Article 2 : Une bombe climatique à retardement
Eau plus chaude, tempêtes plus violentes
Le réchauffement climatique est susceptible de provoquer des ouragans en moyenne plus importants, et cela s’est
peut-être même déjà produit. Kerry Emanuel, du Massachusetts Institute of Technology, a décrit ces tempêtes
comme de gigantesques moteurs thermiques : donnez-leur plus de chaleur et leur force théorique potentielle
augmente. En effet, une étude publiée en 2004 comparant les résultats de nombreuses modélisations informatiques
a conclu qu’un réchauffement climatique continu renforcerait les ouragans d’une demi-catégorie en moyenne sur
80 ans. Une étude publiée par Emanuel en août 2005 a analysé des données sur les tempêtes et les températures
des océans remontant aux années 1950 et a découvert que le pouvoir destructeur total (une mesure intégrant
l’intensité et la durée des tempêtes) des cyclones tropicaux de l’Atlantique nord et de l’ouest du Pacifique Nord a
doublé au cours des trente dernières années. Emanuel a affirmé depuis que l’énergie déployée par un ouragan
moyen avait augmenté d’environ 70% sur la même période, ce qui correspond à une augmentation de 15% de la
vitesse maximale du vent et une augmentation de 60% de la durée de vie de la tempête. Un autre rapport publié par
une équipe menée par Peter Webster, du Georgia Institute of Technology, a conclu que le nombre d’ouragans de
catégorie 4 et 5 dans le monde avait presque doublé depuis les années 1970. Une nouvelle étude du même institut a
montré que l’augmentation du nombre des grosses tempêtes était intimement liée à l’augmentation des
températures à la surface de la mer.
Les côtes en danger
L’accélération potentielle de l’élévation du niveau de la mer et de l’augmentation de la puissance et de la fréquence
d’ouragans violents représentent une menace sans précédent et multiplient les risques côtiers imprévisibles. En
1990, 200 millions de personnes environ vivaient dans des zones côtières susceptibles d’être inondées et 10 millions
par an en moyenne subissaient ces inondations.
Pour finir, l’implication la plus visible des menaces représentées par l’élévation du niveau de la mer et
l’augmentation de la violence des ouragans est que les coûts du réchauffement climatique sont réels, immenses et
imprévisibles. En n’agissant pas pour éviter les futurs changements climatiques, nous faisons le sacrifice explicite de
nos valeurs côtières et nous faisons courir aux habitants de ces régions des risques importants à long terme. Les
changements climatiques pourraient entraîner la disparition de la Nouvelle-Orléans, l’un des plus grands trésors
culturels des Etats-Unis - et du monde. Là-bas, comme partout, la plus grande perte ne sera pas les bâtiments de la
ville - bien qu’ils soient magnifiques, uniques et historiques - mais une communauté qui ne pourra pas être
reproduite ailleurs.
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