1 LES ANNEES DE CENDRE CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE I. TABLEAU AUTOUR DE G II. ENEAS, III. ANDROMAQUE IV. ASTYANAX NEUF DE JEAN RACINE VOIT ROUGE Conception et mise en scène : Frédéric Constant Frédéric Constant [email protected] 06 15 09 84 13 2 ORIGINE “Voici que recommence le grand ordre des siècles.” Virgile. L’Énéide Articulé autour de la métaphore d'un navire-monde courant à sa perte, Titanic City 1, premier spectacle des Affinités Electives, mettait en jeu les interrogations que le siècle finissant soulevait. Titanic City se situait à ce moment crucial avant “le grand plongeon”, à cet instant suspendu où tous les événements du passé défilent devant les yeux. Pour cette nouvelle aventure, nous nous placerons dans les temps troublés et incertains qui suivent les catastrophes : sur les ruines. Par son souvenir, ses éclats et ses échos, la guerre lézarde la quiétude de notre présent. Elle imprègne la vie des sociétés humaines et influe sur leur avenir. Le sentiment de cette menace nous a conduit, dans un premier temps, à vouloir monter l’Andromaque de Jean Racine, cette intrigue amoureuse dont l’inscription dans l’horizon sanglant de la guerre lui donne sa dimension proprement tragique. Mais, au cours du travail dramaturgique, s'est imposée à nous la nécessité d'approfondir à la fois l'enjeu théâtral que représente aujourd'hui la mise en scène d'un texte classique et la charge de sens sur lequel nous comptions mettre l'accent. Nous avons décidé d’accompagner notre mise en scène de l’Andromaque de Jean Racine de trois créations contemporaines qui puissent redonner de la réalité aux événements qui en forment l'arrière-plan, et en développer les implications. Ainsi est né le projet des Années de Cendre, chroniques des temps de guerre. 1. Créé en 1999 à la Maison de la culture de Bourges, et repris en tournée en 1999 et 2000 au Théâtre de Lons-le-Saunier, à la Maison de la Culture d’Amiens, à la Scène nationale de Châteauroux, à La Halle aux Grains – Blois, et au Théâtre de la Cité internationale – Paris. 3 LES ANNEES DE CENDRE CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE “2 Août 1914. L'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. – Après-midi, piscine.” Franz KAFKA. Journal Au commencement était la guerre. Attachée à l'humanité, comme une mauvaise sœur, elle nous accompagne, évoluant au gré des époques et du progrès technologique. Elle peut être froide, éclair, coloniale, sainte, économique, mondiale, juste, totale, propre, urbaine, nucléaire, bactériologique… Elle peut durer six jours ou cent ans. Elle change tout, et elle ne change rien. Qui est-il, ce spectre qui nous hante depuis la nuit des temps ? La nuit des temps… Troie, XIIIe siècle avant J.-C. Archétype de la guerre, premier génocide de l'histoire à s'inscrire à jamais dans la mémoire occidentale. L'antique cité ravagée est devenue légendairement la mère d'au moins trois nations, qui se sont approprié les “restes” de cette cité détruite pour nourrir le mythe de leur propre origine : Rome fondée par Enée2, survivant troyen ; Londres fondée par le petit-fils d'Enée 3; et la généalogie des rois de France commençant avec Astyanax4. Les Années de cendre se proposent donc d’interroger la guerre sous la forme de quatre Chroniques, celles d’un monde, le nôtre, qui, depuis son origine, ne serait qu’une guerre que des instants de paix suspendent. 2. Virgile, dans L'Eneïde 3. Geoffrey of Monmouth, dans The History of the Kings of Britain 4. Ronsard, dans La Franciade 4 TEMOIGNER La guerre, cette violence physique réelle, même si les images de la télévision tendent à nous faire croire le contraire, ne peut pas se montrer, et moins encore se représenter. Car, ce par quoi la guerre est réelle – le danger, la mort partout présente, le deuil, la haine – est une perception totale qui ne tolère aucun semblant. De surcroît, le théâtre, qui passe pour être une activité de représentation, rencontre toujours précisément sa limite la plus flagrante quand il s’essaie à montrer la violence physique. Il y a de l’indécence à voir le corps des acteurs – dont chacun sait qu’ils se relèvent à la fin pour saluer – singer ce réel-là. Nous courons donc le risque de nous empêtrer dans la position tragique qui consiste, poursuivant la conciliation de l’inconciliable, à mentir, à faire semblant d’ignorer l’absence fondamentale de ce que nous faisons semblant de représenter. Nous avons donc à trouver le lieu d’un témoignage réel qui nous soit propre. Seul le témoignage permet en effet d’échapper au paradoxe tragique, puisque le témoin, qui parle pour, ne parle jamais pour lui-même. Pour qui parlons-nous ? Il va de soi, dans la suite de ce qui précède, que nous ne pouvons parler pour les victimes de la guerre, ni pour qui que ce soit à qui il ait été donné d’éprouver la présence réelle de la guerre. Nous parlons pour ceux qui, comme nous (le comme est essentiel), sont à distance de la guerre, ceux qui sont physiquement épargnés par elle, sans pour autant se tenir quittes du fait d’être physiquement indemnes. À tout point de vue, le théâtre, qui est notre moyen d’expression, se révèle singulièrement adéquat aux déterminations que nous venons d’exposer. Il est peut-être même le seul à permettre le déploiement d’une parole qui soit à la hauteur du témoignage que nous voulons porter. D’abord, parce qu’il se tient sans cesse sur un fil tendu au-dessus de l’abîme des discours pleins et des certitudes de toute nature. Ensuite, parce que son mode de fonctionnement est homogène à celui du mythe, et qu’il consiste essentiellement en une représentation de ce mode de fonctionnement même. Nous voulons témoigner sur la guerre, de là où nous sommes. C’est-à-dire loin de la guerre. La guerre de Troie nous servira, entre autres, à établir cette distance. À l’établir comme partie constitutive de notre parole. Xavier Maurel 5 LES ANNEES DE CENDRE CHRONIQUES EN QUATRE TEMPS ET UN INTERMEDE La guerre est une expérience, et, pour nous qui ne l'avons pas vécue, une expérience inaccessible, comme la mort. Pour aborder théâtralement cette question, il nous a semblé nécessaire d’établir une distance entre la guerre et nous, et d’éviter ainsi la quotidienneté, le réalisme ou l’anecdotique. Nous avons donc imaginé une forme de récit aux dimensions du sujet et construit notre fable à partir d’un mythe fondateur : la guerre de Troie. Nous avons donc imaginé une somme de quatre pièces – trois créations contemporaines et une tragédie classique française – qui développent différentes thématiques à partir de destins liés par une même expérience : La guerre de Troie et ses conséquences sur ceux qui lui ont survécu. I. TABLEAU AUTOUR DE G5 est une Iliade moderne qui ravive le souvenir de la guerre de Troie et touche du doigt ce point où les ferments premiers de l’humanité côtoient déjà la barbarie. Elle donne par cette évocation une impression de la guerre comme la peinture le fait du monde. P. 6 II. ENEAS, NEUF 6 s’intéresse à l’exode de ceux qui, jetés sur les routes par la violence du monde, tentent de survivre. P. 8 III. ANDROMAQUE de Jean Racine nous fait entendre avec force une période troublée d’entre-deux-guerres où chacun s'élance avec frénésie vers la réalisation à tout prix de son désir. P. 11 IV. ASTYANAX VOIT ROUGE est une rêverie sur les mécanismes du pouvoir au travers de la vie et les interrogations du fils d’Hector et d’Andromaque, devenu grand, écartelé entre le poids de l'héritage et l'angoisse de l'avenir. p. 16 Ces quatre spectacles pourront être représentés en quatre soirées distinctes ou en une seule journée. Cette intégrale sera l’occasion d’agrémenter la représentation de cette tétralogie d’un intermède musical, sous la forme d’un cabaret, durant lequel les spectateurs pourront se restaurer. Sans dévoiler plus avant la teneur de ce cabaret, nous avons demandé à plusieurs compositeurs de mettre en musique des extraits du texte de Racine. Ces chansons seront interprétées par les comédiens accompagnés de musiciens. 