Sommaire Commentaires introductifs . . . . . . . . . . . . . . . . .3 La certification : mission, enjeux et normes d’audit . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 La mission de certification confiée à la Cour . . . . .5 L’enjeu de la mission de certification . . . . . . . . .6 Le résultat de l’exercice . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8 Le bilan de l’exercice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 Principes et normes d’audit . . . . . . . . . . . . . . .10 Synthèse des constats de la Cour sur les comptes 2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 Les comptes de 2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 Le compte de résultat de 2008 . . . . . . . . . . . . .13 Le bilan au 31 décembre 2008 . . . . . . . . . . . . .15 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17 Motivations détaillées de la position de la Cour . .19 L’enrichissement des états financiers en 2008 lié à l’action du certificateur: mieux connaître et mieux prévoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36 1 COUR DES COMPTES La certification des comptes de l’Etat Commentaires introductifs Avertissement e présent document est destiné à faciliter la lecture et le commentaire de l’acte de certification adopté par la Cour des comptes qui, seul, engage la juridiction. L Synthèse de la certification des comptes de l’Etat mai 2009 3 Cour des comptes La certification : mission, enjeux et normes d’audit Le nouvel article 47‐2 de la Constitution pose le principe que les comptes des administrations publiques sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat de leur gestion, de leur patrimoine et de leur situation financière. L’article 27 de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) dispose : “Les comptes de l'Etat doivent être réguliers, sincères et donner une image fidèle de son patrimoine et de sa situation financière”. L’article 58 de la LOLF confie à la Cour des comptes “la certification de la régularité, de la sincérité et de la fidélité des comptes de l'État. Cette certification est annexée au projet de loi de règlement et accompagnée du compte rendu des vérifications opérées”. Le mandat permanent de certification confié à la Cour porte sur les états financiers qui composent le compte général de l’Etat. Celui‐ci comprend la balance générale des comptes, le compte de résultat, le bilan et ses annexes. L’article 30 de la LOLF dispose : “les règles applicables à la comptabilité générale de l'Etat ne se distinguent de celles applicables aux entreprises qu'en raison des spécificités de son action”. Ces règles sont regroupées et formalisées au sein du recueil des normes comptables de l’Etat approuvé par arrêté du 21 mai 2004 et modifié par arrêtés du 17 avril 2007, du 13 mars 2008 et du 11 mars 2009 après avis du comité des normes de comptabilité publique. C’est au regard de ces règles, et en se conformant aux normes et pratiques d’audit comptable nationales et internationales et au code des juridictions financières, que la Cour, dont les textes garantissent l’indépendance, exerce sa mission de certification. EN BREF 1er Août 2001 : Promulgation de la LOLF. 1er janvier 2006 : Entrée en vigueur des dispositions de la LOLF relatives à la réforme comptable. 31 décembre 2006 : Premier compte général de l’Etat en droits constatés. 29 mai 2007 : Première certification des comptes de l’Etat par la Cour (comptes de 2006). Présentation de la certification des comptes de l’Etat La mission de certification confiée à la Cour 5 La certification de l’Etat : mission, enjeux et normes d’audit Présentation de la certification des comptes de l’Etat L’enjeu de la mission de certification 6 En rapprochant les règles de la comptabilité de l’Etat de celles qui sont applicables aux entreprises et en assignant à la Cour la mission de certifier les comptes de l’Etat, le législateur a inscrit la France dans un mouvement international de modernisation des systèmes comptables publics. La comptabilité des dépenses et recettes budgétaires ne permet pas à elle seule de retracer de manière exhaustive les évènements qui affectent la gestion et le patrimoine d’une entité. Aucune entité ne saurait se réformer en référence à son seul budget annuel. La comptabilité générale apporte un éclairage complémentaire : elle reflète ainsi la position de l’Etat face aux tiers (ses dettes), l’état de son patrimoine (ses immobilisations, leur inventaire et leur valorisation), l’évolution de ses stocks, les risques auxquels il est exposé. Ce nouveau référentiel n’est pas simplement technique. La réforme comptable doit fournir un outil de pilotage à la disposition des gestionnaires. Elle doit servir à préparer plus efficacement les lois de programmation des finances publiques et les lois de programmation sectorielles. Elle est également la condition d’une mesure adéquate et d’une analyse du coût complet des actions et politiques mises en oeuvre par l’Etat. La crise financière et économique actuelle ne fait que renforcer l’exigence de transparence des comptes publics que vise à garantir la certification délivrée par la Cour. EN BREF l’enjeu : fiabiliser l’information… du Parlement des administrations des agences de notation des citoyens permettant… de mieux identifier les droits, obligations et risques de l’Etat d’anticiper ses charges futures d’analyser la soutenabilité des finances publiques de mieux gérer son patrimoine de mesurer le coût de ses actions La certification de l’Etat : mission, enjeux et normes d’audit A retenir : La certification constitue le préalable à toute exploitation ultérieure des comptes de l’Etat par : le Parlement, qui doit les approuver et peut s’y référer dans son activité de législateur et de contrôle ; les agences de notation, les analystes financiers et les investisseurs ; les citoyens, qui disposent ainsi d’une information plus complète et plus fiable. Présentation de la certification des comptes de l’Etat le Gouvernement et les administrations qui peuvent ainsi anticiper les charges futures, optimiser leur gestion, apprécier l’étendue des risques et des engagements de l’Etat, mesurer le coût des politiques mises en oeuvre ; 7 La certification de l’Etat : mission, enjeux et normes d’audit Le résultat de l’exercice La notion de charge Présentation de la certification des comptes de l’Etat Une charge correspond soit à une consommation de ressources pour la production d’un bien ou d’un service, soit à une obligation de versement à un tiers, définitive et sans contrepartie directe dans les comptes. Ainsi, une dotation aux amortissements est une charge comptable, mais ne correspond à aucune dépense budgé-taire. En 2008, les dotations aux amortissements de l’Etat, qui traduisent l’usure de son capital, se sont élevées à 55 Md€. Inversement, certaines dépenses budgétaires d’investissement sont “immobilisées”: elles sont inscrites à l’actif du bilan sans constituer des charges comptables. 