LA SAINTE VIERGE MARIE
CHAPITRE VI
MARIE AU CIEL
MORT, SÉPULTURE, ASSOMPTION DE MARIE - MARIE
REINE ET MÉDIATRICE
- IV -
MARIE REINE ET MÉDIATRICE
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MARIE REINE ET MÉDIATRICE
Couronne, sceptre, trône, tous ces mots, appliqués au triomphe de
Marie, ne sont pas de vaines images, car elle est véritablement Reine.
Reine d'Israël par sa naissance, elle est Reine du monde par sa
Maternité divine. Reine régente pendant la minorité de son Fils, elle
partage actuellement avec lui la souveraineté et la juridiction sur tous les
royaumes, tous les princes et tous les peuples de la terre.
Reine de la terre, elle est encore la Reine du ciel, la Reine de la Jéru-
salem céleste décrite dans l'Apocalypse de saint Jean, où elle règne con-
jointement avec le Roi immortel des siècles.
Elle y règne sur tous les anges et sur tous les saints, qu'elle précède
par la dignité, par la grâce et par le mérite.
Elle est la Reine des patriarches, dont elle a dépassé les vertus; la Reine
des prophètes, dont elle a résumé et agrandi les oracles; la Reine des
apôtres, dont elle a été l'institutrice; la Reine des martyrs, dont elle
a surmonté les souffrances; la Reine des confesseurs, dont elle a
joint la mortification à une parfaite innocence; la Reine des vierges,
dont elle a levé et porté si glorieusement ltendard; la Reine, en un
mot, de tous les saints, dont elle a rassemblé en elle seule, et étendu
presque à l'infini toutes les excellences.
Elle est surtout la Reine du ciel, comme Mère substantielle du Roi du
ciel, à savoir de Jésus, dont il est juste qu'elle partage les attributs
distinctifs et les royales prérogatives.
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Assomption de la Vierge - Rubens
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Elle n'est pas seulement la première, elle est la Reine des anges et des
saints, c'est-à-dire qu'elle n'entre dans aucun de leurs ordres, même pour
en prendre la tête. Les anges sont divisés en ordres, où les saints viennent
successivement remplir les places laissées vides par les anges déchus.
Mais Marie forme un ordre à part et distinct, qu'elle compose toute seule,
comme la Trinité forme seule le sien. Entre l'ordre divin et l'ordre créé,
elle occupe et complète à elle seule un ordre intermédiaire, n'ayant au-
dessus d'elle que Dieu, et voyant au-dessous tout ce qui n'est pas Dieu,
même la création angélique.
Et nous avons dit et répété la triple raison de cette gloire unique,
incommunicable comme celle de Dieu. C'est la Maternité divine, c'est la
grâce, qu'elle a ramassée en elle dans une plénitude comparable à
l'océan, tandis que les anges et les saints n'en sont remplis que comme
des fleuves ou des ruisseaux; ce sont ses mérites immenses et
insondables comme sa grâce; ce sont ses vertus, non moins ineffables,
son humilité profonde comme les abîmes, son amour haut et vaste comme
les cieux.
Gloire, bonheur, termes synonymes au ciel! Quel n'est donc pas le
bonheur de Marie? Si l'Apôtre, transporté un jour dans ce bonheur et cette
gloire, s'est senti impuissant à redire aux sens mortels ce que son oeil
avait vu, son oreille entendu, son coeur senti de ce que Dieu prépare à
ses moindres amis, qui dira ce qui a été préparé à la Reine des anges et
des saints?
Pour elle, Dieu a inventé une nouvelle béatitude, qui, il est vrai, ne
diffère d'aucune autre quant à l'espèce, mais qui surpasse toute autre en
intensité et en extension.
Son corps même, qui a porté le Christ, est abreuvé, imprégné d'une
volupté, rayonne d'une gloire, qui ne seraient appciables ququi sau-
rait la gloire et la béatitude de la sainte Humanité du Sauveur. Ce corps
se pare de toutes les qualités du corps ressuscité de Jésus; il en reflète à
lui seul toute la lumière pure, incorruptible, fluide, expansible, tandis que
les corps des élus n'en réfléchissent que divers rayons réfractés. Et la
raison est toujours la même: c'est que sa chair est la chair même, la chair
substantielle de Jésus, en qui les autres élus ne sont que spirituellement
incorporés.
Supérieure est encore la gloire et la béatitude de son âme, qui plus
avant, plus pleinement qu'aucune autre, pénètre dans la vision et dans la
jouissance de Dieu. Elle pénètre d'un rayon visuel que rien n'arrête la
lumière divine, et elle en est pénétrée comme un cristal limpide. Unité de
l'essence, trinité des personnes, perfections infinies, puissance et
sagesse, justice et amour, tous les mystères, tous les attributs divins se
dévoilent devant elle ou se réfléchissent dans son pur miroir. Elle les voit
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en elle-même, elle les voit dans le réflecteur de la création, dont aucun
être, matériel ou spirituel, ne lui est caché, ni dans ses éléments
constitutifs, ni dans ses propriétés, ni dans ses forces physiques ou ses
inclinations morales, ni dans son passé ou son avenir. Elle voit tout, parce
que rien n'est étranger à son état, à son ministère universel.
Assomption de la Vierge – Le Pérugin
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