CONFRONTATION IRM/HISTOLOGIE DU RELIQUAT TUMORAL DU CANCER DU SEIN
APRES CHIMIOTHERAPIE NEOADJUVANTE
Zeh OF (1), Guegang GE (2), Moifo B (1), Kouandongui BF(1 ,3), Antoun A (3), Gonsu FJ (1)
Yaoundé –(Cameroun)
1 Département d’Imagerie Médicale et radiothérapie, FMSB- HGOPY, Yaoundé 2
Département d’Imagerie Médicale et radiothérapie, FMSB-HGY, Yaoundé3 Centre hospitalier Sud Francilien, France
SUMMARY:
Purpose: To compare the performance of MRI to histology in the detection of presence and size of
residual breast cancer in patients treated with neo adjuvant chemotherapy before surgery.Material and
method:It was a cross sectional study carried-out in the radiology department of the Centre Hospitalier
Sud Francilien (France) from August 2012 to November 2012. 15 patients treated for non-metastatic
breast cancer with neoadjuvant chemotherapy followed by conservative surgery were included.
Results: The sensitivity of the IRM in the
determination of a pathological answer completes as defines the classification of Sataloff was good 88,
88% and its specificity was middle. Presence of carcinoma in situ and modifications caused by
chemotherapy (sclerosis, fibrosis, necrosis and inflammation) were at the origin of three false positives.
The only case of false negative recovered corresponded to a hang-over carcinoma of small size (6mm)
to the histology. The concordance in term of size between results of IRM and histology was good with a
coefficient of interrelationship of 0, 73% (r=0, 73). The mistakes of size evaluation were not only
observed at the broken up hang-overs, even the hang-overs in block could be sources of size mistake.
Conclusion: MRI is a sensitive method but not specific to detect a tumorous hang-over after neo
adjuvant chemotherapy. The evaluation of its size is poor. Keywords: MRI, Breast cancer, neo
adjuvant Chemotherapy, histology.
RESUME :
Objectif :comparer les performances de l’IRM dans la détection de la présence et de la taille du reliquat
tumoral du cancer du sein non métastatique après chimiothérapie néo adjuvante à celle de l’examen
anatomopathologique.Matériel et méthode : Il s’agissait d’une étude transversale descriptive, réalisée
au service de radiologie du centre hospitalier Sud Francilien d’août à novembre 2012, intéressant 15
patientes traitées pour cancer du sein non métastatique par chimiothérapie néo adjuvante puis chirurgie.
L’IRM a été confrontée aux résultats anatomopathologiques post-opératoires.
Adresse pour tiré à part et correspondance :
Dr Odile Fernande ZEH,
Département d’Imagerie Médicale et radiothérapie, FMSB- HGOPY,
E-mail : [email protected] ; Yaoundé – Cameroun
Résultats : La sensibilité de l’IRM dans la détermination d’une réponse pathologique complète telle que
définie par la classification de Sataloff (absence de reliquat invasif) était bonne 88,88% et sa spécificité
moyenne (50%). La présence d’un carcinome in situ et des modifications tissulaires induites par la
OF Zeh et al
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ARTICLE ORIGINAL
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chimiothérapie (sclérose, fibrose, nécrose et inflammation) étaient à l’origine des faux positifs. Le seul
cas de fausse négativité retrouvé correspondait à un reliquat carcinomateux de petite taille (6mm) à
l’histologie. La concordance en terme de taille entre les résultats de l’IRM et l’histologie était bonne avec
un coefficient de corrélation de 73% (r=0,73).Les erreurs d’estimation de taille n’étaient pas seulement
observées chez les reliquats fragmentés, même les reliquats en bloc pouvaient être sources d’erreur de
taille. Conclusion : L’IRM est
une méthode sensible mais peu spécifique pour détecter un reliquat tumoral après chimiothérapie néo
adjuvante. L’estimation de la taille du reliquat est moyenne. Mots-clés : IRM, Cancer du
sein, Chimiothérapie néo-adjuvante, histologie
INTRODUCTION :
Le cancer du sein tout comme dans les pays
occidentaux représente un problème de santé
publique au Cameroun. C’est la première cause
de mortalité chez les femmes entre 50 et 54 ans
dans les pays occidentaux. En France, le nombre
de nouveaux cas du cancer du sein est de 53000
en 2011 [1]. Au Cameroun, c’est aussi le cancer
le plus répandu de la femme avec une fréquence
de 48,12% [2,3]. Aujourd’hui, la chimiothérapie
néo adjuvante occupe une place centrale dans la
prise en charge du cancer du sein, avec pour
principal avantage de réduire la taille tumorale
dans le but de permettre un traitement
conservateur [4,5]. Ce traitement conservateur
s’appuie avant sur une évaluation précise de la
taille du reliquat tumoral qui est une étape
importante, car une surestimation du résidu
tumoral pourrait conduire à une résection large
inutile voire une mastectomie.Nous voulions
montrer dans cette étude que L’IRM est
méthode répondant à cette exigence car peut non
seulement détecter des lésions non vues par les
autres techniques d’imagerie (mammographie et
échographie), présente en plus une meilleure
corrélation dimensionnelle avec l’histologie[6,7].
