SCAPIN DOUBLE DE MOLIERE - Site académique des Lettres

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SCAPIN DOUBLE DE MOLIERE ?
Delphine Meresse, collège Pierre et Marie Curie LIEVIN, académie de Lille
Classe de cinquième
Niveaux et entrées du
programme
Les programmes nous invitent à faire lire intégralement ou par extraits une
comédie de Molière. Le choix s’est porté sur les Fourberies de Scapin, pièce étudiée
en œuvre intégrale. Pour cet article, nous avons choisi la scène 5 de l’acte I.
Numérique et projet
d’enseignement
Les activités numériques proposées permettent de façon concrète d’aider l’élève à
se rendre compte de l’emploi d’un mode et du pouvoir d’une parole.
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Supports exploités
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Les Fourberies de Scapin, I, 5, Molière
Les Fourberies de Scapin, I,5, mise en scène de Jean-Louis Benoît, Comédie
française, Paris 1997
Bande dessinée, Je Bouquine, n° 140, octobre 1995.
Molière de Tirard, 2007.
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Faire découvrir l’univers du théâtre et les métiers liés à cet univers
Objectifs littéraires et
culturels
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Etablir des liens entre le texte théâtral et le pouvoir de la parole
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Employer le mode impératif et se rendre compte de façon immédiate de son
pouvoir
Ressources numériques et
outils informatiques
mobilisés
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VLC médiaplayer ou tout autre outil de lecture de support vidéo
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La barre d’outil dessin et le traitement de texte
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Les sites internet : prezi.com / dictionnaire TVmonde / bescherelle
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Dégager par écrit ou oralement l’essentiel d’une scène vue ou d’un texte lu
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Manifester par des moyens divers sa compréhension de la scène
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Etablir des liens entre les œuvres pour mieux les comprendre
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Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué
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Maîtriser la langue française : employer à bon escient le mode impératif
Compétences exercées
1. étape 1 Découvrir les métiers du théâtre
2. étape 2 Une parole conative
Les étapes du projet
3. étape 3 Une spécificité du texte théâtral : le théâtre dans le théâtre
4. étape 4 A vous de jouer ! Votre parole agit-elle sur autrui ?
Pourquoi recourir au numérique ?
Le numérique permet de proposer à l’élève plusieurs supports de différentes natures pour qu’il puisse les
appréhender, les mémoriser, les confronter pour mieux les comprendre. Les activités numériques proposées font de
l’élève un acteur de ses savoirs, savoirs qu’il peut mettre en application lors de la dernière étape. Le numérique
permet aux élèves de s’approprier les connaissances linguistiques en les construisant par lui-même.
Contexte de l’activité
étape
Lors des séances précédentes, les élèves ont découvert le dramaturge ainsi que les personnages de la pièce. Ils
ont ensuite visualisé les premières scènes pour découvrir Les Fourberies de Scapin. A partir des scènes 2 et 3 de
l’acte I, les élèves ont enrichi le portrait de Scapin vu comme un personnage prêt à aider les jeunes gens et à jouer de
mauvais tours au père d’Octave, Argante. L’activité proposée en salle pupitre va permettre aux élèves de découvrir
un autre visage de Scapin, celui du double de Molière prêt à utiliser une parole qui emploie la fonction conative du
langage et donc le mode impératif pour parvenir à ses fins. L’activité proposée sera l’occasion d’enrichir la culture
des élèves sur l’univers du théâtre mais également de présenter de façon concrète un outil de la langue et son
emploi : le mode impératif.