8 La notion de produit Un produit correspond à une augmentation des ressources, ou à la diminution des obligations envers les tiers. Les produits régaliens constituent la principale ressource de l’Etat. Ils ne correspondent pas totalement aux recettes d’impôt du budget annuel. En effet, ils sont constatés indépendamment du versement de l’impôt. Ainsi la TVA (plus de 130 Md€ au 31 décembre 2008) est comptabilisée à la date de réalisation du chiffre d’affaire imposable. Par ailleurs les acomptes d’impôt sur les sociétés (4,5 Md€ au 31 décembre 2008) sont comptabilisés comme produits qu’au moment du dépôt de la déclaration des redevables. A retenir : Résultat comptable et solde budgétaire seront encaissés ou décaissés qu’en 2009) ; Le résultat comptable et le solde budgétaire apportent des éclairages différents sur la situation de l’Etat. Ils n’ont pas vocation à être égaux car ils ne décrivent pas la même chose. Les principales sources d’écart entre les deux résultats concernent : la prise en compte d’autres le rattachement des produits et des charges à l’exercice (par exemple, un produit ou une charge peuvent être comptabilisés en 2008 alors qu’ils ne opérations telles que les dotations et reprises aux amortissements et aux provisions ; les reprises de dettes (FFIPSA, ERAP, Charbonnages de France pour 13 Md€ en 2008) dont seule la charge d’intérêt est retracée en dépense budgétaire, alors qu’elles augmentent la dette en comptabilité générale. La certification de l’Etat : mission, enjeux et normes d’audit Le bilan de l’exercice Un actif est un élément du patrimoine, une ressource contrôlée par l’Etat dont il attend des avantages économiques futurs : des flux de trésorerie, un potentiel de service, etc. Au titre des actifs de l’Etat figurent par exemple son patrimoine immobilier (immobilisations corporelles), les participations qu’il détient dans certaines entités ou entreprises telles qu’EDF (immobilisations financières), ou encore ses stocks. Les passifs de l’Etat Un passif est constitué par une obligation à l’égard d’un tiers, qui se traduira de façon certaine ou probable par une sortie de ressources, sans autre contrepartie. Les dettes sont des passifs certains, dont l’Etat devra s’acquitter en les remboursant. Certains passifs qui ne sont que probables sont constatés sous forme de provisions. Ainsi, en est-il des engagements pris par l’Etat dans le cadre de l’indemnisation des victimes d’actes de barbarie durant la seconde guerre mondiale. La provision constituée à cet effet s’élève à plus de 650 M€. A retenir : La situation nette de l’Etat Dans une entreprise, la situation nette donne une indication sur la valeur de l'entreprise qui reviendrait in fine aux actionnaires ou associés. L’Etat n’a pas de capitaux propres et sa situation nette résulte de la différence entre ses actifs et ses passifs. Fortement négative, elle résulte de l’accumulation des déficits constatés au fil des ans. Faute de pouvoir comptabliliser la capacité de lever l’impôt, il reste difficile de mettre en regard les actifs et passifs de l’Etat dans une optique de soutenabilité. Le retraitement des états financiers antérieurs, en cas de changement de méthode comptable ou de correction d’erreur, permettra à partir de 2009 de mieux apprécier l’évolution de la situation nette et sa comparaison d’un exercice à l’autre. En revanche la comparaison entre exercices montre l’amélioration ou la dégradation de la situation financière. Présentation de la certification des comptes de l’Etat Les actifs de l’Etat 9 La certification de l’Etat : mission, enjeux et normes d’audit Principes et normes d’audit Régularité, sincérité et fidélité des comptes Présentation de la certification des comptes de l’Etat La régularité est définie par le plan comptable général comme la “conformité aux règles et procédures en vigueur” (art. 120‐2). La sincérité comptable consiste, quant à elle, à “traduire la connaissance que les responsables de l’établissement des comptes ont de la réalité et de l’importance relative des évènements enregistrés” (art. 120‐2). La notion d’image fidèle fonde une exigence d’ensemble : résultant de l’application de bonne foi des règles comptables, les comptes doivent donner une vision pertinente de la réalité ; en tant que de besoin, les informations complémentaires nécessaires doivent être données, notamment dans l’annexe. 10 La Cour applique les normes internationales d’audit édictées par la Fédération internationale des experts comptables (IFAC) Ces normes exigent que le certificateur recueille tous les éléments probants utiles en vue d’obtenir une assurance raisonnable (et non pas absolue) que les états financiers ne comportent pas d’anomalies significatives. Elles précisent les critères au regard desquels cette assurance raisonnable est recherchée (par exemple l’exhaustivité et l’exactitude des enregistrements, leur correcte imputation comptable, la séparation des exercices). Selon ces normes, la certification est une opinion qui peut revêtir quatre formes : une certification sans réserve, quand les comptes sont estimés réguliers, sincères et fidèles ; une certification avec une ou plusieurs réserves sur certains aspects des comptes, considérés comme non satisfaisants ; une opinion défavorable lorsque l’incidence des désaccords sur les états financiers est trop importante ; une impossibilité de certifier, si le certificateur se trouve dans l’incapacité de mener à bien ses contrôles et de se prononcer. Enfin, les normes appliquées par la Cour la soumettent aux exigences d’un strict contrôle qualité visant à s’assurer que ses conclusions sont documentées et traçables. EN BREF Trois principes fondamentaux : régularité, sincérité, image fidèle. L’application des normes internationales d’audit : les normes ISA, publiées par l’IFAC. La recherche d’une assurance raisonnable : les comptes ne doivent pas comporter d’anomalie significative. Soumise aux exigences d’un contrôle qualité : les conclusions de la Cour doivent être documentées et traçables. Quatre positions possibles : certification sans réserve, certification assortie de réserves, opinion défavorable (refus), impossibilité de certifier. COUR DES COMPTES La certification des comptes de l’Etat Synthèse des constats de la Cour sur les comptes 2008 mai 2009 Avertissement a présente synthèse est destinée à faciliter la lecture et le commentaire de l’acte de certification adopté par la Cour des comptes qui, seul, engage la juridiction. L 11 Cour des comptes Les comptes 2008 A retenir : Le solde des opérations de l’exercice s’établit à -73,1 Md€, contre - 41,4 Md€ en 2007. La dégradation du résultat comptable dépasse 130 % en deux ans. Elle est liée à des charges nettes particulièrement dynamiques, que ne compense pas la faible progression de l’impôt que très partiellement. Encore ceux-ci ne traduisent-ils pas sur 2008 toute l’ampleur de la crise. Dès 2009 la conjugaison de charges accrues et de moindres produits en renforcera l’impact dans les comptes. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Le compte de résultat de 2008 13 Les comptes 2008 Une dégradation du solde des opérations de l’exercice de 131 % en deux ans Le solde 2008 s’établit à ‐ 73,1 Md€, contre ‐ 41, 3 Md€ en 2007 et ‐31,6 Md€ en 2006. Une faible progression des produits régaliens nets Ils s’élèvent en 2008 à 274,7 Md€ conte 268 Md€ en 2007 (soit une progression de 2,5 %). L’augmentation résulte de l’IR (2 Md€) et de l’IS (5,3 Md€). Les moins-values fiscales liées à la crise ne sont pas encore véritablement apparentes. Elles seront certainement plus sensibles sur 2009. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Des charges nettes en forte progression 14 A noter en premier lieu, le dynamisme des charges d’intervention nettes (+23 Md€), alors qu’elles avaient diminué en 2007. L’effet de l’augmentation des transferts est renforcé par de moindres produits d’intervention (-12,5 Md€ environ). Il faut y voir l’effet du non renouvellement en 2008 d’opérations exceptionnelles de l’exercice précédent : apurement des dettes de l’Etat vis-àvis de la sécurité sociale en 2007, reprise de la provision liée au service annexe d’amortissement de la dette de la SNCF. A noter également la hausse des charges de fonctionnement qui s’établissent en 2008 à 167,3 Md€, soit une progression de 9,5 Md€ liée à l’augmentation des charges brutes (+ 1 Md€), mais aussi à la forte baisse des produits (‐ 7,5 Md€). Celle‐ci est notamment liée à de moindres produits de cession des participations de l’Etat (‐3,5 Md€). A noter enfin la hausse des charges financières nettes (44,5 Md€ en 2008 soit une progression de 16,4 %), qui n’est due qu’en partie à l’alourdissement de la charge d’intérêts (+2 Md€). Elle est notamment liée aux reprises de dettes du FFIPSA, de l’ERAP et de Charbonnages de France en 2008. EN BREF Solde 2008 : ‐ 73,1 Md€ (dégradation de 31 Md€ par rapport à 2007) Produits régaliens nets : 274,7 Md€ (+6,7 Md€) Charges nettes : 347,8 Md€ (+ 38,5 Md€) *dont charges d’intervention nettes : 135,9 Md€ (+22,7 Md€) *dont charges de fonctionnement nettes : 167 Md€ (+ 9,5 Md) *dont charges financières nettes : 44,5 Md€ (+6,2 Md€) Les comptes 2008 Le bilan au 31 décembre 2008 La situation nette de l’Etat (‐686 Md€) se dégrade de plus de 29 Md€. Cette détérioration est due pour l’essentiel à une dette financière qui s’est accrue de près de 100 Md€ et à l’alourdissement des provisions pour risques et charges (environ 12 Md€). Elle intervient alors même que l’actif s’est accru de plus de 58 Md€. Cette évolution est notamment liée au progrès accompli depuis la première certification (routes, défense, immo- bilier) et à l’intégration d’actifs incorporels significatifs (actifs carbone, spectre hertzien). La trésorerie abondante à la clôture, traduit l’un des effets de la crise financière et notamment les difficultés du marché interbancaire qui ont limité la capacité de l’Etat à placer ses disponibilités. