adc doss - Les Affinités Electives

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LES ANNEES DE CENDRE
CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE
I. TABLEAU
AUTOUR DE G
II. ENEAS,
III. ANDROMAQUE
IV. ASTYANAX
NEUF
DE JEAN RACINE
VOIT ROUGE
Conception et mise en scène : Frédéric Constant
Frédéric Constant
[email protected]
06 15 09 84 13
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ORIGINE
“Voici que recommence le grand ordre des siècles.”
Virgile. L’Énéide
Articulé autour de la métaphore d'un navire-monde courant à sa perte, Titanic City 1, premier
spectacle des Affinités Electives, mettait en jeu les interrogations que le siècle finissant
soulevait.
Titanic City se situait à ce moment crucial avant “le grand plongeon”, à cet instant suspendu où
tous les événements du passé défilent devant les yeux. Pour cette nouvelle aventure, nous nous
placerons dans les temps troublés et incertains qui suivent les catastrophes : sur les ruines.
Par son souvenir, ses éclats et ses échos, la guerre lézarde la quiétude de notre présent. Elle
imprègne la vie des sociétés humaines et influe sur leur avenir.
Le sentiment de cette menace nous a conduit, dans un premier temps, à vouloir monter
l’Andromaque de Jean Racine, cette intrigue amoureuse dont l’inscription dans l’horizon
sanglant de la guerre lui donne sa dimension proprement tragique.
Mais, au cours du travail dramaturgique, s'est imposée à nous la nécessité d'approfondir à la
fois l'enjeu théâtral que représente aujourd'hui la mise en scène d'un texte classique et la
charge de sens sur lequel nous comptions mettre l'accent.
Nous avons décidé d’accompagner notre mise en scène de l’Andromaque de Jean Racine de
trois créations contemporaines qui puissent redonner de la réalité aux événements qui en
forment l'arrière-plan, et en développer les implications.
Ainsi est né le projet des Années de Cendre, chroniques des temps de guerre.
1. Créé en 1999 à la Maison de la culture de Bourges, et repris en tournée en 1999 et 2000 au Théâtre de
Lons-le-Saunier, à la Maison de la Culture d’Amiens, à la Scène nationale de Châteauroux, à La Halle aux Grains –
Blois, et au Théâtre de la Cité internationale – Paris.
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LES ANNEES DE CENDRE
CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE
“2 Août 1914. L'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie.
– Après-midi, piscine.”
Franz KAFKA. Journal
Au commencement était la guerre.
Attachée à l'humanité, comme une mauvaise sœur, elle nous
accompagne, évoluant au gré des époques et du progrès
technologique. Elle peut être froide, éclair, coloniale, sainte,
économique, mondiale, juste, totale, propre, urbaine, nucléaire,
bactériologique…
Elle peut durer six jours ou cent ans.
Elle change tout, et elle ne change rien.
Qui est-il, ce spectre qui nous hante depuis la nuit des temps ?
La nuit des temps… Troie, XIIIe siècle avant J.-C. Archétype de la guerre, premier génocide de
l'histoire à s'inscrire à jamais dans la mémoire occidentale. L'antique cité ravagée est devenue
légendairement la mère d'au moins trois nations, qui se sont approprié les “restes” de cette cité
détruite pour nourrir le mythe de leur propre origine : Rome fondée par Enée2, survivant
troyen ; Londres fondée par le petit-fils d'Enée 3; et la généalogie des rois de France
commençant avec Astyanax4.
Les Années de cendre se proposent donc d’interroger la guerre sous la forme de quatre
Chroniques, celles d’un monde, le nôtre, qui, depuis son origine, ne serait qu’une guerre que
des instants de paix suspendent.
2. Virgile, dans L'Eneïde
3. Geoffrey of Monmouth, dans The History of the Kings of Britain
4. Ronsard, dans La Franciade
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TEMOIGNER
La guerre, cette violence physique réelle, même si les images de la télévision tendent à nous
faire croire le contraire, ne peut pas se montrer, et moins encore se représenter. Car, ce par
quoi la guerre est réelle – le danger, la mort partout présente, le deuil, la haine – est une
perception totale qui ne tolère aucun semblant. De surcroît, le théâtre, qui passe pour être une
activité de représentation, rencontre toujours précisément sa limite la plus flagrante quand il
s’essaie à montrer la violence physique. Il y a de l’indécence à voir le corps des acteurs – dont
chacun sait qu’ils se relèvent à la fin pour saluer – singer ce réel-là.
Nous courons donc le risque de nous empêtrer dans la position tragique qui consiste,
poursuivant la conciliation de l’inconciliable, à mentir, à faire semblant d’ignorer l’absence
fondamentale de ce que nous faisons semblant de représenter. Nous avons donc à trouver le
lieu d’un témoignage réel qui nous soit propre. Seul le témoignage permet en effet d’échapper
au paradoxe tragique, puisque le témoin, qui parle pour, ne parle jamais pour lui-même.
Pour qui parlons-nous ?
Il va de soi, dans la suite de ce qui précède, que nous ne pouvons parler pour les victimes de la
guerre, ni pour qui que ce soit à qui il ait été donné d’éprouver la présence réelle de la guerre.
Nous parlons pour ceux qui, comme nous (le comme est essentiel), sont à distance de la
guerre, ceux qui sont physiquement épargnés par elle, sans pour autant se tenir quittes du fait
d’être physiquement indemnes.
À tout point de vue, le théâtre, qui est notre moyen d’expression, se révèle singulièrement
adéquat aux déterminations que nous venons d’exposer. Il est peut-être même le seul à
permettre le déploiement d’une parole qui soit à la hauteur du témoignage que nous voulons
porter. D’abord, parce qu’il se tient sans cesse sur un fil tendu au-dessus de l’abîme des
discours pleins et des certitudes de toute nature. Ensuite, parce que son mode de
fonctionnement est homogène à celui du mythe, et qu’il consiste essentiellement en une
représentation de ce mode de fonctionnement même.
Nous voulons témoigner sur la guerre, de là où nous sommes. C’est-à-dire loin de la guerre. La
guerre de Troie nous servira, entre autres, à établir cette distance. À l’établir comme partie
constitutive de notre parole.
Xavier Maurel
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LES ANNEES DE CENDRE
CHRONIQUES EN QUATRE TEMPS ET UN INTERMEDE
La guerre est une expérience, et, pour nous qui ne l'avons pas vécue, une expérience
inaccessible, comme la mort.
Pour aborder théâtralement cette question, il nous a semblé nécessaire d’établir une distance
entre la guerre et nous, et d’éviter ainsi la quotidienneté, le réalisme ou l’anecdotique. Nous
avons donc imaginé une forme de récit aux dimensions du sujet et construit notre fable à partir
d’un mythe fondateur : la guerre de Troie.
Nous avons donc imaginé une somme de quatre pièces – trois créations contemporaines et une
tragédie classique française – qui développent différentes thématiques à partir de destins liés
par une même expérience : La guerre de Troie et ses conséquences sur ceux qui lui ont
survécu.
I.
TABLEAU AUTOUR DE G5 est une Iliade moderne qui ravive le souvenir de la guerre de
Troie et touche du doigt ce point où les ferments premiers de l’humanité côtoient déjà la
barbarie. Elle donne par cette évocation une impression de la guerre comme la peinture
le fait du monde.
P. 6
II.
ENEAS, NEUF 6 s’intéresse à l’exode de ceux qui, jetés sur les routes par la violence du
monde, tentent de survivre.
P. 8
III.
ANDROMAQUE de Jean Racine nous fait entendre avec force une période troublée
d’entre-deux-guerres où chacun s'élance avec frénésie vers la réalisation à tout prix de
son désir.
P. 11
IV.
ASTYANAX VOIT ROUGE est une rêverie sur les mécanismes du pouvoir au travers de la
vie et les interrogations du fils d’Hector et d’Andromaque, devenu grand, écartelé entre le
poids de l'héritage et l'angoisse de l'avenir.
p. 16
Ces quatre spectacles pourront être représentés en quatre soirées
distinctes ou en une seule journée. Cette intégrale sera
l’occasion d’agrémenter la représentation de cette tétralogie
d’un intermède musical, sous la forme d’un cabaret, durant
lequel les spectateurs pourront se restaurer. Sans dévoiler plus
avant la teneur de ce cabaret, nous avons demandé à plusieurs
compositeurs de mettre en musique des extraits du texte de
Racine. Ces chansons seront interprétées par les comédiens
accompagnés de musiciens.
5. Créé en janvier 2004 à L’Onde – Vélizy-Villacoublay, et repris en tournée à la Scène nationale de Blois, au
Théâtre Paris Villette, au Théâtre de L’Union – CDN de Limoges, à la Scène régionale de Vendôme
6. Spectacle créé en janvier 2010 au CDN d’Orléans et repris en tournée au CDR de Tours, au Théâtre 95, à la
Scène nationale de Châteauroux, à la Scène conventionnée de Vendôme et au Théâtre Paris-Villette.
