part 4

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Le prédicateur et homme des lettres cheikh
Mohammad al-Majdhoub
(1327-1420H = 1907-1999)
Naissance et enfance:
Il est né en 1907 dans la ville de Tartous dans l’une
des deux gouvernorats de la côte syrienne, et dans
une maison pieuse qui faisait dans le commerce et
était liée aux sciences religieuses et arabes.
Il fit ses premières études à l’école coranique, puis
dans des écoles de l’état ottoman. Il apprit également
auprès des cheikhs dont son oncle cheikh `Abd Allah
al-Majdhoub.
Il fut un illustre
littérateur, un
conteur
habile, un
poète géant,
un orateur
éloquent, un
écrivain
Son père décéda quand il avait 15 ans. Il prit la famille en charge tout
seul. A l’âge de 16 ans, il se maria.
Il participa à la lutte contre les français et fut emprisonné, poursuivi et
humilié avec ses frères combattants.
En 1936, il commença son travail comme enseignant en Syrie. Puis, il
émigra vers Médine en 1383 H où il officia comme enseignant à l’université
islamique de Médine jusqu’en 1403H, année où il prit sa retraite et s’établit
en Arabie Saoudite.
1016 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ses activités scientifiques et littéraires:
Il débuta ses activités scientifiques et littéraires quand il avait moins de
vingt ans. Il composa un poème patriotique qui fut publié dans un journal
local. Ensuite, suivit une épître dans laquelle il réfuta les thèses des
missionnaires et qui eut pour titre « Fadâih al-Mobachchirîn ». Sa
production scientifique et littéraire prit de l’envol et ses ouvrages
atteignirent près d’une cinquantaine et dont la majorité partait de la vision
islamique et reflétait les événements de son époque en Syrie et dans le
monde islamique. Il fut le premier à appeler à la littérature islamique à
travers ses articles et ses recherches publiés dans le magazine Hadâra alIslâm. Ces articles et recherches furent colligés bien après dans son livre
Mochkilât al-Jîl fî daw’ al-Islâm.
Son amour pour la lecture depuis l’enfance l’amenait à louer les livres
pour les lire sous le réverbère exposé à un vent mordant, quand sa famille
dormait. Cette habitude à la lecture ne le quitta pas jusqu’à sa mort,
qu’Allah lui fasse miséricorde.
Le professeur al-Majdhoub était un self-made-man et un combattant. Il
fit toutes sortes de travail dans sa jeunesse pour s’acquitter de ses
responsabilités envers ses frères et ses enfants. Il fut le lauréat du premier
prix de la ligue arabe en 1948 pour le chant patriotique qu’il composa et qui
fut choisi parmi cent autres.
Ses plus importants ouvrages:
Dans sa quête de sciences et de la culture, il s’appuya d’abord sur Allah
et ensuite sur ses efforts personnels et sa persévérance. Parmi ses
ouvrages qui frisent la cinquantaine, les plus en vue sont:
1017
Mohammad al-Majdhoub
Ø Fadâih al-Mobachchirîn
Ø Al-Youbel al-Fiddî adh-Dhahabî
Ø Al-Morchid fî al-Adab al-`Arabî
Ø Nâr wa nour (recueil de poèmes préfacé par le grand poète Badawî
al-Jabal)
Ø Min torâth al-Obowwa (Théâtre)
Ø Qisas min as-Samîm
Ø Sowar min hayâtinâ
Ø Fâris Gharnâta wa qisas okhrâ (recueil de contes)
Ø Al-Adab al-`Arabî (première année de l’université islamique)
Ø Al-Adab al-`Arabî (deuxième année de l’université islamique)
Ø Dorous min al-Wahy
Ø Qisas wa `ibar
Ø Mochkilât al-Jîl fî daw’ al-Islâm
Ø Taammolât fî al-Mar’a wa al-Mojtama`
Ø Machâhid min hayât as-Siddîq
Ø Hamassât qalb (grand recueil de poèmes)
Ø Qisas min Souria
Ø Madînat at-Tamâthîl
Ø Qâhir as-Sahrâ’
Ø Thawrat al-Horriya
1018 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ø Al-Kawâkib al-Ahad `achara
Ø Batal ilâ an-Nâr
Ø Min ajl al-Islâm wa hiwârât okhrâ
Ø Al-Âyât ath-Thalâth
Ø Kalimât min al-Qalb
Ø Batal min as-Sa`îd wa qisas okhrâ
Ø Dimâ’ wa achlâ’
Ø Qisas lâ tonssâ min târîkhinâ
Ø Afkâron islâmiyya
Ø Kalimât modîa
Ø Al-Alghâm al-Motafajjira
Ø Al-Liqâ’ as-Sa`îd wa qisas okhrâ
Ø `Olamâ’ wa mofakkiroun `araftohom (trois tomes)
Ø Khawâtir wa machâ`ir
Ø Qisas lâ tonssâ
Ø Dhikrayât lâ tonssâ
Ø Rodoud wa monâqachât
Ø As-Sabîl al-Qarîb ilâ sinâ`at al-Adîb
Ø Sarkhat ad-Damm (Roman)
Ø Alhân wa achjân (troisième recueil)
Ø Al-Islâm fî mowâjahat al-Bâtiniyya (publié sous le titre : Abou
haytham)
1019
Mohammad al-Majdhoub
Ses citations:
« J’ai grandi dans une maison qui respectait les piliers de l’Islam du
point de vue culte et conduite. Je me rappelle que lorsque j’étais
adolescent et n’avais même pas dépassé 13 ans, j’accomplissais la prière
dite at-Tassâbîh dans la nuit. Puis, je partis à l’école turque affiliée à
l’institut ottoman.
Les livres que je lisais avaient une orientation islamique, le magazine AlManâr publié par cheikh Mohammad Rachîd Ridâ venait en tête de ceux-ci,
puis les livres du cheikh Mohammad `Abdouh, Mohammad Farîd Wajdî,
Mostafa Sâdiq ar-Rifâ`î et leurs semblables. Ces livres étaient de nature à
raffermir mes pas dans la voie de l’Islam.
Bien après, vinrent les mouvements nationalistes de résistance contre le
mandat et pour l’accession à l’indépendance. Notre participation eut pour
forment l’esprit islamique même. Les tracasseries que les français et leurs
collabos nous causèrent en prison et en dehors des prisons décuplèrent
notre sentiment…C’est dans cette atmosphère que mes sentiments
islamiques
naquirent
dans
différents
journaux,
que
ce
soit
par
correspondance, par article, par poème ou par conte…
J’ai passé près de quarante ans comme enseignant de langue, de
littérature, de la biographie du Prophète et du hadith. Dans cette carrière,
j’ai respecté la ligne islamique et ai publié près de cinquante livres. Allah
m’a permis de participer aux côtés de l’élite composée d’éminents
travailleurs pour l’Islam avec à leur tête Dr Mostafa as-Sibâ`î, le professeur
Mohammad al-Mobârak, le professeur `Issâm al-`Attâr, cheikh `Abd alFattâh Abou Ghada, et bien d’autres prédicateurs en Syrie, aux activités
islamiques dans différentes provinces et villes de la Syrie. Louange à Allah.
1020 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
En résumé: Nous sommes une communauté élue par Allah pour être
dépositaire d’un message destiné à délivrer l’humanité de la perte. Allah
nous a promis la puissance et la victoire tant que nous respectons Son
chemin et nous accrochons à Son câble. Qu’Allah soit Satisfait de `Omar
al-Fârouq qui dit à son frère Abou `Obayda : « Nous sommes un peuple
qu’Allah a rendu puissants grâce à l’Islam, si nous voulons devenir
puissants par autre chose que l’Islam, Allah nous humiliera. »
Nous avons déployé des efforts éreintants pour raviver l’esprit
islamique, réveiller la conscience et enraciner l’appartenance à la voie du
Coran et de la Sunna. La première étape fut Tartous avec le concours de la
crème de sa jeunesse, nous avons enregistré un succès non négligeable,
nonobstant les obstacles qu’érigeaient sur le chemin de la Da`wa des
personnes aux objectifs flous qui voulaient éloigner la jeunesse musulmane
d’elle. Mais, louange à Allah, la réponse de ces jeunes fut plus grande que
leurs machinations. Puis, Allah voulut que j’aille enseigner à Lattaquié ; je
fus chargé de superviser les centres de Da`wa sur le long de la côte. »
Comment je l’ai connu:
Je l’ai connu à travers ses écrits (articles, contes, poèmes, recherches,
etc.) dans le magazine Hadârat al-Islâm que publiait Dr Mostafa as-Sibâ`î,
et dans le magazine At-Tamaddon al-Islamî publié par le professeur
Ahmad Madh-har al-`Adhama et Mohammad Kamâl ad-Dîn al-Khatîb, et
bien d’autres magazines en Syrie.
J’entendais également parler de ses activités dans le travail islamique
avec ses frères Mostafa as-Sibâ`î, Mohammad al-Mobârak, `Abd al-Fattâh
Abou Ghada…
1021
Mohammad al-Majdhoub
Je le rencontrai bien après à Médine où j’assistais aux réunions du
conseil consultatif de l’université islamique dans lequel j’étais membre
durant cinq ans. Je le rencontrais encore plusieurs fois en compagnie des
frères Dr Mohammad as-Sayyid al-Wakîl, `Abd al-`Azîz an-Nâsir, Dr `Abd
Allah al-Qâdirî, et plusieurs autres frères résidant en Médine.
Notre relation spirituelle et scientifique se raffermit à travers ma lecture
de ses ouvrages qui abordaient différents thèmes en littérature, conte,
théâtre, poésie, et par surcroît les études, les recherches, les rencontres et
les séminaires.
Quand j’avais commencé à rédiger mon livre « Min a`lâm ad-Da`wa wa
al-Haraka al-Mo`âsira », le professeur Mohammad al-Majdhoub me fut d’un
grand apport après Allah, en m’approvisionnant d’informations utiles sur
certaines
personnalités
sur
lequel
j’avais
écrit
dans
mon
livre
susmentionné. J’ai mentionné cela à travers les biographies d’éminentes
personnalités sur lesquelles j’ai écrit. Qu’Allah le récompense pour ses
efforts fournis dans le domaine de la Science et la Da`wa. Il a laissé une
bonne trace à Médine parmi les étudiants de l’université islamique et le
public en général, à travers ses leçons qu’il donnait dans des mosquées,
ses conférences dans des clubs, ses entretiens dans les assemblées
générales et privées à Médine. Il gagna l’amour de tout le monde.
Ils ont dit:
Dr Chawqî `Abd al-Halîm Hamâda dit:
« Le professeur Mohammad al-Majdhoub fut un illustre littérateur, un
conteur habile, un poète géant, un orateur éloquent, un écrivain
talentueux…Ses œuvres dans différents domaines du savoir sont
remarquables, parce qu’elles émanent du cœur et s’adressent au cœur.
Car, elles sont écrites par une plume studieuse qui dit ouvertement la vérité
1022 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
sans craindre le reproche. Pour cela, il a une conscience tranquille, malgré
sa responsabilité que ne peut supporter une bande de gens forts. »
Le professeur `Abd Allah at-Tantâwî dit: « Le professeur Mohammad alMajdhoub fut une des éminentes personnalités de la pensée, de la poésie,
de la littérature et de la Da`wa à Allah avec clairvoyance… Il était compté
parmi la première génération des poètes syriens tels : Badawî al-Jabal,
`Omar Abou Rîcha, `Omar Bahâ’ ad-Dîn al-Amîrî. En 1949, lorsqu’il publia
son premier recueil intitulé Nâr wa nour, le grand poète Badawî al-Jabal lui
écrivit une préface équitable dans laquelle il ne tarit pas d’éloges au poète
et à sa poésie. Il s’appesantit sur le poème intitulé Najwâ qobbara qu’il
qualifia de littérature mondiale vu ce qu’il renferme d’esprit humain tendre,
son style fin et les images qui traduisent l’objectif humain que le poète
visait dans ce poème merveilleux.
Le professeur Mohammad al-Majdhoub fait partie des leaders du conte et
du roman en Syrie en particulier et dans le monde arabe en général. Il est
dans le même rang que le Dr Chakîb al-Jâbirî et Dr `Abd as-Salâm al-`Ojaylî.
Il fut également versé dans le domaine du Maqâl (article) et des
recherches intellectuelles…
Quant au domaine de la Da`wa, il fut également de la première
génération. Il fut parmi les fondateurs de la Confrérie des Frères
Musulmans dans la côte syrienne. Par ailleurs, il fut également le
compagnon de route des deux éminents professeurs et prédicateurs : Dr
cheikh Mostafa as-Sibâ`î et le professeur et penseur créatif Mohammad alMobârak, qu’Allah leur fasse miséricorde.»
1023
Mohammad al-Majdhoub
Quelques exemples de sa poésie:
Confidence de Qobbara
Je désire ta tendresse ne crains pas le tort ou la tendresse
Je n’ai ni canines ni griffes
Je désire ta tendresse, que ton cœur ne frémisse pas par crainte
Ne me regarde pas de travers
Es-tu prudent ô oiseau pourtant dans mes entrailles
Se trouve un monde de visions d’amour et de poésie sur le monde et les oiseaux!
Ce fardeau sous lequel ploie ma monture t’a effrayé
Mon endurance ne cesse pas de le secourir
Et un pas qui met la terre en furie malgré la moiteur
Répandue sur la terre morte par la pluie
Le déchaînement du souffle dont l’expiration
Pourrait couler comme un rayon brûlant de ma magie
J’ai ramassé les extrémités des ailes prêtes à bondir
J’ai anéanti la peur d’être becqueté par les attaquants
J’ai dit avec exagération : Je cherche au monde
Un partenaire qui dissimule la ruse dans ses entrailles !
Je désire ta tendresse, une partie de la conjecture est péché
Je suis avec ce monde tel un étranger et le voyage
Je désire ta tendresse, je ne cherche pas l’aisance
Avec les douleurs d’une créature dans la même difficulté
Demande le claquement des étoiles dans le vacarme des ténèbres
Et la turbulence des aubes dans le réveil du matin
Demande le parfum de ces fleurs sur la colline
Et le léger bruit du saule dans la course de la rivière
Demande la vallée ivre du parfum et de la rosée
Qui donne sur le pied de la montagne orné du vert
Demande lui, elle laisse une trace sur mon cœur
1024 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
A chaque exhalation et narre mon secret caché
Demande mes chansons pour la vie il y a encore
Dans ses oreilles l’échos de la mélodie vierge
Si la rudesse de la vie la cache un temps
Il y a dans le cœur un chant de fierté plus puissant que la rudesse des temps
Un oiseau encagé peut se taire mais épris
D’une tendresse qui secoue l’esprit pour un horizon libre
®®®
J’aurais aimé être ton voisin toute ma vie
Pour te défendre de mon âme contre l’adversité de la fourberie
Mes soirées s’illumineraient de ton arrosage par tentation
Ta confidence me saoulerait dans une matinée verte
Ton ombre me devancerait en jouant dans le champ
Sur ses traces je courrais en sautant au-dessus de l’épine
Je serais comblé sous le nid dans l’aile qui me sert de lit
Sur lequel coule la rosée à partir des verres du temps
Sur mon lit sont étalées des herbes fraîches et moelleuses
Mais l’oreiller est en pierre
J’ai sur moi une chemise de nuit en feuilles de rose
Qui protège mon corps nu du froid et de la chaleur
Dotée d’épouvantails imaginaires tramés
Par les fabricants de l’illusion ailée dans ma poitrine
J’ai rêvé d’elle un moment dans le sommeil de l’adversité
Lorsqu’il s’est réveillé ma vision s’est desséchée par frayeur
J’ai eu une pensée pour elle quand les ténèbres
De la nuit et de la pensée nous avaient séparés
J’ai restitué au cœur brisé son spectre
La magie s’est à nouveau, mise à circuler dans son sang
Tu lui as fait oublier les douleurs de la vie
1025
Mohammad al-Majdhoub
Que les vents qui répandent la mort en terre en mer ont renversée
La destruction a dominé ses demeures
Le plaisir du mal a fissuré ses charmes malgré l’habileté
Laisse mes paupières fermées les joindre un peu
Laisse ma bouche toucher le fantôme
Ne brouille pas l’ivresse de notre rêve par le doute
Ce n’est que quelque temps… et nous ne savons plus!
®®®
Sous l’ombre de la Ka`ba
Heureux je suis sous l’ombre de la Sainte Mosquée
Ne me demandez pas avec quoi et pourquoi ?
Je sens mon corps au-dessus de l’éther
Desséché, léger au point de s’éteindre
Il n’est pas étonnant que meurt l’éloquence
Et peine à décrire les visions de la plume
Je semble voir « Hâjar » et le petit
Effrayé par la soif ardente
Elle court çà et là
Entendant les cris de douleur
Cherchant une gorgée qui sauve
Le nouveau-né et éteigne le feu
Le désespoir est sur le point de l’envahir
Et elle de remettre son fils au néant
Mais ton Seigneur ne l’a pas oubliée
Et lui a fait découvrir une richesse abondante
Voilà Gabriel qui fait don à la terre
D’une eau qui arrose les cœurs et soigne les maux
Il touche la terre de son pied
L’eau douce jaillit au point d’inonder
Voici zamzam qui demeure
1026 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Jusqu’aujourd’hui et demain la source des nations
®®®
Là il inspira le père des prophètes
Avec lui son fils
D’élever les fondements de cet édifice
Dont le schéma fut dessiné par le Créateur des hommes
On lui ordonna qu’à la fin il propage
A l’univers la bonne nouvelle qui fut accomplie
Il cria aux gens : Voici la station
Que votre Seigneur a voulu que vous vous y dirigiez
Son cri retentira dans les plaines
Outre mers et sur les montagnes
Les chanceux viendront à lui sur les montures
De tous côtés et de toute mer
®®®
Je vois « Abraha » avec ses armées
Sur des éléphants énormes comme des montagnes
Qui rivalise les étoiles avec son orgueil
Pensant que la source jaillissante est à portée de main
Il marcha sur la Mecque avertissant
Ses battisses d’un malheur massif
Les « Chayba » commencèrent à désespérer de sa puissance
Ainsi que son entourage, il lança : Allons-y
Laissez la Maison et sauvez-vous avec vos bêtes
On n’attaque jamais la Maison du Dominateur
Il la protégera d’eux demain
Comme Il le fit par le passé
Les gardiens fuirent
1027
Mohammad al-Majdhoub
Sauf un seul qui garda l’œil ouvert
L’homme à l’éléphant voulut qu’il le guide
A le Mecque, il refusa et fut défait
Toutefois qu’il le tournait vers une autre direction
Il se mit à marcher, mieux à attaquer
Le destin vint avec ses soldats
D’oiseaux comme un châtaignier sombre
Ils se mirent à vider leurs becs
De pierres de châtiments sur les injustes
Il ne fallut que quelques temps
Et les conquérants furent réduits à la paille mâchée
®®®
Les scènes se succédèrent et je vis
L’imam des prophètes effacer l’injustice
Lançant : Ô perdants allez à Allah
Quiconque suivit sa guidance ne fut pas victime d’injustice
Tout près une assise des polythéistes
Trama des accusations pour combattre le bien-aimé
Jeta sur Bilâl et ses frères un torrent
Impétueux de catastrophes
Ne voulant d’eux qu’une parole
Qui soutienne le parti des idoles
Ce qu’ils entendaient des croyants
Ne faisait que doubler cette fièvre
C’est comme si leurs oreilles
Etaient sourdes quand les tyrans les appelaient
Et leurs langues muettes
Toutefois qu’on les contraignait à mécroire
Elles criaient : Unique, Unique
La terre plate prêtait l’oreille et les montagnes éprouvaient un désir
1028 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
®®®
Et la révolution continua sa poussée
Vers un monde jamais exploré
Et lui fit vivre le retour de la meilleure créature
Ici au milieu d’une bande de lions
Allah avait humilié Ses ennemis
Ils n’avaient pas de protecteur à part Lui
Il leur dit : Que pensez-vous de moi ?
Ils se soumirent tous dans le regret
N’es-tu pas et ne demeures-tu pas le généreux
Qui répond à nos fautes par la largesse !
Un frère comme on n’en a jamais vu
Loyal s’acquittant du droit du lien de sang
Il annonça des bonnes nouvelles qui se propagèrent
Dans le temps comme une meilleur mélodie
Allez… Vous êtes libres
Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas rancunier
Il pointa le symbole de la perdition
Qui s’installa dans la Maison depuis « Lohayy »
Les démons tombèrent au-dessus
Tous humiliés après cette grandeur
L’édifice du mensonge monte plus haut
Quand vient la vérité elles s’effondre
Et Bilâl d’entonner le chant céleste
D’une voix haute et douce qui fit trembler les sourds
Mais « `Attâb1 » et les perplexes
Virent en cela une violation du lieu saint
L’esclave d’Omayya descendant de noir
Avait grimpé sur la Maison ! Ô Bilâl de tous !
1
`Attâb ibn Assyad, al-Hârith ibn Hichâm et Abou Sofyân ibn Harb
1029
Mohammad al-Majdhoub
Sans doute un homme qui préféra la mort
A ceci n’est point reprochable !
Lui et les fils de Hichâm et Harb marmonnèrent2
Un propos débordant de péchés
Ils pensaient que ce qu’ils dirent resta
Tapis dans leur tréfonds ne pouvant être éventé
Ils furent surpris de voir le Prophète
Lever le voile sur ce qui était caché
Leur annonçant les propos effroyables
Que cachaient leurs poitrines
Ils n’eurent aucune réponse
Car ils surent que c’était une vérité de leur Seigneur
®®®
« Fadâla » vint en se cachant
Et dissimulant une ignominie dans le manteau
Il espérait auprès de « Manât » ne pas retourner
Sans l’avoir essuyé du meilleur sang !
Il lui plut de voir le Prophète
Sauver le dieu des mains d’un engagé
Il prit une épée
Et se mit à l’épier parmi les gens
Il prit la résolution mais un tonnerre
L’emporta et les résolutions se dissipèrent
Quand le Messager finit la prière
Il se présenta devant lui et sourit
Il s’approcha de lui et s’enquit de sa situation
A peine commença-t-il la réponse qu’il perdit la parole
Il tendit sa main sur sa poitrine
2
`Attâb ibn Assyad, al-Hârith ibn Hichâm et Abou Sofyân ibn Harb
1030 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Et la toucha combien de malheureux a-t-il sauvé
« Fadâla » rentra dans un amour abondant
Dépassant le domaine du rêve
Après Allah qui ressuscite les os usés
Son cœur n’aima personne plus que le Prophète
Au moment où son esprit apparut
Toute sa résolution était vouée à Allah
Il passa par une femme qui longtemps conquit
Son cœur par son sexe et le défit
Passons à nos chose : S’écria-t-elle
La guidance et l’honneur sont contre
Il s’en écarta, et l’intelligence retourna à la vérité
La lumière trancha la nuit de la perdition
Le péché ne blessera plus un organe
Qui se cicatrisa après qu’il fut essuyé par la main du Prophète
La perdition ne s’approchera plus de la poitrine
Dont l’amour du meilleur des hommes illumina les bords.
Il dit le poème Ro’ouss lâ tanhanî :
Ils disent : que tu penches avec lequel des deux équipes
Il n’y aura pas de place pour l’abstention et l’endurance
Ici `Antar traîne le reste de sa bande
Et là nous nous rassemblons derrière untel
Vous les appeleurs à la vérité méritez mieux de le défendre
Quand par lâcheté les gens violent le droit et le bafouent
Je dis par Allah il n’y a de place dans nos cœurs
Que pour la Majesté d’Allah et la vérité
S’il y a divergence entre nous c’est que
Nous l’avons saisi à la lumière du Livre et vous pas
Quand nous vous appelons vous vous abstenez
Et exagérez dans ce qui porte atteinte et est abominable
1031
Mohammad al-Majdhoub
Nous dîmes : Venez que nous élevions Sa loi sur terre
Vous dîtes : à part untel il n’y a plus de législateur
Vous avez omis que les créatures n’ont pas d’autre roi
En dehors d’Allah qui juge et légifère
Tout recours à un autre arbitre que Lui
Est une association, mieux, c’est la mère des associations.
Sa mort :
Le vénérable cheikh quitta l’Arabie Saoudite et retourna dans sa ville
Lattaquié en Syrie en 1996. Il garda sa maison qu’il ne quittait qu’en cas de
nécessité, et s’isola et se consacra à l’écriture et composa quatre livres. En
juin 1999, il rendit l’âme. Les ulémas, les littérateurs et les écrivains de la
Syrie et du Liban se transmirent la nouvelle de sa mort, et demandèrent
que son enterrement soit retardé afin qu’ils puissent rallier Lattaquié pour
assister à ses obsèques. Ils eurent gain de cause. Trois jours après sa
mort, des milliers de personnes parmi lesquelles ses élèves, ses frères et
ses amis le conduisirent à sa dernière demeure, et prononcèrent leurs
mots et récitèrent leurs poèmes auprès de sa tombe. Il fut pleuré de tous
ceux qui le connaissaient, ils implorèrent Allah de lui faire miséricorde et de
le loger dans le Jardin.
Il travailla longtemps dans le champ de la Da`wa à Allah et fut éprouvé
par la prison et l’exil à cause de sa religion et sa confrérie. Qu’Allah lui
fasse largement miséricorde. Louange à Allah Seigneur de l’univers !
Le révérend mufti al-Hâj
Mohammad
AmÎn al-HossaynÎ
(1311-1394H= 1893-1974)
Sa naissance et son enfance:
Mohammad Amîn ibn Mohammad Tâhir ibn
Mostafa al-Hossaynî, leader et grand mufti de la
Palestine est né en 1893 à Jérusalem. Il y fit ses
études auprès de son père où il mémorisa le Saint
Coran et apprit les sciences religieuses et la langue
arabe. Puis, il voyagea en Egypte où il passa six ans
entre Al-Azhar et Dâr ad-Da`wa wa al-Irchâd fondé
Sa
préoccupation
fut le réveil des
musulmans en
vue de faire le
djihad en
Palestine et
par Monsieur Mohammad Rachîd Ridâ. En 1916, il
sortit comme officier de réserve à Istanbul et fut affecté à la 46ème division
à Izmir. Après la guerre, il retourna à Jérusalem.
Son Djihad:
En 1920, les troubles qui secouèrent la région de Bîssân lui furent
attribuées. Poursuivi par les anglais, il se réfugia à Damas. Mais, peu de
temps après, il retourna dans son pays. Lorsque son frère Kâmil alHossaynî, mufti de Jérusalem, mourut en 1922, on le désigna comme son
1036 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
remplaçant et il porta le titre de grand mufti de Palestine. Il forma le haut
conseil islamique et fut son président. Il fut le premier à attirer l’attention
sur le danger de la présence massive des juifs en Palestine après la
promesse de Balfour de 1917. En 1925, il empêcha Balfour et le haut
représentant britannique de visiter le sanctuaire de Jérusalem. Il fut la tête
pensante de tout mouvement nationaliste en Palestine ou pour la
Palestine, que ce soit en privé ou en public. Le mouvement était continuel
dans les commissions et les délégations participant aux conférences, dont
la plus importante fut la conférence islamique qu’on organisa à Jérusalem
en 1928 et en 1931. Son périple dans les pays arabes et islamiques
entamé en 1933 pour défendre la cause palestinienne dura six mois. Sa
préoccupation fut le réveil des musulmans en vue de faire le djihad en
Palestine et empêcher sa judaïsation. Il forma des bandes secrètes pour
mener le djihad contre les anglais et les juifs. Ces bandes opérèrent de
1931 à 1935 jusqu’à ce que l’organisation al-Jihad al-Moqaddass vit le jour
sous la houlette de `Abd al-Qâdir al-Hossaynî et supervisé par le mufti qui
le dirigeait aussi secrètement. Les actions djihadistes se succédèrent
jusqu’en 1948. Durant les révolutions dont les plus importantes furent la
révolution d’al-Borâq en 1929 et la révolution de 1936 qui se distingua par
la grève générale qui dura six mois, les autorités britanniques tentèrent de
l’arrêter en 1937 ; mais il se sauva en ralliant le Liban par pirogue. En
1939, lorsque les britanniques firent des pressions sur la France afin
qu’elle le livre, il partit à Bagdad en catimini. En 1941, la révolution de
Rachîd `Âlî al-Kîlânî déclencha, les anglais voulurent l’arrêter, mais il quitta
Bagdad en catimini et rejoignit l’Iran, de l’Iran il partit en Allemagne.
Mohammad AmÎn
1037
al-HossaynÎ
Le mufti Mohammad Amîn al-Hossaynî avec Mohammad `Alouba Pacha en compagnie d’une
délégation venue d’az-Zobayr en 1936 pour la cause palestinienne. De droite à gauche : al-Hâj
Ahmad `Abd Allah al-`Onayzî, al-Hâj Mohammad Solaymân al-`Aqîl, al-Hâj Hamad alMohammad adh-Dhakîr, al-Hâj Hamad `Abd al-`Azîz al-Bassâm, al-Hâj Tâhâ al-Fayyâd al-`Ânî,
derrière le rang le professeur Ahmad Hamad as-Sâlih
1038 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
`Omar Bahâ’ ad-Dîn al-Amîrî à côté du Dr Mostafa as-Sibâ`î en uniforme
d’Al-Azhar et Al-Hâj Amîn al-Hossaynî
Mohammad AmÎn
1039
al-HossaynÎ
En 1950 devant le palais `Âbidîn au Caire… Mozâhim al-Bâja Jî, `Othmân Moharram, al-Hâj
Amîn al-Hossaynî, le président al-Qowatlî, `Abd al-Latîf Tal`at Pacha
Le mufti avait dépêché un émissaire en Allemagne en la personne de
`Othmân Haddâd, portant une lettre à Hitler qui renfermait les
revendications suivantes : « La reconnaissance de tous les pays arabes,
indépendants, sous mandat ou colonisés, et la reconnaissance du droit des
arabes d’annuler la nation juive en Palestine et la reconnaissance de
l’indépendance de la Palestine. »
Zohayr al-Mârdînî mentionne dans son livre intitulé Alf Yawm ma`a al-Hâj
Amîn : « C’est l’intérêt de ma communauté qui me dicte mon choix. Le destin
d’un individu n’a aucune valeur lorsque l’affaire est inhérente à l’avenir de la
communauté. La victoire des anglais voulait dire que la Palestine était
perdue. Le peuple ne peut aspirer à la réalisation de ses rêves que par les
sacrifices et le sang de ses fils. De 1922 à 1941, le peuple palestinien a fait la
connaissance de sa cause et ses ennemis. Il connaît qui je suis et ce que je
fais et pour quel intérêt je le fais. Je n’ai pas visité les pays de l’axe pour être
manipulé. C’est pour servir ma cause qui est celle de toute ma communauté
que j’y suis allé. Je suis allé en négociateur et non en collaborateur. J’aurais
aimé que mon séjour fût profitable à la Palestine, et surtout à ma grande
nation arabe et pour l’Islam dont je porte la plus grande tâche pour faire
triompher sa parole… »
Le grand moudjahid révérend al-Hâj Mohammad Amîn al-Hossaynî
n’accordait pas d’intérêt rien qu’à la cause palestinienne. Bien plus, le
monde arabo islamique le préoccupait. Il déploya des efforts avec Rachîd
`Âlî al-Kîlânî et Taqî ad-Dîn al-Hilâlî en vue de l’indépendance des pays
arabes de l’ouest et de l’est au même pied d’égalité. De plus, il déploya des
efforts colossaux en vue d’obtenir le soutien des pays de l’axe et de
revendiquer la libération des prisonniers arabes incarcérés dans les
1040 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
prisons françaises, tels que le leader marocain prince `Abd al-Karîm alKhattâbî et Sâlih ibn Youssef le leader tunisien, Hâbîb Tâmir et bien
d’autres.
Le mufti œuvra à la formation de l’armée arabe à même de défendre les
causes arabes, avec à leur tête la cause palestinienne. A propos de cette
armée qu’il fonda et en prit soin dès sa formation, le mufti dit :
« Ce noyau fut l’exemple à suivre pour former l’armée du futur. Ses
éléments étaient issus de divers pays de notre grande nation arabe : Le
Maroc, la Tunisie, l’Egypte, l’Irak, la Palestine, etc. Cette armée doit être le
moyen d’intégration des éléments de la communauté ; elle doit être le
préambule de l’unité. Les frontières établies entre les différentes parties de
notre communauté pendant la période de déclin et d’occupation les ont
séparées. Les différences sont survenues dans les dialectes et les us et
coutumes. Pour unir la communauté, on doit commencer par unifier ses
différentes cultures. »
Le révérend mufti al-Hossaynî eut une position honorable à l’endroit des
musulmans bosniaques de Yougoslavie qui étaient massacrés par les
serbes. Le 24/3/1943, il se déplaça à Zagreb et intervint pour lever
l’oppression sur les musulmans de Bosnie Herzégovine et de Sandjak. Il
forma une armée de jeunes parmi eux pour leur propre défense. A son
retour de Bosnie, il envoya une lettre à Mostafa an-Nahhâss, alors premier
ministre d’Egypte, dans laquelle il décrivait la situation des musulmans en
Bosnie Herzégovine et lui demandait de faire ce qui était à son pouvoir
pour les aider.
Vers la fin de 1943, les raids lancés par les avions des alliés
s’intensifièrent sur l’Allemagne. Certains raids sur Berlin étaient menés
avec plus de mille avions. La maison qu’habitaient le révérend mufti et ses
Mohammad AmÎn
1041
al-HossaynÎ
compagnons fut endommagée plusieurs fois. Ils quittèrent Berlin et se
dispersèrent dans plusieurs régions. Son compagnon Dr Mostafa al-Wakîl,
un égyptien, tomba en martyr. Il faisait partie de son entourage et était
celui qui l’aidait le plus. Il tomba en martyr à l’institut de Berlin où il
travaillait à la suite d’un raid aérien.
Le 5/5/1945, le mufti et ses frères furent expulsés vers la Suisse, et de
là, ils furent transférés en France où l’armée française les fit prisonniers le
19/5/1945. Les ambassadeurs britannique et américain demandaient
l’extradition du mufti pour le juger ; les Juifs insistaient qu’il soit jugé
comme un criminel de guerre au tribunal de Nuremberg. Il quitta la France
pour l’Egypte déguisé, avec l’aide du Dr Ma`rouf ad-Dawâlibî et s’y établit
en en 1946.
Voici comment le mufti narre les détails de sa fuite de France : « Le rôle
principal et le côté le plus important de cette aventure fut joué par mon cher
ami le Dr Ma`rouf ad-Dawâlibî. Sa morale noble l’avait poussé à me donner
son passeport. Cela impliqua le changement de la photo et des vêtements et
la réservation d’une place dans l’avion qui faisait la ligne Paris le Caire. Au
bord de l’avion, il y avait un mélange de civils et de militaires. Aucun incident
ne se produisit à l’aéroport d’Orly où l’avion prit son envol de Paris pour
Rome. A Rome, les officiels vérifièrent les passeports des passagers… Il
faisait mauvais temps, nous passâmes la nuit dans un hôtel. Le matin, nous
reprînmes le voyage pour la Grèce où l’avion atterrit à l’aéroport de Berry
pour s’approvisionner en Carburant. Et de là, nous reprînmes notre voyage
pour le Caire. Heureusement, aucun passager ne me connut. L’avion atterrit
le soir à l’aéroport de Penfield qui est devenu aujourd’hui l’aéroport
international du Caire. Après vérification des passeports des voyageurs, je
sortis de l’aéroport et poussai un ouf de soulagement. Je remerciai Allah
d’être arrivé sain et sauf, et répétai ce vers d’al-Bousayrî :
1042 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
La protection divine vaut plus que la superposition
Des boucliers et des hauts châteaux forts
Je ne voulus pas emprunter la voiture réservée au déplacement des
passagers. Je pris un taxi qui me déposa à l’hôtel Métropolitain du Caire… »
L’organisation arabe suprême pour la Palestine vit le jour avec
l’approbation de la ligue arabe. Le mufti fut désigné comme son président. Le
mufti et ses frères se hâtèrent à acheter des armes et à organiser les forces
du djihad. Le martyr Youssef Tal`at, représentant de Rachâd Mehanna ainsi
que `Abd al-Qâdir al-Hossaynî et `Abd ar-Rahmân `Alî achetaient les armes,
et les introduisaient en Palestine via Sinaï. Une fois en Palestine, les armes
étaient emmagasinés dans les villages de Sourîf et Bîr Zayt.
Mohammad AmÎn
1043
al-HossaynÎ
Al-Hâj Amîn al-Hossaynî en compagnie de l’ex roi Idrîss as-Sanoussî, `Abd ar-Rahmân
`Azzâm, Hassan al-Banna, Ahmad Hossayn, Makram `Abbayd, le cheikh Youssef Yâssîn,
Hâfidh `Afîfî, Ibrâhîm `Abd al-Hâdî
Le mufti réorganisa l’armée d’al-Jihad al-Moqaddas et confia son
commandement à `Abd al-Qâdir al-Hossaynî. Il créa aussi l’association des
jeunes palestiniens qui fusionna les associations de la jeunesse, du
secours et de scout. Il confia sa direction au moudjahid vertueux Mahmoud
Labîb, le délégué des frères musulmans pour le scout. Il le chargea
d’entraîner les jeunes au combat.
Quand la résolution du partage fut émise le 29/11/1947, une grève
générale fut déclarée dans toute la Palestine. Le combat déclencha entre
les arabes et les Juifs. Pour le révérend mufti, les armées arabes ne
devraient pas entrer en Palestine, elles devraient se poster aux frontières
et laisser aux palestiniens la tâche de combattre les Juifs, et se contenter
de les approvisionner en armement et en argent.
Le grand historien palestinien `Ârif al-`Ârif dit dans son livre Nakba bayt
al-Maqdis : « Le 9/11/1947, l’imam martyr Hassan al-Banna envoya un
télégramme au conseil de la ligue arabe dans lequel il disait être prêt à
envoyer dix mille combattants frères musulmans en Palestine comme
première vague, et que les frères avaient insisté auprès du gouvernement
égyptien de leur permettre d’y aller et que celui-ci a refusé ; mais ils n’ont
pas désespéré. Ils firent une manifestation retentissante à Al-Azhar le
12/12/1947 conduite par le guide suprême l’imam martyr Hassan al-Banna
lui-même, et au cours de laquelle ils revendiquèrent le djihad. Sous le
couvert d’une excursion scientifique, une division des frères put traverser le
canal pour rallier Sinaï. Et de là, ils entrèrent clandestinement en Palestine
1044 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
à partir de Février 1948. Puis, le gouvernement revint sur sa position et
permit aux frères musulmans de s’entraîner.
C’est en Syrie et en Egypte que les frères s’entraînèrent. Et c’est à partir
de ces deux pays que les brigades des frères partirent officiellement pour
la Palestine. Ces brigades combattirent avec bravoure et fermeté, et une
division campa à la partie sud de Jérusalem jusqu’à la déclaration de
l’armistice. Et les frères passèrent leurs positions à l’armée jordanienne.
L’héroïsme et le sérieux dont ont fait montre les frères musulmans
pendant la bataille leur ont permis de jouer un rôle particulier et distingué
dans la lutte palestinienne. Surtout que les frères musulmans avaient
confié le commandement des régiments à certains de leurs leaders.
L’escadron venu de la Syrie était dirigé par le cheikh Mostafa as-Sibâ`î et
celui venu de l’Egypte était mené par le cheikh Mohammad Farghalî… »
Quand la guerre arabo juive déclencha en 1947-1948, il mit sur pied
l’armée d’al-Jihâd al-Moqaddas placée sous le commandement de `Abd alQâdir al-Hossaynî. L’intervention des pays étrangers mit fin à la guerre.
Après le coup d’état militaire de 1952 et le renversement du président
Mohammad Najîb par Abdel Nasser, le révérend mufti fut contraint de
quitter l’Egypte en 1959 après des tracasseries qu’il subit de la part du
gouvernement militaire et de la presse égyptienne. Les signes précurseurs
d’une solution pacifique de la cause palestinienne par le truchement
d’Abdel Nasser s’étaient profilés à l’horizon.
Voici comment le mufti narre lui-même ce coup de théâtre:
« J’avais reçu une lettre de l’organisation des nations unies m’informant
que Hammarskjöld préparait un projet de solution à la cause palestinienne ;
Mohammad AmÎn
1045
al-HossaynÎ
et qu’il s’était entendu avec Abdel Nasser sur les grandes lignes que le
président égyptien avait approuvées… Je n’en revins pas.
J’envoyai une missive sécrète au Dr Mohammad
al-Farâ,
alors
fonctionnaire aux nations unies et pas encore président la délégation
jordanienne. J’eus la confirmation de l’authenticité de la nouvelle. Il y ajouta
que Hammarskjöld était tombé d’accord avec Abdel Nasser sur la solution de
la cause palestinienne sur dix ans contre trois millions de dollars. L’Egypte
et la Syrie devaient recevoir chacune 1 million de dollars et le reste devait
être partagé entre le Liban et la Jordanie. A l’époque, cette somme était
astronomique. C’est le pot de vin qu’on donna aux pays arabes ayant
accordé l’hospitalité aux palestiniens.
Subitement, sans crier gare, la presse égyptienne sous l’emprise du
gouvernement lança une campagne cruciale contre l’organisation arabe
suprême et ses hommes, et accusa tous ceux qui travaillaient pour la cause
palestinienne. Nous envoyâmes nos droits de réponse qui ne furent pas
publiés. Nous cherchâmes à rencontrer les membres du gouvernement
égyptien pour discuter avec eux, ceux-ci refusèrent de nous rencontrer. Sur
ces entrefaites, le magazine Rose al-Youssef lança une campagne violente
sans précédent contre moi. J’envoyai mon droit de réponse qui ne fut pas
publié. J’envoyai un droit de réponse aux autres journaux égyptiens qui
l’ignorèrent. Nous cherchâmes un avocat pour intenter un procès contre ce
journal qui m’accusait à tort, personne n’eut le cran de prendre part à un
procès intenté contre le journal de la révolution proche du pouvoir…
Une nuit, un jeune homme pondéré chercha à me rencontrer. C’était un
brillant avocat égyptien que je tairai le nom. Il me dit : (Je suis prêt à intenter
un procès contre le magazine Rose al-Youssef, mais j’insiste à te dire
qu’aucun juge en Égypte n’aura le cran d’émettre une sentence contre lui. Le
mieux serait d’écrire au président à ce sujet.) J’écrivis au président Gamal
Abdel Nasser plusieurs fois sans aucune réponse. L’atmosphère était tendue
1046 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
au Caire. Notre présence n’avait plus aucun sens puisque nous étions la
cible d’injures et d’attaques et incapables de nous défendre. A ce moment, je
décidai d’aller à Damas le 15/9/1959. Pendant mon passage à Beyrouth, je
trouvai seyant de passer l’été à Souq al-Gharb. A peine la presse libanaise
eut vent de mon arrivée que les journaux nassériens reprirent la campagne
d’injures contre moi. Mais la presse neutre entreprit la défense de la cause
palestinienne et la mise à nue des causes de cette campagne et sa relation
avec le projet de Hammarskjöld et les trois millions de dollars que cachait ce
projet. Conscient de ce que je ne pouvais rien faire en Egypte, je fus obligé
de la quitter et m’installer au Liban. »
Les citations du révérend mufti:
« La solution à la cause palestinienne que nous appelons de tous nos
vœux ne se réalisera pas par les concessions, les adjudications et
l’abandon flagrant des droits nationaux qui anéantirait tout espoir des
palestiniens d’avoir une vie digne. Dans la cause palestinienne, il n’y a pas
de place pour la coexistence pacifique avec nos ennemis dont nous savons
pertinemment qu’ils ne veulent coexister avec personne. Croyant que nos
pays leur appartiennent, voire même le monde entier, ils veulent élargir leur
influence et tout usurper au grand dam de notre communauté, notre paix et
l’avenir de nos enfants ! Cette croyance juive est bien ancrée et connue de
tous ceux qui ont appris l’histoire des Juifs et leurs livres, et ont appris leur
passé et leur futur. Ils nous bernent pour gagner du temps afin d’exécuter
leurs plans effroyables. » Magazine syrien Hadârat al-Islâm 1393H.
Comment je l’ai connu:
Je l’ai connu très tôt à travers ses échos et ses mouvements pour
mobiliser la communauté islamique afin de faire face aux conspirations
tramées par les Juifs et exécutées par leurs assistants colonialistes, et plus
Mohammad AmÎn
1047
al-HossaynÎ
particulièrement les anglais qui avaient donné aux Juifs le droit de
s’implanter en Palestine conformément à la malheureuse promesse de
Balfour. Le mufti était en mouvement perpétuel, il ne se calmait pas. Il
travaillait continuellement et faisait montre d’un djihad difficile, d’endurance
et d’exhortation à l’endurance. Tout ceci ne peut être supporté que par des
hommes résolus.
Le révérend al-Hâj Amîn al-Hossaynî était une éminente personnalité
contemporaine de l’Islam. Il n’a pas besoin de la reconnaissance d’une
personne comme moi, il est tellement célèbre qu’on ne peut plus le
présenter, son éminence m’empêche de le présenter. Sa mention a rempli
le monde, sa réputation a englobé les poltrons. Je me rappelle qu’après la
deuxième guerre mondiale, le magazine Al-Ikhwân al-Moslimoun écrivit au
gouvernement pour lui demander de lui accorder l’exil. Le magazine publia
sa photo sur sa couverture et écrivit en dessous : « l’émigré du
quatorzième siècle hégirien, le grand mufti de la Palestine al-Hâj
Mohammad Amîn al-Hossaynî. » La Confrérie des Frères Musulmans avec
à sa tête l’imam martyr Hassan al-Banna, le groupe des jeunes musulmans
avec à sa tête Mohammad Sâlih Harb, l’union générale des associations et
des organisations islamiques en Egypte dirigée par `Abd al-Wâhid Sobol et
plusieurs autres personnalités politiques et nationalistes, exercèrent des
pressions politiques et populaires qui amenèrent le gouvernement égyptien
à accepter de lui accorder l’exil, malgré l’opposition de la Grande Bretagne.
Dr Salâh ad-Dîn al-Monjid nous narre dans le magazine ach-Charq alAwssat l’histoire de la fuite d’al-Hâj Amîn al-Hossaynî de la prison française
en 1946 pour le Caire : « Dr Mohammad Ma`ouf ad-Dawâlibî nous avait
confié le secret en disant après beaucoup d’hésitation et après beaucoup
d’insistance de notre part : Quand Allah gloire à Lui veut quelque chose, Il
1048 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
la facilite quelles que soient les difficultés qui l’entourent, ou bien quand
l’homme se dit qu’elle n’aura aucune issue. A l’issue de la deuxième guerre
mondiale, les trois grandes puissances, à savoir les Etats-Unis d’Amérique,
l’Angleterre et la France poursuivaient al-Hâj Amîn al-Hossaynî après
qu’elles avaient échoué à l’arrêter en Palestine, au Liban et en Iraq. Ils le
contraignirent à rejoindre Hitler où il continua sa lutte contre les Juifs.
Durant la semaine de la déclaration de l’armistice, les français le
capturèrent et l’incarcérèrent dans un endroit difficile à repérer. A l’époque,
je préparais une thèse de doctorat à Paris et j’étais le président du comité
des étudiants arabes en France. Nous déployâmes des efforts
inimaginables pour repérer sa prison située à 30 km de Paris.
En 1941, Paris n’avait pas encore des avions civils pour faire la ligne de
l’Orient. Ce jour là, deux avions militaires devaient voyager sur le Caire et
l’Afrique du nord. On permettait à un seul civil de voyager à bord de l’un de
ces deux avions, à condition d’avoir la permission de l’ambassadeur
américain à Paris. Après étude, notre choix se porta sur l’avion américain.
Nous pûmes avec la Puissance d’Allah le Très-Haut lui trouver une place
dans l’avion qui était en fait celle d’un officier américain qui, ne pouvant
faire le voyage céda sa place à al-Hâj Amîn qui portait un autre nom. Nous
l’amenions à l’aéroport, il prit l’avion sans anicroche à l’insu de
l’ambassadeur américain et sans son autorisation. Cela put se réaliser
grâce à l’officier américain qui lui céda sa place. Lorsque nous vînmes
l’avion décoller, nous poussions un ouf de soulagement. Nous restâmes
dans l’attente de la bonne nouvelle de son arrivée en lieu sûr. J’observai un
jeûne pour manifester ma soumission à Allah et pour exprimer ma crainte.
Il fut accueilli au Caire par ceux que nous avions préparés pour cette tâche.
Mohammad AmÎn
1049
al-HossaynÎ
Dans un premier temps, il descendit dans un endroit secret où il passa 10
jours sans que le monde ait la moindre nouvelle sur lui.
La nouvelle de sa fuite foudroya le gouvernement français. Il ne put se
rendre compte de son évasion que deux semaines après, et directement, je
fus mis aux arrêts et soumis aux enquêtes. Le chef des services secrets
des alliés le général Clayton inspecta en personne la ferme du premier
ministre Jamîl Mardam, dans la recherche de l’évadé recherché par les
trois armées. Et brusquement, al-Hâj Amîn fit son apparition au palais du
roi Fârouq qui ne put que lui souhaiter la bienvenue. »
Les frères musulmans et les leaders égyptiens loyaux déployaient des
efforts colossaux pour aider leurs frères palestiniens dans leur djihad
contre les Juifs et leurs suppôts anglais. Ils avaient même commencé à
leur acheter les armes abandonnées au désert occidental après la
deuxième guerre mondiale. Bien plus, beaucoup d’officiers égyptiens de
tendance islamique participèrent à l’entraînement des palestiniens à
affronter les bandes juives que les anglais entraînaient en Palestine et leur
fournissaient des armes légères et lourdes.
Cela n’était pas étrange de la part des frères musulmans. Car le lien
entre eux et le révérend mufti existait depuis 1930 quand l’imam martyr
Hassan al-Banna envoya As`ad al-Hakîm, `Abd al-Mo`izz `Abd as-Sattâr et
`Abd ar-Rahmân al-Banna rencontrer le mufti et lui proposer les services
des frères au peuple palestinien dans son djihad. Ils ramenèrent la réponse
du révérend mufti al-Hossaynî au guide suprême Hassan al-Banna.
En 1936, les frères musulmans lancèrent un appel partout en Egypte en
vue de faire des dons aux moudjahiddines de la Palestine. Ils organisèrent
une campagne baptisée : « Verse une piastre à la Palestine. » Ils
1050 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
s’éparpillèrent dans les mosquées du royaume égyptien et les places
publiques où ils prêchèrent et attirèrent l’attention des gens pour voler au
secours de leurs frères palestiniens. En 1936, Le grand homme des lettres
arabes Mostafa Sâdiq ar-Râfi`î commit un article dans le magazine ArRissâlat titré : Qissat al-Aydî al-Motawaddia, où il louangeait le djihad des
jeunes frères musulmans et leur collecte de dons destinés aux
moudjahiddines palestiniens. Ce fut au cours de la semaine déclarée
(Semaine de la Palestine). Le magazine Al-Ikhwân al-Moslimoun fit paraître
des numéros spéciaux sur (La Palestine blessée) et distribua des livres
traitant de (Le feu et la destruction en Palestine.) Ils réveillèrent les
sentiments du peuple égyptien ainsi que son enthousiasme pour voler au
secours de la Palestine au point qu’ils fâchèrent le gouvernement égyptien.
Pour plaire aux anglais influents en Egypte, le premier ministre déclara qu’il
était chef du gouvernement égyptien et non palestinien. La colère sincère
du peuple égyptien et sa révolution ardente en vue de soutenir leurs frères
palestiniens, avaient provoqué les anglais, sans oublier le ressentiment
que nourrissaient les égyptiens à leur endroit pour leur soutien aux Juifs.
Le 29/11/1947, date de promulgation de la résolution du partage de la
Palestine, les peuples arabes et islamiques se mirent en furie. Les
manifestations retentissantes embrasèrent le monde islamique. Les
intérêts étrangers furent l’objet d’agression de la part du public en colère.
La ligue arabe se hâta de tenir une conférence pour décider de l’entrée des
armées arabes en Palestine conformément au plan étranger mettant en
relief l’incapacité des armées arabes à faire face au Juifs, et leur
impuissance à empêcher l’établissement de l’état juif sur la terre de
Palestine.
Mohammad AmÎn
1051
al-HossaynÎ
Toutefois, les forces nationalistes avec à leur tête le mouvement
islamique, tinrent une conférence populaire au Caire au cours de laquelle,
Hassan al-Banna prit la parole, ainsi que Mohammad Sâlih Harb,
Mohammad `Alî `Alouba, `Abd al-Wâhid Sobol, Ahmad Hossayn et Sabrî
`Âbidîn représentant d’Amîn al-Hossaynî. Tous s’opposèrent à la ligue
arabe qui avait décidé de l’entrée des armées arabes en Palestine, car
elles devaient être obligées de se soumettre aux résolutions internationales
et de les appliquer car, ce sont ces mêmes pays qui avaient promulgué la
résolution injuste de partage.
Les leaders réunis lors de la conférence populaire appelèrent à armer le
peuple palestinien, à les approvisionner en aide nécessaire, à faciliter
l’acheminement de l’aide aux bénévoles issus des pays arabes et
islamiques afin de contribuer à défendre la terre sainte de Palestine. Mais
la conspiration suivit son cours et infiltra les armées arabes. La farce
déboucha sur la signature du premier armistice, puis un deuxième et un
troisième. Le général anglais Glubb Pacha prit de facto le commandement
de ces armées arabes qui se retirèrent et abandonnèrent le pays aux Juifs
qui ne se firent pas prier pour perpétrer des massacres et des carnages au
vu et au su du monde entier.
Position honorable:
Il est à noter que le grand poète islamique `Alî Ahmad Bâkthîr publia
dans le quotidien (Al-Ikhwân al-Moslimoun) du 18/4/1948, c’est-à-dire
moins d’un moins avant la déclaration de la naissance de l’état d’Israël,
deux lettres échangées entre le roi `Abd al-`Azîz ibn `Abd ar-Rahmân Âl
Sa`oud et le président américain Truman au sujet de la cause
palestinienne. Il mentionna la position honorable, franche et explicite du roi
1052 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
`Abd al-`Azîz par rapport à la cause palestinienne à un moment crucial de
son histoire difficile.
Le roi `Abd al-`Azîz fut très précis et déterminé dans sa lettre qu’il
envoya aux présidents américains au sujet de la cause palestinienne, et
mettant en garde contre les conséquences d’un soutien tout azimuts à
l’entité sioniste. La majorité de ces lettres fut publiée dans les livres qui
traitent de l’histoire du roi `Abd al-`Azîz dont le plus en vue est Chibh alJazîra fî `Ahd al-Malik `Abd al-`Azîz de Khayr ad-Dîn az-Zarkalî. La plus
ancienne de ces lettres est celle qu’il envoya au président Roosevelt le
29/11/1938 et dans laquelle il dit : « …La cause palestinienne est vue d’un
seul point de vue, c’est le point de vue des Juifs et des sionistes. Or le
point de vue des arabes est négligé… »
Il envoya également plusieurs lettres au président Truman le 15/9/1946,
le 1/11/1946, et le 25/2/1948. Il dit : « …Le droit naturel des arabes en
Palestine remonte à des milliers d’années. Les Juifs ne sont qu’un groupe
d’injustes, de tyrans et d’agresseurs. A cela s’ajoute le fait que les ambitions
qu’ils nourrissent ne s’arrêtent pas seulement en Palestine, mais englobe le
reste des pays arabes environnants, parmi lesquels certaines parties de nos
pays saints. A cette occasion, j’aimerais rappeler votre excellence que le
gouvernement britannique qui a formulé la promesse de Balfour est celui-là
qui a transféré les émigrants juifs en Palestine sous la protection de sa
baïonnette. C’est encore lui qui les a abrités ainsi que leurs leaders. Il ne
cesse de les couvrir de sa compassion et sa clémence… Le Saint Coran
dans lequel nous avons foi, et pour lequel nous vivons et mourrons, a
maudit les Juifs comme le firent la Thora et l’Evangile. Ce Coran nous oblige
à repousser leurs agressions sur la terre sainte avec nos âmes et nos biens,
et pour cela on n’acceptera de nous ni repentir ni rachat…
Votre collaboration flagrante avec nos ennemis sionistes et la position
hostile de votre gouvernement envers les arabes sont suffisantes pour nous
Mohammad AmÎn
1053
al-HossaynÎ
porter à rompre les relations entre nos pays, à annuler les contrats passés
avec les sociétés américaines et annuler des avantages que nous leurs
avons accordés. Mais nous avons choisi de ne pas se hâter dans la prise
d’une telle mesure, peut-être le gouvernement des Etats-Unis s’amendera-t-il
et rectifiera sa position par rapport à la cause palestinienne. Il cessera de
soutenir le mensonge flagrant pour soutenir la vérité évidente sans aucune
pression de notre part, et sans brandir la menace de rompre ses intérêts
économiques dans nos pays… »
L’avis des ulémas sur lui:
Le grand érudit Abou al-Hassan an-Nadawaî dit
dans son livre de valeur Chakhsiyyât wa kotob: « La
mort du révérend grand mufti al-Hâj Mohammad
Amîn al-Hossaynî est un incident qui a englobé et a
mis tout le monde islamique en furie.
Les
musulmans
des
ont
le
droit
de
s’échanger
condoléances comme les membres d’une famille qui
ont été frappés par la mort d’un parent ou d’un
éducateur. Le monde islamique a perdu le plus ancien et le plus éminent
moudjahid, le plus sublime héros de la cause de la Mosquée al-Aqsâ et de
Jérusalem. Avec sa mort, le livre du djihad et de loyauté envers la foi et la
pensée et la fidélité au principe et à l’objectif s’est refermé. Nous fûmes
heureux de la visite qu’il effectua à Nadwa al-`Olamâ’ à Lucknow en 1933
avec son grand camarade le professeur Mohammad `Alî `Alouba lors d’une
tournée de Da`wa à l’université islamique. Puis je le rencontrai au Caire et
à Médine.
Abou Salâh ad-Dîn ! Moudjahid de Palestine ! Qu’Allah t’accorde la
miséricorde qu’il accorde aux hommes purs et vertueux, aux loyaux
véridiques, et aux moudjahiddines impavides. Tu as quitté ce monde sans
avoir atteint ton objectif, bien plus, tu as rejoint ton seigneur étant affligé
par ce que tu avais vu durant les derniers jours de ta vie. Tu as rejoint ton
1054 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
seigneur avec un cœur blessé, triste, abattu, mécontent, non satisfait de
ton peuple qui était d’accord pour déposer les armes et d’avoir pour butin le
retour. Il a laissé la mosquée al-Aqsâ et Jérusalem comme elles étaient.
Actuellement tu te trouves sous l’aile de la miséricorde d’Allah où tu es
récompensé pour ton œuvre et ton djihad. Tu n’auras pas à répondre de
l’acte poser par l’autre.
Quand je t’ai visité au Caire le 7/8/1370H = 13/5/1951, tu m’as parlé de
l’histoire du djihad en Palestine et des désirs manifestes des Juifs, jusqu’à leur
aspiration à occuper Médine, Khaybar et les anciennes colonies juives. Ils le
revendiquent clairement car, bien préparés et prédisposés à cela. L’hypocrisie
des anglais et leur ruse envers les musulmans et l’esprit de la croisade sont
tapis dans leurs cœurs ; bien plus, ils transparaissent dans leurs dires et leurs
actes : La haine certes s'est manifestée dans leur bouches, mais ce que
leurs poitrines cachent est encore plus énorme.  (Âl Imrân: 118)
A cela s’ajoute la naïveté des musulmans et leur promptitude à se
laisser berner, les erreurs des pays arabes et leur négligence vis-à-vis de
leur destin, les dangers sionistes qui menacent leur entité, les rois arabes
qui sont préoccupés par leurs corps et leur opulence, le crime de la ligue
arabe sur la cause palestinienne en acceptant de parrainer cette cause et
en se désintéressant bien après, la privation du peuple palestinien
combattant des armes et l’octroi des régions arabes aux Juifs. Le mufti,
qu’Allah lui fasse miséricorde, avait louangé l’imam martyr Hassan alBanna qu’Allah lui fasse miséricorde, de même que les frères musulmans
combattant en Palestine. Il louangea leur virilité, la force de leur foi et leur
zèle en ces termes: «L’un d’eux combattait une dizaine de juifs. »
Mohammad AmÎn
1055
al-HossaynÎ
Le mufti al-Hâj Mohammad Amîn al-Hossaynî en compagnie du roi Faysal
Cheikh Mohammad Zohayr ach-Châwîch dit:
« Je ne connais pas de leader arabe qui ait le même rang qu’al-Hâj
Amîn, qu’Allah lui fasse miséricorde. Il était doté d’une vision claire et
saine, et d’une fermeté qui ne le faisait pas reculer d’un pouce devant la
vérité. Il peut s’enorgueillir. Je l’ai entendu plus d’une fois parler du Sultan
`Abd al-Hamîd, dans un langage empreint de profondeur et de maturité
politique, qui ne répondit pas à la demande des Juifs de leur promettre de
créer une nation propre à eux. Il leur dit : « La Palestine n’est pas ma
propriété pour que je vous taille une partie. Elle est plutôt un bien islamique
de mainmorte appartenant à toute la communauté islamique. »
Al-Hâj Amîn pensait que notre vie politique devrait se fonder sur les
bases saines barrant la voie aux germes de la corruption, et axées sur les
piliers de l’Islam. Il pensait que dans notre combat en Palestine, nous
avions perdu beaucoup de notre force lorsque nous avions ignoré les
musulmans. »
Le révérend al-Hâj Amîn al-Hossaynî n’a jamais ménagé d’effort sur
tous les plans, que ce soit dans le domaine populaire et officiel que le
domaine arabo islamique et international. Malgré son âge avancé,
l’énormité des événements, la force des ennemis, le petit nombre de
1056 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
sympathisants, la lutte féroce menée par les adversaires et la fissure du
front interne, l’infatigable moudjahid continuait à croire que le remède se
trouve dans ce que l’Islam a légiféré. C’est-à-dire le djihad qui est le
summum de l’Islam. C’est de là qu’on peut comprendre son rôle dans le
soutien apporté à tout acte djihadiste visant les Juifs considérés comme les
germes de la corruption dans le monde et les vers qui rongent les sociétés.
Ils n’ont pour seul remède que d’être tués et exterminés de la terre, car ils
sèment la corruption sur terre depuis la nuit des temps.
La dernière visite que je lui rendis:
Je l’ai visité à Beyrouth à ses derniers jours, en compagnie de mes
frères koweitiens, syriens et égyptiens. J’ai trouvé ce cheikh majestueux,
cet homme d’un âge mûr et vénérable, pétillant d’un zèle dépassant celui
des jeunes. Il exposait les choses et analysait les événements avec l’œil
d’un critique clairvoyant, d’un politique émérite et d’un connaisseur
expérimenté. Son testament était que l’espoir ne se perde jamais, qu’on
respecte le pacte de continuer le djihad. Que l’étendard de l’Islam soit haut,
et que la génération actuelle la passe à la suivante jusqu’à ce qu’Allah
tranche et réalise Sa promesse. La victoire arrive sans conteste, la
puissance est à Allah, à Son Messager et aux croyants. Soyons confiants
en la promesse d’Allah, améliorons notre façon d’avoir confiance en Lui,
vouons Lui notre intention. Et Allah est souverain en Son Commandement :
mais la plupart des gens ne savent pas.
Sa mort:
Allah le rappela à Lui à Beyrouth le 14/6/1394H = 4/7/1974. Il fut inhumé au
cimetière des martyrs à al-Marj. Le monde islamique le pleura. Il était un
leader hors pair, un homme ferme qui résistait à la promesse et à la menace
Mohammad AmÎn
1057
al-HossaynÎ
de châtiment, à l’incitation et à la menace. Il ne céda pas un seul poil des
droits des musulmans et leurs lieux saints en Palestine. Il ne négligea pas un
empan de la terre des musulmans et ne vendit pas la terre et l’honneur à vil
prix comme le font les gens défaits qui abdiquent, les esclaves du Dinar et du
strapontin qu’ils quémandent auprès de la racaille, des collabos, des soushommes, ces nains farceurs, ces poupées animées et ces pions. Les Juifs ne
redoutèrent aucun homme comme lui ; ils ne haïrent aucun homme comme
lui, ils ne combattirent aucun homme plus que lui. La Grande Bretagne exulta
de joie à sa mort ; le journal britannique Times publia un article dans lequel il
commenta la mort d’al-Hâj al-Hossaynî comme suit : (L’ennemi du sionisme et
de l’empire britannique est mort.)
Abou Salâh ad-Dîn ! Qu’Allah te fasse miséricorde abondamment. Qu’Il
t’accorde la récompense qu’Il accorde à Ses serviteurs vertueux, pour ce
que tu as fait pour l’Islam et les musulmans en défendant leurs lieux saints.
Qu’Il nous réunisse ensemble dans le Jardin de délices aux côtés des
prophètes, des martyrs et des vertueux. Quels meilleurs compagnons que
ceux-là ! Louange à Allah Seigneur de l’univers.
1058 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Mohammad Amîn al-Hossaynî/ Mohammad Sâdiq al-Mojaddidî, l’ambassadeur saoudien
Mohammad ach-Chabîlî
Le compagnon de route le martyr
Mohammad as-SawâbÎ
ad-DÎb
(1347-1375 H = 1927-1955)
Comment je l’ai connu:
Je l’ai connu quand j’ai rejoint la faculté de charia
à Al-Azhar en 1949 grâce à mes frères Mohammad
as-Saftâwî, Ahmad al-`Assâl, Ahmad Hamad, et
d’autres camarades de faculté qui le louaient
beaucoup et mentionnaient sa conduite, ses qualités,
sa foi, sa virilité, sa sincérité et sa loyauté. Cela fit
grandir mon amour pour lui et me rapprocha
Il n’hésitait
pas à être
vaillant là où
il fallait faire
montre de
virilité et sur
les fronts de
davantage de lui. Il était l’archétype du jeune vertueux et
un de mes rares camarades à la faculté.
Il avait de la prédilection pour moi et les autres étudiants étrangers en
Egypte dans son amour, ses services, ses aide-mémoire et ses cours pris
en fac.
1060 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
J’ai participé avec lui aux excursions de Da`wa, de sport et de tourisme
à Hélouân, à al-Ma`âdî, au mont al-Moqattam, à al-Qanâtir al-Khayriyya et
aux pyramides. Il était leste et rapide dans la course et le saut tel une
gazelle. Car, il faisait partie des commandos et des moudjahiddines en
Palestine en 1948, malgré son jeune âge. Lorsque la guerre contre les
anglais déclencha, il était parmi les piliers de l’entraînement des étudiants
au camp universitaire d’Al-Azhar. Il participa également aux opérations
djihadistes contre les forces britanniques au canal de Suez et fut parmi les
premiers volontaires.
J’ai beaucoup appris de lui quand nous étions camarades en fac et dans
des entraînements au camp, les excursions estudiantines et les tournées
de Da`wa. Il était un modèle pour tous les étudiants.
Le frère aimé Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb était un travailleur calme et
un moudjahid sincère. Il avait pour qualités la pondération, la Da`wa, la
morale noble et vertueuse, les sentiments doux et sincères. Il avait un
grand amour pour ses frères et sa sacrifiait à leur service avec humilité et
pudeur, sans affectation ou forfanterie.
Il était un des modèles nobles de cette Da`wa bénie qui avait pris le
départ sous l’orientation du rénovateur du quatorzième siècle hégirien en
Egypte, l’imam martyr Hassan al-Banna, qu’Allah lui fasse miséricorde.
Il était sérieux dans ses études et ferme dans ses positions. Il ne reculait
pas devant le mensonge quoique fût sa tyrannie et son orgueil. Il n’hésitait
pas à être vaillant là où il fallait faire montre de virilité et sur les fronts de
djihad.
Il était très poli dans son dialogue et sa conversation avec ses
professeurs et ses camarades. Il disait ce qu’il pensait être vrai et se pliait
Mohammad asSawâbÎ ad-DÎb
1061
à la force de l’argument et la netteté de la preuve. Il ne s’entêtait pas et ne
louvoyait pas, mais suivait la vérité où qu’elle se trouvait. C’est pour cela
qu’il gagna l’amour et le respect de tous, pour son dédain des feux de
projecteur et des apparences, et son choix du travail calme et d’être peu
loquace sauf en cas de nécessité.
Toujours en contact avec les étudiants, il leur exposait la Da`wa de la
vérité, la force et la liberté. Il les exhortait à s’y engager et à la rejoindre. Il
accordait de l’importance aux étudiants étrangers d’Al-Azhar venus de
toutes les contrées du monde islamique et avait de la prédilection pour eux,
et ce en leur offrant tout ce qui était à son pouvoir pour les études et les
services publics.
Ma relation avec lui s’était raffermie
au fil des jours à tel point que nous
nous rendions visite. Mais après ma
sortie
d’université
et
mon
retour
d’Egypte en 1954, je fus coupé de ses
nouvelles et celles des autres frères
camarades, vu l’atmosphère effroyable
dans laquelle vivait l’Egypte sous le
Le cheikh Hassanayn Makhlouf
règne du tyran Abdel Nasser , qu’il
reçoive ce qu’il mérite auprès d’Allah.
Puis, nous apprînmes des médias et des hommes dignes de confiance et
magnanimes les drames et les épreuves que les prédicateurs avaient
subies. Des centaines avaient péri sous la torture et à la potence, ceux qui
pouvaient fuir l’injustice s’étaient sauvés, ceux qui pouvaient se cacher
l’avaient fait. Longtemps poursuivi, le frère martyr rasait les murs et habitait
les cimetières avec les morts, jusqu’au moment où Allah le guida à ses
1062 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
réfugier chez un homme magnanime et noble, un grand savant d’Al-Azhar
qui le garda chez lui, lui réserva un bon accueil et le traita comme un père
traite ses enfants. Ce savant fut au sommet de la loyauté, de la générosité
et de la grandeur d’âme qu’on n’est pas habitué à trouver chez les ulémas
du pouvoir et les mercenaires et pseudo savants qui suivent les injustes et
troquent la religion contre le bas monde. Ceux qui combattent les
prédicateurs pour plaire au gouvernant injuste qui les a subjugués et fait
d’eux des trompettes qui chantent sa gloire, mentionnent ses œuvres,
justifient son injustice et sa tyrannie et interprètent la religion selon ses
passions !
Savant et travailleur:
Le révérend grand cheikh et mufti d’Egypte Hassanayn Mohammad
Makhlouf est l’exemple magnifique du savant travailleur dans notre ère. Il
est si grand qu’on n’a plus besoin de le présenter. Sa bonne réputation et
sa conduite agréable sont connues pas seulement en Egypte, mais dans le
monde arabo islamique. Durant toute sa vie, l’érudit cheikh Makhlouf était
une fierté pour le monde musulman et l’exemple de virilité d’un prédicateur.