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat A retenir : 15 Les comptes 2008 Une dégradation de la situation nette de près de 16 % en deux exercices La situation nette 2008 (actif– passif) s’établit à – 686 Md€, contre ‐ 656 Md€ en 2007 (‐ 30 Md€) et ‐ 593 Md€ en 2006. Un alourdissement de plus de 110 Md€ des passifs (1325 Md€ en 2008) Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Il s’explique essentiellement par la progression de la dette financière (1044 Md€ en progression de près de 100 Md€, soit environ 10 %) et par la progression des provisions pour risques et charges (73 Md€, + 19 %), qui traduit une meilleure identification des risques inhérents à l’activité de l’Etat. 16 En dépit d’une amélioration significative de l’actif (639,3 Md€ en 2008) La progression est principalement liée à l’actif immobilisé : + 58,5 Md€ en 2008, sous l’effet : d’une fiabilisation des immobilisations corporelles enclenchée suite aux deux premières certifications (la valorisation du réseau routier contribue pour 7 Md€ à l’accroissement des immobilisations, celle des actifs de la Défense pour environ 9 Md€) d’une intégration d’actifs incorporels significatifs suite aux demandes effectuées en ce sens par la Cour (comptabilisation de l’actif lié à l’autorisation d’exploiter le spectre Hertzien pour près de 4 Md€, et de l’actif lié aux quotas cessibles de droits d’émission de gaz à effet de serre pour plus de 8 Md€). Une progression également liée à l’augmentation massive de la trésorerie active Elle s’établit pour 2008 à 46,1 Md€, soit 24,1 Md€ de plus qu’en 2007. Cette situation traduit pour partie les effets de la crise financière : l’augmentation de 10 Md€ du solde du compte à la Banque de France illustre l’assèchement du marché des pensions livrées, principal outil de placement pour l’Etat la variation des autres composantes de trésorerie (27 Md€ soit + 13,3 Md€) reflète la part importante des dépôts en blanc dont 11 Md€ auprès de la caisse de la dette publique pour souscrire à la première émission de la SFEF. EN BREF situation nette 2008 : ‐686 Md€ actif: 639Md€ (+ 84 Md€ par rapport à 2007) passif : 1325 Md€ (+113M€) dont dettes financières : 1044 Md€ (+100 Md€) Cour des comptes La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 “ (…) La Cour lève intégralement deux réserves, dont l’une était qualifiée de substantielle, formulées sur les comptes de 2007. En outre, deux autres réserves substantielles sur les comptes de 2007 ont été satisfaites pour une partie de leurs éléments. (…) La Cour certifie qu’au regard des règles et principes comptables qui lui sont applicables, le compte général de l’Etat arrêté au 31 décembre 2008 est régulier et sincère et donne une image fidèle de la situation financière et du patrimoine de l’Etat, sous douze réserves détaillées dans la partie II. ” Réserves levées en 2008 : Deux réserves intégralement levées : le compte des procédures publiques gérées par la Coface (8,9 Md€) et la section des fonds d’épargne de la Caisse des dépôts et consignations (4,6 Md€) ; les provisions pour risques de l’Etat. Deux parties de réserves levées : les déficits fiscaux reportables en avant (dans la réserve sur les produits régaliens) ; les immobilisations incorporelles spécifiques de l’Etat (dans la réserve sur les immobilisations spécifiques). Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Les neuf premières réserves revêtent un caractère substantiel. 17 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Douze réserves sur les comptes de 2008 dont les neuf premières sont qualifiées de “substantielles” Réserves à caractère substantiel : 1. Les systèmes d’information financière et comptable 2. Les dispositifs ministériels de contrôle interne et d’audit interne 3. Les opérateurs 4. Les actifs de la défense 5. Les produits régaliens 6. Les passifs d’intervention 7. Le patrimoine immobilier. 8. Les autres inventaires d’actifs et de passifs 9. La CADES Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Autres réserves : 18 10. Les comptes de trésorerie 11. Les autres immobilisations financières de l’Etat 12. Les concessions de service public EN BREF Certification 2006 : 13 réserves substantielles Certification 2007 : 12 réserves dont 9 substantielles. Certification 2008 : 12 réserves dont 9 substantielles. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Motivations détaillées de la position de la Cour 283 observations d’audit La prise en compte des corrections demandées par la Cour a conduit, en valeur absolue, à 9 Md€ d'ajustements au compte de résultat et à 27 Md€ au bilan, ainsi qu'à l'inscription de 33 Md€ en engagements hors bilan. Les corrections demandées et non prises en compte, constitutives de désaccords, portent sur 13 Md€ au compte de résultat et sur 83 Md€ au bilan (montant essentiellement lié au non reclassement de la CADES en participation contrôlée). 2 réserves intégralement levées : Le compte des procédures publiques gérées par la Coface (8,9 Md€) et la La réserve sur le recensement et la valorisation des provisions pour risques de l’Etat est également levée. 2 réserves substantielles partiellement satisfaites : Les déficits fiscaux reportables en avant sont pour la première fois recensés et valorisés en annexe. L’actif incorporel de l’Etat lié à l’autorisation d’exploitation du spectre hertzien figure désormais au bilan pour une valeur de 4 Md€. 12 réserves sur les comptes de 2008 dont 9 qualifiées de “substantielles”. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat section des fonds d’épargne de la Caisse des dépôts et consignations (4,6 Md€) figurent désormais, directement ou indirectement, dans les comptes de l’Etat. 19 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°1 Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Les systèmes d’information financière et comptable de l’Etat 20 Plus de 350 applications générant des millions d’écritures se déversent dans une application centrale à partir de laquelle sont établis les comptes de l’Etat. Les systèmes d’information constituent donc un enjeu fondamental pour la certification. Ils doivent permettre au certificateur de s’assurer de la réduction à un niveau acceptable du risque d’erreur dans les comptes. Ils demeurent profondément inadaptés à la tenue d’une comptabilité en “droits constatés”. Ainsi, les systèmes d’information actuels du ministère de la Défense traitant des stocks et des immobilisations ont pour vocation première d’assurer le suivi “logistique” des biens. Le retraitement “comptable” des données qui en sont issues engendre des risques d’erreurs importants et de nombreuses anomalies. Par ailleurs, les applications de dépense NDL et Accord ne permettent pas de constater une obligation à l’égard d’un tiers dès sa naissance et l’Etat ne dispose pas d’une “comptabilité fournisseurs”, sur laquelle la Cour puisse s’appuyer pour vérifier le montant des dettes non financières comptabilisées en fin d’exercice. Ils ne permettent pas à la Cour de mener ses vérifications dans des délais compatibles avec sa mission de certification. A titre d’illustration, le fichier à partir duquel sont établis les états financiers compte plus de 36 millions d’écritures. 