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TABLEAU AUTOUR DE G
“Une génération assiste au sac de Rome, une autre au siège de Paris ou à
celui de Stalingrad, une autre au pillage du palais d'été : la prise de Troie
unifie en une seule image cette série d'instantanés tragiques, foyer
central d'un incendie qui fait rage sur l'histoire, et la lamentation de
toutes les vieilles mères que la chronique n'a pas eu le temps d'écouter
crier trouve une voix dans la bouche édentée d'Hécube”.
Marguerite YOURCENAR. En pèlerin et en étranger
Tableau autour de G ravive le souvenir de la guerre de Troie
ce conflit exemplaire, cette guerre des guerres.
Deux lignes de force sous-tendent ce projet :
– Donner une “impression” de la guerre, des guerres, comme la peinture le fait du monde ;
– Revenir à la déflagration que fut cette guerre pour ceux qui la vécurent afin de mieux
comprendre la nature du cauchemar qui hante les personnages de notre histoire.
L’ILIADE RECIT DES ORIGINES
Avec Tableau autour de G, il est question pour nous d’évoquer le début des temps, tenter de
toucher du doigt ce point où les ferments premiers de l'humanité côtoient déjà la plus sauvage
barbarie, où une force destructrice invincible accompagne déjà le balbutiement des origines.
C’est pourquoi nous avons exploré les moyens premiers de la représentation théâtrale – le récit,
le jeu choral, la conférence, la danse… –, auxquels nous avons mêlé les ressources
technologiques du spectacle moderne : vidéo, sons, lumières, projections…
IMPRESSION DU CHAOS
La forme choisie ici est celle du « théâtre en train de se faire », de la fragmentation, de la
discontinuité, comme si, la guerre étant par définition impossible à montrer, il nous était
seulement possible de la saisir par bribes, par lambeaux, et de fonder là-dessus notre façon
même de faire du théâtre.
En mêlant nos textes à ceux d’autres auteurs nous avons veillé à ne pas éviter l'opposition des
styles d'écriture, à ne pas craindre que le chaos du langage vienne redoubler le chaos des
armes.
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CONSTRUCTION
Notre recherche textuelle et scénique s’est faite à partir de deux axes définis par la guerre ellemême : le front (dans la tourmente du siège de Troie) ; et l'arrière (loin des combats, avant,
pendant ou après la guerre). Pour accentuer “l’impression du chaos”, ces deux axes sont, au
final, croisés, imbriqués, mélangés.
Débarrassé de toute nécessité de chronologie et de cohérence de personnages, Tableau autour
de G est composé en cinq chapitres :
I. HOMERE.
Un soir d’été, trois amis sont réunis à l’occasion du départ
de l’un d’entre eux. Le plus âgé évoque l’origine de la
guerre de Troie, du mariage d’Hélène au sacrifice
d’Iphigénie.
II. HELENE.
Tandis que les armes sont affûtées et que les militaires
partent rejoindre leur régiment, Hélène revient sur sa
vie, son mariage, son amant, les causes de la guerre.
III. ILION.
Devant les murs de Troie trois soldats philosophent. Au
fil des courtes scènes, qui composent ce chapitre, la folie
— dernier refuge devant une réalité insupportable –
s’empare des protagonistes et prend le pouvoir.
Trois chœurs ponctuent cette partie. Ils connaissent une
évolution du chanté-parlé à l’incarnation des
personnages. Il s’agit de trois extraits de l’Iliade : Les
combats (chant 4), la mort d’Hector (chant 22), le corps
d’Hector (chant 24).
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IV. LE CHEVAL.
Le stratagème d’Ulysse, la statue équestre, semble l’unique
solution pour sortir de ce conflit enlisé depuis dix ans. Tous la
saisissent sans plus réfléchir aux conséquences qu’elle peut
entraîner. Les spectateurs et les soldats qui les ont rejoints se
trouvent, coupés de la scène, à l’intérieur du cheval de bois. C’est
de là qu’ils vivront l’entrée dans les murs de Troie.
V. SCHLIEMANN.
A Hissarlik, Heinrich Schliemann – scientifique ayant
découvert les ruines de Troie –, à court d’argent,
cherche à séduire un mécène Berlinois. Il évoque le sac
de Troie et s’interroge sur la conclusion de cette guerre,
supposant même qu’elle continue toujours. L’évocation
enfiévrée du passé fait surgir de ces ruines le spectre de
Clytemnestre – la sœur d’Hélène – qui tua son mari à
son retour de Troie.
Des morceaux de récits homériques, des scènes de guerre fantaisistes, des échos
Tchékhoviens, des aspirations à danser, le tout s’entrechoquant comme pour reproduire la
rumeur sourde qui nous parvient où nous sommes : voilà Tableau autour de G.
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ENEAS, NEUF
“Ils allaient obscurs dans la nuit solitaire.”
Virgile. L’Enéide, chant VI
Si le premier volet des Années de cendre, raconte le conflit Troyen en nous plongeant au cœur
de la tourmente. Enéas, neuf débute au lendemain de la guerre de Troie.
C’est à partir de L’Enéide de Virgile que nous avons imaginé notre récit. Ce poème antique
raconte les aventures d’Enée, survivant Troyen, qui fuit sa ville en flammes après le génocide
de son peuple. Un périple de plusieurs années le conduit d’une rive à l’autre de la
Méditerranée jusqu’en Italie, où il fondera, après un dernier combat, une cité prospère.
Tout au long du récit, Enée est mû par son devoir. Il ne choisit pas entre plusieurs voies
possibles, il obéit comme un soldat exemplaire.
L’œuvre de Virgile est un point de départ, une source d’inspiration. Nous en avons retenu trois
épisodes : Le séjour d’Enée à Carthage et sa relation avec Didon (chant IV), la descente d’Enée
aux Enfers (chant VI), l’entrée en Italie (chant VII à XII), enfin, nous avons établi un parallèle
avec Ulysse, héros de l’Odyssée d’Homère, un autre “voyageur forcé”.
SOUS LE SIGNE DE L’EXIL
La guerre de Troie marque une profonde mutation : un autre monde sortira de ces ruines. C’est
dans le sentiment euphorique, et peut-être illusoire, de l’avènement des temps nouveaux, que
se développent les séquences et les personnages de la pièce.
Nous allons raconter l’errance d’hommes et de femmes, laminés par la violence du monde et
qui, semblables à des demi-spectres, cherchent les bribes d’un futur dans lequel s’inscrire pour
reprendre vie.
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STRUCTURE
Commençons par le pivot autour duquel s’articule la pièce : ENEE.
Personnage en retrait, comme en marge de sa propre histoire, manipulé par tous, Enée est
devenu boxeur professionnel.
Champion de Méditerranée poids Walter, il enchaîne les combats en attendant que son destin
s’accomplisse.
Figure populaire et fantasmatique, il entraîne dans son sillage une suite de profiteurs et
d’affairistes.
Accablé par la défaite Troyenne, rongé par la culpabilité du survivant, englué dans le sentiment
qu’il ne peut agir sur le monde, Enée ne croit plus aux promesses et aux engagements qu’il a
vus s’effriter et se dissoudre dans l’oubli des hommes et des dieux. Le temps se joue de tout et
de tous, les volontés s’étiolent, et il ne reste rien de la chose convenue.
C’est donc un personnage désabusé, méfiant et perdu, qui entrera en scène.
La pièce se déroule en quatre actes :
I. CARTHAGE
C’est à Carthage que commence l’aventure, dans cette
ville en pleine construction qu’Elissa-Didon gouverne,
une femme éprouvée par une vie difficile et
particulièrement en empathie avec les victimes.
Sa cour se compose d’une foule bigarrée d’exilés,
d’apatrides, d’aventuriers et d’hommes d’affaires…
Auréolé de son titre de Champion de Méditerranée
poids walter, Enée débarque à Carthage au cours d’une
soirée de Gala donnée par la reine Elissa-Didon.
Une passion va naître entre cette Reine et notre héros, mais le devoir d’Enée conduira les
amants à se séparer. Didon se suicidera.
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II. LES ENFERS
La descente d’Enée aux Enfers est un épisode particulièrement
riche pour un projet de théâtre. Mais qu’est-ce que c’est les
Enfers ?
Ce monde du dessous, où les âmes libérées des corps viennent
séjourner, a ses règles, sa hiérarchie, son quotidien. Il est le lieu
de la souffrance, qu’on soit élu – regret du temps de la vie, ou
puni – châtiments perpétuels.
Emporté loin de Carthage par une équipe d’affairistes conduite
par Vénus, sa mère, Enée qui rechigne à accomplir son destin
exige de voir son père, Anchise, qui est mort.
C’est un autre voyage qui commence alors pour Enée, accompagné de la Sibylle, dans le pays
du remords et du regret.
III. L’ITALIE
Après avoir perdu la trace d’Enée, on le retrouve en Italie, au
Latium. Il a été arrêté avec des clandestins, sur la côte, et conduit
à un poste de police. Nous suivons son parcours du centre de
rétention au Palais du Roi Latinus.
Nous assistons aux multiples épreuves subies par ce Turc7 pour
s’installer dans une Europe en devenir…
IV. TÜBINGEN
Nous voici dans ce village d’Allemagne où les rebelles
du Latium se sont réunis autour de la figure
emblématique de Turnus, le boxeur Italien, champion
du monde.
