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abusivement « numérique » et progrès technique en général. Plus marginales sont les
interrogations sur l’existence même de changements liés au numérique, ce que le sujet
n’invitait pas à mettre en débat.
Des candidats ont décidé de renoncer ou n’ont pas eu assez de temps pour traiter
correctement cette question. La gestion du temps est à l’évidence à travailler afin de
remettre une copie convenablement rédigée et construite de bout en bout.
Quelques développements ont, en revanche, su dégager une réflexion autour de
l’apport “du” numérique (dans sa dimension sociale, économique, intellectuelle…), ce qui
n’empêchait d’ailleurs pas de poser l’idée que si certains changements étaient positifs,
d’autres l’étaient moins.
L’argumentation laisse parfois beaucoup à désirer, certains candidats oubliant qu’une
idée seule sans exemple n’a pas grande valeur et vice versa.
Nombre d’arguments s’avèrent schématiques ou oiseux, voire relèvent de la théorie du
complot (Internet, les médias, les réseaux sociaux sont ainsi stigmatisés comme
profondément dangereux). On peut tout de même s’étonner, voire s’inquiéter de ces
théories “complotistes” : si nos vies ont perdu de leur caractère privé par les informations
que nous livrons en pâture, volontairement ou non, si une inquiétude légitime sur
l’utilisation que peuvent faire des Etats et des entreprises de ces informations peut être
exprimée, il convient de se garder d’y voir une ample manipulation orchestrée par on se
demande qui depuis des temps qu’on serait tout aussi en peine de situer précisément…
On rencontre aussi de lourdes erreurs touchant à l’histoire ou à l’économie (« le
numérique est apparu en même temps que la société de consommation ») ou des contresens
(« le numérique qui consiste à prendre des photos »). Outre la diabolisation récurrente du
numérique, on a trouvé de belles lapalissades : « il y a plusieurs sortes de changement, « le
changement est une modification » ou des phrases creuses (« le savoir c’est le pouvoir depuis
la nuit des temps »), ainsi que de faux exemples (« une étude montre que les gens
s’informent principalement par internet et la télévision et délaissent les journaux »).
Certaines questions maladroitement formulées portent comiquement en elles leur propre
réponse : « Qu’adviendrait-il de telles œuvres si elles venaient à disparaître ? », tandis que
certains candidats proposent de faux et mauvais élargissements (que l’on souhaiterait
parodiques !) sur de vertigineux progrès à venir : « Mais, dans un futur plus ou moins proche,
cette avancée nous fera-t-elle toujours continuer d’aller vers l’avant ? »
Il faut d’ailleurs éviter sur ce genre de sujet la tendance à céder à d’autres vertiges :
une tendance assez régulière à glisser dans la science-fiction en envisageant des
changements à venir, non encore avérés (ce qui n’était pas le sujet) : « prenons par exemple
les camions conduits par des ordinateurs qui fonctionnent et roulent en ce moment même sur
les routes » ; « par ego surdimensionné, certains ont voulu numériser leur être pour avoir un
égal, humanoïde ». Enfin, l’on a parfois lu des réflexions étranges : « la numérisation a
provoqué une augmentation du taux de criminalité dans le monde » — ou maladroites : « ce
qui a pour conséquence de sauver des milliers et des milliers de feuilles de papier » à propos
de la lecture à l’écran.
Si le sujet pouvait poser des difficultés quant aux références culturelles, on peut relever
tout de même des mentions de Kant et son Sapere aude, des renvois à Sartre, à 1984 de
George Orwell, à Irving Penn (qui aurait eu recours au numérique, sans que soit précisé en
quoi) et à des films contemporains ou plus anciens (dont The Truman Show de Peter Weir,
cité plusieurs fois, tandis qu’on aurait aimé des références plus “classiques” tel 2001
Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick). Le recours à des mythes, comme celui de
Prométhée, était naturellement bienvenu, personne n’ayant cependant pensé à Faust...
Certaines mentions étaient parfois, néanmoins, aberrantes, ou, pour le moins, énigmatiques,