athénienne, ses bâtiments de tous les styles, ses statues de marbre par milliers, et sa
population vive et chatoyante. Ils passèrent au-dessus de l’agora, du temple
d’Héphaïstos et du quartier de Plaka, avant de remonter encore jusqu’à un grand
bâtiment situé sur l’une des collines qui ceinturent la ville au nord.
« Nous y voici, annonça Ulysse. Attention à la manœuvre… Mince, le gouvernail ! »
Le bateau fit une embardée dangereuse, tangua fortement, et le pauvre Matthéo-Tom
glissa par-dessus bord et atterrit sur le toit de l’académie.
Ulysse reprit le contrôle de son vaisseau et parvint à se poser dans les jardins de ce
grand palais des savoirs. Il téléporta ensuite le pauvre élève coincé sur son toit jusqu’au
sol, et le groupe put alors admirer l’architecture de l’académie.
Le bâtiment se démarquait de tous les autres par sa blancheur immaculée, par sa
grandeur et par le nombre incroyable de colonnes et de statues dans ses allées et ses
jardins parsemés d’iris et de roses. Sur le toit flottaient les étendards des plus grandes
cités et colonies grecques du monde méditerranéen antique.
Ils s’avancèrent jusqu’à l’entrée principale, et Hugo cria alors, en observant le fronton :
« Oh, M. Tasselli, regardez ! Ils vous ont recopié ! C’est la même phrase que vous avez
écrite au-dessus de l’entrée de votre salle de cours : « Nul n’entre ici s’il n’est
géomètre »
— C’est plutôt moi qui leur ai volé cette sentence, mon petit Hugo.
— Ca veut dire quoi au fait, monsieur, cette phrase ?
— Cela signifie à peu près que pour pouvoir étudier les vérités du monde, il faut se
libérer de nos fausses sensations, et entrer dans ces lieux avec un esprit logique
et raisonné pour observer avec intelligence la réalité de l’univers, que Platon
nomme le monde des Idées. Si l’on reste dans l’illusion de nos émotions, on est
bloqué dans une caverne qui déforme notre vision du monde. Il faut regarder la
lumière en face, froidement et avec rigueur.
— J’ai pas tout compris, soupira le jeune homme.
— Moi non plus, ajouta Nour, mais c’est très joli !
— Et pourquoi vous l’avez recopiée au-dessus de la porte de votre classe ?
— Pour vous faire poser la question, et donc chercher la réponse.
— Bon, j’y comprends rien, ça me fatigue moi, la philosophie, râla David.
— Moi aussi. Et ils enseignent que des maths, alors, ici ?
— Oh non, on y enseigne la géométrie, mais aussi l’astronomie, la philosophie et l’art
de bien manier le langage pour bien s’exprimer ; on appelle cela la rhétorique. »
Tandis qu’ils devisaient joyeusement dans les jardins, tels les héritiers de la célèbre
école péripatéticienne d’Aristote, la grande porte de l’académie s’ouvrit et un homme
barbu très grand et très robuste apparut, dans une toge complètement blanche et très
élégante :
« Ca alors, c’est M. Maschio, notre CPE !
— De quoi parles-tu, jeune apprenti ? Je suis Platon, le grand philosophe. C’est moi
qui dirige cet établissement. Soyez les bienvenus, nous vous attendions. Suivez-
moi, je vais vous conduire jusqu’à l’amphithéâtre de Mnémosyne. »