5. Créé en janvier 2004 à L’Onde – Vélizy-Villacoublay, et repris en tournée à la Scène nationale de Blois, au Théâtre Paris Villette, au Théâtre de L’Union – CDN de Limoges, à la Scène régionale de Vendôme 6. Spectacle créé en janvier 2010 au CDN d’Orléans et repris en tournée au CDR de Tours, au Théâtre 95, à la Scène nationale de Châteauroux, à la Scène conventionnée de Vendôme et au Théâtre Paris-Villette. 6 TABLEAU AUTOUR DE G “Une génération assiste au sac de Rome, une autre au siège de Paris ou à celui de Stalingrad, une autre au pillage du palais d'été : la prise de Troie unifie en une seule image cette série d'instantanés tragiques, foyer central d'un incendie qui fait rage sur l'histoire, et la lamentation de toutes les vieilles mères que la chronique n'a pas eu le temps d'écouter crier trouve une voix dans la bouche édentée d'Hécube”. Marguerite YOURCENAR. En pèlerin et en étranger Tableau autour de G ravive le souvenir de la guerre de Troie ce conflit exemplaire, cette guerre des guerres. Deux lignes de force sous-tendent ce projet : – Donner une “impression” de la guerre, des guerres, comme la peinture le fait du monde ; – Revenir à la déflagration que fut cette guerre pour ceux qui la vécurent afin de mieux comprendre la nature du cauchemar qui hante les personnages de notre histoire. L’ILIADE RECIT DES ORIGINES Avec Tableau autour de G, il est question pour nous d’évoquer le début des temps, tenter de toucher du doigt ce point où les ferments premiers de l'humanité côtoient déjà la plus sauvage barbarie, où une force destructrice invincible accompagne déjà le balbutiement des origines. C’est pourquoi nous avons exploré les moyens premiers de la représentation théâtrale – le récit, le jeu choral, la conférence, la danse… –, auxquels nous avons mêlé les ressources technologiques du spectacle moderne : vidéo, sons, lumières, projections… IMPRESSION DU CHAOS La forme choisie ici est celle du « théâtre en train de se faire », de la fragmentation, de la discontinuité, comme si, la guerre étant par définition impossible à montrer, il nous était seulement possible de la saisir par bribes, par lambeaux, et de fonder là-dessus notre façon même de faire du théâtre. En mêlant nos textes à ceux d’autres auteurs nous avons veillé à ne pas éviter l'opposition des styles d'écriture, à ne pas craindre que le chaos du langage vienne redoubler le chaos des armes. 7 CONSTRUCTION Notre recherche textuelle et scénique s’est faite à partir de deux axes définis par la guerre ellemême : le front (dans la tourmente du siège de Troie) ; et l'arrière (loin des combats, avant, pendant ou après la guerre). Pour accentuer “l’impression du chaos”, ces deux axes sont, au final, croisés, imbriqués, mélangés. Débarrassé de toute nécessité de chronologie et de cohérence de personnages, Tableau autour de G est composé en cinq chapitres : I. HOMERE. Un soir d’été, trois amis sont réunis à l’occasion du départ de l’un d’entre eux. Le plus âgé évoque l’origine de la guerre de Troie, du mariage d’Hélène au sacrifice d’Iphigénie. II. HELENE. Tandis que les armes sont affûtées et que les militaires partent rejoindre leur régiment, Hélène revient sur sa vie, son mariage, son amant, les causes de la guerre. III. ILION. Devant les murs de Troie trois soldats philosophent. Au fil des courtes scènes, qui composent ce chapitre, la folie — dernier refuge devant une réalité insupportable – s’empare des protagonistes et prend le pouvoir. Trois chœurs ponctuent cette partie. Ils connaissent une évolution du chanté-parlé à l’incarnation des personnages. Il s’agit de trois extraits de l’Iliade : Les combats (chant 4), la mort d’Hector (chant 22), le corps d’Hector (chant 24). 8 IV. LE CHEVAL. Le stratagème d’Ulysse, la statue équestre, semble l’unique solution pour sortir de ce conflit enlisé depuis dix ans. Tous la saisissent sans plus réfléchir aux conséquences qu’elle peut entraîner. Les spectateurs et les soldats qui les ont rejoints se trouvent, coupés de la scène, à l’intérieur du cheval de bois. C’est de là qu’ils vivront l’entrée dans les murs de Troie. V. SCHLIEMANN. A Hissarlik, Heinrich Schliemann – scientifique ayant découvert les ruines de Troie –, à court d’argent, cherche à séduire un mécène Berlinois. Il évoque le sac de Troie et s’interroge sur la conclusion de cette guerre, supposant même qu’elle continue toujours. L’évocation enfiévrée du passé fait surgir de ces ruines le spectre de Clytemnestre – la sœur d’Hélène – qui tua son mari à son retour de Troie. Des morceaux de récits homériques, des scènes de guerre fantaisistes, des échos Tchékhoviens, des aspirations à danser, le tout s’entrechoquant comme pour reproduire la rumeur sourde qui nous parvient où nous sommes : voilà Tableau autour de G. 9 ENEAS, NEUF “Ils allaient obscurs dans la nuit solitaire.” Virgile. L’Enéide, chant VI Si le premier volet des Années de cendre, raconte le conflit Troyen en nous plongeant au cœur de la tourmente. Enéas, neuf débute au lendemain de la guerre de Troie. C’est à partir de L’Enéide de Virgile que nous avons imaginé notre récit. Ce poème antique raconte les aventures d’Enée, survivant Troyen, qui fuit sa ville en flammes après le génocide de son peuple. Un périple de plusieurs années le conduit d’une rive à l’autre de la Méditerranée jusqu’en Italie, où il fondera, après un dernier combat, une cité prospère. Tout au long du récit, Enée est mû par son devoir. Il ne choisit pas entre plusieurs voies possibles, il obéit comme un soldat exemplaire. L’œuvre de Virgile est un point de départ, une source d’inspiration. Nous en avons retenu trois épisodes : Le séjour d’Enée à Carthage et sa relation avec Didon (chant IV), la descente d’Enée aux Enfers (chant VI), l’entrée en Italie (chant VII à XII), enfin, nous avons établi un parallèle avec Ulysse, héros de l’Odyssée d’Homère, un autre “voyageur forcé”. SOUS LE SIGNE DE L’EXIL La guerre de Troie marque une profonde mutation : un autre monde sortira de ces ruines. C’est dans le sentiment euphorique, et peut-être illusoire, de l’avènement des temps nouveaux, que se développent les séquences et les personnages de la pièce. Nous allons raconter l’errance d’hommes et de femmes, laminés par la violence du monde et qui, semblables à des demi-spectres, cherchent les bribes d’un futur dans lequel s’inscrire pour reprendre vie. 10 STRUCTURE Commençons par le pivot autour duquel s’articule la pièce : ENEE. Personnage en retrait, comme en marge de sa propre histoire, manipulé par tous, Enée est devenu boxeur professionnel. Champion de Méditerranée poids Walter, il enchaîne les combats en attendant que son destin s’accomplisse. Figure populaire et fantasmatique, il entraîne dans son sillage une suite de profiteurs et d’affairistes. Accablé par la défaite Troyenne, rongé par la culpabilité du survivant, englué dans le sentiment qu’il ne peut agir sur le monde, Enée ne croit plus aux promesses et aux engagements qu’il a vus s’effriter et se dissoudre dans l’oubli des hommes et des dieux. Le temps se joue de tout et de tous, les volontés s’étiolent, et il ne reste rien de la chose convenue. C’est donc un personnage désabusé, méfiant et perdu, qui entrera en scène. La pièce se déroule en quatre actes : I. CARTHAGE C’est à Carthage que commence l’aventure, dans cette ville en pleine construction qu’Elissa-Didon gouverne, une femme éprouvée par une vie difficile et particulièrement en empathie avec les victimes. Sa cour se compose d’une foule bigarrée d’exilés, d’apatrides, d’aventuriers et d’hommes d’affaires… Auréolé de son titre de Champion de Méditerranée poids walter, Enée débarque à Carthage au cours d’une soirée de Gala donnée par la reine Elissa-Didon. Une passion va naître entre cette Reine et notre héros, mais le devoir d’Enée conduira les amants à se séparer. Didon se suicidera. 