tées. Deux
après,
jours
perdirent
la
bataille
de
Mondovi,
à
ceux
trophées
ajouta de nouveaux
l'armée venait
d'élever
république.
L'armée
sa marche
enleva
française
les principales
et lui
Sardaigne,
d'armes ; Beaulieu
prit
position
à la gloire
accorda
; mais
recula
ensuite
qui
que
de la
dans
du roi
de
places
une suspension
sur le Pô
Bonaparte
où il
manoeuvra
MÈMOIRES
165
à passer ce fleuve sans combattre; le Tésin fut également franchi;
le général ennemi, plus étonné qu'intimidé , se retrancha sur la rive gauche de
de manière
rapide , dont les rives sont
l'armée
il
attendit
française,
escarpées. Là,
de
persuadé qu'enfin il la ferait repentir
l'Adda,
rivière
son audace.
Le 10, Bonaparte arrive à la tête de ses
il
divisions, sous une grêle de mitraille;
fait lui-même
la reconnaissance du pont,
ora
de
trois
cents
toises
longueur,
qui
donne le passage, malgré le feu de trente
la
vomissent
de
canon
mort,
qui
pièces
Nos grenadiers franchissent le pont aux
cris de vive la république , et renversent
enL'artillerie
tout ce qu'ils rencontrent.
nemie est enlevée, l'ordre de bataille de
est rompu,
Beaulieu
nous ouvre les portes
et cette
victoire
de Milan.
s'était porté, après sa défaite à
du Mincio;
il avait
Lodi, jusqu'au-delà
une
en
fort
belle
,
pris
appuyant
position
Bëaulieu
DE NAPOLÉON.
au lac
sa droite
de Mantoue
la ville
le passage
aussi Peschiera,
dre
dont
de Garda
, pour
de la rivière;
167
et sa gauche à
défen—
pouvoir
il
occupait;
position
très-importante,les Vénitiens
leur avaient laissé pren-
dre possession.
suite
de plusieurs
savantes manoeuA la
résolu à passer le Mincio,.
vres, Bonaparte,
du
fit avancer
son armée ; arrivés
près
les
dans
la
s'élancèrent
grenadiers
pont,
rivière,
tenant
sous le feu de l'artillerie
leurs
fusils
sur leurs
ennemie,
têtes, ayant de
l'eau jusqu'au menton.
étonna les Autrichiens,
Cette
On rétablit
le
et toute
passa.
L'ennemi
se trouvant
pont,
action
hardie
ils lâchèrent
pied:
le
l'armée
entièrement
chassé
s'avancèrent
de l'Italie,
nos avant-postes
de l'Allemagne,
sur les montagnes
pendant
se
bornait
Vérone
et
qu'on prenait
qu'on
à investir
attendant
moyens
la
forte
qu'on
d'attaque.
de Mantoue
place
pût rassembler
tous
, en
les
168
MÉMOIRES
détacha une division
sur LiBonaparte
où se trouvaient
les Anglais, favovourne,
risés sous main par le grand-duc
de Tosà se rembarquer.
cane, et les contraignit
Le général en chef détacha deux autres disur Rome causa
dont la marche
visions,
au pape ; elles s'emune grande inquiétude
du
de
château d'Urbin
Bologne,
parèrent
et de celui
de Ferrare
; mais pour éviter
le souverain
sa ruine
entière,
pontife
de signer un armistice,
s'empressa
par leaux légations
de Bologne
quel renonçant
et de Ferrare,
il remit
entre
les mains des
la, ville et la citadelle
Français
d'Ancône,
de donconvint de payer vingt
millions,
ner cent objets d'art choisis dans le musée de Rome,
la bibliothèque
et cinq cents manuscrits
de
du Vatican.
Tous les ped'Italie
firent leur paix parti-
tits princes
et le roi
culière,
de Naples signa un armême temps qu'il envoyait
à
en
mistice,
Paris un ambassadeur
Nous
dominions
solliciter
alors
l'Italie
la paix.
depuis
le
169
DE NAPOLÉON.
;
gorges du Tyrol
jusqu'aux
de Milan avait capitulé ; un train
enlevé à
de grosse artillerie
col de Tende
le château
formidable
de
le
siège
pour
ensuite les troupes
l'ennemi
fut
Mantoue
; on organisa
pour assurer la liberté
du pays,
d'éclore
à
employé
la suite
de nos
qui venait
exglorieux
ploits.
Cependant
le
vieux
par
rivait
avec
française
Beaulieu
maréchal
de nouvelles
au contraire
été remplacé
Wurmser,
qui ar-
avait
troupes.
s'affaiblissait
L'armée
chaque
nécessaires à la
jour, par les détachemens
des places et des points
conservation
portans déjà conquis.
L'armée
autrichienne
im-
était
augmentée
de 25,000 hommes,
une force
et présentait
bien supérieure
à la nôtre qui fut attaquée
décida
sur toute la ligne.
se
Bonaparte
le siége de Mantoue ; les trouau gros de l'arpes du siége se joignirent
ses
tous
concentrer
mée, qui put
moyens
alors à laver
sur un seul point
et frapper
des coups dé15
170
MÉMOIRES
cisifs.
Ungénéral médiocre se serait ; obstiné
à conserver toutes ses conquêtes, à assiéger Mantoue,
et se serait inévitablement
perdu.
La plus grande partie de notre armée
marcha sur Brescia , et chassa l'ennemi
dans les monlagnes. Dans cet intervalle ,
Wurmser
passe le Mincio
pour nous attaquer; l'armée marche au-devant de lui
Fattaque et le bat à Castiglione : mais à
Lonado, entre Peschiera et Brescia , nous
un
perdîmes quelques pièces d'artillerie;
général et une partie de la demi-brigade
furent faits priqui formait l'avant-garde
sonniers.
arrivé, chargé l'ennemi avec
fureur, dégage le général français et les
L'armée
siens, et poursuit les Autrichiens.
française prend position sur la ligne de
Lonado ; l'ennemi s'établit avec toutes ses
Bonaparte
forces en arrière de Castiglione, prolonge
sa droite au Mincio,
sa gauche vers la
Chiesa, et se dispose à livrer bataille.
DE, NAPOLÉON.
171
Bonaparte sentant combien il est imde
et
cela
le
prévenir,
que
pour
portant
il faut détruire une de ses colonnes qui est
à Salo et à Gavardo,
sur tous ces points,
se porte le même jour
quoique n'ayant avec
lui que 1200 hommes et quelques pièces
d'artillerie
légère.
En ce moment, un parlementaire
ennemi se présente aux portes de Lonado , on
les yeux bandés: cet officier
l'introduit
déclare que la gauche de l'armée française
est cernée, et somme Bonaparte
de se
rendre. « Allez dire à votre général, s'écrie
et son
que c'est lui-même
a
une
sont
de)
,
qu'il
corps qui
prisonniers
ses colonnes coupée par nos troupes à
de
le
à
et.
Brescia
Salo,
par
passage
Trente ; que si sous huit minutes il n'a
pas mis bas les armes, que s'il fait tirer
un coup de fusil,
je fais tout fusiller.
Débandez les yeux à monsieur;
voyez
Bonaparte,
Bonaparte et son état-major
la brave armée républicaine
au milieu
de
: dites à votre
174
MÉMOIRES
général qu'il peut faire une bonne prise.»
On demande
à parlementer.
Pendant
ce temps, tout se prépare
:
pour l'attaque
le
chef
d'être
de
la
entendu
colonne
ennemie
: il propose
désire
de se rendre
et veut
;
Bona-
capituler.
« Non, répond
de guerre ; "
parte , vous êtes prisonniers
veut
se consulter
, Bonaparte
l'énnemi
donne l'ordre
de faire avancer les grenal'artillerie,
ennemi
général
tous rendus, "
diers,
Tous
les corps
et d'attaquer.
s'écrie : « Nous
ennemis
Alors
le
sommes
de Gavardo
et
de Salo détruits,
un
ordonna
Bonaparte
mouvement
et Stegénéral sur Castiglione
vère.
On
marcha
toute
la nuit,
se trouva
l'armée
du
pointe
jour,
sence de celle de Wurmser.
On
et
à la
en pré-
l'attaque
on le culbute,
on le
avec impétuosité,
Mincio
; on le poursuit
pousse jusqu'au
encore au-delà ; on lui fait lever le siége
sa
et on le force de quitter
de Peschiera,
ligue
offensive.,
DE NAPOLEON.
L'armée
175
reprit alors ses anciennes positions,
et chassa de tous les
points les Autrichiens
qui, depuis six sefrançaise
maines , menaçaient d'envahir toute l'Italie; ils furent obligés de se réfugier dans
les montagnes du Tyrol,
et l'on recommença le siège de Mantoue.
Une partie de notre armée passa l'Adige,
tandis que l'autre se portait sur les hauteurs qui séparent les états vénitiens du
Tyrol.
Après quelques légers combats,
les deux armées se trouvent en présence.
Une affaire très-vive s'engagea ; mais bienet se relire à
tôt l'ennemi plie partout,
battus de tous
Rovéredo. LesAutrichiens,
les côtés, profitent cependantdes difficultés du pays pour exécuter leur retraite
Wurmser rallie quelques troupes pour couvrir cette ville ; et donner le
de
à
l'évacuer.
son
quartier-général
temps
de
disnouvelles
alors
Bonaparte prenant
sur Trente.
positions , l'ébranle par un feu très-vif
l'end'abandonner
et
d'artillerie,
l'oblige
13*
174
MÉMOIRES
trée de la gorge avec une perte considérable. Quelques jours après la ville tomba
en notre
pouvoir.
Dans les différentes
actions qui avaient
en lieu jusqu'à la prise de Trente , les Autrichiens perdirent
tués
25,000 hommes
ou pris, 150 pièces de canon et 200 caissons. Tel fut le sort de cette colonna de
trente bataillons tirés de l'armée du Rhin,
l'élite des troupes impériales , qui dévaient
l'Italie , et faire de ce beau
reconquérir
de
le
nos légions.
tombeau
pays
perdit
Après un combat où l'ennemi
de
monde
et plusieurs canons,
beaucoup
les
de
la
traversa,
française
l'armée
gorges
Brenta ; elle trouva au débouché les Autrichiens qui avaient pris une forte position.
Ils tinrent quelque temps; mais grâce
des colonnes républicaines
,
à l'impétuosité
On les pourils furent mis en déroute.
suivit, sur Bassano, où était le général en
chef avec son état-major.
Deux divisions
se présentent,
l'une par la droite,
l'autre
DE NAPOLÉON.
175
par la gauche ; fondent sur les pièces qui
défendent les ponts de la Brenta , les enlèvent et pénètrent
dans la ville. Beaucoup
de prisonniers,
de canons,
de fourgons,
les heu, furent
de caissons , de drapeaux
reux résultats
de cette journée.. Un, inset le trésor étaient
tant de plus, Wurmser
entre
nos mains.
Ce maréchal,
obligé d'abandonner
et
la Brenta,
sano,
ne pouvant franchir
Bas-
dont
le passage lui était fermé par deux divisions
de notre armée, n'eut plus d'autre ressource
que de se jeter
dans
Mantoue.
fila,
Il
le long
en
de
s'arrêter,
conséquence,
à
qu'il
passa
l'Adige,
Porto-Legnago.
ordonna
Bonaparte
à,une de ses divisions
sans
de barrer
espèce
chemins
celui
mais
Wurmser
une
;
le passage à
fit que, de deux
de malentendu
qui
qu'on
A Cerea,
conduisent
devait
à Porto,
on prit
éviter.
on rencontra
la tête de la co-
même
on lui culbuta
bonne ennemie;
plusieurs
ou s'empara
escadrons de cavalerie;
MÉMOIRES
176
du village et du pont sur lequel elle devait
mais
de
Wurmser
fit
belles dispo;
passer
sitions , culbuta notre avant-garde , reprit
le pont et le village de Cerea. Bonaparte,
aussitôt qu'il entendit le canon, se porta
sur le lieu du combat avec la plus grande
il
et
fallut
plus
rapidité:
temps-,
se résoudre à laisser échapper l'ennemi,
devait
qui, selon toutes les probabilités,
de
les
être, ce jour-là,
obligé
déposer
il n'était
armes.
dans la nuit du
se dirigea,
28 au 29 août, sur Mantoue,
avec une
Wurmser
telle activité
, qu'il arriva
le lendemain
à
Nogara ; ayant appris qu'on avait publié
de couper le pont de la Villa-Imprenta,
sur la Molinella
, il prit sa direction
sur
ce point. Dans cet intervalle-, une division
des nôtres se porta vivement sur Mantoue
la
à
Wurmser
rentrer
pour obliger.
dans
se
le
combat
l'ennemi
place;
s'engagea;
laissa
nous
son
centre,
percé par
maîtres de Saint-Georges,
poste des plus
trouva
177
DE NAPOLÉON.
dans cette
importons.-,
et perdit,
cinq mille hommes avec vingt-cinq
de canon.
Wurmser
se retira
affaire,
pièces
et la
dans Mantoue
glorieusement
jusqu'à là dernière
hom: aussi Bonaparte
rendit-il
extrémité
défendit
sa
à
conduite,
mage
plus grands
de la place.
égards,
et eut-il
lors
d'Autriche
L'empereur
il
fit
encore
;
pas
mille hommes
cinquante
geait
pour lui, les
de la reddition
ne se découraen Italie
passer
, sous les ordres
du général Alvinzi.
armée
Cette nouvelle
marcha du côté de Vérone pour opérer saavec les débris de Wurmser retijonction
rés dans le Tyrol.
L'armée
française avait,
de ses nombreuses
par suite
victoires,
de ses meilleurs
un grand nombre
les combats,
forsoldats;
les marches
diminuaient
aussi ses
cées, les maladies
perdu
rangs
chaque
non
craignait
poursuivre
jour;
et
Bonaparte,
qui
de ne pouvoir
seulement
de ses succès
le cours
ou
en
178
MEMOIRES
de nouveaux, mais encore de se
écrivait sans
voir contraint à rétrograder,
relâche au directoire
exécutif,
qui promettait sans cesse et n'envoyait jamais de
obtenir
troupes.
Bonaparte sentant la nécessité d'empêcher la jonction d'Alvinzi avec
les débris de Wurmser,
se disposa à lui
livrer
il vint à sa rencontre ,
bataille;
Cependant,
des
et
fit
passa l'Adige
dispositions
pour
attaquer, par le flanc et par les derrières
son nouvel ennemi ; celui-ci ayant eu conavait jeté
naissance de ces mouvemens,
dans Arcole, village sur l'Adige, très-fort
par sa position au milieu des canaux, plusieurs régimens de Croates et de Hongrois.
Le village arrêta l'avant-garde
française
pendant toute la journée, malgré nos géde quelle imqui, comprenant
était cette position,
se précipiportance
nos
la
de
à
tête
mais
en
tèrent,
vain,
Dans ce moment,
colonnes.
Bonaparte
paraît avec, son état-major ; déterminé à
néraux,
179
DE NAPOLEON.
le pont pour éviter
il
lieues,
rappelle
plusieurs
les prodiges de Lodi, ranime
de
son
à
bas
sauté
siasme,
franchir
un défont de
à ses soldats
leur enthou-
cheval, saisit
s'élance à la tête des grena-
un drapeau,
diers en leur criant:
suivez votre général.
et elle
La colonne s'ébranle un instant,
était à trente pas du pont, lorsque le feu
au moment
la fit reculer,
de l'ennemi
fuite.
la
où
il
allait
même
prendre
le
seul
un
resta
instant
sur
Bonaparte
pont, et le drapeau
fut criblé de mitraille
à
la
main
tenait
qu'il
; il fallut renoncer à
forcer la positiond'Arcole
, et chercher un
autre passage: on le trouva à l'embouon jeta à la hâte des
chure de l'Alpon,
franles
L'armée
sur
des
chevalets.
ponts
la
à
la
chit rapidement
nuit;
pendant
pointe du jour, le combat s'engagea partout avec la plus grande activité. AugeMasséna la
reau commandait
la droite,
sur. lequel
gauche , et Robert le-centre,
les ennemis s'avancèrent
en force ; Bona-
MEMOIRES
180
le reploie
le temps,
parte
pour donner
à la colonne
de Porto-Legnago
sortie
et
aux guides marchant
d'un autre côté, à
l'effet
de tourner
commencer
les ailes
leur
de
d'Alvinzi,
; il prescrit
à
attaque
et à Masséna de se rallier
forteAugereau
ment au centre,
le pourront.
dès qu'ils
L'ensemble
de tous ces inouvemens
suret intimide
les Autrichiens;
Bonas'en aperçoit,
il donne le signal :
parte
devient
l'ennemi
fait
l'attaque
générale,
prend
de valeur
des prodiges
de tous côtés,
Arcole
; mais enfin il plie
lui est enlevé à la
sa défaite
il
est complète;
baïonnette,
la
le
Brenta
dans
plus grand désorrepasse
couvert
dre, laissant le champ de bataille
de morts
et de blessés , avec six mille
sonniers
,
pièces
rable.
de canon
Malgré
drapeaux,
et un matériel
plusieurs
la continuité
la
et
perte
naparte
loin
l'empereur,
des succès
pri-
vingt
considé-
de Bo-
de la bataille
d'Arcole,
de se laisser
abattre,
DE NAPOLÉON.
redoubla
d'efforts.
181
On pressa de nouvelles
on enrôla
volontaireet on
gens de Vienne,
levées d'hommes,
ment les jeunes
les forteresses
une
pour former
armée,
que l'on fit suivre d'une
La cour
nombreuse
artillerie.
de Rome
dégarnit
nouvelle
rassemblait
en
même
le peu de
sur pied;
temps
mettre
troupes qu'elle pouvait
elle les dirigea
sur la Romagne
inpour
quiéter les états qui s'étaient déclarés libres.
sur Rome avec une
s'avançait
Bonaparte
forte division
à Bologne,
chiens ont
; mais
à peine
qu'il
est-il
que
apprend
l'offensive
repris
avantages à Bévilaqua,
les Autriet
obtenu
en avant
quelques
de Porto-Legnago
sur ses pas,
rières contre
arrivé
avec rapidité
; il revient
assuré ses deraprès avoir
tout
événement.
si lés troupes
de l'emsur Rivoli
ou sur
pereur se porteraient
se
le bas de l'Adige,
tint à VéBonaparte
Incertain
d'abord
rone
observer
leurs
mouvemens
;
pour
il connut
tous leurs desseins : il
bientôt
lu
MÉMOIRES
182
pour Rivoli,
partit
vier 1797 au milieu
nut
dont
le terrain
la droite
où il arriva
de la nuit
et la position
se prolongeait
le 11 jan; il recon-
de l'ennemi,
sur Vérone,
et le centre suila gauche sur Mantoue,
de
vallée
ordonna
l'Adige.
vait la
Bonaparte
de reprendre
la posiau général Joubert
de San-Marco,
de Rivoli
d'artillerie,
tion
de prendre
l'offensive
même à l'ennemi.
fit garnir
le plateau
et disposa tout afin
et de marcher
lui-
du jour,
l'aile
A la pointe
droite
franet l'aile
çaise, commandée
par Joubert,
se montrèrent
sur les
ennemie,
gauche
hauteurs
de San-Marco
avec acharnement.
envelopper
de
tinuait
naparte,
s'y était
et
, et s'attaquèrent
Alvinzi,
enlever notre
qui comptait
droite , con-
la tourner,
ignorant
que Boqui avait prévu ses intentions,
dans
la
nuit
avec
rendes
porté
forts.
Notre
çait
sur
et l'ennemi
gauche pliait,
s'avanle centre;
mais il fut arrêté par
DE NAPOLÉON.
183
le chef
d'état-major
général de l'année,
en même
Berthier,
temps que Masséna
s'élançait sur les positions perdues la veille,
les emportait
et rétablissait
les affaires.
Alvinzi
, après trois heures d'un combat
met en avant toutes ses forces
opiniâtre,
avec une nombreuse
artillerie
le plateau
de Rivoli,
tout à-la-fois
de tourner
ver
centre
de
l'armée
donne des ordres
nouvelles
se porte
pour
enle-
en
menaçant
la droite
et le
française;
Bonaparte
en conséquence
de ces
Le
général Leclerc
dispositions.
avec la majeure
partie de la cava-
lerie sur l'ennemi,
le
charger
impépour
tueusement
s'il parvenait
à s'emparer
du
plateau; Lasalle s'avance avec un détachement
de dragons
pour
l'infanterie
autrichienne
centre
hauteurs
;
et
Joubert
prendre
en flanc
qui attaquait
fait descendre
des
baSan-Marco,
plusieurs
taillons pour soutenir
le plateau.
Ces disdonne
le
positions
achevées,
Bonaparte
signal,
de
le
les attaques
se font
simultanément
184
MEMOIRES
Il repousse
l'ennemi
et avec vigueur.
qui
à pénétrer
sur le plateau , lui
commençait
nombre
de soldats,
tue un grand
enlève
et le refoule
une partie de son artillerie,
dans le bas Adige.
sûr
Alvinzi,
qui se croyait
un corps
avait détaché
toire,
mille hommes derrière
Rivoli,
de quatre
nous
pour
nos communications
couper
mais cette diPeschiera;
et Vérone;
tourner
avec
de la vic-
version
avaient
et
n'inquiéta
personne.
une si grande confiance
Les
soldats
dans leur
en même
en chef,
qu'ils disaient
battait
la
se
le
front
de
ligue
temps que
eh bien ! ceux-là
sont
avec acharnement:
général
encore
à nous;
ce qui fut vrai.
l'ennemi
occupait
Cependant
Corona ; Bonaparte
chargea
du jour,
à la pointe
l'attaquer
Murat
marcherait
toute
raître
en même
encore
la
Joubert
de
tandis
que
la nuit
pour
sur les hauteurs
pade
temps
Ces
Corona.
la
Montebaldo
dominent
qui
deux mouvemens
bien exécutés eurent un
DE
échappé
fait prisonnier
niais perdit
185
une
vive
l'ennemi,
après
mis en déroute ; et ce
qui
à la journée de la veille fut
succès;
fut
résistance,
plein
s'était
NAPOLÉON,
; la cavalerie
seule se sauva,
de monde
en tra-
beaucoup
versant la rivière
à la nage.
Ces deux journées coûtèrent
à l'ennemi,
des morts,
indépendamment
15,000 pri10 pièces de canon,
des drasonniers,
peaux et une quantité
nitions.
de mu-
considérable
Pendant
culbutait
tout
que Bonaparte
ce qui se trouvait
devant lui , une colonne
ennemie d'environ
sous
10,000 hommes,
le commandement
du
général
Provera,
avait passé l'Adige
résistance opiniâtre
à Anguiari,
des Français.
munications
être
pouvaient
au moins le craindre.
coupées;
la
malgré
Les com-
avec Vérone
on devait
Bonaparte se porta aussitôt avec quelques
; il y apprit que
troupes sur Villa-Franca
à
l'ennemi
marchait
par Saint-Georges
Mantoue.
Le général
en chef se rendit
16*
en-
MÉMOIRES
188
où
à Roverbella
suite
lui
dit
que les
se réunissaient
attendait
forces
on
qu'il
entre Anguiari
tomber,
sur la colonne de Provera
pour
et Roverguiera,
qui n'avait d'au-
Manaussi
sur
de
se
que
porter
le
voulut
dernier
éviter
ce
combat,
toue;
et ne put être attaqué que par la gauche
tre but
d'audace
tant
fut faite
mais l'attaque
et d'intelligence
de la colonne;
avec
qu'il perdit
et de son artillerie.
le quart de son monde
Provera
Le lendemain,
étant
arrivé
la garnison
somma
sous Saint-Georges,
réde ce poste de se rendre ; les Français
à
circonsde
canon
;
cette
pondirent
coups
de l'ennemi.
le désordre
tance
augmenta
sur
se
Saint-Antoine,
porta
Bonaparte
Provera
et donna ses ordres pour attaquer
le
Le
lendemain.
était
de se réunir
dessein
à une forte
de Mantoue
garnison
avec avantage;
cher
cette
colonne.
pour
Bonaparte
fit
jonction,
Elle
fut
de
abordée
ce général
sortie de la
nous combattre
voulant
entourer
empêcette
vivement;
la
DE NAPOLÉON.
de Mantoue
garnison
187
vint
au secours
de
Provera,
maiselle ne put jamais se joindre à
lui. Pendant qu'une partie de nos troupes
le général qui commandait
le tournaient,
dans Saint-Georges
pos, que la colonne
cernée,
crétion.
autrichienne
obligée
Six mille prisonniers
les volontaires
20 pièces de canon,
journée.
Ainsi l'armée
et
si à prose trouva
de se rendre
et fut
quels tous
batailles
fit une sortie
furent
parmi
à disles-
de Vienne,
et
le prix de cette
livra
en quatre jours
six combats , fit 28,000
deux
pri5 généraux,
20
sonniers, parmi
lesquels
;
colonels, un plus grand nombre d'officiers
60 pièces de canon
prit 20 drapeaux,
avec leurs caissons, et tua ou blessa 6,000
Ces triomphes,
dus à la rapidité
des mouvemens de Bonaparte
, à son génie,
hommes.
à sa
au
de
ses
et
courage
prévoyance
décidèrent
du sort de cette glotroupes,
rieuse campagne.
son
Il continua
mouvement
en
avant
MÉMOIRES
188
Avio,
à Corpenedolo
et à
encore
1,200 hommes;
l'ennemi
rencontra
où il
quelques
prit
lui
jours
suffirent
ensuite
pour
Tré-
Trente,
occuper Bassano, Roveredo,
vise et la rive droite
de la Piave , fleuve
sa source
dans le Tyrol
et se
qui prend
les Français
jette dans la mer Adriatique;
un grand nombre
de blessés,
y trouvèrent
de
d'artillerie
et plusieurs
malades,
gasins de vivres et d'habillemens.
ma-
La cour
à
de Rome,
habituée
toujours
conseil des. circonstances
prendre
, n'avait
ses forces avant
pas manqué de rassembler
les batailles
inquiéter
d'Arcole
nos
et de Rivoli,
pour
fait
elle avait
derrières;
en masse les sujets du Saint-Père,
Franles
impitoyablement
qui égorgèrent
deconduite
leurs
Cette
et
çais
partisans.
soulever
vait avoir
de près
un terme;
et fut
le châtiment
terrible.
la suivit
Des lettres
inter-
les
à Bonaparte
il fit aussitôt
perfide,
découvert
ceptées ayant
trames d'un ennemi
marcher
un
fort
détachement
contre
les
DE NAPOLÉON.
troupes
du pape,
commandées
général autrichien,
dans
Rome.
pompe
L'armée
italienne
le meurtre
prêcher
tres et desmoines
main, le crucifix
189
par Colly ,
qui avait été reçu avec
avait
à sa suite , pour
et le pillage , des prê, tenant d'une
un poignard
;
été bénis, et portaient
fanatiques
et de l'autre
sesdrapeaux avaient
l'image de la Vierge et celles de plusieurs
apotres; les soldats avaient juré sur leurs
armes
d'être
fidèles
à Dieu,
au Saint-
Siége et au souverain
pontife , et l'on vit
sur les étendarts
de la cavalerie
de cette
ridicule
cription
Colly
armée
, une croix avec cette ins: in hoc signo vinces !
sur le
s'avança et se retrancha
coule
Faenza
Imola
entre
et
,
,
qui
Senio
de l'Apennin
sur le Pô ; il n'y attendit
pas long-temps
Bonaparte,
devancé par Lannes ; ce
ses ordres,
se précipita
en
formée
colonne
garde ,
qui
arrriva
reçut
général
avec son avantserrée
, sur les
, les en-
garnis d'artillerie
leva , tua 5 à 600 hommes , fit 4,000
retranchemens
pri-
MÉMOIRES
190
sonniers,
des
s'empara
et mit
drapeaux,
On poursuivit
le
reste
débris
les
et
canons
en
des
fuite.
des Romains
se
défendre
voulurent
Faenza,
où
ils
jusqu'à
enfoncé
les
avoir
avec les habitans.
Après
à
de
nous
de
la
ville
canon,
coups
portes
dedans les rues en balayant
pénétrâmes
vant
nous
Bonaparte
la réserve
ce qui osait nous résister.
continua
sa marche,
atteignit
les
hauteurs
sur
ennemie,
postée
tout
la
d'Ancône,
désarma
et
s'avança
rapisur Rome , par Notre-Dame-dedement
des
Les progrès
Lorette.
républirapides
les yeux au pape , qui
cains firent ouvrir
de l'Idu
vainqueur
implora
la
19
Rome
et
le
talie;
février,
répuet,
Toà
la
conclurent
paix
blique française
lentino.
la clémence
de l'importante
la campagne
couronna
La reddition
Mantoue
cès presque
fait, il fallait
Tandis
inouïs;
mais
encore
combattre
que la capitulation
tout
de
place
et nos sucn'était
pas
et vaincre,
de Mantoue
DENAPOLEON.
et la soumission
191
des états
romains
occu-
le cabinet
de Vienne
Bonaparte,
à
recommencer
s'apprêtait
la guerre avec
une nouvelle vigueur.
Les succès du prince
paient
Charles
en Allemagne,
la seule digue
comme
rent qui
Tyrol,
de l'Italie
sur
la
le firent
regarder
à opposer au torfondre par le
pouvait
capitale
de l'Autriche.
A
peine le général
français a-t-il
acquis la
certitude de l'approche
de l'archiduc,
qu'il
reconnaît
il lui importe
de précombien
venir
son adversaire.
française occupait alors Vicence
et Padoue ; elle s'étendait
depuis l'Arisio
celle de l'enjusqu'à la mer Adriatique;
nemi était en position
sur la rive gauche ,
avait son centre placé derrière
le CordeL'armée
à l'Adige,
du
sa droite
Vale, et appuyait
côté de Bellune , petite ville sur la Piave.
divisions
deux
renforcé
,
Bonaparte
par
venues de l'armée
fin de février
à la
, réunit,
dans la
divisions
du Rhin
, quatre
marche Trévisane,
et pendant
bert se dirigeait
vers l'armée
que Joudu Rhin,
MÉMOIRES
193
commandée
par Moreau,
les débouchés
en défendant
sur
sa gauche
du Tyrol,
le général en chef s'avança sur le prince Charles,
en position
sur la rive gauche de la Piave,
L'armée
le
française passe cette rivière
15 mars
à une
1797, elle oblige l'archiduc
retraite précipitée,
force son arrière-garde
et lui fait 1,200 prisonniers
avec un général
et plusieurs
officiers
C'est
supérieurs.
en vain que le prince Charles se dispose à
le Tagliamento,
défendre
rivière
rapide
elle ne peut opposer une barrière à la marche du vainqueur
de l'Italie;
la position
de l'ennemi
est cependant
redu Frioul,
doutable;
il couvre
et facilite
retranché
opposer,
les routes
de communication
,
des subsistances venant
l'arrivée
des magasins
chien.
A mesure
trent
ordre
sur la rive
qu'il
a dans le Frioul
se concen-
que les divisions
à Valvasone,
Bonaparte
L'infanterie
deux
d'attaque.
colonnes , sous les ordres
raux
Guieux
et Bernadotte,
autri-
dispose
formée
son
en
des généla
attaquera
DE NAPOLÉON.
droite
et la gauche
midi,
l'avant-garde
commandée
dotte,
103
des retranchemens.
de Guieux
A
et Berna-
les
Dupar
généraux
l'ordre
de passer la
reçoit
et
Murât,
phot
elle s'y jette hardiment
sous le feu,
rivière;
Le prince
Charles emploie
de l'ennemi.
sans succès tout
ce qu'il
peut d'efforts,
pour
de
la
le
il est
passage
rivière,
empêcher
hors
de
ses
retranchemens
; il
repoussé
la droite française.avec
veut déborder
sa
et la gauche avec son infanterie.
cavalerie,
la division
Dans ce moment
Serdécisif,
rurier
toute
arrivant,
sa cavalerie
des ennemis
fait
Bonaparte
et son artillerie
avancer
; celle
et Serrurier
est
culbutée,
et formé sa division
ayant passé la rivière
en bataille , les autres corps tombent
sur
les Autrichiens
Cette victoire
des manoeuvres
riorité
et les mettent
en déroute.
fut due à la promptitude
de Bonaparte
et à la supé-
de son artillerie.
L'archiduc
à résister
ayant
aux Français
vainement
sur les bords
cherché
du Ta17
MÉMOIRES
194
se
maintenir
sur
la
espérait
gliamento,
vinrent
Torre ; deux divisions
bientôt
l'en
chasser,
de Palmaaprès s'être emparées
tandis qu'une autre division
manoeu-
Nova,
vrait pour
à Willach
tourner
et couper
de communication
des
soniflanc
le point
corps ennemis.
différens
droit
L'Isonzo
est passe
à gué, et la garnison
de Gradisca
capitule.
A la suite de ces diverses opérations,
6,000
qui nous valurent
de l'armée
autrichienne,
l'élite
prisonniers,
des canons et 8
tomba dans nos mains,
Goritz
drapeaux,
et Bonaparte
son quartier-géy établit
néral.
des manoeuvres
L'activité
de Bonaparte
du prince
au-
tous les calculs
dérangeait
à la méthode
trichien
lente
, accoutumé
de Moreau.
Il sépare impruet timide
son armée en deux colonnes;
demment
l'une
sous ses ordres
de Vienne
néraux
tera
, l'autre
Gontreuil
l'Isonzo
de Tarvis
doit
couvrir
commandée
la route
par les géet Bayalitsch,
remonet débouchera
par les défilés
et Caporetto.
DE NAPOLÉON.
qui
Bonaparte,
prince
d'une
Charles,
si
sur
les
pénètre
s'empresse
faute. Une
grande
de poursuivre
chargée
se dirigera
195
Tarvis,
vues
du
de profiter
division
est
le prince,
une autre
en culbutant
tout
ce qui se présentera
; une troisième,
après
à Pufera,
le refouavoir battu Bayalitsch
lera dans les gorges de Caporetto
, tandis
marchera
que de sa personne
, Bonaparte
ces
divers
mouCanale
sur
;
par
Caporetto
vemens sont aussitôt exécutés que conçus ;
en vain les généraux
Och
et Gontreuil
veulent
reprendre
Tarvis
pour
déjouer
le
ils sont repoussés ; plus
plan de Bonaparte,
vainement
encore,
Bayalitsch
compte
le
fort
la
Chiuza-di-Plesz
est
à
;
s'appuyer
enlevé à ses yeux par les troupes
françaises.
Entouré
de tous côtés, ce général
n'opet met
pose plus qu'une faible résistance,
bas les armes.
30
pièces
5,000 prisonniers,
de canon,
et
cha400
généraux
plusieurs
riots
chargés
la victoire.
de bagages,
sont les fruits
de
196
MÉMOIRES
Tandis
que Bonaparte
triomphait
détaché
Joubert,
du prince
Charles,
trois divisions
dans le Tyrol,
difficultés
que lui faisaient
Labitans
révoltés
malgré
ainsi
avec
les
les
éprouver
de ces montagnes,
obtint
des succès à Tarvis,
et opéra sa jonction
Tramen
et Clausen,
avec le centre de l'ar-
mée.
à Bonaparte
pour
sur toute la ligne,
Vingt jours suffirent
battre les Autrichiens
détruire
et leur
dant
il
avait
20,000
diminué
hommes;
cepende beaucoup
ses
en détachant
moyens,
de son armée
pour
et faciliter
du Tyrol
mée de Moreau,
Brixen , espérant
vrerait
mauvaise
une grande
partie
les débouchés
couvrir
sa réunion
avec l'ar-
à Inspruck,
soit à
manoeuque ce général
Mais que ce fût
en conséquence.
soit
volonté
de sa part,
ou jalousie
n'avait qu'un faible ennemi
Moreau,
qui
en tête , ne fit rien, et son inaction
aurait
de Joubert,
pu être cause de la défaite
sans les talens et le courage
de ce général.
DE NAPOLÉON.
197
marcher
sur
Bonaparte
pouvait désormais
Vienne sans éprouver
de résisbeaucoup
tance.
avant de prendre
ce
Toutefois,
il écrivit
de Clagenfurt,
où était
parti,
son quartier-général,
au prince Charles,
à la paix.
La démarche
pour l'engager
n'ayant
eu le résultat
point
qu'on espérait,
mouvement
en
ordonna
un
Bonaparte
avant. Le 1er avril,
une division
formant
rencontra
l'avant-garde,
l'arrière-garde
ennemie dans les gorges de Neumarck,
et
la culbuta
chiduc
dans toutes
envoie
pour
ses positions.
L'arbala soutenir
huit
de grenadiers,
les mêmes qui avaient
Le
de
Moreau.
Kelh
sous
les
pris
yeux
de
et
fureur
combat
avec
part
s'engage
taillons
d'autre.
L'ennemi
occupait,
sur le som-
met des Alpes Noriques
, un poste hérissé
mais ces obstacles
de canons et d'abattis,
sa défaite ; les grene firent que retarder
nadiers
un
furent
mis en déroute
nombre
grand
champ de bataille
en laissant
et le
de prisonniers
couvert de cadavres. Le
17*
198
MÉMOIRES
prince Charles
se retirer.
Tout
alors de la nuit
profita
pour
les républicains
;
jeté l'alarme au sein
devant
ployait
leurs
avaient
progrès
de la cour
impériale.
L'armée
française
de Vienne,
n'étant
plus qu'à peu de marches
enfin
le
de demanprit
l'empereur
parti
der une suspension
d'armes , qui lui fut
accordée à Léoben,
le 8 avril 1797.
