- Les premiers sont sensibles notamment aux thèses de la famille Yacine pour qui la justice émane de
la spiritualité. Ils peuvent servir de fer de lance à un islamisme plus ou moins combatif, prônant le
retour aux valeurs du coran.
-Les autres, les « avant-gardiste » sont favorables à une ouverture économique du Maroc, aux
valeurs occidentales et à une démocratie pluraliste mettant en cause les privilèges des grandes
familles du Maroc qui tiennent l’essentiel de l’économie marocaine et contrôlent l’attribution des
emplois publics et privés.
Ces mouvements restent de nature pacifique et bien contrôlés par la police et l’armée dont le
comportement n’a rien à voir avec celui des pays voisins, les armes à feu étant heureusement
absentes dans les deux camps.
Cependant, des incidents très graves allant jusqu’à la mort de manifestants « fragiles » relayés se
sont produits à la suite de la dureté de la répression policière. La presse locale dans son ensemble en
a minimisé l’ampleur. Plus curieusement, la presse internationale, et en particulier française en a
très peu rendu compte et a donné l’impression de s’auto censurer (à l’exception de Libération et du
Monde). Les réseaux sociaux ont par contre largement diffusé ces informations.
Quant aux gouvernements occidentaux, et particulièrement le gouvernement français, ils ont
continué à louer l’exception marocaine qui préserverait, selon leurs perspicaces analyses, le Maroc
d’une révolution dangereuse pour le pouvoir royal et pour les intérêts occidentaux. C’était à croire
que beaucoup avait profité des bienfaits de la Mamounia.
Sont dénoncées notamment:
- une mauvaise exploitation des richesses naturelles, en particulier du phosphate, utilisées au profit
d’un petit nombre de prédateurs de l’administration marocaine et des politiques, c'est-à-dire du
Makhzen. Safi et Ben Guerrir deviennent ainsi des hauts lieux de la contestation.
-La faiblesse des salaires dans le secteur privé et l’administration qui ne permet plus à la majorité
des Marocains de vivre décemment.
-L’extrême richesse de leurs élites et parfois le comportement ostentatoire de certains Européens qui
respectent peu les codes de leur société traditionnelle.
- la complexité de la réglementation et l’usage du bakchich à tous les niveaux de l’administration,
(fiscale, celle des douanes) qui les soumet à des vexations journalières rendant toute initiative
personnelle longue et difficile.
- l’absence d’un d’Etat de Droit qui favorise les riches en cas de conflit. Les trois quarts des décisions
de justice ne sont pas exécutées.
-Les investisseurs étrangers sont eux aussi souvent découragés par les obstacles multiples qu’ils
rencontrent au cours du déroulement de leurs projets ; certains repartent ruinés du Maroc et
épuisés par un combat « donquichotesque » contre les ailes du moulin à vent de cette
administration tentaculaire et redondante.
On retrouve là les thèmes des contestations du début de règne de Mohamed VI mais aussi des
relents de la contestation de la période coloniale du protectorat.
Les modernistes reconnaissent la réalisation de grands projets d’infrastructure, de logistique, de
construction de logements sociaux pour accueillir cette population qui s’urbanise de plus en plus, les
aménagements touristiques structurants, le combat contre l’illettrisme, l’électrification des villages
ruraux reculés ainsi que l’approvisionnement en eau. Ce sont des réalités incontestables.
Ces actions sont portées au crédit du roi grâce aux inaugurations habilement mises en scènes et aux
visites constantes de Mohamed VI sur le terrain. « Le roi travaille » disent les Marocains alors que les
politiques sont souvent considérés comme s’en mettant plein les poches.
Le Roi reste une personnalité respectée de sa population, même si un certain affairisme de la
famille royale est de plus en plus dénoncé.