11 II. LES ENFERS La descente d’Enée aux Enfers est un épisode particulièrement riche pour un projet de théâtre. Mais qu’est-ce que c’est les Enfers ? Ce monde du dessous, où les âmes libérées des corps viennent séjourner, a ses règles, sa hiérarchie, son quotidien. Il est le lieu de la souffrance, qu’on soit élu – regret du temps de la vie, ou puni – châtiments perpétuels. Emporté loin de Carthage par une équipe d’affairistes conduite par Vénus, sa mère, Enée qui rechigne à accomplir son destin exige de voir son père, Anchise, qui est mort. C’est un autre voyage qui commence alors pour Enée, accompagné de la Sibylle, dans le pays du remords et du regret. III. L’ITALIE Après avoir perdu la trace d’Enée, on le retrouve en Italie, au Latium. Il a été arrêté avec des clandestins, sur la côte, et conduit à un poste de police. Nous suivons son parcours du centre de rétention au Palais du Roi Latinus. Nous assistons aux multiples épreuves subies par ce Turc7 pour s’installer dans une Europe en devenir… IV. TÜBINGEN Nous voici dans ce village d’Allemagne où les rebelles du Latium se sont réunis autour de la figure emblématique de Turnus, le boxeur Italien, champion du monde. Le jour où le roi Latinus lui a proposé sa fille en mariage, Turnus s’est exilé du Latium, et, comme l’a fait le poète Hölderlin, il a élu domicile dans la tour d’un menuisier de Tübingen. Depuis, il vit comme un ermite que l’on regarde comme un prophète. Enée vient à sa rencontre. Leur échange sera décisif. . C’est à Hissarlik, en Turquie, que se trouvent les ruines de Troie. 7 12 ULYSSE SUR LA ROUTE Après être revenu de Troie à Ithaque, et après avoir débarrassé son palais de tous les prétendants qui l’encombraient, après avoir vécu son odyssée, Ulysse est à nouveau sur la route. Figure inversée d’Enée, nous le retrouvons au fil de notre récit. Voyageur anonyme et spectateur passif du monde, il parcourt le globe à la recherche d’une terre sans conflit. Mais où qu’il aille la violence le rattrape. Il comprend qu’il ne pourra trouver cette paix qu’il appelle de ses vœux que dans l’indifférence aux autres. Il refusera d’adopter cette attitude et décidera de reprendre le cours de sa vie en rentrant chez lui. Nous le retrouvons à différentes étapes de son périple : dans la chambre d’un hôtel à Haïphong, à la table d’un café de Buenos-Aires, sur Alexander-platz… L’errance, les combats truqués, l’espoir qui surgit au lendemain des catastrophes, l’impossible retour, la vie nouvelle, la griserie du progrès, la fièvre des convalescents, un fils et sa mère, le pays des morts, le poids du devoir, les méandres de l’administration, composeront l’univers d’Enéas, neuf. 13 RACONTER LE MONDE Dans l’Enéide de Virgile, Énée consent à une histoire qui le dépasse. Tout au long du récit, le cheminement d’Enée repose sur la confiance. Énée obtempère aux ordres qui lui sont donnés est une particularité du personnage de Virgile qui ouvre un espace de non-dit qui me séduit et m’incite à le remplir. Notre Enéide n’est pas tout à fait celle de Virgile. Elle ne s’inscrit pas dans la perspective d’un avenir de paix, mais plutôt dans les temps du doute et de la méfiance. Devant un monde à déchiffrer, notre héros cherche lui aussi le sens des événements qui l’accablent, mais sa confiance a disparu. Il veut comprendre à l’avance ce qu’il doit faire et refuse d’être le jouet de quiconque. Le héros de Virgile enchaîne les combats singuliers. Son sens du devoir prime sur ses désirs dont on ignore tout. Cela répond à une certaine image d’Epinal que j’ai du boxeur : une fragilité face à la vie compensée par une détermination aveugle et brutale sur le ring. Et puis, il n’est pas invraisemblable d’imaginer qu’un homme qui a passé son temps à se battre à la guerre trouve dans la boxe une reconversion possible quand la paix revient. Après la guerre, dans l’écho de l’onde de choc, c’est bien là où nous sommes pour ce deuxième volet des Années de Cendre, dans ce passage entre l’avant et l’après, et notre regard se concentre sur un homme que le doute assaille, un survivant dont les blessures ne se referment pas. Enéas, neuf est une saga, avec une foule de personnages, victimes et bourreaux, victimes ou bourreaux. Chacun se débat pour s’assurer une place ou ne pas perdre celle qu’il possède déjà. Comme mes spectacles précédents — Titanic City, Tableau autour de G — Enéas, neuf cherche à représenter le monde, non pas d’une façon globale, mais par accumulation de fragments, de séquences, d’anecdotes, comme les notes d’un journal intime. De fait, cette représentation est parcellaire, comme si nous ne possédions que quelques pièces d’un puzzle à partir desquelles nous tenterions de recomposer l’image d’origine. L’humour, très présent dans la pièce, peut surprendre avec un sujet aussi grave. Il ne s’agit pas de dérision, mais plutôt d’une réponse à deux options : la première étant que la vie, elle-même, ne manque pas d’humour ; la deuxième tient d’une sorte de délicatesse. Nous sommes épargnés par la guerre, nous ne prenons pas complaisamment la place des victimes, mais établissons ainsi une distance respectueuse avec ceux qui en souffrent réellement. Le spectacle devra être joué avec une formidable énergie de vie. Une bourrasque qui balaye tout sur son passage, peut-être le souffle de l’Histoire. Frédéric Constant 14 ANDROMAQUE de Jean Racine “Il y a tragédie toutes les fois que l’impossible au nécessaire se joint”. Vladimir Jankélévitch On connaît la célèbre formule qui paraît résumer la première grande tragédie de Racine : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort. Mais notre intérêt pour Andromaque est guidé par la conviction que dans cette pièce, les désirs individuels des personnages — si intenses et envahissants qu'ils ont pour eux la figure du destin — sont néanmoins toujours liés à une histoire collective, qui tout à la fois les dépasse et les oriente. En effet, ce n’est pas tant la mort d’Hector que les circonstances de cette mort qui déterminent la trajectoire des personnages. Si Hector n’avait pas été tué au combat par Achille, le père de Pyrrhus, et toute sa famille massacrée par Pyrrhus lui-même, en d’autres termes si les Grecs n’avaient pas rasé Troie et exterminé ses habitants, Andromaque serait une autre pièce : un drame galant, et non une tragédie. C’est donc l'inscription d'une intrigue amoureuse dans l'horizon sanglant de la guerre qui, selon nous, donne à Andromaque sa dimension proprement tragique. Il y a d’abord la guerre de Troie, ce “passé qui ne passe pas” et qui hante la conscience des personnages, et il y a ensuite le risque d’un conflit futur, danger incarné par Astyanax, ce fils d’Hector et d’Andromaque, ce “reste de Troie” que les Grecs veulent éliminer à la fois comme un mauvais souvenir et comme une menace, et dont Oreste, leur ambassadeur, vient réclamer la tête. On sait que dans les années 60 Roland Barthes affirmait qu’il fallait, pour jouer Racine, donner à voir et à entendre la distance qui nous en sépare 8. Mais la distance à l’égard de ce que Hegel nommait “la prose du monde” étant intrinsèque à l’esthétique du classicisme9, il nous paraît aujourd’hui inutile de donner une représentation “distanciée” d’une écriture qui l’est déjà par elle-même, à moins de tomber dans une forme de pléonasme que Barthes condamnait tant par ailleurs. Aussi souhaitons-nous orienter notre travail sur la réalité et le prosaïsme des situations, en essayant de faire entendre ce qui, dans cette légende grecque réécrite au dix-septième siècle, fait écho aux soubresauts du vingtième siècle. Forts de notre culture et de l’Histoire qui nous a forgés, il nous semble important de relire Racine aujourd’hui à la lumière de Claudel et de Tchekhov. Peut-être s’agit-il aussi dans notre démarche de relire Racine à la lumière des Grecs, source directe de son inspiration. 8. Roland Barthes, Sur Racine, Editions du Seuil, Paris, 1963. 9. G.W.F. Hegel, Esthétique, traduction S. Jankélévitch, Aubier, Editions Montaigne, Paris, 1944. 