Le jour où le roi Latinus lui a proposé sa fille en
mariage, Turnus s’est exilé du Latium, et, comme l’a
fait le poète Hölderlin, il a élu domicile dans la tour
d’un menuisier de Tübingen. Depuis, il vit comme un
ermite que l’on regarde comme un prophète.
Enée vient à sa rencontre. Leur échange sera décisif.
. C’est à Hissarlik, en Turquie, que se trouvent les ruines de Troie.
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ULYSSE SUR LA ROUTE
Après être revenu de Troie à Ithaque, et après avoir
débarrassé son palais de tous les prétendants qui
l’encombraient, après avoir vécu son odyssée, Ulysse est
à nouveau sur la route.
Figure inversée d’Enée, nous le retrouvons au fil de notre
récit.
Voyageur anonyme et spectateur passif du monde, il
parcourt le globe à la recherche d’une terre sans conflit.
Mais où qu’il aille la violence le rattrape. Il comprend qu’il ne pourra trouver cette paix qu’il
appelle de ses vœux que dans l’indifférence aux autres. Il refusera d’adopter cette attitude et
décidera de reprendre le cours de sa vie en rentrant chez lui.
Nous le retrouvons à différentes étapes de son périple : dans la chambre d’un hôtel à
Haïphong, à la table d’un café de Buenos-Aires, sur Alexander-platz…
L’errance, les combats truqués, l’espoir qui surgit au lendemain des catastrophes, l’impossible
retour, la vie nouvelle, la griserie du progrès, la fièvre des convalescents, un fils et sa mère, le
pays des morts, le poids du devoir, les méandres de l’administration, composeront l’univers
d’Enéas, neuf.
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RACONTER LE MONDE
Dans l’Enéide de Virgile, Énée consent à une histoire qui le
dépasse. Tout au long du récit, le cheminement d’Enée repose sur
la confiance. Énée obtempère aux ordres qui lui sont donnés est
une particularité du personnage de Virgile qui ouvre un espace
de non-dit qui me séduit et m’incite à le remplir.
Notre Enéide n’est pas tout à fait celle de Virgile. Elle ne s’inscrit
pas dans la perspective d’un avenir de paix, mais plutôt dans les
temps du doute et de la méfiance. Devant un monde à déchiffrer,
notre héros cherche lui aussi le sens des événements qui
l’accablent, mais sa confiance a disparu. Il veut comprendre à
l’avance ce qu’il doit faire et refuse d’être le jouet de quiconque.
Le héros de Virgile enchaîne les combats singuliers. Son sens du devoir prime sur ses désirs
dont on ignore tout. Cela répond à une certaine image d’Epinal que j’ai du boxeur : une
fragilité face à la vie compensée par une détermination aveugle et brutale sur le ring. Et puis, il
n’est pas invraisemblable d’imaginer qu’un homme qui a passé son temps à se battre à la
guerre trouve dans la boxe une reconversion possible quand la paix revient.
Après la guerre, dans l’écho de l’onde de choc, c’est bien là où nous sommes pour ce
deuxième volet des Années de Cendre, dans ce passage entre l’avant et l’après, et notre regard
se concentre sur un homme que le doute assaille, un survivant dont les blessures ne se
referment pas.
Enéas, neuf est une saga, avec une foule de personnages, victimes et bourreaux, victimes ou
bourreaux. Chacun se débat pour s’assurer une place ou ne pas perdre celle qu’il possède déjà.
Comme mes spectacles précédents — Titanic City, Tableau autour de G — Enéas, neuf
cherche à représenter le monde, non pas d’une façon globale, mais par accumulation de
fragments, de séquences, d’anecdotes, comme les notes d’un journal intime. De fait, cette
représentation est parcellaire, comme si nous ne possédions que quelques pièces d’un puzzle à
partir desquelles nous tenterions de recomposer l’image d’origine.
L’humour, très présent dans la pièce, peut surprendre avec un sujet aussi grave. Il ne s’agit pas
de dérision, mais plutôt d’une réponse à deux options : la première étant que la vie, elle-même,
ne manque pas d’humour ; la deuxième tient d’une sorte de délicatesse. Nous sommes
épargnés par la guerre, nous ne prenons pas complaisamment la place des victimes, mais
établissons ainsi une distance respectueuse avec ceux qui en souffrent réellement.
Le spectacle devra être joué avec une formidable énergie de vie. Une bourrasque qui balaye
tout sur son passage, peut-être le souffle de l’Histoire.
Frédéric Constant
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ANDROMAQUE
de Jean Racine
“Il y a tragédie toutes les fois que l’impossible au nécessaire se joint”.
Vladimir Jankélévitch
On connaît la célèbre formule qui paraît résumer la
première grande tragédie de Racine : Oreste aime
Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque,
qui aime Hector, qui est mort. Mais notre intérêt pour
Andromaque est guidé par la conviction que dans
cette pièce, les désirs individuels des personnages —
si intenses et envahissants qu'ils ont pour eux la figure
du destin — sont néanmoins toujours liés à une
histoire collective, qui tout à la fois les dépasse et les
oriente.
En effet, ce n’est pas tant la mort d’Hector que les circonstances de cette mort qui déterminent
la trajectoire des personnages. Si Hector n’avait pas été tué au combat par Achille, le père de
Pyrrhus, et toute sa famille massacrée par Pyrrhus lui-même, en d’autres termes si les Grecs
n’avaient pas rasé Troie et exterminé ses habitants, Andromaque serait une autre pièce : un
drame galant, et non une tragédie.
C’est donc l'inscription d'une intrigue amoureuse dans l'horizon sanglant de la guerre qui,
selon nous, donne à Andromaque sa dimension proprement tragique. Il y a d’abord la guerre
de Troie, ce “passé qui ne passe pas” et qui hante la conscience des personnages, et il y a
ensuite le risque d’un conflit futur, danger incarné par Astyanax, ce fils d’Hector et
d’Andromaque, ce “reste de Troie” que les Grecs veulent éliminer à la fois comme un mauvais
souvenir et comme une menace, et dont Oreste, leur ambassadeur, vient réclamer la tête.
On sait que dans les années 60 Roland Barthes affirmait qu’il fallait, pour jouer Racine, donner
à voir et à entendre la distance qui nous en sépare 8. Mais la distance à l’égard de ce que Hegel
nommait “la prose du monde” étant intrinsèque à l’esthétique du classicisme9, il nous paraît
aujourd’hui inutile de donner une représentation “distanciée” d’une écriture qui l’est déjà par
elle-même, à moins de tomber dans une forme de pléonasme que Barthes condamnait tant par
ailleurs. Aussi souhaitons-nous orienter notre travail sur la réalité et le prosaïsme des situations,
en essayant de faire entendre ce qui, dans cette légende grecque réécrite au dix-septième
siècle, fait écho aux soubresauts du vingtième siècle.
Forts de notre culture et de l’Histoire qui nous a forgés, il nous semble important de relire
Racine aujourd’hui à la lumière de Claudel et de Tchekhov. Peut-être s’agit-il aussi dans notre
démarche de relire Racine à la lumière des Grecs, source directe de son inspiration.
8. Roland Barthes, Sur Racine, Editions du Seuil, Paris, 1963.
9. G.W.F. Hegel, Esthétique, traduction S. Jankélévitch, Aubier, Editions Montaigne, Paris, 1944.
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ANDROMAQUE : UNE TRAGEDIE DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES
LA GUERRE COMME ATTRIBUT DE L'ESPECE HUMAINE
La guerre est présente dans Andromaque à la fois comme un souvenir envahissant et comme
une menace pesante qui, au dernier acte, devient réalité : Pyrrhus est lynché par les Grecs, et
déjà le peuple d'Epire s'emploie à venger la mort de son roi.
C'est donc bien entre deux guerres que se situe Andromaque, comme si la première n'avait pas
trouvé sa résolution définitive, et qu'il lui fallait encore éclater. La tension qui naît de cette
période instable, où chacun sent bien que ce qui devrait être une paix durable n'est qu'une
accalmie fragile, provoque une intense fébrilité qui pousse les hommes dans une fuite en avant
où chacun ne conçoit d'autres buts que la réalisation à tout prix de ses désirs.
Nous avons choisi de mettre en parallèle la situation d’entre-deux-guerres décrite par Racine
dans Andromaque et la période qui sépara la première guerre mondiale de la seconde. Dans
les deux cas coexistent des sentiments similaires : un temps est désormais révolu ; un monde
disparaît sous de profondes mutations de codes et de valeurs ; le conflit qui vient de s’achever
laisse de terribles séquelles ; les résolutions prises pour retrouver la paix et l’acharnement à les
mettre en œuvre conduisent paradoxalement à de nouveaux conflits.
Ainsi, afin de mettre en relief le poids d’une guerre passée que vient alourdir la menace d’un
prochain conflit, nous avons décidé de transposer l’action dans les années mille neuf cent
vingt.
