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INTRODUCTION GENERALE
Les flux internationaux des biens, services et facteurs de production se
manifestent au sein d'un monde réel qui comprend cinq continents peuplés
(Europe, Asie, Afrique, Amérique, Océanie), émergeant de sept océans
(Arctique - Nord et Sud; Atlantique - Nord et Sud; Pacifique; Indien; et
Antarctique). Chaque continent se différencie des autres par des conditions
climatiques propres. Les pays composant ces continents se distinguent tant du
point de vue topographique, qu'au niveau de l'héritage historico-culturel et du
développement économique. Toutes les économies, quels que soient leurs
structures de production, leur régime politique, leurs dimensions, participent à
l'échange international. Ainsi, même bien dotés en matières premières, les
pays non-industrialisés ou ceux qui sont à leur premier stade de
développement, sont fortement dépendants des nations avancées, non
seulement pour leurs débouchés, mais pour l'acquisition de la technologie et le
financement de leur développement.
La dimension internationale de l'activité économique est perceptible à tous les
niveaux de la vie quotidienne. Le panier de consommation d'une nation
contient une proportion importante de biens fabriqués à l'étranger. Combien
d'entre eux sont-ils fabriqués dans d'autres pays que celui d'origine de la
marque? Combien d'entre eux incorporent-ils des éléments de fabrication
nationale? La production de biens domestiques nécessite également
l'incorporation de matières premières ou d'éléments de fabrication provenant
de l'étranger. De nombreuses firmes sont partiellement ou totalement détenues
par des étrangers, gèrent une trésorerie en devises liée à leurs opérations avec
l'extérieur, s'endettent et font des placements sur les marchés financiers
internationaux.
Cette internationalisation des économies n'est certes pas un phénomène récent.
Les grandes nations du passé (les Phéniciens, les Egyptiens, les Grecs, les
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Romains, puis plus tard, l'Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, et la Grande-
Bretagne) étaient de grandes puissances commerciales. Aujourd'hui, le degré
d'ouverture des principaux pays industrialisés n'est pas plus élevé qu'au début
du siècle.1 La période antérieure à 1914 était déjà caractérisée par la liberté de
commerce et l'absence de contrôle des changes. Cependant, depuis la fin de la
seconde guerre mondiale, l'augmentation de la part du commerce international
dans la production et la consommation mondiales est continue. Le commerce
international et les flux financiers qui l'accompagnent n'ont jamais eu autant
d'influence sur la santé économique et le niveau de vie d'une nation.
Le mouvement d’extraversion des économies qui rend les nations plus
dépendantes de l'extérieur, à la fois pour l'écoulement des produits (contrainte
de débouchés), l'obtention de biens indispensables (contrainte
d'approvisionnement), et le choix des techniques de production, s'est accéléré
depuis les années soixante en particulier sous l'effet du développement des
investissements internationaux, de la délocalisation de la production, et des
firmes transnationales. La révolution actuelle de l'informatique et des
télécommunications accentue encore davantage ce processus en réduisant
considérablement l'espace-temps. Le tissu des relations entre nations, qu'elles
soient commerciales, industrielles, technologiques, financières, monétaires, ou
culturelles, s'étend à l'échelle du monde.2 La montée des interdépendances
figure clairement parmi les évolutions fondamentales de cette fin de siècle,
permettant d’expliquer la perte d’efficacité des politiques de régulation
nationale. Les tentatives actuelles pour s'abriter derrière des "lignes Maginot
économiques" ont toutes les chances d'être vaines, voire néfastes à long terme.
1L’ANALYSE ECONOMIQUE INTERNATIONALE
La théorie de l’économie internationale traite des relations économiques entre
les nations. Conformément à une tradition bien établie, ces relations sont
analysées au travers des flux réels et monétaires. D’une part, le commerce
international porte sur les échanges commerciaux de marchandises et de
services. D’autre part, les relations financières internationales concernent les
mouvements de titres et de devises, la formation des taux de change, et les
relations entre les soldes de la balance des paiements, les agrégats et les taux de
change.
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Les analyses du commerce international et des relations financières entre les
nations peuvent être normative ou positive. Ainsi, l’optique de l’étude du
commerce international est double. D’une part, elle peut être normative et
déboucher sur des recommandations touchant à la gestion de la cité. Les
grandes interrogations sont: que faut-il produire et exporter? Faut-il accepter
l’ouverture ou se protéger (théorie de la politique commerciale)? Faut-il
constituer une union douanière et avec qui (théorie des unions douanières)?
D’autre part, elle peut être positive et expliquer l’origine de l’échange et les
gains ou pertes qui en résultent. Les questions centrales sont: quels sont les
déterminants de l’échange? Quel est l’effet d’un accroissement des échanges
internationaux sur le bien-être d’une nation? De même, l’analyse monétaire
internationale peut être normative (faut-il agir par les instruments habituels de
la politique conjoncturelle pour faire revenir les soldes extérieurs à leur
positions d’équilibre?) ou positive (quel est le fonctionnement du système
actuel des changes flexibles? Quels sont les déterminants des taux de change?
Quels facteurs économiques agissent sur le solde courant d’un pays?).