15 ANDROMAQUE : UNE TRAGEDIE DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES LA GUERRE COMME ATTRIBUT DE L'ESPECE HUMAINE La guerre est présente dans Andromaque à la fois comme un souvenir envahissant et comme une menace pesante qui, au dernier acte, devient réalité : Pyrrhus est lynché par les Grecs, et déjà le peuple d'Epire s'emploie à venger la mort de son roi. C'est donc bien entre deux guerres que se situe Andromaque, comme si la première n'avait pas trouvé sa résolution définitive, et qu'il lui fallait encore éclater. La tension qui naît de cette période instable, où chacun sent bien que ce qui devrait être une paix durable n'est qu'une accalmie fragile, provoque une intense fébrilité qui pousse les hommes dans une fuite en avant où chacun ne conçoit d'autres buts que la réalisation à tout prix de ses désirs. Nous avons choisi de mettre en parallèle la situation d’entre-deux-guerres décrite par Racine dans Andromaque et la période qui sépara la première guerre mondiale de la seconde. Dans les deux cas coexistent des sentiments similaires : un temps est désormais révolu ; un monde disparaît sous de profondes mutations de codes et de valeurs ; le conflit qui vient de s’achever laisse de terribles séquelles ; les résolutions prises pour retrouver la paix et l’acharnement à les mettre en œuvre conduisent paradoxalement à de nouveaux conflits. Ainsi, afin de mettre en relief le poids d’une guerre passée que vient alourdir la menace d’un prochain conflit, nous avons décidé de transposer l’action dans les années mille neuf cent vingt. LA RECHERCHE DE LA PAIX Afin d’instaurer une paix durable après la guerre de Troie, une sorte d'entente nationale se met en place – ce qui serait l'équivalent de la Société des Nations fondée en 1919 –, et Ménélas, le père d'Hermione, en obtient le commandement10. Cette politique s’appuie essentiellement sur deux résolutions : le sacrifice d’Astyanax, le fils d'Hector, et le mariage de Pyrrhus avec Hermione. En supprimant Astyanax, les Grecs espèrent mettre fin au cycle de la vengeance : il n'y aurait plus alors de survivant troyen susceptible de venger la cité détruite, et ce sacrifice ferait disparaître le dernier sujet de rancune des familles grecques endeuillées par la guerre – tuer Astyanax, c’est aussi détruire l’image d’Hector. En obtenant le mariage de Pyrrhus avec Hermione, ils font entrer l'Epire de plain-pied dans cette entente nationale des cités grecques. Au début de la pièce, les Grecs, par la voix de leur ambassadeur Oreste, viennent donc rappeler à Pyrrhus ces engagements. Mais cette ambassade, en raison de l'importance des enjeux politiques dont elle est investie, ressemble beaucoup à un blocus. Le décor de la reprise de la pièce, en 1680, met l'accent sur ce contexte militaire et diplomatique de l'intrigue : “une colonnade blanche qui se profile sur une mer couverte de vaisseaux”. La présence de cette armada figure clairement une menace de représailles. 10. Sur ce point et sur l’importance de la “loi vendettale”, voir l’analyse de Jean-Marie Apostolides dans Le Prince sacrifié, Editions de Minuit, Paris, 1985. 16 TROIE, UN PASSE QUI NE PASSE PAS. PYRRHUS, entre nostalgie et tentation du repentir Pyrrhus se comporte comme ces soldats qui, revenus du front une fois la guerre finie, ne trouvent plus leur place dans un monde en paix dont les valeurs morales sont à l’opposé de celles qui prévalaient sur les champs de bataille. D'autre part, la frustration dans laquelle les refus d'Andromaque plongent Pyrrhus, et la gloire équivoque que lui a valu son ardeur meurtrière lors du sac de Troie, le font osciller entre la fierté du héros et le repentir du bourreau. Cette “tentation du repentir”, par laquelle Racine complexifie la figure légendaire de Pyrrhus, s'exprime de plusieurs façons : - Auprès d'Andromaque, elle prend la forme du regret compassionnel, pouvant aller jusqu'à un absurde renversement des rôles, où le bourreau (militaire) revendique pour son propre compte le statut de victime (amoureuse). - Auprès du peuple d'Epire, elle prend la forme d'une repentance qui devient projet politique : l'Epire doit sauver ce qui reste de Troie. - Auprès d'Hermione, elle prend la forme du reproche, Pyrrhus rejetant sur elle et les siens la responsabilité de ce conflit qui l'a rendu haïssable aux yeux de la femme qu'il aime. ORESTE, HERMIONE, ou le conflit de générations La hiérarchie mise en place par les Grecs après la guerre de Troie, en favorisant les combattants vainqueurs, a du même coup exclu ceux qui n'y étaient pas, comme Oreste. Et de même que l'ombre paternelle d'Agamemnon pèse sur Oreste, l'ombre maternelle d'Hélène pèse sur Hermione. Pour exister aux yeux des autres mais aussi à leurs propres yeux, il leur faut dépasser leurs parents/rivaux, ou du moins briller du même feu, quitte à devenir à leur tour les principaux acteurs d’un nouveau conflit. ANDROMAQUE, ou le devoir de mémoire Image de la fidélité – fidélité à un mort et, à travers lui, à tout un peuple massacré –, Andromaque oppose une résistance farouche à tous ceux qui lui conseillent une amnistie fondée sur l'amnésie. Consciente que l'oubli de Troie serait une seconde et définitive destruction du peuple troyen, Andromaque apparaît comme l'incarnation de ce que nous nommons aujourd'hui “devoir de mémoire”. 17 LA FIN D'UNE EPOQUE ET LE DESENCHANTEMENT DU MONDE11. La guerre de Troie met fin à une époque. Une autre façon de voir le monde, de nouveaux codes et une nouvelle théologie entrent en vigueur. Andromaque est à la croisée de ces deux mondes et témoigne de mutations qui se déclinent sur différents plans. MYTHOLOGIE La mythologie grecque s'arrête à la guerre de Troie et à ses conséquences (la plupart des grands mythes sont antérieurs à cet événement, et les épisodes ultérieurs en sont le contrecoup) : la fuite d'Enée et la construction de Rome qui marque la fin de l'hégémonie grecque ; la longue odyssée d'Ulysse ; le double assassinat d'Agamemnon et de Cassandre ; la vengeance d'Oreste. Enfin, Hermione et Oreste n'ayant pas d'enfants, la lignée des Atrides disparaît avec eux. THEOLOGIE Tout se passe comme si la relation entre les Dieux et le monde était devenue complètement opaque aux yeux des hommes. La providence divine gouverne peut-être encore le cours des événements, mais elle le fait selon des lois et des principes dont les hommes n'ont plus la clef. Le personnage d'Oreste, figure essentielle de la tragédie grecque, est investi par Racine d'un questionnement religieux qui, lié à la conception janséniste d'un Dieu “caché”12, a été l'un des ferments de notre modernité13 : Dieu s'est retiré du monde, livrant l'homme à lui-même et à “son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide”, selon les termes de Pascal14. Mais ce retrait de Dieu dans l'au-delà de sa transcendance, et la désacralisation du monde qui en résulte, ont une autre conséquence, éminemment théâtrale : l'Histoire devient un spectacle offert à ce Dieu qui, ayant cessé d'avoir un rôle lisible dans le cours des choses, regarde. SOCIOLOGIE L’essor de la monarchie absolue en France est marqué par la volonté de fédérer des entités politiques, jusque-là relativement autonomes, dans un ensemble plus vaste, unifié et contrôlé par un pouvoir centralisé. Par conséquent, les seigneurs, hier seuls maîtres sur leur territoire, sont appelés à devenir les vassaux d’un pouvoir qui les dépossède en partie du leur. En ce sens, les résistances qu’oppose Pyrrhus à l’ordre nouveau proposé par les Grecs ne sont pas sans rappeler les convulsions de la Fronde. 11. Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, Une histoire politique de la religion, Gallimard, Paris, 1985. 12. Lucien Goldmann, Le dieu caché, Editions Gallimard, Paris, 1959. 13. Sur ce point, voir l'ouvrage de Hans Blumenberg, La légitimité des temps modernes, Gallimard, Paris, 1999, (et plus spécialement la deuxième partie du livre : “Absolutisme théologique et affirmation de soi de l'homme”). 14. Pascal, Les pensées, fragment 131 de l'édition Brunschvicg. 