LA RECHERCHE DE LA PAIX
Afin d’instaurer une paix durable après la guerre de Troie, une sorte d'entente nationale se met
en place – ce qui serait l'équivalent de la Société des Nations fondée en 1919 –, et Ménélas, le
père d'Hermione, en obtient le commandement10. Cette politique s’appuie essentiellement sur
deux résolutions : le sacrifice d’Astyanax, le fils d'Hector, et le mariage de Pyrrhus avec
Hermione. En supprimant Astyanax, les Grecs espèrent mettre fin au cycle de la vengeance : il
n'y aurait plus alors de survivant troyen susceptible de venger la cité détruite, et ce sacrifice
ferait disparaître le dernier sujet de rancune des familles grecques endeuillées par la guerre –
tuer Astyanax, c’est aussi détruire l’image d’Hector. En obtenant le mariage de Pyrrhus avec
Hermione, ils font entrer l'Epire de plain-pied dans cette entente nationale des cités grecques.
Au début de la pièce, les Grecs, par la voix de leur ambassadeur Oreste, viennent donc
rappeler à Pyrrhus ces engagements. Mais cette ambassade, en raison de l'importance des
enjeux politiques dont elle est investie, ressemble beaucoup à un blocus. Le décor de la reprise
de la pièce, en 1680, met l'accent sur ce contexte militaire et diplomatique de l'intrigue : “une
colonnade blanche qui se profile sur une mer couverte de vaisseaux”. La présence de cette
armada figure clairement une menace de représailles.
10. Sur ce point et sur l’importance de la “loi vendettale”, voir l’analyse de Jean-Marie Apostolides dans Le Prince
sacrifié, Editions de Minuit, Paris, 1985.
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TROIE, UN PASSE QUI NE PASSE PAS.
PYRRHUS, entre nostalgie et tentation du repentir
Pyrrhus se comporte comme ces soldats qui, revenus du front une fois la guerre finie, ne
trouvent plus leur place dans un monde en paix dont les valeurs morales sont à l’opposé de
celles qui prévalaient sur les champs de bataille.
D'autre part, la frustration dans laquelle les refus d'Andromaque plongent Pyrrhus, et la gloire
équivoque que lui a valu son ardeur meurtrière lors du sac de Troie, le font osciller entre la
fierté du héros et le repentir du bourreau. Cette “tentation du repentir”, par laquelle Racine
complexifie la figure légendaire de Pyrrhus, s'exprime de plusieurs façons :
- Auprès d'Andromaque, elle prend la forme du regret compassionnel, pouvant aller
jusqu'à un absurde renversement des rôles, où le bourreau (militaire) revendique pour son
propre compte le statut de victime (amoureuse).
- Auprès du peuple d'Epire, elle prend la forme d'une repentance qui devient projet
politique : l'Epire doit sauver ce qui reste de Troie.
- Auprès d'Hermione, elle prend la forme du reproche, Pyrrhus rejetant sur elle et les
siens la responsabilité de ce conflit qui l'a rendu haïssable aux yeux de la femme qu'il aime.
ORESTE, HERMIONE, ou le conflit de générations
La hiérarchie mise en place par les Grecs après la guerre de Troie, en favorisant les combattants
vainqueurs, a du même coup exclu ceux qui n'y étaient pas, comme Oreste. Et de même que
l'ombre paternelle d'Agamemnon pèse sur Oreste, l'ombre maternelle d'Hélène pèse sur
Hermione. Pour exister aux yeux des autres mais aussi à leurs propres yeux, il leur faut
dépasser leurs parents/rivaux, ou du moins briller du même feu, quitte à devenir à leur tour les
principaux acteurs d’un nouveau conflit.
ANDROMAQUE, ou le devoir de mémoire
Image de la fidélité – fidélité à un mort et, à travers lui, à tout un peuple massacré –,
Andromaque oppose une résistance farouche à tous ceux qui lui conseillent une amnistie
fondée sur l'amnésie. Consciente que l'oubli de Troie serait une seconde et définitive
destruction du peuple troyen, Andromaque apparaît comme l'incarnation de ce que nous
nommons aujourd'hui “devoir de mémoire”.
17
LA FIN D'UNE EPOQUE ET LE DESENCHANTEMENT DU MONDE11.
La guerre de Troie met fin à une époque. Une autre façon de voir le monde, de nouveaux
codes et une nouvelle théologie entrent en vigueur. Andromaque est à la croisée de ces deux
mondes et témoigne de mutations qui se déclinent sur différents plans.
MYTHOLOGIE
La mythologie grecque s'arrête à la guerre de Troie et à ses conséquences (la plupart des grands
mythes sont antérieurs à cet événement, et les épisodes ultérieurs en sont le contrecoup) : la
fuite d'Enée et la construction de Rome qui marque la fin de l'hégémonie grecque ; la longue
odyssée d'Ulysse ; le double assassinat d'Agamemnon et de Cassandre ; la vengeance d'Oreste.
Enfin, Hermione et Oreste n'ayant pas d'enfants, la lignée des Atrides disparaît avec eux.
THEOLOGIE
Tout se passe comme si la relation entre les Dieux et le monde était devenue complètement
opaque aux yeux des hommes. La providence divine gouverne peut-être encore le cours des
événements, mais elle le fait selon des lois et des principes dont les hommes n'ont plus la clef.
Le personnage d'Oreste, figure essentielle de la tragédie grecque, est investi par Racine d'un
questionnement religieux qui, lié à la conception janséniste d'un Dieu “caché”12, a été l'un des
ferments de notre modernité13 : Dieu s'est retiré du monde, livrant l'homme à lui-même et à
“son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide”, selon
les termes de Pascal14. Mais ce retrait de Dieu dans l'au-delà de sa transcendance, et la
désacralisation du monde qui en résulte, ont une autre conséquence, éminemment théâtrale :
l'Histoire devient un spectacle offert à ce Dieu qui, ayant cessé d'avoir un rôle lisible dans le
cours des choses, regarde.
SOCIOLOGIE
L’essor de la monarchie absolue en France est marqué par la volonté de fédérer des entités
politiques, jusque-là relativement autonomes, dans un ensemble plus vaste, unifié et contrôlé
par un pouvoir centralisé. Par conséquent, les seigneurs, hier seuls maîtres sur leur territoire,
sont appelés à devenir les vassaux d’un pouvoir qui les dépossède en partie du leur. En ce sens,
les résistances qu’oppose Pyrrhus à l’ordre nouveau proposé par les Grecs ne sont pas sans
rappeler les convulsions de la Fronde.
11. Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, Une histoire politique de la religion, Gallimard, Paris, 1985.
12. Lucien Goldmann, Le dieu caché, Editions Gallimard, Paris, 1959.
13. Sur ce point, voir l'ouvrage de Hans Blumenberg, La légitimité des temps modernes, Gallimard, Paris, 1999, (et
plus spécialement la deuxième partie du livre : “Absolutisme théologique et affirmation de soi de l'homme”).
14. Pascal, Les pensées, fragment 131 de l'édition Brunschvicg.
18
VERS UNE REPRESENTATION.
TRANSPOSER SANS TRAHIR
Il est indéniable que les codes comportementaux et linguistiques du théâtre de Racine reflètent
les valeurs aristocratiques qui dominaient dans le monde où cet art est né15. Une transposition
n'est donc possible et légitime que si elle reflète la “noblesse” inhérente à ces personnages.
Or si dans l'entre-deux-guerres la noblesse en France n'avait presque plus de poids politique et
économique, les valeurs culturelles dominantes demeuraient encore fortement attachées à
l'héritage aristocratique du “Grand Siècle”. Après tout, le patrimoine culturel d'un Valéry, ou
d'un Claudel n'était pas fondamentalement différent de celui du fils de Racine, par exemple.
Egalement nourris de culture classique, latinistes et hellénistes, ils parlaient pour ainsi dire la
même "langue", fondée sur un socle de références littéraires communes, qui les rassemblait
dans un même cadre culturel, en dépit de la distance temporelle qui les séparait.
C’est pourquoi l'alexandrin racinien dans la bouche (et le corps) d'un ambassadeur des années
20 nous paraît être un pari fertile.
DIRE RACINE
“Ceux qui s’imaginent que la déclamation, que mon père avait introduite
sur le théâtre, était enflée et chantante, sont, je crois, dans l’erreur.”
Louis Racine .
16
Au sujet de Racine, Paul Claudel écrivait : “Le profond parfum de la parole qui nous pénètre
tout entier, c'est le sens”17. C’est ce “parfum” là que nous voulons privilégier.
Le langage de Racine, dans sa concision lexicale et syntaxique, est révélateur de l'état
d'urgence des personnages, pour qui la parole est souvent l'ultime recours face aux
contradictions pressantes qui les déchirent.
Soucieux d'établir notre travail sur le concret des paroles et des actes – et les paroles chez
Racine sont des actes, agissant sur l'interlocuteur et sur le locuteur lui-même – nous nous
inspirerons, pour dire l’alexandrin, des propositions de Michel Bernardy18. Privilégiant le sens,
la précision de cette approche, établie sur les règles de la syntaxe, donne à l’acteur des appuis
de jeu, éclaire la compréhension du texte, et fait entendre l’incroyable variété de rythme et de
sonorité du phrasé Racinien.