En Afrique au sud du Sahara [8] aucune étude
n’a jamais été menée dans ce sens car le coût de
la chimiothérapie néo adjuvante n’est pas à la
portée de tous ajouté à un plateau technique
faible. Il s’agissait pour nous de montrer la
capacité de l’IRM à tecter la présence et la
taille des reliquats tumoraux après
chimiothérapie néo adjuvante dans un premier
temps et de la confronter ensuite aux résultats de
l’examen anatomopathologique.
MATERIEL ET METHODE:
Il s’agissait d’une étude transversale descriptive,
réalisée au service de radiologie du centre
hospitalier Sud Francilien d’août à novembre
2012, intéressant 15 patientes traitées pour
cancer du sein non métastatique par
chimiothérapie néo adjuvante. L’âge moyen
était de 52,6 ans avec les extrêmes de 32 à 81
ans. Le protocole de chimiothérapie
néoadjuvante associait 3 cures de FEC 100 (5
Fluoro –uracile 500mg/mm, Cyclophosphamide
500mg/mm, Epirubicine 100mg/mm) puis 3
cures de Docetaxel (taxotere, 100mg/mm)
administrées toutes les 3 semaines. En cas de
surexpression du récepteur HER2, le
Trastuzumad (Herceptin) était introduit en
association avec le docetaxel (Taxotère) lors des
3 derniers cycles de chimiothérapie néo
adjuvante et poursuivi pendant 1 an après le
traitement chirurgical. Ce délai de 1 an tenait
compte de l'Herceptin introduite en traitement
néo adjuvant. Suivant la réponse au traitement
d’induction, le traitement chirurgical consistait
en une tumorectomie ou une mammectomie
associée à un curage ganglionnaire axillaire.
Notre étude s'est intéressée exclusivement à la
tumeur mammaire.Un appareil de type
TOSHIBA de 1,5Tesla avec antennes dédiées,
mise en service en 2006 était utilisé pour la
réalisation des IRM mammaires. Une première
IRM mammaire a été réalisée avant la
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chimiothérapie néo adjuvante, une deuxième
IRM a été réalisée après 3 cures de
chimiothérapie (IRM post taxane) et la dernière
en fin de traitement (IRM post antracycline).
Après les séquences de repérage dans les plans
axial, sagittal et coronal, le protocole suivant a
été réalisé :
- Séquence anatomique Spin Echo en
pondération T1 (TR/TE=700/10ms, angle de
bascule=90°, matrice=320x240,nombre
d’excitation =1, épaisseur de coupe=3mm, temps
d’acquisition=3mn,) ;
- Séquence anatomique T2FATSAT
(TR/TE=8100 /90ms, angle de bascule=90°,
matrice=320x240, nombre d’excitation =1,
épaisseur de coupe=3mm, temps
d’acquisition=2mn30s) ;
- séquences dynamiques en T1 écho de
gradient avec saturation de la graisse et
injection dynamique de chélates de gadolinium
(0,2ml/kg) poussés par du sérum physiologique
(TR/TE=11/5,5ms, angle de bascule=12°, matrice
=256x240, nombre d’excitation=1, épaisseur de
coupe =3mm, temps d’acquisition =1,09mn).
La première série, réalisée sans injection,
correspond au masque utilisé pour la réalisation
des séquences de soustraction après injection.
Les 6 séries suivantes correspondent aux séries
natives étaient réalisées entre 1minute et 7mn
après injection. Un logiciel spécial de post
traitement effectue la soustraction sur les
séquences injectées et les séquences non
injectées natives aux différents temps réalisés,
permettant d’obtenir les séquences de
soustraction.Toutes les IRM mammaires ont été
lues de façon conjointe par deux Radiologues
(un Radiologue sénior et un junior) experts en
Imagerie mammaire sur console Vitréa et console
dédiée "Cadstream.». Il s’agissait de déterminer
le type d’anomalie sur les séquences
anatomiques, d’étudier le rehaussement interne
et l’intensité de ce rehaussement sur les
différentes séries et d’analyser la courbe de
rehaussement. La mesure de la taille du reliquat
tumoral était effectuée dans les 3 plans de
l’espace, aux temps précoces ou tardifs.