18 VERS UNE REPRESENTATION. TRANSPOSER SANS TRAHIR Il est indéniable que les codes comportementaux et linguistiques du théâtre de Racine reflètent les valeurs aristocratiques qui dominaient dans le monde où cet art est né15. Une transposition n'est donc possible et légitime que si elle reflète la “noblesse” inhérente à ces personnages. Or si dans l'entre-deux-guerres la noblesse en France n'avait presque plus de poids politique et économique, les valeurs culturelles dominantes demeuraient encore fortement attachées à l'héritage aristocratique du “Grand Siècle”. Après tout, le patrimoine culturel d'un Valéry, ou d'un Claudel n'était pas fondamentalement différent de celui du fils de Racine, par exemple. Egalement nourris de culture classique, latinistes et hellénistes, ils parlaient pour ainsi dire la même "langue", fondée sur un socle de références littéraires communes, qui les rassemblait dans un même cadre culturel, en dépit de la distance temporelle qui les séparait. C’est pourquoi l'alexandrin racinien dans la bouche (et le corps) d'un ambassadeur des années 20 nous paraît être un pari fertile. DIRE RACINE “Ceux qui s’imaginent que la déclamation, que mon père avait introduite sur le théâtre, était enflée et chantante, sont, je crois, dans l’erreur.” Louis Racine . 16 Au sujet de Racine, Paul Claudel écrivait : “Le profond parfum de la parole qui nous pénètre tout entier, c'est le sens”17. C’est ce “parfum” là que nous voulons privilégier. Le langage de Racine, dans sa concision lexicale et syntaxique, est révélateur de l'état d'urgence des personnages, pour qui la parole est souvent l'ultime recours face aux contradictions pressantes qui les déchirent. Soucieux d'établir notre travail sur le concret des paroles et des actes – et les paroles chez Racine sont des actes, agissant sur l'interlocuteur et sur le locuteur lui-même – nous nous inspirerons, pour dire l’alexandrin, des propositions de Michel Bernardy18. Privilégiant le sens, la précision de cette approche, établie sur les règles de la syntaxe, donne à l’acteur des appuis de jeu, éclaire la compréhension du texte, et fait entendre l’incroyable variété de rythme et de sonorité du phrasé Racinien. 15. Voir les analyses de Norbert Elias, dans La société de cour, Flammarion, Paris, 1985, (chapitre 3 : “L'éthique et la logique du prestige”). 16. Louis Racine, Vie de Racine, Les Belles Lettres, Paris, 1999. 17. Paul Claudel, Conversation sur Jean Racine, Gallimard, Paris, 1956. (Publié quelques années avant l'ouvrage de Barthes, ce petit essai dialogué a conservé une liberté de ton et une fraîcheur qui résistent très bien aux effets de mode). 18. Michel Bernardy, Le jeu verbal, Editions de l'Aube, Paris. 19 ASTYANAX VOIT ROUGE “La volupté du sang flotte au-dessus de la guerre comme la rouge voile des tempêtes au mât d’une sombre galère, son élan sans limites n’est comparable qu’à l’amour.” Ernst Jünger Andromaque se déroule dans une région d’Europe, les Balkans, dont les soubresauts ont influencé le vingtième siècle, et qui reste de nos jours un des indicateurs de l’état du monde. Par une étrange évolution de l’Histoire, les événements décrits dans Andromaque éveillent des résonances profondes, et les personnages légendaires qui s’animent sur le miroir que nous tend Racine, pourraient bien être les reflets de notre propre image. Résonance de l’Andromaque de Racine, prolongement de l’histoire, comme si, à différentes époques, des hommes continuaient un dessin commencé par leurs ancêtres, témoignant ainsi de leur temps, cette création cherchera à saisir les convulsions de notre présent, en imaginant la vie et les interrogations d’Astyanax, fils d’Hector et Andromaque, né parmi les tombes, devenu grand. Il s'agira d’une rêverie sur les mécanismes du pouvoir, écartelé entre le poids de l’héritage et l’angoisse de l'avenir. A la tragédie de Racine, où l’on voit une femme qui essaie de survivre à la destruction de son peuple, fera écho l’histoire de son fils, que les hasards de l’Histoire ont appelé à régner sur un pays où il fut d’abord accueilli en esclave. Avec une désinvolture respectueuse, nous prolongerons donc ce chef-d’œuvre de la tragédie classique par une tragi-comédie, moderne, balkanique et baroque, où les identités religieuses, émiettées et craintives, réinvestissent le champ du politique à coups de canons et de prophéties. ENTRE SISSI ET DRACULA Dans son roman intitulé L’Année noire, Ismaël Kadaré décrit les convulsions identitaires qui secouèrent l’Albanie au cours de l’année 1913. Dans Balkans-transit, François Maspero dresse un état des lieux des Balkans, au travers du récit de plusieurs voyages effectués sur cinq ans au début des années 90 dans les Balkans. De ces deux textes attachés respectivement à deux époques qui encadrent le siècle passé ressort une même impression : le sentiment que cette région d’Europe centrale semble depuis toujours, et souvent avec violence travaillée par les mêmes interrogations, collant ainsi à ses légendes entre Sissi et Dracula. 20 UNE SITUATION FOLLE Devant le danger des offensives Grecques qui frappaient, comme un bélier, sur l’Epire, la régente, Andromaque, a obtenu de la Lycie, ancienne alliée de Troie, un soutien militaire. En contrepartie, le royaume d’Epire est devenu une sorte de protectorat Lycien… Une diplomatie débridée a pris le pas sur la force militaire, mais la paix est fragile. La haine, quelque temps assoupie, reprend sa danse macabre réclamant à nouveau sa ration de sang. La pièce commence dans un climat délétère : Clivage religieux, économie à la dérive, corruption, services de l’état en pleine déliquescence, vieilles querelles, mafia, insalubrité des villes et des campagnes, nationalisme exacerbé, attentats aveugles, guérillas. Seule planche de salut pour ce pays en perdition, Astyanax, que Pyrrhus a reconnu pour son fils avant d’être assassiné, et qui pourrait, en montant sur le trône, mettre fin aux dissensions et rendre à l’Epire sa cohésion, sa liberté et sa grandeur. Mais le jeune prince, taciturne et fantasque, ne semble pas prêt pour son couronnement… DANS UNE AMBIANCE Rappel du Théâtre antique où le Drame Satyrique succédait à la Tragédie ; fidélité à l’adage qui dit que l’Histoire frappe toujours deux fois, la première fois en tragédie, la seconde en farce ; nous adopterons, pour cette dernière partie des Années de Cendres, le ton de la comédie. De même, au concret et au réalisme des situations, fondement de notre travail sur Andromaque, nous opposerons, pour Astyanax, l’onirisme du conte, un conte moderne pour adultes où les fées ont quitté la place et où les monstres ont changé d’aspect même si certains crachent toujours le feu. DÉBRIDÉE Dans la perspective de décrire un chaos, c’est dans le foisonnement des situations, des séquences et des personnages que repose la structure d’Astyanax. Si l’on devait faire des comparaisons, elles seraient plutôt vers des dramaturgies prolixes comme Les derniers jours de l’humanité de Karl Kraus. Une référence principale accompagnera et orientera, par ses thèmes et ses personnages, la conception de cette pièce. Il s’agit du Hamlet de William Shakespeare. On verra les faubourgs de Buthrote, les meetings populistes, les antichambres des palais, les coulisses d’un cirque de province, les tireurs isolés, les armées en déroute, les princesses endormies dans les alcôves, les spectres qui visitent les vivants, de l’amour, du suspens, de la bagarre et des coups de théâtre. 