15. Voir les analyses de Norbert Elias, dans La société de cour, Flammarion, Paris, 1985, (chapitre 3 : “L'éthique et la
logique du prestige”).
16. Louis Racine, Vie de Racine, Les Belles Lettres, Paris, 1999.
17. Paul Claudel, Conversation sur Jean Racine, Gallimard, Paris, 1956. (Publié quelques années avant l'ouvrage de
Barthes, ce petit essai dialogué a conservé une liberté de ton et une fraîcheur qui résistent très bien aux effets de
mode).
18. Michel Bernardy, Le jeu verbal, Editions de l'Aube, Paris.
19
ASTYANAX VOIT ROUGE
“La volupté du sang flotte au-dessus de la guerre comme la rouge voile des tempêtes
au mât d’une sombre galère, son élan sans limites n’est comparable qu’à l’amour.”
Ernst Jünger
Andromaque se déroule dans une région d’Europe, les
Balkans, dont les soubresauts ont influencé le
vingtième siècle, et qui reste de nos jours un des
indicateurs de l’état du monde. Par une étrange
évolution de l’Histoire, les événements décrits dans
Andromaque éveillent des résonances profondes, et les
personnages légendaires qui s’animent sur le miroir
que nous tend Racine, pourraient bien être les reflets
de notre propre image.
Résonance de l’Andromaque de Racine, prolongement de l’histoire, comme si, à différentes
époques, des hommes continuaient un dessin commencé par leurs ancêtres, témoignant ainsi
de leur temps, cette création cherchera à saisir les convulsions de notre présent, en imaginant
la vie et les interrogations d’Astyanax, fils d’Hector et Andromaque, né parmi les tombes,
devenu grand.
Il s'agira d’une rêverie sur les mécanismes du pouvoir, écartelé entre le poids de l’héritage et
l’angoisse de l'avenir. A la tragédie de Racine, où l’on voit une femme qui essaie de survivre à
la destruction de son peuple, fera écho l’histoire de son fils, que les hasards de l’Histoire ont
appelé à régner sur un pays où il fut d’abord accueilli en esclave. Avec une désinvolture
respectueuse, nous prolongerons donc ce chef-d’œuvre de la tragédie classique par une
tragi-comédie, moderne, balkanique et baroque, où les identités religieuses, émiettées et
craintives, réinvestissent le champ du politique à coups de canons et de prophéties.
ENTRE SISSI ET DRACULA
Dans son roman intitulé L’Année noire, Ismaël Kadaré décrit les convulsions identitaires qui
secouèrent l’Albanie au cours de l’année 1913. Dans Balkans-transit, François Maspero dresse
un état des lieux des Balkans, au travers du récit de plusieurs voyages effectués sur cinq ans au
début des années 90 dans les Balkans. De ces deux textes attachés respectivement à deux
époques qui encadrent le siècle passé ressort une même impression : le sentiment que cette
région d’Europe centrale semble depuis toujours, et souvent avec violence travaillée par les
mêmes interrogations, collant ainsi à ses légendes entre Sissi et Dracula.
20
UNE SITUATION FOLLE
Devant le danger des offensives Grecques qui frappaient, comme un bélier, sur l’Epire, la
régente, Andromaque, a obtenu de la Lycie, ancienne alliée de Troie, un soutien militaire. En
contrepartie, le royaume d’Epire est devenu une sorte de protectorat Lycien… Une diplomatie
débridée a pris le pas sur la force militaire, mais la paix est fragile. La haine, quelque temps
assoupie, reprend sa danse macabre réclamant à nouveau sa ration de sang.
La pièce commence dans un climat délétère : Clivage religieux, économie à la dérive,
corruption, services de l’état en pleine déliquescence, vieilles querelles, mafia, insalubrité des
villes et des campagnes, nationalisme exacerbé, attentats aveugles, guérillas.
Seule planche de salut pour ce pays en perdition, Astyanax, que Pyrrhus a reconnu pour son
fils avant d’être assassiné, et qui pourrait, en montant sur le trône, mettre fin aux dissensions et
rendre à l’Epire sa cohésion, sa liberté et sa grandeur. Mais le jeune prince, taciturne et
fantasque, ne semble pas prêt pour son couronnement…
DANS UNE AMBIANCE
Rappel du Théâtre antique où le Drame Satyrique succédait à la Tragédie ; fidélité à l’adage qui
dit que l’Histoire frappe toujours deux fois, la première fois en tragédie, la seconde en farce ;
nous adopterons, pour cette dernière partie des Années de Cendres, le ton de la comédie.
De même, au concret et au réalisme des situations, fondement de notre travail sur
Andromaque, nous opposerons, pour Astyanax, l’onirisme du conte, un conte moderne pour
adultes où les fées ont quitté la place et où les monstres ont changé d’aspect même si certains
crachent toujours le feu.
DÉBRIDÉE
Dans la perspective de décrire un chaos, c’est dans le foisonnement des situations, des
séquences et des personnages que repose la structure d’Astyanax. Si l’on devait faire des
comparaisons, elles seraient plutôt vers des dramaturgies prolixes comme Les derniers jours de
l’humanité de Karl Kraus.
Une référence principale accompagnera et orientera, par ses thèmes et ses personnages, la
conception de cette pièce. Il s’agit du Hamlet de William Shakespeare.
On verra les faubourgs de Buthrote, les meetings
populistes, les antichambres des palais, les coulisses
d’un cirque de province, les tireurs isolés, les armées
en déroute, les princesses endormies dans les alcôves,
les spectres qui visitent les vivants, de l’amour, du
suspens, de la bagarre et des coups de théâtre.
21
PERSONNAGES PRINCIPAUX
ANDROMAQUE
Depuis la mort de son époux Hector, depuis le carnage affreux que fut la chute de Troie,
Andromaque n’a vécu que pour un seul être, son fils Astyanax. La Guerre, qui lui a ravi toute sa
famille, n’a cessé de séjourner auprès d’elle, comme une mauvaise sœur. Seule et incomprise,
elle a tenu sa parole : Astyanax, unique survivant des ruines de Troie, vit, et demain il sera Roi.
Cependant, depuis quelque temps, ce fils tant aimé semble lui échapper. Alors, comme on le
fait avec les enfants difficiles dont on redoute les crises, Andromaque cherche à parer au plus
pressé : chasser les idées noires qui hantent l’esprit de son fils et redonner le sens des
responsabilités à ce futur monarque. Pour cela, elle a invité à Buthrote, la jeune Gudrune,
qu’Astyanax a connue lors d’un séjour à la montagne, ainsi que Marenglen et Shemessmatta,
amis d’enfance du prince et brillants élèves en science politique, fraîchement sortis de UCLA.
ASTYANAX
Les pulsions diplomatiques de sa mère, les conflits d’intérêts qui existent à
la cour, la charge que représente sa future fonction et la vive impression
que l’on a toujours agi à sa place, ne lui donnent qu’une envie : fuir. Trop
de questions assaillent le fils d’Hector : il est le dernier survivant d’un
peuple décimé par le peuple qu’il devra gouverner ; pour lui,
Andromaque, à Troie, a sacrifié un enfant dont la mère aujourd’hui vient
demander des comptes ; à cause de lui la Grèce et l’Epire, autrefois alliés,
se sont entre-déchirées…
Que doit-il faire ? Gouverner ? faire la guerre ? faire des films ? Les
quelques jours qui précéderont son sacre, seront décisifs.
PHŒNIX
Précepteur d’Achille et de Pyrrhus, Phœnix a toujours vécu dans les hautes sphères du pouvoir.
Il a connu les plus grands, pris à Troie sa part de gloire et de souffrance, et conduisait les chars
comme personne. Mais le temps a passé, ses jambes lui jouent des tours, plus personne à la
cour ne l’écoute, et il bougonne souvent comme un vieux grincheux. Passionné d’opéra, il vit
dans l’ombre d’Andromaque, qu’il aime secrètement et craint tour à tour, et semble dans cette
histoire n’être qu’un figurant. Pourtant, il est encore le chef de la Garde d’Elite qui fit la gloire
du royaume. La nostalgie d’une grandeur passée, les vieilles rancunes et le goût du pouvoir
pourraient bien donner au vieillard “un regain de jeunesse” et le désir d’intervenir à nouveau
sur l’échiquier politique de l’Epire.
GUDRUNE
Cette jeune fille, éprise de liberté et d’aventure, est princesse du Tyrol. Elle veut voyager et faire
du théâtre. Au contraire du prince d’Epire, aucune question existentielle ne l’encombre.
Amoureuse d’Astyanax, elle se rend avec joie à l’invitation d’Andromaque.
22
OTTO et CHRISTINA
Au Cirque Polonius, Le clown Otto19 est amoureux de Christina la femme du lanceur de
couteaux. Lassés d’une vie sans panache, ils choisissent de s’enfuir vers un ailleurs meilleur. Le
hasard leur fait croiser la route de Marenglen et de Shemessmatta, les futurs conseillers
d’Astyanax, perdus dans la campagne Epirote. Une ruse minable, et voilà nos deux compères,
devenus imposteurs, sur la route du pouvoir. Miss Niagara la femme sans tête, dont les
numéros de divination faisait les grandes heures du cirque Polonius, avait raison : “Otto, Otto,
Roi tu seras et très bientôt”.