Il, qu’Allah lui fasse miséricorde, était du nombre des serviteurs d’Allah
pieux et vertueux, qui disaient la vérité et soutenaient ceux qui appelaient à
la vérité et étaient véridiques, et travaillaient avec la vérité ne recherchant
que la satisfaction d’Allah et Sa récompense. Nous n’avons pas l’intention
de le blanchir auprès d’Allah.
Le frère martyr et camarade Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb vécut dans
la clandestinité jusqu’en décembre 1954. Un jour, à 15H, il frappa à la porte
du domicile de l’érudit cheikh Hassanayn Makhlouf mufti d’Egypte, sis à la
rue Najîb Pacha à Kobrî al-Kobba au Caire.
Mohammad asSawâbÎ ad-DÎb
1063
Quand le domestique ouvrit la porte, il revint dire au cheikh :
-Un jeune homme barbu habillé en loques voudrait vous rencontrer
Le cheikh Makhlouf dit lui-même : «Je fis étonné et crus qu’il s’agissait
d’un passant.
Quand le jeune homme est entré, je ne l’ai pas d’abord rencontré, le
domestique lui a servi le dîner qu’il a dégusté avec beaucoup d’appétit
comme s’il n’avait pas mangé depuis longtemps. Après le dîner, j’ai cru
qu’il allait partir, mais il insista à me rencontrer. Lorsque je le vis, au
premier abord je crus qu’il demandait une aumône, car il portait des
haillons et présentait des signes de fatigue.
Il commença par se présenter… Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb étudiant
à la faculté de charia à l’université Al-Azhar. Je tressaillis lorsqu’il me dit :
« Je faisais partie des volontaires frères musulmans pendant la guerre de
Palestine et du canal.» Les frères musulmans étaient en 1954 au faîte de
leurs épreuves et le vocable «frère musulman» avait pour synonyme
arrestation, prison, torture, procédures judiciaires, etc.»
Le cheikh dit : «Le jeune homme me regarda avec douceur et dit à voix
basse mais forte : «Je fais face à une épreuve et j’ai besoin de toi, un
mandat d’arrêt est lancé contre moi, j’ai passé plus d’un mois dans la
clandestinité caché dans les cimetières le jour, la nuit je sors rechercher
quoi manger…Je hais la vie entre les morts, je veux vivre avec les vivants,
veux-tu m’accepter ?»
Je fus ahuri, dis cheikh Makhlouf, et ne retrouvai mes sens que lorsque
le jeune homme dit: Qu’en pensez-vous ? Je luis demandai la permission
et allai où se trouvaient mes enfants, Dr `Alî et ma fille Zaynab, toujours
1064 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
ahuri. Mes enfants le constatèrent et me demandèrent directement :
« Qu’as-tu père… Qu’est-ce qui se passe ? » Je leur narrai l’histoire, et
subitement je me vis entrain de répéter : Oui, il est sincère, il est sincère, il
est sincère.
Je dis à mes enfants: Je suis certain que ce jeune n’est pas un policier ou
un membre des services secrets qui est venu nous tester. Je suis sûr qu’il
est sincère, il est sincère. Je ne peux pas, dit-il, repousser un demandeur
d’aide qui se trouve dans une telle épreuve. Je suis sûr qu’il est victime
d’injustice, j’ai donc décidé de l’accepter. Mais ce qui m’inquiète c’est ce
que vont vous faire les appareils des services secrets et d’état lorsqu’ils
découvriront qu’il est avec nous, car à l’époque une loi républicaine
punissait toute personne qui gardait un frère musulman recherché, celle-ci
s’exposait à quinze ans de travaux forcés. Après un silence, mon fils `Alî
dit : Fais ce qui te semble juste côté islamique et Allah nous protégera
tous. Cheikh Makhlouf dit : Je sortis donc avec mon fils `Alî et le présentai
au martyr as-Sawâbî et l’informai qu’on avait décidé de l’accepter avec
nous, et que cela était un honneur pour moi. Je vis les signes de
soulagement et de tranquillité sur le visage du martyr… Je me rappelle
toujours de son sourire brillant jusqu’à nos jours.
Nouvelle personnalité:
Le martyr fut médusé quand mon fils Dr `Alî dit: « Tu dois renaître à
partir de maintenant avec une nouvelle personnalité, ta personnalité
actuelle doit être enterrée. » Dr `Alî Makhlouf qui est chef de département
de gynécologie et d’accouchement à la faculté de médecine de l’université
`Ayn Chams ajoute : Il était impossible de garder le martyr Mohammad asSawâbî ad-Dîb, surtout dans notre quartier réputé pour le grand nombre
d’officiers de police qui y habitaient. La solution était qu’on donne une
Mohammad asSawâbÎ ad-DÎb
1065
nouvelle personnalité au martyr ad-Dîb. La meilleure façon de dissimuler la
personnalité de quelqu’un c’es de le faire apparaître avec une nouvelle
personnalité en gardant naturels tous ses comportements. Quand à la fuite
et la clandestinité loin des regards de la police et des gens, cela est un
moyen voué à l’échec qui finit toujours par être éventé tôt ou tard.
Nous tombâmes d’accord que le martyr travaille comme secrétaire de
mon père, car il avait effectivement besoin d’un secrétaire, puisqu’à
l’époque il était mufti de l’Egypte. Il recevait beaucoup de questions sur la
religion en plus de livres qu’il composait. Nous hésitions sur le nom que
nous voulions lui attribuer, en fin de compte, mon père dit au martyr :
Puisque tu es sincère dans tous tes comportements et tes paroles, dès
aujourd’hui tu t’appelles Sâdiq efendi. Cela suscita notre hilarité.
Le lendemain, le martyr Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb était devenu un
autre homme ; apparence propre, barbe rasée, teint blanc, grands yeux,
taille moyenne et mince de corps.
Cheikh Hassanayn Makhlouf dit: Le plan mis sur pied pour masquer le
martyr réussit à merveille. Nous diffusâmes à tous les membres de la
famille que j’avais eu un nouveau secrétaire répondant au nom de Sâdiq
efendi. Quatre personnes seulement connaissaient le secret : Moi, mon fils
Dr `Alî, ma fille Dr Zaynab et l’épouse de mon fils Dr So`âd al-Hodaybî qui
n’hésita pas à souhaiter la bienvenue au martyr, malgré le fait que son père
le guide suprême des frères musulmans Hassan al-Hodaybî et tous ses
frères étaient en prison.
Cheikh Hassanayn Makhlouf ajoute: Le martyr Mohammad as-Sawâbî
ad-Dîb ou Sâdiq efendi était en réalité un excellent secrétaire qui m’aida
dans mon travail, surtout sur les livres que j’avais publiés à l’époque. Le
1066 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
martyr m’accompagnait toujours partout où j’allais, je le considérait
exactement comme un secrétaire particulier.
Sâdiq efendi passa huit mois avec les membres de la famille du cheikh
Hassanayn Makhlouf comme s’il était un d’eux. Il mangeait et vivait avec
eux. Le cheikh lui demandait régulièrement de répondre aux nombreuses
questions religieuses qu’on lui envoyait en tant que mufti de l’Egypte. Le
martyr habitait une dépendance sise au jardin du domicile et composée
d’un salon, d’une grande bibliothèque, d’une chambre à coucher, d’une
salle de bain, le tout apprêté uniquement pour Sâdiq efendi.
Cheikh Hassanayn Makhlouf dit : Un jour d’été en 1955, si je me
rappelle bien, Sâdiq efendi vint me voir et me dit qu’il voulait voyager en
Arabie Saoudite pour y travailler. Je voulus en vain lui faire changer d’avis,
mais il insista et me dit qu’un homme lui avait préparé le voyage par bateau
Suez-Djedda.
Peu rassuré, je demandai à mon fils Dr `Alî de le convaincre de ne pas
voyager, mais sans succès. Il dit qu’il voulait s’exiler là-bas pour sortir de
l’anxiété dans laquelle il vivait en tant que fugitif, malgré le fait que la
personnalité de Sâdiq efendi lui allait bien. Le martyr nous quitta en nous
promettant de nous envoyer un télégramme une fois arrivé en Arabie Saoudite
histoire de nous rassurer. J’avais envoyé une lettre au regretté Mohammad
Sorour as-Sabbân, conseiller du roi Sa`oud, pour lui demander de lui trouver
un travail dès son arrivée. Un mois avait passé après le voyage du martyr,
nous ne reçûmes aucun télégramme nous informant de son arrivée.
Dr `Alî Hassanayn Makhlouf dit: Toute la famille était inquiète, puisque
j’étais le plus calme, je tentais de les rassurer, en vain. Je perdis mon sang
froid un jour quand mon épouse Dr So`âd al-Hodaybî m’informa qu’elle
Mohammad asSawâbÎ ad-DÎb
1067
avait entendu sur les ondes de la radio London qu’on avait arrêté deux
frères musulmans dans le bateau à Suez en partance pour Djedda sans
toutefois mentionner leurs noms. Nous sentînmes que le martyr
Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb était l’un d’eux.
La version de Wahbî al-Fîchâwî:
Le frère Wahbî al-Fîchâwî qui fut directeur de l’imprimerie d’Egypte
narre que : Après son arrestation, le martyr Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb
fut incarcéré avec nous dans la cellule numéro 4 à la prison militaire. C’est
un irakien qui nous informa qu’il avait été arrêté. Les soldats de la prison
de guerre infligeaient au martyr une torture cruelle. Il fut incarcéré dans une
cellule appelée cellule du coin réservée uniquement à la torture. Ils ne le
laissaient jamais dormir. Le martyr était celui qui était le plus torturé parmi
nous. Les criminels de la prison ne le laissaient pas, même à des heures
de repos.
Dr So`âd al-Hodaybî, la fille du professeur Hassan al-Hodaybî guide
suprême des frères musulmans dit: Je suis allée un jour à la prison remettre
quelques effets à mon père. A ma sortie du bureau du directeur de prison
Hamza al-Bassyounî, j’ai vu le martyr Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb qu’on
prenait en photo pour lui établir le carnet d’accusation. J’ai réfréné un cri
que j’allais pousser et suis rentrée précipitamment informer mon époux de
ce que j’avais vu. « Nous sommes mal partis ! » S’écria-t-il. Il arrangea la
valise qu’il allait amener avec lui en prison. Car, à chaque instant, nous
nous attendions à ce que la police militaire et les services secrets généraux
viennent nous arrêter.
Dr `Alî Makhlouf dit: J’avais peur pour mon père cheikh Hassanayn
Makhlouf, surtout qu’il était un sexagénaire. Il ne pouvait pas supporter les
horreurs de la prison de guerre. C’est pour cela que moi et mon épouse ne
1068 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
le quittions pas de jour comme de nuit, car on s’attendait à chaque moment
que la police fasse une descente chez nous.
L’érudit cheikh Makhlouf dit: « Je n’avais jamais imaginé que le martyr
Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb pouvait supporter cette torture inimaginable
à cause de moi. Je n’imaginais pas qu’il pouvait se sacrifier pour moi. En
vérité, c’est cela la vraie éducation de l’Islam. »
Dr So`âd al-Hodaybî dit: Nous nous sommes tous étonnés quand au fil
des jours, la police n’avait pas fait une descente chez nous comme nous
nous y attendions. Un jour, j’allai visiter mon feu père Hassan al-Hodaybî à
la prison de guerre. Je m’enquis auprès de lui de la situation de
Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb qu’il connaissait, vu qu’il était membre des
frères musulmans. De plus, son village Chibîn al-Qanâtir était proche de
celui de mon père `Arab as-Sawâliha à al-Qalyoubiyya. Mon père secoua
la tête pour manifester son affliction et m’informa qu’il avait regagné le
monde des martyrs. Il ajouta que : Ce qui m’a étonné c’est que ses
tortionnaires ne lui posaient qu’une seule question : « Où étais-tu passé ? »
Il ne répondait qu’avec les versets coraniques au point qu’ils lui brisèrent la
colonne vertébrale, ses os et ses côtes se découvrirent. L’infirmier de la
prison sortait du lieu où on le torturait avec un récipient rempli de sang.
Le frère Wahbî al-Fîchâwî dit: Certains frères prisonniers qui nous
distribuaient la nourriture nous informaient de l’état de la prison et de ceux
qu’on y torturait. Un jour, un autre m’informa que la blessure de
Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb était très grave et purulente, et que son état
s’était tellement empiré que les insectes circulaient dans ses plaies, et qu’il
avait refusé de manger après qu’on avait refusé de lui donner de l’eau.
Quelques jours après cette conversation, toutes les lumières de la prison
Mohammad asSawâbÎ ad-DÎb
1069
de guerre furent éteintes une nuit, je vis à travers le trou de ma cellule les
gardiens de prison portant un corps enveloppé dans la couverture qu’ils
placèrent dans une Jeep fermée. Je sentis qu’il s’agissait du martyr
Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb, et je me dis : Tu t’es reposé et a gagné le
paradis s’il plaît à Allah.
Cheikh Hassanayn Mohammad Makhlouf, mufti de l’Egypte et l’un des
derniers prédécesseurs pieux, conclut son histoire sur le héros martyr avec
ses ces termes : « Si le martyr a été éduqué par les frères musulmans, je
joins ma voix à celle des ulémas d’Al-Azhar pour réclamer le retour des
frères musulmans, car ils ont une meilleure éducation. »
C’est comme cela qu’était mon frère et mon compagnon de route le
martyr Mohammad as-Sawâbî ad-Dîb. Cela est un abrégé de sa biographie
et de son djihad. Nous souhaitons qu’elle soit un modèle que les jeunes
d’aujourd’hui vont imiter afin de savoir comment l’Islam forge ses hommes,
et à quel type de prédicateurs appartiennent ceux qui sont sortis de l’école
de l’imam martyr Hassan al-Banna.
Nous implorons Allah le Très-Haut qu’Il étende Sa miséricorde su lui et
nous fasse entrer au paradis aux côtés des prophètes, des véridiques, des
martyrs et des vertueux. Quels meilleurs compagnons que ceux-là !
Le prédicateur moudjahid le martyr
Mohammad
FarghalÎ
(1326-1374H = 1906-1954)
Comment je l’ai connu:
J’ai connu le prédicateur moudjahid cheikh
Mohammad Farghalî pour la première vers la fin de
l’an 1949 quand je fus en Egypte pour les études
universitaires. Je l’ai connu comme orienteur des
frères
et
animateur
des
régiments,
des
campements, des familles et des excursions. Un
groupe de leaders des frères se relayait à cette
tâche, à l’instar d’al-Bahî al-Khoulî, `Abd al-`Azîz
Kâmil,
Mohammad
Farghalî,
Mohammad
`Abd
La seule
évocation de son
nom faisait
trembler les
anglais, les juifs
et les collabos. Ils
mirent sa tête à
prix à quiconque
pouvait le leur
al-Hamîd
Ahmad,
Mohammad al-Ghazâlî, Sayyid Sâbiq et bien d’autres.
Je voyais en lui la majesté, la fierté du croyant et la jurisprudence du
moudjahid. Il parlait doucement et avec des mots concis mais hautement
significatifs et ayant une visée profonde. Ces mots renfermaient la
tendresse, la bienveillance et l’amour envers les frères, la confiance et la
1072 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
tranquillité vis-à-vis du soutien d’Allah à cette religion et à Ses serviteurs
croyants s’ils sont sincères à Lui et Lui vouent exclusivement leur intention.
Il minimisait les ennemis d’Allah que furent les anglais, les juifs et autres
suppôts et corrompus et les taxait d’esclave du matériel, de la passion, des
plaisirs et des suspicions. Il insistait sur le fait que les programmes
d’éducation chez les frères étaient capables de forger le vrai musulman,
car émanant du Livre et de la Sunna en plus du consensus de la
communauté. Ils étaient capables de préparer une génération croyante et
combattante qui défierait courageusement l’impiété dans toutes ses
formes, et qu’aujourd’hui, on devrait masser des milliers de jeunes croyants
issus de tous les coins du monde arabo islamique sur le front, afin qu’ils
occupent la scène et défient les corrupteurs sur terre qui avaient profité du
vide pour prendre le domaine d’assaut et causer des dégâts sur terre. Leur
mensonge s’était propagé, leur voix s’était élevée, ils eurent l’audace de
s’en prendre à la religion et à ses adeptes et avilirent la communauté. Car,
lorsque le peuple est désarmé de la vérité et de la force, il se fait dominer
par les auxiliaires de la colonisation et ses collabos que son les
gouvernants mercenaires. Ils tournent dans l’orbite des ennemis,
combattent les prédicateurs et entravent la force et la liberté, la Da`wa de
la vérité qui est l’Islam sublime rénové en Egypte par le rénovateur du
quatorzième siècle de l’hégire, l’imam martyr Hassan al-Banna.
Face aux tyrans:
Le cheikh moudjahid Mohammad Farghalî était un homme intraitable,
doté d’une foi inébranlable, résolu, fuyant les apparences, préférant le
travail à la parole, aimant tout le monde, se sacrifiant au service des
1073
Mohammad FarghalÎ
pauvres qu’il soutenait dans la quête de leurs droits et soulageait de
l’injustice.
Il défiait les injustes et les tyrans qui opprimaient les faibles ; il les
combattait avec force et résistance. C’est pourquoi ils le redoutaient et
tramaient mille et un stratagèmes contre lui. La seule évocation de son
nom faisait trembler les anglais, les juifs et les collabos. Ils mirent sa tête à
prix à quiconque pouvait le leur livrer vivant ou mort.
Mes camarades d’université me parlaient de cet homme exceptionnel et
de ce prédicateur moudjahid, de l’amour que l’imam al-Banna avait pour
lui, et la confiance qu’il plaça dans Allah et dans lui dans des tâches
importantes et des événements énormes. Il fut le meilleur homme partout
et en toute tâche.
Cheikh Mohammad Farghalî constituait une partie importante de
l’histoire du mouvement international des frères musulmans depuis sa
naissance, depuis qu’il y adhéra très tôt et qu’Allah l’honora en le faisant
tomber en martyr des mains du pharaon d’Egypte, le tyran Abdel Nasser, le
collabo des juifs et des croisés et la fabrication américaine.
Les frères musulmans, vieux et jeunes, vénéraient ce grand homme que
fut cheikh Farghalî ; ils l’aimaient et lui étaient fidèles vu ses bons
caractères et ses qualités viriles.
Ses entretiens dans les camps, les régiments, les campements et les
familles des frères accrochaient les cœurs de l’auditoire, vu leur véracité,
leur clarté, leur simplicité, la saveur, la foi et la loyauté qu’ils renfermaient.
Son cœur s’adressait aux cœurs et les esprits se parlaient. Il éveillait les
1074 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
sentiments, émotionnait et appelait au travail sérieux et assidu dans la voie
d’Allah et pour la cause des faibles sur terre. Il expliquait aux frères que les
ennemis de l’Islam que sont les juifs, les croisés et les colons étaient
tellement insignifiants et vils qu’ils ne pouvaient pas résister devant la
détermination des croyants, et que les expériences des guerres menées
contre eux en Palestine avaient mis à nue leur couardise, leur abdication et
la fragilité de leur force. Ils fuyaient tels des rats affolés devant les
moudjahiddines frères musulmans. N’eût été la conspiration internationale
et l’abdication de certains régimes arabes et musulmans, la Palestine ne
serait jamais perdue, ni les anglais, ni les français, ni les américains
n’auraient aucune présence dans les pays islamiques.
Le professeur `Abbâs as-Sîssî dit dans son livre de valeur Fî Qâfilat alIkhwân al-Moslimîn :
« Cheikh Mohammad Farghalî était un des appeleurs à l’Islam de la
première génération des frères musulmans. Il travailla avec l’imam martyr
Hassan al-Banna depuis le début de sa Da`wa à Ismailiyya. Puis l’imam
martyr lui confia de hautes responsabilités. Il répondit à tout le bien qu’on
pensa de lui, car il se mit sérieusement au travail dans une ville où les
forces d’occupation britannique campaient de toutes parts. Il fit trembler la
terre sous leurs pieds… »
L’imam martyr Hassan al-Banna dit dans Modhakkirât ad-Da`wa wa adDâ`iya, à propos du cheikh Farghalî: « Après la construction de la mosquée
demandée par les travailleurs à la société de la carrière de gypse à
Ismailiyya, le révérend professeur cheikh Mohammad Farghalî qui à
l’époque était enseignant à l’institut Hirâ’, y fut délégué comme imam et
1075
Mohammad FarghalÎ
enseignant. Le professeur Farghalî arriva et réceptionna la mosquée, on lui
avait construit une maison à côté. Il relia son esprit fort et touchant à celui
de ces travailleurs agréables. Il ne fallut que quelques semaines pour que
leur niveau intellectuel, psychologique et social s’élève étonnamment. Ils
avaient saisi leur valeur intrinsèque et avaient su la haute place qu’occupait
leur profession dans la vie et avaient aussi apprécié la vertu de leur
humanité. Il arracha la peur, l’humiliation, la faiblesse et l’avilissement de
leurs cœurs. Ils furent fiers de leur foi en Allah et d’avoir saisi l’importance
de leur profession humaine dans cette vie où ils étaient des vicaires d’Allah
sur terre. Ils mirent du sérieux dans leur travail en s’inspirant de cette
parole d’Allah, prière et salut sur lui, qui dit : « Allah aime que l’un de vous
fasse bien un travail qu’il a à effectuer. » Ils s’abstinrent de tout ce qui ne
leur était pas destiné ; ils ne furent pas prisonniers des désirs insignifiants
et ne furent pas enchaînés par des plaisirs vils. L’un d’eux se tenait
poliment et tête haute devant son chef, fier et majestueux, lui parlant avec
argument et logique, ne proférant pas et n’acceptant pas qu’on lui tienne
des propos déplacés et bruts, et n’acceptant pas tout ce qui est humiliant et
dégradant comme ce fut le cas par le passé. Il s’étaient rassemblés dans la
fraternité et s’étaient unis dans l’amour, le sérieux et la loyauté. Il paraît
que cette politique ne plut pas aux chefs. Ils virent que si une telle situation
perdurait, le pouvoir allait échoir à ce cheikh et personne ne pourrait plus ni
le contenir ni contenir les travailleurs.
Animés par cette idée, les dirigeants de la société pensèrent au renvoi
du cheikh fougueux. Le chef exécutif le fit venir et lui dit : Le directeur m’a
informé que la société a mis fin à tes services et qu’elle pense pouvoir
1076 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
déléguer un travailleur à ta place à la mosquée. Voici donc ta paie que
nous te devons jusqu’à ce jour, conformément aux instructions du
directeur.
Le cheikh répondit calmement : Monsieur François, je ne savais pas que
j’étais employé à la société de gypse d’al-Balâh. Si je l’avais su, je n’aurais
jamais accepté ce travail. Je sais que je suis employé par les frères
musulmans d’Ismailiyya et que je touche mon salaire d’eux par votre
truchement. C’est sur cette base que j’ai signé un contrat avec eux. Donc,
je ne toucherai aucun salaire de toi ni aucune addition. Je n’abandonnerai
pas mon poste à la mosquée, même avec la force, sauf si le président de
l’association qui m’a délégué ici me l’ordonne. Il est avec vous à Ismailiyya,
entendez-vous avec lui comme bon vous semble. Il demanda la permission
et s’en alla. »
Argument raisonnable:
L’imam al-Banna ajoute dans son mémoire: « La direction tomba des
nues, je patientai quelques jours, peut-être accepterait-il son salaire. Mais
lorsqu’il m’avait joint à Ismailiyya, nous lui dînmes de maintenir sa position
et de ne pas quitter son poste quoi qu’il arrive. Son argument était
raisonnable, ils ne lui devaient rien. La société eut recours à la direction qui
à son tour joignit Monsieur Maino au gouvernorat du Canal ; il joignit à son
tour le commis d’Ismailiyya et lui recommanda d’amener une force traiter
cette situation. Le commis arriva avec sa troupe et prit place dans le
bureau du directeur. Il envoya chercher le cheikh qui avait fait un sit-in
dans la mosquée. Il dit à l’envoyé : Je n’ai rien à faire avec le commis ni
avec le directeur. Mon travail c’est dans la mosquée, si l’un d’eux a un
1077
Mohammad FarghalÎ
besoin qu’il vienne me voir. Sur ce, le commis vint à la rencontre du cheikh
et lui demanda de se plier aux exigences du directeur, de laisser son travail
et de retourner à Ismailiyya. Il répondit comme la dernière fois : Un seul
mot que tu m’amèneras d’Ismailiyya pourra me faire bouger d’ici, mais si tu
veux faire usage de la force, tu as tout loisir, car c’est ma dépouille inerte
qui sortira d’ici. Les travailleurs apprirent la nouvelle et laissèrent leur
travail immédiatement, puis se mobilisèrent en criant. Le commis craignit
une conséquence fâcheuse et abandonna le bras de fer puis retourna à
Ismailiyya. Il me joignit alors pour qu’on s’entende sur la solution. Mais je
m’excusai arguant que je devais réfléchir et allais tenir une assise avec la
direction pour tabler sur le problème avant de lui donner une réponse. Sur
ces entrefaites, je suis désolé de le dire, lorsque je partis à la rencontre du
seul membre égyptien du conseil d’administration de la société, je trouvai
qu’il n’avait cure des intérêts des travailleurs et s’alignait sur les opinions
de la société et de son directeur, et n’avait aucun sentiment de zèle
patriotique.
Lorsque je rencontrai le directeur de la société, je lui demandai ce qu’il
reprochait au révérend cheikh. La seule réponse fut qu’ils voulaient un
homme pouvant se soumettre à leurs exigences. Il dit quelque chose que
je ne suis pas prêt d’oublier : « je suis l’ami de plusieurs leaders
musulmans, j’ai passé vingt ans en Algérie, mais je n’y ai vu personne
semblable à ce cheikh qui nous dicte des lois martiales exactement comme
un général. »
Je discutai avec lui sur ce propos et lui fis comprendre qu’il était fautif,
car c’est la société qui était rude envers les travailleurs ; elle bafouait leurs
1078 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
droits, les dénigrait et ne les payait pas au moment où ses gains se
décuplaient. Et qu’on devait traiter cette situation en reconsidérant les
textes des sociétés et les contraindre à se contenter du peu de gain. Nous
tombâmes d’accord de maintenir cheikh Farghalî durant deux mois et qu’à
la fin de ce délai la société l’honore et demande officiellement aux frères
musulmans d’envoyer son remplaçant qui touchera un salaire double et la
société prendra en charge son logement et ses besoins. A la fin de ce
délai, le révérend cheikh Farghalî rentra et fut remplacé par le révérend
professeur Châfi`î Ahmad. La Da`wa continua son chemin dans ce désert
au nom d’Allah. »
Le djihad en Palestine:
Cheikh Mohammad Farghalî fut parmi les premiers participants au
djihad de la Palestine en 1948, à la tête d’une force composée des
moudjahiddines frères musulmans. L’imam Hassan al-Banna avait déclaré
que la libération de la Palestine était plus possible par les moudjahiddines
croyants que les armées régulières sous l’emprise de la colonisation. Bien
que le gouvernement d’an-Noqrâchî eut bouclé les frontières pour
empêcher les moudjahiddines de s’infiltrer en Palestine, nonobstant le fait
que la colonisation britannique en Palestine avait fermé les frontières
devant les moudjahiddines, ceux-ci purent s’infiltrer et traverser toutes ces
barrières pour entrer en Palestine et soutenir leurs frères moudjahiddines
palestiniens. Cheikh Mohammad Farghalî fut parmi les plus éminents
leaders frères musulmans qui commencèrent à entraîner leurs frères
palestiniens, il participa à leurs côtés à attaquer les sites des juifs. Ils
troublèrent leur sommeil et attaquèrent leurs colonies.
1079
Mohammad FarghalÎ
Actes héroïques:
Parmi les actes héroïques du cheikh Farghalî en Palestine, on raconte
qu’il sortit avec huit de ses frères moudjahiddines et contournèrent les
positions des juifs, puis s’infiltrèrent dans la colonie un peu avant l’aube.
Cheikh Mohammad Farghalî monta sur une place élevée et fit l’appel à la
prière de l’aube. Croyant que les frères musulmans les avaient surpris la
nuit, les juifs avec à leur tête les gardiens de la colonie s’enfuirent. Au
matin, les moudjahiddines frères remirent la colonie à l’armée égyptienne
sans effusion de sang ni usage d’arme. Voilà donc l’audace, la bravoure et
la vaillance du cheikh Farghalî. Voilà donc le degré de la peur et de
l’épouvante des juifs vis-à-vis des frères musulmans.
En 1951, le gouvernement égyptien annula l’accord de 1936 avec la
Grande Bretagne. Les anglais prirent cela avec condescendance. Cheikh
Farghalî et ses frères se rendirent au front sur les rives du canal de Suez
avec résolution, sincérité et endurance. Ce qui poussa le leader britannique
Churchill à faire sa déclaration célèbre à Londres : « Un nouveau élément
a investi le champ de bataille. »
Une guerre meurtrière opposa les fedayins égyptiens aux forces de
l’occupation britannique sur le sol du canal et dans les camps d’at-Tall
al-Kabîr, dans la caserne de l’armée britannique, à Port Saïd, à
Ismailiyya, à Suez. Le sang coula à flots, les martyrs tombèrent en
grand nombre, les anglais se rendirent compte qu’ils ne pouvaient pas
résister longtemps devant ce nouvel élément qui était entré en guerre et
était composé des frères musulmans. Les positions héroïques du cheikh
moudjahid Mohammad Farghalî semaient la terreur dans les cœurs des
1080 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
anglais, ce qui les poussa à mettre sa tête à prix, mais ils passèrent à
côté.
Le prédicateur expérimenté le moudjahid cheikh Mohammad Farghalî
était le chef des frères musulmans à Ismailiyya, et avait pour bras droit qui
le soutenait le moudjahid intrépide Youssef Tal`at. Les deux étaient la
source de peur et d’épouvante aux forces d’occupation britannique
campées sur le canal.
Gamal Abdel Nasser entre le cheikh Mohammad Farghalî et
Mohammad Hâmid Abou an-Nasr avant qu’il ne se retourne
contre les frères
1081
Mohammad FarghalÎ
Abdel Nasser tente de semer la discorde:
Le professeur Kâmil ach-Charîf dit dans son livre de valeur: « AlMoqâwama as-Sirriya fî qanât as-Suez » : « La première fois que j’ai
connu cheikh Mohammad Farghalî, c’est quand il accompagnait l’imam
martyr Hassan al-Banna lors de sa tournée sur les lignes de bataille en
Palestine. Puis, les liens de fraternité se raffermirent entre nous lorsque
nous travaillions ensemble durant la campagne palestinienne. Je le
connus plus et mon admiration pour lui s’accrut. Il était le genre qui
t’impose son respect et son estime, malgré sa grande humilité et sa
politesse. La clé de sa personnalité était la « fierté hautaine » vis-à-vis
des banalités, des querelles et de tout ce qui est déshonorant. Il était
beaucoup soucieux de la réputation de la Da`wa et ses systèmes, très
zélé vis-à-vis de son prestige et sa dignité. Je me rappelle que moi et
cheikh Mohammad Farghalî représentions les frères musulmans lors
d’une rencontre dans le bureau du capitaine Abdel Nasser alors ministre
de l’intérieur dans le gouvernement de Mohammad Naguib. Les
hommes du coup d’état furent aussi présents à cette rencontre, tels que
`Abd al-Hakîm `Âmir, Salâh Sâlim, Kamâl ad-Dîn Hossayn. Les officiers
du coup d’état voulurent semer la discorde entre cheikh Farghalî et le
guide suprême des frères musulmans en mentionnant le djihad du
premier en Palestine et au Canal ; ils le louèrent et dénigrèrent le guide
suprême. Cheikh Farghalî se mit en colère et coupa cette conversation
en disant : « Vous devez comprendre que celui dont vous parlez est
notre leader et le guide de notre confrérie. Je considère votre
conversation comme une humiliation à l’égard de toute la confrérie et à
ma personne en particulier. Si telle est votre méthode, vous ne
1082 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
parviendrez à rien. » Ce propos était suffisant pour les convaincre qu’ils
avaient affaire à un homme obstinée et fougueux. Ils changèrent de
sujet.
Cheikh Farghalî n’était pas de ces cheikhs religieux qui s’accrochent
aux enveloppes et recherchent postes et positionnement. Il était un
moudjahid au vrai sens du terme. La preuve en est qu’il abandonna métier
et famille pour aller en Palestine avec les moudjahiddines de sa confrérie.
Quand la guerre du canal de Suez déclencha, il abandonna une fois de
plus sa famille et se plongea dans la guerre. »
Kâmil
ach-Charîf
« Quand
les
poursuit
anglais
en
disant:
commencèrent
à
provoquer les habitants de la région du canal
et
à
les
agresser,
les
manifestations
populaires gagnèrent la région. Une grande
conférence se tint à Ismailiyya sous la
houlette du cheikh Mohammad Farghalî au
Le martyr le cheikh Mohammad
Farghalî pendant la prononciation
de la peine de mort
cours de laquelle, on prit la résolution de
défier les anglais avec la force, de résister et
de les frapper dans leurs antres et leurs
camps. En
tant que
président de
la
conférence, cheikh Farghalî porta cette résolution au bureau général des
frères musulmans au Caire. Il déclara une grève générale des travailleurs
opérant
dans
le
canal
de
Suez,
et
les
marchands
cessèrent
d’approvisionner l’armée anglaise en vivres. Le peuple soutint les
moudjahiddines frères musulmans dans leur combat contre les anglais. Les
1083
Mohammad FarghalÎ
frères tuèrent beaucoup de soldats anglais et blessèrent aussi beaucoup ;
ils détruisirent les installations militaires, les ponts, les chars et les blindés.
Les soldats prirent peur et déclarèrent l’état d’urgence les empêchant de
sortir après le crépuscule. Leur prestige se brisa devant les gens à tel point
que les enfants les lançaient avec des pierres.
Dans
l’enthousiasme,
certains
officiers
égyptiens commencèrent à entraîner les
jeunes au maniement des armes et aux arts
de combat. J’eus l’occasion d’assister à
plusieurs réunions qu’on tenait au domicile du
cheikh Mohammad Farghalî à Ismailiyya et à
laquelle participaient les officiers égyptiens et
La photo de Mohammad
Farghalî deux minutes avant
son exécution
certains
leaders
des
frères
musulmans.
Cheikh Farghalî et Youssef Tal`at étaient les
cibles
privilégiées
des
anglais
et
leurs
collabos qui étaient au courant de tous leurs mouvements grâce aux
espions et aux suppôts corrompus. Le magazine Rose al-Youssef publia
un long entretien que le cheikh Farghalî accorda à son correspondant. Le
magazine le qualifia d’obscur cheikh dans le collimateur des anglais.
Cheikh Farghalî dit dans cet entretien : « Les frères musulmans ne
cesseront pas de combattre les anglais jusqu’à ce que les forces
britanniques quittent la région. Le meilleur moyen pour l’administration
britannique de protéger ses soldats est de les retirer du canal de Suez. »
Tel est le cheikh Farghalî que je connus étant encore étudiant en
première année à l’université Al-Azhar jusqu’à ma sortie. Tel est le héros
1084 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
hors pair, le moudjahid brave et le prédicateur sage qui étourdit les juifs et
les anglais. Voila sa biographie agréable et son histoire glorieuse…
Voici le tyran Abdel Nasser qui pose un acte de charité en menant le
cheikh à la potence dans le but de plaire à ses maîtres juifs, anglais,
américains et russes. Un don gratuit ainsi que ses autres cinq frères
martyrs qui furent exécutés le 7/12/1954. Ce jour là, le cheikh se tint avec
fierté devant la potence, souriant dans la vaillance, fier dans la foi et
répétant les paroles que ses frères prédécesseurs dans le martyre avaient
proférées : Et je me suis hâté vers Toi, Seigneur, afin que Tu sois
satisfait.  (Tâhâ: 84)
Il dit son propos célèbre : « Je suis prêt pour la mort, bienvenue à la
rencontre avec Allah. » Allah est Véridique lorsqu’Il dit :
Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur
engagement envers Allah. Certains d'entre eux ont atteint leur fin, et
d'autres attendent encore; et ils n'ont varié aucunement (dans leur
engagement);  (Al-Ahzâb: 23)
Dans son numéro du 8/12/1945, le magazine français Paris Match
donna l’information suivant : « Hier le 7/12/1954 à six du matin, on a levé le
drapeau noir à la prison du Caire, puis on a conduit les condamnés à mort,
pieds nus et vêtus de l’uniforme rouge de l’exécution. L’exécution a
commencé sur six des frères musulmans en l’occurrence, Mahmoud `Abd
al-Latîf, Youssef Tal`at, Hindâwî Dowayr, Ibrâhîm at-Tayyib, Mohammad
Farghalî et `Abd al-Qâdir `Awda. A huit heures, les condamnés à mort sont
allés à la potence avec une bravoure ineffable, louangeant Allah de leur
1085
Mohammad FarghalÎ
avoir accordé l’honneur du martyre. Cheikh Mohammad Farghalî dit : « Je
suis prêt pour la mort… Bienvenue à la mort. »
Une vague de colère et de condamnation engloba le monde arabo
islamique. Un deuil national à la mémoire de ces martyrs fut décrété dans
les pays du Levant et ailleurs. Nous allons nous contenter de reprendre
quelques morceaux choisis du mot du grand professeur `Alî at-Tantâwî qui
fut diffusé sur les ondes de la radio syrienne à Damas et fut publié dans
plusieurs journaux arabes et islamiques:
« Si tout dépendait de moi, je n’aurais pas fait de ce jour un jour de
deuil, mais un jour de gaieté et de réjouissance, je n’aurais pas fait de lui
un jour de funérailles mais un jour de noces des martyrs pieux avec les
houris ; je ne serais pas resté avec les frères recevoir les condoléances
mais plutôt les félicitations. Y a-t-il meilleure chose que le musulman
souhaite hormis la mort en martyr ? Peut-on demander meilleure chose à
Allah qu’une fin heureuse ? Je souhaite, et Allah est mon Témoin, qu’un
pervers injuste provoque ma mort afin que je tombe en martyr et aille au
paradis et mon meurtrier en enfer. Le bonheur qu’il m’a accordé sera
alors ma récompense, et le malheur que je lui aurai causé sera son
châtiment.
C’est cela le vrai châtiment pas ton châtiment, Gamal, je parle du
châtiment de Celui qui soutien ses bien-aimés et domine Ses ennemis.
Celui-là devant qui tu stationneras seul, sans ton armée, ni tes chars, ni
ton armement, ni ton équipement. Tu seras mené à Lui seul, et Allah te
demandera pourquoi tu as versé ces sangs purs ? Pourquoi tu as ôté ces
âmes purifiées ? Pourquoi tu as rendu veuves ces femmes endurantes ?
1086 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Pourquoi tu as rendu orphelins ces enfants innocents ? Et pourquoi tu as
permis aux ennemis d’Allah et Son Messager de se réjouir du malheur de
cette confrérie qui appelle à Allah et fait le djihad dans Sa voie ?
Si tu as une défense, commence à la préparer maintenant pour la faire
témoigner devant le tribunal de l’Omnipotent qui ne condamne pas à mort
par pendaison, mais à une vie éternelle en enfer. C’est un tribunal où la
pendaison est mille fois insignifiante face au châtiment d’une seconde. Ce
jour là, les biens, la progéniture et le parti ne seront d’aucune utilité, ni les
collabos, le sabre et le pouvoir. Ce jour là, les échelles de valeur
changeront et le mérite reviendra au méritant, le devant de la scène au
vertueux. Les rois descendront et la racaille sera élevée. C’est le jour où un
Héraut lancera cet appel : A qui appartient la royauté aujourd’hui ? Aux
tyrans ? Aux capitaines ? Aux seigneurs de Beckingham, de la maison
blanche et du Kremlin ? Non ! A Allah l’Unique et le Tout-Puissant.
Trouveras-tu
un
autre
chemin
pour
contourner
le
lieu
du
Rassemblement afin de ne pas rendre compte de tes actes ? As-tu un
ange chez qui tu iras te réfugier ?
Fârouq a gouverné l’Egypte avant toi, et avant lui les Mamelouks, et
avant eux Pharaon et Hâmân. Ils sont où aujourd’hui, Pharaon, les
Mamelouks et Fârouq ?
Où est celui qui opprima, tyrannisa et dit je suis votre seigneur le TrèsHaut ?
Azrâ'îl les a tous emportés dans son cortège, accompagnés des prières
des personnes victimes d’injustice.»
1087
Mohammad FarghalÎ
Qu’Allah fasse miséricorde à notre martyr cheikh Mohammad
Farghalî ainsi qu’à la pléiade de martyrs qui furent exécutés avec lui, et
ceux qui les précédèrent et ceux qui les rejoindront. Qu’Allah nous fasse
miséricorde ensemble et nous réunisse avec eux dans le séjour de
vérité auprès d’un Souverain Omnipotent. Louange à Allah Souverain de
l’univers.
‫اﻟﻣﺟﻠد اﻟﺛﺎﻟث‬
1090 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
‫رﻗم اﻹﯾداع‬
Monsieur
Mohammad Hâmid Abou anNasr
Quatrième guide suprême des frères musulmans
(1331-1416H- 1913-1996)
Sa naissance et son enfance:
Le professeur Mohammad Hâmid Abou an-Nasr
est né dans la ville de Manfalout dans le gouvernorat
d’Assiout le 6 Rabî` al-Âkhir 1331H soit le 25/2/1913.
Il appartient à une famille noble qui a des liens avec
le cheikh `Alî Ahmad Abou an-Nasr, l’un des
éclaireurs du mouvement littéraire en Egypte ; un
savant azharite qui a participé à la préparation de la
révolution d’al-`Orâbî et dont le khédive Tawfîq prit la
décision de l’assigner à sa résidence à Manfalout.
Puis il l’élimina en l’empoisonnant en 1880. Car
pendre les ulémas suscitait la colère du peuple
Son règne fut
marqué par
l’ancrage de la
présence
effective dans
plusieurs
syndicats
professionnels,
les clubs des
corps
enseignants
contre les gouvernants. La famille d’Abou an-Nasr descend de la
généalogie de l’imam `Alî qu’Allah soit satisfait de lui.
1092 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le professeur Mohammad Hâmid Abou an-Nasr fit ses études dans les
écoles et obtint le certificat de compétence en 1933. Jeune, il excella dans
le social et l’action islamique. Il était membre de l’association de la réforme
sociale à Manfalout et membre de l’association des jeunes musulmans en
1933.
Son dynamisme dans la Da`wa:
Il a rejoint les frères musulmans en 1934 et fut désigné membre du
bureau du guide suprême. Il fit la connaissance des frères à travers son
ami cheikh Mahmoud Sowaylim prêcheur azharite, qui lui parla beaucoup
de l’imam martyr Hassan al-Banna, de son djihad pour rehausser l’Islam et
les musulmans. Quand son ami Mohammad `Abd al-Karîm sut la présence
de l’imam martyr Hassan al-Banna à l’association des jeunes musulmans
d’Assiout, il lui téléphona et l’appela à visiter Manfalout. Il le visita le jour
suivant et y donna une conférence. Il partit chez Abou an-Nasr et ce fut
l’engagement et l’allégeance. Depuis cet instant, un groupe de jeunes
entoura l’imam al-Banna à Manfalout. Naquit alors la section des frères
musulmans que l’imam martyr Hassan al-Banna visita et prononça le mot
suivant :
« Notre Da`wa est comme un des contes du Sain Coran. Elle renferme
un enseignement, une exhortation, une guidance et une lumière. Si tout le
monde en parle aujourd’hui, demain elle sera une réalité dans leurs
sociétés. La première Da`wa a germé dans la maison d’al-Arqam ibn Abî
al-Arqam. Et dans cette maison, l’histoire se répète …alors qu’Allah ne
veut que parachever Sa lumière quelque répulsion qu’en aient les
mécréants.  (At-Tawba : 32)
Mohammad Hâmid Abou 1093
an-Nasr
Il gravit des échelons dans les responsabilités, du délégué de la section
de Manfalout, il devint membre du corps constituant (conseil consultatif
général), puis membre du bureau du guide suprême de la confrérie. Il fut
arrêté et emprisonné pendant les événements de 1954, puis condamné à
25 ans de travaux forcés. Il purgea 20 ans de prison, ferme comme une
montagne, dur et fort. Au milieu de l’année 1974, il sortit de prison et
continua son don et son djihad pour élever l’étendard de l’Islam. Il demeura
fidèle à sa Da`wa et son guide, jusqu’au moment où il fut désigné guide
suprême de la confrérie en remplacement du troisième guide le professeur
`Omar at-Tlemssânî. Ce fut en mai 1986.
Son règne fut marqué par l’ancrage de la présence effective dans
plusieurs syndicats professionnels, les clubs des corps enseignants des
universités, les associations nationales. La confrérie participa aux élections
législatives d’avril 1987 dans une coalition avec les partis Al-`Amal et AlAhrâr. 36 frères gagnèrent ces élections. Sur la scène arabo islamique, il
joua un rôle efficient et touchant en soutenant le Koweït lorsqu’il fut
agressé. Il déploya aussi des efforts en vue de réconcilier les leaders
moudjahiddines afghans en allant à leur rencontre à Peshawar avec le
professeur Mostafa Mach-hour son adjoint, le professeur Ibrâhîm Charaf et
cheikh Khalîl al-Hâmidî secrétaire de l’émir de la Jamâ`a al-Islâmiyya du
Pakistan. Ces efforts furent fructueux et bénis.
Il concentra aussi ses efforts à promouvoir des leaders de la Da`wa
dans les milieux des jeunes et parmi le public, afin qu’ils endossent les
charges de la Da`wa et la transmettent aux gens dans les villages, les
villes et les gouvernorats d’Egypte.
1094 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ses citations:
« Durant un voyage effectué avec l’imam martyr Hassan al-Banna par
train, le percepteur ne se présenta pas à nous pour récupérer l’argent.
L’imam martyr me demanda : Le (commissaire) est-il venu ? T’a-t-il remis
les billets ? Je dis : Il en s’est pas encore présenté. Il dit : Dans ce cas il
faut l’appeler et lui donner la paie. J’appelai le (commissaire) et lui
demandai
les
billets.
Il
dit : « Je
sais
monsieur…
Est-ce
si
nécessaire ? Laisse cela à Allah, celle-ci est une société étrangère. »
L’imam martyr l’entendit et dit : Tu dois prendre l’argent de deux billets,
qu’Allah te récompense.
En 1942, l’imam martyr Hassan al-Banna annonça sa candidature
comme député pour la circonscription d’Ismâ`îliyya, en guise de réponse à
la démande des frères. An-Nahhâss Pacha demanda au révérend
professeur al-Banna d’abandonner sa candidature pour céder aux
pressions des anglais auxquels le gouvernement ne pouvait s’opposer.
Lorsque l’affaire fut soumise au corps constituant (conseil consultatif), le
dialogue se cristallisa sur deux points de vue. L’un soutenu par la majorité
était pour le non abandon de la candidature, et l’autre laissait l’affaire à
l’appréciation du révérend imam Hassan al-Banna vu qu’il s’agissait d’une
question personnelle. Il opta donc pour l’abandon de la candidature, cela
donna lieu à des remous au sein des frères. Certains approuvèrent et
d’autres s’y opposèrent. Je dis alors : L’abandon est une question close,
mais j’aimerais que dans l’avenir le révérend guide suprême se plie à
l’opinion de la majorité quelque soit le résultat. L’imam martyr me
téléphona et me dit qu’il se plierait aux décisions de la majorité quelles que
soient les circonstances.
Mohammad Hâmid Abou 1095
an-Nasr
Après la mutinerie des officiers, l’officier Abdel Nasser me convia avec
le révérend cheikh Mohammad Farghalî à partager le petit déjeuner dans
son domicile sis à Manchiya al-Bakrî à 6H du matin. Il nous dit : Nous
voulons œuvrer à supprimer les effets des obstacles qui se sont dressés
entre les leaders des frères et les leaders du mouvement. Nous voulons
étudier la question de la réforme d’Al-Azhar. J’avais remarqué qu’il faisait
des signes sur la probabilité de confier le rectorat d’Al-Azhar à cheikh
Farghalî. J’avais aussi remarqué qu’il avait adressé l’invitation à nous deux
car nous étions tous les trois originaires du gouvernorat d’Assiout. C’est
comme s’il voulait attirer les frères originaires d’Assiout dans son
entourage pour les monter contre les frères. Chose qu’il ne réussit pas.
Cheikh Mohammad Farghalî s’en tira avec une peine de mort par
pendaison, et moi je fus condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Le vendredi 19/11/1954, à 5H du matin environs, je fus surpris par une
force importante forte de 50 soldats et de 5 officiers des forces armées et
de la police qui attaqua ma maison pour la perquisitionner. L’officier du
centre me demanda de démissionner de la confrérie afin de permettre au
gouverneur d’empêcher que je sois présenté devant un juge. Je le refusai
et dis : C’est impossible, parce que quand j’ai rejoins cette confrérie, j’étais
un homme qui avait toutes ses facultés, je savais les obstacles qui allaient
se dresser sur la voie de la réalisation des principes de l’Islam. Je reste
fidèle à mon engagement et sincère dans mon attachement à la confrérie,
louange à Allah. Puis, nous fûmes arrêtés et jetés en prison. Les frères
subirent toutes sortes de torture. Le samedi 27/11/1954, nous fûmes
transférés de la prison au tribunal du peuple. Ce tribunal était composé de
Jamâl Sâlim, président, Anwar as-Sâdât membre de droite, Hossayn achChâfi`î membre de gauche. Après des débats burlesques menés par le
1096 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
président du tribunal, l’assise fut levée. Et l’on fixa le 4/12/1954 pour
prononcer la sentence. Nous retournâmes à la prison de guerre. Nous
fûmes l’objet d’enquête et de torture jusqu’au jour fatidique où la sentence
allait être prononcée. Furent condamnés à la peine de mort par pendaison :
`Abd al-Qâdir `Awda, Mohammad Farghalî, Ibrâhîm at-Tayyib, Youssef
Tal`at, Hindâwî Dowayr, Mahmoud `Abd al-Latîf. Le révérend guide
suprême Hassan al-Hodaybî fut condamné à vie, `Alî `Abd al-`Azîz `Atiyya,
Hossayn Kamâl ad-Dîn, Monîr Dalla, Sâlih Abou Raqîq, Mohammad Hâmid
Abou an-Nasr, furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité. `Omar
at-Tlemssânî
et
Ahmad
Charît
furent
condamné
à
15
ans
d’emprisonnement ferme. »
Comment je l’ai connu:
Pendant mes études universitaires en Egypte en 1949, je voyais le
professeur Mohammad Hâmid Abou an-Nasr de loin dans les réunions des
grands frères musulmans. Il venait de la haute Egypte avec ses frères
membres du bureau du guide suprême ou du corps constituant (conseil
consultatif) au Caire. Je ne l’ai pas rencontré de près. Mais j’étais au fait de
l’éloge agréable sur sa personne, sa virilité, ses positions, sa bravoure, sa
générosité son engagement à la Da`wa, son attachement à l’organisation,
son respect pour le leader, son désir pour la bonne marche de la confrérie,
son respect des systèmes et des instructions donnés par les organismes
de la confrérie et leurs dirigeants.
Après la mort du tyran Abdel Nasser, je recommençai à fréquenter
l’Egypte dans le but de rencontrer mes frères et mes professeurs afin de
me ravitailler en orientations et en conseils, et afin de profiter d’expériences
et d’expérimentations. Je rencontrai alors le professeur Abou an-Nasr. Je
Mohammad Hâmid Abou 1097
an-Nasr
vis la préciosité de son gisement, l’originalité de son éducation et son zèle
envers sa religion, son désir d’unir les rangs de la confrérie, d’unifier sa
parole pour faire face à l’adversaire de dedans et de dehors.
Quand je suis allé en Egypte en mai 1986 participer aux funérailles de
notre professeur le guide `Omar at-Tlemssânî, j’ai assisté à l’assemblée de
condoléances. J’ai écouté les mots prononcés par mes frères venus des
pays arabes. Les panélistes parlaient des œuvres du regretté atTlemssânî, de l’authenticité de cette confrérie bénie, de son influence
profonde sur la société égyptienne en particulier et sur le monde arabo
islamique en général où sont éparpillés ses sympathisants et où ses
adhérents sont nombreux. Et que la confrérie avait tracé sa voie dans les
milieux des jeunes et du public dans le monde arabo islamique. Le
professeur Mohammad Hâmid Abou an-Nasr parla au nom de la confrérie
dans la cérémonie funèbre.
A la fin de la cérémonie, les frères égyptiens m’ont accompagnés avec
le professeur Abou an-Nasr au domicile d’un frère au Caire. Notre
conversation tournait autour de la Da`wa et de la nécessité de la
poursuivre. Elle tournait aussi autour de la confrérie et l’importance de
veiller à sa bonne santé, d’ajuster sa marche et son élan. J’avais remarqué
cette nuit que les frères accordaient un soin particulier au professeur Abou
an-Nasr et une grande importance couplée de la vénération et de l’estime.
Nous abordions les soucis des musulmans dans le monde islamique et le
rôle des frères musulmans dans l’unification de la parole et des rangs de la
communauté musulmane afin de faire face aux défis que lui imposent les
grandes puissances. Et que la formation de l’individu musulman était la
base pour emprunter le chemin de la préparation de la communauté à
supporter ses charges envers sa religion, sa patrie et sa société.
1098 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Je multipliai les visites au Caire et je fus heureux de le rencontrer en
tant que guide suprême des frères musulmans en remplacement du
professeur at-Tlemssânî avec son adjoint Mostafa Mach-hour, le
professeur Ma’moun al-Hodaybî, Dr Ahmad al-Malt et plusieurs autres
leaders des frères musulmans en Egypte.
Ses positions:
La position du professeur Abou an-Nasr par rapport à l’agression et à
l’occupation du Koweït par le régime baasiste du tyran Saddam, fut
honorable. Il fut le premier dans le monde arabo islamique à s’indigner de
cette invasion le 2/8/1990, à travers une déclaration du bureau du guide
suprême des frères musulmans, qui condamnait l’invasion et demandait
qu’on s’y oppose. J’avais vu cette déclaration que les frères d’Egypte
avaient envoyée par fax au frère `Abd Allah al-Motawwi` en Jordanie. Ce
fut au soir du jour de l’invasion avant la réaction d’un quelconque
responsable, d’un gouvernement et d’une organisation dans le monde
arabo islamique. Cette position du guide des frères musulmans le
professeur
Mohammad
Hâmid
Abou
an-Nasr,
qu’Allah
lui
fasse
miséricorde, est une page blanche et éclatante que les adversaires de
l’Islam et les ennemis des frères veulent ternir, par les médias menteurs,
les écrits de mercenaires corrompus à la plume vile, aux âmes malades,
aux cœurs haineux. Ceux-là qui vivent d’adulation, d’hypocrisie, de la
diffusion des rumeurs et du ternissement de l’image des frères.
Plus d’une semaine après la parution de cette déclaration, le guide
suprême Mohammad Hâmid Abou an-Nasr publia une autre déclaration le
11/8/1990, lorsque certains grand pays colonialistes commencèrent à
masser les troupes pour intervenir dans la région. Il demanda que les
Mohammad Hâmid Abou 1099
an-Nasr
armées des pays arabo islamiques prennent la responsabilité de chasser
l’occupant du Koweït. Tel fut l’avis de la majorité des ulémas et de leaders
et même du public de la communauté, qui manifestèrent leur disposition à
se lier bénévolement avec les armées de la libération. Mais les pays qui
avaient des aspirations et des objectifs colonialistes imposèrent leur
politique en intervenant militairement avec la force des armes, pour réaliser
les objectifs voulus dans la région du proche orient. Cela se manifesta bien
après.
Les frères musulmans publièrent la première déclaration le jour même
de l’invasion, c’est-à-dire le 2/8/1990, signée du professeur Mohammad
Hâmid Abou an-Nasr guide suprême des frères musulmans. Il était écrit
dans cette déclaration : « Nous sommes surpris par l’invasion militaire
irakienne du Koweït. Cet acte est affreux, étonnant et désespérant. Il est à
noter que cet incident énorme ouvrira les portes à un grand danger et
influera sur la lutte des peuples islamiques dans toutes les contrées,
surtout en Palestine occupée. On craint que l’ennemi sioniste n’exploite
cela pour réaliser son dessein.
Nous demandons à l’Irak de retirer ses troupes du Koweït et de ne plus
s’immiscer dans ses affaires. »
Dans la deuxième déclaration du 11/8/1990, il était écrit :
« La Confrérie des Frères Musulmans n’approuve pas l’utilisation de la
force dans les relations entre les pays arabes. Elle s’oppose à toute
intervention militaire d’un pays arabe ou islamique contre un autre pays.
Elle insiste sur le fait que les divergences entre pays arabes et islamiques
doivent être réglées par des voies pacifiques et conformément à la charia
islamique par la communauté arabo islamique, et qui est considérée
1100 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
comme une lampe par laquelle on se guide, une constitution à laquelle on
se soumet volontairement et de bon gré. Puis, conformément aux
sentences de la ligue arabe et du droit international, et autres pactes et lois
qui régissent les relations entre les pays dans l’entité internationale.
La Confrérie des Frères Musulmans s’indigne et s’oppose vivement à
l’intervention américaine et à la présence de la force militaire américaine ou
toute autre force étrangère dans la zone du conflit. Elle demande leur
retrait immédiat. Leur présence est inacceptable sur tous les plans. Elle est
de nature à ramener l’époque du protectorat et de l’occupation qu’a vécue
la région par le passé. »
Dans la lettre que l’adjoint au guide suprême le professeur Mostafa
Mach-hour qu’Allah lui fasse miséricorde, envoya à la conférence populaire
des koweitiens tenue à Djedda le 27/10/1990, il dit : « Les frères
musulmans connaissent mieux le Koweït et son peuple pieux et généraux.
Ils apprécient plus que quiconque le rôle majeur joué par les organisations
et les associations caritatives du Koweït pour soutenir leurs frères en
Palestine, au Liban, en Afghanistan et dans plusieurs pays africains et
asiatiques. La récompense de cela ne périra jamais. C’est pourquoi les
frères musulmanes sont plus peinés et son affectés par l’agression de l’Irak
sur le Koweït. C’est pour cela qu’ils ont publié leur déclaration le jour même
de l’agression pour condamner cet acte et exiger le retrait et la sauvegarde
de l’entité et de l’existence du Koweït. »
Le conseiller Ma’moun al-Hodaybî, le porte parole des frères
musulmans déclara sur les ondes de la télévision américaine CNN le
16/1/1991, que :
Mohammad Hâmid Abou 1101
an-Nasr
« Notre position par rapport à la crise du golfe a été définie dans la
déclaration parue le matin du jour de l’invasion et dans laquelle nous nous
sommes opposés à l’invasion irakienne. Nous avons dit que l’agression
n’avait aucune justification, ni de la part de la religion, ni de la raison, ni de
l’intérêt. Nous avons mis en garde contre les conséquences néfastes qui
pourraient résulter d’un tel acte agressif et injuste. Nous avons demandé le
retrait de l’Irak du Koweït et de laisser le Koweït aux koweitiens pour qu’ils
gèrent leurs affaires comme n’importe quel peuple libre. Nous avons
également demandé aux pays arabes et à leurs présidents de tout faire
pour empêcher l’agression et l’intervention étrangère. »
Lorsque l’ambassadeur irakien en Egypte voulut rendre visite au guide
suprême Mohammad Hâmid Abou an-Nasr le jeudi 16/8/1990 dans la
matinée, le guide suprême lui parla de la nécessité du retrait de l’Irak du
Koweït et du retour du gouvernement légitime, comme cela fut mentionné
dans la première déclaration des frères musulmans du 2/8/1990, et que les
frères attendaient que l’Irak fasse le premier pas comme il le fit avec l’Iran,
et ce en retirant ses forces du Koweït et des frontières du royaume
d’Arabie Saoudite.
Quand Dr `Abd ar-Rahmân al-`Iwadî ministre de l’état du Koweït visita le
guide suprême le 25/8/1990, en compagnie de l’ambassadeur du Koweït
en Egypte, il loua explicitement la position de la Confrérie des Frères
Musulmans telle que contenue dans ses déclarations. Son excellence le
ministre proposa que le redoublement d’effort populaire et public afin
d’amener l’Irak à retirer ses forces du Koweït. Le professeur Mohammad
Hâmid Abou an-Nasr, guide suprême des frères musulmans insista sur la
fermeté des frères musulmans sur ce qui était mentionné dans ses
précédentes déclarations, concernant la condamnation de l’invasion
1102 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
irakienne du Koweït, ce qui donna l’occasion à l’intervention étrangère
dans la région, et l’exigence de la confrérie de la nécessité du retrait des
forces irakiennes du Koweït et de la nécessité du retrait des forces
étrangères de la région, et l’appel aux gouvernements islamiques en
général et aux gouvernements arabes en particulier, à conjuguer leurs
efforts en vue de former une force indépendante pour faciliter le retrait des
forces irakiennes du Koweït ainsi que des forces étrangères de la région.
Ils ont dit:
Le professeur `Abd Allah at-Tantâwî dit:
« L’une des tâches de l’imam martyr Hassan al-Banna qu’Allah soit
satisfait de lui, était l’éducation d’une génération de grands leaders, la
formation de leur personnalité de façon à les préparer à endosser les
responsabilités les plus lourdes dans toutes les circonstances, surtout
durant les épreuves. Il savait que la voie de la Da`wa était parsemée de
mines et d’épines, cernée de dangers et d’épreuves… et ce afin qu’il n’ y
ait pas de vide de leadership. Ce que l’imam avait présagé se réalisa. Il
tomba en martyr, et fut remplacé par le guide ferme l’imam Hassan alHodaybî, et vint après lui le troisième guide le géant `Omar at-Tlemssânî,
et puis le quatrième guide le professeur Mohammad Hâmid Abou an-Nasr.
Il faisait partie de ces hommes exceptionnels qui furent des compagnons
de l’imam martyr ; ils furent façonnés par ses mains lavées de la lumière de
la foi et de la résolution, la fierté et la fermeté devant les bourrasques.
Le destin réservait le guide cheikh Abou an-Nasr pour poursuivre la
marche illuminée reprise par son prédécesseur le professeur at-Tlemssânî.
Il marcha sur sa voie et, avec la grâce d’Allah et les efforts d’une équipe
distinguée et composée d’hommes qui l’entouraient et travaillaient avec lui,
Mohammad Hâmid Abou 1103
an-Nasr
il put réaliser beaucoup de choses en un temps record, dans tous les
domaines où il mena les frères. Pour son éducation pieuse, littéraire et
politique dans laquelle il grandit dans la maison de fierté, de politesse, de
religion, de politique et de largesse, pour son esprit supérieur, sa mixité
avec ses frères et sa Da`wa ; pour ce qui le distingua comme virilité et
fierté et ce qui en découle comme bravoure, grandeur d’âme et sa dignité,
pour la confiance dans sa Da`wa et ses frères, du sacrifice dans laquelle il
grandit, lui le petit fils du savant azharite révolutionnaire mort empoisonné,
pour tout cela et bien d’autres, les leaders des frères et la base lui firent
confiance, pas seulement en Egypte mais partout où se trouvent les frères
musulmans. Il conduisit le navire pieux à bon port, après qu’il fut frappé par
la tempête des tyrans, de la part de Hossayn Sirrî, an-Noqrâchî, Ibrâhîm
`Abd al-Hâdî jusqu’au plus grand tyran (l’esclave perdant)… Il passa sa
jeunesse en prison, vingt ans dans les prisons de l’esclave perdant. Il
l’accepta avec fermeté et ne céda pas aux subornations des tyrans quelles
qu’elles fussent, et ne craignit pas leurs menaces, leur jugement et leurs
fouets… Il était un homme, et eux, des nains sous ses pieds. »
Sa mort:
Mohammad Hâmid Abou an-Nasr, le quatrième guide suprême des
frères musulmans décéda le samedi 29/8/1416H=20/1/1996 à l’aube, à
l’âge de 83 ans. Il fut enterré au cimetière al-Qattâmiyya au quartier
Madinet Nasr au Caire, à côté de son compagnon de route le professeur
`Omar at-Tlemssânî. Une foule impressionnante assista à ses obsèques
malgré le siège de la sécurité et les mesures sécuritaires restrictives.
Qu’Allah fasse miséricorde à notre vénérable professeur, qu’Il le loge
dans le plus vaste de Ses Jardins, aux côtés des prophètes, des
véridiques, des martyrs et des vertueux. Quels meilleurs compagnons que
ceux-là !
Son excellence l’Ambassadeur
Mohammad Hâroun alMojaddidÎ
(1343-1405H=1925-1985)
Comment j’ai connu son père:
J’ai connu son excellence le cheikh Mohammad
Sâdiq al-Mojaddidî, ex ambassadeur d’Afghanistan
en Égypte et père du frère Hâroun, à travers les
journaux des frères musulmans qui publiaient les
informations sur ses activités islamiques et ses
rencontres avec l’imam martyr Hassan al-Banna en
1946, et les leaders du monde islamique qui
fréquentaient le siège des frères musulmans à alHilmiyya al-Jadîda où ils suivaient les conférences
Il fut le prototype
du musulman
sincère, du
moudjahid
travailleur dans
le calme qui
aimait laisser des
traces sans
de l’imam martyr et le cours du mardi.
Puis, ils se réunissaient au département de la relation avec le monde
islamique pour étudier les problèmes des pays islamiques et traiter les
difficultés rencontrées par les musulmans et défier les colonisateurs qui
occupaient les pays islamiques, spoliaient ses biens, volaient ses richesses
et assujettissaient ses fils au service de leurs intérêts. Par ailleurs, le
cheikh al-Mojaddidî organisait un séminaire hebdomadaire dans son
1106 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
domicile au Caire au cours duquel il recevait les leaders, les guides, les
étudiants, les réfugiés politiques en Égypte venus de différents coins du
monde islamique.
Comment j’ai fait sa connaissance:
En 1949, quand je suis allé poursuivre mes études universitaires en
Égypte, je fus heureux d’être en contact direct avec le frère Mohammad
Hâroun al-Mojaddidî le fils de l’ambassadeur afghan. Il fut un flambeau
d’activité, de dynamisme et de travail acharné avec les frères musulmans
pour relever les peuples musulmans afin qu’ils occupent la place qui leur
revient, sous l’ombre de l’Islam et sous l’étendard de l’unicité. Il fut
influencé par son père par rapport à l’engagement pour l’Islam en tant que
système englobant toutes les affaires de la religion et du monde et son
intérêt pour les affaires des musulmans partout, le travail dans le champ
islamique sans lassitude ni fatigue. Car, il grandit dans une famille
religieuse et ancienne et dont la majorité des membres étaient des ulémas
et des étudiants. Son oncle «Nour al-Machâyikh » fut l’un des grands
ulémas d’Afghanistan et les dépositaires du pouvoir à qui les gens se
référaient pour d’importantes affaires et des malheurs ténébreux.
Naissance et enfance:
Il vit le jour en 1343H=1925 à Kaboul et voyagea avec son père nommé
ambassadeur en Égypte. Il rejoignit la faculté Dâr al-`Oloum au Caire et
décrocha son diplôme. Puis, il fut nommé chargé des affaires de
l’ambassade et vécut au milieu du corps diplomatique, fier de sa religion,
engagé dans le respect de ses règles, appliquant ses enseignements. Il eut
des relations étroites avec les hommes de la Da`wa islamique, surtout les
frères musulmans dont il rencontra leur guide l’imam martyr Hassan alBanna. Il fut influencé par lui et admira sa méthode d’appel à Allah et sa
Mohammad Hâroun al- 1107
MojaddidÎ
compréhension de l’Islam tel que révélé dans le Livre d’Allah et la Sunna de
Son Messager, prière et salut sur lui. Il admira également les programmes
du mouvement islamique à travers les familles, les brigades, le scout, les
camps qui forgeaient l’individu conformément à la méthode islamique.
Ses amis:
Parmi les frères musulmans, ses proches amis furent les professeurs
`Abd al-Hafîdh as-Sayfî, Sâlih Abou Raqîq, Mohammad al-Missmârî, Monîr
Dalla, Hassan al-`Achmâwî, Farîd `Abd al-Khâliq. C’est par le truchement
de ceux-ci qu’il fit la connaissance de Gamal Abdel Nasser qui exploita
cette connaissance sans l’apprécier à sa juste valeur. Bien plus, il fit
montre de perfidie et d’inconduite envers ceux qui lui prêtèrent main forte
et leur tourna casaque après qu’il s’accapara seul du pouvoir.
C’est qu’Abdel Nasser demanda l’aide du frère Mohammad Hâroun alMojaddidî de transporter les armes avec sa voiture diplomatique, il
demanda également au frère Hassan al-`Achmâwî de les cacher dans la
ferme de son père à al-Qalyoubiyya. Bien après, on assista à l’hypocrisie,
la conspiration, l’invention et le mensonge de la part du tyran et ses
soldats. Qu’ils reçoivent le châtiment qu’ils méritent auprès d’Allah !
Le dynamisme de son père:
La résidence de l’ambassadeur al-Mojaddidî le père du frère Hâroun fut
le lieu de rencontre des ulémas, des leaders, des intellectuels, des guides
des mouvements de libération des pays islamiques tels que le prince `Abd
al-Karîm al-Khattâbî du Maroc, Idrîss as-Sanoussî de Libye, al-Fodayl alWartilânî d’Algérie. De même, le recteur d’Al-Azhar Mostafa al-Marâghî fut
l’ami intime de son père. À l’époque, c’est le corps des grands ulémas qui
élisait le recteur d’Al-Azhar. Il n’était pas désigné par le gouvernant
d’Égypte et sa nationalité n’avait aucune influence sur cette élection. La
1108 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
religion, la morale, une vaste érudition et la compétence étaient les seuls
critères du choix. Jusqu’à ce que vint au pouvoir le dictateur Abdel Nasser
et transforma ce processus en nomination des personnes qui avaient une
certaine loyauté envers son pouvoir et soutenaient ses agissements.