Enfin,
mois de négoaprès plusieurs
le traité de
siCampo-Formio,
ciations,
17
le
octobre
gné
faits de l'armée
tués
niers,
dans
les
1797,
d'Italie.
consolida
combats,
150,000
170 drapeaux,
100,000
4,000 pièces
les hauts
Ennemis
prisondesiége,
de pont,
de
campagne,
650
5 équipages
tous les vaisseaux de la république
de Venise , les arsenaux , les chefs-d'oeuvre
des
plus célèbres
et moderne,
artistes
sont
de l'Italie,
les glorieux
dus au génie de Bonaparte
de ses braves soldats.
et
ancienne
trophées
au courage
DE NAPOLÉON.
CAMPAGNE
(C)
199
D'EGYPTE.
1798—1799.
L'armée,
mai 1798,
embarquée
était forte
à Toulon,
d'environ
le
19
40,000
hommes.
Un vent
favorable
la Sardaigne,
sortis de Bastia,
Vecchia.
poussa
où l'on réunit
la flotte
vers
les convois
de Gênes et de Givitade File de Malte
L'occupation
était nécessaire
favoriser
merce
pour
du Levant,
et comme
entre
la France
pour
éviter
notre
com-
intermédiaire
et l'Egypte.
Bonaparte,
du sang, demanda
l'effusion
que le port lui fût ouvert ; le grand-maître
il fallut employer
rejeta cette proposition;
la force. Le 11 juin,
nos troupes
étaient
à terre
sur tous les points de l'île. Le soir
elle était entièrement
soumise et la ville
parts. Les assiégés tirèune
rent quelques coups de canon , firent
faible sortie qui fut repoussée sans effort,
investie
de toutes
et le grand-maître
demanda
à capituler.
200
MÉMOIRES
Les
place
trouvèrent
vainqueurs
deux vaisseaux de guerre,
gate , quatre
non,
1,800
dans
la
une fré-
, 1,200 pièces de cade poudre,
40,000
d'autres effets de guerre
galères
milliers
fusils,
beaucoup
et plusieurs millions,
dont
la moitié
fut
laissée
dans la ville, pour subvenir aux dépenses de la garnison.
resta
quelques jours dans l'île,
Bonaparte
de
suivant les principes
afin, de l'organiser
Il abolit la servitude
la république.
, profit adopter aux habitans les
clama l'égalité,
brisa
couleurs
françaises,
claves turcs et arabes,
qu'il
des es-
les fers
renvoya
dans
leurs
pays.
Avant son départ,
laissa
à
Bonaparte
du
sous
les
ordres
hommes,
Malte,4,500
le
19
de
et
division
Vaubois,
juin,
général
la flotte vogua vers les rives de l'Afrique,
au. milieu
des cris
une heureuse
la république.
la flotte entraversée,
de vive
Après
où l'escadre
tra dans la rade d'Alexandrie,
trois jours auparavant.
anglaise se trouvait
Le débarquement
dans la
commença
DE NAPOLÉON.
201
du 2 juillet,
du
vent
position
malgré la mauvaise diset l'état peu favorable
de
la mer. Les troupes
se portèdébarquées
nuit
rent sur Alexandrie,
située à l'embouchure
du Nil,
à 50 lieues du Caire.
eut lieu
L'attaque
n'eût
quoiqu'on
La ville fut enlevée
du jour,
à terre.
d'assaut, malgré la virésistance
des habitans
et des
goureuse
troupes
à la pointe
d'artillerie
pas
; et bientôt
qui la défendaient
tricolore
flotta sur les minarets.
drapeau
Nous eûmes 40 hommes
tués et 80 bles-
sés. Les généraux Kléber
et Menou
du nombre de ces derniers.
Pendant
débarquer
lerie.
l'armée
l'assaut,
avec son artillerie
furent
continua
de
et sa cava-
, située sur le Nil,
se rendit sans réd'Alexandrie,
à la division
du général Dugua.
Rosette,
à 17 lieues
sistance
le
ville
riche
de
la
nécessité
sentant
,
porBonaparte
ter son armée sur le Caire avec toute la
rapidité
loucks
possible,
les moyens
pour
ôter
de faire
aux
mame-
des dispositions
MÉMOIRES
202
défensives
et pour empêcher
des magasins de cette grande
l'évacuation
ville,
partit
le 7 juillet,
de
le
chemin
Demanhour,
prit
le plus court,
mais le plus pénible
et traversant
un désert
aride.
une marche
à travers
ces
Après
et des fatigues inouïes,
l'armée
déserts,
à Demanhour
arriva
et
; elle y séjourna,
se mit en mouvement
Ramanié.
Moupour
à la tête
forcée
de ses troupes
rad-Bey,
, nous attendait au village
Le
lendede Chébreïss.
main 15, à la pointe
du jour, on se trouva
en présence des ennemis.
un or-
établit sur-le-champ
Bonaparte
des carrés
dre de bataille,
formant
visions,
échelons,
en flanquait
nière
lesquels il fit
et la cavalerie.
Il les disposa en
de manière que chaque division
dans
équipages
villages
réserve.
dipar
enfermer
les
une autre, et fit occuper
en arrière
par des hommes
L'artillerie
était
de la
de ma-
placée
du feu de quelque
à présenter
vînt attaquer.
que l'ennemi
des mameloucks
La cavalerie
deux
côté
inonda
DE
NAPOLEON.
203
la plaine entière,
déborda
toutes
nos ailes, et chercha
de tous côtés,
sur
nos flancs et sur nos derrières,
le point
bientôt
faible
elle
; mais
pour
pénétrer
partout
la
ligne était également formidable,
vit que
et lui opposait
un double feu de flanc et de
front.
Elle
fois de charessaya plusieurs
mais
sans
déterminer
s'y
ger,
complètement;
enfin, après être restée une partie
de la journée à demi-portée
de canon, elle
retraite
sa
opéra
un grand nombre
L'armée
en laissant
400 morts
de blessés.
continua
des chaleurs
et
brûlée
d'avancer,
Le
excessives.
elle aperçut
les Pyramides
était à six lieues du Caire,
lendemain,
soir
elle
et
le
,
où Bonaparte
avec toutes
apprit que les beys,
retranchés
ces, se trouvaient
vis-à-vis
village
de Boulac,
garni leurs retranchemens
par
leurs
for-
à Embabé,
et qu'ils avaient
de 60 bouches
à feu.
A la pointe
leur
, on rencontra
en
de
village
poussa
du jour
qu'on
avant-garde
A
deux
heures
village.
armées s'aperçurent.
après
midi,
les deux
204
MÉMOIRES
A l'approche
des Pyramides,
tons les
s'arrêtèrent
un moment,
élonFrançais
nés à l'aspect de ces masses qui semblaient
la terre,
affaisser
Soldats ! s'écria
Bona-
» parte,
vous allez combattre
aujourd'hui
» les dominateurs
de l'Egypte
; songez que
haut de ces monumens,
40 siècles
"du
" nous contemplent
!"
De la position
qu'occupait
et adroite,
on voyait
arrière
en
l'armée,
les Pyramy-
le Nil,
le
des; à gauche , on découvrait
Caire , la montagne
de Mokatam
et la vallée de Memphis.
se formenent
Les divisions
au combat
de Chébreïss.
enlever
les
loucks
sortent
carrés
On
couvert
pour
mame-
au nom-
impétueusement,
les divisions
et chargent
bre de 12,000,
la droite.
En vain ils veulent
les carrés
marche
Les
refranchemens.
comme
le champ
; bientôt
de morts. L'ennemi
de
pénétrer
de bataille
dans
va tenter
un
est
de Bitkil,
où
sur le village
Devais ;
une partie de la division
de main
coup
se trouve
mais il est repoussé.
Une
seconde
attaque
DE
NAPOLÉON..
205
ce général,
avec le même
toujours
n'obtient
acharnement,
pas un succès plus
contre
heureux.
ce temps,
les autres divisions
la baïonnette
en avant, sur les
s'élancent,
d'Embabé
et les emporretranchemens
Pendant
tent , après avoir fait un grand
dont les restes fuient
l'ennemi,
tés,
en abandonnant
leurs
morts,
400 chameaux
blessés, leurs canons,
gés de bagages, et une grande
chevaux richement
équipés.
Tels furent
carnage de
de tous cô-
les résultats
leurs
char-
quantité
de
de la bataille
des
Pyramides
, qui nous assura la conquête
de la Basse-Egypte
et nous ouvrit
le chemin de la Haute.
que 30 soldats
(D)
SIEGE
DE
L'armée
n'eut
française
de tués et 120 de blessés.
SAINT-JEAN-D'ACRE.
1799.
LA conquête
et les habitans
de l'Egypte
commençaient
était
achevée,
à regarder
18
MÉMOIRES
206
avec moins
les troupes françaises
gnance et de crainte
tir
ce pays de toute
sein , Bonaparte
: mais il fallait
garanDans ce des-
invasion.
écrivit
plusieurs
de Saint-Jean
Ahmed-Djezzar,
pacha
vieillard
cre et de Damas,
l'assurer
qu'il
cruel, pour
dans l'intention
en Egypte
ou de lui
la guerre;
devenir
son ami,
et
venu
pas
lui.
et vivre
en
au
Djezzar,
au général
avec dédain
, reçut
ses envoyés,
le désert
verser
d'A-
de l'inquiéter
au
il voulait,
amicalement
de répondre
français
maltraita
avec
fois à
farouche
n'était
faire
contraire,
bonne
intelligence
lieu
de répu-
et
ses dépêches,
et se prépara à trala Basse-
à envahir
Egypte.
devait
l'armée
organisa
Bonaparte
conduire
contre le pacha
mas.
mière
Kléber
eut
division
qu'il
d'Acre et de Da-
sous ses ordres
la preLanla seconde,
, Reynier
nes la troisième,
Bon la quatrième;
commanda
la cavalerie,
Dommartin
tillerie
, et Cafarelli
le génie.
Murat
l'ar-
Cette armée
DE NAPOLEON.
207
à 10,600 hommes d'infanpouvait
1800 chevaux
et dromadaires,
et
terie,
ce qui foret le génie à 1600,
l'artillerie
s'élever
de 14,000
mait un total
et le 8 février,
à
Salahieh
pes
trois jours;
ses travaux
pourvut
Bonaparte
et Catieh où elles restèrent
porter
donné
Destaings,
Mourad
sur
des
les généraux
de
Belliard,
Lannusse,
Fuet Boyer.
Zayenscheck
la Haute-Egypte,
et de l'empêcher
la Basse.
à l'armée
diverses
de l'Egypte.
Les prosous l'autorité
chefs,
de division,
guières, Leclerc,
Desaix resta dans
contenir
ce temps il termina
et administratifs,
et
au commandement
places et provinces
vinces eurent
pour
brigade
ses trou-
réunit
pendant
militaires
des généraux
7
Le
combattans.
Le
11,
de se mettre
afin de
de se
l'ordre
fut
en mouve-
ment
en Syrie;
son avantentrer
pour
sur El-Arich
dès
avancée
garde s'était
le 7, et avait aussitôt
assailli cette position, mais sans succès.
nuant sa marche,
arriva
L'armée,
en partie
contiau
se-
208
MÉMOIRES
de l'avant-garde;
avec plus de vigueur,
cours
l'ennemi,
fut forcé
ner
le village et de se réfugier
mais la cavalerie
de Djezzar,
un
corps d'infanterie,
tion sur les derrières
geantes
ment;
vint
attaqué
d'abandon-
dans le fort;
soutenue par
posiassié-
prendre
des troupes
de les bloquer
entière-
, menaçant
Kléber
les
commandait
qui
un mouvement
nuit
au général
de l'ennemi
fit faire
; à miReynier
fut cerné,
at-
, le camp
taqué et enlevé ; un des beys fut tué : ceon ne prit
les
pendant
que des bagages,
armes et quelques mameloucks.
Le
fort
d'El-Arich
arrive
avec
Bonaparte
la
ouvre
tranchée
parc,
verneur
résistait
toujours;
et le
sa réserve
le gou-
et oblige
à capituler.
Après quelques jours de repos , il avance
le 22 sur Kan-Lounesse,
village
premier
un
de la Palestine,
et
détruit
surprend
corps
de mameloucks;
l'avant-garde
d'attaquer
néral de Djezzar,
campé
ordonne,
ensuite
Abdallach,
à une lieue
à
géde là;
209
DE NAPOLÉON.
pas les Français
se retire
vers Gaza. Cette ville ayant
ses portes sans résistance
vert bientôt
mais celui
ci n'attend
, et
oufut
On y trouva une grande
sauvée du pillage.
de
bouche
et
de
de
munitions
quantité
guerre.
sur Jaffa,
De Gaza , l'armée
se dirigea
où
ville située à huit lieues de Jérusalem,
La
l'ennemi
avait réuni
quelques forces.
fut pénible à travers une plaine de
le courage de
sable mouvant
; cependant
de tous les obstacles,
nos soldats triompha
marche
La
division
Kléber
formant
l'avant-
le 5 mars devant Jaffa,
arriva
garde,
en forma
l'investissement;
sur-le-champ
et
Lannes et Bon ayant remplacé
les généraux
de
Kléber
se porta sur la rivière
, celui-ci
Bon
inla Hayah
le
couvrir
siége,
pour
vestit
le front
droit
de la place,
et Lannes
le front
gauche.
L'ennemi
démasqua
de
pièces
canon
et nous
ceinte,
soutenu.
de
une quarantaine
de tous les points de l'enessuyâmes
un
feu
18*
vif
et
MÉMOIRES
210
la
batLe 6, deux batteries
d'approche,
étaient
une de mortiers,
terie de brêche,
en état de tirer ; la garnison fit une sortie,
de brêche ; elle
et s'avança sur la batterie
fut repoussée et obligée de rentrer.
du jour,
Le 7, à la pointe
Bonaparte
de se rendre ; celuisomma le gouverneur
du général
ci fit couper là tête à l'envoyé
7
A
ne
et
heures,
français,
point.
répondit
le feu commence
; à 1 heure , on juge la
Les généraux Lannes et
brèche praticable.
Bon
font
leurs
dispositions
pour l'assaut;
à cinq heures,
les grenadiers
pénètrent
dans les
dans Jaffa ; l'ennemi
se réfugie
maisons
les
;
courageusement
de tant de résistance ,
et les défend
, irrités
Français
redoublent
d'efforts
sent au fil de l'épée
de quatre
au nombre
renversent
,
les soldats
mille,
tout, pasde Djezzar
et la ville
est
livrée
au pillage.
Après ces scènes
on trouva
d'horreur,
50 pièces de canon,
dont 30
dans Jaffa
formant
l'équipage
munitions
assez
de campagne,
et des
considérables
; plus,
DE NAPOLÉON.
211
2,000 quintaux
400,000 rations de biscuit,
de
de riz et plusieurs
remplis
magasins
marchandises.
Jaffa
était
un
c'était
situation;
trepôt pour
de Damiette
tout
poste important
encore
le port
ce qui pourrait
et d'Alexandrie
L'ennemi,
après
avoir
sa
par
de l'enarriver
à l'armée.
évacué
à notre
Gorchum
et
Zesse,
Misthyc,
approche
sur Saint-Jean-d'Acre,
à
Caïffa, se retire
de Jérusalem
, et y réunit
quinze lieues
la défense de cette
tous ses moyens pour
les troupes du
ville déjà très-forte.
Bientôt
sont
chassées
de tous les environs
pacha
de la place,
et la tranchée
est ouverte.
Le 20 mars , les soldats encouragés
par la
enlever
aussi
prise de Jaffa
espéraient
aisément Saint-Jean-d'Acre,
et tout concourait
lorsqu'il
armée
à les confirmer
fallut
les
dans cette opinion,
conduire
contre
une
de plusieurs
composée
peuples
aussi barbares
et qui s'aque leurs noms,
à marche
forcée
au secours
de
vançait
Djezzar.
MÉMOIRES
212
d'abord
à sa renenvoya
Bonaparte
contre
le général Junot,
qui se porta jusoù
il
les barbares
Loubi,
qu'à
aperçut
les
gagnant
bataille.
Junot
aller
pour
se trouva,
hauteurs
se mit
le reconnaître
et
s'y
aussitôt
en
formant
en marche
de plus près, et
la montourné
dès qu'il eut
tagne , engagé dans une plaine où il fut entouré par 3,000 cavaliers
qui s'élancèrent
sur sa troupe.
Les soldats, animés par leur
avec une valeur ause battirent
général,
dessus de tout
vement,
en
éloge ; gagnèrent
les
combattant,
successihauteurs
à Fennemi
Nazareth
600
jusqu'à
, tuèrent
et lui prirent
hommes
5 drapeaux.
Dès que Bonaparte
fut instruit
du comil donna l'ordre
à Kléber
bat de Loubi,
d'aller
Junot à Nazareth
avec le
rejoindre
reste
point
de l'avant-garde.
quitté la position
L'ennemi
de Loubi.
n'avait
Les deux
de marcher
à
résolurent
généraux
de l'attaquer
le lendemain.
A peine
ils arrivés de Sed-Jarra,
situé à une
de Cana , que l'ennemi,
descendant
lui
et
sontlieue
tout-
DE NAPOLÉON.
à-coup
213
de ses hauteurs
plaine, enveloppe
de 4,000 chevaux
et se met
, débouche dans la
nos troupes
avec près
et toute
son infanterie
,
en mesure
de charger.
L'intrépide Kléber ne lui en laissa pas le temps ;
il attaqua avec impétuosité
la cavalerie
et
le village
de Sed-Jarra
qu'il emporta
vive force,
mit en désordre
l'ennemi
s'enfuit
forces
de
qui
ses
Jourdain
où toutes
jusqu'au
se rassemblèrent
et se rendirent
dans la plaine de Fouli.
Bonaparte
absolument
une bataille
qu'il fallait
jugea
déci-
sive pour les disperser.
En conséquence
"
il fit les dispositions
nécessaires pour emde Saint-Jéan-d'Acre
pêcher la garnison
de forcer
ses lignes et de l'inquiéter
sur
ses derrières.
enIl en ordonna
d'autres
suite pour
l'armée
attaquer
ennemie
et la contraindre
plusieurs
points,
passer le Jourdain.
Murat
eut ordre
rêter
sur le pont
de prendre
parer,
bloquait
Saffet,
sur
à re-
de se porter sans s'arde Jacob et de s'en emà revers
et
d'opérer
l'ennemi
ensuite
qui
sa
214
MÉMOIRES
avec
jonction
lui-même
Kléber.
Bonaparte
quitta
le camp le 18 avril avec sa cavalerie , une division
et huit pièces d'artillerie. Il prit position
sur les hauteurs de
il marcha
sur
; le lendemain,
il aperçut
Fouli ; le matin
Kléber
aux
3,000 Français se
prises avec les barbares.
battaient
avec une intrépidité
sans égale
Saffarié
contre
des ennemis
dix fois plus nombreux.
des mameloucks
était tendu
Le camp
à 2 lieues du pont
taille.
Alors
tourner
voisin
du champ
de ba-
des mesures
Bonaparte
l'ennemi
prend
pour
à une grande
distance ,
de son camp , lui couper la re-
le séparer
traite sur Genin
et le culbuter
, où étaient ses magasins,
La cavadans le Jourdain.
les
fuyards au pasqui
s'avança avec deux pièces
sage du fleuve,
d'artillerie
le camp
légère pour enlever
lerie
devait
arrêter
des mameloucks
reçut l'ordre
Arrivé
à
de Kléber,
d'infanterie
, et le corps
de tourner
l'armée
ennemie.
une
demi-lieue
Bonaparte
ordonna
de
distance
à Rempon
DE
NAPOLÉON.
215
avec
sa brigade]
vers ce géavec la sienne,
néral , tandis
que Vial,
de Neuzes,
vers la montagne
se porterait
de marcher
et que les guides
toute hâte pour
Genin. L'ennemi
à pied
se dirigeraient
la
retraite
couper
ne s'aperçut
que
les
ce moment
chaient
que
: le désordre
masse
cette grande
un coup de canon
râmes
fut
le
pour Kléber.
Ce général,
le
baïonnette
pas de charge
qui se trouva
de huit
après
de
dans
de la
cavalerie
avoir
emporté
de. Fouli,
arriva
vers
;
que nous tireconnaissance
village
sur la cavalerie
coupée
vers
Français
l'approse mit aussitôt
dans
confuse
signal
en
à la
au
musulmane
les montagnes
de Napelouse
, par les généraux
Rampon
les Arabes
et Vial.
Les guides fusillaient
sur
La
Genin.
terreur
qui s'échappaient
se
voient
des
qui
troupes
séparées
s'empare
la conde leur camp et de leurs magasins;
dans tous les
est à son comble
fusion
les
turcs
tous
la
;
corps
prennent
rangs
le Mont-Thabor
derrière
fuite et se jettent
215
MÉMOIRES
témoin
qui fut
Ils gagnèrent
Gizel-Mécanié
de leur
déroute
la nuit
complète.
le pont de
pendant
: une partie se jeta dans le
le passer au gué , et s'y
Jourdain,
croyant
Au même
la cavalerie
moment,
noya.
de
française enleva le camp du gouverneur
Damas au pont de Jacob,
tua ceux qui ne
assez
fuir
déblopouvaient
promptement,
et
qua Saffet ,
poursuivit
avant dans la nuit.
Le
grand
titude
l'ennemi
bien
un
camp des mameloucks
surpris,
nombre
d'hommes
tués, une mul-
de prisonniers
et la prise de 500
avec
les
et
tentes
les provichameaux,
le résultat de cette journée,
sions, furent
où l'ennemi
ses magasins,
sur Damas.
On
d'Acre
tous
6,000 hommes,
perdit
de se retirer
et fut. contraint
de Saint-Jeanles travaux
reprit
, où les Anglais et les Turcs avaient
jeté des troupes de débarquement
pendant
l'absence
de Bonaparte.
Il est vrai que ces
renforts
des pertes cotisidééprouvèrent
DE
rables
NAPOLÉON
dans les sorties
247
; mais aussi les ma-
les rangs
chaque jour
ils trouvaient
le siége trop
de nos soldats;
de
demander
:
et
ne
cessaient
l'assaut
lorg,
ladies
diminuaient
à les cal-
cherchait
Bonaparte
cependant
inutilemer, ne voulant
pas les exposer
ce ne
ment. Enfin , il céda à leurs désirs;
fut
toutefois
qu'après
de la ville.
remparts
diers s'élancent
avoir
les
foudroyé
Aussitôt
les grena-
sur les brêches;
leur
se déploie vainement;
rage impétueux
dace de ces braves
ennemis
beaucoup
verts de fortifications
chés dans chaque
montrent
partout;
coul'au-
ne peut rien contre des
, couplus nombreux
intérieures
maison.
et retran-
Nos soldats
se
d'entre
eux
plusieurs
dans
le
centre
de
jusque
même
pénètrent
la ville. Mais un Français
les
qui dirigeait
à l'honneur
efforts des assiégés, un traître
au lieu
et à l'humanité,
leur de ses compatriotes,
d'admirer
la va-
les laissa
égorà la mer, ren-
ger eu sa présence ou jeter
fermés deux à deux dans des sacs de cuir.
19
218
MÉMOIRES
Il fallut
lever
le siége,
qui durait
depuis
soixante
d'adétruisit
jours.
Bonaparte
bord avec les munitions
lui
étaient
qui
inutiles,
le reste
le palais du pacha,
des fortifications.
La retraite
mai,
rivée
(E)
de l'armée
et se termina
les
édifices
commença
le 13 juin
par
et
le 22
son ar-
au Caire.
BATAILLE
D'ABOUKIR..
Les agens de l'Angleterre
cherchaient
à
et les musulmans,
soulever l'Egypte;
qu'ils
avaient
avec activité
réunissaient
achetés,
des troupes dans les ports de File de Rhodes; des officiers
organisaient
européens
leur flotte,
sa
avec
un
,
après
jonction
qui
convoi
riger
parti des Dardanelles,
sur Alexandrie.
devait
se di-
Bonaparte,
que c'est à Abouprésageant
kir
les Turcs doivent
mardébarquer,
que
che à leur rencontre,
d'éfen promettant
DE NAPOLÉON.
219
les désastres de notre
facer par une victoire
à Birket,
escadre. Arrivé
village à la hauteur d'un des angles du lac Madieh,
d'où
l'on se porte également sur Rosette,
drie et Aboukir,
ce dernier
point
Alexandevient
Là il
de sa ligne d'opérations.
était mouillée
que la flotte turque
le centre
apprit
à Aboukir;
20,000
le fort.
18 à
débarqué
de l'artillerie,
et occupé
hommes,
La garnison,
forte de 500 hommes,
qu'elle
se défendit
avait
vaillamment,
mais
elle
suc-
égorgée par les Turcs.
dans
Déjà les Turcs s'étaient retranchés
la presqu'île,
et pouvaient
chaque
acquérir
comba
et fut
jour de nouvelles forces ; il était donc imd'où l'on
de prendre
une position
portant
dans la mer,
les culbuter
pût les attaquer,
les bombarder
dans le fort
et le leur
re-
soit qu'ils restassent à Aboukir,
prendre,
soit qu'ils se portassent
sur Rosette,
ou
qu'ils fissent l'investissement
d'Alexandrie.
Tel fut le projet
de Bonaparte,
qui eut le
plus grand
succès.
220
MÉMOIRES
Le 25 juillet,
les deux armées
vèrent
en présence.
L'ennemi
se trouavait
sa
droite
appuyée à la mer, sa gauche au lac
Madieh
de sable,
, sur de hautes collines
et s'était couvert d'une double ligne de redont
tranchemens,
demi-lieue
d'Aboukir,
la première,
avait pour
à
une
princiun mamelon
paux points d'appui,
à droite,
à son centre,
un hameau
fortifié,
barricadé
et bien armé,
canonnières.
chaloupes
rapprochée
crénelé,
et, à sa gauche, 30
La seconde , plus
du fort
de 500 toises,
resserrée
, était
conséquent
plus
dable, au centre surtout,
où l'on avait
et par
formiélevé
une
grande redoute.
L'armée française s'avança. Lannes comla gauche ;
mandait
la droite ; Lannusse
soutenait
Murat l'avnat-garde
; Marmont
la gauche ; Kléber soutenait
la droite, mais
manoeuvrait
en même
la réserve;
Davoust
de l'armée
et la
Alexandrie
trémité
; enfin,
de la barre
temps
couvrait
pour former
les derrières
communication
avec
à l'exportait
à Aboukir,
de Rosette
Menouse
DE NAPOLEON.
221.
ou passage du lac Madieh,
la gauche des Turcs.
pour
inquiéter
donne ses ordres pour attaBonaparte
de l'ennemi.
quer et tourner les extrémités
Ces mouvemens
ral turc
qui
fixent
l'attention
son
affaiblit
du géné-
centre
pendant
de cette faute
l'action.
profite
Bonaparte
en force sur le centre.
pour se porter
Le combat
mais après
devient
général;
des efforts de valeur étonnans,
de part et
les
d'autre,
sont enlevés;
de l'ennemi
retranchemens
ses deux
et
lignes tournées
sur le champ de ba-
pressées,
périssent
dans la mer;
le
ou se précipitent
taille,
reste prisongénéral en chef, Mustapha,
la terre et
nier, 5,000 des siens couvrent
les bagages,
les tentes,
10,000 se noient;
et l'artillerie
restent
en notre
pouvoir;
notre
perte ne s'élève
tués et 500 blessés.
(F)
BATAILLE
qu'à
100 hommes
D'AUSTERLITZ.
1805.
Napoléon,
provoqué
par
l'Autriche,
19*
MÉMOIRES
229
dont
les
avaient
envahi
la
Batroupes
à
vière , se hâta de faire passer le Rhin
son armée pour repousser une aussi injuste
agression.
Toute l'armée
se trouva
6 octobre
en position
, le
: Les
manière
1805, de cette
de
à
de
Bernadette
,
Weissetnbourg
corps
à Donaà Oetingen,
de Soult
Davoust
de Ney à Kcessingen ; de Lannes à
le Daet de Murat
bordant
Neresheim,
werth,
nube.
L'ennemi,
Mach , s'était
sous les
ordres
du
avancé
jusqu'aux
où il paraissait
de la forêt
général
débouchés
Noire,
et nous
se maintenir
trer.
parts
vouloir
de
empêcher
pénéL'Iller
avait été fortifié
, et des remde
élevés à la hâte autour
étaient
et d'Ulm.
Memmingen
Un mouvement
que Napoléon
à son armée déconcerta
exécuter
plans
forêt
des adversaires.
avait
ainsi que la ligne
dans
qui se jettent
Noire,
parallèles
On
avait
fait
tous
les
évité
la
des rivières
la vallée
du
et
Danube,
DE
NAPOLÉON.
on
se trouvait
223
à plusieurs
derrière
Mach.
journées
Tous les corpss se remirent
en marche.
le régiment
Le 6, Vandamme
culbuta
de
de dragons
Colloredo;
le 7, la division
du général
une partie
Valther
se porta
sur le Lech:
s'élance dans le fleuve , le passe
à la nage , fond sur les cuirassiers
ennemis
et leur
de
enlève le pont sur la route
Rain.
Le
8, Soult
de son corps
partit
d'armée
avec
deux
divisions
se porter
sur
pour
divique sa troisième
tandis
Augsbourg,
sion s'y rendait
la
rive
gauche
par
Lech. Murat,
à la tête des divisions
du
de
de cuirassiers
et de carabiniers,
dragons,
partit de Rain pour couper la route d'Ulm
à Augsbourg.
Arrivé
à Wertingen,
il
aperçut
appuyé
un corps
par
considérable
quatre
siers; il l'enveloppa
le suivait,
s'avança
réunis,
et,
après
d'infanterie
escadrons
aussitôt.
avec
de cuiras-
Lannes,
qui
les grenadiers
un engagement
de deux
224
MÉMOIRES
heures,
drapeaux
, canons,
bagages,
ciers,
soldats, tout le corps ennemi
en notre pouvoir.
Dans ce moment,
en grande
de grenadiers
du Tyrol
au secours
hâte
dite
l'armée,
Ce combat
était
pluvenaient
bataillons
sieurs
offi-
de
de Bavière.
fut
suivi
de
, le lendemain,
Les coalisés voulaient
de Guntzbourg.
au
mouvement
s'opposer
celui
que fit le marésur Langenan et sur Guntzbourg,
culbutés
En
le
vain
partout.
chal Ney
et furent
prince
La belle
nemis
un
Ferdinand
position
fut enlevée,
général,
prisonniers,
Le maréchal
accourut
en personne.
où se trouvaient
les enet ils eurent
à regretter
tués ou faits
5,000 hommes
et 6 pièces de canon.
Soult
se porta,
avec
son
à Laudsberg,
et par-là
d'armée,
une des grandes communicainterrompit
Il y arriva le 11 à quations des ennemis.
corps
le réy rencontra
après midi,
du
de
cuirassiers
prince
Ferdir and,
giment
et un
le dispersa
et lui prit son artillerie
tre
heures
grand
nombre
d'hommes
et de
chevaux.
DE
NAPOLÉON.
225.
de suite sur Memmiagen
Il se dirigea
de
cette place, de neuf bataillons,
s'empara
de l'artillerie
et des magasins,
Il continua
alors sa marche
pour arriver
et être en mesure de couper
l'archiduc
Ferdinand.
Le
,
à Biberach
la retraite
à
même
fit une sortiejour , l'ennemi
du côté d'ulm
et attaqua la division
Dula position
d'Albech
pont, qui occupait
le combat
fut
des plus
opiniâtres.
Cerné-
, 6,000 Français
pur des forces quadruples
tirent 1,500
résistèrent
sur tous les points,
prisonniers.
Le 15 , Napoléon
se rendit en personne
ordonna
l'invesUlm
et
devant
,
aU camp
ennemie.
On comtissement
de l'armée
de
la
du
et
mença par s'emparer
pont
position d'Elbingen.
Le 14, à la pointe
du
à la tête de la
jour,
Ney passa ce pont,
division
Loison.
position avec
buté partout,
fait poursuivi,
mens.
L'ennemi
lui
disputa la
mais cul-
16,000 hommes;
il perdit
et
5,000 hommes,
jusque dans ses retranche-
226
MÉMOIRES
gagna les hauteurs qui dominent
:
enlevèses tirailleurs
d'Epfoël
Lannes
le village
rent la tête
du
fut extrême
pont
dans toute
ce moment,
faisait
Le désordre
d'Ulm.
la ville.
Murat, dans
la cavalerie
manoeuvrer
en déroute
mettait
française , qui partout
celle des ennemis. Le même jour,
plusieurs
les
divisions
d'infanterie
ponts
occupèrent
de Unterkirch
et d'Oberkirh
, à l'emboude l'Iller,
dans, le Danube
de l'ennemi
les communications
chure
, et toutes
sur l'Iller.
Le 15, à la pointe
du jour,
Napoléon,
un
ne
s'était
seul
moment
qui
pas permis
de repos,
la
l'ouverture
camdepuis
de
se porta
lui-même
un temps affreux.
pagne,
malgré
maréchaux
Lannes
l'ennemi,
bloquaient
Danube,
côtés.
Déjà
Les
Ulm,
des
corps
et Ney,
soutenus
par
en bataille pour don-
se placèrent
Murat,
ner l'assaut et forcer
de
devant
les retranchemens
tandis
que d'autres
corps
la ville sur la rive gauche du
les
et la cernaient
de tous
les postes avancés
du camp
retran-
DE NAPOLÉON.
ché ennemi
mais
baïonnette;
soin de répandre
nacé d'un
sont
Ulm
devant
227
enlevés
n'eut
pas bede sang ; me-
Napoléon
davantage
Mach capitula
assaut,
à la
avec
19
che33,000 hommes,
5,000
généraux,
vaux , 40 drapeaux,
80 pièces de canon
des caissons et des bagages
en
attelées,
proportion.
Le quartier-général
transporté
de fatigue,
de notre
armée
fut
à Elkingen
exposé
excédé
; Napoléon,
depuis huit jours à une
de repos.
avait besoin
pluie continuelle,
On le conjura
d'accorder
à
avec instance
la nature
ce qu'elle
exigeait
impérieusement : ce fut en vain. On le vit à toute
et de la nuit
jour
répondre
au
aux officiers
arrivaient
quartierqui
ordres.
donner
de
nouveaux
et
général
heure du
Aussi
terrible
la
victoire
que
il fit appeler les
faits prisonniers
à
généreux
après
dans le combat,
autrichiens
généraux
de
lui
tout
Ulm, il les retint
près
que l'armée
des paroles
défila
de
, et leur
consolation
le temps
adressa ensuite
: il
ménagea
223
MEMOIRES
autant
propre,
veillans
lui
fut
qu'il
et diminua
la tristesse
possible leur amourbiendes
égards
par
de leur situation.
ordonna
Napoléon
sans relâche
poursuivre
nand, et de lui
donner
livrer
ensuite
Ferdi-
l'archiduc
sans lui
des combats
le temps
de respirer.
de cette poursuite
si acharnée
de 1500 chariots,
50 pièces
de
à Murat
Le résuit,
fut
la prise
de
canon,
la capitulation
16,000 hommes, y compris
du régiment
de Wernech;
et d'un grand
nombre
de drapeaux;
18 généraux
déposèrent les armes , et trois furent tués.
Deux
Munich,
jours après,
Napoléon
à neuf heures du soir.
quartier-général
nau , et l'électeur
sa capitale.
Ces succès
Français
à
arriva
De là le
à Brau-
fut
transporté
de Bavière rentra
dans
conduisirent
les
multipliés
aux portos de Vienne.
Le 13 no-
et Lannes
Murat
y entrèrent,
du pont du Danube , le pass'emparèrent
sèrent , et poursuivirent
le premier
corps
de l'armée
lendemain
Le
rasse.
Napovembre,
DE NAPOLÉOS.
dans la capitale
trouvèrent
Les Français
Iéon entra
229
de
l'Autriche.
dans Vienne,
plus 2,000 pièces de
qu'ils traversèrent,
des munitions
de
canon,
fusils,
100,000
l'étoute espèce, et enfin de quoi former
quipage de campagne de quatre armées.
; l'as'avança dans la Moravie
du
maréchal
Davoust
vant-garde
dispersa
devant
tout ce qui se trouva
elle depuis
Bran jusque Walkesdorf,
fit 600 prisonL'armée
niers et enleva
200 pièces de canon avec
tous les caissons attelés. Lannes s'empara
à Stokerau
d'un magasin considérable
d'efétait déjà en
fets militaires
; Bernadotte
Mortier
avant de Krems;
à
bivouaquait
et Maissau, tandis qu'un autre
Weikesdorf
sur
Gratz.
marchait
corps
à
la
de
Bientôt
tête
charge,
Murat
plude cavalerie,
sieurs brigades
l'arrièrerusse
garde
100 voitures
à Hollabrunn
, et lui prend
Lannes arrive
:
d'équipages.
tous deux vont fondre sur l'ennemi,
lorsde l'empereur
Alexanqu'un aide-de-camp
dre (Wintzingerode)
demande
à capituler:
20
MÉMOIRES
230
vou« Les généraux
autrichiens,
dit-il,
» lant se séparer de l'armée russe. » Murat,
sans autorisation,
et sans s'apercevoir
qu'on
le joue, accède à la proposition.
Un arest conclu;
mais Napoléon,
mistice
qui
tout de suite la ruse dont se sert
reconnaît
le général en chef
de
recevoir
temps
cette
point
et pousse
pour avoir le
des renforts
, ne ratifie
Kutusof
convention;
l'arrière-garde
il quitte
Vienne,
de Soult à Hol-
labruun.
Les
Russes,
attaqués
impétueusement
au
défilé
de
Lannes
Schau-Grabeen,
par
en même temps sur leur gausont tournés
che par le général Legrand.