ORESTE
Devenu fou de guerre, Oreste hante l’Epire à la tête d’une armée de mercenaires sans
scrupules, financée en sous-main par les Grecs, et que l’on dit atteinte de la peste. Celui que
l’on nomme “le boucher des Dardanelles” se croit immortel, limite ses contacts avec les
humains au strict minimum, dort sur un tas de fumier, et vit en permanence entouré des Furies
qu’il est le seul à voir.
La date anniversaire de la mort d’Hermione correspond à la date du couronnement d’Astyanax.
Oreste espère que cette période de fête nationale lui permettra d’entrer dans Buthrote afin
d’aller se recueillir sur la tombe de la fille d’Hélène.
La radicalité de sa misanthropie aura un effet terrible sur Astyanax.
ANTOINE DE BEAUSSAILLY
Cet ambassadeur de talent pour qui la diplomatie est une seconde nature s’est vu confier la
charge d’Administrateur de l’Epire. C’est à lui qu’incombe la lourde tâche de redonner à l’Epire
sa souveraineté et d’instaurer la paix, en mettant en place une série d’accords entre les
différents belligérants. Libertin et homme de lettres, Beaussailly a su se faire aimer de la régente
Andromaque, et, par là même, détesté de son fils. Il lui tarde de quitter ce pays du bout du
monde pour retrouver Paris et ses salons, sa mission accomplie, son blason redoré. Figure
d’anti-Oreste, il est l’homme du compromis.
ELEONORA BRADU20
Une femme en Epire défraye la chronique. Employée d'une entreprise de textile, elle dit être la
mère de l’enfant qu’Andromaque à Troie aurait donné à Ulysse comme étant son fils, et qu’il a
donc précipité du haut des tours de Troie pensant qu'il s'agissait d'Astyanax.
Aujourd'hui, elle vient demander des comptes. Son charisme et son combat séduisent les foules
qui voient dans cette femme le symbole du faible opprimé par un pouvoir aveugle et égoïste.
La montée en puissance de celle que l’on appelle désormais la Piéta des Balkans, son histoire,
intrigue le jeune prince.
19. En Albanie, le 13 Août 1913, Otto Witte, clown allemand accompagné d’un avaleur de sabres, se faisant passer
pour le neveu du sultan, dont on attend l'arrivée, est accueilli ; se fait couronner roi, dit déclarer la guerre au
Monténégro, se constitue un harem. Le 16 Août, il est découvert, et s'enfuit avec une partie du trésor.
20. Eléonora Brégu, une Albanaise de 37 ans travaillant dans une fabrique du combina du textile, dit avoir eût une
apparition et exerce depuis à Tirana ses talents de guérisseuse et de prophète. Elle avait à la fin des années 90 un
million deux cent mille adeptes sur toute l'Albanie qui comptait 3 millions d'habitants.
23
L’EQUIPE
Frédéric Constant
Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
Au théâtre, il a joué sous la direction de François Bourcier, Eric Sadin, Jean-louis Thamin, Yves Pignot,
Félix Prader, Jean-Pierre Vincent, Stéphane Auvray-Nauroy, Géraldine Bourgue, Alain Bézu,
Catherine Marnas, Bernard Lévy, Georges Lavaudant, Renaud Danner, Dominique Pitoiset,
Philippe Honoré, Marie Montégany, Jacques Fontaine, Gilberte Tsaï, Xavier Maurel
Il a mis en scène :
1986. L’OURS d'Anton Tchékhov
1987. L’INTERVENTION de Victor Hugo
Il a conçu et mis en scène :
1992. LA DESILLUSION en collaboration avec Michel Fau
1999. TITANIC CITY, PERIPETIE A ITINERAIRES MULTIPLES
2003. INCERTAIN JOSEPH K. d’après le roman de Franz Kafka Le Procès
2004. TABLEAU AUTOUR DE G. CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE, TEMPS 1
2006. ON NE MET PAS UN FUSIL CHARGE SUR LA SCENE SI PERSONNE NE VA S’EN SERVIR
“suite théâtrale” d’après La Mouette d’Anton Tchékhov
Il a adapté LE PROCES de Franz Kafka :
met pas un fusil chargé sur la scène…)
(Incertain Joseph K.) et LA MOUETTE d’Anton Tchékhov (On ne
Il a co-écrit avec Michel Fau LA DESILLUSION ; et avec Xavier Maurel TITANIC CITY, TABLEAU AUTOUR DE G.,
et ÉNEAS, NEUF
Au cinéma et à la télévision, il a tourné sous la direction de Dominique Remi, Stéphane Bergouhnioux,
Thierry Bourcy, Claude Barois, Jean-Dominique de la Rochefoucaud, Andrei Pratchenko, Pierre Romans,
Gabriel Aghion, Roger Planchon, Albert Dupontel, Gérard Pirès, Pierre Boutron, Daniel Cohen,
Jean-François Richet, Eric Le Roux
Xavier Maurel
Il est actuellement conseiller de Daniel Mesguich à la direction du Conservatoire national supérieur d’Art
dramatique ainsi que conseiller artistique au Théâtre 95 – Scène conventionnée aux écritures
contemporaines de Cergy-Pontoise.
Il a été assistant metteur en scène et/ou dramaturge auprès de D. Mesguich sur une vingtaine de
spectacles au théâtre et à l’opéra en France et à l’étranger, et il collabore régulièrement comme
dramaturge et coauteur aux spectacles mis en scène par Frédéric Constant pour la compagnie Les
Affinités électives.
Il a mis en scène : Aurc d’après Zamatine, Tsvetaeva, Bioy Casares ; AGAMEMNON D’ESCHYLE de Paul
Claudel ; LA DAME AUX CAMELIAS d'Alexandre Dumas fils ; NOUS DEUX ENCORE de Henri Michaux ; JE NE
VEUX PAS QUE L’ON M’ORPHELINE d’après des textes de présumés malade mentaux ; LE MOINE de Matthew
Gregory Lewis ; QUELQUES HOMMAGES A LA VOIX DE MA MERE de Mathieu Bénézet ; SCENES DANS UN JARDIN
D’ENFANCE d’après La Cerisaie d’Anton Tchékhov ; L’ILE DES ESCLAVES de Marivaux ; T HAT SCOTTISH PLAY de
Xavier Maurel
Il a réalisé de nombreuses adaptations et traductions pour le théâtre : UN CONTE D’HIVER et COMME IL
VOUS PLAIRA de William Shakespeare, LE DIBBOUK de Shlomo An-ski, ou encore, en collaboration avec
Daniel Mesguich, LA TEMPETE A de William Shakespeare et LA VIE PARISIENNE d’Offenbach
Il a fait paraître plusieurs livres de poésie : MOURIR LE THEATRE, Seghers, 1990, L’OUBLIE , Sixtus/Éditions,
1995, L A MAIN NOIRE D’ANTIGONE, Éditions Comp’Act, 2006…) et de théâtre (MEME LE DIMANCHE, en
collaboration avec Gérald Dumont, Éditions Le Bruit des autres, 2002 ; L A COUVERTURE DE PEAU, Éditions
de l’Amandier, 2006 ; THAT SCOTTISH PLAY, Éditions de l’Amandier, 2008)…
24
Véronique Affholder
Au théâtre, elle a travaillé sous la direction de Marie Montegani, Jean-Claude Seguin, Jacques Fontaine,
Pierre-François Kettler, Benjamin, Jules Rosette, Maryse Aubert.
Au cinéma, elle a tourné sous la direction de Dominik Moll
Amélie Gonin
Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris
Au théâtre, elle a joué sous la direction de Nicolas Lormeau, Saskia Cohen Tannugi, Alfredo Arias,
André Serré, Nicolas Briançon, Jean-Louis Thamin, Francis Perrin, Jean-Daniel Laval
Au cinéma, elle a tourné sous la direction de Jean-Paul Rappeneau, Christopher Franck
Catherine Pietri
Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
Au théâtre, elle a joué sous la direction de Bernard Ortega, Philippe Honoré, Michel Fau,
Gérard Watkins, Pierre Vial, Bernard Djaoui, Stéphane Auvray-Nauroy, Garance, Maurice Attias,
Frédéric Constant, Christian Schiaretti, Gigi Dall’Aglio, Catherine Marnas, Thierry Atlan, Bernard Lévy,
Marie Hermès, Xavier Maurel, Stéphanie Loïc
Au cinéma et à la télévision, elle a tourné sous la direction de Robert Bober, Maroun Bagdadi, JeanJacques Goron, Eric Woreth, René Feret, Valéria Sarmiento, Albert Dupontel, Olivier Schatski. Bruno
Mercier
Collaboration artistique à deux spectacles mis en scène par Philippe Honoré (L’INCONVENANTE d’après
Simone de Beauvoir, LA DAME AUX CAMELIAS d'Alexandre Dumas fils) ; et aux spectacles de Frédéric
Constant (TITANIC CITY, TABLEAU AUTOUR DE G., et ON NE MET PAS UN FUSIL CHARGE SUR LA SCENE SI PERSONNE
NE VA S’EN SERVIR)
Geoffroy Guerrier
Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
Au théâtre, il a travaillé sous la direction de Sam Mendes, Guy-Pierre Couleau, Benoît Lambert, Frédéric
Constant, Michel Cerda, Angelo Savelli, Andreï Konchalovski, Pierre Vial, Nicolas Lormeau, Serge
Hureau, Hervé Pierre, Hubert Jappelle, Manuel Rebjock, Frédéric Tokarz, Bénédicte Budan, Michel
Marietta, Michèle Seeberger, Marc-Olivier Cayre, Nathalie Cerda, Dominique Parent, Jean-Max Jalin,
Joëlle Seranne, Jean-François Maurier, Nadine Varoutsikos, Dominique Pompougnac, Miguel Gutierrez.