Sa morale et ses services:
Le frère prédicateur Hâroun al-Mojaddidî fut le prototype du musulman
sincère, du moudjahid travailleur dans le calme qui aimait laisser des
traces sans qu’on sache sa personnalité. Car, par son travail et son djihad,
il ne cherchait que le Visage d’Allah gloire à Lui. Il apprit à l’école des
frères musulmans et comprit le sens de leur slogan : « Allah est notre
finalité, le Messager est notre modèle, le Coran est notre constitution, le
djihad est notre voie, la mort dans la voie d’Allah est le plus sublime de nos
souhaits. » On ne peut compter le nombre de services qu’il rendit aux
étudiants de la mission islamique venus de tous les coins du monde
islamique pour étudier en Égypte. Car ils étaient des frères dans la foi, et le
lien de la foi est le lien le plus solide dans l’absolu, la fraternité de l’Islam
prime sur les liens de race et de filiation.
Son arrestation et son emprisonnement:
En 1954, le frère Hâroun al-Mojaddidî fut incarcéré à la prison militaire
pendant quelque temps sans jugement. En état de détention, il subit une
opération à la vésicule biliaire. Certains de ses amis politiques hors
d’Égypte tels le roi Mohammad V, le leader Mohammad Khaydar d’Algérie,
intervinrent, et il fut libéré et expulsé d’Égypte. Malgré le fait que son
épouse fut égyptienne et ses enfants nés en Égypte et que sa sœur ainée
épousa un égyptien en la personne du Dr Chafîq al-Khachin qui fut doyen
de la faculté d’agronomie à Alexandrie et délégué à l’assemblée du peuple
présidée à l’époque par Anwar as-Sadate, vu sa position et la relation de
Mohammad Hâroun al- 1109
MojaddidÎ
son épouse avec l’épouse d’Abdel Nasser, il fut autorisé de retourner en
Égypte à condition de renouveler le permis de retour chaque année.
En 1965, lorsque Abdel Nasser donna les ordres d’arrestation à partir de
Moscou stipulant que toute personne ayant eu un précédent soit mise aux
arrêts, la vague fiévreuse d’arrestation s’étendit sur plus de cinq mille ou
six mille prédicateurs musulmans et ulémas travailleurs, surtout les frères
musulmans. Le frère Hâroun al-Mojaddidî figurait parmi ceux-là. L’enquête
avec lui dans le camp de concentration fut serrée, car on l’interrogea sur
ses liens avec son ami intime al-Mahdî Ben Barka, le célèbre leader
marocain qui fut assassiné en France quand le frère Hâroun al-Mojaddidî
était en prison. Jusqu’aujourd’hui, on ignore les assassins d’al-Mahdî Ben
Barka, même si ce crime est imputé aux autorités marocaines.
Sa sœur intervint une fois de plus auprès de l’épouse d’Abdel Nasser. Il
fut libéré et expulsé d’Égypte. Il partit en Allemagne, puis en Libye. Malgré
le fait que le roi Idrîss as-Sanoussî fut l’ami intime de son père, et en tant
que refugié en Égypte venait passer du temps dans la maison familiale
d’al-Mojaddidî et dans son bureau, le frère Hâroun ne se refugia pas
auprès de lui en Libye. Bien plus, il passa un an avec ses frères et ses
compagnons du camp de concentration partageant une modeste maison à
l’ouest de Tripoli en Libye.
Ses positions et sa fidélité:
Son compagnon qui fut en prison et en Libye avec lui m’a narré que :
« Je voyais en lui l’exemple de la morale et la fidélité. Une marque de
cette fidélité qui laissa en moi une trace inoubliable est que : Au premier
mois de son retour en Égypte avec une autorisation renouvelable par an, il
m’amena avec lui dans sa voiture. Nous roulâmes pendant près de six
heures dans les voies agricoles impraticables. Il se dirigeait à ad-Dalingât
l’une des dernières régions agricoles d’Abou al-Matâmîr à al-Bohayra où il
1110 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
cherchait à voir les enfants de son ami condamné aux travaux forcés à
perpétuité, et qui fut parmi les fondateurs de la ligue arabe avec `Azzâm
Pacha, en la personne du frère Abou Raqîq. Lorsqu’il les vit, il les
embrassa et leur donna des accolades. Il écrasa une larme et ne put se
retenir face à ces enfants qu’il aimait comme ses propres enfants. Nous
rentrâmes précipitamment. La visite ne dura pas plus de cinq minutes de
peur d’être vus par des espions.
Lorsque l’Afghanistan changea de roi, un autre ambassadeur fut nommé
en Égypte en lieu et place d’al-Mojaddidî. Le nouvel ambassadeur n’eut pas
de bons rapports avec la famille d’al-Mojaddidî qu’il boycotta. Allah voulut
qu’il tombe malade. Le frère Hâroun lui rendit visite à l’hôpital et lui envoya
des bouquets de fleurs et pria pour son rétablissement. L’ambassadeur fut
touché par cette noblesse de caractère et s’excusa de son comportement.
Après sa sortie d’hôpital, il visita le frère Hâroun chez lui.
Le frère Hâroun possédait une ferme à Abou Hommos à al-Bohayra, la
réforme agraire s’empara d’elle. Mais, il ne cessa pas d’y aller chaque
année comme d’habitude distribuer des vêtements, du riz, de la farine, de
l’huile et de l’argent aux pauvres paysans.
Un de ses amis commerçants en Allemagne fit faillite et demanda de
l’aide à Hâroun. Ce dernier ne rejeta pas sa demande vu que lui-même
était dans le besoin d’argent après que sa ferme fut confisquée. Il chargea
un ami de l’aider avec sa caution. Le marchand afghan ne la remboursa
pas. Hâroun fut contraint de rembourser la dette en sa qualité de garant. »
Ce qu’an-Nadawî dit de son père:
Le cheikh Abou al-Hassan an-Nadawî dit dans son livre de valeur
Modhakkirât sâ-ih fî ach-Charq al-`Arabî, à propos du père du frère
Hâroun :
Mohammad Hâroun al- 1111
MojaddidÎ
« Le 11/6/1370H= 19/3/1951, nous sommes allés rendre visite à son
excellence le cheikh Mohammad Sâdiq al-Mojaddidî, ambassadeur
d’Afghanistan en Égypte. Nous restâmes longtemps ensemble et priâmes
la prière d’al-Maghrib derrière lui.
Il nous présenta ses deux enfants
Hâroun et son frère et nous fûmes heureux de cette visite. Son excellence
ne représentait pas seulement le gouvernement afghan, mais cette
somptueuse maison qui a rendu service à tout musulman en Inde et à
laquelle nous sommes attachés par d’anciens liens religieux et spirituels.
Nous fûmes honorés de la visite qu’il nous rendit à notre modeste
résidence. Il s’assit avec nous et nous promit de nous honorer de sa visite
une autre fois. Nous magnifiâmes cette humilité et cet honneur. Il n’y a rien
d’étonnant en cela quand on sait qu’il est descendant de notre grand
rénovateur le cheikh Ahmad al-Fârouqî.
Lorsque nous avons visité Jérusalem le 26 Ramadan 1370H et avons
prié `Ichâ’ et at-Tarâwîh à la mosquée al-Aqsâ, nous avons appris que le
cheikh al-Mojaddidî était en retraite spirituelle dans une des pièces de la
mosquée. Il était habitué à faire la retraite spirituelle chaque année à
Jérusalem. Nous entrâmes où il se trouvait et le saluâmes, puis
retournâmes où nous étions assis. Le 27 Ramadan, son excellence nous
invita à partager le dîner et nous demanda de séjourner avec lui. Nous
considérâmes cela comme une facilité qu’Allah gloire à Lui nous accorda.
Nous séjournâmes dans la tranquillité et l’aisance.
Le 30 Ramadan, nous vîmes le croissant et dînâmes avec Monsieur alMojaddidî. Beaucoup de notables de la ville et de hauts fonctionnaires
vinrent le saluer et le féliciter. Je profitai de l’occasion et prononçai un mot
à l’occasion de la fête. »
L’honorable frère et prédicateur moudjahid Hâroun al-Mojaddidî fut un
des rares hommes dans sa bonne moralité, son humilité, son secours, sa
magnanimité, sa loyauté, sa fidélité. Toute personne qui le connut l’aima.
1112 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Malgré son statut de diplomate, la Da`wa était tout dans sa vie. Il lui
accordait la priorité et la rachetait de son âme, de sa famille et ses biens.
Le contact se coupa entre nous après ma sortie. Je n’eus plus la chance
de le rencontrer ; mais les frères sincères nous mettaient au parfum de ses
nouvelles et son djihad en Égypte et ailleurs.
Sa visite au Koweït:
Il m’honora d’une visite chez moi lorsqu’il visita le Koweït. Le séminaire
hebdomadaire du vendredi fut honoré de l’accueillir. C’était au début du djihad
afghan. Il s’adressa à nous en savant clairvoyant et connaisseur des affaires
afghans dans ses menus détails et des parties sincères et loyales combattant
avec sincérité, et des éléments qui optaient pour le pressant au lieu de ce qui
est ajourné. Il avait une expérience profonde et une compréhension du réel en
plus de ce qu’il avait appris à l’école de l’imam martyr Hassan al-Banna
comme foi profonde, formation subtile, travail continu, dévouement sincère de
l’intention à Allah, se tourner sincèrement à lui et chercher Son contentement.
Tout cela laissa sur lui une trace belle et bénie.
Ses directives et ses conseils:
Dans une lettre qu’il écrivit en 1985 à son gendre vivant en occident, le
félicitant pour la venue au monde de son petit fils, il dit :
« Mille fois bienvenu à un membre de la famille dont Allah vous a
comblé ainsi que la famille. Qu’Allah le fasse croître en belle croissance et
lui prête une belle vie bénie au service de l’Islam sublime, ses idéaux
élevés et ses principes transcendants. La charge de sa génération sera
énorme parce que notre génération a été empêchée de mener une vie
musulmane jouissant de ses droits islamiques et humains. Elle est fière de
sa foi et de sa liberté humaine. Cette liberté qui est le socle sur lequel
repose la vie rassurée et stable. Voilà, le legs est lourd. Quant à nous, il ne
Mohammad Hâroun al- 1113
MojaddidÎ
reste de notre vie qu’une quantité insignifiante. J’ai perdu en deux mois
deux frères avec qui j’étais en contact permanent. Chacun dissipait ses
soucis chez l’autre. Il s’agit des regrettés Mohammad al-Missmârî et `Abd
al-`Azîz as-Sayfî. Ils m’ont quitté brusquement et ont laissé un vide dans
ma vie. Ils ont laissé une trace cachée sur mon cœur. Qu’Allah étende Sa
miséricorde et Son agrément sur eux, leur accorde une belle récompense
et les loge dans Son Jardin le plus vaste.
Quant à ce qui se déroule sur la terre précieuse de l’Islam et ce qui se
passe entre les mercenaires et ce que commettent les collabos perfides et
renégats à l’intérieur, sous le pouvoir ennemi et perfide, cette négligence
de l’Afghanistan qui se passe à Peshawar, je pense que la situation s’est
détériorée. Car ceux qui suivent les événements comprennent que les
négociants ont voix au chapitre alors que les moudjahiddines croyants sont
domptés. Les douleurs et l’extermination du pauvre peuple s’accroissent, le
sang continue à couler au fil des jours, et les musulmans continuent de se
taire et de multiplier les prières et les propos.
1114 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Mohammad Hâmid Abou an-Nasr, Mostafa Mach-hour, Khalîl al-Hâmidî,
Ibrâhîm Charaf, pendant la visite rendue aux refugiés afghans
La différence entre votre génération et moi est que j’ai grandi, me suis
épanoui et suis devenu vieux dans un monde d’épreuves. Mais dans
chaque pas de ma vie, j’ai vu la grande protection d’Allah gloire à Lui.
Malgré le fait que je sois submergé de péchés. Louange à Allah qui accroît
ma foi, malgré une vie qui apparaît anxieuse dans la logique. Mais par la
grâce divine, j’ai de plus en plus la foi et la certitude qu’Allah ne me privera
pas de Sa protection en me couvrant de Son bienfait, Son honneur, Sa
bienveillance et Sa bienfaisance.
Nous, afghans, vivons depuis de longues années dans l’épreuve cruelle
qui, au fil de jours, devient de plus en plus inhumaine. Nous sommes
égorgés et nos maisons sont démolies, tout est dévasté chez nous, et les
musulmans, disons les adeptes de l’Islam vivent dans l’aisance et
l’opulence, s’amusent et rient. »
Le frère Hâroun fut le prototype du musulman qui subjugua toutes ses
énergies et ses moyens au service de sa religion et de son crédo. Il trouva
en les frères musulmans sa brebis égarée. Il resta attaché et fidèle à sa
Da`wa jusqu’à sa mort en 1405H=1985.
Nous implorons Allah Béni et Exalté soit-Il de faire peser ses actes dans
la balance de ses bonnes œuvres, et d’étendre Sa miséricorde sur nous
tous et de nous loger ensemble dans Son Jardin le plus vaste et de nous
ressusciter ensemble ainsi que les autres frères moudjahiddines purs aux
côtés des prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux. Quels
meilleurs compagnons que ceux-là !
Le cheikh des ulémas
Mohammad ibn IbrâhÎm Âl achChaykh
(1311-1389H=1893-1969)
Naissance et enfance:
L’éminent érudit, le savant habile, Mohammad
ibn Ibrâhîm ibn `Abd al-Latîf ibn `Abd ar-Rahmân
ibn Hassan ibn chaykh al-Islam Mohammad ibn
`Abd al-Wahhâb, naquit à Riyad le 17 Moharram
1311H. Il grandit dans une maison solidement
enracinée dans la science, sous l’aile de son père
qui était Cadi de Riyad. Il mémorisa le Saint Coran
à l’âge de 11 ans.
Le roi `Abd al-`Azîz
fit de lui son
conseiller religieux
dans la nomination
des juges,
l’émission de l’avis,
la fatwa,
l’enseignement,
l’imamat et la
À 14 ans, il perdit la vue. Il endura et eut foi en la récompense divine.
Mais cela ne le détourna pas de sa détermination pour la quête de la
science. Il apprit auprès de son père et son oncle `Abd Allah ibn `Abd alLatîf et lit les abrégés des livres du cheikh Mohammad ibn `Abd alWahhâb, du cheikh de l’Islam ibn Taymiya et d’Ibn al-Qayyim, de même
1116 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
que les abrégés de grammaire et de la science successorale. Par ailleurs,
en plus de son apprentissage auprès de son oncle et son père, il apprit
également auprès des cheikhs de Riyad. Il apprit l’exégèse, le hadith et ses
fondements auprès du cheikh Sa`d ibn `Atîq, la grammaire et la langue
rabe auprès du cheikh Hamad ibn Fâris, puis il apprit des livres diffus sur la
science successorale auprès du cheikh `Abd Allah ibn Râchid Jal`oud.
Lorsque son père décède en 1329H, le fils Mohammad avait 18 ans. Il
fut prit en charge par son oncle `Abd Allah qui l’orienta à poursuivre la
quête de la science religieuse. Dix ans après, son oncle tomba gravement
malade et recommanda au roi `Abd al-`Azîz de veiller sur son neveu qui
était doté de science, de clairvoyance, d’une bonne compréhensibilité et
était habilité à assumer une responsabilité. Le roi `Abd al-`Azîz fit de lui son
conseiller religieux dans la nomination des juges, l’émission de l’avis, la
fatwa, l’enseignement, l’imamat et la prononciation du sermon, et ce en
remplacement de son oncle qui décéda en 1339H. À l’époque, le cheikh
Mohammad était au faîte de sa jeunesse, car il était âgé de 28 ans. Il
assuma toutes ces charges avec beaucoup de sérieux et fut à la hauteur
de la compétence et de la responsabilité.
Le cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh devint donc une
référence en matière de fatwa et le cheikh de la science, de l’enseignement et
de la juridiction. Il enseignait du matin après la prière de l’aube jusqu’au soir
après la prière de `Ichâ’. Il suivit ce programme de cours pendant 41 ans.
Ses disciples:
Il forma de grands et d’excellents ulémas et cheikhs dont nous
mentionnons ici quelques uns:
Mohammad ibn IbrâhÎm Âl
ach-Chaykh
1117
`Abd al-`Azîz ibn Bâz, `Abd Allah ibn Hamîd, `Abd ar-Rahmân ibn
Qâssim, `Abd Allah al-Qar`âwî, `Abd al-`Azîz ibn Rachîd, Solaymân ibn
`Obayd, `Abd Allah ibn Dohaych, `Abd Allah al-Miss`arî, `Abd al-Latîf ibn
Ibrâhîm (son frère), `Abd al-Malik ibn Ibrâhîm (son frère), `Abd al-`Azîz ibn
Mohammad (son fils), Ibrâhîm ibn Mohammad (son fils), Mohammad ibn
Halîl, Hamad al-Jâssir, `Abd Allah al-Wâilî, `Abd Allah ibn Hassan Âl achChaykh, Hamad ibn Faryân, `Abd ar-Rahmân ibn Faryân, Râchid ibn
Khanîn, Zayd ibn Fayyâd, Sa`oud ibn Rachoud, Sâlih ibn `Abd al-`Azîz Âl
ach-Chaykh, `Abd ar-Rahmân ibn Fâris et bien d’autres.
Son éminence occupa plusieurs postes de responsabilité tels que :
président des tribunaux religieux à Nadjd et dans la région d’achCharqiyya, président de la magistrature au royaume d’Arabie Saoudite,
président des instituts religieux et des facultés, président du conseil
constitutif de la ligue du monde islamique, président de l’enseignement des
filles, président de l’université islamique de Médine, président de la maison
de l’Iftâ’. Il fut le mufti du royaume et l’autorité en la matière dans les tâches
susmentionnées.
Quand il frisa quatre-vingts ans, il fut atteint par une maladie incurable. Il
se limita au cours d’exégèse qu’il donnait peu avant la prière de `Ichâ’. Sa
mosquée fut une université au cœur de Nadjd qui emplit le pays de science
avant la construction des écoles, des instituts, des facultés et des
universités modernes. Malgré ses diverses responsabilités et d’énormes
tâches qui lui furent dévolues, il composa des livres et des épîtres. Citons à
titre d’exemple : Al-Jawâb al-Mostaqîm, Tahkîm al-Qawânîn, Majmou`a min
al-Ahâdîth wa al-Ahkâm, Al-Fatâwâ, etc.
Le professeur Mohammad al-Majdhoub dit dans son livre `Olamâ’ wa
mofakkiroun `araftohom :
1118 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
« …L’état se réveilla et poursuivit sa lancée sur la base de la
coopération entre le fondateur de l’état saoudien l’imam Mohammad ibn
Sa`oud et l’imam de la Da`wa, le rénovateur Mohammad ibn `Abd alWahhâb. Le cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh fut le dernier
porte étendard de cette Da`wa suivant les traces de ses ancêtres ulémas
parmi ses parents et ses aïeux de la lignée du Cheikh qui le portèrent
avant lui.
Depuis longtemps, je désirais rencontrer le successeur des sciences de
la descendance du rénovateur du douzième siècle hégirien que j’avais
connu à travers le magazine al-Manâr, qui était la foire rassemblant le
mouvement de réforme engagé par les trois prédécesseurs jusqu’à la
renaissance islamique moderne. Ce sont : Jamâl ad-Dîn al-Afghânî, son
disciple Mohammad `Abdouh et son compagnon de djihad Mohammad
Rachîd Ridâ, qu’Allah leur fasse tous miséricorde et leur accorde une
récompense abondante équivalente aux dormeurs qu’ils ont réveillés, aux
enthousiasmes qu’ils ont suscités pour recouvrer la conscience que les
musulmans avaient perdue, n’en déplaise aux négateurs, à ceux qui
feignent d’ignorer et ceux qui propagent des racontars.
Lorsqu’Allah m’accorda le bonheur d’émigrer vers le voisinage de Son
Prophète l’élu des hommes, prière et salut sur lui et sa famille, et que je
rejoignis l’université islamique comme enseignant, je sautai sur la première
occasion de rencontre avec le cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm à la Mecque.
Nous étions un groupe d’enseignants à l’université islamique. Il nous
accorda beaucoup de soins et se mit à nous interroger sur la situation de
l’université, la marche de l’enseignement et la situation des étudiants
étrangers venus de tous les coins du monde islamique. La deuxième
occasion fut à Tâif où j’assistais à son assemblée avec le révérend
Mohammad ibn IbrâhÎm Âl
ach-Chaykh
1119
collègue le cheikh `Atiyya Mohammad Sâlim. Je fus heureux ce jour de
constater la tolérance du cheikh vis-à-vis des opinions divergentes et cette
prestance majestueuse qui submergeait son assemblée. Je multipliai des
visites chez lui à Riyad, lesquelles visites me procuraient un plaisir spirituel
qui m’attirait forcément à le voir et à échanger avec lui… »
Comment je l’ai connu:
J’ai fais sa connaissance pour la première fois quand je faisais des
études en Égypte à la faculté de charia d’Al-Azhar de 1369H-1949 à
1374H-1954, et lorsque le cheikh Abou al-Hassan an-Nadawî nous visita
en Égypte en 1371H-1951. Je l’accompagnais dans la plupart des visites
qu’il rendait aux personnalités et aux organisations. Nous visitâmes
l’organisation Ansâr as-Sonna et son président Mohammad Hâmid al-Fiqî
qui informa le cheikh an-Nadawî de la présence du révérend cheikh
Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh au Caire pour suivre un traitement.
Le cheikh an-Nadawî dit à ce propos dans son livre de valeur
Modhakkirât sâ-ih ach-Charq al-`Arabî:
« Je fis part au cheikh Mohammad Hâmid al-Fiqî, président de
l’association Ansâr as-Sonna au Caire, de mon désir de rencontrer le
cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh, l’hôte de l’Égypte. Nous lui
rendîmes visite à son domicile sis à al-Jîza. Il nous souhaita le bienvenu, je
lui offris le livre de son proche `Omar Hassan Âl ach-Chaykh, il le remit à
une personne de son entourage de le lire pour lui. Puis, nous nous mîmes
à échanger et je lui offris le livre Al-I`lâm fî târîkh al-Hind min al-A`lâm. Il
manifesta son désir de le lire. Le cheikh Ibn Ibrâhîm était très au fait de ce
qui s’était dit sur son aïeul, ceux qui lui portèrent atteinte et ceux qui le
défendirent. Il était également au fait des livres écrits par ses ancêtres et
1120 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
les ulémas du Nadjd. Il rencontra notre vénérable ami le professeur
Mass`oud `Âlim an-Nadawî à Riyad quand ce dernier le visita pendant le
Hajj de 1369H-1949, et révisa avec lui certains points en rapport avec le
cheikh de l’Islam Mohammad ibn `Abd al-Wahhâb.
Je l’ai visité une seconde fois en compagnie du cheikh Mohammad
Hâmid al-Fiqî lorsqu’il sortit de l’hôpital pour la maison après avoir subi
l’opération chirurgicale réussie. Il jouissait d’une bonne santé. Nous
passâmes en revue la situation morale et religieuse du Hedjaz. Il découvrit
mes épîtres qu’il apprécia et approuva. »
En 1384H-1964, quand j’ai visité Riyad en compagnie du cheikh `Abd
ar-Rahman ad-Dowssarî, nous fûmes les hôtes du révérend cheikh Ibn
Ibrâhîm. Nous assistâmes à ses assemblées scientifiques durant notre
séjour à Riyad et tirâmes parti des leçons scientifiques et des discussions
jurisprudentielles qui avaient cours dans cette assemblée. Le cheikh adDowssarî eut une présence remarquable et une participation efficiente qui
fut appréciée du révérend cheikh qui jouissait d’une vaste science, d’une
compréhension profonde, de la tolérance, de la longanimité, de la patience,
la vénération des ulémas, dispensait la science à ses chercheurs, portait
secours et était magnanime. Je fus très heureux d’apprendre de mes frères
de Riyad qu’il fit don d’une grande parcelle de terrain sise au quartier anNassîm pour faire d’elle un cimetière pour musulmans après que la
cimetière al-`Oud était devenu exigu à cause du grand nombre de morts
musulmans qui y étaient enterrés. Qu’Allah le récompense en bien.
Sa mort:
Cette visite effectuée avec le cheikh ad-Dowssarî fut notre dernière
rencontre avec lui, car il décéda le 24 Ramadan 1389H. On fit sa prière
Mohammad ibn IbrâhÎm Âl
ach-Chaykh
1121
funéraire à la grande mosquée de Riyad. Une foule nombreuse assista à
ses funérailles avec à leur tête le roi martyr Faysal ibn `Abd al-`Azîz, les
princes, les ulémas, les ministres, les notables et le commun des gens. On
l’enterra au cimetière al-`Oud à Riyad. Qu’Allah lui fasse miséricorde et le
récompense en bien au nom de l’Islam et des musulmans.
Plusieurs ulémas, hommes de lettres et poètes firent son oraison
funèbre. Voici quelques vers puisés du poème élégiaque composé par le
Dr Mohammad Kâmil al-Fiqî :
Un malheur insupportable s’est abattu sur la presqu’île
Que les cœurs se fissurent que les yeux coulent
Il y a plusieurs générations de mort et plusieurs branches de la mort
La mort la plus douloureuse est celle qui entraîne la mort des religions
Qui pourra garder la charia et la morale
Ou la soigner si les maux s’entêtent
Qui pourra défendre la vénérable Sunna en la commémorant
Sans que la parole ni l’acte ne détourne de sa lumière
Ô le résolu qui n’a pas connu de faiblesse
L’homme dont la discussion se ravalait devant l’avis perçant
Tu fus le brave qui ne s’irritait que pour Allah
Toute plaie que tu as soignée se cicatrisait
Tu dominas les ennemis d’Allah qui furent désappointés
Que je te plains ! Peuvent-ils encore continuer à espérer ?
Tu as créé des maisons de science dans leurs congrès
Les légions n’avaient ni faibli ni n’avaient désappointé
Le frère, le cheikh vérificateur `Abd Allah ibn `Abd ar-Rahmân ibn Sâlih
al-Bassâm, auteur du livre `Olamâ’ Najd khilâla sittat al-Qoroun dont la
biographie nous a beaucoup servi dans la majorité de ce que nous avons
dit à propos du cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh, dit :
1122 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
« Le décès du cheikh secoua le peuple, tous ses membres furent
frappés de frayeur à cause de sa perte. Ils sentirent qu’ils avaient perdu
une grande personnalité qui faisait partie des fils du pays qui lui étaient très
chers, surtout aux hommes de science qui voyaient en lui un parent, un
cheikh, un chef et une référence. Durement éprouvés, ils se sont référés à
la parole qui dit « Nous sommes tous d’Allah vers Lui nous retournerons »,
la répétant avec des cœurs croyant au destin. Les gens se mirent à
s’échanger des condoléances vu qu’ils étaient associés au malheur. L’une
des coïncidences étranges ou mieux, une faveur d’Allah le Très-Haut à Ses
serviteurs est que la maxime du jour qui figurait sur le calendrier Omm alQorâ le jour de son décès était : le Messager d’Allah prière et salut sur lui a
dit : « la vraie endurance consiste à supporter le premier choc. » C’était
peut-être une inspiration divine pour consoler Ses serviteurs de leur
malheur douloureux. »
Voila la biographie concise de ce savant connaisseur qui prit sur lui
toutes ces responsabilités énormes et se chargea de gérer ces grandes
affaires avec compétence et aptitude. Il était un amoureux des sciences et
aimait les transmettre à ses chercheurs. Il déployait d’énormes efforts pour
instruire les gens sur les affaires de leur religion et les guider vers ce qu’il
leur incombait tel que s’astreindre aux règles de l’Islam dans toutes leurs
affaires. Il recommandait aussi aux gouvernants de prendre l’Islam dans sa
globalité ainsi que ses détails et de respecter sa méthode dans la pratique,
de ne pas se fier au jugement des lois positives parce que la sentence
d’Allah dans Son Livre et la Sunna de Son Messager est la référence de
tous les musulmans, individus et groupes, gouvernants et gouvernés,
bergers et troupeau.
Sa prise en charge des ulémas et des prédicateurs:
Mohammad ibn IbrâhÎm Âl
ach-Chaykh
1123
Le révérend cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm était l’archétype du savant
apte et du prédicateur sage, du conseiller loyal, du guide digne de
confiance, du maître éducateur dont toute personne qui l’avait connu de
près et avait fait connaissance de ses bienfaits témoignait en sa faveur.
L’espace ne nous permet pas de les mentionner tous ici. Il lui suffit cette
bonne mention et cette belle biographie que racontent tous ses amis, ses
élèves et ceux qui ont connu son mérite de près ou de loin, à l’intérieur de
l’Arabie Saoudite ou à l’extérieur. Tel est le bienfait d’Allah qu’Il accorde à
qui Il veut.
Le révérend cheikh joua un rôle effectif dans l’accueil des ulémas et des
prédicateurs qui émigrèrent avec leur religion fuyant l’oppression des
tyrans er des oppresseurs qui s’évertuèrent à remplacer la charia par les
lois islamiques, combattirent la religion et ses adeptes et pourchassèrent
tout celui qui disait : Il n’y a point de divinité en dehors d’Allah. Ceux-là qui
se firent entourer des chantres de l’athéisme, du communisme, du
nationalisme et de la laïcité et propagèrent les concepts déviants et les
principes dévoyés, à tel point que certains pays musulmans devinrent un
pré ou paissait n’importe quel ennemi de l’Islam venu de l’orient ou de
l’occident. Le pays devint étroit pour les musulmans et ses portes
s’ouvrirent à tout prétentieux scélérat et à tout criminel ignoble.
Allah rendit ces ulémas et ces prédicateurs émigrés utiles à l’Arabie
Saoudite, car ils laissèrent de belles traces dans l’éducation de la jeunesse
aux principes du vrai Islam puisés du Livre, de la Sunna et du consensus
des ancêtres de la communauté.
L’érudit marocain le Dr Mohammad Taqiyy ad-Dîn al-Hilâlî dit dans sa
préface du livre Mohammad ibn `Abd al-Wahhâb moslih madhloum wa
1124 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
moftarâ `alayh composé par l’un des élèves d’al-Hilâlî en Inde, le professeur
Mass`oud `Âlim an-Nadawî:
« Il est clair que l’imam pieux et pénitent Mohammad ibn `Abd alWahhâb est celui qui prêcha pour la doctrine hanéfite, celui qui rénova le
règne du noble Messager et des compagnons et fonda un état qui rappela
aux gens l’état des califes bien guidés. Cet état domina les démons et
raviva les sciences du Livre d’Allah et de la Sunna du noble Prophète qui
avaient disparu. Il n’y a pas de doute que connaître les nouvelles de cette
Da`wa et de son auteur importe à tout chercheur de la science parmi ceux
qui partagent son avis et ceux qui sont contre. Bien plus, cela importe aux
musulmans et aux non musulmans. »
Nous implorons Allah le Très-Haut d’étendre Sa miséricorde sur notre
grand cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh. Qu’Il le loge dans
Son Jardin le plus vaste et nous ressuscite ensemble dans le groupe de
Ses serviteurs vertueux. Il en est le Souverain Puissant. Louange à Allah
Maître de l’univers.
Mohammad ibn IbrâhÎm Âl
ach-Chaykh
La maison où a vécu le cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh
1125
L’érudit cheikh
Mohammad ibn Sâlih al`OthaymÎn
(1347-1421 = 1927-2001)
Sa naissance et son enfance:
Cheikh Mohammad ibn Sâlih al-`Othaymîn est né
dans le village de `Onayza le 27/9/1927. Très tôt, il
mémorisa le Saint Coran auprès de son grand-père
maternel `Abd ar-Rahmân Âl Dâmigh. Il fit ses
débuts comme élève auprès du cheikh `Abd arRahmân
as-Sa`dî,
puis
il
rejoignit
l’institut
scientifique de Riyad. Il apprit également auprès du
cheikh Mohammad al-Amîn ach-Chinqîtî, `Abd al`Azîz ibn Bâz et bien d’autres. Auprès de son
premier cheikh `Abd ar-Rahmân as-Sa`dî, il apprit
Il était un
savant versé
dans les
sciences de
`Aqîda, de
jurisprudence,
d’exégèse et de
fatwa. Il a
composé des
dizaines de
livres et
les sciences du Tawhîd, l’exégèse, le hadith, la jurisprudence, les
fondements
de
la
jurisprudence,
les
sciences
successorales,
la
terminologie du hadith, la grammaire et la morphologie. La fréquentation du
révérend cheikh `Abd al-`Azîz ibn Bâz lui permit d’apprendre auprès de lui
1128 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
le Sahîh d’al-Bokhârî, certaines épîtres du cheikh de l’Islam Ibn Taymiya et
d’autres livres de jurisprudence.
Sa vie scientifique et professionnelle:
Il a enseigné à l’institut scientifique de `Onayza et à l’institut scientifique
de Riyad immédiatement après sa sortie. Au même moment, il était inscrit
à la faculté de charia où il sortit en 1957. Quand son premier cheikh `Abd
ar-Rahmân as-Sa`dî décéda, il le remplaça à la grande mosquée de
`Onayza comme imam et enseignant cumulativement avec ses fonctions
d’enseignant à la faculté de charia. Il était également membre du corps des
grands ulémas. Le poste de juge lui fut proposé, il le déclina.
Le cheikh a composé plus de 35 ouvrages et épîtres qui ont comblé un
côté important de la bibliothèque islamique, et beaucoup apporté à la science
religieuse dont les musulmans ont besoin. Certains de ses livres furent mis au
programme dans des instituts scientifiques du royaume d’Arabie saoudite. Il
ne ménagea pas d’effort dans la Da`wa à la quelle il consacra toute sa vie en
donnant des conférences publiques dans tout le royaume. Il ne cessa pas
d’éclairer les gens sur la religion d’Allah en émettant des fatwas par téléphone,
par écrit, dans des cassettes, sur les radios, dans des journaux et magazines
et à travers le programme radiophonique Nour `alâ nour. Il participait
également aux grandes conférences islamiques à l’intérieur du royaume, telle
que la conférence du message de la mosquée, la conférence sur la Da`wa et
les prédicateurs, la conférence sur la jurisprudence islamique, la conférence
sur la lutte contre la drogue, etc.
Depuis son enfance, cheikh ibn al-`Othaymîn était un amoureux de la
science. Il fréquentait les ulémas. A côté de son cheikh as-Sa`dî, Ibn Bâz
et ach-Chinqîtî, il apprit auprès des cheikhs d’al-Qasîm tels que cheikh `Alî
Mohammad ibn Sâlih
al-`OthaymÎn
1129
Hamad as-Sâlihî, cheikh Mohammad `Abd al-`Azîz al-Motawi`, cheikh `Abd
ar-Rahmân ibn `Oudân, cheikh `Abd ar-Rahmân Âl Dâmigh et bien
d’autres.
Cheikh ibn al-`Othaymîn avait un style distingué dans l’enseignement et
la transmission de l’information aux étudiants et aux auditeurs par la voie
facile. Il n’était pas un partisan de l’endoctrinement, son style était axé sur
l’interaction via la question et la réponse. Chose qui mettait les étudiants en
état d’éveil et garantissait un suivi permanent.
On rapporte que le roi Khâlid ibn `Abd al-`Azîz lui offrit un immeuble. Il le
transforma en bien de main morte destiné à ses étudiants qui devaient
l’habiter gratuitement. Il leur ouvrit un réfectoire et mit à leur disposition un
cuisinier, une bibliothèque et une médiathèque.
Il était un Mojtahid qui se fiait à la force de la preuve et ne se cloîtrait
pas dans une doctrine. Bien plus, il a des efforts personnels qui
contredisent la doctrine hanbalite et même Ibn Taymiya. Le professeur
Solaymân ad-Dahyân a mentionné que cheikh ibn al-`Othaymîn a contredit
la doctrine hanbalite dans 89 questions concernant la purification.
Il était patient et ouvert aux avis de ses contradicteurs. Il ne se fatiguait
pas d’eux et ne faisait pas de la divergence jurisprudentielle un motif de
rancune et de haine. Bien plus, il émettait son avis en se basant sur la
preuve tirée du Coran et la Sunna et sa façon de les comprendre qui était
un don divin. Il refusait qu’on offense le contradicteur ou qu’on le dénigre,
car chaque Mojtahid a une récompense auprès d’Allah.
Il menait une vie simple, loin d’apparences et d’affectation. Dans ce bas
monde, il fut un ascète qui passa une grande partie de sa vie dans une
maison en terre. Il ne portait pas des vêtements somptueux et ne montait
1130 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
pas des voitures luxueuses. L’humilité était son habitude dans toutes ses
affaires.
Il était aimé de tout le monde de différents âges, jeunes comme grands,
riches comme pauvres, étudiants citoyens comme étrangers. Il les traitait
tous au même pied d’égalité.
Anecdote: On raconte qu’après la prière à la Sainte Mosquée de la
Mecque, le cheikh emprunta un taxi qui devait l’amener à un endroit précis.
Il eut une conversation avec le chauffeur sur des sujets religieux. Le
chauffeur était un bédouin qui répondait spontanément. Le chauffeur dit : A
qui ai-je l’honneur ?
— Je suis Mohammad ibn `Othaymîn, répondit le cheikh. Le chauffeur
s’étonna et reprit une fois de plus pour s’enquérir : Vous dites le
cheikh ? –Oui le cheikh, reprit-il. Le chauffeur secoua la tête en signe
de doute sur ce qu’il considérait comme audacieux de pouvoir se
passer pour cheikh ibn`Othaymîn. Et le cheikh de demander au
chauffeur : Et à qui ai-je l’honneur ? Le chauffeur répondit : Cheikh
`Abd al-`Azîz ibn Bâz. Cheikh ibn `Othaymîn rit et lui demanda : Vous
êtes donc cheikh `Abd al-`Azîz ibn Bâz ? – Oui, comme vous aussi
êtes cheikh ibn`Othaymîn, rétorqua le chauffeur.
Ses positions dans l’œuvre caritative et bienfaisante sont innombrables.
Que ce soit par ses propres biens ou ce que lui donnaient les bienfaiteurs.
Il aidait les démunis désireux de se marier en leur versant la moitié de la
dot. Il aidait aussi les pauvres et les nécessiteux et contribuait à la
construction des mosquées et des centres de mémorisation du Saint
Coran, ainsi que le forage des puits. Il aidait les sinistrés où qu’ils se
trouvaient, en Arabie saoudite ou ailleurs. De même, il soutenait les
Mohammad ibn Sâlih
al-`OthaymÎn
1131
centres et les fondations islamiques en occident appartenant aux émigrés
et aux étudiants musulmans.
Il était organisé dans sa vie privée et précis dans ses rendez-vous, les
programmes de sa vie, avec sa famille et ses enfants, avec ses étudiants
et tout le monde, de sorte qu’aucun côté ne dominait l’autre de façon qu’il
lui consacre tous ses efforts. Bien plus, tout marchait suivant un système et
des programmes bien déterminés et des rendez-vous bien arrangés.
Certains de ses enfants narrent que : Durant ses derniers jours, alors
qu’il était admis à un hôpital spécialisé de Djedda, ce fut la dernière nuit de
Ramadan. Il insista à partir à la Sainte Mosquée de la Mecque en disant :
« C’est la dernière nuit de Ramadan, ne me privez pas de sa
récompense. »
Nous nous pliâmes à son désir et l’amenâmes à la Mecque sur un
fauteuil roulant avec des tuyaux d’oxygène fixés sur lui. Quand nous
entrâmes à la Sainte Mosquée, il fit ses ablutions mineures et pria Maghrib
et `Ichâ’. A la fin de la prière d’at-Tarâwîh, il dit : Donnez-moi le micro. Et il
commença à donner son cours. Les médecins étaient inquiets de sa santé
et avaient la main sur le cœur. Mais cette leçon fut la plus facile et la plus
sublime. Telle fut sa position à ses derniers jours. Car, il regagna l’hôpital
le jour de la fête.
Le cheikh fut lauréat du prix Roi Faysal pour le service de l’Islam en
1994. Une reconnaissance pour ses efforts scientifiques et professionnels
fournis au service de l’Islam et des musulmans partout.
Ses citations:
1132 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
« L’impact du cheikh `Abd al-`Azîz ibn Bâz sur moi c’est par rapport à
l’importance à accorder au hadith. Il m’a également influencé sur le plan de
la morale, car il s’était donné aux gens. Cheikh `Abd ar-Rahmân as-Sa`dî
m’a influencé sur la manière d’enseigner et d’exposer la science en la
rapprochant des étudiants par des exemples et des concepts. Il m’a
également influencé moralement, car il était doté d’une grande morale
vertueuse. Il avait atteint un haut degré de science et de dévotion. Il
plaisantait avec le petit et riait avec le grand. Côté morale, il est la meilleure
personne que je n’aie jamais vue. »
Il dit également : « Les séditions pénètrent les cœurs et les empêchent
de mentionner Allah et de prier. Elles les déciment comme le poison
décime le corps pour finir par le tuer. Les flèches de Satan sont acérées et
Satan coule dans les veines du fils d’Adam comme l’a dit le Messager,
prière et salut sur lui. Devant la sédition, l’homme ne garantit pas d’en être
épargné et ne se sent pas en sécurité contre le mal de cette sédition. Nous
vivons une époque où les causes de sédition sont nombreuses et ses
moyens diversifiés. Ses portes sont ouvertes devant tout le monde, et les
suspicions d’innovations ont commencé à s’infiltrer dans les cœurs des
personnes naïves et les ont fait périr. Les fatwas et les revues vides
d’investigation ont gagné le terrain. Elles ont balancé les cœurs des gens
et les ont inquiétés. Les journaux, les magazines et les médias appelant à
la lascivité, à la débauche se sont éparpillés. Les gens sont devenus la
proie de cette grave maladie… Nous implorons Allah de nous accorder la
paix ainsi qu’à eux. »
Ils ont dit:
Mohammad ibn Sâlih
al-`OthaymÎn
1133
Dr `Abd Allah ibn `Abd al-Mohssin at-Torkî dit: « Sans doute, la science
qu’Allah a donné la chance au cheikh Mohammad ibn Sâlih al-`Othaymîn
de quérir a eu un grand impact sur sa vie. Le cheikh a grandement profité
de cette science qu’Allah lui a permis d’acquérir, ainsi que la
compréhension des objectifs de la charia islamique qui a fait de lui une de
ses éminentes personnalités. Il enseignait et donnait des conférences sur
les sciences du Saint Coran, du hadith, de la jurisprudence et ses
branches. Il y a dans son curriculum studiurum un exemple hors pair et un
grand témoignage de l’importance de la science et du sérieux dans sa
quête. Sa science abondante a profité aux gens en Arabie saoudite et
ailleurs dans les cercles de science qu’il animait dans les mosquées, les
universités, les instituts, les écoles, les fondations islamiques, les
organisations de Da`wa ; et à travers les fatwas et les orientations qu’ils
écoutaient sur la radio et lisaient dans les journaux, les magazines et les
revues de Da`wa, dans ses livres et ses épîtres de valeur. Ses multiples
positions émanaient de la parfaite compréhension de l’Islam et sa
modération ainsi que sa méthode juste. Elles émanaient également de sa
compréhension saine de la tâche du savant prédicateur. Il suivit la voie des
prédécesseurs dans ses œuvres scientifiques, sa méthode de Da`wa et les
voies d’éducation et d’enseignement.
Les traits caractéristiques de sa méthode sont:
§
Son désir ardent de se restreindre à la croyance qui était celle des
prédécesseurs pieux
§
Veiller à l’authenticité de la preuve, la justesse la clarté et la
convenance de l’explication
§
Le lien entre la Da`wa et la réglementation jurisprudentielle
1134 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
§
Accorder de l’importance aux objectifs de la charia et aux règles de la
religion
§
Le juste milieu et la modération dans la méthode, la conduite, la
compréhension et la restriction à la méthode des prédécesseurs
§
Accorder de l’importance à la pratique en prenant le soin de citer les
exemples et classifier les hadiths
§
La facilitation qui éloigne le prédicateur de la complexification, du
fanatisme et de l’imitation aveugle, et le désir de concilier le texte à
l’intérêt. »
Le professeur Zayn al-`Âbidîn ar-Rakâbî dit: « La mort du vénérable
savant cheikh Mohammad ibn Sâlih al-`Othaymîn est une grande perte
pour tout amoureux de l’Islam. J’ai rencontré le grand jurisconsulte plus
d’une fois dans des campements universitaires et chez lui à al-Qasîm, à la
Mecque et à Riyad. La dernière fois que je l’ai vu, c’était lors de
l’assemblée du lundi initiée par cheikh `Othmân as-Sâlih à Riyad. Il parla
du « bienfait de la sécurité et notre responsabilité vis-à-vis de sa
sauvegarde. » Il parla du pilier fondamental de la sécurité qui est la foi en
Allah Seul. Pour étayer son propos, il cita ce dire d’Allah gloire à Lui :
Ceux qui ont cru et n'ont point troublé la pureté de leur foi par
quelqu'iniquité (association), ceux-là ont la sécurité; et ce sont eux les bienguidés.  (Al-An`âm : 82)
Il dit: La discipline dans la circulation, l’arrêt, le tournant à gauche et à
droite conformément aux systèmes définis, fait partie des actes qui
rapprochent à Allah, car c’est l’obéissance au bien que l’Islam a prescrit,
dans toute mesure prise par l’autorité, et dans tous les systèmes mis sur
pied pour protéger l’intérêt public et réguler le comportement des gens, afin
Mohammad ibn Sâlih
al-`OthaymÎn
1135
que les uns n’oppriment pas les autres. Ceci est une bonne appréhension
des services dits Morsala (dont aucun texte ne confirme ou n’infirme.)
Le cheikh était un savant versé dans les sciences de `Aqîda, de
jurisprudence, d’exégèse et de fatwa. Il a composé des dizaines de livres
et d’épîtres et a des milliers de cassettes audio. Le cheikh avait pour
méthode : Tourner avec la preuve où qu’elle vous amène, jouir de son droit
scientifique à saisir et à déduire à partir de la preuve. »
Dr Jâssim Mohalhal al-Yâssîn dit: « Nous avons appris avec amertume
et une profonde affliction, le décès de l’érudit de la péninsule, le cheikh de
la jurisprudence de la `Aqîda, de la littérature et versé dans plusieurs
disciplines, le révérend cheikh Mohammad ibn Sâlih al-`Othaymîn. Quel
excellent savant ! Combien a-t-il servi et a excellé dans l’exposition des
subtilités de la jurisprudence et la mise en relief des fondements de la
`Aqîda des prédécesseurs, en y déduisant des règles idéales et des perles
précieuses sur l’unicité d’Allah gloire à Lui, et qui ont été utiles au
serviteurs dans tous les pays !
Que excellent combattant de l’innovation et redresseur de l’édifice de la
Sunna qui la défendait, divulguait ses traits caractéristiques, la protégeait
et l’ouvrait à tout le monde !
Quel excellent adorateur ascète qui tourna le dos au divertissement et
aux germes de la corruption, se soumettait à son Seigneur et se retournait
à Lui, se tenait à Son jugement en s’y conformant. Nous croyons qu’il est
ainsi auprès d’Allah.
Quel excellent enseignant et éducateur qui avait des disciples et des
amis qui s’abreuvaient à la source abondante de science.
1136 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Quel excellent auteur de bonnes oeuvres qui ont rehaussé l’éclat de la
charia du Très Miséricordieux et qui sont composées d’article, de livre,
d’épîtres et de conférences qui témoignent de son éminence, de son esprit
pénétrant, de sa profondeur et la justesse de sa pensée. »
Notre prise de connaissance:
Quand nous visitâmes le cheikh `Abd ar-Rahmân as-Sa`dî durant la
saison de Hajj de 1375 avec mes camarades professeurs de l’école anNajât, nous fûmes ses hôtes. Nous fînmes la connaissance de quelques
uns de ses élèves et parmi eux, cheikh Mohammad ibn Sâlih al-`Othaymîn
qui avait une vingtaine d’années. Nos rencontres se répétèrent dans les
conférences auxquelles je participais en Arabie saoudite, telle la
conférence sur le message de la Mosquée tenue à la Mecque, la
conférence sur la jurisprudence islamique à Riyad, la conférence sur la
Da`wa et les prédicateurs tenue à Médine, et plusieurs autres rencontres
durant les saisons de Hajj et de `Omra pendant le Ramadan.
Lorsque j’ai rejoint la ligue du monde islamique, je participais avec lui
dans des conférences de conscientisation islamique données aux pèlerins
sous la supervision du révérend cheikh `Abd al-`Azîz ibn Bâz. J’étais
également heureux de suivre ses leçons à la Sainte Mosquée de la
Mecque pendant la dernière décade de Ramadan chaque année durant la
période où j’exerçais à la ligue. Je suivais également avec délectation ses
leçons et ses fatwas dans lesquelles il respectait la sentence qui est
soutenue par une preuve sans nécessairement avoir une coloration
doctrinale. Bien plus, ses propres Ijtihâd
qui contredisaient même la
doctrine, étaient nombreux, ainsi que ses fatwas qui étaient écoutées et
lues. Il appliquait la sentence légale à la réalité et optait pour ce qui est
Mohammad ibn Sâlih
al-`OthaymÎn
1137
facile à la masse qui ignorait beaucoup de règles à suivre. Il était doux
envers les jeunes fougueux qu’il ramenait au droit chemin et les exhortait à
emprunter la voie de la modération pour atteindre l’objectif, avec sagesse
et bonne exhortation.
Sa mort:
Le révérend cheikh Mohammad ibn Sâlih al-`Othaymîn est décédé le
mercredi 5/10/1421 H = 10/1/2001 à l’hôpital spécial de Djedda de suite
d’un cancer qui l’avait rongé pendant deux ans.
On pria sur lui à la Sainte Mosquée de la Mecque et il fut inhumé au
cimetière de la Mecque.
Qu’Allah lui fasse abondamment miséricorde et le loge dans Son plus
vaste Jardin aux côtés des prophètes, des véridiques, des martyrs et des
vertueux. Quels meilleurs compagnons que ceux-là !
Le prédicateur moudjahid
Mohammad Kamâl ad-DÎn
as-SanânÎrÎ
(1326-1401H = 1918-1981)
Préambule:
Le frère aimé, fidèle, fervent pieux, musulman
sincère, prédicateur moudjahid, croyant endurant,
homme résistant, gisement précieux, travailleur
calme, jeûneur et veilleur en prière, lecteur du Coran
et évocateur, fut un magnifique exemple de fermeté,
d’audace vis-à-vis de la vérité, de l’endurance du
malheur. Il fut un exemple pour ses frères
Sa morale et
sa conduite
me
rappelaient la
biographie
des ancêtres
pieux que
prédicateurs dans les prisons qui le considéraient tel un sommet fier et une
montagne élevée. Fier de son Seigneur et avec sa foi, il s’éleva au-dessus
des nains farceurs, ces petits pharaons et leurs mercenaires qui n’étaient
que des pseudo hommes.
Naissance et enfance:
Il est né au Caire le 11 mars 1918 dans une famille aisée. Il fit ses
études primaires et secondaires, puis rejoignit le ministère de la santé au
département de la lutte contre la malaria en 1934. En 1938, il démissionna
1140 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
du ministère et songea à rejoindre une université américaine pour
apprendre la pharmacologie afin de travailler à la pharmacie al-Istiqlâl
appartenant à son père. Mais un savant le convainquit de ne pas voyager
en Amérique vu l’ignominie qui y régnait. Il changea d’avis après avoir fait
sa valise et s’être rendu à Alexandrie prendre le bateau en partance pour
l’Amérique.
Son adhésion à la Confrérie des Frères Musulmans:
C’est en 1941 qu’il adhéra à la Confrérie des Frères Musulmans. Sa
conscience, sa loyauté et son dynamisme firent qu’il se distingua parmi les
jeunes et fut chargé d’accomplir certaines tâches.
As-Sanânîrî était le disciple fidèle aux principes de son professeur
l’imam martyr Hassan al-Banna. Il comprit la leçon très tôt et sut que la voie
de la Da`wa était entourée de risques, parsemée d’épines. Car, la voie du
paradis est parée de choses répréhensibles. Il répétait par cœur ce que le
cheikh avait rédigé à l’intention de ses disciples lorsqu’il dit : « L’ignorance
du peuple vis-à-vis de la réalité de l’Islam sera un obstacle devant vous, les
ulémas officiels à la solde du pouvoir vous combattront, tout gouvernement
cherchera à circonscrire votre activité et à ériger des obstacles sur votre
chemin avec l’aide des âmes faibles, des cœurs malades et des mains qui
leur sont tendues en quête d’aide et s’abattent sur vous pour vous porter
atteinte et vous agresser. Vous serez emprisonnés, arrêtés, effarouchés.
Vos maisons seront perquisitionnées, vos biens confisqués. On vous
accusera à tort et vous collera des mensonges afin de ternir votre image et
vous dénigrer. Il se pourrait que vous subissiez cette épreuve pour
longtemps, mais ce n’est qu’à ce moment que vous que vous aurez
commencé à fouler la voie des adeptes de la Da`wa. »
Mohammad Kamâl ad-DÎn as- 1141
SanânÎrÎ
Le professeur As-Sanânîrî remettait ces paroles dans le contexte qu’il
vécut lui et ses frères pendant près d’un quart de siècle dans les ténèbres
des prisons et des cellules, encaissant les coups de fouet des bourreaux et
des soldats esclaves du pouvoir. Ils demeurèrent inébranlables et ne dirent
mot. Bien plus, ils s’attelèrent à l’évocation d’Allah tout en ressentant Sa
compagnie et Sa protection. Ils trouvèrent la torture agréable et les fouets
leur procurèrent du plaisir. Cela accrut leur proximité avec Allah ainsi que
leur désir de Le rencontrer.
Le frère `Abd Allah at-Tantâwî dit de lui dans le journal jordanien AlLiwâ’: « L’imam martyr trouva en lui un nouveau Mos`ab qui se sacrifiait au
service de la Da`wa et ses fils et veillait à sa compréhension et à
l’assimilation de ses dimensions morales, sociales, politiques et djihadistes.
Il fut l’espoir et le modèle pratique des jeunes, de part sa droiture, sa piété,
son ascétisme, son dynamisme, son don du soi et la dépense de ses biens
et ses efforts. Très religieux, il jeûnait chaque un jour et veillait la nuit pour
prier, réciter le Coran et évoquer Allah en versant des larmes chaudes et
abondantes. Il fut également humble envers ses frères égyptiens et les
étudiants étrangers venus de tous les coins du monde arabo islamique.
A la mort de son père, il prit en charge ses trois frères et ses trois sœurs
germains ainsi que sa mère. Il fut un père compatissant, même certains de
ses frères le dépassaient en âge. Les charges de la famille vinrent s’ajouter
aux charges de la Da`wa, et le frère Kamâl était satisfait de ce qu’Allah lui
avait destiné. Il oeuvrait pour sa famille, travaillait et combattait dans le
champ de la Da`wa et plantait l’arbre qui allait donner ses fruits dans
l’avenir.
1142 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Il travailla aussi bien pour la Palestine que pour l’Egypte. L’effort qu’il
fournit au service des causes arabes et islamiques accrut ses tâches de
même que ses activités et ses sacrifices à tel point qu’il ne pensa même
pas s’offrir une maison et des meubles, vu ses multiples déplacements et
voyages. C’est chez sa grande sœur qu’il se reposait et mangeait quelques
bouchées, puis sortait précipitamment. Il ne faisait pas le travail d’hier
aujourd’hui et ne remettait pas à demain ce qu’il fallait faire aujourd’hui.
Les conspirateurs montèrent des complots contre la Da`wa et ses
hommes, et notre martyr subit toutes sortes de torture comme ses frères.
Le 28/2/1954, le peuple se mobilisa vers le palais de `Âbidîne,
revendiquant les libertés opprimées et tyrannisées par Nasser et ses
soldats. Notre martyr As-Sanânîrî joua un grand rôle dans l’organisation de
cette manifestation qui réunit des centaines de milliers de manifestants
conduits par le vénérable savant et martyr `Abd al-Qâdir `Awda. Les balles
plurent sur les manifestants et les martyrs tombèrent en grand nombre à sa
droite et à sa gauche. Mais Kamâl as-Sanânîrî continua à diriger et à
organiser la manifestation avec fermeté, à enlever les vêtements des
martyrs trempés de sang et à les brandir devant les gens en criant pour
qu’ils voient le vrai visage du gouvernement égyptien et ce que les
hommes de la révolution voulaient de l’Egypte et son peuple.
Les chiens du régime épiaient les leaders actifs et instigateurs de ces
manifestations. Kamâl as-Sanânîrî était l’un de ceux là que le tribunal du
peuple (la farce historique des tribunaux) condamna à vingt ans de travaux
forcés.
Kamâl as-Sanânîrî fut incarcéré en octobre 1954 et libéré en janvier
1973, ce qui faisait vingt ans jour pour jour. Sadate n’ y fut pour rien dans
Mohammad Kamâl ad-DÎn as- 1143
SanânÎrÎ
sa libération, car il purgea sa peine dans les prisons des oasis sous le
soleil ardent et brûlant, avec son climat désertique et rude et son sable
incandescent qui brûlait les pieds nus.
Après la sentence prononcée contre lui, on mit son épouse et sa mère
sous pression afin qu’elles le détournent de son entêtement en écrivant
une motion de soutien à Abdel Nasser. Il refusa fermement et s’excusa
auprès de sa mère âgée de soixante-dix ans qui lui demanda avec les
larmes aux yeux d’écrire une lettre de supplication. Il dit avec la fierté d’un
prédicateur : « Si j’envoie cette lettre et meurs après, quelle sera ma
position
auprès
d’Allah ?
Aimerais-tu
me
voir
mourir
dans
le
polythéisme ? »
Il demanda à sa femme de choisir entre la divorce et demeurer sa
femme, celle-ci dit en larmes : « Je demeurerai ton épouse mon bien
aimé. » Mais sous la pression des hommes de Nasser, elle fut contrainte
de divorcer d’avec lui.
Le général et historien Mahmoud Chît Khattâb m’a narré dans son
domicile à Bagdad que : « En 1973, le professeur Kamâl as-Sanânîrî me
rendit visite en compagnie de son épouse Amîna Qotb à l’hôtel où je fus
descendu. Je fus heureux de cette visite. Les larmes de joie se mêlaient
aux larmes de la tristesse par rapport à ce que la famille Qotb avait subi
des mains des collabos et des tyrans. Les yeux et le visage de Amîna
étaient empreints de tristesse. Kamâl était plutôt calme et distrait et le
sourire ne quittait pas son visage. »
Son arrestation et son incarcération:
Il fut arrêté en 1954 et condamné à la prison par le tribunal créé par le
tyran Abdel Nasser. Il purgea entièrement sa peine et fut libéré en janvier
1144 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
1973. Il fut transporté à l’hôpital Qasr al-`Aynî des suites d’un malaise aigu
à l’oreille causé par la torture. A sa sortie d’hôpital, il louangea Allah parce
que son ouie avec l’oreille malade était meilleure qu’avec l’oreille saine.
La torture atroce qu’il subit en prison frappa le frère germain à son
épouse –qu’il divorça en prison- de stupeur, à tel point que le jeune homme
devînt fou et fût transféré à l’hôpital psychiatrique.
La mère d’as-Sanânîrî et son épouse assistaient assidûment aux
assises du procès burlesque en 1954. Lors de la première assise, la mère
ne reconnut pas son fils Kamâl enlaidi par la torture. Elle demanda à sa
fille : Où est ton frère Kamâl ? Il rétorqua : C’est lui dans le box. Et la mère
de lui répondre : Non ma fille, suis-je devenue idiote au point de ne plus le
reconnaître ?
As-Sanânîrî avait tellement fondu que ses vêtements étaient devenus
amples sur lui. On avait rasé et sa tête et sa barbe et lui avait brisé la
mâchoire, son parler avait changé et son oreille gauche était atteinte de
surdité… Durant cette assise, la mère insista à croire qu’il ne s’agissait pas
de son fils Kamâl.
Son mariage en prison:
Pendant sa longue période d’incarcération, on le fiança à la sœur
vertueuse Amîna Qotb, la sœur germaine du martyr Sayyid Qotb. A sa
sortie de prison en 1973, il l’épousa mais n’eut pas d’enfant avec elle vu
qu’elle avait dépassé la cinquantaine.
Son ascétisme et sa piété:
De nature, il n’aimait pas les apparences ; il avait une inclination pour la
simplicité. C’est pourquoi il aimait les gens simples qu’il se souciait
Mohammad Kamâl ad-DÎn as- 1145
SanânÎrÎ
d’exhorter, d’orienter et de rassembler autour de la foi saine, pure et
dépouillée des hérésies et des mythes. Il menait une vie d’ascète, veillait la
nuit en prière et jeûnait le jour. Durant son séjour en prison, il ne portait que
des vêtements rugueux.
Le professeur Kamâl as-Sanânîrî au milieu avec le conseiller al-`Aqîl
Il n’est donc pas étonnant qu’un homme qui mena pareille vie et fut d’un
tel ascétisme, refuse –durant vingt ans- de céder à la demande des
officiers de la prison et des services de renseignement de soutenir le
régime d’Abdel Nasser. Il opta pour la détermination au détriment des
choses viles.
1146 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Comment je l’ai connu:
J’ai connu le professeur as-Sanânîrî dès mon arrivée en Egypte en
1949. J’habitais le quartier `Âbidîne qui était sous sa supervision ; il était
également chargé des activités des étudiants de la mission islamique dans
ce quartier. Sa simplicité et son humilité me frappèrent, ainsi que le service
qu’il rendait à ses frères, malgré le fait que la majorité était moins âgée et
moins expérimentée que lui.
L’idée que j’avais de lui, de sa morale et sa conduite me rappelait la
biographie des ancêtres pieux que nous avions lue dans les livres. AsSanânîrî, qu’Allah lui fasse miséricorde, était à l’image de ceux-là.
Il m’écrivit une fois sur une rognure de papier du fond de sa prison. Je
me trouvais à ce moment au Koweït. Dans cette lettre, il me recommandait
un frère qui venait au Koweït en provenance d’Egypte. On pouvait lire entre
les lignes de la lettre, l’esprit d’un croyant apaisé par le destin d’Allah à qui
il a soumis toutes ses affaires et qui désire ce qui se trouve auprès de Lui.
Nulle part, il ne fit mention de sa situation et de celle de ses frères en
prison. La lettre ne traita que de la recommandation vis-à-vis du voyageur.
Sa sortie de prison et son djihad:
Je l’avais plusieurs fois rencontré en Egypte et ailleurs après sa sortie
de prison. Il était plus que je l’avais connu lorsque j’arrivai en Egypte pour
la première fois. C’est comme si les vingt ans passés en Egypte l’avaient
rendu plus pur et plus ferme. Son souci était d’unifier les rangs des frères
partout dans le monde.
J’ai beaucoup travaillé avec lui et sous ses ordres dans plusieurs
domaines, surtout le domaine du djihad en Afghanistan auquel il consacra
Mohammad Kamâl ad-DÎn as- 1147
SanânÎrÎ
ses efforts et sa force, et donna tout ce qu’il pouvait pour le soutenir et lui
prêter main forte et réconcilier les leaders qui l’aimèrent et firent de lui leur
maître ; ils n’osaient pas le contredire quand il était parmi eux.
S’il faut parler de sa tournée dans les pays arabo islamiques, et l’effet
indélébile qu’il laissait dans les cœurs de ceux qu’il rencontrait, nous
risquerons d’être long. Car, ses mots simples pénétraient les cœurs, et tout
le monde se hâtait à exécuter ses orientations.
J’ai connu tellement de choses sur lui que j’aurais aimé avoir ne seraitce que le dixième pour être du nombre des gagnants. Mais il y a une
grande différence entre l’étoile et la terre. Je n’oublierai jamais ce qu’il nous
fit à moi et au frère `Abd al-`Azîz an-Nâsir dit Abou Ayman lorsque nous
fûmes en Egypte en 1975 pour suivre un traitement.
Le frère aimé et l’homme vertueux Mohammad Kamâl ad-Dîn asSanânîrî était l’un des fruits mûrs de l’école de Hassan al-Banna. Il faisait
partie des frères sincères qu’il est rare de trouver pareil. On fonde
beaucoup d’espoir sur ses semblables parmi ses frères et ses disciples
pour relever la communauté de sa chute et la réveiller de son sommeil afin
de la ramener sur la voie de son Seigneur.
Nous avons espoir en Allah et en ce réveil islamique béni qui englobe
tout le monde islamique, et qui pourra restituer à l’Islam sa gloire, aux
musulmans leur fierté et leur autorité, et rendre la monnaie aux tyrans et
aux oppresseurs qui furent pervers dans leur querelle, humilièrent les
serviteurs d’Allah et semèrent la corruption dans les pays.
Ces hommes qui font la fierté de la Da`wa affluent au moment de la
frayeur et s’éclipsent au moment du désir ; ils sont fermes dans le malheur
et sincères dans l’affrontement.
1148 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ses positions:
Je me rappelle que lorsque le frère as-Sanânîrî
fut au Koweït pour une mission de Da`wa, Allah
m’éprouva par la perte d’un de mes fils âgé de
vingt ans dans un accident de circulation. Il ne me
quitta pas et me consola comme si c’est lui qui
avait été affligé.
Lorsqu’il fut mis aux arrêts après son retour
d’Afghanistan, les sbires du pouvoir se ruèrent sur
lui pour le torturer afin de savoir son rôle et celui de ses compagnons dans
le djihad afghan. Malgré les jours et les nuits successifs qu’ils passèrent à
le torturer et l’empaler, ils n’obtinrent aucun aveu, jusqu’à ce qu’il poussa
son dernier souffle le 8/11/1981 et alla rejoindre son Seigneur en martyr,
martyr de la vérité et de la sincérité, s’il plaît à Allah.
L’organisation internationale des frères musulmans annonça sa mort en
ces termes: « L’organisation internationale des frères musulmans annonce
au monde islamique la mort du frère moudjahid, le martyr Mohammad
Kamâl ad-Dîn as-Sanânîrî, l’un des leaders du mouvement islamique dans
le monde et un des frères musulmans que Sadate a arrêtés au début du
mois de septembre 1981 immédiatement après son retour de Washington
où il visitait ses maîtres de la maison blanche pour prendre des
instructions.
Lorsque le plus ascète de ce monde le quittait et que le souffle du
paradis s’apprêtait à accueillir celui qui le désirait le plus, le frère, qu’Allah
lui fasse miséricorde, était durant ses derniers jours l’objet d’une enquête
menée par les bourreaux Hassan Abou Pacha, Fouad `Allâm et les autres.
Mohammad Kamâl ad-DÎn as- 1149
SanânÎrÎ
Le martyr tomba entre les mains de ses bourreaux qui tentaient
d’extorquer ce qui allait leur permettre d’incriminer les groupes islamistes.
Mais il persistait à dire : Sadate a creusé lui-même sa tombe en signant
l’accord humiliant de Camp David qui subjugue le peuple égyptien à Israël
et à l’Amérique. » (Magazine al-Mojtama` du 11/11/1981)
Le professeur Salâh Châdî dit de lui: « … Kamâl as-Sanânîrî a passé
près de dix-neuf ans dans les prisons d’Abdel Nasser et ne portais que des
vêtements rugueux. Il refusait de porter les sous-vêtements qu’on vendait à
l’échoppe de la prison, pas par pauvreté mais, parce qu’il voulait mener
une vie dépouillée de tout ce que les officiers de la prison pouvaient
considérer comme faveur faite au prisonnier pour espérer son agrément ou
ce qu’on lui interdit pour susciter sa crainte… Il choisit donc de se
dépouiller de tout ce qu’on pouvait lui interdire afin de supporter ce qu’un
autre ne pouvait pas. Ceci fut la clé de sa personnalité ascète et
désintéressée, et son assiduité vis-à-vis de cette conduite suscita notre
admiration et notre stupéfaction. Nous nous conduisions avec douceur afin
de pouvoir supporter la gêne de la longue route qu’Allah avait décidé de
nous faire emprunter. Mais son corps lui obéissait plus que ses doigts. Il ne
ressentait aucune gêne pour devoir se conduire avec douceur… »
Le magazine al-Mojtama` m’avait demandé de parler de lui quelques jours
après son martyr. Voici ce que j’écrivis:
« Le magazine al-Mojtama` m’a demandé de parler du frère martyr
Mohammad Kamâl ad-Dîn as-Sanânîrî qui vient de rendre l’âme il y a de
cela quelques jours dans les cellules des oppresseurs, des mains des
bourreaux et soldats de la torture, et des sbires du pouvoir qui ont réduit
toutes leurs forces et leurs potentialités au combat contre l’Islam et à la
1150 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
torture de ses prédicateurs partout, et surtout en Egypte qui s’est taillée la
part du lion sur les quatre épreuves successives. La première épreuve eut
lieu entre 1948 et 1949 et vit l’assassinat de l’imam martyr Hassan alBanna et l’arrestation des
moudjahiddines en Palestine et
leur
incarcération au camp de concentration d’at-Tour. Vint l’épreuve de 1954
dans laquelle périrent les martyrs Mohammad Farghalî, `Abd al-Qâdir
`Awda, Youssef Tal`at, Ibrâhîm at-Tayyib, Hindâwî Dowayr, Mahmoud `Abd
al-Latîf, des dizaines et des centaines d’autres dans les prisons de Lîmân
Torra, la prison de guerre, la forteresse, Abou Za`bal, etc. Vint ensuite
l’épreuve de 1965 où Sayyid Qotb, `Abd al-Fattâh Ismâ`îl, Mohammad
Youssef Hawâch et plusieurs autres frères honorables, tombèrent en
martyr. En fin, ce fut l’épreuve de 1981 sous le règne de celui qui vendit le
pays et les serviteurs aux juifs et aux américains, musela le peuple,
confisqua les mosquées, les associations, les journaux et les minbars,
ouvra grandement les portes des prisons aux caravanes des prédicateurs
composées des vieillards, des jeunes, des femmes et des enfants. Il fit
appel à tout esprit vendu à Satan de torturer les croyants et les bien-aimés
vertueux d’Allah, ceux qui refusèrent de s’incliner devant un autre qu’Allah
et s’élevèrent avec leur foi au-dessus des tyrans et optèrent pour ce qui est
auprès d’Allah au détriment des biens de ce bas monde.
Ces nains burlesques assis sur des fauteuils délabrés croyaient qu’ils
pouvaient étouffer la voix des prédicateurs par la tyrannie et qu’ils
pouvaient stopper la marche de la caravane. Ils ont oublié que c’est Allah
qu’ils combattaient et qu’Il est Puissant et plus Grand. Les fatwas des
mercenaires et les écrits des ulémas imposteurs au nom de la religion et
leurs semblables qui leur embellissent leurs actes, ne leur seront d’aucune
utilité. »
Mohammad Kamâl ad-DÎn as- 1151
SanânÎrÎ
Son épouse Amîna Qotb fit son oraison funèbre dans plus d’un poème.
