-1-
Rencontre
Chercheurs - Acteurs
observatoire-ess-iledefrance.fr
En partenariat avec des instituts de recherche franciliens, ces rencontres vous permettent d’échanger sur les derniers travaux de recherche sur l’économie sociale
et solidaire et d’approfondir votre connaissance du secteur.
Un rendez-vous organisé dans le cadre de l’Observatoire régional de l’économie sociale et solidaire en Île-de-France porté par l’Atelier et la CRESS IDF.
Les rencontres Chercheurs-Acteurs :
Antropia est une initiative de la Chaire
Entrepreneuriat Social de l’ESSEC et de
la Caisse d’Épargne Île-de-France, à destina-
tion de l’ensemble des entrepreneurs
franciliens. en mars 2008, Antropia
est doté d’un fonds d’amorçage philanthro-
pique, qui vise à soutenir la création et le
développement de projets dans le champ
de l’entrepreneuriat social.
Cet appui, dans la phase de lancement du
projet, prend la forme de :
un accompagnement stratégique par
les experts de l’IIES ;
un accompagnement technique par
des membres du corps professoral et
des experts associés issus du réseau
ESSEC ou de la Caisse d’Épargne Île-de-
France;
un hébergement à l’ESSEC et un soutien
nancier initial, sous forme de bourses
ou de prêts d’honneur.
Antropia, 1er incubateur social français
antropia.essec.fr
de lÉconomie Sociale et Solidaire
Réussir son entreprise sociale :
avez-vous le profil ?
#1
Créer une entreprise sociale constitue un
parcours difficile, peut-être plus que pour
une entreprise classique. En 2010, Antro-
pia, premier incubateur social et fonds
d'amorçage philanthropique, a lancé une
étude pour connaître les « Facteurs clés de
succès et obstacles à la création dentre-
prises sociales ».
Les auteurs, Amandine Barthélemy et
Romain Slitine, deux experts associés de
l'Institut de l'Innovation et de l'Entrepre-
neuriat Social (IIES) de l’ESSEC, sont venus
partager les résultats de cette étude dans
le cadre d’une Rencontre Chercheurs -
Acteurs organisée par lAtelier le 22
septembre 2011.
Lobjectif de cette rencontre : confronter la
grille de lecture des chercheurs, axée sur le
prol de l’entrepreneur, son projet, sa
méthode, à la réalité quotidienne des
porteurs de projets, composant majoritai-
rement le public.
Sur les 9 cas étudiés dans le cadre de
l’étude, 6 projets ont été accompagnés par
Antropia, 3 par le Réseau Entreprendre et
France Active. Des entretiens avec des
experts sont venus compléter leur corpus
d’étude.
ET VOUS,
avez-vous
le profil ?
Même s’il nexiste pas de portrait idéal du
créateur, l’étude identie des tendances
de personnalité à partir des cas étudiés :
Conance en soi, connaissance de soi
et évaluation de sa capacité à prendre
des risques
Autonomie et sens de l’initiative
Souplesse intellectuelle, capacité
d’adaptation
Pragmatisme et capacité à anticiper
les difficultés
Capacité à exprimer et faire partager
son enthousiasme, ses valeurs, et plus
globalement, capacité à mobiliser les
parties prenantes autour du projet
Capacité à travailler en équipe
Capacités de formalisation, de con-
ceptualisation et de synthèse notam-
ment pour la rédaction du business
plan social
Persévérance par rapport au -
ploiement du projet
Une entreprise sociale est avant tout une
entreprise. De ce point de vue, les compé-
tences nécessaires à sa création, en matière
de gestion, sont similaires. En revanche,
l’entrepreneur social se doit, lui, d’être
« trilingue », selon l’expression d’Anne-
Claire Pache (ESSEC) : il doit savoir parler la
langue du social, la langue du « business »,
mais aussi celle des partenaires publics.
Guillaume Hermitte, créateur de Choc’
Ethic, illustre bien ce « trilinguisme ». En
effet, il a choisi le statut SARL pour
commercialiser du chocolat issu du
commerce équitable, dans le cadre d’une
entreprise d’insertion.
Un participant interroge les auteurs sur le
parcours des entrepreneurs suivis. Romain
Slitine explique alors : « Dans le cas de
l’accompagnement dAntropia, nous avons
été surpris de la grande diversité des âges,
des prols, des personnalités et des expé-
riences préalables des candidats. On
capitalise aussi beaucoup sur leur expé-
rience précédente ».
Motivé, « trilingue »… l’entrepreneur social
doit également être suffisamment entouré
pour lutter contre l’isolement, facteur de
découragement majeur, contre les difficul-
tés nancières et/ou matérielles dans cette
phase d’amorçage.
Quelles motivations
pour le créateur d'entreprise sociale ?
