Colloque Hydroécologie 2008 - Clamart
Changements globaux dans les écosystèmes aquatiques continentaux
Daniel Gerdeaux, INRA Thonon
A l’échelle de la planète, le Millenium Ecosystem Assessment a identifié 5 causes de
changements importants dans les écosystèmes aquatiques continentaux : changement des
habitats, changement climatique, espèces envahissantes, surexploitation des espèces,
pollution (dont eutrophisation) (http://www.maweb.org/documents/document.358.aspx.pdf).
Ces causes interviennent à différentes échelles d’espace et de temps. Elles ne sont pas
indépendantes. Le changement climatique cause des changements dans les habitats déjà
perturbés par les activités humaines (hydroélectricité, chenalisation, irrigation). Le caractère
invasif d’une espèce est modifié par le réchauffement climatique et la mondialisation des
échanges commerciaux). La pollution, bien qu’ayant ses principaux effets à court terme
localement, peut avoir des effets à longue distance notamment par transfert atmosphérique
des éléments polluants.
La prise de conscience dans les pays développés des effets de la pollution, de la
surexploitation des ressources, des modifications des habitats, se traduit par des mesures
ambitieuses en Amérique du Nord et en Europe (DCE EAU). Toutefois, à l’échelle de la planète
la surexploitation des ressources et la pollution restent préoccupantes.
Dans un récent rapport (http://www.climatescience.gov/Library/sap/sap4-4/final-
report/default.htm) sur les options d’adaptation de la société aux changements dans les
écosystèmes et leurs ressources, les scientifiques américains concluent que les bonnes
pratiques qui devraient déjà être mises en place pour la conservation des écosystèmes
aquatiques rassemblent déjà tous les outils nécessaires à la prise en compte des changements
globaux à venir. Il faut les mettre en œuvre à bon escient.
A l’échelle planétaire, les écosystèmes aquatiques continentaux des régions arctiques et
subarctiques seront parmi les milieux les plus gravement perturbés. Dans ces milieux, le
changement portera sur la quantité et la durée d’enneigement, l’évaporation, la fonte du
permafrost, la quantité des UV incidents, et l’arrivée par voie atmosphérique de
micropolluants. Il est difficile de prévoir toutes les conséquences de ces changements sur ces
milieux jusqu’à présent les moins perturbés.
Les grands lacs (≥500 km²) qui représentent 68 % de l’eau douce liquide à la surface de la
planète ont subi et vont subir des altérations importantes. L’eutrophisation a été jugulée dans
les grands lacs du Saint-Laurent, mais les risques liés aux invasions d’espèces et à la pollution
demeurent. La pollution par des produits persistants comme les PCB est et sera un problème
global.
Les aires de répartition de beaucoup d’espèces vont changer. La résilience des écosystèmes
déjà réduite par tous ces changements et la vitesse du changement feront que beaucoup
d’espèces pourront être considérées comme invasives au moins sur le court-terme. Cette
question, comme les précédentes, justifierait une plus longue présentation.