
La Revue de Gériatrie, Tome 33, N°3 MARS 2008 208
Accueils de jour Alzheimer
Apparus en psychiatrie dans les années 1930-
1940 (1),des centres de jour puis des accueils
de jour polyvalents se sont créés en gériatrie (2),
et sont un peu tombés dans l’oubli. Ils ont retrouvé un
nouvel essor avec le nombre croissant de malades
Alzheimer et syndromes apparentés, et surtout le déve-
loppement d’une politique en leur faveur. De 1131 pla-
ces spécifiques recensées en 2002, à 1822 fin 2003,
puis 2242 fin 2004, 2410 en mars 2005 (pour 428 ser-
vices) et 3456 fin 2005… le nombre total des places
d’accueil de jour (AJ) “Alzheimer” est espéré à 10000
d’ici fin 2007 (3).Il s’ajouterait un nombre incertain de
places, sans identification spécifique, disséminées en
EHPAD (quelques places par établissement) ? Les réali-
tés recouvertes sont variables, d’autant que les appella-
tions ont pu fluctuer (1,4),de centres de jour, centres d’ac-
cueil de jour (5),accueils de jour,accueils thérapeutiques
de jour (6)…
En 2002, puis 2005 deux circulaires (7,8) ont pu établir le
cahier des charges d’accueils de jours “Alzheimer”.
Alors est apparue une certaine référence pour l’organi-
sation et le fonctionnement de ces centres (1,2).Il existe
cependant toujours de grandes variabilités entreles
structures existantes, les offres d’accompagnement, le
caractère thérapeutique plus ou moins développé, et le
type de recrutement partiellement ou uniquement ouvert
àdes personnes vivant à domicile.
Apartir de l’expérience d’un AJ Alzheimer géré par un
EHPAD, fonctionnant depuis 2001, nous présentons la
mise en place, l’activité, et l’évolution depuis 5 ans.
Ensuite nous discuterons de ce projet, ses supports théo-
riques, sa faisabilité. Enfin nous aborderons les liens
déterminants entreAJ et maintien à domicile.
CADRE RÉGLEMENTAIRE ET OBJECTIFS DES
ACCUEILS DE JOUR ___________________________
La circulaire du 16 avril 2002 (7) relative à “la mise en
place du programme d’actions pour les personnes souf-
frant de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparen-
tées”, puis celle du 30 mars 2005 (8) relative à “l’appli-
cation du plan Alzheimer et maladies apparentées
2004-2007”, proposent “d’accueillir des personnes pré-
sentant une détérioration intellectuelle et vivant à domi-
cile pour une ou plusieurs journées par semaine … dans
des locaux dédiés”. “L’accueil de jour doit permettre de
rompre l’isolement et de restaurer le lien social” (8).Il
s’inscrit “pleinement dans une politique de soutien à
domicile” (7).“La taille des groupes ne dépasse pas 15
personnes” (8) ... “uniquement composés de personnes
vivant à domicile, ou de quelques personnes vivant à
domicile ou accueillies dans un EHPAD qui propose déjà
àses résidents atteints de détérioration intellectuelle des
activités adaptées au sein d’un espace dédié” (8).
“L’accueil de jour doit travailler en articulation étroite
avec une consultation mémoire pour que chaque bénéfi-
ciaire fasse l’objet d’un diagnostic et que le stade de sa
maladie soit connu” (7).
“La création d’un AJ est soumise à autorisation du
préfet, après avis du comité régional d’organisation
sanitaire et sociale (CROSS) pour la partie “soin”, et
du président du conseil général pour la partie “héberge-
ment”. Leur coût est partiellement couvert par l’assu-
rance maladie, et une part supplémentaire des frais
inhérents peuvent être pris en charge dans le cadre de
l’Allocation Personnalisée d’autonomie (APA) (4),ou par
certaines caisses de retraites. Le prix de journée est
variable, allant de 20 à plus de 50 €(35,88 €dans
l’établissement). Les AJ doivent disposer d’un personnel
qualifié dans la prise en charge des malades Alzheimer
et apparentés (7,8).
Deux circulaires de 2007, considèrent la prise en charge
des frais de transports (9,10).Si jusqu’alors il y avait autant
de solutions trouvées pour le financement et l’organisa-
tion que de particularités locales, d’aides financières des
services de l’état ou du département, de mécénat privé
ou associatif … Ces circulaires proposent pour les AJ
autonomes comme ceux rattachés à un EHPAD, qu’un
forfait journalier soit versé aux institutions. A leur
charge ensuite, d’organiser des transports adaptés. La
mise en application de ces textes est en cours.
Tous ces éléments de cadrage permettent aujourd’hui de
délimiter les projets d’AJ et les moyens requis. Ces lieux
de vie s’inscrivent dans la politique de maintien à
domicile (8),comme les gardes itinérantes, les héberge-
ments temporaires, ou tous les services de soins et
d’aides à domicile, plus ou moins spécifiques de sujets
désorientés (6).
Objectifs des accueils de jour
Leur objectif a été schématiquement défini comme
double : thérapeutique pour le malade tout en étant un
lieu de vie, et offre de répit pour l’aidant. Ces lieux de
vie ont donc un objectif important de resocialisation ou
de maintien de la socialisation (4) :en d’autres termes de
préserver, maintenir, voire restaurer l’autonomie de
personnes atteintes de maladies d’Alzheimer ou de
maladies apparentées, afin de permettre la poursuite de la
vie à domicile, dans les meilleures conditions possibles.