Elle composait un poème affligeant et touchant à chaque commémoration
de son martyre. Elle dit dans le premier poème qu’elle composa après son
martyre :
Je n’attends plus le retour et les rendez-vous du soir
Je ne me réjouis plus du train qui rentre plein d’espoir
Je n’attends plus la venue ni le dialogue ni la rencontre
Je ne scrute plus tes pas à ton retour une fois le travail fini
Et que j’allume la lumière des escaliers amoureux qui se réjouissent de l’ascension
Je ne me hâte plus quand tu rentres en souriant malgré la fatigue
Et que ma maison s’illumine de saluts éclatants de splendeur
Et que tu fasses le décompte des minutes en demandant comment on s’est retrouvé
au soir
Et que je dorme tranquille sans me soucier du malheur
Ta voix en prière ne frappe plus mes oreilles le matin
La voix du muezzin dans l’espace n’aiguise plus mes oreilles
Je demande au monde : Y a-t-il quelqu’un pour entendre ma voix ?
As-tu vu cet amour pour le paradis et le ciel ?
As-tu vu cette promesse d’Allah ? Le temps de la remplir a-t-il sonné ?
Es-tu parti tel un amant un amoureux par amour pour l’appel ?
As-tu rencontré les amis là-bas ? Quelle est la nature de cette rencontre ?
Auprès du Souverain Juge au paradis dans un don abondant ?
Vous êtes vous rassemblés dans la demeure de la vérité, la sécurité et la
protection ?
Si tel est le cas bienvenue à la mort et au sang
Je vous rencontrerai là-bas et que s’estompe la demeure du malheur
Certes je viendrai à vous, c’est une promesse que témoigne l’acquittement
Nous serons récompensés pour les jours de larmes et d’épreuves
Nous allons nous abriter au paradis éternel sans craindre la séparation ni
l’extinction
1152 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Qu’Allah fasse miséricorde à notre professeur as-Sanânîrî, qu’Il fasse
que nous le rejoignions aux côtés des prophètes, des véridiques, des
martyrs et des vertueux. Quels meilleurs compagnons que ceux-là !
Le prédicateur moudjahid
Mohammad Kamâl Sayyid
al-Qazzâz
(Abou Târiq) (1344-1405H = 1925-1985)
Comment je l’ai connu:
Je l’ai connu quand j’ai lu son nom parmi le
groupe des frères moudjahiddines qui eurent un
rôle essentiel dans la guerre contre les juifs, et se
préparèrent à les combattre et préparèrent
également la communauté à défier leur ruse et
leur stratagème. En 1368 H= 1948, il fut arrêté
avec ses frères dans l’affaire de la Jeep. La
prison était pour les prédicateurs une autre école
Sa conviction était
que la
communauté de
l’Islam ne devait sa
délivrance qu’au
djihad qui est en
même temps le
secret de sa vie, et
où ils reprenaient leur auto éducation, reconsidéraient leurs positions et
réajustaient leurs pas selon les enseignements de la religion, à la lumière
des expériences vécues et leur efficacité dans la réalisation de leurs
objectifs islamiques.
Quand j’arrivai en Egypte à la fin des années quarante, je désirai rendre
visite aux frères prisonniers en compagnie du cheikh Mannâ` al-Qattân qui
1154 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
était en dernière année de la faculté de théologie. Il signait une page dans
le magazine hebdomadaire Al-Ikhwân al-Moslimoun qui traitait des
problèmes d’Al-Azhar.
Ses qualités et ses positions:
Le frère al-Qazzâz était de ceux qui travaillaient sous silence et étaient
généreux dans la Da`wa. Il brûlait d’enthousiasme et avait pour qualités la
sincérité, la franchise, l’audace et la vaillance. Sa conviction était que la
communauté de l’Islam ne devait sa délivrance qu’au djihad qui est en
même temps le secret de sa vie, et sans lequel elle ne représente rien.
C’est pourquoi le djihad est comme le dit le Prophète, prière et salut sur lui,
le summum de l’Islam.
Al-Qazzâz affronta avec sang froid et endurance inégalable, les
difficultés qui firent face à la Da`wa islamique en Egypte. Discret, ses
adversaires ne purent pas l’utiliser pour atteindre ses frères dans la voie du
djihad et la Da`wa.
Le frère al-Qazzâz eut une position ferme et intransigeante après la
recrudescence de l’adversité et lorsque le tyran d’Egypte montra ses dents
et s’employa à semer la discorde dans les rangs des soldats et des leaders
de la Da`wa. Il remit les points sur les i et s’engagea à se mettre au service
du leadership légal représenté par le guide suprême des frères musulmans
Hassan al-Hodaybî. Il s’opposa fermement à tous ceux qui furent bernés
par les jeux et les promesses fallacieuses du tyran.
Ses activités:
Lorsque le tyran devint pervers dans sa querelle, poursuivit les
prédicateurs et jeta des milliers parmi eux dans les ténèbres des prisons, le
Mohammad Kamâl Sayyid
al-Qazzâz
1155
frère al-Qazzâz quitta l’Egypte pour le Koweït avec un groupe de ses
frères. Allah généra beaucoup de biens grâce à eux. Car, ils purent grâce à
leurs activités, prêter main-forte à la Da`wa, rassembler leurs frères et
renouveler le pacte avec eux pour aller de l’avant dans la voie de la vérité,
du bien et du travail systématisé qui relie les frères émigrés dans tous les
coins du monde arabo islamique et en occident pour former un seul groupe
capable de supporter les charges et d’accomplir le devoir. Ils appelèrent à
Allah avec clairvoyance, aidés en cela par leurs frères issus de leurs pays
d’accueil.
Ils établirent des liens avec leurs frères dans les prisons suivant
différentes voies de sorte qu’il y avait un échange d’informations de part
d’autre et de soumission de doléances. Le soutien matériel qu’ils
apportaient aux familles des prisonniers et des martyrs n’avait pas de
commune mesure, car beaucoup parmi eux partageaient leurs biens à
leurs familles et leurs frères restés en Egypte.
Sa foi dans la continuité du djihad:
Le frère al-Qazzâz et ses frères `Abd al-`Azîz `Alî, Salâh Hassan,
Mahmoud Hassan et autres, poursuivirent le djihad contre les juifs qu’ils
considéraient comme les vers qui rongent le corps humain, la maladie
dangereuse qui ravage le monde, l’ennemi acharné de l’Islam qui, de par
sa ruse avait incité les gouvernants arabes et les pays occidentaux à
combattre l’Islam et ses prédicateurs, à éliminer la Confrérie des Frères
Musulmans en Egypte, à assassiner son guide Hassan al-Banna et à
exécuter ses leaders tels : `Abd al-Qâdir `Awda, Youssef Tal`at,
Mohammad Farghalî, Ibrâhîm at-Tayyîb, Hindâwî Dowayr, Mahmoud `Abd
al-Latîf, `Abd al-Fattâh Ismâ`îl, Sayyid Qotb, Mohammad Hawâch et
1156 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
plusieurs autres. Les juifs considèrent toujours les frères musulmans
comme un grand danger pour leur entité et leur présence. Partant, ils
colportent des terminologies sur l’intégrisme, le terrorisme, le fanatisme et
les autres appellations fabriquées dans les cercles sionistes et récupérées
par les médias occidentaux, qui sont également reprises par les médias
arabes à la solde des cercles sionistes, croisés et colonialistes, et dirigés
par des laïcs arabes qui ont renié leur religion, leur communauté et leur
patrie, et sont devenus tels des marionnettes et des perroquets qui
répètent ce qu’on dit et ruminent ce qu’ils entendent sans toutefois
comprendre ; même si ces médias portent atteinte à la religion de la
communauté, à ses lieux saints, à ses ulémas et ses prédicateurs pour les
séparer et détruire leurs composantes.
`Abd al-Mon`im Mach-hour, Kamâl al-Qazzâz, Mohammad Nâsir, Mohammad
as-Siftâwî, Sa`îd Okjî, al-`Aqîl
Les brigades des frères musulmans qui entrèrent en Palestine en 1948
pour combattre les juifs purent, avec la grâce d’Allah, lever le siège sur
Mohammad Kamâl Sayyid
al-Qazzâz
1157
l’armée égyptienne et attaquèrent les juifs qui se mirent à abandonner les
positions des moudjahiddines et à éviter des les affronter. Au même
moment, ils défiaient les armées arabes dont la plupart de leurs armements
étaient corrompus et qui n’avaient pas reçu des instructions claires de
combattre les juifs, mais plutôt de livrer des escarmouches avec eux,
conformément aux ordres des seigneurs qui imposèrent la première trêve,
puis la deuxième et la troisième pour permettre aux juifs de se renforcer et
d’accumuler le renfort américain et européen.
Ces moudjahiddines frères musulmans libérèrent Tobba al-Yaman des
mains des juifs et beaucoup de martyrs tombèrent dans leurs rangs. Leur
récompense de la part des tyrans d’Egypte fut la prison, alors qu’ils étaient
sur le front de bataille sous la protection des commandants de l’armée
venus combattre les juifs comme on le disait !
Les moudjahiddines furent donc transférés vers l’Egypte au camp de
concentration d’at-Tour après qu’ils avaient assassiné l’imam martyr
Hassan al-Banna et dissout sa confrérie suivant la décision des
ambassadeurs d’Amérique, de France et de Grande Bretagne. Ils s’étaient
réunis dans la région militaire de Fâyid et avaient ordonné à an-Noqrâchî
de dissoudre l’organisation des frères qui représentaient une menace à la
création d’Israël qu’ils reconnaissaient tout de même qu’il avait usurpé la
Palestine et effarouché son peuple croyant et digne.
Après la catastrophe de 1967 au cours de laquelle Allah humilia le
dictateur d’Egypte qui avait rempli le monde d’un tapage selon lequel il
allait jeter Israël dans la mer, le résultat fut l’humiliation, l’infamie, la défaite
terrifiante et les soldats errèrent à l’abandon en fuyant les juifs. Ce fut la
conséquence de la politique maladroite des leaders politiques et militaires.
Cependant, les frères musulmans insistèrent à ne pas laisser les juifs se
réjouir de la défaite des armées arabes. Ils se hâtèrent à établir des camps
1158 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
d’entraînement pour jeunes musulmans venus de Syrie, d’Irak, de
Jordanie, de Palestine, du Yémen, d’Egypte et du Soudan. Les héros parmi
les jeunes venus du monde arabe entraient en compétition pour lutter
contre les juifs via le fleuve et les martyrs tombaient les uns après les
autres. Le frère al-Qazzâz et ses frères furent le pilier fondamental de ce
camp de moudjahiddines qu’ils soutenaient avec tous les moyens de
soutien possibles. Allah honora beaucoup de jeunes frères palestiniens,
jordaniens, égyptiens, syriens, yéménites, du martyre sur le front
d’honneur. Ces vers du poète Youssef al-Qaradâwî les dépeint
éloquemment :
Réjouis-toi, ô seigneur des envoyés d’un groupe
Qui a vendu âmes et corps pour la quête d’Allah
Ils ont payé de leur sang l’impôt de la religion
Quand les gens croient sauver la religion gratuitement
Ils ont payé leurs impôts avec l’endurance face aux épreuves
Qui forgèrent Bilâl, `Ammâr et Salmân
Beaucoup d’honorables frères tombèrent en martyr, tels que le frère
yéménite Mohammad Sa`îd Bâ`bâd, le frère palestinien Ibrâhîm `Âchour, le
frère égyptien Salâh Hassan, le frère syrien Zohayr Sa`dou, le frère
jordanien Mahmoud al-Barqâwî. Quant au frère `Abd Allah `Azzâm, Allah
voulut qu’il tombât en martyr en Afghanistan. Le frère Mohammad Sâlih
`Omar, tomba en martyr dans l’île de Abâ au Soudan.
Qu’Allah fasse miséricorde à cette pléiade de martyrs qui empruntèrent
le chemin de leurs frères martyrs de 1368H=1948. Qu’Il bénisse les jeunes
de l’Intifada bénis en Palestine avec les brigades du Hamas qui humilient
et avilissent les juifs pour leur faire comprendre à tout moment que : Les
Mohammad Kamâl Sayyid
al-Qazzâz
1159
moudjahiddines musulmans sont à l’affût quoique les ennemis s’acharnent
et se multiplient.
Mon article sur lui dans le magazine al-Mojtama`
Quelques jours après la mort du frère al-Qazzâz, j’écrivis ceci sur lui:
« La virilité n’est pas la qualité la mieux partagée. Elle est spécifique à
une catégorie déterminée qui jouit des qualités bien déterminées. Abou atTayyib al-Motanabbî dit à ce propos :
N’eût été l’adversité les gens seraient tous des maîtres
On manquerait la générosité et la vaillance combattante
Cette parole divine va dans le même sens : Il est, parmi les croyants,
des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah.
Certains d'entre eux ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore; et ils
n'ont varié aucunement (dans leur engagement);  (Al-Ahzâb : 23)
Et:  Dans des maisons [des mosquées] qu'Allah a permis que l'on
élève, et où Son Nom est invoqué; Le glorifient en elles matin et aprèsmidi, des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation
d'Allah, de l'accomplissement de la Salat et de l'acquittement de la Zakat,
et qui redoutent un Jour où les cœurs seront bouleversés ainsi que les
regards.  (An-Nour : 36-37)
Et: Et du bout de la ville, un homme vint en toute hâte et il dit : “ ô mon
peuple, suivez les messagers (Yâsîn : 20)
Et:  Et un homme croyant de la famille de Pharaon  (Ghâfir : 28)
Et:  Les hommes ont autorité sur les femmes  (An-Nissâ’ : 34)
Dans ce chapitre, les versets sont nombreux. Ils traitent tous des
endroits où les gisements de virilité apparaissent et où les hommes se
1160 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
dressent sur leurs pieds et où les gens tendent les cous pour voir ces
métaux précieux et ces modèles nobles d’hommes croyants et sincères.
Le frère Kamâl al-Qazzâz est un homme que j’ai connu depuis trente
ans, depuis qu’il émigra de l’Egypte en 1954, fuyant avec sa religion. Il
s’établit au Koweït pour travailler dans la menuiserie, un métier qu’il
connaissait à fond depuis l’Egypte. Il créa un atelier de menuiserie au
Koweït qui tutoya le sommet dans la qualité de la fabrication et sa façon
sincère de traiter avec les gens, et les clients affluèrent. Ses meubles
l’emportèrent sur les importations occidentales et les concurrencèrent.
Le frère al-Qazzâz, qu’Allah lui fasse miséricorde, fut parmi les premiers
leaders des jeunes du mouvement islamique qui eurent l’honneur de
rencontrer l’imam martyr Hassan al-Banna et d’apprendre auprès de lui. Il
fut parmi l’élite élue qui prit l’engagement de défendre cette religion et de
rehausser sa parole. Il ne ménagea aucun effort pour défendre l’Islam et
les musulmans, et ce en défiant les juifs en Palestine et les anglais au
canal de Suez, et en se dressant devant les tyrans qui opprimèrent le pays
et les serviteurs d’Allah, et en les combattant avec bravoure et virilité.
Comme tous les autres moudjahiddines avant-gardistes, il eut pour
récompense, la prison, l’arrestation et la poursuite. Mais cela ne l’empêcha
pas de poursuivre le djihad, de faire montre de patience et d’endurance et
d’exhorter à l’endurance où qu’il se trouvait, que ce soit en Egypte, au
Koweït, en Jordanie ou au Liban.
Il se distinguait par la sincérité dans ses paroles, la franchise dans la
vérité, la profondeur dans la réflexion, la maturité dans la planification, la
discrétion, le sacrifice avec les biens et l’âme, la persévérance à réaliser
l’objectif, l’éloignement des apparences, la compétition dans les endroits où
il y a du bien, une capacité de persuasion incommensurable. Ceux qui le
Mohammad Kamâl Sayyid
al-Qazzâz
1161
connaissaient de près furent affectés par lui, le respectèrent et magnifièrent
ses positions, vu qu’il parlait peu et travaillait plus. Il était fier de lui, noble
de caractère, n’acceptait pas l’injustice et ne se pliait pas au despotisme. Il
était condescendant envers les oppresseurs et humble envers les croyants.
Il mesurait tous ceux qui le côtoyaient à l’aune de la virilité, sans tenir
compte du rang, du poste et des biens. Partant, la richesse qu’il accumula
par son propre travail ne lui monta pas à la tête. Bien plus, il la dépensait
avec prodigalité dans la charité, les champs de djihad et les domaines de
bienfaisance, à l’insu de ceux qui étaient plus proches de lui.
Ma liaison avec le frère al-Qazzâz, qu’Allah lui fasse miséricorde, m’a
beaucoup appris, bien qu’il ne fût pas un diplômé d’université et un orateur.
Car sa morale noble, sa virilité ferme dans des situations cruciales, sa
fermeté face au mensonge, sa persévérance à défier l’injustice, sa
confiance dans l’avenir de l’Islam, firent de lui l’une des rares personnes
que notre ère nous procure ; une ère marquée par le relâchement, la
fainéantise et où personne ne se démarque dans des situations pour
trancher une affaire.
Il me parlait beaucoup de son camarade et frère spirituel l’ingénieur
Sayyid Fâyiz, qu’Allah lui fasse miséricorde, qu’il louait beaucoup et
mentionnait en bien. Il parlait également beaucoup du martyr Salâh
Hassan, son compagnon dans le djihad. Il n’aimait pas parler de ses frères
en mal, malgré les errements de certains. Il les rencontrait et leur disait ce
qu’il croyait être vrai sans doute. Il exigeait le respect de la méthode de
l’imam al-Banna dans l’éducation et la préparation, le djihad et la Da`wa. Il
pensait qu’abandonner cette méthode revenait à quitter la confrérie, son
système et ses concepts ; car ces enseignements et ces programmes
étaient bâtis sur le Livre, la Sunna et la voie des sunnites et des ancêtres
1162 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
de la communauté. Qu’Allah fasse abondamment miséricorde à Abou Târiq
et le loge dans Son vaste Jardin. Qu’Il pardonne nos péchés ainsi que ceux
de tous les musulmans. Nous sommes d’Allah, c’est vers Lui que nous
retournerons. » (Le magazine koweitien al-Mojtama`)
Témoignage de son compagnon de route:
Un de ses compagnons de route dit:
« En quarante ans et quelque, depuis la fin de la deuxième guerre
mondiale, beaucoup d’événements nous ont fait vivre les vicissitudes du
temps, tantôt nous étions sur la scène, tantôt dans les coulisses, tantôt
nous les surveillions de près.
Cela nous a permis de connaître beaucoup de pays, beaucoup de gens,
individus et groupes, d’origines et de finalités diverses et avec différents
moyens d’atteindre leurs objectifs. Parmi ceux-là, un groupe est apparu
plus organisé que toute autre génération. Il s’est distingué par ses objectifs,
ses moyens, son comportement, ses modes de vie et le don du soi dans
lequel il vit le jour. Un groupe qui fit d’Allah sa finalité, et de Son Livre sa
voie, de Son Messager, prière et salut sur lui, son modèle.
Le frère Kamâl al-Qazzâz, qu’Allah lui fasse miséricorde, faisait partie
de ces personnes distinguées, la crème de la crème, un personnage
rarissime.
La virilité, l’engagement sincère, la fermeté, le don furent parmi ses
qualités saillantes et ses marques distinctives que toute personne le
connaissant voyait en lui.
Il mena une vie rude et passa des années dans les ténèbres de la
prison, mais sa résolution ne fléchit point. Puis, la vie lui devint facile, mais
Mohammad Kamâl Sayyid
al-Qazzâz
1163
il ne se détourna pas de sa finalité, ne dévia pas de son objectif et ne
manqua pas à son devoir. Bien plus, il occupait toujours le devant de la
scène.
Durant de longues années, il devançait toujours ses frères dans des
actes de charité. Il était un modèle précurseur qui ne violait pas
d’engagement et ne décevait pas ; il accomplissait son devoir ainsi que
celui des autres.
Il y a trente ans, il quitta l’Egypte, car il eut la sensation que la Da`wa qui
l’avait abrité et pour laquelle il s’était engagé, était victime d’injustice de la
par de ses ennemis, de ses amis et une partie de ses fils. Partout où il
descendait, il œuvrait toujours pour sa finalité, appelait à son message,
ouvrait les yeux de ceux qui l’entouraient sur la ruse des ennemis,
l’hésitation des amis et le devoir des fils. Il rappelait cela chez lui, à son lieu
de service, dans sa famille, au milieu de ses amis et ses voisins, en bonne
santé ou malade, dans l’adversité et l’aisance. C’était toujours sa dernière
recommandation quand il allait subir une opération chirurgicale, et la
première parole qu’il prononçait quand il sortait de l’anesthésie… Il mourut
en évoquant Allah. Nous sommes d’Allah et c’est vers Lui que nous
retournerons.
Nous croyons qu’il sera récompensé auprès d’Allah car c’est Lui qui le
récompensera. Nous n’avons pas l’intention de blanchir quiconque devant
Allah. Seigneur, récompense-le pour ce qu’il a fait de bien, pardonne ses
mauvaises actions parmi les gens du paradis ; ne nous prive pas de sa
récompense, ne nous tente pas après lui. Certes tu es Audient et exauce
les prières. » (Le magazine koweitien al-Mojtama`)
1164 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le frère al-Qazzâz décéda en 1985 de suite d’une cirrhose de foie que
les opérations chirurgicales ne purent pas soigner.
Qu’Allah fasse miséricorde au frère al-Qazzâz et ceux qui contribuèrent
avec lui à raviver l’esprit de djihad et à élever son étendard. Qu’Il bénisse
ces avant-gardes croyantes et ces mains purifiées qui donnèrent du fil à
retordre aux juifs et leur fit perdre raison à tel point qu’ils cherchèrent qui se
charger de défier ces jeunes qui ne craignaient pas la mort. Ils trouvèrent
leur brebis égarée en ceux qui appelaient à la soumission, ces défaitistes
qui vendirent la terre et l’honneur et serrèrent les mains tâchées du sang
des palestiniens, et marchèrent dans le cortège de l’humiliation, soumis
aux fils de singes et de porcs. Un poète dit :
Qui veut s’avilir s’avilira
Le mort ne ressent plus la douleur de la blessure
Que ces visages s’enlaidissent, que ces âmes s’éteignent. L’avenir
appartient à cette religion et les serviteurs d’Allah croyants vaincront.
Et Allah est souverain en Son Commandement : mais la plupart des
gens ne savent pas.  (Youssef : 21)
Cheikh
Mohammad Mahmoud alHâmid
le rénovateur ascète et l’érudit pieux
(1328-1389H= 1910-1969)
Sa naissance et son enfance:
Il est né dans la ville de Hamât en Syrie en
1328H=1910. Six ans après, il perdit ses parents et
vécut comme orphelin. Son aîné Badr ad-Dîn al-Hâmid
âgé de quinze ans le prit en charge jusqu’à ce qu’il
acheva ses études primaires en 1922. Il travailla chez
Il avait
acquis la
science, la
littérature, la
jurisprudence
un tailleur de vêtements arabes pour apprendre la couture. En même
temps, il suivait des études religieuses auprès des ulémas dans des
mosquées. Quand Dâr al-`Oloum ach-Char`iyya ouvrit ses portes à Hamât
en 1923, il laissa la couture et le rejoignit. Ces jours passés à l’école
religieuse furent les plus heureux de sa vie. Il était le premier de sa
génération et continuait à apprendre dans les cercles de science animés
dans les mosquées. Parmi ses cheikhs on cite : cheikh Mohammad Sa`îd
1166 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
al-Jâbî, cheikh Mohammad Tawfîq as-Sabbâgh, cheikh Mohammad Sa`îd
an-Na`ssânî, cheikh Ahmad al-Morâd.
Sa biographie scientifique et professionnelle:
Cheikh Mohammad al-Hâmid acheva ses études à l’école religieuse de
Hamât en 1347H=1928. Puis, il partit à Alep où il rejoignit l’école religieuse
d’al-Khasrawiyya qui était la plus prestigieuse école religieuse du Levant. Il
y poursuivit ses études parallèlement avec des leçons qu’il recevait dans
des mosquées d’Alep auprès des cheikhs, surtout le savant et grand
cheikh Najîb Sirâj ad-Dîn qui animait un cercle, l’illustre jurisconsulte
Ahmad az-Zarqâ, cheikh Ahmad al-Kordî, cheikh `Îssâ al-Bayânounî,
cheikh Ibrâhîm as-Salqînî, cheikh Mohammad an-Nâchid, cheikh Râghib
at-Tabbâkh, cheikh Ahmad ach-Chammâ`, cheikh Abou an-Nasr Khalaf alHimsî, et plusieurs autres.
En 1353H=1938, après avoir fini ses études à Alep, il retourna à Hamât.
Puis en 1356H=1938, il alla faire des études supérieures à l’université AlAzhar en Egypte. Et là, il fit la connaissance de l’imam martyr Hassan alBanna. Cette connaissance se mua en relation intime et en amour fraternel
sincère. Cheikh al-Hâmid le mentionnera lui-même quelques années après
en ces termes :
« … Celui qui m’a particulièrement influencé et a contribué à former ma
personnalité est mon maître et frère en Allah, mon professeur l’imam
martyr Hassan al-Banna qu’Allah lui fasse miséricorde et le récompense
abondamment. J’ai été son compagnon en Egypte pendant des années.
S’il faut parler de lui avec tous les détails, je risque être long. Une douleur
terrible et une grande angoisse m’ont brisé le cœur, déchiré le foie et brûlé
l’esprit. Les larmes que je verse coulent comme un torrent. Je préfère être
Mohammad Mahmoud
1167
al-Hâmid
concis et bref. J’ai beaucoup pleuré après son martyre loin de chez moi. Je
me souviendrai toujours de lui jusqu’à ce que je le rencontre dans le
groupe des vertueux s’il plaît à Allah le Très-Haut.
Il fut un frère que j’aimais plus que mes frères de sang. Quand j’ai eu
vent de son assassinat, je me suis dit : La mort de mes deux enfants –je
n’avais que deux enfants à l’époque- est plus facile à supporter que celle
du professeur guide.
J’avais vu en rêve qu’on l’avait tué, je ne sais pas ce qui s’était passé.
C’est comme si nous étions en guerre contre les Juifs. Du coup, notre
armée a commencé à reculer. Je marchais même incliné de peur d’être
atteint par une balle. Je me suis réveillé et ai cherché refuge auprès d’Allah
contre le mal de ce songe. Dans la journée, certaines gens m’ont annoncé
sa mort. Cette nouvelle des plus sensationnels fut l’interprétation de mon
rêve.
Je le dis en toute liberté et il n’y a pas de mal qu’on le rapporte de moi :
Les musulmans n’ont pas vu de pareil à Hassan al-Banna depuis des
centaines d’années dans les qualités qui étaient siennes et qui faisaient
flotter leurs étendards sur sa noble tête. Je ne nie pas aux orienteurs leur
orientation, ni aux savants leur science, ni aux connaisseurs leur
connaissance, ni aux orateurs et aux écrivains leur éloquence, ni aux
guides leur leadership, ni aux organisateurs leur arrangement, ni aux
politiques leur expérience. Je ne récuse pas ces qualités chez les anciens
et les suivants. Mais il est rare qu’une personne jouisse de ces différentes
qualités accomplies comme l’imam martyr Hassan al-Banna, qu’Allah lui
fasse miséricorde.
1168 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Les gens l’ont connu et ont cru à sa sincérité. J’étais un de ceux qui le
connaissaient et ceux qui peuvent dirent de lui un propos concis et
substantiel : Il était tout à Allah, d’esprit, de corps, de cœur, par son
comportement et ses mouvements. Il était pour Allah et Allah était pour lui.
Allah l’avait élu en l’inscrivant du nombre des martyrs purs.
Mon maître et frère l’imam martyr était un homme loyal dans sa vie et après
sa mort. Je l’ai vu dans mes rêves durant plusieurs années. J’avais vu comme
si nous étions attablés avec des amis entrain de déguster des plats de pain et
de parfum d’excellente qualité. Je me réveillai et me rappelai de ce verset qui
dit : Si celui-ci est du nombre des rapprochés d’Allah, alors (il aura) du repos,
de la grâce et un Jardin de délices.  (Al-Wâqi`a : 88-89)»
Le camarade du cheikh al-Hâmid pendant ses études en Egypte, le
professeur Dr Mostafa as-Sibâ`î de Hims en Syrie, l’encensait en lui
disant : « Tu es impressionnant, d’où as-tu appris toutes ces sentences ? »
Son incitation au djihad:
A la fin de ses études supérieures en Egypte avec brio, les
responsables d’Al-Azhar lui demandèrent de s’inscrire à la section de
spécialisation supérieure. Il refusa et préféra retourner dans son village
Hamât où il s’établit en 1362H=1942. Le pays était au summum de son
djihad national pour accéder à l’indépendance. Il dit dans un de ses
sermons passionnés pour inciter le peuple contre les colons français :
«D’habitude, on utilise de l’eau pour enlever une impureté, mais si cette
dernière est consistante, on y ajoute de la terre. Le Prophète, prière et
salut sur lui, dit : « Si le chien lape dans le vase de l’un d’entre vous, qu’il le
lave sept fois dont une avec de la terre. » Mais une impureté est inhérente
Mohammad Mahmoud
1169
al-Hâmid
à nous, l’eau et la terre ne peuvent pas l’enlever. Seuls le fer et le feu
peuvent la déraciner.
Ô musulmans ! Préparez-vous au djihad, préparez vos corps à la mort.
Une mort noble est meilleure qu’une vie malheureuse. Recevoir un coup
d’épée dans la fierté est mieux qu’une gifle dans l’humiliation. Un coup de
lance dans l’honneur est plus aimé de celui qui a un grand cœur qu’un
regard de travers dans l’avilissement. Croiser les difficultés et les horreurs
avec hauteur est meilleur que la paix et la douceur dans la soumission.
Ô frères ! La France nous a sous estimés en violant tous les
engagements et en bafouant tous les pactes. Elle nous a demandé
d’accepter des choses qui ancrent sa présence dans ce pays au détriment
de ses natifs. Soyez en colère, révoltez-vous. Le silence ne sert plus à
quelque chose. Votre Prophète, prière et salut sur lui, fredonnait cette
chanson avec ses compagnons :
Les polythéistes nous on opprimés
S’ils veulent la sédition nous refuserons
Nous refuserons nous refuserons
Nous pouvons dignement reprendre cette chanson en disant :
Voici la France qui nous a opprimés
S’ils veulent la séditions nous refuserons
Reprenez avec moi: Nous refuserons, nous refuserons, nous
refuserons.
Ô frères ! Le monde vous surveille et voit de près ou de loin ce conflit
qui oppose la vérité au mensonge. Bien plus, le Messager, prière et salut
sur lui, et ses compagnons voient ce que vous faites du patrimoine glorieux
qu’ils vous ont légué. Peignez-le de votre sang ici sur terre, ou bien êtes
1170 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
vous avares avec votre sang ? Vous n’aurez donc aucune part de cette
magnificence noble.
Soutien à la Palestine:
Cheikh al-Hâmid fut beaucoup peiné par le drame de la Palestine au
point qu’il lança un appel pour le djihad. Il voulut sortir lui-même pour le
djihad, mais les grands ulémas lui proposèrent de rester pour le besoin
qu’avait la communauté de lui et pour le grand nombre de moudjahiddines
bénévoles. Il adhéra aux commissions d’aide aux réfugiés et collecta les
aides matérielles pour eux. Tous ses prônes et ses articles dans les
journaux et les magazines tournaient autour du soutien au peuple
palestinien. Il disait :
« Notre situation avec les Juifs n’accepte pas de trêve et ne frise même
pas la réconciliation…C’est un nœud qui ne peut être dénoué que par la
force qui couperaient leurs ailes et briserait leurs têtes et les refoulerait.
Nous devons nous atteler aux motifs de cette force. »
Ses efforts scientifiques:
Toute sa vie, cheikh al-Hâmid s’est fait le défenseur de la vérité, du
Saint Coran et de la Sunna qui furent deux axes essentiels de sa vie
scientifique et professionnelle. Les leçons qu’il donnait à la mosquée du
sultan de Hamât tournaient autour de l’exégèse, de la biographie du
Prophète, du Hadith, de la jurisprudence, des fatwas et des interrogations
sur la religion.
Ses livres:
Ø Nadharât fî kitâb ichtirâkiyya al-Islâm
Mohammad Mahmoud
1171
al-Hâmid
Ø Rodoud `alâ Abâtîl
Ø Tahrîm nikâh al-Mot`a fî al-Islâm
Ø Hokm al-Islâm fî al-Ghinâ’
Ø Rahmat al-Islâm li an-Nissâ’
Ø Âdam lam yo’mar bâtinan bi al-Akl min ach-Chajara
Ø Al-Qawl fî al-Moskirât wa tahrîmihâ min an-Nâhiya al-Fiqhiyya
Ø Hokm al-Lihya fî al-Islâm
Ø At-Tadârok al-Mo`tabar li ba`d mâ fî kitâb al-Qadâ’ wa al-Qadr
Ø Bid`a ziyâdat at-Tanwîrât fî al-Massâjid layâlî ramâdân wa ghayrihâ
Ø Lozoum ittibâ` madhâhib al-A’imma hasman li al-Fawdâ ad-Dîniyya
Ø Hokm mosâfahat al-Mar’a al-Ajanabiyya
Ø Majmou`a al-Khotab minbariyya
Ø Ta`lîqât wa hawâch `alâ kitâb al-Hadiyya al-`Alâiyya
Ø Ta`lîqât wa hawâch `alâ kitâb tabyîn al-Haqâiq charh kanz ad-Daqâiq
li az-Zayla`î
Et bien d’autres.
Ses citations:
« Le vrai salafisme doit aller de pair avec le soufisme authentique tant
qu’on a une bonne compréhension et tant que la résolution de l’union qui
échoit à la Da`wa et est le souhait des frères est juste. Mais, si le soufisme
est garni de la mystique envahissante et de la tendresse profonde, le
salafisme qui est son alter ego doit l’explorer afin de d’apurer l’Islam des
1172 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
choses étranges qui sont intimement liées à lui pour qu’il renoue avec sa
pureté et son éclat. Se fier aux préceptes et avoir une compréhension
approfondie des secrets de la religion, n’empêchent pas qu’on lave la
souillure et la crasse que traîne la religion de tout temps. Cet acte ne
s’oppose pas au fait qu’on opte pour le premier plan, c’est-à-dire le retour à
un Islam antique et pur, pratiqué par les trois générations connues pour
leur bonté… »
Ses poèmes:
Conversation avec le Messager
Ô toi le bien aimé du miséricordieux l’élite
De la créature, toi mon souhait et la paix de mon âme
Ô toi mon maître mon seigneur et mon imam
Tu es mon meilleur compatissant et conseiller
Ni mon père, ni mon frère ni la poitrine de ma mère
Ni un ami intime, n’atteignent
Pas ton point culminant par la bonté, la loyauté et la vraie tendresse
Ô si je pouvais le rencontrer même d’un clin d’œil
Je donnerai ma famille et tout ce qui m’est cher
L’amour de ce prophète est le secret de ma soumission
L’amoureux ne connaît pas d’indocilité
L’abandon de l’Egypte
Ô Egypte j’ai fondu quand j’ai décidé de partir
Si je pouvais je vivrais longtemps chez toi
Qu’Allah te protège des vicissitudes des temps
Qu’elles s’éloignent de toi chaque fois qu’elles sont de retour
Ô Egypte, y a-t-il espoir d’un retour
Après éloignement, trouverais-je la voie de te parvenir
Si je vis éloigné se sa protection
Mohammad Mahmoud
1173
al-Hâmid
Le cœur sera la voie menant à l’Egypte
Le mal de Hamat
Ô œil fais couler les larmes abondamment
Pour un passé, la famille et la demeure
Des jours que j’ai passés à paître sous l’ombre de la richesse
J’ai subvenu à mes besoins par la gaieté agréable
Que Dieu accorde le bonheur au temps passé, à une familiarité Qui nous unissait
Que la pleine lune apparaisse encerclée de fleurs
Qu’Allah protège un sol au pré agréable
C’est là que j’ai vécu, c’est dans son intérieur que se trouve ma Demeure
Plaisanterie
Ô gens de fèves, que je vive pour vous et vous pour moi
Que votre pré de fèves soit toujours proche
Vieux et jeunes vous avez aimé les fèves
Et avez démontré cet amour avec des preuves
Voici vos marmites qui bouillonnent de fèves
Son grésillement a empli l’univers de mélodies
Son odeur a parfumé tous les coins
Tout cœur est tombé amoureux d’elles
Celui qui ne vous connaît pas vous a aimés
Parfois l’oreille aime avant l’œil
Ô ma famille, ô gens de fèves votre gloire
Est élevée, et celui qui vous envie est embarrassé
Votre rang s’est élevé en mangeant les fèves
Vous êtes devenus importants en les aimant
Malheur à celui qui n’a aucun lien avec elles
La faim lui fera voir de toutes les couleurs
Comment je l’ai connu:
1174 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Cheikh Mohammad al-Hâmid est un savant pieux. Il représente les
ancêtres pieux dans leur loyauté, leur ascétisme, leur renoncement et leur
lucidité. Il fut un grand savant qui passa sa vie à divulguer la science par sa
plume, sa langue et sa conduite. Il était un soufi aimant dont le cœur était
rempli de l’amour d’Allah, de Son Messager, prière et salut sur lui, et de
ses compagnons. Son soufisme était régi par le Livre et la Sunna, loin de
tout ce qui les contrarie. Il avait pour slogan : « la science est l’émir du
tasawwouf. » Il était doté de la morale prophétique, il ordonnait le bien et
interdisait le blâmable. Il brûlait de tourment et de zèle pour l’Islam et les
musulmans. Je fus heureux de le rencontrer en Syrie ainsi que ses frères
prédicateurs : Mostafa as-Sibâ`î, Mostafa az-Zarqâ, Mohammad alMobârak et bien d’autres ulémas et fils du mouvement islamique dans le
pays du Levant. J’ai eu l’honneur de profiter de leur science débordante, de
leurs programmes d’action, des méthodes de leur conduite dans la voie de
la Da`wa islamique bénie. La Da`wa de la vérité, de la force et de la liberté.
Ils ont dit de lui:
Le professeur `Abd Allah at-Tantâwî dit: « Allah a des hommes. Le
savant travailleur, le moudjahid réformateur et ascète, cheikh Mohammad
al-Hâmid, qu’Allah lui fasse miséricorde, en fait partie.
Je ne cesse d’admirer ce grand homme dans son intelligence et sa
science. L’homme aux sentiments et aux émotions sincères. Il avait le
cœur du poète, l’âme du révolté et une vigueur jouvencelle qui ne les quitta
pas dans sa vieillesse mature.
Quand nous l’écoutions, le sang était en ébullition dans nos veines,
surtout quand il nous parlait du Messager, prière et salut sur lui, le grand
Mohammad Mahmoud
1175
al-Hâmid
leader, ainsi que de ses compagnons, ces grands hommes pieux. Son
amour pour eux était si grand qu’on ne pouvait cerner.
Il avait la même posture quand il nous parlait de son cheikh le savant
pieux l’imam Hassan al-Banna qu’Allah leur fasse miséricorde. Son amour
pour lui n’avait pas de bornes. Il me rappellera toujours du vrai amour en
Allah et pour Allah, un amour pur et dépouillé de souillure. Il me secouait
violement et je me mettais à envier cet amour, ces rencontres aimées qui
n’ont d’équivalent que nos rencontres avec notre grand leader Mostafa asSibâ`î alors que nous étions des jeunes frères.
Nous avions entendu des mots doux et sincères d’as-Sibâ`î à l’endroit
d’al-Hâmid. Une fraternité sans pareil à notre ère les liait en Allah.
Nous humions l’odeur de l’imam al-Banna, sa piété, sa grandeur d’âme,
sa foi, à travers ce que nous narrait cheikh al-Hâmid et à travers sa
conduite pure. Nous humions la même chose des propos du guide
moudjahid as-Sibâ`î à l’endroit de l’imam et du cheikh. Quand je me
rappelle de ce que chacun disait de l’autre, et ce que les deux disaient du
cheikh et de l’imam de l’époque, Hassan al-Banna, je verse des larmes et
mes sentiments se mettent en furie. Le champ est vide de ces grands
hommes, dans une nuit ténébreuse. »
Ses qualités:
Cheikh al-Hâmid s’est distingué par des qualités connues de tous ceux
qui ont été ses compagnons ou se sont liés d’amitié avec lui. Le plus en
vue de ces qualités est sa piété qui est citée en exemple à cette époque
dominée par le matérialisme. Il s’est aussi distingué par l’ascétisme,
l’humilité, la douceur de la morale, son aménité dans ses rapports avec
autrui et sa loyauté. Il s’illustra aussi par son audace quand il fallait dire la
1176 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
vérité, par sa sagesse, son zèle envers la religion d’Allah et Ses choses
sacrées…
Il avait acquis la science, la littérature, la jurisprudence et la poésie. Il
avait emprunté le chemin d’un soufisme respectant le Livre d’Allah et la
Sunna de Son Prophète, prière et salut sur lui. Il mettait en garde contre les
soufis hérétiques et contre leurs égarements. Il n’acceptait pas de cadeau,
même pas de ses élèves. Il demandait aux vendeurs de le traiter comme
tout le monde. Il n’acceptait pas qu’ils réduisent le prix qu’il devait leur
payer. Il était compatissant et désirait alléger les douleurs des personnes
souffrantes, donner du réconfort aux personnes affligées. Il visitait les
orphelins, les veuves et les démunis. Il réconciliait les personnes en conflit
et purifiait leurs cœurs de souillures et de tristesse.
L’une de ses positions:
Le cheikh al-Hâmid eut beaucoup de positions qui se distinguèrent par
le cran et la bravoure bienséante. Je mentionnerai deux de ces positions :
La première est celle qu’il eut envers son ami et son compagnon de
route cheikh Dr Mostafa as-Sibâ`î
quand ce dernier publia son livre
Ichtirâkiyya al-Islâm. Cheikh al-Hâmid se mit en colère pour Allah et écrivit
à as-Sibâ`î pour lui signifier qu’il n’allait pas taire ce qui était mentionné
dans son livre. As-Sibâ`î se dit ouvert à la critique et lui répondit : Ecris, je
le publierai dans le magazine (Magazine Hadâra al-Islâmiyya dont asSibâ`î était le rédacteur en chef). Al-Hâmid publia son livre Nadharât fî
kitâb ichtirâkiyya al-Islâm. Son style fut celui d’un savant objectif qui ne
cherche qu’Allah à travers sa critique. As-Sibâ`î accepta la critique d’alHâmid à cœur joie. Les réponses et les commentaires ne remirent pas en
cause l’affection et l’amour qui existaient entre les deux hommes en Allah.
Mohammad Mahmoud
1177
al-Hâmid
Quand as-Sibâ`î mourut, al-Hâmid le pleura comme un frère. Qu’Allah le
Très-Haut leur fasse miséricorde.
La deuxième position concerne le régime syrien qui en 1964, attaqua la
ville de Hamât, tua des dizaines d’élèves du cheikh et détruisit une partie
de la mosquée du sultan (la mosquée du cheikh). N’eussent été la sagesse
du cheikh et son audace qui firent échouer le plan des haineux et leur
décision de détruire la ville, la ville aurait été témoin d’un grand carnage.
Sa sagesse et son cran avaient sauvé des dizaines de jeunes condamnés
à mort. Le cheikh était intervenu et avait rencontré le chef de l’Etat à
l’époque, le commandant Mohammad Amîn al-Hâfidh et l’avait effrayé du
châtiment d’Allah, tout en l’exhortant de faire montre de magnanimité. AlHâfidh prit la décision d’amnistier tous ces jeunes.
Sa mort:
Il décéda le lundi 18 Safar 1389 soit le 5/5/1969 à Hamât, après une
grave maladie que les opérations chirurgicales subies à Beyrouth n’ont pas
pu guérir.
Il fut conduit à sa demeure à Hamât dont toute la population sortit pour
faire ses adieux à son vénérable savant, un grand homme qu’elle venait de
perdre. Les minarets de Hims et de Hamât retentirent avec les Tahlîl et les
Takbîr.
Qu’Allah fasse abondamment miséricorde à notre professeur cheikh alHâmid. Qu’Il le loge dans le plus vaste de Ses Jardins aux côtés des
prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux. Quels meilleurs
compagnons que ceux-là !
Le prédicateur moudjahid
Mohammad Mahmoud asSawwâf
(Abou Moudjahid) (1334-1413H= 1915-1992)
Comment je l’ai connu:
Qui parmi nous ne connaît pas le professeur
Mohammad Mahmoud as-Sawwâf, quel musulman
nie son rang, ses efforts et ses contributions ? Le
professeur as-Sawwâf est l’une des éminentes
personnalités de l’Islam, un des ses prédicateurs, un
de ses moudjahiddines, pas seulement au niveau du
monde arabe, mais au niveau du monde islamique. Je
fus honoré d’apprendre auprès de lui, de puiser de sa
science, de son engagement vis-à-vis de sa méthode
et sa voie. Je l’ai accompagné dans plusieurs de ses
Il occupa le
poste de
censeur général
des frères
musulmans en
Irak et joua un
rôle dans la
fondation de la
section des
tournées dans les pays arabes dans les années quarante et cinquante du
vingtième siècle.
Naissance et enfance:
Il est né en 1334H = 1915 dans la ville de Mossoul en Irak. Il descend
de la tribu Tay’ et de Chammar réputée. Il grandit dans une maison de
1180 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
science, de djihad et de commerce. Il apprit auprès de son cheikh vertueux
`Abd Allah an-Ni`ma, du cheikh Sâlih al-Jawâdî et du cheikh Amjad azZahâwî, le savant hors pair d’Irak.
Il fréquenta également l’école al-Faysaliyya où il obtint sa permission
scientifique, puis il rejoignit Al-Azhar en 1934. Il fut parmi les excellents
dans toutes les étapes de ses études dont la plus saillante fut Al-Azhar. Sa
sortie fit un grand bruit dans les milieux des ulémas et de la presse arabe,
car, il put abréger ses études à Al-Azhar de six à trois ans, puisqu’il obtint
la licence en deux ans au lieu de quatre, et la spécialisation en un an au
lieu de deux. Le recteur d’Al-Azhar à cette époque, cheikh Mohammad
Mostafa al-Marâghi dit : « Mon fils, ce que tu as fait ressemble à un
miracle, tu as tracé une nouvelle voie qui n’existait pas à Al-Azhar. »
Sa rencontre avec l’imam al-Banna:
Après s’être abreuvé de la science religieuse et de la science de la
Da`wa, as-Sawwâf retourna en Irak. Il acquit la première à Al-Azhar et la
seconde à travers sa rencontre avec l’imam martyr Hassan al-Banna. Il fut
persuadé de la pensée d’al-Banna et prit un engagement avec lui et lui
prêta allégeance. Il était parmi les prédicateurs les plus distingués ; il
occupa le poste de censeur général des frères musulmans en Irak et joua
un rôle dans la fondation de la section des relations avec le monde
islamique avec le concours du frère `Abd al-Hafîdh as-Sayfî d’Egypte, alFodayl al-Wartalânî d’Algérie et Ismâ`îl Manda d’Indonésie. Après sa
sortie, as-Sawwâf fut nommé enseignant à la faculté de charia à Bagdad
après qu’il refusa le poste de juge que lui proposa le ministre irakien de la
justice Jamâl Bâbân, vu qu’il s’était spécialisé dans la juridiction religieuse.
La faculté de charia fut créée à al-A`dhamiyya en 1946, après la sortie
Mohammad Mahmoud as-
1181
Sawwâf
d’as-Sawwâf, elle fut suivie de la direction générale des Waqfs dirigée par
Tahssîn `Alî. As-Sawwâf joua un rôle remarquable dans l’orientation des
étudiants vers la Da`wa à Allah.
Ses activités dans la Da`wa et la science:
Il fit un travail populaire et d’orientation islamique dans des mosquées et
des associations et adhéra à l’association des jeunes musulmans de
Mossoul. Il y créa l’association al-Amr bi al-Ma`rouf wa an-Nahy `an alMonkar. En outre, il créa avec le concours du cheikh des ulémas d’Irak le
cheikh Amjad az-Zahâwî, l’association al-Okhowwa al-Islâmiyya qui joua
un rôle prépondérant dans la Da`wa à Allah dans toutes les contrées d’Irak.
Son djihad et ses efforts:
Il officia comme enseignant à la faculté de charia d’al-A`dhamiyya de
Bagdad. Il menait les manifestations populaires pour résister aux accords
coloniaux qui liaient l’Irak à l’Angleterre, tel que l’accord de Portsmouth que
les turbans blancs conduits par as-Sawwâf annulèrent. Il fut également un
grand défenseur de la cause de la Palestine et de Jérusalem, vu qu’il fonda
avec cheikh az-Zahâwî l’association Inqâdh Flistîn qui réunit l’élite des
moudjahiddines et des travailleurs pour la première cause de l’Islam dans
cette ère. L’association fit la collecte des biens, prépara les volontaires, et
offrit les martyrs dans la voie d’Allah pour défendre la terre, l’honneur et les
lieux saints. En 1953, cette association convoqua la conférence sur
Jérusalem avec le concours de la conférence du monde islamique. Un
grand nombre d’ulémas venu de tous les coins du monde assista à cette
conférence, à l’instar de Amjad az-Zahâwî, `Alî at-Tantâwî, Sayyid Qotb,
Mohammad Amîn al-Hossaynî, Mohyî ad-Dîn al-Qolaybî, Mostafa as-
1182 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Sibâ`î, `Issâm al-`Attâr, Sa`îd Ramadân, Mohammad as-Sawwâf, `Abd alLatîf Abou Qoura, Ahmad al-Khatîb, et bien d’autres.
Mohammad Mahmoud as-Sawwâf devant le dôme du rocher à la mosquée al-Aqsâ
Il fit des tournées dans les coins du monde arabo islamique en
compagnie du cheikh az-Zahâwî et de `Alî at-Tantâwî, pour expliquer le
problème palestinien et unifier les efforts en vue de la libérer. En plus, la
brigade des moudjahiddines irakiens qui entra en Palestine avec les
brigades des frères musulmans d’Egypte, de Syrie, joua un rôle prégnant
dans la bataille contre les juifs de Palestine.
Sa poursuite et son incarcération:
En 1958, quand le coup d’état militaire eut lieu en Iraq conduit par `Abd
al-Karîm Qâssim, et que les communistes prirent le contrôle de toutes les
affaires, il déversèrent leur bile sur le cheikh as-Sawwâf et sa Da`wa, aidés
en cela par les ennemis de l’Islam parmi les laïcs, les nationalistes et les
Mohammad Mahmoud as-
1183
Sawwâf
collabos de la colonisation, qui attaquèrent et détruisirent l’imprimerie Liwâ’
al-Okhowwat
al-Islâmiyya,
attaquèrent
sa
maison,
l’arrêtèrent
et
l’incarcérèrent à Abou Ghrîb, avec plusieurs grandes personnalités d’Irak
telles que, le général Mahmoud Chît Khattâb. A sa sortie de prison, il
continua à être poursuivi, et les communistes tentèrent même de
l’assassiner, ce qui le contraignit à quitter Bagdad en septembre 1959,
dans un voyage effroyable et pénible entouré de risque sur la route du
désert euphratéen. La protection divine aveugla les espions et les ennemis
jusqu’à ce qu’il rallia la Syrie. Il eut un accueil chaleureux de la part de la
population à al-Boukamâl, à Dayr az-Zour, à Alep puis à Damas. La joie de
sa rencontre- après les rumeurs sur son assassinat par les communistesfut grande de la part des ulémas de Syrie et son peuple. On tint des
réunions dans lesquelles ont prononça des discours en son honneur
partout.
Son émigration vers Médine:
Par la suite, il partit à Médine où il y fut devancé par cheikh az-Zahâwî.
De là, il partit à la Mecque où il s’établit en 1962 et officia comme
enseignant à la faculté de charia et d’études islamiques. Il fut désigné
membre de l’assemblée constitutive de la ligue du monde islamique,
membre du conseil supérieur des mosquées, membre de l’académie de la
jurisprudence islamique à la ligue, puis conseiller au ministère saoudien de
l’éducation, émissaire du roi Faysal chez les rois et les présidents pour la
Da`wa et la solidarité islamiques. Sa dernière tournée fut à Peshawar au
Pakistan où il fut le chef de la délégation de réconciliation entre les partis
afghans.
Sa lutte contre la colonisation et le sionisme:
1184 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le professeur as-Sawwâf clama la vérité à haute voix et exhorta les
musulmans à retourner à leur religion, il suscita le zèle pour sauver la
Palestine Lorsque la résolution inique de partage fut promulguée en 1947.
Il créa alors l’association Inqâdh Flistîn et se hâta au djihad, préparant les
brigades, équipant les moudjahiddines et collectant les fonds pour les
soutenir. Il contribua également avec ses élèves à annuler l’accord JabrBiven. Telle fut son habitude avec les moudjahiddines partout, que ce soit
en Palestine, en Algérie, en Afghanistan, aux Philippines ou en Cachemire.
Ses tournées de Da`wa:
Ses tournées en Afrique et en Asie du sud est, -avec tout le soutien du
roi martyr Faysal ibn `Abd al-`Azîz Âl Sa`oud- eurent un grand impact, car
elles réveillèrent l’esprit de la solidarité islamique et raffermirent les
relations entre les musulmans, les leaders comme les peuples, après que
la poussée nationaliste laïque avait ravagé les sociétés arabes avec le
soutien de l’Amérique et ses collabos en Egypte.
Mohammad Mahmoud as-
1185
Sawwâf
Mohammad Mahmoud as-Sawwâf prononçant un discours avec l’accoutrement des
moudjahiddines afghans
Ses positions héroïques devant l’orgueil des tyrans et des colons
incarnaient la fierté, l’orgueil, la résolution, l’audace et la franchise. Cela
était perceptible dans ses sermons, ses conférences, ses entretiens, ses
propos, et ses livres qui soulevaient le zèle et rassemblaient les
sentiments. Le premier livre qu’il composa au début des années quarante
fut intitulé : Sarkha mo’mina ilâ ach-Chabâb wa ach-Châbât, un livre qui eut
une grande influence sur l’appel des jeunes à la vérité, au bien et à
l’engagement à l’Islam en tant que foi, charia, comportement et mode de
vie. Ces jeunes se ruèrent vers l’Islam comme des assoiffés à la recherche
d’eau.
Ses positions:
Le professeur as-Sawwâf ne traîna pas les pieds vis-à-vis d’une des
positions de magnanimité. Il était large et donnait tout ce qu’il possédait
dans la voie de l’Islam et des musulmans. Ceci est témoigné par tous ceux
qui l’ont connu de près, ont vécu avec lui, ou l’ont accompagné dans ses
voyages.
Ses positions par rapport à la révolution de libération de l’Algérie et son
soutien furent notoires. Il coopéra avec ses ulémas tels que al-Bachîr alIbrâhîmî, al-Fodayl al-Wartalânî et d’autres, et ce, en les invitant à visiter
l’Irak et en tenant des conférences populaires pour leur permettre
d’expliquer la cause du peuple algérien et son djihad contre les colons
français. Il voyagea avec eux à travers les contrées arabes pour faire
connaître leur cause et inviter les gens à les soutenir.
1186 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Il n’y a pas de ville irakienne que le professeur as-Sawwâf n’ait visitée,
et appelé ses jeunes à la voie de l’Islam et de la Da`wa. Il visita la majorité
des contrées islamiques pour propager la Da`wa islamique et défier ceux
qui semaient la corruption sur terre, parmi les adeptes des principes
importés. Il entreprit de réfuter leurs allégations et mettre à nue leur
mensonge et leurs soupçons, vu qu’il était audacieux quant à dire la vérité
étayée d’argument de poids.
Pendant les dix dernières années de sa vie, il consacra la majorité de
ses efforts au djihad afghan qui le préoccupa au plus haut point, et était
devenu la première cause et le plus grand souci auquel il subjugua toutes
ses énergies. Il appelait la communauté islamique à soutenir les
moudjahiddines afghans et à les aider dans leur djihad islamique.
Bien plus, ses efforts de réconciliation et de conciliation entre les
différents groupes de moudjahiddines et leurs leaders, jouèrent un grand
rôle dans l’étouffement des séditions suscitées par les ennemis. Ses
prônes et ses prêches faisaient pleurer l’assistance et arrachaient la haine
des cœurs. L’amour et l’entraide regagnèrent tout le monde dans une
atmosphère saine et spirituelle. Malgré l’âge avancé et la vulnérabilité du
corps, son esprit était jeune et sa résolution inflexible ne faiblissait pas
devant les obstacles et les séductions, car c’est sur Allah qu’il s’appuyait
dans tous ses pas.
Le professeur as-Sawwâf fut une école à part entière. Les tyrans le
redoutèrent et les gens l’aimèrent. Il disait la vérité, était doux, affectueux
et aimant envers le petit et le grand. Il vivait les soucis et les problèmes des
gens, et interagissait avec les événements auxquels les musulmans
faisaient face dans tous leurs coins. Il déployait ses efforts colossaux pour
les traiter et leur trouver une solution.
Mohammad Mahmoud as-
1187
Sawwâf
Il laissa plusieurs générations de jeunes dans le monde islamique, et
surtout, en Irak, au royaume d’Arabie Saoudite. Tous étaient fiers d’avoir
appris auprès de lui et le mentionnaient en bien.
Sa mort:
Il décéda le 13 Rabî` al-Âkhar en 1413H=octobre 1992, à l’aéroport
d’Istanbul où il attendait le vol qui allait le ramener à la Mecque. On pria sur
lui à la Sainte Mosquée de la Mecque et il fut inhumé au cimetière alMo`allât de la Mecque.
Quelques uns de ses ouvrages:
Ø Athar adh-Dhonoub fî hadm al-Omam wa ach-Cho`oub
Ø Om al-Qorân wa khayro thalâthi sowar onzilat
Ø Bayna ar-Ro`ât wa ad-Do`ât
Ø Ta`lîm as-Salât
Ø Do`â’ as-Sahar
Ø Rihlâtî ilâ ad-Diyâr al-Islâmiyya (Afriqiya al-Moslima)
Ø Zawjât an-Nabiyy at-Tâhirât wa hikmato ta`addodihinna
Ø Sarkha mo’mina ilâ ach-Chabâb wa ach-Châbât
Ø Safahât min Târîkh ad-Da`wa al-Islâmiyya fî al-`Irâq
Ø As-Siyâm fî al-Islâm
Ø `Odda al-Moslim fî ma`ânî al-Fâtiha wa qisâr as-Sowar min kitâb rabbi
al-`Âlamîn
Ø Al-`Allâma al-Mojâhid Amjad az-Zahâwî
1188 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ø Fâtiha al-Qorân wa joz’ `amma al-Khâtam li al-Qorân
Ø Al-Qorân: Anwâroho, Âthâroho, Awsâfoho
Ø Al-Qiyâma ra’y al-`Ayn
Ø Lâ ichtirâkiyya fî al-Islâm
Ø Al-Mokhattatât al-Isti`mâriyya li mokâfahat al-Islâm
Ø Ma`rakat al-Islâm aw waqâi`inâ fî Flistîn bayna al-Ams wa al-Yawm
Ø Min sijilli dhikrayâtî
Ø Min al-Qorân wa ilâ al-Qorân
Ø Nidâ’ al-Islâm
Ø Nadharât fî sourat al-Hojorât
Ø Omm al-Qorân
Ø Moqaddimatân
Ø Al-Moslimoun wa `ilm al-Folk
Ø Al-Qorân wa an-Naba’ al-`Adhîm
Ø Thâlâtho sowar min ad-Dorar fî itrâ’ sayyid al-Bachar
Ø Al-Hajj fî al-Islâm
Ø Sawt al-Islâm fî al-`Irâq
Témoignage:
Le prédicateur et illustre poète Youssef al-A`dham, député au parlement
jordanien et directeur des écoles al-Aqsâ dit: « J’ai connu beaucoup
d’hommes nobles à Bagdad parmi mes professeurs et mes maîtres ; je ne
peux pas oublier leur don et leur vertu. A leur tête se trouve le jeune savant
Mohammad Mahmoud as-
1189
Sawwâf
cheikh Mohammad Mahmoud as-Sawwâf, enseignant à la faculté de charia
de bagdad. Il débordait de foi dans Allah et Son Messager, et pétillait d’un
sentiment vrai et d’amour pour sa communauté et de conscience pour sa
religion. Il était proche de nos cœurs. Il n’était pas un simple enseignant qui
donnait des leçons ou des conférences ; bien plus, il était le guide
orienteur, et parfois même le tuteur qui résolvait nos problèmes et nous
prodiguait des conseils. Il était parmi les admirateurs de la pensée de
l’imam martyr Hassan al-Banna, et de son appel à l’unité de la
communauté. Ce qui nous fit aimer le professeur al-Banna et sa Da`wa. Il
saisissait l’Islam dans sa globalité en tant que religion organisant les
affaires de la vie, qui est en même temps foi et mode de vie.
Le rôle qu’il joua en démasquant la colonisation britannique qui avait
corrompu la société irakienne et avait éloigné la religion de la vie fut grand.
Il incitait également les foules à revendiquer la liberté et à œuvrer pour
libérer toute la Palestine des mains des juifs et leurs suppôts. Ses sermons
qu’il prononçait à l’endroit des hommes et des femmes rassemblaient les
sentiments ; les hommes faisaient des dons, les femmes ôtaient leurs
bijoux pour en faire don avec en vue du djihad en Palestine, et ce, à travers
l’association Inqâdh Flistîn qu’il fonda avec l’aide de l’érudit d’Irak cheikh
Amjad az-Zahâwî. »
L’avocat Nour ad-Dîn al-Wâ`idh dit:
« Le professeur as-Sawwâf fut loyal envers sa religion ; il était affectif et
sincère avec ses frères. Il était fidèle et jaloux de l’Islam dont la conception
était loin des objectifs personnels. Il ne croyait pas au nationalisme, ses
frères arabes, kurdes et turkmènes étaient égaux à ses yeux. »
1190 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le professeur Ghânim Hamoudât dit:
« Il redoutait le Jour Dernier et espérait la miséricorde de son Seigneur.
J’ai vu sa loyauté, sa visée des grandes choses, son zèle, son amour pour
le travail, le fait de se dispenser des gens, son endurance, son exhortation
à l’endurance, son souci pour les affaires concernant les musulmans, son
effort et son djihad pour la cause palestinienne et algérienne. Il piquait une
colère lorsque les choses sacrées d’Allah étaient violées ou bien lorsqu’on
dénigrait l’Islam devant lui. Il subvenait aux besoins des gens, surtout de
ses frères. Ces bonnes qualités et bien d’autres sont dignes d’être
imitées. »
L’ingénieur `Abd al-Wahhâb al-Hâj Hassan dit:
« As-Sawwâf est quelqu’un qu’on ne présente plus. Depuis sa jeunesse
jusqu’à sa mort, il était un musulman sincère. Il se voua au service de
l’Islam et à la propagation de ses principes et fit de ses efforts et ses biens
un legs pieux dans la voie du rehaussement de la parole d’Allah. »
Le cheikh Ibrâhîm Monîr al-Modarris dit:
« Je n’ai connu que du bien chez lui. Son seul souci était l’Islam et les
musulmans. Il était humble dans ses comportements. Dans sa maison, on
ne retrouvait que le nécessaire. Il habitait une petite maison qui appartenait
à l’oncle de ses enfants Sâlim al-Otroqjî qui ne percevait pas son loyer. Il
n’avait pas d’autre ressource que son salaire et ne portait aucune haine,
infime soit-elle, envers ses ennemis. Il était noble et recevait les visiteurs
de Bagdad venus du monde islamique de même que ses frères. »
Le poète Walîd al-A`dhamî dit:
« Et Abou Modjâhid vint, il nous émerveilla par son physique, sa morale
et son éloquence. Il était humble et savant, mais il se consacra plutôt à la
Mohammad Mahmoud as-
1191
Sawwâf
Da`wa qu’à la science. Il était intelligent et fidèle et connaissait les frères
par leurs noms. Il assistait à toutes les fêtes sociales, même celle
organisée par le plus pauvre des frères. Une fois, il assista aux matchs des
équipes des frères à la cour du scout et distribua des prix. Il ne prêta
aucune à la condamnation de ce comportement par certains ulémas.
Bien qu’étant pauvre, il avait des liens avec tout le monde. Il n’hésitait
pas à faire tout ce qui était dans l’intérêt de la Da`wa islamique. Il n’avait
aucun penchant nationaliste, en bref, il remplissait les conditions du
leadership. En outre, il consultait les grands ulémas en tête desquels
l’érudit Amjad az-Zahâwî qu’Allah lui fasse miséricordieux. »
Le professeur`Abd al-Qâdir al-Janâbî:
« Le professeur as-Sawwâf était un orateur zélé et éloquent. Il jetait
l’enthousiasme et l’écho dans nos cœurs. Parmi nous, il était le souffleur,
et les ulémas échouèrent où il réussit.
Il était humble et pauvre. Il disposait d’une petite action dans un atelier
de couture dans la rue ar-Rachîd avec un palestinien le regretté Ahmad azZaqqa. »
Qu’Allah fasse abondamment miséricorde au professeur as-Sawwâf et
lui accorde la meilleure récompense accordée à Ses serviteurs vertueux
pour ce qu’il a fait pour l’Islam et les musulmans. Qu’Allah aide les ulémas
de la communauté et leurs prédicateurs à supporter la charge et à
transmettre le message. Car la route est longue et le voyage pénible, mais
les loyaux sont peu. On doit cependant avoir confiance en Allah, s’appuyer
sur Lui, demander Son aide et emprunter les chemins, être endurants et
exhorter à l’endurance sur les difficultés de la route et l’impraticabilité des
voies. Il faudra croire que tout cela est suffisant pour que la Da`wa d’Allah
triomphe sur terre et que les gens soient guidés vers le chemin de la vérité
1192 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
et du bien et établissent la voie d’Allah dans la vie réelle des hommes :
Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion). Allah est
assurément Fort et Puissant  (Al-Hajj: 40)
L’éminent poète musulman Walîd al-A`dhamî fit son oraison funèbre dans
un poème dont voici un extrait:
Ce jour d’adieu est devenu grand
Ô toi qui emplit les vallées de guidance et de lumière
Toi qui réveilla et rehaussa le zèle des jeunes
Sans toi ils seraient perdus
Ô l’appeleur à Allah qui a passé toute sa vie
Œuvrant à détruire les citadelles de la corruption
Eduquant les jeunes et orientant
Leurs idées pour qu’ils soient créatifs
Tu as procédé avec douceur et ils s’écartèrent
Des voies de la passion et son mirage étincellent
Ils furent convaincus que la foi est une richesse
Qui doit être rachetée et protégée
Ô cheikh de notre nation et porteur de son souci
Toute ta vie tu fus ennuyé et fatigué
Tu as combattu sur toute l’étendue du pays
Dépassant les contrées et les régions
Tu pleurais sur al-Qods ach-Charîf et ses gens
Nus et affamés dans les tentes
Les efforts des (grands dirigeants) se résumaient
Aux discours qui ne dépassaient pas la radio
Sur leurs peuples ils sont tels des lions
En guerre ils sont comme des chacals et des hyènes
Pour nous tu fus un capitaine de vaisseau
Qui passait et montait la voile de la délivrance
Mohammad Mahmoud asSawwâf
Quand tu disais un sermon tu étais un torrent débordant
Dont le grondement poussant remplissait la terre plate
La guidance de ton propos doux
Réveillait les cœurs et resplendissait les ouies
Vos cris (Allah est notre fin) sonnait dans le temps
Par la guidance et la lutte
Tu nous as enseigné que le djihad est notre voie
Nous hâtons le pas et courons vers la gloire
Tu crias ta colère sur la face des tyrans
Et ôta le voile sur ces faces
Tu clamas haut la vérité franche et ton zèle ne fléchit point
Pendant l’adversité et le combat
Tu plias les cous des tyrans avec bravoure
Après toi, ils ne purent lever le bras
Tu conquis les cœurs alors que les autres
Couraient après le poste et les terres
Je suis un de tes frères, je te remercie et témoigne
Que ton effort dans le djihad ne fut pas vain
Réjouis-toi du bienfait d’Allah le jour de Sa rencontre
Ses bénédictions se succéderont sur toi.
1193
1194 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Khalîl al-`Aqrab, `Abd as-Samad ar-Rodaynî, le cheikh Mohammad al-`Issâfî, le conseiller al`Aqîl, le cheikh Mohammad Mahmoud as-Sawwâf, Tawfîq as-Sâni`, `Abd ar-Rahmân alKhozaym, Tâlib as-Sâmorâî, `Abd al-Qâdir al-Abrachî, Ya`qoub al-Bâhissîn, `Abd al-Wâhid
Amân, `Abd ar-Râziq al-Mass`oud, `Abd al-Jabbâr Mâl Allah, `Abd ar-Razzâq Mâl Allah.
Photo prise devant la bibliothèque des frères musulmans à Bassora en 1946
Le poète moudjahid
Mohammad Mahmoud azZobayrÎ
(1328-1384 H = 1910-1965)
Naissance en enfance:
Le poète et moudjahid Mohammad Mahmoud
az-Zobayrî est né en 1328 H = 1910 dans le
quartier Bostân as-Soltân à San`â’ au Yémen.
C’est dans ce quartier qu’habitait la famille azZobayrî qui faisait partie des familles les plus
anciennes de San`â’ dans laquelle excellèrent les
juges, les ulémas et les poètes. Son grand-père
le Cadi Lotf al-Bârî az-Zobayrî fut un poète. Le
Cadi Lotf Allah ibn Mohammad az-Zobayrî l’un
des ulémas qui mémorisaient le Livre d’Allah et
Il n’était pas
seulement poète,
mais un leader
expérimenté, un
moudjahid ferme, un
politique habile, un
intellectuel conscient
qui était très au fait
du déroulement des
événements, des
l’un des célèbres poètes du Yémen, est également un membre de sa famille.
Son père Mahmoud az-Zobayrî fut également un juge. La famille az-Zobayrî
traîne une réputation de juges. Plusieurs fois, le nom de notre poète fut
précédé du titre al-Qâdî. Az-Zobayrî mémorisa le Saint Coran très jeune. Il
avait une belle voix dans la récitation du Coran, c’est pourquoi le gens
1196 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
aimaient l’écouter ; et quand ils l’écoutaient ils se taisaient et devenaient
humbles. Il dirigea les gens en prière alors qu’il n’avait pas encore 20 ans. Il
commença ses études à l’école coranique, puis l’école al-`Aliyya et la grande
mosquée de San`â’. Son ardent amour pour la lecture posséda sa raison. Il
composa les poèmes alors qu’il n’avait pas encore 20 ans.