21 PERSONNAGES PRINCIPAUX ANDROMAQUE Depuis la mort de son époux Hector, depuis le carnage affreux que fut la chute de Troie, Andromaque n’a vécu que pour un seul être, son fils Astyanax. La Guerre, qui lui a ravi toute sa famille, n’a cessé de séjourner auprès d’elle, comme une mauvaise sœur. Seule et incomprise, elle a tenu sa parole : Astyanax, unique survivant des ruines de Troie, vit, et demain il sera Roi. Cependant, depuis quelque temps, ce fils tant aimé semble lui échapper. Alors, comme on le fait avec les enfants difficiles dont on redoute les crises, Andromaque cherche à parer au plus pressé : chasser les idées noires qui hantent l’esprit de son fils et redonner le sens des responsabilités à ce futur monarque. Pour cela, elle a invité à Buthrote, la jeune Gudrune, qu’Astyanax a connue lors d’un séjour à la montagne, ainsi que Marenglen et Shemessmatta, amis d’enfance du prince et brillants élèves en science politique, fraîchement sortis de UCLA. ASTYANAX Les pulsions diplomatiques de sa mère, les conflits d’intérêts qui existent à la cour, la charge que représente sa future fonction et la vive impression que l’on a toujours agi à sa place, ne lui donnent qu’une envie : fuir. Trop de questions assaillent le fils d’Hector : il est le dernier survivant d’un peuple décimé par le peuple qu’il devra gouverner ; pour lui, Andromaque, à Troie, a sacrifié un enfant dont la mère aujourd’hui vient demander des comptes ; à cause de lui la Grèce et l’Epire, autrefois alliés, se sont entre-déchirées… Que doit-il faire ? Gouverner ? faire la guerre ? faire des films ? Les quelques jours qui précéderont son sacre, seront décisifs. PHŒNIX Précepteur d’Achille et de Pyrrhus, Phœnix a toujours vécu dans les hautes sphères du pouvoir. Il a connu les plus grands, pris à Troie sa part de gloire et de souffrance, et conduisait les chars comme personne. Mais le temps a passé, ses jambes lui jouent des tours, plus personne à la cour ne l’écoute, et il bougonne souvent comme un vieux grincheux. Passionné d’opéra, il vit dans l’ombre d’Andromaque, qu’il aime secrètement et craint tour à tour, et semble dans cette histoire n’être qu’un figurant. Pourtant, il est encore le chef de la Garde d’Elite qui fit la gloire du royaume. La nostalgie d’une grandeur passée, les vieilles rancunes et le goût du pouvoir pourraient bien donner au vieillard “un regain de jeunesse” et le désir d’intervenir à nouveau sur l’échiquier politique de l’Epire. GUDRUNE Cette jeune fille, éprise de liberté et d’aventure, est princesse du Tyrol. Elle veut voyager et faire du théâtre. Au contraire du prince d’Epire, aucune question existentielle ne l’encombre. Amoureuse d’Astyanax, elle se rend avec joie à l’invitation d’Andromaque. 22 OTTO et CHRISTINA Au Cirque Polonius, Le clown Otto19 est amoureux de Christina la femme du lanceur de couteaux. Lassés d’une vie sans panache, ils choisissent de s’enfuir vers un ailleurs meilleur. Le hasard leur fait croiser la route de Marenglen et de Shemessmatta, les futurs conseillers d’Astyanax, perdus dans la campagne Epirote. Une ruse minable, et voilà nos deux compères, devenus imposteurs, sur la route du pouvoir. Miss Niagara la femme sans tête, dont les numéros de divination faisait les grandes heures du cirque Polonius, avait raison : “Otto, Otto, Roi tu seras et très bientôt”. ORESTE Devenu fou de guerre, Oreste hante l’Epire à la tête d’une armée de mercenaires sans scrupules, financée en sous-main par les Grecs, et que l’on dit atteinte de la peste. Celui que l’on nomme “le boucher des Dardanelles” se croit immortel, limite ses contacts avec les humains au strict minimum, dort sur un tas de fumier, et vit en permanence entouré des Furies qu’il est le seul à voir. La date anniversaire de la mort d’Hermione correspond à la date du couronnement d’Astyanax. Oreste espère que cette période de fête nationale lui permettra d’entrer dans Buthrote afin d’aller se recueillir sur la tombe de la fille d’Hélène. La radicalité de sa misanthropie aura un effet terrible sur Astyanax. ANTOINE DE BEAUSSAILLY Cet ambassadeur de talent pour qui la diplomatie est une seconde nature s’est vu confier la charge d’Administrateur de l’Epire. C’est à lui qu’incombe la lourde tâche de redonner à l’Epire sa souveraineté et d’instaurer la paix, en mettant en place une série d’accords entre les différents belligérants. Libertin et homme de lettres, Beaussailly a su se faire aimer de la régente Andromaque, et, par là même, détesté de son fils. Il lui tarde de quitter ce pays du bout du monde pour retrouver Paris et ses salons, sa mission accomplie, son blason redoré. Figure d’anti-Oreste, il est l’homme du compromis. ELEONORA BRADU20 Une femme en Epire défraye la chronique. Employée d'une entreprise de textile, elle dit être la mère de l’enfant qu’Andromaque à Troie aurait donné à Ulysse comme étant son fils, et qu’il a donc précipité du haut des tours de Troie pensant qu'il s'agissait d'Astyanax. Aujourd'hui, elle vient demander des comptes. Son charisme et son combat séduisent les foules qui voient dans cette femme le symbole du faible opprimé par un pouvoir aveugle et égoïste. La montée en puissance de celle que l’on appelle désormais la Piéta des Balkans, son histoire, intrigue le jeune prince. 19. En Albanie, le 13 Août 1913, Otto Witte, clown allemand accompagné d’un avaleur de sabres, se faisant passer pour le neveu du sultan, dont on attend l'arrivée, est accueilli ; se fait couronner roi, dit déclarer la guerre au Monténégro, se constitue un harem. Le 16 Août, il est découvert, et s'enfuit avec une partie du trésor. 20. Eléonora Brégu, une Albanaise de 37 ans travaillant dans une fabrique du combina du textile, dit avoir eût une apparition et exerce depuis à Tirana ses talents de guérisseuse et de prophète. Elle avait à la fin des années 90 un million deux cent mille adeptes sur toute l'Albanie qui comptait 3 millions d'habitants. 23 L’EQUIPE Frédéric Constant Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique Au théâtre, il a joué sous la direction de François Bourcier, Eric Sadin, Jean-louis Thamin, Yves Pignot, Félix Prader, Jean-Pierre Vincent, Stéphane Auvray-Nauroy, Géraldine Bourgue, Alain Bézu, Catherine Marnas, Bernard Lévy, Georges Lavaudant, Renaud Danner, Dominique Pitoiset, Philippe Honoré, Marie Montégany, Jacques Fontaine, Gilberte Tsaï, Xavier Maurel Il a mis en scène : 1986. L’OURS d'Anton Tchékhov 1987. L’INTERVENTION de Victor Hugo Il a conçu et mis en scène : 1992. LA DESILLUSION en collaboration avec Michel Fau 1999. TITANIC CITY, PERIPETIE A ITINERAIRES MULTIPLES 2003. INCERTAIN JOSEPH K. d’après le roman de Franz Kafka Le Procès 2004. TABLEAU AUTOUR DE G. CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE, TEMPS 1 2006. ON NE MET PAS UN FUSIL CHARGE SUR LA SCENE SI PERSONNE NE VA S’EN SERVIR “suite théâtrale” d’après La Mouette d’Anton Tchékhov Il a adapté LE PROCES de Franz Kafka : met pas un fusil chargé sur la scène…) (Incertain Joseph K.) et LA MOUETTE d’Anton Tchékhov (On ne Il a co-écrit avec Michel Fau LA DESILLUSION ; et avec Xavier Maurel TITANIC CITY, TABLEAU AUTOUR DE G., et ÉNEAS, NEUF Au cinéma et à la télévision, il a tourné sous la direction de Dominique Remi, Stéphane Bergouhnioux, Thierry Bourcy, Claude Barois, Jean-Dominique de la Rochefoucaud, Andrei Pratchenko, Pierre Romans, Gabriel Aghion, Roger Planchon, Albert Dupontel, Gérard Pirès, Pierre Boutron, Daniel Cohen, Jean-François Richet, Eric Le Roux Xavier Maurel Il est actuellement conseiller de Daniel Mesguich à la direction du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique ainsi que conseiller artistique au Théâtre 95 – Scène conventionnée aux écritures contemporaines de Cergy-Pontoise. Il a été assistant metteur en scène et/ou dramaturge auprès de D. Mesguich sur une vingtaine de spectacles au théâtre et à l’opéra en France et à l’étranger, et il collabore régulièrement comme dramaturge et coauteur aux spectacles mis en scène par Frédéric Constant pour la compagnie Les Affinités électives. Il a mis en scène : Aurc d’après Zamatine, Tsvetaeva, Bioy Casares ; AGAMEMNON D’ESCHYLE de Paul Claudel ; LA DAME AUX CAMELIAS d'Alexandre Dumas fils ; NOUS DEUX ENCORE de Henri Michaux ; JE NE VEUX PAS QUE L’ON M’ORPHELINE d’après des textes de présumés malade mentaux ; LE MOINE de Matthew Gregory Lewis ; QUELQUES HOMMAGES A LA VOIX DE MA MERE de Mathieu Bénézet ; SCENES DANS UN JARDIN D’ENFANCE d’après La Cerisaie d’Anton Tchékhov ; L’ILE DES ESCLAVES de Marivaux ; T HAT SCOTTISH PLAY de Xavier Maurel Il a réalisé de nombreuses adaptations et traductions pour le théâtre : UN CONTE D’HIVER et COMME IL VOUS PLAIRA de William Shakespeare, LE DIBBOUK de Shlomo An-ski, ou encore, en collaboration avec Daniel Mesguich, LA TEMPETE A de William Shakespeare et LA VIE PARISIENNE d’Offenbach Il a fait paraître plusieurs livres de poésie : MOURIR LE THEATRE, Seghers, 1990, L’OUBLIE , Sixtus/Éditions, 1995, L A MAIN NOIRE D’ANTIGONE, Éditions Comp’Act, 2006…) et de théâtre (MEME LE DIMANCHE, en collaboration avec Gérald Dumont, Éditions Le Bruit des autres, 2002 ; L A COUVERTURE DE PEAU, Éditions de l’Amandier, 2006 ; THAT SCOTTISH PLAY, Éditions de l’Amandier, 2008)… 