
Raymond Devos, René Fallet, Victor Laville, Marcel Lepoil, Pierre Maguelon, 
Fred Mella, Moustache, Pierre Nicolas, Louis Nucéra, Armand Robin, Jean-Paul 
Sermonte, André Tillieu et Lino Ventura. Ceux-ci y retrouvent le poète et sa 
compagne,  Joha  Heiman  (1911-1999),  originaire  d’Estonie  et  surnommée 
Püppchen (Je me suis fait tout p’tit devant une poupée/Qui ferme les yeux quand 
on la couche). 
 
Presque quotidiennement, il écoute Bourvil et Claude François ! 
La  tendresse  et  la  subversion,  l’humour  et  la  compassion,  la  poésie  et 
l’imprécation  animent  ses  textes.  Le  swing  et  la  musique noire  ont  fortement 
influencé le compositeur qui délaisse très tôt le piano pour s’accompagner à la 
guitare  où  il  étonne  par  de  déroutantes  grilles  d’accords,  faussement  simples. 
Amateur passionné de la chanson, il écoute presque quotidiennement Charles 
Trenet, Mireille, Bourvil, Georges Tabet, Fred Astaire, Georges Gershwin et… 
Claude François et n’hésite pas à offrir, dans les années 1960-1970, la première 
partie de ses spectacles à des débutants, comme Barbara, Yves Duteil, Serge 
Lama,  Maxime  Le  Forestier  (qui  lui  a  rendu  le  plus  bel  hommage 
discographique),  Pierre  Louki,  Colette  Renard  et  Yves  Simon,  comme  il  a 
soutenu, une décennie plus tôt, Guy Béart et Georges Moustaki. 
Margot (qui dégrafait son corsage/Pour donner la gougoutte à son chat), 
Martin (Pauvre Martin, pauvre misère/Creuse la terre, creuse le temps), Jeanne 
(Son  auberge  est  ouverte  aux  gens  sans  feu  ni  lieu/On  pourrait  l’appeler 
l’auberge  du  Bon  Dieu), Hélène (Son jupon de laine/Était tout mité/Les trois 
capitaines/L’auraient  appelée  vilaine) :  Il  a  accompagné  sur  plusieurs 
générations les personnages de ses refrains, doubles de ses contemporains et de 
ses proches à Sète, à Paris, puis à Crespières. Il ne les a quittés qu’à sa mort, et 
souverainement  intacts,  comme  s’ils  l’avaient  devancé  dans  l’état  où  il  est 
aujourd’hui, je veux dire : l’immortalité. 
 
« Les tombeaux ferment mal » 
  Les suffrages de la postérité et ceux des services 
commerciaux  des  éditeurs  phonographiques  ne  sont 
heureusement  pas  la  mesure  unique  de  la  valeur  d’une 
œuvre.  Les  fervents,  les  inconditionnels  de  Georges 
Brassens le  savent bien :  elle  est  inscrite,  cette  valeur, 
dans  les  couplets  de  « La  Chasse  aux  papillons »  ou 
d’« Au bois  de  mon cœur » ; il suffit de les écouter. Ce 
ne sont pas les chanteurs, tels Brel, Ferré, Montand ou 
Brassens  qui  s’enrichissent  de  leur  reconnaissance 
posthume,  mais  les  auditeurs.  « Les  tombeaux  ferment 
mal »,  prétendait  le  poète  et  dramaturge  Jacques 
Audiberti. Tant mieux, ainsi le gisant de la plage de Sète n’aura pas fini de nous 
fredonner ses chansons.