Son voyage pour le pèlerinage et en Egypte:
En 1937, il fit le pèlerinage à la Mecque et rencontra le roi `Abd al-`Azîz
Âl Sa`oud et récita son poème lors d’une cérémonie annuelle organisée
par le roi en l’honneur des grands pèlerins, poème qui fut publié dans le
journal Om al-Qorâ. Après le pèlerinage, il resta à la Mecque, puis voyagea
en Egypte en 1939 où il s’inscrivit à la faculté Dâr al-`Oloum. C’est là qu’il
fit la connaissance de l’imam Hassan al-Banna et du professeur al-Fodayl
al-Wartalânî. Il fit la connaissance des frères musulmans en Egypte et de la
pensée révolutionnaire en Algérie. Il commença à rassembler les
yéménites étudiant dans des instituts égyptiens.
En 1941, il interrompit ses études et retourna au Yémen. Là, il remit un
mémoire à l’imam Yahyâ renfermant un projet de création de l’association
al-Amr bi al-Ma`rouf wa an-Nahy `an al-Monkar à San`â’. Cette initiative
fâcha l’imam Yahyâ. De même, il prononça un sermon à la grande
mosquée de San`â’ ; pour le récompenser, il fut incarcéré avec quelques
uns de ses frères à la prison al-Ahnoum. En prison, il se consacra à la
prière et à la récitation du Coran, à l’invocation et à la méditation. A sa
sortie de prison grâce à ses frères et ses amis, il ne put rester au Yémen. Il
partit à Aden où il débuta une étape de lutte organisée. Il forma le parti
yéménite al-Ahrâr et publia le journal Sawt al-Yaman en 1946. Il continua
sa lutte jusqu’au déclenchement de la révolution du Yémen en 1948 au
Mohammad Mahmoud az- 1197
ZobayrÎ
cours de laquelle l’imam Yahyâ fut tué. `Abd Allah al-Wazîr fut nommé
nouvel imam. Le savant algérien le moudjahid al-Fodayl al-Wartalânî joua
un grand rôle dans le mouvement. Az-Zobayrî retourna à Aden au Yémen
et devint ministre de l’éducation. Lorsque la révolution échoua, il quitta le
Yémen, aucun pays arabe n’accepta l’accueillir ; il partit alors au Pakistan
où il fit la connaissance de l’ambassadeur d’Egypte `Abd al-Wahhâb
`Azzâm et l’ambassadeur de Syrie `Omar Bahâ’ ad-Dîn al-Amîrî. Il y resta
jusqu’en 1952, puis le quitta pour l’Egypte après le coup d’état militaire qui
renversa le roi Fârouq.
En Egypte, il lança des activités au sein de la communauté yéménite.
Ces activités s’étendirent aux yéménites du Soudan. En 1955, l’officier
Ahmad ath-Thalâyâ tenta de renverser l’imam Ahmad ibn Yahyâ ibn Hamîd
ad-Dîn, mais cette tentative se solda par l’échec et ath-Thalâyâ fut exécuté.
Son retour en Egypte:
En 1962, quand la révolution yéménite qui renversa le gouvernement
d’al-Homaydî déclencha, az-Zobayrî se hâta à voyager au Yémen où il fut
nommé ministre de l’éducation dans le gouvernement de la révolution. Les
pays arabes et non arabes s’immiscèrent et le Yémen entra dans une
guerre civile meurtrière. Az-Zobayrî se précipita à réconcilier les tribus. Il
participa aux conférences de réconciliation entre les yéménites lors de la
conférence de Karch et la conférence de `Omrân, pour permettre aux
yéménites de régler eux-mêmes leurs problèmes. Il s’avéra qu’il souffla sur
de la cendre et que les royalistes et les républicains avaient les mêmes
aspirations. Il annonça la création du Hizb Allah et entama la visite des
tribus et des villes yéménites pour appeler les gens à adhérer au parti.
Beaucoup de gens répondirent à son appel.
1198 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Son influence sur moi:
Très tôt dans les différentes étapes de ma vie estudiantine, je fus épris
des lettres et de poésie. J’avais beaucoup d’admiration pour la poésie
d’Abî at-Tayyib al-Motanabbî et celle de Ma`rouf ar-Rasâfî. J’aimais
également la littérature de Mostafa Sâdiq ar-Rifâ`î. J’avais mémorisé
beaucoup de poèmes du premier et du deuxième, pour le troisième, j’avais
également mémorisé ses textes littéraires.
En 1949, quand je suis allé poursuivre mes études universitaires en
Egypte et ce jusqu’en 1954, j’ai commencé à lire beaucoup de littérateurs
et de poètes anciens et nouveaux. J’aimais fréquenter les contemporains
pour écouter d’eux directement, à travers les séminaires hebdomadaires
que j’aimais assister pour suivre ce qu’on allait y dire et tirer profit des
débats littéraires réjouissants qui s’y déroulaient et des poèmes
magnifiques qu’on y disait.
L’Egypte en ces temps regorgeaient beaucoup d’arabes libres et
d’hommes d’arabité et de l’Islam. Parmi ceux-là, il y avait le grand poète
arabe le professeur moudjahid Mohammad Mahmoud az-Zobayrî,
président de l’union des hommes libres du Yémen, qui était retourné en
Egypte en 1952 en provenance du Pakistan.
Je désirai faire sa connaissance, le visiter et le rencontrer après que je
lus son poème remarquable dans lequel il décrivait la situation des
musulmans et leurs ennuis. Il dit dans le poème intitulé `Âlam al-Islâm :
Tel est son esprit et tels sont ses soldats
Que prenne garde quiconque lui veut du mal
Il a eu le sommeil des morts et on l’a pris pour un mort
Mohammad Mahmoud az- 1199
ZobayrÎ
Ils s’enorgueillirent de son sommeil et son extinction
Ils furent étonnés de voir que la vie accueillait un nouveau-né
Issu du monde de la force et de la vaillance
Nous n’avons jamais vu de pays acheté avec de l’argent
C’est la terre qui possède son martyr
Et la Palestine cette patrie chère
Est-il vrai que son existence s’est estompée
Le Cachemire est sa terre et le sol
Pure où reposent ses pères et ses aïeux
Ô musulmans vous avez une histoire énorme
Y a-t-il quelqu’un parmi vous pour la reprendre
Vous faites un monde de l’extrême Maghreb
Au Machreq et ses bannières flottantes
C’est un seul monde même si tu penses
Que c’est mille peuples avec ses villes maritimes et ses frontières
Un monde musulman obstiné
On ne peut ni le hindouiser ni le judaïser
Il demeurera une réalité qui emplira
La terre et périra son ennemi et son envieux
Lorsque notre relation se raffermit, je me rendis compte que l’homme
n’était pas seulement poète, mais un leader expérimenté, un moudjahid
ferme, un politique habile, un intellectuel conscient qui était très au fait du
déroulement des événements, des situations du monde arabo islamique et
des problèmes des musulmans. Le professeur az-Zobayrî était de ceux qui
travaillaient avec sérieux et loyauté pour supprimer l’injustice qui pesait sur
les peuples, et établir la justice parmi les gens, réaliser la Chourâ entre le
gouvernant et le gouverné.
1200 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le siège de l’union et son domicile furent le refuge des étudiants
étrangers en Egypte parmi les hommes libres du Yémen, qui avaient fui
l’injustice et l’humiliation, et s’étaient dressés pour combattre la tyrannie et
l’oppression. Ils représentaient les différentes classes de la société
yéménite ; parmi eux, on trouvait le littérateur intellectuel, le leader
politique, le savant religieux, les jeunes et les vieux.
Tous, ils respectaient, vénéraient et estimaient le moudjahid az-Zobayrî,
le consultaient et suivaient ses avis et ses directives.
Il était jovial et souriait à tout le monde. De même, il abordait les
problèmes avec un style équilibré, en le simplifiant, en l’étudiant sous tous
ses angles, en auscultant ses maux et en prescrivant le moyen de les
guérir. Il écoutait l’avis de tout le monde et s’alignait sur l’avis étayé par
une preuve et la force de l’argument, et réfutait l’avis vraisemblable. Tout le
monde s’accordait sur un avis par conviction, agrément et admission.
Ses relations et ses contacts:
Le professeur az-Zobayrî eut des contacts élargis et beaucoup de
connaissances dont la majorité travaillait dans le champ de la Da`wa
islamique tel que l’imam Hassan al-Banna qu’il rencontra pour la première
fois en Egypte en 1939, le professeur al-Fodayl al-Wartalânî, le professeur
`Abd al-Hakîm `Âbidîn, le professeur `Omar Bahâ’ ad-Dîn al-Amîrîn, le
professeur `Alî Ahmad Bâkthîr, Dr `Abd al-Wahhâb `Azzâm, et bien
d’autres.
Quand az-Zobayrî retourna dans son pays au Yémen, il déploya tous
ses efforts pour sortir son pays de l’isolement. Il ouvrit les horizons du
savoir devant ses fils, et leur fit découvrir le dernier progrès scientifique et
technologique auquel était parvenu le monde civilisé dans divers domaines
Mohammad Mahmoud az- 1201
ZobayrÎ
duquel on pouvait tirer parti. Car la sagesse est la brebis égarée du
croyant, où qu’il la trouve, il en est le propriétaire. Mais, ce sont les
détenteurs du pouvoir qui géraient tout à l’époque, ceux-là qui voulaient
maintenir le peuple dans l’ignorance et l’isoler du monde afin que ses yeux
ne s’ouvrent pas sur ce qui était autour de lui. Ils étaient sur un pôle et le
peuple yéménite était sur un autre. L’injustice se répandit, la tyrannie
s’accrut, les gens se mirent en furie, ce rigorisme répréhensible qui n’a
aucun rapport avec l’Islam déclencha un déluge. Le fanatisme avait atteint
le summum, l’ignorance s’était répandue, la pauvreté avait gagné tout le
monde et l’injustice avait pris de l’ampleur. Le peuple se mua en une
classe écrasée et d’esclaves assujettis au service d’un seul individu au
grand dam de la communauté. Un occidental dit même à cette époque :
« L’Egypte a cent ans de retard par rapport à l’Europe, quand au Yémen, il
vit encore à l’ère d’avant révélation de la Thora. »
Tous ces vices causés par l’injustice, l’ignorance, la pauvreté, et la
maladie, et par surcroît le musellement et les tracasseries, l’interdiction
d’exprimer son opinion, de donner conseil ou un avis, amenèrent le
professeur az-Zobayrî et ses frères libres, loyaux, musulmans et
travailleurs dépositaires du pouvoir, à chercher un endroit où se réunir avec
leurs frères qui les soutenaient à sauver leur communauté et à libérer leurs
peuples des chaînes sous lesquelles ils ployaient. L’Egypte fut le siège, et
les hommes du mouvement islamique qui y vivaient furent leurs
sympathisants
qui
soutinrent
leurs
frères
yéménites
et
les
approvisionnèrent en biens et en hommes. Ils empruntèrent tous les
chemins possibles et usèrent de toutes les capacités disponibles.
Si la tentative de changement qui se déroula au Yémen en 1948 fut un
fiasco, il reste qu’elle généra des effets négatifs qui accrurent la souffrance
1202 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
et effarouchèrent beaucoup d’hommes libres, nobles et loyaux. La volonté
inflexible qui caractérisa le professeur az-Zobayrî, le travail acharné qui fut
son habitude nuit et jour, la persévérance obstinée à réaliser l’objectif,
firent de lui et ses frères des modèles distingués dans le dynamisme et le
mouvement. Car, ils attirèrent beaucoup d’hommes et de jeunes yéménites
dans la voie de la Da`wa islamique, vu que l’Islam est la voie idéale pour la
vie des communautés, des peuples, des individus, des groupes, des pays
et des gouvernements. D’où le devoir d’unifier les efforts pour mener à
nouveau une vie islamique conforme au Livre, à la Sunna et au consensus
des successeurs sur ce qui n’est pas prescrit par un texte.
Par la grâce d’Allah le Très-Haut, le professeur az-Zobayrî et ses frères
firent de grands pas dans cette voie. Il est à noter que le rassemblement
yéménite avait fait de l’Islam la base de son mouvement. Tous ses
membres respectaient le système islamique dans sa morale, sa conduite,
sa foi, sa loi, son système de vie pour les individus, les sociétés et les
pays. Ce jeune yéménite musulman représentait les yéménites d’origine
dans sa pureté, ceux au sujet desquels le Messager, prière et salut sur lui,
dit : « Les gens du Yémen ont un cœur doux et tendre. » Il dit aussi : « La
foi est yéménite, comme la sagesse aussi. »
Sa poésie:
Tel est donc le professeur az-Zobayrî, la parure des hommes du Yémen
et le père des hommes libres qui fut aimé, et eut la confiance des gens
pour sa loyauté, sa vérité, sa transparence et sa pureté. Il se mouvait avec
l’Islam et pour l’Islam, et dans la voie d’Allah et la recherche de Son
contentement.
Il composa un poème intitulé (Thawra) dont voici un extrait:
Mohammad Mahmoud az- 1203
ZobayrÎ
Ô plume, fais-toi une place dans l’histoire
Ici on réveille les générations et les nations
Les cœurs altiers se sont rassemblés ici
La tendresse, la famille et la filiation sont ici
Ici la lampe de la charia a brillé
C’est ici la justice la morale et les caractères
Les volcans se sont réveillés ici
Dominant, ravageant et avalant le tyran
Un peuple qui a échappé des chaînes de son bourreau
Une fois libre, il a fui l’injustice et les ténèbres
Il a répugné la prison puis est retourné la détruire
Pour qu’on n’y enchaîne plus un pied après lui
Longtemps ils l’ont torturé, endurant il demeura
Ils l’ont durement opprimé mais il se raffermit
Les chaînes que je traînais au pied
Sont devenues des flèches qui vengent les prisonniers
Le gémissement que nous répétions en silence
Seront un cri entendu des nations demain
La vérité commence dans les plaintes d’un angoissé
Et finit avec le rugissement plein de châtiment
Faites don de vos corps à la vérité, unisse-vous
Dans son parti ayez confiance et cramponnez-vous à Allah
Il dit après da sortie de prison:
Nous sommes sortis de prison avec fierté
Comme un lion sort de sa forêt
Nous passons sur les lames d’épées
Nous frappons à la porte de la mort
Nous refusons la vie souillée
De l’oppression des tyrans et leur terrorisme
1204 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Nous sous estimons les grands incidents
S’ils nous accablent
Nous savons que le destin arrive
Et que les choses sont liées à leurs motifs
Si nous croisons la mort, que mort
Survienne à ceux qui la cherchent
Il dit dans un poème intitulé (Fî Sabîl Flistîn)
Pourquoi le sang qui coule sur sa cour
Se ramollit, alors que nous n’avons pas eu gain de cause
Pourquoi sourions-nous quand nous croisons l’oppresseur
Qui nous a opprimés avec une extrême férocité
Nous voyons ses griffes dégouliner de sang dans la plaie
De notre communauté, et nous allons discuter avec lui
Ô dirigeants arabes et islamiques, tous
Levez-vous, votre sommeil a duré après l’aube
Portrait du peuple yéménite
Qu’est-il arrivé à Qahtân ces temps
La misère et les douleurs qu’ils évoquent
L’ignorance, les maladies, l’injustice accablante
La peur, la famine et l’imam
Les gens ont des chaînes au pied
Et des mors à la bouche
Lutte contre l’injustice:
Les soucis du peuple ont élevé mon esprit
Bien au-delà de ce que j’aspirais
Elle m’ont conféré le droit d’appliquer le talion sur
Le bourreau pour les millions tués
Je combattrai l’injustice quoiqu’elle soit rayonnante
Quel que soit son nom
Mohammad Mahmoud az- 1205
ZobayrÎ
Je flagelle Jankis khan avec mon fouet
Je braise la chair de Néron embrochée
Les deux opprimèrent le peuple en son nom
Ou vint de Londres avec sa tyrannie
Je chasse Hajjâj au nom du peuple
ET tord le cou de Jean Paul au nom du peuple
Le professeur Ahmad al-Jada` dit: « Tu ne peux pas parler de la
république du Yémen sans évoquer le nom d’az-Zobayrî. Tu ne peux pas
parler de poésie au Yémen sans évoquer également az-Zobayrî. De
même, si tu parles de la révolution yéménite sans faire mention d’azZobayrî et sa poésie, tu auras omis un des piliers de cette révolution. AzZobayrî est un poète qui déclencha la révolution avec sa poésie, il mena sa
marcha également avec la poésie. C’est lui qui mérita, parmi ses
concitoyens, de porter le surnom de père des hommes libres et de poète
des révolutionnaires. Je n’exagérerai pas en disant que quiconque veut
prendre connaissance de la situation du Yémen, des développements des
révolutions et des soulèvements, trouvera dans la vie et la poésie d’azZobayrî, une source satisfaisante. Je puis même dire sans aucun risque
que ce poète géant a incarné la révolution du peuple yéménite contre ses
tyrans, et que le peuple trouva dans sa poésie un exutoire. Ce peuple
révolutionnaire s’inspirait de la poésie d’az-Zobayrî, cette poésie qui tonnait
dans le ciel du Yémen comme le grondement des canons et le sifflement
des balles. »
Ce que beaucoup de lecteurs d’az-Zobayrî ne savent pas c’est qu’il fut
versé dans la langue ourdou. En 1953, le magazine Al-Moslimoun publia
un poème qui fut à l’origine écrit en langue ourdou, puis traduit vers l’arabe,
et az-Zobayrî, qu’Allah lui fasse miséricorde, reprit sa versification.
1206 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Quelques uns de ses ouvrages:
Ø Recueil (Thawrat ach-Chi`r)
Ø Recueil (Salât fî al-Jahîm)
Ø Al-Islâm dîn wa thawrat
Ø Da`wa al-Ahrâr wa wihdat ach-Cha`b
Ø Al-Montalaqât an-Nadhriyya li ath-Thawra al-Yamaniyya
Ø Al-Imâma wa khatarohâ `alâ wihdat al-Yaman
Ø Recueil (Noqta fî adh-Dhalâm)
Ø Al-Khid`a al-Kobrâ fî as-Siyâssa al-`Arabiyya
Ø Ma`ssât wâq al-Wâq
Ø Bohouth wa maqâlât siyâssiyya wa adabiyya
Ø Beaucoup d’autres poèmes qui ne sont pas colligés peuvent faire un
grand recueil.
Ses manuscrits sont nombreux chez ses amis et les membres de sa
famille. Le professeur Ahmad al-Jada` narre que l’éminent poète `Omar
Bahâ’ ad-Dîn al-Amîrî lui chanta les discussions poétiques qu’il eut avec
az-Zobayrî, et dans lesquelles un poème dépassait parfois 200 vers, et
qu’il se préparait à éditer ces discussions sous forme de livre qui devait
s’appeler : Ma`a al-Qâdî az-Zobayrî.
Je ne sais pas s’il fut édité avant la mort d’al-Amîrî ou non ? Il se peut
qu’un de ses fils accomplisse cette tâche qu’attendent ses amis et ses
élèves.
Des recherches sur lui:
Mohammad Mahmoud az- 1207
ZobayrÎ
Az-Zobayrî fit l’objet de plusieurs recherches et fut le thème de plusieurs
livres qui abordèrent les côtés de sa vie, sa lutte et sa poésie. Nous citons
entre autre:
® Az-Zobayrî Adîb al-Yaman ath-Thâir, thèse scientifique soutenue par
Dr `Abd ar-Rahmân al-`Omrânî
® Az-Zobayrî châ`ir al-Yaman du professeur Hilâl Nâjî
® Az-Zobayrî damîr al-Yaman ath-Thaqâfî du Dr `Abd al-`Azîz al-Moqâlih
® Az-Zobayrî châ`iran wa monâdilan : un groupe d’écrivains yéménites
® Az-Zobayrî min awwali qasîda wa hattâ âkhira talqa, du professeur
`Abd Allah al-Bardounî
® Az-Zobayrî ach-Chahîd al-Mojâhid du professeur `Abd ar-Rahmân
Tayyib Ba`kar
® At-Târîkh yatakallam –Documentaires- du professeur `Abd al-Malik at-
Tayyib
® Chi`r az-Zobayrî du Dr Riyâd al-Qorachî
Le professeur Ahmad Mohammad ach-Châmî dit dans ses mémoires (Riyâh
at-Taghyîr fî al-Yaman):
«Grosso modo, personne ne peut douter du don du grand poète
yéménite Mohammad Mahmoud az-Zobayrî et son génie, ni de sa loyauté
envers Allah et envers la patrie, ni de sa transparence et le dynamisme de
sa conscience, et sa tentative de déployer des efforts pour faire ce qu’il
pensait être utile à sa religion et sa communauté. En 1357H= 1937, il quitta
le Yémen en compagnie `Alî ibn `Abd Allah al-Wazîr et son fils `Abd Allah
1208 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
ibn al-Wazîr en direction de la Mecque pour le pèlerinage. Là, az-Zobayrî
loua le roi `Abd al-`Azîz Âl Sa`oud dans un poème où il dit :
Le cœur de la presqu’île bat dans ton bras droit
La passion de l’arabité brille sur ta joue
Il partit ensuite en Egypte en 1939, toujours en compagnie de son
collègue `Abd Allah ibn `Alî al-Wazîr où il eut des activités littéraires et
politiques. Sa relation avec l’imam Hassan al-Banna se consolida, ainsi
qu’avec Monsieur al-Fodayl al-Wartalânî et les dignitaires des frères
musulmans. En 1360H=1942, il retourna au Yémen et tenta de créer
l’organisation al-Amr bi al-Ma`rouf wa an-Nahy `an al-Monkar. Il fut
incarcéré puis envoyé en exil avec son collègue Mohammad Abou Tâlib
sur la montagne al-Ahmoum. »
`Alî Nâsir al-`Anssî dit: « Notre première réunion eut lieu au Caire quand
nous étions étudiants à Al-Azhar. Nous entrions en contact avec les frères
musulmans et parmi eux le cheikh Hassan al-Banna qui pensait que le
Yémen était le
pays le plus
indiqué pour l’établissement
d’un
gouvernement islamique authentique, et que le climat y était propice à
l’action des frères musulmans. Il nous accordait une importance
particulière, et accordait beaucoup plus de soin à az-Zobayrî et alMassmarî qu’il considérait comme deux personnages distingués. C’est de
là que naquit le mouvement patriotique au sein des étudiants yéménites.
Al-Fodayl al-Wartalânî fut envoyé à San`â’ où il effectua un travail
énorme. »
Les citations du martyr az-Zobayrî: « L’unité de rang sans unité d’objectif
est superflu et invraisemblable, et ne peut être en réalité qu’un accord sur
l’hypocrisie réciproque et la fraude collective. Nous avons dit non à
Mohammad Mahmoud az- 1209
ZobayrÎ
l’injustice sous le règne de l’imam, nous avons en plus dit non à l’erreur
sous le règne républicain, car le principe ne peut pas changer sans le
changement des personnes, des noms et des formes. Le pouvoir
républicain que nous voulons est le pouvoir républicain islamique
authentique fondé sur la Chourâ, et où il est possible au plus simple sujet
de redresser le président de le république et de critiquer n’importe quel
ministre sans craindre d’être arrêté, et sans craindre qu’une mine n’explose
dans sa maison ou qu’il soit démis de ses fonctions. C’est cela le devoir
d’ordonner le bien et d’interdire le blâmable qu’Allah et Son Messager nous
ont assigné. «
Cheikh `Abd al-Majîd az-Zandânî dit: « Voilà le savant musulman,
conscient, moudjahid et véridique, Mohammad Mahmoud az-Zobayrî, qui
n’abandonna jamais sa religion, ne se débarrassa jamais de sa foi, et ne se
souilla pas dans son comportement et sa morale. Bien plus, il fut une
lampe éclairant les générations et bougeait avec conscience, science et
clairvoyance. »
Le professeur `Abd al-Malik ach-Chîbânî dit dans son livre : Ayyâm min
hayât ach-Chahîd `Abdouh al-Mikhlâfî: « Dans cette atmosphère chargée
d’injustice, de prison et de poursuite des frères musulmans en Egypte en
1965, le martyr Mohammad `Abdouh al-Mikhlâfî rejoignit les frères
musulmans. Le martyr Mohammad Mahmoud az-Zobayrî influença
beaucoup l’adhésion d’al-Mikhlâfî à la Confrérie des Frères Musulmans,
car, le martyr az-Zobayrî était par le passé lié à la confrérie. Ceci démontre
la virilité, le zèle et la bravoure d’al-Mikhlâfî. C’est comme cela qu’alMikhlâfî jeta les bases de la naissance des frères musulmans au Yémen. »
Conspiration:
1210 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Quand beaucoup de gens craignirent az-Zobayrî et son parti qui
représentait un danger à leurs aspirations, ils le combattirent et arrangèrent
son assassinat, quand il sortait de la mosquée le 31 mars 1965. Le martyr
tomba, et fut inhumé dans la terre yéménite triste de se séparer de lui
avant que le fruit mature et que l’on se console de l’unité des yéménites.
Qu’Allah fasse largement miséricorde au professeur az-Zobayrî et
déverse les grosses averses de Sa miséricorde sur lui. Qu’Allah permette
aux yéménites de se masser autour de ses semblables parmi les leaders
du mouvement islamique contemporain au Yémen heureux. Louange à
Allah Seigneur de l’univers.
Cheikh
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
prédicateur islamique et exégète linguiste
(1330-1419H = 1911-1998)
Naissance et enfance:
Cheikh Mohammad Mitwalli ach-Cha`râwî
naquit en 1911 dans le village de Daqâdous
centre de Mît Ghamr dans le gouvernorat de
Daqahliyya.
Son père l’inscrivit à l’école coranique du
cheikh `Abd al-Majîd Pacha où il mémorisa
le Saint Coran à l’âge de 11 ans. En 1926, il
rejoignit l’institut primaire azharite d’azZaqâzîq et obtint le certificat primaire en
De ceux qui furent
dotés de la
compréhension du
Coran et de la
connaissance de ses
secrets et ses actes.
Par ses traits d’esprit,
ses aperçus, ses
gestes, ses pauses et
1937. La même année, il rejoignit la faculté de langue arabe à l’université
d’Al-Azhar. Pendant ses études universitaires, il partit en pèlerinage à la
Mecque dans la délégation des étudiants d’Al-Azhar en 1938. C’est en
1214 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
1941 qu’il décrocha son diplôme à la faculté de langue arabe. En 1943, il
obtint une licence avec permission d’enseigner.
Sa vie professionnelle:
C’est à l’institut azharite de Tanta qu’il débuta sa carrière d’enseignant.
Il fut tour à tour muté à l’institut azharite d’Alexandrie et à l’institut d’azZaqâzîq. Puis, en 1951, il voyagea au Royaume d’Arabie Saoudite où il
officia à la faculté de charia à la Mecque comme enseignant de l’exégèse
et du hadith. Il retourna ensuite en Egypte en 1960 et travailla comme
délégué à l’institut secondaire de Tanta. En 1961 il fut promu directeur de
la Da`wa islamique au ministère égyptien des Waqfs, puis inspecteur des
sciences arabes en 1962. En 1964, Le recteur d’Al-Azhar Hassan Ma’moun
le désigna comme son directeur de cabinet.
En 1966, après l’accession de l’Algérie à l’indépendance, il y conduisit la
mission d’Al-Azhar. Là-bas, il aida le gouvernement algérien à se
débarrasser des traces de la colonisation française en supervisant la mise
sur pied de nouveaux programmes d’études en langue arabe. En 1970, il
fut nommé professeur visiteur à la faculté de charia de l’université roi `Abd
al-`Azîz à la Mecque, puis chef de la section des études supérieures dans
la même université.
C’est en 1973 que cheikh ach-Cha`râwî fit son émergence comme
prédicateur islamique dans une émission radiophonique intitulée Nour `alâ
nour et présentée par le journaliste Ahmad Farâj. Pendant dix ans, cheikh
ach-Cha`râwî fut l’invité permanent de l’émission dans le rôle d’exégète du
Saint Coran.
En 1976, il fut nommé ministre des Waqfs et fut confirmé à ce poste en
1977. Mais le 15/10/1978, il démissionna du ministère.
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
1215
En 1976, il reçut la médaille de la république. En 1977, il voyagea à
Londres pour assister à la conférence sur l’économie mondiale qui se
tenait au centre islamique européen. En 1980, il fut nommé membre de
l’académie des recherches islamiques. Et en 1983, il reçut la médaille des
sciences et des arts premier degré lors de la commémoration du millénaire
d’Al-Azhar. Il voyagea à New York et donna une conférence au siège de
l’assemblée générale des Nations Unies, puis il prononça un prône à la
mosquée rattachée à l’immeuble des Nations Unies. De plus, il donna des
entretiens radiophoniques et télévisés à la télévision américaine, portant
sur l’existence d’Allah le Très-Haut et les preuves qui la sous-tendent. Puis,
il voyagea au Canada et donna une conférence dans laquelle il passa en
revue les allégations et les mensonges des orientalistes sur l’Islam et les
réfuta les uns après les autres. Il visita également le centre islamique de
Los Angeles au Etas-Unis d’Amérique et y donna une conférence sur les
problèmes des musulmans et des sociétés islamiques.
En 1984, il entama un périple en Europe qui dura quatre semaines et le
mena en France, en Suisse, en Allemagne, en Grande Bretagne, en
Autriche, etc. Au cours de ce périple, il donna une série de conférences et
répondit aux questions des musulmans. Il posa la première pierre du centre
islamique de Rome et de la grande mosquée du quartier Bari Loli, en
présence du président de la république d’Italie, du maire de Rome et du
représentant du Vatican. En 1985, il prit part aux travaux de la deuxième
conférence sur la Sunna prophétique à Los Angeles aux Etats-Unis
d’Amérique. En décembre 1986, il fut désigné président de la conférence
sur la Sunna prophétique tenue à Los Angeles. Il donna plusieurs
conférences dans divers centres islamiques. Puis, il voyagea en Autriche à
l’occasion de l’ouverture d’une banque islamique à Vienne ; à cette
1216 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
occasion, il parla de la conception islamique sur l’économie. En 1987, il fut
désigné membre de l’académie de la langue arabe au Caire. En 1988, il
reçut la médaille de la république et le prix d’estime de l’état.
Ses plus importants ouvrages:
Cheikh ach-Cha`râwî a composé plusieurs ouvrages ; les plus en vue
sont : Al-Montakhab fî tafssîr al-Qorân al-Karîm, Al-Fatâwâ, Mo`jiza alQorân al-Karîm, Min Fayd al-Qorân al-Karîm, Nadharât fî al-Qorân alKarîm, `Alâ Mâidat al-Fikr al-Islâmî, Al-Islâm wa al-Fikr al-Mo`âsir, Asrâr
Bismillah ar-Rahmân ar-Rahîm, As-Salât wa arkân al-Islâm, Hâdhâ howa
al-Islâm, Al-Mar’a kamâ arâdaha Allah, Labbayka Allâhomma labbayk, AlIslâm wa al-Mar’a wa al-Mar’a `aqîda wa manhaj, Ach-Chourâ wa atTachrî` fî al-Islâm, At-Tarîq ilâ Allah, Al-Isrâ’ wa al-Mi`râj, Al-Qadâ’ wa alQadr, Al-Insân wa ach-Chaytân, Mi’a soâl wa jawâb fî al-Fiqh al-Islâmî,
Qasîda al-Bâkoura, etc.
A cela s’ajoutent les cassettes, les conférences et les séminaires.
Exemples de sa poésie:
A un âge avancé, cheikh ach-Cha`râwî s’essaya en poésie. Ses poèmes
tournent autour des thèmes divers. Voici quelques exemples choisis :
Il dit à l’occasion d’al-Isrâ’ et al-Mi`râj (Voyage nocturne et ascension) :
Ô nuit d’al-Isrâ’ et al-Mi`râj
Ô vie de la magnificence et tentation des poètes
Tu es le secret de toute la vie
Vu ce qu’Allah t’a donné de délicieux
Le soleil tourne autour de ta hauteur
Ce soleil qui est une créature
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
1217
Qui pourra bénéficier de ce qui échappa
A Moïse, à Jésus qui ressuscitait
La vierge chaste se trouve auprès d’Allah
Qui pourra gagner cette vierge
Il n’est pas étonnant que le marié soit Mohammad
Tout ce qui est grand revient aux grands hommes
Ô fille de l’Islam
Tu as raccourci les manches et coupé les extrémités
N’as-tu pas pitié de ta peau lisse
Tu as fatigué son prisonnier du froid hivernal
Tu as demandé prestement la délivrance de l’été
Tu t’es pavanée dans des chaînes transparentes
Dans une tentation qui rend ignorant un endurant
Une trame collant à une peau rayonnante
Poussée par sa révolte elle est devenu insaisissable
Les joues ont-elles manqué à leur lutte
Ou bien ton regard peine à poignarder
Tu t’es servie de la gaine pour attaquer les cœurs
Et tout ton corps est dégainé
Tu as persisté à exposer la beauté
A cause de l’orgueil on t’a fait entendre des choses indiscrètes
Tu possèdes quiconque a ton agrément
Celui que tu repousses devient cruel et rejeté
Ils ont dit:
Cheikh Dr Youssef al-Qaradâwî dit: « Avec la mort du cheikh achCha`râwî, la communauté islamique a perdu une de ses éminentes
personnalités et une étoile de guidance dans son ciel. Elle a perdu un
homme qui toute sa vie, fut au service de la science, du Saint Coran et de
l’Islam. Sans doute, la mort des ulémas est un malheur pour la
1218 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
communauté, surtout s’ils meurent les uns après les autres. Cette période
a vu la mort de certaines de ces étoiles que sont : cheikh Mohammad alGhazâlî, cheikh Khâlid Mohammad Khâlid, cheikh Jâd al-Haqq `Alî Jâd alHaqq, cheikh `Abd Allah ibn Zayd Âl Mahmoud et cheikh `Abd al-Fattâh
Abou Ghada.
L’homme du Coran cheikh ach-Cha`râwî nous a quittés. Il était
indubitablement un des grands exégètes du Coran. Il ne suffit pas de lire le
Coran pour le comprendre. Il ne suffit pas de comprendre le Coran pour
l’approfondir et extérioriser ses perles et ses trésors. Quand bien même on
a trouvé ces trésors, il reste à les exprimer éloquemment. Cheikh achCha`râwî était de ceux qui furent dotés de la compréhension du Coran et
de la connaissance de ses secrets et ses actes. Par ses traits d’esprit, ses
aperçus, ses gestes, ses pauses et ses coups d’œil, il put affecter la
société qui l’entourait. Cheikh ach-Cha`râwî fut adopté par les gens, c’est
pourquoi il parvint, par son style distingué, à avoir une influence sur tout le
monde, lettrés et illettrés, et à laisser un impact sur les esprits et les cœurs.
Rares sont ceux qui possèdent un tel caractère. Certaines gens
s’accordèrent avec lui, d’autres divergèrent d’avec lui ; tel est la nature de
la science. Il est impossible qu’un savant fasse l’unanimité. Un poète dit :
Qui donc parmi les gens peut satisfaire tout le monde
Alors que des fossés étanches séparent les passions
On dit naguère: « La satisfaction de tout le monde est une fin
inaccessible. » Allah le Très-Haut dit :  Et ton Seigneur n'est point tel à
détruire injustement des cités dont les habitants sont des réformateurs. Et
si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté.
Or, ils ne cessent d'être en désaccord (entre eux,) sauf ceux à qui ton
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
1219
Seigneur a accordé miséricorde. C'est pour cela qu'Il les a créés. Et la
parole de ton Seigneur s'accomplit : “Très certainement, Je remplirai l'Enfer
de djinns et d'hommes, tous ensemble”.  (Houd : 117-119)
Beaucoup d’exégètes disent : « C’est pour cela : c’est-à-dire qu’Il les
créa pour qu’ils soient en désaccord, car en les créant, Il a doté chacun
d’un esprit et d’une volonté libres. Tant que chaque personne a un esprit et
une volonté libres, il y aura toujours désaccord. Par le passé, les gens ne
s’accordèrent pas sur les Messagers et les Prophètes, de même que sur
les réformateurs et les grands hommes. `Alî ibn Abî Tâlib, qu’Allah lui fasse
miséricorde et honore son visage dit : « Deux types de personnes ont péri
à mon sujet : Celui qui m’aime exagérément et celui qui me hait à
outrance. » Telle est la nature de la vie.
J’ai connu cheikh ach-Cha`râwî quand j’étais encore étudiant au
secondaire. Il nous enseigna quand il fut affecté à Tanta comme professeur
de rhétorique. Nous apprîmes que cheikh ach-Cha`râwî, un grand
enseignant et un éminent était dans nos murs. En effet, il était un
enseignant attirant. Il pouvait transmettre le savoir à ses étudiants par le
signe et le geste ou par des exemples… »
Dr Mohammad `Imâra dit:
« Cheikh ach-Cha`râwî fut l’un des grands prédicateurs de l’Islam de
notre ère. Il avait une faculté extraordinaire qui lui permettait de faire
découvrir au public de nouveaux secrets que revêt le Saint Coran. Ce fut le
fruit de sa culture rhétorique grâce à laquelle il put saisir les secrets du
miracle rhétorique du Saint Coran plus que quiconque. Dans son style de
Da`wa, il faisait participer le public et réveillait en lui les facultés de
1220 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
réception. Il décrivit ce rendement en ces termes : « C’est le mérite de la
générosité et non le déploiement de l’effort. » Qu’Allah lui fasse
miséricorde et lui trouve un digne remplaçant. »
Dr `Abd àl-Halîm`Iways dit:
« Nous ne devons pas désespérer de la miséricorde divine. L’Islam qui
a produit cheikh ach-Cha`râwî est capable de donner à cette nation des
modèles agréables, sublimes et merveilleux qui pourraient tutoyer le cheikh
ach-Cha`râwî. Malgré tout, nous considérons sa mort comme une grande
perte qui vient s’ajouter aux pertes des années précédentes où nous avons
perdu nos professeurs, al-Ghazâlî, Jâd al-Haqq, Khâlid Mohammad Khâlid.
Je crains que cela n’annonce la proximité du Jour Dernier qui selon le
Messager, prière et salut sur lui, a pour signes la mort des ulémas
compétents et vertueux, qui laissent derrière eux des ignorants, des
pseudo savants et leurs semblables qui émettront des avis religieux sans
aucune science, et céderont aux pressions des autorités pour subjuguer la
religion qui au lieu de guider se soumettra. Nous implorons Allah
d’épargner la nation de ce mal et de trouver un meilleur remplaçant à
cheikh ach-Cha`râwî. »
Dr Mahmoud Jâmi` auteur du livre Wa `arafto ach-Cha`râwî, sur lequel
je me suis beaucoup basé dit :
« Ô cher imam, notre voyage qui a duré quarante ans fut le voyage de la
fuite vers Allah. Nous avions pour nourriture et pour viatique le Coran
psalmodié, mémorisé, récité interprété en privé et en public, seuls et en
groupes, dans toutes les villes et villages et campagnes d’Egypte. Ce fut le
voyage de djihad dans la voie d’Allah afin que Sa parole soit élevée sans
falsification ni mensonge. Ô cher imam, j’ai vécu avec toi pour le meilleur et
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
1221
le pire, de nuit comme de jour, j’ai appris auprès de toi et tu m’as abreuvé
avec tendresse et amour, la science et la connaissance, puisées du Saint
Coran et de la Sunna. Tu m’as enseigné avec conviction ce que c’est que
l’endurance dans la voie de la Da`wa à Allah, du djihad dans Sa voie ; et
que la voie de la Da`wa est parsemée d’épines, de dangers et d’épreuves.
Ô mon professeur, j’ai très tôt bien connu ta voie vers ton Seigneur, et tu
m’as emmené avec toi dans ta vaste cour purifiée et ta tendresse
débordante. Tu étais toujours entrain de prier et te soumettre au Seigneur
de la puissance, avec force, fermeté et conviction. Derrière toi, nous
répétions dans nos cœurs et esprits : « Ô Seigneur, ces cœurs se sont
rassemblés pour Ton amour et se sont rencontrés pour Ton obéissance. Ils
se sont unis pour Ta Da`wa et ont pris l’engagement de défendre Ta
charia. Seigneur, raffermis leurs liens et pérennise leur amour, guide-les
dans leur chemin, et remplis-le de Ta lumière qui ne s’éteint jamais, ouvre
leur poitrine d’une foi abondante à Toi et de la meilleure confiance dans
Toi, fais les vivre par Ta connaissance et fais les mourir en martyr dans
Ton chemin. Quel excellent Seigneur et quel excellent destin ! »
Ses citations:
« Jérusalem est la perle de l’Islam et des musulmans, si je pouvais en
faire quelque chose ! Ce que je souhaite auprès d’Allah est qu’Il proroge
mon âge afin que je dirige les musulmans en prière dans Bait al-Maqdis
libérée des mains des juifs usurpateurs. Cela arrivera. L’entêtement du
gouvernement israélien est inadmissible. Le problème n’est pas celui de la
guerre et de la paix, mais celui d’un peuple qui a perdu ses droits et
Jérusalem. Nous voulons du gouvernement israélien arrogant qu’il nous
restitue nos droits qu’il a usurpés. Il ne vivra jamais en paix tant qu’il a
1222 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
spolié les droits d’autrui. Si nous ne pouvons pas nous entendre, il va falloir
que les arabes et les musulmans se coalisent contre Israël et il n’y aura
pas d’autre alternative à la force. Si Israël voulait la paix, il se serait hâté
vers elle, mais d’un côté il négocie la paix, de l’autre il viole les accordes
signés. Il parle de paix et emprisonne les frères palestiniens, détruit leurs
maisons tout en poursuivant la construction des colonies. »
Comment je l’ai connu:
Je l’ai rencontré pour la première fois en Indonésie en mars 1965,
quand j’assistais avec la délégation koweitienne composée du frère `Abd
ar-Rahmân al-Fâris et du frère Mohammad al-`Omar à la conférence
islamique à Bandoeng. Cheikh ach-Cha`âwî était en compagnie du recteur
d’Al-Azhar cheikh Hassan Ma’moun, car à l’époque il était son directeur de
cabinet. Le mot des délégations fut prononcé par cheikh Ahmad Koftâro
mufti de la Syrie. Dans son discours, il encensa Ahmad Soekarno soutenu
par le parti communiste indonésien, ce qui suscita notre courroux. Nous ne
manquions pas de lui reprocher cela véhémentement.
Quelques années plus tard, je rencontrai une nouvelle fois cheikh achCha`râwî au Koweït venu assister à la saison culturelle. Nous eûmes des
entretiens, des discussions, et nous racontions des insolites et des
anecdotes, en présence de nos frères du ministère des Waqfs, plus
particulièrement notre cheikh vertueux Hassan Mannâ` qui rivalisait
d’adresse avec lui dans les insolites et les anecdotes. Notre relation se
raffermit, bien que cheikh ach-Cha`râwî avait un penchant pour le parti
égyptien al-Wafd et baisait la main de son président Mostafa an-Nahhâs ;
moi j’étais avec les frères musulmans. Mais, nous étions unis par le travail
en commun au service des musulmans et de la propagation de l’Islam,
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
1223
pour ouvrir les yeux de la communauté islamique sur ce que tramaient les
ennemis à l’intérieur et à l’extérieur.
Puis, nos rencontres se répétèrent en Egypte et en Arabie Saoudite.
Notre dernière rencontre eut lieu au Caire quand j’y assistais à la
conférence de l’académie des recherches islamiques en tant que
représentant de la ligue du monde islamique de la Mecque. En marge de
cette conférence, il y eut une réunion restreinte avec le président Hosni
Moubarak à laquelle je participai aux côtés des frères `Abd al-Wahhâb
`Abd al-Wâssi` ministre saoudien des Waqfs, Dr Mohammad `Abdouh
Yamânî ancien ministre saoudien de la communication, Dr Mohammad `Alî
Mahjoub ministre égyptien des Waqfs, le maréchal `Abd ar-Rahmân Siwâr
adh-Dhahab du Soudan et certains ministres égyptiens. Ce fut ma dernière
rencontre avec cheikh ach-Cha`râwî, qu’Allah lui fasse miséricorde. Mais
j’ai continué à suivre ses programmes télévisés même après sa mort, car
j’y trouvais un avantage renouvelé et une plongée dans les sens des
versets coraniques à la lumière du sens linguistique, car le Coran a été
révélé en une langue arabe très claire. De plus, nous avions appris dans
Rissâla
at-Ta`âlîm,
vingt
fondements
pour
comprendre
le
vrai
Islam. L’imam martyr Hassan al-Banna y dit : « On saisit le Saint Coran
conformément aux règles de la langue arabe sans affectation ni
déviation. » Cheikh ach-Cha`râwî respectait cette règle dans son exégèse
du Saint Coran et la rapprochait avec un style facile où tout le monde
trouvait son compte, pas seulement en Egypte, mais aussi dans le monde
arabo islamique. Tel est le bienfait d’Allah qu’Il accorde à qui Il veut.
Ses positions et ses œuvres:
1224 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ach-Cha`râwî joua un grand rôle dans la persuasion de beaucoup
d’artistes femmes à prendre leur retraite, à porter le hijab, à se consacrer
au culte d’adoration et à la Da`wa islamique, à faire du bien et à mémoriser
et à bien réciter le Saint Coran. Il émit une fatwa dans laquelle il déclara
que l’argent généré par l’art était illicite. Parmi les artistes qu’Allah guida
grâce à lui, on cite : Châdiya, Yasmine, Chams, Sohayr, `Afâf, Hanâ’,
Kamilia, Hâla, Madîha, Chahîra, Nesrîn et plusieurs autres dans le milieu
artistique. Louange à Allah. »
Cheikh ach-Cha`râwî est le premier à avoir apporté une autre touche à
l’uniforme d’Al-Azhar. Il n’aimait pas porter le caftan fendu devant. Il alla
chez le tailleur et lui demanda de lui coudre un caftan fermé devant, puis il
conçut lui-même une chéchia qu’il portait à la place du turban et de son
tarbouch.
Après la défaite de 1967, cheikh ach-Cha`râwî se prosterna en signe de
remerciement pour cette défaite, au moment où en Egypte, les gens étaient
presque en deuil, avaient des cœurs blessés et étaient éplorés, humiliés et
abattus par l’écrasante victoire des juifs causée par la politique stupide
d’Abdel Nasser et ses plans bêtes qu’ach-Cha`râwî qualifia en ces termes :
« Ce fut une opération séditieuse, stupide, maladroite et sans calcul de la
part d’Abdel Nasser. » Ach-Cha`râwî pensa que la défaite était intervenue
pour corriger les fautes commises par Abdel Nasser et ses compagnons.
Lorsque cheikh ach-Cha`râwî lit un article écrit par Tawfîq al-Hakîm
dans le journal Al-Ahrâm et titré : « Parler avec Allah », il se mit en furie et
envoya une réponse au journal pour corriger la foi de Tawfîq al-Hakîm et lui
enseigner la politesse du dialogue, et surtout lui expliquer sa faute dans le
titre qu’il fallait écrire « Parler à Allah » et non « parler avec Allah ». Une
compétition verbale et épistolaire se déroula entre les deux, mais au final,
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
1225
Tawfîq al-Hakîm s’amenda suivant le conseil du cheikh ach-Cha`râwî et
s’excusa.
Dans un hôtel de la Mecque, cheikh ach-Cha`râwî entendit la voix de
l’actrice Tahiyya Karioka. Allah l’avait guidée au repentir vers la fin de sa
vie, elle se mit à adorer Allah, à s’acquitter de Ses obligations et à faire du
bien dans la voie d’Allah. Elle dit : Je suis Tahiyya Karioka, ex actrice.
J’aimerais que vous priiez pour moi. Il lui fit une prière chaude et celle-ci
pleura du fond du cœur par crainte d’Allah.
Une fois, Madame Jîhân l’épouse de Sadate invita cheikh ach-Cha`râwî
à donner une conférence à un groupe de femmes du Rotary à Misr alJadîda. Ach-Cha`râwî posa comme condition qu’elles soient toutes voilées
et Jîhân fut d’accord. Mais quand il s’y rendit, -il était ministre des Waqfs à
l’époque- ils trouva que ces femmes étaient plus nues qu’habillées, il quitta
la salle en colère et dit à Mme Sadate : « Vous pouvez effectuer cette
tâche à ma place. » Elle n’en revint pas. Elle devint très amère envers le
cheikh à qui elle s’attaquait ainsi qu’au professeur `Omar at-Tlemssânî le
guide suprême des frères musulmans, surtout lorsqu’elle fut attaquée par
les journaux muraux des universités égyptiennes après son apparition à la
télévision entrain de danser avec le président américain Carter qui
l’embrassait. Et avant cela, le président juif Begin l’avait embrassée et ces
photos furent publiées dans le magazine play boy, accompagnées de son
interview. Le grand prédicateur Ahmad al-Mahallâwî lança une violente
campagne contre elle dans sa mosquée à Alexandrie, et la qualifia de
« mauvaise femme d’Egypte » au lieu de « maîtresse d’Egypte. » Ce qui
poussa Sadate à prononcer un discours à l’assemblée du peuple égyptien
et à annoncer l’arrestation du cheikh al-Mahallâwî. Il dit : « Il a été jeté
comme un chien en prison parce qu’il s’est attaqué à mon épouse sur un
1226 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
minbar. » A la suite de cet incident, cheikh ach-Cha`râwî envoya un
télégramme à Sadate dans lequel il dit : « Le président Anwar El-Sadate
président de la république : Al-Azhar ne forme pas des chiens mais des
ulémas vertueux et des prédicateurs glorieux. »
Dr Mahmoud Jâmi` dit : « Ach-Cha`râwî aima l’imam Hassan al-Banna
et respecta ses opinions. Il adhéra à la Confrérie des Frères Musulmans
sous sa houlette malgré qu’il fut un wafdiste convaincu et aimant son
leader Mostafa an-Nahhâs. Mais, il subit aussi bien l’attraction de la Da`wa
des frères musulmans et ses principes que celle de l’imam al-Banna. En
plus, sa relation avec les prédicateurs frères musulmans tels que cheikh alBâqourî, cheikh Ahmad Cherayt, cheikh Mohammad al-Ghazâlî, cheikh
Sayyid Sâbiq et autres, ne s’interrompit jamais. Ach-Cha`râwî ne fut pas au
courant que l’imam al-Banna avait réfuté les thèses d’an-Nahhâs lorsque
celui-ci considéra Atatürk comme un exemple idéal et la Turquie moderne
comme un modèle, or c’est ce Atatürk qui renversa le califat islamique en
Turquie et mit sur pied l’état laïc. »
Sadate donna l’ordre de stopper les enregistrements du cheikh achCha`râwî conformément aux protestations d’Israël, parce qu’il attaquait les
juifs dans son exégèse des sourates al-Baqara, Âl `Imrân, al-Isrâ’, etc. et
montait les musulmans contre les juifs. Et selon le point de vue d’Israël,
cela était contraire à l’accord de paix signé par Sadate. En plus, les
journaux américains avaient publiés des articles sur cheikh ach-Cha`râwî
et qui disaient : faites taire cet homme. Le ministre israélien de
l’enseignement Hamîr dit : Il n’y aucun espoir que la paix se réalise entre
l’Egypte et Israël à moins que les égyptiens effacent les versets coraniques
qui attaquent les juifs.
Mohammad Mitwalli
ach-Cha`râwÎ
1227
Cheikh ach-Cha`râwî joua un grand rôle dans la création des banques
islamiques en Egypte tel que la banque internationale islamique pour
l’investissement, la banque islamique Faysal. Quand Dr Hâmid as-Sâyih fut
ministre de l’économie et des finances en Egypte, il exalta à l’assemblée
du peuple, l’expérimentation des règles de la charia islamique dans les
affaires bancaires en Egypte. Il confia cette tâcha au cheikh ach-Cha`râwî.
Au même moment, Zakî Badr alors ministre de l’intérieur s’attaquait après
chaque prière du vendredi dans les mosquées, aux banques et aux
sociétés islamiques, et accusait ses promoteurs de voleurs et insultait
même cheikh ach-Cha`râwî.
Sa mort:
Le révérend cheikh Mohammad al-Mitwallî ach-Cha`râwî décéda le
mercredi 22 Safar 1419H = 17/6/1998 et fut inhumé en Egypte. Qu’Allah lui
fasse largement miséricorde et le loge dans Son vaste Jardin. Qu’Il nous
ressuscite ensemble aux côtés des prophètes, des véridiques, des martyrs
et des vertueux. Quels meilleurs compagnons que ceux-là ! Louange à
Allah Seigneur de l’univers.
L’illustre savant le cheikh
Mohammad
NasÎf
(1302-1391H=1884-1971)
Naissance et enfance:
Mohammad ibn Hossayn ibn `Omar ibn `Abd
Allah ibn Abou Bakr ibn Mohammad Nasîf, naquit
à Djedda le 18 Ramadân 1302H=1884, dans une
maison réputée pour la science, l’étiquette et le
leadership. Il fit partie des ulémas et des
éminentes personnalités de Djedda, bien plus, il
fut comme le décrit le cheikh `Alî at-Tantâwî, l’un
de ses notables. Il est descendant de la tribu Harb.
Son père fut parmi d’éminents notables pendant le
Il était une
encyclopédie
parlante qui
répondait aux
question qu’on lui
posait, et guidait
vers les sources
des sciences
littéraires,
règne ottoman. Son domicile était le refuge des grands visiteurs de Djedda
et de la Mecque. Son palais fut le seul palais où descendaient les grands
responsables et les hôtes de l’état.
Le roi fondateur `Abd al-`Azîz Âl Sa`oud y descendit pour prendre
l’allégeance des ulémas et des notables du Hedjaz. Ce palais accueillit
1230 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
également le dernier calife ottoman le sultan Mohammad Wahîd ad-Dîn qui
fut trahi par le tyran Atatürk.
Son père décéda quand il était encore petit. Il fut élevé et éduqué par
son grand père `Omar qui lui prépara une atmosphère scientifique et un
environnement propre. Les cheikhs les plus remarquables auprès desquels
il apprit sont : le cheikh `Abd al-Qâdir at-Tlemssânî qui lui enseigna des
chapitres du Tawhîd, de la jurisprudence et de l’exégèse ; le cheikh Ahmad
ibn Ibrâhîm ibn `Îssâ, le cheikh Ahmad an-Najjâr qui fut l’un des ulémas de
Tâif, le cheikh Mohammad Hâmid l’un des ulémas de Djedda, et bien
d’autres.
Il était passionné de lecture et s’intéressait à la collecte des livres mères
tels que les livres de référence et les manuscrits, à tel point que sa
bibliothèque devint l’une des bibliothèques privées les plus célèbres du
monde islamique, vu qu’elle renfermait plus de six mille volumes dans
différentes sciences de la religion et du mondain. Elle était ouverte au
public qui s’abreuvait de ses trésors faits de références et de livres. De
même, il s’intéressa à la publication des livres salafistes qu’on distribuait
gratuitement.
Le cheikh Mohammad Nasîf fut une référence pour les chercheurs et les
étudiants, et tous ceux qui cherchaient à connaître la généalogie des gens
du Hedjaz. Les gens l’aimèrent à l’unanimité pour ses qualités nobles et sa
morale vertueuse.
Le cheikh `Alî at-Tantâwî dit: « Nous arrivâmes à Djedda après que nos
âmes étaient arrivées aux clavicules, après un voyage en voiture de
Damas à la Mecque qui dura 85 jours. Durant ce voyage, nous
tyrannisâmes le désert et frôlâmes la mort.
Dès notre arrivée à Djedda, nous nous sommes dirigés vers le domicile
d’effendi le cheikh Mohammad Nasîf. Sa maison était une station où
1231
Mohammad NasÎf
s’arrêtaient les grands pèlerins parmi les savants et les personnalités de
tout pays. Je connaissais déjà beaucoup de choses sur lui grâce à mon
oncle Mohibb ad-Dîn al-Khatîb et du cheikh Bahjat al-Bîtâr. Quand il vint à
notre rencontre, le cheikh Mohammad Nasîf était plus noble et meilleur que
ce que j’avais entendu de lui. Sa noblesse était naturelle et non guindée.
La noblesse chez lui était un caractère naturel et non acquis, voilà pourquoi
il ne pouvait pas s’en départir.
Il connaissait le Hedjaz, ses habitants et ses gouvernants. On dirait
l’histoire marchant sur terre. Il connaissait les pays et les gens comme on
connaît les livres. Il avait l’une des plus précieuses bibliothèques que je
connaissais.
Je
connaissais
la
bibliothèque
de
notre
professeur
Mohammad Kord `Alî à Damas, celle de Is`âf an-Nachâchîbî à Jérusalem,
d’Ahmad Taymour Pacha et D’Ahmad Zakî Pacha en Égypte, la
bibliothèque du conseil des ulémas de Lucknow en Inde, celle d’al-Hâj
Hamdî al-A`dhamî à Bagdad, et plusieurs autres bibliothèques que je ne
peux énumérer toutes maintenant. La bibliothèque du cheikh Mohammad
Nasîf était la plus grande. Ses portes étaient ouvertes, telle une table
servie, à tout arrivant. »
Une encyclopédie parlante:
Amîn ar-Rayhânî dit de lui dans son livre Molouk al-`Arab:
« Le cheikh Mohammad Nasîf était une encyclopédie parlante qui
répondait aux question qu’on lui posait, et guidait vers les sources des
sciences littéraires, historiques et jurisprudentielles. »
Le cheikh Mohammad ibn Mâni` dit: « Nous n’avons pas connu dans le
Hedjaz son égal dans la largesse et la bonne morale. »
1232 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
L’érudit monsieur Mohammad Rachîd Ridâ lui consacra tout un chapitre
dans son magazine al-Manâr intitulé : Mohammad Nasîf ni`ma al-Modîf.
Le cheikh Zohayr ach-Châwîch dit: « Mohammad Nasîf emplissait le
monde. Il était un grand homme dans toutes les étapes de sa vie. Il avait
des liens avec tous ses amis de Djedda et du Hedjaz et de partout et était
en contact avec eux. Il offrait des livres à toute bibliothèque publique ou
privée dont il connaissait les propriétaires.»
Comment j’ai fait sa connaissance:
C’était en 1375H=1955 lorsque j’ai fait le pèlerinage en compagnie de
mes camarades enseignants à l’école nationale an-Nâjat d’az-Zobayr.
C’est là que nous l’avons rencontré dans son domicile. Il nous a bien
accueillis et nous a traités avec beaucoup d’égards et nous a offert
beaucoup de livres. Nous vîmes en lui des qualités et des caractères qui
nous rappelâmes les ancêtres pieux parmi les ulémas travailleurs qui
étaient parés d’humilité et vêtus de majesté et qui déversaient le bien sur
les gens.
Ce fut là ma première rencontre avec le cheikh Mohammad Nasîf. Avant
cela, je lisais ses articles, ses commentaires et ses nouvelles dans le
magazine al-Manâr de Mohammad Rachîd Ridâ et le magazine al-Fath de
Mohibb ad-Dîn al-Khatîb. Il avait de bons rapports avec l’imam martyr
Hassan al-Banna qui prit la charge de publier le magazine al-Manâr après
le décès du cheikh Mohammad Rachîd Ridâ à la demande de ses
successeurs. Il en publia cinq numéros et le magazine cessa de paraître.
Lorsque j’ai rejoint le ministère koweitien des Waqfs comme directeur
des affaires islamiques, nous avons mis sur pied une commission de
revivification du patrimoine islamique et la commission de l’encyclopédie
1233
Mohammad NasÎf
jurisprudentielle. Je lui ai écrit le 6 Rajab 1385H= 30/10/1965 en lui
disant : « L’un des objectifs du ministère des Waqfs et des affaires
islamiques au Koweït est la revivification du patrimoine islamique et ce, par
l’impression des manuscrits islamiques rares qui se distinguent par leur
précision scientifique et leur importance dans la culture islamique. Pour ce
faire, nous vous prions de bien vouloir mettre à notre disposition les noms
des livres manuscrits que vous approuvez et nous faire part de votre
disposition à bien vouloir les vérifier et coopérer avec nous dans ce
domaine. »
Son rang et son prestige:
Le cheikh Mohammad Nasîf avait des liens étroits avec les ulémas de
l’Islam à l’intérieur et à l’extérieur du Royaume. Il se distinguait par sa
perspicacité dans la connaissance des hommes. Il dit dans sa description
impartiale du cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh qu’il est « une
montagne de science qui fait peur à ceux qui sont autour de lui » ; il décrivit
le cheikh `Abd al-Malik ibn Ibrâhîm Âl ach-Chaykh comme étant « le roi des
Âl ach-Chaykh », et décrivit Mohammad Bahjat al-Bîtâr comme « le
bonheur du Levant », et le cheikh Mostafa as-Sibâ`î comme « celui qui
obéissait à ceux qui devraient lui obéir. »
Le cheikh Mohammad Nasîf était très estimé des autorités. Le roi
fondateur `Abd al-`Azîz Âl Sa`oud et ses deux fils Sa`oud et Faysal le
traitaient avec beaucoup d’égards et le visitaient chez lui. Le roi martyr
Faysal ibn `Abd al-`Azîz ordonna l’achat du palais et de la bibliothèque de
Nasîf pour en faire un bien de l’état et les transformer en monument
historique portant le nom de Nasîf. Cela existe encore jusqu’à nos jours où
vous trouverez une enseigne sur laquelle on peut lire : « Ministère de
1234 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
l’éducation- Direction des antiquités et des musées- Bureau des antiquités
de Djedda- Domicile de Nasîf. »
1235
Mohammad NasÎf
Le cheikh Mohammad Nasîf avec sa majesté le Roi Sa`oud ibn `Abd al-`Azîz
Les petits fils du cheikh Mohammad Nasîf offrirent les manuscrits de sa
bibliothèque à l’université Roi `Abd al-`Azîz à Djedda.
On compte parmi ses enfants le cheikh Hossayn qui fut président de
l’organisation al-Amr bi al-Ma`rouf wa an-Nahy `an al-Monkar à Djedda, le
cheikh `Omar qui fut directeur des Waqfs et maire de Djedda. Ce dernier
est le géniteur du Dr `Omar Nasîf qui fut directeur de l’université Roi `Abd
al-`Azîz, secrétaire général de la ligue du monde islamique et vice
président du conseil consultatif saoudien.
Je considère la période où Le Dr `Abd Allah Nasîf tenait les rênes du
secrétariat général de la ligue du monde islamique comme l’âge d’or de la
Da`wa islamique. La Da`wa engloba tous les coins du monde grâce à ses
efforts bénis et charitables. C’est pour cela que je n’hésitai pas à aller
travailler à la ligue comme assistant au secrétaire général lorsqu’il me le
demanda… Nous fûmes de bons collègues et compagnons. Cela me
permit de connaître le petit fils de près après que je connus le grand père.
Pas de quoi s’étonner, tel père tel fils.
Lorsqu’on posa la question au cheikh Mohammad Nasîf sur les
souvenirs de sa première rencontre avec le Roi `Abd al-`Azîz qui descendit
dans le domicile des Âl Nasîf, il répondit :
« De 1243H à 1344H, les chérifs de la Mecque et leurs hôtes parmi les
gouverneurs du Hedjaz descendaient chez nous, car mon grand père
`Omar et son père `Abd Allah et moi-même Mohammad ibn Hossayn ibn
`Omar Nasîf, étions des délégués du principat à Djedda. Feu le Roi `Abd
1236 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
al-`Azîz multipliait des descentes chez nous à tel point qu’on lui construisit
un palais privé. Parmi les souvenirs que je n’oublierai jamais, il y a la
position du regretté Roi `Abd al-`Azîz Âl Sa`oud par rapport à l’accord
anglais qui fut signé à Djedda au deuxième étage de mon domicile.
Monsieur Clinton voulait y ajouter des choses contradictoires avec
l’indépendance. Sa majesté le Roi `Abd al-`Azîz dit : Nous avons fait la
guerre, le sang est monté jusqu’à nos genoux, je n’accepterai pas, ni le
soldat qui a participé aux combats que l’accord soit contraire à
l’indépendance. »
(Magazine de la radio saoudienne numéro 55 de Chawwâl 1379H)
Le tact et la pondération:
Le cheikh Mohammad Nasîf se distingua par son style persuasif dans le
dialogue, son tact, sa pondération, sa réflexion équilibrée, son stoïcisme,
son goût sain, sa vaste science, son aptitude à orienter et à diriger les
assemblées scientifiques, la restriction des compétitions scientifiques dans
le domaine utile et profitable, l’éloignement de la discussion stérile ou de la
querelle blâmable et du fanatisme.
Par ailleurs, il fut organisé dans son temps. Il commençait sa journée
par la lecture du Saint Coran, l’évocation et l’invocation. Puis, il s’asseyait
pour écouter les doléances des nécessiteux. Ensuite, il consacrait une
partie de son temps à ses hôtes et ses commensaux qu’il servait lui-même.
Et après, il se tournait vers ses étudiants amoureux de la science. Enfin, il
s’isolait pour réfléchir sur certaines questions scientifiques qui avaient
besoin d’une méditation, d’une recherche, d’une révision ou d’une
confirmation. Ainsi, il passait sa journée et sa nuit dans la science,
l’apprentissage, la récitation, l’évocation. De même, il s’occupait des
1237
Mohammad NasÎf
affaires et des besoins des gens et honorait les hôtes et les visiteurs,
adorait Allah et se préoccupait des affaires de la famille.
Ses liens avec les ulémas:
Le cheikh Mohammad Nasîf effectua plusieurs visites en Égypte, en
Syrie et au Liban. Au cours de ces visites, il rencontra des ulémas et des
leaders de ces pays, ainsi que les ulémas et les leaders d’autres pays qui y
résidaient. Il rencontra donc Mohibb ad-Dîn al-Khatîb, Ahmad Mohammad
Châkir, Hassan al-Banna, les cheikhs Hassanayn Makhlouf, Tâhâ as-Sâkit,
Ahmad al-Bâqourî, Bahjat al-Bîtâr, Nâsir ad-Dîn al-Albânî, Mohammad ibn
Kamâl al-Khatîb, `Alî at-Tantâwî, Mostafa as-Sibâ`î, Zohayr ach-Châwîch,
le professeur Sa`îd al-Afghânî, le professeur `Isâm al-`Attâr, Al-Hâj `Abd alLatîf Abou Qoura, le professeur Mohammad `Abd ar-Rahmân Khalîfat, le
professeur Ahmad al-Khatîb, le cheikh Sa`dî Yâssîn, le cheikh Hassan
Khâlid, le cheikh `Abd ar-Rahmân `Âsim, Al-Hâj Mohammad Amîn alHossaynî, le professeur Sa`îd al-`Abbâr et bien d’autres. Sans compter
ceux avec qui il eut des échanges épistolaires, tels que : Monsieur Abou alA`lâ al-Mawdoudî, le cheikh Mohammad al-Bachîr al-Ibrâhîmî, le général
Mohammad Chît Khattâb, le professeur Kâmil ach-Charîf, le Dr Taqiyy adDîn al-Hilâlî, Mohammad Hâchim al-Hadiyya et plusieurs autres parmi ceux
qui furent ses hôtes. Il y eut beaucoup de correspondances entre lui et le
cheikh `Abd ar-Rahmân al-Banna (géniteur du martyr Hassan al-Banna)
depuis l’année 1355H.
Dans sa lettre datée du 7 Ramadan 1355H, Mohammad Nasîf dit au
cheikh Ahmad al-Banna :
« Allah sait que je vous ai aimé pour vos œuvres utiles. Qu’y a-t-il de
plus que servir la Sunna prophétique et guider la nation islamique avec le
1238 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
magazine al-Ikhwân al-Moslimoun et tout ce qu’il y a comme conseils
précieux, dans le calme et la sérénité, éloigné de la querelle avec le
mensonge ? Qu’Allah vous récompense en bien. Veuillez transmettre mon
salut au professeur le cheikh Hassan al-Banna. J’ai découvert les épîtres
des frères musulmans intitulées « Nahwa an-Nour » et cela m’a beaucoup
plu. Celles-ci n’ont laissé aucun conseil précieux à prodiguer au berger et
au troupeau sans le mentionner sous une forme raisonnable et acceptable,
en tenant compte des circonstances et de la situation des gens… J’implore
Allah de couronner vos œuvres du succès et de donner la chance aux
hommes de l’état islamique de mettre le contenu de l’épître en pratique. »
En outre, il eut de bonnes relations avec les ulémas du Royaume tels
que le cheikh `Abd al-`Azîz al-`Othaymîn, le cheikh `Abd ar-Rahmân asSa`dî, le cheikh Ahmad ibn `Îssâ, le cheikh Mohammad ibn Ibrâhîm, le
cheikh `Abd al-`Azîz ibn Bâz, le cheikh Mohammad ibn al-`Othaymîn et le
cheikh `Abd Allah al-Bassâm et bien d’autres.
Anecdote:
Une histoire anecdotique est narrée dans le livre Mohammad Nasîf,
Hayâtoh wa âthâroh, dont la quintessence est que :
« Mohammad Nasîf était un passionné de la collecte de livres, il était
désireux de les posséder pour en tirer profit et en faire profiter aux autres.
Son premier contact avec le livre eut lieu en 1319H lorsque son grand père
l’envoya au marché acheter une esclave pour le servir (Mohammad Nasîf).
Lorsqu’il arriva au marché d’esclaves en compagnie du chambellan qui
détenait six dinars d’or, il jeta un regard furtif sur les esclaves présentes sur
le marché. Le mauvais traitement des crieuses à leur égard et le mépris de
la dignité de ces esclaves lui donnèrent la chair de poule. Il se dit : Je ne
1239
Mohammad NasÎf
veux pas acheter une esclave qui pourrait être un jour la mère de mes
enfants, alors qu’elle est vendue ici comme on vend des ânes et du bétail.
Il retourna du marché et demanda au chambellan d’aller au palais non sans
avoir récupéré les six dinars. Sur son chemin du retour, il passa par la
bibliothèque d’un des ulémas que ses successeurs proposaient à la vente.
Il la paya dans sa totalité et retourna informer son grand père de ce qui
s’était passé. Ce dernier s’en réjouit et vit en cela un bon signe, car il avait
spéculé sur son désir ardent de quérir la science. Partant, il délégua son
instruction à certains ulémas distingués tels que le cheikh Mohammad
Bâsabrîn. »
L’estime des ulémas:
Les lettres que lui envoyaient les ulémas de tous les coins du monde
islamique s’adressaient à lui avec des expressions d’estime et de louange
sublimes, car, ils connaissaient son prestige.