70 % d’entre elles sont liées à des transferts entre comptables publics qui n’ont pas d’impact sur les soldes. Mais leur identification est malaisée. Le libellé des écritures comptables est souvent imprécis et permet mal de rétablir le lien qui les unit aux opérations d’origine. L’ensemble de ces éléments limite fortement les travaux du certificateur. EN BREF Plus de 350 applications souvent inadaptées à la tenue d’une comptabilité générale . 36 millions d’écritures difficilement auditables dans le fichier de comptabilité générale de l’Etat. Les nouvelles applications du SIFE ne seront pas opérationnelles avant 2 à 3 ans au mieux : Chorus devrait être opérationnel en 2011 ; Le projet de Refonte du Système de Paiement du programme Copernic est annoncé pour 2012. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 A retenir : des finances de l’Assemblée Nationale. Depuis, la trajectoire de déploiement de ces projets s’éloigne encore dans le temps et l’audit par la Cour des premières versions de Chorus soulève de fortes incertitudes. Il s’agit donc d’un point d’attention majeur. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat La perspective d’une certification sans réserve repose largement sur le pari d’une trajectoire de fiabilisation des systèmes d’information financière et comptable de l’Etat. C’est avec cet objectif qu’ont été lancés les grands projets structurants (Chorus, Copernic, ONP). Les principales inquiétudes quant à la fiabilisation des systèmes avaient été mises en évidence dans l’enquête sur les perspectives des systèmes d’information financière et comptable de l’Etat réalisée par la Cour en octobre 2008 pour la commission 21 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°2 Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Les dispositifs ministériels de contrôle interne et d’audit interne 22 La Cour formule depuis l’examen des comptes de 2006 une réserve substantielle relative aux faiblesses des dispositifs ministériels de contrôle interne et d’audit interne. L’enjeu : le contrôle interne et l’audit interne doivent permettre à un gestionnaire de maîtriser ses activités et de réaliser ses objectifs. En matière comptable, ces objectifs sont la régularité, la sincérité, la fidélité des comptes. La fonction comptable est désormais une fonction partagée entre les gestionnaires et les comptables publics. L’inclusion des ordonnateurs dans le dispositif de contrôle interne était donc une nécessité et une priorité. D’importants progrès ont été constatés en matière de déploiement du contrôle interne : le niveau de pilotage requis et la méthodologie (une analyse préalable des risques comptables et leur traitement dans des plans d’action ministériels) sont conformes aux attentes. La couverture des processus comptables à risque s’est étendue. La démarche a commencé à se diffuser dans les services déconcentrés. Ce chantier est encore insuffisamment avancé pour permettre à la Cour d’acquérir une assurance raisonnable sur l’effectivité et l’efficacité des dispositifs de contrôle interne : l’implication des services déconcentrés reste encore assez théorique dans un grand nombre de ministères. De manière générale, la phase de documentation des processus doit à présent déboucher sur la mise en oeuvre de contrôles effectifs et traçables. Le développement de la fonction d’audit interne reste limité. Seuls trois ministères (les deux ministères “financiers” et le ministère chargé de l’agriculture et de la pêche) ont disposé d’un dispositif opérationnel, structuré à l’échelle du ministère, indépendant et doté de moyens suffisants. Dans certains ministères, la fonction se structure progressivement (ministères en charge des affaires sociales, de la défense) mais reste à consolider. Dans un grand nombre de cas, les dispositifs d’audit interne restent caractérisés par leur éclatement, leur caractère embryonnaire, voire leur inexistence en raison de l’absence de priorité qui leur est accordée. Les audits comptables et financiers en partenariat avec la mission d’audit de la DGFiP ne suffisent pas à pallier cette faiblesse. EN BREF La constitution dans chaque ministère d’une fonction d’audit interne répond aux exigences de la norme d’audit ISA 610. En 2008, seuls 3 ministères (les deux ministères “financiers” et l’agriculture et la pêche) ont disposé d’un dispositif opérationnel, indépendant et doté de moyens suffisants. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 A retenir : des ministères qu’ils s’engagent formellement sur l’effectivité et l’efficacité de ces dispositifs au sein de leur ministère. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Comme toute organisation, l’Etat doit se doter des moyens nécessaires pour maîtriser ses risques, au premier rang desquels figurent les risques comptables et financiers. A terme, lorsque les dispositifs de contrôle interne et d’audit interne auront atteint la maturité requise, la Cour attend des secrétaires généraux 2323 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°3 Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Les opérateurs 24 Pour le troisième exercice consécutif, la Cour émet une réserve substantielle sur la valorisation des opérateurs au bilan de l’Etat. Les opérateurs des politiques de l’Etat sont des entités exerçant une mission de service public sous le contrôle étroit de l’Etat qui leur apporte un financement majoritaire. Etablissements publics pour la majorité d’entre eux, ils constituent dans les comptes de l’Etat des participations financières pour 55 Md€, parmi lesquelles on trouve par exemple l’Office national des forêts, la Bibliothèque nationale de France, le Centre national de la recherche scientifique, les agences de l’eau, les universités, de nombreux musées, etc. Des comptes affectés de graves insuffisances : leur recensement n’est pas fiable, une part trop importante d’entre eux ne produisent pas leurs comptes dans les délais et, avant tout, la qualité de ces comptes est globalement très médiocre. Des chantiers de fiabilisation en deçà des enjeux : les actions de fond A retenir : L’état médiocre de la comptabilité des universités illustre la situation générale d’une majorité d’opérateurs. L’horizon de gestion pendant longtemps, n’a guère dépassé l’exercice budgétaire et l’effet d’abonnement aux subventions du budget général, n’incitait pas à se doter d’outils d’aide à la décision fondés sur une comptabilité patrimoniale fiable. engagées par l’Etat produisent des effets, mais ne sont pas à la mesure des problèmes à résoudre. Seule une dizaine d’opérateurs ont fiabilisé le recensement et la valorisation de leurs biens immobiliers, la plupart peinant à en dresser la liste. Des changements nécessaires : la certification des comptes de l’Etat agit comme un levier du changement. Ses effets sont appelés à s’amplifier avec l’extension du champ de la certification des comptes des opérateurs et leur ouverture croissante à des financeurs tiers. La prise de conscience par les tutelles ministérielles de la nécessité de fonder le pilotage des opérateurs sur des comptes fiables peut également accélérer le mouvement. EN BREF 663 opérateurs recensés pour un montant de 55 Md€, soit près du tiers des participations financières de l'Etat. 37 % des opérateurs (en valeur) n'ont pas produit leurs comptes en 2008 dans les délais requis. 9 % des opérateurs (en valeur) ont achevé les travaux de fiabilisation des comptes. 356 d'entre eux n'ont pas encore clos la phase initiale de recensement immobilier. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Les actifs du ministère de la défense La Cour formule une réserve substantielle sur la valeur des actifs de la défense figurant au bilan de l’Etat pour 177 Md€ (valeur brute) depuis trois ans. D’incontestables avancées ont été relevées en 2008. Le périmètre des biens comptabilisés s’est enrichi de plusieurs milliards d’euros. Le référentiel comptable des services de la défense et les procédures de comptabilisation ont été adaptés en vue de répondre aux attentes de la Cour, sur des sujets tels que les programmes d’armement de la DGA ou encore les dépenses ultérieures et de gros entretien, essentielles dans le cadre du maintien des équipements en condition opérationnelle. Ces progrès significatifs restent très insuffisants pour lever une réserve que continuent de justifier d’importantes lacunes relevées en 2008. Une grande majorité des immobilisations et des stocks demeurent en outre valorisés selon une méthode qui n’est pas conforme aux normes en vigueur et au moyen de prix non justifiés. Entre 70 % et A retenir : Une part significative des actifs et des charges de l’Etat demeure donc incertaine et pose un problème d’image fidèle dont l’importance doit être rappelée. L’ampleur des chantiers nécessaires à la levée de la réserve est toutefois telle que celle‐ci ne peut s’inscrire que dans une perspective pluriannuelle dont les priorités appellent à présent à être redéfinies en lien avec le déploiement de CHORUS. 80 % des valeurs brutes des immobilisations et des stocks demeurent non fiabilisées. L’inadaptation de systèmes d’information, initialement conçus pour assurer le suivi logistique des biens et non leur valeur comptable, permet mal d’assurer le lien entre les inventaires et la comptabilité. Les données d’inventaire du principal service détenteur d’immobilisations et de stocks souffrent de la défaillance des procédures informatiques et de l’inadaptation des actions de contrôle interne mises en oeuvre. Les corrections massives (plus de 100 Md€ en valeur absolue) imputées à la balance d’ouverture afin de faire correspondre les flux comptables et les inventaires à la clôture ne peuvent être intégralement vérifiées. EN BREF Hors immobilier, les actifs du ministère s’élèvent à 177 Md€ en valeur brute dans le bilan de l’Etat au 31 décembre 2008 (110 Md€ en valeur nette). Equipements en service : 96 Md€ Développements en service: 20 Md€ Equipements en cours de production : 16 Md€ Développements en cours : 12 Md€ Stocks : 32 Md€, dépréciés pour 4 Md€. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Réserve n°4 25 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°5 Les produits régaliens La Cour avait formulé une réserve substantielle sur les comptes de 2007, relative aux produits régaliens. Les actions menées en 2008 par l’administration pour lever la réserve n’ont permis que des avancées limitées et doivent être poursuivies. Un environnement de contrôle et de gestion qui reste défaillant : la Cour est restée confrontée en 2008 à des limitations et à des incertitudes importantes. Celles-ci résultent pour une part des systèmes d’information et de l’insuffisance des contrôles opérés par le producteur des comptes sur les écritures transmises par les services gestionnaires. Cette situation se traduit par l’importance des anomalies relevées à Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Focus : Impôts en caisse et impôts en droits constatés 26 Dans une logique de caisse, l’information comptable reste pauvre et myope par construction. La relation Etat / contribuable n’y est appréhendée qu’au moment où elle se dénoue par une transaction financière. La comptabilité en droits constatés donne une vision plus fidèle de la réalité économique sousjacente à l’impôt. Elle fournit une information complète sur les créances et dettes réciproques entre l’Etat et les contribuables. Le « bouclier fiscal » en fournit une illustration. Les prévisions de dégrèvement en 2009 figurent dans la loi de finances pour 650 M€. Dans les comptes de l’Etat, la provision s’élève à 825 M€ car elle intègre un montant complémentaire de 175 M€ correspondant aux demandes de dégrèvement de 2008 non encore traitées. l’occasion des travaux de la Cour, notamment en ce qui concerne le rattachement des produits à l’exercice, le non respect des règles de constatation des provisions ou le recensement et la valorisation de diverses dettes et créances fiscales. Enfin, les éléments de justification des comptes apportés par l’administration ne sont ni adaptés ni suffisants. La comptabilité générale fournit des informations sur le coût des dispositifs fiscaux, la sincérité des prévisions de recettes fiscales et la soutenabilité des finances publiques. Pour cela, un strict respect du référentiel comptable est nécessaire. Par ailleurs l’enrichissement des données figurant en annexe, notamment le coût réel des dépenses fiscales, fournirait un élément utile à l’évaluation de la qualité des prévisions budgétaires. EN BREF Produits régaliens bruts : 385 Md€. Produits régaliens nets : 275 Md€. Produits régaliens bruts produits régaliens nets = 108 Md€ (dégrèvements et obligations fiscales). Montant estimé des corrections demandées par la Cour sur les seuls produits à recevoir : environ 1,6 Md€. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 A retenir : gestion de l’impôt. Elle doit par ailleurs organiser et professionnaliser la fonction de contrôle, de justification et de production des comptes liés à l’impôt. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat La correcte tenue des comptes de produits régaliens impose une maîtrise sans faille des risques liés à l’utilisation d’applications inadaptées à la comptabilité d’exercice. Elle nécessite la mise en œuvre rigoureuse des normes comptables de l’Etat dont le respect est la condition de la levée de la réserve. Tel est d’ailleurs l’objectif partagé entre la certificateur et l’administration. Pour y parvenir, cette dernière doit poursuivre l’adaptation de systèmes d’information conçus pour une comptabilité de caisse, sans attendre le déploiement de futures applications de 27 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°6 Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Les passifs d’intervention 28 La Cour formule depuis 3 ans une réserve substantielle concernant le recensement et la valorisation des passifs contractés par l’Etat au titre de sa mission de régulateur économique et social. Un enjeu majeur pour les comptes de l’Etat : le sujet des passifs d’intervention est l’un des plus emblématiques de l’éclairage complémentaire qu’apporte la comptabilité en droit constatés sur la situation financière et patrimoniale de l’Etat par rapport aux données budgétaires. Les normes comptables impliquent en effet de retranscrire les engagements de l’Etat sur une base qui peut être pluriannuelle et ne se réduit pas aux données figurant en lois de finances. La nature de ces engagements en fait un indicateur précieux dans un contexte de crise où les interventions de l’Etat acquièrent une importance accrue. La persistance d’incertitudes : en dépit des actions de l’administration, visant à fiabiliser les procédures de recensement et de comptabilisation des passifs d’intervention, un certain nombre de désaccords et d’incertitudes demeurent. Ainsi, certains dispositifs gérés par les services déconcentrés ne sont pas suffisamment analysés et le provisionnement des engagements de l’Etat n’est pas exhaustif (par exemple, les bourses et primes des lycées). Une interprétation différenciée des normes : les engagements pluriannuels au titre de certaines mesures d’aide sociale (AAH, ALS, AER…) ne figurent pas dans les comptes. Ces mesures sont accordées à titre individuel mais soumises à une révision périodique. La retranscription de ces engagements (sous forme de provisions ou d’engagements hors bilan), que pourraient justifier les normes selon la Cour, porterait sur plusieurs milliards d’euros. EN BREF Total des charges d’intervention : 162 Md€. Provisions pour charges : 51,6 Md€. Charges à payer et autres dettes non financières : 11,7 Md€. Anomalies relevées par la Cour sur certains dispositifs gérés par les services déconcentrés : plus d’1 Md€. Montant à provisionner au titre des subventions de l’Etat pour RFF, pour les trois exercices à venir : 7 Md€. