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On pourrait croire que le débat oppose anciens et modernes, progrès et morale,
droite et gauche. Non, c’est avant tout un combat de valeurs : la liberté et la solidarité, qui ne
doivent pas s’opposer au lit du mourant. Ecouter et fraterniser, voilà la réconciliation que
nous devons opérer.
Nos concitoyens ont peur de mal mourir, de mourir dégradés. De fait, la
médicalisation de la vie et de la mort donne le sentiment que la mort nous est volée, ces vies,
perdues. Quand on visite une maison de retraite, on voit des personnes absentes
d’elles-mêmes. Certains se disent qu’il vaudrait mieux mourir tout de suite.
Les deux propositions faites respectent l’autonomie des individus. Les nouveaux
droits s’appuient toutefois sur des devoirs collectifs. Lorsque le pronostic vital d’un malade
est engagé à court terme, que ses souffrances ne peuvent être apaisées par des traitements, une
sédation profonde et continue jusqu’au décès doit être possible. Le devoir des médecins
devient un droit des malades.
12 % à 15 % de nos concitoyens endurent des douleurs atroces en fin de vie. Est-
ce digne de notre société ? 80 % de ceux qui s’étouffent alors ne sont pas calmés. Etouffer,
vomir à l’approche de la mort, être comme un poisson hors de l’eau, avec l’angoisse que cela
implique, cela ne vaut-il pas les douleurs physiques ?
Nous proposons un deuxième droit. Les directives anticipées permettent déjà aux
patients d’exprimer leur souhait. Mais seuls 2 % en écrivent, contre 10 % en Allemagne. Elles
ne sont suivies qu’à 75 %. Parce que déléguer sa volonté par anticipation est complexe, il faut
rendre les directives anticipées plus aisées. Elles ne sont pas toujours adaptées – « Je ne veux
pas de tuyaux », disait une dame. Cependant, quand on peut prévoir l’issue fatale et sa
manière d’advenir, un contrat moral n’est pas illogique : nous devons aller à la rencontre de