Après un comils sont forcés
et obligés
bat opiniâtre,
le village de Juntersdorff
entre
de bataille
le champ
, laissant
1800 prisonniers,
mains du vainqueur
d'abandonner
pièces
de canon
gages.
Pendant
et 100
voitures
de
et
les
12
ba-
le général Baragueyla
reddition
d'Hilliers,
d'Ulm,
qui, depuis
chassait les
avait marché sur la Bohême,
ce temps,
251
DE NAPOLÉON
Autrichiens
de
Waldmuncher
la position
et s'emparait
retranchée
de
desnombreux
de Pilsen
non loin de Prague ,
magasins
tandis que Ney pénétrait
dans le Tyrol
et
Scharnitz
marchait
par Diessen
jusqu'à
16
escalade;
par
furent
pièces de canon , 1800 prisonniers
villes
les fruits de ce triomphe,
Plusieurs
dont
il se rendit
forent
maître
évacuées
également
Ney. Il fit encore un grand
sonniers et arriva
bientôt
de
à l'approche
de prinombre
à Klagenfurt,
il
sa
Lienz
et
où
Willach,
joncpar
opéra
tion avec l'armée d'Italie,
commandée
par
Masséna.
Le maréchal
Augereau,
de
dans
son
côté,
le Voral-
poussait vigoureusement
Jellachich,
berg. Le général autrichien
le
la
marche
de
fermait
Tyrol,
qui
Ney
à
de
la
dans
position
par Augereau
les
armes
Felkirch
,
, capitula
, déposa
laissa 8 drapeaux,
son artillerie
, et se retira en Bohême.
cerné
Enfin
Pohrlitz
les Russes,
ayant
par notre cavalerie,
été
battus
et ayant perdu
à
MÉMOIRES
232
des bagages et des canons,
2000 hommes,
de se raple général Kutusof
fut contraint
du
comBuxhoëwden,
général
procher
mandant
les deuxième
et troisième
corps
d'armée.
La réunion
de ces deux généentre
autrichiennes,
des forces
raux
avec les troupes
batail104
et
Dleditz
,
Wichau
composait
n'avait
taillons et 150 escadrons ; Napoléon
près
homde
40,000
qu'un peu plus
mais l'ennemi
lui donna le temps de
de lui
mes;
choisir
ton champ
les corps
arriver
de bataille
des maréchaux
et Davoust,
dotte
de dragons
et de faire
Walter,
et quatre
Berna-
la division
tandis
que
celle des cuirassiers
escadrons
de la garde
un
combat
acharné,
culbutaient,
après
6000 cavaliers
russes chargés
de défendre
d'Hautpoult
le point de jonction
d'Olmutz
des routes
et de Brünn : la première
de ces villes est
sur la Morava, la seconde est sur la Swarta.
Toutes les forces ennemies s'étaient concentrées
cerner
près
l'armée
d'Olmutz
français»,
; elles
croyaient
l'envelopper,
lui
DE NAPOLÉON.
couper
253
toute
fondre sur elle, l'oretraite,
de se rendre
la
ou
tailprisonnière
bliger
ler en pièces.
Le 29 novembre,
de Russie
l'empereur
et sou armée , devancés par une nuée de
à Wichau.
Dès que
Cosaques, arrivèrent
sut l'arrivée
d'Alexandre
dans
Napoléon
il y envoya son aide-de-camp
celte ville,
Savary pour le complimenter.
Savary
faisait la
revint
au moment
reconnaissance
où Napoléon
des feux et bi-
il se loua
vouacs ennemis;
l'accueil que lui avaient fait
son frère
beaucoup
Alexandre
de
et
, mais il lui fut facile
de comprendre,
la
suite
des
conversapar
de jeutions qu'il eut avec une trentaine
Constantin
différens
nes courtisans
qui,
environnaient
de
Russie,
que
l'empereur
la
téméet
l'imprudence
dans les décisions du con-
la présomption,
rité régnaient
sous
seil de guerre.
Le plan de Napoléon
fut
et d'épier
tendre l'ennemi,
ferait des fautes,
titres,
dès-lors
d'at-
l'instant
où il
donna
Il
profiler.
pour en
20
MÉMOIRES
234
l'ordre
sur-le-champ
mée , partit
de nuit,
de retraite
comme
à son ars'il
avait
une défaite,
éprouvé
prit une bonne position à trois lieues en arrière
, entre Turase
et
fit
travailler
avec
et Brünn,
beaucoup
à la fortifier
d'ostentation
et à y
établir
des batteries.
Une
fut proposée de la part de
à l'empereur
de Russie , qui lui
Napoléon
le prince
Dolenvoya son aide-de-camp,
Cet officier
gorouki.
que
put remarquer
entrevue
le
camp français,
respirait,
Le placement
réserve
et la crainte.
grandes
élevait
montrer
avant-postes
d'Alexandre.
mens, l'envoyé
politiques,
prit
des
gardes , les fortifications
que l'on
lui
en toute hâte,
tout
semblait
une armée à demi-battue.
L'empereur
pas;
la
dans
tout
à ses
des Français
se rendit
entendre
l'aide-de-camp
pour
les
compliAprès
premiers
russe
entama
des questions
ne comprenait
que lui-même
un ton de suffisance,
à Napoléon
de céder
proposer
et de renoncer
à la couronne
et. finit
par
la Belgique
de for en fa-
DE NAPOLÉON.
235
On concevra
sans peine
veur des Anglais.
combien l'empereur
dut souffrir
à ce lanIl
se contint
et Dolgocependant,
gage.
rouki se retira,
persuadé
que l'armée
française était à la veille de sa perte.
Les jeunes courtisans,
dans le camp ennemi,
se livrèrent
sans mesure
à leur pré-
il
n'était
naturelle;
plus quessomption
il fallait
tion de battre
les Français;
les
les prendre.
anMais quelques
tourner,
ciens généraux
autrichiens,
qui avaient
en
fait plusieurs
tête
ayant
campagnes,
de
le
conseil
Napoléon, prévinrent
guerre
qu'on ne devait
marcher
contre
tant de vieux
pas avec cette
une armée qui
soldats
contenait
et d'officiers
mier mérite;
vu Napoléon,
du preavaient
ils ajoutèrent
qu'ils
de
réduit
à une poignée
les plus
dans les circonstances
ressaisir la victoire
par des opé-
monde,
difficiles,
rations rapides
les armées
pendant
confiance
et imprévues,
les plus nombreuses;
obtenu
ici bon n'avait
et détruire
que ceaucun suc-
MÉMOIRES
230
les
toutes
affaires
contraire,
qu'au
russe
de
l'armée
avaient
d'arrière-garde
été à l'avantage des Français. A des remon-
ces;
si sages et si prudentes
, cette jeude
la
bravoure
nesse orgueilleuse
opposait
trances
leur
Russes
l'enthousiasme
,
80,000
que
le
la
de
leur
empereur,
inspirait
présence
et
d'élite
de
la
garde impériale,
corps
enfin leur valeur et leurs talens militaires,
qu'ils
élevaient
fort
au-dessus
de ceux
de
des Français.
l'empereur
haut de
Le 1er décembre,
du
Napoléon,
inexson bivouac,
une
avec
aperçut,
joie
de l'armée
russe,
, l'approche
primable
à deux portées de canon
qui commençait,
de
de ses
un
mouvement
,
avaut-postes
flanc pour tourner
Il vit alorsà
sa droite.
la présomption
et l'ignorance
quel point
de l'art de la guerre avaient égaré le conseil d'Alexandre,
avant
fois:
ll dit plusieurs
demain
au
cette
soir,
le sentiment
Cependant
bien différent;
armée
est à moi.
de l'ennemi
il se présentait
devant
était
nos
DE
NAPOLÉON.
à
portée
grandes gardes
filait par une marche
237;
du pistolet;
il déde flanc, sur une
l'arligne de quatre lieues, en prolongeant
mée française,
ne pas oser
qui paraissait
Il n'avait
sortir de sa position.
qu'une
c'était
lui
freinte,
que nous pussions
échapper.
emploies
Tous les moyens furent
pour
le confirmer
dans cette confiance
imprudente. Murat
cavalerie
il parut
un petit corps de
mais tout à coup,
fit avancer
dans la plaine;
des forces
étonné
immenses
de
à la bâte. Ainsi,
tout
et revint
l'ennemi,
tendait à faire persister
le général Kutusof
dans l'opération
arrêtée.
mal
calculée
voulut
qu'il
avait
à
pied
Napoléon
et incognito
tous les bivouacs ; mais à
fait quelques
peine eut-il
pas, qu'il fut
de peindre
reconnu.
Il serait
impossible
Le soir,
l'enthousiasme
héros
qu'ils
paille parurent
des
soldats
chérissaient.
visiter
en voyant
Des fanaux
en un instant,
le
en
élevés sur
MÉMOIRES
238
de perches,
devant
se présentèrent
des milliers
et 80,000 hommes
leur chef,
en le
des
acclamations
les
uns
,
par
pour
de son couronnement,
fêter l'anniversaire
les autres s'écriant que l'armée donneraitle
saluant
à l'empereur.
son bouquet
Un
des plus vieux grenadiers
de
s'approcha
lui, et lui dit : « Sire, tu n'auras pas besoin
» de t'exposer
, comme tu le fais trop soulendemain
» vent; je te promets , au nom de tous les
» grenadiers
de l'armée,
que tu n'auras à
» combattre
et que nous
que des yeux,
» t'amènerons
» tillerie
demain
de l'armée
» l'anniversaire
lui avaient
cabane
faite
et l'arcélébrer
russe, pour
de ton couronnement.
, tout
Napoléon
dans son bivouac
mauvaise
les drapeaux
»
ému , dit, en rentrant
en une
, qui consistait
de paille sans toit,
que
: " Voilà la
les grenadiers
ma
rebelle
de
vie
mais
soirée
;
je
" plus
» grette
bon
de penser
que je perdrai
au
nombre
de
ces
sens
braves
Je
"
gens.
mal que cela me fait,
"
qu'ils sont vérita" blement
mes enfans,
et en vérité
je me
DE NAPOLÉON.
» reproche
» je crains
239
ce sentiment,
car
quelquefois
qu'il ne finisse par me rendre
»
à faire la guerre.
" inhabile
Il ordonna
toutes
sur-le-champ
de bataille.
Il fit avancer
positions
réchal Davoust,
l'aile
qu'au moment
le ma-
en toute
vent de Raggern
ses divisions
et
contenir
ses dis-
: il
hâte , sur le couune
de
avec
devait,
une
autre
de
gauche
de dragons,
afin
l'ennemi,
elle se trouvât
tout
prévu,
Le
commandement
de la
enveloppée.
gauche fut donné
Soult, du centre
la cavalerie,
qu'il
à Lannes,
de la droite à
à Bernadotte,
et de toute
réunit
sur un seul point,
à Murat.
Napoléon,
état-major
la garde et
le
général
se trouvaient
dix
bataillons
réunis. Cette réserve
était
Berthier
en réserve
et son
avec
de grenadiers
rangée sur deux
à
dislignes en colonne
bataillons,
par
tance de déployement,
ayant dans les intervalles quarante
de
canon servies
pièces
parles canonniers
de la garde.
240
MÉMOIRES
C'est avec ces dernières
troupes que Nale
de
se
avait
poléon
précipiter
projet
partout où il serait nécessaire.
A une heure
du matin
, il monta
à che-
val pour parcourir
ses portes,
reconnaître
les feux et les bivouacs
de l'ennemi
, et se
faire rendre compte par les grandes gardes
de ce qu'elles
des
avaient
entendre
pu
mouvemens
des Russes. Il apprit
qu'ils
avaient
passé la nuit dans l'ivresse , pouset qu'un corps
sant des cris tumultueux,
au vid'infanterie
russe s'était présenté
un
lage de Sokolnitz,
régiment
occupe par
de la division
de nouvelles
Legrand
forces.
, auquel
on ajouta
Le 2 décembre
et ce jour,
de l'empereur
, le soleil se leva radieux,
anniversaire
du couronnement
être
allait
des Français,
qui
lut
témoin
d'un fait d'armes mémorable,
un des plus beaux de l'automne.
les lidevant
en
dit
Napoléon,
passant
gnes de son armée
» cette campagne
: « Soldats,
par
un
il faut finir
tonde
coup
DE NAPOLÉON.
« nerre,
» nemis.
241
de nos enl'orgueil
les chapeaux et les
qui confonde
» Et aussitôt
et des sacasques au bout des baïonnettes
bres, et des cris de Vive l'empereur
! furent le véritable
signal du combat.
Un
la
canonnade
après,
à l'extrémité
de la droite,
instant
se fit en-
l'aque
avait déjà débor-
tendre
des ennemis
vant-garde
du maréchal Davoust
dée; mais la rencontre
les arrêta tout court,
et l'action s'engagea.
Soult
s'ébranle
au même moment,
se
sur les hauteurs
dirige
divisions
de Pratzen
avec les
et Saint-Hilaire,
et
des
la
entièrement
alliés,
gauche
coupe
incerdont tous les mouvemensdevinrent
Vandamme
tains. Surprise
une
par
marche
de flanc ,
atta; se croyant
reelle
se
attaquée,
pendant
fuyait
qu'elle
quante et se voyant
garde comme à demi-vaincue.
Murat
s'avance
avec
sa cavalerie;
la
Lancommandée
de
l'armée
,
par
gauche
en échelons
nes, marche
par régiment,
une canonnade
comme à l'exercice,
épou21
MÉMOIRES
242
vantable
tonne
300 bouches
la ligne, plus de
à feu et 200,000
combattans
sur toute
un bruit affreux. On se battait à peine
la
toute
une
de
heure,
gauche
que
depuis
sa droite se
ennemie était coupée;
l'armée
font
déjà à Austerlitz
(petite
Moravie
entre Vienne
et Brünn)
le quartier-général
des empereurs
trouvait
ville
de
où était
d'Autri-
che et de Russie, qui durent faire marcher
la
tâcher
russe
garde
pour
sur-le-champ
du centre
de rétablir
la communication
avec la gauche.
Napoléon
s'aperçut
: il ordonna
au maréchal
mouvement
de ce
Bes-
de se porter
au secours de sa droite,
en
et bientôt
les deux gardes impériales
aux mains.
vinrent
sières
Le succès ne pouvait
tôt la garde russe est
être douteux
en
déroute
; bien; colo-
tout
étendards,
du grand-duc
nels, officiers,
artillerie,
fut enlevé.
Le régiment
le prince
Constantin
en pièces,
fut taillé
lui-même
ne dut son salut qu'à la vitesse
de son cheval.
Des hauteurs
d'Austerlitz,
les deux empe-
DE NAPOLÉON.
245
reurs virent la défaite de toute la garde russe.
Au même moment,
le centre
de l'armée
commandé
s'afrançaise,
par Bernadotte,
de très-belles
de
vança et soutint
charges
cavalerie.
Lannes,
La gauche,
sous les ordres
de
donna
encore
avec plus de vi-
gueur ; alors
tous nos mouvemens
se liant
la victoire
fut décidée.
parfaitement,
La canonnade
ne se soutenait
plus
notre droite
; les corps
ennemis
qu'à
aux ordres
de Buxhoëwden,
contraints
qui avaient été cernés et
d'abandonner
toutes les hau-
teurs , se trouvaient
dans
un
bas-fond,
avec
acculés à un lac; Napoléon
s'y porta
une forte batterie.
Ces corps furent
écraseset chassés de position
en position
: on
vit alors un spectacle
horrible;
20,000
hommes et un parc de 50 pièces de canon
attelées voulaient,
queur, traverser
au vain-
pour échapper
les lacs sur la glace qui,
poids énorme, s'entr'ouvre
surchargée d'un
de tous ces infortuet creuse le tombeau
nés. Les Russes
45,000 hommes,
perdirent
20 généraux ;
de
plusieurs
aides-de-camp
MEMOIRES
244
l'empereur
d'officiers
Alexandre
et un grand nombre
de distinction
restèrent
sur le
de bataille.
On prit 150 pièces de
champ
canon , 45 drapeaux,
parmi lesquels figude la garde et les déraient les étendards
de plusieurs
un nombre
conautres;
sidérable de prisonniers
tombèrent
en notre
bris
pouvoir.
La fuite
des Russes vers la Pologne
, fut
si précipitée,
qu'ils laissèrent
derrière
eux
de canons,
de caiscouvertes
les routes
sons , de chariots
des
bourgs
plupart
et de bagages. Dans la
et villages où entrèrent
les Français
détachés
à la poursuite
débris de l'armée
on trouva
ennemie,
des
des
des églises remplies
de blessés
granges,
sans aucuns secours. Le généabandonnés
de faire placer
ral Kutusof
s'était contenté
sur
les portes,
des écriteaux
en
portant
: Je recommande
ces mal-
langue française
à la générosité de l'empereur
Naheureux
de ses braves troupes.
poléon et à l'humanité
DE NAPOLÉON.
BATAILLE
(F)
245
D'IENA.
1806.
L'empereur
ratifier le traité
de
Russie
de paix
refusé
ayant
conclu
de
le 20 juilet ceux
let 1806, par ses plénipotentiaires
de Napoléon,
la Prusse, sûre désormais de
son appui,
à
se
conn'bésita
déclarer
plus
tre la France
, et bientôt ses armées se mirent en mouvement.
De son côté , Napoléon partit de Paris le 25 septembre
, et se
rendit à Bamberg,
centrer ses forces.
où il s'occupa
de con-
et
française fut ainsi disposée,
dut se mettre
en marche
par trois points
différens.
L'armée
La droite
, composée
rochaux Soult et Ney,
de Bavarois,
se. réunit
se porter
sur Hoff;
la réserve de Murat,
dotte, Davoust
des corps
et d'une
des madivision
à Bareuth,
pour
le centre , composé de
des corps
et de la garde
de Bernaimpériale,
21*
346
MÉMOIRES
sur Cornach,
par Bamberg
le 8 à Saalbourg
et de là se
devait arriver
la gauche ,
sur Géra;
par Scbleitz
porter
des corps de Lannes
et Augecomposée
débouchant
devait
reau,
sur Cobourg,
marcher
Graffenthal
L'armée
duc
de
Schweinfurth
et Saalfeld.
sous les ordres
prussienne,
de Brunswick,
renforcée
du
par les troupassa l'Elbe près
et
saxonnes,
hessoises
pes
de Minden;
une partie
occupa Eisnach,
l'autre
se dirigea
en avant de Hall et de
Leipsick.
Cette
armée,
hommes, s'avançait
par son roi.
fière
forte
de 130,000
d'être commandée
En apprenant
de Prusse,
que la reine
l'uniforme
Labillée
en amazone et portant
au
de dragons,
était
de son régiment
lettres
vingt
par
qu'elle
camp,
toutes
exciter
l'incendie
de
parts,
jour pour
on
Berthier
:
«
dit
à
Maréchal,
Napoléon
« nous donne un rendez-vous
d'honneur
écrivait
" pour
» que;
" belle
le 8 ; jamais un Français n'y a manmais comme on dit qu'il y a une
roine
qui veut être témoin
des com-
DE NAPOLEON.
247
et marchons,
sans
" bats, soyons courtois,
" nous coucher,
sur la Saxe. »
L'armée
ses moufrançaise
commença
se
la
sur
et
porta
gauche
vemens
était concentré
nemi, celui-ci
de l'enentre
la
Saale qui se jette dans l'Elbe , et la Verra
qui se perd dans la Fulde ; sa droite
s'apet sa gauche
s'étendait
puyait à Eisnach,
Weimar
depuis
couronuent
le
Iéna.
Le
L'ennemi
Saalbourg
centre
avait
jusque
pays
était
fortifié
et Hoff;
sur les hauteurs
entre
qui
ville et
cette
à Gotha
et Erfurt.
Schleitz,
Saalfeld,
de nombreux
avanttoute
sa ligne
; les bois
postes protégeaient
de la Thuringe
et les montagnes
qui bordent d'un côté les frontières
de la Saxe,
couvraient tout son front,
et rendaient
sa
position
formidable.
elle
Cependant
ne laissait
qu'elle
était
mauvaise,
parce
pas assezd'étendue
à la gauche de l'armée prusfut en partie
sienne; cette circonstance
cause de sa défaite.
eut quitté Bamberg
,
Lorsque Napoléon
les hostilités
commencèrent
; Soult s'em-
MEMOIRES
248
ainsi
le
9
octobre,
que de
Hoff
para
tous les magasins; il fit aussi des prisonniers ; Murat traversa la Saale à Saalbourg,
de
un régiment
prussien
à
son
voulait
passage. Napoqui
s'opposer
léon fait enlever par le corps de Bernachassant
lui
devant
dotte le village de Schleitz,
que 6,000 Prussiens et 5,000 Saxons essaient en vain de
veut les pourdéfendre ; le général Watier
mais il prend mal ses mesures;
il
suivre,
est attaqué et repoussé sur l'infanterie,
qui
le sauve, arrête l'ennemi,
et donne le temps
au général Lasalle de le charger avec avande
tage,
lui
300 hommes
et 400
prendre
Auma est occupé par Bernadotte,
chevaux;
Murat s'avance sur Géra ; Lasalle culbute
des bagages ennemis
et enlève
Lannes est à Co500 caissons ou voitures.
l'escorte
la division
à Saal-
Suchet
bourg;
attaque
feld le corps aux ordres du prince Louis de
l'a
Prusse, parent du roi ; notre infanterie
bientôt
dans
leur
culbuté
les bois;
côté,
dans un marais
les
chargent
hussards
si
ou dispersé
de
français,
impétueusement,
DE
249
NAPOLEON.
ennemie fuit en désordre.
que la cavalerie
En vain le prince veut rallier ses troupes;
il exatteint lui-même
d'un coup mortel,
pire au champ d'honneur.
et 50
niers, 600 morts
couronnèrent
Ces deux
cette
pièces
Prisonde canon
journée.
portent
la consterna-
Napoléon
la
précipite
le
favorisé
par
combats
tion chez l'ennemi.
1,000
marche de ses troupes,
et,
de
temps, il s'empare des magasins
l'armée
prussienne , la tourne entièrement,
et, par
cette savante
tous
déconcerte
manoeuvre,
les plans de Brunswick
et de ses généraux.
Le 13 octobre,
à deux heures après midi,
Napoléon arriva à léna. Du haut d'un plateau
il aperson avant-garde,
qu'occupait
de l'ennemi,
çut les dispositions
qui paraissait manoeuvrer
le lenpour attaquer
les divers débouchés
demain, et franchir
de la Saale. Les Prussiens
défendaient,
Avec des forces
et par une poimposantes
sition
d'Iéna
à
la
chaussée
inexpugnable,
Weimar,
Français
et semblaient
ne pourraient
penser
descendre
que les'
clans la
MÉMOHIES
250
plaine
sans avoir
ouvert
ce passage. Il ne
en effet, de faire
pas possible,
paraissait
l'artillerie
d'ailmonter
sur le plateau,
qui
On fit travailler
leurs était peu spacieux.
toute
la nuit
l'on
enfin
parvint
sur la hauteur.
La
et
dans le roc,
l'artillerie
à conduire
à un chemin
point
cavalerie,
qui n'était
encore réunie
à l'armée , ne pouvait
arriver qu'à midi,
de la garde
et la cavalerie
était à 36 heures de distance.
Ces considégrosse
rations
n'arrêtèrent
ranger
en bataillons,
pas Napoléon.
sur le plateau
et vis-à-vis
Il
fit
qu'oc-
duquel
cupait l'avant-garde,
l'ennemi
était en position,
tout le corps
du maréchal
et la garde à pied,
Lannes,
biet
sous les ordres du maréchal
Lefèvre
,
d'eux.
vouaqua au milieu
La nuit
du
13 au
offrit
14 octobre
le
dont
armées,
grandes
six
sur
front
son
déployait
de deux
spectacle
la première
lieues
concentrait
petit
la
tandis
,
que
ses masses apparentes
d'étendue
point.
Des deux côtés tout
seconde
, sur un
était plein
DE NAPOLÉON.
et de mouvement.
d'activité
l'une
251
et de l'autre
Les feux
armée
étaient
de
à une
de canon;
les sentinelles
se
demi-portée
touchaient presque , et il ne se faisait pas
une
une ronde,
pas
patrouille,
qu'elles ne
fussent entendues
Toute
notre
des deux
armée
prit
; un brouillard
grand matin
cissait le jour. Napoléon
lignes pour recommander
se tenir
en garde
contre
prussienne,
qu'on peignait
doutable. Il les fit souvenir
côtés.
les armes
de
épais obscurpassa devant ses
aux
cette
soldats
de
cavalerie
comme
si re-
qu'il y avait un
an, à la même époque , ils avaient
pris
Ulm ; que l'armée prussienne,
à son tour,
était cernée , et avait perdu sa ligne d'oet ses magasins
pération
battait plus en ce moment
mais pour
faire une
ne se
; qu'elle
la
pour
gloire ,
sa retraite
à
; qu'elle cherchait
trouée sur différens
Il
points.
la
laisseajouta que les corps d'armée
qui
raient passer , seraient
d'honneur
perdus
et de
A
ce discours animé,
le
réputation.
MÉMOIRES
252
soldat
répondit
par des cris de vive
l'empe-
reur.
Les
tirailleurs
devint
fusillade
l'action
; la
engagèrent
vive ; quelque
confiance
eût en sa position
, il en fut
fran; et l'armée
promptement
l'ennemi
que
débusqué
s'avançant
à prendre
çaise,
la plaine,
comson ordre de bataille.
dans
mença
le gros de l'armée
De son côté,
prussienne,
qui n'avait eu le projet d'attaquer
le brouillard
serait dissipe,
que lorsque
les armes.
prit
mille
Un
corps
avait
sen , mais Napoléon
sein par un mouvement
réchal.
cinquante
marcha pour
de la gauche
les défilés des débouchés
hommes
couvrir
de
Davoust.
Les
de Koc-
prévenu
ordonné
deux
autres
ce desau macorps
mille
de
quatre-vingt,
prussiens, composés
en avant de l'année
hommes, se portèrent
du plateau d'Iéna.
française qui débouchait
et l'autre
Le brouillard
couvrit
l'une
armée
enfin
deux heures ; il s'évanouit
pendant
beau soleil
aux rayons d'un
d'au-
DE NAPOLÉON.
285
tomne ; les Français et les Prussiens étaient
en présence à la portée du canon; L'ennemi déployait une belle cavalerie;
ses
mouvemens étaient exécutés avec assez de
si
les
soldats
précision et de rapidité;
mais
étaient braves, il leur manquait un habile
général.
eût désiré laisser passer quelavant
d'en
venir
sérieusement
quesheures
auxmains, afin d'attendre, dans la position
qu'il venait de prendre après l'attaque du
matin, les troupes qui devaient le joindre,
Napoléon
et surtout sa cavalerie,
mais l'ardeur frans'éçaisel'emporta ; plusieurs bataillons
tant engagés au village de Hollsted , on vit
l'ennemi s'ébranler
pour les déposter. Le
maréchal Lannes reçut ordre de marcher
en échelons pour soutenir le village. Le
maréchal Soult-avait
attaqué un bois sur
droite
; l'énnemi ayant fait un mouvela
ment de sa droite sur notre gauche,
le
maréchal Augereau fut chargé de le repousser. En moins
d'une
heure,
l'actione
254
MÉMOIRES
:
avec
200,000
générale
hommes,
700 pièces de canon , semaient partout
la
devint
mort.
Le maréchal
Soult
qu'il attaquait
depuis
en avant.
mouvement
ayant
deux
enlevé
le bois
heures
, fit un
instant
Dans
cet
on prévint
de
que la division
l'empereur
de sa réserve commençait
cavalerie
à se
divisions
du
que deux nouvelles
placer,
corps
de Ney
étaient
sur
déjà en arrière
toutes
Il fit avancer
le champ de bataille.
les troupes
qui étaient en réserve sur la
se
trouvant
ainsi appuyée,
ligne;
première
en un clin-d'oeil
elle culbuta
l'ennemi
et
le força
à la retraite.
Elle
se fit
en ordre
pendant
affreuse
une
une heure;
mais elle devint
déroute
où nos divi, du moment
de dragons et de cuirassiers
purent
l'affaire
ils
se
à
;
précipitèrent
prendre
part
des
ennemis.
ils
où
partout
aperçurent
sions
I
Cavalerie
tirent
soutenir
enfanterie
ne
prussiennes
en vain cette
choc;
et l'infanterie
leur
se forma
en bataillons
carrés,
DE
5 de ces bataillons
lerie , infanterie
comba.
255
NAPOLÉON.
furent
enfoncés:
, cavalerie
artil-
, tout
suc-
à Weimar
en
Les Français arrivèrent
même temps que les Prussiens, qui furent
ainsi poursuivis pendant l'espace de six
lieues. A notre
Davoust faisait des
droite,
mais
il
non-seulement
;
contint,
prodiges
il mena battant pendant plus de trois lieues
le gros des troupes ennemies qui devait
déboucher du
côté de Koësen
lui
,
tua
12,000 hommes, lui enleva 3000 prisonniers , plusieurs drapeaux et 100 pièces de
canon.
La perte de l'ennemi eût été plus grande
sur ce point, si le maréchal Bernadotte se
fût conformé
avait
qu'il
sur
en
arrivant
Apolreçues,
par Ornburg
da,pour seconder Davoust ; la perte totale
desPrussiens en dépendait peut-être.
Ceaux instructions
les
Bernadotte
sur
pendant l'apparition
de
à
la
du
de
du
droite
soir
trois heures
champ
à
une
d'Iéna
retraite
,
contraignit
bataille
. MEMOIRES
366
subite
le vieux
feld-maréchal
Mollendorf
encore à la droite
qui cherchait à résister
et au centre de notre armée. Dès-lors, la
victoire fut complète;
les Français n'eurent plus qu'à poursuivre les vaincus.
Soixante drapeaux, 300 pièces de canon,
dont trente généraux,
40,000 prisonniers,
25,000 morts ou blessés, des magasins de
subsistances et des équipages immenses,
furent
les fruits de cette fameuse journée.
Murat, de son côté, marcha avec sa cavalerie sur Erfurt,
et fit capituler les troupes qui s'y étaient réfugiées. Cent vingt
pièces dé canon tombèrent en son pouvoir.
Napoléon entra dans Weimar , et logea
dans le palais que peu de temps auparavant
la reine de Prusse avait occupé. Elle fuyait
alors devant ceux dont elle espérait contempler la défaite. Soult pensa la prendre
avec le roi au combat de Greusen, où il
battit, la colonne de Kalkreuth.
A la suite de ce combat, le général Kalkreuth se retira
précipitamment
sur Mag-
DE
NAPOLÉON.
de près,
et lui
50 pièces d'artille-
le suivit
Soult
debourg;
enleva 1200 hommes,
rie , et plus de deux
debourg
ralliement
avait
357
cents
été donné
à l'armée
caissons.
comme
prussienne
la renforcer.
devaient
troupes qui
de réserve,
aux ordres
y accouraient
Les divisions
et
aux
Un corps
du prince
Eugène
se dirigeait
à marches
de Wurtemberg,
forcées sur
Magde
point
colonnes
; d'autres
de la Prusse.
de l'intérieur
cette
ville
de Soult
les murs
se présentent
sous
raune
telle
avec
,
de cette place
ennemis
différens
n'ont
pidité , que
corps
asile.
trouver
un
le
même
temps d'y
pas
la division
par
vigoureusement
de
retrandans
une
Legrand ,
espèce
camp
armes
la
les
ville
fut
ils
bas
mirent
,
ché,
aussitôt investie ; mais la faiblesse de l'imAttaqués
cordon
donna
former
fallut
qu'il
mense
,
la faculté au roi d'en sortir,
se
retirer
pour
derrière l'Oder.
ce temps,
BerPendant
nadotte attaquait
dans Hall une. réserve de
23,000
hommes.
Après
un
combat
22*
assez
MEMOIRES
258
28
5000
,
pièces
prisonniers,
opiniâtre
et deux drapeaux
d'artillerie
, ainsi que la
du géau pouvoir
ville d'Hall,
tombèrent
néral français.
se porta sur Dessau,
de
le prince
mais il ne put y atteindre
la
des
marche
retarda
,
qui
Wurtemberg
le pont.
en brûlant
Trois
Français
jours
Le maréchal
Lannes
ce maréchal
après,
cependant,
en même
Postdam,
temps
Les
dans Berlin.
pénétrait
suivirent
des
entra
dans
que Davoust
autres
corps
et par
différentes,
concentrés
, ils ramas-
routes
leurs
mouvemens
sèrent
plusieurs
débris
de l'armée
prus-
sienne.
accourut
à Postdam, pour conNapoléon
le modeste cercueil
templer
qui renferme
les dépouilles
du grand Frédéric.
Là, saisissant avec enthousiasme
la
cein,
l'épée
ture elle cordon
de l'aigle noir que portait
ce monarque
: " J'aime
mieux
cela que
" vingt
ferai
millions
, s'écria-t-il,
j'en
» présent
au gouverneur
des invalides,
qui
"
mémoles gardera comme un témoignage
DE NAPOLÉON.
» rable
259
des victoires
» de la vengeance
de la grande-armée
,
qu'elle atirée des désastres
de Napoléon
en avant , Berna-
l'entrée
" de Rosbach. » Après
à Berlin, l'armée se porta
se
dotte quitta le Brandebourg
pour
porter sur Orangebourg
où Murat avait déjà
marché contre Blücher
Ce
et Hohenlohe.
les deux
mouvement
coutraignit
généraux
ennemis à se jeter dans le Mecklembourg.
Le général Lasalle atteignit
les Prussiens
à.
Zednik, les culbuta, leur prit 300 hommes
et l'étendart
du régiment
de la reine,
brodé par la main de cette princesse. Pendant ce temps,
Mural s'avançait
Le général
plin et Prentzlow.
sur TamMilhaud
allait être tourdétaché vers Boitzemburg,
né à Vignunsdorf
le
des
grenapar
corps
sur
fondit
diers du roi,
lorsque Grouchy
cents prileur fit cinq
eux, les renversa,
sonniers , et leur enleva quatre étendards.
Bientôt Hohenlohe,
qui a voulu résister
est
de
obligé
16,000
àPrentzlow,
capituler.
de
tous
l'exd'infanterie,
hommes
presque
garde royale
d'élite,
6 régimens
de cava-
,
260
MÉMOIRES
45 drapeaux et 60 canons attelés
lerie,
sont les trophées de ce combat. Le lendemain , 6,000 hommes du même corps se
rendent à quelques régimens de dragons
et de chasseurs, tandis que Lasalle se présente devant Stettin,
avec sa division de
cavalerie légère, et somme le gouverneur
d'ouvrir ses portes ; celui-ci
obéit lâchement et se rend prisonnier
avec 6,000
hommes et 60 pièces de canon qui défendaient la forteresse.
Blücher avait échappé, par un mensonge
au général
indigne d'un brave militaire,
d'un
Klein, à Weissensée , sous prétexte
faux armistice,
et il fuyait avec 6,000
hommes
à Rostoch;
pour s'embarquer
renforcé par la colonne du prince de Weimar du côté de Wahren,
Blücher
cherchait à gagner la Baltique ; mais se trouvant coupé de Stralsund,
et poursuivi sur
tous les points par notre cavalerie et le
corps de Bernadotte, il se jette sur Schwerin, après avoir perdu 4,000 hommes. Atteint à Schwerin,
il résiste assez de temps
DE NAPOLÉON.
261
sa
couvrir
retraite
sur
Lubeck.
Un
pour
sérieux
sa
entre
cavalerie et
engagement
donne le temps
la nôtre, près Weimar,
dans cette
aux Suédois qui se trouvent
de
se
dans
des
embarcations
jeter
place,
de
Bientôt
l'infanterie
et de s'éloigner.
Blücher est attaquée dans Lubeck, et tente
de résister ; mais les redoutes qui en défendent les portes sont enlevées à la baïonnette , et les Français pénètrent dans cette
ville , dont les rues deviennent le théâtre
d'un combat acharné. En vain les Prussiens veulent fuir par plusieurs issues ; l'avant-garde de Soult se présente devant eux ;
épouvantés, ils se jettent dans les bastions
et se rendent ensuite à discrétion.
asile
sur
avait
cherché
un
Blücher, qui
du Danemarck,
avec sa cavalerie , est atteint par la division Drouet,
et capitule à Schewartau.
chePlus de 20,000 prisonniers,
4,000
les frontières
vaux , un grand nombre de morts et de
derniers
de
et
les
canon
blessés, 100 pièces
la
sur
trouvaient
se
drapeaux prussiens qui
MEMOIRES
269
la
couronnèrent
gauche de l'Oder,
et de Schewartau.
prise de Lubeck
Custrin avait capitulé pendant la marche
rive
de notre
armée
mes renfermés
rais rendent
sur
Lubeck;
dans des murs
inattaquables,
sur les remparts
d'artillerie
dus à la première
çais, dès-lors,
de l'Oder ; dans le même
raux,
et forçait
800 officiers
drapeaux,
sidérable
l'illustre
Une
ayant 90 pièces
, s'étaient renLes Fran-
sommation.
étaient
bardait
4,000 hommades
que
du cours
maîtres
temps , Ney bom:
20
généMagdebourg
59
et 20,000 soldats,
800 canons
tombèrent
et un matériel
entre
les
conde
mains
maréchal.
autre
division
formait
l'investisse-
avec
des places de la Silésie. Mortier,
le corps d'armée gallo-batave,
soumettait
les troupes de cet élecHesse et licenciait
ment
torat.