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 A retenir : plan d’affaires de l’établissement permet de chiffrer avec une certaine précision cette contribution, au moins pour les trois prochaines années, avant l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Un désaccord substantiel existe entre la Cour et l’administration concernant le provisionnement des engagements de l’Etat vis-à-vis de RFF, auquel l’administration ne se résout pas. Toutes les conditions d’un provision-nement sont pourtant réunies au 31 décembre 2008 : les objectifs assignés à RFF dans le nouveau contrat de performance ne sont réalisables qu’avec le soutien financier de l’Etat, au moins dans un premier temps. Un défaut de subvention mettrait en péril la continuité d’exploitation de RFF. Le 29 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°7 Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Le patrimoine immobilier 30 Le patrimoine immobilier figure dans les comptes de l’Etat pour une valeur de 62,4 Md€. Pour la troisième année consécutive, la Cour formule une réserve substantielle sur son inventaire et sa valorisation. Tout n’est pas affaire de systèmes d’information. L’application STGPE est la seule permettant de disposer d’une vision interministérielle du parc immobilier de l’Etat. Mais elle ne constitue pas un inventaire comptable et comporte de nombreuses faiblesses et informations erronées. Le module immobilier de Chorus, déployé à compter de 2009 devrait permettre des améliorations mais ne pourra régler toutes les anomalies relevées par la Cour sur les comptes de 2008. Une valorisation défaillante : le patrimoine immobilier “non spécifique” a une valeur marchande et doit être comptabilisé en “valeur de marché”. Il en résulte d’importantes contraintes compte tenu de son étendue et de sa diversité. Cela nécessite un effort permanent d’évaluation, que l’administration peine à mettre en œuvre, faute d’y avoir consacré les moyens nécessaires. Or cet effort est vertueux, car au-delà de la fidélité des comptes, qui constitue l’objet de la certification, il a un effet structurant pour tout gestionnaire qui se veut avisé. Le potentiel de service du parc immobilier : constater une charge comptable au titre de la “baisse du potentiel de service du parc immobilier” est souvent la condition nécessaire pour que des dépenses “ultérieures”, qui rétablissent ou accroissent ce potentiel de service, soient “immobilisées”, c'està-dire viennent reconstituer l’actif de l’Etat. L’administration ne comptabilise pas correctement la baisse du potentiel de service. Chaque année, l’Etat accroît donc une part de ses actifs immobiliers sans fondement. EN BREF Valeur nette du patrimoine foncier et des constructions en service de l’Etat : 62,4 Md€ 7% des biens ne sont pas évalués à la clôture 2008, 4 % n’ont jamais fait l’objet d’une évaluation depuis leur entrée dans le patrimoine de l’Etat. A retenir : L’enjeu d’un inventaire comptable : la connaissance du patrimoine de l’Etat (son recensement, sa valorisation) sont des préalables indispensables à une gestion immobilière performante. Toute démarche d’optimisation suppose une bonne connaissance des biens que l’on possède. A titre d’exemple, l’Etat souhaite allouer un ratio moyen de 12 m² à chaque agent public. Il doit pouvoir suivre la superficie et l’état d’entretien de son parc, dans une base de données à jour, lui permettant de veiller au respect de cette norme d’occupation. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Les autres inventaires d’actifs et de passifs La Cour avait formulé sur les comptes de 2007 une réserve sur la comptabilisation défaillante de divers éléments d’actifs et de passifs. Les travaux conduits sur les comptes de 2008 l’amènent à maintenir cette réserve et à lui conférer un caractère “substantiel”. Le suivi des immobilisations et des stocks (hors immobilier et routes) de l’ensemble des ministères “civils” présente toujours des lacunes importantes. Ainsi, les biens culturels des ministères autres que celui de la culture ne sont pas recensés. Huit ministères, dont celui de l’éducation nationale, ne comptabilisent aucun stock. Lorsqu’ils le font, les modalités de valorisation se révèlent souvent non conformes aux normes applicables. Les inventaires comptables sont très difficiles à rapprocher de la comptabilité. A retenir : Ces problèmes sont emblématiques des difficultés rencontrées par l’administration pour mener à son terme et dans toute sa profondeur, une réforme comptable qui n’a de sens que si elle offre aux ministères gestionnaires des outils d’aide à la décision. L’extension et la fiabilisation des procédures d’inventaire comptable sont ainsi la condition d’une correcte comptabilisation. Elles ont aussi un effet structurant qui conduit le gestionnaire à vérifier l’existence des biens dont il est détenteur, à en apprécier l’état et à en mesurer la durée d’utilisation. La part des “immobilisations non ventilées” (biens nombreux mais de faible valeur, ne faisant pas l’objet d’un inventaire comptable, recensés à partir de données budgétaires et amortis en masse) reste trop importante et source d’importantes incertitudes. Ces immobilisations doivent faire l’objet d’une gestion par lots conforme aux normes ou à défaut être passées en charges. Les logiciels produits en interne par l’administration ne sont pas correctement valorisés faute de reposer sur un traitement, homogène et conforme aux normes, des coûts de production en interne et des coûts externes “activés”. Le traitement des cofinancements d’investissement (fonds de concours essentiellement pour la construction d’infrastructures routières) ne respecte pas les normes de la comptabilité générale et conduit à sous évaluer le passif de l’Etat. EN BREF Actifs incorporels et corporels des ministères civils (hors patrimoine immobilier et routes) : 19,6 Md€. Montant des immobilisations non ventilées en 2008 : 10,6 Md€ en valeur brute (4,4 Md€ en valeur nette) soit 63 % des immobilisations brutes hors défense. La valeur brute comptabilisée pour les logiciels produits en interne s’élève au 31 décembre 2008 à 1,1 Md€, dont 0,7 Md€ pour les ministères « financiers ». Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Réserve n°8 31 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°9 Synthèse de la certification des comptes de l’Etat La caisse d’amortissement de la dette sociale 32 La Cour formule, au terme d’une revue de l’ensemble des entités non contrôlées, une réserve substantielle résultant de l’absence de comptabilisation de la CADES comme entité contrôlée. La caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES) a été créée en 1996 afin de financer et d'éteindre la dette cumulée du régime général de la sécurité sociale au moyen de ressources qui lui sont affectées en propre. Elle figure dans les immobilisations financières de l'Etat en tant qu’entité non contrôlée. Le législateur organique n’a pas inclus la CADES dans le périmètre de combinaison des branches du régime général de la sécurité sociale. Une application stricte des critères de la norme comptable de l’Etat n°7 conduirait à reclasser la CADES en “entité contrôlée”. L’ensemble des critères relatifs au “pouvoir de contrôle” de l’Etat sont réunis (tutelle du ministre de l’économie, majorité des droits de vote au conseil d’administration, etc.), ce que personne ne conteste. Les critères relatifs aux “risques assumés par l’Etat” semblent également réunis. Par exemple, l’Etat est tenu d’accompagner tout transfert de dette à la CADES de ressources supplémentaires. Ce mécanisme de garantie de ressources a joué en 2008 avec le transfert de 26,5 Md€ de passifs des caisses nationales du régime général de sécurité sociale et du FSV. Les transferts de dette attendus pour 2009 et 2010 conduiront à nouveau à faire jouer ce mécanisme. Les marchés internationaux et les agences de notation apprécient la qualité de signature de cet emprunteur en fonction de ce mécanisme, de l’obligation faite à l’Etat de garantir sa solvabilité, ainsi que la garantie implicite qu’il lui accorde, en tant que prêteur et assureur en dernier ressort. Un reclassement de la CADES comme participation contrôlée aboutirait à dégrader la situation nette de l’Etat de 80 Md€ au 31 décembre 2008. A retenir : Une clarification des intentions du législateur paraît s’imposer, pour qu’il soit mis fin rapidement à l’ambigüité actuelle qui revient à placer la CADES en dehors des périmètres de combinaison du régime général et de contrôle de l’Etat bien que les normes en vigueur doivent amener à la classer comme entité controlée. Le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique s’est engagé à trouver une solution en accord avec le certificateur au cours de l’exercice 2009. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Les comptes de trésorerie La trésorerie active de l’Etat (à l’actif du bilan) s’élève à 46 Md€. Elle recouvre les fonds bancaires et fonds en caisse et des éléments tels que les titres pris en pension ou les placements à court terme. La trésorerie passive de l’Etat (au passif du bilan) s’élève à 67 Md€. Elle correspond essentiellement aux dépôts des correspondants du Trésor (collectivités territoriales) et aux placements de court terme. Depuis deux ans, la Cour formule une réserve concernant certains comptes de trésorerie. Les progrès de l’administration 2008 sont indéniables mais la portée des actions mises en oeuvre en 2008 demeure insuffisante. Ainsi, les contrôles opérés par l’administration sur la concordance entre la trésorerie des collectivités territoriales et des établissements publics locaux et la comptabilité de l’Etat ne sont pas suffisamment formalisés. La traçabilité des opérations effectuées sur certains “comptes transitoires et d’attente” n’est pas suffisante. Or ces comptes sont sensibles car ils concernent des opérations non dénouées à la clôture de l’exercice. Leurs soldes doivent donc A retenir : être entièrement justifiés et la nature des opérations concernées identifiée. La tenue des comptes de banque par les services d’imposition des entreprises de la DGFiP et les recettes régionales des douanes ne répond ni aux bonnes pratiques ni aux standards du plan comptable général. Ceux‐ci impliquent de comptabiliser les opérations à bonne date et de mentionner pour chaque enregistrement comptable les éléments permettant d’identifier précisément l’opération concernée. Le ministère de la défense bénéficie de procédures dérogatoires qui lui permettent de disposer d’avances de trésorerie en s’affranchissant du circuit normal de la dépense et du visa du comptable. Ces procédures devraient être limitées aux stricts besoins opérationnels des armées. Leur réforme en 2008 accuse du retard. L’absence d’ajustement de la situation de trésorerie des formations militaires avec la comptabilité de l’Etat et le défaut de justification des écarts demeurent au 31 décembre 2008. EN BREF Trésorerie active : 46Md€. publics locaux sans compte bancaire individualisé en 2008 : 33 Md€. Trésorerie passive: Montant des 67Md€. erreurs d’impuentre sousDisponibilités des tation comptes relevées collectivités et en 2008 : 0,4 Md€. établissements Les commissaires aux comptes portent une attention particulière au contrôle des opérations de trésorerie, telles que l’émission et l’encaissement de chèques. Les soldes des comptes concernés en cours et en fin d’exercice font l’objet d’un contrôle strict (contrôle des états de rapprochement bancaire, circularisation des banques par exemple) compte tenu de leur importance pour la gestion et le pilotage de l’entreprise, et des risques de fraude qui s’y attachent (détournements, enregistrements fictifs, par exemple). Le contexte actuel de crise, qui incite tous les acteurs économiques à une gestion rigoureuse de leur trésorerie, renforce encore la nécessité d’un contrôle resserré de ces postes comptables. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Réserve n°10 33 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Réserve n°11 Les autres immobilisations financières de l’Etat Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Les participations financières de l’Etat dans les organismes internationaux sont une des illustrations financières les plus claires de son rôle sur la scène internationale. Elles sont généralement liées au nombre de voix dont il dispose au sein des instances de chacune d’elles. Un traitement comptable incertain : la Cour soulève la question du traitement comptable des versements aux organismes internationaux depuis 2007. L’Etat n’est en effet pas en mesure de justifier le bien fondé des quelque 25 milliards d’euros de participations immobilisés dans ses comptes à ce titre (dont une moitié environ se rapportent au seul Fonds monétaire international). 34 A retenir : La crise économique mondiale entraîne une visibilité accrue du rôle des organisations internationales, à commencer par le FMI. Le renforcement de son rôle doit se traduire par le versement de contributions plus importantes des Etats membres. Il est donc particulièrement opportun, cette année, que la Cour appelle spécialement l’attention sur la nécessité de remettre de l’ordre dans la comptabilisation il est vrai parfois complexe des opérations correspondantes. Certains versements correspondent à des “dons” ou à des “dotations à fonds perdus” qui ne devraient pas accroître l’actif de l’Etat. Les défaillances du contrôle interne mis en oeuvre par l’administration ne permettent pas d’en connaître la part avec précision. Les modalités de comptabilisation de la participation dans le FMI, quant à elles, en altèrent la valeur initiale. Un important travail de fiabilisation, à venir, implique de reconstituer des versements parfois anciens. L’administration s’est engagée à conduire ce travail à son terme en 2009. Le coût des prêts bonifiés : l’Etat accorde des prêts à taux préférentiels, notamment à des pays en voie de développement, le coût qui en résulte que la Cour a estimé entre 3 et 6 Md€ n’est pas retracé dans les comptes car les normes ne l’exigent pas, l’administration a refusé d’inscrire cette information en annexe comme le demandait la Cour. EN BREF Montant des participations de l’Etat dans les organismes internationaux en 2008 : 24 Md€ dont près de 50 % se rapportent au FMI. Quote‐part de la France dans le FMI : 10,7 Md€ de DTS, 11,9 Md€ Montant des prêts bonifiés inscrits au bilan : 10,7 Md€ La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Les concessions de service public La Cour formule depuis trois ans une réserve fondée notamment sur l’absence de comptabilisation au bilan de l’Etat des biens remis en concession antérieurement à 2006. L’incertitude qui en résulte ne peut être levée au titre des comptes de 2008. L’information enrichie en annexe des comptes confirme l’importance des enjeux: l’actif sous-jacent des dix principales concessions autoroutières, sur un total de 25, a été évalué à la demande de la Cour à 120 Md€. Les biens remis en concession présentent toutes les caractéristiques d’un actif de l’Etat : l’étude des contrats de concession met notamment en lumière le fort degré de contrôle de l’Etat sur ces biens. Leur correcte retranscription dans les comptes doit permettre de retracer les droits et obligations mutuelles de l’Etat et des tiers concernés, tout en leur conférant une valeur particulièrement significative. L’évolution en cours des normes internationales IFRS va d’ailleurs dans le même sens. Le ministre chargé du budget s’est engagé à ce que les représentants de son département soutiennent en 2009 le principe d’une comptabilisation au bilan des actifs concernés, dans le cadre du conseil de normalisation des comptes publics. A retenir : L’absence de comptabilisation des actifs liés aux contrats de concession pose, au regard des montants concernés, un problème d’image fidèle. L’instance de normalisation des comptes publics devrait se prononcer dès 2009 sur le traitement comptable applicable et, le cas échéant, sur les modifications à apporter aux normes existantes. EN BREF 464 concessions de service public recensées en annexe. Valeur des actifs comptabilisés au 31 décembre 2008 : 0,3 Md€. Valeur estimée du remplacement du seul réseau autoroutier concédé : 122 Md€. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Réserve n°12 35 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 L’enrichissement des états financiers en 2008 lié à l’action du certificateur : mieux connaître et mieux prévoir Les garanties de l’Etat octroyées à DEXIA Synthèse de la certification des comptes de l’Etat La partie de l’annexe relative aux garanties accordées par l’Etat constitue, en particulier dans le contexte actuel de crise économique et financière, un élément fondamental d’appréciation de ses engagements. Certaines lacunes de 36 Outre les encours débloqués sur l'exercice 2008 (21,6 Md€ pour l'Etat), l’annexe permet aussi d’apprécier le plafond de garanties autorisées par la loi de finances rectificative pour 2008 du 16 octobre 2008 (54,7 Md€ pour l'Etat). Par ailleurs, est également retracée la garantie portant sur les obligations de Dexia au titre de sa filiale FSA Asset Management LLC ( plafond autorisé par la loi de finances rectificative pour 2008 du 30 décembre 2008 : 6,4 Md€ pour l’Etat). l’information délivrée par le producteur des comptes ont été corrigées à la demande de la Cour. C’est notamment le cas des garanties accordées par l'Etat à Dexia. EN BREF Encours débloqué en 2008 : 21,6 Md€. Plafond de garanties autorisées par la loi de finances rectificative pour 2008 : 54,7 Md€. Plafond de garanties sur les obligations de Dexia au titre de sa filiale FSA Asset Management LLC : 6,4 Md€. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Le Protocole de Kyoto, adopté le 11 décembre 1997 et entré en vigueur le 16 février 2005 a fixé aux Etats signataires des objectifs afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5,2 % entre 2008 et 2012. Depuis le 1er janvier 2008, la France acquiert des droits à émettre une certaine quantité de GES. Le droit d’émission des GES constitue un actif incorporel de l’Etat : il permet à l’économie de produire des richesses et à l’État de percevoir, directement ou indirectement, l’impôt. En contrepartie, la France s’engage à restituer en 2012, une quantité de droits équivalente à ses émissions de la période. Cet engagement constitue un passif. Si la France venait à dépasser ses droits, elle devrait en outre acquérir sur le marché des quotas d’émission la part correspondante. Les comptes permettront d’identifier un passif supplémentaire à ce titre, sous la forme d’une provision. Au terme d’un travail en commun entre la Cour et l’administration, une partie des quotas d’émission a été valorisée au bilan pour une valeur de 11 Md€. Une dépréciation de 2,8 milliards d’€, traduisant la baisse du cours a été constatée au 31 décembre 2008. Il ne s’agit que d’une étape qui ne porte que sur une part réduite des quotas d’émission alloués à la France (25 % environ) pour lesquels une valeur de marché existe. A l’avenir, le développement du marché des quotas permettra de retracer dans les comptes la totalité des quotas attribués à la France. EN BREF Valorisation des quotas d’émission au 31 décembre 2008 : 11 Md€. Cette valorisation ne porte que sur environ 25% des quotas alloués à la France. Les impôts et taxes affectés A la demande de la Cour, les états financiers se sont enrichis d’une nouvelle information relative aux impôts et taxes affectées à des tiers. Un tableau produit pour la première fois en 2008 distingue, sur un total de 347 Md€, la part de l’impôt revenant au budget de l’Etat et la part, croissante, d’impositions et taxes affectées à d’autres attributaires (sécurité sociale, collectivités territoriales, opérateurs…) : 137 Md€ en 2008. Cette information, dont la Cour rappelle qu’elle présente encore d’importantes lacunes, n’a pas d’équivalent dans les documents budgétaires. EN BREF Total des contributions concernées en 2008 : 347 Md€. Part affectée (sécurité sociale, collectivités territoriales opérateurs…) : 40 % Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Les actifs “carbone” 37 La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 La comptabilisation de l’aide publique au développement (APD) Synthèse de la certification des comptes de l’Etat L’APD est en constante augmentation depuis 2003. L'Union européenne s'est fixée pour objectif qu’elle atteigne 0,56 % du revenu national brut en 2010 et 0,7 % en 2015. Les travaux de certification conduits par la Cour ont mis en lumière l’insuffisante transparence financière d’un dispositif marqué par sa complexité. Ils apportent ainsi un éclairage utile sur la réalité de l’effort consenti par la France que l’approche “budgétaire” ne permet pas toujours d’apprécier pleinement. 38 Le dividende versé par l'Agence française de développement (AFD) à l'Etat (288,5 M€ au titre de pour l'exercice 2007) est désormais comptabilisé distinctement des charges régulières incombant à l’Etat qu’il contribuait à compenser. Les conséquences en seront tirées au plan de la présentation budgétaire à compter de 2010. Les garanties de l’Etat : l’Etat se porte caution, notamment auprès de l’AFD, de certains débiteurs tels que des pays pauvres très endettés. Les sommes dues ou versées par l’Etat à l’AFD en cas d’impayé ont pour contrepartie un droit de créance d'égal montant sur le débiteur défaillant. En cas d’insolvabilité de ce dernier, il convient de les déprécier. Pour la première fois en 2008, l’administration a corrigé en ce sens le traitement comptable de ces opérations, permettant une compréhension enrichie des relations financières et juridiques complexes qu’elles induisent entre de multiples partenaires, conformément à l’objet même de la comptabilité générale. Ces corrections ont porté sur plus de 1 Md€. EN BREF Objectif fixé par l’Union européenne : 0,56% du revenu national brut en 2010. Dividende versé par l’Agence française de développement à l’Etat en 2007 : 288,5 M€. La position de la Cour sur les comptes de l’Etat de 2008 Le besoin de financement actualisé des engagements de retraite des fonctionnaires EN BREF A la demande de la Cour, la direction du budget a enrichi l'information donnée dans l'annexe sur les retraites des fonctionnaires de l'Etat. L'effort de financement supplémentaire dont l’Etat devra s’acquitter apparaît de manière directe, et le débat sur les modes de financement de ce besoin supplémentaire repose sur des données chiffrées claires : l'évolution prévisible, sur longue période, des prestations de retraite des fonctionnaires et l'évolution prévisible de leur financement par les cotisations “à droit constant”. Le besoin de financement supplémentaire pourrait atteindre 357 Md€ d'ici à 2050, compte tenu des hypothèses retenues. Les déficits fiscaux reportables en avant Les déficits fiscaux reportables en avant en matière d’impôts sur les sociétés ou d’impôt sur le revenu seront imputés, au moins en partie, sur les contributions à venir. Trois ans de discussions avec l’administration ont permis d’aboutir à un enrichissement significatif de l’information donnée aux lecteurs des comptes : l’annexe en valorise désormais le stock (245 Md€ pour l’impôt sur les sociétés) et les effets, qui se traduiront à terme par la constatation d’un moindre produit d’impôt (36 Md€ pour l’impôt sur les sociétés). Cette information, désormais publique et partagée, doit constituer un élément indispensable pour nourrir l’analyse prospective sur l’impôt et la soutenabilité des finances de l’Etat. EN BREF Stock des déficits fiscaux reportables (impôts sur les sociétés) : 245 Md€. Estimation des moindres recettes futures : 36 Md€. Synthèse de la certification des comptes de l’Etat Besoin de financement actualisé en 2050 : 357 Md€. 39