Le haut degré d'internationalisation des économies nationales explique
l'importance, l'intérêt et la complexité de ce domaine fondamental de
connaissance qu'est l'économie internationale. La plupart des grands
problèmes économiques actuels sont conditionnés, voire dominés, par leurs
dimensions internationales. L'étude des éléments externes et de leurs relations
avec les comportements et les décisions des agents économiques résidents d'un
pays est une étape indispensable dans la formation d'économiste et de
gestionnaire. En outre, la connaissance des lois et mécanismes qui régissent le
commerce international devrait faire partie de la culture général de toute
personne qui, à l'aube du XXIe siècle, désire comprendre le monde dans lequel
il vit. Or, la théorie de l'économie internationale est devenue une spécialité,
avec ses écoles, ses experts, ses organismes ou services spécialisés de
l'administration, ses classifications et nomenclatures, son jargon, etc. S'il y a
quelques grands économistes qui ont été célèbres dans plusieurs orientations,
les grands noms de l'économie internationale sont aujourd'hui des spécialistes.
En se spécialisant, la théorie de l'économie internationale devient également
plus abstraite. L'inégalité des niveaux de développement des différents pays,
la variété des systèmes économiques et politiques, la diversité des structures
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sociales, la pluralité des monnaies nationales, la multitude de rubriques
douanières, forcent la théorie de l'économie internationale à intégrer le
caractère hétérogène de l'économie mondiale. En outre, l'économie mondiale
n'est pas une simple juxtaposition d'économies nationales mais un système
constitué d'enchevêtrement de groupes complexes que sont les alliances entre
pays, les firmes et groupes transnationaux. Les nations ne sont pas vidées de
leur substance mais ne coïncident plus avec le découpage territorial des
frontières. En conséquence, l'alternative nation - reste du monde tend à être
remplacé par un raisonnement ternaire d'échanges entre la firme ou le pays
considéré, la filiale du même groupe ou le pays partenaire, et les firmes
concurrentes ou les pays tiers.
2DES MERCANTILISTES AUX NOUVEAUX NEO-CLASSIQUES
La théorie de l’économie internationale se distincte de la théorie économique
interne mais pas de manière absolue. D’une part, la lutte contre la rareté des
ressources est au centre des deux théories. D’autre part, la nature et la
direction des transactions internationales dépendent des structures nationales
de production. Cependant, la particularité de l’échange international est
d’opérer une dissociation de la production, limitée en autarcie par la dotation
de facteurs, et de la consommation, rendue plus variée suite à l’échange. Les
nations cessent de produire la totalité des produits qu’elles consomment et la
spécialisation internationale des produits devient le fondement de l’échange
dans l’économie nationale. Encore faut-il définir la nation et montrer le rôle
des échanges entre nations dans les grands courants de pensée.
2.1 Les théories traditionnelles de l’échange international
Bien que les analyses théoriques du commerce international se sont
considérablement affinées au cours des siècles, il est encore très fréquent de
rencontrer dans les milieux politique et socio-économique contemporains des
discours dont les lignes directrices s’enracinent dans la pensée mercantiliste.
2.1.1 Le mercantilisme
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La doctrine mercantiliste, élaborée aux XVIe et XVIIe siècles, assimile la nation
à une firme. C'est la conception de la nation-firme dont la richesse essentielle
est constitué par les métaux précieux. Les auteurs mercantilistes, tels que
Malynes, Child et Munn en Angleterre, Bodin et de Montchrestien en France,
veulent faire du commerce international un moyen d'enrichir le souverain. La
politique commerciale dont l'objectif central est de créer des excédents afin
d’accroître le stock d'or ou d'argent de la nation, se caractérise à la fois par une
grande agressivité et un protectionnisme sévère. Comptant que "nul ne perd...
que l'autre n'y gagne" (de Montchrestien), l'échange entre nations ne permet
pas d'obtenir un gain à l'échange partagé entre les participants: il s'agit d'un jeu
à somme nulle dont les avantages sont purement unilatéraux. La conquête
extérieure se fait l'auxiliaire du négoce. Se constituent les compagnies à charte,
comme la Compagnie des Indes. En Angleterre, les Actes de navigation (1651)
interdisent l'importation de marchandises sur bateaux étrangers. Le commerce
entre l'Asie, l'Afrique, l'Amérique et les ports anglais est réservé exclusivement
aux navires construits en Angleterre, appartenant à des armateurs anglais et
montés par des équipages anglais.
Dans ses Discours politiques (1752), David Hume est le premier à contester la
thèse mercantiliste. L'accumulation de métaux précieux par la réalisation
d'excédents commerciaux provoque à terme une augmentation de l'offre de
monnaie qui se répercute, suivant une relation purement quantitative, sur les
prix et salaires. La position compétitive de la nation se dégrade, le stock de
métaux précieux diminue et le surplus commercial disparaît. En régime de
concurrence parfaite, de convertibilité des monnaies en or et avec une demande
élastique par rapport au prix pour les biens échangés, il existe un mécanisme
d'ajustement automatique de la balance commerciale qui équilibre à terme le
stock de métaux précieux détenu par les nations commerçantes. Le théorème
de Hume ouvre la voie au courant classique dont l'analyse des échanges
internationaux fait encore aujourd'hui l'objet de prolongements théoriques.
2.1.2 La théorie classique
L'oeuvre des économistes anglais de la fin du XVIIIe siècle et de la première
moitié du XIXe siècle, constitue la réponse des classiques à la vision
mercantiliste du commerce. Les classiques assimilent la nation à un ensemble
de facteurs de production immobiles sur le plan international. Les échanges de
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