Concepts fondamentaux de l’analyse économique I Examen du jeudi 16 février 2006 Première partie (40 points) : vous répondrez à la question suivante en veillant à ce que votre plan retrace les articulations de votre raisonnement (quatre pages au maximum) Pourquoi le marché ne réalise-t-il pas toujours une allocation optimale des ressources ? Deuxième partie (40 points) Chaque question n’admet qu’une réponse juste. Les nombres entre parenthèses après le numéro de la question indiquent le nombre de points ajoutés pour une réponse juste et le nombre de points retirés pour une réponse fausse. Aucun point n’est ajouté ni retiré en cas de non réponse. 1. (+1 ; -1) En se raréfiant, un bien abondant peut devenir un bien économique. Vrai Faux 2. (+1 ; -1) Benjamin est amateur de vins. Il décide de vendre une partie de sa cave et cède douze bouteilles de Léoville Las Cases (deuxième grand cru classé de Saint-Julien), millésime 1996, à 220 euros la bouteille, et six magnums de Lynch-Bages (cinquième grand cru classé de Pauillac), millésime 1982, à 510 euros l’unité. Cette vente procure à Benjamin un revenu de 5 700 euros. Vrai Faux 3. (+1 ; -1) Selon l’approche ordinale de l’utilité, les individus sont capables de quantifier l’utilité que leur apporte un bien. Vrai Faux 4. (+1 ; -1) Dire qu’entre deux choix A et B, un individu peut déterminer s’il préfère A (A>B), s’il préfère B (B>A), ou encore s’il est indifférent à ces choix (A=B) , signifie que cet individu est capable d’établir un ordre de préférence transitif entre ces deux choix. Vrai Faux 5. (+1 ; -1) La théorie de la valeur développée par Ricardo ne s’applique pas aux œuvres d’art. Vrai Faux 1 6. (+1 ; -0,5) Monsieur Durand veut acheter un bien à 100 euros, mais il accepte l’achat jusqu’à 140 euros. Monsieur Dupont veut vendre ce bien à 180 euros, mais il accepte la vente jusqu’à 160 euros. Quelle sera l’issue de la négociation ? Le prix d’échange du bien s’établira entre 140 et 160 euros. Le prix d’échange du bien s’établira entre 100 et 180 euros. L’échange n’aura pas lieu. 7. (+1 ; -1) Soient deux biens substituables : le thé de Chine et le chocolat chaud. Toutes choses égales par ailleurs, la hausse du prix du thé de Chine provoque : un déplacement sur la courbe de demande de chocolat chaud un déplacement de la courbe de demande de chocolat chaud 8. (+1 ; -1) L’élasticité de l’offre d’un bien au prix de ce bien est normalement : négative positive 9. (+1 ; -1) Un bien normal est un bien dont l’élasticité de la demande par rapport au revenu est supérieure à l’unité. Vrai Faux 10. (+1 ; -0,5) « La valeur d’échange laissée à elle-même se produit naturellement sur le marché sous l’empire de la concurrence. Comme acheteurs, les échangeurs demandent à l’enchère, comme vendeurs, ils offrent au rabais, et leur concours amène ainsi une certaine valeur d’échange des marchandises tantôt ascendante, tantôt descendante et tantôt stationnaire. » Qui est l’auteur de cette citation ? Vilfredo Pareto Adam Smith Léon Walras 11. (+1 ; -1) Les courbes d’indifférence sont décroissantes en raison de la décroissance de l’utilité marginale. Vrai Faux 12. (+1 ; -1) Le taux marginal de substitution entre deux biens est le même en tout point de la courbe d’indifférence dans le cas de deux biens parfaitement substituables. Vrai Faux 13. (+1 ; -1) La droite d’isocoût est la représentation graphique de l’ensemble des combinaisons de biens X et Y qu’un individu peut acquérir avec le revenu dont il dispose. Vrai Faux 14. (+1 ; -1) Selon l’analyse ricardienne de la rente : c’est parce que le blé est cher que l’on paie une rente c’est parce que l’on paie une rente que le blé est cher 2 15. (+1 ; -1) Les points d’entrée sur le marché et de sortie du marché d’une entreprise sont les mêmes. Vrai Faux 16. (+1 ; -1) La courbe d’offre d’une entreprise est discontinue. Vrai Faux 17. (+1 ; -1) La critique par Joan Robinson de la tentative de construction de fonctions de production agrégées s’articule autour de la difficulté d’agrégation des facteurs de production. Vrai Faux 18. (+1 ; -1) En concurrence pure et parfaite, la recette marginale est égale à la recette totale divisée par le nombre d’unités vendues. Vrai Faux 19. (+1 ; -1) Lorsque les prix