Hautier L. 2003. Impacts sur l’entomofaune indigène d’une coccinelle exotique utilisée en lutte
biologique. TFE. Université Libre de Bruxelles, IGEAT.
Résumé
La lutte biologique est souvent présentée comme une méthode de lutte naturelle, « écologique » et
sans danger. Pourtant, ce type de lutte, par l’introduction d’espèces exotiques, peut être à l’origine
d’invasions biologiques. Ces invasions peuvent générer des impacts négatifs sur l’environnement et
sur la biodiversité. Dans le pire des cas, elles mènent à des extinctions d’espèces. Pour éviter ces
dommages souvent irréversibles et respecter les conventions internationales de Berne et de Rio, des
méthodes d’évaluation des risques ainsi qu’un cadre législatif doivent être mis activement en place.
Actuellement ce n’est pas le cas dans la majorité des pays de l’Union Européenne.
Dans ce contexte de vide juridique, une coccinelle asiatique - Harmonia axyridis Pallas - a été
introduite à des fins de lutte biologique en Belgique et dans d’autres pays européens. Rapidement,
cette espèce polyphage exotique s’est propagée dans différents biotopes de notre pays avec des
conséquences difficilement prévisibles sur l’entomofaune indigène. Les observations réalisées dans
ce travail indiquent qu’H. axyridis peut, sans difficulté, s’attaquer à la coccinelle indigène Adalia
bipunctata L. En effet, en boîte de Petri et en l'absence de ressources alimentaires, les larves L4 d’H.
axyridis présentent un comportement agressif vis-à-vis d’A. bipunctata. Ce comportement se traduit
dans 77% des cas par une attaque par un aboutissant dans 93 % des cas à de la prédation taux de
prédation de 93%. Après 30 minutes, la mortalité des trois premiers stades larvaires d’A. bipunctata
dépasse les 80 % en présence d’H. axyridis. Et après 24 heures, la mortalité atteint les 100% pour
tous les stades d’A. bipunctata. De plus, des expériences en conditions semi-naturelles confirment ces
observations. Ainsi, l’ajout de 5 larves d’H. axyridis dans un système contenant des pucerons et 5
larves d’A. bipunctata conduit, après deux semaines, à la mort de toutes les larves d’A. bipunctata,
attribuable à de la prédation intraguilde, tandis que dans des témoins excluant H. axyridis une
mortalité beaucoup plus faible est enregistrée. Ces résultats démontrent que, dans des conditions de
ressources alimentaires limitantes, H. axyridis peut infliger à A. bipunctata une mortalité importante.
Mots clés : Harmonia axyridis, Adalia bipunctata, lutte biologique, législation, invasion biologique,
prédation intraguilde.
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