24 Véronique Affholder Au théâtre, elle a travaillé sous la direction de Marie Montegani, Jean-Claude Seguin, Jacques Fontaine, Pierre-François Kettler, Benjamin, Jules Rosette, Maryse Aubert. Au cinéma, elle a tourné sous la direction de Dominik Moll Amélie Gonin Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris Au théâtre, elle a joué sous la direction de Nicolas Lormeau, Saskia Cohen Tannugi, Alfredo Arias, André Serré, Nicolas Briançon, Jean-Louis Thamin, Francis Perrin, Jean-Daniel Laval Au cinéma, elle a tourné sous la direction de Jean-Paul Rappeneau, Christopher Franck Catherine Pietri Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique Au théâtre, elle a joué sous la direction de Bernard Ortega, Philippe Honoré, Michel Fau, Gérard Watkins, Pierre Vial, Bernard Djaoui, Stéphane Auvray-Nauroy, Garance, Maurice Attias, Frédéric Constant, Christian Schiaretti, Gigi Dall’Aglio, Catherine Marnas, Thierry Atlan, Bernard Lévy, Marie Hermès, Xavier Maurel, Stéphanie Loïc Au cinéma et à la télévision, elle a tourné sous la direction de Robert Bober, Maroun Bagdadi, JeanJacques Goron, Eric Woreth, René Feret, Valéria Sarmiento, Albert Dupontel, Olivier Schatski. Bruno Mercier Collaboration artistique à deux spectacles mis en scène par Philippe Honoré (L’INCONVENANTE d’après Simone de Beauvoir, LA DAME AUX CAMELIAS d'Alexandre Dumas fils) ; et aux spectacles de Frédéric Constant (TITANIC CITY, TABLEAU AUTOUR DE G., et ON NE MET PAS UN FUSIL CHARGE SUR LA SCENE SI PERSONNE NE VA S’EN SERVIR) Geoffroy Guerrier Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique Au théâtre, il a travaillé sous la direction de Sam Mendes, Guy-Pierre Couleau, Benoît Lambert, Frédéric Constant, Michel Cerda, Angelo Savelli, Andreï Konchalovski, Pierre Vial, Nicolas Lormeau, Serge Hureau, Hervé Pierre, Hubert Jappelle, Manuel Rebjock, Frédéric Tokarz, Bénédicte Budan, Michel Marietta, Michèle Seeberger, Marc-Olivier Cayre, Nathalie Cerda, Dominique Parent, Jean-Max Jalin, Joëlle Seranne, Jean-François Maurier, Nadine Varoutsikos, Dominique Pompougnac, Miguel Gutierrez. Au cinéma et à la télévision, il a tourné sous la direction de Marcel Bluwal, Jean-Pierre Sinapi, Laurence Katrian, Didier Albert, Maurice Frydland, David Delrieux, Patrick Malakian, Patrick Jamain. Guillaume Junot Au théâtre, il a joué sous la direction de Jean-Claude Monteil, Marie Steen, Pierre Barouh, Valentine Cohen, la cie Stand by, Alain Blanchard, Ged Marlon, Frédéric Constant, Karine Dedeurwaerder, Anouche Paré Au cinéma, il a tourné sous la direction de Vincent Rocques, Patrice Moreau, Jean-Luc Léon, Philox, Franck St Cast, Jean-Paul Civérac, Nathalie Loubeyre Il a écrit plusieurs textes pour le théâtre qu’il a parfois mis en scène : D&J MEMORIES co-mis en scène avec Pierre-Yves Le Louarn ; LES PRIVES co-écrit avec Pierre-Yves Le Louarn ; L’ILIADE, OU UNE HISTOIRE DE LA GUERRE DE TROIE ; GRAND H OMME, PLAISANTERIE, mise en scène Karine Dedeurwaerder ; FRANKENSTEIN, librement inspiré de l’œuvre de Mary Shelley ; UN ANGE PASSE, création pour deux comédiens, mise en scène Karine Dedeurwaerder. 25 Jean Lescot Au théâtre, il a travaillé sous la direction de Roger Planchon, Claude Régy, Armand Gatti, Jean-Paul Roussillon, Jacques Rosner, Gabriel Garran, Patrice Kerbrat, Pierre Santini, Stefan Meldegg, Jean-Paul Tribout, Michel Fagadeau, Jean-Jacques Zilberman, Patrice Kerbrat, Agathe Alexis, Guy Rétoré, Dominique Quéhec, Maurice Bénichou, Lucian Pintilié, Jean-Pierre Vincent, André Engel, Marcel Bluwal Au cinéma, il a travaillé sous la direction de Costa Gavras, Alain Resnais, Pierre Granier-Deferre, Henri Verneuil, Maurice Dugowson, Michel Deville, Michel Cournot, Jacques Fansten, Franck Cassenti, Yves Robert, Robert Enrico, Luc Monheim, Laurent Perrin, Patrick Sébastien, Alain Guiraudi, Jean-Jacques Zilberman, Christophe Barratier, Micha Wald A la télévision, il a travaillé sous la direction de Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi, Jean Prat, Claude Loursais, Michel Mitrani, Jacques Ertaud, Maurice Frydland, Robert Mazoyer, Jacques Fansten, Jean-Louis Lorenzi, Marcel Cravenne, Roger Kahane, Guy Lessertisseur, André Chandelle, Serge Moati, Raoul Sangla, ainsi que de nombreuses autres dramatiques Pierre Poirot Au Théâtre, il a joué sous la direction de Robert Cordier, Carlos Wittig, Serge Sandor, Thierry Atlan, Scali Delpeyrat, Géraldine Bourgue, Philippe Honoré, Frédéric Constant, Léa Fazer, Xavier Maurel Au Cinéma et à la Télévision, il a tourné sous la direction de Martin Provost, Philippe Muyl, Gérard Pires, Frédéric Forestier, Patrick Dewolf, Emmanuel Bourdieu, Michaela Watteaux, Christian Bonnet, Lucas Belvaux, Jean-Luc Breitenstein, Pascal Chaumeil, Didier Bourdon, Laura Colella, Benoit d’Aubert, Félix Olivier, Philippe Venault, Jérôme Foulon, Olivier Panchot, Régis Musset, Nicolas Herdt, Aruna Villiers, Eric Woreth, Philippe Triboit, Antoine de Caunes, Alain Choquard, Sam Karmann Christophe Vandevelde Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique Au théâtre, il a travaillé sous la direction de Bruno Bayen, Jean Marie Lecoq, Ophélie Koering, Jean-Marie Patte, Stéphane Braunschweig, Michel Didym, Balazs Gera, Jérome Robart, Christophe Perton, David Lescot, Michel Cerda, Astrid Bas, Jean-Claude Grumberg, Jean-Pierre Berthommier, Georges Lavaudant Au cinéma et à la télévision, il a travaillé sous la direction de Denys Granier-Deferre, Yves Amoureux, Jean-Dominique de la Rochefoucault, Stéphane Lévy, Bertrand Tavernier, Stéphane Krezinski, Benoit Jacquot, Eric Audouard, Thierry Cervoni, Jacques Audiard, Pierre Jolivet, Delphine Léger, Gérard Jourd’hui, Patrick Poubel, Denis Sebbah, Bruno Gantillon, Philippe Monnier, Gelo Babluani, Suzanne Fern, Ivan Strasburg, Philippe Lefèvre, Céline Sciamma, Anne Fontaine, Fabrice Sebille, Jean-François Richet, Anne Fontaine, Riad Sattouf Scénographie Denis Fruchaud De 1979 à 1990, il est assistant de Richard Peduzzi pour les spectacles de Patrice Chéreau au théâtre de Nanterre Amandiers. Depuis 1997, il est professeur de Scénographie à l’ENSATT à Lyon. Il a conçu la scénographie de certains spectacles de Pierre Romans, Jonathan Miller, Pierre Bazzat, Alain Garichot, Christophe Galland, Bernard Lotti, Clotilde Ramondou, Claude Stratz, Catherine Corringer, Béatrice Houplain, Frédéric Constant, Anouche Paré 26 Lumière Chritophe Pitoiset Formé à l’Ecole Nationale Supérieur des Arts et Techniques du Théâtre Au théâtre, il a fait les lumières pour Jean-Louis Thamin, Dominique Pitoiset, José Montalvo, Rézo Gabriadzé, Nicolas Rossier, Jean-Christophe Saïs, Frédéric Constant Son Joris Chrétien Après une Maîtrise de Sociologie Générale à l'université de Paris X-Nanterre, Joris suit une formation “technicien son studio” à l'EMC (Malakoff). Enregistrement et Mixage en environnement studio professionnel et Théorie son. Depuis, il crée, réalise et diffuse des bandes son pour la compagnie ARCADIN, compagnie du Cercle de craie, et Les Affinités électives Il anime des ateliers de création sonore. Costumes Muriel Delamotte Diplômée de Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs: sections Scénographie et Vidéo - 1984 Elle a conçu la scénographie et les costumes pour certains spectacles de Muriel Beckouche, Jean-Pierre Dumas, Maurice Attias, Marc Wyseur, Frédéric Constant Elle a réalisé la scénographie de diverses expositions au Château de Sceaux et au Musée de la Marine de Paris, et collaboré avec différentes équipes de concepteurs sur des études de projets de muséographie destinés à : France Miniature, Grande Halle de La Villette, Direction des Chantiers Navals Elle a réalisé des films vidéo en animation et trucages. Elle fait partie de l’équipe de décoration des films de longs métrages 24 heures de la vie d’une femme de Laurent Bouhnic, et San Antonio. Elle Intervient depuis 1995 à l’Ecole Supérieure des Arts et Techniques en Scénographie / CAO et au Centre de Formation des Techniciens du Spectacle. Anne Deschaintres Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Nice : section scénographie Elle a collaboré avec Jean Haas à la scénographie de spectacles de Hans Peter Cloos, Chantal Morel, Didier Bezace, Jean-Louis Jacopin Elle a participé à la scénographie d’expositions comme Aurores Boréales au Musée de la Marine ; Portraits en chaîne au Dars de Sofia, Bulgarie. Elle a réalisé des peintures murales pour des lieux publics (Lisbonne, Porto, Honk-Kong), pour le théâtre du Soleil et l’exposition Vraiment Faux pour la Fondation Cartier. Au théâtre, elle a été scénographe pour Mohammed Soussi et Jean Boulanger, Louis-Guy Paquette, Michel Rostain, K. Azzarian, François Lecour, Frédéric Constant Elle a été costumière pour Bérangère Bonvoisin, Jean-Louis Jacopin, Jacques Rivette, Lorraine Gomez, Louis-Guy Paquette, Michel Rostain, A. Gintzburger, François Lecour, Frédéric Constant Au cinéma, elle a conçu les décors pour certains films de Philippe Lubliner, Peter Popzlatev, et a participé aux décors de plusieurs films dont Sébastien jaudeau, Bruno Dumont et aux costumes de SAGAN de Diane Kurys. 