L’érudit marocain le Dr Mohammad Taqiyy ad-Dîn al-Hilâlî lui écrivit une
lettre dans laquelle il dit à l’introduction : « Au noble frère résidu des
ancêtres pieux et pilier des successeurs, vivificateur de la Sunna et
exterminateur de l’hérésie, le professeur Mohammad Nasîf, qu’Allah
perdure sa transcendance et prolonge sa vie, la forteresse imprenable du
Livre d’Allah et de la Sunna de Son Messager. »
Ibn al-Yamanî an-Nâsirî le décrivit avec ce vers:
Nasîf le cheikh du Hedjaz s’est distingué
Par la science authentique et l’avis raisonnable
Le cheikh Îssâ ibn Yahyâ fit son éloge avec le poème suivant:
À Djedda il y a une montagne qui gratte l’étoile du ciel
1240 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Une aide au nécessiteux quand le malheur surprend
Les doctes de tous les pays se sont soumis à lui
L’océan de science qu’on ne peut rivaliser quand il deborde
Les descendants de Nasîf sont des seigneurs qui ont des positons
Demande après eux tu les trouveras tels des lions
Mohammad se distingua d’eux par sa morale éminente
C’est avec lui que la gloire s’enorgueillit souriant et riant
Toute sa vie, le cheikh Mohammad Nasîf appela à la religion, fut au
service de la science, honora les voyageurs en détresse et les hôtes du
Tout Miséricordieux, publia des livres et réconcilia les gens.
Les instants de la mort:
Lorsqu’on interrogea le petit fils `Abd Allah `Omar Mohammad Nasîf sur
les derniers instants de la vie de son grand père, il dit : « J’étais avec lui en
Grande Bretagne pour soigner son genou un mois à peu près avant sa
mort. Lorsqu’il rentra de la Grande Bretagne, il était en pleine forme.
Subitement, il sentit quelque gêne. Nous l’amenâmes à Tâif. Là, les
médecins nous dirent : C’est la vieillesse, il n’y a pas de traitement à cela.
Quelques heures après, mon grand père nous surprit avec ces propos : Ne
vous fatiguez pas. Il demanda qu’on lui amène les petits enfants. J’ai senti
que l’heure de sa mort s’approchait. Au moment de l’agonie, ma mère était
à côté de lui. Il nous dit : Amenez-moi sur le lit, l’heure a peut-être sonné.
Effectivement, il quitta le balcon, on l’étendit sur le lit et son âme monta cet
instant vers Son Créateur. Qu’Allah lui fasse largement miséricorde. »
Ce fut le jeudi 6 Djomâda al-Âkhira 1391H=1971 à Tâif. Sa dépouille fut
transférée à Djedda dans un cortège majestueux. Tout Djedda participa à
ses funérailles. On pria sur lui après la prière de `Asr à la mosquée al-
1241
Mohammad NasÎf
Mi`mâr. Il fut enterré au cimetière al-Assad à Djedda. Il mourut à l’âge de
90 ans à peu près.
Qu’Allah fasse miséricorde à notre cheikh Mohammad Nasîf et lui
accorde au nom de l’Islam et des musulmans, la meilleure récompense
qu’Il accorde à Ses serviteurs vertueux. Qu’Il pardonne nos péchés et nous
réunisse avec nos frères musulmans où est établie Sa miséricorde, aux
côtés des prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux.
Enfin, louange à Allah Seigneur de l’univers.
Le
leader
moudjahid
Dr Mohammad
Nâsir
(1326-1413H=1908-1993)
Naissance et enfance:
Le savant érudit, le grand prédicateur, le
politique
émérite,
le
vénérable
éducateur
Mohammad ibn Nâsir ibn Idrîss Dato Sitârio, est né
le 16/7/1908 dans le village de Mântjao dans l’île
de Sumatra en Indonésie. Il grandit dans une
maison du bien et de la piété car, son père fut
parmi les grands ulémas musulmans d’Indonésie.
Cela eut une influence sur sa bonne éducation.
Il occupa de
hautes fonctions
dans son pays
l’Indonésie et fit
tout son possible
pour que l’Islam
soit un système
C’est pourquoi il fit à la fois des études religieuses et gouvernementales et
obtint la licence à la faculté de pédagogie de Bandoeng. Il obtint également
un doctorat honoris causa à l’université islamique de Jakarta.
Il occupa
plusieurs
postes
et
travailla
dans
le
domaine
de
l’enseignement et de l’éducation à Bandoeng pendant la colonisation
hollandaise, avant d’être nommé directeur à la direction de l’éducation à
1244 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Jakarta la capitale indonésienne. En 1945, le Dr Mohammad Hittî alors vice
président de la république après l’indépendance, sollicita son aide pour
lutter contre la colonisation. Il fut également député. En 1946, il créa le parti
Machoumi qui est l’abréviation de Majlis chourâ moslimî Indonésia (conseil
consultatif des musulmans d’Indonésie). Il occupa également le poste de
ministre de l’information pendant quatre ans.
Ses efforts et ses positions:
Durant cette période, un projet hollandais visait à faire de l’Indonésie
une confédération de plusieurs états. Le Dr Mohammad Nâsir refusa cette
proposition et présenta le projet d’une Indonésie unie qui fut approuvé par
90% des membres du Machoumi. En 1950, on lui demanda de former le
gouvernement ; il devint alors premier ministre. Mais, il se heurta au
président Soekarno et démissionna de son poste de premier ministre en
moins d’un an. Il garda son poste de président du parti Machoumi et de
député jusqu’en 1958.
Son excellence Dr Mohammad Nâsir qui fut une des éminentes
personnalités contemporaines de l’Islam et l’un de ses moudjahiddines,
mena des combats farouches contre l’ennemi sur tous les fronts, y compris
le recours aux armes pour défier les ennemis colonisateurs. Il fut parmi les
hommes politiques expérimentés. Il occupa de hautes fonctions dans son
pays l’Indonésie et fit tout son possible pour que l’Islam soit un système de
gouvernance dans son pays l’Indonésie. Pour atteindre cet objectif, il
résista face aux laïcs, aux communistes et aux collabos de l’orient et de
l’occident qui bravaient l’Islam.
Le discours qu’il prononça au parlement indonésien et qui fut intitulé
(choisissez l’une des deux voies : l’Islam ou l’athéisme) impacta
profondément les députés et le peuple indonésien musulman. Ce discours
fut publié dans le magazine Al-Moslimoun et fut publié bien après sous
forme de livre.
1245
Mohammad Nâsir
Dans le domaine politique, le Dr Mohammad Nâsir fut à la fois
expérimenté et rusé. Dans les batailles auxquelles il prit part, il fut un
leader vaillant. Il débattit avec l’ennemi oralement et par écrit et fut un
coryphée dans le domaine de la science et de la Da`wa.
Par ailleurs, il fit face aux campagnes enragées lancées par les
chrétiens, les auxiliaires de la colonisation et les collabos de l’orient et de
l’occident. Il publia un magazine intitulé Ad-Difâ` `an al-Islâm. Il appelait à
l’Islam comme point de départ de la libération et de la souveraineté au
moment où pour la même cause, Soekarno et ses hommes appelaient
plutôt au nationalisme indonésien. Soekarno coalisa avec les communistes
représentés par le parti communiste indonésien pour faire face au Dr
Mohammad Nâsir et le parti islamique Machoumi. Ce conflit se poursuivit
jusqu’en 1961 quand Soekarno dissolut le parti Machoumi et emprisonna
ses leaders avec à leur tête le Dr Mohammad Nâsir. Mais la résistance des
musulmans ne s’arrêta pas. Elle se poursuivit jusqu’en octobre 1965 avec
le renversement de Soekarno par un coup d’état militaire.
Rencontre entre Mohammad Nâsîr et le conseiller al-`Aqîl
1246 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Sa méthode de Da`wa:
Après leur sortie de prison, le Dr Mohammad Nâsir et ses frères
créèrent le conseil suprême indonésien pour la Da`wa islamique avec pour
tâche d’éduquer la masse, d’orienter la jeunesse et de former les
prédicateurs. Ses branches s’éparpillèrent dans tous les coins d’Indonésie.
Les jeunes musulmans se mirent à mener une vie islamique pratique, à se
nourrir de la pensée islamique authentique, à entreprendre l’orientation des
masses, à créer les centres islamiques et les mosquées, à diffuser le livre
islamique. Ils créèrent les unions des étudiants musulmans et des
syndicats professionnels regroupant les ingénieurs, les agriculteurs, les
ouvriers, etc., et nouèrent des relations avec les mouvements islamiques
dans le monde pour l’échange des conseils et des expériences, la diffusion
de l’unité des concepts et l’échange des visites.
Dr Mohammad Nâsir dans l’une de ses rencontres, à sa gauche le cheikh Nâdir an-Nourî
1247
Mohammad Nâsir
En 1967, il fut désigné vice président de la conférence internationale
islamique au Pakistan.
Comment j’ai fait sa connaissance:
Au début, j’ai fait sa connaissance à travers ses écrits dans le magazine
Al-Moslimoun publié par le Dr Sa`îd Ramadân. Ensuite, je l’ai visité en
Indonésie et lui, à son tour, nous a rendu visite au Koweït.
Tous ceux qui l’on connu l’ont aimé, ceux qui ont travaillé avec lui sont
restés attachés à lui à cause de son étiquette vertueuse, son humilité
surabondante, sa simplicité et son affabilité. Il était préoccupé nuit et jour
par les problèmes touchant l’Islam et
les musulmans partout. Il voyagea
également beaucoup à travers le
monde arabo islamique pour défendre
les principes de l’Islam, traiter les
problèmes
des
musulmans
et
participer à toute conférence, à tout
séminaire
ou
toute
action
dans
laquelle il y avait un intérêt pour l’Islam
et les musulmans.
Lors de ma première visite en
Indonésie effectuée en 1965 pour
participer à la conférence islamique de
Bandoeng, j’ai manifesté mon désir de
le rencontrer. Mais quelle fut ma
Le conseiller al-`Aqîl serrant la main au Dr
Mohammad Nâsir dans son domicile lors
surprise d’apprendre qu’il croupissait
d’une rencontre avec les leaders musulman en
Indonésie en 1978
en
prison
avec
les
leaders
moudjahiddines du parti islamique
1248 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Machoumi. Ils furent trahis par Soekarno qui avait vendu son âme aux
communistes qui gouvernaient le pays à travers lui et combattaient l’Islam
et ses prédicateurs.
Après cette première visite, j’ai également visité l’Indonésie quatre fois
durant lesquelles j’ai rencontré le Dr Mohammad Nâsir président du conseil
suprême de la Da`wa islamique, bureau de la Da`wa islamique dans toute
l’Indonésie. J’ai beaucoup profité de sa science, de son expérience et ses
acquis. En outre, nous fûmes heureux de sa visite du Koweït en 1968. Il
m’honora d’une visite à mon domicile et participa au séminaire
hebdomadaire.
Ses préoccupations:
Son excellence Dr Nâsir était beaucoup préoccupé par la cause
palestinienne. Il effectua des voyages avec certains prédicateurs arabes
pour rencontrer les responsables et les chefs d’état afin de susciter leur
ardeur pour la défense de la Palestine. C’était en 1967 après la Nakba.
De même, il accordait son plus grand intérêt à la Da`wa islamique en
Indonésie. Il travaillait nuit et jour et parcourait différentes régions
conformément aux plans programmés et étudiés. Ses frères et ses élèves
prédicateurs connaissaient leur devoir, saisissaient leur responsabilité et
déployaient tous les efforts.
L’évangélisation chrétienne était à son comble, surtout après la chute de
Soekarno en octobre 1965. Ils décuplèrent leurs efforts, implantaient des
églises, distribuaient la Bible et créaient les écoles chrétiennes. Leur désir
était de christianiser toute l’Indonésie à l’horizon 2000.
1249
Mohammad Nâsir
Malgré les facilités que rencontraient les chrétiens de la part de leurs
auxiliaires de l’intérieur, des fonds colossaux qu’ils dépensaient et des
moyens qu’ils disposaient, les efforts du Dr Mohammad Nâsir étaient
toujours un obstacle face au dynamisme de ces missionnaires et sapaient
beaucoup de leurs plans et leurs conspirations insidieux. Car, la sincérité
dans le travail, l’intention sincère, emprunter les chemins qu’il faut
conformément aux exigences de la religion, furent la clé des actions
charitables dont le cercle s’agrandit pour englober toutes les contrées
d’Indonésie. Le peuple indonésien se hâta vers les prédicateurs
musulmans afin qu’ils leurs enseignent la vraie religion et leur apprennent
leur rôle dans la vie et leur mission dans la propagation de la Da`wa de
l’Islam et le respect de ses enseignements. Le réveil islamique se
propagea dans les milieux des étudiants universitaires et secondaires et
dans toutes les classes d’intellectuels. Les fondations des étudiants et des
jeunes jouèrent leur partition en portant le message de l’Islam, en
propageant sa Da`wa parmi les gens, en le défendant et en défiant ses
ennemis.
Le Dr Mohammad Nâsir joua un grand rôle dans l’orientation de ces
fondations de jeunes afin qu’elles opèrent avec sagesse, clairvoyance,
conscience et maturité. Elles devaient aussi assumer leur responsabilité à
la lumière du Livre, de la Sunna et du consensus des ancêtres de la nation
pour qui l’Islam fut en même temps système, législation, crédo, unicité,
science, travail, djihad, Da`wa, armée, concept, culte de dévotion voué
sincèrement à Allah, le Seul et l’Unique à être imploré pour ce que nous
désirons, Celui qui détient la royauté des cieux et de la terre.
1250 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ses citations:
Le Dr Mohammad Nâsir dit: « L’Islam n’est pas seulement une religion
dans laquelle le travail du musulman se limite au culte dans son sens
étriqué. Bien plus, l’Islam est la voie de la vie pour l’individu, la société et
l’état. L’Islam s’inscrit en faux contre l’oppression de l’homme par son
prochain. C’est pour cela qu’il incombe aux musulmans de combattre afin
d’accéder à l’indépendance. L’Islam garantit les bases saines de l’état libre.
Il incombe aux musulmans de gérer leurs pays après leur libération
conformément aux valeurs islamiques. Cet objectif ne se réalisera jamais
tant que les musulmans n’auront pas le courage de faire le djihad pour la
liberté. Pour ce faire, ils doivent intensifier leur djihad pour obtenir
l’indépendance conformément aux idéaux auxquels l’Islam invite, et
adopter la méthode qui leur permettra de former les cadres parmi les
jeunes musulmans instruits. »
Dans une interview que le Dr Mohammad Nâsir accorda au journaliste
Mohammad Yâssir al-Qadmânî du magazine koweitien al-Wa`y al-Islâmî,
dans son domicile en Indonésie le 9 Cha`bân 1409H=février 1989, il dit :
« L’avenir ne me fait pas peur, il n’y a pas de danger. D’ailleurs, l’avenir
appartient aux musulmans, à conditions qu’ils fassent preuve de droiture et
déploient tous leurs efforts pour la réaliser en nous et dans nos sociétés
pour espérer voir un demain meilleur.
Lorsque le rédacteur lui demanda lequel des ulémas ou des hommes
l’avait influencé, il dit : Al-Hâj moudjahid le cheikh Mohammad Amîn alHossaynî, l’imam martyr Hassan al-Banna, l’imam Hassan al-Hodaybî pour
ceux qui sont à l’extérieur d’Indonésie. Quant à ceux qui sont en Indonésie,
il y a le cheikh Aghouss Sâlim et le cheikh Ahmad Sarkatî. »
Les pages ne suffisent pas pour parler de ce savant connaisseur, ce
moudjahid endurant et ce prédicateur sage dont la renommée atteignit tous
1251
Mohammad Nâsir
les horizons et il fut connu de près et de loin par les hommes de la pensée,
de la Da`wa, de la politique et du djihad.
Ses recherches et ses ouvrages:
Il fit des études dans le domaine de la Da`wa et des recherches dans le
domaine de la pensée dont certaines furent publiées en langue arabe, à
l’instar de :
Fiqh ad-Da`wa, Ikhtârou ihdâ as-Sabîlayn, As-Sowm, Al-Mar’ato alMoslima wa Hoqouqohâ, Al-Hadâra al-Islâmiyya, Al-Binâ’ wassata al-Anqâd,
At-Tarkîb at-Tabaqî li al-Mojtama`, Ath-Thowra al-Indounissiyya, Qadiyyat
Flistîn, hal yomkino fasl ad-Dîn `an as-Siyâssa ?, Isshâm al-Islâm fî as-Silm al`Âlamî, Al-`Ilm wa as-Solta wa al-Mâl amâna, Ibdhorou al-Bodhour, Al-Islâm
wa an-Nasrâniyya fî Indounissia, Toubâ li al-Ghorabâ’, Al-Yadd al-Latî lam
yataqabbalhâ ahad, Al-Îmân masdar al-Qowwa adh-Dhâhira wa al-Bâtina, AlKhowf wa al-Isti`mâr, Hînamâ lâ yostajâb ad-Do`â’, Ad-Dîn wa al-Akhlâq, AdDa`wa wa al-Inmâ’, Khotbat `îd al-Fitr, Ma`a al-Islâm nahwa Indounissia alMostaqbala, Tahta dhilâl ar-Rissâla, Zayyinou ad-Donyâ bi a`mâlikom wa
adî’ou al-`Asra bi îmânikom, Ahyou rouh al-Mithâliyya wa at-Tad-hiya marratan
okhrâ, Al-Islâm wa horriya al-Fikr, Al-Islâm ka assâss li ad-Dowla, Al-Islâm ka
idiologiyya, Al-Qalaq ar-Rouhî fî diyâr al-Gharb, Al-Masjid wa al-Qor-ân wa alIndibât, Ath-Thaqâfa al-Islâmiyya.
Il donna également des conférences, fit plusieurs recherches et
composa des articles qui sont si nombreux qu’on ne peut les énumérer.
Sans compter la responsabilité qu’il assuma au conseil suprême
indonésien de la Da`wa islamique qui parvint à rassembler les musulmans
autour d’une méthode claire et authentique, et à définir des plans de
l’action de Da`wa fondée sur les études du terrain qui inspiraient
l’élaboration des programmes. Ce conseil forma les prédicateurs sur la
méthode idéale de propagation de l’Islam, de réfutation des allégations de
1252 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
ses ennemis et de l’élimination des suspicions et des obstacles que les
ennemis de l’Islam suscitaient.
Ajoutons à cela sa qualité de membre du conseil constitutif de la ligue
du monde islamique, du conseil suprême mondial pour les mosquées à la
Mecque et de la conférence mondiale islamique au Pakistan.
Sa mort:
Il décéda le 15 Cha`bân 1413H=5février 1993 à Jakarta.
Qu’Allah fasse miséricorde au guide moudjahid, au savant travailleur et
au prédicateur réussi le Dr Mohammad Nâsir. Qu’Allah compense les
musulmans de quelqu’un qui tiendra son rôle et accomplira sa tâche parmi
ses frères et ses élèves en Indonésie musulmane. Allah est Seul à
accorder la réussite pour tout bien.
(Commémoration de la rencontre avec Mohammad San`ân et le Dr Mohammad Nâsir
président du conseil suprême islamique d’Indonésie lorsque son excellence visita Médine.
La photo est prise sous la montagne de la tranchée où se trouve la mosquée Salmân alFârissî près de la tranchée de Médine en 1395H
Mohammad Nâsir –DÎn alAlbânÎ
Connaisseur du hadith de l’époque…
Défenseur de la Sunna
(1332-1420H=1914-1999)
Naissance et enfance:
Le cheikh connaisseur du hadith Nâsir ad-Dîn ibn
Nouh al-Albânî est né dans la vile de Shkodër en
Albanie.
Il grandit dans une famille pauvre et religieuse et
émigra avec son père vers Damas au Levant, fuyant le
régime du tyran Ahmed Zogu qui imita le franc maçon
Il fait partie
des chantres
de la Sunna
qui ont
consacré leur
vie à sa
Atatürk dans l’occidentalisation du pays, le combat contre l’Islam, la
subordination à l’occident, la suppression du voile islamique, etc. Il avait 7
ans quand il émigra avec son père. Il fit ses études dans les écoles
primaires de Damas, son père se chargea de le faire mémoriser le Saint
Coran et de parfaire sa récitation. Il lui enseigna la grammaire, la
morphologie et la jurisprudence hanéfite. De même, il apprit auprès du
cheikh Mohammad Sa`îd al-Borhânî et du cheikh Mohammad Bahjat alBîtâr.
1254 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
À 20 ans, il se lança dans la quête de la science du hadith dans sa
transmission et sa connaissance. En 1946, le cheikh Mohammad Râghib
at-Tabbâkh lui accorda la permission d’enseigner ce qu’il avait rapporté de
lui ainsi qu’à son compagnon le cheikh Zohayr ach-Châwîch par
l’intermédiaire du professeur Mohammad al-Mobârak. Al-Albânî apprit
également le métier d’horloger auprès de son père, ce qui lui permit de
satisfaire au besoin nutritionnel de sa famille et de consacrer le reste de
son temps à la quête de la science et à l’acquisition du savoir.
Le cheikh al-Albânî eut des démêlés avec certains cheikhs qui virent
dans le fait qu’il s’adonna à la science du hadith et à la connaissance de la
preuve et renonça à l’engagement dans une doctrine une sorte
d’iconoclasme. Ils l’accusèrent de wahhabisme et de combat des doctrines.
Ils signèrent des pétitions contre lui et s’attaquèrent à lui sur les minbars.
Mais tout cela ne le découragea pas ni ne l’empêcha de continuer dans sa
voie qui consistait en la déduction par le hadith authentique et bon et en le
délaissement de tout hadith dépourvu de ces qualités, et à adopter la
sentence étayée par une preuve tirée du Livre et de la Sunna. Il organisait
des cours sur la récitation du hadith, ses explications et ses chaînes de
transmission, dans les maisons de ses frères tels que `Abd ar-Rahmân alBânî, Nadîm Dhibyân, Zohayr ach-Châwîch, Nassîb ar-Rifâ`î, après qu’il fut
interdit des mosquées. Cette interdiction ne se limita pas à la ville de
Damas, bien plus, il fut interdit de donner des cours dans les mosquées
d’Alep et de Lattaquié. Certains de ses amis et ses élèves lui reprochaient
son style dur qui pouvait parfois devenir violent. Ceux-ci souhaitaient qu’il
fût longanime, patient, endurant et tolérant avec ses contradicteurs car,
c’est cela la marque des ulémas. La bonne parole couplée du sourire
Mohammad Nâsir –
DÎn al-AlbânÎ
1255
satisfaisant étant le moyen le plus efficace de rabattre l’orgueil des
obstinés.
Le cheikh al-Albânî épousa quatre femmes. La première décéda, il
divorça la deuxième et la troisième demanda le divorce d’avec lui, et il ne
resta qu’une seule qui fut sa veuve. Elle portait le surnom d’Omm al-Fadl
bien qu’elle n’ait eu aucun enfant avec lui. Ses enfants sont : `Abd arRahmân, `Abd al-Latîf, `Abd ar-Râziq, `Abd al-Mosawwir, `Abd alMohaymin, `Abd al-A`lâ et Mohammad. Il dit de son quatrième fils `Abd alMosawwir que personne n’a porté ce nom avant lui.
Sa méthode de Da`wa:
Pour résumer sa méthode de Da`wa, le cheikh al-Albânî dit que celle-ci
est fondée sur :
1- Le retour au Livre et à la Sunna authentique et leur compréhension
selon la méthode qui fut celle des ancêtres pieux qu’Allah soit
Satisfait d’eux.
2- Enseigner la vraie religion au musulmans et les appeler à mettre ses
enseignements et ses règles en pratique et à se parer de ses vertus
et ses règles de bienséance qui leur garantissent le contentement
d’Allah et leur réalisent le bonheur et la gloire.
3- Mettre les musulmans en garde contre le polythéisme et ses
différents aspects tels que les hérésies, les idées intruses, les hadiths
répréhensibles et forgées qui ont terni la beauté de l’Islam et ont
entravé le progrès des musulmans.
4- Raviver la pensée islamique libre dans les limites des règles
islamiques, éliminer l’inertie intellectuelle qui s’est emparée de l’esprit
1256 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
de beaucoup de musulmans et les a éloignés de la source limpide de
l’Islam.
5- Œuvrer à la reprise de la vie islamique, créer la société islamique et
appliquer la loi d’Allah sur terre
6- Proposer des solutions islamiques « tangibles » aux problèmes
présents.
Ses voyages de Da`wa:
Le cheikh al-Albânî effectua des voyages à l’intérieur et à l’extérieur de
la Syrie. Il visita les villes syriennes telles qu’Alep, Idlib, Lattaquié, Humât,
Homs, al-Jazîra, etc. Ses voyages hors de la Syrie le menèrent en
Jordanie, au Liban, au Koweït, aux Émirats, au Qatar, en Arabie Saoudite,
en Palestine, en Égypte, au Maroc, en Espagne, etc. Dans tous ces
voyages, il tenait des séminaires, donnait des cours et des conférences,
répondait aux questions et aux interrogations, émettait des fatwas et des
réponses oralement, par écrit par enregistrement sur des cassettes. Il
répondait également aux lettres qui lui parvenaient de tous les coins du
monde, de même que les appels téléphoniques.
Allah le Très-Haut lui donna la chance de prier à la mosquée al-Aqsâ. Il
fut également mandaté pour enseigner à l’université islamique de Médine
de 1381H à 1383H. Par ailleurs, en 1392H, il assista à la conférence des
étudiants musulmans en Grenade en Espagne en compagnie du cheikh
Zohayr ach-Châwîch.
Dans ses études et ses publications, il était soucieux du projet
scientifique auquel il avait voué sa vie, à savoir mettre la Sunna à la
disposition de la communauté. Dans ce domaine, il parcourut plusieurs
étapes et ces efforts donnèrent des fruits agréables. Beaucoup de
prédicateurs et de travailleurs dans le champ islamique y accordèrent de
Mohammad Nâsir –
DÎn al-AlbânÎ
1257
l’importance et s’y engagèrent. Tout cela était dû aux bénédictions de ses
efforts et de son travail pour la Sunna.
Allah donna la chance au cheikh al-Albânî de revivifier beaucoup d’actes
sunna abandonnés par les musulmans tels que : La prière des deux `Aïds
à l’oratoire et non dans des mosquées. Ce fut avec le concours des frères
musulmans au quartier al-Maydân à Damas, puis à Beyrouth. Après cela,
la sunna de la `Aqîqa du nouveau-né se répandit dans le pays ainsi que la
sunna de la prière nocturne du Ramadan fixée à 11 unités de prière
seulement, la sunna du sermon du besoin et l’amorce du prône de
vendredi, la sunna de la tunique de la femme, la mise en garde contre la
construction des mosquées sur les tombes et la prière dans ces mosquées.
De même, le cheikh al-Albânî s’évertua à orienter beaucoup de jeunes à
accorder de l’attention aux recherches sur la Sunna et à assujettir les
appareils modernes et les nouvelles inventions scientifiques au service de
la noble Sunna prophétique afin de la rendre facile aux gens.
Anecdotes:
On raconte que le cheikh al-Albânî rentra chez une personne qui
prétendait convoquer les esprits. Il lui demanda de convoquer l’esprit de
l’imam al-Bokhârî afin qu’il lui pose certaines questions. Le charlatan
imposteur lui dit : J’en ai terminé aujourd’hui avec les esprits. Viens plutôt
lundi. Lorsqu’al-Albânî partit le voir, il ne le trouva plus. Il s’était enfui vers
un endroit inconnu !
On raconte également qu’il se priva de nourriture pendant quarante
jours et se contenta de ne boire que de l’eau. C’était pour soigner les maux
qui le faisaient souffrir. Allah le soulagea de certains de ces maux.
Ses citations:
1258 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Al-Albânî dit: « Si le cheikh Hassan al-Banna qu’Allah lui fasse
miséricorde, n’avait aucun mérite sur les jeunes musulmans à part le fait de
les avoir sortis des lieux de divertissement, des cinémas et des cafés et de
les avoir rassemblés à la Da`wa des frères musulmans, cela lui aurait suffi
comme mérite et honneur. »
« J’enseigne, je n’éduque pas. »
« Les bienfaits d’Allah sur moi sont nombreux, je ne peux les énumérer. Il
me semble que deux de ces bienfaits sont plus importants : L’émigration de
mon père vers le Levant et ma formation au métier d’horloger. Le premier
m’a facilité l’apprentissage de l’arabe. Si nous étions restés en Albanie je ne
pense pas que j’aurais appris une seule lettre de cette langue. On ne peut
comprendre le Livre d’Allah et la Sunna de Son Messager, prière et salut sur
lui, sans passer par la langue arabe. Le second qui est l’apprentissage du
métier d’horloger m’a donné l’occasion d’avoir un temps libre pour la quête
de la science et pour fréquenter la bibliothèque d’adh-Dhâhiriyya et autre
pendant de longues heures chaque jour.
J’ai d’abord eu la passion pour la lecture des contes arabes tels que :
adh-Dhâhir, `Antara, al-Malik Sayf, etc., et des romans policiers traduits tels
que Arsène Lupin… Puis, j’ai eu un penchant pour les lectures historiques.
Un jour, j’ai remarqué parmi les livres étalés chez le vendeur un tome du
magazine al-Manâr, je l’ai payé et en le lisant, je suis tombé sur une
recherche rédigée par Monsieur Mohammad Rachîd Ridâ. Dans cette
recherche, il décrivait le livre Ihyâ’ `oloum ad-Dîn d’al-Ghazâlî en indiquant
ses côtés positifs et ses failles. C’était ma première fois de lire une telle
critique scientifique. Cela m’attira à la lecture de tout le tome. Je me mis à
suivre le thème al-Ihyâ’ fî al-Ahyâ’. Dans l’édition qui renfermait la
Mohammad Nâsir –
DÎn al-AlbânÎ
1259
classification d’al-Hâfidh al-`Irâqî, j’ai cherché à la louer parce que je
n’avais pas d’argent pour la payer. J’ai donc commencé la lecture du livre.
J’ai été tellement impressionné par cette classification que j’ai décidé de la
transcrire ou la résumer après que j’avais déjà tracé dans ma tête le plan
de la classification imprimée à la marge d’al-Ihyâ’. J’ai commencé à
transcrire les hadiths en mettant en pratique ce plan comme ceci : « Tel
serviteur est couvert d’éloge à l’est et à l’ouest alors qu’il ne mesure pas
l’aile d’un moucheron auprès d’Allah. » C’est comme cela que c’est
mentionné dans al-Ihyâ’ d’après al-Hâfidh al-`Irâqî. Je l’ai narré de lui, mais
je n’ai pas trouvé ce hadith comme ça. Dans les deux Sahîh, il est narré
d’après Abou Horayra que : « le Jour de la Résurrection, l’homme gros et
gras peut être plus léger aux yeux d’Allah qu’un moucheron. » Fin des
propos d’al-`Irâqî.
Qu’ai-je fait ? J’ai mis un trait et ai complété le hadith comme il figure
dans les deux Sahîh. J’ai convenu de faire cela afin de ne pas attribuer à
al-Hâfidh al-`Irâqî des propos qu’il n’a pas tenus. J’ai convenu que ce que
j’allais ajouter du texte original auquel il attribue le hadith devait se
retrouver entre deux tirets. Je pense que cet effort que j’ai déployé dans
cette étude est ce qui m’a encouragé et m’a incité de continuer dans cette
voie. »
Il dit : « Le destin a fait que je sois emprisonné en 1389H=1969 avec
quelques ulémas sans avoir commis un crime à part appeler à l’Islam et
l’enseigner aux gens. Je fus conduit à la prison d’al-Qal`a et autre à
Damas. Quelque temps, j’ai été libéré pour être emprisonné une seconde
fois et envoyé en exil à al-Jazîra où j’ai passé quelques mois en prison. Je
considère cela comme une récompense dans la voie d’Allah gloire à Lui. »
1260 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
« J’ai émigré avec ma famille de Damas à Amman en Jordanie au début
du Ramadan de l’an 1400H. Au mois de Chawwâl 1401H, je fus contraint
d’aller à Damas, puis à Beyrouth. Je suis arrivé à Beyrouth dans le premier
tiers de la nuit et me suis dirigé vers le domicile d’un ancien frère et ami
fidèle et intime Zohayr ach-Châwîch. Il m’a accueilli avec sa bienveillance,
sa politesse et sa générosité connues. Il a fait de moi un hôte estimé et
honoré. Qu’Allah le récompense en bien. J’ai profité de cette occasion que
l’exil brusque m’avait offerte pour mener des recherches et faire la lecture à
la bibliothèque foisonnant de livres rares édités et manuscrits. Il y avait
dans cette bibliothèque des livres de référence qu’il me fallait et beaucoup
d’autres que je n’avais pas dans ma bibliothèque de Damas. »
Ils ont dit:
Le cheikh Mohammad al-Majdhoub lui fit des éloges avec ces vers:
Ils ont dit n’y a-t-il pas un mot qui fasse justice au Cheikh
L’iniquité a dominé même les mesures
On a lancé contre lui des guerres que la raison
Qui voit la vérité à travers les preuves ne peut justifier
J’ai dit à cause du meilleur des prophètes
Mohammad du Levant occupe un rang au dessus de ma louange
Une main à laquelle on ne peut s’entêter sans être fasciné
Le ramena à la génération de la révélation vénérable
Il lui suffit qu’il secouât les esprits
Humiliés à cause de l’interdiction et de l’imitation
Consciencieux, il leur est devenu possible
De distinguer l’obligatoire du surérogatoire
La religion est un secret du Très Miséricordieux
Élucidé par Son Messager, autre chose n’est que conjecture
Mohammad Nâsir –
DÎn al-AlbânÎ
1261
Embrouillés, les inertes n’ont plus sous la main
Qu’une transmission récusée pour quelque chose affaibli
Que peut dire la poésie sur un homme
Dénommée Nâsir ad-Dîn
Qu’y a-t-il de mal s’il est ignoré
Alors que son mérite s’est répandu parmi les millions de gens ?
Le cheikh Mohammad Sâlih al-Monjid dit: « S’il nous faut résumer la vie
d’al-Albânî en un mot ou le décrire en un mot, sache qu’al-Albânî c’est
l’endurance. Sa vie se résumait à l’endurance. Le cheikh al-Albânî était un
tout petit peu irascible. Malheureusement, certains jeunes qui lisent alAlbânî lui reprochent son irascibilité sans toutefois le connaître. »
Le cheikh Mohammad Ibrâhîm Chaqra dit:
« Et Allah destina l’esprit fort qui pendant six décennies, porta l’étendard
de la Sunna avec une détermination qui ne connaissait pas d’hésitation,
une endurance sans lassitude, une vaillance sans contremarche, une
persévérance continue qui ne connaissait pas d’affaiblissement, une
insomnie inaccessible, la précision d’un patient qu’aucune résolution n’a pu
atteindre. Une loyauté consciente qui a rappelé aux savants leurs droits,
une investigation qui a cerné ses règles qui se sont échappées et ses
bases qui se sont dissimulées, un engouement qui n’a jamais quitté son
cœur jusqu’à ce que la plume soit tombée entre ses doigts, le rappel des
textes, des traditions et des sunnas. Il saisissait leur sentence, les attribuait
à leurs origines, les conciliait, savait l’abrogeant et l’abrogé et en faisait des
déductions jurisprudentielles. À cela s’ajoutent d’autres sciences de la
Sunna auxquelles il se consacra, aima, lui accorda son intérêt ; il s’installa
sur son marché et tout étudiant aimant la Sunna cueillit ses fruits dans la
mesure de son possible. »
1262 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le célèbre généalogiste et historien globe-trotter saoudien Hamad alJâssir dit : « J’ai connu à Damas nombre de vénérables gens intéressées
par l’investigation sur le patrimoine. J’ai également connu le cheikh Nâsir
ad-Dîn al-Albânî à cause de ma fréquentation de Dâr al-Kotob adhDhâhiriyya, vu qu’il s’adonnait beaucoup à la lecture. Il avait écrit beaucoup
de ses tables de matières et avait mené des recherches sur ses rares
manuscrits. Au même moment, il était aussi horloger. »
Le cheikh érudit `Abd al-`Azîz ibn Bâz dit: « Al-Albânî est le rénovateur
de cette époque dans les sciences du hadith. »
Le cheikh Mohammad Sâlih al-`Othaymîn dit: « Certes, al-Albânî
possède une science surabondante dans le hadith, que ce soit par la
connaissance ou la transmission. Il est le connaisseur du hadith de cette
époque. »
L’érudit vérificateur Mohibb ad-Dîn al-Khatîb dit: « Al-Albânî fait partie
des chantres de la Sunna qui ont consacré leur vie à sa revivification. »
L’homme de lettres l’érudit `Alî at-Tantâwî dit : « Le cheikh Nâsir ad-Dîn
al-Albânî est plus savant en matière de sciences du hadith que moi. Je le
respecte pour son application, son dynamisme et ses multiples livres
qu’édite pour lui mon frère et mon fils l’éminent Zohayr ach-Châwîch. Je
me réfère au cheikh Nâsir sur des questions relatives au hadith, je ne
cesse de les lui poser en guise de reconnaissance de son mérite. Mais
lorsque son Ijtihad dans la jurisprudence va à l’encontre de l’avis de la
majorité, je m’inscris en faux contre lui parce qu’il n’est pas jurisconsulte. »
Le Dr Mohammad Lotfî as-Sabbâgh dit: « Et apparut dans chaque
contrée des gens qui suivaient la voie d’al-Albânî. Certains en avaient
Mohammad Nâsir –
DÎn al-AlbânÎ
1263
l’aptitude, d’autres pas. Mais, ils firent dans la précipitation sanas avoir au
préalable acquis parfaitement les outils. »
Le cheikh Ibrâhîm Mohammad al-`Alî dit: « On reproche au cheikh son
irascibilité avec laquelle il affrontait ses contradicteurs parmi les ulémas
anciens et nouveaux. C’est pour cela qu’il eut beaucoup d’ennemis. Sur
des questions sur lesquelles il eut des échanges avec les ulémas, le
lecteur doit faire montre de conscience, de clairvoyance et de prudence,
car le cheikh peut être fautif ou avoir raison comme tous les autres
savants. De même, ses rapports avec le courant du mouvement islamique
(les organisations islamiques) furent teintés de beaucoup de rudesse, de
brutalité et de sentences cruelles à leur endroit. »
Ses élèves:
Les élèves du cheikh Mohammad Nâsir ad-Dîn al-Albânî sont nombreux
dans le monde arabo islamique, nous ne pouvons les mentionner tous ici.
Toutefois, nous allons citer quelques uns en guise d’exemple : Nâfi` achChâmî, `Abd ar-Rahmân al-Bânî, Zohayr ach-Châwîch, `Abd ar-Rahmân
an-Nahlâwî, Mohammad Nassîb ar-Rifâ`î, Mohammad `Îd al-`Abbâssî,
Khayr ad-Dîn Wânlî, Râtib Hamouch, Mahmoud Mahdî al-Istanboulî,
Mohammad Ibrâhîm Chaqra, `Alî Khachân, Mahmoud al-Jazâ-irî, `Abd
Allah as-Sabt, Hossayn al-`Awâicha, `Alî al-Halabî, Mach-hour Hassan,
Mohammad Moussâ Nasr, Safwat Nour ad-Dîn, `Isâm Moussâ Hâdî,
Mohammad Ibrâhîm ach-Chîbânî, `Abd ar-Rahmân `Abd al-Khâliq, `Omar
al-Achqar, Mohammad Hâchim al-Hidâya, Hamdî as-Salafî. Plusieurs
autres dans le monde arabo islamique ont tiré parti du cheikh al-Albânî tels
que le cheikh Mohammad al-Majdhoub, Ridâ Na`ssân al-Hamawî, `Abd alQâdir al-Arnâoud, Cho`ayb al-Arnâoud, `Isâm al-`Attâr, et bien d’autres.
1264 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Comment j’ai fait sa connaissance:
J’étais l’un des lecteurs du magazine at-Tamaddon al-Islâmî publié à
Damas par Ahmad Madh-har al-`Adhama et Mohammad Kamâl al-Khatîb.
J’ai remarqué les articles signés du cheikh al-Albânî pour la première fois
sous le titre Silsilat al-Ahâdîth ad-Da`îfa wa al-Mowdou`a. J’ai magnifié cet
effort exténuant pour investiguer sur les hadiths et réfléchir sur les
transmissions et les hommes. Puis, je l’ai rencontré au début des années
soixante au bureau islamique de Damas dirigé par le frère Zohayr achChâwîch. Il supervisait les livres édités au bureau islamique avec les frais
de l’ex émir du Qatar le cheikh `Alî Âl Thânî. Le frère Zohayr ach-Châwîch
m’avait parlé d’al-Albânî et louangé sa compétence dans les sciences et le
hadith et m’informa qu’ensemble, ils s’étaient penchés sur les hadiths
contenus dans les livres des hanbalites et leur distribution après vérification
et impression. De même, Allah nous avait permis d’imprimer le Mokhtasar
Sahîh Moslim vérifié par al-Albânî, dans la série patrimoine au ministère
koweitien des Waqfs.
J’ai par la suite rencontré plusieurs fois al-Albânî à Médine où je fus
membre du conseil supérieur consultatif de l’université islamique de
Médine. Je me rappelle encore bien de ma rencontre avec lui en
compagnie du cheikh `Abd al-`Azîz ibn Bâz et du cheikh `Abd ar-Rahmân
ad-Dowssarî autour d’un déjeuner que nous avait offert un de nos frères à
Médine. Après ce déjeuner, un long échange compétitif eut lieu entre alAlbânî et Ibn Bâz sur certains hadiths et leurs narrateurs. Ce fut un
échange scientifique de haute facture, car les deux cheikhs en compétition
étaient d’une haute aptitude scientifique et d’une capacité inouïe au
dialogue et au débat et chacun avait des arguments tangibles. Avant ce
débat scientifique, je pensais que le cheikh Ibn Bâz n’était calé qu’en
Mohammad Nâsir –
DÎn al-AlbânÎ
1265
jurisprudence, je ne savais pas qu’il avait atteint ce degré élevé et était
aussi versé en science du hadith que ce soit la transmission ou la
connaissance. Il s’avéra que le cheikh Ibn Bâz et le cheikh al-Albânî furent
deux chevaliers dans le champ du hadith qui rivalisaient avec la force de la
preuve et de l’argument. Dans ce domaine, aucun n’était inférieur à l’autre.
Mes rencontres avec le cheikh al-Albânî se sont multipliées à la Mecque
lorsqu’il y vint pour le pèlerinage et la `Omra, et en Jordanie. Ma dernière
visite que je lui rendis fut en compagnie du frère `Abd Allah `Alî al-Motawi`,
du frère Ibrâhîm Chaqra et du frère `Abd al-`Azîz Ass`ad. Nous le visitâmes
dans son domicile à Amman où il nous accueillit et fut heureux de notre
visite. Nous parlâmes beaucoup de la situation de la communauté
islamique, des étudiants, des prédicateurs et de la nécessité d’entraide
entre eux et le fait qu’ils tiennent un même langage pour affronter l’attaque
féroce contre l’Islam en tant que religion et les musulmans en tant que
communauté. Il est inadmissible que l’impiété mondiale se coalise pour
combattre l’Islam et que les musulmans l’affrontent en rangs dispersés, ou
bien qu’ils soient préoccupés par des dissensions et dispersent leurs
efforts entre eux, au moment où l’ennemi attend l’occasion pour leur nuire,
trame des stratagèmes et des conspirations pour les séparer et semer la
discorde entre eux. Et pourtant, il y a toujours eu du bien dans la
communauté de Mohammad, prière et salut sur lui, en tout temps et en tout
lieu. Le devoir qui incombe aux grands ulémas et aux prédicateurs est
qu’ils prennent sur eux l’unification de la communauté et leur
rassemblement autour d’une même parole, guidés par le Livre d’Allah et la
Sunna de Son messager, prière et salut sur lui. Telle est l’issue de la sortie
de crise.
Quelques uns de ses ouvrages:
1266 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le cheikh al-Albânî a à son compte plus de deux cents livres composés
et vérifiés. Nous citons ici quelques uns:
Ø Silsilat al-Ahâdîth as-Sahîha wa chay’ min fiqhihâ wa fawâidihâ
Ø Silsilat al-Ahâdîth ad-Da`îfa wa al-Mowdou` wa atharohâ as-sayyi’ fî
al-Omma
Ø Tahdhîr as-Sâjid min ittikhâdh al-Qobour massâjid
Ø Hajjato an-Nabiyy kamâ rawâhâ Jâbir
Ø Jilbâb al-Mar’a al-Moslima wa hijâbohâ
Ø Nasb al-Majânîq li nafs qissat al-Gharânîq
Ø Manzilat as-Sonna fî al-Islâm
Ø Wojoub al-Akhdh bi ahâdîth al-Âhâd fî al-`Aqîda
Ø Fihriss al-makhtoutât bi `ilm al-Hadîth bi al-Maktaba adh-Dhâhiriyya bi
Dimachq
Ø Sahîh al-Jâmi` as-Saghîr wa ziyâdâtoho bi tartîib ach-Chaykh Zohayr
ach-Châwîch
Ø Da`îf al-Jâmi` as-Saghîr wa ziyâdâtoho
Ø Michkât al-Masâbîh bi mossâ`adati ach-Chaykh Mohammad asSabbâgh wa ach-Chaykh `Abd al-Qâdir al-Arnâout
Ø Charh al-`Aqîda at-Tahâwiyya (classification de ses hadiths)
Ø Mokhtasar sahîh Moslim li al-Mondhirî
Ø Sahîh Ibn Khozayma (en collaboration avec Mohammad Mostafa alA`dhamî)
Mohammad Nâsir –
DÎn al-AlbânÎ
1267
Ø Mokhtasar sahîh al-Bokhârî
Ø Ath-Thamar al-Mostatâb fî fiqh as-Sonna wa al-Kitâb
Ø Ar-Rowd an-Nadîr fî tartîb mo`jam at-Tabaranî as-Saghîr
Ø Âdâb az-Zafâf fî as-Sonna al-Motahhara
Ø Al-Ajwiba an-Nâfi`a `an ass-ila masjid al-Jâmi`a (as-Souria)
Ø Ahâdîth al-Isrâ’ wa al-Mi`râj
Ø Takhrîj ahâdîth (Mochkilat al-Faqr) li al-Qaradâwî
Ø Ahkâm al-Janâiz
Ø Irwâ’ al-Ghalîl fî takhrîj ahâdîth (Manâr as-Sabîl)
Ø Tahrîm âlât at-Tarb
Ø Khotba al-Hâjat
Ø Qiyâm Ramadân
Ø Sahîh Sonan Ibn Mâjah bi tartîb ach-Chaykh Zohayr ach-Châwîch,
imprimé à maktaba at-Tarbiya li dowal al-Khalîj
Ø Sahîh Sonan Abî Dâwoud
Ø Sahîh Sonan at-Tirmidhî
Ø Sahîh Sonan an-Nassâ-î
Ø Sahîh al-Kalim at-Tayyib
Ø Salât at-Tarâwîh
Ø Salât al-Îdayn fî al-Mosallâ khârij al-Balad hiya as-Sonna
Ø Da`îf al-Adab al-Mofrad
1268 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ø Da`îf at-Targhîb wa at-Tarhîb
Ø Da`îf Sonan Ibn Mâjah… Bi tartîb ach-Chaykh Zohayr ach-Châwîch
Ø Mossâjalat `ilmiyya ma`a akhîh ach-Chaykh Zohayr ach-Châwîch
Ø Tahqîq ma`nâ as-Sonna ma`a majmou`a
Ø Kalimat al-Ikhlâs ma`a ach-Chaykh Zohayr ach-Châwîch
Le cheikh al-Albânî a continué à travailler à la librairie islamique avec
son frère le cheikh Zohayr ach-Châwîch pendant près de 40 ans. Puis, les
deux se sont brouillés et plusieurs personnes sont intervenues pour les
réconcilier.
Sa mort:
Le cheikh érudit Mohammad Nâsir ad-Dîn al-Albânî décéda un samedi
22 Djomâdâ al-Âkhira 1420H soit le 1/10/1999 après la prière de `Asr à
Amman en Jordanie. Il était âgé d’à peu près 88 ans. Le cheikh
Mohammad Chaqra officia sa prière funèbre et il fut enterré au cimetière du
quartier Hamalân au sud de Marka à Amman. Deux mille personnes à peu
près participèrent à ses obsèques. Qu’Allah lui fasse abondamment
miséricorde et le loge dans Son Jardin le plus vaste aux côtés des
prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux. Quels meilleurs
compagnons que ceux-là… Louange à Allah Seigneur de l’univers.
Son testament:
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1269
Je cède toute ma bibliothèque avec tout ce qu’elle comporte comme
livre imprimé, photocopié, rédigé par moi ou par un tiers, à la bibliothèque
de l’université islamique de Médine. J’en garde de bons souvenirs dans
l’appel au Livre et à la Sunna suivant la méthode des ancêtres pieux
lorsque j’y officiais comme enseignant. J’espère qu’elle profitera à ses
visiteurs comme ses étudiants profitèrent de son propriétaire. Qu’Allah me
vienne en aide à cause d’eux et pour ma loyauté et leurs prières:
ô Seigneur ! Inspire-moi pour que je rende grâce au bienfait dont Tu m'as
comblé ainsi qu'à mes père et mère, et pour que je fasse une bonne œuvre
que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité saine, Je me
repens à Toi et je suis du nombre des Soumis.  (Al-Ahqâf : 15)
L’humble devant la miséricorde de son Seigneur : Mohammad Nâsir adDîn al-Albânî
Dr Mohammad Sa`Îd anNajjâr
le musulman travailleur et le médecin humaniste
(1334-1392H = 1916-1972)
Sa naissance et son enfance:
Dr Mohammad as-Sa`îd an-Najjâr est né dans la
ville de Damanhour à al-Wajh al-Bahrî en Egypte.
Son père est l’ingénieur Mohammad `Alî an-Najjâr.
Son grand-père est le cheikh et grand érudit `Abd alWahhâb an-Najjâr. Il a fait la faculté de médecine à
l’université du Caire et fut le prototype d’un étudiant
qui a réussi dans ses études scientifiques et d’un
médecin
qui
a
eu
du
succès
dans
sa
vie
professionnelle. Il fut un flambeau de dynamisme qui
Il est l’image
éclatante du
musulman
travailleur qui a
laissé de
bonnes
impressions
indélébiles
dans les cœurs
servait les gens, leur offrait le bien et déployait tous ses efforts pour alléger
la souffrance que génèrent la pauvreté et la maladie. Dans ce domaine, il a
un registre garni qui fut le programme de sa vie quotidienne en Egypte, au
Koweït et ailleurs jusqu’à sa mort. Et je ne connais pas celui qui pourra le
remplacer.
Il est arrivé au Koweït en 1957 pour exercer son métier après qu’il fut las
de l’atmosphère dans laquelle vivait le peuple égyptien sous la domination
1272 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
pesante de la dictature militaire qui commettait des meurtres, spoliait les
biens, restreignait les libertés et combattait les prédicateurs. La corruption
et la destruction avaient gagné toute l’Egypte à tel point qu’on ne se sentait
plus en sécurité vis-à-vis des espions et des soldats de Satan. Il demeura
au Koweït jusqu’à sa mort en octobre 1972 n’ayant effectué qu’une visite
éclair en Egypte. Sa dépouille fut transférée en Egypte où il repose après
un long exil.
Sa personnalité et ses qualités:
La clé de sa personnalité était: l’amour et l’altruisme, œuvrer pour le
bonheur de l’homme et protéger sa dignité. L’Islam était la base de tous
ses mouvements et l’objectif recherché dans toutes ses œuvres était la
satisfaction d’Allah gloire à Lui.
L’Islam tel que le comprenait Dr Mohammad Sa`îd an-Najjâr était un
Islam global qui organise toutes les affaires de la vie, et voit les musulmans
comme une communauté monolithique où la sécurité de tous peut échoir à
un membre de classe sociale inférieure. Son œuvre de bienfaisance
englobait tout le monde, musulman et non musulman, vu la fraternité
humaine qui lie tous les êtres humains en tant que fils d’Adam et d’Eve.
Tous sont des frères dans l’humanité et proviennent de la poussière.
Il pensait aussi que l’Islam apporté par Mohammad, prière et salut sur
lui, accorde de l’importance à l’individu, la famille, la communauté et l’état
au même d’égalité. Et que les arabes n’ont eu une importance et n’ont pu
constituer une nation, établir un état et une civilisation que grâce à l’Islam.
Sa méthode de travail était dépourvue de tout sectarisme et tout
fanatisme. Bien plus, il haïssait les partis qui optaient pour les intérêts
partisans au détriment des intérêts de la communauté et de la patrie.
Mohammad
1273
Sa`Îd an-Najjâr
Il fut peiné du discours de Mostafa an-Nahhâs Pacha prononcé au
cours de sa dernière primature, lorsqu’il dit : « La Ka`ba de nos cœurs
aujourd’hui est al-Jazîra Kâbrî où le roi Fârouq fait la circumambulation ! »
Dr Mohammad Sa`îd an-Najjâr est l’image éclatante du musulman
travailleur qui a laissé de bonnes impressions indélébiles dans les cœurs
des gens en Egypte et au Koweït.
Comment je l’ai connu:
J’ai connu le frère Dr Mohammad Sa`îd an-Najjâr à travers les activités
de nos frères médecins en Egypte, et leur rôle durant la guerre de
Palestine en 1948 et le combat contre les anglais au canal de Suez. Je fus
heureux de le rencontrer au Koweït où s’était installé deux ans avant mon
arrivée. Nos rencontres se répétaient dans différents endroits, et ses efforts
au service des gens se rencontraient avec les efforts de nos frères tels
que : Al-Hâj Rasslân al-Khâlid, le professeur Mohammad `Abd al-Halîm
ach-Chaykh, l’ingénieur Hilmî al-Kâchif, al-Hâj `Abd ar-Razzâq as-Sâlih,
cheikh Youssef al-Hajjî, al-Hâj `Alî al-Khodayrî, cheikh `Abd Allah an-Nourî,
Ya`qoub al-Ghonaym et plusieurs autres leaders de l’œuvre caritative au
Koweït, qu’ils soient koweitiens ou étrangers résidant au Koweït.
Je ne pense pas qu’il y ait au Koweït quelqu’un qui n’ait rencontré ou
entendu parler du Dr Mohammad Sa`îd an-Najjâr. Tous ont de bonnes
choses à dire sur lui. Partout où tu entres, tu entends beaucoup de choses
se raconter au sujet de cet homme béni qu’Allah a inondé de Sa
miséricorde et a comblé de Ses biens, de sorte que toute sa vie fut une
bénédiction et une miséricorde pour les gens. Il fut béni dans son temps,
ses efforts, ses biens, sa famille et son corps. Car, le travail qu’il abattait
jour et nuit ne peut être accompli par un groupe de personnes doté
1274 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
d’énormes moyens. Mais tel est le bienfait d’Allah qu’Il accorde à qui Il veut
parmi Ses serviteurs. Et je compte le frère Dr Mohammad Sa`îd an-Najjâr
parmi eux s’il plaît à Allah.
Je ne mentionnerais pas les dires des autres et ce qu’ils ont connu de
lui ou vécu avec lui de peur de tomber dans la digression. Je me
contenterais de citer deux événements que nous avons vécus ensemble :
Une fois, il est venu me voir au début du mois après que les
fonctionnaires avaient touché leurs salaires. C’était à midi et je venais de
rentrer du travail. Il sonna à la porte et quand je lui ouvris, il me dit : Abou
Mostafa, voici une somme insignifiante, j’aimerais que tu le remettes à
untel, peut-être le soulagera-t-elle. Il est un habitué des cours du vendredi
soir chez vous. Je souhaite que personne ne sache la source de ce don. Je
fus sidéré et eus une discussion avec lui à ce sujet, car l’homme en
question ne connaissait pas très bien le Docteur, je le connaissais mieux
que lui parce qu’il assistait assidûment au séminaire hebdomadaire du
vendredi soir dans notre domicile. Comment était-il au fait de sa précarité
plus que moi qu’il visitait régulièrement ? Effectivement, il s’avéra que Dr
Sa`îd an-Najjâr avait vu juste, car il est le pionnier dans la bienfaisance, et
les gens comme moi ne peuvent pas rivaliser avec lui.
Deuxième événement : Nous nous étions engagés à combattre les
tyrans, à déployer tous nos efforts pour mettre à nue leurs tares et
dénoncer leurs crimes envers leurs peuples, surtout les égyptiens que la
tyrannie avait frappés d’un grand malheur qui avait tout ravagé sur son
passage, avait combattu les prédicateurs sincères et les travailleurs loyaux,
avait embrassé les suppôts mercenaires qui espionnaient toute personne
qui levait la voix, couraient après les désirs et foulaient au pied les valeurs
et les vertus. Après le martyre du professeur Sayyid Qotb et ses frères
Mohammad
1275
Sa`Îd an-Najjâr
pieux, nous avions préparé beaucoup de livres, de revues, de recherches
et d’articles et avions déployé des efforts en vue de venir en aide à leurs
familles. Le mouvement englobait les frères musulmans koweitiens et
résidents étrangers, avec le concours des autres frères issus d’autres pays
arabes et en exils. Alors, que nous étions attelés à cette tâche, Dr Sa`îd
an-Najjâr y contribuait matériellement et beaucoup de gens passaient par
lui pour apporter leur participation. Il nous surprit en disant : Je souhaite
que vous ne me parliez pas d’une chose que vous souhaiteriez garder en
secret, je crains que ma langue ne me fourche. Demandez-moi ce que
vous voulez comme bien ou effort. Je suis un soldat qui attend les ordres.
Cette humilité abondante, ce travail assidu, l’éloignement du paraître, le
désir de la satisfaction d’Allah dans l’aide qu’on apporte aux serviteurs, la
bienfaisance envers eux, subvenir à leurs besoins, trouver des solutions à
leur crise, être à leur côté pendant les moments de joie et de tristesse, la
continuité sans interruption, l’initiative qui ne connaît pas d’hésitation, sont
autant de qualités distinctives du Dr Sa`îd an-Najjâr qui sont d’un niveau
inaccessible. Il était unique dans son genre.
Ils ont dit:
Son compagnon de route Dr Hassân Hathout, l’auteur du livre « At-Tabîb alInssân » duquel j’ai beaucoup puisé, dit:
« Sa`îd an-Najjâr est un sommet unique, je sens que des gens comme
lui on n’en a pas trouvé beaucoup depuis la période qui a suivi l’avènement
de l’Islam jusqu’à nos jours.
Je l’ai connu depuis son exil et notre relation a duré 32 ans. Le jour où j’ai
fait sa connaissance, j’ai vu un homme du paradis marchant sur terre, le jour
où je l’ai conduit à sa dernière demeure, j’ai vu un terrien qui allait au paradis.
1276 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Sa`îd an-Najjâr avait axé sa vie autour de deux piliers:
Premièrement: Que sa vie soit un moyen de miséricorde d’Allah envers
Ses serviteurs
Deuxièmement: En toutes choses, il traitait avec Allah et non les gens.
Dans toute situation, il était une partie et Allah l’autre partie. Sa vie était
une des causes de la miséricorde d’Allah envers Ses serviteurs. Son aide
était dirigée vers ceux qu’il connaissait et ceux qu’il ne connaissait pas,
ceux qui avaient confiance en lui et ceux qui n’avaient pas confiance en lui,
ceux qui venaient à lui et ceux qui le rencontraient au hasard. Sa`îd anNajjâr était comme une lampe qui a pour combustible la lumière. Quand
nous avons connu Sa`îd an-Najjâr, personne ne le prenait pour un bien
aimé d’Allah vertueux ; personne ne pouvait savoir qu’un bien aimé d’Allah
peut être un diplômé d’université, un efendi en costume, un médecin
traitant les malades, un homme ne portant pas de barbe, qui passait de
maison en maison pour offrir des services qui paraissaient petits.
Quand je l’ai connu pour la première fois quand nous étions étudiants à
la faculté de médecine, je n’étais pas son camarade car il était mon aîné de
quelques années. Il ne faisait pas partie des orateurs qui haranguaient les
foules, ni parmi les champions en sport. Mais une de ses qualités qui est
l’abnégation au service de l’autre attira mon attention ainsi que celle des
autres sur lui. Chaque fois que je le rencontrais à l’hôpital, il conduisait un
malade pauvre chez un médecin à qui il recommandait la bienveillance
envers lui.
J’avais cru au premier abord comme d’autres que ces malades devaient
être de son village. Lorsque je l’interrogeai sur ce flux continu de malades
pauvres, je sus que notre collègue n’avait aucun lien avec eux et ne les
Mohammad
1277
Sa`Îd an-Najjâr
connaissait pas. Mais chaque fois qu’il rencontrait à l’hôpital un impuissant
incapable de se lever, une personne égarée, un faible qui ne pouvait pas
rencontrer le médecin ou un étranger sans famille, il s’arrêtait pour aider
son frère et accomplir son devoir divin envers les pauvres et les faibles.
Car Allah vient en aide au serviteur tant que celui-ci se met au service de
son prochain.
Je m’étais entendu avec madame son épouse pour payer une villa en
Egypte. Il devait payer une avance et verser le reste en tranches. Son
épouse s’efforçait à épargner, mais elle le voyait toujours entrain de faire
des dons aux gens à tel point qu’elle crut qu’il avait mis de l’argent de côté.
Elle voulut confirmer cela, mais il répondit simplement : « Je ne garde de
l’argent qu’auprès de notre Seigneur… »
Lorsqu’il mourut, on trouva dans ses documents des tas de talons de
chèques qui ne donnaient aucune information sur les dépenses faites et
celui qui en était bénéficiaire… »
Anecdotes et positions:
«Une fois, le Dr Sa`îd venait de rendre visite à un malade et rentrait la
nuit en voiture. Le policier constata que la voiture dandinait de gauche à
droite, il crut alors que le chauffeur était ivre. Il ne sut pas qu’il somnolait. Il
le conduisit au poste de police. Quand l’officier délégué le vit, il se leva et
l’embrassa en disant au policier : Sauf celui-ci.
Il a décroché son diplôme quelques années avant moi. Je ne l’ai vu sur
la scène politique qu’au début de 1948. La révolution avait éclaté en
Palestine
pour
protester
contre
la
résolution
de
partage.
Les
révolutionnaires étaient les arabes de Palestine et les volontaires venus
des pays arabes. Certains officiers égyptiens se trouvaient parmi eux et
1278 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
des troupes composées de volontaires frères musulmans et des éléments
du parti Misr al-Fatât. Il joua un grand rôle en garantissant tout ce dont on
avait besoin comme équipement et provision. J’eus la chance de voir une
partie lorsque je me préparais à voyager pour administrer des soins aux
volontaires en 1948 quelques mois après ma sortie de la faculté de
médecine.
Après le drame de 1948, le décret portant dissolution de la Confrérie
des Frères Musulmans tomba. Les volontaires furent ramenés sous forte
escorte du front aux camps de concentration… S’en suivirent l’assassinat
d’an-Noqrâchî et celui de l’imam martyr Hassan al-Banna, fondateur et
guide suprême des frères musulmans. Cette période fut la plus fertile dans
la vie de Sa`îd an-Najjâr et la plus riche dans l’action patriotique. Les
jeunes universitaires ouvrirent un camp permanent d’entraînement à
l’université du Caire et qui avait pour pilier les jeunes frères musulmans qui
avaient combattu en Palestine. Ce camp avait pour guide Hassan Douh qui
était étudiant à la faculté de droit à l’université du Caire à l’époque.
Dr Sa`îd an-Najjâr fut solidaire de cette action vu que le corps enseignant
des universités avait adopté moralement et financièrement cet effort
estudiantin ; ce camp fut financé par des fonds issus de la collecte au sein
du corps enseignant même. Je me rappelle encore avec orgueil et gratitude
que c’est notre professeur Dr `Abd al-Wahhâb Moro, recteur de l’université à
l’époque, qui l’inaugura et lui délivra un chèque en blanc et ouvrit les portes
de sa clinique pour administrer des soins gratuits aux blessés. »
Son élève et collègue Dr `Issâm ach-Chirbînî dit: « Dr Mohammad Sa`îd
an-Najjâr est un phénomène exceptionnel qui doit être inscrit dans les
mémoires. Car toute personne qui le connaissait gardait au moins un
Mohammad
1279
Sa`Îd an-Najjâr
souvenir de Sa`îd sur lui ou sur sa famille ou sur ses amis. Je me souviens
quand il travaillait avec nous en tant que médecin, il pouvait mourir à force
de travailler sous une chaleur torride. Quand on se réfugiait dans la
chambre froide, on voyait Dr Sa`îd an-Najjâr venir avec son malade à
l’hôpital princier et lui administrait les soins. On se joignait alors à lui
honteux de nous-mêmes.
Je l’ai connu en 1944 comme enseignant à la faculté de médecine. Je
ne l’ai plus revu qu’au tribunal militaire au début des années cinquante, à
une époque où l’Egypte vivait une terreur policière jamais vécue par le
passé, à tel point que demander après ces accusés vous exposait à des
tortures les plus douloureuses.
C’est dans cette atmosphère électrique que Dr Sa`îd an-Najjâr fit son
entrée dans la salle du tribunal militaire où on jugeait certains accusés
islamistes. Il devait déposer son témoignage au milieu d’une assistance
consternée et des juges qui murmuraient, à propos de la torture dans les
prisons et les cellules, et ce qu’il avait vu lorsqu’on le convoqua pour traiter
un détenu torturé et qu’il insista qu’il fût transporté à l’hôpital malgré le
refus de l’officier de la prison.
Lorsque le mouvement des fedayins se souleva au canal de Suez en
1951, Dr Sa`îd an-Najjâr fit montre d’un héroïsme colossal. Il accompagnait
les fedayins acheter les armes pour combattre les anglais et collectait des
fonds auprès des professeurs d’université et autres pour le djihad. Il
n’acceptait pas qu’on fasse des dons avec un peu d’argent, c’est pourquoi
il incitait les mécènes à faire plus… »
Le professeur Dr `Abd al-Fattâh Tîra, son ami d’enfance dit: « Sa vie était
un mythe auquel les gens ne peuvent croire s’ils ne l’avaient pas vue et en
ont tiré profit. Sa seule présence dans la société était suffisante pour que
1280 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
n’importe quel membre ressente la tranquillité et la sérénité. Il était comme
une forteresse qui protège tous ceux qui s’y retranchent de tout besoin,
d’injustice, de maladie, de solitude, de désespoir et de tristesse.
Je l’ai connu depuis le secondaire, et nous avons fait la faculté de
médecine ensemble. Il avait une capacité inouïe à rassembler les cœurs et
à les convaincre par un quelconque style à se rendre visite et à s’aimer les
uns les autres. La qualité de « proche et ami de Mohammad Sa`îd anNajjâr » vous introduisait dans les cœurs de gens et était en même temps
une attestation de confiance et une garantie. Nous passions nos journées
ensemble en faculté, et dans la nuit nous veillions aussi ensemble pour
réviser nos leçons. J’atteste qu’il n’a jamais dit quelque chose de mal, ni
calomnié ni médit. Il donnait de l’argent au pauvre ou lui achetait le
remède. Les malades lui avaient donné le surnom de cheikh Sa`îd. Les
professeurs présageaient son échec à l’examen, mais il les surprit par un
succès éclatant.
Il déploya beaucoup d’efforts pendant la guerre de Palestine en 1948 et
pendant la guerre des fedayins au canal de Suez en 1951. Depuis sa prise
de fonction, tout ce qu’il faisait pour subvenir aux besoins des gens
suscitait l’opposition de ses supérieurs hiérarchiques ou ses professeurs
qui lui refusaient de ne plus leur amener des malades. Au jour suivant, il
amenait encore plus de malades… »
Dr Ahmad Chawqî al-Fanjarî a écrit un article dans le journal koweitien
Ar-Ra’y al-`Âm du 20/10/1972, titré « Min al-Awliyâ’ as-Sâlihîn », dont voici
le condensé : « S’il est possible à notre ère de trouver sur terre un homme
qui répond à l’appellation bien aimé d’Allah vertueux, il ne fait aucun doute
que Dr Mohammad Sa`îd an-Najjâr, qu’Allah pardonne ses péchés était
celui-là.
Mohammad
1281
Sa`Îd an-Najjâr
Sa`îd an-Najjâr est mort, il convient plutôt de dire qu’il est tombé en
martyr, car il est mort en subvenant aux besoins des nécessiteux, en
cherchant du travail au chômeur, de l’argent à l’endetté et la solution à tout
problème.
Le matin le chez lui était plein, quand tu partais à l’aéroport, tu le
trouvais entrain de dire au revoir ou d’accueillir une connaissance ou un
inconnu. Si tu visitais les hôpitaux en pleine chaleur de midi, tu le trouvais
entrain de conduire ou de visiter un malade. Il eut un malaise cardiaque qui
lui donna un premier avertissement, mais il se comportait comme
quelqu’un qui ne craignait pas la mort et ne s’accrochait pas à la vie voire
même changer son cours.
Quand il était étudiant, il avait attiré l’attention des professeurs par le
nombre croissant de malades qu’il faisait venir et leur recommandait d’être
bienveillants envers eux. On le prit même pour l’agent des malades. Ils se
mirent à interroger les malades. Et comme la réalité n’accepte ni doute ni
interprétation, ils se rendirent compte que cet homme était un phénomène
rare qu’il est difficile de trouver pareil dans notre société. Et avec sa mort,
ce phénomène rare et beau s’éclipsa dans la société. Qu’Allah fasse
miséricorde au docteur humaniste Mohammad Sa`îd an-Najjâr. »
Histoires racontées:
On raconte que lorsqu’il était professeur assistant à la faculté de
médecine, il apprit que quatre de ses étudiants avaient eu la visite des
voleurs qui avaient emporté les vêtements séchés à la corde. Voilà que la
matin, les étudiants furent surpris de voir Dr an-Najjâr frapper à leur porte
et remettre à chacun des habits qu’il avait pris chez lui.
1282 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Quand un étudiant lui demandait de lui expliquer un sujet quand le
temps officiel qui lui était imparti était expiré, il l’invitait chez lui et lui
expliquait toute la leçon ; et comme cela prenait du temps, il lui offrait un
dîner pressé, puis reprenait l’explication jusqu’à ce que l’étudiant
comprenne la leçon et s’en aille.
