[20]. Enfin, nous avons comptabilisé le nombre de
médicaments pris quotidiennement, sachant qu’une
consommation de plus de quatre médicaments par jour
a été également reconnue dans la littérature comme un
facteur de risque de chute indépendant [21-23].
Procédure de prise en charge
Chaque patient suivi en ambulatoire en hôpital de
jour au CHU de Saint-Etienne a reçu une prise en
charge rééducative pluridisciplinaire comportant ;
1) un programme kinésithérapique centré sur l’équili-
bre après test d’évaluation de l’équilibre selon le degré
d’autonomie [24], test moteur minimum [12], apprécia-
tion de la force musculaire, des déficits articulaires, de
la posture, et centré sur la peur de la chute (travail de
relever du sol, apprentissage de la chute) ; 2) un pro-
gramme ergothérapique prenant en compte l’équilibre
lors d’activités de la vie quotidienne avec progression
vers des activités complexes de doubles tâches [25] ; 3)
un programme de reprise au quotidien des stratégies
d’équilibre précédemment décrites par les équipes soi-
gnantes à chaque séance d’hôpital de jour ; 4) une
prise en charge psychologique particulière : le photo-
langage [26]. Celui-ci consiste en un travail sur la peur
de la chute animé par une psychologue et un soignant
à raison d’une séance par semaine par groupe de cinq
pendant trois mois (douze séances). Les patients pou-
vaient exprimer leur vécu et leur appréhension de la
chute, le but étant de verbaliser leur peur de tomber à
partir de photographies. La séance de photolangage se
déroulait en deux temps. En premier lieu, une question
élaborée par les soignants était posée aux membres du
groupe à laquelle ils devaient répondre à l’aide d’une
photo qu’ils avaient choisie parmi celles proposées. Le
second temps de la séance consistait en un échange
libre à partir des photos sélectionnées par le patient
lui-même.
Bilan avant et après la prise en charge
rééducative
•Quantification des chutes et répercussions
de celles-ci sur l’indépendance fonctionnelle
dans les activités de la vie quotidienne
Par l’interrogatoire, nous avons quantifié le nombre
de chutes antérieures dans l’année écoulée et nous
avons évalué la restriction des activités de la vie quoti-
dienne qui en résultait avant et après la prise en
charge. Nous avons proposé à chaque patient un calen-
drier de chutes pendant les trois mois suivant la prise
en charge afin de les quantifier. L’échelle ADL (activity
of daily living) de Katz [27] a été appliquée pour chaque
personne. C’est une échelle qui permet de quantifier
l’indépendance fonctionnelle dans les activités de la vie
quotidienne par l’analyse de six items de base des
actes de la vie courante : indépendance pour les trans-
ferts, s’habiller, manger, se laver, se rendre aux toilettes
et être continent. Elle est cotée de 0 (dépendance com-
plète) à 6 (autonomie complète). Nous avons égale-
ment utilisé l’échelle IADL (instrumental activity of
daily living) de Lawton [28]. Il s’agit d’une échelle ins-
trumentale de la vie courante qui permet d’évaluer les
capacités du patient à assumer ses propres soins mais
aussi son aptitude à se servir des instruments de la vie
courante (téléphone, argent, blanchisserie, transports
en commun...). Cette échelle est cotée de 0 (absence
complète d’autonomie) à 14 (autonomie complète).
•Echelles verbale et analogique
de la peur de tomber
Pour quantifier la peur de chuter nous avons utilisé-
deux échelles subjectives. L’échelle verbale de la peur
de tomber consistait à demander au patient de choisir
la proposition qui correspondait le mieux à son ressenti
par rapport à la chute parmi les suivantes : Je n’ai pas
peur, J’ai un peu peur, J’ai peur, J’ai très peur, J’ai
extrêmement peur. Ces cinq propositions étaient
cotées de0à4allant de l’absence de peur à une peur
maximale. L’échelle visuelle analogique (EVA de la
peur de tomber) consistait à demander au patient de
positionner le curseur d’une réglette cotée de0à10au
niveau qu’il pensait correspondre le mieux à sa peur
face à la chute. Nous avons utilisé la réglette d’échelle
visuelle analogique habituellement utilisée pour coter
la douleur.
•Échelle SAFE
L’échelle SAFE est une échelle validée qui permet
d’évaluer le degré de peur de tomber [29]. Elle consis-
tait à demander au patient d’évaluer son degré
d’appréhension face à la chute pour chacune des
11 activités prédéfinies suivant quatre possibilités : pas
Points clés
•Les conséquences des chutes chez les sujets âgés
sont autant psychologiques que physiques.
•La peur de tomber provoque une diminution de
l’autonomie qui favorise l’institutionnalisation.
•Une prise en charge multidisciplinaire incluant la
peur de tomber entraîne une amélioration des activi-
tés de la vie quotidienne et de la qualité de vie.
La peur de tomber
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007 227
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