Au cinéma et à la télévision, il a tourné sous la direction de Marcel Bluwal, Jean-Pierre Sinapi, Laurence
Katrian, Didier Albert, Maurice Frydland, David Delrieux, Patrick Malakian, Patrick Jamain.
Guillaume Junot
Au théâtre, il a joué sous la direction de Jean-Claude Monteil, Marie Steen, Pierre Barouh,
Valentine Cohen, la cie Stand by, Alain Blanchard, Ged Marlon, Frédéric Constant,
Karine Dedeurwaerder, Anouche Paré
Au cinéma, il a tourné sous la direction de Vincent Rocques, Patrice Moreau, Jean-Luc Léon, Philox,
Franck St Cast, Jean-Paul Civérac, Nathalie Loubeyre
Il a écrit plusieurs textes pour le théâtre qu’il a parfois mis en scène : D&J MEMORIES co-mis en scène
avec Pierre-Yves Le Louarn ; LES PRIVES co-écrit avec Pierre-Yves Le Louarn ; L’ILIADE, OU UNE HISTOIRE DE
LA GUERRE DE TROIE ; GRAND H OMME, PLAISANTERIE, mise en scène Karine Dedeurwaerder ; FRANKENSTEIN,
librement inspiré de l’œuvre de Mary Shelley ; UN ANGE PASSE, création pour deux comédiens, mise en
scène Karine Dedeurwaerder.
25
Jean Lescot
Au théâtre, il a travaillé sous la direction de Roger Planchon, Claude Régy, Armand Gatti,
Jean-Paul Roussillon, Jacques Rosner, Gabriel Garran, Patrice Kerbrat, Pierre Santini, Stefan Meldegg,
Jean-Paul Tribout, Michel Fagadeau, Jean-Jacques Zilberman, Patrice Kerbrat, Agathe Alexis, Guy Rétoré,
Dominique Quéhec, Maurice Bénichou, Lucian Pintilié, Jean-Pierre Vincent, André Engel, Marcel Bluwal
Au cinéma, il a travaillé sous la direction de Costa Gavras, Alain Resnais, Pierre Granier-Deferre, Henri
Verneuil, Maurice Dugowson, Michel Deville, Michel Cournot, Jacques Fansten, Franck Cassenti, Yves
Robert, Robert Enrico, Luc Monheim, Laurent Perrin, Patrick Sébastien, Alain Guiraudi, Jean-Jacques
Zilberman, Christophe Barratier, Micha Wald
A la télévision, il a travaillé sous la direction de Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi, Jean Prat,
Claude Loursais, Michel Mitrani, Jacques Ertaud, Maurice Frydland, Robert Mazoyer, Jacques Fansten,
Jean-Louis Lorenzi, Marcel Cravenne, Roger Kahane, Guy Lessertisseur, André Chandelle, Serge Moati,
Raoul Sangla, ainsi que de nombreuses autres dramatiques
Pierre Poirot
Au Théâtre, il a joué sous la direction de Robert Cordier, Carlos Wittig, Serge Sandor, Thierry Atlan, Scali
Delpeyrat, Géraldine Bourgue, Philippe Honoré, Frédéric Constant, Léa Fazer, Xavier Maurel
Au Cinéma et à la Télévision, il a tourné sous la direction de Martin Provost, Philippe Muyl,
Gérard Pires, Frédéric Forestier, Patrick Dewolf, Emmanuel Bourdieu, Michaela Watteaux,
Christian Bonnet, Lucas Belvaux, Jean-Luc Breitenstein, Pascal Chaumeil, Didier Bourdon, Laura Colella,
Benoit d’Aubert, Félix Olivier, Philippe Venault, Jérôme Foulon, Olivier Panchot, Régis Musset, Nicolas
Herdt, Aruna Villiers, Eric Woreth, Philippe Triboit, Antoine de Caunes, Alain Choquard, Sam Karmann
Christophe Vandevelde
Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
Au théâtre, il a travaillé sous la direction de Bruno Bayen, Jean Marie Lecoq, Ophélie Koering,
Jean-Marie Patte, Stéphane Braunschweig, Michel Didym, Balazs Gera, Jérome Robart,
Christophe Perton, David
Lescot,
Michel
Cerda, Astrid Bas, Jean-Claude Grumberg,
Jean-Pierre Berthommier, Georges Lavaudant
Au cinéma et à la télévision, il a travaillé sous la direction de Denys Granier-Deferre, Yves Amoureux,
Jean-Dominique de la Rochefoucault, Stéphane Lévy, Bertrand Tavernier, Stéphane Krezinski, Benoit
Jacquot, Eric Audouard, Thierry Cervoni, Jacques Audiard, Pierre Jolivet, Delphine Léger, Gérard
Jourd’hui, Patrick Poubel, Denis Sebbah, Bruno Gantillon, Philippe Monnier, Gelo Babluani, Suzanne
Fern, Ivan Strasburg, Philippe Lefèvre, Céline Sciamma, Anne Fontaine, Fabrice Sebille, Jean-François
Richet, Anne Fontaine, Riad Sattouf
Scénographie
Denis Fruchaud
De 1979 à 1990, il est assistant de Richard Peduzzi pour les spectacles de Patrice Chéreau au théâtre de
Nanterre Amandiers.
Depuis 1997, il est professeur de Scénographie à l’ENSATT à Lyon.
Il a conçu la scénographie de certains spectacles de Pierre Romans, Jonathan Miller, Pierre Bazzat, Alain
Garichot, Christophe Galland, Bernard Lotti, Clotilde Ramondou, Claude Stratz, Catherine Corringer,
Béatrice Houplain, Frédéric Constant, Anouche Paré
26
Lumière
Chritophe Pitoiset
Formé à l’Ecole Nationale Supérieur des Arts et Techniques du Théâtre
Au théâtre, il a fait les lumières pour Jean-Louis Thamin, Dominique Pitoiset, José Montalvo,
Rézo Gabriadzé, Nicolas Rossier, Jean-Christophe Saïs, Frédéric Constant
Son
Joris Chrétien
Après une Maîtrise de Sociologie Générale à l'université de Paris X-Nanterre, Joris suit une formation
“technicien son studio” à l'EMC (Malakoff). Enregistrement et Mixage en environnement studio
professionnel et Théorie son.
Depuis, il crée, réalise et diffuse des bandes son pour la compagnie ARCADIN, compagnie du Cercle de
craie, et Les Affinités électives
Il anime des ateliers de création sonore.
Costumes
Muriel Delamotte
Diplômée de Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs: sections Scénographie et Vidéo - 1984
Elle a conçu la scénographie et les costumes pour certains spectacles de Muriel Beckouche, Jean-Pierre
Dumas, Maurice Attias, Marc Wyseur, Frédéric Constant
Elle a réalisé la scénographie de diverses expositions au Château de Sceaux et au Musée de la Marine de
Paris, et collaboré avec différentes équipes de concepteurs sur des études de projets de muséographie
destinés à : France Miniature, Grande Halle de La Villette, Direction des Chantiers Navals
Elle a réalisé des films vidéo en animation et trucages. Elle fait partie de l’équipe de décoration des films
de longs métrages 24 heures de la vie d’une femme de Laurent Bouhnic, et San Antonio.
Elle Intervient depuis 1995 à l’Ecole Supérieure des Arts et Techniques en Scénographie / CAO et au
Centre de Formation des Techniciens du Spectacle.
Anne Deschaintres
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Nice : section scénographie
Elle a collaboré avec Jean Haas à la scénographie de spectacles de Hans Peter Cloos, Chantal Morel,
Didier Bezace, Jean-Louis Jacopin
Elle a participé à la scénographie d’expositions comme Aurores Boréales au Musée de la Marine ;
Portraits en chaîne au Dars de Sofia, Bulgarie.
Elle a réalisé des peintures murales pour des lieux publics (Lisbonne, Porto, Honk-Kong), pour le théâtre
du Soleil et l’exposition Vraiment Faux pour la Fondation Cartier.
Au théâtre, elle a été scénographe pour Mohammed Soussi et Jean Boulanger, Louis-Guy Paquette,
Michel Rostain, K. Azzarian, François Lecour, Frédéric Constant
Elle a été costumière pour Bérangère Bonvoisin, Jean-Louis Jacopin, Jacques Rivette, Lorraine Gomez,
Louis-Guy Paquette, Michel Rostain, A. Gintzburger, François Lecour, Frédéric Constant
Au cinéma, elle a conçu les décors pour certains films de Philippe Lubliner, Peter Popzlatev, et a
participé aux décors de plusieurs films dont Sébastien jaudeau, Bruno Dumont et aux costumes de
SAGAN de Diane Kurys.