On raconte qu’une fois dans le tramway au Caire, il croisa un jeune
homme qui faisait la cour à une jeune fille et lui disait des trucs pas polis. Il
semble que le jeune homme se croyait en sécurité vu qu’il était costaud et
robuste comme un lutteur. Effectivement, personne ne broncha, à
l’exception de Sa`îd an-Najjâr qui l’aborda gentiment, et avec une voix
douce. Il lui rappela que la grandeur d’âme commande qu’on considère
toute femme comme sa sœur, qu’on la protège et n’accepte pas qu’on lui
fasse ce qu’on n’accepterait pas qu’on fasse à sa sœur. Ce style doux et
tendre adopté par Dr Sa`îd an-Najjâr fâcha le jeune homme qui l’injuria, et
Dr Sa`îd an-Najjâr continuait à être doux dans ses propos et cherchait à
convaincre le jeune homme sans toutefois l’offenser ou le blesser dans sa
dignité. Mais le jeune homme, toujours impulsif poussa Sa`îd sur sa
poitrine et quelle fut sa surprise ! En un clin d’œil le jeune colosse était
devenu tel un oiseau dans la main de Sa`îd an-Najjâr. Il gémissait de
douleur avec le bras tourné au dos et Sa`îd murmurait dans son oreille des
excuses en martelant que c’est lui qui avait voulu que la situation se
dégrade et en lui demandant s’il a l’intention de cesser de draguer les filles.
Une onde choc traversa le jeune homme colosse. Il ne tarda pas à sauter
du tramway en marche quand Sa`îd le lâcha pour dissimuler sa honte.
Un autre raconte que : « Une fois, j’eus des problèmes qui me traînèrent
en prison. J’eus des soucis pour ma famille qui n’avait personne pour
l’entretenir en dehors de mon travail quotidien. Quand je suis sorti de
Mohammad
1283
Sa`Îd an-Najjâr
prison, j’ai constaté que leur pitance leur venait chaque jour de chez Dr
Sa`îd an-Najjâr. »
Un autre dit: « Une assemblée nous réunit une fois avec Dr Sa`îd anNajjâr. Nous eûmes une conversation fortuitement, et il sut que mon fils
était un élève qui éprouvait des difficultés en mathématiques. Je fus surpris
quelques jours après d’un enseignant qui toqua à ma porte pour dispenser
des cours particuliers à mon fils et me dit que c’est Sa`îd an-Najjâr qui
devait se charger de sa paie. »
Beaucoup de ses connaissances l’ont loué et de surcroît ses collègues
médecins : le frère Dr Ya`qoub Youssef al-Ghonaym, Dr `Abd al-Wahhâb
Râchid, le professeur Mohammad Mahmoud Siyâm, cheikh `Abd arRahmân al-Bargouthî, professeur Sa`d an-Nâhid et plusieurs autres au
Koweït et en dehors.
Notre professeur le grand prédicateur cheikh al-Bahî al-Khoulî l’auteur
du livre « Tadhkirat ad-Do`ât » dit de lui : « Cet homme, tous les anges des
cieux et de la terre se fâchent quand on lui fait du mal. »
Ses citations:
« Allumez les lumières pour pouvoir distinguer le mal du bon, sachez
que le peuple qui a peur du bâton ne résistera pas devant le char. »
Il dit ceci lors d’une réunion des membres du corps enseignant de
l’université du Caire en présence de quelques membres du conseil de
commandement de la révolution, et à une époque où en Egypte, on ne
pouvait pas émettre un avis publiquement à cause de l’injustice et de la
tyrannie militaire.
Sa mort:
1284 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Il est décédé en octobre 1972 au Koweït. Normalement, c’est là qu’il
devait être inhumé parce qu’on inhume le musulman où il est décédé, tant
qu’il s’agit d’un pays musulman. Mais ses proches et ses amis préférèrent
rapatrier sa dépouille en Egypte où il fut enterré au cimetière de la famille.
Qu’Allah fasse miséricorde à notre grand professeur et médecin
humaniste Dr Mohammad Sa`îd an-Najjâr, qu’Il nous ressuscite ensemble
aux côtés des prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux.
Quels meilleurs compagnons que ceux-là !
Seigneur de l’univers.
Enfin, louange à Allah
L’officier martyr
Mohammad Sa`Îd Bâ`bâd
(Abou as-Sa`îd) (1359-1390H = 1941-1970)
Comment je l’ai connu:
La première personne à me parler de lui fut le
cher frère et juge vertueux `Abd al-Karîm al-`Imârî. Il
m’informa qu’il était un officier frère musulman au
Yémen et qu’il était un moudjahid sincère, un
militaire rompu et un musulman engagé. Il me
recommanda d’être bienveillant envers lui.
La catastrophe de 1967, cette défaite hideuse
subie par les armées arabes conduites par les
Il était
audacieux,
vaillant, humble
et sociable. Il
était un officier
avec le grade
de capitaine
dans l’armée
alcooliques, les tyrans et les pharaons alléguant un faux leadership, avait
poussé nos frères dans différents pays arabes, à mobiliser la communauté
pour la reconquête de la dignité bafouée.
Il est à noter que les peuples croyants n’avaient pas participé à cette
défaite, et on n’avait pas permis aux moudjahiddines de faire face aux
Juifs. Bien plus, les moudjahiddines et les prédicateurs sombraient dans
les prisons et les camps de concentration au moment où les danseuses et
les chanteuses égayaient les guides officiels des armées. Ceux-ci
1286 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
répétèrent ce que firent les Qoraych dans leur ignorance lorsqu’il fallait
affronter le Messager, prière et salut sur lui, et ses honorables
compagnons lors des premières batailles de l’Islam. Allah les humilia
comme Il le fit des Qoraych et réduisit en poussière leur orgueil et leur
arrogance. Ils furent humiliés par les créatures d’Allah les plus viles, les
descendants de singes et de porcs, maudits dans le Livre d’Allah et Ses
prophètes et ses messagers.
Les frères musulmans se mirent en mouvement çà et là invitant la
communauté musulmane à venger sa dignité et à laver l’affront causé par
les gouvernants tyrans et oppresseurs de leurs peuples dont le moins
qu’on puisse dire d’eux est ce vers d’un poète :
Chez les étrangers ils sont des esclaves
Chez leurs frères ils sont tels des lions
Un groupe de jeunes musulmans issus de différents pays arabe répondit
à l’appel et se hâta vers les camps d’entraînement et de préparation que
les frères établirent sur les frontières avec les Juifs en 1968. Ils furent de
nationalités et de pays différents. Parmi ceux-là se trouvait Mohammad
Sa`îd Bâ`bâd du Yémen. La foi et la sagesse proviennent du Yémen
comme l’avait dit le Prophète, prière et salut sur lui.
Sa visite au Koweït :
Nous fûmes heureux de la visite qu’il nous rendit au Koweït. Il participa
au séminaire hebdomadaire du vendredi soir. Nous eûmes des entretiens
sur le rôle du mouvement islamique contemporain et ce qui lui incombe
dans de telles circonstances, ainsi que le devoir de la jeunesse musulmane
vis-à-vis de ce qu’endure la communauté tel que la rupture de ses liens et
son éloignement de sa religion, l’exécution des plans de ses ennemis pour
1287
Mohammad Sa`Îd Bâ`bâd
combattre l’Islam et ses adeptes, l’oppression et la torture des ulémas, le
camouflage de la vérité et l’exaltation du mensonge, la soumission aux
désirs des Juifs et des colons croisés. Il, qu’Allah lui fasse miséricorde,
était un charbon ardent de zèle et une marmite qui bout de colère contre
les ennemis de l’Islam, les suppôts de la colonisation et les mercenaires
corrompus.
Il se dirigea vers le lieu de campement dans la voie d’Allah, en
compagnie de ses frères qui l’avaient devancé. D’autres frères venant de
différents pays arabes et islamiques les rejoignirent. Ils constituèrent le
noyau du djihad au nom d’Allah et avec la bénédiction d’Allah, et pour Allah
et les faibles qui avaient été expulsés injustement de leurs maisons.
Ses citations:
« Il m’importe peu que le destin jette son dévolu sur moi à tout moment.
Ce qui m’importe, c’est que je me trouve sur le champ de djihad saint pour
que ma mort soit le début de la voie du paradis qu’Allah a promis à ceux qui
combattent dans Sa voie. Et je croirai toujours en la véracité de la parole
d’Allah jusqu’à ce que ce verset se réalise : Il est, parmi les croyants, des
hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains
d'entre eux ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore; et ils n'ont varié
aucunement (dans leur engagement);  (Al-Ahzâb: 23)
Si j’atteins ma fin je L’implore de me faire voyager au paradis par un
coup de canon ou un missile orienté. J’ai deux souhaits : le premier est le
djihad dans la voie d’Allah qui s’est déjà réalisé, le second est le martyre et
il se peut qu’il se réalise. »
Sa naissance et son enfance:
1288 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le frère moudjahid Abou as-Sa`îd faisait partie des élèves de l’école
secondaire d’ach-Chowaykh au Koweït. Il rejoignit bien après la faculté
militaire au Caire et fut un étudiant excellent selon le témoignage de ses
camarades qui étaient au pouvoir au Yémen du sud. Il est né en
1359H = 1941.
Son djihad et son martyr:
Dr Mohammad Abou Fâris dit de lui dans son livre de valeur Chohadâ’
Flistîne:
« Il était audacieux, vaillant, humble et sociable. Il était un officier avec
le grade de capitaine dans l’armée yéménite. Lorsque les communistes
prirent le pouvoir, il fuit le pays après avoir été condamné à mort. Après la
catastrophe de 1967 dont les conséquences furent la perte de la Palestine,
de Sinaï et du Golan à cause de la négligence des gouvernements arabes,
les efforts se tournèrent vers le djihad de résistance. Notre martyr, qu’Allah
lui fasse miséricorde, eut pour tâche avec une délégation de faire le tour du
monde islamique, pour inciter les musulmans au djihad avec l’âme et les
biens, et attirer les volontaires vers les bases des frères musulmans. Il
avait pour collègue un turc et un indonésien. Lorsqu’il rejoignit les bases
après son périple, il campa avec ses frères moudjahiddines et participa
avec eux à l’entraînement et au combat. Il était doté d’une expérience
militaire dont les moudjahiddines avaient besoin dans les bases. Il visait de
grandes choses, était dynamique et prompt à faire du bien. Il répondait aux
ordres de son supérieur hiérarchique sans hésitation et sans traîner les
pieds. Son supérieur pouvait même être moins compétent que lui, mais
cela ne l’affectait pas.
1289
Mohammad Sa`Îd Bâ`bâd
Il sortit dans une patrouille d’exploration sur le Jourdain afin d’explorer
les passages menant à la Cisjordanie occupée, et pour mener des études
militaires et arpenter le terrain en vue de préparer les prochaines
opérations. Il fut surpris, lui et son compagnon par l’ennemi qui l’arrosa de
balles la nuit. Il tomba en martyr sur le champ criblé de balles. Son
compagnon fut atteint par une balle qui traversa sa cuisse pour arracher un
testicule. Il marcha sur 5 km avant de rejoindre ses frères qui le portèrent
vite à l’hôpital où il subit une opération chirurgicale. Il demeure en vie
jusqu’à nos jours, il a même pris une seconde épouse qui lui a fait des
enfants après sa blessure. Gloire à Allah le Sublime, Seigneur du Trône
noble. Lorsqu’Il décide quelque chose, Il dit seulement –Sois- et il devient
aussitôt. »
Il tomba en martyr le 24/4/1970 à l’âge de 30 ans à peu près. Son corps
fut transféré au Yémen du sud son pays natal. Les gens d’Aden sortirent le
conduire à sa dernière demeure. Ils répétaient : (Il n’y a pas d’autre divinité
en dehors d’Allah, Mohammad est le Messager d’Allah, le martyr est le
bien aimé d’Allah, la voie de la Palestine est la voie de l’Islam.) Ce cri
retentissant répété par ces foules et avec des mots clairs, sous le régime
communiste au pouvoir à Aden à l’époque, prouve que quelle que soit
l’oppression des tyrans, ils ne parviendront jamais à effacer la nature
primordiale qu’Allah a donnée aux hommes, c’est-à-dire l’Islam.
Les modèles nobles:
Ces modèles nobles de frères moudjahiddines qui ont vendu leurs âmes
à vil prix dans la voie d’Allah, pour défendre leur religion et soutenir leurs
frères musulmans en Palestine, ont été et seront toujours l’espoir de la
communauté dans son présent et son avenir. Ils bâtissent quand d’autres
détruisent, combattent quand d’autres se divertissent. Ils vivent pour le
1290 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Jour Dernier et les autres sont submergés dans la vie éphémère et ses
plaisirs factices.
Ces hommes sont en réalité de vrais hommes qui ont repris la
biographie des premiers musulmans. La communauté ne se réveillera
jamais tant que en son sein, on ne rencontrera pas ce type d’hommes qui
tiennent leurs âmes dans leurs mains pour racheter l’Islam et défendre les
choses sacrées et les lieux saints des musulmans, comme le font les héros
du Hamas et du djihad islamique en Palestine, et les moudjahiddines du
Cachemire, des Philippines, de la Tchétchénie, etc.
Seul l’Islam est capable de sauver notre communauté des dédales du
sectarisme et la reformuler à nouveau comme Allah gloire à Lui l’avait
voulue: Certes, cette communauté qui est la vôtre est une communauté
unique, et Je suis votre Seigneur. Adorez-Moi donc.  (Al-Anbiyâ’: 92)
L’Islam stipule que le seul moyen de faire face aux Juifs, à leur ruse et
leur haine est le combat. Car, ils ne tiennent jamais la promesse, ne
remplissent jamais l’engagement pris, et violent les pactes et les
engagements. Cela a toujours été leur habitude depuis la nuit des temps
jusqu’à nos jours. Seul l’ignorant leur fait confiance, ou une personne
dénuée de clairvoyance et sans cœur. Ils sont un peuple vil qui a encouru
la colère d’Allah et est maudit depuis les sept cieux : Où qu'ils se trouvent,
ils sont frappés d'avilissement, à moins d'un secours providentiel d'Allah ou
d'un pacte conclu avec les hommes. Ils ont encouru la colère d'Allah, et les
voilà frappés de malheur, pour n'avoir pas cru aux signes d'Allah, et
assassiné injustement les prophètes, et aussi pour avoir désobéi et
transgressé.  (Âl `Imrân : 112)
L’imam martyr Hassan al-Banna dit dans l’épître Hal Nahno Qawmon
`amaliyyoun ?: « Les communautés sont dans un besoin pressant de bâtir
1291
Mohammad Sa`Îd Bâ`bâd
les cœurs et d’édifier les morales, imprimer la morale de virilité authentique
à leurs enfants afin qu’ils soient fermes devant tous les obstacles qui se
dresseront sur leur chemin, car ils doivent pouvoir surmonter toutes les
difficultés qui se présenteront à eux. Les hommes sont le secret de la vie
des communautés et la source de leur réveil. Toutes les communautés ont
pour histoire celle des hommes brillants moralement forts et résolus. La
force ou la faiblesse des communautés se mesure à sa fertilité dans la
production des hommes qui remplissent les conditions de la virilité
authentique. »
Louange à Allah qui a offert au mouvement des frères musulmans, le
plus grand mouvement islamique contemporain, un grand nombre
d’hommes qui remplissent les conditions de la virilité authentique. Ce sont
ceux-là qui ont combattu les Juifs en Palestine en 1948 et les anglais en
1951 au canal de Suez. Ils ont combattu les Juifs pour une seconde fois
pendant la catastrophe de 1967. Pendant ces affrontements avec les
anglais et les juifs, ils ont fait des sacrifices énormes et ont offert des
cortèges de martyrs les uns après les autres : ceux-ci ne fléchirent pas à
cause de ce qui les atteignit dans le sentier d'Allah. Ils ne faiblirent pas et
ils ne cédèrent point. Et Allah aime les endurants.  (Âl `Imrân : 146)
Ces hommes ne venaient pas tous d’une même contrée, mais de toutes
les contrées du monde islamique. Ils représentaient la nation de l’Islam
combattante qui refuse l’injustice et ne se soumet pas à l’oppression. Ils
combattaient le mensonge, défiaient les tyrans et s’élevaient au-dessus de
leur oppression par leur foi et leur cramponnement au câble solide d’Allah,
à Son Livre explicite et aux enseignements du Prophète loyal. Dans les
camps d’entraînement et les champs de djihad, ils ont vécu comme des
frères qui s’aiment, liés les uns aux autres par la foi de l’Islam sous la
bannière de la fraternité islamique, unis par l’amour du djihad, le désir de
1292 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
tomber en martyr. L’égyptien, le saoudien, le syrien, le soudanais, le
jordanien, l’irakien, le palestinien, le yéménite, le golfier, le libanais, le
marocain, etc. étaient tous des frères s’aimant pour l’Islam, œuvrant pour
l’Islam, combattant dans le chemin d’Allah et pour soutenir les musulmans
faibles partout. Car, le musulman a pour nationalité sa foi. Tous les
musulmans sur terre sont ses frères. Il incombe au musulman de soutenir
son frère musulman et chaque musulman sur terre est le gardien des lieux
saints des musulmans et est enthousiaste envers leurs choses sacrées.
Allah gloire à Lui dit : Et qu'avez vous à ne pas combattre dans le sentier
d'Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui
disent : “Seigneur ! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont
injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un
secoureur”. Les croyants combattent dans le sentier d'Allah, et ceux qui ne
croient pas combattent dans le sentier du Tagut. Eh bien, combattez les
alliés de Diable, car la ruse du Diable est certes, faible.  (An-Nissâ’: 75-76)
Qu’Allah fasse miséricorde à notre martyr le vaillant héros Abou asSa`îd et ses frères qui l’ont devancé et ceux qui le rejoindront. Qu’Il nous
réunisse ensemble dans la demeure de Sa notabilité et Sa miséricorde,
aux côtés des prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux.
Quels meilleurs compagnons que ceux-là !
Dr Youssef al-Qaradâwî dit vrai lorsqu’il affirme:
Quel est le sens de la Palestine
Sans Al-Aqsâ et sans Jérusalem
La Palestine sans Jérusalem
Est comme un corps sans tête
Ô terre des prophéties
Patiente la ruse et le complot
Ô hommes du djihad allez-y
Avec une résolution et une bravoure tranchantes
1293
Mohammad Sa`Îd Bâ`bâd
Hamas est l’espoir de demain
Il est moulé par le fabricant d’arcs
Avec une certitude sans faille
Qu’on pourrait sentir au toucher
Son oraison funèbre:
Le poète musulman Dr Mohammad Mahmoud Siyâm composa un poème
en sa mémoire, intitulé Dam`a `alâ ach-Chahîd dont voici un extrait:
Ô toi qui est parti en laissant parmi nous
Des braises qui brûlent sous les cendres
Dors paisiblement il n’y a pas sur terre
Quelque chose meilleur que le martyre
Abou Sa`îd dors paisiblement
Voici les frères spirituels venus de partout
Ils se sont effarouchés pour le djihad
Avec détermination force et entêtement, qu’Allah les protège
Dors paisiblement car nous seront tous à l’affût
De tous les tyrans
Dors paisiblement car nous achèverons le round
Dans lequel tu fus l’un des brillants éclaireurs
Dors paisiblement car nous suivrons la voie
Il y a parmi nous mille Bâ`bâd
Le poète musulman Dr Kamâl lui dédia aussi une élégie dont voici un extrait:
Un révolté des fils du Yémen
Nous est venu portant le linceul
Toute sa vie il était un moudjahid
Il ne s’est pas relâché ni faibli
Il a vécu pour Allah et croyant
Il a combattu l’impiété et le polythéisme
Il était surpris de voir les ennemis
Usurper Jérusalem et la patrie
Brûler la Mosquée qui
Naguère fut majestueuse
Aujourd’hui elle est
Hypothéquée entre les mains des incroyants
1294 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Il fut terrifié de l’état de la communauté
Qui adore le sommeil et la somnolence
Mon frère je ne te pleure pas
Malgré mes larmes qui versent
Tu es le lion d’Aden
Retourne en martyr à Aden
Réjouis-toi ô paradis éternel
As-Sayyid l’intelligent arrive.
Louange à Allah Maître de l’univers.
Le prédicateur martyr
Mohammad Sâlih
`Omar
(1350-1390 H = 1930-1970)
Naissance et enfance:
Il est né en 1350H-1930 dans la ville de
Khartoum au Soudan. En 1959, il décrocha son
diplôme à la faculté de droit département de la
charia islamique à l’université de Khartoum. Puis, il
obtint un magistère à l’université de Londres. Il était
professeur de charia islamique à l’université de
Khartoum et l’un des leaders du mouvement
islamique au Soudan et l’un des grands éclaireurs
de la révolution d’octobre 1964. Il fut ministre dans
le gouvernement de la révolution en 1964. Allah
Il était l’un des
leaders du
mouvement
islamique au
Soudan et l’un des
grands éclaireurs
de la révolution
d’octobre 1964. Il
fut ministre dans
le gouvernement
l’honora du martyre pendant les incidents de l’île soudanaise de Aba où il
tomba en martyr sous le régime dictatorial du Soudan.
Notre prise de connaissance:
Je l’ai rencontré pour la première fois à Beyrouth au début des années
soixante du vingtième siècle. Nous avions fait le tour des problèmes des
1296 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
musulmans et des situations du monde islamique, de la position de ceux
qui travaillent dans le champ islamique par rapport aux défis qui les
interpellent, ainsi que les conspirations des forces de l’impiété qui mènent
un combat acharné contre l’Islam et les musulmans. Ces forces qui ont mis
leurs suppôts en branle, ces marionnettes, ces nains et ces petits pharaons
pour frapper le mouvement islamique contemporain et éliminer les
prédicateurs, les leaders de la pensée islamique, avec tous les moyens
d’oppression et de torture, vu qu’ils représentent le danger qui menace
Israël et l’épine qui brouille sa stabilité dans la région. Ces forces ont mis
sur pied des plans d’enfer pour que cette frappe qu’on infligera à la Da`wa
et aux prédicateurs soient plus douloureuses et plus générale que les
précédentes de 1948 et 1954.
Effectivement, des milliers de jeunes musulmans furent incarcérés,
beaucoup furent éliminés des mains des bourreaux dans les prisons ou sur
la potence. Le monde islamique vécut dans des ténèbres profondes à
cause de l’absence des lampes de guidance et des étendards de la vérité.
Les diables humains et djinns, les chauves-souris de l’obscurité, les
mercenaires et les partisans de la religion alimentaire, se mirent à
applaudir le pharaon et à bénir son crime contre les croyants. Les trompes
du tyran et son média dévergondé se mirent à gronder, à mousser et à
proférer des menaces. Pratiquer la religion, fréquenter les mosquées,
laisser pousser la barbe et parler de l’Islam devinrent un crime passible
d’une peine instituée par la loi des pharaons. L’oppression ne se limita pas
uniquement aux prédicateurs, elle engloba leurs familles, les femmes, les
vieillards et les enfants furent jetés en prison avec pour motif, la remise de
quelques piastres aux familles démunies des martyrs et des prisonniers.
1297
Mohammad Sâlih `Omar
Quand le vase déborda, les hommes des mouvements islamiques dans
le monde arabo islamique se réunirent pour étudier les moyens de défier
cette attaque acharnée contre l’Islam et les musulmans en général et le
mouvement islamique contemporain et ses leaders en particulier. Parmi
eux, se trouvait le frère martyr Mohammad Sâlih.
Le frère Mohammad Sâlih `Omar faisait partie des jeunes du
mouvement islamique du Soudan qui avaient grandi sous l’aile de la Da`wa
islamique. Il fut élevé selon le système islamique depuis qu’il était encore
élève. Puis, il se distingua comme un prédicateur cultivé et consciencieux.
Ses mouvements étaient guidés par l’Islam et il réfutait avec véhémence
les allégations des communistes et des laïcs dans les milieux universitaires
et en dehors quand se tenaient les séminaires et les débats, les cercles et
les réunions.
Ces efforts bénis fournis par le frère martyr Mohammad Sâlih `Omar et
ses frères donnèrent leur fruit par le renversement du régime dictatorial du
Soudan. Un gouvernement d’union fut formé et Mohammad Sâlih `Omar fut
un de ses ministres. Mais cela ne dura pas longtemps, car les collabos de
la colonisation se coalisèrent et firent un autre coup d’état militaire et
placèrent à la tête du pays une autre marionnette qui allait collaborer avec
eux pour reprendre la lutte contre l’Islam et ses prêcheurs.
Le frère martyr fut un des symboles du mouvement islamique au
Soudan. Bien plus, il fut choisi pour le diriger pendant un bon bout de
temps au cours duquel il fit montre d’expérience, de compétence et de
pragmatisme dans la gestion des affaires et le traitement des problèmes et
la solution aux difficultés.
1298 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Lorsque le mouvement islamique forma à la fin des années soixante,
une brigade pour attaquer les juifs sur les frontières et mis sur pied un
camp pour entraîner les moudjahiddines, beaucoup de jeunes musulmans
le rejoignirent d’Egypte, du Soudan, de Syrie, de Jordanie, du Liban, de
Palestine, du Yémen et d’Irak. Ils menèrent des combats rudes avec les
juifs qui se détrompèrent car, ils pensaient que les coups successifs qu’ils
avaient assénés sur les prédicateurs, les éliminations physiques et les
incarcérations allaient empêcher les fils du mouvement islamique de
reprendre la guerre contre Israël. Un nombre de frères honorables
d’Egypte, de Palestine, de Syrie et du Yémen tomba en martyr, beaucoup
d’autres furent blessés après qu’ils eurent portés des coups mortels sur
l’ennemi juif.
Lorsque le mal gagna le Soudan, la dictature militaire se lança dans
l’injustice et l’oppression, le malheur engloba toutes les classes de la
population, tous les moyens de torture furent utilisés, y compris la
destruction des maisons sur ses habitants, le bombardement des régions
habitées par les musulmans par les avions, le frère Mohammad Sâlih
`Omar était sur la ligne de camp et sur le front de combat avec ses frères
soudanais contre les juifs. Il demanda la permission de rentrer avec ses
frères soudanais combattre le tyran et défier son injustice, participer au
combat mené par le peuple soudanais dans l’île de Aba. Il y tomba en
martyr avec la satisfaction d’Allah, incha Allah.
Le professeur Mohammad Sâlih `Omar était un prédicateur à la morale
douce, sociable avec ses frères, ferme et rompu au combat. Il était
également un politique émérite et rusé qui connaissait les jeux et dédales
de la politique. Il ne se laissait pas berner par la parole mielleuse des
1299
Mohammad Sâlih `Omar
hommes politiques et ne se fiait pas aux promesses fallacieuses qu’ils font
ici et là.
Au même moment, il était un prédicateur de tendance internationale qui
dépassait les frontières régionales et s’élevait au-dessus des liens de chair.
Il rejoignait ainsi le rang de ceux qui travaillent pour l’unicité du mouvement
islamique partant de l’universalité de l’Islam et du fait que la communauté
musulmane est une.
Mes rencontres avec le frère martyr Mohammad Sâlih `Omar s’étaient
multipliées. Mon amour pour lui allait en grandissant, je ne cessais de
glorifier ses positions et sa confiance dans sa religion et admirais son esprit
pénétrant et sa clairvoyance.
Je l’enviais pour son désir ardent de mourir en martyr sur le front de
bataille contre les ennemis d’Allah. Il espérait le martyre en Palestine avec
ses frères qui l’y avaient devancé. Mais Allah l’honora en le faisant tomber
en martyr avec ses frères soudanais dans l’île de Aba.
Le martyr `Abd Allah `Azzâm dit de lui dans son livre Ad-Da`wa alIslâmiyya farîda char`iyya wa daroura bachariyya:
« Et ce moudjahid Mohammad Sâlih `Omar, le ministre soudanais, foula
le monde au pied pour vivre dans les tentes pour combattre sur la terre de
Palestine. Il a continué son djihad jusqu’à sa mort comme martyr dans l’île
de Aba. »
Son oraison funèbre par le prédicateur Fathî Yakan: « Quand j’ai fait ta
connaissance ô nouveau martyr, j’ai vu en toi la loyauté, la sincérité et
l’audace dans la vérité ; la vision pénétrante, la pensée illuminée, l’opinion
juste. La perte que tu nous as fait subir est grande même si celle du
1300 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Soudan est plus grande… L’espoir de I’Islam au Soudan brillait dans tes
yeux, la confiance dans le triomphe de l’Islam apparaissait dans tes idées
et tes comportements. Tu étais en réalité le prototype du musulman
prédicateur, du soldat et du guide. Aujourd’hui, nous te perdons dans une
nuit ténébreuse, nous te perdons au moment où nous avons tellement
besoin de toi, nous te perdons au moment où tu es au sommet de ton don
et ta maturité… Mais toi, ô homme cher, tu seras comme ceux qui t’ont
précédé, une charge de foi, un tison de lumière dans la voie de la grande
poussée islamique… »
Qu’Allah fasse miséricorde à notre frère le martyr Mohammad Sâlih
`Omar, qu’Il nous réunisse ensemble au paradis aux côtés des prophètes,
des véridiques, des martyrs et des vertueux. Quels meilleurs compagnons
que ceux-là !
Le savant travailleur Cheikh
Mohammad Sâlim alBîhânÎ
(1326-1391H= 1908-1972)
Sa naissance et son enfance:
Mohammad ibn Sâlim Hossayn al-Kadâdî al-Bîhânî,
fondateur de l’institut scientifique d’Aden est né en
1326 H = 1908, à Bîhân à Aden au Yémen du sud. Il a
fait ses études religieuses auprès de son père, puis il
émigra vers Hadramaout où il apprit auprès de son
professeur cheikh `Abd Allah ibn `Omar ach-Châtirî. Il
retourna à Aden, et de là, il partit à ach-Chaykh
`Othmân où il apprit auprès du cheikh Ahmad al-`Ibâdî.
Il était le
leader du
mouvement
religieux au
Yémen du
sud. Il a
consacré des
efforts
Il partit ensuite en Egypte étudier à Al-Azhar. Là, il rencontra ses frères anNo`mân, az-Zobayrî et al-Bahmîch. Ensemble, ils formèrent le noyau des
hommes libres du Yémen. Ils créèrent le journal Al-Yamen al-Khadrâ’ et
jouèrent un rôle actif dans la libération du Yémen de la tyrannie.
Il rejoignit la faculté de la charia, mais pour des raisons contraignantes,
il retourna à Aden et travailla dans le domaine de l’éducation et de
1302 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
l’enseignement, de l’exhortation et de l’orientation. Il composa plusieurs
livres et poèmes, donna des conférences et publia des articles. Il, qu’Allah
lui fasse miséricorde, était aveugle. Il disait de lui :
Il me taxent d’aveugle pourtant je ne le suis pas
L’aveugle est celui qui a perdu la science
Cheikh al-Bîhânî est un des prédicateurs travailleurs, un des ulémas
loyaux et un des moudjahiddines endurants. Il disait la vérité avec
franchise et audace. Il se consacra à l’éducation de la jeunesse sur les
principes de l’Islam qui englobe toutes les affaires de la vie. Il défia les
tyrans et les nains qui halètent après le mirage du matériel et s’allient à la
colonisation. Il fut parmi un des fondateurs de l’association islamique
d’Aden qui porta l’étendard de la conscience islamique. Il était orateur à la
mosquée al-`Asqalânî, puis, il fonda l’institut islamique que les marxistes
sudistes prirent comme siège du ministère de l’intérieur et l’en chassèrent.
Il fuit vers le Yémen du nord où il fut chaleureusement accueilli par les
frères musulmans et autres grands hommes du Yémen tels que le grand
bienfaiteur al-Hâj Hâ-il Sa`îd.
Notre prise de connaissance:
Ma relation avec lui est ancienne. Le lien de fraternité en Allah nous
unissait, ainsi que le travail pour l’Islam et l’appel à la réalisation de son
message sublime en réinstaurant la vie islamique conformément aux
enseignements du Livre et de la Sunna. A une époque où beaucoup de
gens reniaient cette religion ignorée de ses adeptes. Ses ulémas étaient
incapables de la soutenir, ses gouvernants l’avaient lâchée et ses riches
avaient cessé de la financer. Les prédicateurs sincères et les ulémas
loyaux faisaient face à d’indicibles épreuves et souffrances.
Mohammad
1303
Sâlim al-BÎhânÎ
Mais, on demeure confiant en Allah qui a pris sur Lui la protection de
Son Livre. On est rassuré du fait que l’avenir appartient à cette religion et
du fait qu’il faut déployer des efforts sincères pour poser des signes sur la
voie de cette communauté qui vit dans l’ignorance du 20ème siècle, afin
qu’elle retourne sous l’ombre du Saint Coran et ses composantes, et sache
le rôle de l’homme entre le matérialisme et l’Islam. Il doit s’imprégner du
message des enseignements islamiques et de la situation des musulmans
hier et aujourd’hui, de l’appel à l’Islam dans sa nouvelle étape, et la
personnalité de l’homme de foi.
C’est ceci qui a poussé cheikh al-Bîhânî et les moudjahiddines qui l’on
devancé à porter le massage de la Da`wa à Allah avec persévérance, et à
affronter les tyrans où qu’ils se trouvent. Ils ont supporté ces charges
nonobstant les amoureux du bas monde, la racaille du pouvoir et les
pseudo savants qui ont fait volte face.
Je le connaissais depuis longtemps, mais à travers ce que j’entendais
de lui, et par correspondance. Nous fûmes heureux de la visite qu’il
effectua au Koweït en 1384H=1964. Ce fut sa deuxième visite au Koweït.
La première remontait à 1376H=1956. J’eus l’honneur de l’accueillir chez
moi alors qu’il assistait au séminaire scientifique hebdomadaire qui se
tenait chaque vendredi soi et réunissait les frères dans la foi. L’homme
majestueux, le vénérable cheikh parla en savant calé dans son domaine, et
avec un style fort. Allah l’avait comblé d’une clairvoyance pénétrante, d’une
intelligence pétillante et d’un zèle envers la religion qui faisait qu’il ne
redoutait aucun reproche. Il attira les cœurs vers lui et déversa sa science
abondante sur l’assistance qui fut étonnée de la beauté de son style, de la
force de son argument et de son éloquence pure qui alternait l’ancien
1304 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
encore utile et le nouveau réformé, et les mêlait à l’esprit de foi, à la
tendresse du sentiment, au dialecte sincère et à la certitude forte.
Malgré son âge avancé et la perte de sa vue, Allah l’avait doté d’une
clairvoyance pénétrante et du dynamisme de la jeunesse. Combien avonsnous souhaité voir les cheikhs d’aujourd’hui ressembler à cheikh al-Bîhânî,
dans sa lutte contre l’injustice, son opposition aux tyrans et la confiance
dans ce qui est chez Allah et non dans ce que possèdent les gens ; la
diffusion de la science et de la connaissance à ceux qui les désirent, tout
en recherchant le Visage d’Allah le Très-Haut et Son contentement et en
désirant aussi Sa récompense.
Les ulémas ont dit de lui:
Le professeur `Abd Allah `Abd al-Wahhâb al-Qodssî dit dans sa préface du
livre Islâh al-Mojtama` écrit par cheikh al-Bîhânî:
« Cheikh Mohammad ibn Sâlim al-Bîhânî est le leader du mouvement
religieux au Yémen du sud. Il a consacré des efforts colossaux pour
déployer l’étendard de l’Islam. De même, il a envoyé une voix retentissante
dans le ciel du Yémen du sud et a mis sur pied plusieurs projets caritatifs
dont le plus important est l’institut scientifique qui est une fierté à notre ère
et un signe de son immortalité qui suscite l’admiration. Notre cheikh alBîhânî a fourni tous ses efforts dans l’enseignement des principes de la
religion islamique, et a inculqué aux gens un Islam pur, dépouillé de
galéjades et de mythes qu’on l’a affublés et qui sont pris pour la religion,
alors qu’il n’en est rien.
Lorsque tu t’assois auprès du cheikh al-Bîhânî, il te tient un langage
agréable, car il excelle dans la mansuétude, la piété, la fixité d’opinion, la
franchise, la temporisation et la persévérance dans le principe. Son aura
Mohammad
1305
Sâlim al-BÎhânÎ
s’est répandue partout et ses fatwas on gagné toutes les contrées de la
péninsule arabique et des pays islamiques. »
Le poète et grand littérateur du Yémen le moudjahid martyr le juge
Mohammad Mahmoud az-Zobayrî dit de lui:
« J’ai connu le révérend professeur Mohammad Sâlim al-Bîhânî en
Egypte. J’avais auparavant entendu parler de lui au Yémen et je fus son
compagnon à Aden. Je l’ai connu en Egypte comme un des éclaireurs
distingués de la science. Dans les clubs et les cérémonies où je l’ai
entendu parler, il était un intervenant raffiné, un orateur éloquent et un
conférencier brillant. Je ne dirais pas qu’il faisait partie des jeunes
intellectuels arabes, bien plus, il était le plus illustre et le plus écouté. Les
jours passèrent et je me retrouvais au Yémen et lui à Aden. Il écrivit à son
camarade le professeur et orateur cheikh Ahmad Mohammad No`mân pour
se plaindre da sa vie à Aden et pour exprimer son dégoût pour ce bas
monde et ce qui s’y trouve. Je fus médusé de voir un savant éclairé qui
s’est abreuvé à la source de la culture, est au fait de l’ancien et du nouveau
et qui a tiré profit de différents types de courants de pensée, ne pas être
heureux dans l’environnement d’Aden. Le destin m’amena à Aden où je
pus comprendre les causes de sa plainte. Je me suis rendu compte que la
culture islamique authentique y était presque inexistante à Aden, à cause
du déficit d’ulémas. Tout intellectuel qui entamait la réforme dans ce milieu
croisait sur son chemin beaucoup de difficultés faites d’illusions auxquelles
croyaient la majorité des habitants d’Aden. Je crois que c’est cela qui a
poussé le professeur al-Bîhânî à se plaindre auprès de son ami anNo`mân. Car, en arrivant d’Egypte, al-Bîhânî espérait mettre sur pied une
nouvelle culture islamique dans l’environnement d’Aden.
1306 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
J’ai quelque chose à dire qui est en rapport avec l’art oratoire. Les styles
oratoires ont une nature particulière qui diffère de tous les autres arts de la
parole. Ils se distinguent par des considérations et des marques
distinctives qui proviennent de différentes circonstances qui englobent
l’orateur et le public. Nous devons rappeler que lorsque la littérature naît
dans un environnement, elle est destinée à cet environnement et est à son
image ; surtout lorsqu’on sait que la littérature a pour objectif d’influer sur
son auditoire. C’est comme cela qu’est le sermon religieux. L’orateur
religieux est contraint de réfléchir et de parler avec le public. Il doit traiter
leurs pensées avec tendresse et douceur. C’est bien là la réalité importante
de la rhétorique qui est la conformité avec ce qu’exige la situation.
Les thèmes religieux ouvrent à l’orateur des horizons vastes pour
orienter la société islamique vers les motifs de la force. Et ce, en suscitant
chez les musulmans, l’instinct de lamentation sur la gloire passée et
l’angoisse sur l’histoire perdue. Il doit leur conter la morale des temps que
recèle la vie de leurs parents, et l’enseignement à tirer de leur vie de tous
les jours. Il doit également rattacher les effets aux causes en traitant la
faiblesse par la force, l’abattement par la bravoure et l’humiliation par
l’intransigeance. Il doit les amener à comprendre que toute affliction qui les
atteint est suivie d’exutoire, quand ils commettent une faute, ils trouvent la
voie de la droiture, toute douleur ancienne est accompagnée d’un
traitement présent. Il doit leur présenter les projets pratiques à même de
leur permettre d’éteindre l’enthousiasme et les sentiments qui brûlent en
eux. Ainsi, au sortir du sermon, ils ne seront pas dans l’embarras et la
confusion et ne seront pas atteints d’un mal libertin et creux qui précipite
l’esprit islamique dans le ravin du pessimisme et de l’immobilisme.
Mohammad
1307
Sâlim al-BÎhânÎ
Il est un secret de l’Islam que les gens ont négligé pendant les périodes
de déclin. Il s’agit de l’appel à la force et à la préparation. Tu ne trouveras
aucun acte du Prophète dépourvu du concept de force ou d’une de ses
causes. C’est d’une telle éducation prophétique que jaillit la force
redoutable des profondeurs de l’âme humaine. Nous constatons que notre
orateur le professeur al-Bîhânî, dans la plupart de ses sermons, indiquait
ce qui est indispensable à la force islamique ; c’est la cohésion morale et le
combat contre les vices moraux et physiques, l’appel à la science et à
l’industrie, la séparation entre ce que la civilisation a de bien et mal, la
condamnation du chômage et beaucoup d’autres thèmes utiles. »
Ses livres:
Cheikh al-Bîhânî est l’un des motifs de fierté du Yémen. Il nous a laissé
un patrimoine énorme composé d’ouvrages scientifiques, littéraires et
sociaux, et une poésie arabe sérieuse et parée d’enseignements et de
conseils. Ses plus célèbres ouvrages sont :
Ø Islâh al-Mojtama`
Ø `Ibâda wa Dîn
Ø Ostâdh al-Mar’a
Ø Kayfa Na`bod Allah
Ø Achi`aa al-Anwâr `alâ marwiyyât al-Akhbâr (c’est un recueil composé
de 4266 vers d’une poésie facile qui retrace la biographie du
Prophète Mohammad prière et salut sur lui, des califes bien guidés,
du califat des ommeyades, des abbassides jusqu’à nos jours) ce
recueil est préfacé par l’érudit du Levant cheikh Mohammad Bahjat
al-Bîtâr.
1308 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ø Al-Fotouhât ar-Rabbâniyya bi al-Khotab wa al-Mawâ`idh al-Qorâniyya
Ø Zawba`a fî Finjân
Ø Al-`Itr al-Yamânî fî chi`r al-Bîhânî
Ma dernière visite au Yémen:
Allah m’honora lors de ma dernière visite au Yémen au mois de Rabî`
al-Âkhir de l’an 1421H = juillet 2000, en compagnie du frère Abou Ayman
an-Nâsir et du frère Khâlid al-`Aqîl, de visiter l’institut que cheikh al-Bîhânî
avait fondé à Aden. Nous avons pu découvrir les différentes activités de
l’association caritative al-Bîhânî pour l’éducation et l’enseignement et qui
sont menées par les élèves du cheikh al-Bîhânî. L’association organise des
sessions de recyclage et des sessions religieuses, des cercles
d’apprentissage du Coran, offre des cautions d’étude et des trousseaux
d’écoliers et anime des centres estivaux. Cette association fondée par les
élèves du cheikh al-Bîhânî est le prolongement de l’association islamique
pour l’éducation et l’enseignement qui vit le jour en 1950 et fut présidée par
cheikh al-Bîhânî en personne, qu’Allah lui fasse miséricorde. Elle fut suivie
de l’institut scientifique islamique. Cette association et cet institut furent
financés par beaucoup de mécènes d’Aden, d’Arabie Saoudite, du Koweït,
de Bahreïn, du Qatar, d’Erythrée, d’Ethiopie, de Djibouti, etc., vu la
confiance dont jouissait le cheikh al-Bîhânî dans ces pays et son aura dans
le monde arabo islamique.
Le Yémen qui a su nous offrir des hommes exceptionnels tels qu’achChwkânî, as-San`ânî, az-Zobayrî est encore apte à nous offrir les hommes
tels que cheikh al-Bîhânî.
Mohammad
1309
Sâlim al-BÎhânÎ
Nous fondons un grand espoir sur les fils du réveil islamique béni du
Yémen, dans la présentation de la vraie image de l’Islam au monde entier,
qui traverse les obstacles pour s’orienter vers la formation éducationnelle
qui façonne les hommes résolus visant de grandes choses et ayant des
positions élevées qui refusent de se fondre, et s’élèvent au-dessus des
fanatismes religieux, ethniques et régionaux, plaçant l’Islam devant leurs
yeux et fournissant tous leurs efforts pour établir l’état de l’Islam, réaliser
son message, appliquer sa charia et protéger ses frontières. Allah est
Souverain en Son commandement.
Sa mort:
Cheikh al-Bîhânî décéda dans la ville de Ta`izz le 26/12/1391H. Allah
m’avait permis ainsi qu’à mes frères amis du cheikh al-Bîhânî et à ses
élèves de rééditer son livre intitulé Islâh al-Mojtama’ qui eut un grand
succès auprès des prédicateurs, des orateurs et des imams de mosquées
au Koweït et ailleurs.
Par la grâce d’Allah, je pus une fois de plus à le rééditer lorsque je fus à
la ligue du monde islamique comme secrétaire général adjoint. Nous
avions chargé le frère Dr Ahmad al-Moqrî de l’actualiser et de classifier les
hadiths cités en exemple. Il fit un bon travail et cheikh Mohammad as-Sabî`
Bâdahdah prit la charge de l’éditer avec ses propres frais. Qu’Allah le
récompense.
Beaucoup d’ouvrages de notre cheikh al-Bîhânî ont besoin d’être
réédités plusieurs fois afin qu’ils profitent à beaucoup de gens et afin de les
diffuser au public et aux jeunes. De même, certains manuscrits ont besoin
d’être préparés pour l’édition et la diffusion. Je souhaite que les jeunes du
Yémen, les étudiants et les mourides du cheikh prennent sur eux cette
1310 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
charge et retroussent les manches pour cette tâche. Ils en sont habilités s’il
plaît à Allah. La foi et la sagesse se trouvent au Yémen comme l’avait
souligné le Prophète prière et salut sur lui.
Je demande à mes frères professeurs d’universités yéménites d’orienter
leurs étudiants du cycle supérieur à écrire sur le cheikh et sa méthode de
réforme et de transmission de la Da`wa, ses efforts scientifiques et ses
œuvres de Da`wa dans le Yémen du nord et du sud, sa contribution dans
la vie politique, son opposition aux marxisme et aux principes importés
d’orient et d’occident, son appel à l’établissement d’un système de vie
conforme au système islamique qui prend sa source du Livre et de la
Sunna et du consensus des prédécesseurs, sur ce qui est bon pour
réveiller les musulmans de leur chute. C’est Allah qui accorde le succès
dans toute bonne action.
Qu’Allah fasse miséricorde à notre cheikh Mohammad Sâlim al-Bîhânî,
le savant pieux. Qu’Il le loge dans le plus vaste de Ses Jardins aux côtés
des prophètes, des véridiques, des martyrs et des vertueux. Quels
meilleurs compagnons que ceux-là !
Le cheikh érudit
Mohammad TaqÎ ad-DÎn
al-HilâlÎ
(Abou Chakîb) (1311-1407H=1893-1987)
Sa naissance et son enfance:
Le savant marocain, l’érudit linguiste, cheikh Dr
Mohammad Taqî ad-Dîn ibn `Abd al-Qâdir al-Hilâlî a
pour surnom Abou Chakîb. Il donna à son premier fils
le nom de son ami le prince Chakîb Arsalân dans
l’espoir de le voir lui ressembler.
Il était ouvert
et non
rigoriste. Il
était un
Mojtahid et
Al-Hilâlî est né dans le village al-Farkh de la campagne de Sajalmâssa
au Maroc en 1311H. Ses aïeux s’y étaient installés au neuvième siècle
hégirien en provenance de Kairouan en Tunisie. Sa famille était une famille
de science car, son père et son grand-père furent parmi les jurisconsultes
connus.
Il a apprit auprès de son père et a mémorisé le Saint Coran à l’âge de
12 ans. En 1333H=1914, il partit travailler à Tunis. Il y rencontra le cheikh
Mohammad Habîb Allah ach-Chinqîtî et fréquenta son école pendant sept
ans, c’est-à-dire jusqu’à la mort de son cheikh ach-Chinqîtî en 1338H. Ce
1312 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
dernier était le meilleur des ulémas sur le plan de l’ascétisme, de la piété et
des hautes vertus.
En 1340H=1921, al-Hilâlî retourna au Maroc et prit quelques leçons
auprès des ulémas de Fès. Parmi les cheikhs auprès desquels il apprit on
cite : le cheikh al-Fâtimî ach-Chrâwî, le cheikh Mohammad al-`Arabî al`Alawî, le cheikh Ahmad Soukerj. Il obtint également le diplôme de la
mosquée al-Qarawiyyîn.
Al-Hilâlî voyagea ensuite au Caire où il rencontra l’imam salafiste
réformateur et rénovateur Monsieur Rachîd Ridâ et certains autres ulémas
salafistes tels que : cheikh Mohammad ar-Ramâlî, cheikh `Abd al-`Azîz alKhoulî, cheikh `Abd adh-Dhâhir Abou as-Samh, cheikh Mohammad `Abd
ar-Razzâq, cheikh Mohammad Abou Zayd et plusieurs autres ulémas d’AlAzhar. Il assistait aussi aux cours supérieurs à Al-Azhar.
De l’Egypte, il se dirigea à la Mecque pour le pèlerinage et de là il partit
en Inde. Là-bas, il fréquenta les ulémas du hadith et apprit auprès du
cheikh `Abd ar-Rahmân ibn `Abd ar-Rahîm al-Mobârkfourî, le grand savant
indien à cette époque qui est l’auteur du livre Tohfat al-Ahwadhî fî charh
jâmi` at-Tirmidhî. Il passa trois ans en Inde.
De l’Inde, il mit le cap sur az-Zobayr en Iraq en 1342H=1923. Il
rencontra le cheikh Mohammad al-Amîn ach-Chinqîtî fondateur de l’école
nationale an-Najât à az-Zobayr. Il épousa sa fille et y passa trois ans. Puis
il quitta az-Zobayr pour l’Egypte puis le royaume d’Arabie Saoudite.
Monsieur Rachîd Ridâ lui avait remis une recommandation et une
introduction à remettre au roi `Abd al-`Azîz Âl Sa`oud et dans laquelle il
disait : « Mohammad Taqî ad-Dîn al-Hilâlî al-Maghribî est le meilleur savant
Mohammad
1313
Sâlim al-BÎhânÎ
qui vous ait arrivé d’autres horizons. Je souhaite que vous profitiez de sa
science. »
Sous l’hospitalité du roi `Abd al-`Azîz:
Al-Hilâlî fut l’hôte du roi `Abd al-`Azîz Âl
Sa`oud pendant quelques mois, puis il fut
nommé contrôleur de l’enseignement à la
mosquée prophétique. Deux ans après, il fut
muté à la sainte Mosquée et à l’institut
saoudien de la Mecque pour un an. Puis, il
reçut des lettres provenant d’Indonésie et de
l’Inde et qui le voulaient comme enseignant
dans leurs écoles. Il répondit favorablement à
la demande de Monsieur Solaymân anNadawî de l’Inde en 1930, et devint le chef
Dr Taqî ad-Dîn al-Hilâlî dans
sa jeunesse
des professeurs de la littérature arabe à la
faculté Nadwa al-`Olmâ’ dans la ville de
Lucknow en Inde. Il y passa trois ans durant
lesquelles il apprit l’anglais. Suite à la proposition du cheikh Solaymân anNadawî et avec l’aide de ses étudiants Mass`oud `Âlim an-Nadawî, Abou
al-Hassan an-Nadawî et Mohammad Nâdhim an-Nadawî, il créa le
magazine Ad-Diyâ’ en 1932. Puis, il retourna à az-Zobayr où il officia
comme enseignant à l’école nationale an-Najât fondée par le cheikh achChinqîtî son beau-père.
Trois ans après, il partit à Genève en Suisse où il fut accueilli par le
prince Chakîb Arsalân qui lui rédigea une recommandation à remettre à un
1314 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
de ses amis au ministère allemand des affaires étrangères, et dans
laquelle il dit: «J’ai avec moi un jeune littérateur maghrébin, son pareil n’a
jamais foulé l’Allemagne. Il désire faire des études dans une université.
Vous pourrez lui trouver une place où enseigner la littérature arabe contre
un salaire qui lui permettra de poursuivre ses études. »
Al-Hilâlî est un homme qu’on ne présente plus. Il a occupé une place
sublime auprès des ulémas de l’Inde et d’autres pays. Abou al-Hassan dit
de lui dans son livre Massîrat al-Hayât :
« L’arrivée d’al-Hilâlî en Inde est le plus important événement jamais
fabriqué par notre histoire noble. Il fait partie des professeurs de langue
dont leur opinion est citée comme argument. Il fut l’arbitre entre Rachîd
Ridâ et le prince Chakîb Arsalân sur les problèmes de la langue arabe et
ses expressions, comme il est mentionné dans le livre de Chakîb Arsalân
(As-Sayyid Rachîd Ridâ wa Ikhâ’ Arba`în `âman).»
La réponse favorable du ministère allemand des affaires étrangères ne
tarda pas à arriver. Al-Hilâlî voyagea en Allemagne et fut nommé
conférencier à l’université de Bonn. Il commença à apprendre l’allemand et
obtint son diplôme un an après. Puis il devint étudiant à l’université et
conférencier en même temps. Durant cette période, il traduisit beaucoup
vers et de l’allemand. Trois ans après, il partit à l’université de Berlin où il
fut étudiant, conférencier et coordonnateur de la radio arabe en 1939. En
1940 il soutint une thèse de doctorat dans laquelle il réfuta les allégations
des orientalistes tels que : Martin Hartmann et Karl Brockelman. La thèse
avait pour thème : (Tarjamato moqaddimati kitâb al-Jamâhir min al-Jawâhir
ma`a ta`lîqât `alayhâ.) Le jury composé de dix membres lui décerna le
doctorat à l’unanimité.
Mohammad
1315
Sâlim al-BÎhânÎ
Journaliste correspondant:
Pendant la deuxième guerre mondiale, le révérend al-Hâj Mohammad
Amîn al-Hossaynî l’envoya en mission au Maroc. L’ambassadeur marocain
`Abd al-Khâliq at-Tarîssî lui délivra un passeport en tant qu’habitant de
Tatwân protectorat espagnol. Il y passa cinq ans.
Le professeur Mohammad al-Majdhoub narre dans son livre de valeur
(`Olamâ’ wa mofakkiroun `araftohom) que Dr al-Hilâlî lui narra que durant
son séjour à Tatwân, il reçut une missive de l’imam martyr Hassan alBanna guide suprême des frères musulmans, dans laquelle il disait :
« Nous avons des rédacteurs et des correspondants partout dans le monde
islamique hormis le Maroc. J’aimerais que tu me cherches un
correspondant et nous informes de la paie qu’il aimerait recevoir à chaque
article envoyé au journal des frères musulmans. Si tu peux le faire ce serait
mieux pour nous… »
Dr al-Hilâlî dit : « J’acceptai l’offre et commençai à correspondre avec le
journal des frères musulmans secrètement via la poste anglaise à Tatwân.
Mais les espagnols avaient convenu avec un fonctionnaire marocain
travaillant à la poste de leur copier tout article ou toute lettre qui les
incriminait contre une forte récompense pour chaque lettre ou chaque
article. Ce fonctionnaire leur fit découvrir tous les articles que j’avais
envoyés au journal des frères musulmans. Ils m’arrêtèrent et me jetèrent
en prison sans aucune inculpation. J’y passai trois jours. Les habitants de
la ville revendiquèrent ma libération, la station de radio London annonça
cet incident en dialecte marocain ainsi que la revendication qui s’en était
suivie. Ils furent obligés de me libérer. »
1316 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
En 1947, cheikh al-Hilâlî partit en Iraq où il travailla comme enseignant
d’université à la faculté al-Malika `Âliya à Bagdad ; il passa de la grade de
professeur assistant à celle de professeur. Il y resta jusqu’en 1958 quand
le coup d’état militaire se déroula en Iraq. Il le quitta en 1959 et retourna au
Maroc où il officia comme professeur à la faculté des lettres à l’université
Mohammad V. En 1968, il reçut une invitation du cheikh `Abd al-`Azîz ibn
Bâz président de l’université islamique de Médine pour officier comme
professeur délégué du Maroc à l’université islamique de Médine. Il y
travailla jusqu’en 1394H = 1974, puis quitta l’université et se consacra à la
Da`wa au Maroc.
Comment je l’ai connu:
J’ai commencé à entendre parler de notre grand professeur Mohammad
Taqî ad-Dîn al-Hilâlî de mon oncle Mohammad as-Solaymân al-`Aqîl qui
était un de ses meilleurs amis. Puis, je lis un poème inédit qu’il envoya au
magazine Al-Ikhwân al-Moslimoun en 1946, et dans lequel il stigmatisait la
colonisation française. Je ne me rappelle plus que du début:
Je haïrai la France tant que je vivrai, même en mourant
Mon testament à mes amis sera qu’ils la haïssent après moi.
Mon amour pour lui grandit, je désirai alors correspondre avec lui à
Tatwân via l’adresse du magazine (Lissân ad-Dîn) qu’il publiait avec le
concours du cheikh `Abd Allah Kanoun le grand savant du Maroc. Ses
numéros parvenaient chez l’oncle Mohammad al-`Aqîl. Le magazine fut
baptisé ainsi dans l’otique de tirer bon augure du nom de Lissân ad-Dîn ibn
al-Khatîb al-Andalossî. Depuis ce moment, ma relation avec cheikh al-Hilâlî
se raffermit. Quand il arriva en Iraq et s’y établit en 1947, il fut chargé par
cheikh as-Sawwâf de dispenser les cours de hadith et d’exégèse à la
Mohammad
1317
Sâlim al-BÎhânÎ
mosquée Mollah Khattâb chaque lundi et jeudi entre la prière de Maghrib et
celle de `Ichâ’. Les jeunes frères musulmans assistaient à ses cours et il
eut une grande réputation en Irak. Quand il arriva à az-Zobayr, je me hâtai
de faire sa connaissance. Je le visitai plus d’une fois à son domicile à
Bagdad et tirai profit de sa science. Il me parla de sa relation avec les
frères musulmans et ne tarit par d’éloge à leur sujet. Il me parla également
de l’imam martyr Hassan al-Banna qu’il appréciait beaucoup ainsi que sa
méthode de Da`wa. Al-Banna fondait aussi beaucoup d’espoir sur lui. En
1944, il m’envoya une lettre de Bagdad dans laquelle il me recommandait
le cheikh Mas`oud `Âlim an-Nadawî et son compagnon `Âsim al-Haddâd,
dépêchés par Monsieur Abou al-A`lâ al-Mawdoudî leader de la Jamâ`a alIslâmiyya au Pakistan, pour une visite en Irak.
Nous fûmes heureux de leur présence à Bassora et à az-Zobayr. Avec
mes frères `Abd Allah ar-Râbih, `Abd al-`Azîz ar-Rabî`a, `Omar ad-Dâyil,
`Abd al-Hâdî al-Bâhissîn, `Abd as-Samad ar-Rodaynî et `Abd al-Wâhid
Amân, nous déployâmes beaucoup d’effort pour les aider dans leur tâche.
C’est grâce à eux que nous découvrînmes les ouvrages d’al-Mawdoudî et
eûmes beaucoup d’informations sur la Jamâ`a al-Islâmiyya en Inde et au
Pakistan.
Mon oncle Mohammad as-Solaymân al-`Aqîl dit de son ami al-Hilâlî :
« Ma relation avec al-Hilâlî remonte à son arrivée à az-Zobayr. Beaucoup
de rencontres nous réunissaient ensemble. Cheikh Nâsir al-Ahmad, cheikh
`Adhbî as-Sabâh, cheikh Jâssim al-`Aqrab prenaient part à certaines. AlHilâlî était un grand savant calé et un maître de la poésie. »
Al-Hilâlî dit à propos de son ami Mohammad al-`Aqîl : « Abou Qâssim
était novice dans le commerce. Il me promit qu’une fois qu’Allah lui aura fait
des ouvertures et que son commerce gagnera en intensité, qu’il ne
1318 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
m’abandonnerait pas. Nous sommes au début des années trente. Quand je
suis retourné en Iraq en 1947 après un long séjour, je lui ai rappelé sa
promesse et ai sollicité son aide afin de m’offrir une maison à Bagdad. Je
fis ma demande dans un poème que j’avais composé uniquement pour lui.
Quand je le lui envoyai, sa réponse fut expressive et il accomplit sa
promesse. Qu’Allah le récompense. »
Je ne me rappelle plus que du début de ce poème composé par alHilâlî :
Abou Qâssim ! Je demande que tu accomplisses
Ce que tu m’as naguère promis, généreux tu es
J’implore le Miséricordieux de te protéger contre le mal
De Satan qui pourrait te séduire de manquer à ta parole
Ce qui serait blâmable
Certains étudiants qui ont appris auprès de lui à l’école nationale anNajât à az-Zobayr, le présentent comme un savant, un enseignant
compréhensif, un éducateur résolu, prolifique et généreux, très sourcilleux
sur les fautes linguistiques qu’il ne tolérait pas. Ils évoquent également sa
rigueur envers les étudiants qu’il punissait chaque fois qu’ils avaient
manqué à leur devoir. Certains étudiants paresseux le guettaient dans la
rue pour lui lancer les pierres et fuir sans être repérés. Il les fustigea ainsi
que leurs parents dans un article publié dans le journal As-Sijill de Tâhâ alFayyâd et dans le magazine Al-Fath de Mohibb ad-Dîn al-Khatîb, sous le
titre (A`îlân am Ghîlân ?) Cet article fit un tabac et amena les parents à
surveiller leurs enfants, à les éduquer et à les ramener à l’ordre dans les
études et le respect des enseignants. Surtout qu’al-Hilâlî avait qualifié ces
enfants de Ghîlân qui veut dire fils de Satan.
Mohammad
1319
Sâlim al-BÎhânÎ
Ses idées:
Tout jeune, cheikh alHilâlî
était
d’abord
soufi
quand il était au Maroc. Puis,
il
s’engagea
dans
le
salafisme et fut parmi ses
chantres les plus actifs. Mais
Zohayr ach-Châwîch, Taqî ad-Dîn al-Hilâlî,
il était ouvert et non rigoriste. Il
Mohssin Salîm
était un mojtahid et non un
imitateur. Ses multiples voyages
effectués dans plusieurs pays arabes, en Inde, en Suisse et en Allemagne,
ainsi que sa rencontre avec les ulémas du monde arabo islamique,
l’avaient doté de qualités d’un savant travailleur, d’un prédicateur
conscient, d’un réformateur sage et d’un moudjahid sincère. Sa méthode
dans
l’enseignement
et
l’éducation
consistait
en
l’ancrage
du
monothéisme, le respect des piliers, le travail avec les fondements,
l’éloignement des sources de divergence dans les branches, l’exploitation
du progrès scientifique qui se trouve en occident. Car la sagesse est la
brebis égarée du croyant ; où qu’il la trouve, il est la personne la plus en
droit de l’acquérir.
Durant son séjour à Médine où il officiait comme professeur à l’université
islamique de Médine, je lui rendais visite chaque fois que j’y étais pour assister
à la réunion du conseil supérieur consultatif de l’université en tant que
membre. Je m’abreuvais à la source abondante de sa science et nous
étudions ensemble la situation des musulmans partout dans le monde et les
voies de les faire renaître, ainsi que la tâche des appeleurs à Allah, la
nécessité d’endurer et de rester ferme devant l’injustice dont ils étaient
1320 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
victimes de la part des tyrans. Car, la tâche était ardue et le chemin long. Le
paradis est cerné de choses répréhensibles et le feu de délices.
J’avais également eu l’honneur de le recevoir chez moi pendant la visite
qu’il effectua au Koweït vers la fin des années soixante-dix du vingtième
siècle. Il aborda ses souvenirs à az-Zobayr, en Inde, en Allemagne et au
Maroc.
Le poète:
Dr al-Hilâlî a composé beaucoup de poèmes sur plusieurs occasions. Ils
ont besoin d’être rassemblés et classés en fonction du temps, du lieu et de
l’occasion où il fut dit. Je souhaite que son fils le frère Chakîb al-Hilâlî ainsi
que ses élèves et ses amis du Maroc tels que le frère Dr `Abd as-Salâm alHarâs et ses frères, prennent cela sur eux.
Quelques morceaux choisis du poème qui salue le leader marocain
`Abd al-Khâliq at-Torayssî, écrit en 1356 H:
La liberté éclatante a luit et a paru
Et a changé les ténèbres de la nuit en matin
Elle a réveillé les espoirs morts
Quand elle nous a exhortés vers les hauteurs et a crié
L’arme de la vérité ne craint pas l’ébrèchement
Celui qui l’utilise pour son assaut triomphe
Il combat le tyran et abat l’ignorance
La lumière de la science fait de lui une arme
Ton peuple mort devient vivant
Leurs cœurs s’ouvrent à toi
Tu élèves le pays à la grandeur
En lui ouvrant grandement la voie
Tu changes son injustice en fierté et en orgueil
Mohammad
1321
Sâlim al-BÎhânÎ
Et le remplis de réjouissance et de soulagement.
Il dit dans un poème qui exalte le leader irakien Rachîd `Âlî al-Kîlânî, poème
diffusé dans les ondes de la radio Berlin en 1941:
Ô toi qui va à une bataille étant préparé
A une autre sans relâche
Ton assaut sublime te fait comprendre
Qu’on est à l’aube du djihad et de l’évidence
Tu jouis d’un amour sincère dans les cœurs des arabes
Ton rang est si grand qu’on ne peut le décrire
Tu as une hauteur et une majesté sur toute la terre
A des contrées éloignées ou rapprochées
La vertu chez toi est une qualité héritée
De ton grand-père al-Mokhtâr de la tribu `Adnân
Morceaux choisis d’un poème écrit pour fustiger le comportement de certains
fonctionnaires paresseux, leur attitude hautaine et leur laxisme:
Un pays où le fonctionnaire se croit
Etre assis sur les nuages dans les cieux
Une situation qui fait rire l’ennemi et fait
Pleurer à chaudes larmes les amis
Espère-t-on recouvrer la gloire
Perdue depuis des décennies par un tel comportement ?
Nous nous plaignons auprès d’Allah d’une époque
Corrompue qui nous a fait voir des choses étranges
Quand le professeur al-Majdhoub interrogea cheikh al-Hilâlî sur la
science qu’il aimait le plus, il répondit : « Les sciences du hadith et les
sciences du Coran car, j’aime suivre le Coran et la Sunna et je déteste les
contrarier. Puis, viennent la grammaire, la littérature et la linguistique. »
Ses ouvrages:
1322 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Cheikh al-Hilâlî a composé beaucoup d’ouvrages, certains sont petits,
d’autres consistants. Les plus en vue sont:
Az-Zand al-Wârî wa al-Badr as-Sârî fî charh sahîh al-Bokhârî (un seul
volume), Al-Ilhâm wa al-In`âm fî sourat al-An`âm, Al-Isfâr `an al-Haqq fî
mass-alat as-Sofour wa al-Hijâb, Al-Qâdî al-`Adl fî hokm al-Binâ’ `alâ alQobour, Al-Anwâr al-Mottaba`a fî tahqîq sonna al-Joma`a, Qabassa min
anwâr al-Wahy, As-Sobh as-Sâfir fî hokm salât al-Mossâfir, Al-`Ilm alMa’thour wa al-`Ilm al-Mach-hour wa al-Liwâ’ al-Manchour fî bid` alQobour, Âl al-Bayt mâ lahom wa mâ `alayhim, Ahkâm al-Khol` fî al-Islâm,
Hâchiya `Alâ kitâb at-Tawhîd li chaykh al-Islâm Mohammad ibn `Abd alWahhâb, Mokhtasar hady al-Khalîl fî al-`Aqâid wa `ibâdat al-Jalîl, Hâchiyat
`alâ kachf chobohât li Mohammad ibn `Abd al-Wahhâb, Ahl al-Hadîth, AlHossâm al-Mâhiq likolli mochrik wa monâfiq, Dalîl al-Hâj ilâ manâssik alHajj, Al-`Oqoud ad-Dorriyya fî man` tahdîd adh-Dhorriya, Dawâ’ achChâkîn wa qâmi` al-Mochakkikîn fî ar-Radd `alâ al-Molhidîn, Al-Barâhîn alInjîliyya `alâ anna `Îssâ dâkhil fî al-`Oboudiyya wa barî’ min al-Olouhiyya,
Fikâk al-Assîr al-`Ânî al-Makboul bi al-Kabl at-Tîjânî, Sabb al-Qâdiyâniyyîn
li al-Islâm wa ar-Radd `alayhim, Ar-Raj`iyya wa at-Taqaddom, Taqwîm alLissânayn, Rihla min az-Zobayr ilâ Genève, Rihla ilâ Dir`a bi al-Maghrib,
Man yorâfiqonî ilâ Berlin ?, Al-Hâdiyât, Hawâchî chattâ `alâ injîl Mattâ, AsSadîqât ath-Thalâth (Conte), Târîkh al-Loghat as-Sâmiyya, Rihla ilâ
Almâniya, At-Tabaqât `inda al-`Arab, Tamthîliyât tayf al-Khayâl li
Mohammad ibn Dâniyâl, Al-Jamâhir fî al-Jawâhir (Thèse de doctorat),
Madaniyya al-`Arab fî al-Andalos (traduit de l’anglais), Kitâb al-Boldân li
Mohammad ibn al-Faqîh al-Baghdâdî (co-traduit vers l’allemand), Lissân
ad-Dîn (tome 1) le magazine qu’il publiait à Tatwân, Fadl al-Kabîr alMota`âlî (Recueil de poème de Mohammad Taqî ad-Dîn al-Hilâlî).
Mohammad
1323
Sâlim al-BÎhânÎ
Ses livres, ses recherches et ses articles sont nombreux. Al-Hilâlî signait
régulièrement des articles dans le magazine Al-Fath de Mohibb ad-Dîn alKhatîb, Al-Manâr de Rachîd Ridâ, Al-Ikhwân al-Moslimoun, Ad-Diyâ’, etc.
Il a aussi des conférences, des leçons, des séminaires et des entretiens
que nous ne pouvons mentionner tous ici, car ses thèmes sont diversifiés
et ils furent donnés dans différents pays à différentes époques.
Les frères `Omar ad-Dâyil et `Abd al-`Azîz an-Nâsir m’ont narré une
position que prit cheikh al-Hilâlî d’après ce qu’il leur narra quand ils lui
rendirent visite à Médine : « J’étais l’imam de la moquée construite par alHâj Mostafa al-Ibrâhîm dans la région d’ad-Doura à Bassora. Une fois, alHâj Mostafa tarda d’être là à l’heure de la prière, on annonça la prière et je
dirigeai les gens sans l’attendre. Après la prière, il me reprocha et me
demanda pourquoi on avait annoncé la prière avant son arrivée. Je lui
répondis que le temps imparti à la prière de Maghrib est court et qu’il n’est
pas juste de retarder son accomplissement. Il me dit : Ne sais-tu pas,
cheikh Taqî ad-Dîn que la moitié de la région d’ad-Doura m’appartient ? Et
l’autre moitié m’appartient, car je suis l’imam de la mosquée ! Lui répondisje. La situation s’envenima, je quittai la région sans plus y mettre pied.
Il est à noter que Mostafa al-Ibrâhîm alors en visite en Inde visita une
bibliothèque. En feuilletant le recueil d’al-Motanabbî, il rencontra des
difficultés. Il s’enquit du sens auprès du bibliothécaire, celui-ci l’envoya
consulter al-Hilâlî qui se trouvait dans la bibliothèque en lui disant : Ne
peux mieux t’édifier que le parfait connaisseur c’est-à-dire al-Hilâlî. C’est là
que les deux hommes firent connaissance, Mostafa al-Ibrâhîm l’invita à adDoura comme imam et enseignant. Al-Hilâlî accepta l’offre et voyagea.