27 Compagnie créée en Août 1997 et domiciliée à Vendôme dans le Loir et Cher – Région Centre. La compagnie est conventionnée par la DRAC centre, et soutenue par la Région Centre et le département du Loir et Cher Créations QUELQUES HOMMAGES A LA VOIX DE MA MERE de Mathieu Bénézet Mise en scène : Xavier Maurel Avec : Luce Mouchel et Jean-Francis Maurel Scénographie et Lumières : Gérard Poli du 19 novembre au 1er décembre 1997 à (La Métaphore) – CDN de Lille Tourcoing région Nord-Pas de Calais du 14 novembre au 21 décembre 1998 au Théâtre de L’Atalante – Paris. Coproduction : (La Métaphore) CDN de Lille Tourcoing région Nord-Pas de Calais ; l’Arbre-Théâtre –Paris ; Les Affinités Electives – Vendôme. Co-réalisation : Théâtre de L’Atalante – Paris. Ce spectacle a obtenu l’Aide à la Création du Ministère de la Culture. TITANIC CITY, PERIPETIE A ITINERAIRES MULTIPLES Conception et mise en scène : Frédéric Constant Avec : Catherine Pietri, Florence Muller, Lila Redouane, Renaud Danner / Frédéric Constant, Rémi de Vos, Geoffroy Guerrier, Wolfgang Kleinertz, Pierre Poirot, Anatole Sternberg Dramaturgie : Xavier Maurel Collaboration artistique : Catherine Pietri Scénographie & Costumes : Philippe Léonard assisté de Virginie Bauchet et Sabrina Malmouche Son : Mme Miniature et Olivier Fauvel Lumière : Jean-François Touchard Danse : Luc Toulotte Assistante mise en scène : Marie Seux Régie Générale : Hervé Jabveneau les 5, 6, 7, 8 et 9 octobre 1999 à la Maison de la Culture de Bourges les 20, 21, 22, 23 et 24 octobre 1999 au Théâtre de Lons-le-Saunier – Scène du Jura les 24, 25, 26, 27 et 28 janvier 2000 à la Maison de la Culture d’Amiens les 2, 3, 4 et 5 février 2000 à l’espace Equinoxe de Châteauroux les 10, 11 et 12 février 2000 à La Halle aux Grains – Blois du 11 avril au 13 mai 2000 au Théâtre de la Cité Internationale – Paris Coproduction : Maison de la Culture de Bourges ; Maison de la Culture d’Amiens ; Les Affinités Electives – Vendôme ; Théâtre de Lons le Saunier – Scène du Jura ; La Halle aux Grains – Scène Nationale de Blois ; Espace Equinoxe – Châteauroux. Co-réalisation : Théâtre de la Cité Internationale – Paris. Ce spectacle a obtenu l’Aide à la Création du Ministère de la Culture et le soutien du Thécif, du Jeune Théâtre National et de l’ADAMI INCERTAIN JOSEPH K. Atelier d'interprétation avec les élèves de première année de l'ESAD, Ecole Supérieur d'Art Dramatique de la Ville de Paris, autour du roman de Franz KAFKA, Le Procès, le 11 juin 2003 à la Maison des Conservatoires de Paris. Conception et mise en scène : Frédéric Constant. TABLEAU AUTOUR DE G, CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE, TEMPS 1 Conception et mise en scène : Frédéric Constant Avec : Catherine Pietri, Frédéric Constant, Philippe Gaulé / Bertrand Farge, Wolfgang Kleinertz. Dramaturgie : Xavier Maurel Collaboration artistique : Catherine Pietri Scénographie : Denis Fruchaud assisté de Corinne Forsans Costumes : Muriel Delamotte et Anne Deschaintres Lumière : Christophe Pitoiset Son : Fabien Bourgeois Régie Générale : Guillaume Junot les 15, 16, 17 et 19 janvier 2004 à L’Onde, espace Culturel de Vélizy-Villacoublay le 3 février 2004 à La Halle aux Grains – Blois les 8, 9, 10 et 11 novembre 2004 au Théâtre Paris Villette – Paris les 26 et 27 avril 2005 au Théâtre de L’Union – CDN de Limoges Le 30 avril 2005 à l’Hectare – scène de Vendôme Coproduction : L’Onde, espace culturel de Vélizy-Villacoublay ; Les Affinités Electives – Vendôme ; Ce spectacle a bénéficié de l’aide à la création de la Région Centre, de l’aide à la reprise de la DRAC Centre, et du soutien du Conseil Général du Loir et Cher. 28 ON NE MET PAS UN FUSIL CHARGÉ SUR LA SCENE SI PERSONNE NE VA S’EN SERVIR. “suite” théâtrale d’après La Mouette d’Anton Tchékhov adaptation : Catherine Pietri et Frédéric Constant Conception et mise en scène : Frédéric Constant Avec : Catherine Pietri, Frédéric Constant, Guillaume Junot Dramaturgie : Xavier Maurel Collaboration artistique : Catherine Pietri Scénographie et costumes : Muriel Delamotte et Anne Deschaintres Assistante costumes : Nayla Ferzli Création son : Joris Chrétien Régie générale : Guillaume Junot Assistant lumière : Nils Brimeur le 5 mai 2006 à L’échalier – Saint-Agil. les 11 et 12 mai 2006 au Nouveau Théâtre des Provinces – La Halle aux Grains, Scène nationale de Blois. le 16 mai 2006 au Minotaure – Vendôme les 21, 22 et 23 septembre 2006 à l’Onde – Espace culturel de Vélizy-Villacoublay les 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12 février 2007 à la Fondation Biermans-Lapôtre – Cité Internationale – Paris le 16 mai 2007 cour de l’école Richelieu – Amboise les 26, 27, 28, 29, 30 novembre et les 1, 2, 3 décembre 2007 à la Fondation Biermans-Lapôtre – Cité Internationale – Paris les 28, 29 mars 2008 au Théâtre du Cadran – Briançon les 1, 2 , 3, 4, 5 avril 2008 à l’Atelier du Rhin CDN de Colmar le 17 février 2009 à l’espace Soutine de Lèves Coproduction : Les Affinités Electives, La Halle aux Grains – Scène nationale de Blois ; L’Hectare scène de Vendôme Ce spectacle a bénéficié de l’aide à la création de la Région Centre, de l’aide au projet de la DRAC Centre, THAT SCOTTISH PLAY de Xavier Maurel Mise en scène : Xavier Maurel Avec : Jean-Francis Maurel et les voix de Luce Mouchel et Frédéric Constant Scénographie et Lumières : Gérard Poli Costumes : Dominique Louis Création sonore : Xavier Jacquot les 6, 7 et 8 mars 2008 au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise le 8 novembre 2008 à l’Avant-Seine de Colombes les 13, 14 et 15 novembre 2008 à La Nef de Pantin les 20 et 21 Novembre 2008 au Conservatoire de Levallois Coproduction : Théâtre 95 – Cergy-Pontoise ; L’Avant-Seine de Colombe ; Les Affinités Electives– Vendôme ; L’Arbre-Théâtre – Paris ÉNÉAS, NEUF, CHRONIQUES DES TEMPS DE GUERRE, TEMPS 2 Conception et mise en scène : Frédéric Constant Avec : Véronique Affholder, Amélie Gonin, Geoffroy Guerrier, Guillaume Junot, Jean Lescot, Catherine Pietri, Pierre Poirot, Christophe Vandevelde Dramaturgie : Xavier Maurel Collaboration artistique : Catherine Pietri Scénographie : Denis Fruchaud assisté de Corinne Forsans Costumes : Muriel Delamotte et Anne Deschaintres Création lumières : Christophe Pitoiset Création son : Joris Chrétien Assistante mise en scène : Sophie Affholder Régie générale : Benoît André Régie lumière : Jérôme Allart Régie son : Joris Chrétien les 12, 13, 14, 15, 16 et 17 janvier 2010 au CDN d’Orléans les 19, 20 et 21 janvier 2010 au CDR de Tours le 28 janvier 2010 au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise le 25 février 2010 à L’Hectare – Scène conventionnée de Vendôme le 2 mars 2010 à Equinoxe - Scène nationale de Châteauroux du 17 mai au 3 juin 2010 au Théâtre Paris-Villette – Paris Coproduction : CDN d’Orléans, CDR de Tours, Equinoxe – Scène nationale de Châteauroux, Les Affinités Electives Coréalisation : Théâtre Paris-Villette Ce spectacle a obtenu l’Aide à la production de la Drac Centre et l’Aide à la création de la Région Centre. Dominique Clermont Chargée d’administration : [email protected] 05 61 73 08 86 – 06 70 94 79 35