sont en ordonnée et les quantités en abscisse, la droite représentant la demande adressée à une entreprise sur un marché de concurrence pure et parfaite est horizontale. Vrai Faux 20. (+1 ; -1) La courbe de recette marginale d’une entreprise en situation de monopole est confondue avec la courbe de la demande qui lui est adressée. Vrai Faux 21. (+1 ; -0,5) Pour un nombre d’unités produites non nul, la recette moyenne d’une entreprise en situation de monopole est : égale à sa recette marginale inférieure à sa recette marginale supérieure à sa recette marginale 22. (+1 ; -1) Le surplus du consommateur en situation de concurrence pure et parfaite est égal au surplus du consommateur dans le cas d’un monopole parfaitement discriminant. Vrai Faux 23. (+1 ; -1) Il n’y a pas de perte sèche dans le cas d’un monopole parfaitement discriminant. Vrai Faux 24. (+1 ; -1) En concurrence monopolistique, l’équilibre de longue période conduit au point où la courbe de demande est tangente : à la courbe de coût moyen à la courbe de coût marginal 3 25. (+1 ; -1) Les firmes choisissent les quantités et laissent le marché déterminer le prix : dans le cas d’un duopole de Cournot dans le cas d’un duopole de Bertrand 26. (+1 ; -1) Il n’y a pas d’entrepreneur sur les marchés néoclassiques. Vrai Faux Les questions 27 et 28 portent sur l’énoncé suivant : Pour un produit donné, l’offre individuelle d’une entreprise varie avec le prix de vente unitaire selon la relation : Oi = 2,5 P – 500. Pour le même produit, la demande d’un consommateur varie avec le prix de vente unitaire selon la relation : Dj = -0,02 P + 18. Le prix unitaire P est exprimé en euros. Sur le marché, les dix offreurs du produit ont la même fonction d’offre individuelle et les cinq cents acheteurs expriment la même demande individuelle. 27. (+1 ; -1) Le prix auquel se forme l’équilibre du marché de ce produit est de : 205 euros 400 euros 28. (+1 ; -1) La puissance publique décide de plafonner le prix de ce produit à 500 euros. De cette décision peut résulter l’apparition d’un phénomène de « marché noir ». Vrai Faux 29. (+1 ; -1) Sur un marché de clientèle, une entreprise vend sa production à son coût marginal. Vrai Faux 30. (+1 ; -1) Selon Modigliani et Miller, la valeur d’une entreprise est indépendante de son mode de financement. Vrai Faux 31. (+1 ; -1) Selon le premier théorème de l’économie du bien-être, une allocation d’équilibre réalisée grâce à un ensemble de marchés concurrentiels est nécessairement efficace au sens de Pareto. Vrai Faux 32. (+1 ; -1) Selon les théoriciens du salaire d’efficience, rémunérer les salariés à un salaire supérieur au salaire d’équilibre les incite à ne pas quitter l’entreprise et contribue de la sorte à limiter les coûts de recrutement supportés par ladite entreprise. Vrai Faux 33. (+1 ; -1) Le pouvoir de marché dont dispose une entreprise peut être évalué en mesurant l’élasticité de la demande qui lui est adressée au prix qu’elle pratique. 4 Vrai Faux 34. (+1 ; -1) Plus la valeur de l’indice Hirschmann-Herfindahl est élevée, plus les secteurs concernés sont concurrentiels. Vrai Faux 35. (+1 ; -1) Le traité de Rome de 1957 déclare incompatible avec le marché commun et interdit, dans la mesure où le commerce entre Etats membres est susceptible d’en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises de disposer d’une position dominante sur le marché commun ou dans une partie substantielle de celui-ci. Vrai Faux 36. (+1 ; -1) Le droit européen de la concurrence s’applique exclusivement aux entreprises dont le siège social se trouve dans l’un des Etats membres de l’Union européenne. Vrai Faux 37. (+1 ; -1) Comme les biens publics purs, les ressources naturelles sont limitées. Vrai Faux Les questions 38 et 39 portent sur le texte suivant : « La boutique n’était pas très grande et les murs étaient entièrement recouverts de cages. Il y régnait un vacarme permanent, accompagné d’une forte odeur. Les créatures qui occupaient les cages passaient leur temps à piailler, couiner, caqueter, siffler. Derrière le comptoir, une sorcière donnait des conseils à un client sur les soins à prodiguer aux tritons à double queue. Pendant ce temps, Harry, Ron et Hermione examinèrent les créatures enfermées dans