À partir des études de cas, plusieurs prols
de motivation se dessinent :
Les individus confrontés depuis toujours
à des injustices, des difficultés particu-
lières dans leur environnement (santé,
exclusion…) ;
Les individus confrontés à un événement
personnel ou à un « accident de vie », par
exemple au handicap ou à la précocité
de leur enfant ;
Les individus qui souhaitent concilier
leurs valeurs et leur activité profession-
nelle, comme le créateur de Wecena qui
a quitté Motorola en 2008 pour mettre
son expérience professionnelle au prot
de ses convictions associatives.
Lentreprise sociale : une aventure collective
Il y a tout d’abord le cas d’une équipe
d’entrepreneurs, illustré par l’exemple
d’Arborescences lancé par deux porteuses
de projet pour la prise en charge denfants
précoces. Leur projet correspond aux
conditions de réussite identiées par les
auteurs : les créatrices étaient complémen-
taires dans leurs compétences, sur leurs
motivations et leurs valeurs, et enn, elles
se connaissaient depuis longtemps.
Si, en revanche, l’entrepreneur est seul aux
commandes, le soutien moral et nancier
de son entourage proche est d’autant plus
déterminant pour ses chances d’aboutir.
Tous les porteurs de projets interrogés ont
également mis en avant l’accompagne-
ment dans la phase d’amorçage comme un
facteur fondamental de réussite. Cet
accompagnement doit être spécique,
notamment pour « compenser le décit de
trilinguisme » éventuel de l’entrepreneur. Il
doit enn être justement dosé pour ne pas
empêcher le porteur d’avancer.
Des dispositifs comme Antropia ou France
Active apportent un regard critique sur les
projets et des conseils stratégiques. Ils
permettent aussi de constituer un réseau
social.
UN CRÉATEUR MOTIVÉ,
TRILINGUE ET PERSÉVÉRANT
-2-
Quelles modalités de gouvernance ?
Le dernier niveau de « socialisation »
autour du projet implique toutes les autres
parties prenantes : acteurs du territoire,
partenaires techniques et nanceurs,
futurs usagers…
La complexité inhérente au projet
d’entreprise sociale en phase d’amorçage
est bien d’arriver à lier les dimensions
sociales, économiques et territoriales du
projet, et de chercher à satisfaire la multi-
plicité des parties prenantes.
La réponse à un besoin social et l’ancrage
territorial du projet nécessitent un
dialogue constant avec les acteurs du
territoire, pour le diagnostic comme pour la
mise en oeuvre. Dans le projet « La clé pour
l’autisme », la mise en place d’un comité
scientique a permis à la porteuse de
projet de se familiariser avec le « monde »
du médico-social.
« Existe-t-il un risque douvrir son conseil
d’administration aux parties prenantes ? »
demande alors l’un des participants.
LAtelier conrme cette crainte souvent
émise par les personnes accueillies, d’être
« dépossédées » de leur propre projet ou de
sa philosophie. Cette peur légitime pose la
question plus profonde de la gouvernance.
« Tous les cas existent, rappellent les
auteurs : une gouvernance ouverte mais
mal gérée ou une très bonne gestion dans
une gouvernance plus fermée. Il s’agit de
trouver les bons gardes-fous (articles dans
les statuts, renouvellement des compé-
tences…) an de permettre d’organiser ce
dialogue avec les parties prenantes ».
Bien accompagné et sécurisé nancière-
ment, l’entrepreneur social peut alors
poursuivre l’aventure. Le temps d’émer-
gence des projets d’entrepreneuriat social,
estimé à deux ans et demi, s’avère plus
long que pour une entreprise classique :
temps de maturation, temps de mobilisa-
tion des parties prenantes, complexité du
modèle économique et du projet social,
nécessité de réaliser une triple étude de
marché social, économique, politique…
Un obstacle à la réussite des entreprises
sociales serait donc de sous-estimer ce
temps nécessaire et pourtant variable d’un
entrepreneur à l’autre.
Le business plan social a pour but de
faciliter la démarche d’aller-retour du
porteur de projet entre formalisation et
action. Attention, nous rappellent les
auteurs, « ce document doit rester un outil
vivant et non gravé dans le marbre ». Il doit
être adapté à la nature et à la taille des
projets, et surtout à l’expérience des entre-
preneurs eux-mêmes, qui ne sont pas tous
à l’aise avec une démarche trop formalisée.
Pour le créateur de « Prête moi une voiture »
par exemple, impatient d’entrer dans la
phase opérationnelle, le business plan
social a été vécu comme un obstacle à la
réalisation de son projet. A l’inverse, le
créateur de Choc’Ethic a pu l’élaborer
rapidement car il l’avait commencé lors de
son cours « Entrepreneuriat » à l’ESSEC. Par
contre, l’incubateur social lui a permis de
donner une véritable dimension sociale à
son projet en lui faisant découvrir les entre-
prises d’insertion.