Le
les autorités
ou
Hanovre,
avaient été rétablies
an-
les
troupes
par
étaient
parprussiennes,
et la Westphalie,
courus en tous sens pour faire mettre bas
glaises
les armes aux débris
de l'armée
prussienne,
DE NAPOLÉON.
263
un
cherché
avaient
dans ces
refuge
qui
contrées. 1,000 Hommes,
aux ordres
du
étaient
renfermés
dans
général Lecocq,
Hameln; sa cavalerie,
qui tenait
hors de cette place, est culbutée
lage de Grosse-Barckel,
épouvante dans Hameln
ennemis
ouvrent
leurs
les
de-
au
vil-""
et porte une telle
que les généraux
au général
portes
Savary, aide-de-camp
de l'empereur,
qui,
battu les détachemens
suédois
après avoir
à Rostoch,
avait
été envoyé pour sommer
Hameln : Riemburg
et Bremen
suivirent
bientôt cet exemple,
et 3,000 hommes
mentèrent le nombre
des prisonniers
nous avions déjà faits.
Tous les ports des villes
des rivières
l'embouchure
tombaient
continuaient
entraves
que
et
Anséatiques
de l'Allemagne
au pouvoir
des
à mettre
ainsi
successivement
Français, qui
de nouvelles
aug-
au
commerce
de
l'Angleterre.
Enfin, le roi de Prusse, réduit aux abois,
du
comme
vainqueur,
implora la générosité
l'avaient fait un an auparavaut
les empereurs
MÉMOIRES
264
de Russie
accorda
dessein
et d'Autriche
une suspension
de faciliter
les
lui
; et Napoléon
dans le
d'armes,
négociations
de la
mais
désiraient;
paix,
que l'un et l'autre
les intrigues
du gouvernement
anglais, et
la dépendance
dans laquelle.
FrédéricGuillaume
s'était
placé
Russie,
empêchèrent
des voeux de l'empereur
la fin de la guerre.
BATAILLE
(H)
par
rapport
à la
l'accomplissement
des Français pour
D'EYLAU.
1807.
Les
tard,
marcha
Russes
s'avançant , quoiqu'un
peu
au secours des Prussiens,
Napoléon
à' leur
rencontre
afin
à la fin de 1806,
desseins ; et toute
de prévenir
leurs
son armée,
animée par sa présence,
vança rapidement
sur Varsovie,
la Pologne,
située sur la rive
Vistule.
Il
établit
son
s'a-
capitale de
droite de la
quartier-général
à
Posen, autre ville de Polognesur
la Warta,
d'un temple à Pad'où il décréta l'érection
ris,
en l'honneur
de la grande-armée.
DE NAPOLÉON.
365
la cavalerie
de Murat
De Varsovie,
et
marchent
en avant,
le corps de Davoust
du pont sur la Vistule
ne
la destruction
le fleuve est franchi,
les
et
arrêter;
peut
Davoust établit
Praga est en leur pouvoir.
en avant de ce fauson quartier-général
les
bords
Murat
s'arrête
sur
du Bug,
bourg;
à sa gauche ; Ney passe la Vistule à Thorn,
dont il s'empare aussitôt, pousse son avantses
et
avantsur
y
place
Sharburg
garde
un
mis
en
déroute
avoir
,
parti
postes après
le
de
force
vive
,
Bug
passé
sur la
sur cette rivière,
et prend position
de la Wkra.
Narew et à l'embouchure
russe. Davoust
ordonne
Napoléon arrive,
ennemis
retranchemens
d'enlever
à Czarnowo
les
sur la
Warta ; 15,000 hommes les défendent
; ils
leur salut dans
sont culbutés , et cherchent
là fuite, en abandonnant
6 pièces de cabat le général
non. Ney,
de son côté,
BesTolstoi entre Gurzo et Lautenburg.
du général Lestocq à Biesières triomphe
Curde
Lemarois
et
s'emparent
zun; Rapp
pendant
somb, sous le feu de l'ennemi,
23
266
MEMOIRES
que d'Alhmann renverse les Russes dans la:
Sonna. Bernadotte, Ney, Bessières se portent de Biezun sur Grodno; Soult sur Chiechanow ; Augereau sur Golymin ; Davoust
entre Golymin et Pulstusk, et Lannes sur
cette dernière ville.
Ney engage un combat avec l'ennemi,
concentré à Dzioldow et Mlava et lui prend
six pièces de canon, des drapeaux et des
Le
même
jour, Lannes fond
prisonniers.
sur un corps entier d'ennemis retranché
dans Pulstusk : après une belle défense,
les Russes se retirent sur Ostrolenka. Pendant ce temps, Davoust,
Augereau et
Murat attaquaient à Golymin d'autres corps
d'armée qui se battirent avec opiniâtreté,
dans la
mais qui hâtèrent leur retraite,
crainte d'être coupés par Soult, quoique
ce maréchal se pressât peu d'avancer sur
sous prétexte que les chemins
Makow,
étaient difficiles.
Ces divers mouvemens
et combats, hacoûtèbilement ordonnés par Napoléon,
rent aux Russes 80 pièces d'artillerie,
DE NAPOLÉON.
367
tous
leurs caissons, 1,200 voitures
presque
et 12,000 hommes tués, blessés ou faits
prisonniers.
Des pluies abondantes et un fort dégel
arrêtèrent les succès et la marche de l'armée française,
qui se vit obligée de prendre du repos dans ses positions,
jusqu'auretour du froid. Tandis que Napoléon prenait momentanément
ses cantonnemens,
son frère Jérôme et le général Vandamme
à capituler
forçaient
Breslau,
Glogau,
le prince
Plassenburg, Brieg ; battaient
d'Anhalt-Pleits
et se rendaient
toute la Silésie.
maîtres
de
L'armée française se remit en mouvement
le 1er février 1807 et livra plusieurs combats , où les Russes perdirent
beaucoup
et de drapeaux. Le
d'hommes, d'artillerie
1, elle rencontra à Eylau, ville de la Prusse
occidentale, toutes les forces de l'ennemi,
la
à
un
de
qui,
position
quart
occupant
lieue de cette ville , défend la plaine. Le
maréchal Soult reçut l'ordre de faire enlever ce plateau. Il n'y envoya que 2 réde
toutefois
l'ennemi
ligne,
gimens
fut vi-
268
MÉMOIRES
attaque'. Mais au même moment,
une colonne de cavalerie russe chargea à
de la gauche de l'un de ces 2
l'extrémité
la
la
en
désordre
et
moitié
mit
régimens,
de nos soldats hors de combat. Bientôt les
dragons de la division Klein , les cuirassiers de d'Hautpoult
et plusieurs autres régimens de cavalerie et d'infanterie fondent
vement
sur les Russes, les chassent, les dispersent,
d'un certain
de la position,
s'emparent
nombre de canons et de prisonniers.
La division Legrand
ses
bivouacs
prit
au-devant de la ville, la division Saint-HiAula
maréchal
droite
le
du
;
laire à
corps
de
se
le
sur
la
corps
gereau
plaça
gauche;
Davoust marchait pour déborder Eylau et
tomber sur les flancs de l'ennemi : si celuici ne changeait pas de position, Ney était
en marche pour le dépasser sur son flanc
droit. La cavalerie aux ordres de Murat,
se trouvait
en arrière de tous les corps.
C'est dans cet état que l'armée passala nuit.
biétait
au
milieu
de
sa
Napoléon
garde,
vouaquée sur le plateau.
Le 8, à la pointe du jour, l'ennemi com-
DE NAPOLÉON.
269
par une vive canonnade
mença l'attaque
contre la ville et la division. Saint-Hilaire.
le
avec
avança
Napoléon
corps d'Augereau
et fit canonner
le monticule
par 40 pièces
d'artillerie.
colonnes
L'armée
ennemie,
rangée
reçut tous les boulets
serrées,
dans sesmasses,
les obus
et il parut
en
et
un mo-
à
ses
ment,
mouvemens,
qu'impatientée
de tant
elle voulait
déborder
souffrir,
mais les tirailleurs
notre gauche;
réchal Davoust
arrivèrent
bientôt
derrières;
déboucha
le corps
en même
Davoust;
la
ma-
du
sur
ses
du maréchal
Augereau
en colonne pour
temps
seporter sur le centre de l'ennemi;
il parvenait ainsi à partager
son attention
, et
de
le
de
marcher
sur
corps
l'empêchait
division
Saint-Hilaire
sur la droite;
Augereau
devaient manoeuvrer
pour
voust.
rent-ils
A
peine
parut
et Saint-Hilaire
se réunir
à Da-
fuse
épaisse cou-
ces deux généraux
montrés,
qu'une neige
vrit les deux armées et les empêcha
voir.
23*
de se
MÉMOIRES
270
Cette
obscurité,
dura
demiune
qui
le point de direction au
heure , fit perdre
à
maréchal
,
qui obliqua trop
Augereau
s'en
Heureusement,
gauche.
Napoléon
le
ciel
au
moment
où
s'éclaircit;
aperçut
il ordonna à Murat et à Bessières de touret de se jeter
sur les Russes, manoeuvre audacieuse, mais
où se
nécessaire dans les circonstances
ner la division
trouvaient
Saint-Hilaire
nos colonnes.
La cavalerie
en-
nemie voulut
s'opposer à ce mouvement,
elle fut culbutée : on vit alors un effort ter-
rible ; deux lignes d'infanterie
russe furent
traversées plusieurs fois et rompues; une
troisième ne résista qu'en s'adossant à un
bois.
Cependant,
fut immense
si le désastre
de l'ennemi
dans cette
notre
journée,
300 bouches
perte fut aussi considérable.
à feu ne cessèrent de vomir la mort pendant 12 heures. La victoire,
long-temps
la
faute d'Augercau,
incertaine,
par
enfin décidée, lorsque le maréchal
fut
Da-
DE
NAPOLEON.
271
voust déboucha
sur le pla'e-m,
déqu'il
et
Si Bernadotte, fût arrivé
borda l'ennemi.
assezà temps pour prendre part à l'action,
c'en était fait des Russes.
L'ennemi,
étroitement
et Davoust,
et craignant
serré entre Ney
de voir son ar-
à huit
rière-garde
compromise , résolut,
heures du soir, de reprendre
le village de
Schanaditten,
occupé par un de nos régimens. Plusieurs
bataillons
de grenadiers
russes, les seuls qui n'eussent pas donné,
se présentèrent
enlever
ce
village;
pour
ils furent mis en pleine déroute et vive-
ment poursuivis.
Le lendemain,
on marcha jusqu'à la rivière de Frichling,
sur les traces de l'ennemi , qui fut obligé , en raison des mouvemens de l'armée française, de se retirer
au-delà de la Prégel,
rivière qui coule de
vers le golfe de Dantla Prusse orientale,
zick. Il laissa le champ de bataille d'Eylau
jonché de morts, perdit 12,000 prisonniers, 18 drapeaux,
de
de
50
pièces
plus
MÉMOIRES
272
et se
des équipages en proportion,
de
revers
suite
ce
sanglant,
trouva,
par
Cet
rejeté à plus de 40 lieues de la Vistule.
de
événement
jours
quelques
repos
procura
canon,
réqui firent un mouvement
une
attendre
saison
faplus
pour
Un dégel avait rendu les chemins
à nos troupes,
trograde
vorable.
il
devenait
épouvantables;
en avant ; et,
marcher
bataille d'Eylau,
l'armée
dix
impossible
de
jours
après la
se disposa à pren-
dre ses quartiers
d'hiver.
Pendant ce temps, le maréchal
Lefebvre
Mortier
; le maréchal
assiégeait Dantzick
était établi dans la Poméranie,
et menaet Van; Jérôme Napoléon
çait Stralsund
damme
la Silésie.
Ces corps,
en
occupaient
la grande-armée,
à la
appuyant
ajoutaient
force des positions
prises par Napoléon.
les généraux
ennemis qui se
Cependant
faisaient
illusion
prendre
que l'état
empêché
taquèrent
Suchet,
et ne voulaient
des chemins
pas comavait seul
de
les
poursuivre,
Napoléon
les divisions
Gazan, Oudinot
qui formaient
le corps
atet
de Lannes,
275
DE NAPOLÉON
à Ostrolenka
; mais
ils furent
plusieurs
drapeanx
perdirent
d'hommes.
lerie et beaucoup
Savary,
commandant
repoussés
l'artilde
,
Le
en l'absence
réchal, déploya dans cette affaire
de talent militaire.
Le beau temps
dit et nous procura
: Dantzick
revint
des vivres
et
général
du ma-
beaucoup
se ren-
en abondance.
de la Passe rapprochèrent
rivière
sarge, petite
dont nous occupions
Plusieurs
combats
la rive droite.
qui fu-
Les Russes
10
firent
beaujuin,
jusqu'au
à
l'armée
d'honneur
française,
qui
coup
rent livrés
s'avança par différentes
directions
sur Heils12
ville
à
lieues
de
Koesituée
berg,
sud
où
forces
de
l'ennemi
s'éles
nigsberg,
dans un camp dont il avait
taient réunies,
rendu la position inexpugnable,
par des retranchemens
et une artillerie
nombreuse,
dont l'établissement
lui avait coûté 4 mois
de travail.
trèsDans la soirée du 10, on s'approcha
près des Russes; nos troupes légères insultèrent même
les ouvrages
avancés ; mais,
274
MÉMOIRES
sans doute par cette audace dés
Français , et les manoeuvres préliminaires
de Napoléon,
qui le débordaient
déjà,
l'ennemi comprenant que les Français voulaient lui faire accepter une bataille qu'il
intimidé
voulait
éviter,
ou le resserrer
dans sa for-
midable
se retira prudemment
position,
dans la nuit, et passa sur la rive droite de
l'Alle.
On trouva dans Heilsberg de grands mavivres
et
un
nombre
considérable
gasins de
de blessés et de malades russes.
Les pertes de l'ennemi,
depuis le 5 juin
jusqu'au 12 au matin, furent évaluées à environ 30,000 hommes, tant tués que blesses ou prisonniers : on lui avait pris un certain nombre de drapeaux et de pièces d'artillerie.
Le 12 juin, l'empereur,
les
rapd'après
ports qu'il avait reçus des différens corps
d'armée , porta son quartier-général
à Eylau. Il remit sur-le-champ
ses troupes en
et
donna
ordre
à
Soult
marche,
Murat,
Davoust
de manoeuvrer
sur Koenigsberg
275
DE NAPOLÉON.
à
se
la
retraite
l'ennemi;
et,
pour couper
des corps de Ney, Lannes,
à
la
tête
plaçant
la
il
continua
et
de
Victor
garde,
Mortier,
ville située à 10
às'avancer sur Friedland,
lieuessud-est de Koenigsberg. Koenigsberg
estbâtie sur la Prégel, près de la mer, au
nord de Varsovie.
(1)
BATAILLE
DE FRIEDLAND.
1807.
Le 14, l'ennemi déboucha sur
Friedland à 3 heures du matin.
de canon se firent entendre :
dit
de
bonheur,
Napoléon,
jour
niversaire de Marengo. »
le pont de
Des coups
« C'est un
c'est l'an-
furent engagés les
Lannes et Mortier
les
di:
soutenus
ils
étaient
par
premiers
visions de dragons de Grouchy, et par les
cuirassiers de Nansouty. Différens mouveeurent
l'enactions
lieu;
différences
mens,
nemi fut contenu et ne put dépasser le viln'avait
de
Postheneni.
qu'il
Croyant
lage
l'inforces
lui
devant
pas
de grandes
pour
276
MÉMOIRES
quiéter sérieusement,
tinua sa marche pour
le général russe confiler sur Koenisberg.
A 5 heures
du soir, les divers corps d'armée étaient à leur place : à la droite, Ney;
au centre, Lannes ; à la gauche,
Mortier;
à la réserve, la garde et Victor.
La cavalerie de Grouchy
la gauche ; les
appuyait
dragons
réserve
de Latour-Maubourg
la droite
derrière
houssaye et les cuirassiers
taille derrière
le centre.
étaient
, ceux
saxons
en
de Laen ba-
L'ennemi
toutes ses forces,
développa
sa gauche à Friedland,
et proappuyant
sa droite
à plus d'une
longeant
grande
lieue sur les villages
de Mulein
et de
Deun.
la
reconnut
Napoléon
sur-le-champ
position, et résolut d'enlever la ville de Friedland, en exécutant soudain un changement
de front.
La droite se porterait
en avant,
et l'attaque
commencerait
l'extrépar
mité
de cette
pivoterait
l'ennemi.
aile, pendant que la gauche
à
ce mouvement
et résisterait
DE NAPOLÉON.
A 5 heures
et demie,
277
s'ébranla
Ney
avec
son audace
salves
accoutumée;
quelques
d'une batterie
de 20 pièces furent le signal
du combat.
Au même moment,
la division
Marchand
sur le clocher
prit sa direction
de la ville,
et avança,
l'arme
au bras,
contre les Russes; celle de Buisson la soutenait sur la gauche. Lorsque l'ennemi
s'ales
avait
bois
où
sa
que
Ney
quitté
perçut
en position,
il la fit
droite, était d'abord
déborder par de la cavalerie
et une multitude de cosaques : la division
de LatourMaubourg se forma au galop sur la droite,
et repoussa la charge.
Victor
eut
loin , en avant
de 30 pièces,
ordre
de
faire
fort
placer
une batterie
de son centre,
gui causa à l'ennemi
de
démonstragrandes pertes. Les différentes
tions des Russes, pour opérer une diveren
sion , furent
inutiles.
Ney marchait
avant de son corps
lonnes d'infanterie
droite ; il
fans l'Alle,
d'armée
; plusieurs
sa
attaquèrent
, à la baïonnette,
nombre d'hommes
ennemie
les repoussa
où un grand
co-
24
278
MÉMOIRES
trouvèrent
la mort.
La gauche de ce maarrivait
réchal
en même temps au ravin
Le général ennemi,
qui entoure
Friedland.
qui avait embusqué dans cet endroit
la garde
à
russe
impériale
pied et à cheval, déboucha avec intrépidité,
et fit une chargé bril-
l'aile gauche
lante, qui ébranla un moment
de Ney;
mais la division
en
réDupont,
serve, marcha au pas de charge sur la garde,
la culbuta, et lui fit éprouver un échec considérable.
de ses réserves
vainement,
et de son centre,
d'autres
corps pour défendre Friedland.
La ville fut prise et ses
rues jonehées
de morts.
L'ennemi
tira
se
commandait
Lannes,
, que
L'effort
trouva
dans
ce
moment.
engagé
de
l'extrémité
l'ennemi
fait
sur
avait
que
Le centre
il
eu
de
succès,
, n'ayant pas
sur
voulut essayer une semblable
tentative
le centre;
mais il fut battu.
notre
droite
Les charges d'infanterie
des Russes ne retardèrent
de nos colonnes,
et de cavalerie
point
que Napoléon
la marche
parcourait
DE NAPOLÉON.
279
et encourageait
: toute la bravoure,
toute
la constance des Russes furent
ils
inutiles;
ne purent rien entamer,
et vinrent
trouver
la mort
sur nos baïonnettes.
Le maréchal
la journée,
Mortier,
qui, pendant toute
la droite
avait maintenu
do
marcha alors en avant, soutenu
l'ennemi,
de la garde, que commanpar les fusiliers
dait le général Savary, et acheva la défaite
des Russes.
Ils perdirent,
dans celte bataille, 20,000 hommes tués ou blessés, laissèrent au pouvoir
des Français
un grand
nombre
de prisonniers,
,
vingt généraux
canon
et
une
,
quatre-vingts
pièces
de
de caissons, de drapeaux,
grande quantité
de bagages.
La cavlerie
russe surtout fit
des pertes immenses.
La retraite
de l'ennemi
représentait
A chaque
la déroute
pas , les
laient
des prisonniers
armes et des bagages.
A la nouvelle
sur le Niémen,
la plus
compléte.
recueil-
vainqueurs
caissons
des
,
de la victoire,
, des
Koenigs-
MÉMOIRES
280
berg fut abandonné
aussitôt,
y entra
les
Soult
Prussiens;
par
trouva
des richesses
y
centaines
de
extraordinaires,
plusieurs
milliers
de quintaux
de blé,
trois
cents
de
venant
,
gros bâtimens chargés
Russie,
de
20
mille
blessés
russes
et
plus
prussiens,
tout ce que l'Angleterre
avait envoyé à la
entre autres , 160 mille fusils.
Russie,
Masséna
l'enne, de son côté, culbutait
mi sur la Narew et l'Omulew
, et le poursuivait
Ostrolenka.
En Silésie ,
jusqu'à
Glatz et Kosel
avaient
Necos,
capitulé;
il ne restait
Graudentz
combat
rieux
au roi
et
de Prusse
le fort
de Labiau,
que Kolberg,
de Silberberg.
Le
où Davoust fut victo-
de
, l'occupation
Instorsburg
et l'arrivée
de Napoléon
à Tilsitt
Ney,
la paix
fut
les triomphes
ensuite
par
où
achevèrent
conclue,
de cette campagne.
DE NAPOLEON.
(J)
BATAILLE
281
D'ESSLING.
1809.
Avec leur or et leur politique
astucieuse,
les Anglais
entraînèrent
encore une fois
l'Autriche
dans une guerre
neuse; et cette puissance,
et rui-
injuste
persuadée
qu'elle
des ar-
l'éloignement
pourrait,
pendant
mées françaises, reconquérir
ses anciennes
limites
en campagne
, se prépara à entrer
avec plus de 500,000 hommes , qui furent
divisés en plusieurs
sous
le
com,
corps
Charles.
du prince
Cette nouvelle
guerre le contrariait
mandement
finiment.
Napoléon
in-
fit son
possible pour
à renoncer
d'Allemagne
porter l'empereur
à ses projets,
il offrit
même la médiation
la Russie ; mais inutilement,
battre.
il fallut
de
com-
à
était
il
ordonna
sa
gardé
qui
,
en Espagne,
et aux troupes qui s'y renil
daient, de rétrograder
sur l'Allemagne;
fit réunir
les forces qui se
à Ratisbonne,
24*
De Paris
282
MÉMOIRES
trouvaient
au-delà
du Rhin et celles de la
Confédération. Il se rendit lui-même à Donawerth , où était son quartier-général
depuis quelques jours; là,Napoléon conçut
l'heureux projet d'agir dans un sens inverse
à celui du prince Charles , et de concentrer ses forces le plus possible, afin d'isoler
les corps ennemis.. Il devait se porter rasa
Vienne
sur
,
joncpour opérer
pidement
tion avec nos armées d'Italie et de Dalmatie; en même temps sa marche inspirerait
des craintes
sérieuses à l'archidue
Ferdi-
contre
en
nand , qui s'avançait
Pologne,
les généraux Poniatowski et Dombrowski,
alors en position sur la Vistule.
Le 19 avril, Napoléon ouvrit la campagne
de
de
les
combats
Plaffen-Hoffen
et
par
firent des pertes
Tann, où les Autrichiens
considérables. Ala suite de ces deux affaires,
il prit
truire
des mesures pour attaquer et déles corps de l'archiduc Louis et du
forts ensemble de 60,000
général Hiller,
il se porta à Ahommes. Le lendemain,
DE
NAPOLÉON.
283
bensberg. Le maréchal Davoust reçut l'ordre de tenir en respect les généraux Hohenzollern , Rosenberg et Lichtenstein
;
pendant qu'avec le corps de Lannes, les
Bavarois et les Wurtembergeois
, Napoléon attaquerait le prince Louis et le gé, et qu'il ferait couper les
communications de l'ennemi par Masséna,
en le dirigeant par Freying, et de ce point
néral Hiller
sur les derrières
de l'armée autrichienne.
furent renversés et perdirent , en moins d'une heure , huit drade
nombre
de
douze
canon,
peaux ,
pièces
morts et blessés, et nous laissèrent 18,000
Les Autriéhiens
prisonniers.
A la suite de ce grand succès , les flancs
elles magasins de l'ennemi se trouvèrent à
Napoléon marcha sur Landsuth, tandis que Masséna le tournait. Tous
les obstacles furent surmontés, la position,
le pont,
quoique embrasé, et la ville,
découvert.
enlevés. L'ennemi
sins , seshôpitaux,
abandonna
ses magatrente pièces de canon;
MÉMOIRES
284
six cents
caissons
, trois
trois
,
bagages
nitions
prisonniers.
Le prince
de muremplis
voitures
les
portant
attelés
mille
de pont,
équipages
maître
Charles,
réuni
de Ratisbonne
, ayant
situé entre Landshut
village
une force
du Danube
et
à Eckmulh,
et Ratisbonne,
de 110 mille
hommes,
Napoléon
avec
le 22 au matin,
en marche,
les corps des maréchaux
se mit
et 9000
Masséna
et Lan-
nes , la division
wurtembergeoise
cuirassiers des généraux Nausouty
et les
Saintet
arA
deux
heures
il
midi,
après
Sulpice.
riva en face des Autrichiens
; Lannes les
Leau
la
moment
où
gauche
par
de
febvre , Davoust
et la cavalerie
légère
Montbrun
, qui avaient tenu en échec les
déborda
de
Hohenzollern
Rosenberg,
corps
débouchèrent.
Lichtenstein,
sur tous
et
les
L'archiduc,
attaqué
points
à la fois et dépassé sur sa gauche par suite
de Napoléon,
des rapides
combinaisons
en
fut obligé
de précipiter
sa retraite
,
DE NAPOLÉON.
285
laissant une grande partie de son artillerie,
et 20,000
tousses blessés, quinze drapeaux,
On
le
la
des
prisonniers.
poursuivit
pointe
du jour
Ratisbonne,
et, dans cette
poursuite, notre cavalerie engagea plusieurs
toutes
charges qui furent
avantageuses.
Le maréchal
Lannes forma ses troupes
jusqu'à
de la ville ,
à peu de distance
qui était défendue par six régimens , charla
la
de
soutenir
nuit
retraite
gés
jusqu'à
en bataille
de leur
armée.
Ratisbonne
n'était
enve-
muraille
d'une
un
fossé
avec
,
que
loppée
et une contre-escarpe
, et présentait
peu
de résistance.
Les Français
ayant commencé l'attaque
l'inarrivée,
instruit
trépide Lannes,
qu'il existait une
l'a
se
met
à
les
deux
entre
brêche
portes,
dans le
tête de ses grenadiers,
descend
fossé sous le feu
brêche,
porte
aussitôt
leur
de l'ennemi,
dans là ville,
pénètre
dite Straubing
, fait
aborde
la
ouvre
la
entrer
et gagne
partie de son corps d'armée,
à la garnison
pont pour fermer la retraite
une
le
,
286
MÉMOIRES
qui met bas les armes au nombre
mille hommes.
de huit
Ainsi, en cinq jours, Napoléon déjoua
tous les projets
de l'ennemi.
En cinq
jours, il battit les corps du prince Louis
et du général Hiller,
s'empara à Landsuth
du centre
des communications
des
du dépôt général de
Autrichiens,
leurs magasins et de leur artillerie
, et défit
le prince Charles
bataille rangée.
à Eckmulh
, dans une
Les différens
en
mouse
remirent
corps
l'archiduc
vement ; Davoust poursuivit
en
Bohême
se
retirait
Charles, qui
par
et Cham , et qui fut alors
Waldmunchen
dans
l'Inn
communications
avec
coupé
ses
et Vienne ; Masséna marcha sur Passau par
Lanna
avec
;
s'avança
Straubing
Napoléon
par Muhldorf ; les Bavarois se dirigèrent
sur Saltzbourg,
tandis que Bessières poursuivit , dans la direction de l'Inn, les troupes d'Hiller,
échappées de Landshut.
Masséna passa l'Inn
à Sehandnig
, apr
DE
NAPOLÉON.
de Passau.
maitre
s'être rendu
287
Napoléon
à Burckhau-
entrèrent
et son avant-garde
sen : il fit rétablir
de la Saltza.
Le
d'Oudinot
occupa
corps
Lannes et dé Bessières
Ried
de
les routes
eu Italie,
le pont
ceux
;
de
s'emparèrent
se portait
Wells,
que Lefebvre
pendant
sur l'Ens , paret Radstadt,
sur Kufstein
qui
conduisent
vers le Tyrol.
Masséna atteignit,
sur
Riedau à Neumarck,
la culbuta
l'ennemi,
le
chemin
l'arrière-garde
et lui fit cinq
Le
Hiller
prisonniers.
général
derrière la Traün ; une de nos
d'infanterie
le pont
franchit
en poursuivant
vait battue
opiniâtre
Masséna accourut,
victoire.
7000 prisonniers
de
cents
se retira
divisions
qu'elle aet bientôt
s'engagea dans la ville.
décida en un instant la
hommes
5000
de
d'Ebersberg,
l'arrière-garde,
à la sortie de Lintz
un combat
à tra-
tués ou blessés
et
cette affaire.
signalèrent
ce
pendant
temps, marchait
Bernadotte,
avec les Saxons
pour
venir
se placer
en
MÉMOIRES
288
ligne
forte
établit
route
: il
s'empara
d'Egra
colonne de landwerhs
une
, dispersa
, et le 6 mai,
à Roetz sur la
son quartier-général
de Prague à Ratisbonne
; de là il se
de l'archiduc.
Lannes
à la poursuite
et Masséna
occupa Molk,
mit
Amstetten.
Bohême;
l'observer.
Bientôt
Hiller , qui s'était
opéra une nouvelle
se réunirent
chen, et marchèrent
triché.
et
Vienne.
à
position
Le prince Charles fuyait
à Lintz
s'arrêta
Davoust
sur Saint-Polten,
traite par Krems
Masséna
prit
par la
pour
retiré
re-
Lannes
et
à Sieg-Harts-Kirsur la capitale de I'Au-
Le 10 Napoléon
arriva
Cette ville
était défendue
devant
par
Vienne.
l'archiduc
Maximilien
et 16,000 hommes de troupes
de
et
Les
landwehrs.
faubourgs,
réglées
et qui contiennent
qui ne sont pas fortifiés
les deux
tiers
de la population,
se ren-
dirent
sans résistance;
mais, l'avant-garde
d'Oudihot
s'étant avancée sur l'esplanade
qui sépare les faubourgs
de la Cité,
le canon
DE NAPOLÉON.
tira
des remparts
les
et
força
pes,
Napoléon
rieur pour
289
à mitraille
sur nos trou-
de s'éloigner.
envoya alors un officier
sommer
la
supéd'ouvrir
ses
ville
au lieu du resportes. Ce parlementaire,
pect et de la protection
qu'il était en droit
d'attendre , fut
,
maltraité.
Cependant
violation
du droit de
malgré cette indigne
la guerre,
l'empereur
fit écrire
à l'archiduc
L'archiduc
par le major-général.
réponsdit par le feu de toutes ses batteries;
et
Napoléon réduit à la dure nécessité de faire
bombarder
Vienne , se porta
sur le bras
du Danube qui sépare la promenade
apIl
fit
des
le
faubourgs.
occuper
pelée
prater
par des voltigeurs
un petit
pavillon
sur la
rive gauche, afin de protéger
la construeen
Les
d'un
cet
troupes
tion
pont
endroit.
aussitôt un cercle aurançaises formèrent
tour des rempats,
la gauche était appuyée
au Danubé,
de Dolbling;
la droite
près
et le centre
aux environs
Simring,
Schoenbrunn, beauc château dé plaisance
25
à
de
de
290
MÉMOIRES
On choisit,
l'empereur
d'Allemagne.
pour
élever une grande batterie
le
d'obusiers,
même emplacement
où les Turcs
avaient
ouvert
leur
et qui n'était
cent toises.
Le
dans le siège de 1685,
la
de
éloigné
place que de
tranchée
feu de cette
batterie
contre
Vienne
à neuf heures du soir. Dix-huit
commença
lancés en peu de temps,
cents obus furent
hôtels et grands bâtimens,
dans
plusieurs
de la ville
la proie
, devinrent
le plus
des flammes. Cet incendie
répandit
les
se
trouble
parmi
habitans,
grand
qui
l'intérieur
trouvaient
dans
entassés
resserré
pour
couptrop
sur
sortit
parlementaire
un espace beauleur nombre.
Un
ces entrefaites,
la
annoncer
archiduchesse
que
jeune
pour
Marie-Louise
, alors malade de la petite
sa
son
suivre
et
vérole , n'ayant
pu.
père
exétait dans le palais impérial,
famille,
au
feu
de
l'artillerie
posée
poléon,
changer
française : Nalit
cette princesse,
par égard pour
des batteries.
la direction
DE
NAPOLEON.
291
la tête,
L'archiduc
Maximilien
perdit
de
ses
évacua la ville
ligne
avec
troupes
elle 12 mai, dès la pointe du jour , le géaux
un
officier
néral O'Reilly,
envoya
avant-postes
pour
le feu, et prévenir
notables
allait
demander
qu'on
cessât
des
qu'une
députation
se rendre auprès de l'empe-
En effet,
de
reur Napoléon.
peu
temps
arriva au château
après , cette députation
de Schoenbrunn,
où le monarque
à la capitale
lui promit d'accorder
a
la
même
trichiens
capitulation
français
des états
qu'il
articles
lui
avait octroyée
en 1805. Les
en
furent signés dans là soirée,
et le lendeentra dans la ville,
main le corps d'Oudinet
dont la garnison resta prisonnière
de guerre.
Le prince
long circuit
Charles,
par
après
la Bohême,
avoir
arriva
fait
un
le 16
mai au bas du Bisamberg,
rallia son armée,
et se déploya
les débris de celle d'Hiller,
sur deux lignes dans la
plaine de MarckSon
feld.
centre
rardsdorf,
sa droite
était
derrière
Ge-
placé
s'étendait vers Stamers-
MEMOIRES
292
toute sa cadorf, sa gauche sur Wagram,
valerie étalten réserve derrière son centre.
Napoléon visita tons les points où l'on
des
le
établir
ponts
pour
passer
pourrait
Danube, et choisit l'île de Lobau, située
à une lieue et demie à l'est de Vienne, en
face le village de Debendof,
ayant 7,000
toises de tour. Le fleuve, en cet endroit,
est divisé, en trois bras.
Les travaux des ponts achevés, Napoléon
le
la
et
passa
reconnut
position de
fleuve
là rive opposée; il forma les corps des
maréchaux Masséna, Lannes et Bessières,
à mesure qu'ils arrivaient.
La gauche de
à Gross-Aspern,
le centre
à Essling, et la droite vis-à-vis Stamersdorf.
Le 21, à quatre heure après midi, l'ende
culbuter
le
dessein
nemis parut avoir
notre avant-garde dans le fleuve ; mais le
maréchal Masséna rendit ses efforts inul'armée
était
défendit
Lannes
ce
tiles. Pendant
temps ,
le village d'Essling , et le maréchal Besdila
et
la
avec
cavalerie
sières ,
légère
DE NAPOLÉON.
293
plaine
Espagne
de cuirassiers
et protégea
Enzersdorf.
vive;
l'archiduc
vision
montra
et déploya
canon ,
hommes, composés
l'armée autrichienne.
La division
fit de
la
, couvrit
L'affaire
200
fut
pièces
de
à peu près 100,000
de tous les débris de
de grosse
cavalerie
Espagne
belles
charges,
enfonça
plusieurs
carrés, et s'empara de 14 pièces de canon;
mais ce succès fut chèrement
acheté ; le
général
mérite,
au milieu
Espagne,
fut atteint
officier
d'un
du plus grand
et mourut
boulet,
de ses soldats.
Pendant
la nuit,
le corps d'Oudinot,
là
division
une
de la
Saint-Hilaire,
partie
trois
de cavalerie
et le
garde,
brigades
train d'artillerie,
les ponts et enpassèrent
trèrent
en ligne
avec
les autres
à
heures
22,
quatre
Le
fut le
premier
engagé.
cessivement
plusieurs
du matin,
L'ennemi
tueuses pour
reprendre
séna profita
d'un moment
troupes,
Masséna
fit suc-
infrucattaques
le village;
Masfavorable,
25*
atta-
MÉMOIRES
294
qua à son tour
en arrière.
Comme
et les rejeta
les Autrichiens,
le
Charles: occupait
un
prince
à
la
de
la
droite
espace
grand
gauche,
le
le
de
conçut
projet
percer
Napoléon
Lannes se mit aussitôt à la
par le centre.
à la gauet Boudet à
Oudinot
de l'attaque,
che , Saint-Hilaire
tête
ayant
au centre,
En un moment tout fut renversé
la droite;
Bessières
qui
exécuta
toutes
curent
;
belles
charges,
plusieurs
un très-grand
succès.
Dans cet état de choses, on vint annondu
cer à Napoléon
la
crue
subite
que;
Danube
ayant
un grand nombre
et de radeaux coupés et jetés
mis
à flot
de gros arbres
des événemens qui
sur les rives à l'époque
avaient
eu lieu lors de la prise de Vienne,
de la rive
les ponts qui communiquaient
de la petite
de Lobau, venaient
droite
île et de celle-ci
d'être
rompus.
parcs de réserve qui défilaient,
vèrent retenus sur la rive droite
de cette
malheureuse
à l'île
Tous les
se trou-
par suite
ainsi
circonstance,
DE
qu'une partie
d'armée
corps
NAPOLEON.
de la grosse
du maréchal
Ce contre-temps
rêter le mouvement
295
cavalerie
et le
Davoust.
à ardécida Napoléon
Il ordonna
emavant.
le champ de batailleet de prendre
qui avait été reconnu,
posià un rideau,
tion, la gauche étant appuyée
à EssMasséna , et la droite
qui couvrait
à Lannes
de garder
eût-il
valu contimieux
ling. Peut-être
nuer le combat,
sans s'inquièter
de ce quise passait sur les derrières.
Cette témérité
eût eu sans doute
un plein succès.
