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ET VOUS,
avez-vous
le profil ?
Même s’il n’existe pas de portrait idéal du
créateur, l’étude identie des tendances
de personnalité à partir des cas étudiés :
Conance en soi, connaissance de soi
et évaluation de sa capacité à prendre
des risques
Autonomie et sens de l’initiative
Souplesse intellectuelle, capacité
d’adaptation
Pragmatisme et capacité à anticiper
les difficultés
Capacité à exprimer et faire partager
son enthousiasme, ses valeurs, et plus
globalement, capacité à mobiliser les
parties prenantes autour du projet
Capacité à travailler en équipe
Capacités de formalisation, de con-
ceptualisation et de synthèse notam-
ment pour la rédaction du business
plan social
Persévérance par rapport au dé-
ploiement du projet
Une entreprise sociale est avant tout une
entreprise. De ce point de vue, les compé-
tences nécessaires à sa création, en matière
de gestion, sont similaires. En revanche,
l’entrepreneur social se doit, lui, d’être
« trilingue », selon l’expression d’Anne-
Claire Pache (ESSEC) : il doit savoir parler la
langue du social, la langue du « business »,
mais aussi celle des partenaires publics.
Guillaume Hermitte, créateur de Choc’
Ethic, illustre bien ce « trilinguisme ». En
effet, il a choisi le statut SARL pour
commercialiser du chocolat issu du
commerce équitable, dans le cadre d’une
entreprise d’insertion.
Un participant interroge les auteurs sur le
parcours des entrepreneurs suivis. Romain
Slitine explique alors : « Dans le cas de
l’accompagnement d’Antropia, nous avons
été surpris de la grande diversité des âges,
des prols, des personnalités et des expé-
riences préalables des candidats. On
capitalise aussi beaucoup sur leur expé-
rience précédente ».
Motivé, « trilingue »… l’entrepreneur social
doit également être suffisamment entouré
pour lutter contre l’isolement, facteur de
découragement majeur, contre les difficul-
tés nancières et/ou matérielles dans cette
phase d’amorçage.
Quelles motivations
pour le créateur d'entreprise sociale ?
À partir des études de cas, plusieurs prols
de motivation se dessinent :
• Les individus confrontés depuis toujours
à des injustices, des difficultés particu-
lières dans leur environnement (santé,
exclusion…) ;
• Les individus confrontés à un événement
personnel ou à un « accident de vie », par
exemple au handicap ou à la précocité
de leur enfant ;
• Les individus qui souhaitent concilier
leurs valeurs et leur activité profession-
nelle, comme le créateur de Wecena qui
a quitté Motorola en 2008 pour mettre
son expérience professionnelle au prot
de ses convictions associatives.
L’entreprise sociale : une aventure collective
Il y a tout d’abord le cas d’une équipe
d’entrepreneurs, illustré par l’exemple
d’Arborescences lancé par deux porteuses
de projet pour la prise en charge d’enfants
précoces. Leur projet correspond aux
conditions de réussite identiées par les
auteurs : les créatrices étaient complémen-
taires dans leurs compétences, sur leurs
motivations et leurs valeurs, et enn, elles
se connaissaient depuis longtemps.
Si, en revanche, l’entrepreneur est seul aux
commandes, le soutien moral et nancier
de son entourage proche est d’autant plus
déterminant pour ses chances d’aboutir.
Tous les porteurs de projets interrogés ont
également mis en avant l’accompagne-
ment dans la phase d’amorçage comme un
facteur fondamental de réussite. Cet
accompagnement doit être spécique,
notamment pour « compenser le décit de
trilinguisme » éventuel de l’entrepreneur. Il
doit enn être justement dosé pour ne pas
empêcher le porteur d’avancer.
Des dispositifs comme Antropia ou France
Active apportent un regard critique sur les
projets et des conseils stratégiques. Ils
permettent aussi de constituer un réseau
social.
UN CRÉATEUR MOTIVÉ,
TRILINGUE ET PERSÉVÉRANT