les cages. Deux énormes crapauds violets gobaient des cadavres de mouches à viande en émettant des bruits de succion. Une tortue géante à la carapace incrustée de pierres précieuses étincelait près de la vitrine. Des escargots venimeux de couleur orange rampaient lentement sur les parois de leur cage de verre et un gros lièvre blanc se métamorphosait sans cesse en chapeau haut de forme dans un bruit de pétard. Il y avait aussi des chats de toutes les couleurs, une cage pleine de corbeaux jacasseurs, un panier de petites créatures à fourrure qui chantonnaient bruyamment et, sur le comptoir, une grande cage remplie de rats noirs qui sautaient à la corde en se servant de leurs queues. Le client au triton sortit de la boutique et Ron s’approcha du comptoir. - J’ai des ennuis avec mon rat, dit-il à la sorcière. Il est un peu patraque depuis qu’on est allés en Egypte. - Mettez-le moi sur le comptoir, dit la sorcière en sortant une paire de grosses lunettes noires. Ron extirpa Croûtard de sa poche et le déposa à côté de la cage remplie de ses congénères qui cessèrent aussitôt leurs jeux et se précipitèrent sur les barreaux pour le regarder de plus près ». (Extrait de J. K. Rowling, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, 1999.) 5 38. (+1 ; -1) Le fait que la sorcière qui tient cette boutique utilise des cadavres de mouches à viande pour nourrir ses crapauds constitue une incitation économique à la multiplication des mouches à viande. Vrai Faux 39. (+1 ; -1) Le rat Croûtard est : une ressource naturelle un bien privé 40. (+1 ; -1) Les externalités peuvent être internalisées au moyen de la définition ou du renforcement des droits de propriété. Vrai Faux Une réponse exacte à chacune des 40 questions donne 40 points. Un total négatif sera ramené à 0. Troisième partie : question « bonus » (5 points) « […] le cinéma parlant s’imposa. En mai, la Fox présenta, dans son procédé Movietone, The Seventh Heaven de Borzage au Sam Harris Theater : ce fut un délire d’enthousiasme. Encore ce succès pâlit-il devant celui du Chanteur de jazz des frères Warner, en octobre. Dès lors, il fallut se rendre à l’évidence, le cinéma muet se mourait. […] On s’équipa dans la fièvre, transformant les studios pour les isoler du bruit. Les mœurs sur les plateaux changèrent. On dut apprendre à faire silence, alors qu’on avait jusque-là travaillé dans la plus joyeuse cacophonie. Comme la vitesse de défilement dans les nouvelles caméras était de vingt-quatre images/seconde et non plus de seize, l’éclairage des scènes nécessitait plus de lumière. On creva donc de chaleur : les maquillages fondaient, les costumières prévoyaient chaque tenue en plusieurs exemplaires pour pouvoir la changer lorsqu’elle était trempée. On enferma les cadreurs dans des cages vitrées pour étouffer le bruit de leurs appareils. On renvoya les orchestres qui accompagnaient le tournage des scènes d’airs de circonstance, réduisant au chômage des centaines de musiciens. La conception du cinéma changea. On fit venir de Broadway des dialoguistes brillants, on adapta des comédies musicales. Plus question de pitreries remuantes ou de cascades, à cause des micros dont les robes et les coiffures étaient truffées. On s’arrêta de bouger pour pouvoir parler. La caméra, elle aussi, perdit sa mobilité, ronflant à l’abri de sa cage. Adieu travellings et virevoltes. Des stars disparurent soudain, parce que le parlant trahissait leurs voix ridicules ou désagréables, leurs accents de Brooklyn ou de Berlin. En revanche, des troupes étrangères affluèrent : il fallait réaliser pour les publics européens des versions dans leur langue. La même scène était jouée par trois ou quatre distributions différentes en anglais, français, allemand ou italien… et tournées à la chaîne par le réalisateur qui passait d’un plateau à l’autre. Tanagra Films suivit le mouvement irréversible. […] Cette période épuisante ne dura guère, toutefois. Après dix-huit mois, on inventa la postsynchronisation et les étrangers quittèrent la tour de Babel aussi vite qu’ils l’avaient investie. » (Extrait de Sylvie Dervin, La dame de Kiev, 1985.) 6 En quoi l’introduction du cinéma parlant illustre-t-elle le processus de « destruction créatrice » qu’a décrit Schumpeter ? 7