niveau économique, qui accroît, d’une part, la vulnérabilité aux
catastrophes naturelles et, d’autre part, leur coût. Ensuite, l’acti-
vité humaine contribue à augmenter, de l’aveu désormais quasi
unanime des scientifiques, le réchauffement de la planète, donc
le risque d’occurrence des catastrophes naturelles. Enfin, du point
de vue psychologique, la tolérance aux sinistres provoqués par
les éléments naturels, autrefois considérés avec une résignation
proche du fatalisme comme un aléa normal de la vie, a large-
ment diminuée dans les pays développés ; le niveau d’exigence
en termes de sécurité y est en effet plus élevé qu’ailleurs, ce qui
se traduit par un accroissement toujours plus marqué en termes
de demandes de prévention et d’indemnisation.
Or, la prévention est l’affaire de tous, y compris des citoyens qui
sont désormais invités, par la loi, à contribuer bénévolement et
activement aux missions de prévention ou de secours en tant que
réservistes de la sécurité civile (loi nº 2004-811 du 13 août 2004 de
modernisation de la sécurité civile).
Le champ des potentialités étant très vaste, tant au niveau des
risques, que de celui des domaines d’action possibles, il est apparu
nécessaire, lors de la préparation du colloque et dans un souci de
clarté des débats, de limiter les réflexions au sujet central des consé-
quences économiques des risques naturels en Martinique pour les
entreprises. Non pas, bien évidemment, que les conséquences
sociales ou bien les risques terroristes ne soient pas dignes de préoc-
cupation, mais parce que la probabilité des risques encourus,
confortée par la réalité des faits eux-mêmes, a plaidé, aux yeux
des organisateurs de ce colloque, pour le choix de ce sujet.
Ce colloque, dont l’idée était née au début de l’année 2007, et
a qui avait été préparé tout au long du premier semestre, ne
découlait donc pas du passage de l’ouragan Dean, mais est
venu, en quelque sorte, lui donner force de légitimité.
Il était destiné tout particulièrement aux chefs d’entreprise, afin,
non seulement de les aider à anticiper les mesures propres à
réduire la vulnérabilité de leur entreprise face aux phénomènes
naturels, mais également à leur permettre d’assurer le redémar-
rage de leurs activités dans les meilleures conditions de rapidité
et d’efficacité, après l’événement.
Il visait à apporter des solutions concrètes et pratiques, des
contacts, des coordonnées utiles, et d’une façon générale, des
réflexes adaptés, relativement à la conduite à tenir en cas de
survenance d’une catastrophe naturelle.
LE DÉROULEMENT DU COLLOQUE
Le colloque a débuté par deux exposés introductifs destinés à
présenter le contexte dans lequel la réflexion s’est inscrite. Animés
par des géographes, ces exposés ont porté, d’une part, sur un
panorama des risques naturels en Martinique et, d’autre part,
sur les conséquences économiques de certaines catastrophes
naturelles vécues à travers le monde.
A la suite de ces deux exposés introductifs, deux tables rondes se
sont succédé.
La première table ronde a été constituée par des organismes
(entreprises ou collectivités) assurant un rôle de service public au
sens large du terme : EDF, France Telecom, la SARA (Société ano-
nyme de raffinerie des Antilles), le SICSM (Syndicat intercommunal
du sud de la Martinique) et ODYSSI (société chargée de la régie
des eaux de la communauté d’agglomérations du centre de la
Martinique) ; comment ces entreprises prennent-elles en compte
les conséquences potentielles des risques naturels ? Comment
s’organisent-elles en interne ? Quels sont leurs moyens d’action ?
Quels contacts établissent-elles entre elles et avec leur environne-
ment ? Quel est leur rôle en cas de catastrophe naturelle ? ... Autant
de questions qui ont été abordées pour mettre en lumière la néces-
sité absolue de prendre conscience et de tenir compte des fortes
interactions qui lient ces différents acteurs.
La seconde table ronde a regroupé certains services de l’Etat
dotés d’une culture du risque et organisés de façon à y répondre
au mieux : il s’agissait du Conseil général, d’un représentant des
maires de Martinique, du service départemental d’incendie et de
secours, du service interministériel de défense et de protection
civile, de l’état-major de zone de défense Antilles et de la direction
départementale de l’équipement. Là encore, est apparu évi-
dente la nécessité pour les services de l’Etat de communiquer
entre eux, mais aussi avec les acteurs économiques, afin d’offrir,
le moment venu, une réponse optimisée aux problèmes posés. Ce
fut notamment l’occasion pour le chargé de mission en défense
économique d’intervenir pour souligner l’importance de la
défense économique en la matière, définie comme « l’ensemble
des actes et initiatives pris par l’Etat afin de protéger et défendre
l’économie et les entreprises des atteintes de toute nature et de
subvenir aux besoins de la défense nationale », en rappelant que
la notion de défense économique reposait sur deux volets abso-
lument complémentaires, l’approche régalienne, d’une part, mais
aussi l’approche partenariale, d’autre part (1).
Le colloque s’est poursuivi avec une troisième et dernière table
ronde, visant à permettre l’appropriation, par le chef d’entreprise,
de la culture d’anticipation en matière de risques naturels.
Ainsi, ont tour à tour été examinés, dans un premier temps, le rôle
des collectivités territoriales, des chambres consulaires et de la
DRIRE, puis, dans un second temps, les aspects financiers du trai-
tement d’une crise, avec l’intervention du Secrétariat général
pour les Affaires régionales de la préfecture, de l’Agence fran-
çaise de développement, des représentants des compagnies
d’assurances...
Et ce fut aussi l’occasion pour les intervenants de prodiguer, tout
au long de cette journée, moult conseils pratiques, repris sous la
forme d’un dossier, remis à chacun des participants.
LES ENSEIGNEMENTS TIRÉS DU COLLOQUE
OU L’IMPORTANCE DES RELATIONS
ENTRE LES DIFFÉRENTS ACTEURS
DANS L’ANTICIPATION
ET LE TRAITEMENT
DES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
DES RISQUES NATURELS
Ainsi que cela a été observé tout au long de ce colloque, et ainsi
que la Martinique avait pu l’éprouver un mois auparavant,
les catastrophes naturelles frappent aveuglément l’ensemble du
territoire sur lequel elles s’abattent.
Or, la structuration de l’espace, telle que nous la connaissons,
résulte avant tout de contraintes géographiques (insularité, relief,
zone climatique...) mais aussi de considérations économiques,
des modes de vie et de choix politiques. L’une des caractéristi-
ques fondamentales de cet espace est une profonde et néces-
saire complémentarité entre toutes ses composantes, d’autant
plus difficile à établir dans le périmètre nécessairement contraint
d’une île.
Ainsi, s’agissant de la Martinique, le Nord, espace naturel pré-
servé, à la forte pluviométrie et à la végétation luxuriante, vient
équilibrer un Centre et un Sud davantage urbanisés et industria-
lisés, mais situés dans des zones plus sèches ; or, la problématique
de l’eau potable, qui est fournie à plus de 90 % par les eaux de
surface, pose la question du rééquilibrage entre les zones arrosées
mais à faible densité de population et celles à forte densité de
population mais moins favorisées par les ressources en eau.
(1) L’approche régalienne de la défense économique consiste à prévenir les dys-
fonctionnements des infrastructures majeures et à préparer les mesures destinées à
gérer les crises susceptibles d’intervenir ; l’approche partenariat découle de la
conception de l’Etat stratège, orienté vers les entreprises, et qui couvre la défense,
la sécurité et l’intelligence économique.
économie
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o3-4 - Mars-Avril 2008
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