L'ennemi
dans le plus graud
se retirait
désordre,
lorsqu'il
apprit
que nos ponts
le
ralentissement
de notre
étaient rompus;
feu et le mouvement
concentré
de notre
ce terrible
acciarmée, lui confirmèrent
se reforma,
remit
dent; alors il s'arrêta,
en ligne toute son artillerie
, et fit les plus
étonnans efforts , depuis neuf heures du
matin
du soir,
jusqu'à
sept heures
pour
culbuter l'armée française. L'intrépidité
de
nos soldats,
les. dispositions,
le
habiles,
296
MEMOIRES
sang-froid
fois aux
de Napoléon, arrachèrent
Autrichiens
la victoire
huit
qu'ils
l'ennemi
Le soir,
conserver.
croyaient
reprit ses anciennes positions qu'il avait
quittées pour l'attaque du matin.
Ses pertes furent grandes : il eut 12,000
hommes tués ou blessés, outre les primais les nôtres
furent
sonniers;
plus
cruelles
si elles ne furent
breuses. La France
pas aussi nomeut à regretter l'un de
ses plus braves hommes de guerre ; Lannes
fut blessé à mort, et le trépas de cet illustre maréchal équivalait
à une défaite. Le
de la plus
militaire
Saint-Hilaire,
et plusieurs autres offigrande distinction
ciers de mérite,
des
reçurent
également
blessures mortelles;
ils furent pleures de
général
l'armée
et de la nation
Le 23, l'armée
tout
entière.'
Lodans
l'île
de
repassa
bau, y prit position et s'y fortifia.
Une fallait rien moins pour consoler un
lui
d'un
ami
la
mort
de
qui
peu. Napoléon
était aussi dévoué que le maréchal Lannes
DE NAPOLÉON.
297
et de celle de tant de braves, que la réunion
de l'armée d'Italie,
sous les ordres du
la
à
Eugène,
grande-armée.
prince
On travailla
sans relâche au rétablisse-
ment des ponts. Le corps de Bernadotte
arriva à Vienne ; l'armée d'Italie, formant
la droite de la grande-armée, reçut l'ordre
de continuer
la poursuite
de l'archiduc
Jean, en Hongrie. Eugène, qui avait conservé le commandement de cette aile, gagna le 14 juin la bataille de Raab sur cet
archiduc et l'archiduc Joseph qui s'étaient
réunis.
L'armée dite de Dalmatie , commandée
par Marmont , joignit la grande-armée et
forma son extrême droite, sous les ordres
d'Eugène. Enfin, on apprit que les Polonais,
battu
à
avaient
l'arleur
Poniatowski
tête,
chiduc Ferdinand à Sandomir , Zamosc ,
Thorn, et l'avaient obligé de se retirer sur
la Wolhynie.
On avait construit
en 20 jours sur le Danube un pont de 60 arches; dont le géné-
MÉMOIRES
298
Bertrand
les
3
ral
travaux;
voitures
de
front.
Un,
pouvaient
y passer
second pont de pilotis
et de la largeur
de
8 pieds avait aussi été établi;
mais pour
l'infanterie
Enfin on en jeta un
seulement.
troisième
avait
de
dirigé
bateaux.
L'armée
pouvait
donc passer le Danube en plusieurs colonnes
sur ces 3 ponts , qui avaient
été assurés
contre les brûlots et machines incendiaires,
des
estacades sur pilotis,
construites
par
entre les îles. L'île
de Lobau
était une
des manutenplace forte ; elle renfermait
tions de vivres, 100 pièces de gros calibre
et 20 obusiers
de siége en batterie,
Vis-àvis Essling, sur le dernier bras du Danube,
était
un pont que Masséna avait fait bâtir,
et ce pont était couvent par des ouvrages
construits
lors du premier
passage..
réuni
la
ayant
Napoléon,
majeure partie
de ses corps d'armée,
se décida à les porter dans
l'armée
taille
l'île
de Lobau,
à déboucher
et à lui livrer
une
ennemie,
générale.
sur
ba-
DE NAPOLÉON.
Afin de se rendre
299
les chances
plus favoCharles , qui avait aprables, l'archiduc
et sa gaupuyé sa droite à Gross-Aspern
che à Enzersdorf,
avait fait couvrir
cette
petite ville, Essling,
Asperu et les interde redoutes garvalles qui les séparaient,
nies de plus de 150 pièces de canon
de
tirées
des principales
forteresses
position,
encore au pouvoir
de la maison d'Autriche,
et de 8 à 900 pièces
de campagne.
Le
tout appuyé d'une armée qu'on n'évaluait
à
pas moins
de 200,000
hommes,
milices
fit passer
dont
tigeurs dans l'île du Moulin,
on arma celte
Aussitôt
parèrent.
500 vol-
et troupes de ligne.
Le 2 juillet,
Masséna
la joignit
qui allait
au continent
par
a la rive
d'Essling,
une batterie
île et on
un petit pont
En avant,
ou
gauche.
une flèche que l'on
construisit
doute Petit.
ils s'em-
Le soir,
ne doutant
contre elles,
que
tirèrent
appela reles redoutes ennemies
pas que
l'on voulait
avec
ce ne fût
faire
agir
la plus grande
MÉMOIRES
300
ce
l'on
que
précisément
l'attention
: on voulait attirer
de
c'était
vivacité';
désirait
l'ennemi
pour
le détourner
du véritable
but
de l'opération.
Le 4, à dix heures
dans
du soir , Oudinot
fil
des chaloupes
canon-
embarquer
nières sur le grand bras du Danube,
l,500
au-delà
du
:
ils
débarquèrent,
voltigeurs
petit
bientôt
de Lobau.
L'ennemi
fut
et
chassé
des
bois
jusqu'au
attaqué
A onze heures les
de Muhlleuten.
bras de l'île
village
batteries
re-
contre
Enzersdorf,
dirigées
de commencer
leur feu. Les
l'ordre
çurent
obus brûlèrent
en moins
d'une
ennemies
furent
cette petite ville;
les batteries
demi-heure
éteintes.
Tandis
que
Masséna
écrasaient.
En-
traverser,
dans
faisait
le petit bras du Danube, à deux
hommes.
Ce détachement
aborda la
zersdorf,
des barques
mille
les nôtres
Dans
rive gauche au-dessous d'Enzersdorf.
le même temps , le directeur
des equipages
faisait accrocher
d'une rive à l'autre un
DE NAPOLÉON.
de
quatre-vingts
pont
pièce. L'infanterie
et sous les obus,
301
tout
d'une
toises,
au
de
passa
pas
charge,
y
les bombes
et les boulets
et, autrichiens,
des
qui , parlant
au-dessus
d'elle.
deux rives, se croisaient
instans
Quelques
après , deux autres
français
à
du
jetés
peu de distance
ponts
trois
de
sorte
heures
du
ma,
qu'à
premier
tin , l'armée avait quatre ponts etavait défurent
la gauche , à quinze
cents toises
au-dessous d'Enzersdorf,
protégée
par les
batteries ; et la droite
sur Wittade.
Le
forma
la
de
Masséna
celui
corps
gauche,
bouché:
de Lannes
le
, commandé
par Oudinot,
centre ; et celui de Davoust,
la droite. Les
de
de
Bernadotte
,
,
corps
d'Eugène
Marcommont, la garde et la grosse cavalerie,
posaient la seconde ligne et les réserves
un violent
Une profonde
obscurité,
orage,
une pluie qui tombait
le
tontorrent,
par
nerre , le bruit
de
épouvantable
l'artillerie, le sifflement
et les éclats des boulets,
des obus, des bombes, rendaient
cette nuit
26
MEMOIRES
302
; mais elle n'en était
à l'armée française.
favorable
Le 5 , aux premiers
rayons
affreuse
tout
quel avait
se trouvait
été le projet
alors avec son armée
sur l'extrémité
ayant
tourné
ayant
rendu
moins
du
soleil,
avec admiration
,
de Napoléon
, qui
reconnut
le monde
pas
en bataille
de la gauche de l'ennemi,
tousses
camps retranchés,
tous ses ouvrages
inutiles,
de ses positions,
sur le terrain
qui
ainsi à sortir
l'obligeant
à venir le combattre
convenait.
Un grand
était
problême
le Danube ailleurs
lu ; et sans passer
recevoir
aucune autre
protection
et
lui
réso-
, sans
des ou-
on forçait
construits,
à trois quarts de lieve
On présagea dès-lors
les
vrages qu'on avait
l'ennemi
à se battre
de ses redoutes.
résultats.
plus grands et les plus heureux
A huit heures
du matin , les batteries
sur
Enzersdorf
avaient
tiraient
proqui
un tel effet,
né à laisser cette
duit
tre
bataillons
que l'ennemi
s'était
bor-
ville,
occupée par quaque Masséna fit enlever sans
DE NAPOLEON.
de résistance.
éprouver
château
avait
305
cerna
Oudinot
le
de Sachsengang
, que l'ennemi
fit capituler
les neuf cents
fortifié,
qui s'y défendarent,
pièces de canon.
hommes
(K.)
BATAILLE
et prit
douze
DE WAGRAM1809
toute
fit alors déployer
Napoléon
son
armée dans la plaine d'Enzersdorf.
L'ennemi revint
de sa surprise
et tenta de ressaisir quelques avantages dans ce nouveau
A cet effet,
il détachamp de bataille.
cha plusieurs
colonnes
d'infanterie
, un
bon nombre
de pièces d'artillerie,
et toute
sa cavalerie,
tant de ligne qu'insurgée,
la droite de l'arpour essayer de déborder
mée française.
le
Alors , il vint
occuper
: Napoléon
ordonnavillage de Rutzendorf
a Oudinot
la droite
le diriger
de faire
le village
, à
emporter
duquel il fit passer Davoust,
pour
sur le quartier-général
du prince
304
MÉMOIRES
en marchant
Charles,
à la gauche.
toujours
de la droite
Depuis midi jusqu'au soir , on manoeuvra dans cette vaste plaine ; on prit tous
les villages ; et à mesure qu'on arrivait
à
la hauteur
des camps retranchés
mi , ils tombaient
d'eux-mêmes
de l'enneet comme
Masséna les faisait ocpar enchantement.
C'est
sans
résistance.
ainsi
qu'on
cuper
des ouvrages d'Essling et de Grossle
et
travail de quarante
que
Aspern,
jours
ne fut d'aucune
utilité
aux Autrichiens.
s'empara
L'ennemi
avait
sa droite
, de Standlau
de Gerardsdorf
à Gerardsdorf;
son centre
à Wagram
; sa gauche de Wagram
siedel.
Les
Français
avaient leur gauche
centre à Ruschdorf,
Aspern;
leur
droite à Glinzendorf.
à Neu-
à Grosset leur
On se prépara à une grande bataille. Les
d'armée
des deux généraux
dispositions
à
nuit
la
furent
inverses.
Napoléon
passa
rassembler
ses forces
sur son centre,
où
DE NAPOLÉON.
306
il était à une portée
canon
de
de
Wagram.
en
Masséna se porta à la gauche d'Aderklau,
laissant sur Aspern une seule division
y qui
eut ordre de se replier,
en cas d'événement,
l'ordre
l'île
sur
de Lobau.
de dépasser
de
Hoffen
, pour
Charles
centre.
Davoust
le village
du
s'approcher
reçut
GrossLe
, affaiblissait
, au contraire
ses
et
augmenter
pour garnir
une
nouil
donnait
auxquelles
prince
son centre
extrémités,
velle étendue.
Le 6,
à la pointe
du jour, Bernadotte
la
occupa
gauche , ayant Masséna en seconde ligne.
se liait au centre ,
Eugène
où Marmont,
Oudinot,
pour arriver
L'ennemi
au centre.
la garde et les diformaient
visions de grosse cavalerie,
plusieurs lignes. Davoust marcha de la droite
de
Bellegrade
le corps
en marche sur Stadlau ; les corps de KolHiller
et
de
Lichteinsten
de
lowrath
,
,
de Waliaient
cette droite à la position
gram,
mettait
où était le prince
de Hohenzollern
26*
;
306
MÉMOIRES
à l'extrémité
de la gauche,
à Neusiedel, où débouchait
le corps de Rocenberg ,
pour déborder
égalcmeut
Davoust.
Ces deux généraux,
faisant un mouveet,
ment
miers
gnal
inverse
aux pre, se rencontrèrent
du soleil, et donnèrent
le si-
rayons
de la bataille,
sur le point"
division
une
menacé, renforça
Davoust par
de cuirassiers,
le corps de
et fit prendre
en flanc par une batterie
de
Rosenberg
Napoléon
douze
se porta
aussitôt
légère de la division Nansouly.
En moins de trois quarts
le corps de Davoust
culbuta
le
d'heure,
de
au-delà
qui fut rejeté
corps ennemi,
pièces
Neusiedel,
d'artillerie
après
avoir
de grandes
essuyé
pertes.
Pendant
s'ence temps, la canonnade
la
les
sur
toute
et
,
gageait
ligne
disposde
tions des Autrichiens
se développaient
moment
garnissait
prince
en moment.
d'artillerie.
Charles
Toute
On
ne se battait
leur
eût
gauche se
dit que le
pas pour
la
DE NAPOLÉON.
victoire,
mais qu'il
d'en profiter.
307
n'avait
en vue que
le
Cette déposition
pasi extraordinaire,
que l'on craignait
et Napoléon
différa quelquelque piége;
les maque temps avant de commencer
moyen
raissait
noeuvres qu'il avait à exécuter pour annuler
celles du prince
Charles
et les lui rendre
à Masséna de
funestes. Enfin , il ordonna
faire
une attaque sur un village
qu'occuet qui pressait un peu l'expait l'ennemi,
trémité du centre de l'armée : il commanda
à Davoust
de tourner
la position
de Neude là sur Wagram,
et
et de pousser
il fit former en colonne
siedel
donald,
moment
pour s'emparer
où déboucherait
Sur ces entrefaites,
que l'ennemi
attaquait
Marmont
et Mac-
de ce village
Davoust.
au
le prévenir
avec fureur le poste
on vint
enlevé Masséna ; que notre gauqu'avait
de 3,000 toises;
che était débordée
que
entendre
déjà une vive canonnade
se faisait
à Gross-Aspern
, et que l'intervalle
paraissait couvert
village à Wagram
immense ligne d'artillerie.
de ce
d'une-
MÉMOIRES
308
donna
Napoléon
aux divisions
ordre
Macdonald
sur-le-champ
(du
corps
d'Eu-
gène) de se disposer en colonnes d'attaque;
de
la
cavalerie
elles furent
soutenues
par
une
cheval
la
à
et
par
garde
Nansouty,
par
de 60 pièces de canon de la garde,
les
différens
dans
et de 40 autres,
prises
batterie
Ces
100
pièces
corps.
rent au trot à l'ennemi,
d'artillerie
marchè-
sans
s'avancèrent,
de
une
canon,
tirer,
jusqu'à
demi-portée
un feu prodigieux
et là commencèrent
qui
des
Autrichiens,
éteignit
mort
dans tous leurs rangs.
celui
Macdonald,
les tirailleurs
appuyées
de la
par
et porta la
Les divisions
les fusiliers
et
marchèrent
garde,
alors au pas de charge. La garde avait fait
un changement
de front pour rendre certain le succès de cette attaque.
Dans un clin
perdit
vantée
le
centre
de
l'ennemi
d'oeil,
une lieue de terrain ; sa droite épousentit
le danger
et
de sa situation,
hâte. Masséna l'at-
en grande
rétrograda
dit
taqua en tête pendant que la confusion
centre
la consternation
; la gauy portait
DE NAPOLÉON.
che de l'ennemi
débordée
par
levé Neusiedel
était
309
vivement
assaillie
et
Davoust
qui, après avoir enet atteint le sommet du plasur Wagrm.
Oudinot
eut
teau, marchait
ordre de se porter sur ce village,
aipour
der à l'attaque
de Davoust,
et cette imdécider
de
portante position,
qui devait
la bataille, fut emportée.
A dix heures, l'ennemi
que pour
prononcée
ne se battait
sa retraite
plus
était
elle
; à midi,
et
et se faisait
en désordre;
avant la nuit, le prince
Charles,
long-temps
qui avait reçu
vue.
une blessure,
était hors
de
Le 7, à la pointe
du jour,
était
l'armée
en mouvement
sur Korneuet s'avançait
et avait des postes
burg et Walkersdorf,
sur Nicolsburg.
de la Hongrie
L'ennemi,
coupé du côté
se trouvait
et de la Moravie,
acculé sur la Bohême.
Il avait
le
la
et
veille
du
jour
,
perdu
notre
hommes;
combat, environ
60,000
perte, quoi qu'infmiment
moindre,
fut con-
MÉMOIRES
310
sidérable,
du brave
et nous eûmes à déplorer
elochers,
les toits
la mort
général
Lasalle.
Cette bataille
, à jamais mémorable
, se
passa sous les yeux de la nombreuse
population de Vienne qui couvrait
les tours, les
et les monticules.
L'em-
avait quitté
d'Autriche
pereur
Walkersdu matin,
et s'était
dorf le 6 , à 5 heures
sur un belvédère
d'où il voyait la
montré
où
de
retentissaient
1,500
plaine
pièces
canon,
taient
et où 400,000
hommes
la victoire
sous les ordres
se dispudes deux
du
siècle.
grands
capitaines
plus
L'armée
continua
son mouvefrançaise
ment en avant, et c'en était fait des restes
de l'armée
narchie
du prince
autrichienne,
arrêté
généreusement
Charles
et de la mo-
si Napoléon
n'eût
triomsa marche
au
la
du
11
dans
nuit
et
accordé
,
phante
12 juillet
à l'empereur
Franun armistice
çois.
DE
(L)
NAPOLÉON.
DE
CAMPAGNE
314
RUSSIE.
1812.
pas si l'on voulait
Un volume ne suffirait
retracer
tous les événemens
de cette campagne trop
aux actions
célèbre,
nous nous
bornerons
la prise
principales,
lensk, la bataille de la Moscowa,
le passage de la Bérésina.
de Smo—
la retraite,
le
Depuis
passage du Niémen , l'armée
combats
française, qui avait livré plusieurs
et traversé
une étendue
considérable
de
avait
besoin
pays,
de repos, sou illustre
de quelques
instars
chef le comprenait
il ne fallait
donner
à
bien; toutefois
pas
l'ennemi
le temps de se remettre
de ses
et de sa frayeur.
L'armée
s'avança
dans le plus bel ordre
sur
rapidement
fatigues
Smolensk,
L'avant-garde
ville
considérable
rencontra
général Nererovrekoï
de la Russie.
la
au défilé
division
du
de Krasnoë,
MÉMOIRES
312
et le repoussa
vivement.
Nercl'attaqua
rovvskoïse battit avec courage, fit des efforts
maintenir
dans
son
se
poste, et céda
pour
après avoir
et plusieurs
enfin,
monde
de
beaucoup
de canon;
il
pièces
détruit
si notre artil-
perdu
eût été entièrement
lerie
aussi bien
que
cavalerie.
notre
A
à temps
avancée
s'était
la nouvelle
se retira
de suite; elle
russe
de
cet
l'armée
échec,
mais y revint
de Smolensk,
était forte de 120,000 hom-
de Tolly,
mes et commandée
par Barclay
lui
le
sous
prince
Bagration
ayant
qu'il
sa retraite
à Dorodétacha pour appuyer
sur la route
gobuje
Viazma
Smolensk
ci
manoeu, pensant
que Napoléon
ce point
vers
pour
s'y opposer,
n'était
devant Napas très-rassuré
vrerait
Barclay
tuais
poléon;
rain l'ordre
lensk
et entre
il avait
reçu de son souvede défendre
Smolong-temps
et de livrer
a pour
enceinte
de distance
flanquée
Smolensk
muraille
bataille.
une
épaisse
en distance
DE NAPOLÉON.
d'énormes
tours
toutes armées
en forme
313
alors
debastions,
de gros calibre.
de pièces
dans
cette
jeté
Barclay avait
et se tenait
hommes,
deux rives du Niéper,
la ville par des ponts
place
en bataille
30,000
sur les
communiquant
de bateaux.
avec
Le 17, à une heure après midi,
Napoléon , placé près de sa garde,
donne le
de
Les
retranl'attaque.
faubourgs,
signal
et
par la grosse artillerie
ensuite les chemins
sont enlevés
couverts,
à la baïonnette.
On établit de fortes bat-
chés et défendus
les remparts
teries qui foudroient
et ceux
ainsi que les masses enqui les occupent,
nemies formées
sur les rives
du fleuve.
On
livrer
va
la
l'assaut; Barclay fait renforcer
une brigade
de la garde
garnison par
russe et deux divisions
de ligne,
afin de
donner à Bagration
le temps de se rapproniais ce renfort
et
cher et de l'appuyer;
ne doivent
redispositions
tarder la prise de la ville que de quelques
avoir
heures. En effet,
après
Napoléon,
27
ces nouvelles
MÉMOIRES
314
de cavalerie
une grande
dirigé
quantité
sur celle de Barclay,
sur
le
postée
plateau
du pont en amont,
et y
qui se rapproche
avoir fait établir
une batterie
de 60 pièces
à mitraille
la rive
, battant
à
la
ordonne
droite,
Ney d'emporter
position hors de la ville et de poursuivre
l'en-
d'artillerie
nemi
jusque
Friand,
Morand,
une batterie
cun,
12 contre
les glacis;
sur
aux
généraux
de placer,
cha-
Gudin,
de brêche
les murailles;
de pièces de
à Sorbier,
de
rendre
de
ces
impraticable
l'occupation
chemins
couverts , par des batteries
d'enfilade. Ces ordres exécutés, les remparts et
les chemins
couverts
balayés , les Russes,
le feu en plusieurs
endroits
après avoirmis
de la vile,
à la bâte, passès'éloignèrent
rent le Niéper
tous les pouls
, rompirent
et continuèrent
leur retraite
par Prouditet Loubino,
marais.
chi
L'armée
le 18 août,
à travers
française
y trouva
entra
des défilés et des
dans Smolensk
200 pièces de canon.
DE NAPOLÉON.
7,000 blessés, tant dans
environs
de la ville.
l'intérieur
qu'aux
de notre
Nous n'eûmes
côté que 3,500
5,000
morts
315
et
de combat.
hommes hors
A la suite
de cette
son
système
d'après
victoire,
Napoléon,
de ne jamais laisser
les
son
vivement
ennemi,
poussa
respirer
Russes. Leur
arrière-garde
prend
position au plateau
de Valoutina
, appelé le
et qu'une
Champ sacré,
désignait comme heureux
Ce plateau
ne put
vieille
tradition
la nation.
pour
la défaite
empêcher
des
lusses, quoiqu'ils
fussent renforcés d'abord
et
ensuite
par le général
Karpow,
par
succesBarclay lui-même,
qui échelonna
sivement sur
ce point toutes
à mesure qu'elles
arrivèrent
ses divisions
en hâte,
ce
général les ayant imprudemment
éloignées
de la route de Smolensk
à Moscou.
Le 19, Ney
et Murât
sition; Ney l'emporta
de bataille de morts
Russes perdirent
la poattaquèrent
et couvrit
le champ
et de mourans.
Les
aussi une grande
partie
316
MÉMOIRES
des chariots
amenés
de
été
eût
avait
et des bagages qu'ils
Smolensk
; mais leur
bien
secondé
plus considérable
le maréchal
Ney,
avaient
désastre
si
Junot,
en débou-
pour leur couper la retraite.
de Smolensk,
Les victoires
de Witepsk,
de Valoutina,
ne furent
pas les seules que
chant,
remporta
sixième
la grande
et dixième
armée.
corps
gauche, et le septième
sur la droite,
eurent
le sixième,
commandé
Les deuxième,
la
sur
dirigés
avec les Autrichiens
des avantages;
mais
par Gouvion-Saint-
Cyr, fut celui qui agit avec plus de vigueur
à Polotsk,
un sucet d'habileté
; il obtint
sur Vittgenstein,
cès marqué
qui perdit
un
2,000 hommes
tués,
4,000 blessés,
grand
de prisonniers,
lesparmi
caet
de
20
généraux,
pièces
action mérita
à Gouvion-Saint-
nombre
quels trois
non. Cette
Cyr
le bâton
Après
française
à Ghjat,
de maréchal.
l'action
de
l'armée
Valoutina,
l'ennemi.
poursuivit
le 1er septembre.
Là,
Elle
arriva
Napoléon
DE NAPOLÉON.
la concentra
et lui
de repos pour
et la disposa
donna
la remettre
quelques jours
de ses fatigues,
à combattre
Kutusof,
qui
dans le comman-
avait remplacé
Barclay
dement en chef, et avant
les renforts
317
qu'il
BATAILLE
attendait
DE
LA
qu'il n'eût reçu
de Moldavie.
MOSKOWA.
était
à
en
Borodino,
Kutusof
position
un
village situé au confluent
que forme
sur la route,
à
ruisseau avec la Ralogha
20 lieues environ
de Moscou ; ce général
avait fait
fortifier
De nombreux
abattis faisant
cet endroit.
retranchemens
et d'épais
et au vil-
face à la Moskowa
à
et
lage de Maslowa,
l'inégalité
ajoutaient
aux difficultés
choisi par l'endu terrain
nemi , les bords de la Kalogha
protégeant
en outre ses fortes positions.
ceux
Alexina et les bois qui l'avoisinent,
d'Elnia
redoute
trouve
et
2 batteries
construites
de
dans la
se
qui
Sehwardino,
village
et entre
la Kalogha,
vis-à-vis
27*
Bo-
318
MÉMOIRES
rodino
et des bois,
sont enlevés le 5 septembre par les Français,
un
combat
après
mais la nuit étant survenue,
les
opiniâtre;
deux armées la passèrent sur l'emplacement
savoir : Poniatowski
qu'elles occupaient,
au-dessus
d'Elnia
ayant en réserve
tre , et en avant
Sehwardino
et à cheval,
Nansouty,
à Schwardino,
; Ney,
Junot ; Davoust au censur
la
route
à
d'Elnia,
à
la
, soutenu
par
pied
garde
et les corps de cavalerie
de
et
Montbrun
Latour-Maubourg
sur le chemin de Moscou,
en face
Eugène
de Borodino
garde
; avant pour
italienne et la cavalerie
sa réserve
la
de Grouchy.
avec son état-major,
resta au
Napoléon,
milieu de ses lignes:
L'ennemi
avait
seulement
les
reployé
d'Elnia
à Sehwar-
le
couvraient
troupes qui
dino , et occupait comme la veille, lerevers
des hauteurs,
Masdepuis Utitsa jusqu'à
c'est-à dire tout l'espace qui existe
lowa;
entre
la vieille
ensk
et
route
à la Moskowa;
de Moscou
son
à Smo-
centre
était
DE NAPOLÉON.
depuis Gorka,
319
vil-
jusqu'à
Semenowska,
à des mamelons
fortifiés
lage appuyé
avançant vers
Borodino
, et
d'U-
et les bois
titsa.
Les
deux
à 130,000
armées
de
comptaient
chacune
dans
hommes,
rangs.
Le 6 et pendant
la nuit
120
leurs
il avait
plu.
le soleil
Le
à
se
heures,
7 septembre
5
leva sans nuages. « Soldats ! c'est le soleil
! » s'écrie
d'Austerlitz
avec enthousiasme
1812,
Napoléon
de canon,
, et au signal donné par un coup
au pas de
nos soldats s'élancent
charge sur l'ennemi.
Deux redoutes sont enlevées
visions
Compans
Russes s'efforcent
échouent
blent
le brave
nette
lutte,
les fossés de leurs morts
et leur
cavalerie
infanterie
général
la redoute
par
En vain
Gérard.
de les reprendre,
dans cette terrible
blessés. Notre
lerie
et
les di-
Friand
les
ils
et com-
et de leurs
leur
artilpousse
sur Semenowska;
enlève à la baïon-
en avant
de ce village;
320
MEMOIRES
Ney,
ches
devancé
à feu,
de 70 boupar une batterie
couronne
les hauteurs
de
Schwardino.
Cette belle
noeuvre
Poniatowski
appuyée sur la droite
de
par les corps de Davoust,
et d'une nombreuse
artille-
rie ; Eugène
s'avance
ma-
est aussitôt
du maréchal
néral
rodino
et audacieuse
Plauzonne
et meurt
le gépar la gauche,
le village de Boemporte
au sein de sa gloire. L'in-
trépide Morand
passe la Kalogha et marche
de
sur la grande redoute
établie
à droite
Borodino
en force,
et qui était
; l'ennemi
en avant de Gorka,
s'aperçoit
de son mouà sa rencontre
vement , vient
; Morand
assez de temps
pour qu'un de ses
la redoute
et s'en emtourne
régimens
est
il
accablé
nombre
,
mais,
pare;
par le
l'arrête
forcé
de l'abandonner
lamment
après
l'avoir
vail-
défendue.
est engagée sur toute la ligne :
la mort
1200 pièces de canon vomissent
les Russes écrade part et d'autre. Bientôt
L'action
sés n'osent
plus ni avancer
ni reculer;
ils
DE NAPOLÉON.
restent
immobiles
de l'artillerie
moment,
sous le feu
prodigieux
dans
ce
Napoléon
française.
se trouvait
encore
son armée;
321
il voit
au centre
le trouble
il saisit l'instant
fait
propice,
avancer ses batteries
de réserve.
ces de canon
le
centre
et
foudroient
de l'ennemi
dirigés par Montbrun
foncent
l'infanterie
grande redoute
sur leurs pièces.
de
des. Russes,
et
déployer
la grande
100 Pièredoute,
; et les cuirassiers,
et Caulaincourt,
en-
la
tournent
russe,
et sabrent
les canonniers
la plus grande parAprès avoir détruit
tie des masses qui résistaient
à son centre,
le huitième
Napoléon fit manoeuvrer
corps,
celui de Ney et toute la droite,
pour tourner la dernière
Il
orRusses.
des
position
donna à la garde et à tous les corps de cavalerie
de soutenir
ce grand mouvement;
à Eugène , de se
de
Kala
en
avant
porter
et
fut décidée,
logha ; alors la victoire
l'ennemi
se retira
sant sur le
champ
vers
en
laisMojaïsk,
de bataille
70 pièces de
322
MÉMOIRES
et 55,000 hommes hors de combat,
parmi lesquels se trouvaient
50 généraux.
L'armée française n'eut pas 20,000 hommes
canon
tués ou blessés.
Nos troupes se remirent
en mouvement
de la Moscowa , et Napoaprès la bataille
14
entra
a
le
Moscou
à2
léon
septembre
heures
premier
Kremlin,
et situé
sa
et le
avec
garde
fixa sa résidence
au
après midi,
il
corps;
ancien
au milieu
palais des czars, fortifié
de la ville; le maréchal
fut nommé
Mortier
gouverneur
cou , avec l'a mission
le pillage.
A peine
tèrent
partout
mais tous leurs
Les incendiaires
et
Mos-
d'empêcher
fut-il établi au KremNapoléon
vaste incendie
éclata sur divers
lin , qu'un
points de la villes
riens
spéciale
de
autres
Tous l'es Français
se poren foule pour l'éteindre,
efforts
furent
, secondés
malfaiteurs
vains.
par les galésoudoyés,
mis le feu dans tous les quartiers
la plupart
anibâtis en bois. Les flammes,
avaient
DE
NAPOLÉON.
323
s'étendaient
mers par un vent impétueux,
de maison en maison;
alors,
rapidement
ceux des Moscovites
qui n'avaient
point
voulu suivre
l'armée
tremblans
et
russe,
tout à coup des souconsternés , sortirent
et vinrent
terrains où ils s'étaient retirés,
s'abandonner
à la
des vain-
générosité
queurs.
Les incendiaires,
à la
surpris la torche
traduits
devant les conseils
main, furent
de guerre , et tous affirmèrent
qu'ils n'avaient mis le feu à la ville qu'après en avoir
reçu
l'ordre
impératif
de Moscou.
gouverneur
Un armistice
ses, et Napoléon
phes, proposa
les Russes, tout
tinrent
avait
de
Rostopchin,
été accordé
aux Rus-
, au milieu de ses triomla paix à Alexandre;
mais
ne
en la faisant
espérer,
et poussèrent
la duplipas parole,
cité jusqu'à attaquer
établie sur la Nara.
battus et forcés
désordre.
l'avant-garde
française
Toutefois
, ils furent
de repasser la rivière
en
Quelques
mença la retraite.
jours
après,
on com-
MÉMOIRES
324
dans le meilleur
Reposée,
de
vivres
pourvue
et
d'un
état possible,
matériel
im-
à évacuer Mos; l'armée commença
le 18 octobre,
cou et ses positions
et se
la quitta
sur Kalogha.
dirigea
Napoléon
à Mortier
le 19, et donna l'ordre
d'abanmense
donner
le Kremlin
le 23, après l'avoir fait
recommanda
de ne
surtout
sauter,
et
lui
ni blessés , ni malades.
laisser en arrière
Le grand quartier-général
se porta à Boet
l'armée
rowsk,
ayant fait deux marches
de flanc,
y
prit
position
à mesure
qu'elle
arriva.
On
alors
apprit
un grand mouvement
forces
sur
petite
ville
la
l'ennemi
que
effectuait
pour
concentrer
ses
la
les hauteurs
dominent
qui
de Maloiaroslawetz
, située sur
y porta sur-le-champ
aux
livrer
bataille
corps
pour
à la retraite.
Ou les forcer
Eugène
Louja. L'empereur
plusieurs
Russes,
eut la principale
de l'attaque,
et
de préciser
ses dispositions
le
manière à donner
temps à Davoust
Kutusof.
s'avancer
pour déborder
de
de
reçut
l'ordre
direction
DE NAPOLÉON
225
de s'établir
acheva
Ce général
nuit du 23 au 24 sur les hauteurs.
dans
la
Le ma-
la ville
tin, l'action
s'engagea vivement,
et ses hauteurs furent
et abanemportées
fois.
données plusieurs
Mais malgré
une
de force,
Eugène
finit par conser-
extrême
disproportion
redoublant de bravoure,
ver la ville
et les hauteurs.
té-
moigna sa satisfaction
soncorps d'armée ; ensuite
qu'à
Napoléon
au prince
ainsi
la soirée la nouvelle
il reconnut
dans
de l'ennemi,
position
pour le lendemain.
Mais Kutusof,
effrayé, se retira après avoir
eu 10,000 hommes
tués, blessés ou pris,
et ordonna
l'attaque
jusqu'à Jonczarowo,
de Maloiareslawetz,
dans la crainte
attaquer.
l'intention
que
dix
où
lieues
il
se retrancha
Napoléon
en eut
L'empereur
; mais plus
en arrière
ne vînt
un
l'y
instant
occupé du soin de
de suivre Kutusof,
son armée que désireux
il changea de direction,
et se porta sur la
de Smolensk
grande route
par Wiasma,
de
et les convois
Mortier
pour couvrir
28
320
MÉMOIRES
blessés,
nitions
de malades,
et d'employés
découvert
d'artillerie,
qu'il avait
en marchant
mouvement
fut
laisses à
sur Kalogha.
et débordé
par
suivi
commandés
Russes,
de mu-
par
mais l'armée
radowitch,
vembre à Wiasma
Ce
les
le général
Miloentra le 1er no-
avoir
les
après
repousses
au-delà
et continua
sa marche
de l'Utitsa,
sur Smolensk,
pendant
que son arrièreavait chaque
taques de l'ennemi,
pagne de Cosaques.
garde
jour
qui
à résister
aux at-
inondait
la cam-
Arrivés
à Smolensk,
nous prîmes position le 9 , la garde dans la ville et les faula
dans les villages,
cavalerie
entre
bourgs,
la route de Krasuoé
et le Niéper ; le huitième
sur la route d'Elnia;
le cincorps,
sur celle de Mstislaw ; le premier,
quième,
le
à Stughinwo;
le quatrième
traversa
Wop,
fendre
et le troisième
fut
de dé-
chargé
le passage du Niéper
à Slapnerva.
L'armée séjourna
peu dans ses positions,
elle se remit
en route le 14 pour se porter
DE
sur Minsk,
NAPOLÉON.
327
la
faute
de
que,
par
retiré
sur le
Schwartzenberg,
qui s'était
de Varsovie,
l'ennemi
avait
grand-duché
détruit
ignorant
nos magasins,
renforcé par l'armée
se placer
et que Tormasow,
de Moravie,
avait pu
sur la Bérésina.
Les Rusres at-
tendaient
les Français
au ravin
de Mersitué
de
la grande route,
village
près
lino,
le chemin
de Krasnoé ;
pour lui couper
ce projet fut connu,
les meniais, lorsque
sures furent
si bien prises,
que tous les
un passage,
sortirent
corps s'ouvrirent
combats
vainqueurs de différens
rent à soutenir,
et marchèrent
ils
arrivèrent
où
Orsa,
et
de Ney seul,
qui formait
ne put forcer
le passage
le
19. Le corps
l'arrière-garde,
ni enfoncer
Russes, quatre fois plus nombreux
et avantageusement
retranchés.
Cependant,
sessoldats,
encore
ne prenant
l'intrépide
maréchal,
que
les
que lui
dans la valeur
confiant
plus
conseil
qu'ils eusur Lyadi
de
dans la sienne,
et
de son courage,
après
avoir
fait
les
MEMOIRES
328
efforts
forcer
l'ennemi,
grands
pour
plus
le brave, se dirige par sa droite sur le Niéhardiment
franchit
ce fleuve sur la
per,
à la hauteur
glace,
la grande-armée
de Gusinoé,
au moment
croyait
perdu.