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Compagnie créée en Août 1997 et domiciliée à Vendôme dans le Loir et Cher – Région Centre.
La compagnie est conventionnée par la DRAC centre,
et soutenue par la Région Centre et le département du Loir et Cher
Créations
QUELQUES HOMMAGES A LA VOIX DE MA MERE de Mathieu Bénézet
Mise en scène : Xavier Maurel
Avec : Luce Mouchel et Jean-Francis Maurel
Scénographie et Lumières : Gérard Poli
du 19 novembre au 1er décembre 1997 à (La Métaphore) – CDN de Lille Tourcoing région Nord-Pas de Calais
du 14 novembre au 21 décembre 1998 au Théâtre de L’Atalante – Paris.
Coproduction : (La Métaphore) CDN de Lille Tourcoing région Nord-Pas de Calais ; l’Arbre-Théâtre –Paris ;
Les Affinités Electives – Vendôme.
Co-réalisation : Théâtre de L’Atalante – Paris.
Ce spectacle a obtenu l’Aide à la Création du Ministère de la Culture.
TITANIC CITY, PERIPETIE A ITINERAIRES MULTIPLES
Conception et mise en scène : Frédéric Constant
Avec : Catherine Pietri, Florence Muller, Lila Redouane, Renaud Danner / Frédéric Constant,
Rémi de Vos, Geoffroy Guerrier, Wolfgang Kleinertz, Pierre Poirot, Anatole Sternberg
Dramaturgie : Xavier Maurel
Collaboration artistique : Catherine Pietri
Scénographie & Costumes : Philippe Léonard assisté de Virginie Bauchet et Sabrina Malmouche
Son : Mme Miniature et Olivier Fauvel Lumière : Jean-François Touchard
Danse : Luc Toulotte
Assistante mise en scène : Marie Seux Régie Générale : Hervé Jabveneau
les 5, 6, 7, 8 et 9 octobre 1999 à la Maison de la Culture de Bourges
les 20, 21, 22, 23 et 24 octobre 1999 au Théâtre de Lons-le-Saunier – Scène du Jura
les 24, 25, 26, 27 et 28 janvier 2000 à la Maison de la Culture d’Amiens
les 2, 3, 4 et 5 février 2000 à l’espace Equinoxe de Châteauroux
les 10, 11 et 12 février 2000 à La Halle aux Grains – Blois
du 11 avril au 13 mai 2000 au Théâtre de la Cité Internationale – Paris
Coproduction : Maison de la Culture de Bourges ; Maison de la Culture d’Amiens ; Les Affinités Electives – Vendôme ;
Théâtre de Lons le Saunier – Scène du Jura ; La Halle aux Grains – Scène Nationale de Blois ;
Espace Equinoxe – Châteauroux.
Co-réalisation : Théâtre de la Cité Internationale – Paris.
Ce spectacle a obtenu l’Aide à la Création du Ministère de la Culture et le soutien du Thécif, du Jeune Théâtre National et de l’ADAMI
INCERTAIN JOSEPH K.
Atelier d'interprétation avec les élèves de première année de l'ESAD, Ecole Supérieur d'Art Dramatique de la Ville de Paris,
autour du roman de Franz KAFKA, Le Procès, le 11 juin 2003 à la Maison des Conservatoires de Paris.
Conception et mise en scène : Frédéric Constant.
TABLEAU AUTOUR DE G, CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE, TEMPS 1
Conception et mise en scène : Frédéric Constant
Avec : Catherine Pietri, Frédéric Constant, Philippe Gaulé / Bertrand Farge, Wolfgang Kleinertz.
Dramaturgie : Xavier Maurel
Collaboration artistique : Catherine Pietri
Scénographie : Denis Fruchaud assisté de Corinne Forsans Costumes : Muriel Delamotte et Anne Deschaintres
Lumière : Christophe Pitoiset
Son : Fabien Bourgeois
Régie Générale : Guillaume Junot
les 15, 16, 17 et 19 janvier 2004 à L’Onde, espace Culturel de Vélizy-Villacoublay
le 3 février 2004 à La Halle aux Grains – Blois
les 8, 9, 10 et 11 novembre 2004 au Théâtre Paris Villette – Paris
les 26 et 27 avril 2005 au Théâtre de L’Union – CDN de Limoges
Le 30 avril 2005 à l’Hectare – scène de Vendôme
Coproduction : L’Onde, espace culturel de Vélizy-Villacoublay ; Les Affinités Electives – Vendôme ;
Ce spectacle a bénéficié de l’aide à la création de la Région Centre, de l’aide à la reprise de la DRAC Centre,
et du soutien du Conseil Général du Loir et Cher.
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ON NE MET PAS UN FUSIL CHARGÉ SUR LA SCENE
SI PERSONNE NE VA S’EN SERVIR.
“suite” théâtrale d’après La Mouette d’Anton Tchékhov
adaptation : Catherine Pietri et Frédéric Constant
Conception et mise en scène : Frédéric Constant
Avec : Catherine Pietri, Frédéric Constant, Guillaume Junot
Dramaturgie : Xavier Maurel
Collaboration artistique : Catherine Pietri
Scénographie et costumes : Muriel Delamotte et Anne Deschaintres
Assistante costumes : Nayla Ferzli
Création son : Joris Chrétien
Régie générale : Guillaume Junot
Assistant lumière : Nils Brimeur
le 5 mai 2006 à L’échalier – Saint-Agil.
les 11 et 12 mai 2006 au Nouveau Théâtre des Provinces – La Halle aux Grains, Scène nationale de Blois.
le 16 mai 2006 au Minotaure – Vendôme
les 21, 22 et 23 septembre 2006 à l’Onde – Espace culturel de Vélizy-Villacoublay
les 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12 février 2007 à la Fondation Biermans-Lapôtre – Cité Internationale – Paris
le 16 mai 2007 cour de l’école Richelieu – Amboise
les 26, 27, 28, 29, 30 novembre et les 1, 2, 3 décembre 2007 à la Fondation Biermans-Lapôtre – Cité Internationale – Paris
les 28, 29 mars 2008 au Théâtre du Cadran – Briançon
les 1, 2 , 3, 4, 5 avril 2008 à l’Atelier du Rhin CDN de Colmar
le 17 février 2009 à l’espace Soutine de Lèves
Coproduction : Les Affinités Electives, La Halle aux Grains – Scène nationale de Blois ; L’Hectare scène de Vendôme
Ce spectacle a bénéficié de l’aide à la création de la Région Centre, de l’aide au projet de la DRAC Centre,
THAT SCOTTISH PLAY de Xavier Maurel
Mise en scène : Xavier Maurel
Avec : Jean-Francis Maurel et les voix de Luce Mouchel et Frédéric Constant
Scénographie et Lumières : Gérard Poli
Costumes : Dominique Louis
Création sonore : Xavier Jacquot
les 6, 7 et 8 mars 2008 au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise
le 8 novembre 2008 à l’Avant-Seine de Colombes
les 13, 14 et 15 novembre 2008 à La Nef de Pantin
les 20 et 21 Novembre 2008 au Conservatoire de Levallois
Coproduction : Théâtre 95 – Cergy-Pontoise ; L’Avant-Seine de Colombe ;
Les Affinités Electives– Vendôme ; L’Arbre-Théâtre – Paris
ÉNÉAS, NEUF, CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE, TEMPS 2
Conception et mise en scène : Frédéric Constant
Avec : Véronique Affholder, Amélie Gonin, Geoffroy Guerrier, Guillaume Junot,
Jean Lescot, Catherine Pietri, Pierre Poirot, Christophe Vandevelde
Dramaturgie : Xavier Maurel
Collaboration artistique : Catherine Pietri
Scénographie : Denis Fruchaud assisté de Corinne Forsans
Costumes : Muriel Delamotte et Anne Deschaintres
Création lumières : Christophe Pitoiset
Création son : Joris Chrétien
Assistante mise en scène : Sophie Affholder
Régie générale : Benoît André
Régie lumière : Jérôme Allart
Régie son : Joris Chrétien
les 12, 13, 14, 15, 16 et 17 janvier 2010 au CDN d’Orléans
les 19, 20 et 21 janvier 2010 au CDR de Tours
le 28 janvier 2010 au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise
le 25 février 2010 à L’Hectare – Scène conventionnée de Vendôme
le 2 mars 2010 à Equinoxe - Scène nationale de Châteauroux
du 17 mai au 3 juin 2010 au Théâtre Paris-Villette – Paris
Coproduction : CDN d’Orléans, CDR de Tours, Equinoxe – Scène nationale de Châteauroux, Les Affinités Electives
Coréalisation : Théâtre Paris-Villette
Ce spectacle a obtenu l’Aide à la production de la Drac Centre et l’Aide à la création de la Région Centre.
Dominique Clermont
Chargée d’administration :
[email protected]
05 61 73 08 86 – 06 70 94 79 35
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