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LE BANKING ISLAMIQUE EN ALGÉRIE, VINGT ANS APRÈS
Nasser HIDEUR
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Introduction
La Banque Al Baraka d’Algérie a fêté l’année dernière son vingtième anniversaire lequel
pourrait aussi être considéré comme celui du banking islamique en Algérie. En effet, jusqu’à
2008, cette banque y détenait, de fait, le monopole de l’activité bancaire charia compatible.
Depuis, une autre banque islamique à capitaux émiratis, Essalam Bank, a obtenu son
agrément. Une autre banque à capitaux arabe, essentiellement koweitiens, Algeria Golf Bank,
propose aussi depuis la même année, des produits de financement sous forme de mourabaha.
De nombreux établissements de crédit, dont une grande banque publique et des banques
internationales, s’attellent, aujourd’hui, à créer des fenêtres islamiques ou à offrir des produits
conformes à la charia.
C’est dire qu’en vingt années d’existence, le banking islamique a fait du chemin en Algérie.
Perçu au début avec beaucoup de scepticisme et d’incompréhension dans le milieu bancaire, il
constitue, aujourd’hui une composante incontournable voire convoitée du paysage bancaire
national.
Quels ont été les facteurs de succès, les forces, les faiblesses et les perspectives de cette
industrie nouvelle en Algérie ? Quels enseignements peut-on tirer de cette expérience
novatrice qui a éclos et s’est développée dans un environnement totalement conventionnel ?
Voici quelques éléments de réponse.
Premier fruit des réformes économiques de l’après socialisme
L’une des particularités marquantes de l’expérience bancaire charia compatible en Algérie
consiste en sa conjonction avec l’enclenchement de la libéralisation du secteur bancaire
consacrée par la loi sur la monnaie et le crédit du 14 avril 1990. Ce texte fondateur a rompu
avec le monopole exercé auparavant par les banques étatiques sur le marché en permettant la
constitution de banques et d’établissements financiers à capitaux privés qu’ils soient d’origine
algérienne ou étrangère.
L’apport le plus consistant de cette nouvelle loi a été l’instauration d’une organisation
bancaire moderne adaptée aux exigences d’une économie de marché. Le système a été doté
d’une composante institutionnelle et d’entités commerciales. Sur le plan institutionnel, la loi
a mis en place des autorités monétaires de régulation (Banque centrale), de réglementation
(Conseil de la monnaie et du crédit) et de supervision (Commission bancaire). Ces instances,
légalement autonomes et indépendantes du pouvoir exécutif, ont pour mission, chacune dans
le cadre de ses attributions, de veiller à la normalisation, au bon fonctionnement et au respect
des règles de l’activité bancaire. La partie opérationnelle du système est constituée des
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Secrétaire Général de la Banque Al Baraka d’Algérie.