1
DECOUVRIR LES METIERS DU THEATRE DANS LA
SCENE
Il s’agit dans cette première étape de placer les élèves dans le rôle de spectateurs pour leur faire comprendre
que le théâtre est avant tout un genre fait pour être vu, un spectacle. Le professeur attend de leur part des capacités
d’écoute et d’attention pour une scène certes courte, mais riche en informations et en intentions dans l’univers du
théâtre et dans l’emploi du mode impératif. Après avoir vu la scène I.5 dans la version qu’en donne Jean-Louis
Benoît, les élèves sont invités à noter leur compréhension et leurs remarques. En tant que spectateurs, ils n’auront
pas l’autorisation de visionner de nouveau la scène, ils sont au théâtre et non devant un écran de télévision qui
permettrait des retours en arrière. Le fait d’être seul face à l’écran et face à la scène vue permet à l’élève d’exprimer
ses émotions sans avoir peur du regard d’autrui. Le numérique permet ici un isolement nécessaire pour pouvoir bien
prendre en compte l’enjeu de la scène et son sens pour la suite de la pièce. Puis le professeur souhaite vérifier si les
élèves ont compris et interprété cette scène. En effet, quels métiers du théâtre se cachent derrière nos
personnages ? Les élèves sont invités à répondre à cette question en justifiant leurs réponses soit à l’aide de la scène
vue soit à l’aide du texte. Pour justifier le rôle que joue chaque personnage, les élèves s’appuient plus sur la scène
vue que sur le texte, ils relèvent les jeux de scène effectués par Silvestre qui nous prouvent qu’il est acteur face à un
Scapin qui ne cesse de donner des ordres et de préparer Silvestre à son prochain rôle. Les élèves perçoivent à cette
étape de l’activité la parole exécutive et son action sur autrui mais ils ne repèrent pas l’outil de la langue qui permet
de mettre en place cette parole. L’étape 2 sera alors l’occasion de sensibiliser les élèves à l’emploi du mode
impératif.
Cette étape
l’occasion
1
d’enrichir
est
la
étape
culture littéraire des élèves en leur proposant une ouverture sur un des métiers du théâtre celui de metteur en
scène, métier incarné également par Molière. Le professeur propose aux élèves d’enrichir leurs connaissances sur ce
métier à l’aide d’une interview du metteur en scène Jérôme Savary.
2
UNE PAROLE CONATIVE
Lors de cette deuxième étape, l’image mobile (la scène 5,I mise en scène par Jean-Louis Benoît) et l’image fixe
( la planche de BD proposée dans Je Bouquine) seront un adjuvant pour l’élève pour qu’il prenne conscience du
pouvoir que le mode impératif exerce sur autrui. A partir d’un relevé des répliques de Scapin, le professeur demande
à l’élève d’associer les paroles ou les actes de Silvestre. Lors de la mutualisation, les élèves se rendront compte que
Silvestre ne fait qu’agir suite aux paroles de Scapin : il change sa position, il met les mains à la taille, il modifie les
mimiques de son visage… L’élève est invité à signaler par des flèches à l’aide de la barre outil dessin les actions que
ferait Silvestre sur la planche de BD. L’élève constate alors que sur l’image mobile comme fixe, Silvestre agit suite
aux paroles de Scapin. Qu’a alors de particulier la parole de Scapin ? L’élève doit observer avec attention les bulles
de Scapin et entourer à l’aide de l’outil ligne à main levée les indices qui lui prouvent que la parole de Scapin est
persuasive. La planche proposée offre l’avantage de conserver le texte théâtral original, les élèves ne sont donc pas
déstabilisés, ils retrouvent des paroles qui font écho à la scène vue. Les élèves entourent et repèrent les verbes au
mode impératif. Il est alors possible de mutualiser les réponses des élèves, de rebondir sur leurs acquis des années
précédentes sur ce mode et d’enrichir leurs connaissances à l’aide des activités proposées dans l’étape II. Les deux
supports utilisés permettent à l’élève de se rendre compte que Silvestre agit à chaque fois que Scapin parle. Les
images et le support numérique rendent concret l’emploi du mode impératif.
Cette étape se clôt par le fait de compléter le titre de l’étape : une parole qui fait agir / qui entraîne des
actions…. Cette étape offre également pour l’élève une ouverture culturelle, le professeur peut inviter l’élève à
confronter le personnage théâtral et le personnage romanesque. Suite à cette étape, l’élève comprend que le
personnage de théâtre existe essentiellement par ses paroles, ses gestes et son corps alors que le personnage
romanesque existe plus à partir de son caractère, son état d’âme. Le numérique loin d’isoler les élèves est ici
l’occasion d’une mutualisation, d’une confrontation des idées et des arguments avant d’arriver au titre adéquat qui
conviendra au groupe classe.