L’interprétation de l’IRM après chimiothérapie
était ensuite confrontée à l’IRM pré thérapeutique
afin de s’assurer de la concordance topographique
avec le site tumoral initial. En cas de présence de
plusieurs zones de rehaussement distinctes
(suspicion de fragmentation) sur le lit tumoral
initial, le diamètre maximal incluait les
rehaussements les plus éloignés.La pièce de
tumorectomie était étudiée en totalité, avec
analyse de toutes ses limites, deux cas de figure
étaient ensuite possibles : soit un reliquat
carcinomateux était identifié et sa taille était
précisée, soit il n’y avait pas de reliquat
identifiable alors il faudra rechercher des signes
histo pathologiques d’altération tissulaire
témoignant de l’existence, préalable au traitement,
d’une tumeur qui avait été stérilisée.
La classification d’évaluation thérapeutique de
Sataloff [9] a été choisie pour définir la réponse
tumorale à la chimiothérapie. L’analyse des
données était faite à l’aide des logiciels SPSS
version 17 et Excel.
RESULTATS :
1. Caractéristiques de la population
d’étude
Pendant la période d’étude, 15 patientes ont
été inclues, l’âge moyen était de 52,7 ans avec
des extrêmes de 32 et 81 ans. La tranche d’âge la
plus représentée était celle de 42 à 51 ans (figure
1)
2. Confrontation IRM/ histologie
Cet exercice nous a permis de constater que
l’IRM n’a pas détecté tous les résidus tumoraux
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(tableau 1), mais sa sensibilité (88,8%) reste
élevée, bien que peu spécifique (tableau 2).
3. Caractéristiques des reliquats
tumoraux en IRM et Histologie (tableau 3)
Notre étude a montré une concordance moyenne
des résultats entre IRM et histologie de la pièce
opératoire avec un Kappa calculé à 0,41. L’IRM
na pas détecté tous les résidus tumoraux.
L’absence de tumeur invasive était observée
dans 6 cas soit 40%.
Concernant la taille du reliquat tumoral (tableau
4), dans 80% des cas l’IRM a sous estimé la taille
reliquat tumoral.
Concernant la comparaison entre la taille
initiale(IRM) et la taille finale des résidus en IRM
et histologie, l’IRM a tendance à sous estimer les
reliquats tumoraux. Il existe une bonne
concordance entre la taille du reliquat tumoral
mesurée en IRM pré opératoire et en histologie (r=
0,73).
Tableau 1: Confrontation IRM/histologie exprimée en vrais positifs, vrais négatifs, faux positifs et
faux négatifs
Résidu tumoral
(histologie) Pas de résidu tumoral (histologie)
Total
Résidu visibles en
IRM
Vrais positifs Faux positifs
8 3 11
Pas de résidu en
IRM
Faux négatifs Vrais négatifs
1 3 4
Total 9 6 15
Tableau 2: Confrontation IRM/histologie exprimée en sensibilité(Se), spécificité (Sp), valeur
prédictive positive(VPP), valeur prédictive négative(VPN)
Se (%) Sp (%) VPP (%) VPN (%)
88,8 50 72,7 75
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Tableau 3: Caractéristiques des reliquats tumoraux en IRM et en histologie selon la classification
de Sataloff
Nota bene :
CCI : carcinome canalaire infiltrant ; CLI : carcinome lobulaire infiltrant ; CIS : carcinome in situ
VP : vrai positif, FP : faux positif, VN : vrai négatif, FN : faux négatif.
Cas
Taille reliquat IRM
(mm)
(Taille du reliquat
histologique mm)
opératoire
1 12 8 CCI+CIS VP
2 6
FP
3 13 15 CCI VP
4
VN
5 40 63 CCI VP
6 16
FP
7 17 24 CCI+CIS VP
8 12 6 CCI VP
9
VN
10 17
Plusieurs foyers
difficilement
mesurables.
CCI VP
11 23 36 CCI VP
12 16 40 CIS FP
13
6 CCI+CIS FN
14 8 20 CLI VP
15
VN
OF Zeh et al
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