1324 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
L’imam martyr Hassan al-Banna dit dans l’épître Bayna al-Ams wa alYawm : « J’aimerais vous dire franchement que votre Da`wa est encore
ignoré de beaucoup de gens. Le jour où ils la connaîtront et saisiront ses
visées et ses objectifs, cette Da`wa essuiera une querelle virulente et une
animosité cruelle de leur part. Vous ferez face à beaucoup de problèmes et
beaucoup d’obstacles se dresseront devant vous. L’ignorance du peuple
de la réalité de l’Islam sera un obstacle sur votre chemin. Vous trouverez
parmi les religieux et les ulémas officiels ceux qui s’indigneront de votre
compréhension de l’Islam et dénieront votre djihad dans sa voie. Les
présidents, les leaders et les autorités vous haïront. Tous les
gouvernements sans exception se dresseront contre vous et chercheront à
annihiler votre dynamisme et à mettre les bâtons dans vos roues.
Les usurpateurs useront de tous les moyens pour vous combattre et
éteindre le feu de votre Da`wa, avec l’aide des gouvernements faibles à la
morale faible qui solliciteront leur aide et vous agresseront. Tous vont
susciter des suspicions autour de votre Da`wa et l’accuseront injustement.
Ils chercheront à la dénigrer et à ternir son image aux yeux des gens, en
s’appuyant sur la subsistance et leur pouvoir, en comptant sur leurs biens
et leur influence. »
Notre professeur al-Hilâlî est une éminente personnalité de l’Islam, un
grand moudjahid qui a laissé des traces partout où il est passé ou a
séjourné. Il a des milliers d’étudiants et d’amis partout dans le monde
islamique. Il avait épousé une musulmane allemande en Allemagne qui lui
donna un fils, au Maroc il avait également épousé une marocaine qui lui
donna des enfants, à Médine il s’était également marié d’une femme qui lui
donna une fille, sans oublier sa première femme `Âicha la mère de Chakîb
Mohammad
1325
Sâlim al-BÎhânÎ
et fille de l’érudit cheikh ach-Chinqîtî. Elle l’avait épousée à az-Zobayr, et
celle-ci lui donna un fils Chakîb et une fille Khawla.
Il décéda chez lui à Casablanca au Maroc le lundi 25 Chawwâl 1407H =
22juin 1987. Une grande foule composée d’ulémas, de penseurs,
d’intellectuels et d’hommes politiques participa à ses obsèques.
Nous implorons Allah d’étendre Sa miséricorde sur lui et de l’agréer.
Qu’il nous fasse entrer au paradis aux côtés des prophètes, des véridiques,
des martyrs et des vertueux. Quels meilleurs compagnons que ceux-là !
L’éminent écrivain musulman
Mohibb ad-DÎn alKhatÎb
(1304-1389H=1886-1969)
Comment je l’ai connu:
J’ai connu le grand écrivain musulman Mohibb ad-Dîn
al-Khatîb à travers ma lecture du magazine al-Fath qu’il
publiait en Égypte. Ce magazine parvenait à
mon oncle Mohammad Solaymân al-`Aqîl qui s’était
Il était une
nation en
un seul
homme
lié d’amitié avec lui depuis qu’il l’avait rencontré à Bassora avec le
professeur Tâhâ al-Fayyâd al-`Ânî. Lorsque je suis allé poursuivre mes
études à l’université Al-Azhar en 1949, je me suis mis à suivre tout ce que
Mohibb ad-Dîn al-Khatîb écrivait dans les magazines al-Fath, az-Zahrâ’,
ach-Chihâb et al-Ikhwân al-Moslimoun. Je suivais également ses positions
dans le soutien qu’il apportait aux moudjahiddines arabes et musulmans,
son défi de la colonisation et ses collabos et son exhortation des
musulmans à se cramponner à la méthode prônée par les ancêtres pieux
parmi les imams des premiers siècles, surtout du siècle coranique hors de
pair qui est le siècle des compagnons qu’Allah soit Satisfait d’eux, des
suivants et de ceux qui leur ont succédé dans la bienfaisance jusqu'au Jour
Dernier. Je fus honoré de le rencontrer plusieurs fois, que ce soit à la
1328 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
bibliothèque as-Salafiyya ou à la direction du magazine Al-Azhar achCharîf dont il était le directeur de publication du temps où l’imam
Mohammad al-Khidr Hossayn at-Tounissî était recteur d’Al-Azhar. Je l’ai
également rencontré pendant ses rencontres avec les jeunes frères
musulmans qui étaient désireux de tirer profit de ses directives.
Naissance et enfance:
Mohibb ad-Dîn al-Khatîb naquit à Damas en 1886. Son père fut un
savant religieux qui enseignait dans une mosquée de la place. Il était
également secrétaire à Dâr al-Kotob adh-Dhâhiriyya. Il grandit dans un
environnement conservateur où il apprit la lecture et l’écriture et mémorisa
la Livre d’Allah. Il rejoignit l’école primaire et ensuite le secondaire où il fit
des études en langue turque. Puis, il rejoignit la faculté de droit et des
lettres. Son grand cheikh l’érudit Tâhir al-Jazâirî l’aida à acquérir sa
science en lui confiant la transcription de plusieurs manuscrits. Ce cheikh
Tâhir al-Jazâirî animait un cercle scientifique à Dâr al-Kotob à Damas qui
attirait des vieux et des jeunes parmi lesquels Mohibb ad-Dîn al-Khatîb qui
aimait lire les journaux et les magazines publiés en Égypte et en Turquie. Il
fut influencé par le livre Tabâi` al-Istibdâd de `Abd ar-Rahmân al-Kawâkibî
et du livre Al-Islâm wa an-Nasrâniyya du cheikh Mohammad `Abdouh.
Son voyage au Yémen:
Il voyagea au Yémen pour officier comme traducteur au consulat turc
dans la ville d’al-Hadîda. Pendant son séjour là bas, il œuvra à la
construction de la seule école de la ville. Il se chargeait de l’enseignement
de plusieurs matières dans cette école à côté de son travail de traducteur.
Mais, il ne passa pas assez de temps au Yémen puisqu’il retourna à
Damas avant d’aller en Égypte où il travailla au journal al-Moayyad. Il
1329
Mohibb ad-DÎn al-KhatÎb
devint célèbre, ses articles et ses traductions se propagèrent, surtout ceux
qui avaient trait aux évangélistes protestants et leurs plans maléfiques pour
christianiser les musulmans. Ces plans étaient publiés dans les milieux de
l’église par l’écrivain français monsieur Lechâtelet. Mohibb ad-Dîn al-Khatîb
les mit à nue et les démasqua. Il mit les musulmans en garde contre leur
danger et les rassembla dans un livre qu’il publia sous le titre Al-Ghâra `alâ
al-`Âlam al-Islâmî.
Il travailla également comme traducteur et rédacteur au journal égyptien
Al-Ahrâm pendant une courte période parce qu’il n’apprécia pas la ligne
éditoriale de ses dirigeants qui amadouaient la colonisation et ses
auxiliaires et n’accordaient pas d’intérêt aux problèmes des musulmans et
les conspirations et les ruses qui les entouraient.
Lorsqu’il publia le magazine al-Fath, il fit de lui le minbar de la défense
de l’Islam et des musulmans et du traitement des problèmes de l’arabité et
de l’Islam, de protection de la religion et de la langue arabe, ainsi que la
diffusion de la culture islamique. Il attira plusieurs écrivains musulmans de
partout dans le monde islamique.
Sa participation à la création de l’association
des jeunes musulmans:
Il ne s’arrêta pas là. Bien plus, il œuvra avec un groupe de penseurs,
d’ulémas, de prédicateurs et de réformateurs enthousiastes envers leur
religion, à créer l’association des jeunes musulmans au Caire. Mohammad
al-Khidr Hossayn participa à cette création, ainsi que Ahmad Taymour,
`Abd al-`Azîz Jâwîch, Mohammad Ahmad al-Ghamrâwî, `Abd al-Wahhâb
an-Najjâr, Hassan al-Banna, Sâlih Harb, et bien d’autres. Sa présidence fut
confiée au Dr `Abd al-Hamîd Sa`îd. Dès sa fondation, cette association fut
le phare de la réforme qui eut pour mission l’orientation et la guidance.
1330 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le magazine al-Fath publiait la majorité de ce qui se disait dans les
forums de l’association des jeunes musulmans comme des conférences,
des cours, des colloques et des cérémonies. Il élargit ses thèmes en
procédant à l’analyse des difficultés du monde islamique ployant sous la
domination de la colonisation.
Mohibb ad-Dîn al-Khatîb publia également le journal az-Zahrâ’ qui
traitait de la recherche scientifique et de la critique objective des idées
étrangères et des propos mensongers que les disciples de l’occident, les
oisillons de la colonisation, les pseudos intellectuels et littéraires, les
symboles de l’occidentalisation suivant le cortège des occidentalistes et
des colonisateurs croisés, répétaient tels des perroquets.
Ils ont dit:
Le Dr Mohammad Rajab al-Bayoumî dit dans son livre de valeur AnNahda al-Islâmiyya fî siyar a`lâmihâ al-Mo`âsirîn :
« Mohibb ad-Dîn al-Khatîb était une nation en un seul homme. Car,
plusieurs mouvements de libération islamique dans la nation islamique le
connurent comme le bras séculier, celui qui était déterminé dans ses
suggestions. Mais sa nature soldatesque fit qu’il n’aspira pas à un poste
officiel de guide. Mais dans la pratique, il était en réalité le leader. Quand
on cite des noms tels que Chokrî al-Qowetlî, Sâlih Harb, Lotfî al-Haffâr,
Rafîq al-`Adhm, Mohammad Kord `Alî, Hassan al-Banna, `Abd ar-Rahmân
`Azzâm, `Azîz al-Misrî et bien d’autres, on constate qu’ils ont eu des liens
étroits avec Mohibb ad-Dîn al-Khatîb dans plusieurs positions décisives
pendant un demi siècle. C’est que dans le monde de la lutte islamique,
Mohibb ad-Dîn al-Khatîb fit Damas, Beyrouth, la Turquie, le Caire, le
Yémen et la Mecque. Il fit tout ce périple en tant qu’un combattant qui se
plaçait toujours à la tête des rangs. »
1331
Mohibb ad-DÎn al-KhatÎb
Son dynamisme:
En vérité, le professeur Mohibb ad-Dîn al-Khatîb coopérait avec tous les
travailleurs pour l’Islam parmi les prédicateurs réformateurs et les leaders
sincères tels : Mohammad Rachîd Ridâ, Chakîb Arssalân, Hassan alBanna, Taqî ad-Dîn al-Hilâlî et bien d’autres. Dans son dynamisme et son
mouvement, ses assauts et ses tournées, il était comme une ruche
d’abeilles.
Avec le concours de Hassan al-Banna et Tantâwî Jawharî, il publia le
magazine hebdomadaire Al-Ikhwân al-Moslimoun en 1933.
J’étais désireux de lire les tomes du magazine al-Fath ainsi que les
magazines az-Zahrâ’ et al-Manâr, surtout les cinq derniers numéros
publiés par Hassan al-Banna après la mort de son fondateur Mohammad
Rachîd Ridâ.
Par ailleurs, je lisais les articles que Mohibb ad-Dîn al-Khatîb signait
dans le magazine mensuel ach-Chihâb que publiait l’imam Hassan alBanna, de même que ses articles hebdomadaires dans le quotidien AlIkhwân al-Moslimoun depuis sa parution en 1946 jusqu’à son arrêt le
8/12/1948. En effet, les ambassadeurs américain, britannique et français,
s’étaient réunis au camp britannique Fayed au Caire, pour sommer le roi
Fârouq et an-Noqrâchî sur la nécessité de dissoudre la Confrérie des
Frères Musulmans le plus vite possible, parce qu’ils représentaient un
obstacle insurmontable devant l’influence occidentale et le projet sioniste
de créer un état israélien en Palestine et entravaient la soumission de la
région arabe à l’occident croisé. Ils ne se contentèrent pas de dissoudre la
confrérie des frères et de confisquer leurs biens et leurs fondations, bien
plus, ils incarcérèrent tous ses prédicateurs en Égypte et ses
moudjahiddines en Palestine. Puis, ils incitèrent les gouvernants tyrans
1332 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
égyptiens à assassiner le guide suprême des frères l’imam Hassan alBanna en tant que tête pensante de la résistance face à la colonisation et
au sionisme.
Sa prise en charge du magazine Al-Azhar:
Le professeur Mohibb ad-Dîn al-Khatîb ne cessa pas d’écrire et de
publier. Bien plus, à travers la bibliothèque as-Salafiyya et l’imprimerie du
même nom, il continua à publier des livres et des revues, et à actualiser
des livres du patrimoine islamique. Nous fûmes heureux lorsqu’il devint
directeur de publication du magazine Al-Azhar, proposé par le recteur d’AlAzhar l’érudit, l’imam Mohammad al-Khidr Hossayn. Ses éditoriaux étaient
pour nous étudiants d’Al-Azhar, un viatique qui aiguisait notre zèle,
consolidait notre détermination et suscitait notre ferveur islamique en vue
de défendre l’Islam et ses choses sacrées et défier ses ennemis de
l’intérieur et de l’extérieur qui causaient du tort à l’Islam, à son Prophète et
à ses compagnons.
Mohibb ad-Dîn al-Khatîb contribua avec sa science surabondante et sa
plume coulante, à démasquer les fourberies des bâtinites, l’outrance des
râfidites, les ruses des sionistes, les poisons de la colonisation, la haine
des mazdéens. Je n’oublierai jamais ses directives à notre endroit, nous
étudiants, et ses mises en garde contre les conspirations des ennemis de
l’Islam. Il nous répétait toujours que, depuis le temps ancien jusqu’à
aujourd’hui, tous les types de destruction, de dévastation, de corruption, de
subversion, de mensonge et de falsification qui ont atteint les musulmans,
que ce soit au niveau de l’assassinat des califes bien guidés, ou des
insertions israélites dans l’exégèse et le hadith, ou l’atteinte portée à la
réputation des compagnons et des suivants, ou les manigances dans la
biographie et l’histoire ont toujours été l’œuvre des juifs et des mazdéens.
1333
Mohibb ad-DÎn al-KhatÎb
Ce sont eux qui créèrent les mouvements destructeurs, les associations
secrètes et les sectes ésotériques. C’est ce qu’ils continuent à faire jusqu’à
nos jours.
Ils se cachent derrière des noms clinquants, sous plusieurs bannières et
différentes appellations. Tout cela a un objectif unique à savoir : saper
l’Islam, corrompre ses fils, combattre ses prédicateurs, spolier ses biens,
briser ses sociétés, détruire sa famille et ses individus. Ils possèdent les
médias et l’argent, les gangs de l’usure, de la débauche et de la drogue,
les maisons d’art et de divertissement, de jeux du hasard et de boissons
enivrantes, et bien d’autres moyens de corruption, de destruction, de
perdition et d’égarement qui détruisent les jeunes et les piliers de la
société, fondent l’identité des individus et rattachent la nation à la queue de
l’occident colonisateur. Ils s’appuient sur leurs disciples qui ont pris le
meilleur et le pire, le sucré et l’amer, le méritoire et le vicieux de la
civilisation occidentale. Ils sont alors comme des perroquets qui répètent
ce qu’on leur dicte sans conscience ni jugeote.
Ses livres et ses œuvres:
Le professeur Mohibb ad-Dîn al-Khatîb contribua à l’enrichissement de
la bibliothèque islamique par des livres, des vérifications et des
commentaires de haute facture, tels que ses vérifications et ses
commentaires sur le livre Al-`Awâsim min al-Qawâsim d’Abou Bakr ibn al`Arabî, Mokhtasar at-Tohfa al-Ithnay `Achariyya de Waliyy Allah adDahlawî, Al-Montaqâ d’al-Hâfidh adh-Dhahabî, Al-Khotout al-`Arîda, ArRa`îl al-Awwal, Taqwîmonâ ach-Chamssî, Qasr az-Zahrâ’ bi al-Andalous,
Al-Moyassir wa al-Qaddâh d’Ibn Qotayba, Al-Kharâj d’Abou Youssef,
Târîkh ad-Dawla an-Nâsiriyya de Lissân ad-Dîn ibn al-Khatîb, Dhikrâ
mawqi`at Hittîn, Al-Azhar mâdîh wa hâdiroh wa al-Hâja ilâ islâhih, Ittijâhât
1334 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
al-Mawjât al-Bachariyya fî jazîra al-`Arab. Sans compter ses traductions du
livre Modhakkirât Ghalyoum ath-Thânî, Qamîs min nâr de l’écrivain turque
Khâlida Adîb, Ad-Dawla wa al-Jamâ`a du penseur turc Ahmad Cho`ayb, AlGhâra `alâ al-`Âlam al-Islâmî de l’écrivain français Le châtelet.
Tous ses autres livres écrits, actualisés ou traduits démontrent l’étendue
de sa compréhension profonde, de sa connaissance subtile et de sa vision
perçante.
Ses citations:
Le professeur al-Khatîb dit dans son éditorial du magazine Al-Azhar du
mois de Djomâdâ al-Oulâ de (1374H-1954) :
« La science est universelle. Elle n’est pas l’apanage d’une seule nation.
Elle ne peut pas être monopolisée par un seul continent, de sorte que pour
l’acquérir, il faille que les autres continents soient à sa charge. Elle est
répandue comme l’air que nous respirons, comme les mers qui entourent
la terre ferme. Car, c’est un ensemble de vérités auxquelles la raison
humaine
est
parvenue
dans
les
étapes
de
sa
réflexion,
ses
expérimentations et ses remarques consécutives avec l’écoulement du
temps. La table de multiplication fait partie des connaissances humaines
enracinées dans le passé. Elle demeurera un des besoins primaires des
étudiants apprenant le calcul dans toute nation. N’eût été l’arithmétique qui
a existé avant les musulmans, ceux-ci n’auraient jamais offert à l’humanité
les premières vérités concernant les règles de l’Algèbre et la comparaison.
C’est grâce à l’Algèbre et à la comparaison découvertes par nos savants
depuis des centaines d’années que les mathématiques ont connu des
progrès ces derniers temps au point où la géométrie les ont fait atteindre
leur finalité. Il n’y a donc rien de déplaisant qu’une nation recherche la
science où qu’elle la trouve.
1335
Mohibb ad-DÎn al-KhatÎb
La même chose vaut pour la médecine et la physique, car la science est
une pour toute nation. Elle est le moyen de force en temps de guerre et de
paix, donc il fait l’acquérir.»
Il disait également:
« Nous devons prendre ce dont nous avons besoin comme motifs de
puissance et de force partout. Nous devons sauvegarder dans notre entité
nationale et religieuse ce qui ne peut pas être considéré comme facteurs
d’avilissement et causes de faiblesse. Tous ce que nous devons emprunter
des autres nations doit être limité et ne doit pas dépasser son utilité certaine,
car à fortiori, cela peut nous préserver de nous fondre dans l’autre et de sortir
de nous-mêmes. La rénovation que nous voulons est celle qui nous aide à
organiser notre vie et à se passer des produits manufacturés des autres
nations pour consommer ce que nous produisons nous-mêmes. »
Sa mort:
Il décéda en 1389H=1969 et fut enterré en Égypte.
Qu’Allah fasse miséricorde à notre professeur l’érudit Mohibb ad-Dîn alKhatîb. Qu’Il lui accorde au nom de l’Islam et des musulmans la meilleure
récompense qu’Il accorde à Ses serviteurs vertueux et fasse que sa
progéniture Qosayy Mohibb ad-Dîn al-Khatîb et ses frères servent l’Islam et
les musulmans.
Le leader moudjahid
MohyÎ ad-DÎn alQolaybÎ
(1318-1374H= 1901-1954)
Naissance et enfance:
Il est né en 1901 dans le village d’Iqlîbiyya en
Il mettait l’accent
sur l’universalité
dans le journalisme. Il devint rédacteur en chef du
de l’Islam, l’unité
quotidien Al-Irâda, des hebdomadaires As-Sawâb
des peuples
et Lissân ach-Cha`b. De même, il devint rédacteur musulmans et la
en chef du journal Az-Zahra le plus ancien journal nécessité de leur
arabe tunisien. Il dirigea les affaires du parti fonte dans un
constitutionnel tunisien après le voyage de son même
président `Abd al-`Azîz ath-Tha`âlabî en orient. réceptacle,
élevant
Ath-Tha`âlabî lui dit : Je te confie le parti comme un dépôt.
Tunisie. Il fit ses études à l’université Zeitouna et fit
Il fut emprisonné par les français en 1934 et fut expulsé vers le désert
avant d’être libéré deux ans après. Il effectua le pèlerinage à la Mecque en
1947 et partit en Égypte où il poursuivit son travail pour la cause de son
pays. Là, il rencontra l’imam martyr Hassan al-Banna, guide suprême des
frères musulmans, qui l’aida à faire connaître les problèmes du Maghreb
arabe à travers les journaux et les magazines des frères musulmans.
1338 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Ses qualités :
Il était un homme hors de pair, un vrai leader et un moudjahid sincère qui
préférait l’acte à la parole. Il fit le tour des pays islamiques à l’est et à l’ouest
pour faire connaître la cause de son pays la Tunisie musulmane colonisée par
les français qui firent voir de toutes les couleurs de la torture à son peuple, y
propagèrent la perversion et la corruption, y installèrent la destruction et le
ravage et œuvrèrent à la dépouiller de sa religion, de sa langue, de sa morale,
de ses us et coutumes, pour la transformer en territoire français, avec ses
germes de corruption, ses bassesses et ses ignominies.
Ce grand leader tunisien se distingua par son engagement pour l’Islam
dans sa parole et son acte, sa morale et sa conduite. Il fut le modèle sincère
du musulman fier de sa religion, élevé avec sa foi, supérieur aux prés où
paissaient les chauves-souris des ténèbres, les pseudos hommes usurpateurs
du leadership creux et de fausses gloires. Ces marionnettes sur qui les
colonisateurs braquaient les feux des projecteurs pour faire d’eux des héros
pour berner les peuples alors qu’ils étaient en réalité des esclaves asservis par
ces colonisateurs pour faciliter leur ancrage dans les pays musulmans.
Comment je l’ai connu:
En 1947, je vis sa photo publiée dans la page de connaissance
islamique du magazine mensuel ach-Chihâb que publiait l’imam martyr
Hassan al-Banna. Lorsque je lis la présentation que l’imam al-Banna fit du
leader al-Qolyabî, mon cœur s’attacha à lui et je magnifiai son djihad et ses
efforts dans la voie de l’Islam et des musulmans et surtout dans le
Maghreb arabe. Lorsque j’eus le bonheur de le rencontrer, je le trouvai plus
grand que j’imaginais. Il était une personnalité hors pair, un prédicateur
1339
MohyÎ ad-DÎn al-QolaybÎ
moudjahid, résistant, résolu. Il travaillait nuit et jour et voyageait beaucoup
dans la voie d’Allah et pour voler au secours des faibles sur terre.
Ses tournées et ses voyages:
À la fin des années quarante et au début des années cinquante, le
moudjahid musulman Mohyî ad-Dîn al-Qolaybî entreprit des tournées en
Égypte, en Syrie, en Irak, en Jordanie et dans d’autres pays arabes et
islamiques. Lors de ces tournées, il rencontra les personnalités de l’Islam et
d’éminentes personnalités du mouvement islamique telles que l’imam martyr
Hassan al-Banna en Égypte, le cheikh as-Sawwâf en Irak, le Dr as-Sibâ`î en
Syrie et plusieurs autres leaders de la pensée et hommes de la Da`wa et les
leaders du Machreq et du Maghreb arabes. Ils étudièrent la situation dans
les pays du Maghreb arabe en particulier et du monde arabo islamique en
général. Le conflit faisait rage entre les appeleurs à l’arabité et l’Islam d’un
côté et les appeleurs à l’occidentalisation et à la francisation d’un autre. La
colonisation française soutenait le camp hostile à l’arabité et l’Islam avec
tous les moyens de soutien et d’assistance, de support et d’aide.
Mohyî ad-Dîn al-Qolaybî et le cheikh al-Ibrâhîmî al-Jazâirî
1340 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Les rencontres d’al-Qolaybî et les leaders et guides musulmans
donnèrent un résultat satisfaisant et eurent un effet important. Car, on
organisa des conférences et des séminaires, des manifestations bruyantes
se déroulèrent, des voix s’élevèrent pour condamner la France et lui
demander de quitter la Tunisie ainsi que tous les autres pays du Maghreb
arabe. De même, le magazine hebdomadaire al-Ikhwân al-Moslimoun fit
paraître des numéros spéciaux sur les peuples du Maghreb arabe et leurs
souffrances de la colonisation, de même que leur djihad contre la France. Il
mit à nue ses crimes odieux contre ces peuples musulmans.
Sa simplicité et son ascétisme:
Le professeur al-Qolaybî était très simple d’apparence. Un frère syrien
chargé de l’accompagner lui proposa de porter des vêtements neufs pour
rencontrer le premier ministre qui avait pris rendez-vous avec lui. Très
fâché, al-Qolaybî dit au frère : Nous ne rencontrons pas les gens avec nos
vêtements mais avec nos cœurs, les hommes sont connus par leurs
expériences et non leurs apparences. Le frère se tut et reprit ce vers d’un
poète :
Lorsque les âmes vieillissent
Les corps peinent à les satisfaire
Le premier ministre syrien accueillit le professeur al-Qolaybî avec
beaucoup de respect, d’estime, de magnificence et de considération, vu
son prestige et sa morale éminente. Il prêta une oreille attentive à ce que
disait ce leader moudjahid à propos de la situation du peuple tunisien
humilié et de sa souffrance de l’injustice de la colonisation française et ses
collabos mercenaires.
Ses directives:
1341
MohyÎ ad-DÎn al-QolaybÎ
Dans ses entretiens avec les jeunes musulmans qu’il rencontra en
Égypte, en Syrie, en Irak, en Jordanie et en Palestine, al-Qolaybî mettait
l’accent sur la nécessité de la formation de la personnalité islamique qui se
distingue par la pureté de la foi, la forte personnalité, la résistance du
caractère, l’esprit supérieur, la sagesse, la pondération dans le jugement
des problèmes et des événements. Il suscitait chez eux la fierté de l’Islam
et de l’appartenance à cette communauté qui est la meilleure communauté
qu’on ait fait surgir pour les hommes. Il mettait également l’accent sur
l’universalité de l’Islam, l’unité des peuples musulmans et la nécessité de
leur fonte dans un même réceptacle, élevant l’étendard de l’unicité,
s’abritant sous l’ombre de l’Islam, appelant à l’arbitrage de sa loi parmi les
hommes.
Il expliquait aussi que cela passait par la formation des hommes forts
qui emprunteront le chemin des ancêtres pieux parmi les compagnons, les
suivants et ceux qui ont suivi leur voie, sans prêter attention aux
retardataires et aux désespérants. Car la vie est un combat entre la vérité
et le mensonge, l’impiété et la foi. L’Islam est une religion qui ne peut
jamais être défaite ; mais les musulmans sont défaits lorsqu’ils
abandonnent la voie d’Allah et la Sunna de Son Messager, prière et salut
sur lui, et triomphent lorsqu’ils se cramponnent aux deux choses sus
évoquées. Les lois d’Allah sont tranchantes et ne favorisent personne. Qui
sème récolte, qui fournit l’effort atteint son objectif, qui emprunte le chemin
va jusqu’au bout.
Les jeunes doivent agir dans ce sens et se préparer pour le jour de la
bataille, car les ennemis de l’Islam ne cesseront de combattre l’Islam que
lorsque les musulmans auront abandonné leur religion et auront suivi le
1342 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
cortège des mécréants : Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu'à,
s'ils peuvent, vous détourner de votre religion.  (Al-Baqara: 217)
Alors jeunes musulmans, soyez vigilants, vous êtes l’espoir de cette
communauté qui croit en vous. Ne la décevez pas, soyez son lendemain
brillant et son attirail en cas de malheurs.
L’amour des jeunes pour lui:
Al-Qolaybî eut des assises, des veillées, des entretiens, des séminaires,
des dialogues, des débats avec des jeunes musulmans en Égypte, en Irak,
en Syrien, en Jordanie et en Palestine. Ils profitèrent de son expérience, de
ses directives et ses recommandations. Ils l’aimèrent comme un fils aime
son père et un élève son professeur. Ils lui promirent de devenir des
hommes de l’Islam et des porteurs de sa Da`wa. Beaucoup parmi eux
furent sincères, certains ont atteint leur fin, d’autres attendent encore.
Oui, le professeur al-Qolaybî occupa nos cœurs, nous l’aimâmes du
fond de nos cœurs et trouvâmes en lui un père tendre et un professeur
éducateur, un prédicateur sage, un travailleur sincère, un homme brave.
Car, il était parmi les rares hommes qui optèrent pour ce qui est auprès
d’Allah au détriment de que possèdent les gens. En sortant du monde
éphémère, ils n’avaient pour seul bagage que le djihad, l’effort continu,
l’endurance et l’exhortation à l’endurance. Il fut une perle précieuse sur la
face du mouvement islamique. Quelles que soient les tentatives des nains
et des pseudos hommes de voiler son souvenir et d’effacer ses traces, les
adeptes de la vérité partout connaitront qui est le leader moudjahid Mohyî
ad-Dîn al-Qolaybî. Par ailleurs, les tunisiens loyaux et fidèles saisissent le
rôle sublime qu’il joua pour sa religion, sa communauté et sa patrie. Le
monde islamique reconnaît les positions mémorables de l’homme dans des
1343
MohyÎ ad-DÎn al-QolaybÎ
conférences et son djihad dans la chemin de l’Islam et des musulmans,
que ce soit en Tunisie ou ailleurs.
Témoignage:
Le professeur `Isâm al-`Attâr dit:
« Je l’ai vu en 1953 pendant la conférence islamique à Jérusalem. Il
était apparu avec sa grande stature fragile et un peu courbée au niveau
des épaules, avec un visage triangulaire et triste, un front large, de petits
yeux pensifs, sa petite barbe grisonnante. Dans des cérémonies et des
réunions, il s’asseyait derrière les rangs au moment où certains
cherchaient à occuper les premières places. Il était absent dans les
domaines de la courtoisie et l’apparence comme d’autres l’étaient dans le
domaine du travail caché… Si certains étaient venus à la conférence pour
mettre leur personnalité en évidence, cet homme y était pour sa cause. Il
cherchait toujours un travail productif et optait pour la voie fructueuse. Pour
le voir, il fallait aller où il y a une vision sérieuse, un travail organisé et une
exécution rapide… Ce cheikh grand de taille, amaigri et triste était
magnifique. Il était plus grand que les apparences qui dominaient certains
participants. On dirait qu’il était désespéré de la génération passée et avait
espoir en la génération future.
Al-Qolaybî se distinguait par une vision islamique pure. Il s’adressa une
fois à une foule nombreuse rassemblée dans la sublime salle d’assemblée
à Damas, à l’occasion de la dissolution de la Confrérie des Frères
Musulmans en Égypte en 1954. Il déclara qu’il n’admettait pas qu’on dise
qu’il s’agit d’un problème interne qui ne doit pas être abordé par un non
égyptien, et qu’il ne reconnaissait pas les frontières de la terre et de la
1344 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
langue entre les musulmans. Il ne croyait qu’en une seule patrie qui est la
religion et non la patrie du sectarisme qui est la terre.
Puis, il aborda la dissolution des frères musulmans et rattacha cette
cause au grand problème islamique. Il nous ramena aux racines de ce
problème dans le temps et dans l’espace, ainsi que ses manifestations
dans le passé et dans le présent et leurs résultats attendus dans le futur…
Et il indiqua les voies saines du travail.
Je l’ai visité au domicile de Mohammad Kâmil at-Tounissî. Il était
malade et couché à l’hôpital, avec des membres tuméfiés, un visage jauni
et apparemment fatigué. Quelques jours après, je suis allé visiter le
professeur guide Hassan al-Hodaybî à Bloudân pendant sa visite historique
de la Syrie en 1954. Il me demanda : Comment se porte le professeur alQolaybî ? Je l’informai de l’aggravation de sa maladie. Il me dit : De retour
à Damas, transmets-lui ma salutation et dis lui que les musulmans ne
veulent de lui maintenant qu’une seul chose : Se soucier de sa santé.
Je l’ai visité à l’hôpital chirurgical de Douma où il fut transféré après que
sa maladie s’aggrava et l’ai transmis la salutation du guide al-Hodaybî en
lui disant qu’il m’avait fait porter un message pour lui. Et quelle est la
teneur de ce message ? Dit-il. Je dis : Il te dit ceci : Les musulmans ne
veulent de toi maintenant qu’une seule chose, t’occuper de ta santé et
laisser ce que tu fais. Il s’emporta vivement et dit : Quelle est l’importance
de ma vie et ma santé si je ne peux pas m’acquitter du devoir d’Allah et de
mon devoir. Je vis pour œuvrer dans la voie d’Allah. Je n’accepterai jamais
de laisser mon travail pour vivre. Puis, il dit d’une voix grave et écrasant
une larme : Je sens ma fin s’approcher, j’ai des choses à dire aux
musulmans et d’autres que je veux faire pour eux, cela ne peut plus
attendre. Je dois faire des efforts pour réaliser mon objectif avant
1345
MohyÎ ad-DÎn al-QolaybÎ
l’avènement de l’instant de ma mort. Je ne cesserai pas de servir ma foi
pour sauvegarder ce corps fini. Je n’opterai pas pour ma santé au
détriment de ma mission. Si la fatigue a raison de moi, comme vous le
craignez, bienvenue à la mort dans l’obéissance à Allah.
Quelques jours après, le professeur al-Qolaybî fut transféré à l’hôpital
al-Mojtahid à al-Maydan à Damas. Je le visitai la dernière nuit du mois de
novembre 1954 à 10H, en compagnie du Dr Mostafa as-Sibâ`î. Il était dans
le coma. Nous priâmes Allah avec nos cœurs palpitants d’assister ce grand
homme. Le jour suivant, j’étais aux funérailles du regretté al-Qolaybî. Le Dr
Sa`îd Ramadan prit la parole et le professeur at-Tounissî. Je pris
également la parole pour dire : « Nous n’avons pas perdu le professeur alQolaybî… Il a quitté notre monde extérieur vers un monde intérieur, ses
côtes l’ont d’abord contenu avant qu’il ne soit enseveli dans la tombe,
l’histoire l’a d’abord renfermé avant qu’il ne soit contenu dans la terre. Il est
le merveilleux exemple de la vision islamique pure, du leadership conscient
et du martyre dans le djihad. Qu’Allah lui fasse miséricorde ! »
Ses œuvres:
Le côté pratique et la nature exécutive furent la particularité évidente
chez le professeur al-Qolaybî. Il l’a préférait à toute chose. Bien qu’il fût
journaliste à l’origine, son mouvement au milieu des foules et son appel
général au soutien à l’Islam et aux musulmans où qu’il se trouve fut le
moteur de ses activités. Toutefois, il publia quelques livres tels que:
§ Ma’ssât `Arch
§ Rissâla `an at-Ta`lîm fî Touniss
§ Dhikrâ al-Himâya
1346 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Et plusieurs autres recherches, articles et conférences publiés dans
différents journaux et magazines arabes en Tunisie et ailleurs.
Les hommes du réveil islamique en Tunisie connaissent ses
précurseurs méritants, et ses premiers éclaireurs qui tracèrent la voie,
placèrent ses repères, expliquèrent à la communauté le rôle qu’elle doit
tenir et l’exhortèrent à l’emprunter pour atteindre la victoire.
Je demande aux leaders du mouvement islamique contemporain en
Tunisie d’enseigner la biographie d’al-Qolaybî à leurs frères qui travaillent
avec eux afin qu’ils soient au courant des côtés brillants et des pages
lumineuses du registre du djihad acharné. Ils doivent faire connaître son
travail continu, ses positions fermes et ses opinions justes. C’est la
moindre des loyautés envers ce savant travailleur, ce moudjahid sincère
que le temps nous offrit à une période des plus difficiles. Il fut l’avant-garde
du cortège, le guide de la marche, le héros des crises et l’homme des
positions.
Nous implorons Allah le Tout Puissant d’accorder à notre grand professeur
Mohyî ad-Dîn al-Qolaybî, la meilleure récompense qu’Il accorde à Ses
serviteurs vertueux, et de permettre aux travailleurs dans le champ de la
Da`wa islamique en Tunisie et ailleurs de rester fermes dans la vérité,
d’endurer l’épreuve et de scruter la victoire de la part de Celui qui accorde la
victoire: Allah soutient certes ceux qui soutiennent Sa religion.  (Al-Hajj : 40)
Le savant moudjahid et prédicateur
Mostafa asSibâ`Î
(1333-1384H = 1915-1964)
Naissance et enfance:
Mostafa Hosnî as-Sibâ`î est né en 1915 à
Homs en Syrie. Il grandit dans une famille
scientifique ancienne connue pour la science
et les ulémas qu’elle donna depuis des
centaines d’années. Son père et ses ancêtres
furent des orateurs à la grande mosquée de
Homs génération après génération. Il fut
influencé par son père le savant moudjahid et
orateur éloquent le cheikh Hosnî as-Sibâ`î qui
eut des positions nobles contre les ennemis
Il était une des
personnalités
remarquables de la
pensée, de la Da`wa
et du djihad de notre
ère contemporaine.
Il fut l’un des
minarets élevés de
l’Islam et un modèle
brillant sur l’étendue
colonisateurs auxquels il résista avec sa personne, son effort et ses biens.
Il fut également parmi les bienfaiteurs et les fondateurs des associations
caritatives islamiques et des projets sociaux. Ce qui influença beaucoup
l’élévation de son fils Mostafa as-Sibâ`î.
1348 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Mostafa aimait accompagner son père aux assemblées scientifiques
qu’assistaient les ulémas de Homs tels que Tâhir ar-Rayîs, Sa`îd alMolouhî, Fâiq al-Atâssî, Râghib al-Wafâî. Lorsqu’il voulut se marier, ceux
qui allèrent demander la main de la jeune fille dirent à sa famille qu’asSibâ`î était la plupart du temps occupé par les charges de la Da`wa
islamique, histoire de leur faire savoir cela. Ils donnèrent leur accord et les
fiançailles furent conclues.
As-Sibâ`î participa à la résistance à la colonisation française de la Syrie. Il
distribuait des tracts, prononçait des discours et dirigeait des manifestations à
Homs alors qu’il n’avait que seize ans. Il fut arrêté pour la première fois par les
français et emprisonné en 1931, avec pour inculpation la distribution à Homs
des tracts hostiles à la politique française. Il fut également arrêté pour la
seconde par les français à cause des discours zélés qu’il tenait contre la
politique et l’occupation française. Le dernier en date fut le prône du vendredi
prononcé à la grande mosquée de Homs où il enflamma l’enthousiasme des
foules et exacerba leurs sentiments contre les français. Bien plus, il résista aux
français avec les armes lorsqu’il conduisit un groupe de ses frères à Homs à
ouvrir le feu sur les français en réponse à leurs agressions.
1349
Mostafa as-Sibâ`Î
Le Dr Mostafa as-Sibâ`î avec l’imam Hassan al-Banna
En 1933, il partit poursuivre ses études universités à Al-Azhar. Et là, il
participa avec ses frères égyptiens en 1941 aux manifestations contre
l’occupation anglaise. Il soutint également la révolution de Rachîd `Âlî alKîlânî en Irak contre les anglais. Les autorités égyptiennes le mirent aux
arrêts suivant l’ordre des anglais avec un groupe de ses camarades
étudiants dont Mach-hour ad-Dâmin, Ibrâhîm al-Qattân, Hâchim alKhâzandâr, Fâriss al-Hamdânî, `Alî ad-Dowayk, Youssef al-Machârî. Ils
passèrent trois mois au camp de concentration avant d’être transférés au
camp de concentration de Sarafand en Palestine où ils passèrent quatre
mois et furent libérés avec caution.
Pendant cette période d’études, le cheikh as-Sibâ`î avait fait la
connaissance de l’imam martyr Hassan al-Banna, guide suprême des
frères musulmans en Égypte. Leur relation perdura jusqu’à son retour en
Syrie où les ulémas, les hommes travaillant dans des associations
islamiques dans les provinces syriennes se rassemblèrent et décidèrent
d’unifier leurs rangs et de travailler au sein d’une seule organisation. Ainsi,
la Confrérie des Frères Musulmans pour toute la Syrie vit le jour en 1945 et
le professeur Mostafa as-Sibâ`î fut désigné comme premier censeur
général des frères musulmans en Syrie.
1350 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Le Dr Mostafa as-Sibâ`î avec l’imam Hassan al-Banna en
Palestine et Sa`d al-Walîlî fait signe de la main
L’imam Hassan al-Banna entre le Dr Mostafa as-Sibâ`î et `Omar Bahâ’ ad-Dîn al-Amîrî en
Palestine
Il est important de noter que le journal al-Ikhwân al-Moslimoun
paraissant en Égypte publia une photo d’al-Banna et d’as-Sibâ`î et écrivit
en dessous (le leader et le soldat). Le professeur al-Banna écrivit au
rédacteur en chef pour lui signifier que: « …J’ai également lu en dessous
de la photo que vous avez publiée hier la présentation que vous avez faite
de moi et du professeur Mostafa as-Sibâ`î, présentation qui s’est achevée
par ces deux termes (le leader et le soldat). Si vous avez voulu présenter le
révérend professeur Mostafa as-Sibâ`î comme étant le leader et ma
modeste personne comme le soldat qui ne s’est jamais considéré un jour
que comme le plus petit soldat de la Da`wa, je dirai que vous avez vu juste
1351
Mostafa as-Sibâ`Î
et je vous en remercie. Mais si vous avez pensé à ce qui viendra à l’esprit
des gens au premier abord lorsqu’ils verront le guide et le censeur, je me
disculpe auprès d’Allah de ce que vous avez fait et demande pardon aux
frères pour ce que vous avez créé. Je souhaite que les badinages
journalistiques ne vous poussent plus à poser ce type d’acte qui fatigue les
âmes. J’implore Allah de nous accorder à nous tous la chance de faire le
bien et de guider nos pas vers ce qu’Il aime et agrée et de rassembler nos
cœurs autour de ce qui est bien pour notre chère patrie. »
Le Dr Mostafa as-Sibâ`î accueillant le deuxième guide le conseiller Hassan al-Hodaybî à
Damas
Dans son livre intitulé Dorous fî Da`wa al-Ikhwân al-Moslimîn, le
professeur as-Sibâ`î fixa les objectifs, les tâches et les domaines de la
réforme. La Confrérie des Frères Musulmans en Syrie appela à la réforme
politique, à la lutte patriotique, à éliminer les effets de la colonisation, à
1352 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
supprimer les injustices sur les ouvriers et les paysans, à créer les écoles,
les instituts et les clubs sportifs et les camps de scout, les centres jeunes
dans différentes provinces. Le professeur as-Sibâ`î était le leader général
de la jeunesse. Les frères musulmans formèrent les commissions de
réconciliation entre les gens et d’offre de services sanitaires, sociaux et
caritatifs, et de visite des villages et des campagnes.
En 1944, as-Sibâ`î effectua le pèlerinage pour la première fois ; et en
1945, il créa le journal al-Manâr qui fut suspendu en 1949 par Hosnî azZa`îm après qu’il mena le coup d’état militaire arrangé et soutenu par les
américains. La même année, il obtint le doctorat en législation islamique et
son histoire après avoir soutenu une thèse intitulée As-Sonna wa
makânatohâ fî at-Tachrî` al-Islâmî.
Les frères musulmans syriens participèrent à la guerre de la Palestine
en 1948 aux côtés de leurs frères égyptiens, jordaniens et palestiniens. La
brigade syrienne fut conduite par le professeur as-Sibâ`î. Ils participèrent à
la bataille de Jérusalem en particulier et à toutes les batailles de la
Palestine en général et firent montre de bravoure en prêtant main forte à
leurs frères palestiniens que tous les pays de l’impiété s’étaient coalisés
pour les combattre, les effaroucher et les chasser de leurs demeures,
confisquer leurs biens et détruire leurs maisons.
À la fin de la conspiration et de la parodie de guerre fabriquée entre les
pays arabes et Israël, les moudjahiddines palestiniens furent désarmés et
le pays tomba facilement entre les mains des juifs. Les moudjahiddines
frères musulmans furent arrêtés et jetés dans des camps de concentration,
puis transférés vers les prisons égyptiennes où le gouvernement collabo
d’an-Noqrâchî venait de dissoudre la Confrérie des Frères Musulmans le
8/12/1948. Fâché, as-Sibâ`î retourna en Syrie et déversa sa bile sur les
1353
Mostafa as-Sibâ`Î
stipendiés et les collabos. Il démasqua les plans des conspirateurs, mit à
nue la collaboration des régimes et expliqua les scènes burlesques des
commandants militaires qui furent sous le commandement du général
Glubb un anglais. Il mit également à nue le problème des armes
corrompues que disposait l’armée égyptienne et dévoila les déclarations
des commandants irakiens qui ne reçurent pas les ordres de frapper les
juifs. N’eût été le djihad des volontaires palestiniens, égyptiens, syriens,
jordaniens et irakiens frères musulmans, il n’y aurait jamais eu de vraie
bataille contre les juifs. Bien plus, on allait de trêve en trêve pour permettre
aux juifs d’avoir l’ascendant sur les arabes et de les approvisionner en
armements européens et américains et en combattants étrangers afin qu’ils
dominent les palestiniens, récupèrent le pays, chassent ses habitants et
emprisonnent les moudjahiddines volontaires dans la voie d’Allah pour
défendre les terres saintes des musulmans.
Le professeur Mostafa as-Sibâ`î dit dans son livre Al-Ikhwân fî harb
flistîn: « Au cœur des batailles de Jérusalem, nous ressentions qu’il y avait
des manœuvres sur le plan international et dans les milieux politiques
arabes officiels. Au sein de la brigade des frères musulmans, nous nous
consultâmes sur ce qu’il fallait faire après que nous reçûmes des ordres de
se retirer de Jérusalem. Nous vînmes que nous ne pouvions pas aller à
l’encontre des ordres qui nous fûmes donnés de quitter Jérusalem pour
plusieurs considérations, mais qu’une fois arrivés à Damas, nous
enverrions secrètement des frères à Jérusalem pour une seconde fois afin
de poursuivre notre lutte de défense de la Palestine. Nous rentrâmes à
Damas avec les autres éléments et les commandants de la garnison
appartenant à l’armée de la délivrance. Le commandement de l’armée de
1354 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
la délivrance récupéra nos armes et promit de nous remobiliser en cas de
besoin.
Le Dr Mostafa as-Sibâ`î ému et sur le point de pleurer dans un
de ses discours
J’entrepris une tournée en Syrie au cours de laquelle je parlais des
expéditions en Palestine. Je donnai également des conférences sur ce
thème partout, à Damas, à Homs, à Humât, à Alep, à Lattaquié, à Dayr azZour et dans d’autres villes syriennes. Le public fut étonné des réalités que
je révélais et qui étaient complètement méconnues d’eux. Puis, l’affaire se
dévoila et la véracité de ce que je prétendais comme étant des facteurs
cachés et apparents qui dirigeaient l’expédition de la Palestine éclata au
grand jour. Entre temps, un groupe de nos frères moudjahiddines était
retourné en Palestine incognito pour exécuter ce sur quoi nous nous étions
entendus. »
As-Sibâ`î retourna en Syrie mener la guerre de réforme de la corruption
de l’intérieur et rééduquer la nation suivant la voie authentique de l’Islam, la
1355
Mostafa as-Sibâ`Î
voie des frères musulmans qui accorde de l’intérêt à l’éducation de
l’individu, de la famille et de la société musulmane. Le fruit de tout cela
devait être l’avènement d’un gouvernement musulman qui gouverne selon
la loi d’Allah, exécute Ses sentences, protège les intérêts du pays et des
serviteurs, élimine le mal et la corruption et combat l’égarement et
l’athéisme.
En outre, as-Sibâ`î et ses frères œuvrèrent à introduire les matières de
l’éducation islamique dans les programmes d’enseignement et à créer la
faculté de charia à l’université syrienne en 1955 et dont il fut le premier
doyen. Il entama la mise sur pied de l’encyclopédie de la jurisprudence
islamique qui reçut la contribution des ulémas à travers le monde islamique
en vue de présenter la jurisprudence islamique dans ses nouveaux atours.
Une jurisprudence traitant les problèmes de l’époque et résolvant ses
difficultés à la lumière du Livre, de la Sunna, de la compréhension des
ancêtres pieux et de l’Ijtihad des ulémas qui possèdent les moyens et les
outils de l’Ijtihad. Il fut le premier président de cette encyclopédie.
En 1949, Damas choisit as-Sibâ`î comme délégué de l’assemblée
constituante alors qu’il était natif de Homs. Il ne passa que quelques
années à Damas pour voir son étoile briller en tant que excellent député du
peuple. Car il exprimait de manière authentique les attentes et les douleurs
du peuple et fut la voix retentissante qui clamait haut la vérité sans faire
des courbettes. Il entrait en lutte contre le mensonge sans conclure de
trêve, il s’élevait au-dessus des profits et des gains sans marchander. Il
attira des regards et réunit les cœurs autour de lui et fut élu vice président.
On lui proposa instamment de participer aux gouvernements successifs,
mais il refusa et préféra travailler pour le peuple et vivre les difficultés et les
problèmes de la masse. Il fut un membre remarquable de la commission de
1356 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
la constitution et l’un des neuf membres qui élaborèrent l’ébauche de la
constitution. Il mena l’expédition du Coran sous la coupole du parlement et
dirigea des manifestations à Damas à cause de la constitution. As-Sibâ`î et
ses frères parvinrent à éloigner le caractère laïc de la constitution et à
imposer le caractère islamique sur toutes règles fondamentales et ce en
1950.
Le professeur as-Sibâ`î dit dans son livre de valeur Dorous fî da`wa alIkhwân al-Moslimîn: « Nous pensons qu’on ne peut profiter de tout
système méritoire dans le monde
tant que ce dernier n’est pas
soutenu par un gouvernement
fort et apte. C’est pour cela que
les frères musulmans ont cru à
l’obligation de libérer le monde
arabo
islamique
de
la
colonisation quelles que soient la
forme et la couleur. Ils ont
également cru à l’unification des
pays arabes en une seule grande
nation arabe et à coopérer avec
les pays islamiques et amis dans
toutes
les
formes
pouvant
réaliser au monde islamique sa
Dr Mostafa as-Sibâ`î accueillant le Roi
Fahd pendant sa visite à Damas
force et
sa
délivrance
de
la
colonisation et pouvant sortir ses
peuples de la pauvreté, de l’ignorance et du retard. Pour atteindre cet
objectif, les frères musulmans ont travaillé dans le champ des problèmes
1357
Mostafa as-Sibâ`Î
arabo islamiques avec un dynamisme jamais connu dans d’autres
organisations et groupes. »
Cette même année 1950, as-Sibâ`î fut nommé professeur à la faculté de
droit à l’université syrienne. En 1951, il participa à la conférence islamique
générale tenue au Pakistan et assistée par des délégations venues de tous
les coins du monde islamique. La même année, il effectua le pèlerinage à
la Mecque pour la deuxième fois. En 1952, as-Sibâ`î et ses frères
demandèrent au gouvernement syrien de leur autoriser d’assister leurs
frères égyptiens dans leur combat contre les anglais au canal de Suez. Le
premier ministre Adîb ach-Chîchaklî donna l’ordre de dissoudre la
Confrérie des Frères Musulmans et d’incarcérer as-Sibâ`î et ses frères.
Puis, il donna encore l’ordre de révoquer as-Sibâ`î de l’université syrienne
et de l’expulser vers le Liban.
En 1953, une conférence islamique générale fut tenue à Jérusalem et
fut assistée par les frères musulmans de tous les coins du monde, de
même que les associations et les représentants des peuples islamiques.
La même année, nous fûmes heureux de sa visite en Égypte où je le
rencontrai pour la première fois avec mes frères et camarades Youssef alQaradâwî, Ahmad al-`Assâl et Mohammad ad-Damardâch.
En 1954, la conférence islamo chrétienne fut tenue à Bhamdoun au
Liban. As-Sibâ`î prit part à cette conférence pour répondre aux ennemis de
l’Islam parmi les orientalistes et les croisés. De même, il assista à la
réunion convoquée par le professeur Hassan al-Hodaybî, deuxième guide
suprême des frères musulmans, au Liban. Cette réunion rassembla les
leaders des frères musulmans dans les pays arabes. Les participants
venus d’Égypte furent : le professeur Hassan al-Hodaybî, `Abd al-Hakîm
`Âbidîn, Sa`îd Ramadân, Sâlih Abou Raqîq, Monîr Dalla. Mostafa as-Sibâ`î
représentait la Syrie, Mohammad `Abd ar-Rahmân Khalîfa la Jordanie, `Alî
1358 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Tâlib Allah la Soudan, Mohammad Mahmoud as-Sawwâf l’Irak et `Abd al`Azîz al-Motawi` le Koweït.
Après le retour d’al-Hodaybî en Égypte et son incarcération par les tyrans
militaires au pouvoir avec tous les leaders des frères musulmans, les frères
musulmans des pays arabes formèrent un bureau exécutif présidé par le
docteur Mostafa as-Sibâ`î. En 1955, le Dr as-Sibâ`î effectua le pèlerinage à
la Mecque pour sa troisième fois en compagnie des professeurs et des
étudiants de l’université syrienne. Cette même année, je fis également le
pèlerinage avec les enseignants de l’école an-Najât d’az-Zobayr.
La même année aussi, il fonda avec ses frères le magazine
hebdomadaire ach-Chihâb qui continua à paraître jusqu’en 1958 date de
l’union avec l’Égypte. En 1955 également, il obtint la licence de publication
du magazine mensuel al-Moslimoun après que celui-ci fut interrompu en
Égypte. Il continua à paraître à Damas jusqu’en 1958 avant qu’il ne passe
à son propriétaire le Dr Sa`îd Ramadan à Genève en Suisse. À sa place,
as-Sibâ`î publia le magazine mensuel Hadârat al-Islâm en 1960. Il le
dirigea jusqu’à sa mort et le Dr Mohammad Adîb as-Sâlih prit la charge de
sa publication à Damas et quelque temps après, il cessa de paraître.
1359
Mostafa as-Sibâ`Î
Le Dr Mostafa as-Sibâ`î en tenue militaire avec ses frères en Palestine
En 1956, la conférence islamique se tint à Damas, et la même année,
l’université syrienne l’envoya en mission en occident pour visiter les
universités occidentales et prendre connaissance des programmes
d’études universitaires dans ces universités. Il visita l’Italie, la Grande
Bretagne, l’Irlande, la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Norvège, la
Finlande, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la France. Il y rencontra les
orientalistes et discuta avec eux sur leurs ouvrages sur l’Islam et mit à nue
leurs fautes scientifiques et historiques.
En 1957, as-Sibâ`î avec d’autres doyens des facultés de l’université
syrienne furent invités à visiter l’université de Moscou. Il visita également la
majorité des universités russes dans des provinces. Il rencontra les
professeurs des études orientales, historiques et sociales. Il discuta avec
eux, réfuta leurs propos et annula leurs fausses allégations sur l’Islam et
les musulmans.
Ses ouvrages:
Le Dr as-Sibâ`î fut versé dans la composition de livres. Il fait partie des
ulémas vérificateurs et des jurisconsultes mojtahidines qui assimilèrent la
jurisprudence islamique à partir de ses fondements sûrs, étudièrent les
problèmes de l’heure survenus nouvellement en les comparant aux
précédentes sentences puisées du Livre, de la Sunna et du consensus des
ancêtres pieux. Ses plus importants ouvrages sont :
1360 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Charh qânoun al-Ahwâl ach-Chakhsiyya (deux tomes), Min rawâ-i`
hadâratinâ, Al-Mar’a bayna al-Fiqh wa al-Qânoun, `Odhamâonâ fî atTârîkh, Al-Qalâid min farâid al-Fawâid, Dorous fî Da`wa al-Ikhwân alMoslimîn, As-Sonna wa makânatohâ fî at-Tachrî`, Hâkadhâ `allamatnî alHayât (deux tomes écrits pendant sa maladie), Ichtirâkiyyat al-Islâm,
Akhlâqonâ al-Ijtimâ`iyya, Ahkâm as-Siyâm wa falsafatoh, Ad-Dîn wa adDowla fî al-Islâm, Nidhâm as-Silm wa al-Harb fî al-Islâm, Hâdhâ howa alIslâm (deux tomes), As-Sîra an-Nabawiyya dorous wa `ibar, Al-Istichrâq wa
al-Mostachriqoun, Al-Morouna wa at-Tatawwor fî at-Tachrî` al-Islâmî,
Manhajonâ fî al-Islâh, Al-`Alâqât bayna al-Moslimîn wa al-Massîhiyyîn fî atTârîkh, At-Takâfol al-Ijtimâ`î fî al-Islâm, Jihâdonâ fî Flistîn, Machrou`iyya alIrth wa ahkâmoh, Âlâm wa âmâl, As-Sirâ` bayna al-Qalb wa al-`Aql, Asdaq
al-Ittijâhât al-Fikriyya fî ach-Charq al-`Arabî, Moqaddimât hadâra al-Islâm.
Ce qui est étrange est que sa période de maladie, malgré sa cruauté et
son intensité, fut la période la plus fertile de sa vie et la plus productive sur
le plan scientifique. Le Dr Mohammad Adîb as-Sâlih dit : « As-Sibâ`î,
qu’Allah lui fasse miséricorde, était désireux de rédiger trois livres comme il
me le fit savoir un jour avant sa mort. Ces livres sont : Al-`Olamâ’ alAwliyâ’, Al-`Olamâ’ al-Mojâhidoun, Al-`Olamâ’ ach-Chohadâ’. »
En 1384H = 1964, as-Sibâ`î effectua le pèlerinage pour la quatrième et
dernière fois ; il souffrait d’une maladie incurable et de douleurs
lamentables qui ne le quittaient pas. Mais par la grâce d’Allah, ce voyage
fut béni et sublime. Il le dit lui-même : « Pour la première fois depuis sept
ans, la douleur se calme dans mon cerveau. Je peux prier debout sur mes
jambes et m’asseoir dessus pour le Tachahhod. Je suis arrivé à la Mecque
et ai fait la circumambulation de la `Omra sur un brancard. Puis, j’ai quitté
la Mecque pour revenir faire la circumambulation d’adieu avec mes
1361
Mostafa as-Sibâ`Î
jambes. Allah m’a honoré en faisant disparaître les effets du diabète depuis
mon arrivée à Médine. Mon petit déjeuner était composé de sept dattes vu
la foi que j’avais au hadith authentique rapporté sur la datte utilisée dans la
médecine prophétique.
Le Dr Mostafa as-Sibâ`î au milieu de la foule, on aperçoit
Mohammad al-Mobârak derrière lui
Lorsqu’un ami à as-Sibâ`î lui rendit visite pour le consoler, sa réaction
fut que : « Je suis malade, je souffre et cela est indubitable. La douleur se
lit sur mon visage, mes mains et mes mouvements. Mais regarde la
sagesse d’Allah sur moi. Allah est capable de me paralyser, Il a d’ailleurs
paralysé une partie de mes mouvements, mais viens voir ce qu’il a
1362 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
paralysé. Il a paralysé le côté gauche de mon corps, et le côté droit est
resté intact. Combien est sublime le bienfait qu’Il a maintenu chez moi !
Pouvais-je tenir la plume si c’est mon côté droit qui avait été paralysé ? »
Pendant sa maladie qui dura huit ans, as-Sibâ`î donna l’un des
merveilleux exemples d’endurance vis-à-vis du malheur, de la soumission
au destin d’Allah et d’acceptation de la sentence d’Allah gloire à Lui. Il
louangeait Allah, Le glorifiait et demandait Son pardon, plusieurs fois dans
la nuit et la journée. Cette maladie incurable ne l’empêcha pas de
s’acquitter de ses devoirs en tant que dépositaire de la Da`wa de la vérité
et prédicateur musulman.
Le frère `Abd al-`Azîz al-Hâj Mostafa a narré d’après le Dr Hassan Howeidî
au sujet de sa description de l’état d’as-Sibâ`î pendant sa maladie ce qui suit:
« Je l’ai vu pendant sa maladie, il s’appuyait sur une canne pour aller à
l’université et même pour rentrer, à un moment où les valides avaient pris
leur retraite et que les bien portants étaient devenus apathiques. Un
malade paralytique peut être plus tranchant qu’un sabre dégainé. Sa
poursuite du djihad, malgré sa paralysie, son mal cardiaque et son
hypertension sont une preuve véridique et un argument éclatant qu’il fut un
homme qui eut pour caractère le djihad, pour nature la lutte, pour instinct le
sacrifice et pour nature primordiale la bravoure et le sacrifice. L’hypocrisie
n’a jamais trouvé son chemin vers son cœur, son corps n’a jamais connu
de faiblesse et l’hésitation n’a jamais trouvé une issue menant à sa
détermination. Gloire à Celui qui lui fit ce don, le combla de bienfait et
l’agréa. »
Le cheikh `Abd al-Fattâh Abou Ghada dit dans le magazine Hadârat alIslâm:
1363
Mostafa as-Sibâ`Î
« Il avait un cœur doux ; courtois, il avait un goût et un sentiment
acérés. Il était réceptif à la plaisanterie, y excellait sans en abuser. Il avait
une âme douce et était fidèle. Il était familier et était d’une fraternité
magnanime, prompt à voler au secours. Ses veillées et ses entretiens
débordaient de goût et de douceur avec son ami intime et son noble frère
le cheikh Mohammad al-Hâmid. On peut s’étonner, -et il n’y a rien
d’étonnant- lorsqu’on compare la prestance du génie as-Sibâ`î dans des
endroits qui demandent le sérieux, son rudoiement des ennemis d’Allah et
de la communauté, sa crispation face aux hypocrites et aux profiteurs et la
transparence de son âme, son amour et sa bienveillance dans ses rapports
avec ses amis et ses frères. Mais, qu’y a-t-il d’étonnant, il était pour l’Islam
et son application avec clairvoyance. »
Sa mort:
Le moudjahid travailleur, le prédicateur endurant le professeur Dr
Mostafa Hosnî as-Sibâ`î décéda le samedi 27/5/1384H = 3/10/1964 à
Damas, après une vie pleine de djihad continu. Ses funérailles se
déroulèrent dans une cérémonie grandiose. On pria sur lui à la mosquée
al-Omawî de Damas. Les orateurs se succédèrent pour prononcer son
oraison funèbre avec des termes touchants. Ce furent entre autre : le Dr
Hassan Howeidî, le professeur Mohammad al-Mobârak, le professeur
Mohammad al-Majdhoub, le professeur Mach-hour Hassan, le cheikh `Abd
ar-Ra’ouf Abou Towq, le Dr Mohammad Adîb as-Sâlih, le poète
Mohammad al-Hassnâwî et bien d’autres.
Voici un extrait de l’éloge funèbre fait par le révérend mufti de la Palestine
al-Hâj Mohammad Amîn al-Hossaynî à as-Sibâ`î:
1364 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
« La Syrie a perdu l’une de ses éminentes personnalités, un de ses
grands moudjahiddines. Le monde islamique a perdu un de ses vénérables
savants, un de ses professeurs vertueux et un de ses prédicateurs
éloquents. Quand j’ai fait sa connaissance, j’ai noté en lui la sincérité, la
loyauté, la franchise, sa résolution tranchante, son enthousiasme dans le
crédo et le principe. Il était sincère et avait une main heureuse dans le
service des causes islamiques et arabes avec à leur tête la cause syrienne
et palestinienne. Il fut à la tête de la brigade des moudjahiddines frères
musulmans venus défendre Jérusalem en 1948. »
Abou al-Hassan an-Nadawî dit à propos de ses rencontres avec as-Sibâ`î
lorsqu’il visita la Syrie en 1951: « Al-Hâj Mohammad Amîn al-Hossaynî
m’avait remis une note de présentation à remettre au cheikh as-Sibâ`î et le
couvrit de beaucoup d’éloges. Lorsque je visitai le siège des frères
musulmans à as-Sanjaqdâr à Damas, ma rencontre avec le professeur asSibâ`î fut chaleureuse.
J’avais assisté avec as-Sibâ`î aux assises du parlement syrien. De
même, j’avais visité avec lui la sublime association et nous avions
rencontré la plupart des ulémas syriens tels que le professeur `Omar Bahâ’
al-Amîrî, le professeur Mohammad al-Mobârak, le cheikh Mohammad Nimr
al-Khatîb, le cheikh Ahmad ad-Daqr, le cheikh `Abd ar-Ra’ouf Abou Towq,
le cheikh Mohammad Bahjat al-Bîtâr, le Dr Amjad at-Tarabolssî, le
professeur Sa`id al-Afghânî, le professeur Ahmad Madh-har al-`Adhama et
bien d’autres. Il m’avait accueilli plus d’une fois chez lui et nous sommes
allés ensemble à la résidence d’été d’al-Achrafiyya. J’ai également visité
Homs avec lui où j’ai donné une conférence au siège des frères
musulmans. Nous avons visité la mosquée Khâlid ibn Walîd, de même que
le cheikh `Abd al-`Azîz `Oyoun as-Soud, le cheikh Mohammad Tawfîq al-
1365
Mostafa as-Sibâ`Î
Atâssî. En quittant la Syrie, il se rendit à l’aéroport pour me faire ses
adieux. »
Le professeur Hosnî Ad-ham Jarrâr dit dans son livre de valeur: Mostafa
as-Sibâ`î qâid jîl wa râid omma, livre qui m’a beaucoup inspiré :
« As-Sibâ`î était une des personnalités remarquables de la pensée, de
la Da`wa et du djihad de notre ère contemporaine. Il fut l’un des minarets
élevés de l’Islam et un modèle brillant sur l’étendue de notre longue
histoire. Il était un savant ouvert d’esprit qu’Allah avait doté d’une vaste
science, d’une intelligence aiguë, d’une repartie présente, d’un style de
dialogue rare, d’une audace dans la vérité, de la capacité à défier le
mensonge, d’une foi tenace et de l’éveil de la conscience. »
Le grand érudit Mohammad Abou Zahra dit: « Je ne vois pas dans le
Levant quelqu’un qui visait à de hautes choses comme as-Sibâ`î, ni
quelqu’un qui avait une âme sublime et brûlait de désir ardent et de douleur
pour l’Islam et les musulmans comme lui. »
L’érudit le Dr Youssef al-Qaradâwî dit: « le prédicateur jurisconsulte,
l’endurant
moudjahid,
l’homme
à
l’esprit
éclatant,
à
l’éloquence
débordante, à l’esprit ouvert, qui résista face aux ennemis de la Sunna et
les réduisit au silence. Il résista également face aux laïcs et leur cloua le
bec. Le fondateur du mouvement islamique en Syrie et créateur du
magazine Hadârat al-Islâm, l’auteur des livres de valeur et d’importantes
épîtres, le cheikh Dr Mostafa as-Sibâ`î. »
Extrait de l’élégie du poète Mohammad al-Hassnâwî à la mémoire d’asSibâ`î:
1366 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Combien un géant a recherché ton affection
Par le désir et de l’or claironnant
Combien de grands t’ont appelé
Tu n’as répondu qu’à la voix de la vérité et de la foi
Tu as raillé la séduction et la menace
Que les perfides ne trouvent pas de tranquillité avec ta mort
Tu as marché quand l’humanité était assise pour arroser
La terre des prophètes de ta pluie divine
Tu envahissais les juifs avec les brigades du Clément
Et défendais la religion et la nation
Tu es revenu plus fort et fier
Jetant les bases de la bâtisse effondrée
Tu as lapidé les idoles de la perfidie et la passion
Tu as estampillé tout imposteur et tout couard
Il y eut en toi la paternité le leadership et la piété
La science la loyauté envers le Tout Miséricordieux
Il y eut en toi le djihad avec bravoure et leadership
Allah t’a purifié de Sa bienfaisance
N’est-ce pas toi qui secouas les minbars et les trônes
Et fis trembler le Tâghout avec la foi ?
Les particularités de notre civilisation:
As-Sibâ`î dit dans son magnifique livre: Min Rawâi` Hadâratinâ:
Notre civilisation s’est distinguée par des points suivants:
1- Elle est fondée sur le monothéisme absolu dans le crédo. Elle est la
première civilisation appelant à un Dieu unique qui n’a pas d’associé
dans Son pouvoir et Sa royauté. Il est l’Unique à être adoré, Il est le
Seul vers qui on se dirige C’est Toi que nous adorons et c’est à Toi
que nous implorons secours. 
(Al-Fâtiha: 5)
C’est Lui qui accorde la
1367
Mostafa as-Sibâ`Î
puissance et rabaisse, Il donne et refuse, il n’y a rien dans les cieux et
la terre qui ne soit sous Sa puissance et Son emprise.
Cette sublimité dans la compréhension de l’unicité a eu un grand
impact sur l’élévation du niveau de l’homme et la libération des masses
de la tyrannie des rois, des seigneurs, des hommes forts et des
religieux.
2- La deuxième des particularités de notre civilisation est qu’elle a une
tendance et un objectif humains, son horizon et sa mission sont
universels. Le Coran a annoncé l’unité du genre humain malgré la
diversité de races, d’origines et de provenances. Allah le Très-Haut dit :
ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et
Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous
vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est
le plus pieux. 
3- La troisième particularité de notre civilisation est qu’elle a accordé
la priorité aux principes moraux dans tous ses systèmes et dans
différents domaines de ses activités, que ce soit dans le pouvoir, la
science, la législation, la guerre, la paix, l’économie et la famille.
4- La quatrième particularité est qu’elle croit aux fondements les plus
sincères de la science et est axée au crédo dans ses principes les plus
purs. Elle s’est adressée à l’esprit et au cœur en même temps et a
suscité le sentiment et la pensée au même moment.
5- La dernière des particularités de notre civilisation à mentionner est
cette extraordinaire tolérance religieuse qu’aucune civilisation fondée
sur la religion n’a jamais connue.»
1368 Eminentes Personnalités de la Da`wa et du Mouvement
Islamique Contemporain
Qu’Allah fasse miséricorde à notre vénérable professeur le Dr Mostafa
Hosnî as-Sibâ`î. Il fut un homme au sein de la communauté, la parure des
prédicateurs à son époque, le délice du Levant, le natif de Homs dont elle
était fière. As-Sibâ`î fut la propriété de l’Islam et des musulmans, c’est
pourquoi sa mort fut une perte pour l’Islam et les musulmans.
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