Secrets de fabrique :
le temps (humain) de la maturation
La check list
avant de vous lancer
PORTEURSE DE PROJET
Motivation sociale clairement identiée
Absence de motivation patrimoniale
Personnalité entrepreneuriale
Capacité à mobiliser ses parties prenantes
Compétence métier ou sectorielle
Persévérance et implication
Capacité à sentourer
PROJET
Réponse pertinente à un besoin social
Viabilisation du modèle économique
Ancrage territorial
ACCOMPAGNEMENT
Accompagnement adapté
Prise en compte des 3 « marchés » social, économique, territorial
Allers-retours formalisation/action
-3-
Lintégralité de l’étude présentée est
téléchargeable sur le site de l'Institut de
l'Innovation et de l'Entrepreneuriat
Social (IIES) de l’ESSEC : www.iies.fr. Voir
notamment les études de cas détaillées
en troisième partie. Le podcast de
présentation de l’étude par les auteurs :
http://sic.conversationsnetwork.org/
shows/detail4805.html
Le référentiel « Bonnes Pratiques et Trans-
parence Associatives (BPTA) », est le
résultat d’un travail mené pendant 18
mois et fondé sur l’étude des référentiels
existants français et étrangers par la
Chaire Entrepreneuriat Social de l'ESSEC.
Ce guide, qui propose une méthodologie
d’évaluation, « comporte une centaine de
critères organisés par grand domaine : du
management des associations, depuis la
gouvernance à la communication, en
passant par la gestion nancière, les RH et
la responsabilité sociétale.
http://entrepreneuriat-social.essec.edu
> Axes de recherche
> Gouvernance des entreprises sociales
Le programme « Antropia scale-up »
porté par l’IIES de l’ESSEC propose un
accompagnement stratégique d’un an à
un entrepreneur social pour lui donner
les moyens de lever des fonds pour son
développement, en vue de son change-
ment d’échelle.
http://antropia.essec.fr/article-30.html
En mai 2012, l'Atelier lance en partenariat
avec la maison d'édition Rue de l'Échi-
quier un cycle d'ateliers méthodolo-
giques autour du business plan social.
Ces ateliers s’appuient sur les enseigne-
ments de l’ouvrage « Lentreprise sociale
(aussi) a besoin d’un business plan ».
Synthèse de nombreuses années de
pratique pédagogique auprès d’entre-
preneurs sociaux en herbe, ce manuel
bénécie de l’expérience acquise par les
deux auteurs, Marie Trellu-Kane et
Thierry Sibieude, au sein d’Antropia.
Les entreprises citées :
www.wecena.com
www.arborescences.org
www.cleautisme.com
www.puerto-cacao.fr
Pour aller plus loin
Entrepreneuriat social, Innover au
service de l’intérêt général, d’Amandine
Barthélémy et Romain Slitine, Édition
Vuibert, 2011 - ST.7/002*
L'entreprise sociale (aussi) a besoin d'un
business plan, de Thierry Sibieude et Marie
Trellu-Kane, Édition Rue de l'Échiquier,
2011 - ACC.5/016*
* Ces références vous permettent de retrouver
facilement les ouvrages et articles dans le
fonds documentaire de l’Atelier.
Références bibliographiques
Partenaires nanceurs :
Futur-e entrepreneur-e social-e,
venez booster votre projet à lAtelier !
Accédez à des guides pratiques, ouvrages, de la presse spécialisée ou encore une veille média… le tout dans un lieu convivial à deux
pas de la Gare de l’Est. La consultation de l’espace ressources de l’Atelier est en accès libre :
Le mardi et mercredi, de 14h à 18h et le jeudi, de 17h à 20h.
UN ESPACE RESSOURCES
Le dispositif d’accueil de projets de l’Atelier s’adresse à tous les entrepreneurs qui souhaitent créer une activité sociale. Ce parcours
animé par les partenaires de l’Atelier (structures d’accompagnement franciliennes, réseaux de l’ESS, collectivités, banquiers
solidaires, etc.) permet aux porteurs de projet de faire mûrir leur idée et de la concrétiser. Au programme :
diagnostic gratuit du projet réalisé par les conseillers de l’Atelier,
ateliers collectifs proposés par les experts de l’accompagnement franciliens et les réseaux de l’ESS,
rencontres régulières et suivi du projet.
LE DISPOSITIF D’ACCUEIL DE LATELIER
Synthèse réalisée par Estelle Hédouin
Crédits photos : Ivan Mathie, Amandine Barthélemy, l'Atelier
Graphisme : A’Kâ Clémence Callebaut - 06 70 57 80 55
L'Observatoire régional de l'ESS en Île-de-France, porconjointe-
ment par la Chambre Régionale de l'Économie Sociale et Solidaire
Île-de-France (CRESS IDF) et l'Atelier, fait partie du dispositif de mesure
et d’observation de l’ESS en France et dans les régions, réseau de
compétences et d’expertise mis en place par les CRES(S) et le Conseil
National des Chambres Régionales de l'Économie Sociale (CNCRES).
observatoire-ess-iledefrance.fr
8-10, impasse Boutron - 75010 Paris - Tél. 01 40 38 40 38 - www.atelier-idf.org
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !