Ce jour, t=0, l’entreprise annonce qu’elle vient d’obtenir un nouveau contrat qui accroît la valeur théorique de l’action de 5€.
-si le marché est parfaitement efficient, le cours du titre doit répercuter immédiatement cette nouvelle et passer de 20
à 25€ (cas n°1). Toutes choses égales par ailleurs, il ne doit pas y avoir d’augmentation de PA correspond à cette information
avant cette date (t=0, sinon il y a délit d’initié) ni après.
-si le marché est inefficient et nécessité plusieurs jours pour incorporer complètement (parfaitement) cette
information, par exemple 4 jours (cas n°2). Il serait possible à l’investisseur de s’enrichir anormalement en achetant le titre en
t=0 et en le revendant en t+4, date à laquelle la nouvelle est entièrement répercuté.
-si, au contraire, le marché sur réagissait avec un prix du titre passant à 30€ en t+1 avant de redescendre à 25 en t+4
(cas n°3). Un agent pourrait réaliser un gain anormal en vendant à découvert l’action à 30€ avant de liquider sa position
lorsque le titre aurait atteint sa valeur de 25€.
Sur le plan théorique, GROSMAN et STIGLITZ (1980) ont proposé un modèle dans lequel l’efficience peut être obtenue si
les cours d’information et de transaction sont nuls. Dans le modèle de JENSEN, les cours des titres reflètent toute
l’information disponible jusqu’au point où les bénéfices marginaux que l’on peut tirer des informations sont supérieurs aux
coûts marginaux d’obtention de ces informations.
Dans la pratique, l’acquisition d’information a évidement un coût ainsi que les transactions. Le coût de l’information
minimale est faible et les agents peuvent avoir une gestion passive en ayant par exemple un portefeuille diversifié de type
indiciel (OAC 40, …). Cependant, les études empiriques montrent des anomalies. La concurrence n’est pas toujours parfaite.
De plus, toutes les informations pertinentes ne sont pas directement disponibles pour tous les agents. L’acquisition de ces
informations a un coût plus ou moins élevé et certains agents ont des informations privilégiées qui peuvent permettre de
réaliser des gains anormaux. Des instances comme l’autorité des marchés financiers de la Bourse de Paris s’efforce de
surveiller et de réprimer ces cas anormaux.
D. La rationalité des investisseurs
Les agents sont rationnels quand ils agissent de manière cohérente par rapport aux informations dont ils disposent. Pour les
néo classique, ils doivent vendre un titre lorsqu’une mauvaise nouvelle inattendue est fournie concernant ce titre et non
acheter celui-ci. De plus, ils doivent s’efforcer de maximiser le gain qu’ils peuvent obtenir pour obtenir pour un niveau de
risque accepté donné. Suivant TOBIN (1985), il est aujourd’hui communément admis que la valeur marchande d’un titre doit
être à la valeur actualisée de ces flux anticipés de revenu.
Les agents qui font de leur décision d’achat et de vente de titre sur cette valeur actualisée ont un comportement rationnel. Si
tous les agents agissent ainsi, les prix des actifs sont cotés uniquement en fonction des anticipations rationnelles au sens de
MUTH (1961), relative à leurs revenus futurs.
Pour les néo keynésiens, l’hypothèse de rationalité est un des plus contestables. Le comportement des investisseurs pouvant
être influencé par des facteurs psychologiques (performance de l’indice boursier moins bonne le lundi car effet week end, ou
lorsqu’il pleut) et des comportements spéculatifs de type moutonniers (mimétisme). La prise en compte de ce type de facteur
favorise le développement de la finance dite comportementale (behavorial finance).
Compte tenu des coûts de transaction, les écarts de cours dû à des effets « lundi » ou « pluviométrique » ne sont
généralement pas suffisants pour que des profits importants puisse être réalisé. L’observation de l’évolution des cours des
titres montre cependant que les cours tendent parfois à sur réagir aux informations, la spéculation pouvant amplifier par
exemple les conséquences de variations de dividendes ou de bénéfices. Comme la souligné ORLEAN André (1999),
l’irrationalité est d’une autre ampleur et beaucoup plus grave lorsque des investisseurs achètent des titres sans nouvelle
information économiques qui se contente eux même d’imiter d’autre agents. Dans ce type de spirale d’achat spéculatif, la
hausse qui nourrit la hausse sans fondements économiques sérieux semble justifier les imitations antérieures.
Une bulles spéculatives se créée (comme se fut le cas en 1999 avec bon nombre de sociétés axées sur les nouvelles
technologies). La sphère financière semble alors se détacher de la sphère réelle au sens où les valeurs marchandes des titres
s’éloignent de leur valeur réelle intrinsèque. Lorsque certains investisseurs deviennent sensibles au caractère artificiel et
risqué de cette hausse, ils vendent leurs titres et le mouvement inverse se produit avec souvent plus d’ampleur et de rapidité.
Une fois percée, la bulle spéculative se dégonfle rapidement avec l’effondrement des cours (exemple : au printemps 2000,
pour les cours de nombreuses sociétés relevant du secteur de nouvelle technologie).
Lorsque la bulle spéculative s’est dégonflée, la rationalité et l’efficience peuvent à nouveau sembler prévaloir mais bon
nombre de titre ont alors souvent un prix de marché inférieur à leur valeur intrinsèque estimée.
KEYNES (1936) avait déjà remarqué le comportement « moutonnier » des investisseurs et souligné l’importance des
anticipations des agents.
En effet, quelque soit la vraie valeur d’un titre souvent difficile à déterminer, beaucoup de spéculateurs s’intéressent aux
anticipations des agents concernant l’évolution des prix des titres qui peuvent devenir auto réalisatrice. Le cours d’un titre
ayant d’autant plus tendance à augmenter qu’une majorité d’investisseurs anticipent la hausse et simultanément pour sa
baisse. Pour les néo keynésien, tels SCHLEIFFER (2000), les investisseurs ne sont pas rationnels, les erreurs sont corrélés
parce qu’ils sont moutonniers et l’action des arbitragistes professionnels est insuffisante pour ramener les cours des titres à
leur valeur intrinsèque.
En résumé, le concept d’efficience des marchés a d’autant plus de chance d’être vérifié que les conditions suivantes sont
satisfaisantes :
-l’accès à l’information est libre pour tout les agents et peu onéreux
-le coût des transactions est faible
-le cours des titres s’ajuste immédiatement à l’information publiquement disponible