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INTRODUCTION
Le livre que vous allez lire tente de sortir des sentiers battus. Il ne s'agit pas de délivrer un recueil
de recettes ou de trucs pour devenir un « bon grand-père » comme le proposent analogiquement
maints ouvrages destinés aux entreprises et à destination des cadres pour asseoir leur autorité et
pour correspondre à l'état d'esprit du « manager efficace ».
Je suis parti d'un autre point de vue. Non donner des conseils pratiques plus ou moins codés par
un imaginaire social structuré par le néolibéralisme, mais m'interroger et tenter de répondre aux
questions posées par le problème de la transmission de valeurs entre un grand-père incarné et une
petite fille qui grandira et comprendra la vie pour le meilleur et pour le pire. Il se peut alors
qu’elle ait envie de savoir ce que pensait son grand-père qui l’aura si tendrement aimée. Il n’est
pas impossible également que les considérations qui vont suivre suscitent quelques
retentissements chez des contemporains soucieux d’éducation familiale.
Je rédige ce livre avec la collaboration d'un ami expérimenté en histoire de vie et en
autoformation Christian Verrier. Il m'aide par ses questions et ses retentissements à aller plus
avant dans ma réflexion.
Transmettre devient la question cruciale aujourd'hui en ces temps de changement accéléré des
valeurs, des attitudes et des comportements individuels et sociaux. Qui doit transmettre et que
transmettre ? L'école ou la famille ? Au sein de cette dernière, le père, la mère ou les grands-
parents ?
Mais surtout que transmettre ? Sur le plan professionnel les jeunes générations vivent une
transformation radicale du savoir qui devient trop vite obsolète. Les grands-parents qui
appartiennent à deux générations antérieures sont largement dépassés et n'ont plus guère
l'occasion de parler de leur expérience de travail. Apparemment nous sommes loin du proverbe
africain « quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui flambe ».
Sur le plan des valeurs et du sens de la vie, ils sont également tout aussi handicapés. Leur
expérience de vie, encore liée à des us et coutumes pas trop démantelés, est ressentie comme d'un
autre âge par leurs petits enfants et même par leurs propres enfants. Ce fait devient évident
lorsqu'ils n'ont pas su ou pu en tant que parents donner une éducation affective, sensible,
généreuse, réfléchie et ouverte à la solidarité humaine, à leurs propres enfants.
On le comprend bien à travers l'enquête menée par Marie de Hennezel et son fils Edouard sur le