C'est alors que tous les fléaux
sur l'armée française qui trouva
sein de la victoire
les plus
et atteint
où
on le
fondirent
bientôt
affreux
au
revers.
du 7 au 18 nomarqua
de 16 à 18 degrés au-dessous de
Le thermomètre
vembre
se couvrirent
glace ; les chemins
de la cavalerie,
glas; les chevaux
tillerie,
saient
du
train
chaque
et des équipages
nuit
par milliers;
de verde l'arpérison en
abanfallut
perdit
30,000 en peu de jours. Il
donner
et détruire
les pièces de canon, et
les munitions
de guerre et de bouche.
Une
de chefs si auda-
année
composée
de soldats si braves
cieux,
ne pouvait
des élémens
succomber
conjurés
et si dévoués;
que sous la fureur
contre elle.
DE
Smolensk
Depuis
froid excessif
329
NAPOLEON.
jusqu'à
détruisit
un
Orcha,
les
jour
chaque
et
par milliers,
malgré les maux qui l'accablècependant,
rent, l'armée
française ne cessa de triom-
hommes
et les
chevaux
des
Le
17
le
s'adoucit
Russes.
,
temps
pher
fort à propos,
car si le froid eût continué,
des
l'armée eût entièrement
au
milieu
péri
glaces; pourquoi
donc
voudrait-on
nous
de cet affreux
persuader que les rigueurs
de
hiverne furent qu'une cause secondaire
nos désastres?
A Orcha
moment
un
sans
, Napoléon,
prendre
de
rétablir
de repos,
s'occupa
que les combats et l'intempérie
la saison avaient naturellement
dérangé;
de
fit faire
de
l'ordre
des distributions
considérables
il
et lire
vivres, d'armes et de munitions,
dans tous les corps d'armée
un ordre du
à leurs devoirs.
jour qui les rappelait
Les désirs de Napoléon
accomfurent
et les
plis; en effet, dès que les officiers
28*
MEMOIRES
550
soldats
connurent
son ordre
que leur
ils rentrèrent
mécontentement
occasionnait,
l'ordre
avec
et
eux,
rangs,
ces deux mobiles puissans
du jour
isolément
dans
et le
lui
leurs
et la discipline,
font
triomqui
nombreux
des
obstacles,
repapher
plus
une fois au sein de cette
encore
rurent
française , qui s'avança alors à mar
ches forcées vers la Bérésina, où elle arriva
le 25.
armée
sa marche
Pendant
cette
rivière,
détachés,
trograde;
de Moscou
les différens
jusqu'à
d'armé
corps
mouvement
leur
opérèrent
le deuxième
joignit
ré
Napoléo
Wiln
se rendita à
de Borisof; le sixième
la
de
le
route
;
Swentziany
par
septièm
Wol
se retira sur Varsovie
Minsk
et
par
près
le neuvième
kowik;
quitta Senna , rejoi
la
à
et
forai
Rotuliezi,
gnit
grande-armée
re
le
deuxième
sa
l'arrière-garde;
opéra
traite
et Tek.
sur Tilsitt
en passant
entre
Szawl
DE
NAPOLEON.
battit
Saint-Cyr
à Polotsk
genstein
maréchal
331
complètement
et à Banonia;
Wittmais
ce
blessé , et il remit le commandement
des deuxième
et sixième corps
aux généraux Legrand
et de Wrède. Oud'une blessure reçue
à l'édino,
guéri
fut
le
17
se
remit
àla
de
son
tête
août,
paule,
d'armée
et
le
battit
Pahlen
général
corps
de Sacà Niémanitza.
Reynier
triompha
ken, aux
Swilosch.
combats
Victor
de
manoeuvra
et fit éprouver
à
de 4,000 hommes tués
l'ennemi
une perte
ou blessés et de 3,000
eut
de Piklopenen,
et le repoussa.
La
enfin
prisonniers;
un engagement
en avant
avec le général Leskow
arrivée
grande-armée,
teurs de Borisof,
campa
cette ville.
habilement
de Lukolm
sur la rivière
Macdonald
et de
Wolkowik
aux
sur les hauenvirons
déterminé
de
à fran-
Napoléon,
le passage,
chir la Bérésina,
en brusqua
afin d'empêcher
et Wittgenstein
Platow
de se réunir
à Tchitchagow,
qui avait dé-
332
MÉMOIRES
bordé
l'armée
par suite de la retraite
de
; il voulait
Schwartzemberg
cipitée
de l'avance
profiter
sof. En
qu'il
avait
des
conséquence,
sur différens points;
établis
manoeuvrer
tous ses corps
, en masquant
; par son ordre,
l'ennemi
tentions
sur
ponts
préaussi
Kutufureut
Napoléon
fit
pour tromper
ses véritables
inon dressa des bat-
teries
vis-à-vis
celles
tandis
à Wesqu'il faisait des préparatifs
et que son artillerie
traversait
les
des Russes,
et on
rassembla avec beaucoup
d'ostentation
au
tous les matériaux
nécesendroit,
même
saires à la construction
d'un grand pont,
lowo,
chaussées
gel avait
lui-même
celui
de
le
dans les marais,
que
rendues praticables
: il présidait
aux travaux des ponts. Dès que
établies
droite
fut
fit
achevé,
Napoléon
et
passer sous ses yeuv le deuxième
corps
sa garde, et quand les autres ponts fuient
il
se
la
et
sur
rive
terminés,
porta
opposée
se plaça sur les hauteurs,
à deux cents pas
de la rive droite,
le paspour
protéger
;
DE NAPOLÉON.
sa
avec
garde,
âge,
d'armée
mecorps
Tchitchagow.
Les troisième
333
pendant que le deuxiècontiendrait
l'amiral
et
cinquième
passèrent
le
ordre de soutenir
et
reçurent
ensuite,
deuxième. Les 26 et 27, les autres corps ,
et les femmes
ainsi que les employés
qui
voulurent
traverser
ent le mouvement,
la
formait
qui
gauche
continuèla rivière,
elle maréchal
Victor,
de l'armée,
sition au-dessus
propotandis
que
le général
le soutenir
de Weslowo,
devait
Partouneaux
Celui-ci
soir à Borisof.
jusqu'au
s'égara
et tomba entre les corps de
dans la nuit,
Platow et de Wïttgenstein,
qui le firent
la
de
sa
prisonnier
majeure
avec
partie
division.
Dans la nuit
du 28, Victor
franchit
la
la
dans
de
resta
rivière, et il ne
plaine
plus
des
voitures,
Weslowo
destraînards,
que
des employés,
des enfans et
des femmes,
des vieillards
français
n'avait pu déterminer
et moscovites,
qu'on
à passer la Bérésina
534
MÉMOIRES
A l'approche
de l'enles jours préédens.
se précipitèrent
sur
nemi, ces malheureux
le pont de Studzianka,
qui se rompit.
En même
l'ennemi
s'avançait
que
temps
du côté de la rive gauche, l'asur Victor,
miral Tchitchagow,
réuni à d'autres corps,
par
sur
vivement
attaquait
deuxième
corps;
les troisième
la rive
mais, celui-ci,
et cinquième,
soutenait
poléon
qu'il
temps
de la rivière,
droite
le
secouru
Naque
en même
avec sa garde,
favorisait
le
toujours
passage
battit Tchitchagow
et le con-
à se retirer.
traignit
L'armée
ayant achevé de passer la Béelle
le
feu
aux
on
mit
et
résina,
ponts,
continua
dant
entre
sa marche
Zembin
sur Wilna,
en s'étenoù
et Plészazeniczi,
elle se reposa pour attendre
avaient suivi son mouvement.
en marche
et vint
de Smorghoni,
sur
distance
de Wilna.
Ce fut en cet endroit,
tous ceux qui
Elle se remit
se former
en arrière
la route
et à peu de
le 5 décembre
1812,
DE
NAPOLÉON.
333
son
armée.
après avoir placé
orte de 80,000 hommes
et de 250 pièces
donna le commandement
de canon,
et ses
ue Napoléon,
à Murât,
où sa présence
était
instructions
(M)
BATAILLE
et partit pour Paris,
nécessaire.
DE
LUTZEN.
1813.
Le plan
de Napoléon,
au
de campagne
avait
d'abord
but
de
1813,
printemps
pour
de manoeuvrer
de prendre
sur Dresde,
cette grande
sesopérations,
des conditions
ville,
d'en
faire
le
centre
de
la paix à
et d'y proposer
honorables
pour tous les
devait envahir
l'empereur
se
de
traîtreusement
venait
Prusse, qui
déclarer contre lui, et y parler en maître
partis. Ensuite,
encore une fois aux alliés,
paix.
A peine
eut-il
Napoléon
à
Naumbourg,
tier-général
corps d'armée
disponibles
s'ils rejetaient
fixé son quarque tous les
se mirent
en
336
MÉMOIRES
mouvement
procher
pour passer la Saale et se rapde Leipsick
entrer
dans cette
et prendre
ville,
y passer l'Elster
à revers.
A la suite
lieu
de deux
à Weissenfeld
qui eurent
et au défilé de RipBessières fut tué, l'arcombats
le maréchal
pach,
mée s'empara de Lutzen
bouchés de la Saale.
et de tous
et le
Alexandre
L'empereur
En
au général
l'ordre
roi
de
se décidèrent
à
(le 2 mai) dans les plaines de
ils donnèrent
conséquence
bataille
Lutzen.
les dé-
alors à Dresde
Prusse,
qui se trouvaient
avec toutes leurs forces,
livrer
l'ennemi
en
chef
Wittgenstein
cette
d'occuper
de mourir)
marche
asmirent
en
et se
pour
position,
sister à la défaite de notre année. Il était
(Kutusofvenait
trop
tard,
prévenus.
et Pegau,
française
gauche,
les avait
leur vigilant
adversaire
Ils s'arrêtèrent
entre Zwenkau
en face
était
de
l'Elster.
dans
L'armée
ce
placée
moment,
la
ondes
et
cinquième
composée
DE NAPOLÉON.
337
sous
les
ordres
corps,
, le
zième
d'Eugène
le cenlong de l'Elster
jusqu'à Leipsick;
le troisième
tre, qui comprenait
corps,
fort de cinq grandes
au village
par Ney,
formée
divisions,
de Kaya
commandé
; la
droite
,
du sixième
, dirigée par Marmont,
au défilé de Porsana , et le quatrième
marchant pour le soutenir
; la garde en réserve à Lutzen.
semblait
vouloir
Napoléon
ses derniers
temps, attendre
manoeuvrer
du
gagner
renforts
et
son ar-
encore
quelques jours
la former
un peu,
inquiéter
mée , pour
ou donner
le change au général
ennemi.
eût
ordre
d'en
soit
celui-ci
venir
Mais,
que
à
aux mains,
avoir
ou ne voulût
point
combattre
de plus
tardant
en
forces
grandes
il se montra
la bataille,
vers dix heures avec toute
re-
le matin
son armée, passa
l'Elster, franchit
le ruisseau de Flongraben,
et se forma entre les villages de Worben
et Sombesen.
Cet événement
inattendu
obligea
29
Napo-
MÉMOIRES
338
à prendre
de nouvelles
dispositions.
de la
Eugène eut ordre de se rapprocher
léon
de
Le
attaqué.
quatrième
gauche
Ney, déjà
sous les ordres de Bertrand,
dut
corps,
sur les derrières
de l'enaussi s'avancer
nemi
au moment
le plus
fortement
corps
se trouverait
La réserve
engagée.
sur Kaya
de Lutzen
porta
l'aile droite
où la ligne
du centre,
tandis
pour
se
soutenir
que le sixième
y obliquerait.
certain
de la
L'ennemi,
qui paraissait
marchait
réussite de son entreprise,
pour
déborder
notre droite et gagner le chemin
Il fut arrêté par la division
d'abord une
qui lui fit éprouver
Compans,
les
considérable.
Cependant
perte
plus
de Weissenfeld.
grands
efforts
se faisaient
au
centre.
Le
de Kaya fut pris et repris plusieurs
s'engageait sur une
fois, tandis que l'action
de
couverte
de
de
deux
lieues,
feu,
ligne
fumée et de poussière.
village
Dans
sur l'aile
ce
moment
gauche
Bertrand
de l'ennemi,
déboucha
et Eugène
DE NAPOLÉON.
sur les hauteurs,
dorf et sa gauche à Ketzen;
se déploya
canon qui protégeaient
le ravage
rent bientôt
l'ennemi.
550
sa droite
à Eis-
60 pièces
de
sou front,
portèdans les rangs de
redoublait
ses at-
Wittgenstein
et emportait
taques sur le centre,
de nouveau le village
de Kaya en repoussant
le
troisième
corps en désordre ; mais Napoà tout,
l'eut bientôt ralléon, qui veillait
lié et remis
De part
acharnement
en ligne.
et d'autre
çait à chaque
extrême
moment
progrès.
on se battait
; l'ennemi
et faisait
l'ennemi
avec un
se renfor-
de grands
se fût avan-
Lorsqu'enfin
de
pouvoir
céaupoint
le cinquième
corps,
être pris en flanc par
Napoléon commanda
au maréchal
de donner
Mortier
sée avec la jeune garde au village
et de reprendre
le village ; tandis
tête baisde Kaya,
que l'em-
faisait mettre
une batpereur lui-même
terie de 80 pièces en avant de la vieille
le
garde formée en échelons pour soutenir
centre.
La cavalerie
de la garde
et
deux
540
MÉMOIRES
faisant ensemble un faible corps
divisions,
de quelques
mille
chevaux , devaient
seconder de leur mieux la réserve.
A la suite de ces dispositions,
l'artillerie
fit un feu épouvantable,
de
et l'infanterie
la garde tomba avec tant de vivacité
sur le
village de Kaya, que tout plia devant elle,
Alors Napoléon
à sa droite un faordonna
en avant, et à
moule
même
par
Cette
de l'ennemi.
de front
meux
changement
sa gauche de menacer,
les derrières
vement,
manoeuvre força les alliés
entre
pris
plusieurs feux,
retraite
pour sortir
leur
, qui allaient
à précipiter
être
leur
où
d'un
pareil danger,
Mais
les avait conduits.
présomption
quelle perte ne firent-ils
de 25 à 30,000
Cette bataille,
!
s'éleva
elle
pas
tués ou blessés.
sans
cavalerie,
gagnée
lorsque les alliés en avaient une très-nombreuse , fit le plus grand honneur
à l'infanterie
ces paroles
française , et justifia
de Napoléon
à ses soldats avant l'action :
" Une
bonne
infanterie
soutenue
par
DE NAPOLÉON.
» de l'artillerie
doit
541
se suffire,
savoir
"
L'armée
française suivit ensuite l'ennemi
dans sa retraite
sur Dresde,
où l'avantle 8
garde , aux ordres d'Eugène , arriva
mai ,
l'Elbe.
en
l'ennemi
poussant
au-delà
fit son entrée
Napoléon
ville à la tête d'une
On reconstruisit
avaient
de
dans cette
partie de sa garde.
les ponts que les alliés
on en établit
un de ra-
détruits,
deaux ; et, le 11 , les quatrième
, sixième ,
onzième
et douzième
corps passèrent le
sur
fleuve. Les deux premiers
se dirigeant
le onzième
Koenigsbruk,
de Bischaffworda
Miloradowitch
retraite
le battit
tenir
la
prit
, rencontra
, l'attaqua
à la
, le força
, le poursuivit
jusqu'à
encore. Le quatrième,
communication
direction
la
le général
de
et
,
Goëdau
mainpour
l'aile
avec l'armée
droite
de vive force
, s'empara
enleva
Koenigs-yvartha ; le cinquième
de
la
défendue
le
de Weissig
position
gépar
sur
néral York ; le deuxième
se porta
Torentra
dans
le
;
Wittemberg
septième
29*
MÉMOIRES
542
de quitter,
venait
le
troisième
gau , que
sur Lukau.
afin de marcher
en Italie
se rendit
Eugène
un
promptement
devait rejoindre
quelle
au 20 mai.
armées
Alexandre
troupes
ET
BAUXZEN
CHEN.
était
Voici
de
réunir
qui
la grande-armée.
DE
BATAILLE
corps
pour
la situation
WURT-
des deux
en personne l'arde Kleist,
de
renforcée
commandait
mée alliée
, qui,
de
des
levées
,
,
Barklay
Tolly
prussiennes
hommes.
de
un
total
160,000
présentait
Sa gauche était, appuyée
à des montagnes
aux
et perpendiculaires
cours de la Sprée , à peu près à une lieue
foravait
Cette
ville
de Bautzen.
, qu'on
le*
tifiée et garnie
de redoutes
soutenait
,
couvertes
centre
de bois
de l'ennemi;
sur des mamelons
les débouchés
était
couvert
sa droite
fortifiés
de la Sprée,
de la rivière.
s'appuyait
défendaient
qui
tout son front
Cette
position,
545
DE NAPOLÉON.
n'était pas la seule occupée par
très-forte,
encore à une
les coalisés ; on apercevait
lieue en arrière
, des travaux
qui marLa
la seconde
quaient
était appuyée
arrière
gauche
position.
en
aux mêmes montagnes,
de celles
de la première
position
et fort
,
; le
en avant du village d'Hochkirch
centre était appuyé à trois villages retranchés, où l'on avait fait tant de travaux
qu'on pouvait
places fortes.
positions,
de front,
dait l'armée
les considérer
C'est
dans
qui avaient
lieue
remporterait
toutes celles de son rival,
Napoléon, ainsi
et à la Moskowa
combinaisons,
tiles , et obtint
L'armée
plusieurs
et demie
de Russie atten-
française , bien
une victoire
illusion
persuadé qu'il
qui effacerait
s'évanouit
qu'il l'avait
fait
bientôt;
à Wagram
, rendit,
par ses savantes
tous ces grands travaux inu-
succès.
le plus brillant
s'était augmentée
française
corps,
des
ces formidables
une
que l'empereur
Cette flatteuse
comme
aux ordres
de Saint-Cyr
de
,
MÉMOIRES
344
etc. , et comptait
de Reynier,
d'Oudinot,
combattons.
environ
180,000
Napoléon
sur les hauteurs
avait son bivouac
, en arrière de Bautzen. Sa droite , qui s'appuyait
de la
aux montagnes
sur la rive gauche
de
la
de
l'enétait
gauche
Sprée,
siparée
nemi par cette vallée ; son centre était desa
de
Dresde
la
route
sur
;
,
la
en
remontant
Sprée jusqu'au
gauche
débouché
de Jaselitz.
Ney , avec les troi-
vant
Bautzen
marsième , cinquième
et septième corps,
chait depuis la veille pour tourner la droite
et se porter , après avoir passé
d'Alexandre,
la Sprée, sur Wurschen et Wessembourg,
la garde en réserve derrière
le centre.
fut donné à la
Ce même jour , l'ordre
la Sprée et d'attaquer
droite
de franchir
les montagnes
de l'ennemi.
la gauche
qui protégeaient
centre
dut traverser
Notre
sa
droite;
inquiéter
pour
la gauche établit
des ponts sur chevalets à
droite et à gauche de Seydau , et passa également.
aussi cette rivière
DE
545
NAPOLEON.
se troules ordres de l'empereur
Amidi,
vèrent exécutés avec autant de courage que
de précision
fut repoussé sur
, et l'ennemi
sa seconde
, excepté
sa droite
position
se maintint
sur les hauteurs,
entre
armée et les trois corps du maréchal
qui l'avaient
débordée
en
Lukau et Kolau sur Wurschen,
général d'Alexandre.
Napoléon
heures dans Bautzen.
Ney,
de
marchant
quartierentra à trois
Dès lors,
de
Russie
l'empereur
trevoir la possibilité
d'être forcé
deuxième position
, s'il persistait
fendre ; ainsi,
toutes
vaient être changées.
vaux demeurèrent
qui
notre
dut endans sa
à la dé-
ses dispositions
Ses immenses
detra-
inutiles.
En effet,
sa
droite devint
son centre , sans qu'il l'eût
prévu, et il fut obligé de jeter une partie
de son armée dans un lieu peu favorable
et qu'il ne connaissait
pas , pour l'opposer
aux trois corps de Ney , qui le débordait
de plus en plus , en avançant
toujours
sur le village
de Preilitz.
MÉMOIRES
346
Le 21, à 5 heures du matin,
sur les hauteurs
se transporta
de lieue
de Bautzen.
Napoléon
, à 3 quarts
Notre droite
une vive fusillade
sur les hau-
en avant
commença
teurs qui défendaient
la gauche des alliés,
le combat, afin
d'entretenir
et reçut l'ordre
de masquer la véritable
attaque, dont le résultat ne pouvait pas se faire sentir avant une
heure après midi. A 11 heures, la gauche
marcha
à 1,000
toises
en avant
de sa pocaépouvantable
, et engagea une
nonnade
devant les redoutes
sition
chemens
de l'ennemi.
et les retran-
La réserve,
manoeuvrèrent
à pied et à cheval
le tenir incertain
sur le véritable
la garde
afin de
dessein
de Napoléon.
l'ence temps, Ney culbutait
Pendant
la
nemi au village de Klix,
Sprée,
passait
et menait battant ce qu'il avait devant lui,
jusqu'au village
mais les réserves
cées pour
maréchal
de Preilitz
de l'ennemi
enleva;
qu'il
s'étant avan-
le
le quartier-général,
le village.
fut ramené et perdit
couvrir
DE NAPOLÉON.
347
centre
à
a gauche de notre
commença
éboucher à une heure sur la route, entre
liskawitz et Doberschutz.
Alexandre,
plus
et voyant le danembarrassé que jamais,
la
le
direction
menaçait
par
que
ger qui
le
crut
seul
que
moyen
prenait la bataille,
qu'il devait
employer
pour
le
contre
combat
avantage
de
déboucher,
l'empêcher
en même temps à l'attaque
était
de
Ney,
et de s'opposer
du centre. Ces
et trop
dispositions tardives,
de l'armée
néesaux opérations
hâtèrent la défaite
Le moment
avec,
soutenir
subordonfrançaise,
des ennemis.
de décider
le sort
de la ba-
Nadès lors bien indiqué.
à
sa
un
mouvement
gauche ,
poléon , par
la
avec
en
un
garde
quart-d'heure,
seporta
et toute la cavalerie,
sur le flanc de la
le
était
devenue
droite de l'ennemi,
qui
taille se trouvait
centre. Le mamelon
dont
Alexandre
avait
II voufut enlevé.
ait son point d'appui
le
avec
deux
reprenut,
grandes masses,
au général
ordonna
dre; niais Napoléon
,
548
MÉMOIRES
Devaux
riger
bien
d'établir
une
Batterie
et d'en dile feu sur ces masses. Cette artillerie
servie
un
effet
produisit
prodigieux,
fit aussi avancer 60 pièces de ca-
Napoléon
non et toute
la jeune garde
de Kleimbascwitz
; coupant
Wurschen
sur l'auberge
le chemin de
à Bautzen.
L'ennemi
fut obligé de dégarnir
sa droite
pour parer à cette nouvelle
attaqué.
Ney
en profita
et marcha en avant, reprit
alors
sans peine le village de Preilitz,
et s'avança
sur Wurschen.
A
3 heures
après
midi,
le combat
était
et
entièrement
engagé,
un feu épouvantable
se faisait entendre sur une ligne de 3 lieues.
la
bataille
était gaannonça
que
Napoléon
En
effet,
gnée.
la mit
tournée,
centre,
fuite. A
voyant sa droite
en retraite
ainsi que son
et bientôt
cette retraite
devint une
Wurschen.
faire
venait
l'ennemi
7 heures
du soir,
Ney
arriva
Le
6e corps reçut l'ordre
un mouvement
à celui
inverse
d'exécuter
la garde,
d'entrer
à
de
que
dans
DÉ NAPOLÉON.
549
les retranchemens
à droite
prendre
et de pivoter
dégarnis,
vers Kumschutz
et Olnitz,
afin de
à dos l'aile gauche de l'ennemi
en
s'avançant sur Hochkirch.
condé par les 11e et 12e,
Ce corps,
setout
ce,
accomplit
et cette aile fut écraqui lui était prescrit,
sée et mise dans une déroute complète.
Ainsi, toute l'armée combinée fuyait sur
sur
en
et
laissant
Lobau,
Weissemberg
couvert de ses morts
champ de bataille
et
de ses blessés au nombre
et
de
20,000,
le
en notre pouvoir.
10,000 prisonniers
roi
de
de
Russie
et
le
Prusse
L'empereur
réduits
tirent
de
Bautzen
se
la
bataille
re,
après
avec leur ardans la Haute-Silésie
mée démoralisée
licitèrent
et à moitié
un armistice
soldétruite,
traiter
de
la
pour
le plus ardent désir
paix. C'était seconder
de l'empereur.
Eu effet, il ne voulait que
la paix, pourvu
fût
il
honorable;
qu'elle
et fut encore la
consentit
à l'armistice,
de
sa
Les
alliés
franchise.
profitèrent
dupe
du temps qu'il leur accorda pour faire des
50
MÉMOIRES
350
levées,
réorganiser
d'Autriche
l'empereur
contre
à s'armer
et décider
armée,
et d'autres
princes
la France.
DE
BATAILLE
(N)
leur
DRESDE.
1813.
A la suite
de l'armistice,
ses cantonnemens
çaise prit
et Liegnitz
hême
jusqu'aux
et à Goerlitz.
établit
son
Napoléon
et sa garde à Dresde.
étaient
et l'armée
fériorité
fran-
depuis Glogau
de la Bofrontières
quartier-général
du 10 août
A l'époque
alliées
l'armée
fortes
française
numérique
raison
1813,
les armées
de 656,000
hommes,
Cette in-
de 464,000.
avait augmenté
la
par
à la
s'attendait
qui
que Napoléon,
heureudans son espoir;
fut
paix,
trompé
sement il avait en face des ennemis
qui
savaient
commander
de suite
sa
loyauté
surprendre
de grandes armées. Il mit
mieux
ses troupes
en mouvement,
que
tout
et le
DE NAPOLÉON.
17 août elles se trouvèrent
351
placées
de cette
:
manière
Les 4e, 12e et 7e corps, sous les ordres
de
aux
environs
étaient
Dahme,
d'Oudinot,
le 3e à Leignitz,
à Loewemberg,
le 5e à Goldberg,
le 6e à Buntzlau,
2e et 8e aux environs
de Zittau,
le 11e
les 1er,
le 14e au
de
et
sa
;
garde
camp
Koenigstein
Napoléon
où ils arrivèrent
marchaient
sur Gcerlitz,
le 18.
L'armée
la position
80,000 hommes
ennemie
tenait
sui-
s'avante : en Bohême,
autres s'étavançant sur l'Elbe ; 200,000
blissant sur la rive gauche de ce fleuve,
100,000 homprès de Prague ; en Silésie,
mes se réunissant
aux environs de Breslau;
dansle Brandebourg,
couvraient Berlin.
L'ennemi
dans l'idée
la rive
avait
que
gauche
110,000
ainsi
qui
ses corps,
sur
repasserait
disposé
Napoléon
de l'Elbe.
Le 19, l'empereur
marcher sur-le-champ
hommes
fit
se porta à Zittau,
le 8e corps, força
362
MÉMOIRES
les débouchés
de la Bohême,
chaîne de montagnes
grande
cette province
franchit
la
qui sépare
et entra à Ga-
de la Lusace,
bel pendant
d'infanterie
et
qu'une division
une de cavalerie
de la garde s'emparaient
des
monde Rumbourg,
le
col
passaient
tagnes à Georgenthal,
du 8e corps se rendait
division
et qu'une
maîtresse
de Rik-
chenberg..
Cette opération
ter
les alliés
notions
avait pour but d'inquiédes
sur Prague,
et d'obtenir
certaines
au sujet
l'élite
que
On apprit donc
et prussienne
traversait
se réunir
sur la rive
revint
Napoléon
le 20, à une heure
de leurs desseins.
de l'armée russe
afin de
la Bohême,
gauche de l'Elbe.
de la Bohême
à Zittau
y laissa
le 2e corps pour appuyer
le 8e, plaça le 1er
à Rumbourg
les deux divipour soutenir
sions de la garde, à qui il ordonna
de construire
des redoutes
domine
avec
le col,
sa garde,
du matin;
sur
et marcha
par Lobau,
il
le mamelon
le même
qui
jour,
en Silésie, où
DE NAPOLÉON.
583
à 7 heures.
Le lendemain
il arriva
, il
était à la pointe du jour à Loevemberg.
Là il apprit que tous les corps qu'il avait
laissés en Silésie étaient repliés derrière le
Il fit jeter des ponts sur cette rivière. Le 5e corps passa à midi,
culbuta
tout ce qui voulut lui fermer
le chemin ,
enleva toutes les positions,
et, secondé par
Bober.
le 11e, mena l'ennemi
battant jusqu'auprès
de Goldberg.
Sur la gauche, le 3e attaquait
le général Sacken en avant de Buntzlau ,
déroute
et
lui
le
mettait
en
renversait,
le
faisait des prisonniers.
ainsi contenu
L'ennemi
en Silésie,
Na-
poléon emmena avec lui le maréchal
Ney,
dont le corps passa sous les ordres de Souham , laissa le commandement
de l'armée
de Silésie,
5e
et
11e
des
3e,
composée
à Macdocorps, , avec le 2e de cavalerie,
nald.
le
à
arriva
25
Stolpen , à
Napoléon
lieues
de
Dresde.
Lagarde,
l'infanterie,
6
la cavalerie et l'artillerie
firent, en 3 jours,
40 lieues
des
horribles.
chemins
par
30*
384
MÉMOIRES
Dès le 22 août, la principale armée des
s'était
alliés, forte de 200,000 hommes,
dans
les
sur
le
de
situé
Pirna,
portée
camp
environs de Dresde , et occupé par le 14
Saintle
maréchal
commandait
corps que
avec
coalisés
ce
Les
Cyr.
corps
attaquèrent
leur droite. Le général français, ne voulant
se repoint perdre de monde inutilement,
tira sur Dresde, qu'il avait fortifiée par des
ouvrages avancés; il distribua ses troupes
le plus avantageusement possible, et attendit les événemens. Mais l'ennemi tâtonna , n'osa pas profiter de ses avantages
et donna le temps à Napoléon d'accourir
de la Silésie au secours de Dresde , place
importante
qui était toujours le point central de ses opérations.
Arrivé, à Stolpen,
se remit en marche
périale,
vie du
fanterie
valerie
il prit ses mesures et
le 26 : la garde imformant tête de colonne, était sui1er corps de cavalerie et du 2e d'in, venus de Zittau, ainsi que la cadu 4e; le 6e corps resta un peu en
DE NAPOLÉON.
arrière ; le premier
tein pour débloquer
du
camp
parer
355
fut dirigé sur Koenigscette forteresse,
s'em-
de Pirna
et faire
rétablir
le
pont.
à Dresde
arriva
Napoléon
heures du matin
1er corps
vers
les 10
avec toute
de cavalerie
sa garde et le
les tra; il examina
vaux de la ville
et les dispositions
du maréchal Saint-Cyr,
et trouva tout bien ; ensuite il s'occupa
à placer
les troupes
qui
l'avaient suivi, soit pour résister,
Soit pour
les alliés.
repousser ou attaquer
On ne comprend
l'ennemi
pas pourquoi
les 24 et 28, lorsn'attaqua pas Saint-Cyr
était en Silésie ; il eût induque Napoléon
bitablement
enlevé
ce succès auraient
Dresde.
Les
suites
de
été incalculables.
Le 26 août, à quatre heures après midi,
au signal de trois
de
six
cocanon,
coups
chacune
de
lonnes ennemies,
précédées
pinquante
peu après,
environnent
à feu, se formèrent,
descendirent
des collines
bouches
Dresde
à une
lieue
et
qui
dans la
MÉMOIRES
356
elles
plaine;
doutes.
En
se
sur les
dirigèrent
moins
d'un quart-d'heure
rela
; le feu d'une
de nos redoutes
étant éteint, les assiégeans
et firent
ensuite des efforts
la tournèrent
canonnade
devint
terrible
au pied de la palanque
l'enlever.
Il était
des faubourgs
de cinq
heures;
pour
une partie
près
avait pris part
des réserves de Saint-Cyr
obus tomà l'action,
et déjà quelques
baient
dans
la ville.
L'ennemi
éteignait
des palissades;
le feu de la nôtre,
Napoléon
moment
ne jugeait
pas
où il
fût arrivé
ses ordres
principaux.
l'ennemi
fut
s'approchait
Quand
tions et bien
triompher
avançait,
son artillerie
et pourtant
le
encore
que
devait
donner
éloigné de ses posine
,
qu'il
pensait qu'a
engagé
l'armée
et semblait
mépriser
se
de
à
française,
Napoléon
Ney
avec deux divisions
de la jeune
porter
garde sur sa gauche, en débouchant
par la
de marchet
porte de Planen, et à Mortier
ordonna
DE NAPOLÉON.
avec deux autres
357
du même
divisions
corps
de Pirna.
sa droite,
par la porte
Ces divisions culbutèrent
tout devant
contre
Le feu
elles.
La
s'éloigna
nuit
sur-le-champ.
devint très-obscure,
et le feu cessa; mais
le lendemain
au matin
on vit distinctement
l'ennemi
prolonger
les hauteurs
qui
couvrir
sa gauche
et
étaient séparées
le
de
vallon
Plaùen.
par
Dans ce moment les deuxième
et sixième
de son centre
corps d'armée,
avec un gros
détachement
ce
cavalerie,
ayant joint
l'empereur,
baprince fit ses dispositions
pour livrer
sa gautaille ; il donna sa droite à Murat,
che à Ney et le centre à Soult.
de
Sa droite,
se déploya
Cola; une
réserve;
divisions
du deuxième
composée
devant Lobda,
masse
de
sa gauche,
de la jeune
le
en s'appuyant
forma
cavalerie
sa
en s'apl'Elbe,
corps de cavalerie
et
entre
puyant
au quatrième
en avant d'Engelhardtz
porté
à
des
quatre
composée
garde, se mit en ba-
taille
parc
corps,
; le centre,
358
MÉMOIRES
formé des sixième et quatorzième oorps, se
:
ainsi
le
à
cheval, sur la
plaça
premier
route de Dippoldiswald,
en s'étendant jusle second se déqu'aux Maisons-Rouges;
ploya en arrière de Strehlen, et tint le
chasseurs à pied et
parc ; lesfgrenadiers,
la cavalerie de la vieille garde furent mil
en réserve un peu à droite des Maisons-
Rouges.
L'armée ennemie était en bataille dam
la plaine et sur les hauteurs : sa droite s'étendait
entre l'Elbe
Pilnitz
et le grand chemin de
enle
terrain
occupait
nitz.
Le temps était
bait par torrens,
affreux ; la pluie tomet les soldats avaient
; son centre
tre Strehlen et Plauen ; sa gauche s'étendait au-delà de la petite rivière de Wesseritz; la réserve était placée en arrière
de Strehlen , Plauen, Wolsnitz et Pries-
l'eau.
la
nuit
dans
dans
la
boue
et
passé
A la pointe du jour l'attaque commença.
A sept heures, une forte canonnade s'en-
DE NAPOLÉON.
359
sur toute
la ligne ; à neuf heures ;
agea
à
Murat
de
ordonna
déboucher
apoléon
le
deuxième
et
les
divisions
de
avec
corps
cuirassiers sur la route
de Freyberg,
de l'ennemi.
pour
Murat
la
attaquer
gauche
sa
mission
le
avec
plus grand sucemplit
cès.Les six divisions
qui
composaient
aile
furent
culbutées
et
cette
éparpillées;
et ses
a moitié fut prise avec ses drapeaux
canons.
Au centre,
it l'attention
une
vive
canonnade
de l'ennemi,
nnes se montraient
prêtes
soute-
et des coà l'attaquer
Notre
d'autres
gauche manoeupoints.
leur
ait en avançant et repoussant
sa droite
Blaswitz et Gruna, pendant que le maréchal Saint-Cyr
(14e corps) liait
centre à la gauche,
xième, notre
ta défaite d'Alexandre
devint
avec le
complète
èsqu'il
sa
grande communicaeut perdu
de
et
sa
sa
Bohême
gauche
droite,
tion
par
Il
la
dans
se
décida
à
retraite.
t-il
perdit,
cettegrande
journée,
en tués,
blessés et
360
MÉMOIRES
mille
soixante
prisonniers,
hommes;
et soixante
en
outre, quarante
drapeaux
ces de canon. Les Français
n'eurent
quatre mille hommes à regretter.
Moreau
un boulet
eut les deux
jambes
de
canon,
pendant
une batterie
derrière
tretenait,
avec l'empereur
de Russie.
le transportèrent.sur
chaumière,
pièpas
brisées
qu'il
par
s'en-
prussienne,
Des Cosaques
leurs piques dans une
le feu de l'armée
fran-
que
de quitter;
bientôt
çaise l'obligea
alors au quartier-général
conduisit
où on l'amputa;
Lahu, où il mourut
mi,
on le
enne-
de là, on l'emporta
le 2 septembre.
à
Les 28, 29 et 30, l'armée française pourdans toutes les directions,
suivit l'ennemi
Nous lui prîmes plus de
vers la Bohême.
mille
caissons
de munitions,;
et de
de prisonniers
ou voitures
des canons ; beaucoup
de faim
blessés mourant
tirés
ment
dans
les villages',
entre nos mains.
Le premier
corps
étaient
, qui
tombèrent
déboucha
re-
égale-
par
Koe-
DE NAPOLEON
361
du
s'empara
camp de Pirna et
nistein,
de Hollendorff.
ce
Le 28,
même corps
battit quinze-mille :Russes, aux ordres, du
leur enleva deux
prince, de Wurtemberg,
six canons, et s'établit
mille prisonniers,
sur le haut
des
le, lendemain
monthgnes
qui séparent la Misnie de la Bohême Le
deuxième corps et les divisions de cuirassiers occupèrent Lichtenberg;
le sixième,
Dippoldiswalda ; le quatorzième,
Reinla
jeune garde, Pirna.
hardis-Grimma,
Cependant,les avantages remportés par
à Lutzen,
sur
le Bober
Napoléon
Bautzen,
et à
Dresde, furetn extra ordinairement diminués par les échecs qu'éprouvèrent
Ou23
le
à
Macdodinot,
août,
Gross-Bere,;
nald, le 26, sur la Katzback; Vandamme,
le 29, Kulm; Ney, le 6 septembre, à Juterbogk.
(O)
BATAILLE
octobre
l'ouverture
Depuis
DE LEIPSICK.
1813.
de la campagne
31
jus-
362
MÉMOIRES
6
l'ennemi
qu'au
septembre ,
avait perdu
sur le Bober et à
à Lutzen, à Bautezn,
Dresde dans sescombats avec Vandamme,
Oudinot
et Ney , 160,000
Macdonald,
hommes, et les Français 70,000 au plus.
Mais les pertes à Kulm,
Gross-Aberen,
et surtout sur la Kutzback ne
Juterbogk
pas seulement la force numérique de notre armée; elles furent encore
contraires aux combinaisons de Napoléon.
diminuèrent
il se fût maintenu
en Saxe
Cependant,
sans la retraite inconcevable que fit Macdonald; d'Hochirck
sur Dresde, bien qu'il
eut été renforcé par le huitième
corps.
Ce mouvement retrograde favorisa la jonction des armées ennemies, que l'émpereur
avait empêchée jusqu'alors. La défection
des Bavarois, ensuite la trahison des Saxons
des Wurtembergeois,
présentèrent
les obstacles multipliés qui environnerent
le
et
à
renoncer
déterminèrent
Napoléon
et
à son plan et àse rapprocher de Leipsick.
Toutefois avant de commencer son mou-
DE NAPOLÉON.
365
vement sur la Saale, il marcha contre Blûlaissant Mucat avec
cher et Bernadotte,
un corps d'armée d'infanterie
et un de
cavalerie pour observer Schwartzenberg,
à Dresde,
et Gouvion-Saint-Cyr
Au lieu d'accepter la bataille , Blücher
et Bemadotte , quoiqu'en force , se portent
les
sur Leipsick
communipour couper
cations à Napoléon. Celui-ci
les, devine,
en conséquence,
les atteint
à Dessau, les oblige au combat, et les force
à rétrograder
de deux marches, après les
manoeuvre
avoir battus. Alors il profite de leur éloignement pour concentrer toutes ses forces,
excepté celles de Davoust et de Saint-Cyr,
près de Leipsick; elles montaient à180,000
hommes , dont 25,000 de cavalerie. Les
alliés présentaient
de
encore un effectif
330,000 combattans,
chevaux.
L'armée
française
y compris
60,000
le 15
prit position
octobre, Napoléon et son quartier-général
à
une demi-lieue
de la ville,
à Renitz,
MÉMOIRES
364
le quatrième corps au village de Lindenau,
huile sixième à Liberital ; les deuxième,
la droite à Doelitz et
tième et cinquième,
la gauche à Liber-Volkowitz;
et septième
s'avançaient
les troisième
d'Enlenbourg
pour flanquer le sixième ; les autres corps
d'armée et la cavalerie manoeuvraient pour
entrer
en ligne.
armées ennemies
Les
s'étendaient
en
circulaire
de
autour
ligne
Leipsick.
Le lendemain 16, à 9 heures du matin,
l'ennemi s'avança sur l'armée française; et
opéra constamment
pour s'étendre sur sa
droite. Trois de ses colonnes se portèrent
d'abord
sur les villages
de Doelitz, de Wadéfendus par
chau, de Liher-Wolkowitz;
le huitième corps, l'autre par le deuxième;
et le dernier par le cinquième.
Ces trois
Colonnes étaient précédées par 200 pièces
de canon. A dix heures la canonnade était
des plus fortes, et à onze les deux armées
se trouvaient
entièrement
engagées aux
trois: villages, qui furent attaques six à sept
DE NAPOLEON.
365
fois, L'ennemi fût constamment repoussé
des
A
immenses.
le
onavec
pertes
midi,
zième corps déboucha par Holzhanser,
marcha sur une redoute
de charge.
et l'enleva
au pas
Dans cet état de choses, le moment parut décisif; Napoléon fit avancer sur Wachau et Liber-Wolkowitz
toute la jeune
gardé, avec une batterie de 150 piècés de
canon qu'il avait sous la main. L'ensemble
et exéde ces dispositions bien combiné,
eut un plein succès;
cuté avec vigueur,
l'ennemi abandonna le champ de bataille.
A trois heures, ses réserves s'avancèrent ;
leur gauche s'empara de Doelitz et vint
se
mit
en
Murât
Wachau.
pour attaquer
mouvement avec tous les cuirassiers, charde
la
la
ennemie
cavalerie
gauche
gea
par
ce village, pendant que les chevau-légers
polonais et. les dragons de la garde attala droite.
quaient par
coalisés fut culbutée.
champ rénforcer
La
cavalerie
des
fit
sur-leNapoléon
une
huitième
corps par
le
31*
366
division
ensemble
MÉMOIRES
dé la vieille
au village
garde. Ils se portèrent
de Doelitz,
l'assailli-
à la baïonnette,
et l'enlevèrent
sans
coup férir, tant la vieille garde imprimait
encore de terreur à l'ennemi.
rent
Une partie de la droite française, sous
les ordres de Bertrand , repoussa pendant
la journée la gauche de l'ennemi,
les
commandée
Giulay,
par
généraux
Thielmann
et Lichtenstein;
et lui fit évacuer le champ de bataille. Notre gauche,
où se trouvait
fut moins heuMarmont,
toute
reuse ; elle éprouva des pertes importantes; cependant elle couserva sa position.
L'armée ennemie, déconcertée dans ses
projets, s'étâit, après avoir essuyé de grandes
la
dans
soirée et pendant
retirée,
pertes,
la nuit, dans une belle position,
à deux
lieues de Wachau, pour attendre des renforts et les ordres des souverains alliés.
Comme l'armée française avait besoin d'un
de
peu
repos et de ses partes de réserve,
Napoléon employa la journée du 17 à re-
DE NAPOLEON.
connaître
l'ennemi,
et à bien
déterminer
mais jugeant que la po-
le point d'attaque;
sition de Schwartzenberg
il résolut
367
de l'attirer
était trop forte,
sur un autre ter-
rain.
Le 18, à deux heures du matin,
l'emde deux lieues de
pereur se rapprocha
la
et
droite de son armée à
Leipsick,
plaça
Connewitz
la
, le centre à Probsteyde,
gauche à Stoctteritz, la garde à Thouberg,
et Ney à la tête des 3e, 6e et 7e corps d'armée et deux de cavalerie, vis-à-vis l'armée
ennemie, de Silésie, sur la Partha,
depuis
Neutsch jusqu'à la route de Halle.
A trois heures du matin, Napoléon
se
rendit au village de Lindenan, ordonna au
de se porter
avec son.
général Bertrand
sur
de
et
Lutzen
corps
Weissenfeld,
balayer la plaine et de s'assurer des débouchés sur la Saale et de la communication
avec Er furt. Ce général exécuta parfaitement les ordres, qu'il reçut ; il dispersa
les troupes légères ennemies,
et à midi,
MÉMOIRES
368
s'empara
la Saale.
de Weissenfeld
et du pont sur
ayant assuré ses communide faire
cations, chargea le major-général
débarrasser
les derrières de l'armée,
et
le
défilé
de
Lindenau
à tout ce qui
passer
Napoléon,
était inutile
et. pouvait
gêner ses mouvemena en cas de retraite ; alors il attendit
lés alliés de pied fermé.
la canonnade
A disu heures du matin
s'engagea. Tous les efforts de l'ennemi
pendant toute la journée, contre ConneLe onéchouèrent.
witz et Probstheyde,
zième corps fut débordé à Oholzhausen,
Napoléon ordonna
lage de Stoctteritz.
qu'il se plaçât au vilLe feu devint terrible ;
le treîzième corps, nouvellement
arrivé à'
l'armée, défendait un bois sur le centre, et
s'y soutint
tout le jour.
Deux
divisions de la jeune garde furent
envoyées pour soutenir le huitième corps
et deux autres
qui se battait à Connewitz,
pour garder les
débouchés de Leipsick. La
DE NAPOLEON.
369
vieille garde, formée sur quatre colonnes,
sedirigea vers les quatre principaux
points
d'attaque.
Le succès de la bataille
devait
se déci: l'ennemi
der au village
de Probstheyde
des
fois
forces
avec
iml'attaqua quatre
avec
fois
fut
;
quatre
posantes
il
repoussé
despertes considérables. A cinq heures du
Et avancer ses réserves
soir, Napoléon
le
et
feu
d'artillerie,
reploya
de l'ennemi,
qui s'éloigna
bataille.
Pendant
à une lieue
ce temps,
du champ
l'armée
de
de Silésie
de
ses
attales
Halle;
Attaqua
faubourgs
fois
de
un
nombre
renouvelées
ques
grand
furent toutes sans sucdans la journée,
la
Elle
avec
essaya,
cès.
plus grande partie de ses forces, de passer la Partha à
Schoenfeld et à Sainte-Teckla
elle parvint à se placer sur la
che, et trois fois Ney la renversa
nette. Ce maréchal allait enfin,
tant,
de la manière
; trois fois
rive, gauà la baïonen exécu-
la plus distinguée,
370
MEMOIRES
les ordres de l'empereur,
malheur
lorsqu'un
mée,
se réunir à l'arinattendu survint
tout à coup.
trois
heures
A
la
victoire
midi,
après
était pour nous de ce côté contre Blücher et
ainsi que du côté où se trouBernadotte,
vait Napoléon contre la grande armée. En
cet instant, l'armée saxonne, infanterie,
la
cavalerie
wuret
artillerie,
cavalerie,
Cette
tembergeoise passèrent à l'ennemi.
noire
mit du détrahison,
non-seulement
sordre dans nos lignes, mais livra à l'ennemi le débouché important,
confié à ces
lâches
l'infamie
qui poussèrent
jusqu'à
tourner aussitôt leurs quarante pièces de
canon contre la division Durutte. Un moment de confusion
les coalisés
s'ensuivit,
franchirent
la Partha, et marchèrent
sur
Reidnitz
dont ils s'emparèrent.
Ils n'étaient
sick.
Alors
plus qu'à une demi-lieue
de Leip-
Napoléon, avec sa présence d'espait ordinaire , envoya sa garde à cheval
DE
NAPOLÉON.
371
afin de prenavec vingt pièces d'artillerie,
dre en flanc les troupes qui s'avançaient le
long delà Partiha :pour attaquer; la ville.
Lui-même se porta, avec une division de
la vieille garde à pied, au village de Reidnitz. La promptitude
de ces mouvemens
rétablit l'ordre. Le village fut repris, et
l'ennemi poussé fort loin.
trahison, le déMalgré cette horrible
sordre qu'elle occasiona, et le nombre
de combattans qu'elle enleva, l'armée française conserva le champ de bataille, et demeura victorieuse.; le feu de notre artillerie repoussa sur tous les points, celui de
l'ennemi à une lieue..
des Saxons et des Wurtemde
munile
ainsi
que
manque
bergeois,
tout-à-fait
tions, déterminèrent
l'empereur à se retirer sur son grand dépôt d'ErLa désertion
avait
furt. L'armée,
depuis cinq jours,
tiré 220,000 coups de canon, et il n'en
restait dans les caissons qu'environ
16,000.
ordonna
que
sur-le-champ
L'empereur
373
MEMOIRES
les bagages, les parcs et l'artillerie
passassent le défilé de Lindenau;
il donna le
même ordre, à la cavalerie et à différens
à neuf
corps d'armée ; il vint lui-même
heures dû soir placer dans les faubourgs
de Leipsick les corps qui devaient, dès
contenir l'ennemi le
qu'il se présenterait,
à
l'armée
à
nécessaire
et
son matétemps
riel pour se porter au-delà du défilé.
Les mouvemens rétrogrades de l'armée
sans
difficultés; cependant on
pas
n'étaient
les rendre
faciles
laissant
un
en
d'armée
et
cinquante pièces de
seul corps
canon sur les remparts, et en incendiant
pouvait
les faubourgs, afin d'empêcher
L'ennemi
de s'y loger. Napoléon ne voulut point
de
destruction
avoir à se reprocher
la
cette grande ville, célèbre par son comet
à
l'allié
qui appartenait
qui lui
merce
était seul résté fidèle.
A la pointe du jour tous les parcs , les
la cavalerie, la garde
bagages, l'artillerie,
et les deux tiers de l'armée avaient: passé
DE
NAPOLEON.
373
le défilé. Macdonald
fut chargé de défendre les faubourgs
avec son corps et celui
de Poniatowski
sa retraite
, et d'exécuter
vers midi.
A onze
se rendit
à
Napoléon
Lindenau , pour y attendre
l'évacuation
de
Leipsick et voir les dernières
troupes
franles
ce
traversent
ponts
chir
qui
défilé,
avant de se mettre
en marche.
heures,
instruit
L'ennemi,
l'armée
que
fran-
la ville, et qu'elle n'açaise,avait abandonné
vait laissé qu'une forte arrière-garde,
atet onzième
les huitième
taqua; vivement
corps. Il
fut
ces corps,
opérèrent
fois
plusieurs
tout en défendant
leeur
mais les Saxons,
rèrent
sur eux
ce qui
le pas.
obligea
Napoléon
rentraite
repoussé,
les faubourgs,
à l'heure
et
dite;
restés dans Leipsick,
tidessus
les
de
remparts,
les Français
d'accélérer
avait
au génie de
sous le grand-pont
ordonné
des fougasses
pratiquer
et Lindenau,
qui est entre Leipsick
afin de
52
374
MEMOIRES
le faire sauter au dernier moment,
pour
retarder la marche de l'ennemi et donner
le temps aux bagages et à l'arrière-garde
mais le génie, intimidé par quelques coups de fusils tirés par des tirailleurs qui s'étalent glissés le long de la
de filer;
mit le feu trop tôt,
rivière,
le pont. Alors les huitième
et fit sauter
et onzième
se sauvèrent de
corps s'épouvantèrent,
tous côtés, en laissant leurs bagages et leur
le
maréchal
Macdonald
artillerie;
passa
l'Elster
à la nage; Poniatowski,
monté
sur un cheval
fougueux,
s'élança
dans le
fleuve et s'y noya.
L'arniée française perdit aux batailles de
et après la desWachau et de Leipsick,
truction du pont, 38,000 hommes tués on
blessés
resou
malades
15,000
prisonniers,
de
les
Leipsick , et beautés dans;
hôpitaux
de
alliés
et
voitures,
d'artillerie
coup
Les
les
16, 17, 18, et 19,
perdirent,;
hommes tués ou blessés.
510, 000
DE NAPOLEON.
(P)
DE
BATAILLE
octobre
375
HANAU.
1813.
Napoléon, faiblement suivi par quelques
corps détachés des armées alliées, tandis
qu'elles auraient dû tout de suite jeter des
sur
et
le
avec
traverser
l'Elster,
ponts
toutes leurs forces, les contint et les battit au défilé de Koësen ; il arriva le 23 à
Erfurt, où il réorganisa son armée et lui
fit distribuer des vivres , des munitions et
des effets. Elle se remit en marche dans la
journée du 28, et continua son mouvement sur le Mein. En approchant,
le 29,
de Gelnhausen, on aperçut un corps ennemi de 6 à 8,000 hommes,
qu'on sut,
de
être l'avant-garde
par les prisonniers,
conl'armée bavaroise et autrichienne,
duite par de Wrède ; cette avant-garde fut
facilement repoussée.
forte de 70
L'armée austro-bavaroise,
mille hommes, s'était placée sur Hanau,
et prétendait fermer le chemin à l'armée
376
MÉMOIRES
française; ce qui serait arrivé en l'absence
car tous les maréchaux
de l'empereur,
étaient démoralisés.
Napoléon , après avoir assuré ses deratrières, arrive, prend ses dispositions,
à la tête d'une partie de
taqué l'ennemi
lui met 10,000
armée, le renverse,
hommes hors de combat, lui enlève ses
drapeaux, son artillerie , et achève tranà
sa
reretraite,
n'ayant
quillement
pas
son
gretter
400 de ses braves soldats.
(Q)
CAMPAGNE
SE
FRANCE.
1814.
11
heule
26
à
janvier
Napoléon
res du soir à sonarmée et établit son quart
Le lenà Châlons-sur-Marne.
tier-général
arriva
en
il ordonna un mouvement
demain,
avant afin de se placer entre les deux grandes armées ennemies, commandées par le
prince
réchal
de Schwartzenberg
et le feld-maBlücher qui manoeuvraient
pouf
DE NAPOLÉON.
377
leur
soit
sur, l'Aube,
soit
jonction,
faire
sur la Seine, et marcher ensuite sur Paris.
connaissant
en partie
les
L'ennemi,
de
projets
Napoléon, par des dépêches interceptées, chercha à en empêcher l'exécution en prenant de nouvelles
dispositions. Blücher et Schwartzenberg
concentrèrent leurs forces : le premier à Brienne
et le second aux environs de Chaumont et
de Bar-sur-Aube,
en poussant cependant
les corps de Wrède et Witt-
sur Joinville
genstein, pour lier la communication
deuxarmées.
BATAILLE
DE
LA
des
ROTHIERE.
Napoléon, qui ne voulait pasleur donner
le temps de connaître
ses
parfaitement
se
en
toute
diligence
porta
mouvemens,
sur Saint-Dizier,
battit et dispersa l'avantgarde russe, commandée par le général
Lanskoi, et hâta sa marche par la forêt
de Montierender
où il sursur Brienne,
32*
MEMOIRES
378
a
lieu;
sanglante
prit
de grandes
les Français font éprouver
du
maîtres
à
l'ennemi
et
restent
pertes
de
On
se
battit
de
bataille.
part
champ
Un affaire
Blücher.
et
d'autre
jusque
et un
dans la nuit
avec une
inouïs.
acharnement
eût pu avoir des suites trèsà
maréchal
si
le
qui
Ney,
avantageuses
de
l'ordre
s'avancer
avait
réitéré
Napoléon
sur Brienne, en pressant sa marché par le
opiniâtreté
Cette action
de Mézières, eût pris part à l'action plus tôt qu'il ne le fit. Sa lenteur pouvait aussi devenir funeste à l'armée franbon
le
eût
eu
si
çaise,
Schwartzenberg
chemin
Blücher.
de
de
s'approcner
esprit
l'ennemi
Les Français poursuivirent
la route
de La Rothière.
Blücher
sur
s'arrêta
à Trannes où il fut renforcé par la majeure
des
d'armée
de
Schwartzenpartie
corps
endroit
dans
cet
rendit
aussi
qui
se
berg,
avec les princes alliés dans l'espoir dé nous
attaquer et de nous faire subir une grande
défaite qui changerait les destinées de la
France.
DE NAPOLÉON.
Le 1er février,
Napoléon
armée sur plusieurs lignes
370
déploya son
: son centre,
à
La
Victor,
commandé par le maréchal
sa droite,
commandée par
Rothière;
entre La Rothière
général Gérard,
le
et
Dienville ; sa gauche, commandée par le
maréchal Marmont,
entre La Rothière et
les villages de La Chiberie et de Chaumenil ; sa réserve, commandée par le maréchal Ney, entre Brienne et La Rothière ,
dans une
à pouvoir, en même
temps, appuyer la droite et la gauche;
ensuite il distribua sur son front une forsituation
midable artillerie.
vers
siennes
les
L'ennemi, ayant achevé
midi, s'avança sur trois colonnes, et attade
la.
le
la
droite
et
qua
centre,
gauche
l'armée française.
A trois heures, l'action était engagée de
toutes parts ; le combat devint terrible et
dura jusqu'à minuit. Napoféon, pour souet rétatenir son centre qui fléchissait,
blir sa gauche dans sa position qu'elle abanson
de
avec
une
partie
donnait, chargea,
380
MEMOIRES
et l'infanterie,
avant. Il eut un cheval
la baïonnette
artillerie
tué sous lui,
en
et plu-
sieurs autres blessés.
Sans avoir remporté une victoire comil avait atteint le but qu'il s'était
plette,
en
il
ramena len;
proposé
conséquence,
tement
son armée à Brienne, y rafraîchit
un moment ses troupes, qui avaient grand
besoin de repos, passa l'Aube au pont de
Lesmont
, et opéra sa retraite sur Troyes,
sans que les alliés osassent le suivre.
Cependant Napoléon a deviné les alliés;
il paraît les oublier afin de les affermir dans
leur imprudent
dessein de marcher séparément sur Paris. II quitte même Troyes
pour se porter sur Nogent; mais dans la
double intention
d'isoler
davantage leurs
armées, de se laisser déborder par Blüsa première ligne
cher, et de rapprocher
de ses renforts , qui arrivent
d'opérations
de l'armée
des
départemens
d'Espagne,
non encore envahis et des grands dépôts
établis à Paris et à Versailles.
Lorsqu'il
fut à Nogent,
il ordonna
de
881
DE NAPOLÉON.
suite des mesures pour défendre contre
la
Seine
les
de
Schwartzenberg
,
passages
de l'Yonne et du Loing, à Nogent, Montereau, Auxerre, etc. Il réorganisa la cavalerie de ligne de son armée en la réduisant
à quatre corps.
de
marche
Pendant sa
rétrogarde
Troyes,
maréchal
le
Napoléon apprit que
Macdod'armée
11e
à
la
dès
tête
nald,
5e,
corps
et de plusieurs divisions dé cavalerie, s'étant porté entre Châlons et Vitry,
y avait
été attaqué par le général prussien York,
et ensuite; obligé, de se replier
jusqu'à
Epernay.
NAPOLÉON
REPREND
L'OFFENSIVE.
Le feld-maréchal
Blücher, peu satisfait
nommé générad'obéir à Schwartzenberg,
lissime par les alliés, ne fut point le dernier
dans le conseil de guerre tenu à
deux
grandes
Brienne, pour l'isolement des
armées qui devaient agir lé long de la Seine
et de la Marne,
jusqu'à Paris. Ensuite ,
à voter,
382
MEMOIRES
comme si cette faute ne suffisait pas, il en
commit une autre non moins impardonnable , en éparpillant
ses corps, depuis
l'Aube
jusqu'à Meaux. C'était ne pas comprendre
que si Napoléon parvenait à se
placer entre eux, il les empêcherait de lier
leurs opérations, de se défendre mutuellement, et finirait par en avoir bon marché. Un général tant soit peu doué de tan'en déplaise aux partisans de Blücher, n'eût pas tenu une pareille conduite.
Napoléon avait laissé le général prussien
lens,
marcher
quiéta
d'erreur en erreur, et il ne s'inpas du mouvement rétrograde de
découvrît un de ses
Macdonald, quoiqu'il
flancs et l'une de ses grandes communications ; mais dès que le moment d'agir lui
il
mamit
à
et
le
parut propice,
profit,
noeuvra avec sa promptitude
et son habileté
ordinaires.
Après avoir assuré la défense des pasles
sages de la Seine et de l'Yonne,
par
et Oudinot,
corps des maréchaux Victor
DE NAPOLÉON.
383
recommandé au premier de résister à Noson
retour,
Napoléon partit
gent jusqu'à
avec le gros de son armée, le 9 février, pour
et.
Marmont,
qui étaient
rejoindre Ney
déjà à Sezatine, ancienne
petite ville sur,
à
10
'
sud-est
l'Aube,
lieuie
d'Epernay.
Les chemins étaient détestables; et l'artillerie eût peut-être été très-embarrassée
pour sortir des boues de la forêt de Traconne , si les habitans de Villenoy et de
Barbonne, prévenus un moment d'avance
braves
maires, n'eussent accouru
par leurs
en foulé avec leurs chevaux au-devant des
soldats. Grâce à ce secours, la marche ne
fut pas retardée, et, lé 10, l'armée se trouva
réunie en avant de Sezanne.
Comme il était possible que Blücher, établi aux Vertus, eût été instruit dela marche
de l'empereur, et qu'il eût en conséquence
expédié de suite des ordres pour concentrer
son armée, Napoléon se porta sur
Champafin
de
tout-à-fait
couper
Sacken,
Aubert,
York et
le
à
premier
Alsufief,
la Ferté-
384
MEMOIRES
et le second près de Meaux.
sous-Jouarre,
Napoléon rencontra Alsufief, fort de 15 à
18,000 hommes, au-delà des hauteurs de
Saint-Pris.
L'avant-garde
de ce général
fut vivement
repoussée,
lui-même
se re-
tira sur Champ-Aubert, village peu éloigné
de Sezanne, croyant échapper à une défaite ; mais il fût enveloppé et chargé avec
une telle impétuosité,
mis en fuite.
qu'il
fut à l'instant
Alsufief et ses lieutenans, plusieurs colo
nels, 100 officiers, 30 pièces de canon, 200
voitures, 5,000 hommes tués ou blessés et
4,000 prisonniers restèrent au pouvoir des
le reste se sauva sans armes
vainqueurs;
ni bagages , et cet avantage ne coûta pas
300 hommes aux Française
Pendant
l'action,
Napoléon avait ende
l'ordre
maréchal
au
Macdonald,
voyé
l'offensive.
conMacdonald se
en avant une partie
reprendre
tenta de faire porter
de sa cavalerie, tandis qu'en s'avançant sur
desil
achevé
eût
,
Château-Thierry
la
DE NAPOLÉON.
385
tuction
de Sacken et d'Yorck,
qui furent
défaits les 11 et 12 ; mais il était écrit que
hors de la présence de Napoléon,
partout,
ses lieutenans
seraient
ou feraient
battus,
des fautes capitales.
obtenu à Chainpaubert,
Après l'avantage
ne
laissa
l'ardeur
pas refroidir
l'empereur
de ses troupes.
sur Montmirail,
Le
soir
il dirigea
même,
à sept lieues d'Epernay,
avec
les
et
les
général
Nansouty
le
dragons
lanciers dé la garde et une brigade
d'inde ligne,
le
après
rejoignit,
et
avoir laissé à Etoges,
Marmont
et Groude
l'inquiéchy, pour empêcher
l'ennemi
ter du côté de Vertus.
fanterie
ou soupçonnant
connaissant
le
d'être
et
craignant
désastre d'Alsufief,
pris
entre deux feux, à la Ferté-sou-Jouarre,
Sacken
si Macdonald
s'enbardi
en chef,
de son général
la nuit sur Montmirail,
se hâter
Napoléon
de le
joindre.
et se disposa
sait, se rapprocha
en marchant
toute
où Yorck
Sacken
à forcer
devait
y trouva
le passage,
33
MEMOIRES
386
en plaçant
son armée à la ferme
de l'É-
sur
la
route
de
Montmirail,
pine-aux-Bois
à la Ferté , au village de Fontenelle sur la
à Château-Thierry
route de Montmirail
et
Les Français
à la rivière du Petit-Morin.
occupèrent : les villages de Pomessen, de
entre
les routes de la
Marchais,
l'espace
et leurs réFerté et de Château-Thierry,
de
la
Châlons.
route
serves,
L'ennemi
artillerie,
; protégé par une nombreuse
supérieur en nombre à l'armée
assez
tint
avec
française,
d'opiniâtreté jusmidi.
deux
heures
qu'à
après
s'était engagée au village de
L'action
Marchais, qui fut pris et repris, plusieurs
fois , et finit par rester aux Russes; mais
lorsque
les renforts
français
arrivèrent,
de
nouvelles
Napoléon pritimmédiatement
Riil
ordonna
à
la
division
dispositions ;
card de céder le terrain du côté de Marchais , et à Nansouty , de se porter avec sa
cavalerie sur la droite,
que la division d'infanterie
en même temps
de vieille garde,
DE NAPOLÉON.
387
commandée par Friand, longerait la route
Les
pour attaquer le centre de l'ennemi.
trains d'artillerie
se formèrent
également,
à mesure
ainsi que le maréchal Mortier,
qu'ils débouchaient par Montmirail.
Le gain de la bataille paraissait être dans
bien
de
la
dé,
Haute-Épine
l'occupation
fendue par l'ennemi ; il fallait donc trouver
le moyen de s'en emparer.
le
sans
donna
attendre
signal
Napoléon
le reste de son armée. L'action devint sérieuse.
La retraite
de la division
Ricard
ou
du
d'attirer
les
but
ayant pour
troupes,
des
troupes qui occupaient
moins une partie
dans
réussit.
la Haute-Épine,
Sacken donna
le piège, fit descendre plusieurs régimens
pour renforcer sa droite, que l'empereur
d'attaquer en force ; aussitôt Ney,
s'élance audade l'à-propos,
profitant
cieusement sur la position , à la tête de
4 bataillons de la vieille garde , et avance
feignait
ensuite au pas de charge sur les Russes.
Les grenadiers à cheval, les lanciers et les
MEMOIRES
588
dragons de la garde, ayant gagné par la
se jettent sur les
droite la Haute-Épine,
derrières des masses ; ennemies , qui s'effraient
de
et s'ébranlent. Alors l'infanterie
la garde et de la ligne qui frémissait d'imse
sur l'ennemi, le
précipite
patience,
renverse, le met en fuite et s'empare des
canons et des bagages.
De son côté , Mortier marche sur le vilde
Fontenelle , culbute l'avant-garde
lage
d'York qui y débouchait et lui prend son
Enfin, il ne restait plus à Sacken que le village de Marchais;
il fut enla
à
enlevé
et tout
veloppé,
baïonnette,
artillerie.
ce qui le défendait,
ou forcé de fuir.
L'armée
vantable
tué,
fait prisonnier
russe écrasée, dans une épouet coupée partout,
se
déroute,
jeta dans la forêt de Nogent-l'Artaud
pour
se soustraire aux coups des vainqueurs.
Cette bataille coûta à l'ennemi 10,000
hommes qui furent tués, blessés ou faits
de
ca8
36
prisonniers,
drapeaux,
pièces
DE
389
NAPOLEON
non, et 200 voitures ou caissons de munitons et de bagages. L'armée française
cut 1,200 hommes smis hors de combat.
Le lendemain,
la
poursuite
mit à
la
route
par
Napoléon,
Jouarre,
le maréchal Monrtier se
des débris de l'ennemi,
de Château-Thierry;
celle de la Ferté-sous-
directe
prit
et rencontra
à Vieux-Maisons
le
avec sa cavalerie,
général Saint-Germain
et celle que le maréchal Macdonald
avait
détachée de son corps d'armée; il les! laissa
dans ce village, ainsi que la division Friand
(vieille garde ) pour observer le débouché
de Sezanne, et de là , prit le chemin qui
va droit à Château-Thierry.
Ses éclaireurs
et ceux de Mortier ramenèrent
un grand
nombre de caissons et dé voitures;
donnés par l'ennemi
traverse.
aban-
dans les chemins
de
de
une
ses
rallié
partie
Sacken, ayant
fuyards, s'était réuni à York, et tous les
bataille
au
s'étaient
placés en
deux
village
des Caquerets
pour
défendre
la
posi-
390
MEMOIRES
est
derrière le ruisseau,
qui
tion
vrir ainsi la route de Montmirail
teau-Thierry
se retirèrent
et couà Châ-
ils
; forcés de l'abandonner,
et se formèrent
sur les hau-
teurs de Nesle, en avant de Château-ThierLa
canonnade s'engagea aussitôt; l'arry.
mée française s'empara des débouchés,
monta sur le plateau et s'y déploya. Les 4
divisions de cavalerie de la garde, commandées par Nansouty,
marchait
Ney, firent
à la tête desquelles
un mouvement
à
droite
la
cavalerie
ennemie;
couper
pour
York fit soutenir celle-ci par sa réserve;
l'une et l'autre sont culbutées pendant que
les dragons leur ferment le passage sur la
route d'Épernay. Sur celle de Montmirail,
la droite ennemie était tournée par d'autres
divisions de cavalerie sous les ordres du
général Belliard.
Partout
nos escadrons
fournirent
des
charges brillantes ; tous les carrés ennemis furent enfoncés, taillés en pièces ou
mis en déroute ; le champ de bataille fut
DE NAPOLÉON.
391
en un instant couvert de morts et de blessés. Les fuyards se jetèrent en foule dans
les bois, et portèrent
l'épouvante parmi
leurs réserves restées à Château-Thierry,
du prince Guilsous le commandement
laume de Prusse. Des hauteurs
de Nesle,
l'armée française voyait les restes épars des
Russes et des Prussiens se précipiter pêlemêle vers Château-Thierry,
sans qu'il fût
possible à leurs généraux et à leurs officiers de les rassurer
et de les rallier.
Na-
à
leur
détacha
une
poursuite
poléon
partie de sa cavalerie soutenue par les grenadiers à pied de la garde, et c'en était fait
de cette masse effrayée et désordonnée, si
Macdonald se fût trouvé près de ChâteauThierry.
Le prince
tement
Guillaume
qui sortit prompde Château-Thierry,
facilita aux
coalisés le passage de la Marne ; mais bientôt attaqué lui-même
les
grenadiers
par
français, il fut contraint d'évacuer sa position ; alors il essaya de défendre les fau-
382
MEMOIRES
en
bourgs
de bagages
les
embarrassant
, de voitures,
sés et de canons démontés.
ne put ralentir
ils renversent,
contrent,
qui brûle
Aucun,
obstacle
le courage
des grenadiers;
immolent
tout ce qu'ils ren-
et ne sont arrêtés
les ponts.
que les ponts
Dès
de meubles,
de caissons bri-
que par
le feu
furent
reconstruits,
à la poursuite
des vain-
se mit
l'empereur
cus , auxquels sa cavalerie
nombre
incendier
de prisonniers,
leurs caissons.
enleva
un grand
à
et qu'elle
força
Ce fut alors que
sans armes, sans artillerie,
et se sauvant à
travers
les champs et les bois dans la direction
de Rheims,
assaillis
ils se virent
et assommés
les
paysans exaspérés
par
ravages qu'ils avaient exercés.
Cette journée,
dite de Château-Thierry,
coûta
à l'ennemi
10,000
morts,
des
blessés ou
prisonniers.
BATAILLE
Tandis
DE VAUCHAMP.
que Napoléon
triomphait
à Cham-
DE NAPOLEON
393
à
et à Château-Thierpaubert,
Montmirail
ry, Blücher était dans une grande sécurité
aux Vertus , petite ville située entre Châet ne fit aucun
moulons et Montmirail,
son armée, ou
vement pour concenter
soutenir
de
les
Sacpar
corps d'Alsufief,
ken et d'York;
Blücher se croyait supérieur à tous les généraux français, et s'était
flatté de surprendre
et d'enlever
Paris
à
Le
il
se
13,
l'isu de Napoléon.
réveilla enles
fin, et avança sur Montmirail
avec
corps
de Kleist, de Kupzewitsch,
et força Marà
détaché
mont,
Etoges,
de
delà
Vauchamp.
de se retierer au-
de cet événement,
Napoléon,
istruit
Friand
et
l'ordre
aux
envoya
généraux
Saint-Germain,
postés à Vieux-Maisons,
de se porter tout de suite sur Montmirail;
il laissa Mortier
et la
avec une division,
cavalerie des généraux Colbert et Defrance
pour observer Sackeh et York sur la route
de Soissons, et marcha toute la nuit au secours de Marmont,
avec sa garde
et le
394
MEMOIRES
reste de sa cavalerie.
du matin.
L'ennemi
Il arriva à 8 heures
qui occupait Vanchamp, vil- Aubert
et
MontmiChamp
lage entre
rail , avait couvert son front et ses monvemens par une chaîne de tirailleurs;
le
reste de ses troupes était posté assez en
eut ordre d'enlever le
arrière. Marmont
village, Grouchy, de tourner la droite de
Blücher avec tous ses corps de cavalerie,
et toute la garde fut placée en réserve sur
la grande route.
Le feld-maréchal
prussien ne pensait
attaque dût être diri-
pas que la véritable
cougée contre sa droite ; il la croyait
verte par les corps de Sacken et d'York,
et s'était empressé de renforcer sa gauche,
sur l'avertissement
qu'il avait reçu qu'une
forte colonne d'infanterie française se diridisur
elle.
était
une
Cette
colonne
geait
vision venant de l'armée d'Espagne; elle
n'arriva
A
qu'après, la bataille.
10 heures., la première
brigade
DE
NAPOLEON.
395
de
d'infanterie
Marmont
s'avança sur la
droite par le bois de Beaumont,
tandis que
de
la deuxième
front Vauchamp.
attaqua
L'ennemi
et descendit
celle-ci,
repoussa
ce
à sa poursuite
D'abord,
:
fut sa perte.
ramené par la cavalerie de Marmont,
il fut
presque
aussitôt
enfoncé
de service
escadrons
seul bataillon
fut
et sabré
par les
de
l'empereur;
épargnée et fait
un
pri-
sonnier.
de Blücher;
ON
emporta la position
cuirassiers et ses hussards
ses
culbutés
furent
de la garde ; ses derrières
la
cavalerie
par
tournés et menacés
front
cher
par
très-pressé
il
comme
forma
et son
Grouchy,
toute l'armée.
Blüput
son
en retraite,
et sur ses ailes par
et battit
rie en carré,
sur son front
teries
par
infanteprotégé
des bat-
et sa cavalerie.