étape
3
UNE SPECIFICITE THEATRALE : LE THEATRE DANS LE
THEATRE
Pour vérifier les acquis des élèves sur l’emploi du mode impératif, le professeur leur propose une séance
d’écriture où l’élève doit poursuivre les bulles de Scapin et imaginer les prochains conseils qu’il pourrait donner à
Silvestre. Un temps de mutualisation peut être utile pour revenir sur le personnage que jouerait Silvestre : sera-t-il
sympathique ou antipathique ? L’usage du traitement de texte permettra aux élèves de proposer une première
version de leur bulle puis une seconde si nécessaire en cas d’erreur sur l’emploi du mode impératif, soit si l’élève
emploie une autre expression de l’ordre ou en cas d’erreur sur le caractère du personnage à jouer. Il est alors utile
de proposer aux élèves d’écrire leurs différentes versions de différentes couleurs pour qu’il se rende compte de leurs
erreurs et/ou de leurs améliorations.
Pendant ce travail d’écriture, il est possible d’individualiser le travail en proposant une aide plus ou moins
guidée aux élèves. Soit les aides sont proposées et l’élève consulte et utilise l’aide s’il en ressent le besoin, soit le
professeur propose des fichiers différents en fonction des élèves. Les aides proposées sont diverses : du lexique
autour des verbes d’action ou de changement d’état qui pourrait être attribué à Silvestre, une fiche outil de
conjugaison autour du mode impératif, des sites internet autour du dictionnaire et du conjugueur. Le numérique
permet ainsi à chaque élève d’utiliser l’outil adéquat en fonction de ses besoins et en toute autonomie.
Depuis le début de l’activité, à chaque étape, le numérique permet à l’élève d’être l’acteur de ses
apprentissages. Il est alors intéressant de proposer à l’élève une séance de langue au cours de laquelle il constituera
sa fiche outil soit sur les emplois du mode impératif soit sur l’expression de l’ordre. Après avoir ramassé le travail
d’écriture, le professeur pourra orienter la séance de langue en fonction des erreurs des élèves. Soit l’élève aura
effectué des erreurs sur l’emploi du mode impératif et il faudra proposer une remédiation soit l’élève aura employé
davantage l’expression de l’ordre, il faudra alors orienter la séance de langue autour de l’emploi du futur ou du
lexique de l’obligation. L’outil numérique choisi pour mettre en place cette fiche langue sera le diaporama à l’aide du
logiciel prezi. Cet outil sera intéressant pour vérifier si l’élève a bien compris par exemple le lien entre mode
impératif et parole persuasive lorsqu’il devra choisir le modèle de son prezi, le modèle sera-t-il en adéquation avec la
spécificité du mode ou l’expression de l’ordre. Pour guider l’élève et l’aider dans la découverte de ce nouvel outil, le
professeur a préparé un prezi : comment réaliser un prezi? https://prezi.com/96dijxl7vei5/comment-creer-unprezi/
A la fin de cette séance langue, le professeur propose aux élèves une fiche d’activités et un travail d’écriture
soit autour du mode impératif soit autour de l’expression de l’ordre.
étape
Après avoir réalisé le prezi, le professeur invite les élèves à découvrir une spécificité théâtrale. Cette scène I,5,
si brève soit-elle, offre de nouveau une ouverture culturelle aux élèves sur le genre théâtral et ses spécificités et plus
particulièrement la mise en abîme du théâtre ou le théâtre dans le théâtre. Maintenant que les élèves ont compris la
scène et interprété le rôle de chaque personnage, il est aisé de leur demander à combien de pièces de théâtre ils
assistent. Scapin joue son rôle de valet et en même temps celui de metteur en scène, de même Silvestre joue
également le rôle de valet et celui d’un personnage furieux prêt à agir et à être désagréable. Scapin apparaît ainsi
comme un double de Molière, il est à la fois acteur et metteur en scène, il joue son rôle, puis il donne des conseils à
Silvestre pour qu’il joue un autre rôle que celui de valet. Cette mise en abîme du théâtre relance alors la découverte
de la pièce et suscite la curiosité des élèves, ils se demandent quel rôle Silvestre va jouer et ce qu’il fera à Argante.