Pendant
les premiers
mouvemens
rétro-
tout
en
Napoléon,
grades de l'ennemi,
achevait
ses
faisant. avancer ses troupes,
dès qu'il aurait
pour l'accabler
dispositions
396
MEMOIRES
en
Janvillers.
dépassé
Apeine
effet Blücher
le
terrain
découvert, en avant
eut-il gagné
et un peu à droite
de ce village,
que
ses corps
Grouchy,
de cavalerie,
les accula aux
avec
chargea plusieurs carrés,
bois entre Saint-Martin
et Etoges, leur
tua beaucoup
de monde, et leur enleva
4
et
2,000 prisonniers,
canons
6 caissons;
d'un antre côté, les escadrons de service
aussi
d'autres
carrés
et leur fichargèrent
600
l'armée
rent
prisonniers,
tandis que
entrait
au pas de charge dansFroumentière.
Dans
cet état de choses, Blücher voulut
s'arrêter et employer son artillerie,
parce
de
instant
rafrésistance
qu'un,
pensait
qu'il
fermirait
ses soldats et ralentirait
l'audace
ordonné
des Français; mais Napoléon ayant
de
la
de
s'avantoutes
les
garde
à
batteries
cer et de foudroyer
l'artillerie
ennemie,
celle-ci d'ailleurs mal servie, ne,put agir et
Ces
fut presque; entièrement
démontée.
de
et
donnèrent
d'autre,
part
dispositions,
lé temps à Grouchy
de couper
à Blücher
DE NAPOLÉON.
307
la route
et de tomber
sur ses
d'Éloges,
aussitôt
derrières;
Grouchy
enfonça,
écrasa ses carrés sous les pieds de ses chevaux.
La défaite
des Prussiens
fut compléne s'en serait
pas
la garde,
et il
si
un
de
nos batteries
seul,
échappé
deux
légères eussent pu suivre la belle manoeuvre
tée par
de Grouchy,
et même
l'ardeur
comprimé
sonner la retraite.
si Ney n'eût point
des soldats en faisant
L'armée
fati, extrêmenrent
française
les
halte
fit
5
néanmoins,
guée,
généraux
et Lagrange
Doumerc
poursuivirent
l'ennemi jusqu'à la nuit,
de la forêt d'Étoges,
au-delà
du débouché
entrèrent
en silence
le
et
village,
surprirent
prince
8
de
soldats
et
6
à
700
pièces
Urussow,
canon.
dans le
un
la
Marne
dans
passa
épouvantable désordre
, et se retira à Châlons ,
où le lendemain,
16, les débris de tous les
Blücher
corps battus
à le rejoindre.
Il perdit
de son armée
à Vauchamp
commencèrent
4,000
prisonniers
398
MEMOIRES
et 8,000 hommes tués ou blessés, presque
toute son artillerie
et un grand n'ombre de
drapeaux. Les Français n'eurent qu'environ 500 hommes mis hors de combat.
Pendant que Napoléon gagnait la bataille
de Vauchamp,
russe
général
Vinzingele
rode, placé sous les ordres de Blücher,
s'était porté avec son corps d'armée de Namur à Soissons, à travers nos places fortes,
Vincroyant y trouver le feld-maréchal.
zingerode somma cette dernière ville de
se rendre. Le général, de division Rusca
la
ville,
méprisa la sommation,
quoique
dont le temps avait détruit les remparts et
comblé une partie des fossés, ne fût pas
tenable.
L'ennemi attaqua Soissons par un grand
feu d'artillerie,
auquel on répondit courale
;
geusement
mais
brave Rusca ayantété
tué, et le général Berruyer s'étant rétiré
de
avec
sur Compiègne
les troupes
ligne,
la
les Russes, pénétrèrent
la
et
place
dans
à l'aplivrèrent,
au pillage. Cependant,
la
de
ils
sauvèrent
par
proché
Mortier,
se
DE NAPOLEON.
399
de
et de Berry-au-Bac,
Vailly
ensuite
chemins
se dirigèrent
les
par
route
et
de
vers la Marne, pour éviter l'armée
et rejoindre
dont
ils.
Blücher,
française
la défaite et les malvenaient d'apprendre
traverse
heurs.
Le maréchal
entra
Mortier
dans
Sois-
les travaux
sons , et tout de suite ordonna
capables de mettre la ville à l'abri d'un coup
et même en état de résister plude main,
sieurs jours
à une attaque,
Cependant,
le mouvement
rière
imitant
Schwartzenberg,
s'était
aussi
de Blücher,
sur Paris,
avancé
de Melun
faibles
marche.,
et avait
refoulé
en
arles
et de Fontainebleau
de
chargés
Oudinot
Victor,
corps
sérieuse.
à sa
s'opposer
et Macdonald
,
du
l'ordre
les
commandaient,
reçurent
qui
leurs corps sur la rivière
roi de concentrer
et
vraiment
militaire,
d'Hyères,
position
ceux de l'emou
ses
ordres
attendre
d'y
Vicà
obéir
Pour
décision,
cette
pereur.
se placèrent
et Macdonald
tor, Oudinot
Les
le 15 à Chaulmes,
Guignes et Solers.
aussi
durent
et
généraux Pajol
Charpentier
400
MEMOIRES
se fixer
entre
Macdonald
et Essonnes
, le
avec
le
son
et
second
avec
,
premier
corps
à
Soiune forte division
de jeune
garde
Lieursaint
et Corbeil.
Cramayel,
guolles,
à l'ennemi
Ces dispositions
imposèrent
et furent approuvées
de Napoléon.
Pour
dé Schwartzenberg,
17
le
février,
éparse,
se trouvait
de la Seine,
depuis
avant de Fontainebleau,
deux
elle
l'armée
l'Aube
rives
qu'en
de courir
de tous côtés
pour
sur les
jus-
et obligée
se procurer
des vivres.
tout
Napoléon,
en battant
ne
Blücher,
armée austro-
de
vue
la
perdait
pas
grande
russe ; et dès qu'il la vit assez avancée,
et
sans ordre ni liaison,
surtout
sur un terrain
de 50 lieues
champ de bataille
et
se rendit
Meaux
il
25 lieues
n'avaient
pos
à Meaux
sans
le
quitta
le 15,
de
s'arrêter;
à Guignes,
et fit. ainsi
des
avec
jours,
en 2
troupes qui
eu
un
seul
instant de repoint
depuis
remporter
Il avait
il
d'étendue,
de Vauchamp,
passa
un mois , et qui
4 victoires.
eu soin , pour
venaient
assurer
de
la gauche
DE NAPOLEON.
de sa nouvelle
ser
Marmont
401
d'opérations,
de laisà Étoges avec son infanterie
ligne
et le 1er corps de cavalerie
à
; Grouchy
la Ferté-sous-Jouarre
1000
, avec environ
de vieille
chevaux et une division
infanterie
nir,
tier
, pour soutequi arrivait
d'Espagne
de cette position
et Mor, Marmont
à Villers-Cotterets,
Vincent
à Châqui couvrait,
la route de Paris.
en observation
et le général
teau-Thierry,
s'ébranla
L'armée
le 17 à la pointe
du
Le
sa
avec
division
Allix,
,
jour.
général
cavalerie
et
une
diplusieurs régimens
de
marvision de jeune garde pour réserve,
cha de Melun
sur Fontainebleau
,
et en
le
général Hardegg.
chassa
d'Écrennes
du Châtelet,
Pajol repoussa,
et de l'Ecluse
,
se porta
Napoléon
les Wurtembergeois.
de Guignes à Nangis où était
Wittgenstein. Le corps d'armée
du maréchal
Victor
et la cavalerie
des généraux
Milhaut
et Kellermana
, soutenus par les corps de
se
dans
d'Oudinot,
Macdonald
et
déploient
la plaine ,
et enlèvent
l'ennemi,
attaquent
403
MEMOIRES
le village de Mormant.
de la
L'artillerie
garde foudroie
les carrés russes , la cavalerie les enfonce
et les sabre. Les vaincus'
la fuite
dans les directions
de
prennent
Provins
et de Montereau,
en laissant sur le
de
16
bataille
champ
pièces de canon,
et
50 caissons , des morts , des blessés,
6,000
voir.
tombés
prisonniers
sa garde
quitta
Napoléon
aussitôt
son armée
porta
gauche
,
Provins;
commandée
le
centre,
par
sous
en notre
pou-
à Nangis
en avant
, et
; la
Oudinot,
les ordres
sur
de
la
et
droite,
sur Donneniarie,
de Victor,
sur Montereau
par
Villeneuve-le-Comte.
Macdonald,
aux ordres
BATAILLE
DE
MONTEREAU.
17, l'armée
attaqua les alliés sur les
de Montereau
hauteurs
; ils lui opposèrent
Le
une défense
obstinée.
Plusieurs
échouèrent
successivement.
tentatives
Enfin
Napo-
DE NAPOLÉON.
403
avec 30,000 hommes
et 60
léon lui-même
de
enlever
s'avance,
canon,
pour
pièces
de la
Les gardes nationales
la position.
lé
coteau;
gravissent
les habitans
de.
débusqué:
et du Poitou
Bretagne
l'ennemi
est
Montereau
sur
font
pleuvoir
et destuilles
; la ville
pierres
horrible
lui
devint
de
carnage...
champ
Les austro-russes
abandonnèrent
tereau cinq mille
sonniers , quatre
des
un
à Mon-
tués pu blessés, des prisix
canons
et
,
drapeaux
Si nos troupes eussent pu traendroits
en
verser la Seine dans plusieurs
des bagages.
même
temps,
Russie et le roi
notre
de l'empereur
tombaient
de Prusse
l'armée
de
en
pouvoir.
On rapporte
satisfait
du
que Napoléon,
succès de cette journée,
s'écria:
« Mon
» coeur est
de
la
viens
sauver
je
soulagé;
"
»
de
mon
capitale
empire.
Le combat
de terreur
armistice
de
Montereau
les alliés;
avait
frappé
un
ils demandèrent
que l'empereur
autrichien
jour un diplomate
refusa.
vint
Le même
proposer
404
la
MEMOIRES
paix
à
de
dures
» trop exiger,
dit
» les alliés oublient
conditions
:
" C'est
à l'envoyé;
que je suis plus près :
de Paris. »
Napoléon
qu'eux
" de Vienne
Les combats
de Mery et de Craone,
la
celle de Soissons , de
reprise de Troyes,
Reims
et de Châlons-sur-Marne
continuèrent
les
d'honorer
toutefois
ces
armes
ne
avantages
françaises;
furent
point
décisifs.
Le nombre
des alliés
croissant
toujours
à
de triompas
Napoléon
ne permettait
pher
partout;
étaient
éclaircis
vait des lenteurs
Les
son gouverneur
et où
mation,
rendit
matériel
de ses armées
rangs
, et le recrutement
éprou; la prise de la Fère,
que
les
de vingt
momentanée
de
enfin
priva
lerie;
dont
houra
le
le maréchal
tels fut
l'armée
séquences
à
la première
alliés se saisirent
millions;
Soissons
nocturne
Marmont
somd'un
l'occupation
par l'ennemi;
de Laon,
qui
dé son artil-
les principaux
désavantages
eut à subir les confrançaise
dans le cours
du mois
de mars.
DE NAPOLÉON.
408
Ils décidèrent les alliés à renoncer au plan
de retraite qu'ils suivaient depuis la fin de
février.
en
se
et
portant sur Vitry
Napoléon,
au lieu de s'approcher de
Saiut-Dizier,
la capitale pour la couvrir,
songeait à
en
pénétrer
Bourgogne , où il espérait lier
sesopérations avec celles du maréchal Auune armée dans
gereau, qui commandait
de
le sud de la France. Mais l'inactivité
ce maréchal qui livra Lyon aux alliés,
rendit nul le mouvement
que l'empereur
oyait fait pour se rapprocher de lui, mouvement qui avait pour but une diversion
sur les derrières des alliés, afin de détourner leur attention de lacapitale
maCette
noeuvre inachevée ne les arrêta point,
peut-être ne fit-elle que hâter leur marche sur Paris. En conséquence, il fut résolu, dans le conseil des souverains alliés,
que la grande armée aux ordres du prince
de Schwartzenberg
se porterait sur Vitry,
Sézanne et Coulommiers ; celle de Silésie,
commandée par Blücher, sur Montmirail
et la Ferté-sous-Jouarre
; et qu'après s'être
MEMOIRES
406
le 26 à Meaux,
elles marcheraient
Pendant
cette
sur Paris.
immédiatement
réunies
marche,
s'attacher
le général
devait
Vinzingerode
aux pas de Napoléon,
pour lui
que toutes les armées ennemies
persuader
le poursuivaient.
les
Alors
furent
pour la paix
à Châtillon
dès le 5 février.
conférences
été ouvertes
Le
noise
double
rent
de la Fère-Champela marche
qui retarda
combat
fut le dernier
dès alliés
des
sur
Paris...
avec des chefs qui
?Les
avec l'ennemi
avaient
Là,
de
prodiges
quelques
pouvaient
considérable
armée
Marmont
rompues
qui avaient
nos
soldats
fi-
mais
que
une
valeur;
contre
divisions
; que pouvaient-elles
s'entendre
paraissaient
fait
maréchaux
et
Mortier
à Brie-
leur jonction
le 29
Comter-Robert,
mars à midi,
et prirent
position
dans les villages
qui avoisides alliés poussa
L'armée
nent la capitale.
coudes
ce
,
même
jour
tranquillement,
reurs
jusqu'à
quartier-général
Romainville
le
et Pantin;
des souverains
s'établit
à
Bondy.
Malgré
ce danger
imminent,
rien
n'é-
DU NAPOLÉON.
407
tait disposé pour la défense de Paris; le
conseil de régence
avait toujours
dormi
de Napoléon
: son sompendant l'absence
meil fut attribué
à des causes peu honorables pour lui.
Dans la matinée
du 50 mars , les corps
Mortier
des maréchaux
et Marmont,
quelse
à
trouvaient
qui
Paris,
ques dépôts
de
detachemens
garde nationale,
quelques
les élèves de l'École
de l'École
effectif
polytechnique
vétérinaire
d'environ
et ceux
d'Alfort,
30,000
formant
hommes,
un
compocombat-
à
200;000
opposée
tans déployés sous les murs de la capitale.
Avec ces faibles moyens, on résista encore,
saient l'armée
et on obtint
quelques avantages.
La garde nationale
rivalisa de zèle et de
tout le
valeur avec la ligne ; en un mot,
dans cette mémorainonde fit son devoir
le
ble journée,
lieutenant,
excepté Joseph,
le frère
de l'empereur,
qui s'éloigna
de
à
une
heure
de
Paris,
promptement
six
heures
ne
fut
ce
qu'à
l'après-midi;
soir que la ville de Paris capitula.
du
MEMOIRES
408
Ce fut le général Belliard
qui, renconà Fontainebleau,
lui apprit
trant Napoléon
de Paris.
la reddition
s'étant
Tout
réuni
l'empereur
le déterminer
à abdi-
des Français
pour
il
traça son
quer,
suit
contre
abdication
qu'il
:
« Les puissances
Europe
"
ayant
était
Napoléon
de la paix en
fidèle à son serlui et
aux trônes
et d'I-
pour
de France
» talie
, parce
" même
celui de la vie, qu'il
à l'intérêt
de la France,
Le
le seul
, l'empereur,
déclare
qu'il renoncé
ment,
» ses héritiers
" faire
déclaré
alliées
» que l'empereur
" obstacle
au rétablissement
"
ainsi
traité
Napoléon
qu'il
fait
n'est
aucun
est relégué
BATAILLE
L'armée
"
avec les alliés
est signé :
à l'île d'Elbe,
où l'on
à quelques centaines
permit
sa garde de l'accompagner.
(R)
sacrifice,
ne soit prêt à
française
DE
, forte
d'hommes
de
LIGNY.
de
122,000
DE NAPOLEON.
409
et de 380 bouches à feu, se mit
le
18
juin de grand matin,
en mouvement,
pour passer de vive force la Sambre.
hommes
Ce mouvement s'exécuta paisiblement
à l'insu des généraux alliés; la rivière fut
franchie de bonne heure, et tous les avantcompostes du premier corps prussien,
mandé, par le général Zietben,
enlevés ou
mis en fuite aux cris répétés de vive la
France ! vive l'empereur !
Les Prussiens parvinrent cependant à se
rallier sur les. hauteurs de Fleurus.
Napoléon ayant, par sa gauche, débordé
de
Vanaux
Ziethen,
prescrivit
corps
damme et Grouchy de partir de Gilly, où
ils restaient dans l'inaction,
et d'attaquer
la position
ennemie. A
vigoureusement
avait
prussien,
qui
leur approche le général
eu le temps de se remettre
par leur faute;
se retira sur Fleurus, persuadé qu'il échapperait à Napoléon. Celui-ci le fit charger
les
de
l'infanterie,
impétueusement
par
quatre escadrons de son escorte et le corps
de cavalerie d'Excelmans.
Les masses en35
410
MEMOIRES
nemies
furent
enfoncées , sabrées,
sur Fleurus,
poussées en désordre
vers les bois de Lambusart.
et reà tra-
Ziethen
dans le courant
de la
perdit,
tués ou
journée , plus de 3,000 hommes
de
et
l'artillerie.
prisonniers
le
de
la
Sambre
n'apprit
passage
l'armée
de
française,
l'occupation
Blücher
par
Charleroi
de son premier
sur la fin de la journée.
Ce fut
et le
désastre
que
il
Cependant,
pour lui un coup inattendu.
son arprit des mesures pour concentrer
sur Sombref
mée et la porter
et Ligny,
corps
s'établirait
à
Ziethen
Fleurus
que
pendant
de Liége.
et que Bulow le rejoindrait
était
à
fut
réBruxelles,
Wellington
qui
à minuit,
veillé,
par une dépêche de Blüde cet événement.
cher , qui l'instruisait
le
anau
dernier
point,
général
Surpris
réunir
son
armée
de
ordonna
éparglais
dès que le jour
et
sur
;
divers points
pillée
des
la
direction
dans
fit
avancer
parut,
du
les
ordres
sous
les
Quatre-Bras
troupes
et du général Picton qui
duc de Brunsvick
DE NAPOLÉON.
à Bruxelles
se trouvaient
ayant
vaient
neuf
fortes
; mais ces troupes
ne poulieues à faire,
à leur
arriver
destination
la fin du jour.
L'armée
prussienne
forte
hommes
(non compris
se ralliait
et marchait
90,000
411
Bulow),
ver sur les hauteurs
que
de
près
vers
de
le corps de
pour arri-
de Bry et de Sombref,
à mesure
et SaintLigny
et
occuper
en arrière-de
Amand,
Fleurus
encore
au
sa cavalerie
de Ziethen;
et son
pouvoir
la
d'artillerie
sur la route
suivaient,
parc
de Namur.
battre
Blücher
souhaitait
de ne com-
qu'après avoir réuni le corps de Buet lorsque, l'armée anglaise se serait
low,
montrée
à sa droite;
mais le 16, Napodevinant
son intention
, résolut de
léon,
sans même lui donner le temps
l'attaquer,
d'achever,
son, ordre
de bataille
en face
amphithéâtre
étendu
en
un ravin
et ayant
et
profond; qui liait Saint-Amand,.
Ligny
Sombref
sa droite
où étaient :son centre,
et sa gauche,
mal
position
choisie,
puisqu'il
était
possible
de tourner
sa droite
412
MEMOIRES
les
le
Quatre-Bras,
par
placer entre deux
feux, et l'obliger à déposer les armes
tons
les
Napoléon entrevoyant
avantages
sur
le
qu'il remporterait
général Blücher,
être
en
mesure
avant que Wellington
pût
de le secourir,
renouvela à Ney , fort de
43,000 hommes, l'ordre de continuer son
mouvement sur les Quatré-Bras, de s'y étade rejeter au-delà de la
blir fortement,
de
Dyle les corps anglais qui arriveraient
Bruxelles et de Nivelle isolément , et ensuite dé manoeuvrer avec la majeure partie
de son armée sur les derrières
des Prussiens par Marbois et Sombref.
Napoléon ordonna ensuite un changement de front à son année , l'aile droite
en avant, et donna le signal du combat.
Gérard attaqua le centre des Prussiens à
avec une grande vivacité ; VanLigny
damme aborda , la droite à Saint-Amand,
déde
la
division
Girard,
Reille,
que
corps
tachée par Ney pour lier sa droite à la
gauche du centre, cherchait à tourner, et
Grouchy
s'ébranla
pour
rejeter
la cava-
DE NAPOLEON.
413
lerie
ennemie au-delà du ruisseau. La
garde, les cuirassiers Milhaut, les réserves
d'artillerie, en seconde ligne du côté de
d'armée
de
le
et
Saint-Amand,
corps
Mouton à Fleurus , appuyèrent
ensemble
ces différentes attaques; Dans un instant
l'action fut engagée sur toute la ligne, et
dele feu de l'infanterie
et dé l'artillerie
vint très-vif.
le
dernier
L'empereur,
pour porter
à
avec
attendait
impatience
coup Blücher,
le
de
Drouet, qu'il croyait avec
corps
que
les
des
sur
se
Quatre-Bras
portât
Ney ,
derrières de l'ennemi, et prît part à l'action ; mais Drouet n'avait pas suivi Ney,
ne
savait
au
et personne
quartier-impérial
où il était, ni ce qu'il faisait, lorsque; vers
ou le vit déboucher des
les cinq heures,
bois sur la gauche de Vandamme. L'empereur lui cliva va dire de s'avancer, d'où il
de
l'ennemi
derrières
sur
les
par
était,
Il
obéit
cependant; Ney,
alors
sans
que pour
doute
qui pensait
conaux
les
battre
Quatre-Bras,
Anglais
Saint-Amand.
35*
414
MEMOIRES
et ensuite se porter
server cette position
sur Blücher,
il avait besoin du premier
hâtait
de
son côté l'arrivée
de
corps,
Drouet par des ordres réitérés, qu'il cherchait par tous les moyens à lui faire parvenir. Drouet pressé par Ney, changea
de direction, et se mit en mouvement pour
se rendre aux Quatre-Bras;
de cette mane
il
nière,
se trouva nulle part à même
de seconder soit l'empereur,
soit le maréeût pu. s'immortaliser
en
chal, lorsqu'il
achevant la ruine des Prussiens.
Les deux armées se battaient
avec le
le gain de la-baplus grand acharnement;
taille pour les Français était au centre, où
Gérard faisait en vain les plus brillans efconserver
avait
Ligny,
qu'il
pris
forts pour
et repris plusieurs fois. L'empereur
instruit de cette situation, s'y transporta avec
sa garde et donna de nouveaux ordres;
alors l'ennemi, enfoncé à son centre, battu
sur tous les points,
et sa droite à demitournée par la division Girard, se retira
en désordre et dans plusieurs directions,
DE NAPOLEON.
416
laissant le champ de bataille couvert de
28,000 morts ou blessés, 8,000 prisonniers
et de 40 pièces de canon.
Pendant que les Français obtenaient ce
succès, Ney, après avoir fait ces disposiet écrasait,
avec son
tions, repoussait
les premières
colonnes
corps d'armée,
et
les précipitait
de leur poanglaises,
sition.
Qu'on juge quels eussent été les résultats de cette journée, si ce maréchal eût
été en mesure de se porter sur les derrières des Prussiens avec 20,000 hommes,
après avoir battu les Anglais; ou si Drouet
eût opéré son mouvement
sur SaintAmand.
(S)
BATAILLE
SE WATERLOO.
Les colonnes ennemies repoussées aux
reheurtaient
dans
leur
se
Quatre-Bras,
traite sur Bruxelles avec celles qui accouraient à leur secours. Ces masses confuses
MEMOIRES
416
auraient
été mises dans un désordre
com-
si on les eût vivement
poursuivies.
fut aux Quatre-Bras,
Lorsque Napoléon
il se mit à la tête de son avant-garde,
plet
tandis
Ney
que son armée
et se Concentrait
retard.
ralliait
les corps de
le suivre sans
pour
de
Il poussa vivement
les Anglais
en les mitraillant
en position,
position
avec son artillerie
légère
qu'il, dirigeait
et arriva
dans la, soirée au dé-
lui-même,
de la forêt de Soignes.
bouché
à
se préparait
De son côté, Welligton
de Bruxelles;
et à l'évacuation
la retraite
mais
Blücher
avait échappé
que
apprenant
à Grouchy
à lui pour le seconet venait
der, il resta dans ses bivouacs.
à qui Napoléon,
à la suite do.
Grouchy,
la bataille
avait donné le comdé Ligny,
avec
de 38,000
mandement
combattans,
à feu, et qui avait reçu l'orde pousser
dre plusieurs
fois renouvelé,
se
de.
rapvigoureusement
les Prussiens,
la
année
de
le plus tôt
procher
grande
110 bouches
possible,
et de diriger
ses mouvemens
de
DE NAPOLÉON.
à lier
elle
s'arrêta
ses Opérations,
ne vit point l'armée
robé
qu'elle
Vavres
manière
avec
417
à GEmbloux,
et
n'apprit
prussienne
sa marche
sur
lui avait
que
dé-
lorsqu'il
de s'y opposer;
plus en son pouvoir
la résolution
de
Il lui restait
à' prendre
en
la
du
terrain,
Dyle sur
gagner
passant
de
en
amont
de
se
et
Vavres,
les ponts
n'était
réunir
à l'empereur.
Ce projet
lui fut conseillé par ses généraux;
mais Grouchy,
des ordres
antérieurs
prétextant
, refusa
obstinément
de s'avancer de ce côté là, et
un feu épouvantable
du
entendît
quoiqu'il
côté
des armées
et anglaise.
française
Cette
fatale
désastre
obstination
fut
du
du 18.
encore
L'armée
anglaise,
et protégée
combattans;
breuse artillerie,
occupait,
les hauteurs
centré
la cause
était
droite
du
de 85,000
une nom-
par
le 18 au matin,
Mont-Saint-Jean
: son
en avant
à Hougoumont,
Haie-Sainte.
Les forces
forte
de ce village,
et sa gauche
que Napoléon
s'était
sa
à la
réser-
418
MÉMOIRES
vées pour livrer bataille aux Anglais, s'éà 60,000 hommes, et son artillevaient
lerie était de 280 bouches à feu. Il les étaet des disposiblit en raison dû terrain
tions de l'ennemi,
pour percer son cenet
sa
sa
droite
gauche, et lui
tre, couper
ôter tout moyen de retraite : le premier
la
le
deuxièvis-à-vis
Haier-Sainte;
corps,
le
en
des
bois
face
;
d'Hougoumont
me,
les
cuirassiers Milhaut,
avec
cinquième,
en réserve derrière la gauche du premier
des
cuirassiers de Kellerle
corps
corps;
mann derrière le deuxième; là garde, forl'infantemant la réserve, à Planchenoit;
au centre ; la cavalerie légère à la
droite, et la grosse cavalerie à la gauche;
à la Belle-Alil se plaça momentanément
liance, d'où il apercevait tous ses mouverie
mens et ceux de l'ennemi.
Napoléon, pour donnnerle temps à Groude
anla
l'armée
d'arriver
sur
chy
gauche
glaise , retarda jusqu'à onze heures l'attane
:
ce
fut
temps
que générale
précieux
le
:
la
tout-à-fait
cessa,
pluie
pas
perdu
DE NAPOLEON.
419
vent sécha les terres,
et l'armée put
noeuvrer avec sa précision
ordinaire.
ma6
et
Enfin,
ayant examiné
l'empereur
étudié de nouveau la position
et
ennemie,
bien persuadé que Grouchy
était en mouen deça de la Dyle, et atteindrait
vers
donna
le
Mont-Saint-Jean
midi,
vement
signal
de la bataille.
sur
le
bois d'Houcommença,
L'attaque
Jérôme
avec
sa
goumont,
Napoléon,
par
Ce bois fut pris et repris tour à
division.
de
tour, et ce ne fut qu'après une charge
la division Foy, envoyée pour la soutenir,
et l'enà s'y maintenir;
que l'on parvint
à
entièrement,
nemi
l'exception du château,
et
qui était au milieu,
d'où on ne put le forcer
qu'en l'incenavec les batteries
d'obusiers.
Le
diant
l'abandonna
des
corps
gardes anglaises
dait y trouva son tombeau.
Une dépêche interceptée
l'empereur
que
Bulow
qui
le défen-
apprit
alors
approchait
l'on
découvrit
et
30,000 Prussiens,
même temps son avant-garde
du
à
avec
en
côté de
420
MEMOIRES
Saint-Lambert.
L'avis en fut sur le champ
de
à
avec
ordre
hâter sa
envoyé
Grouchy,
marche et de poursuivre vivement Bulow.
mouvement
Nace
inquiétât
peu
Quoique
les
et
Suberpoléon,
généraux Domont
wick reçurent l'ordre de se porter audevant de ces troupes; et le général Mouton de les soutenir au besoin, afin de
tout
le
flanc
droit.
garantir
pouvoir parla
Au bout d'une demi-heure , Napoléon
dans
les
succès
obtenus
malgré
voyant que
les bois d'Hougoumont,
les Anglais se
maintenaient toujours dans la Haie-Sainte
et sur le Mont-Saint-Jean,
commanda au
maréchal Ney de faire une nouvelle attasoutenu par
que. Il l'exécuta habilement,
80 pièces de canon. Là résistance des
mais
fut
opiniâtre,
l'impétuosité
Anglais
française l'emporta ; et , repoussés de positions en positions, ils furent forcés de les
évacuer.
nous fûmes maîtres de la Haie-
Lorsque
Sainte et du Mont-Saint-Jean,
l'empereur envoya, pour seconder nos troupes,
DE NAPOLEON.
421
la seconde
brigade du général Allix ; mais,
rencontrée, en chemin par un corps nombreux de cavalerie
anglaise, et repoussée,
culbuquelques pièces de canon furent
tées dans le ravin ; ce qui occasionna
de
la confusion.
Les cuirassiers
Milhaut
volè-
rent au secours
de cette brigade,
soutenus
et les lanciers
de la
par les chasseurs
sur une, nouvelle
garde, qui marchèrent
division, ennemie
La mêlée devint.
rompus partout,
en désordre.
qui venait
les charger.
générale ; les Anglais,
furent obligés: de reculer
Déjà il. paraissait que l'ennemi
songeait
à la retraite
; et, la garde s'avançant pour
le terrain
conquis,
occuper
l'empereur
sur une victoire
comptait
certaine,
lorsqu'il fut prévenu
que Bulow
par Domont
sur notre droite, avec de fortes
débouchait
mouvele
aussitôt
colonnes.
Changeant
ment, il fit porter le corps de Mouton dans
les positions
avait
reconnues,,
pour
qu'il
Dès
Domont.
le
l'abord,
appuyer
général
la première
fut
culbrigade
prussienne
56
MEMOIRES
422
accourut
butée ; la seconde
pour la déde tout le corps de Busuivie
fendre,
low, qui se forma en débordant
toujours
droite
du
5e
son
et
corps,
la
prolongeant
On envoya la divifeu sur nos derrières.
sion de jeune garde du général Duhesme,
avec
deux
batteries
pour
soutenir
ainsi
jusqu'à la, hauteur des
la
de
de
Bulow;
gauche
troupes
premières
en même temps une division
du premier
de
notre
droite, qui était en réserve,
corps
notre
ligne
se porta
déployé
sur l'extrême
anglo-hollandaise
là Haie , et, par
gauche
, s'empara
cette position
de la ligne
du village de
qui intercette ligne
entre
ceptait la communication
la
et le premier
arrêta
corps prussien,
marche
de Bulow
qui cessa d'être offensive.
les Anglais,
ranimés par la
Cependant
à atprésence de Bulow, recommencèrent
en force pour reet se portèrent
taquer,
: ils furent renverprendre la Haie-Sainte
sés de toutes parts; mais Ney, emporté par
son ardeur,
oublia l'ordre qui lui avait été
DE NAPOLÉON.
425
donné de se maintenir dans ses positions
sans avancer, et, chargeant à la tête des
cuirassiers de Milhaut
et de la cavalerie
légère de la garde, il s'empara de vive force
L'armée
des hauteurs de Mont-Saint-Jean.
au
à
ce
succès
con;
applaudit
l'empereur,
traire, n'approuva point une pareille opération, qui devait avoir des résultats funestes pour la journée : aussi ordonna-t-il
aux cuirassiers de Kellermann
d'appuyer
la cavalerie qui était sur le plateau. Les
grenadiers à cheval et les dragons de la
garde les suivirent sans ordre ou par un
malentendu. Le combat fut terrible pendant; deux heures : 4 régimens anglais furent hachés, plusieurs batteries culbutées,
6 drapeaux enlevés ; mais nous y perdîmes
presque l'élite des cuirassiers et de la cavalerie de la garde.
la,
cavalerie
s'a
que
percevant
Napoléon
était épuisée et commençait
à fléchir, inquiet de ne pas voir arriver Grouchy, et
ayant été forcé d'envoyer une forte division de sa garde, afin de s'opposer aux pro-
424
MEMOIRES
dans
des
ordonna,
grès
Prussiens,
l'intention de frapper un grand coup, au général
Reille de réunir toutes ses forces pour atil
et
vivement
droite;
taquer
la
disposait
sa garde en colonnes d'attaque sur le front,
lorsqu'il apprit que la cavalerie avait été
obligée de se retirer en partie dés hauteurs
l'ordre
de
de Mont-Saint-Jean.
reçut
Ney
soutenir les cuirassiers, qui étaient encore
sur le plateau, par 4 bataillons de la jeune
garde : leur bonne contenance et les hade
les esrangues
Napoléon ranimèrent
:
en
toutréntra
position.
prits
ce temps les 4 bataillons de la
étaient
aux
qui
garde
prises, repoustout ce qui. était devant eux, et resinébranlables sous le feu de l'enA cet instant une fusillade que l'on
Pendant
jeune
saient
taient
nemi.
entendit, fit croire que c'était Grouchy qui
arrivait.
Cette nouvelle fut aussitôt comà
l'armée, et porta dans les rangs
muniquée
l'espérance et l'enthousiame.
Ney ordonna
de fondre sur les batteries à la baïonnette
les grenadiers abordèrent
l'ennemi avec
DE NAPOLEON.
425
tant d'impétuosité,
qu'il s'en suivit un peu
de désordre dont Wellington
profita pour
sur
faire
les
flancs
attaquer
les
par sa cavalerie, et les forcer à se retirer. Dans le
même moment,
Ziethen
que l'on avait pris
du
s'empara
pour Grouchy,
village dé là
Haie, ce qui coupa notre communication
avec le 5e corps , et occasionna un mouvement général sur la droite. Les 8 bataillons de la garde, jeune et vieille, firent
un mouvement sur cette même droite pour
rallier les troupes repoussées de la Haie,
et se formèrent en carrés-, fermant lé che
min aux Anglais et aux Prussiens ; et donnant par là à nos corps isolés le moyen de
se rallier derrière eux. Le soleil était couché : deux brigades de Cavalerie anglaise,
débouchant entre la Haie-Sainte et le Corps
du général Reille , tournèrent les huit carrés de la garde ; quatre escadrons envoyés
les
furent
par l'empereur
pour
soutenir
ramenés ; la cavalerie de la gardé qui, depuis plus de deux heures ; se défendait sur
le plateau
contre
presque
toute
l'armée
420
MEMOIRES
des
le
carcés dérrière
feu
anglaise, voyant
elle, se mit aussitôt en retraite.
Les autres troupes de la droite , craignant d'être
coupées et croyant tout perdu, quittèrent
leurs positions,
qui de suite furent occul'ennemi.
le
suivit
mouLagauche
pées par
: les, Prussiens fonvement rétrograde
dirent sur nos bataillons épars ; là nuit
augmentait
fusion.
encore
le tumulte
et la con-
mettant l'épée à la main,
L'empereur,
s'elança dans la foule avec son état-major
et ses aides-de-camp pour chercher à rallier les soldats; mais sa voix ne fut point
entendue.
Les huit bataillons de la garde, qui s'étaient formés en carrés et qu'embrasait le
feu sacré, repoussaient tous les efforts de
et
le
mais
écrasés
nombre,
l'ennemi;
par
sucils
ayant épuisé toutes leurs munitions,
combèrent !...
:
inébranlable
seul
bataillon
restait
Un
se retire
Napoléon
trouver une mort
dans son sein pour y
ses
glorieuse; mais
of-
DE NAPOLEON.
le contraignirent
de l'armée.
427
à suivre
ficiers
la retraité
et les Anglais
perdirent,
le 18, le 16, le 17 et le 18, 60,000 homfût arrivé
sur leurs
mes; et si Grouchy
derrières
au moment
où ils triomphaient,
Les Prussiens
le champ de bataille, de Mont-Saint-Jean
Nous ne perdîmes
eût été leur tombeau.
aussi l'armée
étaitque 30,000 hommes;
elle encore
presque
liés. Elle
reur,
se réunit,
aux environs
égale
en force
par ordre
de Laon,
aux al-
de l'empeet se porta
sous Paris,
ainsi que Grouchy,
ensuite,
sans que Wellington
sussent inet Blücher
ni entamer
un seul corps.
tercepter
Cependant
rien encore n'était désespéré:
les alliés pouvaient
accorder
une paix
réorganisait,
contraints
honorable
se renforçait,
mais les chambres
combattre;
des représentans
descendre
être
à nous
; l'armée
et brûlait
des pairs
se
de
et
de
obligèrent
Napoléon
du trône , il obéit à la nécessité;
de son fils,
il
en faveur
et, en abdiquant
fut courageusement
se livrer
aux Anglais,
428
qui, loin
violèrent
MEMOIRES
DE NAPOLÉON.
cette
d'admirer
en sa personne
de l'hospitalité,
Sainte-Helène.
et
le
FIN.
noble
confiance,
les droits
sacrés
transportèrent
à
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