L’élève se sentira valorisé quand il découvrira la suite de la pièce, l’acte II, et qu’il pourra confronter ses hypothèses
de lecture avec le texte écrit par Molière.
4
A VOUS DE JOUER ! VOTRE PAROLE AGIT-ELLE SUR
AUTRUI ?
Cette dernière étape a pour objectif de vérifier les acquis des élèves sur l’univers du théâtre et l’emploi du
mode impératif dans le cadre d’une parole injonctive. A partir d’un extrait du film de Tirard, Molière, (Il s’agit de la
scène où M Jourdain demande à Molière de l’aider à devenir acteur pour qu’il puisse séduire Elmire) le professeur
demande aux élèves de repérer les rôles joués par chaque personnage, de distinguer l’acteur du metteur en scène.
L’élève peut réactiver ses connaissances sur le metteur en scène en reprenant des propos de l’interview de Jérôme
Savary ou les répliques de Scapin.
Il est ensuite proposé à l’élève de se mettre dans la peau d’un metteur en scène et de proposer des conseils
pour jouer le rôle des différents chevaux. Pour différencier les chevaux, le professeur propose une brève définition
accompagnée d’une photographie. L’élève peut effectuer des recherches supplémentaires via le moteur de
recherches si nécessaire. L’essentiel lors de cette activité est que l’élève se rende compte qu’il emploie le mode
impératif pour exprimer un ordre, un souhait et qu’à travers ce mode, il souhaite que la personne réalise une action.
L’élève écrit donc les différents conseils qu’il pourrait donner à l’acteur qui jouera le rôle du cheval. Puis pour vérifier
si la parole écrite sera suivie d’une action, le professeur propose aux élèves de jouer le rôle du metteur en scène et
celui de l’acteur. Au cours de ce petit jeu de scène, les élèves metteur en scène se rendent certes compte que leur
parole est source d’action mais qu’elle peut vite s’arrêter d’agir s’ils ne donnent pas assez de conseils aux acteurs et
que les conseils doivent donc être nombreux et variés.
BILAN DES USAGES DU NUMERIQUE
Intérêt et enjeux de l’exploitation du numérique
Le numérique favorise l’observation et l’écoute autonome et attentive des jeux de scène. L’élève peut se concentrer
sur ce qu’il voit et éprouver des émotions sans être jugé par ses camarades dans le cadre d’une projection de la
scène en classe entière. L’activité numérique proposée favorise les apprentissages de la langue de façon concrète.
Les activités font vivre l’outil de la langue et le placent dans son contexte pour que l’élève se rende compte de
l’emploi et de l’efficacité du mode impératif sur autrui. A la différence d’un manuel scolaire qui propose
essentiellement des phases d’observation d’un texte, d’une leçon puis d’une mise en pratique de l’outil de la langue
observé ; ici les activités numériques permettent à l’élève de se confronter à l’outil, d’avoir un contact direct avec sa
mise en pratique puis son application dans le jeu de scène observé ou à réaliser.
Effets sur la gestion de classe
L’activité menée en salle pupitre permet de varier les moments de gestion de classe entre des activités autonomes
et des activités de mutualisation. De plus, loin de laisser l’élève seul face à son écran, l’activité lui propose aussi de se
mettre en scène et de jouer un rôle soit celui de l’acteur ou celui du metteur en scène. La disposition de la salle
pupitre n’empêche pas le jeu de scène. Il peut ainsi y avoir une véritable continuité entre les activités et les supports
qu’ils soient informatiques ou oraux.
Ecueils à éviter
A la fin de l’activité, il est bien entendu nécessaire de proposer aux élèves une fiche outil sur le mode impératif
présent et plus précisément sur la construction et la conjugaison des verbes à l’impératif présent. La fiche outil
s’accompagnera d’activités de mise en pratique qui seront plus aisées pour les élèves puisqu’ils auront compris
l’importance de la mise en situation de cette parole exécutive au mode impératif.
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